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Le miracle

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Du même auteur

Camping AtlanticDenoël, 2005

J’ai lu

La PauseDenoël, 2006

J’ai lu

Quitter la FranceDenoël, 2007

New Wave(d’après un scénario original de Gaël Morel)

Flammarion, 2008J’ai lu

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ARIEL KENIG

Le miracle

ÉDITIONS DE L’OLIVIER

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ISBN 978.2.87929.993.8

© Éditions de l’Olivier, 2012.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisationcollective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédéque ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue unecontrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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« Scio cui credidi »« Je sais en qui j’ai cru »

Deuxième épître de Paul à Timothée

« Le point de départ et, si l’on peut dire, le pointd’arrivée du miracle moderne résident en le miraculélui-même. Tout naît en lui, tout sort de lui, tout sepasse en lui. Tout ce qui, du moins, tombe sousnotre observation. Le miracle est la résultante de sontravail intime, obscur, subconscient. »

Le Miracle moderne, JULES BOIS

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I

Interception

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Je n’ai pas toujours su qu’internet existait. Fin desannées 1990, le raccordement d’un modem à la lignetéléphonique de notre foyer créa l’espoir et la crainte denouvelles modalités d’existence qui échappaient à nosimaginations. Nous ne savions qu’attendre de notre pre-mier fournisseur d’accès AOL. Internet, que l’on écrivaitencore avec une majuscule, était réputé prometteur.Nous en doutions.

Alors que moins d’un tiers de la population surfait surle web, je dialoguais par écrit avec mes amis sur Cara-mail. L’usage d’internet bloquait nos lignes télépho-niques mais la généralisation du câble nous délivra decet inconvénient majeur. Nos ordinateurs se perfection-naient. Leur puissance et leur capacité de stockage aug-mentaient selon la célèbre loi de Moore. Déjà datée,l’expression « parc informatique » perdait de sa valeur

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métaphorique puisqu’un nouveau territoire se construi-sait. Internet était un espace où trouver sa place. Lesréseaux sociaux allaient nous y aider.

En 2003, Myspace proposa à chaque utilisateur demodeler une page internet personnelle selon ses com-pétences technologiques et ses goûts, ce qui fut rapide-ment discriminant. La plateforme virtuelle exploitait de

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nombreuses potentialités du net (nous publiions par sonintermédiaire messages, photos et musiques) mais ilétait à parier que le site ne survivrait pas. Personnalisersa page requérait de sérieuses qualifications, classer sescontacts par hit-parade posait problème à l’amitié, pen-ser sa propre image devenait encombrant. Facebook pritacte de ces inconvénients et inaugura sa versionpublique courant 2006. Alors que l’invention d’inter-net nous semblait déjà loin, ce réseau social simplifiaitla gestion de nos « profils ». Contrairement à Myspace,nous y apparaissions sous nos patronymes usuels. Face-book servait d’annuaire. Depuis Caramail, le nombre demes interlocuteurs en ligne s’était multiplié par 10, 100,1 000.

Chaque inscription au registre créait de facto unepage internet extensible (dite « mur ») comprenantégalement une photo, dite « photo de profil », que cha-cun choisissait et renouvelait à l’envi. Figurait sur cette

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page accessible au public (à moins d’en limiter volon-tairement l’accès) une suite chronologique de « posts »,autrement dit de messages envoyés par nos contactsayant eux-mêmes ouvert un compte. Un résumé d’acti-vité de ces murs interactifs (ceux de nos contacts) s’affi-chait à chaque connexion. On découvrait ce qu’untelavait écrit sur le mur d’untel, ce qu’untel avait aimé ou

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non. Toute la production visuelle de l’humanité,depuis la préhistoire, resurgissait par flashes. Facebookétait un labyrinthe aux milliards d’images, de textes, devidéos et de liens ; parc en expansion à l’intérieur d’unparc en expansion.

Longtemps sans visage, le futur annoncé était enfinlà : dans l’abstraction d’immenses centres de donnéesqui ne se visitaient pas, « fermes » sans animaux où l’onproduisait, stockait et distribuait du code. Au-delà denos simples interactions sur Facebook, nous vivionsdans une réalité dite augmentée, laquelle, lisait-on surl’encyclopédie collaborative en ligne Wikipedia, dési-gnait la superposition en temps réel de modèles virtuels2 ou 3D à la perception que nous avions naturellementde la réalité. Nous pointions nos téléphones sur une sta-tion de métro pour obtenir le temps de passage estiméde la prochaine rame. Vers le ciel pour se rappeler lenom d’une étoile. Pendant que les conversations vidéo

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passaient, en un temps record, du rêve à la pratique cou-rante, la magie primitive prenait un sérieux coup devieux. La première fois qu’Éric – un artiste qui habitaitBerlin –, lors d’une session Skype, plaça devant sonordinateur un miroir et que je découvris mon visage telqu’il se reflétait à 876 kilomètres, je ne pus m’empêcherde rire aux larmes, comme si nous découvrions le feu.

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J’éprouvais souvent le besoin de vivre un siècle supplé-mentaire pour comprendre ce qui nous arrivait. Notremort elle-même avait changé. Notre survivance numé-rique commençait à peine de nous poser question. J’avaisle projet d’écrire un Petit Traité de la quatrième dimen-sion.

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Je gardais le souvenir d’une camarade sans prétention,à peine jolie et moyenne en tout. Estelle Gravier avaitfait partie de ma classe terminale au lycée La Fontaine,ce bâtiment des années 1930 construit sur les anciennesfortifications de Paris, porte Molitor. « Un quadrilatèreouvert, lieu de lumière aux lignes épurées et décora-tives » est-il abusivement écrit sur le site internet del’établissement qui n’existait pas à l’époque où nous lefréquentions. Estelle était « une fille de Meudon », cequi signifiait chez les élèves du 16e qu’elle était inoffen-sive, comme tous ceux qui n’habitaient pas Auteuil, LaMuette ou Ranelagh. Elle n’était pas du sérail et nes’encombrait pas des hypocrisies auxquelles incite labourgeoisie des grandes familles, qui préservent leursintérêts de classe par de bons rapports entre enfants.Tous deux périphériques, nous rentrions souvent du

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lycée ensemble. Nous nous séparions au terminus de laligne 9, station Pont-de-Sèvres d’où Estelle prenait sonbus pour Ville d’Avray. Non, elle n’était pas de Meu-don, mais nous savions que chez certains de nos cama-rades, toutes les villes au-delà de la Seine s’appelaientMeudon. Pour autant, nous ne tirions aucune intimitéde cette complicité géographique : elle demeurait pour

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moi une fille de Ville d’Avray, campagne inaccessible enmétro ; je restais pour elle un type de la rive droite, unbourgeois, quand bien même j’habitais un H.L.M. àBoulogne. Nous étions bons camarades, de quoi fré-quenter le même café jusqu’au bac. Puis elle rata sondiplôme et je la perdis de vue. Je déménageai intra-muros et commençai d’écrire.

Alors que le temps avait neutralisé son nom, Estellerompit début janvier 2010 dix ans d’oubli mutuel. Sousl’objet « Brésil », Estelle s’amusait que nous nous soyonsretrouvés là, sur ce site qui n’existait pas dix ans plus tôt.Notre relation avait manqué sa transposition virtuelle.Estelle me cherchait ; Facebook servait à ça. Nous étionsà nous-mêmes d’un autre temps. Estelle se rappelait,etc., et me confiait son bonheur de me savoir écrivain,renseignement qu’elle tenait du magazine Elle. On par-lait de moi dans la presse, ce qui était pour Estelleimpressionnant et me rangeait, dans ses représentations

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d’une certaine hiérarchie sociale, parmi les privilégiés.Ma camarade déduisait de cette apparition médiatiqueque je fréquentais le beau monde, celui des dîners enville et des passe-droits, et que je disposais de contactsqu’elle n’avait pas. Estelle avait en sa possession une sériede photos qu’elle cherchait à vendre. Celles-ci mon-traient le fils aîné du Président en vacances au Brésil, ce

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que je recoupai avec l’anecdote selon laquelle PierreSarkozy y avait frôlé la mort. Elle affirmait détenir cesclichés par hasard. Je ne croyais pas au hasard.

Hésitante, ignorant ce qu’on risquait à manipuler desphotos de cet ordre, Estelle jugeait que le plus sûr étaitune remise en mains propres. Elle avait quitté la régionparisienne pour Givors, près de Lyon, où nous pouvionsnous donner rendez-vous. Mère de jumeaux en bas âge,se rendre à Lyon lui demandait une « petite organi-sation ». Son emploi de l’adjectif « petit » m’assurait desa liberté, de sa facilité à s’arranger des contraintesfamiliales. Estelle espérait ne pas se tromper de porte etm’invitait à supprimer son message si le contenu nem’intéressait pas. Elle m’encourageait enfin à ne pas laprendre pour une folle et s’enthousiasmait que l’un deses vieux camarades manifeste publiquement sa haineenvers Nicolas Sarkozy. Elle l’avait lu dans Elle. Il estvrai que j’étais haineux.

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Andrew, qui se souvenait d’Estelle, m’invita à chattersur le module intégré du site. Alors que je relisais le mes-sage de notre ex-camarade et vérifiais que son profil necomportait ni photos ni friends, mon ami d’enfance mefit part de son « hallucination », « Estelle, j’y crois pas »,avant de changer brusquement de sujet comme on enavait l’habitude sur Facebook. Il m’envoya un lien versla dernière vidéo de Lady Gaga et Beyoncé. Je cliquai.La chanson Telephone déplorait la fatigue des coups defil, Stop calling, stop calling, I don’t wanna talk anymore,le sentiment délétère d’occupation, I’m kinda busy, notreservitude technologique, I shoulda left my phone at homecause this is a disaster, et priait pour un retour à l’expé-rience directe, I left my head and my heart on the dancefloor. Beyoncé, Lady Gaga, Estelle, Andrew et moi fai-sions partie d’une génération encore peu décrite, la der-

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nière à avoir connu l’usage exclusif du téléphone fixe.Je traînais ce soir-là sur internet en attendant Éric,

un ami artiste qui, revenant du mariage de son frère auBrésil, faisait escale à Paris. Depuis notre rencontre surFacebook qu’une centaine de contacts communs avaitfacilitée, nous dépecions les énigmes d’une vie courantequi mutait chaque matin. L’amitié nous servait de résis-

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tance. De l’art aux tâches ménagères, nous abordionstoutes sortes de sujets à l’exception notable de la viepolitique française. Nous évitions d’en commenter lesfausses polémiques ou de confronter nos impressionssur ses responsables. Cependant, les élections régionalesapprochant, après un dîner rapide et deux pétards, Éricm’interrogea sur les derniers rebondissements de la cam-pagne, que les médias qualifiaient de « feuilleton ». Jepeinais à lui rapporter quoi que ce soit d’intéressant. Jene descendais plus au café où, en échange d’une vie sanstélévision, je parcourais le journal. Mes journées pas-saient en silence et d’une traite, hypnotisées par montravail d’alors : en attendant d’écrire mon Petit Traité, jeconsignais à l’encre noire, sur des carnets Moleskine auformat poche, jusqu’à épuisement du feutre, des suitesaléatoires de 0 et de 1 qui me sauvaient des proportionsque prenait la numérisation du monde. Le temps que jepassais sur mes carnets me libérait de la domination des

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machines.J’avais pris mes distances avec l’actualité, me conten-

tant d’écouter la radio chaque matin sous la douche.C’était de là que je tenais cette information a priori déri-soire que le message d’Estelle était venu me rappeler : lefils aîné du Président avait « miraculeusement » échappéà de terribles coulées de boue quelques jours plus tôt, le

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soir du réveillon, sur une île brésilienne. Un souvenirridicule, me reprocha Éric d’un râle que j’interrompistout de suite. Rien ne l’eût empêché de faire escalesur l’île en question… La consternation avait toutefoispris le relai de la peur. Le journaliste avait employél’adverbe « miraculeusement ». Pierre Sarkozy n’était passeulement sorti vivant d’une catastrophe ; il y avaitéchappé « d’une manière miraculeuse », « par miracle »,ce « miracle » que d’autres journalistes, à la même heure,annonçaient sur leurs antennes ou transcrivaient dansles journaux papier à paraître le lendemain. L’adverbe« miraculeusement » s’employait par exagération dans lelangage courant, et c’était bel et bien de ce type d’exagé-ration, pensais-je, que nous devions sortir. Les libertésque nous prenions avec la langue arrangeaient NicolasSarkozy, dont la politique de communication décom-plexait les incultes de leur inculture, les racistes de leurxénophobie et les nouveaux riches de leur mauvais goût.

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Estelle n’imaginait pas ce que réveillait en moi son mes-sage.

– Miraculeusement…, songeait Éric, dont j’avais main-tenant l’attention.

Il comprenait mon intérêt pour la petite histoire,sensible comme je l’étais aux répétitions d’images ou demots, aux concomitances de perception que l’on hésite

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à s’attribuer, ignorant ce qui tient, dans les hasards quel’on repère, de l’irrationnel ou de la lucidité, de lachance ou de la volonté.

Éric sortit son ordinateur et entra le nom « PierreSarkozy » sur Google. Le terme googleliser désignait depuispeu le fait de lancer une recherche sur internet ; ongooglelisait quelque chose ou quelqu’un.

Né en 1985, Pierre Sarkozy était le fils de Marie-Dominique Culioli, que plusieurs sites internet réfé-rençaient comme la fille d’un pharmacien corse, et deNicolas Sarkozy, avocat né en 1955 qui avait été maire,député, porte-parole du gouvernement, ministre duBudget, de la Communication, de l’Intérieur, de l’Éco-nomie et des Finances, président de conseil général etprésident de parti, l’UMP, avant de se faire élire, en2007, président de la République française avec 53,06 %des voix au second tour, contre Ségolène Royal. Le che-veu long, blond, très « Neuilly », Pierre Sarkozy officiait

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comme producteur de rap et D.J. sous le pseudonymede Mosey, ce qui le différenciait significativement deson frère Jean, d’un an son cadet, lequel s’était récem-ment porté candidat à la présidence de l’Établissementpublic d’aménagement de la Défense, premier quartierd’affaires du pays. À l’inverse des frères de la nouvelleéponyme de Maupassant, Pierre et Jean s’ignoraient. Le

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premier laissait courir le second dans les pas de son pèreet n’avait pas jugé nécessaire de le défendre lorsque, prisdans la tourmente de sa candidature à l’EPAD, qui miten lumière son opportunisme et son manque d’expé-rience, Jean devint le jeune homme le plus détesté deFrance. Chaque fois que ce dernier prenait la parole,la comparaison des deux frères tournait à l’avantagedu plus âgé. Pierre respectait un agréable silence en cestemps politiques troublés, et se faisait si discret qu’unepoignée d’internautes débattaient avec passion de laquestion suivante : Pierre Sarkozy méritait-il une pageWikipedia ?

Comme attendu, on retrouvait parmi les premiersrésultats que livrait le moteur de recherche le récit desaventures de Pierre au Brésil. C’était aux journalistesaméricains du Daily Mail et de CNN que l’on devait lescoop. Ils tenaient l’information d’une source diploma-tique qui avait employé l’adverbe.

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« Miraculeusement », c’était bien ce mot-là qui agaçaitmon christianisme d’autrefois. Enfant, sur la route desvacances, je suppliais souvent ma mère de s’arrêterdevant les églises et les couvents que nous croisions. Laconstruction de la cathédrale de la Résurrection d’Évrydans les années 1990 avait agi sur moi comme un chocet motivé mon baptême. J’en avais réalisé la maquette,

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