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SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 FACULTE DE PHARMACIE
INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES
2016 THESE n°16
T H E S E
pour le DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
présentée et soutenue publiquement le 1er avril 2016
par
Mme SAVOYE Claire
Née le 13 novembre 1991 à Paris XXème
*****
LA SUPPLEMENTATION EN MICRONUTRIMENTS CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS DU VIRUS DE L’IMMUNODEFICIENCE HUMAINE : UN NOUVEL ENJEU DANS LA PRISE EN
CHARGE DE CES PATIENTS
*****
JURY
Mme GOUDABLE Joëlle, Professeur des Universités, Praticien Hospitalier Mme BLOND Emilie, Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier
Mme UHRES Anne-Claire, Docteur en Pharmacie Mme CHARBONNEL Laurence, Docteur en Pharmacie
SAVOYE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1
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Pr : Professeur PU-PH : Professeur des Universités, Praticien Hospitalier MCU : Maître de Conférences des Universités MCU-PH : Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier HDR : Habilitation à Diriger des Recherches AHU : Assistant Hospitalier Universitaire PAST : Personnel Associé Temps Partiel
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REMERCIEMENTS
Aux membres du jury :
A Mme Joëlle GOUDABLE,
Pour m’avoir fait l’honneur d’accepter la présidence du jury de cette thèse. Merci de
l’intérêt que vous portez à ce travail et pour la confiance que vous m’accordez en acceptant
de le juger.
A Mme Emilie BLOND,
Pour avoir accepté de m’aider dans le développement de cette thèse. Merci pour vos
conseils, vos innombrables relectures et votre disponibilité. Veuillez trouver ici le
témoignage de ma reconnaissance et de mes sincères remerciements pour votre suivi et
pour avoir accepté de juger mon travail.
A Mme Anne-Claire UHRES,
Pour m’avoir accueillie lors de mon stage de 5ème année hospitalo-universitaire et pour les
conseils concernant le choix de mon sujet. Merci de m’avoir aidé pour la mise en place de
mon questionnaire. Merci pour les nombreuses relectures et pour avoir accepté d’être
présente pour juger mon travail.
A Mme Laurence CHARBONNEL,
Pour votre accueil dans votre pharmacie lors de mon stage de 6ème année ainsi que pour les
opportunités qui ont suivies. Merci pour votre disponibilité et votre gentillesse au cours de
mon stage. Merci d’avoir accepté d’être présente pour juger mon travail.
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7
A ma famille :
A mes parents,
Papa et Maman : pour vos relectures assidues et votre confiance sans faille durant toutes
ces années. Merci pour votre soutien et vos encouragements.
A Guillaume et Juliette,
Merci pour les bons moments passés ensembles, pour votre bonne humeur et pour votre
soutien.
A mes grands-parents,
Papy et Mamy : merci pour votre confiance et votre fierté envers votre première petite fille.
Merci pour tous les bons moments passés en votre compagnie.
A toute ma famille,
Anne, David, Nadia, Laura, Anaïs, Antoine, Stéphanie, Jules, Roland : merci pour tous ces
bons moments passés ensemble et pour ceux à venir. J’ai vraiment hâte de ces vacances
tous ensemble.
A Clément,
Merci pour ta confiance en moi. Merci de ta bonne humeur, ta patience et pour le bonheur
que tu m’apportes chaque jour.
A Philippe et Annie,
Merci pour présence et votre soutien sans faille depuis que je vous connais. Merci pour les
bons moments ensembles, en espérant qu’ils soient encore nombreux.
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8
A mes amis,
A mes keupines,
Amalia, Chrystelle, Eugénie et Lucille. Merci pour tous ces bons moments, ces sorties, ces
week-ends et ces vacances inoubliables ! Merci d’avoir été là depuis nos années lycées
jusqu’à présent. Choukette est enfin diplômée, ça y est, on y est toutes arrivées !
A Claire,
Mon binôme, ma sœur de fal’, la deuxième moitié de ce duo inséparable. Merci du fond du
cœur pour tous ces moments passés ensemble depuis le premier jour de la P1. Une chose
est sûre, sans toi, mes années pharma n’auraient pas été pareilles.
A toutes les personnes que j’ai rencontré au cours de mes années pharma : Pauline,
Caroline, Maxime, Sigrid et tous les autres. Merci d’avoir contribué à rendre mes années
étudiantes inoubliables.
A mon burÔ,
Brice, Angélique, Aline, Alexandre, Stefan et Maxime. Merci pour cette année passée
ensemble, qui restera gravée à jamais. Le burÔ du Vice aura toujours une place particulière
dans mon cœur.
A mes collègues,
Annick, Emilie, Laurence, Stéphanie et Laurianne. Merci pour tout ce que vous m’avez
appris pendant ce stage. Merci pour votre bonne humeur et vos conseils.
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TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS..............................................................................................................6
TABLE DES ABREVIATIONS..........................................................................................12
TABLE DES FIGURES.......................................................................................................14
TABLE DES TABLEAUX..................................................................................................15
INTRODUCTION................................................................................................................16
PARTIE 1 : INFECTION PAR LE VIRUS DE L’IMMUNODEFICIENCE
HUMAINE...........................................................................................................................18
1. CAUSE DE L’INFECTION.....................................................................................18
1.1. Le virus...............................................................................................................18
1.1.1. Classification et structure...................................................................................18
1.1.2. Souches et mutations..........................................................................................19
1.2. Cycle de réplication............................................................................................19
1.3. Modalités de transmission et facteurs de risque.................................................21
2. CONSEQUENCES DE L’INFECTION..................................................................24
2.1. Physiopathologie de l’infection et histoire naturelle..........................................24
2.2. Evolution naturelle.............................................................................................26
2.2.1. Altération et modulation de l’immunité, majoration de l’inflammation et
apparition de pathologies opportunistes.............................................................26
2.2.2. Majoration du stress oxydatif.............................................................................29
2.2.3. Modification du statut nutritionnel : dénutrition et apparition de carences
nutritionnelles.....................................................................................................31
3. PRISE EN CHARGE DE L’INFECTION PAR LE VIH........................................33
3.1. Prise en charge clinico-biologique.....................................................................33
3.1.1. Suivi clinique......................................................................................................33
3.1.2. Suivi biologique.................................................................................................33
3.2. Prise en charge médicamenteuse........................................................................34
3.2.1. Thérapie antirétrovirale......................................................................................35
3.2.1.1. Différentes classes thérapeutiques, sites et mécanismes d’actions..............35
3.2.1.2. Molécules disponibles et schémas d’administration : posologie, rythme
d’administration............................................................................................36
3.2.1.3. Interactions médicamenteuses......................................................................39
3.2.2. Intérêts du traitement antirétroviral....................................................................39
3.2.3. Inconvénients : effets indésirables et carences induites.....................................40
3.2.3.1. Troubles digestifs.........................................................................................40
3.2.3.2. Troubles métaboliques : altération du métabolisme glucidique et
lipidique........................................................................................................41
3.2.3.3. Vieillissement prématuré par majoration de l’inflammation chronique et du
stress oxydatif...............................................................................................44
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10
3.3. Conséquences de l’amélioration de la prise en charge et du suivi : apparition de
nouvelles pathologies et de carences..................................................................46
3.3.1. Pathologies cardiovasculaires et métaboliques..................................................46
3.3.2. Pathologies de nature carentielle : exemple de l’ostéoporose............................48
PARTIE 2 : STATUT EN MICRONUTRIMENTS DU PATIENT VIH............................50
1. IMPORTANCE DU STATUT EN MICRONUTRIMENTS...................................50
1.1. Principales sources de micronutriments, apports nutritionnels conseillés et
rôles..........................................................................................................................50
1.2. Principaux rôles des micronutriments.....................................................................52
1.2.1. Rôles antioxydants et anti-inflammatoires.........................................................52
1.2.2. Rôle dans les processus immunitaires................................................................56
1.2.3. Rôles métaboliques.............................................................................................58
2. STATUT EN MICRONUTRIMENTS DU PATIENT VIH : EPIDEMIOLOGIE
DES CARENCES INDUITES.................................................................................61
2.1. Statuts en micronutriments différents selon les stades : patients séropositifs, sous
trithérapie, au stade SIDA........................................................................................62
2.2. Facteurs associés au statut altéré en micronutriments.............................................66
2.2.1. Influence des traitements antirétroviraux sur le statut en
micronutriments..................................................................................................66
2.2.2. Influence de la pathologie sur le statut en micronutriments du patient
VIH.....................................................................................................................68
2.2.3. Influence du contexte social...............................................................................70
3. CONSEQUENCES DE CES CARENCES NUTRITIONNELLES INDUITES
CHEZ LES PATIENTS VIH...................................................................................70
3.1. Impact sur la progression de la maladie..................................................................70
3.1.1. Augmentation de la réplication virale et passage au stade SIDA.......................71
3.1.2. Altération accélérée de l’immunité et développement d’infections
opportunistes......................................................................................................73
3.1.3. Impact sur la morbi-mortalité.............................................................................75
3.2. Impact sur le métabolisme lipidique.......................................................................77
3.3. Impact sur la qualité de vie des patients VIH..........................................................77
PARTIE 3 : QUID DE LA RESTAURATION DU STATUT EN MICRONUTRIMENTS
EN PRATIQUE ?.................................................................................................................80
1. PRATIQUE DES PATIENTS VIH CONCERNANT LE SUIVI DES DEFICITS
NUTRITIONNELS ET LA PRISE DE COMPLEMENTS ALIMENTAIRES :
ETUDE EN MILIEU HOSPITALIER.....................................................................80
1.1. Objectifs..................................................................................................................81
1.2. Matériels et méthodes..............................................................................................82
1.2.1. Elaboration du questionnaire..............................................................................82
1.2.2. Choix du contenu du questionnaire....................................................................82
1.3. Réponses au questionnaire......................................................................................84
1.4. Discussion...............................................................................................................85
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2. PRATIQUES ACTUELLES DES PROFESSIONNELS DE SANTE....................86
2.1. Etat des lieux des recommandations actuelles.......................................................86
2.2. Essais de supplémentations en micronutriments.....................................................87
2.3. Perspectives de conseils pour le pharmacien d’officine : compléments vitaminiques
disponibles, leurs avantages et leurs inconvénients.................................................95
3. RISQUES D’UNE SUPPLEMENTATION NON ENCADREE.............................99
3.1. Cas particulier de la législation des compléments alimentaires..............................99
3.2. Risques de sous ou surdosages en micronutriments..............................................100
3.3. Interactions avec le traitement antirétroviral.........................................................102
3.4. Internet et dérives secondaires..............................................................................104
CONCLUSION............................................................................................................105
BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................107
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12
TABLE DES ABREVIATIONS
ADCC : Antibody-dependent cell-mediated cytotoxicity
ADP : Adénosine Disphosphate
ADN : Acide Désoxyribonucléique
AES : Accident d’Exposition Sanguine ou Accident d’Exposition Sexuelle
AJR : Apports Journaliers Recommandés
ANC : Apports Nutritionnels Conseillés
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché
ANSES : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et
du travail
ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament
ARN : Acide Ribonucléique
ART : Antiretroviral Therapy
ARV : Antirétroviraux
ATP : Adénosine Triphosphate
BNM : Besoin Nutritionnel Moyen
CAM : Complementary and Alternative Medicine
CMV : Cytomégalovirus
CRP : Protéine C réactive
CSFPF : Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France
CYP : Cytochrome
DGCCRF : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression
des Fraudes
EFSA : European Food Safety Authority ou Autorité Europénne de Sécurité des Aliments
EOA : Espèces Oxygénées Activées
ER : Equivalents Rétinol
GSH : Glutathion
HAART : Highly Active Antiretroviral Therapy
HAS : Haute Autorité de Santé
HDL : High Density Lipoprotein
HPST : Hôpital Santé Patients Territoires
HSH : Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes
HSV: Herpex Simplex Virus
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13
IFN : Interféron
Ig : Immunoglobuline
IL : Interleukine
INNTI : Inhibiteurs Non Nucléosidiques de la Transcriptase Inverse
INTI : Inhibiteurs Nucléosidiques de la Transcriptase Inverse
IP : Inhibiteurs de la Protéase
IPP : Inhibiteurs de la Pompe à Protons
IRIS : Syndrome de Restauration Immunitaire
IST : Infection Sexuellement Transmissible
LDL : Low Density Lipoprotein
MALT : Mucosae Associated Lymphoid Tissue
NAIDS : Nutritionally Acquired Deficiency Syndrome
NK : Natural Killer
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PVD : Pays en Voie de Développement
PVVIH : Personnes Vivant avec le VIH
ROS : Reactive Oxygene Species
SIDA : Syndrome de l’Immunodéficience Acquise
TNF : Tumor Necrosis Factor
UDI : Utilisateurs de Drogues Injectables
UI : Unité Internationale
UV : Ultraviolet
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine
γ-GT : γ-Glutamyltransférase
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14
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Structure du Virus de l’Immunodéficience Humaine..........................................18
Figure 2 : Modèle du mécanisme d’entrée du VIH dans la cellule-cible.............................20
Figure 3 : Cycle de réplication du VIH................................................................................21
Figure 4 : Évolution naturelle du VIH..................................................................................24
Figure 5 : Cercle vicieux des déficits en micronutriments et de la progression du
VIH.......................................................................................................................................32
Figure 6 : Sites d’actions des différentes classes d’antirétroviraux.....................................36
Figure 7 : Médicaments antirétroviraux autorisés dans l’Union Européenne en
2014......................................................................................................................................37
Figure 8 : Physiopathologie des atteintes lipodystrophiques et conséquences métaboliques,
hépatiques et cardiovasculaires............................................................................................43
Figure 9 : Vieillissement prématuré : un processus complexe et multifactoriel..................45
Figure 10 : Régénération de la vitamine E par l’acide ascorbique.......................................53
Figure 11 : Rôle des superoxydes dismutases dans la lutte contre le stress oxydatif...........54
Figure 12 : Le cycle d’oxydo-réduction du glutathion.........................................................55
Figure 13 : Rôle synergique des micronutriments dans la régénération du
glutathion..............................................................................................................................55
Figure 14 : Fonctions métaboliques des vitamines du groupe B..........................................58
Figure 15 : Recyclage de l’homocystéine par les vitamines B9 et B12...............................59
Figure 16 : Rôle du magnésium dans le métabolisme énergétique......................................60
Figure 17 : Protéines à doigts de zinc...................................................................................61
Figure 18 : Rôle des micronutriments dans la progression du VIH.....................................71
Figure 19 : Questionnaire diffusé au sein de l’unité de rétrocession de l’hôpital de la Croix-
Rousse..................................................................................................................................83
Figure 20 : Réponses aux questionnaires par les patients VIH............................................84
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15
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Principales sources de micronutriments, rôles, ANC et conséquences en cas de
carence..................................................................................................................................51
Tableau 2 : Études de prévalence des déficits en micronutriments chez les PVVIH...........63
Tableau 3 : Influence des antirétroviraux sur le statut en micronutriments du patient
VIH.......................................................................................................................................67
Tableau 4 : Impact des déficits en micronutriments sur la progression de l’infection par le
VIH.......................................................................................................................................72
Tableau 5 : Impact des déficits en micronutriments sur l’altération du système
immunitaire..........................................................................................................................74
Tableau 6 : Impact des micronutriments sur le risque de progression du VIH....................76
Tableau 7 : Études sur la supplémentation en micronutriments des PVVIH.......................89
Tableau 8 : Principaux compléments alimentaires disponibles à l’officine, leurs apports,
leurs avantages et leurs inconvénients.................................................................................96
Tableau 9 : Limites de sécurité des différents micronutriments........................................101
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16
INTRODUCTION
L’épidémie du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) est très certainement
l’épidémie virale la plus meurtrière du XXème siècle puisque l’on compte environ 78 millions
de personnes infectées et plus de 39 millions de décès liés au SIDA (Syndrome de
l’Immunodéficience Humaine) depuis sa découverte en 1983.
Fin 2013, le nombre estimé de personnes vivant avec le VIH dans le monde s’élevait à 35
millions [1]. La région la plus touchée par le VIH était l’Afrique Subsaharienne, avec 24,7
millions de cas, représentant plus de 70% des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) dans
le monde [2]. En Europe occidentale et centrale et en Amérique du Nord, on estimait à 2,3
millions le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH en 2013. Plus de la
moitié de ces personnes résiderait aux Etats-Unis [1]. Parallèlement, la découverte de
nouveaux cas en Europe de l’Est et en Asie centrale a augmenté de 250% entre 2001 et 2010
[3]. En 2010, on estimait ainsi à 149 900 le nombre de personnes vivant en France porteuse
du VIH. Parmi elles, environ 111 500 personnes étaient diagnostiquées et prises en charge,
9 600 diagnostiquées mais non prises en charge et presque 28 800 personnes ignoraient leur
séropositivité. Parmi ces dernières, on estimait que plus de la moitié avaient un taux de
lymphocytes T CD4 < 500/mm3 [4].
Après une diminution significative du nombre de découvertes de séropositivité entre 2004
et 2007, le nombre de nouvelles découvertes est désormais stable et estimé entre 7 000 et
8 000 nouvelles contaminations par an en France [3]. Cependant, la transmission lors de
rapports sexuels entre hommes est le seul mode de contamination pour lequel le nombre de
découvertes de séropositivité ne cesse d’augmenter depuis 2003. On assiste donc à une
augmentation de la transmission du virus, due à un relâchement des comportements
préventifs ainsi qu’à une reprise des pratiques à risque.
Plus de 30 ans après sa découverte, le VIH reste donc un problème majeur de santé
publique, particulièrement dans les pays en voie de développement comme l’Afrique, mais
également dans nos pays industrialisés. Grâce à l’arrivée des antirétroviraux, l’épidémie est
plus ou moins contrôlée et les PVVIH ont une espérance de vie qui se rapproche de celle des
personnes séronégatives.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
17
Cependant, même si l’annonce de la séropositivité n’est plus associée à une mort imminente,
les patients séropositifs doivent réapprendre à vivre avec cette maladie, devenue pathologie
« chronique ». Les patients VIH doivent également vivre avec les symptômes secondaires à
la maladie et avec les effets indésirables souvent lourds liés aux traitements antirétroviraux.
À l’ère des antirétroviraux, qui freinent considérablement l’avancée de la maladie,
l’amélioration de la qualité de vie est un des nouveaux objectifs dans la prise en charge de
ces patients. L’allongement de la durée de vie des PVVIH pourrait conduire à l’apparition
de carences nutritionnelles, en particulier en micronutriments ; ces micronutriments étant
très impliqués dans leurs rôles contre l’inflammation, le stress oxydatif et le métabolisme,
qui sont fortement perturbés chez les patients VIH.
Ainsi, nous nous proposons, après avoir étudié les causes et les conséquences de ces
potentielles carences en micronutriments, de discuter des potentiels bénéfices d’une
supplémentation en micronutriments chez ces patients.
Nous étudierons dans un premier temps les causes et les conséquences de l’infection par le
VIH, ainsi que la prise en charge actuelle des patients séropositifs en France.
Nous nous intéresserons ensuite au statut en micronutriments de la population VIH et nous
détaillerons les rôles des principaux micronutriments ainsi que les conséquences cliniques
en cas de déficits/carences nutritionnels.
Enfin, nous ferons un état des lieux des connaissances et pratiques actuelles concernant la
supplémentation en micronutriments chez les PVVIH. Nous présenterons également les
résultats d’un questionnaire distribué aux patients séropositifs de l’unité de rétrocession de
l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, au sujet de la micronutrition et de la consommation de
compléments alimentaires, et discuterons des perspectives d’avenir pour les pharmaciens
d’officines dans leur rôle à jouer quant à la prise en charge de cette pathologie.
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18
PARTIE 1 : INFECTION PAR LE VIRUS DE
L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE
1. CAUSE DE L’INFECTION
1.1. Le virus
1.1.1. Classification et structure
Le VIH est un virus de la famille des rétrovirus et du groupe des lentivirus.
Les rétrovirus sont une famille de nombreux virus caractérisés par l’utilisation d’une
transcriptase inverse pour leur réplication, ce qui permet de transformer l’ARN (Acide
Ribonucléique) du virus en ADN (Acide Désoxyribonucléique) proviral, qui sera ensuite
incorporé au génome de la cellule hôte [4].
Les lentivirus sont un groupe de virus responsables de pathologies d’apparition lente et qui
ont une habilité particulière à échapper au système immunitaire. Le VIH est un virus
enveloppé, composé de plusieurs protéines de surface, nécessaires à la liaison au récepteur
CD4, une matrice et un noyau protégé par une capside. Ce dernier contient les différentes
enzymes nécessaires à la réplication du virus. Le VIH contient également les trois protéines
classiques des rétrovirus : Gag, Pol et Env ainsi que deux protéines nécessaires à la
réplication virale : Tat et Rev [4].
Figure 1 : Structure du Virus de l’Immunodéficience Humaine [5].
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19
1.1.2. Souches et mutations
Il existe deux types de VIH : le VIH-1, qui prédomine à l’échelle mondiale, et le VIH-2,
retrouvé majoritairement en Afrique de l’Ouest mais retrouvé également dans certains pays
d’Europe, dont la France, par le biais des migrations. L’infection par le VIH-2 évolue plus
lentement mais est plus difficile à détecter et le virus possède une résistance naturelle à
certains antirétroviraux. Le VIH-1 comprend quatre groupes distincts : le groupe M
(Majoritaire), le groupe O (Outlier), le groupe N (ni-M, ni-O) et depuis peu le groupe P,
découvert en 2009. Le groupe M est responsable de la pandémie et contient à ce jour neuf
sous-types : A, B, C, D, F, G, H, J et K [4].
Le sous-type le plus fréquemment retrouvé est le sous-type B en Europe et aux Etats-Unis.
Le sous-type C est quant à lui le plus fréquemment retrouvé dans le reste du monde.
Cependant, les différents sous-types peuvent également se recombiner entre eux et plus de
cinquante-cinq recombinants ont déjà été identifiés à ce jour [4].
En effet, il existe une importante variabilité du virus liée aux erreurs de rétrotranscription de
la transcriptase inverse qui ne possède pas de système de correction, au turn-over rapide du
virus entrainant des erreurs de transcription et à la forte pression de sélection virale exercée
par le milieu. Ainsi on observe une variation de 5% du virus chez un individu au cours de
l’évolution de sa pathologie [6]. Cette forte variabilité induit une résistance naturelle du virus
et met en lumière la complexité d’un traitement adapté et efficace pour chaque patient.
1.2. Cycle de réplication
Chez une personne séropositive non traitée, 1 à 10 milliards de virions sont produits chaque
jour [7]. Plusieurs étapes sont nécessaires pour parvenir à la formation de nouveaux virus.
1. Pénétration du virus dans la cellule-hôte
La protéine de surface gp120 se fixe sur le récepteur cellulaire CD4, ce qui induit un
changement de conformation de la gp120, qui peut désormais fixer également un
corécepteur : CCR4 ou CXCR4, induisant à leur tour un changement de conformation
de la gp41, qui provoque ensuite la fusion de l’enveloppe du virus avec la membrane
plasmique de la cellule infectée.
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Figure 2 : Modèle du mécanisme d’entrée du VIH dans la cellule-cible [8].
Le choix du corécepteur explique le tropisme du virus pour les différents types de
globules blancs car les récepteurs CD4, CCR5 et CXCR4 sont exprimés par les
lymphocytes tandis que les récepteurs CD4 et CCR5 sont exprimés par les monocytes,
les macrophages et les cellules dendritiques [5].
2. Rétrotranscription de l’ARN en ADN viral
Cette étape est assurée par la transcriptase inverse dans le cytoplasme de la cellule.
3. Intégration de l’ADN viral dans le génome de la cellule hôte
Cette étape est assurée par les intégrases et le virus intégré dans le génome est nommé
provirus.
Le provirus est ensuite traduit en ARN messager, qui va lui-même coder pour plusieurs
protéines virales (protéines d’enveloppe, de matrice et de capside).
4. Production de nouvelles particules virales
Ces protéines virales sont ensuite assemblées pour former de nouveaux virus immatures,
appelés virions. La protéase clive les virions pour permettre leur maturation. Une fois
infectieux, ils vont bourgeonner et être libérés dans la circulation.
La cellule-hôte est détruite par le bourgeonnement massif et le cycle recommence avec
une nouvelle cellule-hôte.
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21
Figure 3 : Cycle de réplication du VIH [9].
1.3. Modalités de transmission et facteurs de risque
Il existe trois voies de transmission possible : par voie sexuelle, par voie sanguine et par
transmission verticale (transmission materno-fœtale). Plus le virus est concentré dans un
liquide biologique, plus le risque de transmission est important, d’où un risque de
transmission très faible en cas de charge virale indétectable.
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22
Transmission sexuelle
C’est le principal mode de contamination puisque 98% des nouvelles contaminations dans
le monde se font par transmission sexuelle [7]. Les rapports sexuels non protégés ainsi que
la présence d’un ou plusieurs facteurs de risque peuvent mener à une contamination. En cas
de transmission sexuelle, on parlera d’Accident d’Exposition Sexuelle (AES). Il existe
différents niveaux de risque de transmission en fonction du type de rapport sexuel avec, par
ordre décroissant de risque de transmission, les rapports sexuels anaux, vaginaux et buccaux.
Au cours d’un rapport anal, le risque de transmission diffère selon le type de relation : en
cas de relation anale passive, le risque estimé est de 1,4% tandis qu’en cas de relation anale
active, il est de 0,11% pour les hommes circoncis et de 0,62% pour les hommes non
circoncis. Lors d’un rapport vaginal, le risque est estimé entre 0,04% et 0,08%. Il y a peu
d’études ayant estimé le risque de transmission orale suite à des rapports bucco-génitaux
mais il est impossible de conclure à une absence de risque donc ce dernier est considéré
comme faible mais non nul. L’utilisation du préservatif prévient la transmission du VIH mais
son utilisation est inconstante, même chez les personnes séropositives [10].
Transmission sanguine
Beaucoup de personnes hémophiles ou ayant bénéficié d’une transfusion ont été contaminées
au début des années 1980, à cause de ce qu’on appellera plus tard « le scandale du sang
contaminé ». Désormais les dons du sang, dons d’organes et autres produits dérivés du sang
sont systématiquement testés donc le risque de transmission est très faible.
Les Usagers de Drogues Injectables (UDI) ont également été très touchés par l’épidémie au
début des années 1990 en raison du partage fréquent de matériel d’injection contaminé. Les
pouvoirs publics ont donc mis en place une politique de réduction des risques, avec
notamment la mise à disposition de seringues stériles, ce qui a permis de diminuer
l’incidence des nouvelles contaminations dans cette population à 1% [11].
Il existe également un risque de transmission sanguine en cas d’Accident d’Exposition au
Sang (AES) et le risque de séroconversion a été estimé à 0,32% [4].
En cas d’exposition avec un patient séropositif, une évaluation du risque est faite et estimée,
en fonction du type de contact et de la charge virale du patient source. Si cela est nécessaire,
la personne bénéficie d’un traitement prophylactique post-exposition d’une durée d’un mois
[12].
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23
Il existe différents schémas de première intention selon les régions et les hôpitaux. Celui
utilisé à l’hôpital de la Croix-Rousse comprend Prezista®/Norvir®/Truvada® soit deux
Inhibiteurs Nucléosidiques de la Transcriptase Inverse (INTI) avec un Inhibiteur de Protéase
(IP) boosté par du ritonavir.
Transmission par voie verticale
Le virus se retrouve dans les liquides biologiques, dont le sang et le lait. Il existe donc un
risque important de contamination du fœtus au cours de la grossesse ou du nouveau-né au
cours de l’allaitement. En France, le taux de transmission materno-fœtale est inférieur à 0,3%
car il y a une bonne prise en charge des patientes séropositives au cours de leur grossesse
[4]. En cas d’absence de traitement initial, on administre des antirétroviraux chez la mère à
partir du 2ème trimestre ainsi que chez l’enfant après la naissance.
En revanche, la transmission verticale est un réel problème dans les pays en voie de
développement car il n’y a souvent pas d’alternatives à l’allaitement.
Facteurs de risque et populations touchées
Les facteurs de risque de contamination par le VIH sont principalement liés à des
comportements à risque parmi lesquels on retrouve : un rapport anal ou vaginal non protégé,
la présence de lésion génitale ou de saignement, le partage de matériel d’injection en cas
d’usage de drogues ou les gestes médicaux en conditions non stériles [2].
La présence d’une Infection Sexuellement Transmissible (IST) est également un facteur de
risque qui augmente le risque de transmission du VIH, en favorisant le passage du virus par
le biais de micro-ulcérations ou d’inflammation des muqueuses [13].
L’infection par le VIH concerne tous les pays et toutes les populations mais certains groupes
sont plus touchés que d’autres. Parmi les populations le plus à risque, on retrouve les
hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les étrangers originaires
d’Afrique Subsaharienne, les Utilisateurs de Drogues Injectables (UDI) et les personnes dans
une situation de vulnérabilité accrue (cas des prisons et de la prostitution). La prévalence du
VIH dans ces populations est répartie différemment selon les pays [3].
En France, les UDI ont été très touchés par l’épidémie les premières années mais la mise en
place d’une politique de réduction des risques, comme un accès facilité aux seringues ou aux
produits de substitution a permis de réduire drastiquement le nombre de nouvelles
contaminations dans cette population [4].
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Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous les autres pays et les UDI sont encore
aujourd’hui une population très touchée par le VIH, particulièrement en Europe de l’Est [13].
Dans certains pays comme l’Ukraine, plus de 50% des PVVIH sont des consommateurs de
drogues injectables et n’ont pas accès aux services de santé pour cause de discriminations
[14].
En France, les groupes le plus touchés actuellement sont les étrangers originaires d’Afrique
Subsaharienne et les HSH. En 2005, un tiers des découvertes de séropositivité étaient des
personnes originaires d’Afrique Subsaharienne, dont deux tiers étaient chez des femmes
[13]. En 2013, 43% des nouvelles contaminations étaient retrouvées chez des HSH ce qui en
fait la population la plus touchée par le VIH actuellement [11].
2. CONSEQUENCES DE L’INFECTION
2.1. Physiopathologie de l’infection et histoire naturelle
L’histoire naturelle du VIH correspond à l’évolution spontanée et prévisible de l’infection
en l’absence de traitement. Elle regroupe trois phases, illustrées dans la figure 4.
- La phase aigüe ou primo-infection
- La phase chronique ou asymptomatique
- La phase symptomatique ou stade SIDA
Figure 4 : Évolution naturelle du VIH [15].
L’infection a souvent lieu au niveau des muqueuses génitales et anales car l’épithélium est
plus mince à cet endroit, ce qui facilite le passage du virus.
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La phase aigüe correspond à la primo-infection et va déclencher la mise en place de la
réponse immunitaire. Cette phase est asymptomatique dans environ deux tiers des cas mais
peut également être assimilée à une mononucléose infectieuse ou à un syndrome grippal. On
retrouve parmi les symptômes les plus fréquemment décrits : de la fièvre, la présence
d’adénopathies, des douleurs musculaires, une dysphagie, des céphalées, des diarrhées et un
amaigrissement [16].
Au cours de la primo-infection, on observe une très forte réplication du virus qui mène à une
forte virémie et déclenche la réponse immunitaire innée. Les cellules cibles du VIH sont
majoritairement les lymphocytes T mais aussi les cellules dendritiques, les macrophages, les
monocytes et les cellules de la microglie cérébrale. La microglie correspond à un ensemble
de cellules microgliales, constituées par les macrophages du cerveau et de la moelle épinière,
et est donc la première ligne de défense immunitaire active du système nerveux central [7].
Le virus va donc se fixer sur les cellules dendritiques et ces dernières vont transporter le
virus jusqu’aux ganglions, où les lymphocytes T CD4 sont produits en grand nombre pour
permettre la réponse immunitaire adaptative : les anticorps anti-VIH [13].
Les premières semaines de l’infection sont très dynamiques car elles permettent à la réponse
immunitaire de se mettre en place pour contrôler le virus mais cette dernière contribue
paradoxalement aux dommages importants causés par le virus. Cet afflux de nouvelles cibles
pour le virus va mener à une augmentation des cellules infectées et à une dissémination du
virus dans le reste de l’organisme, plus particulièrement au niveau des organes lymphoïdes
secondaires. Le tissu lymphoïde associé aux muqueuses (MALT) contient le plus grand
nombre de CD4 de l’organisme, ce qui explique la déplétion profonde en lymphocytes CD4
observée quelques semaines après la primo-infection. L’atteinte muqueuse sévère est
irréversible et sera à l’origine d’une inflammation locale puis systémique [13].
La réplication intense du virus permet aussi la constitution de réservoirs viraux pour
échapper à la reconnaissance par le système immunitaire. Les ganglions lymphatiques et le
tissu lymphoïde du tube digestif sont les principaux réservoirs du virus qui lui permettront
d’avoir une réplication constante, même après la mise sous traitement [7]. La réponse
immunitaire adaptative étant plus longue à se mettre en place, il existe une notion de fenêtre
sérologique : les anticorps anti-VIH sont détectables environ trois semaines après le contact
infectant. Pendant cette période, la personne infectée est contagieuse mais sa sérologie est
négative, ce qui rend le diagnostic difficile.
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26
Une fois la réponse immunitaire effective, l’organisme va contrôler l’infection et la virémie
diminue rapidement : on parle d’un équilibre immuno-virologique [4].
La phase chronique, appelée aussi phase de latence clinique est asymptomatique et a une
durée variable de 2 ans à 15 ans. Ce n’est pas une phase de latence biologique car le système
immunitaire contrôle la réplication virale sans éradiquer le virus, qui continue à se multiplier
dans les réservoirs viraux. Les organes lymphoïdes compensent la perte des lymphocytes T
CD4 infectés en augmentant leur production et l’organisme parvient à maitriser l’infection.
La phase chronique correspond à une phase de contrôle relatif de la réplication virale grâce
aux réponses immunitaires adaptatives mais la déplétion lymphocytaire persiste à bas bruit.
Au fil des années, le système immunitaire finit par s’épuiser et les organes lymphoïdes ne
peuvent plus compenser la déplétion lymphocytaire. Le taux de lymphocytes CD4 chute et
la charge virale du virus remonte : le déficit immunitaire est désormais installé [4].
La phase symptomatique, ou phase SIDA, est caractérisée par un taux de lymphocytes T
CD4 inférieur à 200/mm3 ou par l’apparition de pathologies opportunistes. Le stade SIDA
correspond au déséquilibre immuno-virologique par épuisement du système immunitaire.
Il y a réactivation de certaines pathologies sous-jacentes, qui étaient jusqu’à présent
maitrisées par un système immunitaire efficient, comme par exemple la tuberculose ou la
toxoplasmose [7].
La charge virale et le taux de lymphocytes CD4 sont deux marqueurs biologiques majeurs.
La charge virale illustre la réplication du virus dans l’organisme tandis que le taux de CD4
est directement lié à la réponse immunitaire et à la maitrise de l’infection par l’organisme.
Le nombre de CD4 reflète l’état des dommages immunitaires subis par le virus et permet
d’estimer le risque de survenue des pathologies opportunistes. Le suivi de ces deux
marqueurs permet d’apprécier l’évolution de la maladie. La charge virale est également un
facteur de pronostic de l’évolution de la maladie et signe l’efficacité du traitement
antirétroviral. Le contrôle de la réplication virale permet d’éviter la sélection de souches
virales résistantes [7].
2.2. Évolution naturelle
2.2.1. Altération et modulation de l’immunité, majoration de l’inflammation et apparition
des pathologies opportunistes
Le VIH cible le système immunitaire et provoque à terme une immunodéficience, qui résulte
de l’altération et de la destruction des défenses immunitaires de l’organisme.
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La très grande variabilité du virus induit un besoin d’adaptation constante de la réponse
immunitaire pour palier à l’émergence de nouveaux variants viraux, ce qui provoque
l’épuisement progressif du système immunitaire. Il existe quatre étapes majeures dans
l’apparition de la lymphopénie en lymphocytes T CD4 :
- Lors de la primo-infection on observe une chute rapide et transitoire des lymphocytes T
CD4 circulants.
- Au cours de la phase asymptomatique, la diminution du taux de lymphocytes est plus lente
et le taux de CD4 se situe entre 350 et 500 cellules/mm3.
- La perte en lymphocytes s’accélère brusquement en quelques mois pour s’arrêter entre 200
et 350 cellules/mm3.
- La diminution rapide des lymphocytes poursuit sa course jusqu’à la lymphopénie complète
[13].
Les causes de la lymphopénie sont multiples : le virus possède un effet cytopathogène direct
mais cela ne concerne qu’une partie mineure des lymphocytes. En revanche il existe
plusieurs mécanismes indirects de destruction. De nombreux lymphocytes T CD4 infectés
sont détruits par les lymphocytes T CD8 cytotoxiques spécifiques du VIH et des
lymphocytes T CD4 sains, ayant adsorbé à leur surface la protéine libre gp120, sont détruits
par Cytotoxicité à Médiation Cellulaire Dépendante des Anticorps (ADCC). En détruisant
les cellules infectées, les lymphocytes CD8 cytotoxiques diminuent le nombre de réservoirs
du virus mais participent à la déplétion lymphocytaire [13].
Il existe également une apoptose majeure des lymphocytes T CD4 non infectés, liée à une
activation chronique excessive du système immunitaire. A long terme, cette activation
immunitaire chronique diminue la durée de vie des cellules de l’immunité et participe à la
destruction de l’architecture du tissu lymphoïde, ce qui engendre de multiples déficits
fonctionnels au sein des lymphocytes restants [13].
Le déficit fonctionnel majeur est le déficit en Interleukine-2 (IL-2) et concerne les
lymphocytes T CD4 auxiliaires, appelés également Th1. Ces lymphocytes auxiliaires
produisent normalement l’IL-2 et l’Interféron-γ (IFN-γ) et sont responsables de
l’amplification des lymphocytes T CD8 cytotoxiques et donc d’un contrôle efficace de la
réplication virale. Les lymphocytes auxiliaires ont également un rôle dans la production
d’anticorps.
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28
Le déficit de production d’IL-2 mène à une anergie des lymphocytes T CD4, c’est-à-dire
qu’ils ne développent pas de réponse immune. Paradoxalement, on observe une
hypergammaglobulinémie couplée à un défaut de production d’anticorps spécifiques. La
perte fonctionnelle des lymphocytes débute lors de la phase asymptomatique, lorsque le taux
de CD4 est encore supérieur à 500 cellules/mm3. A partir de ce stade, il y a une diminution
de la prolifération des lymphocytes T CD4 couplée à l’apparition de déficits qualitatifs,
retrouvés également chez les cellules non infectées [17].
La déplétion progressive en lymphocytes T CD4 ainsi que l’altération des fonctions
auxiliaires et l’hyperactivation de cellules immunitaires mènent à l’épuisement du système
immunitaire. Il y a un déséquilibre dans la production de cytokines pro-inflammatoires et
anti-inflammatoires, ce qui mène à une inflammation chronique et à un vieillissement
accéléré. L’activation immunitaire chronique est notamment délétère pour de nombreux
organes comme le cœur, le rein, les vaisseaux et le système osseux.
La phase chronique de l’infection engendre donc des déficits immunitaires quantitatifs, due
à une lymphopénie progressive, mais également des déficits qualitatifs avec une atteinte
fonctionnelle des lymphocytes T CD4 et l’apparition d’anomalies immunitaires multiples.
Cette association de déficits quantitatifs/qualitatifs varie selon les individus et est
responsable d’une expression variable de la maladie [13].
Le niveau de lymphopénie a une valeur prédictive dans l’apparition de pathologies
opportunistes : en dessous de 200 cellules/mm3, le risque est considéré comme important.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une infection opportuniste est une
infection associée à une immunodéficience sévère et qui profite de la faiblesse du système
immunitaire pour se développer. Parmi les infections opportunistes les plus fréquentes, on
retrouve : la pneumocystose pulmonaire, la tuberculose, la toxoplasmose cérébrale, les
infections bactériennes invasives, les infections à Cytomégalovirus (CMV) ou Herpes
Simplex Virus (HSV), la leuco-encéphalite et les infections fongiques telles que la
cryptococcose ou les candidoses oropharyngées. 30% des PVVIH dans le monde sont
infectées par le bacille tuberculeux ce qui rend leur prise en charge difficile car d’importantes
interactions existent entre le traitement antituberculeux et le traitement antirétroviral. La
cryptococcose est la première cause de mortalité chez les PVVIH et, dans les pays
développés, la tuberculose et la pneumocystose pulmonaire sont les deux pathologies
opportunistes les plus fréquemment retrouvées [4].
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Certaines pathologies peuvent également apparaitre sous traitement antirétroviral : il s’agit
du syndrome de restauration immunitaire ou IRIS. Après la mise sous traitement, le nombre
de lymphocytes T CD4 remonte et entraine une restauration partielle de l’immunité. Cette
restauration de l’immunité peut mener au développement d’une réponse inflammatoire
pathologique due à des pathogènes préexistants mais qui étaient masqués jusqu’à présent par
la lutte de l’organisme contre le VIH [13].
2.2.2. Majoration du stress oxydatif
Le stress oxydatif correspond à un déséquilibre entre la formation et la neutralisation de
molécules pro-oxydantes, lié à une diminution des défenses antioxydantes de l’organisme
[18]. Ces défenses antioxydantes peuvent être de source exogène, apportées par
l’alimentation, ou de source endogène et constituées d’enzymes et de protéines.
La vitamine C ou la vitamine E sont des micronutriments antioxydants essentiels au bon
fonctionnement de l’organisme. La superoxyde dismutase, la catalase et la glutathion
peroxydase sont des enzymes majeures des défenses antioxydantes [19].
La chaine respiratoire mitochondriale est à l’origine de ce stress oxydatif. Elle transforme
l’oxygène en énergie disponible pour l’organisme, tout en générant au passage des espèces
oxygénées activées (EOA) ou Reactive Oxygen Species (ROS) qui vont induire des
dommages oxydatifs au niveau de différentes structures dont l’ADN : ce sont les radicaux
libres. Ces radicaux libres sont des structures chimiques possédant au moins un électron non
apparié sur leur couche externe qu’ils cherchent à stabiliser avec un autre électron qu’ils
prendront à d’autres structures qui en sont dotées. Ils sont donc de nature instable et très
réactifs vis-à-vis des substrats biologiques, d’où leurs potentiels effets délétères [20]. Ces
radicaux libres ciblent et endommagent l’ADN, les protéines dont les acides aminés, les
lipides membranaires et les lipoprotéines en activant l’expression de gènes codant pour des
cytokines pro-inflammatoires. Cependant, les ROS ont également un rôle physiologique
puisqu’en faible quantité ils activent les facteurs de transcription et jouent le rôle de
messagers secondaires régulateurs de l’apoptose [21].
Les mitochondries sont donc essentielles à la vie car elles régulent la production
d’Adénosine Triphosphate (ATP) et l’apoptose, et participent à l’homéostasie des ROS.
D’autres phénomènes induisent un stress oxydatif comme le tabac, la pollution, les
ultraviolets (UV). Ce stress oxydatif fait partie intégrante de nombreuses pathologies
chroniques.
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Chez le patient VIH, on retrouve de nombreuses perturbations du système anti-oxydant dans
le sang et dans les tissus et ce, à tous les stades de la maladie. Le stress oxydatif est
généralement évalué par la concentration plasmatique en antioxydants, comme le glutathion
(GSH) et les marqueurs de peroxydation lipidique. Le glutathion est la principale défense
antioxydante intracellulaire de l’organisme. Il est quasiment produit par tous les types de
cellules. Il possède un rôle essentiel dans la défense cellulaire, la différenciation des
lymphocytes B et T et l’activation des lymphocytes T cytotoxiques [22]. Une diminution du
taux de glutathion induit une diminution du nombre de macrophages, de lymphocytes CD4
et CD8 en favorisant l’apoptose de ces cellules [20]. Le glutathion joue également un rôle
majeur dans la régénération de l’acide ascorbique et parallèlement, un déficit en vitamine C
mène à une augmentation de l’utilisation de glutathion ce qui provoque une augmentation
de la déplétion de ces deux antioxydants majeurs. Ce cercle vicieux ainsi induit va renforcer
le stress oxydatif déjà présent. Plusieurs études ont également démontré qu’une diminution
des taux de glutathion perturberait la production d’IL-2 et l’activité cytotoxique des CD8
[18].
Le stress oxydatif a un effet direct sur la réplication du virus. L’augmentation de la
production de ROS entraine l’activation du facteur de transcription NF-κB qui induit une
augmentation de la transcription du VIH.
Parallèlement, le virus sécrète la protéine Tat qui augmente elle aussi la production de ROS
et majore donc la réplication du VIH par le biais du facteur NF-κB. Lorsqu’il est activé, ce
dernier joue également un rôle dans la réactivation du virus, lorsque ce dernier est au stade
de latence. La protéine Tat est secrétée par les lymphocytes infectés et par les cellules de la
microglie, ce qui explique qu’elle affecte progressivement le système nerveux central [23].
Parallèlement, la protéine Tat diminue le taux de glutathion disponible en modulant les
enzymes responsables de sa synthèse, induisant une majoration du stress oxydatif [24]. Tat
peut également interagir avec les récepteurs de surface des cellules et mener à une activation
des signaux intracellulaires. Le VIH augmente donc la production de ROS tout en diminuant
le taux de glutathion intracellulaire et en inhibant l’activité des enzymes antioxydantes, ce
qui mène à une majoration du stress oxydatif [25].
Plusieurs études ont démontré que le stress oxydatif mesuré était plus élevé chez les PVVIH
que chez les personnes séronégatives [18, 26, 27]. Chez les patients VIH, la peroxydation
lipidique mesurée est plus importante tandis que les concentrations en glutathion sont
fortement diminuées.
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31
En effet, l’inflammation chronique causée par le VIH induit une élévation des niveaux
plasmatiques de cytokines inflammatoires, qui ont un effet pro-oxydant, ainsi qu’une
augmentation de la production de ROS qui majore la peroxydation lipidique et réduit les
concentrations en antioxydants [19].
A long terme, le stress oxydatif pourrait avoir un rôle dans la survenue de pathologies
secondaires telles que les maladies cardiovasculaires, l’insulinorésistance et certaines
pathologies rénales qui tendent à se développer chez les PVVIH dont la durée de vie s’est
considérablement améliorée depuis l’utilisation des trithérapies [18].
2.2.3. Modification du statut nutritionnel : dénutrition et apparition de carences
nutritionnelles
Toute infection chronique a des répercussions métaboliques et nutritionnelles et l’infection
par le VIH ne déroge pas à la règle. Il existe trois facteurs de dénutrition chez les PVVIH :
une augmentation des dépenses énergétiques liées à la pathologie elle-même, des troubles
digestifs qui altèrent l’absorption des nutriments et qui sont fréquents au cours de l’infection
par le VIH et les différentes infections et surinfections qui majorent les besoins nutritionnels.
Le système immunitaire est un utilisateur majeur de nutriments à cause de son important
turn-over cellulaire et de la masse de cellules qui le composent : la fonction immunitaire est
donc étroitement liée au statut nutritionnel de l’individu [28]. Le statut nutritionnel du patient
VIH est compromis dès le début de la maladie, par le biais de différents processus et peut
mener à terme à l’apparition de carences nutritionnelles et au renforcement de
l’immunodéficience. Le diagnostic d’une carence est difficile à poser car les signes cliniques
sont variés et plus ou moins présents selon les individus. Les carences sont liées soit à une
augmentation des pertes, secondairement à une pathologie digestive provoquant une
malabsorption, ou à une augmentation des besoins non couverts par les apports. Les besoins
en micronutriments varient selon les individus et dépendent de facteurs environnementaux,
génétiques et nutritionnels. Chez les PVVIH, les carences en vitamines hydrosolubles
apparaissent plus rapidement que celles en vitamines liposolubles car leurs stocks tissulaires
sont limités [29]. Il est important de noter que des déficits en micronutriments peuvent être
retrouvés chez des patients sans perte de poids [30].
Les pathologies opportunistes sont en grande partie responsables d’une réduction des apports
alimentaires et d’une malabsorption des différents nutriments.
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Les candidoses oropharyngées provoquent des lésions douloureuses au niveau de la bouche,
de la langue ainsi que du pharynx et de l’œsophage et mènent à une réduction des apports
alimentaires par le patient. Parallèlement, les épisodes diarrhéiques, fréquents au cours de
l’infection par le VIH, induisent une malabsorption des nutriments, et en particulier des
lipides. Le virus lui-même augmente également la perméabilité intestinale et renforce
l’inflammation et les besoins des individus. Les vitamines liposolubles (A, D, E et K) sont
ainsi comme les lipides soumises à une moindre absorption. Il faut rappeler le rôle important
dans la fonction immunitaire des vitamines A et E : leur malabsorption renforcera donc la
dégradation du système immunitaire du patient [17].
L’inflammation chronique systémique est également responsable d’un hypermétabolisme
entrainant une augmentation de la consommation des antioxydants ainsi que d’une altération
de la paroi du tube digestif, menant à une diminution de l’absorption de divers nutriments.
L’état inflammatoire chronique engendre une augmentation de la consommation des
réserves énergétiques plus rapidement que ce que nécessite l’organisme pour reconstituer
ses réserves [31]. Le patient rentre alors dans un cercle vicieux : la malnutrition dégrade le
système immunitaire et les phénomènes infectieux entrainent une détérioration de l’état
nutritionnel, comme l’illustre la figure 5 [32].
Figure 5 : Cercle vicieux des déficits en micronutriments et progression du VIH [32].
Les antirétroviraux sont eux aussi susceptibles de provoquer des déficits en micronutriments,
voire des carences car ils favorisent la production de radicaux libres au niveau du foie, ce
qui entraine une déplétion en micronutriments antioxydants pour compenser l’augmentation
de stress oxydatif [20].
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33
De plus, l’infection par le VIH entraine une augmentation des besoins du système
immunitaire en micronutriments, par le biais de différentes altérations métaboliques. Cette
augmentation de l’utilisation et de l’excrétion urinaire des nutriments, couplée à une
diminution des apports, provoque une dérégulation du statut nutritionnel du patient et pourra
être responsable de l’apparition de diverses carences [33].
En effet, plusieurs études ont démontré que les carences en vitamine A, C, E et en zinc, fer
et cuivre étaient retrouvées plus fréquemment chez les PVVIH que dans la population
générale [20, 34]. Cependant, il reste difficile de définir un lien entre déficits en
micronutriments et symptômes cliniques car les différents micronutriments ont tous plus ou
moins des rôles multiples et synergiques dans l’organisme [35].
3. PRISE EN CHARGE DE L’INFECTION PAR LE VIH
3.1. Prise en charge clinico-biologique
3.1.1. Suivi clinique
Le patient doit être examiné au minimum une fois par an par un médecin hospitalier référent.
En dehors de cette consultation obligatoire, le médecin généraliste peut assurer le suivi du
patient VIH. Lors de la première consultation par le médecin spécialiste, un examen clinique
complet est effectué et comprend la prise de température, la mesure du poids et de la tension
artérielle, ainsi que l’enregistrement des tours de taille et de hanches. La recherche
d’adénopathies, d’hépatomégalie ou de splénomégalie est également effectuée. Le médecin
examine ensuite la peau, la cavité buccale et les organes génitaux pour vérifier l’absence de
lésions et effectue un examen neurologique pour rechercher les éventuels troubles cognitifs
présents [7].
Lors de la première consultation, l’interrogatoire mené par le médecin permet d’identifier
les différents contextes de vie dans lesquels évolue le patient. Par la suite, l’examen clinique
classique comporte le suivi du poids et de la pression artérielle, ainsi que la recherche de
signes cliniques liés aux effets indésirables connus des antirétroviraux. Les plus
fréquemment retrouvés sont les signes digestifs, avec des nausées et des diarrhées et les
signes de lipodystrophies [13].
3.1.2. Suivi biologique
Avant d’initier un traitement antirétroviral, quel qu’il soit, des examens sont recommandés.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
34
La sérologie VIH doit être confirmée et de nombreuses sérologies sont effectuées : hépatite
A, hépatite B, hépatite C, syphilis, toxoplasmose, CMV et recherche de tuberculose latente.
Le bilan initial comprend également un typage lymphocytaire CD4/CD8, la mesure de
l’ARN VIH plasmatique qui correspond à la charge virale, un test génotypique de résistance
au VIH ainsi que la détermination du sous-type du VIH-1. Enfin, des examens biologiques
classiques sont effectués : hémogramme avec mesure des plaquettes, créatininémie et
clairance de la créatinine, transaminases, γ-glutamyltransférase (γ-GT), phosphatase
alcaline, glycémie à jeun, recherche d’une protéinurie, ainsi qu’un bilan lipidique complet :
cholestérol total, lipoprotéines de basse et haute densité (LDL et HDL) et triglycérides. Par
la suite, le bilan biologique comprendra le typage lymphocytaire CD4/CD8, la mesure de la
charge virale, l’hémogramme avec les plaquettes, la mesure des transaminases, des γ-GT, la
glycémie à jeun et la créatininémie [7].
Le contrôle des sérologies hépatite B, hépatite C et syphilis se fera en fonction d’une
exposition récente ou des manifestations cliniques et/ou biologiques présentes [36]. La
surveillance biologique a lieu tous les 3 à 6 mois, en fonction du taux de CD4 présents chez
le patient. Après l’initiation du traitement antirétroviral, la mesure de la charge virale
plasmatique se fait à M1, M3 et M6 pour évaluer l’efficacité du traitement. En effet,
l’objectif du traitement est de rendre la charge virale indétectable en six mois, c’est-à-dire
inférieure à 50 copies ARN VIH/mL [4]. La mesure de la charge virale et du taux de
lymphocytes CD4 sont des marqueurs pronostiques de l’évolution de la maladie et
permettront par la suite d’évaluer l’efficacité viro-immunologique.
3.2. Prise en charge médicamenteuse
Ces dernières années, l’infection par le VIH est devenue une pathologie chronique, qui,
même si elle ne peut être éradiquée, peut être contrôlée par le biais des différents
antirétroviraux disponibles sur le marché. Le traitement antirétroviral (Antiretroviral
Therapy ou ART) est la pierre angulaire de la prise en charge clinique. Aujourd’hui,
l’initiation du traitement antirétroviral se fait dès la découverte de la séropositivité, et ce,
même si le taux de CD4 est supérieur à 500 /mm3[4].
L’essai START, dont les résultats seront connus courant 2016, doit trancher sur les bénéfices
liés à la morbi-mortalité d’une initiation précoce de traitement, qui sont pour l’instant non
établis de manière certaine [4].
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35
L’initiation du traitement antirétroviral doit s’accompagner de mesures hygiéno-diététiques
et d’une éducation thérapeutique du patient. Le choix du traitement sera guidé par la présence
de comorbidités, tout en privilégiant les schémas thérapeutiques simples, favorisant la
compliance du patient. Il est important de noter que la réponse thérapeutique au premier
traitement antirétroviral conditionnera l’évolution thérapeutique ultérieure [4].
La prise en charge thérapeutique du VIH passe par l’association de plusieurs antirétroviraux,
aux cibles différentes, pour une meilleure efficacité sans addition des effets indésirables.
L’indétectabilité de la charge virale reste le « gold standard » du traitement antirétroviral
mais une charge virale faible n’est plus considérée comme un échec thérapeutique. En
France, le contrôle de la charge virale est effectif chez plus de 80% des patients sous
trithérapie après six mois de traitement [17].
3.2.1. Thérapie antirétrovirale
3.2.1.1. Différentes classes thérapeutiques, sites et mécanismes d’actions
Il existe à ce jour six classes d’antirétroviraux, dont quatre qui ciblent les trois enzymes
majeures du VIH nécessaires à sa réplication : la transcriptase inverse, la protéase et
l’intégrase.
On retrouve ainsi :
- Les inhibiteurs des corécepteurs CCR5, qui empêchent l’attachement à la cellule
cible.
- Les inhibiteurs de fusion entre le virus et la membrane cellulaire.
- Les inhibiteurs nucléosidiques et les inhibiteurs non nucléosidiques qui ciblent la
transcriptase inverse, enzyme essentielle à la synthèse d’ADN par le virus.
- Les inhibiteurs de l’intégrase, qui empêchent l’intégration du génome viral dans la
cellule hôte.
- Les inhibiteurs de protéase, qui agissent sur la dernière phase de la réplication du
virus et sans laquelle les virions ne peuvent devenir infectieux.
L’association de plusieurs molécules de classes différentes permet d’agir au niveau de
plusieurs étapes du cycle de réplication du virus et donc d’avoir un meilleur contrôle de la
charge virale [4].
Les différents sites d’actions des antirétroviraux sont illustrés dans la figure 6.
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36
Figure 6 : Sites d’actions des différentes classes d’antirétroviraux [37].
3.2.1.2. Molécules disponibles et schémas d’administration : posologie, rythme
d’administration
Actuellement, une association au minimum de trois antirétroviraux de classe différente est
recommandée pour limiter au maximum le risque d’émergence de variants viraux résistants :
on parle donc de trithérapie antirétrovirale.
Malgré l’apparition de plusieurs nouveaux antirétroviraux ces dernières années, avec des
sites d’actions différents, le traitement de première ligne de référence lors d’une initiation
de traitement reste l’association de 2 Inhibiteurs Nucléosidiques de la Transcriptase Inverse
(INTI) avec un Inhibiteur Non Nucléosidique de la Transcriptase Inverse (INNTI) ou un
inhibiteur d’intégrase ou un Inhibiteur de la Protéase (IP), généralement boosté par du
ritonavir [4]. Cependant, cette première ligne de traitement est en pleine évolution et de
nombreux autres schémas ont été proposés, suite à l’arrivée de nouvelles molécules et de
nouvelles études.
Les IP sont majoritairement co-administrés avec le ritonavir, lui-même inhibiteur de
protéase, mais à des doses supérieures à celles utilisées actuellement. En effet, le ritonavir
est un puissant inhibiteur du Cytochrome (CYP) 450 3A4, l’enzyme principale dans le
métabolisme des antirétroviraux. Son utilisation à des doses de « booster » permet d’assurer
des concentrations en IP suffisantes pour avoir l’effet thérapeutique attendu : c’est le concept
de potentialisation pharmacologique.
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37
Ces dernières années, les schémas thérapeutiques à prise unique se sont très largement
développés, notamment en première intention. L’atout principal de ces associations de
plusieurs molécules en un seul comprimé est la facilité de prise pour le patient, que l’on
suppose être un facteur majeur de l’observance. Les antirétroviraux disponibles en Europe
en 2014 sont rassemblés dans la figure 7.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
38
Figure 7 : Médicaments antirétroviraux autorisés dans l’Union Européenne en 2014 [38].
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39
3.2.1.3. Interactions médicamenteuses
Les interactions médicamenteuses avec les antirétroviraux peuvent s’illustrer par une
augmentation ou au contraire une diminution d’un effet thérapeutique, ou par l’apparition
d’effets indésirables. Il existe de nombreuses interactions médicamenteuses entre les
antirétroviraux et les autres médicaments, majoritairement par le biais du CYP 3A4 qui
métabolise la majeure partie des traitements existants. Les IP, et en particulier le ritonavir,
entrainent une baisse d’activité des molécules inductrices du CYP 3A4 (rifampicine,
carbamazépine, phénobarbital…) ou des substrats du CYP 3A4 (statines, amiodarone,
anticancéreux…). Les IP inhibent le CYP 3A4 pendant l’absorption intestinale et lors du
métabolisme hépatique [17].
En cas de co-infection avec la tuberculose, la difficulté réside dans le fait d’ajuster les deux
traitements pour qu’ils soient respectivement efficaces sans nuire à l’autre. En effet, la
rifampicine ou la rifabutine sont généralement utilisés comme antituberculeux et sont de
puissants inducteurs du CYP 3A4. Dans certains cas, on préfèrera traiter prioritairement la
tuberculose seule et le traitement antirétroviral sera instauré par la suite.
De nombreux patients sous antirétroviraux prennent en parallèle des inhibiteurs de la pompe
à protons comme l’oméprazole, l’ésoméprazole, le pantoprazole… En modifiant l’acidité
gastrique, les IPP peuvent modifier l’absorption de certains médicaments. Les IPP diminuent
la biodisponibilité des antirétroviraux, et en particulier des inhibiteurs de la protéase. En
effet, l’oméprazole modifie la biodisponibilité de l’atazanavir, de l’indinavir et du nelfinavir,
qui peut être diminuée jusqu’à 75% dans le cas de l’atazanavir [39].
Les interactions médicamenteuses entre les antirétroviraux correspondent globalement à une
addition de leurs effets indésirables respectifs, particulièrement en cas de néphrotoxicité et
d’élimination rénale.
3.2.2. Intérêts du traitement antirétroviral
L’objectif principal du traitement antirétroviral est de diminuer la morbidité et la mortalité
liées au VIH, en restaurant un taux de lymphocytes CD4 supérieur à 500/mm3, nécessaires
à l’action du système immunitaire.
La réduction drastique de la charge virale, jusqu’à un niveau indétectable dans le meilleur
des cas, permet une restauration partielle du système immunitaire ainsi qu’une diminution
de l’inflammation chronique et limite le risque de sélection de virus résistants.
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40
Un traitement antirétroviral bien conduit permet une réduction majeure des complications
liées à l’infection et prévient le risque de transmission de la maladie. Les objectifs principaux
du traitement antirétroviral sont :
- Retarder le passage au stade SIDA en restaurant partiellement le système
immunitaire.
- Accroitre la durée de vie l’individu en évitant l’apparition de pathologies
opportunistes et la dégradation de l’état général du patient VIH.
- Réduire la transmission de l’infection en diminuant au maximum la charge virale
jusqu’à ce qu’elle soit indétectable. En cas de charge virale indétectable, les avis
divergent sur la présence d’un risque de transmission faible ou nul.
- Améliorer la qualité de vie des patients touchés en essayant de limiter au maximum
les effets indésirables des médicaments.
L’efficacité immuno-virologique, la tolérance des traitements et l’amélioration de la qualité
de vie du patient sont les trois objectifs majeurs du traitement antirétroviral [7].
3.2.3. Inconvénients : effets indésirables et carences induites
Les antirétroviraux sont de mieux en mieux tolérés et/ou de plus en plus efficaces mais
certains effets indésirables persistent malgré tout et peuvent mener à terme à une altération
de la qualité de vie. Nous allons détailler ici les effets indésirables communs à tous les
antirétroviraux.
3.2.3.1. Troubles digestifs
Les troubles digestifs (nausées, diarrhées, perte d’appétit) sont très fréquents à l’initiation du
traitement antirétroviral mais sont le plus souvent transitoires. L’inflammation chronique
des parois du tube digestif interfère avec les fonctions de digestion et d’absorption des
nutriments. On observe ainsi une augmentation de la perméabilité intestinale au cours de
l’infection par le VIH, l’intégrité de la barrière épithéliale est donc diminuée et provoque
une fuite passive d’ions qui contribue au phénomène de diarrhées chroniques.
Ces dernières sont très gênantes au quotidien pour les patients et peuvent mener à terme à
une malabsorption de certains nutriments, en particulier de la vitamine B12. La stéatorrhée
est très fréquente dans la population VIH et peut être responsable d’une malabsorption des
graisses et des vitamines liposolubles (A, D, E, K) [32].
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41
Les diarrhées sont également la première cause de morbidité et de mortalité chez les patients
VIH à travers le monde [30]. De plus, les symptômes digestifs tels que les diarrhées et
l’anorexie prédisposent à l’hypokaliémie, un facteur de risque important dans la survenue de
troubles cardiovasculaires parmi lesquels l’hypertension artérielle et l’athérogénèse [40].
3.2.3.2. Troubles métaboliques : altération du métabolisme glucidique et lipidique
Les anomalies métaboliques font partie des effets indésirables au long cours le plus
fréquemment retrouvés car elles concernent quasiment tous les antirétroviraux. Parmi ces
troubles métaboliques, on retrouve principalement les troubles du métabolisme lipidique,
dont la lipodystrophie, et les troubles du métabolisme glucidique, dont l’insulinorésistance.
Le lipodystrophie regroupe la lipoatrophie, qui correspond à une fonte partielle ou totale du
tissu adipeux, et la lipohypertrophie, qui correspond à une accumulation de tissu adipeux au
niveau du tronc et de l’abdomen [13].
Le syndrome lipodystrophique concerne surtout les IP, mais également les INTI, avec une
prévalence élevée chez les patients traités au long cours par ces molécules. Les INTI comme
la stavudine et la zidovudine ont été fréquemment associées par le passé à des phénomènes
de lipoatrophie mais ces molécules sont beaucoup moins utilisées de nos jours dans les pays
développées donc la lipoatrophie est de moins en moins rencontrée.
Désormais, les traitements contiennent quasiment tous des IP et les patients sont donc
fréquemment confrontés à un phénomène de lipohypertrophie, avec une prise de poids
globale, donc de tissu adipeux, ce qui va engendrer un sur-risque cardiovasculaire. Il est
important de noter que le phénotype lipodystrophique varie selon les sexes : la lipoatrophie
se retrouve plus souvent chez les hommes et la lipohypertrophie chez les femmes. Le
syndrome lipodystrophique est difficile à prendre en charge et un changement de molécules
n’est pas toujours synonyme de réversibilité. Il existe néanmoins une susceptibilité génétique
de par le polymorphisme existant pour certains gènes du métabolisme lipidique [41].
Le tissu adipeux sécrète des adipokines qui jouent un rôle positif dans la sensibilité à
l’insuline. La majoration du stress oxydatif chez les patients VIH pourrait modifier la
sécrétion de ces adipokines, en particulier de l’adiponectine, et moduler leur action,
provoquant ainsi un état d’insulinorésistance [17]. Les IP ont également des effets délétères
sur la sécrétion d’insuline, par le biais du stress oxydatif mais le mécanisme n’est pas élucidé
à ce jour [20].
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42
En effet, la prévalence de l’insulinorésistance et du diabète de type 2 est plus élevée dans la
population VIH que dans la population générale et pourrait également être due à une
perturbation du transport du glucose en cas de longue exposition aux IP ou aux INTI [42].
L’infection par le VIH s’accompagne aussi très souvent de troubles métaboliques parmi
lesquels on retrouve une perturbation du bilan lipidique avec une augmentation des
triglycérides, du cholestérol total et des LDL-cholestérol, ainsi qu’une diminution des HDL-
cholestérol. La protéine virale Tat induit la libération de cytokines pro-inflammatoires au
sein des adipocytes et pourrait jouer un rôle dans l’altération du tissu adipeux, étape clef
précédant la lipoatrophie et les anomalies métaboliques glucidiques et lipidiques observées
chez les patients VIH [43].
Les antirétroviraux sont eux aussi responsables de dyslipidémies : les INTI provoquent une
augmentation au niveau des triglycérides et les IP sont responsables d’une augmentation des
triglycérides, du cholestérol total et des LDL [41].
Le syndrome lipodystrophique et les anomalies des métabolismes lipidiques et glucidiques
participent au phénomène de vieillissement accéléré. En effet, l’atteinte du tissu adipeux par
le VIH est susceptible de provoquer une dysfonction mitochondriale propre au virus et donc
de mener à un stress oxydatif accru et à une inflammation systémique chronique, qui eux-
mêmes induisent une insulinorésistance et des dyslipidémies qui seront directement liées à
l’accélération du vieillissement, comme l’illustre la figure 8 ci-après [17].
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43
Figure 8 : Physiopathologie des atteintes lipodystrophiques et conséquences métaboliques,
hépatiques et cardiovasculaires [17].
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44
3.2.3.3. Vieillissement prématuré par majoration de l’inflammation chronique et du stress
oxydatif
Chez les PVVIH, l’apparition d’atteintes de différents organes s’explique par la
chronicisation de leur pathologie et le développement d’un vieillissement accéléré. La
population VIH est caractérisée par l’apparition de comorbidités liées au vieillissement 10 à
15 ans plus tôt que dans la population générale : c’est le concept de vieillissement prématuré.
Ce processus est multifactoriel et est lié entre autres à l’infection chronique par le VIH,
l’activation immunitaire chronique, l’immunodéficience et l’inflammation qui en résultent,
au traitement antirétroviral mais tient également compte des facteurs personnels et du mode
de vie du patient [17].
L’activation immunitaire et l’inflammation chronique font partie intégrante de la
physiopathologie de l’infection par le VIH et concernent tous les patients à tous les stades
de la maladie. Depuis plusieurs années, on sait que l’activation immunitaire et
l’inflammation chronique sont responsables d’un vieillissement prématuré des personnes.
En effet, plusieurs études ont démontré que le vieillissement était accéléré par la présence
de dysfonctions mitochondriales et d’une inflammation systémique à bas bruit [17]. Les
atteintes mitochondriales engendrent une augmentation de la production des ROS, qui vont
augmenter le stress oxydatif et majorer la production de cytokines pro-inflammatoires et
donc créer des dommages cellulaires responsables de l’accélération du vieillissement.
Tous les analogues nucléosidiques sont susceptibles de provoquer, à des niveaux plus ou
moins importants, une toxicité mitochondriale et donc une majoration du stress oxydatif. La
stavudine et la zidovudine provoquent de nombreuses dysfonctions mitochondriales qui vont
renforcer le stress oxydatif déjà présent et créer une inflammation systémique. Les INTI sous
leur forme activée vont inhiber l’ADN polymérase γ mitochondriale. Cette dernière va donc
produire de l’ADN mitochondrial en quantité insuffisante ou comportant des mutations, ce
qui va induire des anomalies de production de certaines protéines de la chaîne respiratoire.
En conséquence, on observe une augmentation de la production de ROS par les
mitochondries, une diminution de la production d’ATP donc une diminution des capacités
fonctionnelles de la cellule, et une augmentation des signaux d’apoptose cellulaire. Les
antirétroviraux peuvent également interférer au niveau des mécanismes de réparation des
dommages oxydatifs [44].
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45
Les dysfonctions mitochondriales concernent également les IP de première génération et
ceux de deuxième génération boostés par du ritonavir. Ils majorent la production de
cytokines pro-inflammatoires et sont susceptibles d’inhiber la zinc métalloprotéinase ZMP-
STE24 qui a pour rôle la maturation de la lamine A. L’inhibition de cette protéase provoque
l’accumulation de prélamine A, le précurseur toxique de la lamine A qui est responsable
d’une augmentation du stress oxydatif et serait donc liée au vieillissement cellulaire
prématuré. La prélamine A, appelée également protéine de la sénescence, est en effet
impliquée dans la progéria, une maladie génétique provoquant un vieillissement accéléré dès
les premières années de vie. Cependant, il n’existe à ce jour pas de preuve d’une diminution
de la toxicité mitochondriale des antirétroviraux dans les traitements dit « séquentiels ».
Les patients VIH ont un état inflammatoire chronique à bas bruit, majoré par les
antirétroviraux, même lorsque la charge virale est indétectable. Cette inflammation a un rôle
majeur dans la survenue des complications cardiovasculaires, métaboliques, osseuses,
musculaires et dégénératives : c’est le concept d’ « inflammaging » [17].
Le mode de vie est également un facteur important dans le vieillissement prématuré des
patients. Le tabagisme, la sédentarité, un régime hyperlipidique et pauvre en fruits et
légumes, la consommation régulière d’alcool et/ou de drogues sont des facteurs de risques
importants dans le phénomène de vieillissement. Le vieillissement est donc un processus
complexe et multifactoriel, comme l’illustre la figure 9 [17].
Figure 9 : Vieillissement prématuré : un processus complexe et multifactoriel [17].
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46
3.3. Conséquences de l’amélioration de la prise en charge et du suivi : apparition de
nouvelles pathologies et de carences
Du fait de l’allongement de l’espérance de vie des patients infectés par le VIH, de nouvelles
pathologies associées apparaissent : on retrouve l’ostéoporose au niveau des tissus osseux,
la sarcopénie au niveau musculaire, les maladies neurodégénératives au niveau cérébral et
diverses manifestations cardiovasculaires telles que l’athérosclérose, l’hypertension
artérielle, l’insuffisance cardiaque et l’infarctus du myocarde. Toutes ces comorbidités sont
liées au vieillissement accéléré du patient, lui-même provoqué par une majoration du stress
oxydatif [17]. La présentation clinique classique de ces patients regroupe une diminution des
capacités globales de l’individu avec une fatigue musculaire et un aspect de vieillissement
accéléré. La toxicité mitochondriale est au cœur du problème dans l’apparition des
pathologies associées.
Au niveau des organes, on note l’apparition de myopathies avec des douleurs et une fatigue
musculaire, de cardiomyopathies, de neuropathies périphériques, souvent symétriques et très
gênantes pour le patient, d’une atteinte rénale, avec l’apparition de tubulopathies, surtout en
cas de traitement par le ténofovir et qui nécessite une surveillance régulière de la clairance
du patient pour adapter la posologie du ténofovir en cas de besoin. On estime à 15% le
nombre de patients développant une dysfonction tubulaire rénale au cours d’un traitement
par du ténofovir sur une durée moyenne de 2 à 9 ans. La dysfonction tubulaire précède
généralement le déclin de la fonction rénale, souvent présent dans les stades avancés de
l’infection [45].
3.3.1. Pathologies cardiovasculaires et métaboliques
Secondairement au traitement antirétroviral peuvent apparaitre des complications
métaboliques pouvant accélérer l’athérosclérose et favoriser l’angor instable et l’infarctus
du myocarde. Les manifestations cardiovasculaires sont des complications émergentes qui
deviennent un réel problème dans la prise en charge des patients VIH car les pathologies
cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en France et l’incidence de l’infarctus
du myocarde est plus élevée dans la population VIH que dans la population générale.
Ce phénomène s’explique en partie par une exposition prolongée aux IP, qui jouent un rôle
important dans la survenue de troubles cardiovasculaires comme l’athérosclérose mais
également par la présence de nombreux facteurs de risque associés : tabagisme,
dyslipidémie, hypertension artérielle, diabète de type 2, insulinorésistance.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
47
Ces facteurs de risque sont très présents dans la population VIH et augmentent le risque
d’infarctus du myocarde. Les IP jouent très certainement un rôle de cofacteurs dans la
progression des lésions coronaires sous-jacentes en majorant l’inflammation et en
provoquant la rupture des plaques thrombotiques déjà formées. En effet, l’incidence des
syndromes coronariens aigus est plus élevée chez les patients VIH traités par IP que dans la
population générale [46].
L’étude internationale DAD a démontré une association significative entre la durée
d’exposition aux IP et le risque d’infarctus du myocarde [47]. Ce sur-risque de
manifestations cardiovasculaires s’explique par deux phénomènes : tout d’abord, la présence
d’anomalies cliniques de la répartition des graisses (lipodystrophie) et la présence
d’anomalies métaboliques : hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, intolérance au
glucose et hyperinsulinisme. En effet, la lipohypertrophie augmente le risque de développer
une insulinorésistance, facteur d’accélération de l’athérosclérose.
Les HDL jouent initialement un rôle dans l’atténuation du stress oxydatif en absorbant les
lipides oxydés et en les éliminant mais l’inflammation systémique chronique diminue ces
propriétés et transforme les HDL présents en molécules pro-oxydantes et pro-inflammatoires
[48]. L’activation immunitaire chronique est un facteur important d’apparition de troubles
cardiaques. La pathologie cardiovasculaire la plus représentée chez les patients VIH est la
cardiomyopathie dilatée, très fréquente en cas de traitement par la zidovudine. Le VIH lui-
même est également capable d’infecter directement le tissu cardiaque, à des niveaux plus ou
moins importants selon l’avancée de la pathologie [49]. L’immunodépression résultant de
l’infection par le VIH provoque une activation importante des cytokines qui favorisent la
nécrose myocardique. Une étude a observé la présence de déficits en sélénium et en vitamine
B12 chez plusieurs patients ayant déclaré une cardiomyopathie [17].
Chez les patients VIH, on observe une altération de l’homéostasie du glucose, liée à plusieurs
modifications complexes au niveau des adipocytes, du glucose périphérique disponible, de
l’insulinorésistance hépatique et liée à une sécrétion d’insuline diminuée par les cellules β
du pancréas. Il existe une susceptibilité génétique dans le développement de
l’insulinorésistance, liée à des facteurs tels que l’âge, l’influence de l’environnement et la
présence de plusieurs facteurs de risque. Cependant, les antirétroviraux sont susceptibles
d’altérer plusieurs tissus impliqués dans la glycorégulation : les muscles, le tissu adipeux, le
foie et le pancréas.
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48
En effet, les IP induisent un blocage du transport du glucose dans les tissus cibles, et ce, à
des concentrations thérapeutiques. Ils sont également capables de moduler les signaux
cellulaires liés à la libération d’insuline, en particulier au niveau hépatique, ce qui mène à
une insulinorésistance lorsque les cellules β du pancréas ne peuvent plus compenser ce
phénomène. De plus, l’IL-6 et le Tumor Necrosis Factor-α (TNF-α), dont la sécrétion par les
macrophages est majorée en cas de stress oxydatif, sont des médiateurs de
l’insulinorésistance [50].
3.3.2. Pathologies de nature carentielle : exemple de l’ostéoporose
Le tissu osseux est en perpétuel renouvellement, avec un équilibre entre résorption par les
ostéoclastes et formation par les ostéoblastes. Cependant, chez les PVVIH, la balance entre
formation et résorption osseuse est déséquilibrée.
Les complications métaboliques et endocrines liées au VIH, altèrent le métabolisme de la
vitamine D et des hormones comme l’hormone parathyroïde, et expliquent l’incidence
élevée de l’ostéoporose dans la population VIH [51].
L’atteinte osseuse observée au cours de l’infection par le VIH est majoritairement liée à la
pathologie elle-même car le virus a une action directe sur les cellules ostéogéniques, couplée
à une activation persistante des cytokines pro-inflammatoires telles que RANKL, IL-1 et IL-
6 qui interviennent dans le métabolisme osseux. En effet, l’activation systémique des
lymphocytes T provoque l’augmentation de l’ostéoprotégérine, une protéine responsable de
l’homéostasie entre RANK et RANK-L. La surexpression de l’ostéoprotégérine est donc
responsable de l’augmentation de la perte de densité osseuse [51].
De plus, les cytokines pro-inflammatoires TNF-α, IL-1 et IL-6, surexprimées en cas
d’activation immunitaire stimulent l’activité des ostéoclastes et régulent négativement les
ostéoblastes [51]. L’inflammation chronique est donc un facteur clef dans l’apparition de
l’ostéoporose. Cependant, le risque d’ostéoporose augmente également sous traitement
antirétroviral puisque certains IP sont capables d’inhiber la différenciation des ostéoblastes,
altérant donc la formation de nouveaux tissus osseux. Le ténofovir en particulier diminue la
densité osseuse minérale et augmente le remodelage osseux, appelé également turn-over
osseux [52]. Au cours des deux premières années du traitement antirétroviral, la densité
minérale osseuse chute systématiquement, particulièrement au niveau de la hanche et du
fémur [53].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
49
Le dépistage d’ostéoporose systématique des patients VIH ne serait pas judicieux mais une
ostéodensitométrie régulière chez les patients avec plusieurs facteurs de risque est
nécessaire. Ces facteurs de risque sont : l’utilisation d’IP, l’ancienneté de l’infection, un
faible poids avant la mise sous traitement antirétroviral, une charge virale élevée.
L’infection par le VIH est donc désormais considérée comme une pathologie
chronique, impliquant des adaptations du mode de vie visant à améliorer l’état de santé
général. Les infections, dont l’infection par le VIH, affectent l’état nutritionnel du patient en
diminuant les apports en nutriments ainsi que leur absorption, et en augmentant l’utilisation
et l’excrétion de protéines et de micronutriments lors de la mise en place par l’organisme de
la « réponse à la phase aigüe ». Ces modulations du statut nutritionnel sont présentes dès le
début de l’infection et se retrouvent à tous les stades de la maladie. Il nous semblait donc
intéressant de connaitre le statut en micronutriments des PVVIH pour voir si la correction
des possibles déficits présents pouvait tendre à améliorer la qualité de vie de ces patients.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
50
PARTIE 2 : STATUT EN MICRONUTRIMENTS DU
PATIENT VIH
1. IMPORTANCE DU STATUT EN MICRONUTRIMENTS
Les micronutriments regroupent les vitamines, les minéraux et les oligo-éléments qui sont
des nutriments sans valeur énergétique propre. Ils contribuent à la fois au métabolisme
normal des macronutriments et au bon fonctionnement musculaire, cognitif et visuel. Les
vitamines sont au nombre de treize. Ce sont des substances indispensables au bon
fonctionnement de l’organisme qui agissent à faible dose, chacune ayant un rôle bien
spécifique. Notre organisme n’est pas capable de les synthétiser, sauf en petites quantités
dans le cas des vitamines B3, D et K. Par conséquent, elles doivent donc être apportées par
l’alimentation [54]. Les minéraux sont des substances minérales nécessaires à l’organisme.
Ils exercent des fonctions très différentes dans l’organisme et sont présents en quantités très
inégales. Les minéraux au sens large regroupent les macroéléments ou minéraux majeurs
(calcium, chlore, sodium, potassium, magnésium, phosphore…) et les oligo-éléments ou
éléments traces (iode, cuivre, zinc, sélénium, chrome…).
Les micronutriments sont souvent des cofacteurs ou des coenzymes essentiels aux grandes
fonctions métaboliques de notre organisme. Ils jouent également un rôle important dans la
protection contre le stress oxydatif. Généralement, les oligo-éléments vont agir comme des
cofacteurs et les vitamines en tant que coenzymes [55].
1.1. Principales sources de micronutriments, apports nutritionnels conseillés et rôles
Les vitamines sont classées en deux groupes : les hydrosolubles et les liposolubles. La
vitamine C et les vitamines du groupe B (B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9 et B12) sont solubles
dans l’eau, ce qui permet leur dispersion dans tous les liquides de l’organisme sans être
stockées. Elles sont donc très peu toxiques puisqu’en cas d’apport trop élevé, l’excédent est
éliminé dans les urines. En revanche, cette absence de stockage peut mener à l’établissement
de carences si l’apport alimentaire est insuffisant. Les vitamines liposolubles sont au nombre
de quatre : A, D, E et K.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
51
Elles sont solubles dans les substances riches en lipides et se stockent dans les tissus adipeux,
riches en lipides, d’où leur potentielle toxicité en cas de dose trop élevée. Les carences en
vitamines hydrosolubles apparaissent donc plus rapidement que celles en vitamines
liposolubles du fait de leurs stockages tissulaires limités [56].
Ici seront abordés uniquement les micronutriments pour lesquels les déficits sont le plus
fréquemment retrouvés chez les PVVIH. Comme la population générale est souvent
déficiente en vitamine D et que la plupart des PVVIH sont d’ores et déjà supplémentés en
calciférol, le cas de la vitamine D ne sera pas abordé. Le tableau ci-dessous récapitule les
principaux micronutriments à risque de déficit chez les PVVIH. On y retrouve les apports
nutritionnels conseillés, les principales sources et fonctions de ces micronutriments mais
également les conséquences en cas de carence.
Tableau 1 : Principales sources de micronutriments, rôles, ANC et conséquences en cas de
carence [57, 58].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
52
Dans ce tableau, nous avons choisi de présenter les apports nutritionnels conseillés (ANC)
car ce sont des valeurs de références permettant théoriquement de couvrir les besoins
physiologiques des individus d’une population saine. Les ANC représentent donc un
« apport optimal » pour les individus en bonne santé mais ne sont pas une norme individuelle.
Il est intéressant de noter que les ANC diffèrent selon les pays [59].
Les ANC sont destinés à une population en bonne santé mais qu’en est-il en cas de situation
pathologique particulière ? Les ANC varient avec l’âge et la situation physiologique,
notamment en cas de grossesse ou d’allaitement. De nombreux facteurs physiologiques et
environnementaux peuvent influencer les besoins et rendent l’établissement de
recommandations d’autant plus difficile, en particulier dans le cas des PVVIH qui ont un
métabolisme nutritionnel modifié [60, 61].
Contrairement aux ANC, les apports journaliers recommandés (AJR) sont des
recommandations qui ne prennent pas en compte ni l’âge, ni le sexe. Ce sont des valeurs de
référence journalières pour la consommation des principaux nutriments. Les AJR sont les
valeurs retrouvées sur les étiquettes des aliments. Les besoins journaliers en micronutriments
correspondent quant à eux à la dose minimale quotidienne requise pour prévenir
l’installation d’une carence. Cependant, les besoins varient selon les individus et dépendent
de facteurs environnementaux, génétiques et nutritionnels [29].
1.2. Principaux rôles des micronutriments
1.2.1. Rôles antioxydants et anti-inflammatoires
On définit un antioxydant comme « une substance qui, lorsqu’elle est présente à une
concentration plus basse que celle d’un substrat oxydable, retarde significativement ou
empêche l’oxydation de ce substrat », c’est-à-dire les protéines, les lipides, les glucides et
l’ADN. Les antioxydants peuvent être des vitamines ou des oligo-éléments et sont des
substances qui diminuent l’oxydation d’autres substances chimiques. Ils protègent
l’organisme contre les dommages causés par les radicaux libres. Le stress oxydatif joue un
rôle important dans la formation et le maintien des processus inflammatoires chroniques, qui
peuvent sur le long terme endommager les vaisseaux sanguins mais également d’autres
tissus : une concentration élevée de ROS conduit à l’activation de plusieurs enzymes anti-
inflammatoires.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
53
La vitamine C et la vitamine E ont une action antioxydante directe par neutralisation des
radicaux libres tandis que le sélénium et le zinc ont une action indirecte : ils entrent dans la
composition des enzymes antioxydantes qui vont quant à elles lutter directement contre les
ROS [55].
L’acide ascorbique, ou vitamine C, est considéré comme le principal antioxydant
hydrosoluble du plasma humain. Il possède en effet la capacité de régénérer l’ α-tocophérol
à partir du radical tocophéroxyle.
Figure 10 : Régénération de la vitamine E par l’acide ascorbique [62].
La vitamine C possède également un rôle anti-inflammatoire puisqu’elle neutralise les ROS
avant qu’ils n’endommagent les membranes et ne favorisent l’inflammation par le biais de
la peroxydation lipidique [63]. Dans une étude d’une durée de deux mois réalisée aux États-
Unis sur des volontaires sains et non-fumeurs, les participants ont reçu chaque jour 1000 mg
de vitamine C et 800 UI de vitamine E pour évaluer l’effet d’une supplémentation
vitaminique sur le taux de protéine réactive C (CRP), un marqueur majeur de l’inflammation.
L’équipe de Block a observé qu’une dose quotidienne de 1000 mg de vitamine C permettait
de diminuer la concentration en CRP de 25,3%, confirmant par cette étude le rôle anti-
inflammatoire de l’acide ascorbique. En revanche, la vitamine E n’a pas eu d’effet
significatif sur les concentrations en CRP [64].
La vitamine E rassemble deux groupes de composants liposolubles : les tocophérols et les
tocotriénols. Ces deux groupes sont des réducteurs et ont donc un rôle antioxydant majeur.
Le caractère hydrophobe de la vitamine E lui permet de jouer un rôle protecteur contre la
peroxydation lipidique induite par les ROS au niveau des membranes biologiques, faisant de
la vitamine E le principal antioxydant des milieux lipidiques [65].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
54
L’α-tocophérol possède un rôle protecteur vis-à-vis des maladies cardiovasculaires, de par
l’inhibition de l’oxydation des LDL mais également par inhibition de la prolifération des
cellules musculaires lisses, protection de la fonction endothéliale, inhibition de la libération
de ROS et de cytokines par les monocytes et inhibition de l’adhésion plaquettaire et de
l’agrégation plaquettaire. La vitamine E possède également un rôle particulier dans la
neutralisation de l’inflammation [61].
D’autres micronutriments, comme les oligo-éléments jouent un rôle antioxydant. C’est le
cas du zinc, un élément trace qui agit comme antioxydant indirect en étant cofacteur de
nombreux systèmes enzymatiques. Parmi ces systèmes enzymatiques, on peut citer les
superoxydes dismutases qui sont des enzymes antioxydantes majeures. L’anion superoxyde
et le peroxyde d’hydrogène sont tous les deux des ROS. Les superoxydes dismutases vont
permettre la transformation de l’anion superoxyde en peroxyde d’hydrogène, qui pourra par
la suite être transformé en H2O et O2 par la catalase et la glutathion peroxydase.
Figure 11 : Rôle des superoxydes dismutases dans la lutte contre le stress oxydatif [66].
Le zinc peut également se lier aux protéines et les rendre moins vulnérables aux processus
d’oxydation [63]. Il participe donc à la lutte contre le vieillissement cellulaire et au
renforcement des défenses immunitaires [54].
Le sélénium est quant à lui principalement stocké dans les muscles et joue un rôle important
dans le métabolisme des ROS et la diminution du stress oxydatif car il est un composant
majeur des enzymes antioxydantes comme la glutathion peroxydase et la thiorédoxine
réductase, qui sont des sélénoprotéines.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
55
La glutathion peroxydase, par le biais du glutathion, permet la transformation des ROS vers
des molécules moins nocives comme l’H2O. Le glutathion réduit est indispensable à la lutte
contre le stress oxydatif et la glutathion peroxydase permet le passage de la forme oxydée
du glutathion vers la forme réduite [67].
Figure 12 : Le cycle d’oxydo-réduction du glutathion [68].
Le glutathion apparait donc comme un élément majeur dans le processus de détoxification
des ROS. Il est considéré comme l’antioxydant principal de l’organisme mais nécessite
d’être sous forme réduite pour pouvoir s’attaquer aux radicaux libres. Comme l’illustre la
figure 13, plusieurs micronutriments agissent en synergie dans la régénération du glutathion
réduit, étape indispensable dans la lutte contre le stress oxydatif. Cependant, ce système est
à la fois performant, mais fragile lorsque l’un de ses composant manque [69].
Figure 13 : Rôle synergique des micronutriments dans la régénération du glutathion [69].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
56
1.2.2. Rôle dans les processus immunitaires
Les processus immunitaires correspondent aux mécanismes de défense mis en place par
l’organisme contre des pathogènes extérieurs. Nous allons détailler ici plusieurs
micronutriments, étroitement liés au bon fonctionnement du système immunitaire et qui vont
pouvoir moduler les différentes réponses immunitaires.
Le maintien de l’immunité est permis en partie par la vitamine A, dont le rôle sur la
fonction immunitaire est reconnu depuis longtemps. Le terme vitamine A regroupe
à la fois les dérivés du rétinol, appelés également rétinoïdes, et ses précurseurs : les
caroténoïdes, parmi lesquels l’α- et le β-carotène qui sont donc des molécules
provitaminiques A. Les rétinoïdes sont des dérivés de la vitamine A qui sont de
puissants immunomodulateurs et agissent sur les monocytes, les macrophages et les
lymphocytes T. De plus, l’expression de plusieurs cytokines, dont les interleukines
(IL-1, IL-2, IL-3 et IL-6) et l’interféron-γ, sont sous le contrôle des rétinoïdes, tout
comme l’est l’expression du TNF-α. La vitamine A et ses dérivés peuvent donc
moduler la fonction immunitaire [70]. Plusieurs études expérimentales démontrent
qu’une carence en vitamine A provoque une diminution de la résistance aux
infections par le biais d’une altération des défenses immunitaires ou d’une
perméabilité accrue des barrières épithéliales. En effet, la vitamine A est un
composant essentiel des différentes muqueuses : œil, poumons, appareil digestif et
génito-urinaire. En cas de déficit, la sécrétion d’Immunoglobuline A (IgA) est
diminuée, ce qui rend l’organisme susceptible à toutes sortes d’infections [27].
Les ROS, et la peroxydation lipidique induite par le stress oxydatif, possèdent des
propriétés immunosuppressives. De par son activité antioxydante, la vitamine E est
capable de combattre les ROS, d’optimiser et d’améliorer la réponse immunitaire.
Elle participe également à la prolifération des lymphocytes, à la production d’IL-2
ainsi qu’à l’activité des cellules natural killer (NK) [71]. La vitamine E renforce donc
la réponse immunitaire humorale et celle à médiation cellulaire mais participe
également à la régulation des cytokines [72].
La vitamine C participe elle aussi au bon fonctionnement du système immunitaire,
en stimulant les leucocytes mais également en augmentant la production de cytokines
et d’anticorps, et en renforçant la prolifération des lymphocytes T en cas d’infection
[71].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
57
La vitamine B6 possède un lien complexe avec l’immunité et est présente sous 3
formes : pyridoxine, pyridoxamine et pyridoxal. Elle joue en effet un rôle important
dans le développement et le maintien de l’immunocompétence.
Un taux circulant élevé de vitamine B6 est associé à une diminution de la prévalence
des infections et à une augmentation du nombre de lymphocytes T. En revanche,
l’apport sous forme de suppléments de vitamine B6 à des doses très importantes est
associé à une diminution du nombre de lymphocytes T, ce qui suggère qu’il existe
un apport optimal de vitamine B6 et qu’au-delà de cette limite, les effets bénéfiques
disparaissent [73]. Dans une étude réalisée par Kwak et al., 7 jeunes femmes ont
consommé des doses croissantes de vitamine B6 pour évaluer l’impact de cette
supplémentation sur la prolifération des lymphocytes et la production d’IL-2. Une
consommation quotidienne de 2,1 mg de vitamine B6 pendant 7 jours permettait une
augmentation de 35% de la prolifération des lymphocytes sans effet significatif sur
la production d’IL-2 [74]. Dans une seconde étude menée par Meydani et al., huit
personnes ont d’abord subi une déplétion en vitamine B6 puis ont été supplémentés
par des doses croissantes jusqu’à atteindre 50 mg par jour. Lors de la phase de
déplétion, Meydani et al. ont observé une diminution significative du nombre total
de lymphocytes, ainsi qu’une diminution de la production d’IL-2. Toutes ces valeurs
sont revenues à la normale lorsque la supplémentation avait atteint 1,90 mg pour les
femmes et 2,88 mg pour les hommes, ce qui correspond quasiment aux apports
nutritionnels conseillés [75].
Le magnésium est considéré comme l’un des minéraux majeurs car il participe à plus
de 300 réactions métaboliques, dont certaines sont nécessaires au bon
fonctionnement du métabolisme oxydatif. Cette activité de cofacteur participe à la
synthèse des facteurs cellulaires et humoraux de l’immunité. Le magnésium
exercerait donc un rôle dans l’immunité [54].
Le zinc favorise la croissance, la maturation et l’activité des lymphocytes B et T. De
plus, il est impliqué dans de nombreux processus cellulaires dont plusieurs voies de
signalisation et agit comme cofacteur pour moduler la libération de cytokines [76].
Le zinc permet également d’assurer l’intégrité des différentes barrières physiques,
muqueuses ou cutanées, premiers remparts contre les pathogènes extérieurs et
favorise la prolifération des lymphocytes B et la production d’anticorps en cas
d’infection [71].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
58
Le sélénium joue aussi un rôle dans la modulation des réponses inflammatoires et
immunitaires. En effet, il participe au phénomène de prolifération lymphocytaire et
à la stimulation de l’activité des cellules natural killer. Il favorise également la
production d’anticorps. In vitro, le sélénium serait capable d’inhiber la réplication du
VIH par ses effets antioxydants [67].
1.2.3. Rôles métaboliques
Toutes les vitamines du groupe B jouent un rôle majeur dans le métabolisme des grandes
classes de macronutriments. Les vitamines du groupe B ont également un rôle important
dans le fonctionnement du système nerveux central, ce qui explique les neuropathies
observées en cas de carences vitaminiques de ce groupe [77].
Nous nous intéresserons tout d’abord à la vitamine B6 pour laquelle les patients VIH peuvent
présenter des déficits. Cette vitamine B6 est un coenzyme du métabolisme des protéines, des
acides aminés, des glucides et des lipides. Elle intervient également dans la synthèse des
catécholamines (adrénaline et noradrénaline), des neurotransmetteurs, des hormones
hypophysaires, thyroïdiennes, gonadiques ainsi que dans la synthèse de l’insuline. La
vitamine B6 possède un rôle essentiel dans la croissance, le développement de l’organisme
et le maintien de l’homéostasie [74, 75]. En effet, la vitamine B6 participe aux premières
étapes du cycle de Krebs, indispensable à la chaine respiratoire qui permettra la production
d’énergie nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme [78].
Figure 14 : Fonctions métaboliques des vitamines du groupe B [78].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
59
Les vitamines B9 et B12 ont également un rôle important dans de nombreuses réactions
enzymatiques. La vitamine B9, ou acide folique, possède un lien étroit avec la vitamine B12,
appelée également cobalamine. Ces deux vitamines sont apportées uniquement par
l’alimentation mais des réserves hépatiques existent pour la vitamine B12. En effet, ces deux
vitamines sont essentielles à la bonne formation des hématies et la vitamine B12 est
nécessaire à la formation du métabolite actif de l’acide folique nommé folate.
La vitamine B12 est une coenzyme impliquée dans de nombreuses réactions enzymatiques
intracellulaires et participe aux processus aboutissant à la synthèse d’ADN.
L’acide folique et la cobalamine participent tous deux au recyclage de l’homocystéine, un
acide aminé qui, à haute dose, constitue un facteur de risque cardiovasculaire important [79].
Figure 15 : Recyclage de l’homocystéine par les vitamines B9 et B12 [80].
L’acide folique participe quant à lui à la fabrication de l’hémoglobine mais également à la
division cellulaire, à la synthèse de l’ADN et au métabolisme des protéines et des lipides.
Une carence en vitamine B12 entrainera foncièrement une carence en vitamine B9 car même
si cette dernière est en concentration suffisante, elle sera bloquée sous sa forme inactive [71].
L’acide folique est nécessaire à la réplication et à la croissance des cellules, notamment
gastro-intestinales et est recyclé dans l’organisme par le biais de ce même système gastro-
intestinal. En cas de diarrhées, l’intégrité de la barrière gastro-intestinale n’est plus assurée
et la résorption de l’acide folique est altérée, ce qui a pour conséquence la création ou le
renforcement d’une carence, qui à son tour renforce la détérioration des voies gastro-
intestinales et donc la malabsorption des autres nutriments [81].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
60
Plusieurs minéraux vont également jouer un rôle dans le métabolisme de l’organisme. Parmi
eux, le magnésium possède un rôle majeur dans la transmission de l’influx nerveux et dans
la résistance au stress, ainsi que dans la production d’hormones et d’énergie nécessaires à
l’organisme. Il agit comme un régulateur du métabolisme glucidique et lipidique des tissus
musculaires, cardiaques et nerveux [82]. L’ATP est une molécule indispensable à la
production d’énergie par l’organisme. Le magnésium permet la synthèse d’ATP à partir
d’Adénosine Diphosphate (ADP) et participe donc à la production d’énergie nécessaire au
métabolisme de l’organisme [83].
Figure 16 : Rôle du magnésium dans le métabolisme énergétique [83].
De plus, le magnésium stimule la synthèse de protéines et d’ADN. Les besoins en
magnésium peuvent être accrus en cas de malabsorption gastro-intestinale, de diarrhées
prolongées ou de stress chronique. En effet, l’élimination urinaire du magnésium est majorée
en cas de stress. Cependant, l’assimilation du magnésium dans l’organisme n’est
généralement pas optimale mais peut être améliorée par la co-administration de vitamine B6
[84].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
61
Le zinc est un élément-trace stocké au niveau des os, des muscles et de divers organes
comme le foie, la prostate et la peau. Il est un composant essentiel de nombreuses « protéines
à zinc », responsables de la synthèse et de l’activité des hormones, comme par exemple
l’insuline. Ces protéines « à doigts de zinc » sont composées d’acides aminés et peuvent se
lier à l’ADN ou avec d’autres protéines. Il joue également un rôle dans le bon
fonctionnement du système nerveux et est essentiel à la synthèse de l’ADN [85].
Figure 17 : Protéines à doigts de zinc [86].
2. STATUT EN MICRONUTRIMENTS DU PATIENT VIH : EPIDEMIOLOGIE
DES CARENCES INDUITES
Les effets d’une infection chronique sont particulièrement néfastes sur le statut nutritionnel.
Le « wasting syndrome », ou syndrome de dépérissement progressif est caractérisé par une
perte de poids massive. Ce phénomène, fréquemment observé au début de l’épidémie par le
VIH est désormais chose rare dans les pays développés. Cependant, même si les pertes de
poids spectaculaires ont quasiment disparu, le métabolisme du patient VIH est encore et
toujours altéré et ces modifications peuvent mener à l’apparition de diverses carences,
particulièrement en micronutriments [17].
De plus, les PVVIH souffrent de déficits en micronutriments dus à un apport alimentaire
insuffisant malgré des apports corrects en macronutriments, et ce même lorsqu’aucune perte
de poids n’est observée. Ces déficits peuvent aussi être dus à une malabsorption intestinale
induite par la maladie, à une consommation excessive par l’organisme de ces
micronutriments liée au stress oxydatif et à une demande métabolique majorée [60].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
62
La fonction immunitaire étant affaiblie par les carences en vitamines, minéraux et éléments-
traces, il faut rappeler l’importance de l’état nutritionnel et du statut nutritionnel en
micronutriments comme facteur déterminant de l’immunocompétence. Ce dernier aspect
revêt une importance particulière chez les patients VIH [73].
La relation VIH-nutrition est donc à double tranchant puisque le virus a un effet majeur sur
le statut nutritionnel et la malnutrition elle-même est liée à une augmentation de la mortalité
en cas de SIDA, par le biais d’une altération de la fonction immune [87].
2.1. Statuts en micronutriments différents selon les stades : patients séropositifs, sous
trithérapie, au stade SIDA
Un des principales restrictions de l’évaluation du statut en micronutriments du patient VIH
est le manque de marqueurs adéquats : en effet, les marqueurs existants du statut nutritionnel
ne reflètent pas toujours la réalité des réserves en cas d’infection [88].
L’infection par le VIH provoque une libération importante de cytokines pro-inflammatoires,
ce qui mène à une utilisation accrue des vitamines antioxydantes (vitamines C et E) et à la
séquestration en complexes de plusieurs oligo-éléments (fer, cuivre, zinc, sélénium,
manganèse), rentrant dans la composition des enzymes antioxydantes destinées à combattre
le stress oxydatif induit [88].
Dans les différentes études observationnelles réalisées, l’évaluation du stade de l’infection
est rare, il est donc parfois difficile de relier tel déficit à tel stade de la maladie.
Généralement, chez les patients asymptomatiques, le statut nutritionnel pauvre est dû à une
absorption diminuée des micronutriments tandis que la réduction des apports et
l’augmentation de l’utilisation des micronutriments et de leurs pertes sont plus fréquemment
retrouvées à un stade plus avancé de l’infection par le VIH [88]. Plusieurs études du statut
en micronutriments du patient VIH ont été réalisées dans les pays industrialisés et sont
regroupées dans le tableau 2 ci-dessous.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
63
Références Objectifs Population Stade de la
maladie Mesures
Traitement
ARV associé Résultats
Allard JP.
1998 [27]
Niveaux de
peroxydation lipidique et
concentrations
plasmatiques en antioxydants
chez VIH+ VS
contrôle
49 VIH+
(47 ♂ et 2 ♀) Âge médian :
39
15 VIH-
(10 ♂ et 5 ♀)
Âge médian : 35
25
asymptomatiques 24 au stade SIDA
[ ] Lipides
oxydés, vitamines,
éléments-
traces (α- et γ-tocophérol,
vitamine C,
β-carotène, rétinol, zinc,
sélénium)
Zidovudine,
lamivudine ou saquinavir
↑ stress oxydatif chez
VIH+ ↓ défenses
antioxydantes
(significative pour l’α- et le γ-tocophérol, le
β-carotène, la vitamine
C et le sélénium) Pas ≠ significative
selon les stades
Jones CY.
2006 [91]
Déficits en
rétinol, zinc, sélénium et α-
tocophérol des
VIH+ sous HAART
288 VIH+
(171 ♂ et 117 ♀)
Pas de distinction [ ] Rétinol,
zinc, sélénium et α-
tocophérol
Non
renseigné
[ ] < 30µg/dL rétinol :
5% ♂ et 14% ♀ [ ] < 85 µg/L
sélénium : 8% ♂ et 3%
♀ [ ] < 500 µg/dL α-
tocophérol : 7% ♂ et
0% ♀ [ ] < 670 µg/L zinc :
40% ♂ et 36% ♂
Jiménez-
Expósito
MJ
2002 [92]
[ ] en
micronutriments
des VIH+ et lien
avec la réponse inflammatoire
86 patients
(66 ♂ et 20
♀)
Âge médian : 34
19 HIV-
17
asymptomatiques
17
symptomatiques 52 au stade SIDA
[ ] vitamines
A, E, cuivre
et zinc
Oui pour 55
patients
Déficit en vitamine A
↑ avec chaque stade :
17,6%
asymptomatiques, 23,5%
symptomatiques et
48,8% stade SIDA. Déficit en vitamine E
semblable dans chaque
groupe : 11,8%, 11,8% et 16,3%
respectivement
Déficit en zinc : 21,2% Déficit en cuivre :
8,3%
Balfour L. 2014
[60]
Déficits en micronutriments
chez VIH+
avant HAART
127 VIH+ (105 ♂ et 22
♀)
Âge médian :
38
Asymptomatique [ ] β-carotène, vitamines D,
B12 et B9
Non Déficit β-carotène : 24%
Déficit vitamine D :
24% Déficit vitamine B9 :
20%
Déficit vitamine B12 :
2,4% mais corrélation
entre une faible [ ]
vitamine B12 et un faible taux de CD4.
Shivakoti
2015
[89]
Déficits
micronutriments
chez VIH+ en pré et post-ART
270 VIH+ Non renseigné [ ] vitamines
A, B6, B12,
D, E, caroténoïdes
et sélénium
Naïfs d’ARV 0 déficit : 13,9 %
1 déficit : 29,2 %
2 déficits : 24,5 % 3 déficits : 32,4 %
Déficit sélénium : 53,2
% Déficit vitamine D :
42,4 % Déficit vitamine B6 :
37,3 %
Skurnick
JH. 1996
[93]
Consommation
de compléments vitaminiques et
des [ ] en
micronutriments
64 VIH+
Âge médian : 36
33 VIH- Âge médian :
40
27
asymptomatiques 18
symptomatiques
19 au stade SIDA
[ ] vitamines
A, C, E, B6, B9, B12,
caroténoïdes,
zinc, sélénium et
magnésium
Oui pour 45
patients
[ ] magnésium faible :
52% [ ] vitamine C faible :
20%
[ ] caroténoïdes faible : 26%
[ ] vitamine B9 faible :
15% [ ] zinc faible : 4%
[ ] vitamine E faible :
4%
Tableau 2 : Études de prévalence des déficits en micronutriments chez les PVVIH.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
64
Ces différentes études ont démontré que les PVVIH avaient une absorption ralentie des
micronutriments (vitamines A, B6, B9, B12, C, E, zinc, sélénium et magnésium), des pertes
urinaires excessives et de faibles concentrations sanguines en plusieurs micronutriments [27,
60, 72, 89, 90, 91, 92, 93]. Les déficits en micronutriments associés au VIH varient d’une
population à l’autre et diffèrent selon le stade de l’infection.
Cependant, il existe plusieurs limitations dans l’interprétation de ces résultats. Tout d’abord,
la plupart des études utilisent les concentrations sériques ou plasmatiques des
micronutriments étudiés, ce qui ne reflète pas toujours la réalité des stocks de l’organisme.
De plus, les échantillons de populations étudiées ont souvent une taille limitée et les patients
ne sont pas systématiquement rassemblés dans des groupes épidémiologiques bien distincts
(enfants, UDI, femmes enceintes, hétérosexuels ou homosexuels). Enfin, les définitions
biologiques des termes « déficit » ou « carence » varient selon les études et rendent difficile
la généralisation des résultats [32].
Sans parler de carence, le déficit en magnésium est fréquemment retrouvé, entre 29% et 59%
selon les études, en particulier après l’initiation des antirétroviraux car ces derniers peuvent
provoquer des désordres électrolytiques dont une fuite de magnésium [40, 94].
Dans les pays industrialisés, les déficits en vitamines B1, B2 et B6 sont plus courants chez
les PVVIH que chez les individus séronégatifs, et sont retrouvés à tous les stades de
l’infection. Le déficit en vitamine B12 chez ces patients VIH peut s’expliquer par une
malabsorption de cette vitamine, elle-même provoquée par les diarrhées. En effet, les
diarrhées sont des effets indésirables communs de la maladie mais également des traitements
[87].
On retrouve aussi de manière fréquente des concentrations basses en α-tocophérol chez les
patients VIH. Ce phénomène pourrait être dû à une insuffisance d’apport mais également à
une consommation accrue de vitamine E par le stress oxydatif majoré au cours de l’infection
[72]. De même, plusieurs études démontrent que des concentrations circulantes basses en
sélénium sont fréquentes chez les patients VIH, que ces concentrations sont
significativement inférieures à celles des patients séronégatifs et qu’elles diminuent d’autant
plus que l’infection évolue. Les hypothèses évoquées pour expliquer cette diminution des
concentrations en sélénium sont une surconsommation de cet oligo-élément au cours de
l’infection par le VIH [67, 95].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
65
Le déficit en zinc, quant à lui, est retrouvé chez 50% des patients VIH. La cause organique
de ce déficit n’a pas encore été élucidée. Il est cependant important de préciser que le déficit
en zinc est surtout largement retrouvé chez les HSH, les UDI, les enfants, dans les Pays en
Voie de Développement (PVD) et en cas de mauvais contrôle de la charge virale : il faut
donc nuancer ce chiffre dans la population VIH générale [96].
La prévalence de ces déficits chez les PVVIH est confirmée dans deux autres études dont
celle menée depuis 2009 par Balfour et ses collègues au Canada, dont les résultats n’ont pas
encore été publiés. Cependant, Balfour et al. ont d’ores et déjà observé que la moyenne des
patients se situe dans la norme au niveau de leur statut en micronutriments, mais pris
séparément, beaucoup ont un déficit en un ou plusieurs micronutriments, parmi lesquelles la
vitamine B9, la vitamine B12, les caroténoïdes et la vitamine D, comme illustré dans le
tableau 2. Il est intéressant de noter que les patients ayant consommé au préalable des
compléments vitaminiques dans les semaines précédant l’étude, dont la quantité n’est pas
renseignée, présentaient tout de même des déficits, ce qui laisse à penser que les ANC ne
sont pas adaptés aux PVVIH [60].
Une seconde étude réalisée par Shivakoti et al. dans neuf pays différents a évalué la
prévalence d’un ou plusieurs déficits en micronutriments chez des patients naïfs de
traitement puis 48 semaines après l’instauration d’une thérapie antirétrovirale. Les résultats
sont rassemblés dans le tableau 2 et varient selon les pays mais les déficits en un ou plusieurs
micronutriments restent bien présents puisque 32,4% des patients avaient des déficits
multiples. De plus, l’initiation d’un traitement antirétroviral hautement actif ou Highly
Active Antiretroviral Therapy (HAART) permettrait une diminution de ces carences mais
sans pour autant corriger les déficits. Ces résultats suggèrent que le traitement par
antirétroviraux (ARV) ne suffit pas à corriger les carences nutritionnelles préexistantes des
patients VIH et qu’une supplémentation en micronutriments pourrait être bénéfique [89].
Cependant, force est de constater que les études observationnelles concernant les déficits
présents chez les patients VIH sont assez rares et incomplètes dans les pays industrialisés
car l’usage des suppléments vitaminiques s’est largement répandu, ce qui rend difficile
l’estimation des carences ou de déficits liés uniquement à la pathologie ou aux traitements
antirétroviraux [97].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
66
2.2.Facteurs associés au statut altéré en micronutriments
L’état nutritionnel d’un individu est le résultat des interactions de l’homme avec son
environnement. La maladie et les traitements antirétroviraux peuvent être responsables d’une
diminution de l’appétit en modifiant le goût des aliments et en altérant l’absorption des
différents nutriments par l’organisme. Les carences peuvent également être la conséquence
d’un mauvais stockage hépatique, le foie étant fragilisé par la pathologie et par les
traitements antirétroviraux quotidiens [98].
Les déficits en micronutriments chez les patients VIH peuvent être liés au VIH lui-même
mais également au traitement antirétroviral qui provoque des désordres métaboliques;
cependant la distinction des troubles liés à la maladie ou au traitement reste difficile [30].
2.2.1. Influence des traitements antirétroviraux sur le statut en micronutriments
Chez les PVVIH, il faut considérer les effets des traitements antirétroviraux sur le statut en
micronutriments.
Les médicaments peuvent altérer le métabolisme de plusieurs façons :
- En diminuant les apports alimentaires, en causant nausées, vomissements et diarrhées
qui majorent l’inappétence et induisent une malabsorption.
- En diminuant l’absorption des micronutriments, en perturbant la digestion, en
altérant la muqueuse digestive.
- En augmentant le métabolisme, la clairance et l’excrétion des micronutriments [57].
L’influence possible des traitements antirétroviraux sur le statut en micronutriments du
patient VIH a été évaluée dans deux études dont les résultats sont rassemblés dans le tableau
3 ci-dessous.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
67
Références Objectifs Population Stade de la
maladie Mesures
Traitement
ARV associé Résultats
Kaio DJI.
2014 [72]
Concentrations
en vitamine E chez VIH+ sous
≠ ARV
182 VIH+
(69 ♀ et 113 ♂) Âge médian :
44
Groupes selon ARV
Pas de
distinction mais taux de CD4 >
200/mm3
[ ] α-
tocophérol, cholestérol
total et
triglycérides
2 INTI + 1
INNTI ou 2 INTI +
1P boostée
ou 2 INTI + 1 nouvelle
classe (fusion,
entrée, intégrase)
↑cholestérol total :
13,8% ↑ LDL : 8,8%
↑ triglycérides :
29,8% Faibles
concentrations
HDL-cholestérol : 16,6%.
Déficit en α–
tocophérol : 6,6% Concentration
faible : 12,1%
81,3% : taux jugé acceptable.
Paltiel O.
1995
[90]
Déficits
subcliniques en
vitamine B12 chez VIH+
200 VIH+ Non renseigné Vitamine
B12 Zidovudine
pour certains Déficit subclinique
en vitamine B12 :
30,5% Corrélation entre déficit
subclinique et prise
zidovudine
Tableau 3 : Influence des antirétroviraux sur le statut en micronutriments du patient VIH.
Kaio et al. ont voulu évaluer les concentrations en vitamine E chez les PVVIH sous HAART
et l’impact des différents antirétroviraux sur les concentrations d’α-tocophérol. La
concentration moyenne d’α-tocophérol retenue pour l’étude était 21,9 µmol/L. Les patients
dont le traitement antirétroviral était composé de deux INTI avec une autre classe, parmi
lesquelles les inhibiteurs de fusion, d’entrée, d’intégrase, avaient des concentrations en
vitamine E significativement plus faibles (en moyenne 4,12 µmol/L plus basse) que pour les
patients traités par le schéma classique : deux INTI + un INNTI. Kaio et son équipe ont
également démontré une association significative entre les concentrations de cholestérol et
de vitamine E, ce qui s’explique par le caractère liposoluble de cette vitamine et le fait que
cette dernière soit transportée par les lipoprotéines riches en cholestérol comme le LDL-
cholestérol. En revanche, les patients recevant une trithérapie contenant au moins une IP
boostée avec du ritonavir avaient des concentrations en α-tocophérol légèrement supérieures
(en moyenne de 0,21 µmol/L). Cette étude illustre donc le fait que les antirétroviraux peuvent
moduler les concentrations en vitamine E des patients VIH sous HAART [72].
Paltiel et al. se sont intéressés à la prévalence des déficits en vitamine B12 chez des patients
VIH avant et après l’initiation d’un traitement par zidovudine. Cette étude a rassemblé 200
patients VIH et a permis de démontrer que 30,5 % d’entre eux présentaient un déficit en
vitamine B12. La malabsorption de cette vitamine était observée dans les stades avancés de
la maladie mais n’était pas toujours corrélée au statut en vitamine B12.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
68
En revanche, Paltiel et son équipe ont observé une corrélation entre la présence de déficit
subclinique en vitamine B12 et la prise de zidovudine. La diminution des concentrations en
vitamines peut s’expliquer par le fait que les INTI comme la zidovudine entrainent des
vomissements et des diarrhées qui réduisent l’absorption intestinale et favorisent les pertes
vitaminiques par voie digestive [72].
Il est généralement admis que l’introduction des trithérapies a révolutionné la prise en charge
des PVVIH, en permettant une restauration partielle du système immunitaire mais la manière
dont les traitements antirétroviraux influencent la modulation du statut en micronutriments
reste encore controversée [99]. Ainsi, Szetela et al. font l’hypothèse que lors de l’initiation
d’un traitement antirétroviral, la réplication virale diminue et le métabolisme revient presque
à la normale, d’où le besoin accru de synthétiser à nouveau plus d’enzymes, ce qui augmente
drastiquement les besoins en micronutriments et peut être responsable du développement de
déficits voire de carences [31]. La production de ROS au niveau du foie pourrait également
être induite par les traitements antirétroviraux, induisant une déplétion de ces antioxydants
au niveau hépatique [20].
2.2.2. Influence de la pathologie sur le statut en micronutriments du patient VIH
L’infection par le VIH correspond à une agression métabolique, c’est-à-dire un stress qui va
engendrer la mise en place de nombreux systèmes de défense et induire des réactions
inflammatoires. Chaque situation de stress a des répercussions délétères sur l’utilisation et
la régulation physiologique des nutriments. Un état d’agression est constamment associé à
un syndrome inflammatoire, plus ou moins important, qui provoque des perturbations de
l’ensemble des métabolismes induisant un hypermétabolisme et un hypercatabolisme. Ces
phénomènes sont à l’origine d’un déséquilibre de la balance énergétique de l’organisme,
menant à des carences spécifiques [57].
En effet, le VIH augmente l’utilisation et l’excrétion des différents micronutriments mais il
augmente également la libération de molécules pro-oxydantes, dont les cytokines et les
radicaux libres, ce qui mène à l’augmentation de l’utilisation des antioxydants tels que la
vitamine C, la vitamine E, le zinc et le sélénium [98]. Il est très probable que la fièvre,
l’anorexie, la nausée, la diarrhée et la perte de poids observées lors de primo-infection
puissent contribuer de manière précoce à l’altération du statut en micronutriments.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
69
Lors de la phase de réponse aigüe de l’organisme, les concentrations en micronutriments
sont foncièrement modifiées voire diminuées et ces modifications sont donc à distinguer des
déficits avérés [94]. La diminution de l’absorption des micronutriments au cours de la phase
asymptomatique ne doit pas être négligée d’un point de vue métabolique car cette phase est
étalée dans le temps et peut avoir des conséquences importantes. Au cours de la phase
symptomatique, les effets du virus sur la sphère gastro-intestinale sont de plus en plus
sévères, comme l’illustre la fréquence élevée des infections intestinales, qui sont
responsables de lésions localisées et qui contribuent à l’exacerbation de l’altération du statut
en micronutriments, par le biais d’une malabsorption [88].
Il est bien établi que l’intégrité de la barrière digestive et intestinale est altérée au cours de
l’infection par le VIH. Or, cette intégrité de l’appareil digestif est indispensable à la bonne
absorption des micronutriments, en particulier des vitamines. Les dommages au niveau de
cette barrière auront pour conséquences des troubles de l’absorption et de la digestion des
différents micronutriments. On retrouve fréquemment une atrophie au niveau des villosités
jéjunales, même en l’absence d’infection intestinale, directement responsable d’une
mauvaise absorption des lipides, donc par conséquent des vitamines liposolubles [95].
Plusieurs articles ont émis l’hypothèse selon laquelle ces signes de malabsorption seraient
présents dès les premiers stades de l’infection, d’où l’intérêt d’une prise en charge précoce
des éventuels déficits présents [32, 100, 101, 102].
Les infections opportunistes associées de la sphère ORL ou digestive altèrent également les
muqueuses et modulent l’absorption et la digestion des micronutriments. Parmi ces
infections opportunistes, les candidoses oropharyngées sont fréquentes et provoquent une
diminution des apports alimentaires par le biais de dysphagie et de douleurs à la déglutition
[32]. Patel et al. ont évalué la prévalence, chez 215 patients VIH, des candidoses
oropharyngées causées par Candida albicans, à l’ère des traitements antirétroviraux et ont
observé que 27% des patients testés présentaient une candidose oropharyngée [103].
De plus, l’augmentation du stress oxydatif retrouvée chez les patients VIH induit la
libération de cytokines pro-inflammatoires, ayant également un effet anorexigène, ce qui
majore le risque d’apports alimentaires insuffisants [98].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
70
2.2.3. Influence du contexte social
Le VIH a un retentissement psychologique et physique sur le quotidien des PVVIH. Malgré
la « chronicisation » de la maladie et l’évolution de la prise en charge depuis la découverte
de l’infection, la stigmatisation touche encore beaucoup de patients VIH.
Le contexte social est un facteur majeur de l’alimentation et l’infection par le VIH a un
impact psychologique non négligeable, qui peut altérer le contexte professionnel du patient
et mener à un appauvrissement de ses ressources. Le VIH engendre un cercle vicieux de
grande fatigue et d’activité physique diminuée. La fatigue, l’isolement voire la dépression
peuvent diminuer l’appétit et l’envie de faire l’effort de préparer des repas et de consommer
régulièrement de la nourriture, ce qui pourrait également avoir un retentissement sur le statut
en micronutriments [59].
Le VIH touche toutes les populations mais une majorité des PVVIH sont en situation
difficile, voire précaire et l’alimentation équilibrée n’est pas toujours une considération
majeure. Selon l’INVS, 25,7% des patients VIH ont fait au moins un épisode dépressif
majeur au cours des 12 derniers mois, quand la dépression sévère ne dépasse pas les 8% dans
la population générale. L’accompagnement des PVVIH et le maintien d’une qualité de vie
satisfaisante sont donc des axes majeurs de la prise en charge de ces patients. Pour cela, il
est important de mettre l’accent sur les bénéfices d’une nutrition adaptée et la correction des
éventuels déficits en micronutriments [104].
À ma connaissance, à ce jour, aucune étude n’a été réalisée pour évaluer l’impact des
situations précaires sur le statut en micronutriments du patient VIH.
3. CONSEQUENCES DE CES CARENCES NUTRITIONNELLES INDUITES
CHEZ LES PATIENTS VIH
3.1. Impact sur la progression de la maladie
Nous allons détailler ici les différentes conséquences des troubles nutritionnels retrouvés
chez les patients VIH. Nous nous intéresserons tout d’abord à l’impact de ces déficits sur la
progression de la maladie, marquée par une augmentation de la réplication virale mais
également par une accélération de l’altération de l’immunité, induisant le développement
d’infections opportunistes. Nous étudierons ensuite l’impact de ces déficits en
micronutriments sur la modification du métabolisme, en particulier lipidique, des PVVIH.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
71
Les déficits en micronutriments sont associés à une évolution plus rapide de l’infection VIH
vers le stade SIDA et sont un facteur prédictif de la mortalité imputable au SIDA [77, 88].
La figure 18 ci-dessous illustre le rôle, hypothétique à l’heure actuelle, des déficits en
micronutriments dans la progression du VIH [88].
Figure 18 : Rôle des micronutriments dans la progression du VIH [88].
3.1.1. Augmentation de la réplication virale et passage au stade SIDA
Les déficits en micronutriments, en particulier ceux en micronutriments antioxydants,
induisent une majoration du stress oxydatif. Ce stress oxydatif est utilisé par le virus pour
augmenter sa réplication virale et ainsi provoquer de nombreuses altérations fonctionnelles
des lymphocytes T. En effet, les ROS qui ne sont pas neutralisés par les antioxydants
pourront stimuler le facteur NF-κB et ainsi soit réactiver le virus latent, soit induire une
majoration de la réplication virale [95]. Les déficits en micronutriments peuvent donc
augmenter la charge virale des patients VIH, que ce soit de manière systémique ou locale.
Selon plusieurs auteurs, des concentrations faibles en vitamines A, B12 et E sont associées
à une forte probabilité de progression plus rapide vers le stade SIDA [34, 88, 105].
Une étude réalisée aux États-Unis en 1993, avant l’ère des antirétroviraux, a rassemblé une
cohorte de 296 patients VIH homosexuels et observé une diminution de 31% de risque de
passage au stade SIDA lorsque ceux-ci doublaient leurs consommations en vitamines et
minéraux, parmi lesquels on retrouve les caroténoïdes, le zinc et les vitamines B9, C et E.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
72
L’évaluation de la consommation en micronutriments était effectuée par le biais d’un
questionnaire mais les doses consommées n’étaient pas précisées [106].
Une seconde étude menée par Tang et al., également aux États-Unis sur 310 homosexuels
atteints du VIH a démontré que des concentrations en vitamine B12 inférieures à 120
pmol/L, considérées comme faibles, étaient associées à une augmentation du risque de 87%
de passage au stade SIDA et à une progression deux fois plus rapide de la maladie.
En effet, les patients VIH avec un déficit en vitamine B12 évoluaient vers le stade SIDA en
moyenne au bout de 4 ans versus 8 ans pour les patients ayant des concentrations en vitamine
B12 situées entre 120 et 700 pmol/L, considérées comme adéquates. Aucune association
significative n’a été observée entre les concentrations en vitamines B6 et B9 et l’évolution
de la maladie vers le stade SIDA [107]. Ces études sont détaillées dans le tableau 4 ci-
dessous.
Tableau 4 : Impact des déficits en micronutriments sur la progression de l’infection par le
VIH.
Parallèlement, les données de plusieurs études suggèrent que la carence en zinc augmente la
réplication du VIH, perturbe l’immunité cellulaire et accélère l’apoptose des cellules
impliquées dans la réponse immunitaire [108]. Les déficits en zinc et en vitamine A sont
donc considérés comme des facteurs prédictifs de l’évolution du VIH vers le stade SIDA
[88].
Références Objectifs Population Stade de la
maladie Mesures
Traitement
antirétroviral
associé
Résultats
Abrams B.
1993 [106]
Impact
consommation de
micronutriments
sur la progression du
VIH vers le
stade SIDA.
296 VIH+
Âge
médian : 35
Stade SIDA
exclus
Consommation
de : vitamines A, B1, B2, B3,
B9, C, E, β-
carotène, rétinol, fer et
zinc.
Non renseigné Stade SIDA après 6
ans suivi : 36% Apport initial élevé en
micronutriments
associé à nombre plus élevé de CD4 et un ↓
passage au stade
SIDA. Consommation
quotidienne de
micronutriments : ↓ de 31% du risque de
progression du VIH.
Tang AM.
1997 [107]
Association
entre les concentrations
sériques en
vitamine B6, B9 et B12 et le
risque de
passage au stade SIDA.
310 VIH+
Âge
médian : 34
81% au stade
non symptomatique
Concentrations
sériques en vitamine B6, B9
et B12
Nombre de CD4
Non renseigné [ ] vitamine B12 <120
pmol/L : ↑ risque de 87% de passage au
stade SIDA et
progression plus rapide vers SIDA (4
ans VS 8 ans pour
contrôle) Pas d’association
significative pour vitamines B6 et B9.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
73
3.1.2. Altération accélérée de l’immunité et développement d’infections opportunistes
L’altération de la fonction immunitaire résultant d’une carence en micronutriments
essentiels est appelé SIDA nutritionnel ou NAIDS (Nutritionally Acquired Immune
Deficiency Syndrome). La présence d’un SIDA nutritionnel peut contribuer à la déplétion
en CD4 mais également renforcer la susceptibilité de l’hôte aux infections opportunistes et
ainsi augmenter la réplication virale du VIH, menant à une progression accélérée vers le
stade SIDA [88]. Le déséquilibre de la balance oxydante/antioxydante induit une
augmentation des ROS dans l’organisme et ces derniers vont déclencher une apoptose
majeure des lymphocytes T, par le biais de signaux cellulaires.
De nombreuses études ont montré qu’une carence en un ou plusieurs micronutriments
potentialise les effets des infections bactériennes ou virales : le statut en micronutriments du
patient VIH a donc une place importante dans la prise en charge de ces patients. En effet,
l’état nutritionnel d’un patient déterminerait sa sensibilité aux agents infectieux en modulant
la fonction immune [77]. Les déficits en micronutriments contribuent donc à l’altération de
l’immunité ainsi qu’à une susceptibilité accrue aux infections. Lorsqu’un déficit en
micronutriments augmente la morbidité d’une pathologie infectieuse, le rapport synergique
entre ces deux phénomènes entraine un cercle vicieux qui ne peut être brisé qu’en cas de
supplémentation en micronutriments ou de traitement de l’infection [88].
La sphère digestive est particulièrement sensible aux altérations du statut nutritionnel. Au
niveau des sécrétions gastriques, cela entraine une hypochlorhydrie avec une perte de
l’acidité normale. En conséquence, les cellules épithéliales de la muqueuse intestinale
s’atrophient progressivement et la perméabilité intestinale accrue ouvre la porte à toutes
sortes de pathogènes qui peuvent être responsables entre autres de diarrhées chroniques [32,
98].
Les carences en vitamine C, vitamine B6 et vitamine E peuvent quant à elle atténuer la
phagocytose, la maturation des lymphocytes et l’activité des lymphocytes B et T [54]. Le
stress oxydatif causé en partie par l’infection VIH augmente parallèlement l’utilisation de la
vitamine E.
Une concentration plasmatique faible en vitamine E a été associée à une diminution des
cellules NK qui sont des lymphocytes cytotoxiques de l’immunité innée et qui ciblent les
virus et les cellules tumorales [72, 73].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
74
Ainsi, l’impact de la vitamine E sur l’activité des cellules NK a été évalué par l’équipe
d’Adachi. Pour cela, ils ont mesuré l’activité des cellules NK chez un patient carencé en
vitamine E, avant et après la supplémentation en α-tocophérol. Tandis que l’activité des
cellules NK était constamment diminuée chez ce patient, la supplémentation quotidienne par
100 mg de tocophérol pendant 8 jours puis 8 semaines, a permis une normalisation de leur
activité. Lors de l’arrêt de la supplémentation, l’activité des cellules NK diminua à nouveau.
Cette étude suggère donc le fait qu’une carence en vitamine E altère l’activité des cellules
NK [109].
La carence en vitamine A est également associée à une diminution de cellules NK et à une
altération de leur activité cytotoxique [110]. Des études chez l’animal suggèrent que cette
altération pourrait également toucher les lymphocytes T. L’impact de différents régimes à
base de vitamine A sur la distribution et la fonction des lymphocytes T a été évalué par
Dawson et Ross. Pour cela, ils ont séparé plusieurs rats de laboratoire en trois groupes selon
l’apport quotidien en vitamine A : 0,35 ER/kg, 4 ER/kg et 50 ER/kg soit respectivement 1,17
UI/kg, 13,33 UI/kg et 166,67 UI/kg. Dans le groupe recevant 0,35 ER/kg, les lymphocytes
CD4 étaient significativement diminués au profit des lymphocytes CD8, ce qui suggère que
la carence en vitamine A pourrait également altérer la prolifération des lymphocytes T CD4.
Ces résultats suggèrent qu’un déficit en vitamine A pourrait augmenter le risque d’infection
chez des personnes âgées, ou souffrant de vieillissement accéléré [111].
Ces deux études sont détaillées dans le tableau 5 ci-dessous.
Tableau 5 : Impact des déficits en micronutriments sur l’altération du système immunitaire.
Références Objectifs Population Mesures Résultats
Adachi N. 1997
[109]
Impact vitamine E sur activité des
cellules NK.
Enfant atteint du syndrome de
Shwachman-Diamond
+ carence sévère en vitamine E.
Activité des cellules NK
8 jours/semaines de supplémentation par 100mg/kg α-
tocophérol : activité cellules NK
↑ puis ↓ à l’arrêt. Mêmes résultats après 8 semaines
de supplémentation.
Dawson HD.
1999 [111]
Impact déficit en
vitamine A sur la distribution des
lymphocytes T
chez le rat.
3 niveaux d’apports en
vitamine A : minime (0,35 ER/kg), contrôle
(4 ER/kg) et
supplémenté (50 ER/kg)
3 groupes d’âges :
jeune (2-3 mois), âge-
moyen (8-10 mois) et
âgé (20-22 mois) Soit 9 sous-groupes de
traitement.
Nombre de CD4, de
CD8 et ratio CD4/CD8
3 niveaux de supplémentation.
Chez les rats les plus âgés et avec un apport minime en vitamine A :
nombre de CD4 ↓, en association
à une ↓ production d’IL-2.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
75
La carence en zinc provoque elle aussi une diminution de la fonction immunitaire ainsi
qu’une diminution de la synthèse de plus de 200 enzymes impliquées dans les synthèses
protéiques. Cette carence induit une diminution de la réponse lymphocytaire, une déplétion
particulière en lymphocytes CD4 et une diminution de l’activité des cellules NK. Cette
altération de la fonction immunitaire est responsable d’une plus grande susceptibilité aux
infections bactériennes. La carence en zinc peut également se traduire par une diminution du
goût et de l’odorat, ainsi que par des lésions au niveau de l’épithélium intestinal et des voies
respiratoires. La carence en zinc est plutôt rare dans les pays industrialisés mais les déficits
subcliniques sont eux assez fréquents, en particulier chez les personnes dont l’absorption
intestinale est modifiée [108].
Il est intéressant de noter qu’une fois le stade SIDA atteint, chaque déficit ou excès d’apport
en micronutriments peut majorer le risque d’infections opportunistes. En effet, une
supplémentation en micronutriments à des doses excessives en un ou plusieurs
micronutriments peut mener à l’effet inverse de celui recherché et être responsable d’effets
indésirables chez les patients au stade SIDA, induits par un déséquilibre de la balance
antioxydante et donc une accélération du déclin [94].
3.1.3. Impact sur la morbi-mortalité
La morbi-mortalité correspond à la mortalité liée à une maladie donnée et correspond donc
au taux de décès dû à une maladie donnée, ici le VIH. La morbidité liée au VIH correspond
à l’apparition de pathologies opportunistes, de symptômes physiques comme les diarrhées
ou l’amaigrissement, ainsi qu’une détérioration de l’état général avec accélération du
passage au stade SIDA. Les troubles cardiovasculaires, rénaux, osseux et psychologiques
sont des comorbidités qui vont venir s’ajouter aux autres symptômes déjà présents et
accélérer la détérioration de l’état de santé du patient VIH [112].
Les différents déficits en micronutriments jouent un rôle dans l’apparition de ces
comorbidités qui sont de plus en plus fréquemment retrouvées et sont liées à l’augmentation
de l’espérance de vie des PVVIH. Plusieurs études, résumées ci-dessous dans le tableau 6,
ont établi une corrélation entre la présence de déficits au sein de la population VIH et une
progression plus rapide vers le stade SIDA [113, 114, 115].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
76
Tableau 6 : Impact des micronutriments sur le risque de progression du VIH.
Ainsi, d’après l’étude observationnelle de Constans, réalisée sur 95 patients VIH, la survenue
de décès serait corrélée à des concentrations plasmatiques basses en sélénium et liée en partie
à des taux plus faibles de CD4 [113].
L’impact des déficits en micronutriments sur la morbi-mortalité liée au VIH a également été
étudié par Baum et ses collègues. Ils ont observé que des déficits en vitamine A et B12
étaient prédictifs du déclin de CD4 et qu’un déficit initial en vitamine B12 était lié à une
progression accélérée vers le stade SIDA [114].
A l’inverse, Tang et al. ont démontré l’existence d’une association entre des concentrations
plasmatiques élevées en vitamine E et une diminution de 34% du risque de passage au stade
SIDA [115].
Les concentrations plasmatiques en sélénium, entre autres, semblent être un prédicteur de la
mortalité chez les patients atteints du VIH, cependant il est important de rappeler que le
sélénium fait partie des micronutriments qui sont diminués au cours de la réponse à la phase
aigüe [88].
Au travers de ces résultats, il apparait donc que les déficits en micronutriments peuvent avoir
un impact sur la morbi-mortalité des patients VIH et qu’il est important de les prendre en
compte dès le diagnostic pour permettre une meilleure prise en charge de ces patients.
Références Objectifs Population Stade de la
maladie Mesures
Traitement
ARV associé Résultats
Constans
1995 [113]
[ ] sélénium des
VIH+ et leur impact sur la
survenue
d’évènements cliniques
95 VIH+
(67 ♂ et 28 ♀) Âge médian : 36
4 groupes selon
CD4 : <50/mm3, entre 50 et
200/mm3, entre
200 et 400/mm3 et >400/mm3.
Non
renseigné
[ ] sélénium 64 sous
Zidovudine 1 sous
Didanosine
Après 1 an : 36% décès
Par ordre ↑ de CD4, [ ] en sélénium : 55, 66, 70
et 72ng/L.
Corrélation décès [ ] en sélénium.
Baum
1995
[114]
Impact du statut
en
micronutriments sur la
progression du
VIH
108 VIH+
homosexuels
Non
renseigné
[ ] en zinc,
fer, vitamines
A, C, E, B1, B2, B6, B9,
B12
Non
renseigné
Déficit en vitamine A et
B12 associé avec ↓ CD4.
Déficit initial en vitamine B12 corrélé
avec une progression
accélérée vers SIDA.
Tang
1997
[115]
Association
entre [ ] en
vitamines A et E et risque de
progression du
VIH
311 VIH+
homosexuels
Non
renseigné
[ ] en
vitamines A
et E
Non
renseigné
Vitamine E >
23,5µmol/L corrélée à ↓
du risque de passage au SIDA de 34%.
Pas de relation avec la
vitamine A.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
77
3.2. Impact sur le métabolisme lipidique
Les antioxydants tels que la vitamine C, le β-carotène et la vitamine E peuvent moduler
l’athérogénèse par le biais de nombreux mécanismes comme l’inhibition de l’oxydation des
LDL, de la prolifération de cellules musculaires lisses, de la libération de cytokines et de
l’interaction entre endothélium et cellules immunitaires. Le stress oxydatif est un phénomène
accru au cours de l’infection par le VIH, et qui peut également être majoré par le déficit en
antioxydants, accélérant le développement de maladies cardiovasculaires secondaires.
Il existe une notion de cercle vicieux entre les déficits en micronutriments et le stress
oxydatif. Les déficits en micronutriments majorent le stress oxydatif qui provoque à son tour
une déplétion rapide en caroténoïdes et en vitamine C [20]. La majoration du stress oxydatif
mène à une libération accrue de cytokines pro-inflammatoires qui vont venir renforcer
l’inflammation systémique chronique chez les patients VIH.
Or, on sait qu’une inflammation chronique est délétère pour l’organisme car elle est
responsable d’une activation immunitaire constante et contribue au développement de
comorbidités, comme par exemple les pathologies cardiovasculaires, de plus en plus
fréquemment retrouvées chez ces patients [116].
Peu d’études ont été conduites dans le but de déterminer si les déficits en micronutriments
pouvaient avoir un rôle réel sur l’apparition d’altérations métaboliques comme la
lipodystrophie. De plus, les quelques études qui ont été réalisées concernaient des
échantillons très réduits et des populations très spécifiques ; leurs résultats ne sont donc pas
généralisables.
3.3. Impact sur la qualité de vie des patients VIH
Aujourd’hui, l’amélioration de la survie des PVVIH ne passe plus uniquement par la
thérapeutique car la majorité des patients VIH dans les pays développés ont accès à un
traitement antirétroviral. Désormais, la nutrition joue un rôle majeur dans le maintien d’une
certaine qualité de vie chez ces patients dits « chroniques ».
La notion de qualité de vie regroupe le point de vue du patient et son ressenti de la maladie.
Elle est particulièrement dépendante de la survenue d’effets indésirables liés au traitement
mais est également modulée par certains facteurs psycho-sociaux comme la stigmatisation
ou l’absence de soutien par l’entourage du patient. L’étude de la qualité de vie englobe donc
les différents fonctionnements physiques, cognitifs, émotionnels et sociaux.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
78
Malheureusement, à ma connaissance, aucune étude n’a à ce jour évalué l’impact des déficits
en micronutriments sur la qualité de vie des PVVIH ni l’amélioration de la qualité de vie des
patients VIH suite à la prise de compléments contenant des micronutriments. Actuellement,
il est donc difficile d’affirmer que la prise en charge des déficits en micronutriments
antioxydants pourrait permettre d’améliorer la qualité de vie des patients en diminuant les
effets indésirables liés au traitement antirétroviral ou à la pathologie elle-même.
Cependant, de nombreux éléments viennent renforcer l’hypothèse selon laquelle les déficits
en micronutriments auraient un rôle dans l’apparition des effets indésirables liés au
traitement et auraient donc un retentissement direct sur la qualité de vie des patients VIH :
- Les déficits en micronutriments et les complications liées diminuent le succès et
l’observance des traitements antirétroviraux et donc augmentent la susceptibilité des
PVVIH aux infections opportunistes et/ou accélèrent le passage au stade SIDA [117].
- La carence en zinc est responsable d’agueusie, ce qui majore l’inappétence,
également induite par les antirétroviraux [118].
- Des niveaux bas en vitamine B12 sont associés à des anomalies neurologiques très
invalidantes (neuropathie périphérique, myélopathie) ainsi qu’à des déficits cognitifs
avec difficulté de traitement de l’information et résolution de problème [98].
- Les déficits en micronutriments ont un effet négatif sur le maintien de l’intégrité de
la barrière intestinale ainsi que sur l’immunité locale et systémique. En conséquence,
on observe une augmentation des symptômes intestinaux et oraux chez ces patients,
liée à une fuite passive d’ions qui contribue aux diarrhées chroniques [32, 112, 117].
- La majoration du stress oxydatif induite par un ou plusieurs déficits en antioxydants
est un facteur majeur dans le développement de troubles cardiovasculaires.
L’apparition de troubles lipodystrophiques a un impact non négligeable sur le
ressenti de la maladie par le patient et donc sur sa qualité de vie [95].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
79
Au vu des données actuelles, il apparait que les troubles nutritionnels retrouvés chez les
patients VIH ont un impact non négligeable sur la gestion de la maladie et la qualité de vie
des PVVIH. Bien évidemment, le traitement antirétroviral reste la pierre angulaire de la prise
en charge de l’infection VIH mais cette notion est désormais acquise pour tout le monde
puisque l’OMS a récemment décidé de modifier ses recommandations pour instaurer un
traitement chez toutes les personnes diagnostiquées positives au VIH, quel que soit le stade
de l’infection et le taux de CD4.
Cependant, les antirétroviraux peuvent avoir des effets indésirables lourds, qu’il faudra
prendre en compte pour maintenir une bonne qualité de vie chez ces patients qui seront traités
à vie. L’évaluation du statut en micronutriments des patients VIH pourrait permettre par la
suite de restaurer les déficits individuels présents et ainsi améliorer la tolérance des
antirétroviraux ainsi que le confort et la qualité de vie des PVVIH.
La restauration du statut en micronutriments des patients VIH semble donc être un nouvel
axe de prise en charge de ces patients. Mais qu’en est-il en pratique ? Il nous semblait
indispensable de s’intéresser aux pratiques quotidiennes des professionnels de santé mais
également à celles des PVVIH, permettant la restauration du statut en micronutriments.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
80
PARTIE 3 : QUID DE LA RESTAURATION DU
STATUT EN MICRONUTRIMENTS EN PRATIQUE ?
Au vu des connaissances actuelles concernant le statut en micronutriments des
PVVIH et les conséquences de l’altération de ce statut, la restauration du statut en
micronutriments des patients VIH apparait comme un nouveau challenge dans la prise en
charge de ces patients. Cependant, si les objectifs pour ces patients sont bien identifiés :
améliorer la tolérance aux antirétroviraux ainsi que leur qualité de vie, la démarche pour
atteindre ces objectifs reste encore assez floue pour les professionnels de santé, en particulier
les médecins et les pharmaciens. De nombreuses questions se posent actuellement : faut-il
corriger les déficits ou supplémenter les patients ? La supplémentation a-t-elle un rôle
thérapeutique ou seulement préventif ?
Dans cette partie, nous allons faire un état des lieux des recommandations actuelles et des
pratiques mises en place par la population VIH et par le corps médical.
1. PRATIQUE DES PATIENTS VIH CONCERNANT LE SUIVI DES DEFICITS
NUTRITIONNELS ET LA PRISE DE COMPLEMENTS ALIMENTAIRES :
ETUDE EN MILIEU HOSPITALIER
Actuellement, les thérapies complémentaires sont très utilisées par les patients VIH pour
atténuer les effets indésirables des antirétroviraux et conserver un certain niveau de qualité
de vie [60].
Dans une étude de 2003, Gore-Felton et ses collègues ont observé que 67% des patients VIH
sous HAART consommaient également des compléments alimentaires, sans indication
médicale et la majorité du temps composés de vitamines et minéraux [119]. En effet, les
médecines alternatives et complémentaires ou Complementary and Alternative Medicines
(CAM), dont font partie les compléments alimentaires, sont très utilisées dans les
populations avec une pathologie chronique ou en phase terminale. La croyance selon laquelle
la prise de compléments alimentaires permettrait la diminution des effets indésirables des
traitements ou des symptômes liés à la maladie est très ancrée chez ces patients. En effet,
l’utilisation de compléments alimentaires ou d’autres formes de médecine alternative leur
donne un sentiment d’autonomie et de contrôle dans la prise de décisions concernant leur
santé [120].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
81
Dans une étude récente, Merenstein et ses collègues ont voulu évaluer l’impact d’une
supplémentation en vitamine C sur l’adhésion au traitement chez des patients VIH. Cette
étude observationnelle a rassemblé 2813 patients sur tout le territoire des États-Unis de 1994
à 2009 et a permis de déterminer que la consommation de vitamine C était associée à une
augmentation de la compliance vis-à-vis des antirétroviraux à hauteur de 44%.
Cependant, aucun effet significatif n’a été observé au niveau de la charge virale ou du
nombre de CD4. L’hypothèse retenue pour expliquer cette amélioration de l’observance est
la notion de « self-empowerment » [120].
En effet, les patients VIH ont un besoin d’implication et de responsabilisation dans la prise
en charge de leur pathologie. Ce sentiment de contrôle leur permet d’être actifs dans le
maintien de leur santé et les aide à faire face aux symptômes liés à la pathologie ou aux effets
indésirables parfois lourds des traitements antirétroviraux [121]. Suite à la consommation de
compléments alimentaires multivitaminés, la plupart des PVVIH ressentent une sensation
d’efficacité, une augmentation de leur qualité de vie, une diminution des effets indésirables
de leurs traitements et un sentiment de « self-management » [122].
Au cours de mon stage hospitalo-universitaire de 5ème année, réalisé au sein de l’hôpital de
la Croix-Rousse à Lyon, j’ai passé 8 mois dans le service de rétrocession, en contact
quotidien avec des patients VIH. Au cours de ce stage, j’ai pu observer que plusieurs d’entre
eux étaient sous antirétroviraux depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, et que leur
objectif premier était d’améliorer ou de maintenir une certaine qualité de vie malgré ces
traitements lourds. Plusieurs s’intéressaient de près ou de loin à la micronutrition et prenaient
des compléments alimentaires de manière quotidienne, dans l’espoir de diminuer certains
effets indésirables des antirétroviraux ou simplement de se sentir mieux physiquement ou
mentalement.
J’ai donc souhaité faire un état des lieux sur ce phénomène d’auto-supplémentation dans leur
vie quotidienne, avec le soutien d’Anne-Claire UHRES, pharmacien responsable de l’unité
de rétrocession de l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon.
1.1. Objectifs
L’objectif premier de mon questionnaire était d’évaluer la proportion de patients VIH
consommant des micronutriments sous forme de compléments alimentaires, leurs
connaissances à ce sujet ainsi que leurs sources d’informations.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
82
Mon second objectif était d’évaluer leur besoin d’informations au sujet de la consommation
de compléments alimentaires, et le cas échéant, d’identifier si le pharmacien d’officine avait
un rôle particulier à jouer.
1.2. Matériels et méthodes
1.2.1. Élaboration du questionnaire
J’ai donc rédigé un questionnaire simple, sous forme de questions fermées ou à choix
multiples, pour faciliter l’analyse des réponses.
Ce questionnaire a été validé par Anne-Claire UHRES, pharmacien responsable de la
rétrocession de l’hôpital de la Croix-Rousse ainsi que par Gilles LEBOUCHER, chef de
service du pôle pharmacie de l’hôpital de la Croix-Rousse. Il a ensuite été distribué au
personnel de la rétrocession, qui a procédé à la distribution des questionnaires aux patients
et au recueil de données.
1.2.2. Choix du contenu du questionnaire
J’ai choisi des questions assez simples, ne laissant pas de place à l’ambiguïté dans les
réponses. Si le patient répondait non à la première question, son interlocuteur lui donnait la
définition du mot « micronutrition » pour passer aux questions suivantes.
J’ai également choisi d’aborder le sujet de la relation médecin/patient car il me semblait que
les médecins, et en particulier les spécialistes, ne considéraient pas la micronutrition comme
un sujet phare et n’abordaient pas forcément le sujet de la supplémentation en
micronutriments lors de leurs consultations. Les questions suivantes servaient à évaluer la
pratique actuelle des patients VIH, leurs besoins d’informations ainsi que les sources vers
lesquelles ils se tournaient. Enfin, j’ai voulu savoir si, selon eux, le pharmacien pouvait jouer
un rôle d’accompagnement dans la dispensation de compléments alimentaires.
Un exemplaire du questionnaire utilisé est illustré dans la figure 19 ci-après.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
83
Figure 19 : Questionnaire diffusé au sein de l’unité de rétrocession de l’hôpital de la Croix-
Rousse.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
84
1.3. Réponses au questionnaire
La majorité des questions du questionnaire étant des questions fermées, j’ai choisi d’illustrer
les résultats obtenus par des graphiques, représentés ci-dessous.
Figure 20 : Réponses aux questionnaires par les patients VIH.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
85
Le choix « autre » correspond entre autres aux magasins de produits spécialisés et à divers
sites internet.
Le questionnaire a été délivré aux patients VIH de l’unité de rétrocession sur une période de
11 mois, entre avril 2015 et janvier 2016. 20 questionnaires m’ont été retournés à la fin de
cette période. Plusieurs limitations expliquent le faible nombre de retours. Premièrement, un
nombre non négligeable de patients se présentent à la rétrocession suite à un diagnostic
récent ; ces personnes essaient encore de faire face à l’annonce de la maladie ainsi qu’à la
multitude d’informations qui leur sont délivrées, et ne sont pas dans un état d’esprit
d’amélioration de leur quotidien mais de survie à court terme. Deuxièmement, plusieurs
patients sont effectivement traités depuis plusieurs mois voire années mais ne comprennent
pas et ne parlent pas le français ; il est donc difficile de communiquer avec eux sur un tel
sujet. Globalement, la population VIH rencontrée à l’unité de rétrocession de la Croix-
Rousse n’est pas toujours très réceptive à ce genre de questionnaire. Il existe donc des biais
importants dans le recueil et l’analyse de ces données, le questionnaire n’ayant pas été
proposé à tous les PVVIH se rendant à la rétrocession de l’hôpital de la Croix-Rousse.
1.4. Discussion
Il ressort de ce questionnaire qu’une proportion importante de PVVIH sous HAART
consomment des compléments alimentaires, la plupart du temps sans que le médecin soit au
courant. De ce fait, la source d’information privilégiée reste l’entourage, mais également les
forums par le biais d’internet. Or, les informations trouvées sur internet ne proviennent pas
systématiquement de source sûre et ne sont pas toujours validées scientifiquement.
Il apparait donc que les PVVIH auditionnés ont un vrai besoin d’informations à ce sujet et
que si le corps médical n’est pas à même de leur fournir les informations qu’ils demandent,
ils se tournent vers internet, avec toutes les dérives que cela pourrait entraîner.
Il est donc nécessaire d’accompagner ces patients dans leur recherche d’informations et de
produits adaptés à leurs besoins. Cependant, il existe des variations individuelles au niveau
des besoins en micronutriments. En l’absence d’informations précises sur leur statut en
micronutriments, il faudra prendre en compte les besoins généraux de la population générale
ou les orienter vers une consultation spécialisée en nutrition.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
86
2. PRATIQUE ACTUELLE DES PROFESSIONNELS DE SANTE
2.1. États des lieux des recommandations actuelles
En 2003, l’OMS publie un rapport contenant des recommandations concernant les besoins
en micronutriments des personnes vivant avec le VIH ou le SIDA. Dans ce rapport,
l’Organisation Mondiale de la Santé évoque les études en cours et celles dont les résultats
ont été publiés. Il en ressort que le statut en micronutriments est étroitement lié à l’infection
par le VIH mais, faute de preuves scientifiques suffisantes pour établir des recommandations
précises, l’OMS se contente de promouvoir une alimentation équilibrée pour garantir de
couvrir les Apports Journaliers Recommandés. Cependant, il est suggéré dans ce rapport que
les AJR ne sont peut-être pas suffisants pour garantir un statut nutritionnel adéquat chez les
PVVIH. Enfin, l’OMS fait un état des lieux des lacunes et des perspectives de recherche
pour les années à venir. Parmi ces objectifs, on peut citer la nécessité de déterminer les
besoins en micronutriments des patients VIH selon le stade de l’infection et la présence
d’infections opportunistes, ainsi que la limite supérieure pour laquelle l’absorption de ces
micronutriments est sans danger [123].
Depuis 2003, que ce soit l’OMS au niveau international, l’EFSA au niveau européen ou la
HAS au niveau national, aucune de ces institutions n’a à ce jour émis de nouvelles
recommandations au niveau du suivi biologique des concentrations en micronutriments ou
de la supplémentation en micronutriments chez les patients VIH. De ce fait, il n’existe
aucune homogénéité dans les pratiques concernant la restauration du statut en
micronutriments.
J’ai voulu savoir s’il existait des recommandations propres à chaque hôpital, et plus
particulièrement au sein de l’hôpital de la Croix-Rousse. J’ai ainsi contacté le Dr Patrick
GELAS, praticien hospitalier au sein du service de Nutrition Clinique Intensive de la Croix-
Rousse. Selon lui, les patients VIH étaient vus en consultation de nutrition jusqu’en 2004 et
la majorité d’entre eux se voyait prescrire une dose quotidienne de compléments alimentaires
riches en vitamines et minéraux lorsqu’ils étaient naïfs de traitement ou au stade SIDA, ou
une dose quotidienne d’antioxydants multiples lorsqu’ils étaient sous antirétroviraux.
Depuis, le corps médical a peu à peu délaissé la supplémentation en micronutriments et les
patients ne bénéficient plus, ni de consultation en nutrition, ni de prescription systématique
de compléments alimentaires contenant des micronutriments.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
87
J’ai également contacté plusieurs infectiologues exerçant à l’hôpital de la Croix-Rousse et
ils ont tous été formels : les bilans vitaminiques ne sont plus systématiques et il n’existe
aucune recommandation de vitaminothérapie.
Ces déclarations viennent renforcer les résultats du questionnaire remis aux patients VIH :
les médecins ne sont pas toujours très réceptifs aux demandes des patients concernant les
compléments alimentaires car le sujet de la supplémentation en micronutriments a été peu à
peu délaissé par le corps médical. Or, la pierre angulaire de l’aide nutritionnelle est
l’évaluation du statut nutritionnel des patients.
Pourtant, il existe un réel intérêt de la restauration du statut en micronutriments des PVVIH
car la présence des déficits en micronutriments persiste après la mise sous traitement
antirétroviral et peut perturber l’absorption, la pharmacocinétique et par conséquent la
toxicité et l’efficacité des antirétroviraux [88]. Le statut nutritionnel est donc un prédicteur
important de l’évolution de l’infection, de la survie et du statut fonctionnel de l’individu
[124].
2.2. Essais de supplémentations en micronutriments
J’ai choisir de m’intéresser uniquement aux études de supplémentation ayant eu lieu dans
des pays industrialisés car le statut nutritionnel et la prise en charge des PVVIH dans les
pays défavorisés ne sont pas comparables avec ceux de la population française.
De nombreux arguments laissent à penser que la supplémentation pourrait être bénéfique
chez les PVVIH. En effet, les espèces radicalaires jouent un rôle important dans la survenue
et la progression des pathologies rénales et les patients VIH sont particulièrement à risque
de développer des troubles rénaux par l’administration quotidienne d’antirétroviraux, ainsi
que par l’infection elle-même.
La supplémentation en vitamine E chez des souris atteintes de néphropathie à hauteur de 100
UI/kg/jour permettrait de ralentir la détérioration de la fonction rénale et de l’atteinte
glomérulaire. Plusieurs études cliniques démontrent un effet bénéfique de la
supplémentation par de l’α-tocophérol dans la survenue des maladies rénales chez l’animal.
Cet effet protecteur serait en partie lié aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires
de la vitamine E [77].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
88
Tang et al. ont également démontré en 2003 que les patients séropositifs ayant des
concentrations plasmatiques de vitamine E correctes voire élevées avaient une évolution
beaucoup plus lente de la maladie, en comparaison avec d’autres patients séropositifs ayant
des concentrations plasmatiques en vitamine E basses [115].
De plus, il a été suggéré que même des déficits légers en micronutriments pouvaient avoir
des conséquences sur l’altération de l’immunité [125].
L’hypothèse la plus largement répandue dans la littérature pour expliquer cette altération du
statut nutritionnel est celle d’une augmentation majeure des pertes par voie urinaire par
augmentation du métabolisme et d’un stress oxydatif inflammatoire chez ces patients,
responsables de déficits malgré des apports adéquats [32, 60, 95, 105, 126].
Plusieurs chercheurs ont donc réalisé des études de supplémentation chez des patients VIH
pour essayer de déterminer si une supplémentation en micronutriments pouvait avoir un effet
sur la progression de l’infection ou sur le stress oxydatif majoré chez ces patients. Ces études
sont détaillées dans le tableau 7 ci-après.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
89
Références
Objectifs
Population
Stade de la
maladie
Mesures
Micronutriments
utilisés
Résultats
Neves FF. 2006
[129]
Efficacité d’une supplémentation
en rétinol à
hautes doses chez VIH+ avec
un déficit en
vitamine A
18 VIH+ Non renseigné [ ] sériques et urinaires en
rétinol
Rétinol (de 300 000 à 600 000 UI)
Dose de 600 000 UI : ↑ moyenne [ ]
rétinol sérique de
0,47µmol/L Dose de 300 000
UI : ↑ moyenne de
0,29 µmol/L.
Allard JP.
1997 [127]
Effet
supplémentation quotidienne en
vitamines C et E
sur peroxydation
lipidique chez
VIH+
48 VIH+ Non renseigné
8 non traités 3 sous
monothérapie
37 sous trithérapie
[ ] en vitamines C
et E, lipides peroxydés,
malondialdehyde
Vitamine E
(800UI) Vitamine C (1000
mg)
Lipides peroxydés :
↓ de 36 nmol/L (VS ↑ de 27,1 nmol/L).
Malondialdehyde : ↓
de 20 nmol/L (VS ↑ de 0,03 nmol/L).
Gavrila A. 2003
[128]
Relation l’exercice
physique,
consommation de vitamine E et
apparition
d’anomalies
métaboliques
chez les VIH+
120 VIH+ Non renseigné mais utilisation
d’ARV depuis
plus de 6 mois
Glycémie, insulinémie, profil
lipidique
Vitamine E 43% : pas signes de lipodystrophie
14% :
lipohypertrophie 19% : lipoatrophie
périphérique
24% : lipodystrophie
mixte
Patients sans signes
de lipodystrophies consommaient plus
de vitamine E (124 mg) que ceux avec
signes de
lipodystrophies (84 mg).
Batterham M.
2001
[130]
Effets
supplémentation
en antioxydants sur charge
virale et stress
oxydatif chez VIH+
48 VIH+ Non renseigné
35 sous ARV
13 naïfs
[ ] en sélénium,
glutathion,
glutathion peroxydase.
Mesure de la
peroxydation lipidique et charge
virale
Dose habituelle
recommandée :
vitamines A (5450 UI), C (250 mg),
E (100 UI),
sélénium (100 µg), coenzyme
Q10 (50 mg)
Haute dose : vitamines A
(21800 UI), C
(1000 mg), E (400 UI), sélénium
(200 µg),
coenzyme Q10 (200 mg)
↑ [ ] sélénium,
glutathion et
glutathion peroxydase
↓ peroxydation
lipidique. Pas de ↓
significative charge
virale. Pas de bénéfice
supplémentaire avec
doses plus élevées.
Mocchegiani
E. 1995
[132]
Bénéfices d’une
supplémentation en zinc associé
à zidovudine
dans prévention et traitement des
infections
opportunistes chez VIH+
57 VIH+
dont 28 « contrôle »
35 stade III
(stade symptomatique
avec infections
opportunistes) 22 stade IV
(stade SIDA
déclaré)
Apparition
d’infections opportunistes
Zinc (200 mg) ↓ fréquence des
infections opportunistes dans
groupe supplémenté
(11 infections sur 24 mois VS 25
infections dans
groupe contrôle). Efficacité du zinc
limitée aux
infections dues à Candida et
Pneumocystis
carinii. Pas d’efficacité sur
cytomégalovirus et
toxoplasmose.
Hurwitz BE.
2007 [131]
Effet
supplémentation en sélénium sur
charge virale et
nombre de CD4 chez VIH+
174 VIH+ Non renseigné [ ] en sélénium,
charge virale et nombre total de
CD4
Sélénium (200
µg)
Pas de ↓ de la
charge virale et ↑ significative nombre
total de CD4 (en
moyenne 27,9 cellules/µL)
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
90
Tableau 7 : Études sur la supplémentation en micronutriments des PVVIH.
Allard et al. ont réalisé une étude de supplémentation par 800 UI de vitamine E et 1 000 mg
de vitamine C par jour versus placebo chez 48 patients séropositifs, et ont observé une
diminution significative du stress oxydatif et de la charge virale dans le groupe supplémenté
[127].
Dans l’étude conduite par Gavrila et al., la consommation de vitamine E chez les patients
atteints du SIDA sous HAART a été associée à une fréquence plus faible de complications
métaboliques telles que la lipodystrophie, la dyslipidémie et la résistance à l’insuline.
Austin J. 2006
[97]
Effet supplémentation
en caroténoïdes
et en micronutriments
sur santé et
survie des VIH+
331 VIH+ dont 166
« contrôle »
(pas de caroténoïde
s)
Non renseigné Nombre total de CD4
Charge virale
β-carotène (120 000 UI)
Vitamines A
(6000 UI), B1 (37,5 mg), B2
(27,7 mg), B3 (15
mg), B5 (75 mg), B6 (37,5 mg), B8
(0,24 mg), B9
(0,32 mg), C (252 mg), D (224 UI),
E (224 UI),
Magnésium (150 mg), Zinc (30
mg), Fer (6 mg),
Cuivre (1,5 mg), Manganèse (6
mg), Potassium
(37,5 mg), Chrome (0,07
mg), Sélénium
(0,07 mg), Molybdène (0,037
mg), Iode (0,037
mg), Glutathion (150 mg), N-
acétyl-cystéine (600 mg)
↑ significative du nombre de CD4
mais pas de ↓ charge
virale.
Kaiser JD.
2006
[133]
Effets cliniques,
métaboliques et
immunologiques d’une
supplémentation
en micronutriments
chez des
patients VIH sous HAART.
40 VIH+
sous
zidovudine et/ou
stavudine
Non renseigné
Nombre total de
CD4 et charge
virale
N-acétyl-cystéine
(1200 mg), β-
carotène (20 000 UI), Vitamines A
(8000 UI), C
(1800 mg), B1 (60 mg), B2 (60 mg),
B3 (60 mg), B5
(60 mg), B6 (260 mg), B8 (50 µg),
B9 (800 µg), B12
(2,5 mg), D (400 UI), E (800 UI),
Calcium (800
mg), Magnésium (400 mg),
Sélénium (200
µg), Iode (150 µg), Zinc (30 mg),
Cuivre (2 mg),
Potassium (99 mg), Fer (18 mg),
Manganèse (10
mg), Chrome (100 µg), Molybdène
(300 µg)
Augmentation de
24% du nombre
total de CD4 dans le groupe supplémenté
après 12 semaines.
Pas d’augmentation dans le groupe
placebo.
Pas de différence significative sur la
charge virale dans
aucun des deux groupes.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
91
Cependant, l’apport de vitamine E par la consommation personnelle était évalué par un
questionnaire et les doses utilisées n’ont pas été précisées [128].
Neves et al. ont voulu évaluer l’efficacité d’une supplémentation en vitamine A chez des
patients présentant un déficit en rétinol (<1,05 µmol/L). Le but de cette étude n’était pas de
corriger le déficit en rétinol des patients, mais de déterminer si des doses nutritionnelles ou
pharmacologiques permettraient de restaurer le statut en rétinol. Ils ont donc délibérément
choisi de supplémenter les patients de l’étude avec des doses de rétinol très supérieures aux
ANC. Pour rappel, les ANC chez l’adulte sont autour de 800 µg ER, soit environ 2667 UI
de rétinol. Ici, la supplémentation en rétinol, de 300 000 UI à 600 000 UI, soit plus de 100
fois les ANC, a permis dans deux tiers des cas d’augmenter les concentrations plasmatiques
en vitamine A mais un tiers des patients n’a pas répondu à la supplémentation à cause de
pertes urinaires trop importantes. Cette étude suggère que les doses utilisées pour restaurer
le statut en vitamine A peuvent être insuffisantes pour les patients VIH, en raison d’une
majoration de leurs pertes urinaires [129]. Parallèlement, en cas d’excédent d’apport en
vitamines hydrosolubles, celles-ci sont excrétées dans les urines, on peut donc imaginer que
ces résultats peuvent se généraliser aux autres vitamines hydrosolubles.
Sepulveda et al. suggèrent que la supplémentation en vitamine A peut être efficace pour
améliorer la fonction immunitaire des patients VIH mais qu’il est préférable de privilégier
des doses préventives de manière prolongée plutôt que des doses ponctuelles très élevées
[117].
L’intérêt de l’utilisation de doses nutritionnelles et non pharmacologiques est renforcé par
l’étude menée par Batterham et al. qui ont évalué l’effet d’une supplémentation en
antioxydants à doses nutritionnelles et à doses élevées. Cette supplémentation a permis une
diminution significative de la peroxydation lipidique mais aucun bénéfice supplémentaire
n’a été observé avec les doses élevées d’antioxydants [130].
Austin et al. ont voulu évaluer l’effet d’une supplémentation en micronutriments divers
associés à des caroténoïdes. Ils ont démontré que la survie était augmentée chez les patients
ayant reçu les caroténoïdes en comparaison avec ceux qui avaient uniquement reçu les
micronutriments et dont la mortalité avait augmenté de manière significative [97].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
92
Le sélénium est depuis longtemps reconnu comme étant nécessaire au bon fonctionnement
du système immunitaire. Dans un essai randomisé en double-aveugle, Hurwitz et al. ont
voulu évaluer l’impact d’une supplémentation en sélénium sur le nombre total de CD4 et la
charge virale des patients VIH. Après 9 mois de supplémentation quotidienne en sélénium,
la charge virale n’avait pas diminué de manière significative mais les CD4 avaient augmenté
en moyenne de 27,9 cellules/µL. Cependant, Hurwitz et al. ont déterminé que les patients
n’ayant pas répondu à la supplémentation étaient ceux dont la compliance au traitement était
la plus mauvaise [131].
Mocchegiani et al. ont voulu évaluer le bénéfice d’une supplémentation en zinc chez des
patients VIH traités par zidovudine et présentant une lymphadénopathie généralisée. Le zinc,
à la dose quotidienne de 200 mg, s’est révélé efficace dans la prévention des infections
opportunistes liées à Pneumocystis carinii et Candida, mais sans effet significatif sur celles
liées au cytomégalovirus ou à Toxoplasma gondii. Ces résultats suggèrent l’intérêt du zinc
en traitement adjuvant dans les pathologies opportunistes liées au VIH [132].
Les résultats les plus prometteurs sont ceux de Kaiser et al., qui ont évalué l’effet d’une
supplémentation très fournie qualitativement sur les paramètres cliniques, immunologiques
et métaboliques des patients VIH. Après 12 semaines de supplémentation, ils ont observé
une augmentation de 24% du nombre total de CD4 dans le groupe supplémenté. Cependant,
aucune diminution significative de la charge virale n’avait été observée. Ces résultats
suggèrent que la supplémentation en micronutriments pourrait permettre d’améliorer la
reconstitution immunitaire chez les PVVIH sous HAART [133].
Malheureusement, la plupart des études interventionnelles se déroulent actuellement dans
les pays en voie de développement et celles réalisées dans les pays industrialisés ne sont pas
récentes. De plus, l’auto-supplémentation en micronutriments s’est largement répandue dans
la population VIH, d’où la difficulté de réaliser des études de supplémentation dans les pays
développés. La prise en charge des patients VIH s’étant fortement améliorée depuis le début
du XXIème siècle, il n’est à ce jour pas possible de généraliser les résultats de ces quelques
études à la population séropositive actuelle [97]. Ces études possèdent également plusieurs
défauts de démarche méthodologique, qui les rendent sujettes à différentes interprétations.
Nous allons ici détailler les nombreuses limitations retrouvées dans ces études de
supplémentation en micronutriments.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
93
La plupart des études interventionnelles de supplémentation se basent sur l’hypothèse que
chaque patient présente un déficit en un ou plusieurs micronutriments et que la
supplémentation permet de corriger ces déficits. Cependant, si l’évaluation de départ du
statut nutritionnel est erronée, l’interprétation des résultats sera biaisée elle aussi [88].
Chez l’Homme, le besoin nutritionnel moyen (BNM) pour chaque micronutriment est
difficile à évaluer car il existe une forte variabilité interindividuelle. En effet, il existe des
facteurs génétiques expliquant cette variabilité mais le mode de vie et l’environnement sont
également à prendre en compte [57]. Il est donc difficile d’évaluer l’état nutritionnel d’un
patient, particulièrement les concentrations plasmatiques en micronutriments car celles-ci ne
reflètent pas toujours les réserves. En effet, les vitamines liposolubles sont stockées dans les
tissus adipeux, ou le foie dans le cas de la vitamine A. Les concentrations sanguines peuvent
donc être un mauvais reflet des carences nutritionnelles présentes [56].
Pour déterminer le statut en micronutriments d’un individu, on peut utiliser différentes
techniques : mesure de la concentration sanguine et plasmatique, concentrations dans les
cheveux et les phanères, signes cliniques… Cependant, le diagnostic d’une carence est
difficile car les signes cliniques peuvent être variés et plus ou moins présents selon les
patients [29].
Avant le stade de carence, il existe celui de déficience subclinique, c’est-à-dire que les
concentrations mesurées pour tel ou tel micronutriment sont légèrement en dessous de la
norme. En cas de déficit subclinique, la symptomatologie est aspécifique et il est très difficile
de prouver l’effet favorable d’une supplémentation [55]. Il n’existe pas ou peu de symptômes
spécifiques en cas de déficits, contrairement aux carences, et ces derniers apparaissent
tardivement dans l’évolution clinique, d’où l’intérêt d’une détection et d’une prise en charge
précoces [55].
De plus, la majorité du temps, plusieurs déficits coexistent et peuvent, soit s’aggraver
mutuellement, soit masquer le déficit de l’un ou l’autre. Malheureusement, la plupart des
études évaluent le statut en un micronutriment donné, sans forcément tenir compte des autres
micronutriments [88]. Or, différentes doses de micronutriments peuvent avoir des effets
différents voire opposés, et l’effet d’une même dose dépend de l’apport ou du statut
nutritionnel de base d’un individu donné. De plus, les micronutriments interagissent souvent
entre eux donc l’efficacité d’une supplémentation en micronutriments dépend de l’apport
des autres micronutriments.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
94
En effet, l’addition d’un micronutriment peut réduire ou améliorer l’absorption des autres
micronutriments. Le zinc constitue un exemple parfait pour illustrer ces propos. Le déficit
en zinc a un effet délétère sur l’immunité mais une consommation trop élevée de zinc peut
aussi être immunosuppressive. De ce fait, la même supplémentation en zinc peut être soit
bénéfique, neutre ou néfaste selon la dose utilisée et la personne recevant la dose [55]. En
effet, il est important de préciser qu’aucun micronutriment ne peut être considéré de manière
isolée. Il existe de nombreuses interrelations entre les micronutriments, en particulier
concernant les vitamines, et l’action supposée d’un micronutriment ne peut être considérée
sans prendre en compte les synergies possibles :
- Possibilité d’une substitution parfois totale, souvent partielle, d’une vitamine à
l’autre.
- Répercussion sur l’activité d’une vitamine de la privation ou de la surcharge d’une
autre.
- Existence de couplages bénéfiques ou nocifs de plusieurs vitamines [61].
A l’inverse, quand la supplémentation comporte un trop grand nombre de vitamines et de
minéraux, il est difficile de distinguer l’action intrinsèque de chaque micronutriment.
Les effets d’une supplémentation en micronutriments dépendent donc des antécédents de
consommation du ou des micronutriments donnés mais également de la consommation
d’autres micronutriments interagissant ensemble [134].
Une problématique supplémentaire se pose concernant les doses utilisées dans ces études
interventionnelles. Il est important de rappeler que les AJR et les ANC ne prennent pas en
compte les possibles déficits présents puisqu’ils sont destinés à une population en bonne
santé. Malgré tout, plusieurs auteurs choisissent de supplémenter leurs patients à des doses
nutritionnelles, dans le but de corriger un déficit. A l’inverse, plusieurs d’entre eux
choisissent des doses pharmacologiques, c’est-à-dire très élevées, dans le but de
supplémenter.
La priorité est donc de déterminer la dose optimale pour laquelle un bénéfice sera observé,
sans devenir délétère pour le patient, mais cet objectif ne sera pas atteint tant que les études
interventionnelles de supplémentation en micronutriments ne présenteront pas une certaine
homogénéité et une certaine reproductibilité [108]. Il n’existe aucun consensus actuel sur les
apports recommandés en micronutriments pour les PVVIH tenant compte des troubles
nutritionnels présents au cours des différents stades de l’infection par le VIH.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
95
Nous attendons actuellement la publication des résultats de l’étude canadienne MAINTAIN
qui a pour objectif l’évaluation des effets d’une supplémentation à hautes doses en
micronutriments et antioxydants versus doses nutritionnelles dans le ralentissement de la
progression du VIH chez des patients naïfs de traitement. Les patients bénéficient d’une
supplémentation en micronutriments à doses nutritionnelles ou à hautes doses, sur une durée
de deux ans. Balfour et al. ont préalablement mesuré la présence de déficits individuels en
micronutriments, en prenant en compte les variabilités interindividuelles pour permettre une
meilleure interprétation des résultats [60].
À ce jour, les essais de supplémentation en micronutriments chez les PVVIH sont trop
hétérogènes pour pouvoir aboutir à des généralités, voire des recommandations. Nos
connaissances concernant la supplémentation en micronutriments chez ces patients sont
limitées, d’une part parce que ce sujet n’a pas été traité comme une priorité dans les
recherches mais également parce qu’il est difficile de conduire un essai clinique à ce sujet et
d’en interpréter les résultats. En l’état des connaissances et du manque de consensus, la
prudence nous oblige à conclure que la supplémentation en micronutriments chez ces
patients pourrait être envisagée mais ne devra en aucun cas remplacer une alimentation saine
et équilibrée [135].
2.3. Perspectives de conseils pour le pharmacien d’officine : compléments vitaminiques
disponibles, leurs avantages et leurs inconvénients
Les compléments alimentaires prennent une place de plus en plus importante au sein de
l’officine. Les patients sont de plus en plus nombreux à y avoir recours, comme le démontre
l’étude NutriNet-Santé, publiée dans le British Journal of Nutrition en 2013. Cette étude,
composée d’un échantillon de 79 786 adultes français, avait pour objectif d’analyser le profil
des personnes consommant des compléments alimentaires. D’après cette étude, 15% des
hommes et 28% des femmes consomment des compléments alimentaires au moins 3 jours
par semaine, la plupart des temps des produits contenant du magnésium et des vitamines B6
et C. Il est intéressant de noter que 55% des produits étaient prescrits ou conseillés par des
médecins, ce qui correspond à 45% d’automédication. Selon les auteurs, l’utilisation de
compléments alimentaires est plus fréquemment retrouvée chez les femmes, les personnes
âgées, les personnes sans enfants, ayant un niveau d’étude et/ou une catégorie socio-
professionnelle plus élevés [136].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
96
Ces résultats illustrent bien le changement qui s’est opéré ces dernières années dans les
officines et le fait que la prise de compléments alimentaires est désormais ancrée dans le
quotidien des patients. Face à cela, le pharmacien doit jouer un rôle de conseil et proposer le
produit qui correspond le mieux aux attentes et aux besoins du patient.
Dans le cas des PVVIH, les besoins nutritionnels sont modifiés, le pharmacien doit donc
essayer de conseiller au mieux le patient VIH. Cependant, les bilans nutritionnels étant
désormais chose rare chez ces patients, que peut-il conseiller sans connaitre les besoins
exacts du patient ?
Les principaux compléments alimentaires disponibles en officine et ayant pour but de
diminuer la fatigue et renforcer l’immunité sont détaillés dans le tableau 8 ci-dessous.
Nous nous intéresserons uniquement aux compléments alimentaires sous forme
d’associations de plusieurs micronutriments. En effet, les formes simples ne contenant qu’un
ou deux micronutriments ont généralement des dosages plus importants, au risque de
déséquilibrer les apports en micronutriments. De plus, les associations de vitamines et de
minéraux permettent des apports plus qualitatifs. Il faudra donc préférer un mélange de
multivitamines plutôt qu’un seul micronutriment pour éviter le risque de déséquilibre
nutritionnel [94].
Les ANC prennent en compte l’âge et le sexe mais sont une norme pour une population en
bonne santé. J’ai donc choisi de comparer la composition de ces compléments alimentaires
avec les AJR, qui sont utilisés sur les étiquettes alimentaires et qui correspondent aux besoins
pour un adulte-type moyen, ici pour un régime quotidien de 2000 kilocalories [137,138].
Nom Composition et apports vis-à-vis des
AJR Avantages/ Inconvénients
Berocca®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : B1 : 15 mg (1364 %), B2 : 15
mg (1071 %), B3 : 50 mg (312,5 %), B5 :
23 mg (383 %), B6 : 10 mg (714 %), B8 : 0,15 mg (300 %), B9 : 0,4 mg (200 %),
B12 : 0,01 mg (400 %), C : 500 mg
(625 %), Calcium : 100 mg (12,5 %), Magnésium : 100 mg (26,67 %), Zinc : 10
mg (100 %)
Apport très complet en vitamines du
groupe B et C.
Absence des vitamines liposolubles (A,
D, E et K)
Absence de fer : problème pour les femmes qui sont souvent carencées
Peu de minéraux sinon à faibles doses
Doses très supérieures aux AJR pour
les vitamines présentes
Bion 3 Adulte®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,4
mg (128 %), B2 : 1,6 mg (115 %), B3 : 18 mg (112,5 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 2
mg (143 %), B8 : 0,15 mg (300 %), B9 :
0,2 mg (100 %), B12 : 0,001 mg (40 %), C : 60 mg (75 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 10 mg (83 %), Iode : 0,1 mg (67 %),
Chrome : 0,025 mg (62,5 %), Manganèse : 1,2 mg (60 %), Sélénium : 0,03 mg (55 %),
Zinc : 5 mg (50 %), Molybdène : 0,025 mg
(50 %), Fer : 5 mg (36 %)
Bonne composition en vitamines
Faible teneur en vitamine C
Présence de probiotiques
Présence des principaux minéraux et oligo-éléments
Absence totale de magnésium et de
calcium
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
97
Nutrisanté multivitamines®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,1
mg (100 %), B2 : 1,4 mg (100 %), B3 : 16
mg (100 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 1,4 mg (100 %), B8 : 0,05 mg (100 %), B9 :
0,2 mg (100 %), B12 : 0,0025 mg (100 %),
C : 180 mg (225 %), D : 0,005 mg (100 %), E : 12 mg (100 %), Ginseng : 20 mg
Bonne composition en vitamines.
Très proche des AJR.
Attention à la présence de ginseng
Absence totale de minéraux et d’oligo-
éléments
Alvityl®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,4
mg (128 %), B2 : 1,6 mg (115 %), B3 : 18 mg (112,5 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 2
mg (143 %), B8 : 0,15 mg (300 %), B9 :
0,2 mg (100 %), B12 : 0,001 mg (40 %), C : 60 mg (75 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 10 mg (83 %), Fer : 14 mg (100 %),
Cuivre : 2 mg (200 %), Zinc : 15 mg (150 %), Manganèse : 2 mg (100 %),
Molybdène : 0,05 mg (100 %), Sélénium :
0,05 mg (91 %), Magnésium : 50 mg (13 %)
Existe en solution buvable.
Bonne composition en vitamines
Faible apport en vitamine C
Présence des principaux minéraux et
oligo-éléments.
Faible apport en magnésium
Apport élevé de fer en présence de vitamine C
Absence de calcium
Pilège Multibiane®
(2 gélules par jour)
Vitamines : A (sous forme de β-carotène) :
533,34 µg (66,7 %), B1 : 1,1 mg (100 %), B2 : 1,4 mg (100 %), B3 : 16 mg (100 %),
B5 : 6 mg (100 %), B6 : 1,4 mg (100 %), B8 : 0,05 mg (100 %), B9 : 0,2 mg (100
%), B12 : 0,0025 mg (100 %), C : 80 mg
(100 %), Magnésium : 112,5 mg (30 %), Fer : 8,4 mg (60 %), Cuivre : 1 mg (100
%), Zinc : 9 mg (90 %), Manganèse : 2 mg
(100 %)
Bonne composition en vitamines
Absence de vitamines D, E et K
Absence de calcium
Attention à la présence de β-carotène,
surtout chez le fumeur.
Faible apport en micronutriments si
prise d’une seule gélule par jour.
Lero Base
Réduction de la fatigue®
(2 capsules par jour)
Vitamines : B1 : 0,3 mg (27 %), B2 : 0,3
mg (21 %), B3 : 9mg (56,25 %), B5 : 2mg
(33 %), B6 : 2 mg (143 %), B9 : 0,1 mg (50 %), B12 : 0,001 mg (40 %), C : 60 mg (75
%), E : 7,5 mg (62,5 %), Magnésium : 150
mg (40 %), Zinc : 5 mg (50 %), Fer : 4 mg (29 %), Manganèse : 1 mg (50 %),
Chrome : 0,025 mg (62,5 %)
Ginseng : 60 mg
Oméga 3 : 596 mg
Absence totale de vitamine A, B8, D et
K.
Apport moyen vis-à-vis des AJR
Apport qualitatif en termes de minéraux et oligo-éléments
Présence d’oméga 3
Absence totale de calcium
Présence de ginseng
Supradyn Intensia®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,1 mg (100 %), B2 : 1,4 mg (100 %), B3 : 16
mg (100 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 1,4
mg (100 %), B8 : 0,05 mg (100 %), B9 : 0,2 mg (100 %), B12 : 0,0025 mg (100 %),
C : 80 mg (100 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 12 mg (100 %), K : 0,025 mg (33 %), Calcium : 120 mg (15 %), Magnésium : 80
mg (21 %), Fer : 14 mg (100 %), Iode :
0,15 mg (100 %), Zinc : 10 mg (100 %), Cuivre : 1 mg (100 %), Manganèse : 2 mg
(100 %), Sélénium : 0,05 mg (91 %),
Molybdène : 0,05 mg (100 %)
Très bonne composition en vitamines
Très proche des AJR.
Apport élevé de fer en présence de
vitamine C
Faible apport de calcium et de
magnésium
Apport qualitatif en minéraux et oligo-
éléments
Présence d’iode.
Forté Pharma
Energie Power Adulte®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,1
mg (100 %), B2 : 1,6 mg (114 %), B3 : 16 mg (100 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 1,4
mg (100 %), B8 : 0,05 mg (100 %), B9 :
0,2 mg (100 %), B12 : 0,0025 mg (100 %), C : 80 mg (100 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 12 mg (100 %), Calcium : 240 mg (30
%), Phosphore 128 mg (18 %), Fer : 4,2 mg (30 %), Cuivre : 0,5 mg (50 %), Zinc :
5 mg (50 %), Potassium : 20 mg (1 %),
Manganèse : 1 mg (50 %), Sélénium : 0,05 mg (91 %), Molybdène : 0,025 mg (50 %),
Chrome : 0,025 mg (62,5 %), Magnésium :
150 mg (40 %)
Bonne composition en vitamines
Apport qualitatif et quantitatif en
minéraux et oligo-éléments
Attention à la présence, même faible,
de potassium.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
98
Govital Activ +®
(1 gélule par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,4 mg (128 %), B2 : 1,6 mg (115 %), B3 : 18
mg (112,5 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 2
mg (143 %), B8 : 0,15 mg (300 %), B9 : 0,2 mg (100 %), B12 : 0,001 mg (40 %),
C : 60 mg (75 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 10 mg (83 %), Chrome : 0,025 mg (62,5 %), Manganèse : 1,2 mg (60 %),
Sélénium : 0,03 mg (55 %), Zinc : 5 mg
(50 %), Molybdène : 0,025 mg (50 %), Fer : 5 mg (36 %), Magnésium : 56,25 mg
(15 %), Cuivre : 0,5 mg (50 %)
Bonne composition en vitamines
Absence totale de calcium
Faible apport en magnésium
Présence des principaux minéraux et oligo-éléments
Isoxan®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A (sous forme de β-carotène) :
717 µg (100 %), B1 : 1,3 mg (118 %), B2 :
1,5 mg (107 %), B3 : 15 mg (94 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 2 mg (143 %), B9 : 0,195
mg (97,5 %), B12 : 0,0024 mg (96 %), C :
80 mg (100 %), E : 12 mg (100 %), Calcium : 100 mg (12,5 %), Magnésium :
100 mg (27 %), Zinc : 12 mg (120 %), Fer :
1,5 mg (10,7 %), Manganèse : 3,5 mg (175 %), Sélénium : 0,07 mg (127 %), Cuivre : 2
mg (200 %)
Attention à la présence de β-carotène, surtout chez le fumeur.
Bonne composition en vitamines
Absence des vitamines B8 et D
Faible apport en fer, en calcium et en magnésium
Gerimax®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,1
mg (100 %), B2 : 1,4 mg (100 %), B3 : 16 mg (100 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 1,4
mg (100 %), B8 : 0,05 mg (100 %), B9 : 0,2 mg (100 %), B12 : 0,0025 mg (100 %),
Magnésium : 225 mg (60 %), Zinc : 10 mg
(100 %), Fer : 14 mg (100 %), Manganèse : 2 mg (100 %), Cuivre : 1 mg
(100 %), Sélénium : 0,05 mg (91 %),
Molybdène : 0,05 mg (100 %), Chrome : 0,025 mg (62,5 %), Iode : 0,15 mg (100
%), Ginseng : 100 mg
Bonne composition en vitamines mais absence des vitamines C, D et E.
Très bonne composition vis-à-vis des AJR.
Apport élevé de fer alors qu’il est
retrouvé dans l’alimentation
Présence d’iode.
Présence de ginseng.
Centrum®
(1 comprimé par jour)
Vitamines : A : 800 µg (100 %), B1 : 1,4
mg (128 %), B2 : 1,75 mg (125 %), B3 : 20 mg (125 %), B5 : 7,5 mg (125 %), B6 : 2
mg (143 %), B8 : 0,0625 mg (125 %), B9 :
0,2 mg (100 %), B12 : 0,0025 mg (100 %), C : 100 mg (125 %), D : 0,005 mg (100 %),
E : 15 mg (125 %), K : 0,03 mg (40 %),
Calcium : 162 mg (20,25 %), Phosphore :
125 mg (18 %), Magnésium : 100 mg (27
%), Fer : 5 mg (36 %), Iode : 0,1 mg (67
%), Cuivre : 0,5 mg (50 %), Manganèse : 2 mg (100 %), Chrome : 0,04 mg (100 %),
Sélénium : 0,03 mg (55 %), Zinc : 5 mg
(50 %), Molybdène : 0,05 mg (100 %), Lutéine : 0,5 mg
Bonne composition en vitamines
Faible apport de magnésium et de calcium
Présence d’iode.
Attention à la présence, même faible, de vitamine K.
Présence de lutéine.
Azinc Forme et Vitalité®
(2 gélules par jour)
β-carotène : 4,8 mg soit 800 µg de vitamine
A (100 %), vitamines : B1 : 1,4 mg (128 %), B2 : 1,6 mg (143 %), B3 : 18 mg
(1125,5 %), B5 : 6 mg (100 %), B6 : 2 mg
(143 %), B8 : 0,15 mg (300 %), B9 : 0,2 mg (400 %), B12 : 0,001 mg (400 %), C :
120 mg (150 %), D : 0,005 mg (100 %), E :
10 mg (83 %), Calcium : 120 mg (15 %), Chrome : 0,025 mg (62,5 %), Cuivre : 1,5
mg (150 %), Fer : 8 mg (57 %),
Manganèse : 3,5 mg (175 %), Molybdène : 0,08 mg (160 %), Sélénium : 0,05 mg (91
%), Zinc : 15 mg (150 %)
Bonne composition en vitamines.
Attention à la présence de β-carotène,
surtout chez les fumeurs.
Doses légèrement supérieures aux AJR
pour les vitamines.
Présence des principaux minéraux et
oligo-éléments
Absence totale de magnésium
Faible apport en calcium
Tableau 8 : Principaux compléments alimentaires disponibles à l’officine, leurs apports,
leurs avantages et leurs inconvénients.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
99
Il apparait donc qu’il faut tout d’abord distinguer les compléments alimentaires « de cure »,
à n’utiliser que quelques semaines par an car les apports en micronutriments dépassent
largement le seuil des AJR, et les compléments alimentaires « de fond », qu’on peut plus
facilement utiliser au quotidien car ils contiennent des doses de micronutriments plus
proches des AJR. Cependant, il existe des différences qualitatives et quantitatives au niveau
des micronutriments retrouvés, il faut donc bien étudier la composition de ces compléments
alimentaires pour prendre en compte les différentes interactions des micronutriments entre
eux.
En effet, selon les micronutriments, il existe des phénomènes de synergie mais également
d’antagonisme. Les produits que le pharmacien peut proposer ne sont donc pas toujours
adaptés aux besoins du patient VIH.
Berocca® est l’un des compléments alimentaires le plus quantitatif, il dispose d’ailleurs
d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) car des études cliniques ont été réalisées
pour tester son efficacité. D’autres produits, comme Bion 3® ou Azinc Forme et Vitalité® ont
des compositions plus qualitatives, puisqu’ils contiennent un plus grand nombre de minéraux
et d’oligo-éléments.
Le pharmacien doit donc évaluer s’il doit proposer un complément alimentaire contenant des
doses élevées de micronutriments, dans le but de corriger un potentiel déficit ou un
complément alimentaire plus proche des AJR, dans le but d’assurer des apports en
micronutriments permettant à l’organisme de rester en bonne santé.
3. RISQUES D’UNE SUPPLEMENTATION NON ENCADRÉE
3.1. Cas particulier de la législation des compléments alimentaires
Les compléments alimentaires, bien que présents en pharmacie d’officine, ne sont pas des
médicaments mais des denrées alimentaires ayant pour but de compléter le régime
alimentaire normal. La législation est relativement récente car les compléments alimentaires
disposent d’un statut réglementaire européen depuis 2002, par le biais de la directive
européenne 2002/46/CE, transposée en France par le décret du 20 mars 2006 [139].
Sauf exception, les compléments alimentaires ne bénéficient pas d’une AMM mais doivent
faire l’objet d’un enregistrement auprès de la Direction Générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). Avant sa commercialisation, la
DGCCRF examine la composition du produit et peut effectuer des contrôles.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
100
En effet, les compléments alimentaires peuvent contenir des ingrédients non autorisés en
France, mais autorisés dans un autre pays de la communauté européenne : c’est la procédure
de reconnaissance mutuelle. La DGCCRF dispose alors deux mois pour autoriser ou refuser
la commercialisation du complément alimentaire. Si le produit est conforme à la
réglementation française, une simple déclaration à la DGCCRF suffit pour permettre sa mise
sur le marché. Concernant les nutriments, 13 vitamines et 15 minéraux sont autorisés par la
loi française [140].
Il est intéressant de préciser qu’il n’existe aucune liste de substances interdites pour la
composition des compléments alimentaires, uniquement une liste d’ingrédients autorisés,
susceptible d’augmenter à chaque procédure de reconnaissance mutuelle... Le fabricant et le
distributeur sont donc les seuls responsables de la sécurité et de la conformité du produit
avec les normes en vigueur [141].
Suite à la loi Hôpital Patients Santé et Territoires de 2009 (HPST), un dispositif de
nutrivigilance a été mis en place par l’ANSES. Il permet la déclaration des effets indésirables
liés à la prise de compléments alimentaires, par le biais des professionnels de santé ou des
industriels. Pour chaque effet indésirable signalé, l’ANSES évalue la probabilité qu’il soit
lié à la consommation du produit. Entre décembre 2010 et octobre 2012, 282 signalements
d’effets indésirables, via le dispositif de nutrivigilance, ont été jugés recevables par l’ANSES
[140].
Les consommateurs ne peuvent pas signaler eux-mêmes un effet indésirable rencontré suite
à la consommation d’un complément alimentaire, contrairement aux effets indésirables
médicamenteux, dont le dispositif de pharmacovigilance est accessible à tous.
De plus, en cas de problème, les contrôles de toxicité sont effectués a posteriori car aucune
étude préalable n’est nécessaire à la mise sur le marché de ces produits, d’où la nécessité
d’une grande vigilance dans le choix des compléments alimentaires que le pharmacien est
susceptible de conseiller [139].
3.2. Risques de sous ou surdosage en micronutriments
Les compléments alimentaires sont des produits de consommation, disponibles en vente
libre. Néanmoins, il existe des risques de sous dosage ou de surdosage selon les produits et
leur utilisation.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
101
Les risques de sous-dosage sont peu fréquents, excepté en cas de carence avérée et de
consommation de compléments alimentaires contenant des vitamines et des minéraux à des
doses correspondant aux AJR.
Les risques de surdosage, eux, sont bien réels, particulièrement en cas de consommation
concomitante de plusieurs compléments alimentaires, contenant souvent les mêmes
composants et exposant donc le consommateur à risque de surdosage en micronutriments.
La notion d’apport journalier acceptable est un concept important lié à l’innocuité d’une
substance. Cependant, à ce jour, il n’existe toujours pas de quantités maximales uniformisées
au niveau européen [142].
Néanmoins, le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France (CSHPF) a fixé en 1995 des
limites de sécurité pour plusieurs minéraux et vitamines, afin d’encadrer l’ingestion
quotidienne sans danger pendant toute une vie d’une quantité définie pour ces
micronutriments [57, 143].
Ici, nous nous focaliserons uniquement sur les micronutriments qui peuvent être modulés au
cours de l’infection par le VIH. Les limites de sécurité de ces micronutriments sont détaillées
dans le tableau 9 ci-dessous. Il est important de préciser que les limites de sécurité englobent
les ANC dans le cas des minéraux et des oligo-éléments, contrairement aux vitamines où les
limites de sécurité s’ajoutent aux ANC [143].
Micronutriment Limite de sécurité
Vitamine A 1 000 ER/j au-delà des ANC
Vitamine B6 5 mg/jour au-delà des ANC
Vitamine B12 -
Vitamine C Au-delà de 500 mg/j (controversée)
Vitamine E 300 mg/j
Magnésium 350 mg/j au-delà des ANC
Sélénium 150 µg/jour
Zinc De 15 à 40 mg/jour
Tableau 9 : Limites de sécurité des différents micronutriments [143].
Dans l’ensemble, les vitamines à doses nutritionnelles sont peu toxiques mais dans le cas de
la vitamine A, la fenêtre thérapeutique est relativement étroite. La vitamine A serait néfaste
en cas d’apport quotidien supérieur à 9000 µg et provoquerait des troubles hépatiques et
osseux, ainsi que des vomissements et des céphalées [144].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
102
Dans le cadre de l’infection par le VIH, l’administration de doses élevées de vitamine A
présente un risque important d’effets indésirables car la vitamine A pourrait favoriser la
réplication du VIH. En effet, le génome du VIH contient un élément répondeur à la vitamine
A, capable d’influencer la réplication du VIH in vitro. Une toxicité chronique est induite
chez l’homme à la suite de la consommation quotidienne de vitamines A au minimum 10
fois supérieures aux ANC et est responsable de troubles hépatiques sévères [77, 143].
Concernant la vitamine C, une consommation sur le long terme supérieure à 1000 mg par
jour favoriserait l’apparition de calculs rénaux et de diarrhées. Cependant, un risque
d’activité pro-oxydante de la vitamine C a été suggéré pour des apports de 500 mg/j, d’où
l’instauration d’une limite de sécurité au-delà de cette dose [143].
Les apports alimentaires de la population française couvrent largement, en moyenne, les
ANC pour la vitamine B12, aucune limite de sécurité n’a donc été proposée pour la
consommation de cette vitamine par voie orale [143].
La limite de sécurité du zinc est proche des ANC car au-delà de 50 mg/jour, la consommation
de zinc pourrait induire une diminution des concentrations plasmatiques de ferritine et de
cuivre et potentiellement être responsable d’une carence en cuivre [143, 144]. De plus, le
zinc est très présent dans nos régimes alimentaires occidentaux et une consommation trop
importante pourrait avoir l’effet inverse de celui recherché, et provoquer une
immunosuppression [88]. En effet, des doses pharmacologiques de zinc seraient susceptibles
d’altérer l’immunité [143].
Enfin, le sélénium, un oligo-élément majeur dans le bon fonctionnement du système
immunitaire, deviendrait immunosuppresseur à des doses supérieures à 750µg/jour [144].
La dose maximale de 5µg/kg/j a été définie sans danger pendant toute une vie mais une limite
de sécurité de 150 µg/j a été proposée en France [143].
Une consommation excessive de micronutriments pourrait donc mener à une altération de la
réponse immunitaire, d’où l’importance d’une supplémentation encadrée [98].
3.3. Interactions avec le traitement antirétroviral
Il est communément admis, à tort, que les compléments alimentaires, et en particulier les
vitamines, sont sans danger, malgré le peu de connaissances scientifiques concernant leurs
interactions possibles avec les traitements antirétroviraux [122].
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
103
Or, il n’est pas à exclure que les vitamines consommées à hautes doses puissent avoir des
interactions avec les antirétroviraux, en augmentant par exemple leur clairance et donc en
diminuant leur efficacité [102].
Slain et al. ont voulu évaluer l’impact d’une consommation de vitamine C à hautes doses
chez 7 patients séronégatifs traités par indinavir. La prise répétée de 1 000 mg de vitamine
C chaque jour pendant une semaine a réduit la concentration plasmatique d’indinavir de 20%
chez les 7 volontaires séronégatifs [145]. La vitamine C serait donc capable d’induire le
métabolisme de certains antirétroviraux.
Il est également suggéré dans la littérature que la vitamine E, toutes formes confondues,
puisse moduler le métabolisme de certains médicaments, par le biais du cytochrome CYP
3A4. En effet, le métabolisme de la vitamine E est catalysé par le cytochrome P450. Chez la
souris, le γ-tocotriénol a un effet inducteur sur le CYP 3A11, l’équivalent murin du CYP
3A4 humain. La vitamine E serait donc capable d’induire le CYP 3A4, même si cela a été
uniquement démontré in vitro [146].
De plus, l’administration massive d’antioxydants à fortes doses pourrait avoir l’effet inverse
de celui recherché, avec paradoxalement l’apparition d’effets indésirables délétères comme
l’aggravation d’un effet pro-oxydant. En effet, la vitamine C est un antioxydant majeur mais
à fortes doses elle pourrait devenir pro-oxydante [147]. Il en est de même pour le β-carotène
pour lequel l’effet antioxydant suit une courbe en U. Il existe donc une dose minimale et
maximale pour laquelle l’effet antioxydant est observé. Au-delà, le β-carotène devient pro-
oxydant et favorise la survenue du cancer du poumon, surtout chez les fumeurs [140].
Une supplémentation abusive pourrait donc mener à une potentialisation des effets pro-
oxydants des traitements ainsi qu’à un accroissement de la morbi-mortalité [105].
À ce jour, peu d’études ont été réalisées dans le but d’évaluer les interactions possibles entre
les micronutriments et les traitements antirétroviraux. Les compléments alimentaires, en
particulier ceux contenant des mélanges de vitamines, pourraient moduler la
biodisponibilité, le métabolisme et la pharmacocinétique des antirétroviraux ; la prudence
reste donc de rigueur en cas de supplémentation en micronutriments des PVVIH.
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104
3.4. Internet et dérives secondaires
Même si les ventes de compléments alimentaires gagnent du terrain chaque année à
l’officine, une partie non négligeable des consommateurs se procure ces produits sur
internet, pour des raisons de moindre coût, de disponibilité ou de facilité d’achat.
Cependant, le principal danger d’achat de produits sur internet est l’absence totale de
traçabilité mais également le risque important de contrefaçon. En effet, ces produits sont
souvent vendus sur des sites douteux qui vantent leurs miracles sans se préoccuper des
allégations autorisées et sans donner d’informations sur leur composition ou leur
provenance. Ces compléments alimentaires, souvent vendus sur des sites étrangers, peuvent
contenir des ingrédients non autorisés en France ou à des doses dépassant le cadre de la loi
française. La composition peut être mensongère mais également renfermer des molécules
ayant le statut de médicaments, jamais testées chez l’Homme ou dopantes [140].
À nous, pharmaciens, de proposer de manière éclairée des produits avec une traçabilité réelle
et dont l’innocuité est bien établie.
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105
CONCLUSION
L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine est encore très présente dans de
nombreux pays et est considérée comme l’épidémie virale la plus meurtrière de ces dernières
années. Actuellement, sa prise en charge thérapeutique dans les pays industrialisés permet
d’accroître considérablement la durée de vie des patients séropositifs. Cependant,
l’allongement de leur espérance de vie soulève de nouvelles problématiques, comme le
vieillissement accéléré et la survenue de nombreuses comorbidités qu’il faut désormais
prendre en compte dans la prise en charge globale de ces patients.
Cette thèse a permis de reprendre les données qui démontrent que l’inflammation et le stress
oxydatif jouent un rôle majeur dans l’apparition de ces comorbidités mais également dans
l’accélération du déclin, impactant directement la qualité de vie des patients séropositifs. Ce
stress oxydatif résulte d’un déséquilibre de la balance oxydante/antioxydante,
particulièrement marqué chez ces patients dont le statut en micronutriments antioxydants est
altéré tout au long de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine. Nous avons
ainsi pu illustrer que les déficits en micronutriments sont induits à la fois par la pathologie
elle-même mais également par l’utilisation des traitements antirétroviraux, induisant ainsi
des conséquences délétères, à la fois sur la progression de la maladie, par le biais d’une
augmentation de la réplication virale et d’une accélération de l’altération de l’immunité, mais
également sur le métabolisme lipidique, majorant le risque d’apparition de lipodystrophies
altérant un peu plus la qualité de vie de ces patients.
Bien que ces déficits en micronutriments aux conséquences majeures sur le devenir des
patients séropositifs soient démontrés, il n’existe actuellement aucune recommandation ni
consensus concernant le dépistage de ces déficits et leur prise en charge. Au travers de cette
thèse, nous nous sommes intéressés à l’intérêt de détecter ces déficits et supplémenter ces
patients en micronutriments, mais de par le faible effectif des études, le rôle bénéfique d’une
supplémentation dans la population séropositive reste encore à déterminer. Pour autant,
l’évaluation du statut nutritionnel de ces patients et la prise en charge des déficits par une
supplémentation semblent constituer un élément clef dans la prise en charge globale de cette
pathologie.
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)
106
Malheureusement, les supplémentations en micronutriments mises à disposition et leur
impact sur le devenir des patients séropositifs n’ont été que peu ou mal évalués alors que la
demande d’une prise en charge par des médecines parallèles telles que les compléments
alimentaires ne cesse d’augmenter dans cette population. L’évaluation de la demande des
patients à ce propos a été faite par un questionnaire proposé aux patients séropositifs lors de
mon stage de 5ème année hospitalo-universitaire, réalisé en partie à l’unité de rétrocession
hospitalière de l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon. L’objectif du questionnaire présenté
ici était d’évaluer les connaissances et l’intérêt des patients pour la micronutrition. Il a ainsi
pu être montré que leur intérêt et leur demande d’informations pour cette approche sont
grands, même si l’effectif ciblé par ce questionnaire est quant à lui trop faible pour tirer des
conclusions significatives.
Force est cependant de constater que beaucoup de patients séropositifs consomment des
compléments alimentaires malgré le manque de consensus, de recommandations ou encore
d’études récentes à large échelle pour définir les bénéfices et la sécurité d’une auto-
supplémentation.
Ce travail bibliographique nous a permis de mettre en lumière l’urgence de définir des
recommandations nutritionnelles en micronutriments adaptées aux besoins des patients
atteints par le virus de l’immunodéficience humaine pour répondre à leurs attentes et éviter
le recours à des produits non adaptés à leurs besoins. En effet, ces patients sont en forte
demande de prise en charge nutritionnelle pour améliorer leur qualité de vie au quotidien
ainsi que leur longévité. Des études interventionnelles de supplémentation en
micronutriments, sous forme d’essais randomisés contrôlés semblent donc nécessaires, avec
une évaluation préalable précise des déficits fréquemment retrouvés dans des populations
séropositives bien caractérisées pour prendre en compte les variations interindividuelles,
l’impact des traitements et de la pathologie.
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107
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1 n’entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
L’ISPB - Faculté de Pharmacie de Lyon est engagé dans une démarche de
lutte contre le plagiat. De ce fait, une sensibilisation des étudiants et encadrants des thèses a été réalisée avec notamment l’incitation à l’utilisation d’une méthode de recherche de similitudes.
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SAVOYE Claire
La supplémentation en micronutriments chez les patients atteints du virus de
l’immunodéficience humaine : un nouvel enjeu dans la prise en charge de ces patients
Th. D. Pharm., Lyon 1, 2016, 124 p.
RESUME
L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine est considérée comme l’épidémie virale la
plus meurtrière de ces trente dernières années et demeure un problème majeur de santé publique dans
nos pays industrialisés.
L’objectif de ce travail est d’évaluer l’intérêt d’une supplémentation en micronutriments chez les
patients séropositifs, en particulier dans la diminution des effets indésirables liés à la maladie et aux
traitements antirétroviraux mais aussi dans l’amélioration de leur qualité de vie.
Dans un premier temps sont rappelées les généralités concernant l’infection par le virus de
l’immunodéficience humaine, du développement de la maladie en passant par la prise en charge
clinico-biologique et médicamenteuse.
Dans un second temps sont étudiés les principaux micronutriments altérés au cours de l’infection,
leurs rôles et les différentes conséquences rencontrées en cas de déficits.
Dans un troisième temps sont analysées les pratiques actuelles du corps médical et de la population
générale séropositive. Pour ce faire, nous avons réalisé un questionnaire au sujet de la
supplémentation en micronutriments, destiné aux patients séropositifs se présentant au service de
rétrocession de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. Les résultats mettent en exergue un réel besoin
d’informations de ces patients.
MOTS CLES
VIH
Supplémentation
Micronutriments Qualité de vie
JURY
Mme GOUDABLE Joëlle, PU-PH
Mme BLOND Emilie, MCU-PH
Mme UHRES Anne-Claire, Docteur en Pharmacie
Mme CHARBONNEL Laurence, Docteur en Pharmacie
DATE DE SOUTENANCE
Vendredi 1er avril 2016
ADRESSE DE L’AUTEUR
117, route de Genas – 69100 VILLEURBANNE
SAVOYE (CC BY-NC-ND 2.0)