la nature en corse

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la Nature en Corse GILLES FAGGIO ~ CÉCILE JOLIN FORÊTS * MER * MAQUIS * LACS VILLES * POZZINES * MONTAGNE FAUNE * PLANTATIONS * CLIMAT VILLAGES * LITTORAL * COLS ZONES HUMIDES * TORRENTS RIVIÈRES * SOURCES * PIÉMONTS FALAISES * FLORE * SUBERAIE ÉTANGS * SALINES * ÎLES… L O U B A T I È R E S

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Du Cap Corse aux bouches de Bonifacio, de l’étang de Biguglia au sommet du Monte Cardu, la Corse offre une exceptionnelle diversité de paysages et de milieux. Haute montagne, plaines et piémonts, forêts et maquis, pozzines et cours d’eau, littoral et marais d’eaux saumâtres, sans oublier les espaces villageois et urbains, sont autant d’habitats pour une faune et une flore où coexistent espèces dites communes et espèces rares ou endémiques. Gilles Faggio et Cécile Jolin nous convient à la découverte de cette précieuse biodiversité et nous font partager leurs connaissances et leur passion. Leur livre est une invitation à arpenter les chemins de Corse et à découvrir, observer et admirer une nature accessible à tous. Sitelle de Corse, panicaut de mer, mouflon de Corse, pin laricio, posidonie, anax empereur, grande noctule, ciste de Montpellier, lézard tyrrhénien, goéland d’Audouin, discoglosse corse, chêne-liège… sont quelques-unes des nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes…

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Page 1: La nature en Corse

la Natureen Corse

GILLES FAGGIO ~ CÉCILE JOLIN

FORÊTS * MER * MAQUIS * LACS

VILLES * POZZINES * MONTAGNE

FAUNE * PLANTATIONS * CLIMAT

VILLAGES * LITTORAL * COLS

ZONES HUMIDES * TORRENTS

RIVIÈRES * SOURCES * PIÉMONTS

FALAISES * FLORE * SUBERAIE

ÉTANGS * SALINES * ÎLES…

L O U B A T I È R E S

Page 2: La nature en Corse

qu’est-ce que le maquis ? 18

les cistaies 24

le maquis bas 27

les maquis buissonnants 30

les maquis arborés 33

prospective 37

LES MAQUIS DE CORSE

Page 3: La nature en Corse

qu’est-ce que le maquis ? 18

les cistaies 24

le maquis bas 27

les maquis buissonnants 30

les maquis arborés 33

prospective 37

LES MAQUIS DE CORSE

Page 4: La nature en Corse

de maquis, avec en contrebas un ruisseau tem-poraire et des chênes verts. La �ne couche deneige s’épaissit au fur et à mesure de la montée.Le silence cotonneux est interrompu par l’envold’un rouge-gorge, puis d’un accenteur mouchet.Ces oiseaux venus du continent pour passer l’hiversur l’île cherchent quelque pitance sous les buis-sons blanchis. Les arbousiers et les bruyèresploient sous le poids des quelques centimètres deneige. Les arbouses sont tombées avec les coupsde vents, et les dernières �eurs sont emprisonnéesdans des stalactites de glace. Ces fruits sont uneaubaine pour les oiseaux, mais aussi pour les petitsmammifères, le renard et le sanglier. Une petitebande de mésanges à longue queue vole de buis-son en buisson, et réveille le maquis par de petitscris indiquant la direction à prendre pour trouverquelques fruits ou insectes à avaler. Arrivé au col,près d’une chapelle, les premiers rayons de soleilarrivent à percer les nuages, puis le ciel se dégageainsi que la vue sur le littoral. Tout autour decette crête, la végétation est basse, c’est le domainede la fauvette sarde qui vient se réchau�er en hautd’un ciste. La neige commence à fondre, un bu-sard Saint-Martin survole les crêtes à la recherched’une proie a�aiblie par le froid.

Le terme de maquis désigne de façon générale et populaire une végé-tation buissonnante plus ou moins haute, assez dense. L’imagination

Au printemps, les maquis se transforment avec toute la palette de couleurdes �eurs : la bruyère arborescente crème-rosée, le ciste de Montpellierblanc, le ciste de Crête rose, le romarin bleu-violet, le calycotome et legenet jaune doré, etc. Dans un talweg, les fauvettes se répondent d’unversant à l’autre, ici une pitchou, là une sarde, plus loin une mélanocéphale.

Un véritable concert ! Très di�cile pour l’ornithologuede distinguer tous ces chants simultanés, mais quelplaisir d’entendre cette cacophonie qui indique l’heurede l’activité maximale dans la nature. Cette saison estcelle où le naturaliste ne sait où donner de la tête : desorchidées, des oiseaux, les lézards qui se chau�ent ausoleil, etc. Des heures de contemplation en perspective !

qu’est-ce que le maquis ?Ambiance hivernale pour une balade au-dessus d’unvillage, le chemin anciennement empierré est entouré

S’il fallait n’associer qu’un type de végétation à la Corse, c’est le maquis – la macchja – quiviendrait spontanément à l’esprit de chacun. À juste titre, puisque le « maquis » s’étend sur prèsde la moitié de la surface de l’île, constituant le type de végétation le plus courant. Cependant,en regardant de plus près, on voit qu’il n’y a pas « un » maquis, mais « des » maquis.

LES MAQUIS DE CORSE

LES

MAQ

UIS

DE C

ORS

E18

Les �eurs jaunes du calycotome épineuxsont très appréciées des abeilles au printemps.

L’Agriate (2B), près de Fiume Santu, et les sommets enneigés du Cap Corse.

L’arbousier est une des rares plantes à pouvoir porter en même temps ses fruits et ses �eurs ; les �eurs donnerontdes baies mûres l’année suivante.

L’accenteur mouchet est un visiteur de l’île en hiver.

Maquis sur le sentier des douaniers du CapCorse, Capu Grossu (2B).

Page 5: La nature en Corse

de maquis, avec en contrebas un ruisseau tem-poraire et des chênes verts. La �ne couche deneige s’épaissit au fur et à mesure de la montée.Le silence cotonneux est interrompu par l’envold’un rouge-gorge, puis d’un accenteur mouchet.Ces oiseaux venus du continent pour passer l’hiversur l’île cherchent quelque pitance sous les buis-sons blanchis. Les arbousiers et les bruyèresploient sous le poids des quelques centimètres deneige. Les arbouses sont tombées avec les coupsde vents, et les dernières �eurs sont emprisonnéesdans des stalactites de glace. Ces fruits sont uneaubaine pour les oiseaux, mais aussi pour les petitsmammifères, le renard et le sanglier. Une petitebande de mésanges à longue queue vole de buis-son en buisson, et réveille le maquis par de petitscris indiquant la direction à prendre pour trouverquelques fruits ou insectes à avaler. Arrivé au col,près d’une chapelle, les premiers rayons de soleilarrivent à percer les nuages, puis le ciel se dégageainsi que la vue sur le littoral. Tout autour decette crête, la végétation est basse, c’est le domainede la fauvette sarde qui vient se réchau�er en hautd’un ciste. La neige commence à fondre, un bu-sard Saint-Martin survole les crêtes à la recherched’une proie a�aiblie par le froid.

Le terme de maquis désigne de façon générale et populaire une végé-tation buissonnante plus ou moins haute, assez dense. L’imagination

Au printemps, les maquis se transforment avec toute la palette de couleurdes �eurs : la bruyère arborescente crème-rosée, le ciste de Montpellierblanc, le ciste de Crête rose, le romarin bleu-violet, le calycotome et legenet jaune doré, etc. Dans un talweg, les fauvettes se répondent d’unversant à l’autre, ici une pitchou, là une sarde, plus loin une mélanocéphale.

Un véritable concert ! Très di�cile pour l’ornithologuede distinguer tous ces chants simultanés, mais quelplaisir d’entendre cette cacophonie qui indique l’heurede l’activité maximale dans la nature. Cette saison estcelle où le naturaliste ne sait où donner de la tête : desorchidées, des oiseaux, les lézards qui se chau�ent ausoleil, etc. Des heures de contemplation en perspective !

qu’est-ce que le maquis ?Ambiance hivernale pour une balade au-dessus d’unvillage, le chemin anciennement empierré est entouré

S’il fallait n’associer qu’un type de végétation à la Corse, c’est le maquis – la macchja – quiviendrait spontanément à l’esprit de chacun. À juste titre, puisque le « maquis » s’étend sur prèsde la moitié de la surface de l’île, constituant le type de végétation le plus courant. Cependant,en regardant de plus près, on voit qu’il n’y a pas « un » maquis, mais « des » maquis.

LES MAQUIS DE CORSE

LES

MAQ

UIS

DE C

ORS

E18

Les �eurs jaunes du calycotome épineuxsont très appréciées des abeilles au printemps.

L’Agriate (2B), près de Fiume Santu, et les sommets enneigés du Cap Corse.

L’arbousier est une des rares plantes à pouvoir porter en même temps ses fruits et ses �eurs ; les �eurs donnerontdes baies mûres l’année suivante.

L’accenteur mouchet est un visiteur de l’île en hiver.

Maquis sur le sentier des douaniers du CapCorse, Capu Grossu (2B).

Page 6: La nature en Corse

Les contraintes écologiques liées au climat méditerranéen, avec deuxà trois mois de sécheresse estivale, limitent la croissance des plantes demaquis. Celles-ci ont développé des caractéristiques permettant de limiterl’évapotranspiration : les feuilles ont une face supérieure épaisse et dure(sclérophylle), et les stomates* sont regroupés sur la face inférieure

associe le maquis aux bandits (« prendre le maquis ») ou aux maquis dela Résistance. D’un point de vue un peu plus scienti�que, le maquis estune végétation arbustive à feuilles persistantes et dures, avec des hauteursplus ou moins élevées, soumis à un climat méditerranéen. En Francecontinentale, les mêmes types de végétation se rencontrent essentiellementsur une roche calcaire et sont appelés « garrigue ». Il est donc admis enfrançais que le maquis pousse sur des roches siliceuses (granit, schiste) etla garrigue sur des sols calcaires. Cette distinction est tout simplementdue aux origines géographiques des mots maquis (Corse) et garrigue (Pro-vence). Le système scienti�que élaboré pour classi�er ces types de végétationdésigne ces milieux avec le terme de matorral.

En Corse, l’essentiel des surfaces de maquis pousse sur du sol siliceux,sauf pour les quelques régions où la roche est de nature calcaire commeà Saint-Florent, Bonifacio et dans le Cortenais, où il faudrait parler degarrigue plutôt que de maquis. Le maquis se rencontre à di�érents étages :thermo-, méso- et supra-méditerranéen*, bien que moins commun en al-titude. On distingue plusieurs types de maquis en fonction des espècesde plantes les composant et de la hauteur de la végétation. La composition�oristique dépend surtout des conditions climatiques, de la chaleur, de

la sécheresse, de la nature du sol, de la pente et deson orientation. La hauteur de la végétation estsoumise aussi aux conditions abiotiques* et à l’ac-tivité humaine (pâturage, gyrobroyage, incendies).Si les conditions le permettent et qu’il n’y a pasde perturbation, l’évolution naturelle tend vers unmaquis arboré qui peut être quali�é de stade cli-macique*. Toutefois, le chêne vert favorisé par l’ac-tion de l’homme prend souvent le dessus, et formede belles yeuseraies.

ESPÈCE: LE PORTE-QUEUE CORSE / (PAPILIO HOSPITON)envergure de l’aile antérieure : 35 à 40 mm ; période de vol : d’avril à juillet en une longue générationLe porte-queue corse est un papillon diurne, endémique strict de la Corse et de la Sardaigne. Le mâle et la femellesont semblables. Deux ocelles ornent les ailes postérieures qui sont un peu aplaties transversalement, rouge foncé,

cernées de noir et prolongées de petites queues noires.Les rangées de taches triangulaires sur l’aile postérieuresont bicolores (ou tricolores). La femelle pond ses œufsisolément, au gré de son vol. Les larves (chenilles)éclosent une dizaine de jours après la ponte. La chenille connaît plusieurs mues jusqu’à l’automne puis passe l’hiver sous forme de chrysalide. L’émergencedu papillon se produit au printemps suivant, en mars à basse altitude. Le biotope préférentiel de ce papillon est le maquis des régions montagneuses, là où les plantesnourricières (de la chenille) poussent en quantitéssuf�santes comme la férule commune à basse

et moyenne altitude, le peucédan à moyenne altitude, la rue corse en altitude. Ces plantes étant plus ou moinstoxiques, la chenille est elle-même toxique, ce qui dissuade la plupart des prédateurs. Le papillon est luinectariphage. Il butine de nombreuses plantes à �eurs, avec une certaine préférence pour les �eurs roses ou bleues.Le porte-queue de Corse peut s’observer du littoral jusqu’à 2 000 mètres, avec toutefois une préférence pour la moyenne altitude. Rarement abondant, il peut cependant se rencontrer aussi bien en populations denses qu’en individus dispersés. Une des menaces importantes concerne les prélèvements par des collectionneurs. Les populations de ce papillon sont aussi dépendantes du maintien du milieu de prédilection : le maquis pâturé, lui-même soumit aux incendies ou à l’évolution vers une fermeture du milieu si le pâturage est abandonné.

LE SAVIEZ-VOUS? A MACCHJALe mot français « maquis » a pour origine le mot corse macchja (du latin macula). Le terme mucchju, désigne le ciste. Ces deuxmots sont étroitement liés étant donné que les cistes sont des plantes constituantesdu maquis, et dans certains cas, elles sontlargement dominantes, laissant peu de placeaux autres espèces.

LES

MAQ

UIS

DE C

ORS

E20

LA N

ATU

RE E

N C

ORSE

21

Le maquis bas à la Pointedu Cap Corse avec vue sur l’île toscane de Capraia (2B).

Maquis près de Lotudans l’Agriate (2B).

Page 7: La nature en Corse

Les contraintes écologiques liées au climat méditerranéen, avec deuxà trois mois de sécheresse estivale, limitent la croissance des plantes demaquis. Celles-ci ont développé des caractéristiques permettant de limiterl’évapotranspiration : les feuilles ont une face supérieure épaisse et dure(sclérophylle), et les stomates* sont regroupés sur la face inférieure

associe le maquis aux bandits (« prendre le maquis ») ou aux maquis dela Résistance. D’un point de vue un peu plus scienti�que, le maquis estune végétation arbustive à feuilles persistantes et dures, avec des hauteursplus ou moins élevées, soumis à un climat méditerranéen. En Francecontinentale, les mêmes types de végétation se rencontrent essentiellementsur une roche calcaire et sont appelés « garrigue ». Il est donc admis enfrançais que le maquis pousse sur des roches siliceuses (granit, schiste) etla garrigue sur des sols calcaires. Cette distinction est tout simplementdue aux origines géographiques des mots maquis (Corse) et garrigue (Pro-vence). Le système scienti�que élaboré pour classi�er ces types de végétationdésigne ces milieux avec le terme de matorral.

En Corse, l’essentiel des surfaces de maquis pousse sur du sol siliceux,sauf pour les quelques régions où la roche est de nature calcaire commeà Saint-Florent, Bonifacio et dans le Cortenais, où il faudrait parler degarrigue plutôt que de maquis. Le maquis se rencontre à di�érents étages :thermo-, méso- et supra-méditerranéen*, bien que moins commun en al-titude. On distingue plusieurs types de maquis en fonction des espècesde plantes les composant et de la hauteur de la végétation. La composition�oristique dépend surtout des conditions climatiques, de la chaleur, de

la sécheresse, de la nature du sol, de la pente et deson orientation. La hauteur de la végétation estsoumise aussi aux conditions abiotiques* et à l’ac-tivité humaine (pâturage, gyrobroyage, incendies).Si les conditions le permettent et qu’il n’y a pasde perturbation, l’évolution naturelle tend vers unmaquis arboré qui peut être quali�é de stade cli-macique*. Toutefois, le chêne vert favorisé par l’ac-tion de l’homme prend souvent le dessus, et formede belles yeuseraies.

ESPÈCE: LE PORTE-QUEUE CORSE / (PAPILIO HOSPITON)envergure de l’aile antérieure : 35 à 40 mm ; période de vol : d’avril à juillet en une longue générationLe porte-queue corse est un papillon diurne, endémique strict de la Corse et de la Sardaigne. Le mâle et la femellesont semblables. Deux ocelles ornent les ailes postérieures qui sont un peu aplaties transversalement, rouge foncé,

cernées de noir et prolongées de petites queues noires.Les rangées de taches triangulaires sur l’aile postérieuresont bicolores (ou tricolores). La femelle pond ses œufsisolément, au gré de son vol. Les larves (chenilles)éclosent une dizaine de jours après la ponte. La chenille connaît plusieurs mues jusqu’à l’automne puis passe l’hiver sous forme de chrysalide. L’émergencedu papillon se produit au printemps suivant, en mars à basse altitude. Le biotope préférentiel de ce papillon est le maquis des régions montagneuses, là où les plantesnourricières (de la chenille) poussent en quantitéssuf�santes comme la férule commune à basse

et moyenne altitude, le peucédan à moyenne altitude, la rue corse en altitude. Ces plantes étant plus ou moinstoxiques, la chenille est elle-même toxique, ce qui dissuade la plupart des prédateurs. Le papillon est luinectariphage. Il butine de nombreuses plantes à �eurs, avec une certaine préférence pour les �eurs roses ou bleues.Le porte-queue de Corse peut s’observer du littoral jusqu’à 2 000 mètres, avec toutefois une préférence pour la moyenne altitude. Rarement abondant, il peut cependant se rencontrer aussi bien en populations denses qu’en individus dispersés. Une des menaces importantes concerne les prélèvements par des collectionneurs. Les populations de ce papillon sont aussi dépendantes du maintien du milieu de prédilection : le maquis pâturé, lui-même soumit aux incendies ou à l’évolution vers une fermeture du milieu si le pâturage est abandonné.

LE SAVIEZ-VOUS? A MACCHJALe mot français « maquis » a pour origine le mot corse macchja (du latin macula). Le terme mucchju, désigne le ciste. Ces deuxmots sont étroitement liés étant donné que les cistes sont des plantes constituantesdu maquis, et dans certains cas, elles sontlargement dominantes, laissant peu de placeaux autres espèces.

LES

MAQ

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DE C

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E20

LA N

ATU

RE E

N C

ORSE

21

Le maquis bas à la Pointedu Cap Corse avec vue sur l’île toscane de Capraia (2B).

Maquis près de Lotudans l’Agriate (2B).

Page 8: La nature en Corse

de l’eau. Le crapaud aura besoin de l’eau pour pondreet permettre le développement de ses têtards, maisil passera l’hiver ou la saison sèche enfoui dans le solen dehors de l’eau. Avant d’être libellule, l’anax em-pereur aura passé une à deux années dans l’eau austade larvaire après avoir réalisé plusieurs mues.

La faune invertébrée des eaux vives est très diver-si�ée, et toutes les composantes de la chaîne alimen-taire sont représentées : détritivores*, végétariens,carnivores ou omnivores. Près de la moitié des in-vertébrés aquatiques des têtes de bassin* sont endé-miques, ce qui fait pour les cours d’eau de Corse l’undes plus forts taux d’espèces endémiques d’Europe.Pour de nombreux insectes, les larves ont besoind’une phase aquatique pour se développer. Les larveset les nymphes vivant dans les eaux vives disposentdes caractéristiques pour résister à la force du courant.Les larves de trichoptères ont opté pour un logementdans un fourreau qu’elles confectionnent à l’aide degrains de sables ou divers autres éléments récoltés aufond du cours d’eau ; cela permet entre autre de leslester, comme le plongeur avec ses plombs à la cein-ture. Toute cette faune permet à d’autres espèces ver-tébrées de se nourrir, comme le cincle plongeur, diversamphibiens ou la cistude d’Europe.

l’eau vive

Depuis leurs sources jusqu’à leurs embouchures, les cours d’eau et leursproches abords sont à considérer comme des ensembles indissociables.

Du lit mineur aux secteurs d’expansion na-turels des crues, de la ripisylve* au champsablo-limoneux, tout est lié ! La « Tramebleue » du Grenelle de l’environnement re-présente bien cette conception de continuitéécologique souvent malmenée par les amé-nagements et les dégradations produites parl’homme. Beaucoup d’animaux comme lesinvertébrés, mais aussi les amphibiens, vontavoir un ou plusieurs stades aquatiques, sou-vent à l’état de larve, pour ensuite gagnerune ou plusieurs phases de leur vie en dehors

LES

EAUX

CO

URAN

TES

40

L’été, le soleil se fait très chaud, pour se rafraîchir : direction une vasque de rivière où l’eau couleabondamment. La plus merveilleuse des piscines naturelles ! Si l’eau est calme dans la zone debaignade, avec un équipement de masque et tuba, il est facile de contempler les petits animauxaquatiques, et peut-être de découvrir une truite cachée derrière un rocher…

LES EAUX COURANTES

La Restonica (2B)

Têtards de discoglosse.

L’anax empereurest une des plus grosses libellules en Corse.

Le Fangu (2B) est le principal cours d’eau du Falasorma.

Page 9: La nature en Corse

de l’eau. Le crapaud aura besoin de l’eau pour pondreet permettre le développement de ses têtards, maisil passera l’hiver ou la saison sèche enfoui dans le solen dehors de l’eau. Avant d’être libellule, l’anax em-pereur aura passé une à deux années dans l’eau austade larvaire après avoir réalisé plusieurs mues.

La faune invertébrée des eaux vives est très diver-si�ée, et toutes les composantes de la chaîne alimen-taire sont représentées : détritivores*, végétariens,carnivores ou omnivores. Près de la moitié des in-vertébrés aquatiques des têtes de bassin* sont endé-miques, ce qui fait pour les cours d’eau de Corse l’undes plus forts taux d’espèces endémiques d’Europe.Pour de nombreux insectes, les larves ont besoind’une phase aquatique pour se développer. Les larveset les nymphes vivant dans les eaux vives disposentdes caractéristiques pour résister à la force du courant.Les larves de trichoptères ont opté pour un logementdans un fourreau qu’elles confectionnent à l’aide degrains de sables ou divers autres éléments récoltés aufond du cours d’eau ; cela permet entre autre de leslester, comme le plongeur avec ses plombs à la cein-ture. Toute cette faune permet à d’autres espèces ver-tébrées de se nourrir, comme le cincle plongeur, diversamphibiens ou la cistude d’Europe.

l’eau vive

Depuis leurs sources jusqu’à leurs embouchures, les cours d’eau et leursproches abords sont à considérer comme des ensembles indissociables.

Du lit mineur aux secteurs d’expansion na-turels des crues, de la ripisylve* au champsablo-limoneux, tout est lié ! La « Tramebleue » du Grenelle de l’environnement re-présente bien cette conception de continuitéécologique souvent malmenée par les amé-nagements et les dégradations produites parl’homme. Beaucoup d’animaux comme lesinvertébrés, mais aussi les amphibiens, vontavoir un ou plusieurs stades aquatiques, sou-vent à l’état de larve, pour ensuite gagnerune ou plusieurs phases de leur vie en dehors

LES

EAUX

CO

URAN

TES

40

L’été, le soleil se fait très chaud, pour se rafraîchir : direction une vasque de rivière où l’eau couleabondamment. La plus merveilleuse des piscines naturelles ! Si l’eau est calme dans la zone debaignade, avec un équipement de masque et tuba, il est facile de contempler les petits animauxaquatiques, et peut-être de découvrir une truite cachée derrière un rocher…

LES EAUX COURANTES

La Restonica (2B)

Têtards de discoglosse.

L’anax empereurest une des plus grosses libellules en Corse.

Le Fangu (2B) est le principal cours d’eau du Falasorma.

Page 10: La nature en Corse

qui retiennent l’eau (criste-ma-rine), développer des poils quiconstituent un microclimat hu-mide au contact des cellules de res-piration (silène velouté), ou bienconcentrer les cellules de respira-tion d’un côté de la feuille et repliercelle-ci quand les embruns sonttrop importants (oyat). S’il n’y apas d’eau douce à proximité (nappephréatique, marais, embouchurede fleuve), la végétation est peu dé-veloppée, et peu d’arbres suppor-tent ces ambiances salées.

La Corse, située dans la partie occidentale de la mer Méditerranée,connaît peu de marées. En tout cas, la di�érence entre le niveau le plushaut de l’eau et celui du bas, est inférieure à un mètre. Son paysage trèsdécoupé, ses �euves, diversi�ent le littoral : grandes falaises sur la côteouest, entrecoupées de criques, immenses plages sur la côte est. Tous lesintermédiaires entre ces deux milieux se rencontrent le long des milles

contexte

La Terre est recouverte de 70 % d’océans et de mers. La vie, telle que nousla connaissons, est née dans cette eau riche en sels et en minéraux. La

limite entre cette eau et la terre constitue des milieuxparticuliers, très in�uencés par les embruns salés, lesvents, et une relative sécheresse. Selon les roches, lerelief (sous l’eau et au-dessus), les courants, le littoralprésente des variations, tant dans le paysage que d’unpoint de vue écologique. La côte peut être rocheuse,avec ou sans falaise, sableuse, avec des dunes plus oumoins développées, ou limoneuse, avec éventuellementdes marais côtiers. Les plantes ont su s’adapter auxmilieux salés ou in�uencés par le sel, car par e�etd’osmose, le sel a tendance à attirer toute l’eau avec

lui. Pour survivre, les végétaux ont développé plusieurs stratégies : concentrerle sel dans les cellules (salicorne), produire des sucres ou des protéines

LE L

ITTO

RAL

ET L

A M

ER82

L’HOMME ET LE PAYSAGE: LES TOURS DU LITTORALEntre le XVIe et le XVIIIe siècle, les tours dites « génoises » (Girolata ci-dessus) furent érigées pour la surveillance du littoral contre les envahisseurs ou pour la perception des taxes douanières. Mais elles ont �nalement assez peuservi pour la défense, car généralement peu armées et composées d’une « garnison » réduite à quelques hommes.Quelques hauts faits d’arme sont cependant rapportés, concernant la tour de la Mortella contre la �otte anglaise de Nelson (1794) ou encore celle de Nonza contre les troupes françaises (1768). Les gardiens des tours pouvaientcommuniquer, et il est admis que toutes les tours de Corse étaient informées en seulement quelques heures si un ennemi arrivait ! La communication s’effectuait par les feux, ou peut-être un autre moyen plus subtil… Jusqu’à 120 tours ont parsemé le littoral corse au XVIIIe siècle, dont 67 sont encore visibles de nos jours. Sur les tours les plus isolées (Agnellu, Capu Rossu…) il n’est pas rare de voir un monticole bleu, un grand corbeauou un faucon pèlerin utiliser ce perchoir avec une vue imprenable.

Cela n’aura échappé à personne, la Corse est une île ! Elle présente donc logiquement unelongueur respectable de côte, de l’ordre de 1000 km, équivalent à celui du pourtour Méditer-ranéen des régions Provence et Languedoc-Roussillon.

LE LITTORAL ET LA MER

LA N

ATU

RE E

N C

ORSE

83

Le phare et la pointe de la Revellata marquentle début de la baie de Calvi (2B).

La salicorne supportel’eau salée, c’est une des plantes pionnières des marais salés.

Criste-marineou fenouil de mersur la Giraglia (2B).

Page 11: La nature en Corse

qui retiennent l’eau (criste-ma-rine), développer des poils quiconstituent un microclimat hu-mide au contact des cellules de res-piration (silène velouté), ou bienconcentrer les cellules de respira-tion d’un côté de la feuille et repliercelle-ci quand les embruns sonttrop importants (oyat). S’il n’y apas d’eau douce à proximité (nappephréatique, marais, embouchurede fleuve), la végétation est peu dé-veloppée, et peu d’arbres suppor-tent ces ambiances salées.

La Corse, située dans la partie occidentale de la mer Méditerranée,connaît peu de marées. En tout cas, la di�érence entre le niveau le plushaut de l’eau et celui du bas, est inférieure à un mètre. Son paysage trèsdécoupé, ses �euves, diversi�ent le littoral : grandes falaises sur la côteouest, entrecoupées de criques, immenses plages sur la côte est. Tous lesintermédiaires entre ces deux milieux se rencontrent le long des milles

contexte

La Terre est recouverte de 70 % d’océans et de mers. La vie, telle que nousla connaissons, est née dans cette eau riche en sels et en minéraux. La

limite entre cette eau et la terre constitue des milieuxparticuliers, très in�uencés par les embruns salés, lesvents, et une relative sécheresse. Selon les roches, lerelief (sous l’eau et au-dessus), les courants, le littoralprésente des variations, tant dans le paysage que d’unpoint de vue écologique. La côte peut être rocheuse,avec ou sans falaise, sableuse, avec des dunes plus oumoins développées, ou limoneuse, avec éventuellementdes marais côtiers. Les plantes ont su s’adapter auxmilieux salés ou in�uencés par le sel, car par e�etd’osmose, le sel a tendance à attirer toute l’eau avec

lui. Pour survivre, les végétaux ont développé plusieurs stratégies : concentrerle sel dans les cellules (salicorne), produire des sucres ou des protéines

LE L

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RAL

ET L

A M

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L’HOMME ET LE PAYSAGE: LES TOURS DU LITTORALEntre le XVIe et le XVIIIe siècle, les tours dites « génoises » (Girolata ci-dessus) furent érigées pour la surveillance du littoral contre les envahisseurs ou pour la perception des taxes douanières. Mais elles ont �nalement assez peuservi pour la défense, car généralement peu armées et composées d’une « garnison » réduite à quelques hommes.Quelques hauts faits d’arme sont cependant rapportés, concernant la tour de la Mortella contre la �otte anglaise de Nelson (1794) ou encore celle de Nonza contre les troupes françaises (1768). Les gardiens des tours pouvaientcommuniquer, et il est admis que toutes les tours de Corse étaient informées en seulement quelques heures si un ennemi arrivait ! La communication s’effectuait par les feux, ou peut-être un autre moyen plus subtil… Jusqu’à 120 tours ont parsemé le littoral corse au XVIIIe siècle, dont 67 sont encore visibles de nos jours. Sur les tours les plus isolées (Agnellu, Capu Rossu…) il n’est pas rare de voir un monticole bleu, un grand corbeauou un faucon pèlerin utiliser ce perchoir avec une vue imprenable.

Cela n’aura échappé à personne, la Corse est une île ! Elle présente donc logiquement unelongueur respectable de côte, de l’ordre de 1000 km, équivalent à celui du pourtour Méditer-ranéen des régions Provence et Languedoc-Roussillon.

LE LITTORAL ET LA MER

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Le phare et la pointe de la Revellata marquentle début de la baie de Calvi (2B).

La salicorne supportel’eau salée, c’est une des plantes pionnières des marais salés.

Criste-marineou fenouil de mersur la Giraglia (2B).

Page 12: La nature en Corse

les nuages ont tendance à stagner et dé-charger leur eau autour des sommets. C’estainsi que les précipitations sont nettementplus importantes près des sommets que prèsdu littoral. Le relief génère aussi des dépla-cements de masses d’air qui peuvent se tra-duire par des vents forts, et ce de façonrépétée. La végétation doit s’y adapter, cequi engendre des formes particulières et dunanisme.

La Corse est la plus montagneuse desîles de la Méditerranée occidentale. Elleconstitue également le massif le plus mé-ridional de la France métropolitaine. Uneautre particularité réside dans l’in�uencemarine que subissent les sommets, qui re-çoivent un air légèrement salé, et où lesvents peuvent être très violents. L’humiditéde la mer est transportée par les vents, laforêt et la montagne permettent la conden-sation de l’eau, qui est déchargée sous formede pluie ou de neige.

La montagne corse est divisée en deuxparties : à l’ouest de la ligne allant de l’em-bouchure de l’Ostriconi (commune de

qu’est-ce que la montagne ?

La montagne suscite autant l’admiration que la crainte. Admiration carle paysage devient grandiose avec les sommets, les rochers; l’horizon est

découpé dans toutes les directions. Crainte car dansbeaucoup de cultures, la montagne est la maison desdieux, la gravir peut amener la mort. La montagnerompt la monotonie de l’horizon, les crêtes, les pics, lessommets dessinent des courbes, des angles dans le ciel.Selon la latitude, l’altitude et l’exposition, le relief o�remille et un microclimats à la végétation. Le versant ex-posé au nord, l’ubac, est naturellement plus froid carle soleil chau�e peu souvent les rochers et les êtres vi-vants. L’adret, le versant exposé au sud, est plus chaud,mais aussi plus sec. Du fait du relief élevé, et des forêts,

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TAGN

E104

ESPÈCE: L’EUPROCTE DE CORSE / (EUPROCTUS MONTANUS)taille : entre 9 et 11 cm pour un adulteL’euprocte de Corse est un petit amphibien endémique à la Corse. Il est torrenticole, c’est-à-dire qu’il vit une partiede l’année dans les ruisseaux et torrents de montagne car il a besoin d’une eau bien oxygénée pour déposer ses œufs sous une pierre. La femelle préserve les œufs des prédateurs jusqu’à leur éclosion, ce qui est assez

exceptionnel chez les amphibiens. Ensuite les larves vivent quelques semaines dans l’eau,respirent à l’aide de branchies, puis sortent de l’eau après une métamorphose : l’adulte n’a ni branchies, ni poumons, l’échange d’oxygènese fait à travers la peau ­ne et l’intérieur de la bouche. Les jeunes euproctes vivent environtrois ans en milieu terrestre avant de revenir versl’eau pour se reproduire. L’euprocte est sensible à la pollution, et disparaît en général des coursd’eau en aval des villages. Il est aussi absent des grands cours d’eau car la truite en est un prédateur redoutable. Il privilégie plutôt

les petits ruisseaux, avec peu de végétation. Lorsqu’il est en phase terrestre (hors période de reproduction), il restedans les zones un peu humides, sort la nuit pour se nourrir de petits invertébrés trouvés sous une pierre, une souche, etc. Il n’existe que deux espèces du genre euproctus au monde : celui de Corse et celui de Sardaigne !Les deux espèces d’euproctes connues dans les Pyrénées sont désormais rattachées au genre calotriton.

Une montagne dans la mer, c’est ainsi que l’on dé�nit habituellement la Corse. Du niveau de lamer à 2706 m d’altitude en quelques dizaines de kilomètres, il est possible d’observer au réveil lelever de soleil sur l’horizon, et de randonner l’après-midi dans un paysage totalement minéral dehaute montagne. Depuis plusieurs sommets ou cols, la mer est visible à l’est et à l’ouest, nous o­rantà la conscience que nous sommes réellement sur une île, comme un navire en pleine Méditerranée !

LA MONTAGNE

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Vallée de la Restonica (2B).

L’immortelle d’Italie est présente du bord de mer jusqu’en montagne,elle �eurit un mois plustard en altitude (juillet).

La Punta Muratellu, dans le massif du Monte d’Oru (2B).

Page 13: La nature en Corse

les nuages ont tendance à stagner et dé-charger leur eau autour des sommets. C’estainsi que les précipitations sont nettementplus importantes près des sommets que prèsdu littoral. Le relief génère aussi des dépla-cements de masses d’air qui peuvent se tra-duire par des vents forts, et ce de façonrépétée. La végétation doit s’y adapter, cequi engendre des formes particulières et dunanisme.

La Corse est la plus montagneuse desîles de la Méditerranée occidentale. Elleconstitue également le massif le plus mé-ridional de la France métropolitaine. Uneautre particularité réside dans l’in�uencemarine que subissent les sommets, qui re-çoivent un air légèrement salé, et où lesvents peuvent être très violents. L’humiditéde la mer est transportée par les vents, laforêt et la montagne permettent la conden-sation de l’eau, qui est déchargée sous formede pluie ou de neige.

La montagne corse est divisée en deuxparties : à l’ouest de la ligne allant de l’em-bouchure de l’Ostriconi (commune de

qu’est-ce que la montagne ?

La montagne suscite autant l’admiration que la crainte. Admiration carle paysage devient grandiose avec les sommets, les rochers; l’horizon est

découpé dans toutes les directions. Crainte car dansbeaucoup de cultures, la montagne est la maison desdieux, la gravir peut amener la mort. La montagnerompt la monotonie de l’horizon, les crêtes, les pics, lessommets dessinent des courbes, des angles dans le ciel.Selon la latitude, l’altitude et l’exposition, le relief o�remille et un microclimats à la végétation. Le versant ex-posé au nord, l’ubac, est naturellement plus froid carle soleil chau�e peu souvent les rochers et les êtres vi-vants. L’adret, le versant exposé au sud, est plus chaud,mais aussi plus sec. Du fait du relief élevé, et des forêts,

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ESPÈCE: L’EUPROCTE DE CORSE / (EUPROCTUS MONTANUS)taille : entre 9 et 11 cm pour un adulteL’euprocte de Corse est un petit amphibien endémique à la Corse. Il est torrenticole, c’est-à-dire qu’il vit une partiede l’année dans les ruisseaux et torrents de montagne car il a besoin d’une eau bien oxygénée pour déposer ses œufs sous une pierre. La femelle préserve les œufs des prédateurs jusqu’à leur éclosion, ce qui est assez

exceptionnel chez les amphibiens. Ensuite les larves vivent quelques semaines dans l’eau,respirent à l’aide de branchies, puis sortent de l’eau après une métamorphose : l’adulte n’a ni branchies, ni poumons, l’échange d’oxygènese fait à travers la peau ­ne et l’intérieur de la bouche. Les jeunes euproctes vivent environtrois ans en milieu terrestre avant de revenir versl’eau pour se reproduire. L’euprocte est sensible à la pollution, et disparaît en général des coursd’eau en aval des villages. Il est aussi absent des grands cours d’eau car la truite en est un prédateur redoutable. Il privilégie plutôt

les petits ruisseaux, avec peu de végétation. Lorsqu’il est en phase terrestre (hors période de reproduction), il restedans les zones un peu humides, sort la nuit pour se nourrir de petits invertébrés trouvés sous une pierre, une souche, etc. Il n’existe que deux espèces du genre euproctus au monde : celui de Corse et celui de Sardaigne !Les deux espèces d’euproctes connues dans les Pyrénées sont désormais rattachées au genre calotriton.

Une montagne dans la mer, c’est ainsi que l’on dé�nit habituellement la Corse. Du niveau de lamer à 2706 m d’altitude en quelques dizaines de kilomètres, il est possible d’observer au réveil lelever de soleil sur l’horizon, et de randonner l’après-midi dans un paysage totalement minéral dehaute montagne. Depuis plusieurs sommets ou cols, la mer est visible à l’est et à l’ouest, nous o­rantà la conscience que nous sommes réellement sur une île, comme un navire en pleine Méditerranée !

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Vallée de la Restonica (2B).

L’immortelle d’Italie est présente du bord de mer jusqu’en montagne,elle �eurit un mois plustard en altitude (juillet).

La Punta Muratellu, dans le massif du Monte d’Oru (2B).

Page 14: La nature en Corse

Roché (Bernard) et Dommanget ( Jean-Louis), Grand (Daniel),Papazian (Michel), Atlas des odonates de Corse, DREAL/SEMA/SFO,2008.

Rota (Maria Pia) et Cancellieri ( Jean-André), Les forêts de laCorse, éd. Alain Piazzola, ONF/PNRC, Gênes, 2001.

Thibault ( Jean-Claude), Connaître les oiseaux de Corse, Albiana/PNRC, Ajaccio, 2006.

Weber (Pierre-Henri), Corsica Mare (cétacés de Corse), Albiana,Ajaccio, 2008.

à consulter

Araignées de Corse : norbert.verneau.free.fr/sommaire.html

Association cyrno-méditerranéenne d’orchidologie (ACMO) :asso.acmo.free.fr

Association geobiodiversita (biodiversité et géobiologie) : www.geobiodiversita.org

Centres permanents d’initiation à l’environnement (CPIE) :www.umarinu.com / cpieajaccio.jimdo.com / cpie-centrecorse.fr

Conservatoire d’espaces naturels de Corse : www.cen-corse.org

Conservatoire du littoral et des rivages lacustres : www.conservatoire-du-littoral.fr

Corse-Ornitho, blog d’observation d’oiseaux : www.corseornitho.canalblog.com

Corsica Mare, cétacés de Corse : www.corsicamare.com

Direction régionale de l’environnement (DREAL) :www.corse.developpement-durable.gouv.fr

Foyer du Nebbiu (bibliothèque et fonds nature) : fnebbiu.pagesperso-orange.fr

I Sbulecamare, association pour la préservation et d’éducation à l’environnement marin : www.isbulecamare.org

Office de l’environnement de Corse : www.oec.fr

Parc naturel régional de Corse : www.parc-corse.org

Revue Stantari (patrimoine naturel et culturel de Corse) :www.stantari.net

STARESO, station de recherche océanographique à Calvi :www.stareso.com

U levante, association militante pour la préservation du patrimoine naturel de la Corse : levante.fr

Photographies nature : muratello.free.fr /www.antoineleoncini.com / www.seguin-images.com

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BIBLIOGR

APHIE

Page 15: La nature en Corse

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Crédit photographique. Couverture, 60h : INKnoberry/Fotolia ; 4, 8, 12, 13, 15, 18h, 19b, 20h, 22b,24b, 25h, 26b, 28b, 30h, 31h, 32h, 36, 42h, 43h, 45h, 48h, 49m, 51h, 52, 53b, 61m, 61b, 62, 67, 68h,69, 71h, 71b, 72h, 74h, 74b ; 75m, 76h, 78, 83h, 91h, 100, 104b, 107b, 121b, 126, 130, 132b, 133b,142h, 143b, 144, 148h, 149h, 150b, 159h, 160h, 162, 167m, 170h, 170b, 171h, 174b, 181m, 181b,182h, 184 : Gilles Faggio et Cécile Jolin ; 7, 10, 26h, 46bd, 63h, 64, 84, 85b, 91b, 96m, 97b, 99h, 99b,105b, 120h, 133h, 134h, 134b, 137b, 139h, 153b, 171b, 183h : Gilles Faggio ; 9, 24h, 27h, 29b, 33h,50h, 51b, 54h, 61h, 118h, 119b, 136, 140h, 166b, 172, 174h : Philippe Évrard / Corse sauvage(http://corse-sauvage.com) ; 18b, 29m, 131m : Hans Hillewaert ; 19h : Daniel Jolivet ; 19m : Fabien Dany /www.fabiendany.com ; 21h, 166h : Amada44 ; 21b, 25b, 31b, 56, 66h, 112h, 150h, 155b : Pierre Bona ;22h : Robert Couse-Baker ; 23h : Olivier Bacquet ; 23b, 27b, 28h, 132h, 141h, 141b, 152h, 168 : DavidGautier / http://muratello.free.fr ; 26m : Jacinta Lluch Valero ; 28m : Floraison Rosemary ; 29h, 48b, 69, 94,98h, 120b, 158h, 158b : Cécile Jolin ; 30m : David Evans ; 30b : Peter G. Trimming ; 31m : Ettore Balocchi ;32b, 116h : Jean-Pol Grandmont ; 33m : A. Barra ; 33b, 177b, 182m : gailhampshire ; 34h : MichaelSveikutis ; 34 m : Sandra Opaluna ; 34b : Daniela Zaino/Fotolia ; 35h : jeandparis ; 35b : Tomás Royo ; 40h :Altagna ; 40b : Sandrine Rouja ; 41h : Friedrich Böhringer ; 41b, 53h : Alessia in Wonderlan… ; 42b : MichelRoland-Guill ; 43b, 86h, 92h, 93h, 105h : jeffwarder ; 44h : Velvet ; 44b : markjone ; 45m : Joel Berglund ;45b : Claudia Crispi ; 46bg : Andreas Eichler ; 47h, 47b, 49h : Nadine Budin ; 49b : Mr. Tonreg ; 50b : Ch.Chucholl ; 51m : Megan Hansen ; 53m : Sten Porse ; 55h : H. Zell ; 55b, 135b, 175b : Ferran Pestaña ; 60b :Emilian Robert Vicol ; 63b : Ahmet Karatac ; 65h : Dean Morley ; 65b : Àlex Milian ; 66b, 97h, 110h, 175h :Jean-Baptiste M.; 68b : Pedro L. Méndez ; 70h, 73h, 73b, 75h, 107h, 113h, 131b, 139b, 142b, 143h, 151,152b, 154b, 169m, 178, h : René Roger / http://muratello.free.fr ; 70b : Orchi ; 72m : Tom Hilton ; 72b :Xavier Béjar ; 75b : Harald Lange NaturBild/Fotolia ; 76b, 108m, 114b, 117b : Quentin Scouflaire ; 77h :it1315922 ; 77m : Mike Pennington ; 77b : Mircea Nita ; 82h : Jeffrey Bary ; 82b : FortBienVert ; 83b :seaurouannie ; 85h, 138h : nnike ; 86b, 121h : Éric. ; 87h : Gaspar Torriero ; 87b : Michael Wolf ; 88h, 88b,89b, 90h : Sandrine Ruitton ; 88m, 89h, 90b, 95h : Arnaud Abadie / http://arnaud-abadie-underwater-photography.over-blog.com/ ; 90m : Dr. Wayne Trivelpiece ; 92m, 131h : etrusko25 ; 92b : Magnus Hagdorn ;93b : Maryvonne Charrier ; 95b : chripell ; 96h : Koshy Koshy ; 96b : Bj.schoenmakers ; 98m : aviplot ; 98b :antlewis ; 104h : morodelbivio ; 106h, 114h, 155h : Svoboda Zdenek ; 106b, 109b : V. Gomis ; 108h, 122,167b : Jean-Baptiste Bellet ; 108b : Giuseppe Congiu ; 109h : Christophe Brégeaux ; 110b : Christine Paul ;111h : Paval Barnat ; 111m : Meneerke Bloem ; 111b : Ron Knight ; 112m : Kulac ; 112b : Dick Daniels /http://carolinabirds.org/ ; 113b : Doris Blumen ; 115h : Paucabot ; 115b : Free Photo Fun ; 116m : RaunoKalda ; 116b : Stefan Berndtsson ; 117h : Guido De Dominicis ; 118b : Laurence Livermore ; 119h : Dzordz ;127, 128h, 180h : Office de Tourisme de l’Oriente ; 128b : Jean Ramière ; 129 : massalim ; 135h : Myrabella ;137h : Laurenç Marsol ; 138b : Laurent Lebois ; 140b : Philmarin ; 148b : Frank Vassen ; 149b : StephanKrings ; 153h : Andrea Lupo ; 154h : Phil Sellens ; 154m : Carmona Rodriguez ; 156h : Les Domaines de laTaste ; 156b : Le.Loup.Gris ; 157h : Tigerente ; 157b : M. Royon ; 159b : Jean' ; 160b : Kilessan ; 161h : MarcoColombo / www.calosoma.it ; 161b : lmg ; 167h : Beboy/Fotolia ; 168-169 : docent ; 169b : EvgeniyYakhontov ; 173h : jessicajil ; 173b : Steve Jurvetson ; 176h : Keith Ruffles ; 176b : Captain Mish ; 177h :Pinpin ; 178b : Spencer Wright ; 179 : Sdann ; 180b : Dave Hamster ; 181h : kuh-elsa ; 182b : Siga ; 183b :Franco Folini ; 189 : http://d-maps.com/

L’éditeur tient à remercier tous ceux qui ont œuvré pour que ce livre voie le jour, tout particulièrement M. René Roger et M. Philippe Evrard.

Page 16: La nature en Corse

dessins de Pierrette Blaise

la Nature en Corse

GILLES FAGGIO & CÉCILE JOLIN

Du Cap Corse aux bouches de Bonifacio, de l’étang de Biguglia ausommet du Monte Cardu, la Corse offre une exceptionnellediversité de paysages et de milieux. Haute montagne, plaines etpiémonts, forêts et maquis, pozzines et cours d’eau, littoral et maraisd’eaux saumâtres, sans oublier les espaces villageois et urbains, sontautant d’habitats pour une faune et une flore où coexistent espècesdites communes et espèces rares ou endémiques.

Gilles Faggio et Cécile Jolin nous convient à la découverte decette précieuse biodiversité et nous font partager leurs connaissanceset leur passion. Leur livre est une invitation à arpenter les cheminsde Corse et à découvrir, observer et admirer une nature accessible àtous. Sitelle de Corse, panicaut de mer, mouflon de Corse, pinlaricio, posidonie, anax empereur, grande noctule, ciste de Montpellier,lézard tyrrhénien, goéland d’Audouin, discoglosse corse, chêne-liège… sont quelques-unes des nombreuses espèces d’oiseaux,d’insectes, de poissons, de mammifères, de batraciens, d’arbres, deplantes et autres, rencontrées dans cet ouvrage. Près de 300photographies et dessins illustrent le propos, complété par unglossaire et une carte.

Cécile Jolin est naturaliste, spécialisée en ornithologie, herpétologie et batrachologie.Que ce soit en Normandie, en Bretagne ou en Corse, elle a participé à plusieurs étudesscientifiques concernant les oiseaux.

Gilles Faggio est chargé de mission au Conservatoire d’espaces naturels de Corse.Ornithologue, il a participé à une centaine d’articles scientifiques, documents devulgarisation et rapports d’études.

ISBN 978-2-86266-688-4

9 782862 66688425 €

www.lo

ubatieres.fr