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    1/5La Gazette n 279 - Du 29 novembre 2012 au 2 janvier 2013

    2 enqute

    dcembre midi. Au Cabaret Ste, quinze per-sonnes ges isoles djeunent et profitent duspectacle avec quinze jeunes adultes : jeunestravailleurs, demandeurs demploi, tudiantsisols. lapproche de Nol, Grard Gimeno,

    le crateur de lantenne stoise des Petits Frresdes pauvres, entend en profiter pour lancer unprojet de collaboration socio-conomique entre

    jeunes et anciens.La Ville de Frontignan organise des ateliers oles retraits sinitient au graff ou aux SMS, his-toire dapaiser les tensions ados-vieux dans lesquartiers. Et cest dans les maisons de retraitede Poussan et de Mze, avec des lycens pro deGigean, que Magui, un cran tactile, a t testpour la premire fois. Simplissime, il permetaux rsidents dpendants de garder le contactavec leur famille.

    Pilier socialLa connexion entre les 15-25 ans et les 65-95ans se dveloppe sur le bassin de Thau. Gadget,lintergnration? en croire les principauxintresss et les spcialistes, la dmarche im-

    prime une subtile dynamique gagnant-gagnant,loin de limage caritative classique.Pour Jean-Jacques Faucet, coordinateur du CLICGronthau, la place sociale des plus de 60 ansest sous-estime. Notre souci est de dpasser lalibi

    de la visite ponctuelle des jeunes aux plus anciens,pour une vision o des acteurs de tous ges pro-duisent des projets communs. Daprs PhilippePitaud, directeur de lInstitut de grontologiesociale Marseille, lintergnration apparatcomme lun des piliers de lquilibre socital.Pour des ados ou des jeunes majeurs dscola-riss, enferms devant les crans, au chmage,

    voire dlinquants, rencontrer des anciens, engroupe, leur donne une chance de russir alorsquils voguent dchec en chec. Ils donnent desrepres et revalorisent des ados en pleine construc-tion de leur identit, apprcie liane Bouyssire-Catusse, ducatrice spcialiste des ados diffi-ciles. Cet ex-directrice de la Protection judiciairede la jeunesse Toulouse la observ: Les ga-mins difficiles ont rarement le support dun ancien.

    Et ceux qui sen sortent, cest souvent grce lafigure dun grand-pre, qui leur permet de sins-

    crire dans une histoire et de se projeter dans lave-nir. Quitte adopter la mme passion que lui,comme la pche.

    Moteur demploi

    En face de lui, le retrait y trouve aussi soncompte. Il peut rester actif, utile et dans lecoup en tutorant un jeune dans ses tudes ousa branche professionnelle, en lui faisant b-nficier de son exprience et de son carnetdadresses. Et en ces temps de crise, leParlement europen ne sy est pas tromp, endclarant 2012 lanne de la solidarit inter-gnrationnelle.Si des initiatives existent avec des ex-cadres,chefs dentreprise dans lassociation Ecti oudes artisans avec LOutil en main, elles ne sontpas encore dveloppes dans le bassin de Thau.Une lacune que le jeune retrait stois GrardGimeno compte bien combler, en lanant unprojet de collectif local dintergnration: Avecle papy-boom, la crise de lemploi et la fracturetechnologique, cest le challenge principal. Lesretraits ont encore une valeur!, insiste Grard

    Sur le bassin de Thau, les ados et les personnes ges se mettent changerautour de projets communs. Une dmarche vraiment efficace face aux enjeuxde socit ou une simple tarte la crme pour se donner bonne conscience ?Enqute sur lintergnration.

    22

    Ados et seniors:le nouveau duo gagnant

    Une rencontre originale: Frontignan, une ado explique une retraite comment graffer un panneau, au sein dun atelier intergnrationnel. Les seniors sont amens changer de regardsur cette forme dart, mieux comprendre les jeunes. Et, en retour, les ados mis en situation de prof se sentent valoriss. Quand, en ville, les tags font hurler les anciens, lintergnration

    peut apaiser les tensions.

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    SERGE GURIN,SOCIOLOGUE, SPCIALISTE DU VIEILLISSEMENT, DIRECTEUR DE LA CHAIRE MANAGEMENT

    DES SENIORS LCOLE SUPRIEURE DE GESTION (ESG) PARIS ET AUTEUR DE

    LA NOUVELLE SOCIT DES SENIORS.

    Lintergnrationnest pas une simple mode

    La Gazette n 279 - Du 29 novembre 2012 au 2 janvier 2013

    ralis par Raquel Hadida /photos Ville de Frontignan - Sbastien Ortolat/

    13 RENCONTRES

    REPRESRseau CLIC Gronthau:Centre dinformation et decoordination grontologiquesur le bassin de Thau.0467516660,www.clic-geronthau.com

    Activitsintergnrationnelles:Collectif intergnrationneldu bassin de Thau (en projet),0628700932.-Jeux, goters, sorties, ftes, avecles centres sociaux et lesmaisons de seniors.-Pendant la Semaine bleue enoctobre, semaine nationale desretraits et des personnesges. www.semaine-bleue.org-Prix Chronos de littrature:vote ouvert tous pour un livretraitant des parcours de vie, desrelations entre gnrations.0155746708,www.prix-chronos.org-LOutil en main: transmissionde savoir-faire artisanal,0325737483,www.loutilenmain.asso.fr-Ecti-Hrault: ex-cadres et chefsdentreprise bnvoles,0467726176, www.ecti.org-Lire et faire lire: partage dugot de la lecture avec lesenfants, 0143589650,www.lireetfairelire.org

    Enqutes seniors et sant

    - plus de 75 ans, une femmesur cinq vit en couple, contredeux hommes sur trois.-Cest de 79 83 ans que lespersonnes basculent vers uneforte solitude.-Seuls 6 % des plus de 60 anssont en perte dautonomie.-Lge quon se donne (gesubjectif) est lindicateur le plusfiable de son tat de forme.- 50 ans, un Franais a 19 ansdesprance de vie sansincapacit (10e rang europen).

    Aller plus loin:-La Nouvelle Socit des seniors,de Serge Gurin (d. Michalon,2011).-Adolescents difficiles: penser etconstruire des partenariats,ouvrage collectif sous ladirection dliane Bouyssire-Catusse. (d. res, 2012).-Enqute Isolement et vierelationnelle des personnesges du collectif associatifCombattre lisolement (2006).-LIntergnration en Europe.Recherche et dynamisation dela cohsion sociale, de PhilippePitaud et Richard Vercauteren(d. res, 1995).-CongrEpsylon, le 5 avril 2013 Montpellier, organis par lelaboratoire Epsylon, spcialistede la prvention sant etinterdisciplinaire mdecine,psychologie, sciences du sport.www.lab-espylon.fr

    Gimeno. Pour Philippe Pitaud, lintergnrationlargit ses comptences bien au-del de la fa-mille: Dsormais, on ne transmet plus un savoirmoral, charg des valeurs culturelles et fami-liales, mais un savoir professionnel, un savoirsocial, un savoir scolaireRien que par leur prsence, les seniors peuventapaiser langoisse de la mort qui travaille lesadolescents, pour liane Bouyssire-Catusse.Et, par leur diversit, prouver que la vieillessenest pas une maladie, celle quon peut chercher fuir avec des crmes anti-ge.

    Prvention santPar leur tat de forme, ils prodiguent eux-mmesdes messages de sant. Comme les enfants fr-quentent peu leurs grands-parents, on assiste une coupure de transmission, constate GrgoryNinot. Directeur du laboratoire Epsylon deMontpellier, spcialiste de la prvention sant,il a men un programme, Lcole des sages,en formant des seniors tmoigner de leur par-cours de vie en coles primaires. Chaque retraitintervient alors sur lobsit, la gestion du stress,les addictions ou les dangers de la route. Lescampagnes mdiatiques type Mangez, bougezsont entendues, mais pas mises en pratique. Lesadolescents se sentent peu concerns. Au lieu dunya qu, faut quon, qui sanctionne ou stig-matise, les seniors apportent la force de leur ex-

    prience de vie.Dans la maison de retraite Lcrin des sages Mze, des rsidentes racontent leurs recettestraditionnelles huit ados stois difficiles. Et, leur tour, les ados se les approprient pour di-ter un livre de recettes et organiser deux repas la maison de retraite. Les plats ont beau treriches, ils sont toujours quilibrs, avec des l-

    gumes. Et leurs qualits nutritionnelles, le tauxde sel par exemple, sont toujours meilleures quecelles des plats prpars et des snacks, expliqueMathieu Pardell, responsable de la promotionsant pour lHrault au sein de la Mutualitfranaise.Rsultats de ces changes non-moralisateurs: court terme, les connaissances des enfantssamliorent. Des questionnaires scientifiquesmontrent que les seniors eux-mmes gagnenten bien-tre et deviennent acteurs de leur propresant (+ 20 points sur un score de 0 100). Et long terme? Pas facile, en France, de financerdes tudes et des actions de prvention interg-nrationnelles. Pourtant, elles cotent dix foismoins cher que de dvelopper une molcule pourun mdicament, et peuvent conomiser des d-

    penses de sant. Mais a change, cest lavenir.

    Anti-solitudeNanmoins, des tudes montrent que le lienavec les autres est le facteur principal de bonnesant, cest un cercle vertueux, assure le gron-tologue Serge Gurin. Ainsi, pour les plus an-ciens, les liens entre gnrations peuvent aussiaider lutter contre la solitude et favoriser lasant mentale et sociale, trop souvent ignore,

    juge Mathieu Pardell. Ils sont nombreux, lesgens du nord de la France, venir passer leurretraite au bord de ltang de Thau. Mais, 80ans, avec souvent un poux dcd et une familleloigne, ils se retrouvent seuls. Souvent la piredes punitions, un flau cach, tu dans les ap-partements ferms. En rendant visite desdames ges, Grard Gimeno confirme:Certaines nont pas mang table avecquelquun depuis dix ans ! a tombe bien, lerepas au Cabaret du 22 dcembre approche.Un coup de pouce festif pour les seniors isols,comme pour les jeunes en galre. Il suffit parfoisde quelques mots, et de regards changs.

    Frontignan, une adoexplique une retraitede 75 ans commentenvoyer des SMS, aprsun atelier Facebook( g.). droite, un enfantet un senior planchentensemble sur unepreuve du certificatdtudes revisit.

    Faut-il vraiment crer de lintergnration?Les liens entre jeunes et anciens ne se font-

    ils pas dj naturellement, dans la famille?Non, nous avons tous la tentation de resterentre nous! Au mieux, les gnrations sontcte cte, indiffrentes, au pire, danslopposition. Certes, on nassiste pas uneguerre des gnrations, mais il ny a jamaiseu, non plus, dge dor o toutes les g-nrations auraient communi. Avec la mo-

    bilit gographique lie au travail, et lcla-tement familial, les grands-parents seretrouvent souvent 800 km: les jeunesperdent ce lien, ce repre-l. Et avec lido-logie hyper-capitaliste, on est alls si loindans la logique de concurrence, y comprisentre les personnes, quon arrive un pointlimite. Alors quon est en crise, que la fra-gilit augmente, la seule solution est de re-tisser des liens, et de se serrer les coudes!Les dcideurs, les lus locaux ralisent

    quil faut rflchir et soutenir des d-marches dintergnration.

    Mais lintergnration ressemble parfois une mode ou une opration de communi-cationDepuis des annes, on met des bbs dansles maisons de retraite. a, oui, cest latarte la crme de lintergnration. Unesimple juxtaposition qui donne bonneconscience. Pour une intergnration pro-fonde, il faut un projet collectif commun,un plaisir partager ou un objectif citoyen:la passion du cerf-volant, la cuisine, la luttecontre la pollution du port. Ou un lien desolidarit: amliorer lhabitat des vieux,aider les jeunes dans leur scolarit Lidenest pas dtre dans une vision misrabi-liste, de faire la place de, mais de faireavec. Le tout accompagn par des mdia-teurs comptents et rassurants. Et l, adevient ni superficiel, ni une simple mode.Et a permet aux personnes de se recons-truire.

    Et quest-ce qui peut rapprocher un senioret un jeune en galre?Ils sont tous deux exclus de notre socitde performance, car ils ne sont pas dansle moule, et on considre quils cotentcher. Les jeunes peu qualifis, pas au ni-

    veau pour suivre la socit, comme lesvieux, des charges inutiles. Alors, ils peu-vent crer une nouvelle solidarit. Au lieude se sentir comme un poids, qui ne sert rien, ils vont se dire: Je me lve car je

    vais me sentir utile. Et entre minorits,on est plus forts! Jeunes et vieux peuvent

    y trouver une faon dtre valoriss. Lesjeunes montrent quils sont capables defaire des choses, les vieux deviennent res-ponsables dune transmission, de la m-moire.

    Oui, mais ces liens sont une goutte deau!Dj,a peut crer un dclic professionnelchez les jeunes. Et surtout, laction collec-tive ponctuelle peut tre un levier pour fa-

    voriser les changes dans sa vie quoti-dienne, comme donner un coup de main sa voisine du 8e, qui va ensuite raconterdes histoires aux enfants. Ce sont des mil-liers dactions dattention bienveillantes,des milliers de gouttes de rose qui per-mettent la socit de tenir. Elles sont im-possibles mesurer, mais il ne faut pasles mpriser. Et ce nest ni mcanique, nireproductible: cest humain.

    Alors, politiquement, comment favorisercette intergnration?On peut imaginer un tarif intergnration-

    nel pour les sorties, par exemple un tarifpour deux selon lcart dge. Dans le lo-gement, il faut prvoir des amnagementsqui permettent des gens dges diffrentsdhabiter dans le mme primtre. Desaccs au rez-de-chausse quand les per-sonnes deviennent ges Si on y penseen amont, cest peu onreux, et la mixitsociale, cest aussi une mixit dges. Deslogements ou foyers pour jeunes peuventaussi prsenter des prix attractifs contrelengagement passer X heures avec despersonnes ges. Un fond dinitiatives in-tergnrationnelles, de type mutuelle,pourrait aussi agir comme levier pour fi-nancer des actions dintergnration.

    Les liens entre jeunes et seniors peuvent crer desdclics stimulants. Ides pour les dynamiser.

    Intergnration mode demploi Page12 et 13:- Ados et seniors: le nouveau duo gagnant- Lintergnration nest pas une simple mode Page14 et 15:- Mmoires gourmandes. Des collgiens de Stesinitient la cuisine avec des pensionnaires dela maison de retraite de Mze. Page 16- Regards entre deux gnrations. Frontignan

    des seniors se prtent une sance photoorganise par la Mli pour des jeunes.

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    Cuisine et

    bienveillanceHuit ados stois en difficult scolaire se plongent dans lunivers dela maison de retraite de Mze. Auprs des seniors, ils rcoltentrecettes quilibres et compliments. Un projet culinaireremotivant, 15 ans comme 85 ans.

    Capuches, piercings et baskets.Sous les blouses et les coiffes derigueur pointent huit collgiensstois, qui prparent un repas encommun avec les rsidents de lamaison de retraite de Mze, pourtrente personnes. Le 29 novem-bre, une douzaine de mamies

    viendront leur tour au collgeJean-Moulin pour voir le rsul-tat de leur projet commun: la sor-tie dun livre de quinze recettes,Les Mmoires gourmandes delcrin des sages.

    Nutrition

    Recueillies en trois sances, lautomne, auprs des dames de85-95 ans, ces recettes simples ettraditionnelles deviennent unalibi pour entamer un dialogueentre gnrations. Mais pas seu-lement: dans ce projet pilote, lin-tergnration sert la prventionsant. Lors de deux ateliers culi-naires (en photos), les ados ra-lisent des repas avec les seniors.

    Ni ultra-gastronomiques, ni di-ttiques, mais complets et qui-librs. ufs mimosas, auber-gines farcies et tarte aux pommes.Puis salade grecque, tourte lod-voise aux escoubilles (restes),

    La main la ptea fait plaisir de se rappeler comment on faisait la cuisine ! 90 ans passs, Mme

    Rgis (en rose), comme Marie-Germaine Gallard, se rgalent piquer la pte,disposer les pommes avec les jeunes, les embrasser. leur demande, elles leurconfient des recettes anciennes: le civet de lapin et le gteau sec des Deux-Svres.Loccasion de crer des conversations, et de partager son identit.

    Immersionen maison de retraite

    deux reprises, les huitcollgiens stois viennentprparer un repas pour trentepersonnes la maison deretraite de Mze. Avec desrsidentes volontaires, comme

    Mme Dard (avec les lunettes),et partir de leurs recettes.Diviss en trois groupes, ils

    grent lorganisation de A Z,dans la cuisine annexe duquartier protg Alzheimer.L, ils se confrontent lavieillesse, sans moqueries nirflexions.

    La Gazette n 279 - Du 29 novembre 2012 au 2 janvier 2013

    enqute4

    avec viande, olives, oignons etcarottes, et flan aux ufs. Mieuxque des leons peu savouresvenues dadultes censeurs,lexemple et la sagesse des plusgs font office de pdagogie.Pour Mathieu Pardell, respon-sable de la promotion de la sant

    pour la Mutualit franaise (grou-pement de mutuelles) dans lH-rault, lintrt est clair: 70% desdpenses de sant concernent lesmaladies chroniques, comme lediabte, lhypertension, lobsit.Nous esprons aussi les prveniren finanant ces programmes lis la nutrition.Et, en passant, sti-muler la mmoire et le bien-tredes personnes ges de leurEHPAD (tablissement dhber-gement pour personnes gesdpendantes), du moins courtterme.Le collge Jean-Moulin, bas auBarrou Ste, lui, table sur cesprojets pour motiver des lvesdifficiles, susceptibles de dcro-

    cher tout moment. Les huitjeunes de 15-16 ans font en effetpartie dune classe de Segpa, unesection denseignement gnralet professionnel adapt. L o leslves cumulent de lourdes diffi-

    cults, scolaires et sociales: 71 %sont boursiers, contre 25% enmoyenne nationale.Souvent, leursparents ne travaillent pas, se dso-cialisent. Ils sont les seuls se leverle matin, et ils ont du mal, expliqueSylvette Tranchet, leur professeurprincipal en bio-technologie.

    Estime de soi

    En organisant le chantier culi-naire, les ados font des maths.En tapant le livret de recettes, dufranais. Et pendant les ateliers,pas question daller voir lesvieux reculons: les jeunesprennent leur mission cur.Aucune absence, surprise. Les-time de soi grimpe en flche.Innovant, le projet devrait se rp-ter entre Ste et Mze, en yincluant si possible des per-sonnes ges qui vivent domi-cile, voire des jeunes mamans.La Mutualit franaise rflchitdj le reproduire Mende et Perpignan. Inspirs par cette

    exprience, les ados, eux, pen-sent dj leur futur mtier.

    Le livre de recettes sera bientt dis-ponible sur le site du collgewww.collegejeanmoulinsete.fr

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    Sur les railsrieux, Axel ( g.) et Hamza ( dte) se prparent servir les desserts. Les deux

    garons taient absents, trs en retard, rcalcitrants: ils suivent dsormais le projetulinaire avec assiduit, se montrent prvenants avec les seniors. On lesraccrochs, se ravit Sylvette, leur professeur. Je les redcouvre : maintenant, je

    peux compter sur eux.

    Des complimentspour carburantDans le hall lumineux de lamaison de retraite, endbarrassant la table,Halima rcolte les

    flicitations de MmeEscudero: cest bon !Axel,ceux de Mme Maupas: il altoffe dun cuisinier !.Pour des lves quitrimballent lchec scolairedepuis la tendre enfance,

    cette valorisation nest pasanodine. Pour les seniorsdpendants et fondus dansle groupe, non plus :comme a, on ne passepas inaperus.

    Textes Raquel Hadida /Photos Guillaume Bonnefont - Mutualit franaise /

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    Transmission en tte--tteHalima ( g.) fait rcouter lenregistrementde sa recette Anne-Marie Moles ( dte).

    Aprs deux premires rencontres sous formede tutorat un lve avec une personnege , cette sance permet de prciser letmoignage recueilli, en vue dditer un livrede recettes. Dans la foule, les seniorsracontent do ils viennent, leur ancien

    mtier, font travailler leur mmoire, puisattendent la prochaine rencontre. Avecimpatience.

    Repas quilibrsExceptionnel : Anne-

    Marie Moles, 88 ans,a quitt sa chambre

    pour prparer sarecette daubergines

    farcies avec lescollgiens (ici, Luc et

    Axel). Le platprincipal dun repasquilibr. De quoiloigner les ados deleurs habitudessnacks-pizza-McDo: a donneenvie de prparerdes repas avec desbons produits,apprcie Khadija.

    Cent fois mieux que les mathsJennifer, Manon et Malys ( g.) sactiventpour terminer toutes les tartes avec MmeGallard (en bleu). les voir si motives,difficile de croire que normalement, cesados de 3e ne font rien. Pour SylvetteTranchet, leur prof de bio-technologie, ilsprouvent quils ont des capacits, on enest fier!Malys est dsormais convaincuede vouloir travailler dans laide la

    personne, et Axel, de devenir cuisinier.

    Je prfre faire des boulettes toute lajourne que des maths. Cent fois !!,soutient Manon.

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    Motivantes. laide dun appareil photo professionnel, unHasseblad, Kvin fait la mise au point pour faire le portrait dePrimevre. Cet ingnieur du son de 26 ans ne trouve pas encore deboulot fixe dans son secteur, mais en rencontrant des seniors, onralise que, sils ont russi, on peut aussi y arriver. a donne envie

    de faire de vrais choix, et davancer sans peur du lendemain.

    Surtout quaujourdhui, les technologies rendent les possibilits

    de contacts et de projets plus simples quil y a 30 ou 40 ans.

    enquteralis par Raquel Hadida /

    Photos Vladimir Vasilev /

    RENCONTRE

    Regards

    entre deux gnrations Frontignan, sept seniors se prtent une sance photo en studio. Derrire lobjectif : quatrejeunes de la Mission locale de linsertion (MLI), coachs par les photographes Gilles Favier, delassociation Ctavoir*, et Vladimir Vasilev, laurat de SFR-Jeunes talents. Loccasion de porter unregard diffrent sur lautre gnration.

    CQui ne la jamais entendu? Lesvieux, qui ont vcu la

    prhistoire, sont compltementdpasss et rigides, ne savent que seplaindre, voire nont plus leur tte etsentent mauvais. Et les jeunesdaujourdhui sont mal duqus, ontperdu les vraies valeurs, ne sont pluscapables de travailler (moi, leurge), voire sont dangereux. Pourdpasser ces clichs, rien de tel que larencontre autour dun projet commun.Mais ce sont souvent des bnvolesassociatifs, des jeunes motivs pour unprojet donc les plus actifs, dj lesplus ouverts qui participent aux actionsproposes*. Alors quel intrt? a

    casse la barrire, on ralise que, jeuneou vieux, on est des individus, pareils!,senthousiasme Kvin, 26 ans. Oncompte sur leffet boule de neige, assureOlivier Laurent, lu aux affaires sociales

    Frontignan, chacun vhicule ensuiteune autre image de la gnrationoppose.

    Cohsion sociale

    Certes, mais une rencontre fugace,quelques mots changs, ne crequune relation ponctuelle. Simplebonne conscience ? Dj, sils se disentbonjour quand ils se croisent dans larue, on a gagn quelque chose. Quandles gens se connaissent, il y a moins desentiment dinscurit, moinsdincivilits, plus de respect mutuel,poursuit Olivier Laurent. En amliorantle vivre ensemble, on vite les tensionsdans les quartiers.

    * Laction prsente ici sintgre dansun Contrat urbain de cohsion sociale(CUCS), un programme de politique dela Ville.

    Des rides en plus.Amlie( dte) fait les derniers rglages

    pour raliser le portrait deJosyane ( g.), de faon reproduire la pose dune photoancienne quelle a apporte.Selon Amlie, 23 ans, pour faireun portrait, il faut russir

    mettre en confiance la personne,

    pour quelle ne soit pas crispe,

    discuter pour vacuer le petit

    malaise. Sur la photo, le

    caractre de la personne ressort

    plus que son ge. Il y a des rides

    en plus, cest tout!

    Au-del des clichs

    Ouvertes.Marie-Claire attend patiemment sous les lumires du studio devant lesgraffs de latelier prcdent (voir p. suivante), dans la maison des seniors Vincent-Ginier.Pendant ce temps, Irina, 19 ans, grimpe sur une chaise pour manipuler lappareil photo.Je pensais les personnes ges plus molles, plus grognonnes, mais elles se montrent

    ouvertes et ont vraiment la pche! Elles se prtent au jeu, sintressent nous.

    Marie-Claire ma mme remercie, a ma tonne !

    Complices. Intrigues,deux modles seniorsdcouvrent le rsultatde photos au stnop,avec des botes de caf,

    prises par les jeunes.Leurs propres photos

    seront ensuite exposes,cte cte avec desportraits de jeunesse.Pour Josphine, 78 anset demi, lexpriencese rvle trsconviviale! Ils nous

    mettent laise, il y a

    beaucoup de

    complicit, ils nous

    montrent le rsultat de

    leur travail. Ils mont

    demand o je me

    faisais coiffer Jaime

    beaucoup tre avec les

    jeunes, ils sont plus

    ouverts que nous!

    * Lassociation Ctavoirorganise notammentle festival photo

    ImageSingulires,en mai.