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Echos #5 - Nota Bene Lili Reynaud Dewar La Compagnie Labkine Dossier d'accompagnement à la visite exposition du 30 janvier au 13 mars 2016 Centre d'Art le LAIT, Moulins Albigeois, 41 rue Porta, 81000 Albi ouvert du mercredi au vendredi de 13h à 18h et sur rendez-vous. En collaboration avec l'ADDA du Tarn, en partenariat avec le FRAC des Pays de la Loire

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  • Echos #5 - Nota BeneLili Reynaud Dewar

    La Compagnie Labkine

    Dossier d'accompagnement à la visite

    exposition du 30 janvier au 13 mars 2016 Centre d'Art le LAIT, Moulins Albigeois, 41 rue Porta, 81000 Albi ouvert du mercredi au vendredi de 13h à 18h et sur rendez-vous.

    En collaboration avec l'ADDA du Tarn, en partenariat avec le FRAC des Pays de la Loire

  • Echos #5 - Nota BeneCette exposition, fruit de la collaboration entre le Centre d'art le LAIT et l'ADDA du Tarn, rassemble des propositions de Lili Reynaud Dewar et de la Compagnie Labkine.

    REACTIVER et TRANSMETTRE sont les deux facettes de cette expositions qui réunit des propositions différentes, mais complémentaires.

    Lili Reynaud Dewar

    Lili Reynaud Dewar, née en 1975 à La Rochelle, vit ettravaille à Grenoble. Diplomée de l'Ecole des Beaux-Arts deNantes et de la Glasgow School of Art, ses sculptures,performances, vidéos ou textes "racontent des histoiresvraies", selon ses dires, "collusions" entre autobiographie etfigures historiques. Elle a énormément pratiqué la danse étant jeune, travaille régulièrement avec des designers, des musiciens, des écrivains, en croisant les disciplines et en associant librement formes et références. Elle questionne les identités culturelles, artistiques, sociales, de genre (masculin féminin),et s'inscrit dans une dynamique de résistance aux pouvoirs de domination, ici, à travaers les liens qu'elle tisse entre danse et arts plastiques, la liberté donnée à son corps; et le dialogue entre le noir et le blanc.

    "What a pity, you're an architect, Monsieur. You'd make a sensational partner (After Josephine Baker)", vidéo issue de l'ensemble Some Objects Blackened and A Body Too, muette, 4'09'', 2011, collection du FRAC des Pays de la Loire.

    Le titre fait référence à une phrase qu'aurait dite Joséphine Baker à Le Corbusier avec qui elle aurait eu, sur un paquebot dans les années 1920, une petite «love affair», une petite histoire. L'anecdote, qui est racontée dans divers ouvrages, veut que Le Corbusier, pour laséduire, lors d'une fête comme il y en avait beaucoup dans les années 1920, se soit peint le corps en noir et se soit vêtu de plusieurs accessoires, plumes, etc, de façon à imiter Joséphine Baker.

    Joséphine Baker avait aussiapproché Adolf Loos qui lui adessiné une villa conçue autourd'une piscine, en 1928Celle-ci exaltait le corps deJoséphine Bakerdans une piscinevisible de tous, mais n'a jamaisété construite.

  • Cette vidéo fait partie d'une série où l'artiste danse, dans divers lieux d'exposition et;ateliers qui deviennent momentanément son appartement ("I don't know what aconceptual Artist Look Like", 2012 ou "I'm intact and I don't care", 2013 dans des ateliersplus ou moins grands, plus ou moins vitrés...).Réalisée sans musique au moment du tournage, et projetée sans aucun son, cette vidéoprésente la danseuse évoluant dans un décor en noir et blanc. Le cadrage et le montagela présentent comme un objet parmi les objets...Interprétant la gestuelle suggestive de Joséphine Baker, l’artiste se filme entièrementnue et maquillée de noir, claudiquant dans son atelier entre des œuvres de l’expositionprésentée au Magasin, Centre d'art de Grenoble. Elle reprend des motifs chorégraphiquesde Joséphine Baker, (au contraire du Blackface, parodie des danses et chants noirsaméricains par les blancs américains), dans le respect, l'identification et le désir deressembler à cette figure de Baker".

    "J'essaie de décomposer ce que Baker a apporté à la danse, au corps féminin, aurapport au corps féminin", dit-elle, "ma danse vient d'une imitation que je veuxextrêmement respectueuse. Mon imitation ne pourra être fidèle, je ne suis pasJoséphine Baker, je ne vis pas dans la même époque, le même contexte..."

    Extrait de la série "I am intact and I don't care", Fondation Ricard, 2013

    Après une enfance où elle a fait l'expérience de la pauvreté et de la discriminationcontre les noirs, Josephine Baker a combattu les stéréotypes racistes de l’époque. Elle avécu à ses riques et périls l'existence d'une femme libre, artiste et noire de surcroît.Lili Reynaud-Dewar crée une installation où elle transpose ces codes et stratégies detravestissement à des objets blancs, qu’elle noircit, dans un geste à la fois burlesque etcritique.Le mouvement vif, énergique, sorti de son contexte devient un motif répétitif, presqueabstrait, un leitmotiv entêtant. Dans la répétition, le geste se dégrade, confusément, ets'éloigne du mouvement initial. Le geste devient le sien, à la limite de l'automatisme.Entre public et privé, la performance à laquelle elle se prête touche du doigt lacondition de l'artiste qui dévoile son corps nu dans son espace de création. Ellequestionne aussi d'une certaine manière ce qu'est l'exposition, et l'institution, cet endroitoù l'artiste s'expose, exploite son intimité pour construire l'oeuvre donnée au regard dupublic..

  • La Compagnie Labkine et la Labanotation

    La Compagnie a été créée en 1998. Noëlle Simonet, sa fondatrice, enseigne, danse, crée des pièces et monte des projets qui favorisent la diffusion des pièces modernes et contemporaines.La Compagnie a aussi pour objectif de mettre en oeuvre des actions et des outils qui permettent de transmettre aux danseurs, aux créateurs, aux élèves et aux amateurs de danse la richesse et la variété du mouvement contenues dans le répertoire, et Noëlle Simonet, spécialiste de la cinétographie Laban, a publié deux ouvrages dédiés à la notation Laban : La partition Chorégraphique, outil de transmission, outil d'exploration.#01 Le croquis de parcours, #02 Transferts et tours.

    La Labanotation (ou cinétographie Laban), est une manière de noter le mouvement,

    En 1928, Rudolf Laban, a établi une notation qui permet décrire une partition de chaque chorégraphie.C'est le premier travail théorique et pédagogique sur la danse.Cette notation peut ainsi décrire librement tous lesmouvements possibles.

    Les signes sont placés le long d'une portée verticale qui selit de bas en haut.

    Les mouvements des pieds sont représentés tout prèsde la ligne centrale, ceux des autres parties du corps deplus en plus loin de la ligne centrale.

    Ainsi, de par sa forme, son remplissage, et sa position surla portée, un signe décrit la partie du corps concernéepar le mouvement, sa direction, sa hauteur, et sa durée.Les distances, les relations avec des partenaires ou avecdes objets, le centre de gravité, la dynamique, les tours,sauts, trajets et déplacements au sol sont indiqués pardes signes spécifiques.

  • La Compagnie Labkine et le projet Has Been

    La compagnie Labkine a aussi pour objectif de mettre en oeuvres des actions et des outils qui permettent de transmettre aux danseurs, aux créateurs, aux élèves et aux amateurs de danse la richesse et la variété du mouvement contenues dans le répertoire.

    Dans le cadre du projet "HAS BEEN", Noëlle Simonet et Valéria Giuga, proposent, à l'extérieur de la Box, trois associations de partitions Laban avec des textes littéraires :- "L'après-midi d'un faune" de Kurt Jooss et de Mallarmé,- "The Cobra" de Ruth Saint Denis et "L'hibiscus n'est pas un animal" de Jean Michel Espitallier, - et "La mère" d'Isadora Duncan et et "Orta or one dancing", portrait d'Isadora Duncan par Gertrude Stein.Toutes trois sont des pièces peu connues ou dites "mineures", dont il ne subsiste que la partition. Leur réactivation se fait également par des liens avec la littérature et la poésie.Ces écrits, par leur nature textuelle ou rythmique, génèrent du mouvement.Au même titre que les symboles de Cinétographie Laban, les mots et les phrases vont devenir des supports à improviser et participeront à la re-création des danses.

    Has been, anglicisme signifiant littéralement « a été », est aussi un terme qui sert àqualifier quelqu’un ou quelque chose de désuet, obsolète, passé de mode, voire ringard...En s’appuyant sur cette double interprétation, Valeria Giuga interroge, en collaborationavec Noëlle Simonet et Jean-Michel Espitallier, auteur, la notion de répertoire en dansecontemporaine et le principe d’œuvre majeure dans l'histoire de la danse.

    Jean-Michel Espitallierd'après le site du Centre international de poésie Marseille

    La Compagnie Labkine l'a interpelé pour un travail de collaboration visant à réactiver lespièces chorégraphiques, en résonnance avec des textes contemporains.

    "Poète inclassable, Jean-Michel Espitallier (né en 1957)joue sur plusieurs claviers et selon des modes opératoires constamment renouvelés. Listes, détournements, boucles rythmiques, répétitif, proses désaxées, faux théorèmes, propositions logico-absurdes, sophismes tordent le cou à la notion si galvaudée de poésie en inventant des formes neuves pour continuer de faire jouer tout le bizarre de la langue et d’en éprouver les limites.Entre rire jaune, tension comique, syllogismes vides et dérision, la poésie de Jean-MichelEspitallier, proche en cela de l’art contemporain, use de la plus radicale fantaisie pourfaire voler en éclat et problématiser encore davantage, la notion de genre et defrontières esthétiques (donc éthiques…).

  • L'Après midi d'un faune:, de Stéphane Mallarmé et Kurt Joos,Au poème bucolique de Stéphane Mallarmé en 110 alexandrins,"L'après midi d'un faune" (1876), la Compagnie Labkine associe lapartition de la pièce du même titre chorégraphiée par KurtJooss en 1966 (et non celle de Nijinski en 1912). Une oeuvreconsidérée comme mineure que Kurt Jooss a créée en mars1966 pour Pina Bausch (son élève) et Jean Cébron, sur lamusique de Claude Debussy : alternance de dynamiquesextrêmes et modulations, réminiscences de l’œuvre deNijinski... Kurt Jooss, danseur, chorégraphe et pédagogue allemand,rencontra Laban à Stuttgart et fut influencé par sa nouvellemanière de considérer le corps et son énergie naturelle. Il estconnu pour sa pièce La table verte, inspirée des DansesMacabres, ballet avec lequel il remporte la médaille d'or duConcours international de la danse de Paris, en 1932.Pour ce projet, Noëlle Simonet a récolté archives ettémoignages pour compléter le travail de remontage decette œuvre dont il ne nous reste plus rien aujourd’hui àpart la partition notée en cinétographie Laban

    Illustration originale de l'Après Midi d'un Faune de Mallarmé par Edouard Manet.

    Kurt Joos, La table verte, théâtre des Champs élysée, Paris, 193

  • Photographie de Ruth Saint Denis

    "The Cobra" de Ruth Saint Denis et L'Hibiscus n'est pasun animal, de Jean Michel Espitallier.Ruth Saint Denis est considérée comme l’une des pionnièresde la danse moderne américaine. Elle conçoit une approchespirituelle de la danse, et développe une attirance pourl’Orient, se documente sur la civilisation égyptienne antiqueet recrée des danses indiennes. Sa chorégraphie n'est pas unereproduction exacte et authentique des danses de l'Orientmais exprime les thèmes qu'elle percevait de la cultureorientale conformément au regard exotique que l'Occidentposait à l'époque sur les cultures de l'ailleurs. Ruth Saint Denis interprète nombreux soli : The Incense,Nautch, Radha. Dans The Cobra la danseuse se transformeen charmeuse de serpents.La partition visible ici concerne le haut du corpsseulement, tout en ondulations.

    Cette pièce croise, dans le projet de la Compagnie labkine, celle de Jean Michel Espitallier, l'Hbiscus n'est pas un animal, issu de "Salle des Machines", Flammarion, 2015

  • Un extrait de la partition de "La Mère", chorégraphied'Isadora Duncan de 1921, est mis en parallèle d'un extraitdu texte de Gertrude Stein Orta or one dancing,portrait d'Isadora Duncan tiré de "A Stein reader" (1911).

    Isadora Duncan (1877-1927) est une danseuse américainequi apporta les premières bases de la danse contemporaine.Par une grande liberté d'expression, spontanéité et naturel,retour à l'hellenisme et culte du corps, elle a vouluredonner toute sa place à la beauté, à l'harmonie du corps,osant s'exhiber presque nue, dissimulée seulement parquelques voiles. Comme Ruth Saint Denis, son travailchorégraphique accorde une place particulière à laspiritualité.

    Le rapprochement des deux a donné une nouvellechorégraphie, réécrite en 2016 par Valeria Giuga et NoëlleSimonet, donnée le soir du vernissage de l'exposition, etretranscrite en partie à côté du texte.Les mots de Gertrude Sein, poétesse américaine, catalyseuren France du développement artistique parisien des années1900-1910, deviennent des motifs, miroirs des motifschorégraphiques piochés dans la partition de Duncan. Cetteliberté "d'emprunt" fait partie du projet Has Been quiréactive des moments dansés et les confrontent à destextes, des périodes historiques.

    Photographie d'Isadora Duncan

    www.centredartlelait.comcontact médiation Hélène Lapeyrère

    [email protected] / 06 27 40 10 86

    http://www.centredartlelait.com/mailto:[email protected]

  •    DOSSIER

    PEDAGOGIQUE

    « Echos #5 – Nota Bene » Lili Reynaud Dewar

    Exposition - Centre d’art Le Lait du 30 janvier au 13 mars 2016.

    SOMMAIRE

    Introduction page 1

    Lexique (en lien avec l’exposition) page 2

    Le corps et la mise en scène page 3 Le corps de l’artiste : objet de création page 4 Le corps et les actions rituelles page 5 Le corps en mouvement page 7

    La danse : art du mouvement page 9

    La danse : une écriture en mouvement page 11

    Propositions pédagogiques page 12 - Ecrire la danse - Faire danser des figures

    Le corps et l’espace (pistes pédagogiques) page 15

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    Et après, avec une classe ?

    Réflexions et pistes pédagogiques pour le collège et lycée autour de l'exposition « Echos #5 -Nota Bene » sur la danse de Lili Reynaud Dewar. Dans la video « What a pity you're an architect, Monsieur. You'd make a sensational partner ». Lili Reynaud Dewar mime la gestuelle de Joséphine Baker, chanteuse américaine noire et se filme entièrement nue, recouverte de peinture noire, en train de danser au milieu de différents objets, certains peints de noir, disposés au sol (reconstitution d'une maison : commande de la chanteuse à l'architecte Adolf Loos). L'artiste met en scène son propre corps pour rendre hommage à une figure historique et féministe des années 20 : Joséphine Baker, la meneuse de la « revue nègre » (parue en octobre 1925 à Paris). La vidéo est une

    trace de la performance de l'artiste qui interroge la question du corps dans les espaces publics et intimes, notamment par la danse.

    Le corps est une notion fondamentale dans le champ des arts plastiques au collège et lycée. Elle

    introduit des questions relatives à la représentation, la posture, la performance, au mouvement, à la présentation, l'exposition et à la mise en scène.

    Entrées du programme des arts plastiques au collège CYCLE 4 :

    La relation du corps à la production artistique (implication du corps dans une œuvre, les effets du geste et les effets visuels obtenus, le déploiement dans le temps et l'espace : traces, performances, théâtralisation, événements)

    L'expérience sensible de l'espace de l'oeuvre (le point de vue, l'inscription du corps dans la relation à l'œuvre et à l'espace)

    La narration visuelle Mouvements et temporalité suggéré, mouvement, rythme.

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    La vidéo de Lili Reynaud Dewar permet d'aborder avec les élèves : - la relation de l'oeuvre au corps. - Comment le corps de l'artiste peut-il faire partie intégrante de l'oeuvre ? - La relation de l'oeuvre à l'espace. - Comment le corps, matériau artistique, peut-il dialoguer avec les caractéristiques du lieu ? - La relation de l'oeuvre au mouvement. (danse et image animée) Ce dossier pédagogique présente des réflexions et des pistes pédagogiques sur les notions de corps et de mouvement en lien avec la vidéo de Lili Reynaud Dewar, les partitions Laban de la Cie Labkine et des œuvres artistiques dans l'histoire des arts et de la chorégraphie.

    LEXIQUE (en lien avec l'exposition) CORPS : Organisme vivant, mais aussi corps inanimé, le cadavre, ainsi que tout objet pris dans sa matérialité, toute substance matérielle. MOUVOIR : remuer, bouger et surtout « se déplacer »; MOUVEMENT: « faculté de se mouvoir », action, déplacement, mobilité, manière de bouger une partie du corps. TRAJECTOIRE : ligne du mouvement, parcours. MISE EN SCÈNE : Présentation arrangée et organisée de différents éléments dans un espace donné : personnages, objets, costumes, accessoires, décors, mouvements, lumières pour créer un nouvel espace. (relation au théâtre) PORTRAIT : représentation d'une personne. AUTOPORTRAIT : représentation de soi-même. CITATION : qui fait référence à un événement ou à une œuvre connue. PASTICHE : imitation, fausse copie, caricature. L'oeuvre originale est reconnaissable. ACTION : Dans l'art contemporain, l'action assimile l'artiste à un « acteur ». On parle plus couramment de performance ou de happening. . ACTION PAINTING * : Terme créé en 1952 par le critique d'art américain H. Rosenberg pour désigner la tendance dite jusque-là expressionnisme abstrait dans la peinture américaine. Il s'agit d'une peinture abstraite privilégiant l'automatisme : les couleurs sont jetées, déversées, projetées sur la toile, où elles provoquent des coulures et des tâches aléatoires, de sorte que le tableau devient un champ d'action où s'exprime un processus dynamique. Parmi les principaux représentants de l'action painting : J. Pollock, W. De Kooning, Franz Kline. ACTIONNISME * : Mouvement viennois précurseur de l'art corporel, apparu vers 1960. Les artistes tels que Günter Brus, Otto Muehl, Arnulf Rainer... ont mené une réflexion sur des thèmes freudiens par le biais des mises-en-scènes ritualisées. Leur travail, placé sous le signe de la violence érotique, recourait des substances physiologiques telles que le sang, le sperme, la chair.

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    ART CORPOREL *: Apparenté à l'art conceptuel et précurseur direct de la performance, l'art corporel (ou body art) prend le corps comme support de l'expression artistique. La plupart du temps les artistes exécutent en public une action dont un ensemble de photographies ou de bande vidéo conserve la trace. HAPPENING *: Forme d'action art proche du pop art qui se développe dans les années1960 et vise à l'effacement de la frontière entre l'art et la vie de tous les jours, l'artiste et son public, organisant de grandes actions le plus souvent en plein air, dont le déroulement est indiqué dans son ensemble par l'artiste mais laisse place aux interprétations. Le happening ne comporte pas de répétition et n'a lieu en règle générale qu'une fois. Il se fonde sur la vue et le toucher. L'intégration du public est censée amorcer une transformation de ses habitudes visuelles et conceptuelles. Le terme provient des 18 happenings in 6 Parts organisés par Allan Kapro en 1959 New York. INSTALLATION : Œuvre d'art hybride qui combine plusieurs éléments dans un espace donné (photographie, peinture, sculpture, projection, image numérique, son, lumières, vidéos) modifiant ainsi la perception de l'espace et l'expérience que le spectateur peut faire d'un espace. PERFORMANCE *: Le mot performance, directement emprunté à l'anglais (spectacle, représentation) sert aujourd'hui à désigner toutes les activités artistiques qui se déroulent devant un public et font intervenir la musique (art sonore), la danse, la poésie, le théâtre ou la vidéo, ou une quelconque combinaison de ces ingrédients. (* Petit lexique de l'art contemporain, Robert Atkins, Ed Artspeak)

    Le corps et la mise en scène

    Dans la vidéo de Lili Reynaud Dewar, l'artiste nue se maquille en noir au milieu des objets noircis pour danser comme Joséphine Baker, chanteuse afro-américaine, emblème des années folles. Grâce à la mise en scène, son corps devient lui même un objet du décor au même titre que les éléments qui l'entourent. Le titre de la vidéo fait référence à une phrase destinée à Le Corbusier. Lili Reynaud Dewar lie architecture, danse, sculpture et film avec des histoires personnelles de la chanteuse qui sont des références à la violence et à la séduction. S'inspirant d'une culture féministe, l'artiste engage son propre corps et interroge la notion d'identité culturelle. Elle incarne l’image de la femme émancipée capable de décider de son corps et de s’abandonner à la fête. La thématique « nègre » a inspiré les avant-gardes du début du siècle avant de se cristalliser dans la figure de Joséphine Baker et l’irruption du jazz sur les scènes parisiennes. La première danse « nègre » a été introduite à Paris par Gabriel Astruc au Nouveau Cirque, en 1903 : il s’agissait en fait du cake walk inspiré des shows américains où des Blancs se grimaient en Noirs pour chanter et danser comme les anciens esclaves. Dans la peinture, pour René Magritte, se représenter en train de peindre était une façon de faire partie du décor au même titre que les différents objets du tableau. Avec la photographie, les artistes auront recours à des situations de déguisement pour se représenter et se mettre en scène. Le corps devient alors un sujet de mise en scène avec les situations de déguisement et d'appropriation de la photographe Cindy Sherman (posture assise ou debout, accessoires).

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    Rembrandt, Autoportrait, René Magritte, La Clairvoyance, Huile sur toile, 1640. Huile sur toile, 1936.

    Le Caravage, Autoportrait en Bacchus, Cindy Sherman, Autoportrait en Bacchus, Huile sur toile, 1593. Photographie, 1990.

    Le corps de l'artiste : objet de création

    Avec les performances, le corps des artistes devient un matériau artistique. Il devient un évènement et les activités quotidiennes sont considérées alors comme de l'art. Le corps étant le matériau, l'oeuvre ne dure que le temps du geste de l'artiste, et ce sont, la photographie et la vidéo qui en gardent une trace visible.

    C'est ainsi que le corps de l'artiste a deux rôles. Il est sujet et objet de l'oeuvre. Les « actions » et « happenings » amènent le spectateur à jouer un rôle essentiel à la réalisation de l'œuvre. John Cage (1912- 1992) fut le premier à réaliser des événements où l'action en directe fait œuvre. Dans « Walter Walker » 1952, il mélange l'art et la vie. Il se met en scène dans une composition de musique expérimentale qui mélange gestuelle, objet du quotidien et les bruits qu'ils produisent. Il réalise sa prestation durant un show télévisé. Son élève, Allan Kaprow utilise le concept d'expérience de la perception pour présenter en 1959 « 18 happenings in 6 parts », première représentation publique à la galerie Reuben à New York. Durant le happening, le public découvre des projections de films et de diapositives, de la danse, de la musique, du texte parlé, une sculpture sur des roues, des gestes anodins et la production d'un tableau. L'expérience visuelle, auditive propose un véritable spectacle vivant où le corps est au centre du dispositif scénique. Avec le groupe Fluxus (groupe expérimental créé en 1962) Nam June Paik et Charlotte Moornan proposent en 1965 une performance « Human Cello » où les deux artistes se mettent en scène pour

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    évoquer le violoncelliste en train de jouer son instrument. L'un des deux adopte une posture pour mimer l'instrument, l'autre passe son archet sur son dos pour mimer la scène. Dans « Eye Blink » et «One »,Yoko Ono (autre artiste du Fluxus) réalise en 1965, des actions quotidiennes révélées par une prise de vue vidéo. Le cadrage est serré sur l'action qui devient le sujet même de l'oeuvre comme le clignement d'un œil ou une main qui gratte une allumette. John Cage, Walter Walker, performance, 1952 . Allan Kaprow, 18 happenings in 6 parts, performance,1959.

    Yves Klein, Saut dans le vide, 1960. Paik et Moorman, Human Cello,1965. Yoko Ono, Eye Blink,vidéo,1965.

    Le corps et les actions rituelles Dans les années 1960, l'art corporel rejoint l'Actionnisme : mouvement artistique radical au sein des arts du happening, circonscrit à l’époque à la capitale autrichienne. L'art était un moyen de transformer la société et les performances pouvaient attaquer les tabous. Considérées comme des épreuves personnelles par les artistes, ces mises en scène en public étaient souvent choquantes et la transgression pouvait concerner le sexe, la nourriture, l'intimité, la religion par des rituels. Ces « actions », souvent inspirées de rites religieux ou de cultes traditionnels, étaient théâtralisées.

    Il semble difficile d'aborder ces questions avec les élèves, néanmoins, nous pouvons les amener à questionner le corps peint, qui signe, le corps qui se signe, le corps qui fait signe pour interroger son corps et la société. Le corps peint peut matérialiser le passage d’un état à un autre, tel un rite initiatique.

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    Bruce Nauman, Self portrait as a fountain,1966

    Yayoi KUSAMA

    Femme-girafe, cou allongé par les colliers, Birmanie. Robert Doisneau, HommeTatoué, 1950

    Femmes pinceaux, performance d’Yves Klein, 1060 Yves Klein, Anthropométrie (empreintes des femmes pinceaux) 1958

    En 1958, dirigé par l’artiste Yves Klein, les modèles sont enduits de peinture puis posés nus sur une feuille pour laisser leurs empreintes monochromes. C’est une technique de pinceaux vivants où le corps devient le principal matériau artistique.

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    Le corps en mouvement

    Pour les artistes et de façon récurrente dans l'histoire, le corps humain a représenté un moyen de revenir à la nature. Avec l'oeuvre d'Auguste Rodin (1840-1917), le corps incarne un spectacle de muscles en

    mouvement. Ce qu'il appelait « le langage du nu », inspiré de la beauté de la vie. Le rôle de la danse devait révéler les multiples mutations de l'âme pour l'artiste. Il suit en 1906, la troupe des danseuses cambodgiennes dans leur tournée en France, laissant une série de dessins sur la complexité de leurs mouvements. Par delà les expériences du fauvisme et de l'abstraction du XXème siècle, la démarche d'Henri Matisse (1869-1954) rejoint celle de Rodin en utilisant la technique du papier découpé et collé pour créer du rythme et du mouvement à ses figures. Avec l'expressionnisme, la déformation des corps et des objets devient une expression plastique du mouvement. Auguste Rodin, Danseuse Cambodgienne, Henri Matisse, Nu bleu, Dessin, aquarelle, 1906. Papiers découpés, collés, 1952.

    Grâce à la chronophotographie (sorte de fusil à photos) qui permet de faire des arrêts sur image très rapprochés les uns des autres, le mouvement est décomposé. Dans « Le cheval au galop », 1872, Edward Muybridge juxtapose les images pour recomposer les différentes étapes du galop. En 1882, Etienne-Jules Marey prend successivement 12 photographies avec un seul appareil. La même plaque photosensible est exposée plusieurs fois, ce qui permet aux images d'être imprimées sur le même support. Les différentes étapes du mouvement sont superposées, créant une image unique, synthétique à partir de plusieurs images.

    Muybrige, Cheval au galop, chronophotographie, 1872

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT Document pédagogique – Janvier 2016]

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    Etienne-Jules Marey, Saut à la perche, chronophotographie, 1890

    Pour exalter la vitesse, la modernité et le machinisme, le futurisme (mouvement italien 1910-1916) recherche de nouvelles formes d'expression pour rendre compte du mouvement, comme Umberto Boccioni (1882-1916). Dans son œuvre « Dynamisme d'un corps humain », 1913, le mouvement est décomposé et recomposé à l'aide de tons vifs et de lignes pour créer un rythme et une intensité.

    Marcel Duchamp, Nu descendant l’escalier, Umberto Boccioni, Dynamisme d’un corps humain, Huile sur toile, 1912 Huile sur toile, 1912.

  • [Anna. Dos Santos, Professeur chargée de mission au centre d’art Le LAIT

    Document pédagogique – Janvier 2016]

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    La danse : art du mouvement (vidéographie sélective)

    Dans l'Antiquité, le corps est associé au sacré. Il sert d'intermédiaire entre les hommes et les dieux. Les chants et les danses s'assimilent à des transes. Le corps est libre de toute contrainte. C'est avec le pantomime à Rome que le corps va proposer un nouveau langage pour raconter des histoires. En danse, c'est la naissance de la danse classique avec les pas codifiés et le corps corseté. C'est au début du XXème siècle, avec le cinéma que le corps est redécouvert. Le geste se libère et le corps va se placer au centre du spectacle vivant. Depuis l’apparition du cinéma (1895), le corps en mouvement devient un domaine d'exploration esthétique. Les frères Lumières et la danseuse Loïe Fuller seront les pionniers dans cette démarche. Le cinéma, médium du regard, permet d’appréhender la danse d’un autre point de vue et de questionner l’articulation de ces deux arts du mouvement. Arts de l’espace et du mouvement, le cinéma et la danse permettent un focus sur certaines parties du corps, Ils rendent audible et visible le rythme et jouent des couleurs comme de l’imaginaire pour créer un monde « extraordinaire » en s’appropriant le quotidien. 1 - Loïe FULLER (1862-1928), danseuse américaine.

    http://youtu.be/YNZ4WCFJGPc Loïe Fuller, 1896, Danse serpentine, produite par Edison, premier film colorié de l'histoire du cinéma. Avec la « Danse serpentine », Loïe Fuller inaugure un nouveau genre de spectacle, un art du mouvement produisant des formes abstraites dans l'espace. Le corps de Loïe Fuller n’est sollicité que pour activer des effets lumineux, elle travai du cinéma. Loïe Fuller fut la première grande vedette internationale à utiliser l’éclairage électrique à des fins purement esthétiques.

    Son art consistait essentiellement à créer des jeux de lumière en mouvement en faisant danser de grandes voiles de soie autour d’elle. Les Symbolistes furent immédiatement conquis par cette nouvelle forme d’art qui se prêtait facilement aux métaphores naturelles : papillons, serpents, fleurs ou flammes. Fuller fut une pionnière de l’art technologique et de la transdisciplinarité (musique, couleurs, mouvement) et son intérêt pour la science la mena à intégrer à ses scénographies des techniques scientifiques : optique, chimie et électricité. Cet art hybride est demeuré inclassable, à la convergence des arts de la scène et des sciences physiques. Fuller s’impliquait activement dans tous les domaines que son art appelait : chorégraphie, éclairage, costume, accessoire, mise en scène. Elle inventa des costumes et dispositifs scénographiques afin de créer des effets lumineux inédits, notamment au moyen de jeux de miroirs et de

    planchers de verre. Son corps est au centre du spectacle vivant. 2 - Isadora DUNCAN et la danse libre (1878-1927)

    http://youtu.be/YNZ4WCFJGPc

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    3- Alwin NIKOLAIS (1910-1993) danseur, chorégraphe américain. Tensile Involvement 1955

    http://youtu.be/AfxsFTDWWnw Des rubans élastiques, manipulés par des danseurs aux gestes précis et rapides, structurent un nouvel espace. Ici les danseurs sont nettement visibles et explorent les effets du poids et de l’énergie. Ils proposent un prolongement de l’espace par le corps avec l’utilisation d’objets. Ces images psychédéliques jouent avec les effets d’optique, les formes et les couleurs. Les danseurs y sont apparentés à de véritables sculptures vivantes. Pour l’enseignement de la danse, il développe une pédagogie du mouvement où le centre devient flexible et localisable dans n'importe quel point du corps.

    L'improvisation et la composition font partie intégrante de la formation technique d'Alwin Nikolais.

    4- Merce Cunningham (1919-2009) danseur et chorégraphe américain Remettant en cause les codes de la modern dance, Merce Cunningham a été l’initiateur d’un mouvement qui a ouvert la voie aux chorégraphes dits « postmodernes ». Avec lui, une nouvelle esthétique est née, fondée sur l’idée que la danse et la musique doivent être indépendantes. En quête d'une nouvelle conception du mouvement, il élabore une méthode d'entrainement qui forge les corps, capables de répondre à toutes les projections possibles du mouvement dans l'espace. Dans les années 50, le danseur anime librement l'espace introduisant la notion d'aléatoire comme une performance de John Cage, Merce Cunningham, Danse des pingouins, 1993. http://youtu.be/ciOua-gzz4Q

    D’origine américaine, née à San Francisco en 1878, Isadora Duncan arrive à l’âge de 24 ans à Paris et explore la danse et son corps en dehors du modèle classique. Pour cela, elle troque le tutu, le collant et les pointes de la danseuse pour une tunique légère, qui dévoile les lignes de son corps et ses pieds nus. Elle se rapproche du modèle grec antique. Drappée dans des tuniques transparentes, elle fait scandale au début du siècle avec ses "mouvements libres" privilégiant l'improvisation.

    http://youtu.be/ciOua-gzz4Q

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    À partir des années 1990, un mouvement se développe, appelé la « non-danse. » Le corps n'est plus considéré comme un outil mais comme une « présence. » Les mouvements du corps ralentissent et les différents champs artistiques se mélangent (danse, vidéo, théâtre, cirque, arts plastiques) pour favoriser l'exploration du corps et la poésie des spectacles vivants.

    Un extrait du spectacle de danse du groupe Enra avec la chorégraphie « Pleiades », où les deux danseuses japonaises Saya Watatani et Maki Yokoyama vont danser de manière synchronisée avec des effets lumineux projetés au mur. Il s'agit d'un spectacle mis en scène par Nobuyuki Hanabusa. https://vimeo.com/82812827

    Les ressources INDISPENSABLES pour aller plus loin : Le tour du monde en 80 danses de Charles Picq, 2006, Maison de la danse, Lyon Un site : http://www.numeridanse.tv/fr Vidéothèque internationale de danse en ligne Maison de la danse de Lyon et Centre national de la danse sont associés à la réalisation de cet outil.

    La danse : une écriture du mouvement

    Danser, c'est inscrire son corps dans l'espace comme un trait sur une page. Dans le mot « chorégraphie » il y a le mot « graphie » qui signifie écriture, signe. Dessiner la danse, c'est inscrire le trait dans le prolongement du mouvement. La ligne a un rôle essentiel dans la représentation. Elle est le principe de toute écriture. Contour de la forme, limite entre un plein et un vide, elle s'inscrit dans un espace. Elle est aussi une direction, une trajectoire telle la trace du mouvement. Dans la représentation du mouvement par le dessin, le geste doit être rapide et la ligne a toute la liberté et le développement d'un mouvement naturel de la main. Les lignes sont répétées et finissent par créer un flou,

    une matière. On parle alors de graphisme.

    Action painting : Avec Jackson Pollock, le tableau devient un champ d'action où s'exprime un processus graphique dynamique sans accorder une préférence à une partie du tableau plutôt qu'une autre, à une orientation. Tâches, coulures, traces, lignes envahissent la totalité de l'espace au rythme des gestes et mouvements de l'artiste.

    https://vimeo.com/82812827

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    Trisha Brown n'est pas seulement chorégraphe, elle expérimente différentes voies plastiques, comme le dessin. C'est une performeuse et plasticienne qui utilise comme matériau principal son corps, en vue d'expériences spécifiques et graphiques sur des grands supports. Les sources textuelles du spectacle de la Compagnie Labkine (performance dansée lors du vernissage) et des partitions en cinétographie Laban seront également présentées au Centre d'art Le Lait durant l'exposition de Lili Reynaud Dewar. La danse se note, se lit, s'interprète. La danse, l'écriture et le graphisme sont alors réunis autour d'un axe commun : le MOUVEMENT.

    Programme de l’enseignement des arts plastiques, Classe de Seconde :

    La pratique du dessin : implication du corps dans l’écriture du dessin Programme de l’enseignement des arts plastiques, Classe de Première :

    Figuration et abstraction : ce point du programme est à aborder sous l’angle de la question de la présence et de l’absence du référent ( l’autonomie plastique, le rythme, la gestuelle )

    Les partitions présentées autour de l'exposition du centre d'art Le Lait peuvent servir de support pour concevoir et conduire un EPI au collège : inventer et écrire des compositions en éducation musicale, imaginer des chorégraphies et danser en éducation physique et sportive et représenter des sujets en mouvement en arts plastiques avec les élèves. Une restitution peut être envisagée en fin d'année avec une représentation des élèves (danse / musique) et une exposition des travaux d'écritures sur le mouvement. Proposition EPI : la danse et l’écriture du mouvement (thématique : Culture et création artistique)

    PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES

    Exploration 1 : Écrire la danse (cycle 3, 4 et lycée) Atelier 1 : Représenter un sujet en mouvement par le dessin (crayon à papier, craie, stylo à bille) sur un support bidimensionnel. Support visuel : « La danse serpentine » de Loïe Fuller ou autres extraits de chorégraphie (voir vidéographie)

    Atelier 2 : Explorer la ligne du mouvement pour traduire la danse. (Référence à Kasuo Shiraga)

    Trisha Brown Pour que le public ne sache pas que je pourrais avoir cessé de danser 2010 Musée d´art contemporain de Lyon

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    Kasuo Shiraga, 1997, 90X90cm.

    Kasuo Shiraga, artiste engagé du groupe Gutai, commence à peindre avec ses pieds à partir de 1955 en effectuant des glissades sur les toiles posées au sol, suspendu à une corde au plafond pour développer ses mouvements. Son corps se libère et devient un outil pour explorer le domaine de la LIGNE. C’est la trace du mouvement qui s’inscrit sur le papier, figée dans la matière.

    Atelier 3 : Explorer la ligne du mouvement avec une ficelle et garder sa trace graphique (dessin, frottage, monotype ...) Atelier 4 : Traduire un rythme musical (écouté) par le dessin et la peinture.

    Apprentissages au collège : Autonomie du geste graphique / effets du geste et de l'instrument / Représentation du corps / Représentation du mouvement et temporalité suggéré/ Rythme. Compétences travaillées :

    Organiser et mobiliser des gestes, des outils et des matériaux en fonction des effets qu'ils produisent. Mouvement et temporalité suggéré / rythme Représenter le monde environnant

    Pablo Picasso, Dessins lumineux, performances, 1949 Vassily Kandinsky, Jaune, Rouge, Bleu, Huile sur toile1925

    Exploration 2 : Faire danser des figures (cycle 4) À partir d'un modèle photocopié (personnages dessinés), proposer une image qui exprime le mouvement et la trajectoire des figures qui dansent (support : papier Canson).

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    Trajectoire : ligne du mouvement Matériel : crayons de couleurs et feuilles de calque

    L'élève aura recours à des opérations de répétition, de juxtaposition et de superposition de lignes et de calques pour traduire la décomposition du mouvement des personnages (ex d'un bras, d'une jambe ) et créer un rythme. Références à Muybridge et Marey. Apprentissage : Narration visuelle : mouvement et temporalité suggéré/ rythme (découpage / montage)

    Jean-Auguste Dominique Ingres , Etude pour la source, graphite sur papier, 1820.

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    Le corps et l’espace (pistes pédagogiques) Alors que les élèves s'interrogent sur leur corps en changement, il est intéressant de les questionner sur le langage de celui-ci. Dans leur posture, que donnent-ils à voir et à comprendre d'eux même ? Les élèves, dans leur pratique, peuvent se mettre en scène, en vitrine, se montrer ou se cacher, se photographier, se filmer. L'exposition de soi devient alors un questionnement qu'ils pourront ainsi traiter par des réalisations plastiques diverses au collège et au lycée.

    Il est important de favoriser la recherche de l’exploration autour du projet personnel de l’élève et proposer des pratiques diversifiées comme l’installation, le happening, la photographie, la vidéo ou encore les techniques informatiques. Il s’agit d’interroger l’espace, le corps, le mouvement et de décloisonner les champs d’activité.

    Cette exposition peut être un support pour amener les élèves à mettre en œuvre un projet artistique personnel sur le thème du CORPS, c'est à dire le concevoir, le conduire et faire preuve d'autonomie, d'initiative et d'engagement dans la conduite du projet (exemple : sur 1 trimestre)

    Exploration 1 : Le corps dans tous ses états (Cycle 4) A partir d'une incitation choisie, réaliser une production plastique individuelle en relation avec le corps. La démarche personnelle de l'élève devra aboutir à une production exposable dans la technique et le support de son choix. (Peinture, sculpture, assemblage, vidéo, photographie installation, performance...) Deux séances seront prévues à la restitution des travaux (présentations, performances). Cinq incitations proposées au choix (pistes pédagogiques)

    « une partie du corps » « corps montré, corps caché » « C'est bien moi ! » « L'habit ne fait pas le moine. » « La signature est un geste. »

    La verbalisation en fin de projet portera avec les élèves sur la pertinence des réponses : Les techniques choisies sont-elles adaptées par rapport à l'incitation de départ ? Le projet a t-il évolué ? Pourquoi ? Comment ? Ce projet peut également s’inscrire dans la mise en place d’un EPI sur la « représentation de soi et la mise en scène » en lien avec les arts plastiques, le français, l’éducation musicale, l’éducation physique et sportive. (Thématique : Culture et création artistique)

    Compétences travaillées : Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques. Se repérer dans les étapes de la réalisation. Faire preuve d'autonomie, d'initiative et d'engagement dans la conduite d'un projet. Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique.

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    Exploration 2 : Développer le corps dans l’espace en 4 photographies (Cycle 4) Proposer en groupe, quatre mises en scène photographiées du corps (entier ou en partie) qui se suivent. Interrogations :

    Comment le corps peut-il occuper l'espace, dans le lieu et dans le cadre de la photographie ? (espace vide / espace saturé) Quelle posture et attitude montrer ? Quelle partie du corps ? Comment la posture, le geste est-il un moyen de véhiculer du sens (état d'esprit, caractère)? Et comment le choix d'un cadrage peut-il y contribuer ? (organisation des plans, point de vue) Henri Cueco, Mains nommées, graphite sur papier, 2009.

    Apprentissages:

    Implication du corps / Inscription du corps dans la relation à l'oeuvre et l'espace Narration visuelle Travail sur les natures et types d’espaces (cadre / cadrage de la photographie : espace à 2 dimensions à différencier du lieu, de l’établissement : espace à 3 dimensions) Utilisation des nouvelles technologies pour concevoir un espace Production in situ (réalisée dans le lieu et en fonction du lieu)

    Compétences travaillées : Prendre en considération dans une production artistique les données physiques d’un espace. Réaliser une production qui implique le corps. Recourir à des outils numériques de captation et de réalisation à des fins de création artistique.

    Ernest Pignon-Ernest, Extases, Installation Olivier Valsecchi, Minotaur, 2010 Chapelle d’Avignon, 2008

    Louis Blanc, Corpus, photographie.

    Le corps est acteur et sujet de l'œuvre.

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    « C‘est le corps qui est au service de l’image et non le contraire. » Louis Blanc

    Michel-Ange, La porte de l’Enfer (Jugement Dernier) Chapelle Sixtine, Rome, 1541

    Exploration 3 : Illustrer le mot danse avec son corps et un objet. Exemple : une bâche en plastique transparente, un grand tissu, un drap Référence à la " Danse serpentine " de Loïe Fuller, 1896 Dans cet atelier, il s'agira :

    De découvrir et d'utiliser les trois principaux usages de la photographie : la prise de vue, la retouche d'image (logiciel Photofiltre) et la découverte des œuvres.

    De partir d'une bonne ou mauvaise photographie pour les élèves et la faire évoluer selon des partis pris artistiques (cadrage, flou...).

    Le choix de l'objet contribue aux effets de flou donnés par le mouvement. Bouger dans une bâche en plastique transparente offre des mutations plastiques complexes, des jeux de lumières, de formes, de couleurs, de mises en scène, privilégiant ainsi une démarche exploratoire. Cet atelier pose également la question de la mise en espace et celle du regard de la production plastique.