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À LA UNE
514 MILLIONS LEVÉS ENTRE2015 ET 2017 AUPRÈS DES VC
Le financementdes start-up augmenteen Belgique mais...
22 6 DÉCEMBRE 2018 WWW.TRENDS.BE
Ad value not requestedVADEMECOMSource : TRENDS - TENDANCES Date : 06.12.2018
Keyword : EDEBEX Circulation : 62.135
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Journalist : Christophe Charlot Frequency : Weekly
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Trouver de l'argentpourlespremiers
développements d'une start-up
ne seraitplus unproblème dans notrepays.
Pourles stades suivants, les start-up
parviennent à trouver desinvestisseurs.
Mais rarementen Belgique.CHRISTOPHE CHARLOT
e financement des start-up constitue un enjeuimportant. Il est même l’un des éléments primor-diaux de toutestratégie publique destinée à aiderau développement d’un écosystème numériquefort. Avant même le grand mouvement FrenchTech etla «start-up nation» du président françaisEmmanuel Macron, les pro-
moins) élevés. Mais tousles signaux sont au vert, tant dans
les premières étapes dela vie des start-up (seed) que lors deleur croissance (séries À, Bet C).
Cela s'explique par une disponibilité accrue de largentpour les jeunes pousses. Il est vrai qu’en plus des solutions
publiques pour trouver des fonds, l'écosystème commenceà se structurer. D’abord, les réseaux de business angelscomme Be Angels et BAN Vlaanderen multiplientlesinitiativespour investir dans le numérique. A côté d’eux, certainsbusiness angels privés fortunés (anciens entrepreneurs àsuccès) émergent progressivement et se mettent à investirdans de nouveaux projets. C’est évidemmentle cas en Flandreavecles anciens de l'écosystème Clear2Pay ou Netlog ou desentrepreneurs à succès comme Pieterjan Bouten et LouisJonckheere de Showpad, Jeroen Lemaire (In The Pocket)et d’autres. Ces derniers dirigent des scale-up en vue qui
lèvent des sommes importantes et se déve-grammes d’investissements se «Lemarchébelge loppent fortement, mais investissent aussi à
sont mis en place, tant dans l'Hexagone qu’en gagneen maturité. titre privé dans des jeunes pousses promet-Belgique. Et le lancement du fonds WING. Cel it teuses.en 2016, doté de 50 millions d’euros à investir ela SE VOLE parce Côté francophone, cette évolution commence
dans les start-up wallonnes entre dans la que le montant doucement à se mettre en place. Cela s’est vumême dynamique: soutenir les projets nais- moyen des levées de ces dernières années autour d'entrepreneurssants, lever les freins financiers pour les fonds a augmenté. » pionniers comme Jean-Guillaume Zurstrassenjeunes entrepreneurs en espérant faire éclore DuellLaurent ou Grégoire de Streel (ex-Skynet, Keytrade,un marché, des nouveaux emplois et une créa- etc.). Mais le numériqueattire aussi d’autrestion de valeur sur notre territoire. L'écosys- (Avolta Partners) noms de l’investissement. C’est le cas de Pierretème public s’est largement engouffré danslabrèche. Il est donc désormais admis que trouver des fondsquand on est une start-up n’est plus un réel souci. «Qu'ils'agisse de trouver des subsides, de convaincre des proches ou
des business angels quand on est en train de développer unestart-up n’est plus un problème en Belgique, analyse SamSluismans,associé de services d'innovation chez Deloitte Bel-
gique. Les bonnes idées n’ont plus aucun problème pour trou-ver de l'argent.»
Tendance nette à la croissanceMais qu’en est-il des investissements dans les phases sui-
vantes, à savoir les séries A, B ou C? D’après une récenteétude réalisée par Avolta Partners et Data.be pour le comptede l’association Fintech Belgium, ce marché-là augmenteégalement. Cette analyse, obtenue en exclu-sivité par Trends-Tendances, ne s’est pas pen-chée uniquement surles fintechs mais biensur l’ensemble du marché belge des levéesde fonds de venture capitalists (VC). SelonAvolta Partners, ce dernier aurait augmentéde 53% entre 2015 et 2017 passant de 135 mil-lions d'euros à 206 millions d’euros. Pour untotal, sur trois ans, de 5l4millions d’euros.
Bien sûr, on trouve pas mal de chiffres diffé-rents sur le marché, selon que l’on intègre oupascertaines entreprises à la croisée des sec-teurs de la tech et de la santé (biotech) quiintègrent des aspects numériques. Certainsobservateurs publient des chiffres plus (ou
+ EXCLUSIF16 PAGES
START-UP4OÙ TROUVERL'ARGENT?
L'Hoest (ex-EVS) qui a développé le studioThe Faktory, ou les anciens de la galaxie Ogone qui investissentà titre privé, Un nom commecelui de Pierre-Olivier Beckers,ancien CEO de Delhaize, apparaît également dans de plus enplus de dossiers numériques. Et puis, on voit doucement ap-paraître une nouvelle génération de business angels à la suitede ventes d'entreprises comme Immoweb ou, à un autreniveau, myShopi. On constate aussi que quelques serial en-trepreneurs francais regardent le marché belge pour y investir.C’est notammentle cas de Pierre-Edouard Sterin (fondateurdescoffrets cadeaux Smartbox) qui a créé le fonds Otium, deThibaud Elzière (ex-Fotolia et cofondateur de l’écosystèmeeFounders) ou de Pierre-Antoine Dusoulier qui, en plus dediriger Ibanfirst - l’une des fintechs les plus en vue sur laplace bruxelloise -, investit dans de nombreuses jeunes
pousses. Enfin, au stade d’après, l'écosystèmedes fonds a commencé à se structurer avecl'apparition des Volta Ventures, Fortino, etc.
Ces fonds sont capables de soutenir les start-up belges lors de tours qui dépassent les20millions d’euros.
Résultat de cette structuration progressive
de l'écosystème? «Le marché belge gagneen maturité, détaille David Laurent, senior
partner chez Avolta Partners. Cela se voitparce que le montant moyen des levées defonds a augmenté. De 2,8 millions en 2016,il
est passé à 3,5 millions d'euros l’année d’après.»On constate,il est vrai, une réelle augmenta-
tion du nombre de séries B. Evidemment, >
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À LA UNEla Belgique ne partait pas de loin maisles gros deals de série B se sont multipliés:NG Data et Collibra en 2015, Showpad
en 2016, de nouveau Collibra en 2017. Et
l'année 2018 part plutôt bien également:Teamleader (18,5 millions), Ibanfrst(15 millions), Cowboy (10 millions), hau-logy (7,5 millions), pour ne prendre quequelques exemples.
Pas assez de gros fonds belges?«C’est vrai que, depuis 2016, on observe
une maturité avec des séries C qui n’exis-taient pas avant, observe Thibaut Claes,
spécialiste pour Agence du numériqueet Digital Wallonia. Maintenant, le nombrede deals de ce niveau reste encore relati-vement limité en Belgique. A ce stade, onpeut aussi analyser cette tendance parlesimplefait de l'influence de quelques in-vestisseurs belges comme Jurgen Ingels,le fonds Hummingbird, qui ont eu P’habi-tude d’aller à linternational. Mais celan’a rien de surprenant: le financementdesstart-up est un marché en croissance,
partout. C’est une tendance générale. »Chez Deloitte, on se montre aussi positif
par rapport aux performances belges, maison souligne quand mêmecertaineslimites:«Jusqu'à environ 20millions d’euros, onparvient à trouver des fonds en Belgique,souligne Sam Sluismans. Des consortiumsd'investisseurs peuvent s'organiser. Parcontre, au-delà de ce montant, cela devient
plus compliqué. Pour lever 50 millionsd'euros,il fautaller voir à l'étranger parcequeles fonds belges ne sont pas assez gros.
THIBAUT CLAES(Digital Wallonia)«Le nombrede séries Creste encore
relativement limitéen Belgique.»
MARTIN MIGNOT(Index Venture)«Nousréalisonsenviron un dealpar an en Belgique,ce qui n'est passi mal car noussommesvraimenttrès sélectifs.»
Si vous avez un fonds de 100 millions, ce
quiest déjà pas mal sur le marché belge,vous ne pouvez pas vous permettre d’in-
vestir 30 ou 40millions d’euros dans unestart-up, sans prendre un risque inconsidéré.Vous êtes obligé de diversifier votre por-tefeuille et donc de limiter vos tickets àquelques millions. Aux Etats-Unis ou enAngleterre, par contre, vous avez des fondsde 3 ou 4milliards d'euros pourlesquelsil
Les investisseurs belgessonttrès actifs, mais ilsinterviennentsurdespluspetits montants etsontsouventincapables desuivre lorsles tours suivantsquise chiffrenten dizainesde millions d'euros.
est évidemment plus facile de prendre desparticipations à 50millions.»
Cela explique donc l’arrivée de fondsétrangerssur le marché belge. La maturitéde certaines de nos pépites noir-jaune-rouge, en demande de fonds, aiguise l'appétitde grands nomsinternationaux. Cette ten-dance se marque depuis quelques annéespuisque des start-up comme Showpad,Take Eat Easy, Collibra ou Menu NextDoor ont été financées par des VC inter-nationaux de renom. Mais désormais, le
financement hors de nos frontièresattein-drait, d’après Avolta Partners, pas moinsde 52% des investissements VC dans lenumérique. Parmi les acteurs qui débar-quent dansnotre plat pays, on peut évoquerBattery Ventures, Dawn Capital, IndexVentures, Insight Ventures, etc. «Nous réa-
lisons environ un deal par an en Belgique,ce qui n'est pas si mal car nous sommesvraimenttrès sélectifs», commente MartinMignot, partner chez Index Venture qui ainvesti dans Cowboy, Collibra, Silverfin et
précédemment dans Menu Next Door (quin'existe plus aujourd’hui).
«Spoliation de la créationde valeur »
Sans grande surprise, les investisseursétrangerss'intéressent essentiellement auxstart-up ayant déjà passé certaines étapes.C’est donc eux qui financent la majoritédestours à partir des séries B. Mais, selonles responsables d’Avolta Partners, il yaurait un revers à cette médaille. «Lesfonds étrangers viennent investir en Bel-
IOT, FINTECH, DEEPTECHParmi les secteurs du numérique qui attirent le plus les fonds
de VC,le top 3 se compose de l'Internet des objets, dela
deeptech (basée sur des innovations de rupture) et desfintechs.
En trois ans, de 2015 à 2017, ce dernier secteur a levé quelque
55 millions d'euros, «ce qui représente un peu plus de 10%
du total des fonds levés dans le numérique en Belgique, précise
Xavier Corman, fondateur de la start-up Edebex et
administrateur de l'association Fintech Belgium. Ce taux est
d’ailleurs totalement en ligne avec les chiffres de marchés
comme la France ». Cette force de l'écosystème fintech n'est
en réalité pas totalement surprenante puisque,sil'on reprend
les études réalisées par Omar Mohout, observateur avisé
de la scène start-up chez Sirris,il s'agit du créneau le plus hot
de la scène tech également au niveau européen, tant au niveau
du nombre de deals qu'au niveau des montants. Reste que,
comme le souligne le président de Fintech Belgium, Jean-Louis
Van Houwe, également CEO de Monizze, 19 millions parmi
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les 55 millions levés ont été attirés par trois start-up belges
seulement: Qover, lbanfirst et Rydoo-Xpenditure. «Cela
s'explique par la réalité du marché belge des fintechs, analysent
de concert Xavier Corman et Jean-Louis Van Houwe. Pour
l'instant, la majorité des start-up belges de la fintech n'en sont
encore qu'au stade du seed et des séries À. Ainsi, 69% des
fonds levés seraient du seed et 36 % constitueraient des séries
À.»Cela se traduit, forcément, dans la valeur de nos fintechs
noir-jaune-rouge: seules trois «stars » sont valorisées à plus de
20 millions d'euros, à savoir Spreds, Anytime, Qover qui valent
chacune plus de 23 millions d'euros. Et Ibanfirst, qui a levé
15millions d'euros au début du mois de novembre 2018
(s'ajoutant à 10 millions d'euros précédemment) et vaut donc
désormais bien plus. Mis à part ces quatre poids lourds belges
des fintechs, seuls 18% d'entre elles atteignent une valorisation
comprise entre 5 et 15 millions d'euros. Et 60% des fintechs
belges valent moins de 5 millions.
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ÉVOLUTION DES LEVÉES DE FONDSPAR DES START-UP BELGES AUPRÈS DES VC
En millions d’euros
e Seed Série À e SérieB € Série C
SOURCE: AVOLTA PARTNERS
Nombre de deals
e Seed Série À oSérieB e SérieC
250 60
a =50 L_}200
40 29 UN 24150
30
100 — 20
86,8550 59,65 0
AnZn DHÚTÎIJJÛ
2015 2017
gique notamment en raison d'un manque deressources au niveau belge, glissentles experts.Trop peu de fonds belges sont susceptiblesde soutenir les start-up dans les gros tours enséries B ou C.» Ce qui serait un problème.«Cela induit une sorte de spoliation de lacréation de la valeur pour notre pays, enchaî-nent les responsables de l'étude. Les investis-seurs belges sont très actifs, mais ils inter-viennent sur des plus petits montants et sont
souvent incapables de suivre lors les tourssuivants qui se chiffrent en dizaines de millionsd'euros. Pourtant, ces tours sont les moins
risqués puisqu'on est sur des modèles plusmatures et c’est lors de ces tours-là que l’oncrée énormément de valeur.» Cette réalité a
donc deux facettes: d’un côté, elle démontreque de plus en plus d'entrepreneurs belgesadoptent le mindsetinternational. D'un autrecôté, les investisseurs n’auraient, dans beaucoupde cas, pas les poches assez profondes poursuivre et profiter pleinement du retour surleurs investissements, réalisés au momentle
plus risqué dela vie de la start-up.Voilà pourquoicertains rêvent
de voir arriver en Belgique unsuper fonds doté de plusieurscentaines de millions d'euros poursoutenir les entreprises promet-teuses et autres scale-up de notrepays. Reste que, commele soulignecet expert, «le souci vient aussi
du dealflow: il n'existe pas encoreassez de grosses start-up ambi-tieuseset suffisamment dévelop-pées à financer. Qui va aujourd’huistructurer un gros fonds pourquelques deals par an?» Pour rap-pel, en 2017, la Belgique n’acompté, selon Avolta Partners,
que deux séries C au sein de l’éco-systême pur numérique. L'oeuf et
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la poule en quelque sorte.Dansle courant de la semaine passée,le
projet de fonds M80, notamment copilotépar des anciens de la GIMVet José Zurs-trassen, a été dévoilé. Ce nouveau fondsdoté pour l'instant de 100 millions d'euros(et à terme, 200 millions) prévoit d'investir
destickets de 10 à 60 millions dans des en-treprises dans le Beneluxet la France. Maisil ne vise normalement pas vraiment destart-up ou descale-up, plutôt des entreprisestraditionnelles pour lesquelles le potentielde croissance viendrait du numérique. Lesstart-up devront donc encore aller chercherailleurs.
Reste que pourcertains observateurs, voir
nosjeunes poussesaller chercher de l'argentà l'étranger serait plutôt positif: non seule-ment, cela démontrerait la vision globalede nos entrepreneurs mais, en plus, les
investisseurs étrangers leur ouvri-raient desportes que peu de Belgesparviendraient à entrouvrir. ©
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