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Washington BANQUE MONDIALE Un parcours non encore achevé : La réforme de l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord RAPPORTS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION MENA — Résumé analytique —

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  • Washington

    BANQUE MONDIALE

    Un parcours non encore achev :La rforme de lducation auMoyen-Orient et en Afrique du Nord

    R A P P O R T S S U R L E D V E LO P P E M E N T D E L A R G I O N M E N A

    Rsum analytique

  • 2007 The International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank1818 H Street NWWashington DC 20433Tlphone : 202-473-1000Site web : www.worldbank.orgCourriel : [email protected]

    Tous droits rservs

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    Cet ouvrage a t tabli par les services de la Banque internationale pour la reconstruction et ledveloppement/Banque mondiale. Les constatations, interprtations et conclusions qui y sontprsentes ne refltent pas ncessairement les vues des Administrateurs de la Banque mondiale oudes pays quils reprsentent.

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    Photo de couverture : Nacho Hernandez, VeniVidiPhoto.

    Une demande a t soumise la Bibliothque du Congrs des tats-unis en vue decataloguer cette publication

  • Rsum analytique

    Lhistoire moderne de la rforme de lducation dans les pays de largion du Moyen-Orient et de lAfrique du Nord (MENA) est celledambitions, de gains importants, de lacunes, et de rformes entamesmais non finies. Sur ce parcours, la rgion a connu de nombreusesrussites : la plupart des enfants bnficient dune scolarisationobligatoire, ils sont nombreux disposer dopportunits pour continuerleur ducation formelle et les rsultats de lenseignement se sontamliors. Ces accomplissements sont impressionnants, surtout si lontient compte du point de dpart des annes 60.

    Cependant, des carts existent entre ce que les systmes ducatifs ontralis et ce dont la rgion a besoin si elle veut mener bien ses objectifsde dveloppement actuels et futurs. Les pays de la rgion MENAcontinuent dtre la trane de nombreux pays comparateurs, en termesdu nombre dannes ncessaires pour atteindre un niveau ducatifsuffisant de la population adulte. Les ralisations ce jour dans ledomaine ducatif sont partiellement compromises par des taux levsdabandon et des rsultats relativement faibles en matire dexamensinternationaux. En dpit des ralisations remarquables pour ce qui estdtendre laccs et de combler le foss de la disparit entre les genres auniveau de lenseignement primaire, le taux danalphabtisme adulte resteencore lev et les systmes ducatifs ne parviennent pas dvelopper lescomptences ncessaires dans un monde de plus en plus comptitif. Letaux de chmage est particulirement lev parmi les diplms ainsi que pour une grande partie de la population active instruite, souventemploye par ltat. Par consquent, le lien entre lducation et lacroissance conomique, la distribution des revenus et lattnuation de lapauvret reste faible.

    Le rapport-phare sur lducation dans la rgion MENA, sixime rapportMENA sur le dveloppement rgional, raconte lhistoire dudveloppement de lducation en mettant laccent plus prcisment surlapport de celle-ci au dveloppement social et conomique. Il aborde lesproblmatiques suivantes :

    Les investissements consacrs lducation ont-ils donn lieu auxrsultats escompts et prvus pour les nouvelles demandes en matirede main-duvre qualifie comptences diversifies ?

    Quels types de stratgies et de politiques devraient tre pris encompte pour rectifier les carts de ralisation ainsi que pour mieux seprparer lavenir ?

    1

  • 2 Un parcours non encore achev

    Du ct de la demande, les marchs du travail externes et internesprvoient-ils des dbouchs efficaces permettant de bnficier dunemain-duvre mieux qualifie ?

    La structure du rapport reflte les questions poses ci-avant. Chaquepartie sinspire de la prcdente pour formuler une vision globale dudveloppement rgional en matire dducation et doptions ultrieures.

    La Partie I prsente la rforme ducative en tenant en compte desinvestissements passs en matire dducation, en valuant limpact deces derniers sur le dveloppement, et en examinant ltat de prparationdes systmes dducation pour relever de nouveaux dfis. Lvaluationest caractre comparatif : les rsultats de lducation dans les pays de la rgion MENA sont apprcis contre ceux dautres pays en dveloppement. Limpact de dveloppement des investissements lducation est pris en compte dans le contexte dune richedocumentation ce sujet. Ltat de prparation du systme ducatif luipermettant de faire face la demande future, fait galement lobjet duneanalyse en tenant compte de certaines tendances rcentes : la grandeproportion de jeunes dans les pays de la rgion MENA, la ncessit dechanger les approches pdagogiques afin dtre plus comptitif sur leplan international et les contraintes financires rendant difficile de faireface ces deux facteurs.

    La Partie II jette un regard sur les tentatives damlioration dessystmes ducatifs dans 14 pays de la rgion MENA en se servant duncadre analytique dvelopp pour le prsent rapport. Le cadre suggrequune rforme efficace se dcline en trois composantes : i) mesuresdingnierie, assurant la prsence et lutilisation efficace dintrantstechniques adquats, ii) incitations destines promouvoir une meilleureperformance et rponse de la part des prestataires des services ducatifs,et iii) responsabilit publique afin de sassurer que lducation en tant quebien public, sert les intrts de la majorit des citoyens.

    La Partie III met laccent sur la demande en matire de main-duvre(interne et externe) et examine comment les caractristiques du marchdu travail rgional peuvent tre changes afin de maximiser le rendementdes investissements consacrs lducation au bnfice des individus et de lensemble de la socit. La prmisse sous-jacente est que lescaractristiques du march du travail dterminent les gains obtenus par les investissements au systme ducatif : un march du travailfonctionnant bien est essentiel pour maximiser le rendement desinvestissements en matire dducation parce que ces derniers onttendance allouer le capital humain aux activits les plus propices lacroissance et avoir un impact positif sur lquit. Cependant, lesdistorsions du march du travail ainsi que labsence de solutions auximperfections de celui-ci donneraient lieu aux effets opposs.

    Le rapport couvre tous les niveaux dinstruction formelle etinformelle. Cela est justifi en raison du fait que le lien entre le capitalhumain et le dveloppement conomique dpend du progrs accomplipar les diffrents pays tous les niveaux dducation. En outre, tous lesniveaux dducation confronteraient des problmes similaires. Tousncessitent un processus ducatif fonctionnant efficacement, desenseignants et coles suffisamment motivs, ainsi quun mcanisme

  • Rsum analytique 3

    adquat pour que les citoyens puissent avoir un impact sur les objectifs,les priorits et lallocation des ressources lducation.

    La conclusion principale du rapport est que les systmes ducatifs dela rgion doivent suivre un nouveau parcours de rforme. Ce nouveauparcours a deux caractristiques : la premire consiste en une nouvelleapproche concernant la rforme de lducation qui met laccent sur lesincitations et la responsabilit publique plutt que sur les intrants consacrsau systme ducatif ; lautre vise rduire lcart entre loffre enindividus qualifis et la demande nationale et internationale de main-duvre.

    Le reste du prsent rsum analytique donne un aperu gnral desprincipaux constats du rapport.

    Linvestissement dans les pays de la rgion MENA et les rsultats : Rsultats impressionnants mais qui laissent encore un dficit avec le reste du monde en matire dducation

    Les pays de la rgion MENA ont commenc investir plus tardivementdans le capital humain que ceux dautres rgions. Mais une foiscommenc, ils ont de manire gnrale dpens un importantpourcentage de leur PIB lducation et ont rapidement augment leniveau de scolarisation au sein de leurs populations. Au cours desdernires 40 annes, les pays de la rgion MENA ont consacr enmoyenne 5 % de leur PIB et 20 % des dpenses publiques lducation,cest--dire, plus que dautres pays en dveloppement revenu similairepar tte. Ainsi, la rgion a t capable damliorer laccs quitable lducation tous les niveaux dinstruction. Il sagit de ralisationsimpressionnantes, tenant compte que les pays de la rgion MENA, aucours des annes 60, ont commenc avec des indicateurs ducatifs parmiles plus bas au monde.

    quelques exceptions prs, les pays de la rgion MENA ont russi atteindre une scolarisation universelle au niveau primaire, et multiplierpar trois linscription lenseignement secondaire entre 1970 et 2003 etpar cinq linscription lenseignement suprieur. La plus granderalisation des pays de la rgion MENA est davoir limin lcartducatif entre les sexes. La parit entre garons et filles danslenseignement fondamental est pratiquement acheve. Bien que largion ait commenc partir de niveaux relativement bas en matiredgalit entre les sexes, les indices pour lducation secondaire etsuprieure ne diffrent pas de manire significative de ceux dAmriquelatine ou dAsie de lEst. Linvestissement a galement permis uneamlioration des niveaux dducation ainsi que de certaines comptencesde base. Les taux danalphabtisme ont diminu de moiti au cours desdernires 20 annes et lcart absolu entre le taux dalphabtisation deshommes et des femmes a diminu rapidement. En termes des rsultatsdapprentissage des lves, certains pays de la rgion MENA fontgalement montre dun bon rsultat en matire de tests internationaux,notamment pour ce qui est des Tendances dans les tudes internationalessur les mathmatiques et la science (TIMSS), lorsque lon tient comptedu niveau de revenus et des taux bruts de scolarisation.

  • 4 Un parcours non encore achev

    En dpit de ces amliorations les progrs en matire dducation dansles pays de la rgion MENA restent infrieurs ceux dautres pays niveaux similaires de dveloppement conomique. Lhritage de basniveaux initiaux de dveloppement de lducation na pas encore tsurmont. Bien que la rgion ait dj rattrap lAsie de lEst etlAmrique latine en termes de scolarisation primaire universelle, elle estencore la trane en matire de scolarisation secondaire et suprieure(figure 1a). Le nombre dannes de scolarisation dans les pays de largion MENA est par consquent infrieur de plus dune anne comparaux deux autres rgions (figure 1b). En outre, la distribution des rsultatsducatifs (mesure par lcart type des annes de scolarisation) estdevenue plus ingale dans le temps en comparaison de lAmrique latineou de lAsie de lEst.

    Par ailleurs, les taux dalphabtisme restent infrieurs ceux dautresrgions. Bien que les diffrences aient diminu depuis les annes 50,lanalphabtisme dans les pays de la rgion MENA est toujours deux foisplus lev quen Asie de lEst et en Amrique latine. En outre, bien queles rsultats des tests internationaux indiquent que les niveaux atteintssont proches des prdictions tenant compte du PIB par tte et des tauxdinscription, ils restent infrieurs aux rsultats enregistrs dans les pays revenu moyen dveloppement conomique rapide, tels que la Coreet la Malaisie. Enfin, dans plus de la moiti des pays de la rgion MENA,environ deux tiers des tudiants se spcialisent dans les sciences socialeset humaines plutt que dans les sciences et les mathmatiques. Cettetendance est contraire ce qui se passe en Asie de lEst, et dans unemoindre mesure en Amrique latine. tant donn que linnovation etladaptation technologiques jouent un rle de plus en plus dominant dans

    FIGURE 1 :

    Taux bruts de scolarisation dans la rgion MENA et moyenne en nombre dannes de scolarisation dans cette rgion, en Asie de lEst et en Amrique latine

    Source : Appendice statistique Source : Barro et Lee (2000)

    primaire secondairesuprieur

    MENA Asie de l'Est

    Amrique latine

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    1960 1980 2000

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    a. Taux bruts de scolarisation dans la rgion MENA (1970-2003)

    b. Moyenne des annes de scolarisation dans la rgionMENA pour les 15 ans et plus

  • Rsum analytique 5

    le processus de dveloppement, les coles des pays de la rgion MENAsont-elles en train de produire un ventail inadapt de comptences ?

    La gnralisation ci-dessus ne sapplique videmment pas tous lespays de la rgion MENA. Nanmoins, lensemble des pays de la rgionprsente un certain nombre de caractristiques similaires. Cessimilarits, dune part, incluent des niveaux importants dinvestissement lducation et lengagement en faveur de la parit entre les sexes.Dautre part, la plupart des pays de la rgion MENA nont pas encoreatteint le niveau quantitatif et qualitatif du capital humain des conomiesles plus dynamiques du monde en dveloppement.

    Limpact de lducation dans la rgion MENA sur le dveloppement social et conomique Le lien apparat faible

    Parmi les autres rsultats, linvestissement en matire dducation devraitdonner lieu des rsultats positifs en matire de dveloppement. Lesrsultats sont normalement mesurs en termes de croissanceconomique, dune meilleure distribution des revenus ainsi que dunerduction de la pauvret. La rgion MENA a cependant enregistrmoins de rsultats de dveloppement que les pays comparateurs dAsiede lEst et dAmrique latine (figure 2), ce qui amne poser la questionsuivante : quest-ce qui aurait empch lducation de donner lieu demeilleurs rsultats sur le plan du dveloppement ?

    ducation et croissance conomique

    Lducation est ncessaire mais seule ne suffit pas pour gnrer lacroissance conomique. Des recherches sur la rgion MENA viennenten appui ce point de vue. La croissance conomique par tte au coursdes 20 dernires annes a t relativement limite malgr lesamliorations survenues dans les rsultats ducatifs. Paradoxalement,une plus forte croissance conomique a t accompagne de faiblesniveaux dducation dans les annes 60 et 70. De mme, la productivittotale des facteurs mesurant limpact des facteurs autres que le capitalphysique et humain, a t faible ou ngative dans la rgion MENA aucours des annes 80 et 90, priode au cours de laquelle les rsultatsducatifs samlioraient. Cela donne penser que le niveau ducatif napas contribu de faon significative la croissance conomique ou laproductivit de la rgion.

    Il y a des explications plausibles de la faible relation entre lducationet la croissance conomique dans la rgion MENA. Lune dentre ellesest que la qualit de lducation est trop faible pour que la scolarisationpuisse contribuer la croissance et la productivit. Une autre est quecest le niveau relatif plutt quabsolu des rsultats ducatifs qui expliquela relation tnue entre lducation et la croissance conomique dans lespays de la rgion MENA. Linvestissement tranger direct, par exemple,a plutt t orient vers les pays ayant de meilleurs rsultats ducatifs,toutes choses restant gales par ailleurs. Une troisime explicationpossible serait en relation avec la variance du niveau dinstruction, quiest, dans la rgion MENA, plus grande que dans les autres rgions : lesrecherches internationales indiquent quune distribution plus gale du

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    rsultat ducatif est positivement corrle avec une croissanceconomique suprieure. Enfin, la faible interaction entre les rsultatspdagogiques et la croissance conomique pourrait galement tre lieaux hauts niveaux demploi dans le secteur public et au petit nombre desecteurs conomiques dynamiques et comptitifs sur le planinternational.

    ducation et distribution des revenus

    La distribution des revenus est affecte par le niveau de dveloppementdun pays, son niveau de croissance conomique et toute une panoplie devariables politiques spcifiques au pays. En ce qui concerne lducation,celle-ci peut servir de facteur galiseur des revenus lorsquelle est acquisepar les pauvres ; mais elle peut galement crer une divergence au niveaudes revenus entre personnes instruites et non instruites. Limpact netnest pas vident bien quil y ait t prouv quune plus grandedistribution galitaire de lducation mne une plus forte croissanceconomique.

    FIGURE 2 :

    Dpenses publiques lducation, croissance du PIB par tte,et chmage

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    MENA LAC EAP

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    urc

    enta

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    Dpenses publiques

    lducation en % du PIB

    (moyenne 1985-1999)

    Croissance PIB par

    habitant (moyenne

    1985-2002)

    Taux de chmage,

    2002

    Source : Dpenses publiques dducation Institut des Statistiques UNESCO par EdStats ; croissance duPIB par tte : base de donnes GDF et WDI ; Taux de chmage : Valoriser les possibilits demploi dans lespays du Moyen-Orient et de lAfrique du Nord (Banque mondiale 2004).

    Note : LAC = Amrique latine et les Carabes ; EAP = Asie de lEst et Pacifique. Dpenses publiques lducation pour LAC et MENA est la moyenne de 1985, 1990, 1995 et 1999 ; pour EAP, moyenne pour 1988,1990 et 1995.

  • Rsum analytique 7

    Dans le cas de la rgion MENA, la distribution des revenus est plusgale que dans dautres rgions. Cependant, la distribution delducation devient de moins en moins gale dans le temps. Uneexplication possible de la raison pour laquelle lingalit en matiredducation ne se traduit pas en une plus grande ingalit des revenusdans la rgion MENA est le taux trs faible de rendement delenseignement suprieur. son tour, le faible taux de rendement delenseignement suprieur est d la faible croissance conomique et lemploi extensif dans le secteur public. Lentre de plus en plus defemmes duques sur le march du travail, o elles ont tendance gagnerdes salaires plus bas que ceux des hommes, contribue rduire ladivergence des revenus par niveaux dducation.

    ducation et allgement de la pauvret

    La rgion MENA a eu du succs en termes de rduction de la pauvretdans le temps et en comparaison avec dautres rgions. Cependant, lefaible taux de pauvret ne semble pas avoir t ralis grce lacroissance conomique et des hauts niveaux de revenu dus aux rsultatsducatifs. Au contraire, la pauvret dans la rgion MENA a diminumalgr une faible croissance conomique en grande partie parce que laplupart des pays ont mis en uvre des politiques sociales activesfavorisant les pauvres, et les pays ptroliers se sont montrs mme demaintenir un niveau minimum pour les plus dmunis.

    Par contre, lducation a visiblement fait une grande diffrence enmatire dattnuation de la pauvret pour les femmes. Il est courammentadmis quinvestir dans lducation des femmes peut rsulter en des tauxde fcondit plus bas et en un recul de la pauvret et de la mortalitinfantile. Les faibles niveaux des indicateurs pour lducation dans largion MENA au cours des annes 60 et 70 ont t accompagns par defaibles niveaux de dveloppement social. tant donn que les pays de largion MENA ont combl lcart entre lducation des deux sexes, lestaux de fcondit des femmes ont diminu en moyenne de 7,1 enfants en1962 3,4 en 2003. Alors que les taux de fcondit plus rcents pour largion restent suprieurs ceux de lAsie de lEst et de lAmrique latine,dsormais cet cart est pratiquement combl.

    En rsum, les progrs considrables en matire dducationenregistrs dans la rgion MENA ne se sont pas gnralement traduitsen termes de croissance conomique, de distribution des revenus etdattnuation de la pauvret. Cela pourrait tre le rsultat de certainescaractristiques du systme ducatif aussi bien que des conditionssociales et conomiques des pays concerns.

    Nouveaux dfis confronts par le secteur de lducationdans la rgion MENA : Les systmes ducatifs ne sontpas prts affronter les nouveaux dfis conomiques,dmographiques et financiers

    Mme si les investissements passs en matire dducation avaient donn lieu aux rsultats escompts pour le dveloppement social et

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    conomique, la rgion aurait toujours besoin de restructurer ses systmesducatifs pour tre en mesure de faire face un certain nombre de dfisnouveaux. Le dveloppement de lducation tend crer dans son sillagede nouveaux dfis. Pour lessentiel, la problmatique pour lesresponsables de lducation dans plusieurs pays de la rgion MENA sepose de la manire suivante : Que faire maintenant que nous avons gagnle pari de lducation pour tous dans lenseignement de base ? Leparcours devra adresser trois phnomnes structurels : limportancecroissante de lconomie du savoir dans le processus de dveloppement ;les changements dmographiques ; et les contraintes de financementsusceptibles dentraver les efforts pour rpondre aux nouvelles demandesconfrontant les systmes ducatifs.

    Lconomie du savoir et son impact sur les systmes ducatifsdes pays de la rgion MENA

    Une offre abondante de travailleurs non qualifis et bas salaires neconstitue plus un parcours adquat permettant de favoriser unecroissance rapide ainsi quune prosprit nationale. Dans le mondedaujourdhui, la comptitivit dpend des entreprises qui emploient unemain-duvre duque, qualifie sur le plan technique, et capabledadopter de nouvelles technologies et de vendre des biens et servicessophistiqus. Lors dune comparaison avec dautres pays et rgions surlIndice de lconomie du savoir (Knowledge Economy Index ou KEI), quimesure le degr auquel les diffrents pays participent lconomie dusavoir, les pays de la rgion MENA se placent en dessous de la moyennede la distribution. De manire gnrale, ils enregistrent des rsultatsinfrieurs ceux obtenus par les pays de lOrganisation de cooprationet de dveloppement conomiques (OCDE), par la plupart desconomies en transition ainsi que par certains pays de lAsie de lEst.

    En premier lieu, les pays en haut de lchelle KEI tendent inclure denouvelles matires dtudes et de nouvelles comptences transversales.Alors que lalphabtisme et les aptitudes au calcul restent des lmentsfondamentaux (avec bien entendu de plus hauts niveaux de matrise), leslangues trangres et les sciences gagnent de plus en plus dimportance.En outre, les comptences en matire de rsolution de problmes ettechniques de communication, plutt que la capacit de raliser destches de routine, sont devenues essentielles pour la productivit. Lesmthodes pdagogiques adoptes au niveau international incorporentcertaines innovations qui visent ces comptences, savoir,lapprentissage reposant sur la recherche et lenseignement centr sur lescapacits des tudiants. La plupart des pays de la rgion MENAcontinuent utiliser un modle plus traditionnel de pdagogie (parexemple, en copiant partir du tableau noir, peu dinteraction entrelenseignant et llve).

    En deuxime lieu, les pays offrant de multiples opportunitsdapprentissage se placent galement plus haut sur lchelle KEI. Pluttque la scolarisation en tant que pyramide (avec un groupe dcroissantdtudiants passant des niveaux dinstruction plus levs), les systmesdducation sont en train de devenir plus comprhensifs et diversifis,particulirement au niveau suivant la priode obligatoire (secondaire etau-del). Dans les pays de la rgion MENA, lducation aprs la priode

  • Rsum analytique 9

    obligatoire ne fait pas montre dun tel degr de flexibilit. Une fois unedcision prise relative un domaine dtude, il ny a pas de possibilit derevenir en arrire. Il existe peu dopportunits permettant de poursuivreles tudes aprs une pause sur le march du travail ; et la formationprofessionnelle formelle a tendance constituer une voie sans issue pourla majorit des systmes. Les systmes dexamen mettent laccent sur laslection des tudiants pour des tudes plus avances plutt que surlaccrditation. Certains pays de la rgion MENA (par exemple, laTunisie et la Jordanie) ont commenc adresser cette problmatique enintroduisant des mcanismes de contrle de qualit, une plus grandeautonomie scolaire et en sengageant sur la voie de lapprentissage toutau long de la vie . Cependant ces initiatives ne font que commencer.

    Lexplosion de la jeunesse

    cause des taux levs de fcondit au cours des annes 60 et 70, largion MENA a vu merger une des plus grandes cohortes au monde depersonnes ges de 0 14 ans et de 15 24 ans (respectivement 45 et 21 % du total des populations) (figure 3). Cette explosion de la jeunessepeut affecter de manire considrable la demande pour lducation au furet mesure que ces cohortes traversent la pyramide dmographique. lheure actuelle la majorit de la cohorte arrive lge du secondaire etde lducation suprieure, cest--dire, les composantes les moinsdveloppes des systmes ducatifs dans la plupart des pays de la rgionMENA. Au cours des prochaines 30 annes, la population ayant reu une

    80+ Hommes Femmes

    9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1

    Pourcentage de la population totale

    Moyen-orient et Afrique du Nord Monde

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    75797074656960645559505445494044353930342529202415191014

    5904

    FIGURE 3 :

    Pyramide de la population dans la rgion MENA et dans le monde, 2002

    Source : US Census Bureau. Global Population Profile (2002).

  • 10 Un parcours non encore achev

    ducation secondaire devra augmenter dun tiers et pour lducationsuprieure ce chiffre devra plus que doubler.

    Si les taux actuels dabandon scolaire se maintiennent, la populationactive sera de plus en plus constitue dadultes nayant pas compltlenseignement secondaire ou suprieur. Les adultes instruits mais nedisposant pas de diplmes secondaires ou suprieurs auront plus dedifficult intgrer le march du travail. lhorizon 2030, on estime queplus de 50 % de la population adulte sera classe dans cette catgorie.

    Enfin, bien que lducation universelle paraisse tre en vue pour lesniveaux obligatoires, il y a encore une proportion significative denfantset de jeunes adultes qui nont jamais t lcole. Ces derniers 5 % denfants et de jeunes sont beaucoup plus difficiles toucher : souvent ilsagit des membres les plus vulnrables, marginaliss et dsavantags dela socit.

    Financement du secteur

    Dans la plupart des pays, les changements dmographiques et lappel aux rformes des systmes ducatifs vont exiger des ressourcessupplmentaires. Cependant, comme not ci-dessus, les gouvernementsdes pays de la rgion MENA dpensent dj des ressources considrablesdans ce secteur, et la croissance de ces dpenses a devanc la croissanceconomique. Lexamen des tendances actuelles en matire definancement sectoriel suggre que trois paramtres doivent tre pris en compte pour le financement des rformes. En premier lieu, lefinancement de lducation par le priv est relativement modeste,principalement en consquence de lengagement de la plupart des payspour une ducation gratuite. En deuxime lieu, les pays de la rgionMENA dpensent environ 50 % de plus que dautres pays revenumoyen (slectionns pour la comparaison) pour le deuxime cycle delenseignement secondaire et deux fois plus que les pays de lOCDE pourlenseignement suprieur et en proportion du PIB par tte. Enfin, au furet mesure que la demande augmente en matire dducation secondaireet suprieure, les diffrents pays seront tents de transfrer les ressourcesdes niveaux infrieurs aux niveaux suprieurs dducation, entranantainsi dventuels effets ngatifs sur la qualit de lducation de base.

    En rsum, les systmes ducatifs dans les pays de la rgion MENAdevront effectuer des changements afin de sadapter aux nouvellesdemandes prsentes sur le march du travail et au nombre croissant dejeunes. Cependant, les ressources peuvent tre limites et des alternativesfinancires peuvent savrer ncessaires. Une nouvelle approche larforme de lducation sera ncessaire pour relever les dfis.

    Introduction dun nouveau cadre pour la rforme de l'ducation : La ncessit dune approchemultidimensionnelle incorporant lingnierie,des incitations et la responsabilit publique

    tant donn que les rformes passes nont pas donn lieu aux rsultatsducatifs recherchs, les rformes futures devront tre orientes vers unenouvelle approche ou un nouveau cadre. Le cadre propos dans le

  • Rsum analytique 11

    prsent rapport est bas sur trois lments : lingnierie efficace, desincitations alignes sur les rsultats et des mesures favorisant une plusgrande responsabilit publique afin de donner une voix au citoyen. Les troislments de rforme sont critiques et la prsomption dans le prsentrapport est que si les dcideurs mettent beaucoup trop laccent sur unseul lment et ngligent les autres, les rformes futures ne seront passusceptibles de crer le niveau dsir ni dassurer la qualit et lacombinaison des rsultats ducatifs susmentionns.

    Des rformes en matire dingnierie privilgient les mesures destines augmenter la quantit et amliorer la qualit des intrants dans lessystmes ducatifs. Les mesures de rformes se concentrent sur ladtermination de la configuration efficace dintrants permettant dedonner lieu un rsultat recherch (par exemple, les coles, lesenseignants et lquipement ncessaires afin de parvenir un certainniveau de scolarisation). Ces ingrdients sont importants pour quunerforme srieuse russissent, mais ils ne modifient pas ncessairement lecomportement des acteurs concerns, cest--dire les prestataires deservice et les clients.

    Des rformes concernant les incitations adressent le problme decomportement ci-avant et concernent la motivation des acteursparticipant au processus dducation. Ils sont drivs de la thorieappele agent principal . Le point de dpart est que les prestatairesde services en matire dducation (enseignants, directeurs dcoles) sontdes agents ou oprateurs relativement indpendants dont les actionsjournalires ne peuvent tre suivies par les principaux . Pour assurerquils agissent comme ils sont supposs le faire (enseignementefficace, adoption de nouvelles approches), il est important de crer desmcanismes permettant de lier les rsultats ducatifs aux rcompenses(ou pnalits) adresses aux enseignants et directeurs dcole. Parexemple, des rcompenses, pcuniaires ou autres, peuvent tre proposesaux enseignants ou coles sur la base de meilleurs rsultats aux examens.De tels mcanismes ont lavantage daffecter le comportement des agentsdans un sens positif, mais ils ne sont pas faciles mettre en uvre causede la difficult dattribuer les rsultats la seule performance desenseignants ou des coles. Cependant, le problme nest pas sanssolution comme nous allons le voir ci-aprs.

    Les rformes relatives la responsabilit publique mettent laccent surla capacit des parents, lves et autres intervenants exercer uneinfluence sur les objectifs, politiques et lallocation des ressourcesconsacres lducation au niveau national et/ou local. Lhypothsefondamentale est que si la majorit des bnficiaires arrivent persuaderles dcideurs damliorer les politiques ducatives, les rsultatssamlioreront dautant. loppos, si lducation est conue pour servir les intrts de quelques-uns seulement, le bnfice tir delinvestissement lducation sera distribu trs troitement. Laresponsabilisation des dcideurs envers les citoyens peut faire en sorteque lducation serve mieux les objectifs les plus larges de la socit.Contre ces bnfices, la responsabilit publique est beaucoup plusdifficile introduire, surtout dans des socits qui ne sont pas trsdmocratiques.

  • 12 Un parcours non encore achev

    Le prsent rapport soutient la thse quil y a une interaction positivelorsque les trois types de rformes sont mis en uvre conjointement(figure 4). Des programmes de rforme russis combinent : uneingnierie efficace portant sur lutilisation efficiente des intrants ; desstructures dincitation fonctionnant bien et appuyes par des mcanismesdvaluation et de rcompense pour les rsultats obtenus ; des systmesefficaces de responsabilisation o les prfrences des lves / tudiants,parents et des citoyens en gnral sont entendus et font lobjet dengociations. Des rformes partielles et isoles peuvent rsulter enquelques amliorations sur le plan des performances, mais en intgrantles trois composantes susmentionnes, elles sont susceptibles damener des rformes plus russies.

    Parcours couvert jusqu prsent dans la rgion MENA :Les pays de la rgion MENA ont gnralement suivi un parcours similaire en matire de dveloppementducatif en injectant quelques incitations et mesures de responsabilit, mais de manire insuffisante

    En tablissant une correspondance entre lvolution des rformes dusystme ducatif et le cadre analytique esquiss ci-dessus, la plupart despays ont progressivement fait voluer leur paradigme de dveloppement partir dun systme essentiellement bas sur lingnierie vers unsystme incluant certaines incitations et prises de responsabilit.Toutefois, le changement dorientation a t limit et ne convient pasaux demandes actuelles et futures auxquelles les systmes ducatifs sontconfronts travers la rgion. Cette volution se confirme en tenant en

    FIGURE 4 :

    Les trois modules du cadre analytique

    Ingnierie

    +

    Incitations

    +

    Responsabilit publique

    =

    Rforme russie de l'ducation

    Ressources physiques Curicula et enseignement Financement et administration

    Suivi et valuation Motivation et rcompenses Information et marches

    Voix au niveau national Voix au niveau local

  • Rsum analytique 13

    compte lexamen qualitatif et quantitatif des diffrents types de rformeset de politiques adoptes jusqu prsent.

    Le parcours suivi jusqu maintenant : Une approche qualitative

    Juste aprs lindpendance, considrant la priorit donne lidentitnationale et lducation de masse, la plupart des pays de la rgionMENA ont mis en uvre une configuration particulire des mesures derforme relative lingnierie, aux incitations et la responsabilitpublique. La premire action a gnralement eu trait la responsabilitpublique par la codification de laccs libre et obligatoire lducationpour tous les citoyens au moyen de constitutions et de loisfondamentales. Le systme dincitation instaur tait un appareilcentralis de commande et contrle : les coles taient proprit de ltat, le contenu tait assur par les ministres concerns et lesenseignants taient des fonctionnaires. Cependant, lingnierieconstituait lapproche principale utilise dans la mise en place desystmes ducatifs : la construction et lamnagement de nouvellescoles, la production dlments pdagogiques, llaboration des cursus,ainsi que le recrutement, la formation et le dploiement des enseignants.Les gouvernements avaient galement besoin de gnrer de la demandepour la scolarisation formelle : il sagissait souvent dun dfi en raison ducot lev dopportunit pour les familles dmunies. Donc, diversesinitiatives ont t mises en place afin dattirer et de retenir les lves lcole.

    Aprs linscription du plus grand nombre possible dlves, la plupartdes pays de la rgion MENA ont par la suite t obligs de faire face auproblme dune expansion excessive de lenseignement suprieur. Destaux croissants de chmage des diplms et les cots entrans parlducation suprieure ont fait que les autorits de plusieurs pays de largion MENA ont d adopter des moyens permettant dattnuer lademande. Certains ont opt pour des normes dadmission et de rtentionplus strictes et pour la rduction des avantages devant attirer destudiants (par exemple, moins de bourses). La rponse la plus frquente,cependant, a t dorienter les tudiants ayant obtenu des rsultatsmoindres vers la formation professionnelle au niveau du secondaire. Unefois intgrs la formation professionnelle, les tudiants restent sur unparcours permettant lacquisition de comptences pratiques orientesvers une carrire prcise, trs peu dentre eux ayant la possibilit depoursuivre une ducation universitaire. Diffrente des politiquesprcdentes lies lexpansion de la scolarit, la demande dsormaiscontrainte et la rorientation de la demande ont t mal accueillies parles tudiants et les parents.

    Un autre pilier du dveloppement ducatif adopt par plusieurs paysa t sous forme de programmes dalphabtisation. loppos delenseignement formel, ces programmes, par leur nature mme, taient caractre remdiable et isols, souvent dans le cadre de campagnes .Ces programmes visaient normalement la rintgration des personnesnayant jamais bnfici de la scolarisation obligatoire ou celles layantabandonne de manire prmature.

  • 14 Un parcours non encore achev

    Compares lducation formelle, les incitations ont t plus envidence pour lalphabtisation des adultes et autres initiatives ducativesnon formelles. En premier lieu, la taille, la localit et les besoinsspcifiques de formation de la population cible ne sont pasparticulirement aiss discerner, donc une institution plus souple etmotive par la demande sest avre plus efficace. En deuxime lieu, entant quactivit unique, lducation non formelle et lalphabtisation sontbeaucoup plus attirantes pour des oprations contractuelles, car elles nencessitent pas ltablissement dune relation permanente avec leprestataire de service.

    Une approche quantitative

    Aprs la catgorisation des mesures de rforme de 34 programmesentrepris dans 14 pays de la rgion MENA au cours des dernires 40 annes, une analyse quantitative confirme plusieurs tendancesprsentes ci-avant donnant lieu quelques considrationssupplmentaires. Premirement, les rformes dans la rgion MENA ontt domines par la perspective dingnierie tous les niveauxdducation. Sur la totalit du nombre de mesures de rforme, 82 %taient des mesures dingnierie alors que la proportion dincitations etde mesures de responsabilit publique ne reprsentaient que 9 %.

    Il semble quil y ait une lgre variation en termes dobjectifs. Eneffet, 15 % des mesures de rforme visant lamlioration de la qualit sesont servis de mesures dincitation allant de pair avec le dclin desmesures dingnierie. Cette constatation suggre que lobtention dunemeilleure qualit peut ncessiter plus de mcanismes dincitation. Demme, il semble quil y ait plus de mesures concernant la responsabilitpublique associes des objectifs dquit et didentit nationale (18 et19 % respectivement), signifiant peut-tre un lien troit entrelallocation des ressources et la voix civique.

    Dans le temps, les programmes de rforme dans les pays de la rgionMENA ont fait montre dun modeste changement passant delingnierie lincitation. La catgorisation des rformes par phase dedveloppement ducatif (dtermin par les taux bruts dinscriptions), lesmesures de rforme ont de plus en plus mis laccent sur le recours auxincitations : la part des mesures dingnierie se trouve sur une pentedescendante passant de 82 % au dbut des rformes 72 % lheureactuelle. En mme temps, le pourcentage des mesures dincitation aaugment, passant de 6 % 15 %.

    Ce que signifient ces observations collectivement cest que les pays dela rgion MENA se sont fortement appuys sur lingnierie pouramliorer laccs quitable et efficace lducation et pour construireune identit nationale. Peut-tre laccent tait-il justifi durant la priodeaprs lindpendance tant donn que la mise en place dun systmeducatif de masse ncessitait de l ingnierie sous toutes ses formes.Un systme de commande et de contrle a probablement t la meilleurefaon de grer le processus dans son ensemble. Cependant, le mondeayant chang et le systme ducatif devant faire face de nouveaux dfis,il savre que lapproche la rforme ducative dans les pays de la rgionMENA na pas volu aussi rapidement. Les donnes indiquent que la

  • Rsum analytique 15

    plupart des pays de la rgion MENA ne sappuient pas encore sur lesincitations et la responsabilit publique de manire systmatique.

    Pourquoi certains pays de la rgion MENA ont-ils connude meilleures performances que dautres ?Les rformateurs russissant le mieux ont intgr plus de mcanismes dincitation et de responsabilitdans leurs systmes ducatifs

    Parmi les tendances rgionales dcrites ci-dessus, on a vu une variationen termes de rsultats et dapproches aux rformes institues par lesdiffrents pays. La prmisse du rapport propose que les pays de la rgionMENA ayant enregistr de bonnes performances, avaient des systmesfaisant montre dune meilleure ingnierie, dincitations mieux alignesaux rsultats, et dune plus grande responsabilit publique que ceuxenregistrant des performances moindres. Cette hypothse a tconfirme par lanalyse de la relation entre les rsultats et les rformesdans les pays de la rgion.

    Rsultats ducatifs

    Le rapport tablit un indice composite des rsultats ducatifs pour 14 pays incorporant les ralisations relatives laccs, lquit, la qualitet lefficacit de lducation aux trois niveaux formels, corrigs par pointde dpart. Dans le cas de laccs, lindice regroupe les taux netsdinscription dans lducation primaire et les taux bruts dinscriptiondans le secondaire et lducation suprieure. Lindice intgr pour laccsdmontre que le Liban, la Jordanie, l'gypte, et la Tunisie ont connu desperformances particulirement leves compares Djibouti, au Ymen, lIraq et au Maroc. Le reste des pays sest class au milieu. La variationentre les pays est explicable surtout cause des diffrences de tauxconcernant lducation suprieure.

    La russite relative en matire dquit a t mesure en comparantles indices de parit entre les genres (IPG) des taux bruts de scolarisationet la distribution des annes de scolarisation. (LIPG est dfini commetant le taux brut de scolarisation pour les filles divis par le taux brut descolarisation pour les garons.) Aujourdhui tous les pays sauf Djibouti,l'gypte, lIraq, le Maroc et le Ymen ont des IPG dau moins 0,95 pour tous les niveaux denseignement. Les IPG pourlenseignement suprieur sont plus levs que pour lenseignementprimaire et secondaire dans la plupart des pays de la rgion MENA. EnIran, Jordanie, Kowet, Liban, Arabie saoudite et Tunisie, le nombredtudiantes lenseignement suprieur dpasse celui des tudiants parune marge importante. En ce qui concerne la distribution des annesdducation, tous le pays se sont considrablement amliors depuis lesannes 70. La russite ducative la plus quitablement rpartie revient la Jordanie et la Syrie alors que les plus grandes disparits existent enIraq et au Ymen.

    Lefficacit a t mesure travers le taux de russite au niveauprimaire. Ce taux dans la rgion varie de 36 % Djibouti 106 % enCisjordanie et Gaza. La qualit a t mesure partir de deux

  • 16 Un parcours non encore achev

    perspectives : les taux dalphabtisme des adultes et les rsultats obtenusaux examens internationaux (TIMSS, 2003). Dans la rgion, les tauxdalphabtisation des adultes ont doubl de 1970 nos jours, enregistrant29 % pour Djibouti et 93 % pour le Kowet. LAlgrie, lIran, lArabiesaoudite, et la Tunisie ont enregistr les plus grands progrs en matiredalphabtisation des adultes au cours des dernires 35 annes. Djiboutiet lIraq ont augment le moins leurs taux dalphabtisme adulte au coursde la mme priode. Quant aux rsultats du TIMSS, lIran et la Jordanieont eu les meilleurs rsultats en sciences, tandis que le Liban et le Marocen ont eu les rsultats les moins bons. Pour les mathmatiques, laJordanie et le Liban ont eu les meilleurs scores, tandis que le Maroc etlArabie saoudite ont eu les rsultats les moins bons.

    Lorsque les quatre indicateurs sont combins en un seul indicegnral, la diffrence la plus marquante se trouve entre les pays les plusperformants (Jordanie et Kowet) et les pays les moins bien classs(Djibouti, Ymen, Iraq et Maroc) de lchantillon (figure 5). Les pays performance moyenne, surtout la Tunisie, le Liban, lIran, l'gypte, laCisjordanie et Gaza et lAlgrie, ont tendance suivre de prs les paysdmontrant les meilleures performances. Chaque groupe de paysconfronte des dfis lgrement diffrents. Le pays se classant en haut delchelle ont ralis des niveaux relativement levs daccs lducationet se trouvent maintenant dans une position leur permettant dengagerune nouvelle gnration de rformes ducatives destines adresser lartention des niveaux plus levs dinstruction, une plus grandeefficacit externe ainsi que des niveaux plus levs en matire de qualitde linstruction pour tous. Les pays enregistrant les performances les plus

    Ind

    ice

    qualit efficacitquitaccs

    0.0

    0.1

    0.2

    0.3

    0.4

    0.5

    0.6

    0.7

    0.8

    0.9

    1.0

    Jord

    anie

    Kowe

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    Liban

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    du

    Djib

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    FIGURE 5 :

    Indice intgr concernant l'accs, l'quit, l'efficacit et la qualit

  • Rsum analytique 17

    faibles doivent encore confronter des problmatiques fondamentales,telles que des taux de russite trs bas dans le primaire et de faiblesniveaux dalphabtisme et daccs lducation aprs la priodeobligatoire.

    Les pays rsultats moyens font montre de leur propre dosage deralisations ducatives et de dfis. Par exemple, alors que l'gypte aatteint lducation primaire universelle et a rduit lcart entre les sexes tous les niveaux dinstruction, les niveaux dalphabtisme restentrelativement bas et la qualit de linstruction pourrait tre amliore.LAlgrie et la Syrie enregistrent de hauts taux dabandon limitant leurcapacit dvelopper les niveaux denseignement post-obligatoires. Parconsquent le groupe est en mesure de consolider les ralisations passeset de prendre en main les problmes spcifiques auxquels ces deuxnations sont confrontes.

    Il y a deux corrlations intressantes noter dans la prsentecomparaison. En premier lieu, quatre pays de lchantillon ont connu desconflits politiques considrables depuis les annes 60, et pourtant ils sesont montrs capables de maintenir leur place en haut de lchelle ouparmi les pays moyens : le Liban, lIran, le Kowet, et la Cisjordanie etGaza. En deuxime lieu, la russite satisfaisant les objectifs ducatifs napas toujours une corrlation avec le revenu par tte. Il est certain que leKowet obtient un rsultat meilleur que le Ymen ou Djibouti.Cependant, lAlgrie et lArabie saoudite, disposant de revenus par tterelativement levs, marquent un score moindre que la Jordanie ou laTunisie qui ont des revenus par tte plus bas. Donc, ni une situation deconflit ni le manque de disponibilit de ressources ne constituent desgoulets dtranglement aux progrs dans les rformes ducatives.

    valuation des rformes par rapport aux rsultats

    Les pays en haut de lchelle ont-ils organis leurs systmes ducatifsmieux que le restant de lchantillon ? Ont-ils adopt de meilleuresincitations afin de motiver les acteurs participant au processus ducatif ?Ont-ils fait montre de plus de responsabilit publique envers leurscitoyens ? Ces questions ont t abordes par lexamen descaractristiques du systme ducatif refltant lingnierie, les structuresdincitation et la responsabilit publique. Ces caractristiques actuellessont le rsultat des efforts rformateurs entrepris dans le pass.

    Qui a mieux fait de lingnierie ? La Jordanie et le Kowet ont dessystmes ducatifs ayant vraisemblablement des caractristiques eningnierie meilleures que le Maroc, lIraq, le Ymen et Djibouti. Lespays de moyenne chelle ont tendance dmontrer des caractristiquesmitiges. Cette conclusion suggre que les systmes bnficiant dunemeilleure ingnierie sont capables dobtenir des rsultats ducatifsrelativement meilleurs. La qualit de lingnierie a t dtermine par ltude des caractristiques ci-aprs : la pdagogie, la capacitdenseignement, la structure de lducation et le flux des lves ainsi quela mobilisation des ressources. Il a t procd alors une valuation dela russite relative de chaque aspect de lingnierie. Par exemple, laqualit de la pdagogie a t dtermine sur une base tenant compte delexistence ou non de composantes telles que : lapprentissage par la

  • 18 Un parcours non encore achev

    recherche, lapprentissage centr sur ltudiant et des opportunitsmultiples dducation, et laccent port la technologie, aux sciences, etaux langues trangres. Sur la base des informations disponibles, laJordanie, la Tunisie et le Liban ont fait le plus de progrs en matire depdagogie centre sur ltudiant. Par opposition ces innovationspdagogiques, les pays restants continuent adopter une pdagogiedpasse. Les cursus et les livres scolaires sont dvelopps de manirecentralise pour sassurer que tous sont identiques pour un niveau donn.La langue arabe, lhistoire et la religion prdominent dans les cursus, parrapport aux mathmatiques, aux sciences et la technologie.

    Qui a utilis le plus les systmes dincitation ? Une distinction a tdresse entre les prestataires dducation publics et privs. Plusieursmesures ont t utilises pour valuer les incitations pour les colespubliques : lautonomie scolaire, la participation aux examensinternationaux (par exemple, TIMSS), lexistence dun systme nationaldaccrditation, la prsence dassociations de parents dlves, un systmedinspection, et si le pays fait correspondre la performance des coles etdes enseignants un systme de rcompenses sous forme de ressources,dapports pcuniaires ou en matire dvolution de carrire.Lvaluation, le suivi et les rcompenses ont t jugs sur la base dupourcentage dinscriptions dans les institutions prives tous les niveauxdducation dans un pays donn. Les prestataires privs disposent duneplus grande autonomie et dune capacit de prvoir des rcompenses queleurs contreparties dans les coles publiques. Par consquent, plus lesecteur priv est impliqu, mieux sera le systme dincitation.

    Aucun pays na dcoles publiques disposant de suffisammentdautonomie ou proposant des rcompenses aux enseignants ou auxcoles en reconnaissance des performances. Tous les pays disposent desystmes dinspection centraliss ainsi que dassociations de parents, bienque les entits ne puissent pas fournir des rcompenses aux enseignantsen relation avec leur niveau de performance. On a cependant constatquelques variations concernant les autres mesures. Pratiquement tous lespays ont particip aux TIMSS, lexception de lIraq, du Ymen et deDjibouti, tous en bas de lchelle sur le plan des performances. LaJordanie et la Tunisie, deux pays en haut de lchelle, ont introduit desvaluations des rsultats de lenseignement des fins de planification deresponsabilisation.

    En prenant pour base ce qui prcde, la conclusion globale du rapportest que trois des pays en haut de lchelle (Jordanie, Kowet et Liban)sont galement ceux qui ont donn lieu de meilleures valuations enmatire de suivi et de rcompenses dans les coles publiques et une plusgrande participation du secteur priv. La Tunisie dont la russite seraitplus le rsultat dune bonne ingnierie, constitue une exception. Enopposition aux pays en haut de lchelle, le Maroc, lIraq, le Ymen, etDjibouti ne disposent que de peu de prestataires dans le secteur priv.

    Quel pays a fait montre dune meilleure responsabilisation publique ?Est-il vrai que les pays ayant donn plus de voix leurs citoyens, enparticulier des mcanismes spcifiques lducation, ont des systmesducatifs qui obtiennent de meilleurs rsultats que ceux qui nen ont pas ?

  • Rsum analytique 19

    En se servant de lIndice de la responsabilit publique qui value dansquelle mesure les citoyens peuvent accder aux informations et tenirresponsables leurs leaders et reprsentants officiels de leurs dcisions etactions, et pouvant participer la slection et au remplacement despersonnes en position dautorit, il semble que les pays en haut delchelle, notamment la Jordanie, le Kowet et le Liban, bnficientdune plus grande responsabilisation publique que les pays en bas delchelle, mis part le Maroc (Figure 6). Les citoyens des pays mdians,y compris lIran, l'gypte et lAlgrie, ont des niveaux modrs deresponsabilisation. Ces exemples servent de rappel au fait quil faut unecombinaison dune bonne ingnierie, des incitations alignes et de laresponsabilisation publique afin dobtenir de bons rsultats ducatifs.

    En rsum, trois aperus peuvent tre tirs de lanalyse. En premierlieu, il y a des variations significatives dans les rsultats des pays. LaJordanie, le Kowet, la Tunisie et le Liban ont connu relativement plusde succs en offrant plus daccs une ducation de qualit raisonnablepour leurs citoyens que les autres pays faisant partie de lchantillon. lautre extrmit du spectre, Djibouti, le Ymen, lIraq et le Maroc sontnettement la trane. Enfin, au milieu il y a un autre groupe de payscomprenant lIran, l'gypte, la Cisjordanie et Gaza, lAlgrie, lArabiesaoudite, et la Syrie.

    En deuxime lieu les pays connaissant le plus de russite semblentdisposer de systmes ducatifs faisant montre dun bon dosagedingnierie, dincitations et de responsabilisation publique. Cetteobservation tend confirmer le cadre analytique et suggre quil peuttre utilis pour mettre sur pied des rformes futures dans la rgion etailleurs. Il y a, cependant, des exceptions. Le contraste entre la Tunisieet le Maroc a t soulign, le Maroc faisant montre dune plus granderesponsabilit publique mais de faibles rsultats ducatifs et la Tunisiefaisant montre du contraire. Ceci suggre que des solutions sousoptimales peuvent donner lieu des rsultats positifs.

    En troisime lieu, de plus en plus de pays dpendent de plus en plusdu secteur priv pour des prestations ducatives tous les niveaux. Alors

    FIGURE 6 :

    Rsultats ducatifs et responsabilit politique

    R2 = 0.12140.4

    0.5

    0.6

    0.7

    0.8

    0.9

    1.0

    0 10 20 30 40 50

    Indice de responsabilit publique

    Ind

    ice

    int

    gr

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    ltat

    s

    Ymen

    Arabie saoudite

    Syrie

    Maroc

    Liban

    JordanieTunisie

    IranKowet

    Algrie

    gypte

  • 20 Un parcours non encore achev

    que cette tendance permet de rsoudre partiellement les problmesrelatifs aux incitations et au suivi, sa russite ncessite un fort rgimerglementaire ainsi quune attention spciale accorde aux problmesdquit. Aussi doit-il tre reconnu que le rle du secteur priv danslducation est susceptible de rester limit dans un avenir prvisible. Parconsquent, aucun pays ne peut se permettre de relcher ses effortsrelatifs la rforme de lcole publique.

    ducation et marchs du travail : Lemploi des diplmsuniversitaires est souvent compromis par la faibledemande de main-duvre

    Dans les pays de la rgion MENA le chmage est en moyenne de 14 %,ce qui est plus lev que dans toutes les autres rgions, lexception delAfrique subsaharienne. Ce problme touche pratiquement tous les paysde la rgion, y compris plusieurs pays exportateurs de ptrole du Golfedevant traditionnellement importer des travailleurs expatris pour veniren supplment la population active locale. En outre, le chmage aaffect de manire disproportionne ceux dots de niveaux ducatifs pluslevs. Ainsi, la nature des marchs du travail dans les pays de la rgionMENA et au-del de leurs frontires, a fait quil est plus difficile demaximiser les rendements conomiques de lducation. lintrieur despays, la demande en main-duvre est gnralement insuffisante oucomporte des distorsions, cause du faible niveau de croissanceconomique, de la prdominance de ltat en tant quemployeur et ducot relativement lev li la marche des affaires. Il en rsulte que laproductivit et les rendements de lducation sont particulirementfaibles. Dans tous les pays, la mobilit des travailleurs est entrave parlasymtrie des informations concernant les candidats des postes detravail et les opportunits demploi, la faible application des conditionscontractuelles et le manque de coordination au sein des gouvernementspour rsoudre ces problmes. Labsence dune correction de cesproblmes donne lieu lrosion des avantages obtenus de lducationpour les pays exportateurs et importateurs de main-duvre et pour lesmigrants eux-mmes.

    Les rsultats sur les marchs du travail observs dans les pays de largion MENA sont la consquence de dsquilibres entre loffre et lademande de main-duvre. Du ct de loffre, la population active despays de la rgion MENA sest accrue plus rapidement quen Asie de lEstou en Amrique latine et ce, depuis plusieurs dcennies. Avec un plusgrand nombre de femmes la recherche dun emploi, la croissance de lapopulation active sest acclre au cours des annes 90. Du ct de lademande, la rgion a t en mesure, au cours des annes 60 et 70, deraliser des taux de croissance relativement rapides rendant possiblelabsorption de la croissance dmographique sur le march du travail.Cependant, partir des annes 90, le chmage dans les pays de la rgionMENA tait lun des plus levs alors que le taux daccomplissement enmatire dducation avait augment. Une des causes de ce dsquilibre at lhritage de lemploi public qui a rsult en une utilisation moinsquoptimale de la main-duvre ainsi que la cration dattentes qui

  • Rsum analytique 21

    ne pouvaient pas tre satisfaites. Des rglementations excessives etcoteuses ont ralenti la croissance dun secteur priv efficace etdynamique entravant la capacit des pays de la rgion de crer des emplois productifs. Enfin, les politiques structurelles etmacroconomiques nont pas toujours t compatibles avec la possibilitde profiter des opportunits du commerce. Ce nest pas tonnant que lesrendements conomiques de lducation nont pas t aussi levs quonaurait pu lesprer.

    La migration de la main-duvre dans les pays de la rgion MENA arelativement bien servi les pays htes et les pays exportateurs dans lepass, avec un excdent de main-duvre dans un sous-groupe de pays(lgypte, le Liban, la Jordanie et le Maroc) et un excdent en capitauxdans un autre groupe de pays (ceux du CCG, le Conseil de cooprationdu Golfe). Sans mobilit de la main-duvre, le chmage dans la rgionaurait t plus lev que celui observ, et les rendements de lducationplus bas que ceux enregistrs. Pourtant, ce rsultat positif a t possiblemalgr une srie de politiques relatives la migration et aux pratiques quinencouragent pas la migration. Les politiques dembauche dans les tatsdu Golfe et les politiques strictes pratiques par lUnion europenne et lAmrique du Nord ont rsult en des niveaux sub-optimaux demigration et un niveau lev de migration illgale. Labsence depolitiques explicites en faveur de la migration dans les pays exportateursde la rgion MENA a laiss certains migrants sans mcanisme efficaceleur permettant de rechercher un emploi ltranger ou de sassurer dedcrocher des conditions de travail satisfaisantes dans le pays hte. Pources deux raisons, la migration dans les pays de la rgion MENA na pastoujours t le jeu gagnant-gagnant quil aurait pu tre. lappui cette vision sont les taux levs de chmage dans les pays forte capacitde main-duvre ainsi que les carts persistants en capital humain dansles pays forte disponibilit de capitaux.

    Ainsi, pour tirer tous les avantages de lducation, des rformescomplmentaires sont ncessaires pour valoriser la demande en emploisdcents et pour permettre une utilisation plus productive du capitalhumain, lintrieur et lextrieur des diffrents pays. Les rformessont importantes pour amliorer le rendement des investissements passs lducation ainsi que pour assurer que les bons choix en matiredducation seront oprs lavenir.

    Le futur parcours

    Le parcours non encore couvert se rfre au restant du voyage que la rgionest appele faire. Le voyage constitue une continuation des effortsdploys auparavant en matire de rformes, mais il constitue galementun dpart significatif par rapport aux pratiques passes. Tenant comptede la perspective du cadre analytique discut ci-dessus, le rapport conclutque les systmes ducatifs dans les pays de la rgion MENA aurontbesoin de mesures dingnierie diffrentes, de structures dincitation etde mcanismes de responsabilisation publique. Ils auront galementbesoin de changements dans la relation entre le march du travail etlducation.

  • 22 Un parcours non encore achev

    De lingnierie des intrants lingnierie des rsultats

    Au cours des phases antrieures de la rforme ducative, lingnierieconstituait une activit relativement directe de mise en place debtiments, denseignants et dquipements pdagogiques sur la base desprvisions de la demande. Dsormais le systme ducatif doit assurer lescomptences appropries pour faire face la concurrence internationaleet satisfaire la demande toujours croissante pour lducation au-del dela priode obligatoire. Cette complexit accrue ncessite un nouveaugenre dingnierie bas sur le partenariat en lieu et place decommandements hirarchiques. Par exemple, plutt que de contrlerlallocation de tous les intrants et ressources pdagogiques, les autoritsdoivent coordonner lapport dun ensemble dacteurs (publics, privs,locaux, non gouvernementaux) pour atteindre les objectifs attendus.Certains des outils de ce type dingnierie incluent le contrle de laqualit et les partenariats publics-privs. En outre, les ingnieurs (du ministre jusqu lcole) seraient responsables de mobiliser dessources additionnelles de financement.

    Du contrle hirarchique aux contrats compatibles avec des incitations

    Lutilisation dincitations pour modifier le comportement desducateurs, des coles ou des prestataires dautres services ducatifs nestpas un phnomne nouveau dans la rgion. Cependant, afin depromouvoir la flexibilit et la performance des acteurs dans le domaineducatif, le rapport constate trois domaines o les pays de la rgionMENA peuvent amliorer les structures incitatives. En premier lieu, uneinstruction et ducation assures par des entits non publiquespourraient tre davantage encourages, en particulier dans les domaineso il est vident quelles offrent un avantage comparatif permettant desatisfaire une demande plus diversifie en matire de services ducatifs(par exemple, ducation non formelle, formation professionnelle etducation post-secondaire). En deuxime lieu, plus de responsabilits enmatire de prises de dcision pourraient tre transfres au niveauscolaire ou universitaire, afin daccrotre la flexibilit. Paralllement, desfinancements publics (additionnels) pourraient tre associs aux rsultatset linnovation, assurant ainsi la responsabilisation en ce qui concernela performance. Enfin, les enseignants doivent oprer plus comme desmdecins ou des avocats cest--dire en professionnels en appliquantdes diagnostics et en formulant des rponses convenant aux besoinsspcifiques des tudiants et de lenvironnement. Pour appuyer cettetransformation, il faudrait de nouvelles incitations destines auxenseignants. Bien que le fait de lier les salaires et promotions desenseignants aux rsultats ducatifs fasse lobjet de controverses, denombreux pays ont mis en place un systme dexprimentationconcernant les incitations axes sur des quipes denseignants (parfois auniveau de lcole, et parfois pour des dpartements spcifiques) pourquils travaillent ensemble dans le but damliorer les rsultats ducatifs.Laccrditation des enseignants et les promotions pourraient obliger cesderniers adapter en permanence leurs comptences, plutt que decompter sur la seule anciennet.

  • Rsum analytique 23

    De la responsabilit envers ltat la responsabilit envers le public lducation a un nouveau chef de file

    Afin de promouvoir de meilleures performances des systmes ducatifs,ces derniers doivent se conformer la demande de plus en plus complexedune clientle diversifie (parents, tudiants, travailleurs, employeurs).Une meilleure responsabilisation envers le public peut tre aborde dedeux faons. En premier lieu, des mcanismes institutionnels peuventtre mis en place pour promouvoir des rgles du jeu plus homognes afin que les intervenants puissent influer la politique ducative,lallocation des ressources et la prestation des services. Dans les pays de la rgion MENA, ces derniers ont t crs par les gouvernements dans le contexte de consultations, comits de contrle parlementaires, comits consultatifs ainsi que par linclusion de reprsentants nongouvernementaux au sein des agences de supervision. Dans denombreuses autres rgions, la socit civile a galement cr de telsmcanismes par le biais dorganisations de plaidoirie ou de chien degarde , de revues spcialises, dinstituts indpendants de recherche etdassociations professionnelles. De tels exemples ont vu le jour dans lespays de la rgion MENA. En deuxime lieu, un systme dinformationsprcises, crdibles, mises jour en permanence et suffisammentdtailles est ncessaire pour utiliser efficacement les incitations visant amliorer les rsultats ducatifs, et assurer que tous les vhicules deresponsabilisation publique fonctionnent sur la base dun fondementsolide. Les systmes dinformation ducatifs tendent tre faibles dans largion MENA, comme le montrent les nombreux carts au niveau de ladisponibilit des donnes sur lducation. Mme sur le plan de simplesinformations relatives aux rsultats des tudiants, frquentation scolaire,abandons, absentisme des enseignants, formation pdagogique etbesoins en qualifications, elles restent inaccessibles aux coles, districts etresponsables nationaux de lducation.

    Synchronisation de laccumulation du capital humain avec la demande en main-duvre

    Des initiatives devraient tre mises en place aux niveaux nationaux,rgionaux et internationaux, afin dobtenir de meilleurs rsultats sur lemarch du travail et des rendements plus levs sur les investissementsen matire dducation dans les pays de la rgion MENA. En premierlieu, la politique demploi des gouvernements a rsult en une sous-utilisation de la main-duvre et a cr des attentes qui ne pouvaient pas tre satisfaites. Cette politique a t accompagne de niveauxrelativement bas de cration demplois par le secteur priv dans desactivits nouvelles et dynamiques. leur tour, les activits du secteurpriv ont t limites par des rglementations excessives et coteuses, descontraintes louverture, et une faible confiance dans les politiquesmacroconomiques. Une implication importante pour le secteur delducation est la suivante : avant de voir des progrs suffisantspermettant de crer des emplois productifs dans les secteurs dynamiquesde lconomie, lexpansion des systmes ducatifs de la rgion pourraitsavrer contre-productif.

  • 24 Un parcours non encore achev

    Sans mobilit de la main-duvre, le chmage dans la rgion auraitt plus lev et les rendements de lducation plus bas que ceuxenregistrs. Pourtant, ce rsultat positif a t possible malgr une sriede politiques et de pratiques migratoires qui nencouragent pas lamigration. Dans lensemble, les gouvernements des pays htes et despays dorigine peuvent bnficier de la conclusion daccords bilatrauxou multilatraux relatifs une migration et une rintgration bienordonnes des travailleurs. Ils pourraient coordonner encore plus leurssystmes ducatifs de faon leur permettre dassurer que les diplmsdes pays exportateurs aient les comptences les plus recherches sur lesmarchs des pays htes.

    Nouvelles destinations

    Ayant russi lexpansion des systmes dducation pour linclusion desenfants les plus aptes, garons et filles, les pays de la rgion MENA sontdsormais prts suivre un nouveau parcours. Ce nouveau parcoursncessite un nouvel quilibre entre les mesures dingnierie, dincitationet de responsabilisation publique. Paralllement, il ncessite unenouvelle focalisation concernant la rforme des marchs du travailinternes et externes.

    La configuration exacte du nouveau parcours nest pas identique pourchaque pays. Aprs tout, certains pays ont dj ralis un plus grandnombre de rformes ducatives et enregistr de meilleurs rsultats quedautres. On peut en dire autant de lampleur et de la nature des rformesconomiques. Donc, le programme de rformes de chaque pays seradiffrent en fonction des conditions initiales. Cependant, tous les pays,quelles que soient les conditions initiales, ont besoin de trouver unenouvelle combinaison dingnierie, dincitation et de responsabilisationpublique, en mme temps que des mesures destines amliorer lesrsultats sur le march du travail.

    Rfrences

    Barro, Robert J. et Jong-Wha Lee, 2000. Donnes internationales sur les acquisitions en ducation : Progrs et consquences (International Data on Educational Attainment: Updates andImplications), Srie Documents de travail 7911, Bureau national derecherche conomique (NBER), Cambridge, MA.

    U.S. Census Bureau, 2002. Profile de la population globale.http://www.census.gov/ipc/www/idbnew.html.

    Banque mondiale, 2004. Valoriser les possibilits demploi dans les paysdu Moyen-Orient et de lAfrique du Nord (Unlocking theEmployment Potential in the Middle East and North Africa).Washington, Banque mondiale.