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Free Powerpoint Templates Militer sans machine ? Résister aux pratiques militantes en ligne au sein du Parti Socialiste Congrès de la société Française des Sciences de l'Information et de la Communication Theviot Anaïs, Sciences po Bordeaux, Centre Durkheim 31 mai 2012

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Free Powerpoint Templates

Militer sans machine ?Résister aux pratiques militantes en ligne au

sein du Parti Socialiste

 Congrès de la société Française des Sciences de l'Information et de la Communication

Theviot Anaïs, Sciences po Bordeaux, Centre Durkheim

31 mai 2012

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Les prémices du Web politique en France• Les élections municipales de 2001 (Ethuin, Lefebvre, 2002)

• L’élection présidentielle de 2002 « Alors qu’aux municipales de 2001 moins de 1% des listes étaient présentes sur le

web, un an après, aux présidentielles, tous les candidats avaient un site et se servaient de l’internet pour faire connaître leurs programmes, offrir le téléchargement de tracts ou encore discuter avec les électeurs » (Gonié, 2005)

Dans une « newsletter » daté du 22 mars 2002, Lionel Jospin affirmait que « présider autrement » commence par « faire campagne autrement » et qu’Internet était selon lui « un des moyens de faire campagne autrement »

• 2004: phénomène du weblog en politique (Greffet, 2006)

• 2005: campagne sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe (Fouetillou, 2008)

• Election présidentielle de 2007 (Yanoshevsky, 2009; Vaccari, 2008)Budget consacré au Web lors de la campagne de 2007 de Ségolène Royal: 900 000

eurosDésirs d’Avenir: « Les activités sociales de militantisme ont été sémiotisées : quittant les

lieux de réunion, les préaux et les marchés chers au folklore des partis, elles ont migré vers l’écrit des ‘forums participatifs’, des listes électroniques, de discussion, des blogs » (Beauvallet, 2007).

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Multiplication des outils numériques pour faire campagne• 2008: succès de la campagne de Barack

Obama sur les réseaux sociaux-  5 millions de « fans » sur Facebook.- 572000 commentaires  postés sur le mur Facebook

de Barack Obama.

• 2010: les partis politiques français créent leur propre réseau en vue de l’élection présidentielle de 2012

- les Créateurs du possible pour l’UMP - les Démocrates pour le Modem, - Think Centre pour le Nouveau Centre,- Villepincom pour la République solidaire...- La Coopol pour le PS

« C'est un outil qui permet une meilleure organisation pour les militants, c'est-à-dire qu'on leur permet d'échanger entre eux, de porter entre eux des actions, des manifestations, des groupes de travail, des groupes de réflexion, pas seulement sur leur territoire, mais un peu partout en France (…). » 

Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, le 12 janvier 2010.

« Course politique virtuelle » (Barboni, Treille, 2011)

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Une numérisation progressive du PS ?

1998: création d’une section virtuelle, Temps réels (Beauvallet, Ronai, 2005)

2006: l’adhésion à 20 euros sur le Net (Barboni, Treille, 2011)

2007: élection présidentielle « participative » de Ségolène Royal avec Désirs d’Avenir.

2010: création du réseau social socialiste, la Coopol

« Quand on a lancé la Coopol, j’ai commencé à faire le tour des Fédération pour faire des réunions de formation. En expliquant à quoi ça servait, comment ça fonctionnait et ce genre de choses. »

Entretien avec Mathieu Deghan, responsable des réseaux sociaux à la Direction du Web du PS

2012: TousHollande.fr / Nouveau site du PS

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ProblématiqueLa création récente de ce réseau social partisan au PS et la montée en puissance du militantisme en ligne annoncent-elles « un devenir machine » du militantisme ?

Helen Margetts parle de « cyber-parti » - un parti tendrait à se détacher des structures traditionnelles et des modes de communication en face à face et privilégierait la machine sans intermédiaire humain (Margetts, 2006).

Le PS serait-il en train de se transformer en « cyber-parti » ?

Ou existe-t-il des résistances au sein même du PS devant la numérisation du parti ?

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MéthodesA partir de ma recherche doctorale « Militer sur le Net au PS et à l’UMP  »

- 41 entretiens semi-directifs:• 9 entretiens à la Direction du Web du PS et au QG de campagne Web de Hollande

• Entretiens avec des militants socialistes suite (ou non ) au questionnaire

- Questionnaire diffusé auprès des militants PS (n=489) des Fédérations de Paris, Gironde et Alpes-Maritimes

2 modes de passation:

• en ligne (Facebook, Coopol, forum politiques, sites d’actualités politiques…)

• hors ligne (section, Convention sur le projet du PS, Fête de la rose, meeting des primaires…)

Questions fermées / questions ouvertes - trois rubriques se reportant: • à leur représentation du militant et à leurs pratiques du militantisme• aux différentes dimensions de l’usage d’Internet, de façon globale et dans le cadre spécifique de leur

activité militante ;• aux caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, niveau d’études, CSP …) ;

- Deux mois d'observation participante à la Direction Web du PS (du 15 mars au 21 mai 2012)

  En ligne Hors ligne  Adhérents Non-adhérents adhérents Non-adhérentsPS 

364 110 125 0

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Des critiques des militants face à la numérisation du PS

- Des promesses de plus d’horizontalité déçues: «Nous allons introduire de l'horizontalité dans un système pyramidal» Valério Motta, lors du lancement de la Coopol en 2010

« Internet n'a rien changé. Les cadres sont peu présents ou distants sur Internet. C'est seulement un bon moyen pour garder contact avec des militants que l'on connait déjà ; mais ça on pouvait le faire sans Internet. »

Marie, 52 ans, adhérente au PS dans la Fédération de Paris depuis 2001. Entretien du 9 février 2012

- « perte de sens » du militantisme: plus ponctuel, plus individualiste

« Le passage à une société plus individualiste favorise l'outil internet, comme espace de militantisme. Mais, pour me déplacer à des meetings, tracter régulièrement depuis quelques semaines dans le cadre des primaires socialistes, le "militantisme assis" n'a aucun sens si Internet devient le seul espace. »

Fabrice, 36 ans, adhérent PS de la fédération de Paris depuis 2001

- Espace privilégié de la rumeur et de la désinformation

« N'importe quoi peut s'exprimer sur internet. Pour cette raison, beaucoup de rumeurs non contrôlées enflent de manière anonyme. Pourquoi alors s’informer sur Internet ? Je préfère aller en réunion de section. »

Jean-Christophe, adhérent PS depuis 2007 dans la fédération des Alpes Maritimes. Entretien du 23 novembre 2011.

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Une numérisation peu effective- Des outils numériques créés par le PS peu performants

« La coopol, moi le premier, j’y vais pas. Dans le fonctionnement, ça déconne. On te dit : « le groupe machin truc a changé ». Ouais, enfin, c’est cool. Ils ont changés une virgule dans l’intitulé du groupe, tu reçois 5 mails de mises à jour. L’information n’a aucun intérêt. En tant que secrétaire de section, t’es bombardé de mails qui ont des intérêts assez divers : entre le militants qui te dit « j’ai oublié la date de la réunion », que tu lui as quand même donné la veille ; mais comme ils ont pas lu le mail, ils te renvoient un mail pour te dire qu’ils ont oublié la date. Bon, tu réponds. Tous les courants t’envoient des messages. Au final t’es bombardé de mails. Ça sert [sic] à rien et c’est une perte de temps. C’est une fausse bonne idée. »

Patrick, secrétaire de section de la Fédération de Paris. Entretien du 27 mai 2011

- Recours au TIC pour ne pas avoir l’air en retard, mais réelle utilité?

« Franchement, non. La Coopol, non. On ne l’utilise pas. (…) Si on reste dans un cocon entre nous… Au jour d’aujourd’hui aller sur la Coopol pour mettre des choses que tout le monde va adorer parce que c’est notre candidat, ça sert à rien. (…) Et pour la mobilisation, on a toushollande. »

Membre de la cellule web de Hollande pour la campagne présidentielle de 2012, responsable du pôle « influence ». Entretien du 2 mars 2012.

MAIS … seulement 4% des adhérents-répondants disent « ne jamais utiliser Internet dans le cadre de leur activité militante ».

A nuancer…

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Multiplication des outils numériques.. Mais un seul utilisé!

Une minorité de militants compétents sur le web

« C’est aussi une question de génération. Je pense à Marie Odile, elle a une cinquantaine d’années, clairement elle se sert du mail parce que professionnellement, elle peut [sic] pas faire autrement. Facebook, ça l’intéresse [sic] pas du tout. Twitter, elle ne sait même pas ce que sait. Et la coopol ; elle te dit « écoute t’es gentil, mais envoie moi un mail ».

Entretien avec Julien, secrétaire de section de la Fédération de Paris, le 30 mai 2011

97% des adhérents interrogés utilisent au moins une fois par semaine leur boite mail; alors que 8% utilisent la Coopol au moins une fois par semaine.

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ConclusionTous les partis politiques sont sur Internet « obligatoire de campagne »

- ne pas avoir l’air en retard

Mais les potentialités de l’outil en termes d’horizontalité et de communication plus directe entre instance nationale et militants-citoyens, non exploitées

<peur de la perte de contrôle

Résistances aux outils numériques au sein des instances dirigeantes du parti

PS est bien loin de devenir un « cyber-parti »

« le contact humain, au cœur même du socialisme »

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Bibliographie indicativeBARBONI T. et TREILLE E., « L'engagement 2.0 », Revue française de science politique, vol 60, n°6, 2010, pp. 1137 - 1157

BASTIEN F., GREFFET F., « Les campagnes électorales à l'ère d'Internet: une comparaison des sites partisans en France et au Québec », Hermès 54, 2009

BLANCHARD G., « La mise en oeuvre de la communication électronique des partis politiques français : le poids des pratiques politiques et organisationnelles », Les Enjeux de l’information et de la communication, octobre 2009

DUTTON W. H., “Network rules of order: regulating speech in public electronic fora”, Media, Culture & Society, vol. 18, n° 2, pp. 269-290, 1996

ETHUIN N. et LEFEBVRE R., « Les balbutiements de la cyberdémocratie électorale. Contribution à une analyse des usages politiques d’Internet : le site de Martine Aubry lors des élections municipales de mars 2001 », in SERFATY V. (dir.), L’Internet politique, des Etats-Unis à l’Europe, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2002

FUCHS D. et KAASE M., “Electronic Democracy”, Communication présentée au 17ème Congrès Mondial de l’Association internationale de Science Politique, Québec, 1-6 Août 2000

GAXIE D., Le Cens caché Inégalités culturelles et Ségrégation politique, Seuil, 1993 (1978)

GAXIE D., « Cognitions, auto-habilitation et pouvoirs des « citoyens » », Revue française de science politique, vol. 57, n° 6, décembre 2007, pp. 737-757

GRANJON F. « L’Internet militant. Entretien avec Fabien Granjon », Matériaux pour l'histoire de notre temps. 2005, N. 79. pp. 24-29

GRANJON F., L'Internet militant Mouvement social et usages des réseaux télématiques, Paris, Editions de l'Apogée, 2001

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ION J., FRANGUIADAKIS S., VIOT P., Militer aujourd’hui, dirigé par MUXEL A., et PERRINEAU P., CEVIPOF coll Autrement, 2005

LEFEBVRE R., SAWICKI F., La société des socialistes: le PS aujourd'hui, Broché, 2006

LEVY P., Cyberdémocratie, Editions Odile Jacob, Paris, 2002

MARCOCCIA M., « Les webforums des partis politiques français: quels modèles de discussion politique? », Mots. Les langages du politique, n°80, La politique mise au Net, mars 2006

NOELLE NEUMANN E., « La spirale du silence. Une théorie de l’opinion publique », Hermès, n°4, 1989, pp.181-189

SAUGER N., « Les partis sur le Net : première approche des pratiques virtuelles des partis politiques français », in SERFATY V. (dir.), L’Internet en politique, des États-Unis à l’Europe, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg (Collection «Sociologie politique européenne »), 2002, pp.179-195

SERFATY V., « Les blogs et leurs usages politiques lors de la campagne présidentielle de 2004 aux États-Unis », Mots. Les langages du politique, n° 80, La politique mise au net, mars 2006. Mis en ligne le 01 mars 2008. URL : http://mots.revues.org/index501.html

THEVIOT A., « S’adresser directement au citoyen pour être élu - Internet dans la campagne des régionales 2010 en Aquitaine », 4ème congrès des associations francophones de science politique, ST 21 (‘Regards citoyens et parlementaires sur la représentation’), 20, 21, 22 avril 2011, Bruxelles

WOJCIK S., « Compétence et citoyenneté. Esquisse d’une analyse critique des travaux sur les dispositifs participatifs en face-à-face et en ligne », Atelier La parole profane, Congrès SQSP, Montréal, 02/05/08