sara roby. phd, ct psychanalyste, thanatologue, aumônière reddot/ebim/documents/uclsp... · ces...
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Ces quelques propos sur le travail de
collaboration dans les soins palliatifs avec la
question réalité ou illusion? sont le produit
d’une réflexion personnelle basée sur un
travail professionnelle
Tout au long de 12 ans, j’ai fait partie d’une
extraordinaire équipe hospitalière de soins
palliatifs aux USA
Ce que j’ai appris, approfondi et comprends
aujourd’hui dans ce domaine, bien que acquis
dans un autre contexte culturel, n’est pas si
loin de ce que je pense qui se passe ici avec
ses propres caractéristiques
Les soins palliatifs ne devraient être considérés sous aucun
autre angle que comme un travail d’équipe donc de
collaboration
Les soins palliatifs devraient être le paradigme de l’attention
médicale: holistique, totale. Pourquoi doit-on attendre le statut
de mourant pour se voir offrir ce qu’on aurait pu avoir quand on
était simplement malade non-terminal?
La douleur n’est pas que le résultat de la maladie ‘physique’.
Elle est aussi causée par nos états mentaux. Beaucoup de
maladies dégénèrent en terminales ou en demande
d’euthanasie, résultat des états psychiques chroniques
Dans uen équipe de soins palliatifs: patient, famille, médecins,
infirmières, aides infirmières, bénévoles, aumônières,
travailleurs sociales, personnel administratif, personne ne
détient toute la vérité sur ce qui se passe et comment y
remédier ou apporter du confort. Tous ont une clé différente
C’est le travail dynamique, intégré, interpersonnel,
interdisciplinaire et transdisciplinaire (qui dépasse les
cloisonnements entre les disciplines) aussi bien technique
(médicale) que humain dans toutes ses dimensions, qui
permettra un dialogue interrompue. C’est d’ici que surgit un
résultat direct, immédiat aussi bien qu’à long terme qu’on
pourra nommer accompli, complet!
Quelques conclusions:
Les médicaments ne sont pas plus importants que l’écoute (et les actions qui en découlent) qu’un aumônier, un travailleur social , un médecin ou un bénévole peuvent prêter au patient et aux proches. Tout dépend du besoin et du moment
Le patient sait plus que nous tous mais il faut être entrainé
et sensibilisé pour savoir écouter et pouvoir l’aider à élaborer ses besoins et désirs en décisions et actions par l’équipe
Le travail de toute l’équipe (inclus patient et famille) permet de saisir les diverses angles de la vérité pendant l’accompagnement
Les principes sont déjà la. Revoir nos habitudes peut offrir des nouvelles pratiques. Il y va du bien-être de tous
Jusqu’ici les principes bioéthiques,
philosophiques et sociaux,
thérapeutiques, techniques et médicaux
qui fondent le domaine des soins
palliatifs on été abordés
Pour conclure je vous propose un retour au départ…
La personne
Celle qui a été diagnostiquée avec une condition
terminale…ses proches…les membres de l’ équipe
Vous allez fermer les yeux pendant quelques minutes. Relaxez-vous
Écoutez ma voix
et
laissez votre imagination s’envoler
violence n.f.
Caractère de ce qui se manifeste, se
produit ou produit...
Faire violence
Se faire une douce violence
non-violence n.f.
Doctrine qui refuse de faire de la
violence un instrument...
Faire violence,
contraindre quelqu'un par la force ; interpréter
quelque chose d'une manière forcée : Faire
violence à un texte.
Où peut-on trouver la violence dans le
domaine des soins palliatifs?
Comment opèrerait-elle?
Quelles sont ses possibles manifestations?
Le centre de ce qui advient…
La violence peut se faire manifeste en différents domaines de
sa vie:
1) domaine de son corps (physique)
2) domaine de son mental (psychique)
3) domaine spirituel (ses croyances)
4) domaine du social (son monde social)
Le centre de ce qui advient…
La violence dans le :
1) domaine de son corps (physique):
• Les douleurs déjà existantes
• Somatisation exacerbée par le diagnostique
• Apparition de symptômes liés au choc du diagnostic
• Apparition de symptômes liés à la progression de la maladie
• Malaise causé par des nouveaux traitements d’ordre palliatifs
Le patient peut vivre sa réalité comme une violence sans écho autour de lui…
Le centre de ce qui advient…
La violence dans le :
2) domaine de son mental (psychique)
• Choc initial, panique, peur
• Désarroi
• Dépression, tristesse
• Désespérance
• Rage, colère
• Incrédulité, dénégation
• Isolement volontaire
• Se sentir incompris, séparé (statu de mourant)
Comment écouter, parler, agir de manière juste pour soulager la violence d’un moment pareil…?
Le centre de ce qui advient…
La violence dans le :
3) Domaine spirituel (ses croyances)
• Doutes sur les fondements de ses croyances
• Crise existentielle
• Questions sur le sens de la vie
• Marchandage avec…
• Refus du présent puisque il n’y a plus du futur
• Pertes de repères dans la vie quotidienne
• Culpabilité, regrets
Sans personne pour soutenir ce processus, la violence prend
toute la place pour devenir tsunami
Le centre de ce qui advient…
La violence dans le :
4) Domaine du social (son monde social)
• Perte du status social (santé) d’avant le diagnostique
• Perte des rôles sociaux (travail, pourvoyeur familial)
• Stress dus à l’adaptation forcée au nouveau status et
rôles sociaux (status de malade terminal ou mourant)
• Perception d’ être perçu socialement comme étant de
l’autre côte de la barrière de la vie
• Perte des repères connus
On entre et on sort de ce monde dans un contexte social. Il y a
violence la où il y a exclusion et solitude
Le patient va se trouver plongé sans trop de contrôle dans un monde médicalisé. Peut-être l’est-t-il déjà?
Un nouveau langage autour de lui, une nouvelle réalité, celle de l’ équipe des soins palliatifs, son nouveau/dernier monde social
Tant bien que mal, il/elle devra s’ accommoder des expectatives sociales assignées à un patient en soins palliatifs
Rentrer et sortir de ce monde par les codes sociaux établis.
En tant que membres agissant en équipe de SP: comment repérer, évaluer et agir pour réduire, où c’est possible, la violence de la situation du patient et ses proches?
La violence est présente aussi dans le cercle de la
famille et des proches
Elle l’est aussi pour quelques membres de
l’équipe soignante
Mourir est un fait humain, naturel. Mais aussi
une séparation, une perte radicale. Raison de
toutes les questions formulées par l’humanité
en tous temps et lieux sur notre devenir et
notre existence
Pour ceux qui accompagnent le processus de celui/celle qui va mourir, des
manifestations physiques, psychiques, spirituelles et sociales se font présentes
Quoi que d’une ampleur, intensité et causes différentes, elles peuvent être semblables
en apparence à celles décrites pour le patient
Comment atténuer la violence de la situation et le
ressentir du patient (proches/équipe ) devant la
nouvelle situation?
Tout d’abord l’ incontournable réalité du
diagnostique. Parler la vérité
L’attention au langage: qui dit quoi, comment, où et
avec quels effets? La compassion et l’empathie
Ecouter avec tout le corps le corps de l’autre.
Synchronisation
Contenir sans étouffer.
Comment se préparer pour la fin?
Faire face et place à tous les sentiments / émotions /
états
Reconnaitre les liens créés ou non-existants
Ouvrir sa fenêtre. Prendre de l’air pour atterrir ou
s’envoler
Un temps pour dire au-revoir. A chacun son rite
Apres la tempête, le calme. D’ autres étapes pour
chacun
Atténuer la violence dans le temps du deuil:
◦ Pour la famille: un suivi du deuil (appel téléphonique,
carte de condoléance, se mettre à disposition)
◦ Pour l’équipe: un débriefing (formel ou informel).
Temps de parler ouvertement. Suivi pour ceux les plus
affectés par la perte
Sara Roby. PhD, CT
Psychanalyste, Thanatologue, Aumônière
2016