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  • 8/11/2019 Ruyer Raymond Ruyer Par Lui Meme

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    RAYMOND RUYER PAR LUI-MMERaymond Ruyer

    Presses Universitaires de France | Les tudes philosophiques

    2007/1 - n80

    pages 3 14

    ISSN 0014-2166

    Article disponible en ligne l'adresse:

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2007-1-page-3.htm

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    Pour citer cet article :

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Ruyer Raymond, Raymond Ruyer par lui-mme ,

    Les tudes philosophiques, 2007/1 n80, p. 3-14. DOI : 10.3917/leph.071.0003

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    Distribution lectronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France.

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    RAYMOND RUYER PAR LUI-MME

    Le prsent texte est la rdition de celui paru sous le titre Raymond Ruyer dans levolumeLes philosophes franais daujourdhui par eux-mmes,G. Deledalle etD. Huisman (dir.), Paris, Centre de Documentation Universitaire, 1963. Les erreurstypographiques de loriginal ont t corriges.

    Lmission de radio au poste parisien intitule Tels quen eux-mmes ,o chacune des personnalits sur la sellette tait cense dlivrer aux audi-

    teurs ses novissima verba,a permis une conclusion rassurante. Ce qui, pourchacun, est chose grave et dramatique par excellence, ce qui est pour chacun situation limite , peut fournir du moins un agrable jeu de socit. Cettemission a d rassurer aussi la modestie des minentes personnalits inter-roges, car lintrt de leur dernier message ntait pas fonction de leur mi-nence, mais seulement de leur sincrit. En rpondant linvitation deMM. Deledalle et Huisman, en jetant un coup dil rtrospectif sur lvo-lution de ma propre pense, jprouve vivement le besoin de me rappelercette mission et sa russite honorable. Ce qui mest demand est bien ana-

    logue : il faut que je parle de moi pendant un quart dheure. Au lieu demappliquer aux problmes inpuisables et fascinants de la nature des cho-ses, il faut que je raconte comment je my suis appliqu, comme si cela pou-vait intresser un autre tre que moi.

    Jai pourtant toujours t choqu, dans toutes mes fibres, par lexisten-tialisme, ou par tout ce qui, avant la vogue du mot, y ressemblait. Le sens,vertigineux, dtre pris dans lexistence relle, dtre soi, dtre un vivantindividualis, comme le chien Mdor ou lne Charlot, ne ma jamais parutre la matire premire de la philosophie. Quand jai lu Kierkegaard il mainspir une vive rpulsion. La religion personnelle, la mystique personnellesont despudenda,et je ne comprends pas quon les montre. Jai toujours eulimpression vive que le monde serait ce quil est, mme si je nexistais qultat de fantme, et mme si je ntais pas l, comme la fort serait ce quelleest, mme si elle comptait une feuille ou un arbre de moins. Je nai jamaissenti ma propre peau que comme une corce, un refuge et une limitationLes tudes philosophiques, no 1/2007

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    et les ides personnelles aussi ont une sorte de peau. Jai commenc, entout cas, par me sentir regard pur, curiosit pure, devant les mystres du

    monde, et le seul sentiment personnel que jy mettais tait un sentimentdindignation. Que le Sphinx qui semble nous interroger nous dvore lafin, rien que de normal. Mais quil ne daigne, avant de nous engloutir, nousdonner le mot de lnigme, et surtout quil ne le fasse pas parce quil ne lepeut pas, et parce que lui-mme ne semble pas savoir quil nous interroge,cest cela qui parat scandaleux la curiosit spculative. Jai changdopinion sur ce point, mais cest par l, en tout cas, que jai commenc macarrire philosophique. Javais abandonn de bonne heure toute croyanceaux dogmes religieux. Et lide de rvlation, je savais bien quelle taitfausse, puisque je me sentais avide de comprendre. Si Dieu nous offre unvoyage dans lexistence, il ne nous fait don daucune notice explicative. Il nesarrange pas du moins pour mettre cette notice entre toutes les mains.

    Aussi mon premier ouvrage, dont javais eu lide avant davoir fini mestudes, a t le rsultat dune sorte de dpit. Si le mot nous semble refussystmatiquement, cest quil ny a pas de mot , cest que le monde estsans mystre, quil est tout tal. Nous connaissons et comprenons aismentle ct structural dune chose, la disposition dans lespace de ses parties, saconstruction et son fonctionnement dans le temps. Pour comprendre une

    bicyclette, il suffit de regarder. Pour comprendre une raction chimique, uneformation organique, un comportement crbral, il suffit, me semblait-il, dereconstituer une sorte de regard virtuel . Je savais trs bien que tous lesphilosophes considraient comme tout fait superficiel ce genre dexplica-tion par regard virtuel . Je savais naturellement que la philosophie com-mence l mme o je prtendais la terminer, quelle commence avec lesquestions subtiles et rflchies sur la possibilit mme du regard, qui sup-pose, croit-on, un sujet, et sur le sens mme de la connaissance. Je savaisque Descartes comptait comme philosophe par les considrants dont il avait

    fait prcder ses explications par modles mcaniques, non par son mca-nisme mme. Ctait en pleine connaissance de cause que jcartais ces sub-tilits, car je me disais que, de toute manire, le contenu de connaissance detout systme thorique, quil soit dans le style platonicien, cartsien, leibni-zien, berkeleyen, husserlien, cest toujours une description structurale. Peuimporte quun arbre soit une ide, une machine matrielle, un systme demonades, une perception ou une essence, ce qui compte, cest la descriptionde ses racines, de son liber, de ses feuilles et de ses fleurs. Quen le regardantje nobtienne quune image et non larbre en soi, peu importe, si tous lesdtails structuraux correspondent. Une affirmation dogmatique sur la struc-ture ne tombe pas sous le coup dune objection pralable faite au nom duncriticisme quelconque, car mme la philosophie critique, ou bien ne peutrien dire, ou bien fait elle-mme des descriptions structurales.

    Au dbut de son Trait, Cournot crit : Ce que nous connaissons lemieux en toutes choses, cest lordre et la forme. Mais Cournot introduit

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    ensuite dautres ides, quil estime aussi fondamentales : la force, laffinitchimique, le principe vital. Ma thse consistait corriger ainsi Cournot :

    nous ne connaissons que lordre et la forme ; cette connaissance de lordreet de la forme puise le tout de la ralit, il ny a pas de rsidu mystrieux.Vers 1920, la thorie de la relativit avait t rpandue en France. Or

    Einstein avait montr quune force au moins, la force attractive de la gravi-tation, ne doit pas tre considre comme une donne fondamentale, maisquelle sexplique gomtriquement, par la structure mme de lespace-temps. Weyl se mettait interprter dune faon analogue les forces lectro-magntiques. Ces victoires de lexplication structurale avaient en outre cecide remarquable quelles reprsentaient un structuralisme pur, qui se passaitde ce mixte de gomtrie et de matrialisme quimpliquent les modlesmcaniques de style classique. Dans mon premier ouvrage1, jessayais doncde montrer luniversalit et la suffisance des descriptions structurales.Larbre nest quun systme de courbures et de torsions despace-temps. Lareprsentation consciente mme que jai de larbre, grce aux modulationssensorielles de mon cortex crbral, nest aussi quun systme structural. Lemode de liaison, fourni par les neurones, de ce systme, est diffrent de celuide larbre vgtal ce qui explique quil ait des proprits et des modes defonctionnement bien diffrents : limage de larbre ne prend pas racine dansma tte, de mme quun ours en peluche ne mord pas. Mais il sagit bien de

    deux structures et il y a correspondance structurale entre elles. La connais-sance scientifique nest autre que cette correspondance toujours perfectible.Une carte routire sur papier na pas non plus les mmes modes de liaisonque le paysage reprsent. tre propritaire dune carte Michelin nest pas lamme chose qutre propritaire de tout un dpartement. Mais la carte cor-respond au paysage et rend possible la fonction de connaissance. Un regardsur la carte quivaut un regard sur le paysage. Il dirige de la mme manirenotre conduite.

    peine mon ouvrage termin, jeus la crainte de navoir pas assez expli-cit le point capital, savoir que la conscience, le regard sur la carte , taitbien un systme structural, tout comme la carte de papier et tout comme lepaysage gologique. Jcrivis divers articles sur ce sujet, en essayant de mieuxdfinir la notion de surface absolue , laquelle je me rfrais implicite-ment, et qui pour moi contenait tout ce quil y avait dans la conscience.Lexpression regard sur la carte est en elle-mme trompeuse. Elle risquede faire croire une mystrieuse entit, le sujet, conscient de la carte, quilregarde du dehors. Mais, une fois le regard jet, selon la mcanique du corps,une fois la sensation visuelle obtenue, cette sensation est un champ spatial,dans ma tte, un champ spatial dont le caractre conscient ne tient pas cequil se regarde encore lui-mme, mais seulement ce que son mode de liai-son, qui nest pas de proche en proche, comme la cohrence du papier de la

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    1. Esquisse dune philosophie de la structure,Paris, Alcan, 1930.

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    carte, en fait une surface absolue . La conscience nest pas connaissancede ..., elle est ralit, elle est tre . La conscience ne devient connaissance

    que si elle est considre dans sa fonction de correspondance structurale aveclobjet qui est lorigine de la modulation crbrale.Sans modifier encore ma thse centrale : Ltre est structure spatio-

    temporelle et rien dautre , je me rendais mieux compte quelle tait nonseulement bien diffrente du matrialisme des modles mcaniques, maisquelle en reprsentait lantipode. Tout domaine structural, en lui-mme, estune sorte de champ de conscience, de conscience-tre. Il napparat commecorps matriel que sil est connu (en une connaissance-correspondance) parun autre tre. Quant la matire, elle reprsente un amasde corps, suivantdes lois de foule. Son aspect destuffaveugle et inerte est lapparence secon-daire de son caractre de foule. Ce ralisme de la structure-conscience ren-dait plus clair le problme du cerveau et de la conscience. La consciencenest pas produite par le fonctionnement du cerveau, comme le croient lesmatrialistes. La conscience est primaire, et le cerveau ou un certain tagede ses liaisons nest que la conscience, apparaissant comme objet, commecorps, une autre conscience. Je maperus alors, avec une dception assezpurile, que des thses analogues, avec des considrants varis, avaient tsoutenues par Heymans, A. Binet, Strong, sans parler de Leibniz, de Scho-penhauer et des psychologues romantiques allemands.

    Cest ce moment, vers 1934, que je vis la possibilit de faire, sur cesbases, une philosophie de la vie, chappant la fois au vitalisme et au mat-rialisme mcaniste. Le cerveau fait partie dun organisme. Un organisme,mme sans cerveau et sans systme nerveux, est un domaine structural ; ilest dj, en lui-mme, conscience-tre. Tout en gardant les dcouvertes de labiologie scientifique, on pouvait et on devait les transposer en termes de surfaces ou de domaines absolus , de consciences-tres . Un Infu-soire, par exemple, est un domaine de ce genre ; son auto-conduction est demme sorte que lauto-conduction du cerveau. Ou plutt, le cerveau dun

    organisme suprieur ne fait quutiliser lauto-conduction propre tout orga-nisme vivant, tout domaine absolu .Javais toujours beaucoup got Samuel Butler, comme crivain et

    comme essayiste, et ses Carnets ne me quittaient gure. Dans La vie etlhabitude,Butler, anti-darwinien, dfendait le lamarckisme en soutenant lathse gnrale que, si un tre vivant fait une chose, cest quil sait la faire, quilsefforce de la faire et quil a appris progressivement la faire. Luf qui sait faire une poule est comme un pianiste qui sait jouer par cur un mor-ceau souvent excut. Cette thse semi-humoristique pouvait cette fois treprise entirement au srieux puisque tout organisme, mme sans cerveau, estun domaine de conscience-tre. Toutefois, Butler, tout en tant mnmiste eten identifiant hrdit et mmoire, est encore, comme Hering et Semon, actualiste . Il croit que la mmoire organique est inscrite dans le proto-plasme comme modification actuelle. Je le suivis un court moment sur cepoint, car moi aussi, jtais actualiste : une structure, ou une conscience,

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    est actuelle ; elle est ici-maintenant, dans lespace-temps de Minkowski, dansce schma de la relativit qui servait toujours de base mes rflexions1.

    Mais lpoque de La vie et lhabitude, lembryologie exprimentalenexistait pas. Lorsque lon tient compte de cette partie si fascinante de labiologie, une vidence absolument massive simpose. Les faits confirment lecaractre mnmique du dveloppement, mais ils interdisent absolumentdinterprter la mmoire organique, luvre dans le dveloppement,comme prsente actuellement dans la structure organique, sous forme detrace ou d engramme actuel. Le dveloppement est pigntique. Lesformes nouvelles sur-viennent. Ces formes nouvelles sont certainementappeles ou voques par les structures dj acquises, elles prennent leursuite, mais elles ny taient pas contenues. La thse qui considre la mmoirepsychologique comme entirement rductible des traces matrielles dansle cerveau est trs probablement fausse, comme lont montr Bergson, MacDougall, Burloud ; nanmoins elle est assez difficile rfuter. Mais ce qui esttout fait certain, cest que luf, cette cellule unique qui construit par elle-mme un organisme muni dun systme nerveux et dun cerveau extraordi-nairement complexe, ne peut contenir davance cette complexit ltat detrace ou de plan darchitecte. Si luf le fait par habitude , cette habitudeest un acte et non un fonctionnement de traces, ou de micro-structuresquelconques.

    Mais alors, le structuralisme, auquel je mtais tenu jusque l, se rvlaitdonc insuffisant. Les dimensions de lespace-temps ne contiennent pastoute la ralit. Les structures actuelles mme considres ce quelles sonten elles-mmes comme domaine de conscience, et mme considresdans leur dure relle, ne reprsentent quune sorte de coupe mince dans unensemble qui dborde lespace-temps de Minkowski et mme la dure ausens bergsonien du mot. Rien nempche de supposer quune espce en voiedextinction ne soit plus reprsente dans notre monde, un momentdonn, que par un uf unique fcond. O est alors la structure adulte que

    cet uf est capable de construire ? Elle nest pas dans lespace. Est-elle dansla zone du futur du schma-temps daprs Minkowski ? Non car si unaccident tue luf avant son dveloppement, cette structure adulte ny figu-rera pas. Est-elle dans sa propre dure cratrice ? Pas davantage, puisquecette dure, dans lhypothse de laccident, ne se ralisera pas. Et pourtant,cette structure adulte tait bien rattache potentiellement luf avant cetaccident, comme thme de construction prt entrer en action. Il faut doncque ce thme potentiel ait son tre dans une sorte de dimension non go-mtrique, indispensable dailleurs pour loger non seulement les thmesbiologiques, mais tout ce qui y ressemble, tous les thmes et les potentiels detoutes les structures unitaires ayant un type, une consistance, capables de sereconstituer traversle temps ; les types et aussi les essences, qui viennent oureviennent dans le temps, comme nouveauts ou comme ractualisations.

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    1. La conscience et le corps,Paris,PUF, 1937.

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    Ellenberger. Son ouvrage,Le mystre de la mmoire,est fond sur de nombreuxcahiers remplis, non de rcits de rves, mais de vritables stnographies de

    vie onirique. Malheureusement, louvrage publi ne peut donner quun trspetit nombre dchantillons. Mais si on les compare avec les rcits derve, en quelques lignes, de laTraumdeutungde Freud, on voit immdiate-ment la diffrence. Mme quand Freud raconte ses propres rves, il semblefaire un rapport , qui limine compltement l allure onirique , mani-feste dans les stnographies dEllenberger. Ces tranches de vie nocturnepermettaient vraiment de surprendre le trans-spatial, qui ntait plus unehypothse, mais un monde presque tangible. Certes, par dfinition, un rveest encore une actualisation ici-maintenant. Mais cette actualisation gardelallure mme et laisse surprendre le jeu des thmes trans-spatiaux. Commeles touches de couleur dun tableau de Labisse, tout en tant aussi rellesque celles dun tableau de Courbet, nen composent pas moins un mondesurraliste. Ces thmes apparaissent dans la conscience de rve en gardant lecaractre de pr-structures, quils perdent gnralement dans la consciencede veille. Dans la mmoire de rve, nous sommes possds, ravis dansdautres monades qui sont nos autres-je mnmiques, qui sinter-pntrent les unes les autres, auxquelles nous participons, et qui nousentranent dans leurs propres schmas dactivit. La situation actuelle ducorps appelle ces consciences-autres, mais nexplique pas le contenu des

    participations.Or ltude de lembryologie exprimentale fait voir les mmes phno-

    mnes. chaque instant, la situation actuelle de lorganisme en dveloppe-ment joue le rle dune constellation dappel pour des thmes mnmiquesqui semparent dune aire embryonnaire etpassentdans le temps en modi-fiant sa structure. Linstinct, o lon ne dcouvre pas de vraies causes, maisseulement des stimuli-signaux, o lanimal, dune manire apparemmentcontradictoire, doit prendre linitiative dune action dont le thme pourtantprend possession de sa conscience, manifeste de mme lunit de la psycho-

    biologie, et permet de comprendre comment la structure dun domaineorganique dpend dinstincts formatifs et de thmes trans-spatiaux.

    Mais il me paraissait vident que mme une science gnralise desdomaines organiques et des lignes dindividualit dans un espace-tempstrans-espace ne pouvait se suffire elle-mme. Il y avait une sorte de plato-nisme, inattendu et involontaire, dans la conception dun monde de thmesauxquels participent les actualisateurs. Dans linvention ou la cration deformes aussi bien dans la technique humaine que dans lvolution biolo-gique des normes, des essences directrices jouent le mme rle que lesthmes mnmiques dans cette sorte de fausse inventionquest la mmoire.Dautre part, je savais dj que la proprit de fusion et de ddoublementdes lignes dindividualit permettait de concevoir un volutionnisme gnra-lis, une thorie gnralise de la descendance avec modification , danslaquelle lhomme est en continuit temporelle, non seulement avec un

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    anctre animal, mais avec un unicellulaire, un virus, une molcule, danslaquelle tous les tres peuvent tre considrs, sur le plan de lespace-temps,

    comme les avatars dun tre primordial commun, de mme quils peuventparticiper, dans lordre du trans-spatial, non seulement une sorte de je ,ou de mmoire spcifique, mais, par linvention, un Je universel.Enfin, cette conception des consciences-activits en participation impliquaitun nouveau finalisme, non seulement au niveau des activits individuelles,mais dans le systme mme de toutes les activits individuelles. Au-del dela rgion du trans-spatial, dans son aspect de nature , obissant des loisnon mcaniques et non gomtriques, mais des lois malgr tout encorenaturelles, il fallait postuler une rgion que lon devait donc appeler tholo-gique, puisquelle tait source de toutes les activits individualises, de tou-tes les formes et de toutes les lois.

    En voulant raliser cette thologie , laquelle jai travailldepuis 1946, jai, bien entendu, redcouvert je my attendais, mais ce genrede dcouverte est toujours dsagrable que cette entreprise est vaine etimpossible. Il est impossible de penser la Source originelle. On ne peut quyfaire allusion. Il est puril de tenter un ouvrage intitul Dieu . Cet ouvragene peut comporter que des chapitres sur des sujets divers : les valeurs,laction, la vie, la communication, linvention, lindividualit, le travail, etc.Chaque chapitre en lui-mme peut avoir de lintrt, jusquau moment o il

    quitte les analyses concrtes pour entrer dans la rgion de la thologie. Lesujet central de louvrage nest donc jamais trait, sinon par une conver-gence, dans le vague, de vagues fins de chapitre.

    On me fera remarquer quil tait bien naf de tenter seulement lentre-prise. Lanalyse mme de la nature de la connaissance, et leffort critiquesculaire de la philosophie, aurait d commander de men dispenser. Mais cenest pas mon avis. Une limitation ne peut tre ordonnea prioriau nom deconsidrations mthodologiques et critiques. Je nai jamais t trs fru deKant ou dAuguste Comte. Les philosophies critiques inspires par la

    science newtonienne ne peuvent gure avoir dautorit, lpoque de la phy-sique quantique. Il fallait donc constater directement limpossibilit.Cette tentative a eu du reste une curieuse efficacit pour faire prolifrer

    mes ides. Tout ce que jai publi depuis 1946, lexception de mon livre surlutopie1, est chapitre dtach de mon ouvrage manqu. Ltude sur le no-finalisme2, sur les valeurs3, sur la morphogense4, et mme, si trange quecela paraisse, sur la cyberntique5, sont des parties dtaches dun ouvragethologique.

    Cest peut-tre lanalyse philosophique des automates et la critique de lathorie de linformation qui peut donner le plus longtemps lespoir daboutir

    10 Raymond Ruyer

    1. Lutopie et les utopies,Paris,PUF, 1950.2. No-finalisme,Paris,PUF, 1952.3. Le monde des valeurs,Paris, Aubier, 1948, etPhilosophie de la valeur,Paris, A. Colin, 1952.4. La gense des formes vivantes,Paris, Flammarion, 1958.5. La cyberntique et lorigine de linformation,Paris, Flammarion, 1954.

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    quelque chose comme une nouvelle thologie. On saperoit vite quil estvain de chercher une valeur des valeurs, une fin de toutes les fins. Mais on

    peut esprer plus longtemps, en comparant un automate fonctionnant unorganisme se comportant, avoir ainsi une sorte de base pour aller, delorganisme se comportant, un Encadrantprimaire de cet organisme, quiserait lorganisme ce que celui-ci est aux mcanismes subordonns dont ilencadre le fonctionnement. On saperoit, en deuxime rflexion, que lonne peut rien dire de cetEncadrantabsolu, une fois que lon a constat sa ra-lit. Mais il reste nanmoins que, analogue au point linfini de la gomtrieprojective, indispensable aux mathmaticiens mais sur lequel il seraitabsurde de faire un trait, il sert de critre pour comprendre exactementpourquoi et en quoi lon ne comprend pas. Le comportement de lhommeou de lanimal nest pas un commencement absolu. La tendance, orientepar une fin, qui monte son tour un mcanisme physiologique ou un auto-matisme physique auxiliaire, est elle-mme subordonne un Agent quinest pas un grand Ingnieur, puisquil na pas fabriqu ltre vivant commelingnieur cybernticien fabrique un homostat ou un automate lectro-nique, mais qui est la fois immanent et transcendant lagent psychobiolo-gique, et qui vise travers lui une valeur des valeurs inconnue.

    On gagne au moins par l de comprendre lerreur de direction de toutephilosophie actualiste qui rduirait lacte son actualit, et ltre ce quil est

    en train de faire, puis qui prtendrait partir de ce simple pivot quest lefonctionnement actuel pour comprendre lensemble de lunivers. Ce que faitet dit un homme ici-maintenant nest au contraire comprhensible que parune intention psychologique qui domine, dans son ubiquit, les diffrentesphases de son acte : cette intention nest comprhensible que par une inten-tion subconsciente ou instinctive encore moins localisable ; et celle-ci sontour na un sens que par un Sens inconnaissable.

    Enfin, je compris que lchec thologique reprsentait le moyen degagner une meilleure connaissance de lhomme. Le Tao qui est au-dessus

    de tous les noms donne le secret de la sagesse. Le pathos de la Drliction,de lAbsurde, de lHumanisme pur, est une erreur insense, car si lEncadrantest inconnaissable, sa ralit nen est que plus vidente. Le Sphinx na pas deconscience, de type humain ou animal, parce que la conscience psycho-organique est une actualisation, en train de soprer dans un domaine ici-maintenant. Il nest pas un Individu, ni mme une Personne, mais il nestpas pour autant une brute de pierre dans un dsert de sable, auquel lhommeseul aurait donn une forme, puisquil se sert de toutes les consciences et semanifeste travers elles.

    Lhumanisme de Feuerbach et de Marx, de mme que lhumanisme exis-tentialiste, pour lequel la libert humaine est un surgissement absolu, estle sous-produit dune science mcaniste prime et dune conceptionarchaque de la matire, laquelle on attribue des caractres qui drivent enralit du comportement des foules de molcules observes par la connais-sance commune et tudies par la physique classique. Dans cette fausse

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    perspective, lhomme est aussi tranger lunivers que le sourire de laJoconde aux formes de rochers alpestres sur le fond desquels elle se

    dtache. Mais si lon replace lhomme dans sa ligne dindividualit, si lonreplace son domaine de conscience, organisatrice du milieu, sur le domaineorganique organisateur de structures chimiques, et le domaine des structureschimiques sur le domaine des courbures et torsions primaires de lespace-temps, on saperoit que lhomme nest pas un tranger dans lunivers, maisplutt une manifestation de lessence mme de la ralit.

    Le cerveau humain est, aprs tout, un domaine despace-temps. Des for-mes sy improvisent, comme des formes organiques simprovisent dans leprotoplasme vivant, comme des formes chimiques simprovisent surlespace-temps. Un mme logos trans-spatial traverse tous ces domaines eten ce sens prcis, Dieu est anthropomorphe autant que lhomme est tho-morphe. Il est lespace-temps ce que mon intention psychologique est mon cortex et ma conscience actuelle. La vritable opposition nest pasentre la matire et la conscience, mais entre la matire et la conscienceactuelle dune part qui ne font quun dans toutes les individualits ac-tives et lesprit dautre part, trans-individuel et trans-spatial, origine desarchtypes et des thmes de toutes les activits et de toutes les actualits.Lhomme na, pas plus que les autres tres, de libert absolue. Il ne peut quecontinuer la cration, en savanant prudemment, comme un danseur de

    corde, le long de la ligne invisible du Tao, qui est au-dessus de tous lesnoms .

    On trouvera peut-tre quaprs avoir avou mon chec dans la philo-sophie thologique, je dogmatise beaucoup et quaprs avoir blm les phi-losophies dtaches de la science et les thories qui vont au-del des corres-pondances structurales, je mavance moi-mme bien au-del de ce quepermettent les dcouvertes scientifiques.

    Je crois pourtant tre demeur fidle une mthode fondamentale et

    essentiellement scientifique, que jai toujours applique en essayant seule-ment de la gnraliser. Cette mthode consiste chercher des isomorphis-mes. Elle na cess de faire ses preuves dans toutes les sciences, en math-matiques o lcole de Bourbaki lapplique systmatiquement comme enphysique ou en biologie. La rgle dor est celle-ci. Lorsque deux ordres dephnomnes, soigneusement observs et dcrits, ont une allure commune, ilfaut, sans se laisser impressionner par les classifications en vigueur ou parles hirarchiesa priori,essayer de voir sils nont pas une nature commune.Le procd des modles mcaniques nest quune application partielle ettrop troite de cette mthode gnrale ; pourtant, mme aujourdhui, le pro-cd est encore fcond ; ltude des automatismes et des machines infor-mation a jet de vives lumires sur la physiologie du systme nerveux et desappareils sensoriels.

    Mais bien entendu la recherche des isomorphismes doit tre beaucoupplus large que lemploi des modles mcaniques, et il faut tre non moins

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    docile aux manques disomorphisme constats. Lchec des modles mca-niques dans la physique atomiste a eu toute la valeur dune dcouverte posi-

    tive. De mme, lchec des modles mcaniques en embryologie doitconduire chercher des isomorphismes du dveloppement avec dautresdomaines. La psychologie animale, ltude des comportements instinctifs,conduisant dj une thologie compare, ltude de la constitution parlanimal dun territoire o il dpose lui-mme des marques et des stimuli-signaux, claire beaucoup mieux le dveloppement des territoires embryon-naires que la rfrence des champs ou des gradients de la physique clas-sique. On voit se constituer de plus en plus clairement, bousculant les classi-fications traditionnelles, une science gnrale des domaines psycho-organiques, dans lesquels il ny a pas de causalit mcanique, mais action dethmes formels qui entrent en rsonance et en interaction, ou qui se diff-rencient et sarticulent. La biologie, si lon ne se laisse pas garer par le pres-tige rsiduel des analyses physico-chimiques lancienne mode, et si on larapproche de la physique des individus, dune part, et de la psychologie ani-male, dautre part, fournit cette science gnrale une foule de schmas. Lalinguistique, ltude des techniques, lethnographie, la psychanalyse, ltudedes mythologies, des formes esthtiques, se prtent comme delles-mmes des mises en isomorphisme.

    Il est surprenant que la philosophie nexploite pas davantage cette mine

    inpuisable o elle pourrait si bien collaborer avec la science.Ma conviction profonde est que les philosophes, comme les thologiens,

    auraient tort de vouloir revendiquer contre la science soit un domaine, soitune mthode spcifique, quelle soit intuitive, critique, dialectique, phnom-nologique. La vrit est une. La connaissance est scientifique ou fausse. Maisil ne sagit pas de construire, en faisant un sort ltat actuel de la science, unephilosophie scientifique la Spencer. Il sagit encore moins de traduire,comme Hegel dans sa Philosophie de la nature, le texte donn par les scien-ces dans une langue spculative quelconque. Il sagit seulement de collaborer

    au progrs de la connaissance en travaillant une Philosophie-Science indi-vise, capable de se critiquer et de se gnraliser elle-mme avec ou sans spcialiste des gnralits mesure que le rel se rvle dans toute soninpuisable subtilit. Contre une science dogmatiquement mcaniste tellequelle se prsentait auXIXe sicle et qui prtendait rduire lhomme au fonc-tionnement dun systme de particules, la philosophie tait justifie denappeler une science mieux informe, en sappuyant provisoirement sur lesintuitions irrfutables de lhomme vivant qui sprouve comme un tre sens,travaillant des fins valables. Mais la preuve est faite que la science estcapable de se rformer, non pas contre ses propres vrits exprimentale-ment tablies, non pas contre la philosophie vivante qui collabore au con-traire ces rformes, mais contre les philosophies pseudo-scientifiques quiabusent des aspects superficiels de ses thories.

    En travaillant la Philosophie-Science, on se place dans la ligne centraledu vrai classicisme philosophique. toutes les poques, de Platon Berg-

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    son, Whitehead et Husserl, en passant par Descartes, Malebranche, Spinozaet Leibniz, le courant central de la philosophie sest toujours volontairement

    ml, sinon confondu, avec le courant de la science. Aucun philosopheauthentique na jamais fait une simple philosophie scientifique , ou unesimple philosophie de la science . Chacun a voulu orienter, ou redresser lecourant, mais en travaillant avec la science et sans prtendre fonder uneconnaissance para-scientifique.

    Paralllement, la technique drive de la science ne parat insuffisante ettroite que parce que le mot de technique fait penser aux seules techni-ques mcaniques et industrielles. Mais la preuve est faite tout aussi bien de lapossibilit dune technique biologique et psychologique du dressage, dellevage, de lducation, de lquilibre et du progrs mental, de lquilibre etdu progrs social, dune technique qui, mesure quelle devient plus vrai-ment scientifique, finit par se confondre avec la sagesse. Ce qui fait la valeurdes sages et rformateurs religieux, de Bouddha et Lao Tseu Tolsto et Gandhi, cest le pressentiment des lois qui, pour porter sur des quilibres etdes dynamismes invisibles, sont tout aussi relles que les lois de linductionlectromagntique, et se prtent, comme ces dernires, une techniquegnralise toujours perfectible, une Technique-Sagesse qui ne fait quunavec la Philosophie-Science.

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