n°115 – ÉtÉ 2010 - cyclo-camping international · 2015. 7. 6. · inde – rishikesh : velo...

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N°115 – ÉTÉ 2010 www.cci.asso.fr Photo : Gérard PORCHERET Récits de voyage Jammu-et-Cachemire, Ouzbékistan et Kazakhstan, le Pôle nord, Istanbul-Pontarlier Les quinzaines p. 25 Récits de voyage Jammu-et-Cachemire, Ouzbékistan et Kazakhstan, le Pôle nord, Istanbul-Pontarlier Les quinzaines p. 25

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Page 1: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

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Récits de voyageJammu-et-Cachemire,

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anvier est bien loin déjà, janvier et ses froi-dures, janvier et les discussions chaleu-reuses du festival du voyage à vélo, si

dynamique.

Mai s’éloigne, mai et les fraîcheurs del’Ascension, les parcours surprenants en HautBeaujolais, et aussi les échanges passionnésdu rassemblement de CCI et de l’assembléegénérale qui a renouvelé le CA pour moitié.

Et voici le mois d’août.

La revue vient à point pour montrer la vita-lité de l’association et quelques-unes des mul-tiples facettes du voyage à vélo. Dans cenuméro, le lecteur sautera de 1892 à 2010, ren-contrera cyclistes solitaires et groupes ; il suivrala balade d’un week-end et les expéditionslointaines, passera du Cachemire au Poitou.

Elle fera peut-être patienter celles et ceuxqui ne partent pas tout de suite. Elle peut aussiaccompagner les voyageurs et les voyageusesqui profitent en plein été de petites routes et depaysages nouveaux (dans le cadre ou non despropositions de CCI), tous les cyclistes à quiplaisent les rencontres imprévues, que réjouitla nuit sous la tente, qui aiment le vent sec,l’averse tiède, la brise du petit matin.

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ÉditoSommaire

POUR LES PROCHAINES REVUES : les textes (5 à 9 000 carac-tères) et les photos destinés aux prochains numéros doivent parvenir àSylvie Dargnies : [email protected].

n°110 - Printemps 2009

n°115 - Été 2010Par Jean LE LAN – Secrétaire de CCI

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La revue vient à pointpour montrer la vitalitéde l'association…

Dates de parution de la revue : mi-janvier, mi-avril, mi-juin, mi-octobre.

D'ISTANBULÀ PONTARLIERAnnie Thomas

L’INDEGérard Porcheret

OUZBÉKISTANET KAZAKHSTANIsabelle et Bruno

Frébourg

p.9 p.4

LE PÔLE NORDClaude Marthaler

p.15

p. 18

Sur la route

4 De gompa en mosquée

Jammu-et-Cachemire

Gérard Porcheret

9 En route pour l’Asie centrale1re partie - Ouzbékistan et Kazakhstan

Isabelle et Bruno Frébourg

15 L’improbable Pôle Nord à véloClaude Marthaler

18 Seule à vélo couché,

d’Istanbul à PontarlierAnnie Thomas

Info, biblio, conseils…

20 BibliocyclePhilippe Orgebin

21 Nos ancêtres les Cyclopathes :« Une excursion aux Andelys et à Dreux en 1892 »

3e partie

Vie de l’association

25 Un rappel des Quinzaines

26 Compte rendu du week-end CCI

en Poitou-Charente

27 Compte rendu du week-end de l’Ascension

à Poule-les-écharmeaux

Ne se représentaient pas au CA :Christine COLIN, Alain GUILLERMOU, Alain BARTHEL.

Se présentaient mais n’ont pas été élus,le nombre de membres du CA étant limité à 10 :Joëlle AYACHE, Jean-Michel PAOLETTI, Arthur R. DAVID,Michel FRANÇOIS.

Le CA, renouvelé à 50%, est composé de :Philippe ORGEBIN (Paris), Pierre ONASCH (Nantes),Sophie GÉLINOTTE (Strasbourg), Sylvie DARGNIES (Paris),Serge FICHANT (Haute-Savoie), Joseph JAUNEREAU (Poitou),Augustin FERNANDEZ (Le Havre), Annick Potier (Nïmes),Benoît Michel (Caen), Jean Le Lan (Nantes).

Le nouveau CA a élu le bureau :

– président : Joseph JAUNEREAUprésidente adjointe : Sylvie DARGNIES

– secrétaire : Jean LE LANsecrétaire adjoint : Serge FICHANT

– trésorier : Benoît MICHELtrésorier adjoint : Philippe ORGEBIN

Les adhérents recevront un compte-rendu détaillé.

L’assemblée générale de CCIs’est tenue le 14 mai dernier

Exceptionnellement, elle s’est tenue pendant le rassemblement de l’Ascension.à Poule-les-Écharmeaux dans le Rhône

Le nombre d’adhérents présents ou représentés était de 118personnes,soit près de 15% des adhérents.

Benoît Michel, Joseph Jaunereau, Serge Fichant.

Le nombre d'adhérents présents ou représentésétait de 118 personnes.

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Le monastère de Likir gompa où officie le frère du Dalaï-lama.

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Sur la routeInde

4CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

e quitte Manali le 9 juin,avec pour premier objec-tif le col de Rohtang-La(ce qui est un pléonasmepuisque La veut dire col),altitude 3998m.

L’objectif est plusardu que prévu à causedu vent, de la pente

irrégulière et surtout à cause d’unintense trafic routier dû aux Indiens quivont aux sports d’hiver : c’est un défilé

de jeeps, de 4x4, de minibus… Cent fois jesuis arrêté parce qu’on veut me photogra-phier, parfois avec toute la famille. C’estsympa, mais ça me gonfle !

Au col, c'est la fête

En début d’après-midi, alors que je voisles derniers lacets, je renonce à franchir le colle jour même face au flot ininterrompu debagnoles descendant par une piste ravinée

et ruisselante. Je bivouaque à 3 400 m et, lelendemain, je franchis la passe en fin dematinée. Un peu partout le long de laroute, et ce depuis Manali, des installationssommaires proposent en location des bot-tes en caoutchouc, de vieilles combinaisonsde ski, des doudounes et des manteaux entout genre. Au col, c’est la fête, un peu car-naval aussi. Sur une neige marron sale, lesplus aisés s’offrent un tour de moto neige,les autres se contentent du traîneau rudi-mentaire en bois poussé par un homme depeine et les plus casse-cou dévalent 100 mde pente sur un pneu freiné par un câblequi sert aussi à le remonter. La majoritéglisse simplement sur lesfesses, quand au skieur, ilest rare car y’a pas de tire-fesses.

Je plonge dans la des-cente. La qualité de la pisteest semblable au lit d’unerivière dans lequel dévalentles eaux à la fonte des nei-ges. En bas, la vallée est superbe et agréable,au climat plus tempéré. Les cultures sontautant de tâches vertes dans ce paysageessentiellement minéral. Je bivouaque à2 800 m d’altitude, à Tandi, un peu avantKeylong (c’est le point le plus bas du par-cours). (…)

L’étape suivante se termine sous unepluie fine qui devient de la neige dans lasoirée, bien entendu. Je suis à 3 800 m etj’ai décidé de dormir dans une dabha. Surla route Manali-Leh, situé à plus de3 500 m et ouverte seulement quatre àcinq mois par an, il n’y a pas de village.Aussi, dès sa création en 1989, se sont

implantés des hameaux temporaires dequelques dabhas. Ce sont des restaurantssommaires pour les camionneurs et les tou-ristes avec parfois un hébergement rudi-mentaire. Ces constructions circulaires enpierre protègent du vent, ce qui est énorme.Contre le mur sont disposés matelas etcouvertures : c’est là qu’on dort. Il y a uncoin cuisine pour préparer le thé et lefrichti ; on trouve aussi quelques produitsbasiques d’épicerie.

Des paysages grandioses

Les jours suivants, les cols s’enchaînentavec des paysages grandioses, un vent gran-

diose et, en haut, unfroid… grandiose ! Quandon cumule fatigue, manqued’oxygène et froid, çasecoue un peu.

Ce fut d’abord leBaracha La (4 918 m), cor-rectement bitumé, avec desmurs de neige impression-

nants. Nuit dans une dabha à 4 300 m. Lejour suivant, après avoir grimpé les vingt etun lacets impressionnants baptisés “Gataloops”, je franchis le Nakee La à 4 943 m, etaprès une descente pourrie j’enchaîne avec leLachalung La à 5 078 m. La route (la piste)s’enfonce ensuite dans des gorges fabuleusesoù gronde, sous de multiples ponts de neige,un torrent aux eaux tumultueuses. Je croiseun cyclo polonais qui en bave autant quemoi malgré ses trente ans de moins. Çaredonne confiance… Le soir, à Pang, c’estencore une dabha qui m’accueille à 4 500 md’altitude, avec un confort amélioré (peut-être une dabha 1 étoile).

Deuxième partie du récit de Gérard Porcheret parti en Inde en 2009.Fin juin, il quitte les plaines du Penjab pour les cols, stations de montagne,

villes saintes ou touristiques… et surtout pour une belle nature.Des étapes résolument sportives sur la route Manali-Leh

située au-dessus de 3500 m et ouverte quatre à cinq mois par an.

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De gompa en mosquéeJammu-et-Cachemire

Le Cachemire : des paysags alpins et des rizières en terrasses.

Photo : Gérard PORCHERET

Photo : Gérard PORCHERET

Pendant la domination britannique,le Cachemire, dont la populationest à majorité musulmane, est resté dirigé par un maharaja hindou. En 1947, celui-ci décide, au grand dam du Pakistan, derejoindre l’Inde qui vient d’obtenirson indépendance. Deux ans plustard, en 1949, le premier conflitindo-pakistanais aboutit à couperen deux le Cachemire, un partagequi perdure aujourd’hui, malgré lesecond affrontement de 1965.

Le Jammu-et-CachemireLa partie indienne du Cachemire a lemême statut que les 23 autres étatsqui constituent l’Inde (3 268 000 km2)et s’appelle « Jammu-et-Cachemire ».Des affrontement ont lieu régulièrement entre l’arméeindienne et des indépendantistesou des pro-pakistanais.

Le LadakhC’est une région du Cachemire.Autrefois, ce fut un royaume indépendant de religion bouddhiste.Au XVIIe siècle, le 5e Dalaï Lamatente de l’envahir. En échange deson aide, le Cachemire exige laconversion du roi ladakhi à l’islam etla construction d’une mosquée danssa capitale, Leh. Un traité de paixtibéto-ladakhi en 1842 confirmentles frontières respectives, mais leCachemire finira par conquérir leroyaume, mettant fin à son indépendance et entraînant, à terme, son intégration dans l’Inde britannique.Son territoire originel est mainte-nant divisé entre l’Inde, le Pakistanet l’Aksai Chin, un district conquispar la Chine à la suite du conflitsino-indien de 1962.

Imachal-Pradesh

Territoire sousadministrationpakistanaise

Territoiresous administration

indienne(Jammu et Cachemire)

Territoire sousadministration

chinoise

Punjab

Dharamsala

Srinagar

Jammu

Leh

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CACHEMIRE

PAK

ISTA

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CHINE

Delhi

Uttar Pradesh

HaryanaRajasthan

LE CACHEMIRE

La qualité de lapiste est semblableau lit d'une rivièredans lequel déva-lent les eaux à lafonte des neiges.

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Nubra, aux confins du Ladakh et duPakistan, zone militairement contrôléenécessitant un permis spécial. Mais jerenonce à y aller à vélo et décide de fairel’aller et retour à pied en franchissant leKardung La, un col à 5 300 m, qui fermecette vallée isolée où l’on trouve des dunesde sable et des chameaux sauvages. Monpermis spécial en poche, je pars découvrircette vallée perdue en compagnie devingt-trois femmes ladakhies originaires dela haute région duChantang, quatre jours devoyage organisé parLaurent, un Françaisretraité vivant six mois paran à Leh. Au bout de la val-lée, c’est le Kardung La(5 380 m d’alt.) qui, depuisla vallée de l’Indus, débou-che dans les vallées de laNubra et de la Sayok dontl’accès est restreint pour cause de guéguer-res avec les voisins (le Pakistan d’un côté etla Chine de l’autre). (…) Tout ça dans desdécors d’exception, des vallées entaillant lafin de la chaîne granitique du Karakoram,dominées par des sommets et glaciers àplus de six mille mètres. (…)

En direction de Srinagar

Je quitte Leh le 1er juillet en directionde Srinagar. J’ai le temps et je musarde enfaisant de petites étapes ponctuées de visi-tes de monastères que je connais déjà :Likir, où officie le frère du Dalaï Lama ;Alchi, un des plus anciens datant duXIe siècle ; et bien sûr Lamayuru où je reste

trois jours. En venant de Leh, l’accès àLamayuru se fait soit par une vallée encais-sée dont la route est en chantier, soit parune série de lacets spectaculaires escaladantun univers minéral aux couleurs incroya-bles. L’arrivée sur Lamayuru se fait endominant la gompa et une mer de sablejaune. De là, je fais une rando de deuxjours à pied jusqu’au village de Wanla.

Trois cols me séparent encore duCachemire. Je franchis le premier, le

Photu-la (4 100 m d’alt.),les doigts dans le nez grâce àun bitume neuf . J’y croiseun Suisse, Sébastien, partid’Helvétie il y a un an. Lecol suivant, le Namika-la,fut moins joyeux : chantierssuccessifs, poussière, empier-rement et vent.

Le Bouddha géant dedouze mètres, sculpté dans

un énorme rocher, m’accueille à Mulbek.C’est la porte d’entrée – et, pour moi, desortie – du pays bouddhiste. À Kargil,étape suivante, les Youssef, Ibrahim etFatima se substituent aux Norbu, Stenzinget Yoganda. La mosquée remplace lagompa et le moulin à prières n’est plusd’actualité. Les Baltis, musulmans fervents,représentent l’ethnie majoritaire. Heureusesurprise, le tchador que portaient presquetoutes les femmes lors de mon passage en1981, a quasiment disparu même si l’effi-gie de l’Ayatollah Komeini est encore pla-cardée ça et là.

Le dernier col à franchir, le Zoji-la,3 540 m (où est passée la Croisière

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Je m’offre enfin une étape modéréeen traversant les Morey Plains, un immenseplateau désertique. Le lendemain est unejournée de repos près du lac Tsokar (encoreun pléonasme, Tso voulant dire lac) : mar-mottes, ânes sauvages, oisaux et immensestroupeaux de yacks, ces grosses bébêtespacifiques auxquelles les pasteurs nomadesqui les accompagnent arrachent à la mainla laine du dos qui sera ultérieurement filée(…) Et bonheur, je rencontre, un couplede Français ! Ces généreux Auvergnatsm’offrent, outre leur amitié, du thon, dessardines, des pruneaux et… un saucissond’Auvergne. C’est, pour moi, un apport deprotéines qui me manquent tant !

Le deuxième plus haut col routierdu monde

Le lendemain, j’affronte “la bête”, leTaglang La, second plus haut col routier aumonde (5 350 m). L’ascension commencesous un ciel bas, parmi des milliers d’ovinspâturant sur les flancs d’une valléeimmense. Très vite, la neige arrive, fine,balayant la vallée à l’horizontale, pousséepar un vent démesuré. Heureusement, çane dure qu’une heure et le ciel s’éclaircit,m’accordant un répit durant quatre heures,le temps d’avoir le col en point de mire. Surles sept derniers kilomètres, je dois encoreaffronter une piste boueuse, caillouteuse,ruisselante. (…) Au delà, c’est le Ladakh.S’ensuivent 150 m de dénivelé à descendrequi ne sont pas toujours du bonheur, jet’assure. À Lato (4 000 m d’altitude), lesAuvergnats m’accueillent dans un minus-cule et merveilleux camping à l’entrée de

gorges splendides magnifiées par le soleilcouchant. Enfin un peu de chaleur et uneseconde soirée bonheur avec un repas d’ex-ception.

Le 18 juin, après 20 km de descentedans ces gorges aux érosions étonnantesdont les couleurs vont de l’ocre jaune auxbruns sombres en passant par des lies devin, me voici dans la vallée de l’Indus. Ici,le fleuve est tranquille mais, lorsqu’il arriveau Pakistan, il charrie des millions de ton-nes de sédiments arrachés à l’Himalaya.

Une grimpette ardue m’amène aumonastère d’Hémis où j’étais passé il y avingt-huit ans. Déception, ça s’agrandit etça bétonne. Ce monastère, le plus riche duLadakh, ne présente, à mon avis, plusaucun intérêt à part son site exceptionnel,niché dans les rochers au fond d’une vallée.Il n’a plus d’âme et n’offre plus aucuneémotion. Le lopin de terre baptisé campingétant déplorable, j’opte pour une chambreau monastère, une cellule de moine à200 rps (3 €) !

Quarante kilomètres me séparent deLeh où j’arrive en fin de journée après unevisite à mi-parcours au monastère deTiksey qui est toujours merveilleusement

perchée sur son éperon rocheux, offrant surla vallée et les chaînes enneigées une vue à360°. Bien entendu, Tiksey s’est moderniséet les sentiers empierrés qu’il faut escaladersont désormais bétonnés. Les planchers desjokangs (salle de prières) et autres gantangs(dédié à la divinité protectrice) où leschaussettes collaient au beurre fondu quiles tapissait ont été décrassés et cirés, maisj’y retrouve cette atmosphère particulière,propice à la méditation.

Leh, au cœur du Ladakh

L’arrivée à Leh est pénible, sept kilomè-tres de montée dans un intense trafic rou-tier avec un air pollué de fumée de gasoil.Et toujours et encore… des casernes. Si lesChinois on colonisé le Tibet, les Indiensont, eux, bel et bien colonisé le Ladakh. Jene reconnais pas la ville où, il y a vingt-huitans, on ne comptait qu’une poignée d’hô-tels et de guesthouses que l’on trouveaujourd’hui par centaine. La ville vit dutourisme et... de l’armée. Les Ladakhis deLeh ont découvert le roi pognon et l’argentcoule facilement. Ils ont vendu leur âme aubusiness et je ne donne pas cher de leursamsara. Mais le site reste exceptionnel,c’est un point de départ pour des treksfabuleux !

Je m’installe dans une petite guesthousefamiliale, dans un quartier calme à cinqminutes du centre, et je prends enfin unedouche chaude, après dix jours passés sansjamais avoir quitté mes fringues jour et nuit.

Depuis Leh, j’avais prévu d’aller avecArthur (c’est le nom que Gérard donne àson vélo – N.D.L.R. ) dans la vallée de la

6CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

De même que l’automobile a fait disparaître les coiffes en Bretagne,au Cachemire, le bonnet remplace de plus en plus le chapeau traditionnel.

Trek dans la vallée de la Nubra, aux confins du Ladakhet du Pakistan en compagnie de vingt-trois femmes ladakhies.

Le Taglang-La, le second plushaut col routier au monde (5 350 m).

Les Ladakhis de Lehont découvert le roi pognonet l’argent coule facilement.

Ils ont vendu leur âmeau business

et je ne donne pas cherde leur samsara.

Heureuse surprise,le tchador que

portaient presquetoute les femmes

lors de mon passageen 1981,

a quasimentdisparu…

Photo : Gérard PORCHERETPhoto : Gérard PORCHERET Photo : Gérard PORCHERET

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a seule solution pour nousrendre en Asie centrale àpartir de l’Azerbaïdjan,c’est de traverser la merCaspienne pour rejoindreAktau au Kazakstan à par-tir de Bakou. La route dunord vers le Daguestan estimpossible, les Russes qui

contrôlent ce pays ne veulent pas de touris-tes européens chez eux. La route du sud par

l’Iran est quasi impossible, le visa iranienpour les touristes individuels étant très dif-ficile à obtenir. De plus, descendre en Irannous obligerait à continuer vers le Pakistanqui est certes un beau pays mais peu sûr ence moment. De même qu’il nous seraitpeut-être plus facile de prendre un bateaupour le Turkménistan plutôt que d’attendrecelui pour Aktau, mais le visa de tourismeturkmène est impossible à obtenir sans fairepartie d’un groupe. Sans oublier que, dans

ce pays où le courrier postal est systémati-quement lu, où les appels téléphoniquessont sur écoute et où internet est interdit,on ne peut voyager sans avoir réservé àl’avance toutes les nuits d’hôtel et sans êtreaccompagné d’un guide. Le mieux est doncde nous rendre à Aktau au Kazakhstan.

Embarquement pour Aktau

Il n’y plus qu’un bateau qui relie Bakou(Azerbaïdjan), Aktau (Kazakhstan) et

9CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

jaune), bien que modeste dans ce sens,ne démérite pas, le bitume des dernierskilomètres ayant été emporté depuis long-temps par les hivers rigoureux. Drass, à3 100 m d’altitude, au pied du col côtéLadakh, est qualifiée de seconde ville laplus froide du monde avec un record à–60°C. S’ensuit une descente de 1 800 mde dénivelé dont les huit premiers kilomè-tres sont inqualifiables. (…) Après, c’estune promenade dans un décor alpin majes-tueux où le vert cru desrizières en terrasses seconjugue avec le vert som-bre des sapins. La rivièreSind, effrayante de fureur,dévale les gorges dans unfracas terrible et je bivoua-que sur sa rive après avoirnégocié avec quatre militai-res. Des militaires, ici, y’en a tous les500 mètres depuis le passage du col. Ilssont armés jusqu’aux dents et les patrouil-les en véhicules sont légions : « L’ennemivous observe », disent les panneaux placésle long de la route.

J’arrive à Srinagar le 13 juillet. Cejour-là, c’est la grève générale et j’entredans une ville morte. Il y a huit jours, unétudiant a été tué et des émeutes violentesont spontanément éclaté. En revanche,dans le quartier touristique où se trouventles house-boats, sur le lac Dal, « Businessis business » et les Indiens de classe aisée(700 000 touristes par an) continuent àvenir, prêts à dépenser leurs roupies.L’argent n’a pas d’odeur, et le racolage batson plein. Je trouve un bateau, pas un“Deluxe” mais un ensemble familialsympa (6 € la demi-pension et la bouffe

est top). Je passe là quatre jours de far-niente. (…) Soir et matin un duo sonorese déchaîne : du haut de la colline, lehaut-parleur d’un vieux temple hindoudéverse ses litanies « Are Krishna,Vishnou et consorts » relayé par les« Allah akbar, la illa illala » des muezzinsde la vieille ville.

Le cricket est le sport national en Indeet c’est ici, avec du bois cachemiri, que sontfabriquées le plus artisanalement du

monde les millions debattes (l’Inde = 1 milliardd’hab.) à la scie, au rabot etau ciseau.

Je n’en ai pas fini avecles côtes car mes coups depédales suivant me condui-sent dans une station desports d’hiver, Pahlgam, qui

est aussi un des points de départ pour lepèlerinage d’Amarnath ; puis il me fautfranchir un tunnel à 2 200 m d’altitudepour atteindre Jammu, capitale de l’état duJammu-et-Cachemire. Ensuite, je passeraidonner le bonjour au Dalaï Lama, àDharamsala, perchée à 1 800 m d’altitude.

En quittant le Jammu-et-Cachemirepour le Punjab, je longe des milliers decamions (je ne bluffe pas) attendant de partet d’autre leur autorisation d’entrer ou desortir. Je retrouve une chaleur humide demousson.

Après trois jours de transition avec desreliefs modérés, j’entre dans l’étatd’Himmachal Pradesh, et me voici de nou-veau au pied de l’Himalaya merveilleux.J’aborde la montée vers Dharamsala…

Gérard [email protected]

CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

Des militaires,tous les 500 mètres…

À Srinagar, des milliers de personnes vivent dans des house-boatssur le lac Dal.

Des militaires, ici,y’en a tous les

500 mètres depuisle passage du col.

Ils sont armésjusqu'aux dents…

1re partie - Ouzbékistan et Kazakhstan

Nous suivons Isabelle et Bruno Frébourg depuis plus de deux ans déjà.Après l’Europe, la Turquie et le Moyen-Orient,

ils ont abordé l’Asie Centrale pendant l’été 2009.Depuis, ils ont pédalé plus de 2500 km dans cette partie du monde,

moitié au Kazakhstan et moitié en Ouzbékistan.Formalités, climat, nature, logement :

ils trouvent leurs conditions de voyage nettement plus ardues qu’auparavant…

En routepour l’Asie centrale

En routepour l’Asie centrale

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Sur la routeAsie

Photo : Gérard PORCHERET

Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG

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place, quelques dromadaires ou chameauxet exceptionnellement une femme sortie denulle part qui vend quelques bouteilles delait de chamelle. Puis de temps en temps,une petite falaise à franchir et tout de suiteles paysages prennent formes et couleurs.Un plaisir intense pour quelques minuteset à nouveau ces grandes étendues plates àl’infini.

Heureusement, les températures sontanormalement faibles, autour de 30°Cavec un vent rafraîchissant toujours sou-tenu. Nous avons beaucoup de chance, lesannées précédentes, le thermomètre dépas-sait largement 40°C à cette saison. Unepetite tornade pointe le bout de son nez, levent devient violent et le ciel s’assombritsubitement. Une yourte à proximité nouspermet d’attendre à l’abri que cette tour-mente soit passée.

Il y a un peu plus de 500 km jusqu’àBeyneu mais nous n’en avons parcouru que230 à vélo parce qu’ensuite le goudron acédé la place à une très mauvaise piste faitetantôt de sable, tantôt de cailloux ou detôle ondulée. Nous avons décidé de fairedu camion-stop.

Les conditions de logement sont plutôtprécaires mais nous avons pu néanmoins

rencontrer le peuple kazakh à Aktau et àBeyneu. Nous faisons tout de suite la diffé-rence entre Kazakhs et Russes. Les hom-mes, et pas seulement les anciens, portentencore la tioupé ou kalpak, chapeau de feu-tre traditionnel noir ou blanc orné demotifs géométriques. Nous avons essayé la

position accroupie sur les talons, positionpréférée des hommes qui se reposent enregardant passer la foule, mais nous n’avonspu toutefois rester bien longtemps sansavoir de multiples douleurs ou crampes.(…)

Direction l’Ouzbékistant par le train

De Beyneu, pour entrer enOuzbékistan, il n’y a ni route, ni piste car-rossable, juste une piste chamelière et uneligne de chemin de fer pour rejoindre

Komgrat. Pas d’hésitation possible, nousprendrons le train demain matin à 6 hpour un trajet de 600 km, arrivée à 18h30(6 euros/personne).

La première épreuve consiste à casernos bagages et nos bicyclettes dans lewagon. Il y a trois planches, l’une au-dessusde l’autre. Celle du bas pour s’asseoir, celledu milieu pour s’allonger et celle du hautpour les bagages. Celui qui paie un supplé-ment pour être allongé sur la planche dumilieu va y rester pendant tout le voyage,faute de place ailleurs.

Les passagers, en majorité ouzbeks rap-portent quantité de choses du Kazakhstan.Ils font du troc entre passagers. Dansl’étroit couloir, c’est un ballet incessant demarchandes, les bras chargés de tout ce quipeut se vendre.

Le train nous dépose à Komgrat enRépublique autonome de Karakalpakie, àl’extrême ouest de l’Ouzbékistan. Il nousfaut tout d’abord changer des euros ensums, la monnaie locale. Suivant le change,on a entre 200 000 et 250 000 sums pour100 euros. Le plus gros billet en circulationétant de 1000 sums, ça fait 200 à 250 billetspour 100 euros ! Ce n’est plus un porte-monnaie qu’il nous faut, c’est une valise !

11CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

Turkmenbashi (Turkmenistan). Ledeuxième a coulé l’an dernier faisant unecentaine de morts. C’est en fait celui quiarrive plusieurs fois par semaine duTurkménistan et qui se rend de temps entemps au Kazakhstan quand il y a suffisam-ment de marchandises à emporter. Il estdonc nécessaire de venir aux nouvellesrégulièrement sur le port et être prêt à toutmoment à embarquer (…) Il y a environvingt-deux heures de traversée. Enfin, lejeudi 20 août à 22h30, quand la petitedame de la caisse ferme boutique, elle nouspromet un bateau pour le lendemain matinà 5 h. Comme elle ne parle pas anglais, onne sait pas trop si on doit être à l’embar-quement à 5h ou si c’est l’heure de départdu bateau. On décide donc de passer cettedernière nuit en Azerbaïdjan sur les bancs,près de la douane. Ce bateau n’est pas vrai-ment conçu pour emmener des passagers etles trains de marchandises sont prioritaires.Nous n’avons jamais vu un bateau en simauvais état. C’est sale, très sale. Tout estcassé, dégradé. (…)

À Aktau, la procédure pour débarquerest un peu particulière. Il faut placer nosbagages à main sur une remorque, monterdans un bus qui nous emmène au poste de

douane, récupérer nos bagages et passer lesbarrières. Reste à d’abord attendre que tousles wagons soient déchargés pour pouvoirrécupérer nos bicyclettes dans le bateau. Deretour à la douane, avec vélos et bagages,un militaire en poste devant la barrièrenous fait face, bras croisés : « Trop tard, le

bureau de douane est fermé ! »Heureusement, un douanier moins têtu ouplus compréhensif que les autres finit toutde même par nous ouvrir la barrière. Maisles formalités ne sont pas terminées,demain nous devrons faire apposer undeuxième tampon sur un bout de papier auservice de l’immigration d’Aktau.

Le Kazakstan

Nous voici en Asie centrale, sur laRoute de la soie, cette route mythique qui

permettait le transport de soieries et autresprécieuses marchandises par les caravanesde chameaux vers l’Occident.

L’Asie centrale englobe cinq républiquessoviétiques devenues indépendantes en1991 : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, leTadjikistan, le Turkménistan et leKirghizistan. Cet ensemble représente septfois la superficie de notre pays. LeKazakhstan est le plus grand de ces cinqétats, plus de cinq fois la surface de laFrance, avec seulement cinq habitantsau km2 (115 en France). Dans un premiertemps, nous allons ne traverser qu’une petitepartie de cet immense pays : d’Aktau àBeyneu où nous prendrons un train pourtraverser le désert du Kyzyl Kum versl’Ouzbékistan. Parmi les cyclistes que nousavons croisés jusqu’ici, aucun n’a pédaléentre ces deux villes, tous ont pris le train oul’avion. Même Jumber, ce fameux cyclistegéorgien, n’a pas pédalé sur cette route.

Nous laissons Aktau, jolie ville de bordde mer avec ses plages rafraîchissantes aubord de la Caspienne, pour nous enfoncerdans un désert inhospitalier. Des centainesde kilomètres de monotonie, de routes pla-tes, droites sans aucun repère si ce n’est lenéant à perte de vue. Tout juste, de place en

Comment trouver les cartes routières ?La difficulté que nous avons rencontrée l’année der-

nière pour trouver les cartes routières des pays traver-sés nous a incités cette année à les acheter avant departir. On se rend pour cela à Paris, en premier lieu aumagasin l’Astrolabe, bien connu pour avoir un choix decartes incomparable. Mais l’Astrolabe n’est plus !Fermé depuis deux ans ! On se rend alors àl’espace IGN : les rayons sont vides, il va fermer sesportes. On y trouve tout de même les cartes de Taïwan,de la Chine, de la Corée et de la Mongolie. Il nous resteà dénicher les cartes de la Sibérie, du Japon et duKazakhstan. On trouve celle du Kazakhstan à la librai-rie Ulysse sur l’Ile St Louis. Nous y sommes très bienaccueillis par Catherine Domain qui aurait pu noustrouver toutes les cartes dont nous avons besoin si onl’avait prévenue à l’avance.

Chez l’Harmattan, rue des Écoles, on a trouvé unecarte de la Russie à défaut d’une carte plus précise surla Sibérie, ainsi qu’une carte du Japon étiquetée enfrancs, vieille d’au moins 10 ans. On a fini par en trou-ver une du Japon plus récente au Vieux Campeur. Touteune aventure !

Les cartes routières nous servent non seulement pourtracer l’itinéraire mais aussi et surtout pour nous permet-tre de connaître la distance jusqu’à la prochaine ville oujusqu’au prochain village de manière à pouvoir nous ravi-tailler ou nous loger. Encore que certains villages nesoient pas notés sur les cartes et d’autres qui y figurentn’existent pas sur le terrain ! B. F.

10CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

…un militaireen poste devant la barrière

nous fait face,bras croisés :« Trop tard,

le bureau de douaneest fermé ! »

Les hommes,et pas seulement les anciens,

portent encorela tioupé ou kalpak,

chapeau de feutre traditionnelnoir ou blanc

orné de motifs géométriques.

Dans l’étroit couloir, c’est un ballet incessant demarchandes, les bras chargés de tout ce qui peut sevendre.

La première épreuve consiste à caser nos bagages etnos bicyclettes dans le wagon. Il y a trois planches,l’une au-dessus de l’autre. Celle du bas pour s’asseoir,celle du milieu pour s’allonger et celle du haut pour lesbagages.

Tôle ondulée ?Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG Photos : Isabelle et Bruno FRÉBOURG

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sont attendus aujourd’hui de pied fermepar les nombreux commerçants de tapis, debijoux, d’instruments de musique… quiont pris place dans les cours des mosquées,des madrasas et sous les coupoles aux bul-bes insolites situées au croisement des rues.(…) La vieille ville de Boukhara est restéehabitée et bien vivante. Nous avons faitune petite pause dans l’atmosphère sur-chauffée et humide d’un hammam de laville, étonnamment ouvert aux deux sexesen même temps (nous sommes en paysmusulman) pour un décrassage en profon-deur de la peau et un massage réparateur.

Français, Japonais, Allemands, Amé-ricains sont nombreux aujourd’hui à venircontempler les dômes émeraude deSamarcande et mettre enfin des images surles récits des grands voyageurs tel MarcoPolo. Bien qu’à l’emplacement du gigantes-que palais de Tamerlan s’élève maintenantun hôtel, Samarcande a conservé bon nom-bre de ses trésors architecturaux dont lamosquée Bibi Khanum, la plus granded’Asie centrale, les trois monumentalesmadrasas de la place du Registan, le mau-solée du Gour Emir ou tombeau du souve-rain Tamerlan.

Si Lénine fit entreprendre les premièresrestaurations de ces somptueux monu-

ments afin de sauver la culture du passé, lesRusses, par la suite, ont fait raser toutes lesmaisons alentour pour faire de Samarcandeune ville au schéma typiquement soviéti-que : grandes artères, parcs boisés et fleuris,immenses places et parkings d’autobus...On ne se promène pas à Samarcande, on vad’un monument à l’autre.

Pour notre part, nous avons, et de loin,préféré déambuler dans les ruelles deBoukhara et de Khiva que sur les largesavenues de Samarcande.

Des conditions de voyage difficiles

Mauvaises routes nous faisant vibrerainsi que nos vélos à tout instant, villagesespacés, longues lignes droites sur des por-tions de routes désertiques et monotones,fumées d’échappements nauséabondes,vent, sable et poussière omniprésents ren-

dent nos conditions de pédaleurs errantspénibles depuis que nous sommes en Asiecentrale. Il est clair que nous prenonsmoins de plaisir à rouler qu’en Europe. Leplus souvent, il n’y a que des seaux d’eaupour se laver. Pour la nuit on nous installede jolies couvertures sur un sol demoquette ou de tapis. Impossible d’instal-ler nos matelas auto-gonflants sans offenserla maîtresse de maison. Il faut faire avec.Ici, la plupart des gens dorment sur cescouvertures et cela semble parfaitementleur convenir. Et encore, nous sommesbien contents les nuits où les moustiquesne viennent pas perturber notre sommeil.Nous dormons la plupart du temps sousun poster géant, toujours le même danstoutes les maisons : une image de cascadequi doit sans doute faire rêver les habitantsde ce pays qui manque d’eau ! On se sur-prend à dire ce qu’on ne dirait pas enFrance comme par exemple : « Chouette,le ciel est gris ce matin » ; puis, peu après :« Le soleil est déjà revenu, c’est pas dechance ».

Nous devons quitterrapidement le territoire

Entrés en Ouzbékistan le 30 août, nouspensions que notre visa était valide

13CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

Nous sommes à 100 km au sud deMoynaq, grande ville au bord de la merd’Aral, qui comptait 60 000 habitants dansles années soixante mais qui est aujourd’huide plus en plus désertée. Nous décidons detraverser le désert de Kyzyl Kum à bicy-clette pour rejoindre cette ville. Un par-cours qui aurait pu être facile si après30 km nous n’avions pas eu ce satané ventde face qui nous épuise. Sinon ce désert,planté de nombreux tamaris, tout le longde la route, n’est pas désagréable. (…)

Mais où est donc passéla mer d’Aral ?

À Moynaq, il n’est plus questionaujourd’hui de se baigner ou de pêcher. Lamer s’est retirée. Sa superficie est réduite deplus de la moitié et son volume des deuxtiers. La catastrophe a commencé dans lesannées cinquante et s’est accélérée à partirdes années 1960, alors que les travaux mas-sifs d’irrigation pour la culture intensive ducoton battaient leur plein. Peu à peu, lesdeux fleuves qui alimentaient la mer d’Aral,l’Amou Daria et le Syr Daria se firent deplus en plus minces et de plus en plus pol-lués. Les spécialistes estiment qu’en 2020 lamer aura totalement disparu… Cet assè-chement a entraîné la disparition de la bulle

d’évaporation qui se formait au-dessus del’eau et protégeait toute la zone des ventsfroids de Sibérie. Du coup la températureen hiver chute jusqu’à –40°C. Comme si cen’était pas suffisant, les vents charrient le sel

et les dépôts de pesticides dans tout leKarakalpakstan, ruinant les récoltes, ren-dant la terre inculte et abaissant considéra-blement la durée de vie de la population.

Khiva, Boukhara, Samarcande :trois merveilles sur la Route de la soie.

Pour accéder à Khiva, tout près duTurkménistan, il faut traverser l’AmouDaria, ce fleuve qui alimentait jadis la merd’Aral et qui, aujourd’hui, se perd dans lessables. On traverse l’Amou Daria sur lepont de Béruni. Il est constitué de bargesrouillées posées sur l’eau et reliées entreelles par des chaînes. La différence deniveau entre chaque barge est récupérée pardes plaques de tôle mal jointes.

La vieille ville de Khiva, ceinte d’unemuraille de plus de deux kilomètres, huitmètres de hauteur et six mètres d’épaisseur,est un véritable musée à ciel ouvert. Cetteville intérieure, longue de 600 m et large de400 m ne compte pas moins de quatreminarets, six mosquées, six mausolées etvingt quatre madrasas. Les architectes del’époque ont dû faire preuve de tous leurstalents pour imbriquer toujours plus demonuments à l’intérieur des murs. LesRusses, qui ont déclaré Khiva musée à cielouvert, en 1967, l’ont entièrement vidée deses habitants. Depuis l’indépendance en1991, 1 500 familles ont repris possessionde leurs maisons redonnant vie à ce musée.Nous avons eu l’immense chance de nousvoir offrir une nuit confortable dans unhôtel de luxe sans avoir rien demandé àpersonne…

Il nous faut à nouveau traverser ledésert pour nous rendre à Boukhara. Afind’éviter 300 km de bicyclette sur une routeennuyeuse et en très très mauvais état, nousdécidons de faire du camion-stop. De plus,on doit gagner du temps sur cette longuetraversée d’ouest en est de l’Ouzbékistancar nous n’avons qu’un mois de visa.

La ville de Boukhara a été interdite auxnon fidèles pendant des siècles. Les touristes

12CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

LA CULTURE DU COTON OUZBÉKL’Ouzbékistan était le plus gros produc-

teur de coton de l’Union soviétique. Une cul-ture très polluante qui demande beaucoupd’eau. Aujourd’hui quatrième producteurmondial et deuxième exportateur,l’Ouzbékistan produit 75% du coton de l’Asiecentrale. Depuis l’indépendance, quelquessurfaces ont été reconverties dans la culturedu blé, des pastèques et des melons. Mais lesystème économique n’a pas évolué, l’Étatfixe les prix, souvent dérisoires, et sanc-tionne les Kolkhozes dont la rentabilité n’at-teint pas les objectifs fixés.

En octobre, nous avons croisé des dizai-nes de convois de cars emmenant lesramasseurs vers les champs et autant decamions-bennes réquisitionnés pour l’occa-sion avec le nécessaire pour héberger etnourrir les ramasseurs. Une véritable migra-tion de la population des villes vers leschamps. Le ramassage du coton est obliga-toire pour tous les travailleurs ainsi quetous les étudiants et leurs professeurs.Chacun doit donner quarante jours de sontemps à l’État. Ils seront logés et nourrisdans des conditions que l’on n’ose mêmepas imaginer et, bien sûr, sans être payés.Les Ouzbeks nous ont assuré que leurPrésident était juste et bon. B. F.

Aujourd'hui, plus questionde se baigner ou de pêcher.

Les spécialistesestiment qu'en 2020

la mer auratotalement disparu… Bien qu’à l’emplacement

du gigantesque palaisde Tamerlan

s’élève maintenant un hôtel,Samarcande a conservé

bon nombrede ses trésors architecturaux

Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG

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Ces machins-là (les vélos)ont une fâcheuse tendanceà rouler ». En publiant« The Life Polar Expe-dition » en 1926-1927dans le prestigieux maga-zine Life, l’humoriste amé-

ricain Robert Benchley, ne se doutait guèreque 65 ans plus tard, une poignée deSuisses déjantés partirait sans grande expé-rience polaire et selleste, pour une réelletentative. Une authentique dérivehumaine, à l’image du pôle nord magnéti-que (but de l’expédition), découvert offi-ciellement en 1831 dans le sud de l’archi-pel arctique canadien et qui pourrait bien,dans 50 ans, se trouver en Sibérie. Dans

son opuscule dégivrant (1) qu’on glisseraitvolontiers dans la poche de sa doudoune àla veille de partir vers le Grand Nord, ceBike Horn de la littérature n’a aucunepeine à nous convaincre de la drôlerie de

ses propos : « Beaucoup de gens nous ontdemandé : “Pourquoi choisir la bicyclette ?Pourquoi braver le danger ?” Nous sommestout à fait conscients des risques, cependantla bicyclette nous a paru le moyen le pluslogique d’atteindre le Pôle, au vu de l’équipe

que nous formons. Certes, cela n’aurait pasété possible il y a encore trois ans. Maisdepuis, nous avons tant appris sur le magné-tisme terrestre et le pilotage de la bicyclette !Et grâce aux nouvelles techniques d’équili-brage récemment mises au point, nous som-mes persuadés d’avoir quasiment atteint lerisque zéro. D’ailleurs, en cas d’accident, lepoint de chute le plus éloigné se situe dans unarc de cercle de 1,8 mètre de diamètre. Or,sous cette latitude (ou tout autre que noussommes susceptibles de traverser), le tauxd’accélération d’un corps en chute libre est de6,7 mètres par seconde. Faites le calcul vous-même, vous verrez que ça ne peut pas fairetrès mal. »

Ils avaient perdu le nord !

Au printemps 1991, une telle légèretéfait précisément défaut à une expédition

15CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

jusqu’au 30 septembre. Mais à Tashkent,le 24 septembre, nous apprenons parl’Ambassade de France que nos visas expi-rent le 25 septembre, un mois après la dated’émission. Nous nous rendons immédia-tement à l’Ambassade de notre prochainedestination, le Kazakhstan, pour essayerd’obtenir un visa (nousavions déjà un visa kazakhpour aller d’Aktau à Beyneumais il n’est plus valable).Habituellement délivré endeux jours, il va nous êtreattribué le lendemainmatin. Après, nous prenonsimmédiatement la route.Pas d’affolement toutefois,la frontière n’est qu’à unetrentaine de kilomètres. Sur le point d’yparvenir, des automobilistes nous fontcomprendre que celle-ci est fermée !Malgré tout, nous y allons en espérantpouvoir négocier notre passage avec lesdouaniers. Mais nous avons affaire à desmilitaires qui nous interdisent formelle-ment d’aller plus loin. On téléphone àl’Ambassade de France et, après bien desdifficultés, nous avons le consul en ligne :

« Vous devez quitter le territoire coûte quecoûte au risque d’avoir de gros problè-mes. » Pour aller rapidement à l’autre postefrontière, nous louons les services d’unemini-camionnette taxi. Hélas, lorsquenous arrivons devant la grille un militaires’interpose les bras croisés : « Il est trop tard

pour passer aujourd’hui ! »Nous insistons en lui mon-trant la date limite de vali-dité de nos visas et, en trai-nant des pieds, il finit parnous laisser tout de mêmefranchir la grille qu’ilreferme derrière nous. Nousréalisons brusquement quec’est également fermé côtékazakh ! Nous sommes pié-

gés dans l’espace entre les deux frontières !Après deux heures de patience, un

garde kazakh finit par montrer le bout deson nez. Il fait venir un gradé qui nous ins-talle pour la nuit dans la salle de contrôledes bagages. C’est alors qu’il s’est mis àtomber des cordes et cela a duré jusqu’aupetit matin…

Isabelle et Bruno FRÉBOURGwww.roueslibres.net

14CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

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Nous réalisonsbrusquement quec’est également

fermé côté kazakh !Nous sommes

piégés dans l’espaceentre les deux

frontières !

L’improbable pôle nordà vélo

L’improbable pôle nordà vélo

Le Pôle Nord, la bicyclette n’a jamais réussi à l’atteindre.Claude Marthaler, cyclovoyageur et tourdumondiste

qu’il n’est plus la peine de présenter,raconte l’odyssée d’une bande de cyclo-montagnards partis au Pôle en 1991.

En même temps, il rappelle les exploits anciensde quelques aventuriers méconnus, références bibliographiques à l’appui.

«

Sur la routeAsie

Beaucoup de gensnous ont demandé :“Pourquoi choisir

la bicyclette ?Pourquoi braver

le danger ?”

(1) Robert Benchley, L'expédition polaire à bicyclette,Ed. Le dilettante, 2004.

Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG

Photo : Isabelle et Bruno FRÉBOURG

Photo : Claude MARTHALER

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Nonobstant cette réalité, l’appétitdéclaré vorace de nos “puristes” se trouvepourtant face à une équation à deux incon-nues. Tout d’abord personne ne sait com-ment se comporte un vélo sur la glace (sansque des pneus à clous ne fassent la diffé-rence). Et puis soudainement, il faut répar-tir quelques 40 kilos sur une luge tirée parun vélo, au mieux en pédalant, au pirepoussé par un homme. C’est sauve quipneu ! De fait, les vélos sont les seuls qui neconnaissent pas de problèmes (sauf une rup-ture de chaîne), la banquise, bienveillante àleur égard, leur épargnant toute crevaison.

Sans chiens, en autonomie complète, ilfaut faire plus léger et plus vite, qui plus est,à bicyclette sur une banquise, cette année-là, couverte de neige ! Ainsi l’expéditions’engage tête dans le guidon, en emportantle strict minimum. Des habits de monta-gne en lieu et place du matériel polairenécessaire, soit cinq couches de vêtementsspécifiques pour le haut du corps, quatrepour le bas et trois paires de gants. La nour-riture lyophilisée, pauvre en calories, estrationnée. On emporte des tentes légèresoù, lorsqu’il fait –35 dehors, il fait encore–28 à l’intérieur ! Quand aux pieds, certesau chaud, ils furent emmitouflés dans des

bottes bien trop larges pour des pédales devélo, des Sorel ou des traditionnels Kalmiksaux semelles trop lisses pour adhérer. Ilsparcourent seulement 150 kilomètres surun total d’environ 500 (jusqu’à la minePolaris, dix par jour au lieu des trente pré-vus). En poussant leurs vélos neuf kilomè-tres sur dix, le dos de travers où en tractantsoi-même la luge, deux options aussi rudes

l’une que l’autre. À titre de comparaison,en 1996, Francis Parel s’y rendra, cettefois-ci avec quinze chiens de traîneau tirantcinq cent kilos de paquetage pour troissemaines de déplacement aller-retour surune distance totale de 1 200 kilomètres.

Dix jours de préparation à Resolute Bay,pas une minute d’acclimatation au froid,comme si au fond, étrange paradoxe, ils’agissait de finir au plus vite ce “maudit

challenge”. Selon lui, l’expédition aurait puêtre “pédalée” dans son intégrité, mais seu-lement avec une assistance, idéale, de moto-neiges. Amateurs de première, n’ayez pasfroid aux yeux, mais dépêchez-vous : le pôlenord magnétique dérive et s’éloigne !…

Si le Pôle Nord a bel et bien été conquisle 6 avril 1909, la bicyclette, plus sage quel’homme, n’a jamais réussi a l’atteindre, ni,malgré son cadre de métal, son acolyte lemagnétique, pas même à l’aide de la littéra-ture. « Gelures, peurs, découragement,l’équipe emmenée par Francis Parel a dûrenoncer. Récit d’une galère » (L’Illustré,24 avril 1991). Benchley, au flegmeincarné, rappelle d’une plume facétieuse, àtravers sa virée homérique, que la littéra-ture invite à un voyage sans frontière etsans destination. Une incandescence quiréchauffe le cœur du lecteur, le fait fondreet dériver toujours plus loin. L’imaginairepermet à chacun de casser la glace et de seperdre de vue. Et pour cela, nul besoin deperdre la face ou les orteils (4)…

Claude [email protected]

17CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

à l’humeur frigorifiée au pied même dela rampe d’escalier de l’avion en partancede l’aéroport de Cointrin où se presse unefine équipe du JT. Tous les membres decette mission impossible avaient sans sel’avouer déjà perdu le nord avant mêmed’avoir posé leurs roues sur la banquise.Cependant, les fanfarons succombent faceà la caméra et aux sponsors impliqués. Ilssignent alors, sans bravoure, l’improbablehistoire du pôle nord à vélo. L’unique ten-tative dans les annales polaires et qui, parson échec même, reçu à son retour unétrange tapage médiatique sans précédent.L’équipe est constituée de Marc Giouse etde Francis Parel (journalistes radio),Jacques Richon (guide de montagne etmédecin), Yves Grangier (préparation desvélos) et Roger Fragnières au bénéfice deplusieurs voyages au Groënland. StanislasPopovic et Robert Verdina, eux, se relaientcomme cameramen, juchés sur une moto-neige. Les “cyclos de l’Arctique” ne se sontpour l’instant qu’entraînés dans la Sibériegenevoise : à moins 25 degrés, dans leschambres frigorifiques des LaiteriesRéunies, bien trop chaudes par rapport auxconditions réelles…

On est très loin de l’héroïque odysséede Gleb Travine, ouvrier soviétique qui, en1927, seul, sans assistance d’aucune sorte,accomplit à vélo un tour de l’URSS.

Lorsqu’il atteint Mourmansk, il s’élancedans une stupéfiante épopée arctique, rou-lant sur la banquise, se nourrissant de cequ’il parvient à chasser ou pêcher, s’ampu-tant lui-même de ses orteils gelés par lefroid polaire. Quatre ans plus tard, leCentaure de l’Arctique, “l’homme qui che-vauche un renne de fer”– ainsi que le décri-vent les autochtones –, a bouclé son péripleet il ramène le précieux journal où il a

consigné les péripéties du voyage (2).Hélas, Staline est au pouvoir et, à l’inversede nos héros fatigués, les exploits indivi-duels sont proscrits. Le livre qu’écriraTravine sera mis à l’index. En 2004, enroute pour Saint-Pétersbourg à vélo, gagnépar l’ivresse de son récit palpitant, j’aipédalé quelques mille kilomètres de plusvers sa ville natale de Psosk en Russie pour

lui rendre hommage et découvrir sonmanuscrit et son vélo au musée local.

Ils quittent Resolute Bay…

Ils quittent Resolute Bay sans résolutionsous le regard à la fois curieux et amusé desInuits, qui depuis des millénaires se dépla-cent en traîneaux à chiens ou plus récem-ment aussi en motoneige, leur permettantdepuis toujours de transporter du matériellourd, et donc chaud. Un sol en bois pourun sommeil réparateur et des réchaudscapables de cuire des aliments (6000 calo-ries journalières), de réchauffer la tente et defaire sécher les habits. Pas un luxe, mais dubon sens, et la condition sine qua non desurvie pour une expédition polaire où lemaître-mot est la récupération. Pour que lecycliste, vulnérable sous tous les angles, soità pied d’œuvre le lendemain. Francis Parel :« Je n’ai jamais rien connu de plus démorali-sant que de devoir entamer une aventureavec une telle certitude de ne pouvoir lamener à terme. Le jour du départ, le moralde la petite troupe n’était pas au beau fixe.Les médias accentuèrent leurs pressions enannonçant le début de notre aventure : lesradios inuits s’amusèrent beaucoup en diffu-sant l’information ». (3)

16CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

… roulant sur la banquise,se nourrissant

de ce qu'il parvient à chasserou pêcher,

s'amputant lui-mêmede ses orteils gelés

par le froid polaire.

Si le Pôle Norda bel et bien été conquis

le 6 avril 1909,la bicyclette,

plus sage que l’homme,n’a jamais réussia l’atteindre…

(2) Gleb Travine, Le Centaure de l’Arctique, traduit parYves Gauthier, Actes Sud, 2001.

(3) Francis Parel, Transhistoires (p.125-135), Édition LaSarine, 2006.

(4) N.B. : aucun membre de l’expédition n’a subit d’am-putation.

Photo : Claude MARTHALER

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19CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–PRINTEMPS 2010

artie visiter Istanbul avecmon conjoint Christianaux vacances scolairesd’avril 2009, je décidaide rentrer à vélo, ayantmis fin à mes activitésprofessionnelles un anplus tôt pour convenan-ces personnelles.

En ce début de printemps, je n’avaisguère d’entraînement, vu les conditions cli-matiques de mon lieu de vie. Mais il vient enroulant. Je quittai donc Istanbul dans lamatinée du 27 avril, en bus jusqu’à la forêtBulgare, dans la périphérie, pour éviter la cir-culation dense et anarchique de cette ville.

La première journée ne fut pas sanspérils : après 20 km tranquilles en forêt, ilfallut me résoudre à emprunter 35 kmd’autoroute car il n’y avait rien d’autre pourpoursuivre l’itinéraire que je m’étais fixée !Et puis il y eut aussi les meutes de chienserrants cherchant à se délecter des tendresmollets du moindre cycliste ; la charge

d’un jeune buffle qui m’a chargé et s’estarrêté à cinq mètres pour me regarder pas-ser (un vélo couché ça ne se voit pas tousles jours !) ; le frôlement d’une voiture alorsque je m’écartais brusquement pour éviterun nid de poule (que dis-je, un nid d’au-truche vu sa taille) !

Et pour finir la soirée, vers 21 h, je fusdélogée de mon campement (établi dans lacour de l’école d’un village, faute de mieux)par trois jeunes hommes qui, craignantpour ma sécurité, me conduisirent à la mai-rie où je fus accueillie par M. le Maire,appelé en urgence. Je fus hébergée dansd’excellentes conditions. Je goûtai donc àl’hospitalité turque tant vantée dans lesrécits de voyageurs.

Les deux autres journées turques furentplus paisibles malgré un relief un peu rudemais je vais à mon rythme quitte à poser lepied quand c’est trop dur. On m’a prise enphoto moult fois, j’ai même dû parfoism’arrêter pour poser (enfin ne rêvons pasc’est le vélo que l’on prenait en photo).

Seul bémol, les enfants un peu pénibles auxarrêts où même parfois poursuivant le vélo.Je fus même un jour gratifiée d’un « I F…your mother » par un gamin qui voulait sansdoute montrer sa connaissance de la lan-gue de Shakespeare. Mais dix minutes plustard, il vint se faire pardonner en m’appor-tant une barre de chocolat ! J’ai passé mesdeux autres nuits turques dans de petitshôtels très corrects.

L’arrivée en Bulgarie

Je suis arrivée en Bulgarie sous une pluiebattante et, trempée jusqu’aux os, je me suisprécipitée dans le seul et unique hôtel deMalko Tornavo pour le trouver complet !Qu’à cela ne tienne, l’aubergiste me condui-sit à l’hôpital pour m’y louer une chambre !En effet cette institution devenue centred’accueil pour enfants asthmatiques louedes chambres aux voyageurs de passage,sans doute dans un souci de rentabilité.

Le lendemain j’ai rejoint Burgas au bordde la mer Noire par une jolie petite route en

forêt et j’ai longé le littoral jusqu’à Varna. Jen’ai emprunté que les axes principaux (ycompris encore une fois l’autoroute avantVarna, mais par erreur cette fois). La circu-lation y est assez peu dense. On y trouveencore de nombreux attelages de chevauxtirant des charrettes, pour les travaux deschamps mais aussi comme moyen de trans-port local. Le niveau de vie des villageois estencore très modeste et le regard des passantsest difficile à interpréter : curiosité, convoi-tise ? Pas d’agressivité en tout cas.

À trois reprises, on me proposa de dor-mir sur le sofa alors que je ne demandaiqu’un petit coin de jardin pour y planter matente. La troisième fois, je fus hébergée dansune drôle de famille et j’ai dû partager lachambre du jeune couple qui m’avait invi-tée, le reste de l’habitation étant occupé parparents, grand parents, neveux et nièces quiont tous défilé pour m’observer. (…) Je n’aiguère dormi cette nuit là ! Voilà qui met dupiquant dans le voyage. Mes deux autresfamilles d’accueil furent tout autres, et mal-gré leurs maigres moyens, je n’ai manqué derien. Il va sans dire qu’avant de les quitter,j’ai fait un tour à l’épicerie du coin pour lesremercier en retour de leur générosité.

Le long de ma route, j’ai visité des sitesmagnifiques tels que Nessebor, anciennecité Thrace le long de la mer Noire, un petitbijou le long de cette côte dénaturée par lebéton des trop nombreuses cités balnéaires ;l’église troglodytique de Bassarbovo et lemonastère d’Ivanovo classé au patrimoinede l’Unesco ; Varna , son auberge de jeu-nesse très sympa (Yo-Ho hostel) et sa forêtpétrifiée à quelques kilomètres au nord-ouest. On ne peut pas, bien sûr, tout énu-mérer, mais ce que j’ai apprécié aussi, c’est

cette atmosphère paisible, cette végétationfleurie au cœur du printemps et les effluvesqui s’en dégagent.

Cap sur la Serbie

J’ai décidé de ne pas poursuivre maroute jusqu’au delta du Danube comme jel’avais prévu car un vieux routard allemand(Willy) rencontré à Pommorié m’en a dis-suadé en m’énumérant toute sorte de dan-gers qui attendaient les touristes notam-ment celui d’être dépouillé le long de laroute, y compris les cyclistes. Mais les tou-ristes que j’ai rencontré plus tard ne m’ontpas confirmé ces faits.

J’ai rejoint le Danube à Russé , essayantde suivre l’Eurovélo 6 quand j’ai rencontréles panneaux la signalant. Mais je crois quec’est seulement à partir de la Serbie qu’ilsme sont apparus. Mes carte au 1/800 000e

n’étaient pas très adaptées, bien que je neme sois pas perdue.

La Serbie m’est apparue sous un angleplus agréable encore. C’est un pays quemalheureusement je ne connaissais qu’à tra-vers la guerre et qui s’est révélé pour moitrès accueillant. D’autre part, le Danube yest beaucoup plus majestueux, encaisséentre Carpates et Balkans, et ses rives nesont plus bordées par des usines chimiquesaux fumées jaunes d’oxyde d’azote commesur les rives bulgares et roumaines. C’estréellement un plaisir des yeux entre Kladivoet Ram. Le contact avec la population y esttrès convivial bien que je n’aie jamais logégratuitement dans les familles. Mes penséesvont, par exemple, vers cette vieille femmeassise au bout de son champ qui m’invita àpartager la couverture sur laquelle elle étaitassise à l’ombre et qui me tendit sa bouteille

de bière ! « Non merci pas à 11h du matin,je préfère l’eau tiède de ma gourde ». Évi-demment la barrière de la langue ne permitpas de grandes conversations. Elle me pré-senta sa belle fille et son fils qui parlait quel-ques mots d’allemand, aussi peu que moi.Et puis il y a eu cette brave dame à qui j’ailoué une chambre après un parcours parti-culièrement harassant (pour éviter les tun-nels non éclairés j’avais emprunté un che-min de montagne au revêtement trèsdégradé et au dénivelé non négligeable) quim’apporta une énorme assiette de charcute-rie et un ragoût de porc aux haricots. Voilàqui vous remet sur pied instantanément ! Jepense aussi à Mile à Pancevo près deBelgrade à qui j’ai loué une chambre pourdeux nuits et qui le jour de mon départ asti-qua et huila consciencieusement mon petitdragon d’aluminium.

Après la Serbie, j’ai traversé un petitbout de Croatie et suis arrivée en Hongrie.J’ai délaissé l’Eurovélo 6 qui mène àBudapest, ville déjà visitée à deux reprises,pour faire le tour du lac Balaton, parcourstrès agréable mais aussi très touristique bienqu’il soit encore peu fréquenté à cette épo-que de l’année. Je me vis offrir une croisièred’une heure sur le lac par le propriétaired’un bateau pour touristes, émerveillé demon périple et surtout de mon moyen delocomotion.

La suite de mon périple fut plus banaledans les pays d’Europe de l’ouest mais j’aitoujours trouvé des habitants pour m’aiderà m’orienter, pour me loger, m’offrir uncafé, m’accompagner un bout de cheminsur ces merveilleuses pistes cyclables…

Annie [email protected]

Faites-le !Je dis à tous ceux et celles qui n’osent pas

entreprendre une telle aventure, faites-le, cen’est pas si difficile et tellement enrichissant.

• La préparation ? Quasi inexistante, j’ailaissé place à l’improvisation…

• La solitude ? Eh bien, j’ai toujours trouvésur ma route des gens à qui parler. Et le faitd’être seule favorise les contacts.

• Je ne suis pas une championne enanglais, je me débrouille pour comprendre unminimum et me faire comprendre.

• Les difficultés physiques ? Chacun choisitson rythme. Moi, je suis allée un peu vite avecmes 4000 km en six semaines car je n’avaispersonne pour me freiner. Et puis le vélo couchéest un moyen tellement confortable que l’onressent beaucoup moins la fatigue. A. T.

Seuleà vélo couché, d’Istanbul à Pontarlier

Prenez un vélo couché,garnissez le de sacoches,

rajoutez-y une tente de camping,placez sur le dessus

une “jeune femme” de 58 ansbourrée d'énergie,

agrémentée de quelques grains de folie,et d'un soupçon d'inconscience.Le tout est prêt pour un périple

de 4000 km en solitaire,il n'y a plus qu’à laisser aller

au gré du vent…Annie devant l’auberge de jeunesse de Varna.

Le Danubeentre Balkanset Carpates.

P

Photo :Annie THOMAS

Photo :Annie THOMAS

Sur la routeEurope

Page 11: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

BonjourVagabondages africainsRégis Fender

Balayé par les vents de sable, pour-suivi par une meute de chienserrants, hébergé par la famille royaledu Maroc, recueilli par un vieuxpêcheur au cynisme étincelant, RégisFender a réussi l’incroyable pari detraverser le Sahara sans assistance,allant même jusqu’à mendier de l’eausur le bord de la route.Étrange vagabond, il nous livre lerécit de cette traversée insolite auguidon d’un vélo pliable à une seulevitesse ! P. O.

2010 – 197 pages Éditions : www.lulu.comwww.ragg.over-blog.com – Prix :15 €

L’aventure à croquerÀ vélo de Gouvieux à Rome1933 km de bonheur pour un père et son filsJean-Luc Mercier

Un périple entre Paris et Romepour Jean-Luc et son fils Édouardpartis à la rencontre des gens à tra-vers plaines, lacs et montagnes deFrance, de Suisse et d’Italie.Merveilleux instants de bonheurvécus pendant près d’un mois et2000 km pour des moments sim-ples de la vie et avec la volontésans cesse grandissante de se sur-passer pour atteindre un ambitieuxobjectif. Une victoire sur eux-mêmes, bien au delà de la perfor-mance sportive.

Jean-Luc déclare : « Ce périple nous a permis de nous découvrirautrement avec toutes ses joies et ses peines parfois bien viteoubliées. Il a été l’occasion de mieux mesurer la volonté de l’un etde l’autre face aux plaisirs comme face aux difficultés. On a plaisirà partager le miel quand on a goûté l’amer. » P. O.

2009 – 168 pagesAutoédité : Jean-Luc Mercier – 42 douzième Avenue - 60260 [email protected] – http://janodou.over-blog.comPrix : 16 € + 3 € de frais de port.

Les premiers temps des véloce-clubsApparition et diffusion du cyclisme associatif françaisentre 1867 et 1914Alex Poyer

Cet ouvrage analyse la naissance,la diffusion et les mutations queconnaît le cyclisme associatifquand, de la fin du second empireau premier conflit mondial, se déve-loppent les exercices corporels etque le deux-roues évolue pouraboutir à la bicyclette. L’étude s’or-ganise autour de 3 périodes : vingtans de démarrage laborieux, unepériode d’âge d’or dans les années1890 puis un temps de banalisationau début du XXe siècle.L’auteur mêle trois axes : une his-toire des pratiquants dans ses

aspects quantitatif, géographique et social, une histoire des rela-tions et pratiques, internes et externes, sportives et extra-spor-tives des associations et enfin une histoire de la tumultueusestructuration fédérale.C’est ainsi que nous est présenté le premier véritable bilan chif-fré de l’extension associative d’une activité sportive en France etqu’est mise en évidence la prééminence des pratiques compéti-tives sur le tourisme vélocipédique. En 1914, alors que lecyclisme de compétition fortement encadré par l’Union véloci-pédique de France, ancêtre de la Fédération française decyclisme, a une physionomie presque actuelle, le cyclotourismeest encore peu structuré et ne dispose d’aucune fédérationautonome.Alex Poyer, docteur en histoire et fervent cyclotouriste, signe làun ouvrage tiré de sa thèse qu’il a préparée, sous la direction duprofesseur Pierre Arnaud, au sein du Centre de Recherche etd’Innovation sur le Sport. Il est actuellement maître de conféren-ces à la Faculté du sport et de l’éducation physique del’Université d’Orléans. P. O.

2003 – 341 pages – Éditions : L’Harmattan – Espaces et temps du Sport.Prix : 28,50 €

La pluie qui lave les manguesCédric Magnin

Lassés par la routine et le confor-misme ambiant, Pierre et Cédric,23 ans, décident de quitter laSuisse pour accéder au paradisafricain. La tête bourrée d’idéaux,ils abandonnent tout avec l’enviesecrète de s’établir définitivementà Madagascar, non sans avoir aupréalable traversé le continent noirde la manière la moins intrusivepossible : deux vélos, une tente decamping, une bonne dose de cou-rage... et au loin pour la plus belleaventure de leur vie ! P. O.

2009 – 462 pages – Éditions Bénévent – Prix : 25 €

Traversée de la France à véloNils Ruffieux

Le 1er Juillet 2004, munit de son vélo, saremorque et d’un brin d’audace, Nils 17ans s’élance sur la route pour 2.300 Km àla recherche de son destin (Jura - Côtesd’Armor allez retour). P. O.

2007 – 62 pagesThe Book ÉditionsPrix : 11,42 €

Biblio-cyclepar Philippe Orgebin

Sur le blog : http://biblio-cyclesdephilippeorgebin.hautetfort.com/vous trouverez une sélection de 300 titres sur le thème du voyage à vélo.

2120CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

Nos ancêtres les CyclopathesLes découvertes de Philippe Orgebin

n traverse les villages deBouafles et de Vezillon. Auloin, dominant la vallée, nousapercevons les majestueusesruines du Château Gaillard.Encore quelques kilomètres et

nous serons arrivés. Une douce rampe vientfort à propos nous aider à descendrejusqu’au Petit-Andely. Tout va donc pour lemieux.

L’hôtel de Rouen au Grand-Andely

Nous étions en train de nous féliciterd’avoir échappé au mauvais temps, quand,à 3 km à peine de la ville, le nuage qui nousmenaçait depuis le matin crève tout à coup.Une pluie torrentielle nous inonde. Surprispar la violence de cet orage, nous descen-dons de nos machine, et cherchons refugesous les maigres arbrisseaux qui bordent laroute. Nous attendons la fin de l’ondée. Aubout d’une demi-heure, la pluie s’atténue etnous en profitons pour repartir au plus vite.À 11 heures, nous arrivons enfin auGrand-Andely. Nous traversons la grandeplace et allons à l’hôtel de Rouen. Aprèsavoir placé les machines dans une petiteremise, nous montons dans nos chambrespour nous nettoyer et mettre les vêtementssecs que nous avons emportés dans notrepaquetage, car ceux que nous avons sur ledos sont trempés. Tandis que nous nouschangeons, M. Bielle vient frapper à notreporte. On se dit bonjour et il nous apprendqu’il s’était inquiété pour nous. En effet, ilpensait nous voir arriver hier au soir pour

dîner. Nous lui expliquons que nous avonsdû retarder notre départ d’une demi-jour-née, les machines n’ayant pas été prêtes àl’heure voulue. À notre arrivée à Mantes,

nous avions bien télégraphié ici pour rassu-rer les nôtres sur notre sort, mais le télé-gramme n’était point parvenu à son adresseà la suite d’un malentendu.

M. Bielle nous conduit chez M. Godinqui nous attend. Chez cet aimable méde-cin-major, nous faisons la connaissance deMesdames Gillet et Fockenberghe quiviennent de visiter l’école des Enfants deTroupe avec Madame Godin. On se met àtable. Est-il besoin de dire que le repas futdes plus gais ? Les longs et retentissantséclats de rire ont montré que la plus fran-che gaieté a régné parmi nous.

Château-Gaillard

Après le repas, on décide de faire l’ascen-sion jusqu’à Château-Gaillard. On se met enroute. Chemin faisant, nous rencontronsM. Ossent qui vient d’arriver de Gaillon enomnibus. Avant de rejoindre son poste enAlgérie, il vient voir son ami M. Godin.Nous échangeons de nombreuses poignéesde mains. C’est alors que Mesdames Gillet etFockenberghe annoncent qu’elles se voientcontraintes de nous quitter. Nous regrettonsbien vivement qu’elles soient forcées de par-tir, mais comme rien ne peut les retenir, nousleur faisons nos adieux. Pendant queM. Godin les reconduit à Gaillon, à 13 kilo-mètres des Andelys, là où passe le chemin defer, nous entraînons M. Ossent avec nous.Nous montons par un sentier un peu rocail-leux jusqu’aux ruines du château. On exa-mine avec intérêt ces débris de muraillesd’une épaisseur incroyable. Tous les récits

Une excursionaux Andelys et à Dreux en 1892

––3e partie––Nous continuons de suivre Messieurs Paul Petit et Jean Cabrisy

(respectivement Président et Vice-Président du Vélo-Routier-Parisien)qui ont entrepris il y a 118 ans une randonnée de quatre jours à vélocipède.

Dans les précédents numéros, ils ont quitté Paris en direction de l’ouest.Après une première nuit à Mantes-la-Jolie, ils ont longé la Seine jusqu’à Vernon.

puis ont poursuivi leur évolution en terre normande…

O

Page 12: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

en liesse car c’est la fête nationale du22 Septembre. À Courcelles-sur-Seine,nous traversons le fleuve et un peu aprèsnous entrons dans Gaillon. Nous rencon-trons là un vélocipédiste. Quand nous luiapprenons que nous allons à Dreux, il nousindique, une route beaucoup plus courteque celle que nous voulions suivre. Durant1 km, en quittant Gaillon, nous roulons surla route de Mantes, puis, tournant à droite,nous nous engageons dans le chemin de tra-verse. La route monte au milieu d’un char-mant petit bois. Bientôt, nous atteignonsles hauteurs de Rothoirs. Là, le terrain estun peu moins accidenté. À droite et à gau-

che de la route sont plantés de beaux pom-miers chargés de fruits du rouge le plus vif.Cabrisy ne peut résister au désir de croquer

un de ces fruits. Je suis sur le point de fairecomme lui, quand un cabriolet conduit parun paysan et allant dans le même sens que

nous vient me déranger dans mon rapt.Comme l’heure du déjeuner approche,nous précipitons un peu l’allure.

Des produits pour se requinquer

On traverse Saint-Colombes, Houlbec,Menilles et nous nous arrêtons à Pacy-sur-Eure. Au sortir de la ville, un beau cheminlarge et bien macadamisé se présente ànous. Nous le prenons. Malheureusement,nous nous apercevons au bout de quelquesminutes que nous retournons tout simple-ment à Paris par Bonnières et Mantes.Comme ce n’est point là notre but, nousnous empressons de prendre à droite unsentier qui nous ramène sur les bords del’Eure. On passe à Hécourt et Breuilport,sans s’arrêter. À Bueil, nous faisons unepetite pause. Une femme à qui nousdemandons où nous pouvons acheter dulait, nous montre de grands bâtiments prèsde la voie du chemin de fer en disant que làse trouve une laiterie modèle où nousaurons autant de lait que nous en désirons.Nous courons à l’endroit indiqué. Dansune cour, des quantités d’énormes boîtesen fer battu pleines de lait attendent ledépart pour Paris. Une personne accepte denous servir un litre de lait chacun que nousavalons promptement. L’homme qui nousa servis nous regarde incrédule, puis déclared’un air dégoûté préférer boire un litre devin plutôt qu’un litre de lait. Je lui dis com-prendre cela en lui glissant dans la mainune petite pièce blanche pour qu’il puissealler contenter son désir. (À SUIVRE)

Récit de Paul PETITPublié dans Vélo-routier-parisien – 1892

qu’on nous a faits sur ce vieux manoir his-torique nous reviennent en mémoire : bâtipar Richard-Cœur-de-Lion pour défendre laNormandie contre le roi de France et com-mander cette partie de la vallée de la Seine,Château-Gaillard, après la défaite de Jean-sans-Terre, passa aux mains de Philippe-Auguste au mois de mars de l’an 1204. Cetteforteresse devint alors une prison politique.Marguerite de Bourgogne, épouse deLouis X le Hutin, et Blanche de Bourgogne,comtesse de la Marche, y furent enferméestoutes deux. La première, coupable d’adul-tère, y fut étranglée par ordre du roi sonmari. Quand à la seconde, que ses orgies etses scandaleuses débauches firent séquestrer,elle entra à l’abbaye de Maubuisson où ellemourut. Sous Charles V, Charles le Mauvais,roi de Navarre, fut aussi prisonnier àChâteau-Gaillard. Après la batailled’Halidon-Hill, en juillet 1333, David Bruceet Jeanne sa fiancée vinrent y chercher asilepour échapper à Baliol qu’ils chassèrent plustard du trône d’écosse que, grâce àÉdouard III, il avait usurpé. Henri IV, enfin,jugeant que ce château-fort à l’intérieur duroyaume offrait de sérieux dangers, le fitdémolir en 1606.

Au pied des ruines

De cette antique et somptueusedemeure, de ces inaccessibles murailles, ilne resta bientôt plus qu’un amas de pierres

qui servirent à édifier la plus grande partiedes maisons des Andelys. Nous nousasseyons au pied d’une tour en ruine oùnous jouissons d’une vue splendide sur cecoin de la vallée de la Seine. Cet endroitmélancolique et sauvage domine le fleuveet la plaine d’où émergent quelques blan-ches maisonnettes. À nos pieds, passe laroute qui mène à Gaillon et, devant nous,un pont relie les Andelys à Port-Morin

avant de déboucher sur une belle routedont le long ruban jaune va jusqu’àLouvriers en passant par Venable etHardebouville. M. Bielle donne le signaldu retour et nous redescendons auxAndelys où nous visitons les abattoir. Nousassistons au dépeçage d’un mouton, puisnous rentrons en ville.

En attendant l’heure du repas, nousallons au café de Paris où nous faisons laconnaissance de M. Durand, officier d’ad-ministration à l’école des Enfants de troupe

des Andelys. À 6 heures et demie, nousdirigeons nos pas vers la demeure du doc-teur Godin chez qui nous dînons et pas-sons une soirée charmante. À 11 heures etdemie, M. Ossent, Cabrisy et moi prenonscongé de notre aimable amphitryon en leremerciant sincèrement de l’affabilité dontil a fait preuve à notre égard et de la cordia-lité avec laquelle il nous a accueillis. Nousrentrons à l’hôtel de Rouen goûter les dou-ceurs d’un bienfaisant sommeil.

Direction Dreux

Jeudi 22 septembre nous sommesdebout à six heures du matin. Nous endos-sons nos vêtements de route qui ne sontpas tout à fait secs puis retrouvonsM. Ossent dans la salle à manger de l’hôtel.Cabrisy et moi, nous nous attablons devantde grandes tasses de thé accompagnées devolumineuses tartines de pain beurré alorsque M. Ossent, lui, se contente de goberdeux œufs frais. La collation terminée,nous lui serrons bien fort la main. Nous nele reverrons pas de si tôt, car il part dansquelques jours pour Philippeville. Noussautons sur nos bicyclettes et quittons laville où Nicolas Poussin vit le jour.

Malgré le temps brumeux, l’air est vif etle brouillard laisse sur nos vêtement de peti-tes peluches blanches semblables à des flo-cons de laine. Tous les villages que nous ren-controns sont pavoisés. Tout le monde est

2322CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

Bon de commande à découper ou à photocopier et à renvoyer à Cyclo-Camping International - 25, rue Ramus - 75020 Paris,accompagné d’un chèque à l’ordre de Cyclo-Camping International.

Nombre d’exemplaire(s) commandé(s) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chéque ci-joint, soit un réglement de : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . € Date

NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pays : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Courriel :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pas de chèque étranger en euros, paiement étranger uniquement par versement sur le compte postal :IBAN : FR 63 2004 1000 0107 6535 2K02 011 --- BIC : PSSTFRPPPAR

Manuel du voyage à vélo 15€ l’exemplaire,port compris

Le petit Andely – Le quai et le Château Gaillard.

Marguerite de Bourgogne étranglée au château Gaillard.

M. Ossent, Cabrisy et moiprenons congé

de notre aimable amphitryonen le remerciant sincèrementde l’affabilité dont il a fait

preuve à notre égardet de la cordialité avec

laquelle il nous a accueillis.

L'hommequi nous a servis

nous regarde incrédule,puis déclare d’un air dégoûtépréférer boire un litre de vin

plutôt qu’un litre de lait.

Page 13: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

Vie de l’association

25CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

CCI était à la Fête du vélo à NantesÀ Nantes, les Ccistes sont nombreux… et actifs ! Cette année encore ils ont tenu un stand la fête du vélo le 6 juin dernier.

ADHÉSION ET ABONNEMENT SIMULTANÉSIndividuels Couple Étranger ou soutien

1 an 25 € 31 € 28 €2 ans 47 € 59 € 54 €

ABONNEMENT SEUL à la REVUEL’abonnement se fait par année civile. Tout nouvel abonné recevra les4 numéros de l’année en cours y compris ceux déjà parus.De septembre à décembre, tout nouvel abonné (qui s’abonne de fait pourl’année suivante) recevra en plus les 2 derniers numéros de l’année en cours.

Abonnement France Abonnement étranger

1an (4 N°) 17 € 19 €2ans (8 N°) 32 € 36 €

ADHÉSION SEULE à l’ASSOCIATIONvalable par année civile

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1 an 12 € 18 € 15 €2 ans 23 € 35 € 30 €

Cyclo-Camping Internationalassociation fondée en 1982, regroupe et informeceux qui voyagent à vélo sans aide motorisée.

BULLETIN ADHÉSION – ABONNEMENTBulletin à découper ou à photocopier et à retourner à Cyclo-Camping International - 25, rue Ramus - 75020 Paris, accompagné d’un chèque à l’ordre de Cyclo-Camping International.

JE PRENDS L’ADHÉSION SEULE à CCI : pour 1 an pour 2 ans adhésion couple adhésion avec soutien

JE PRENDS L’ABONNEMENT SEUL à la revue Cyclo-Camping International : pour 1an pour 2 ans abonnement étranger

JE PRENDS L’ADHÉSION ET L’ABONNEMENT SIMULTANÉMENT : pour 1 an pour 2 ans adhésion couple étranger ou soutien

NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : Année de naissance :

Pays parcourus ces 4 dernières années : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Si vous adhérez à CCI, acceptez-vous que vos coordonnées soient diffusées aux autres adhérents ? OUI NON

JE SOUHAITE FAIRE PARTIE DU RÉSEAU CYCLO-ACCUEIL-CYCLO Combien de personnes, au maximum, acceptez-vous accueillir ? : ..................... / Pour combien de nuits au plus ? : .....................

Le camping est-il possible ? : OUI -- NON /Localisation (ex : 50 km à l’Est de Brest) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Ci-joint mon réglement, soit un total de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . euros / Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pas de chèque étranger en euros, paiement étranger uniquement par versement sur le compte postal : IBAN : FR 63 2004 1000 0107 6535 2K02 011 --- BIC : PSSTFRPPPAR

Cyclo-Camping International (CCI) estun lieu de rencontre et d’échange desexpériences de chacune et de chacun, oùceux qui rêvent de voyages et d’aventures,petites ou grandes, peuvent trouver infor-mations et conseils, pour se préparer àpartir à vélo.

L’association est entièrement animéepar des bénévoles et chaque adhérent estinvité à la faire vivre.

CCI PROPOSE À SES ADHÉRENTS

Pour s’informer sur le voyage à vélo

Une revue trimestrielle (celle que vous avez entre lesmains).

Un manuel du voyage à vélo (le MVV ).Une lettre d’information trimestrielle.Un site Internet riche d’informations et de conseils.Une messagerie pour communiquer : www.postex.fr.Des possibilités de contacts avec des voyageurs ayant

parcouru tel ou tel pays ou continent

Pour rencontrer les cyclo-voyageurs

Un festival du voyage à vélo chaque année à Paris.Des rencontres et voyages à vélo de 2 jours à 2 semai-

nes (week-ends et « quinzaines »).Un réseau d’échanges et un mode d’hébergement

solidaire Cyclo Accueil Cyclo, (le CAC)Un point de rencontre à Paris les 2e et 4e mardis du

mois de 19h30 à 20h30, 25 rue Ramus - 75020 Paris(métro Gambetta).

Vous êtes chaleureusement invités à nous rencontrer (adhérents ou pas) lors de notre réunion/permanenceles 2e et 4e mardis de chaque mois, entre 19h30 et 20h30 (suivie d’un restau).

25, rue Ramus - 75020 Paris Tél. : 01 47 97 62 18 Site : www.cci.asso.fr Courriel : [email protected]

CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ASSOCIATIONPrésident : Joseph JAUNEREAU – Présidente adjointe : Sylvie DARGNIESSecrétaire : Jean LE LAN – Secrétaire adjoint : Serge FICHANTTrésorier : Benoît MICHEL – Trésorier adjoint : Philippe ORGEBINAutres membres : Augustin FERNANDEZ, Sophie GÉLINOTTE, Pierre ONASCH,Anick POTIER, Philippe ROCHE (Président d’honneur, co-fondateur de CCI).

MANUEL DU VOYAGE À VÉLO : 15 €

ANCIENS NUMÉROS DE LA REVUE : 1€

TARIFS ADHÉSION ET ABONNEMENT 2009

Photo de couverture : Gérard Porcheret« Au Ladakh…»

Directeur de la publication :Joseph Jaunereau

Rédaction :SECRÉTAIRE de RÉDACTIONSylvie Dargnies([email protected])

CONCEPTION GRAPHIQUEet MISE EN PAGE : Gilles Baron

Ont participé à cette revue :Gérard Porcheret,Isabelle et Bruno Frébourg,Claude Marthaler, Annie Thomas,Philippe Orgebin,Anne et Michel Guégan,Chantal et Marc Moreau,Florence Stéfani, Sophie Gélinotte.

Dépôt légal :Juillet 2010

Numéro ISSN :0755-0219.

Commission paritaire :0910G87166

Tirage :800 exemplaires

Impression :Parenthèses76, av. du Bout-des-Landes44300 Nantes

Prochaine parution :N° 116 : Mi-octobre 2010

Quinzaine en Limousin du 7 au 22 aoûtà partir d’Argenton-sur-Creuse

Un parcours vallonné mais qui n’est pas infernal non plus !Jeudi 12 août, il est prévu d’aller visiter Limoges en partant deSt-Léonard-de-Noblat et d’y revenir le soir. À la fin de la quin-zaine, pour prendre le train au retour, il faut continuer à vélojusqu’à la gare de Puybrun (11 km) d’où, avec quelques corres-pondances, on peut se rendre partout en France !

Plus d’informations sur Postex et le site de CCI (www.cci.asso.fr)ou contacter Philippe BRASSEUR : [email protected]

La Semaine famille en Savoie, à Chanaz,du 14 au 23 août

Le principe de ce rendez-vous annuel est, pour s’adapteraux contraintes liées aux enfants, de rester une semaine dansun endroit autour duquel on fait des balades en étoile. S’ils’adresse, comme son nom l’indique, surtout aux familles, lesCCIstes sans enfants sont évidemment toujours les bienvenus !

Le rassemblement se fera à Chanaz, au camping des îles(04 79 54 58 51) samedi 14 août. Situé au bord du canal deSavières qui relie le Rhône au lac du Bourget, Chanaz est à37 km au nord de Chambéry et à 23 km d’Aix-les-Bains.La gare la plus proche est à 9 km, à Culoz dans l’Ain.

La véloroute du Léman à la Méditerranée passant à proxi-mité, elle sera le point de départ de nombreuses balades pourdécouvrir le Bugey et ses nombreux lacs, côté Ain, ou laChautagne et le lac du Bourget, côté Savoie.

Dans le village se trouve une boulangerie, un petit supermar-ché, plusieurs restaurants, un moulin à huile de noix et un petitmusée gallo-romain.

Contacte : Patrick et Martine GAULTIER-TREMBLEY04 79 42 29 00 ou [email protected]

Quinzaine Bigorre, Béarn et Pays-Basquedu 2 au 15 septembreAnnick Potier propose cette Quinzaine en boucle, “entre monta-gnes et océan”.Départ de Morlàas à 12 km de Pau (64).De 30 à 65 km par jour suivant le dénivellé, avec 2 jours derepos : le 1er à Sare, et le 2e à St-Jean-Pied-de-Port.

Contacte : Annick [email protected] ou par tél : 06 78 94 36 36.

Val d’Aspe-Lescun – Bearn-Pyrénées Une sortie lors de la Semaine famille de l’année dernière.

Un rappel des Quinzaines

Page 14: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

Vie de l’association

2726CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010

On vous avait prévenus !Fallait pas venir si vous redoutiez de ne pas dormir : les gre-

nouilles dans l’étang à proximité ont croassé toute la nuit.Fallait pas venir si vous souhaitiez trouver le même confort

qu’à la maison : on vous avait prévenus que l’unique douche et lestoilettes étaient un peu rustiques.

Fallait pas venir si vous vouliez un boulanger à portée de main :là, le ravitaillement était à 8 km. Oui, mais l’épicière était si gentilleà Archigny ! (…)

Mille excuses aussi à ceux qui ont fait les 8 km à vélo sous unechaleur écrasante avec la promesse d’un plan d’eau mais qui ontdécouvert 20 cm d’eau croupissante et une splendide pancarte« Interdiction formelle de se baigner ». Je n’avais pas pensé à véri-fier que le plan d’eau serait accessible, il ne l’était pas avant le1er juillet, date de sa remise en service. (…)

Vous étiez 24 participants de tous âges : la plus jeune 3 ans ETDEMI, les plus âgés... mais non, je ne vais pas dévoiler l’âged’Alain ou Roland. Des participants expérimentés qui ont visité de

lointains pays (mais pas le Poitou, sesabbayes, sa ligne acadienne…). On nese lasse pas de les écouter raconterleurs aventures. Mais aussi des partici-pants moins expérimentés qui nedemandent qu’à connaître les plaisirsde voyager à vélo. (…)

Le bon côté des choses, c’est quecertains d’entre vous ont bien rigolésous le tuyau d’arrosage même si l’eaun’était pas très chaude. D’autres ont

apprécié le panaché bien frais à la terrasse du café d’Archigny enremplacement de la baignade.

À propos, il semble que notre passage à Archigny ait laissé dessouvenirs comme me le signale Huguette de Lambrerie néeBernière de la Jolly, fidèle lectrice de ce blog depuis les débuts :« Chers Madame et Monsieur Vocivélo, après de long mois desilence – suite à un mariage malheureux avec un ex-colonel degendarmerie fan d’opérette, mais c’est une autre histoire… – mevoilà de retour aux Violettes et sur votre blog ! Quelle surprise devoir que vous êtes passés à quelques kilométres des Violettes !L’aurais-je su que je vous aurais conviés à venir prendre une petiteprune ! Savez-vous que votre passage à Archigny fait beaucoupparler ! Quand j’y suis allée ce matin me chercher une religieuse aucafé, on ne parlait que de ça ! Le monsieur du bistrot a été obligéde fermer aujourd’hui suite à une rupture de stock de panaché,l’épicière qui a doublé son chiffre d’affaire parle de s’agrandir et decréer un rayon “cycliste” ! J’ai croisé chez elle le monsieur du cam-ping de l’abbaye et il se renseignait sur un nouveau concept pourlui (qu’il a découvert grâce à vous) : le ménage. J’ai essayé de luien expliquer les grands principes et il est reparti avec un balaibrosse et du Monsieur Propre ! Bien à vous. »

Fallait pas venir Chers participants du 3e week-end CCI : main-tenant que vous êtes venus une fois, vous reviendrez dans le Poitouet ça tombe bien, on a plein d’autres idées de week-ends.

Extrait du blog d’Anne et Michel Guégan :http://vocivelo.blogspirit.com/

Compte rendu du week-end CCI en Poitou-CharentePour le week-end du 5 et 6 juin dernier, Anne et Michel Guégan proposaient à tous de venir pédaler dans leurbelle région. Le rassemblement s’est fait à Poitiers et plus d’une vingtaine de cyclo-campeurs les ont rejoints. Sivous n’avez pas pu y aller, ne regrettez rien, Anne et Michel semblent décidés à proposer un autre rendez-vousl’année prochaine…

Compte rendu du week-end de l’Ascension à Poule-les-ÉcharmeauxAprès le grand succès de l’année dernière (avec plus de 100 personnes), nous étions environ 80 personnes dansce village de Poule-les-Écharmeaux, bien au-dessus des vignes du Beaujolais, dans les sapins et les prairies.Certains ont roulé avant, d’autres après, tandis que d’autres encore ont enfourché leurs vélos en sortant de lagare de Mâcon ou Villefranche… sans compter ceux qui ont pris leur voiture (où il est plus facile de ranger lescouvertures de dépannage ! ). Grâce au travail de préparation (de Serge Fichant, Pierre Onasch…) nous avons puutiliser plusieurs salles communales, bienvenues pour les projections, l’assemblée générale, le dîner du samedisoir et aussi pour faire notre popote à l’abri des frimas. Chaque nuit était plus fraîche que la précédente… la dou-che aussi ! Le relief environnant était un bon terrain de jeu… cyclo.Pour ce rendez-vous annuel, on parle déjà d’un lieu plus méridional pour l’année prochaine… Sylvie DARGNIES

Repas en commun au camping à la ferme prèsd’Archigny dans le département de la Vienne.

Les enfants devant !

Transport en commun !

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Les photos sont de Olivier RICHET

Les photos sont de Olivier RICHET

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…maintenant quevous êtes venus unefois, vous reviendrezdans le Poitou et çatombe bien, on aplein d'autres idéesde week-ends.

Nous étions plus de 80 cyclistes à Poule-les-Écharmeaux et malgré des conditions météopas fameuses, chacun était enchanté de seretrouver. Le cadre : un petit camping de village,comme nous les aimons. Il n’y avait que des petitestentes de randonnée, quelques voitures et unegrande majorité de vélos. Une passion commune :le voyage à vélo. Point de matériel clinquant, dedéguisement pseudo-sportif mais des vélos ayantroulés, des vêtements passés par le soleil et chacunson petit ajout personnel sur sa monture ou dansson équipement. Le soir, repas en commun et desconversations passionnantes. Les noms des lieuxcités dans les échanges n’avaient que rarement desconsonances européennes et encore moins françai-ses. Chacun échange ses tuyaux, ses trucs…

De belles rencontres, de beaux souvenirs etplein de projets, c’est ce que nous retirons de cetteréunion de CCIstes.Chantal et Marc MOREAU

Merci Serge pour l’organi-

sation de ce chouette

week-end à Poule. Avec

la semaine de vadrouille qui a

précédé, et malgré des condi-

tions météo quasi-patagonien-

nes, ce furent de très bonnes

journées. J’ai découvert avec

ravissement les profondeurs du

Beaujolais que je ne connaissais

qu’au fond d’un verre. Et quel

bonheur de retrouver les copains

et de partager tous ces bons

moments, sur le vélo, autour

d’une table, devant de beaux

diaporamas.... Pas de doute, la

formule est bonne, il faut en

conserver l’alchimie.Florence STÉFANI

Vie de l’association

Page 15: N°115 – ÉTÉ 2010 - Cyclo-Camping International · 2015. 7. 6. · Inde – Rishikesh : velo restau ... Inde 4 CYCLO-CAMPING INTERNATIONAL–ÉTÉ 2010 e quitte Manali le 9 juin,

Un week-end à pédaler,à boire et à manger !

« De magnifiques paysages, de trèsbelles routes avec peu de voitures etune immersion totale dans la (verte)nature…

Bonne idée le repas de fin deweek-end par le traiteur et, pendantqu’on y est, très bonne dégustationde vin local ! »

Sophie GÉLINOTTE

Le rassemblement de l’Ascensions’est tenu cette année dans le Rhône,à Poule-les-Écharmeaux,village situé dans le Haut-Beaujolais.Ce rendez-vous annuel de CCI a duré quatre jours,du 13 au 16 mai, et s’est fait sur le campingqui étaient ouvert pour tous les adhérentsde l’association qui voulaient venir.

Les photos sont de Olivier RICHET

Les photos sont de Olivier RICHET

Les photos sont de Olivier RICHET