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Ministry®, Revue internationalepour les pasteurs12501 Old Columbia Pike,Silver Spring,MD 20904-6600 [email protected]édacteur en chef : Pavel GoiaRédacteur adjoint : Jeffrey Brown

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

S O M M A I R E

2 Ministry® 3e trimestre 2018

Ministry®

3 Éditorial7, 31 Réveil et Réforme

11 Nouvelles15 Courrier du lecteur22 Livre

Animateurs : Anthony Kent Co-animateurs : Ivan Williamswww.MinistryinMotion.tv

Secrétaire de rédaction :Sheryl BeckResponsable financier et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux :Elias Brasil de Souza, RonClouzet, Michael D. Collins,Daniel Devadhas, Carlos Hein,Patrick Johnson, Victor Kozakov,Geoffrey Mbwana, MusaMitekaro, Passmore Mulambo,Daniel Opoku-Boateng, HectorSanchez, Branimir Schubert,Houtman Sinaga, Ivan L.Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité :[email protected] et changementsd’adresse :[email protected]; +1 301-680-6511;+1 301-680-6502 (fax)

Imprimé par la Pacific Press®Pub. Assn., 1350 N. Kings Road,

Nampa,ID 83687-3193.

Port payé à Nampa, Idaho(ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du sep-tième jour®, et Ministry® sontdes marques déposées de Gene-ral Conference Corporation ofSeventh-day Adventists®.Volume 10 Numéro 3 © 2018 -

IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

Couverture : 316 Creative,Dominique GilsonMaquette & corrections :Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le mondeentier : 10 US$. Pour commander,envoyer nom, adresse et règle-ment à Ministry® Subscriptions,12501 Old Columbia Pike, SilverSpring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons lesarticles non sollicités. Avant desoumettre un article, merci deconsulter les consignes de ré-daction surwww.ministrymagazine.org. Merci d’envoyer vos textes parcourrier électronique à :[email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaquemois depuis 1928 par l’Associa-tion pastorale de la Conférencegénérale des adventistes du sep-tième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, JeffreyBrown, Robert Costa, Pavel Goia,Anthony Kent, Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : www.ministerialassociation.org

REVUE INTERNATIONALEPOUR LES PASTEURS FRANCOPHONES

4 Décoder le récitde Corneille Première partieJohn K. McVAY

Franchir les limites :l’universalité de la missionde DieuChristopher Kabwe MUKUKA

L’unité et la collaborationau sein du ministère urbainDavid M. KLINEDINST

Vivre ensemble et résoudre les conflitsDenis FORTIN

Faire chanter la grand­messedu diable : l’évolution etla séduction du ChristianismeClifford GOLDSTEIN

Finalité et puissancedu ministère :le cheminement d’un pasteurRon E. M. CLOUZET

Une puissance inattendueZac PAGE

Les articles de la revue Ministry® en françaissont maintenant disponibles surhttps://www.ministrymagazine.org/fr

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A vez-vous déjà été dans une si-tuation qui vous oblige à êtreproche de quelqu’un ou d’un

groupe auquel, d’habitude, vous n’auriezpas prêté attention ? Se rapprocher dequelqu'un de différent vous oblige à ap-prendre, comme je l'ai découvert un étéà l'Université Andrews.

J'étais fiancé et allais me marier. Toutce qui me séparait du grand jour était unmois d'examens de doctorat. Je devaisétudier, mais je devais aussi vivre. J'aidonc cherché un emploi qui me permet-trait de recevoir un salaire maximum pourun travail minimum. Après tout, je travail-lerais déjà en étudiant pour mes examensfinaux. Alors que je scannais le tableaud'affichage au supermarché Apple Valleyde l'université Andrews, je suis tombé surcette annonce : « Recherche : colocatairepour un jeune homme en fauteuil rou-lant.» Oh là ! Ce n'est pas pour moi! ai-jepensé. Je suis sur le point d’avoir ma pro-pre colocataire. Je suis sur le point de memarier. J’ai continué à lire. « Tâches : faireles courses, la cuisine, le ménage. » Et cen’était pas fini. « Le locataire sera tenu des’occuper des besoins de Gary en matièrede salle de bain et de toilette. » Pas ques-tion ! Puis, il m’a semblé entendre unevoix me dire : « Tu es sur le point de temarier, mais tu n’as aucune idée de ceque cela représente de devenir “une seulechair ”. Voici Gary. Il a besoin de quelqu’unqui lui donnera 100% de soins et d’at-tention. Mis à part le salaire, il n'y a au-cune garantie de ce que tu obtiendras enretour. Mais au lieu de calculer ce que turecevras, peux-tu te concentrer sur ce quetu peux donner ? »

J'ai rencontré Gary. C’était un jeunehomme caucasien corpulent, maladroite-ment assis dans son fauteuil roulant, avecun sourire charmant, quoique craintif. Jepense qu'il se demandait combien detemps j’allais rester. Moi aussi. J'ai démé-nagé dans l'appartement de Gary. J’ai faitles courses pour Gary. J’ai cuisiné pour

Gary. Il m’a dit que son ancien colocatairelui avait seulement préparé du riz et desharicots à manger tous les jours. Du coup,j’ai tout de suite cherché quelques re-cettes. Gary m'a dit qu'il aimait ma nour-riture pourtant j’avais du mal à supportermon séjour. Je voulais être libre, sortiravec mes amis et jouer ma musique. Maisje suis resté.

Une amitié a commencé à grandir. Peuà peu, un lien s’est tissé. J’écoutais lamusique de Gary, et il écoutait la mienne.Je lavais Gary de la tête aux pieds. Il étaitlourd. Vous comprenez, il ne faisait pasbeaucoup d’exercice. En fait, il n’en étaitpas vraiment apte. Je donnais le bain àGary dans la salle de bain et je l’essuyaissur les toilettes. Certaines tâches me plai-saient, d’autres beaucoup moins. Mais jeles faisais toutes.

Je ne peux pas dire que l’été soit passérapidement. Mais j’ai eu la larme à l’œillorsque le moment est venu de me rendreaux Bermudes et de me marier. Quandma femme et moi sommes retournés àAndrews pour nous installer dans notrefoyer d’étudiants, j'ai emmené Pattiejeanvoir Gary. Il était tellement heureux de larencontrer. Ils se sont serrés dans les bras.Je ne savais pas que cela allait être leurdernière étreinte. On nous a appris quel’état de Gary s’aggravait considérable-ment. Il est mort à 28 ans. Mais je com-prenais maintenant davantage, l’expé-rience de Pierre.

Pierre était monté sur un toit pour prier.Dieu lui a donné une vision que l’on peutlire dans le livre des Actes10. Pierre a vudescendre du ciel une immense nappenouée aux quatre coins. Sur cette nappe,il y avait des espèces de toutes sortesd’animaux, sauvages et domestiques, rep-tiles et volailles, bêtes, oiseaux et insectes.Et comme si cette scène n’était pas assezalarmante, Pierre reçut un ordre de Dieu :« Lève-toi, tue et mange ! »

Dieu ne parlait pas de manger ces ani-maux. Il parlait de fraterniser avec les non-

Soyez prêtsà accepter les gensqui vous paraissentdifférents...

É D I T O R I A L | J E F F R E Y O . B R O W N

juifs. Il disait : « Soyez prêts à accepter lesgens qui vous paraissent différents, ou quiont des luttes différentes des vôtres. Jevais réaliser une œuvre puissante à traverseux. » Place aux non-juifs, pasteur, il y aune nappe qui s’approche d’une égliseprès de chez vous ! Il y a toutes sortes depersonnes. Certains avec des cheveuxmulticolores, une peau tatouée, une dé-pendance aux drogues et à l’alcool, descasiers judiciaires, des rapports avec lapédophilie, des conjoints abusifs ou des

« Eux » et Nous

33e trimestre 2018 Ministry®

Jeffrey O. Brown, PhD, est le rédacteur adjoint du Ministry®.

sexualités alternatives. Dieu dit : « Je saisque tu te sens mal à l’aise, mais je nepeux pas les purifier si tu ne les laissespas entrer ». « Mais Seigneur, dites-vous,je ne les ai jamais laissés entrer dansmon église auparavant ». Dieu répond :« Mon enfant, ce n'est pas ton église. Mamaison sera appelée maison de prièrepour tous les peuples. »

Parfois, je pense que le Seigneur nousdit : «Vous ne pouvez pas vivre avec Moiavant d’avoir vécu avec eux ». La Bible apour nous le même mot que pour eux :lépreux. À différentes étapes de notre vie,Dieu amène ces « eux ». Parfois, ce sontdes personnes de capacités différentes.Parfois, ce sont des gens de sexualité dif-férente. Parfois, ils viennent d’ethnies dif-férentes. Qui sont vos « eux » en ce mo-ment ? Mon expérience avec Gary m'aappris que si vous obéissez à la petitevoix de Dieu, vous découvrirez que, bientôt,ces « eux » deviendront « nous ». M

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4 Ministry® 3e trimestre 2018

J ’éprouve une grosse faim quis’amplifie. Pas le genre de faimphysique qui fait grogner l’esto-

mac ; mais une faim spirituelle, une ou-verture béante du cœur et de l’espritqui vous donne un profond sentimentpresque douloureuse de faim du Divin.Pareille faim vous propulsera là où vouspouvez être seul avec Dieu. Elle vousincite à la prière et vous fait tomber survos genoux. Et c’est ce qui m’arrive au-jourd’hui.

Là, sur un toit grinçant sous la chaleurtorride du bord de mer à Joppé, je re-garde par-dessus l’ensemble des toi-tures presque identiques qui défilentjusqu’aux eaux azurées de la GrandeMer. Et, en dépit du nom de fille du dieudu vent que porte la ville, il n’y a pas devent. De plus, je suis solitaire. Nul autren’est assez insensé pour se mettre ausommet d’un toit cuisant en plein midi.Dans mon isolation urbaine, j’ai com-mencé à prier : « Oh Seigneur ! Je nepuis expliquer cette faim spirituelle. Jene sais pourquoi je suis incité à m’age-nouiller sur ce toit. Mais je sais que tuas besoin de moi.»

Il s’est produit quelque chosed’étrange au cours de ma prière. Lafaim physique s’est déclenchée par mafaim spirituelle. Dans mon expérience,cela parait bien étrange. Durant ces mo-ments où je suis spirituellement affamé,aussi affamé que je puisse être sur cetoit, rien d’autre ne compte. Eh bien, lavoilà – perçant à travers le solide désirspirituel – cette faim instinctive basiquede nourriture. Et l’odeur des lentillesqui mijotent dans la cuisine au rez-de-

chaussée me parvient jusque sur le toit.Juste à ce moment-là, quelque chosede vraiment mystérieux s’est produit.

Mon état de conscience parfaitementalerte commence par s’altérer. La réa-lité commence à se mêler de surréa-lisme. Une nouvelle réalité s’imposepar-dessus les toitures embuées et lamer azurée. Le surréaliste devient len-tement réel. Un grand récipient, commeune grande nappe, descend des cieuxlentement mais sûrement tenue par sesquatre coins. Comme elle descend,j’aperçois des mouvements. Deschoses se meuvent dans la nappe, setortillant, faisant gonfler la nappe decôté et d’autre. Comme elle descendun peu plus, je peux voir ce qui pro-voque cette agitation.

C’est un parc zoologique à l’intérieur.Une kyrielle de faces s’est affalée sur

le bord de la nappe. J’en reconnais laplupart ; d’autres me sont inconnues.Un moment je regarde dans les yeuxde ce veau nouveau-né ; le moment sui-vant, je vois les yeux moqueurs d’unanimal au large nez, aux oreilles sou-ples, avec des pattes semblables à desmains qui saisissent le rebord de lanappe. Vient alors l’œil jaune, d’appa-rence reptilienne, d’un serpent protubé-rant. À cette vue s’ajoutent des sons :des gloussements, des souffles, des sif-flements, des grognements. Et l’arômedes lentilles en ébullition se mêle main-tenant à tout un amalgame d’odeursd’animaux. Il y a là des insectes puantsà l’odeur étouffante, et des animaux trèsétranges que je n’ai jamais imaginé

marcher à quatre pattes. Des serpentsde toutes dimensions et couleurs encompagnie d’oiseaux, d’aigles, de vau-tours, et tout ce qu’il y a de semblable.C’est comme un tremblement de terresoudain au zoo où tous les animauxs’entremêlent dans cet arc de tissus.

Cette nappe aux dimensionsénormes continue à descendre.Comme elle s’abaisse un peu plus, jevois encore plus d’animaux. Instincti-vement, mon adrénaline s’accumuleen moi. Et le récipient se dépose netsur le toit. Et toutes ces créatures ef-frayantes, rampantes vont librement mepoursuivre, moi, la seule proie disponi-ble à leur portée. Il est donc facile dedeviner pourquoi je voudrais avoir desailes aux pieds.

Juste au moment où je tourne les ta-lons pour me retirer, une voix s’élève :« Lève-toi, Pierre ; tue et mange ». Je re-connais la voix ; pourtant je n’admetspas cet ordre. « Pas le moins du monde,Seigneur ! Car je n’ai jamais rien mangéd’impur ou de souillé.» La voix reprend :«Tu ne dois pas déclarer impur ce queDieu a déclaré pur.» Deux fois de plusl’ordre divin m’est répété : « Lève-toi,Pierre, tue et mange.» Deux fois de plusje proteste. Deux fois de plus la voix per-siste : «Tu ne dois pas déclarer impurce que Dieu a déclaré pur 1 ».

Et tout disparait en un clin d’œil. Lanappe s’évanouit dans les cieux. Lestoitures et la Grande Mer reforment lepanorama. Juste à ce moment, mon hô-tesse, avec une légère pointe d’exas-pération dans la voix, me crie : Pierre, le

Décoder le récit de Corneille

John K. McVAY, PhD, est président de l’université Walla Walla àCollege Place,Washington, États­Unis.

Première partie

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53e trimestre 2018 Ministry®

repas est prêt… et trois hommes veu-lent te voir.

Des hommes ou un menu ?Les Adventistes du septième jour se

sont beaucoup intéressés à l’étrangevision de Pierre – racontée dans l’his-toire de Corneille. Nous l’avons souventemployée dans nos études bibliques.Nous sommes spécialistes dans ce« qu’elle » ne signifie pas. Nous veillonsjustement à ce que la vision zoologiquede Pierre sur la nappe ne soit pas malinterprétée comme une autorisation demanger de tout ce qui tombe sous lesyeux. C’est revigorant que nos pointsde vue soient validés par les autres.Chris Miller a intitulé un article sur lesujet par cette question intelligente : Lavision de Pierre dans Actes 10 concer-nait-elle des hommes ou le menu ? Ilrépond de cette manière : « Cet événe-ment [La vision de Pierre] pourrait bien

être en relation avec l’abrogation deslois sur l’alimentation ; mais il serait trèsdifficile de le prouver à partir du livredes Actes. … Le seul changement dansles habitudes alimentaires de Pierre ence temps-là concernait les hommes,non le menu ».2

Nous avons bien documenté le sujetpour ce que le récit de Corneille ne si-

gnifie pas. Et nous apprécions l’aide deMiller qui l’a fait ressortir. Cependant, sile récit de Corneille, y compris la visionde Pierre, ne signifie pas l’abrogationdes principes alimentaires juifs, que si-gnifie-t-il ? Le récit du ministère de Pierreauprès de Corneille est très importantdans Luc-Actes. Luc raconte l’histoiretrois fois ; exactement comme il le faitpour la conversion et la vocation deSaul de Tarse. Il raconte et raconte l’his-toire avec des détails considérables ; et,avec son talent de narrateur, il codel’histoire, encrypte son message en septscènes dramatiques et un écho :

• Scène 1 – Actes 10.1-8 : La visionde Corneille.

• Scène 2 – Actes 10.9-16 : La visionde Pierre.

• Scène 3 – Actes 10.17-23a : Lesémissaires de Corneille arrivent à lamaison où loge Pierre.

Nous n’osons pas oublier ce récit de Corneille.Il nous entraine hors de nos vues étriquées

de la mission chrétienne et vers les vastes horizonsde la grâce de Dieu.

• Scène 4 – Actes 10.23b-33 : Pierreet Corneille se rencontrent et partagentleurs visions.

• Scène 5 – Actes 10.34-43 : Pierreprêche l’Évangile à la maisonnée deCorneille.

• Scène 6 – Actes 10.44-48 : L’Espritdescend sur les membres de la famillede Corneille et ils sont baptisés.

• Scène 7 – Actes 11.1-18 : De retourà Jérusalem, Pierre défend son minis-tère auprès de la maison de Corneilleen racontant l’histoire.

• L’Écho – Actes 15.7-11 : Des annéesplus tard, lors de la Conférence de Jé-rusalem, Pierre raconte brièvement sonministère auprès de la maison de Cor-neille.

Pourquoi Luc a-t-il déployé une sigrande habileté narrative pour raconteret répéter l’histoire de Corneille ? Etnous, comment pouvons-nous la déco-der pour en extraire le message caché?

Le point culminantCorneille représente le point culminant

de la mission chrétienne. On peut argu-menter qu’il n’a pas été le premier païengagné à la foi en Christ. Philippe a déjàprêché en Samarie (Actes 8.4-25), et àl’officier Éthiopien, un homme originairedes extrémités lointaines de la terre

(Actes 8.26-40)3. Ces hommes sontconsidérés comme faisant partie de l’or-bite du Judaïsme. En marge, oui, maisdans l’orbite. Corneille est un gentil. Et ilest gagné à la foi par nul autre que Pierrelui-même. L’identité claire de Corneillecomme un gentil et l’implication dePierre et de l’Église de Jérusalem a faitde sa conversion le « tournant décisif »4.

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6 Ministry® 3e trimestre 2018

John K. McVAY

Corneille, c’est le cas typique, l’anté-cédent. Avec lui, s’est produit un chan-gement. Il y a là un changement de pa-radigme. Le point culminant est atteint.L’évangile ne sera pas et ne peut êtreconfiné à l’intérieur des frontières du Ju-daïsme. Il sera proclamé aux gentilsaussi.

À l’examen minutieux du code de Cor-neille, nous avons découvert un autremessage codé. C’est plus qu’un grandtitre important au sujet de la missionchrétienne. C’est plus qu’un recordparmi les exploits en évangélisation. Dé-coder le code de Corneille, c’est entre-prendre un pèlerinage dans le cœur deDieu Lui-même. La saga Corneille pré-sente plus qu’une missiologie. Elle offreune profonde théologie. Ce faisant, ellenous offre une énigme, un étrange mys-tère à percer. Pierre a dit quelque chosede profond concernant Dieu dans cetécho du dossier Corneille à la confé-rence de Jérusalem: «Une grande dis-cussion s'étant engagée, Pierre se leva,et leur dit : “Hommes frères, vous savezque dès longtemps Dieu a fait un choixparmi vous, afin que, par ma bouche,les païens entendent la parole de l'Évan-gile et qu'ils croient. Et Dieu, qui connaîtles cœurs, leur a rendu témoignage, enleur donnant le Saint-Esprit comme ànous ; il n'a fait aucune différence entrenous et eux, ayant purifié leurs cœurspar la foi (Actes 15.7-9)”».

Dieu, certainement, est le Dieuconnaisseur du cœur et le purificateurdu cœur.

Gestion des donnéesDepuis quelques années, il est devenu

notoire que le Département du Trésordes États-Unis a émis des «exigences»à l’égard de SWIFT, la Société financièrede télécommunication mondiale inter-bancaire. En ce temps-là, SWIFT faisaitcirculer quotidiennement des donnéesà travers 7800 institutions financièresdans plus de 200 pays gérant plus de11 millions de transactions et échan-

geant 6 trillions de dollars américains.Le Gouvernement des États-Unis a exigéque SWIFT fournisse des données surles transactions de ceux qui sont soup-çonnés de terrorisme. L’objectif ? Garderla piste de l’argent prouver les relationsentre les terroristes et déstabiliser lesactivités terroristes.5

Comparez les données qui passent àtravers SWIFT et celles que gèrent leDieu qui connait les cœurs. Si l’horlogedu Bureau de recensement de la popu-lation mondiale des États-Unis est aupoint, il y a maintenant environ 7.5 mil-liards d’habitants dans le monde.6 Ainsidonc, Dieu gère les données de 7.5 mil-liards de cœurs, un petit peu plus que7800 institutions financières. SWIFT gère11 millions de transactions par jour. Parcontre, combien de fois pense chacunde ces 7.5 milliards de gens? Combiende prières? Ce flot d’informations estinestimable. Le département du Trésordes États-Unis a dû contraindre SWIFT àfournir les informations sur les activitésterroristes. Le Dieu qui connait les cœursn’a pas besoin de contraindre. Il a unaccès complet et instantané à chacundes 7.5 milliards de cœurs. Par contre,son intérêt, ce ne sont pas les activitésterroristes. Son intérêt est dans la foi ins-pirée par les lueurs de l’Esprit. Il scruteles données non pour condamner maispour sauver.

Dieu est le Dieu qui connait et purifiele cœur. Mais voici ce qui fait de cettemerveilleuse réalité une énigme : sesdisciples sont des lecteurs superficiels ;l'Éternel ne considère pas ce quel'homme considère ; « l'homme regardeà ce qui frappe les yeux, mais l'Éternelregarde au cœur (1 S 16.7)». Imaginezque vous êtes un bon croyant judéo-chrétien observateur de la loi et quevous entendez la description de Cor-neille dans Actes 10.1 et que vous jugezsur les apparences extérieures.

Homme contre­indiqué ? Endroit contre­indiqué ?Il y avait un homme à Césarée. Il vit

au mauvais endroit. Césarée loge lesquartiers généraux de l’occupant ro-main. C’est la capitale administrative etmilitaire de la Palestine et elle regorgede collaborateurs. Elle est hautement ur-banisée, cosmopolite, occupée par desGentils et réputée pour ses pratiquesimpies et frivoles. À cause de tout cela,les Juifs l’appellent « fille d’Edom ».Lorsque vous naviguez dans le bel etvaste port de Césarée, vous arrivez di-rectement au port d’Auguste et de Rome.Elle se vante de toutes les installationsimpies d’une ville romaine – théâtre,amphithéâtre, et hippodrome. C’est unendroit barbare, païen où l’on adore lesidoles.

Il y avait à Césarée un homme dunom de Corneille. « Il vit au mauvais en-droit et son nom aussi est mauvais. Ils’appelle Corneille, un nom vulgaire,païen indiquant sa séparation de lagrâce».

« Il y avait à Césarée un homme dunom de Corneille, un centurion». Il vitau mauvais endroit, porte un mauvaisnom, et pratique la mauvaise fonction.Déjà être soldat, mais en plus être officieren charge de plusieurs soldats qui op-priment la populace.

Il y avait à Césarée un homme dunom de Corneille, un centurion de laCohorte italienne. Il vit au mauvais en-droit, porte un mauvais nom, pratique lamauvaise fonction, et il vient du pire en-droit. Comme caractérisation conclusivepour confirmer sa déchéance de lagrâce, il fait partie de la «Cohorte Ita-lienne». Il vient d’Italie, le Grand QuartierGénéral du pouvoir d’occupation. Il vientde Rome, l’antre du dragon.

L’algèbre de l’exclusionLes Judéo-chrétiens d’autrefois prati-

quaient ce qu’ils croyaient être une al-gèbre de l’exclusion basée sur la Bible :

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73e trimestre 2018 Ministry®

DÉCODER LE RÉCIT DE CORNEILLE

« Les gentils sont des idolâtres. NousJuifs, nous nous tenons loin de l’idolâtrieet des idolâtres. Ainsi, les gentils sontimpurs, on n’en discute pas». Pierre etses compagnons n’auraient jamais in-clus Corneille et ses complices sur leurliste des audiences cibles pour l’Évan-gile. Dieu a dû aller au bout des ex-trêmes pour les convaincre que des gen-tils comme Corneille représentaientl’avenir de son Église. S’ils avaient suivileurs propres stratégies d’évangélisationbien conçues et leurs plans de crois-sance de l’Église, ils auraient totalementmanqué la mission auprès des gentilset le Christianisme aurait basculé dansl’obscurité.

Les serviteurs de Dieu peuvent jugerles gens sur les apparences. Mais leurDieu est celui qui connait et purifie lescœurs. «Mais l’Éternel regarde au cœur»(1 S 16.7). Quand Dieu regarde Cor-neille, il voit plus loin que vivre au mau-vais endroit, porter un mauvais nom, pra-tiquer la mauvaise fonction, et venir dupire endroit. Que voit-il ? Il [Corneille]était un dévot qui craignait Dieu avectoute sa famille, qui donnait l’aumônegénéreusement au peuple et priait Dieuconstamment (Actes 10.2).

Et qu’en est-il de nous aujourd’hui?Nous n’osons pas oublier ce récit deCorneille. Il nous entraine hors de nos

vues étriquées de la mission chrétienneet vers les vastes horizons de la grâcede Dieu.

1. Actes 10.13–15. Toutes les citations bibliques sont tiréesde la Nouvelle Bible Segond.2. Chris A. Miller, “Did Peter’s Vision in Acts 10 Pertain to Menor the Menu?” in Bibliotheca Sacra 159 (2002), p.317.3. La mission pour les Gentils avait probablement déjà com-mencé à Antioche (Ac 11.19–24). Cf. James D. G. Dunn, TheActs of the Apostles. Valley Forge, PA: Trinity Press International,1996), p. 132.4. Ibidem.5. “U.S. Searching Bank Transactions,” CNN Money, June 23,2006, money.cnn.com/2006/06/23/news/international/ter-rorism_finance/index.htm?cnn=yes.6. U.S. and World Population Clock, www.census.gov/popclock/.

M

revivalandreformation.org

Deux pionniers de la missionlogeaient dans une maison de15 mètres carrés qui faisait

également office d’église de maison.La perspective de parler de Jésus à lapopulation les remplissait de joie.

Un jour, un couple du voisinage, M.et Mme Guo*, les ont invités avec unpetit groupe d’adventistes pour adorerdans leur maison. Le groupe acceptal’invitation avec reconnaissance et seréunit pour l’étude de la Bible et lesservices d’adoration dans une piècequi, dans le passé, avait servi de sanc-tuaire. C’était un lieu où la famille avaitadoré et prié pour ses parents défunts.

Peu de temps après, le couple devinttrès malade. M. Guo fut hospitalisé enraison d’un grave accident vasculairecérébral. Il ne pouvait plus marcher, niparler, ni manger ni boire. La mêmesemaine, Mme Guo fut atteinte de fièvreet devint très malade. Les voisins crurentque les dieux étaient en colère et les

punissaient parce qu’ils avaient invitédes chrétiens chez eux pour adorer leurDieu. Comment des chrétiens, qui ado-raient un dieu occidental, osaient-ilsrendre un culte dans un lieu aussi sacréqu’une pièce consacrée comme lieusaint ?

L’équipe de pionniers et la famillede l’Église ont fait tout ce qu’ils purentpour prendre soin du couple avecamour. La condition de Mme Guo s’amé-liora, mais son mari ne guérit pas. Lesdocteurs le renvoyèrent à la maisonpour mourir. C’est avec des cœurs lourdsque les membres de la famille firentles préparatifs pour l’enterrement.

Les provocations et les railleries semirent à déferler de la part des voisins.Malgré cela, le petit groupe d’adventistescontinua fidèlement à adorer Dieu dansl’ancienne pièce sacrée. Un sabbataprès-midi, alors qu’ils priaient ensem-ble avec instance pour le mourant, ilsentendirent une voix venant de sa cham-

etRÉFORMEVOUS, VOTRE FAMILLE, VOTRE ÉGLISE, VOTRE COMMUNAUTÉ

bre. Tout le monde se précipita à sonchevet. M. Guo était éveillé et alerte !Miraculeusement, un mois plus tard, ilmarchait à nouveau.

Ce groupe de croyants consacrés aupartage de leur foi et à la prière continuede voir Dieu effectuer des miracles.Puisqu’ils sont maintenant une cen-taines de membres, l’ancien lieu saintest devenu trop petit et ils se réunissentmaintenant dans leur propre église. Ilsont même reçu la permission légaled’adorer dans leur nouveau lieu deculte. Dieu bénit leur engagement à té-moigner pour Jésus ! Merci de prierpour que l’Évangile continue d’être pro-clamé en Chine.

- Cette histoire nous a été transmise par unreprésentant de la Mission chinoise.

* Les noms ont été changés pour protégerl’identité des croyants.

Le lieu saint n’existe plus

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cepter comme Seigneur et Sauveurpour devenir des membres responsablesde son Église, travaillant sous l’influencedu Saint-Esprit à l’évangélisation et àla justice, afin que la volonté de Dieusoit faite sur la terre comme au ciel » 4

Bosch définit la mission comme étant« principalement et par-dessus tout letravail du Dieu trinitaire, Créateur, Ré-dempteur, celui qui nous transforme,pour le bien du monde, un ministèredans lequel l’Église a le privilège departiciper. […] C’est ici la source laplus profonde de la mission. […] Il y aune mission parce que Dieu aime leshumains ».5

Par conséquent, la mission inclut ladéclaration claire de Jésus-Christ dansLuc 4.16-19 : « Guérir ceux qui ont lecœur brisé, proclamer aux prisonniersla délivrance et aux aveugles le recou-vrement de la vue, et pour renvoyerlibres les opprimés » 6. La mission estdonc une action du Dieu qui envoie età laquelle l’église contribue.7

Le Nouveau Testament grec utilisedeux termes pour décrire l’envoi : pempoet apostello. Ces mots sont plus oumoins utilisés comme synonymes pourreprésenter Dieu envoyant les angeset les prophètes, le Père envoyant leFils, l’envoi des disciples, l’envoi duSaint-Esprit, et l’envoi d’hommes et defemmes dans le ministère (Ac 2.17,18; Ga 3.28).8 Ainsi, tous les membressont inclus dans cet envoi.

Le début de la missionGenèse 3.15 est considéré comme

étant le «protévangile» universel : la pre-mière promesse évangélique. C’est untexte fondamental pour la révélation del’Ancien Testament ainsi que le leitmotivsotériologique (l’initiative intentionnelledominante, unificatrice, et totalementinclusive) et le principe herméneutiquequi gouverne l’interprétation de l’AncienTestament. 9 C’est la première promesseuniverselle de salut et du Rédempteurdescendant de la femme.

À la fin de Genèse 3, les personnagesprincipaux ont fait leur entrée sur lascène de la mission. Ces personnagessont Dieu, les êtres humains, l’accusateuret un Sauveur. 10 George Peters déclareque le péché est écrit en grandes lettressur toutes les pages de la Bible et queseuls les chapitres 1 et 2 de Genèseainsi que les chapitres 21 et 22 del’Apocalypse sont exempts de sa souillurenuisible. Tout le reste est un registre despéchés humains et de l’interventiondivine pour apporter le salut. 11 Par consé-quent, le Créateur est un Dieu mission-naire qui appelle Adam: «Où es-tu?»(Gn 3.9). L’intention de Dieu est desauver l’humanité entière. «Ces motsenvoûtants révèlent le cœur de Dieu : ilcherche les hommes et les femmes per-dus. » 12

Le cœur de la missionLe Nouveau Testament nous informe

que Jésus-Christ fut envoyé par le Père

O n ne peut franchir avec succèsles limites culturelles qu’ens’appuyant sur le corpus his-

torique à la fois de l’Ancien et du Nou-veau Testament. En fait, toute expressionde la mission ne peut être perfectionnéeque si elle repose sur un fondement bi-blique et théologique adéquat.1 GeorgePeters estime que la théologie mission-naire devrait s’élever jusqu’à trouver saplace dans la théologie.2

Ainsi, le missiologue éminent DavidBosch a, comme bien d’autres missio-logues, ancré sa théologie de la missiondans le témoignage de la Bible.3 Cet ar-ticle maintient que la mission chrétiennerisque d’être influencée par les ventsde la culture car, trop souvent, notremission n’est pas ancrée dans une théo-logie biblique. La conséquence dange-reuse d’une telle négligence est quel’objectif de Dieu pour l’Église est déforméet son témoignage est contrecarré.Lorsque la mission est fondée sur unethéologie biblique, elle embrasse à lafois l’universalité de l’appel au salut etl’appel au service.

Qu’est­ce que la mission ?Pour adopter une théologie biblique

de la mission, nous devons d’abordcomprendre ce qu’est la mission. ArthurGlasser et Donald McGavran la défi-nissent ainsi : « porter l’Évangile au-delà des barrières culturelles à ceuxqui n’ont pas décidé de se soumettreà Jésus-Christ et les encourager à l’ac-

Christopher Kabwe MUKUKA, MA en missiologie, est pasteur dansle district de Mwami, de la mission de Zambie­Est de l’Église adventiste duseptième jour, à Chipata, Zambie.

Franchir les limites : l’universalité de la mission de Dieu

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que Jésus était sur terre, ils n’eurentpas de mission indépendante.14 AndreasKostenberger résume l’envoi de Jésusdans l’Évangile de Jean de la façon sui-vante (1) glorifier celui qui les avait en-voyés, (2) faire sa volonté et répéter sesparoles, (3) rendre témoignage de lui,et (4) le connaître de manière intime.«Tout ce que quelqu’un qui est envoyédoit être et faire s’applique égalementaux disciples envoyés par Jésus.» 15

Sans compréhension de l’essence del’envoi, il n’y a pas d’Évangile. Le cœurde l’Évangile est que Dieu a tant aimé lemonde qu’il a envoyé son Fils dans lemonde pour racheter l’humanité (Jn 3.16).

Transmettre la missionL’objectif derrière l’universalité du parler

en langues était de répandre l’Évangileà une diversité de peuples et de culturesau jour de la Pentecôte (Ac 2). 16 Après lamort et la résurrection de Jésus-Christ,c’est lors de la Pentecôte que l’Église estnée, ou re-née. Le Jésus ressuscité avaitdonné à ses disciples le mandat d’alleraux extrémités de la terre (Mt 28.20).

La puissance de l’envoi fut accordéelorsqu’ils reçurent la plénitude du Saint-Esprit. La Trinité est à l’origine de l’envoide l’Église. Ce n’est pas l’autorité humainemais l’autorité du Dieu trinitaire : le Pèreenvoie, le Fils rachète, et le Saint-Espritdonne la force.17 Tous sont impliqués àla fois dans le salut et dans le service.

Les non­croyants :l’objet et le sujetde la missionL’universalité de la mission de Dieu

apparait aussi dans l’appel de l’apôtrePaul aux païens non-convertis. Il cherchaità atteindre des gens de tout groupe. Ildéclara : «Avec les Juifs, j'ai été commeun Juif afin de gagner les Juifs ; […]avec ceux qui sont sans la loi, commesi j'étais sans la loi […]. Je me suis faittout à tous afin d'en sauver de toutemanière quelques-uns » (1 Co 9.20-22,SG21). Pour Paul, il n’y avait ni hiérarchie,ni mérite. Le Juif et le non-Juif avaienttous deux péché et n’étaient pas parvenusà vivre en accord avec la lumière deDieu. Le Juif et le non-Juif étaient tousdeux bénéficiaires de la grâce de Dieupour leur salut, ils dépendaient de lagrâce de Dieu pour leur croissance, etils partageaient la grâce de Dieu dansle ministère (Rm 1-3). 18

Bien que son message soit resté lemême, Paul prêchait de manière différenteauprès des Juifs qu’il ne le faisait auprèsdes non-Juifs (Ac 14; 17). Sensible àleur contexte, il adaptait son messagepour qu’il convienne à son auditoire.Nous avons grandement besoin de lasensibilité de Paul pour nous garderd’adopter des textes isolés dans le butde justifier nos propres points de vue.Le danger est d’ignorer, consciemmentou non, les éléments bibliques qui necorrespondent pas à notre compréhen-

pour une mission à trois volets : pour ré-véler le Père (Jn 1.14, 18) ; pour détruireles œuvres du diable (1 Jn 3.8) ; etpour sauver le monde (Jn 3.17). Ainsi,l’objectif de la mission du Christ étaitdouble : servir et sauver. « Le Fils del'homme est venu chercher et sauverce qui était perdu» (Lc 19.10, SG21).De plus, « le Fils de l'homme est venu,non pour être servi, mais pour servir »(Mt 20.28, SG21). Par conséquent, lamission divine implique d’être sauvépuis envoyé par Dieu pour servir lesautres afin qu’ils soient sauvés. Pouraccomplir cette mission, Dieu choisitdes personnes particulières commepoints d’accès dans le monde et déclaraà ses disciples : «Tout comme le Pèrem'a envoyé, moi aussi je vous envoie»(Jn 20.21, SG21).

La mission de l’Église est la raisonmême pour laquelle Jésus a appeléses disciples. « Il en établit douze [aux-quels il donna le nom d’apôtres,] pourqu’ils soient avec lui, et pour les envoyerprêcher » (Mc 3.14, SG21).

La mission de Jésus est de dissoudrel’aliénation, briser les murs de l’hostilité,et franchir les barrières entre les individuset les groupes.

Le ministère des disciples était d’imiterle ministère de Jésus. John Harveysignale succinctement que leur autorité,leur message, leur audience cible ainsique leurs résultats étaient les mêmesque ceux de Jésus.13 Aussi longtemps

La mission de Jésus est de dissoudre l’aliénation, debriser les murs de l’hostilité, et de franchir les

barrières entre les individus et les groupes.

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Christopher Kabwe MUKUKA

sion de la mission. Ainsi, chacun peuttrouver moyen de justifier ses propresidées subjectives sur les pratiques mis-sionnaires sans jamais être sérieusementaux prises avec l’Écriture. 19

Dans l’épître aux Romains, Paul posesa stratégie missionnaire sur le fondementde l’Ancien Testament. La théologie del’Ancien Testament déclare : «Vous serezpour moi un royaume de prêtres et unenation sainte» (Ex 19.6, SG21). Paul sedésigne lui-même comme l’apôtre desnon-Juifs (Rm 11.13; Ga 2.8) et «ministrede Jésus Christ parmi les païens, m'ac-quittant du divin service de l'Évangilede Dieu» (Rm 15.16, LSG). Par consé-quent, la mission est enracinée dans lathéologie. Thomas Schirrmacher dé-clare :

« Quiconque veut s’impliquerdans la mission de manière pratiqueen renonçant à la théologie et àl’enseignement sous prétexte qu’ilsen empêcheraient le progrès, œuvrepour la mission selon son propremandat et ne se soucie pas de ceque Dieu en dit. Quiconque en-seigne une dogmatique qui n’estpas centrée sur la mission dans lemonde et qui ne conduit pas àdes actions pratiques pour atteindreles non-croyants, donne un ensei-gnement basé sur son propre man-dat et ne se soucie pas de savoirpourquoi Dieu nous a donné saParole et ses enseignements. Unemission globale biblique et pratiquecommence toujours par une théo-logie biblique saine et approfondie.Et inversement, une théologie bi-blique saine et approfondie conduittoujours vers une mission globalebiblique et pratique.» 20

Il est bien clair que la plus systématiqueet théologique des lettres de Paul estécrite en ayant la mission pour fil conduc-teur. Au départ, Paul utilise Jérusalemcomme rampe de lancement pour sastratégie missionnaire universelle dontla cible est l’Espagne (Rm 15.27-31).

Dans ses plans futurs pour un projetmissionnaire universel, son objectif estde prêcher à toute l’humanité, sans ex-ception. Par conséquent, il n’accepteaucune barrière de culture, de race,d’éducation ou de statut social (Rm1.8-15). Ainsi, dans Romains 1.1-5, sonbut est de prouver que « l’expansion dela mission dans le monde est le plan deDieu.» 21 Pour prouver que la missionde Dieu a toujours été universelle (àl’échelle mondiale) dans le premier etle dernier chapitre de Romains, Pauls’appuie lourdement sur les citationsde l’Ancien Testament qui affirment quetous les peuples du monde entier doivententendre l’Évangile. Ceci est très clairdans les remarques finales de Romains15.14-16.27. 22

Cependant, Paul fait à nouveau réfé-rence aux mêmes promesses de l’AncienTestament qui avaient été faites aux pa-triarches concernant les païens, afinque « les païens glorifient Dieu à causede sa miséricorde, selon qu'il est écrit[…]» (Rm 15.9, LSG). Dans Romains10.11-13, Paul confirme que le salutdes Juifs ne peut pas être dissocié dusalut des non-Juifs. Dans Romains 15.9-12, il cite cinq références de l’AncienTestament qui affirment que toutes lesnations du monde loueront un jour leSeigneur (2 S 22.50; Ps 18.49; Dt 32.43;Ps 118.1; Es 11.10). Ainsi, dans cecontexte, Paul prouve que l’Évangile etla mission mondiale ne sont pas contrel’Ancien Testament mais sont, en fait,soutenue par lui.23

Cette universalité de la mission deDieu pour l’Église implique la participationd’hommes et de femmes remplis duSaint-Esprit, indépendamment de la di-versité de leur milieu culturel. Ils sonttous égaux en Christ (Rm 12.4, 5; 1 Co12.12-14; Ps 133.1, 2; 2 Co 5.16, 17;Ac 17.26, 27; Ga 3.27, 29; Col. 3.10-15; Ep 4.14-16, 1-6; Jn 17.20-23 24). LeSaint-Esprit fait tomber tous les murs deséparation. En cela résulte une unité enChrist qui permet à tous les membres

de participer pleinement au service del’Église. Tous sont appelés à travaillerensemble, selon les dons spirituels queDieu leur accorde.

ConclusionQue ce soit dans l’Ancien ou le Nou-

veau Testament, il y a un fondement bi-blique et théologique authentique à lamission dans la révélation historique etuniverselle de Dieu. Le caractère inclusifde la mission de Jésus englobe desgens de tous les horizons, hommes etfemmes, pauvres et riches, oppressés etoppresseurs, pécheurs et pieux. La mis-sion de Jésus est de dissoudre l’aliéna-tion, de briser les murs de l’hostilité, etde franchir les barrières entre les individuset les groupes. 25

Ainsi, avec l’approche de l’apôtre Paul,nous devons comprendre que tous lesefforts missionnaires de l’Église doiventêtre universellement inclusifs. Ils doiventpasser au-delà des barrières de cultures,de races, de genres, de statut social oud’ethnies et refléter l’intention de l’amoursacrificiel de Dieu.

1. David J. Hesselgrave, Paradigms in Conflict: 10 KeyQuestions in Christian Missions Today. Grand Rapids, MI,Kregel, 2005, p.344.2. George W. Peters, A Biblical Theology of Missions. Chicago,IL, Moody, 1972, p.25.3. David J. Bosch, Transforming Mission: Paradigm Shifts inTheology of Mission. New York, Orbis Books, 1996, p.16–20.4. Arthur F. Glasser and Donald A. McGavran, ContemporaryTheologies of Mission. Grand Rapids, MI, Baker, 1985, p.26.5. Bosch, Transforming Mission, p.392.6. J. Herbert Kane, The Christian World Mission: Today andTomorrow. Grand Rapids, MI, Baker, 1981, p.143.7. Craig Ott, Stephen J. Strauss, and Timothy C. Tennent, En-countering Theology of Mission: Biblical Foundations, HistoricalDevelopments, and Contemporary Issues. Grand Rapids, MI,Baker Academic, 2010, p.xxiii.8. Andreas J. Köstenberger, The Missions of Jesus and theDisciples According to the Fourth Gospel. Grand Rapids, MI,Eerdmans, 1998, p.97–111.9. Peters, Biblical Theology of Missions, p.86.10. Scott A. Moreau, Gary R. Corwin, and Gary B. McGee, In-troducing World Missions: A Biblical, Historical, and PracticalSurvey. Grand Rapids, MI, Baker Academics, 2004, p.37.11. Peters, Biblical Theology of Missions, p.15.12. Ott, Strauss, and Tennent, Encountering Theology ofMission, p.6.13. John D. Harvey, “Mission in Jesus’ Teaching,” in Missionin the New Testament: An Evangelical Approach, ed. William

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FRANCHIR LES LIMITES...

Joëlle Scalliet, née Guy, est décédée le 18 avril 2018 à l’âge de 59 ans des suites d’une longuemaladie. Née en Suisse dans une famille engagée au service de l’Eglise, Joëlle était mariée aupasteur Paul Scalliet et travaillait avec lui depuis plusieurs années au Québec. Nos remerciementspour son travail efficace de traductrice et nos sincères condoléances à son époux et à ses troisenfants Linda, Roland et Mildred.

Nouvelles

Rencontre des rédacteurs européens de la future nouvelleEncyclopédie numérique adventiste

J. Larkin Jr. and Joel F. Williams. Maryknoll, NY, Orbis, 1998,p.43.14. George Vicedom, The Mission of God: An Introduction toa Theology of Mission. Saint Louis, MO, Concordia, 1965,p.57.15. Köstenberger, Missions of Jesus, p.91.16. Additional notes on 1 Corinthians 14, in The Seventh-day Adventist Bible Commentary, ed. Francis D. Nichol, vol. 6.Hagerstown, MD, Review and Herald, 1980, p.795.17. Ott, Strauss, and Tennent, Encountering Theology ofMission, p.73.

18. Peter T. O’Brien, Gospel and Mission in the Writings ofPaul: An Exegetical and Theological Analysis. Grand Rapids,MI, Baker, 1995, p.34.19. Richard M. Davidson, “Biblical Interpretation,” in theHandbook of Seventh-day Adventist Theology, ed. Raoul De-deren, Bible Commentary series, vol. 12. Hagerstown, MD,Review and Herald, 2000, p.67.20. Thomas Schirrmacher, “Romans as a Charter of WorldMission: A Lesson in the Relation of Systematic Theologyand Missiology,” in World Mission: Heart of Christianity, rev.ed. Hamburg, Germany, RVB International, 2008p. 14,

worldevangelicals.org/resources/rfiles/res3_245_link_1292869700.pdf; emphasis original.21. Ibid.22. Ibid.23. Ibid.24. Timothy J. Harris, “Why Did Paul Mention Eve’s Deception?A Critique of P. W. Barnett’s Interpretation of 1 Timothy 2,” inEvangelical Quarterly 62/4 (Oct.–Dec., 1990), p.201.25. Hesselgrave, Paradigms in Conflict, p.344.

Bernard Sauvagnat

Le 22 avril 2018 une vingtaine de rédacteurs sollicités pourrédiger des articles pour la future encyclopédie numérique ad­ventiste se sont rencontrés sur le campus de l’université adventistede Friedensau en Allemagne. Venus de sept pays différents d’Eu­rope, ces personnes représentaient les trois Divisions de l’égliseadventiste mondiale : la Division Eurasiatique, la Division inter­européenne et la Division transeuropéenne. La rencontre étaitdirigée par Stefan Höschele, professeur à Friedensau et éditeurrégional de cette encyclopédie. L’ouverture officielle du siteInternet qui contiendra cette encyclopédie aura lieu à l’occasionde la prochaine session de la Conférence générale à Indianapolisen 2020. Ce projet est placé sous la direction de David Trimm,responsable des archives et des statistiques de l’église mondialeet Dragoslava Sentrac, professeur à l’université adventisteColumbia de Takoma Park, Whasington DC, en a été désignée

L’une de nos traductrices est décédée

Cet historien spécialiste du Moyen­Âge et, en particulier, des relations entre Christianismeet Islam, avait enseigné au Séminaire adventiste de Collonges­sous­Salève dans les années1960 et marqué tous les pasteurs francophones qui ont suivi ses cours. Ancien étudiant d’unegrande école d’ingénieur, il s’était intéressé aux relations entre la foi et la science sur laquestion des origines. Son livre Genèse ou l’anti mythe, publié en 1980 aux éditions SDT restetoujours d’une grand pertinence aujourd’hui. Comme il est encore disponible aux éditions Vieet Santé à Dammarie­les­Lys, France, à un prix plus qu’abordable (2,90 €) il serait vraimentdommage que les pasteurs francophones n’en profitent pas. Le demander sur www.viesante.com.

Le professeur Jean Flori est lui aussi décédé

rédactrice en chef. En plus d’une histoire dechacune des institutions et organisationsde l’église adventiste, cette encyclopédiedevrait contenir surtout les biographies detoutes et celles et tous ceux qui ont faitl’histoire de l’adventisme dans le monde.Le Français devrait être l’un des langues decet ouvrage de grande ampleur.

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sont hispaniques, coréennes, haïtienneset certaines sont d'autres ethnies. Ellessont remplies de personnes aussi diversesque les flocons de neige qui tombentdu ciel. Avec ces 15 Églises, travaillent11 pasteurs.

Sur le plan organisationnel, l’agglo-mération de Saint-Louis se partage enquatre fédérations : la Fédération desÉtats du Centre (Central States Confe-rence), la Fédération de Iowa-Missouri(Iowa-Missouri Conference), la Fédérationde la région des Lacs (Lake RegionConference) et la Fédération de l'Illinois(Illinois Conference). En règle générale,dans une grande zone métropolitaine,les Églises sont rarement ensemble pourdes relations fraternelles. Et si elles sontrattachées à différentes fédérations oucultures, les murs peuvent être encoreplus hauts à certains endroits. Souvent,le premier pas vers l'unité et la collabo-ration consiste simplement à passer dutemps ensemble.

L’unité et la collaboration : les premières étapesLa première étape pour Saint-Louis a

commencé aux alentours de 2011. Jetravaillais dans la région de Saint-Louis.Un sabbat je n’étais invité à prêchernulle part. Du coup, ma famille et moiavons décidé de rendre visite à l’unede nos Églises voisines de la Fédérationdes États du Centre et de participer àson service de culte. Nous avons choisil’Église des Béréens. Cette Église faisaitpartie d’une fédération différente de lanôtre. Les membres étaient principale-

ment afro-américains, et donc différentsdes nôtres au niveau de leurs ethnies.L'emplacement de l’Église était dansun quartier de la ville, différent du nôtre.Le style d'adoration était différent dunôtre. Les chants ne m'étaient pas fa-miliers et je ne connaissais personne.Situé dans la même ville, c'était un en-droit inhabituel pour moi et ma famille,mais nous avons vécu une merveilleuseexpérience. Nous avons été chaleureu-sement accueillis, à bras ouverts. L'Églisene nous a pas fait sentir que nousétions différents ni ne nous a mis mal àl’aise. J'ai fait la connaissance dupasteur, et c’est ainsi qu’a commencéune amitié interculturelle qui perdureencore aujourd’hui.

Peu de temps après cette expérience,les pasteurs de l'Iowa et du Missouriont envisagé de lancer une initiativeappelée « Université d’équipement »dans la région de Saint-Louis.2 Il fut dé-cidé de demander aux pasteurs de laFédération des États du Centre s’ilsétaient intéressés à participer à ce projetpour en faire une initiative à l'échellede la ville entière. Ils ont été d'accord.

Nous avons donc tous commencé ànous rencontrer, une fois par mois, afind’apprendre à nous connaître et planifiercette initiative. La première session decette formation a été une grande béné-diction. Plus de 220 membres de dixÉglises et quatre Fédérations, ont assistéau premier week-end. C'était très émou-vant de voir des gens de différentesÉglises, ethnies et cultures réunis pourprier ensemble et se former pour servir.

L es gens de différentes ethniespeuvent-ils s'entendre ? Ceux quin’ont pas la même couleur de

peau peuvent-ils se comprendre ? Desindividus de cultures et de milieux diffé-rents peuvent-ils apprendre à écouter,accepter et interagir les uns avec les au-tres ? Le cœur humain dit : « Non ! »L'Évangile dit un «oui» retentissant. Cetteréponse est possible grâce au pouvoirtransformateur du Saint-Esprit.

Le monde a désespérément besoinde cette unité. Nos villes ont besoin devoir une image d’unité et de collaborationentre les groupes ethniques. L'Église ad-ventiste du septième jour a une formidableopportunité de montrer cette image etd'être un canal permettant au mondede voir ce que l’amour peut faire.

Je voudrais partager avec vous l’histoirede l’agglomération de Saint-Louis.1 Jevoudrais vous mener au cœur de l’unitéet la collaboration qui ont marqué lesÉglises adventistes du septième jour decette région. J’en tirerai des moyens pra-tiques pour que les Églises puissent dé-marrer une expérience comparable. J’es-père que cette histoire inspirera les pas-teurs et les Églises d'autres villes à selancer dans une aventure similaire.

Saint-Louis est une métropole de 2,8millions d’habitants dans l'état américaindu Missouri. Il y a 15 Églises adventistesdu septième jour dispersées dans toutel’agglomération, toutes différentes etuniques. Certaines sont essentiellementafro-américaines. D’autres sont princi-palement caucasiennes. Quelques-unessont multiculturelles. D'autres encore

L’unité et la collaboration au sein du ministère urbain

David M. KLINEDINST, MDiv, est responsable de l’évangélisation etde la croissance de l’Église à la Fédération adventiste de Chesapeake, àColumbia, Maryland, États­Unis.

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Il y avait des afro-américains, des cau-casiens, des latinos, des coréens, deshaïtiens, des personnes venues des Ca-raïbes et d'autres groupes ethniques.Les commentaires entendus à mainteset maintes reprises montraient à quelpoint les gens aimaient se retrouverpour partager avec ceux des autresÉglises. Il a été demandé de renouvelerce genre de rencontre.

Lorsque le premier module de cetteformation a été achevé, les pasteursont décidé de continuer à se réunirtous les mois. Au fur et à mesure queces réunions de pasteurs de toute laville progressaient et que nous conti-nuions à prier ensemble, un lien solides’est tissé entre nous. Au fil du temps,une vision a émergé : travailler ensemblepour le Christ afin d’avoir un impactsur la ville. Oui, chaque Église avait samission et son territoire, mais si nousvoulions faire une différence dans unegrande ville comme Saint-Louis, noussavions qu’il nous fallait collaborer àdes initiatives et des ministères àl'échelle de la ville. Cette vision étaitdouble : (1) commencer par créer l'unitéentre ces églises ethniquement diversesen se retrouvant régulièrement et ensuscitant entre elles une véritable ca-maraderie, et (2) se mettre à travaillerensemble au sein d’initiatives où chacuncollabore et se met au service de laville de Saint-Louis.

De cette vision ont germé et se sontdéveloppées les activités suivantes :

1. Réunions mensuelles des pasteursde la ville entière. Les pasteurs ontformé une association interfédérale etinterculturelle appelée AMPS (pasteursadventistes de Saint-Louis). Ils se ren-contrent tous les mois pour partager,prier et planifier des événements àl’échelle de la ville.

2. Réunions de prière trimestriellesde la ville entière. Une fois par trimestre,toutes les Églises de la région de Saint-

Louis se rencontrent pour une réunionde prière organisée pour toute la ville.Lors de cette rencontre, il y a des chantset des louanges, mais principalementdes prières : des occasions de prierseul, tous ensemble et en petits groupes.Nous savons qu'il ne peut y avoiraucune unité, en tout cas rien de signi-ficatif, sans l’action du Saint-Esprit. Il yavait lors de la première réunion deprière, plus de 200 personnes qui re-présentaient diverses Églises et ethniesde l’ensemble de la ville. Le fait de voirdes gens de différentes ethnies et cul-tures prier ensemble a un impact puis-sant sur l’ensemble. Ce fut une expé-rience émouvante.

3. Un congrès annuel régional. Toutcomme chaque fédération organise uncongrès annuel où toutes les Églisessont invitées, les pasteurs ont estiméqu'il était important que les Églises dela région de Saint-Louis se réunissentégalement pour un événement sem-blable. Nous avons donc mis sur piedun rassemblement annuel pour la villeentière où toutes les Églises de Saint-Louis sont invitées à venir pour un week-end spécial d’adoration. Ils choisissentun thème, invitent des orateurs connus,et font beaucoup de publicité.

4. Un conseil missionnaire de laïcsde l'agglomération de Saint-Louis.Afin que cette unité et cette collaborationse poursuivent de façon permanente,nous savions que nous devions impli-quer les laïcs. Le but de se réunir n’estpas seulement pour l’unité en elle-même. Le fruit de l’unité devrait êtrel’évangélisation, le travail ensemblepour partager l’Évangile, et pas la joiede chanter «Kum-ba-yah» en se vantantd'être unis. La vraie unité devrait nouspousser à travailler main dans la mainpour servir la ville. Nous avons doncformé un conseil unique de laïcs en-gagés dans la mission et composé demembres de toutes les Églises de la

région. La tâche de ce conseil estd’imaginer et/ou de mettre en placeau sein de l’agglomération de Saint-Louis un ou deux projets missionnairespar an auxquels des membres de toutesles Églises de la région puissent parti-ciper. À un moment donné, l'unité doitquitter les murs de l'église et être visibledans les rues. Elle doit être tournéevers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur.Imaginez la ville de Saint-Louis qui dé-couvre des croyants de toutes les ethniestravaillant en collaboration pour servirles autres et faire que cette ville soitun lieu où il fait bon vivre !

Vous pouvez vous aussidémarrer cette aventure Cette aventure d'unité et de collabo-

ration se poursuit toujours à Saint-Louis.Mais peut-être que cette même aventurepourrait se vivre dans d'autres grandesvilles du monde. Il peut y avoir une visiondans votre cœur pour que cette expériencese réalise dans votre ville et votre Église.Peut-être êtes-vous un pasteur ou unmembre, dont Dieu veut se servir commecatalyseur pour rassembler les Égliseset les ethnies de votre ville… Voiciquelques étapes que vous pouvez suivrepour démarrer l’aventure.

1. Priez pour la vision. Demandez àDieu de vous donner une vision d'unitéet de collaboration entre les différentesÉglises de votre ville. Demandez-lui devous donner cette passion, de l’avoir àcœur, et de planter cette semence dansle cœur des autres pasteurs ou respon-sables de la ville. Travailler conjointementavec d'autres cultures n'est pas unetâche facile. Il y aura des défis et desobstacles. Le diable essaiera d'érigerdes forteresses créant des barrières etcausant des malentendus. Vous avezdonc besoin d’enthousiasme et de dé-termination pour être prêt à collaboreravec les gens, et ce, avec patience, et àpersévérer au-delà des difficultés. Néan-

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14 Ministry® 3e trimestre 2018

votre propre église le sabbat, allez leurrendre visite pendant la semaine, lorsd’une réunion de prière, par exemple.Soyez prêt à aller les rencontrer surleur territoire, et regardez les murs tom-ber.

3. Commencez des rencontres depasteurs à l'échelle de la ville. Aprèsleur avoir rendu visite et partagé aveceux votre vision de l'unité et de la col-laboration, invitez les pasteurs à formerun groupe local et à se réunir tous lesmois. Lors de vos rencontres, apprenezà vous connaître. Priez ensemble. Rêvezensemble. Établissez ensemble la visionque vous avez de l'unité et de la colla-boration dans votre ville. Écrivez votrevision et élaborez une déclaration de

mission. Choisissez un président et unvice-président, de préférence de fédé-rations distinctes ou de groupes eth-niques différents. Commencez à pro-grammer des activités et des ministèresà l'échelle de la ville. Faites des planspour que l’expérience continue mêmeaprès votre départ.

Ne vous inquiétez pas si certains pas-teurs, au début, ne viennent pas auxréunions. Au fur et à mesure que legroupe prendra de l'élan et que des ré-sultats positifs seront visibles, ils finirontpar venir. Donnez-leur du temps. Restezen contact et demandez aux autres pas-teurs de continuer à les inviter. Donnezà Dieu une chance de travailler dansleurs cœurs.

moins, les bénédictions de l'unité et dela collaboration l’emportent largementsur les obstacles.

2. Commencez à rendre visite auxautres pasteurs. Prenez contact avecles pasteurs des autres fédérations devotre ville. Soyez en contact avec lesÉglises d'autres ethnies. Visitez les touteset entamez une amitié avec les pasteursou les dirigeants laïcs. Cela peut êtreun sabbat ou lors d’un autre événementqu'ils organisent : concerts et autres ac-tivités sociales. Invitez les pasteurs àprêcher dans votre église. Lorsque c’estpossible, réservez un sabbat pour allerau culte dans leur église et apprenez àles connaître. Si vous ne pouvez pasvous libérer de vos responsabilités dans

tionales, un défilé des nations ou n’im-porte quel autre événement qui découlede la créativité. Dialoguez. Soyez créatifs.Des centaines de possibilités sont àvotre portée.

Vous pourriez envisager quelque chosequi a lieu dans l'agglomération de laville de Saint-Louis: une réunion de prièretrimestrielle pour la ville entière. Chaquetrimestre, planifiez une réunion de prièreà laquelle les membres de toutes lesÉglises de la région sont invités. Les ren-contres peuvent avoir lieu dans uneéglise différente chaque fois. Il est possibleque ce ne soit qu’un petit groupe au dé-but, mais souvenez-vous des promessesde Dieu : « Car rien n'empêche le Seigneurde sauver, que ce soit par un petit nombre

ou par un grand nombre » (1 S 14.6) et« Si mon peuple, sur qui est invoquémon nom, s'humilie, prie et me recherche,s'il revient de ses voies mauvaises, moi,je l'entendrai depuis le ciel, je pardonneraison péché et je guérirai son pays. » (2Ch 7.14). 3

5. Lancez un congrès annuel régional.Mettez de côté un week-end spécial unefois par an où toutes les Églises de la ré-gion peuvent se réunir pour un cultecommun. Dans la ville de Saint-Louis,cela comprend le vendredi soir, le sabbatmatin et après-midi, un petit déjeunerde prière le dimanche matin, et mêmeun défilé des nations. Cela demandebeaucoup d’organisation, mais ça envaut la peine. Essayez d'avoir un pro-

4. Programmez des événements àl'échelle de la ville où les gens de dif-férentes Églises auront l’occasion dedévelopper des relations fraternelleset de véritables camaraderies. Si lespasteurs se retrouvent lors de leurs réu-nions mensuelles, alors les membresdoivent eux aussi avoir l’occasion defaire la même expérience. La communionfraternelle permet de créer des amitiéset des liens avec les membres d'autresÉglises et ethnies. Si vous voulez que lesmembres adoptent la même vision d'unitéet de collaboration, cette étape est es-sentielle.

Ces activités pour toute la ville peuventinclure des activités sociales, des pique-niques, des foires alimentaires interna-

David M. KLINEDINST

Souvent, le premier pas vers l'unitéet la collaboration consiste simplement

à passer du temps ensemble.

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L’UNITÉ ET LA COLLABORATION AU SEIN DU MINISTÈRE URBAIN

gramme et de la musique qui représententla diversité des ethnies de ces Églises.Invitez les Églises de la région à fermerles lieux pour ce sabbat spécial afin quetous les membres puissent venir au cultedu sabbat matin. Certaines Églises le fe-ront, d’autres pas. Tous les pasteurs dela région devraient s'engager à être pré-sents au congrès. Ils ne devraient pasprêcher dans leurs propres églises cesabbat-là. En participant, ils transmettentle message que ce congrès est importantet que se retrouver est une priorité.

6. Trouvez pour votre ville un projetmissionnaire auquel les membres detoutes les Églises de la région peuventparticiper. Cela pourrait être le projetd'une journée, comme la rénovation defond en comble d’une maison ou le net-toyage d'un parc. Cela pourrait être éga-lement un événement saisonnier commeune école biblique de vacances dansun quartier défavorisé. Ou il pourraitaussi s'agir d'un projet continu commedu soutien scolaire, de l’aide aux réfugiésou un centre social.

Lorsque les membres de différentesÉglises et ethnies différentes travaillentmain dans la main au sein d’un ministèrede collaboration, le résultat naturel estl'unité. Il y a place au dialogue. Desamitiés sont tissées. Des expériencessont partagées. On se sent compris. Dieuest là. Le Saint-Esprit crée un lien qui nepeut pas être brisé facilement.

Imaginez ce que la ville découvrira :des membres d’Églises d’origines, d’eth-nies et de cultures différentes qui travaillentensemble pour faire une différence po-sitive dans leur ville ; une image du Christqui brille à travers tous. C'est l'unité enaction. C'est une image que l’on n'oubliepas vite. C'est une image que votre villea désespérément besoin de voir.

Tout ce qu'il faut, c'est une personneavec une vision donnée par Dieu - unepersonne pour être l’élément déclencheur.Êtes-vous cette personne? Dieu vousappelle-t-il à commencer une aventured'unité et de collaboration entre lesÉglises de votre ville? Dieu appelle-t-illes Églises de votre ville à être unelumière sur une colline?

« J'entendis le Seigneur qui disait :Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? Jerépondis : Je suis là, envoie-moi ! »(És 6.8).4

1. Au moment d'écrire ces lignes, David Klinedinst étaitévangéliste pour la région métropolitaine de Saint-Louis, ausein de la Fédération de Iowa-Missouri. 2. Université d’équipement est un programme de formationde disciples pour les laïcs, conçu dans le but de motiver etde mobiliser les membres pour le service et répondre auxbesoins de la population. www.nadei.org/article /385/evan-gelism-services/equipping-university3. Tous les textes bibliques dans cet article sont tirés de laNouvelle Bible Segond.4. Je voudrais remercier les pasteurs, actuels et précédents,qui ont inspiré cet article et ont fait partie de l’aventure versl’unité et la collaboration, au sein de la ville de Saint-Louis :Bryan Mann, pasteur de l’Église Northside ; Joseph Ikner,ancien pasteur et Charles Osborne III, pasteur actuel del’Église des Béréens ; Fred Montgomery, pasteur de l’ÉgliseAgapé ; Claval Hunter, pasteur des Églises Lighthouse et Ta-bernacle of Praise ; Jae Wook Lee, pasteur de l’Églisecoréenne ; Rob Alfalah, et Robb Long, pasteurs des ÉglisesSaint-Louis Central et Mid-Rivers ; Vic Van Shaik, ancienpasteur de l’Église Saint-Louis Central ; Robb Lechner, ancienpasteur et Ken Olin, pasteur actuel des Églises West Countyet Southside ; et Tony LaPorte, ancien pasteur de l’ÉgliseMid-Rivers et de l’église hispanique.

M

C O U R R I E R D U L E C T E U R

Vous réagissez aux articles de « Ministry® »

J’ai aimé cet article. L’auteur sent, à juste titre, que le « pardon » est accordé, demandé voire exigé, avec rela­tivement peu de réflexion par les chrétiens (et d’autres) à notre époque. On l’administre comme s’il s’agissait d’unepilule magique ou de la « poussière d’étoile » à tous y compris à ceux qui ne le demandent pas et probablement nele feront jamais. On déclare même parfois que cela me fera « me » sentir mieux, sans même évoquer que le cou­pable admette avoir mal agi (peut­être un mal terrible infligé), qu’il passe par une repentance authentique quichange la vie.

J’aimerais réagir à cet article. Trop nombreux sont ceux qui ressentent une réelle culpabilité parce qu’ils sontincapables de pardonner à des personnes qui les ont offensés dans des circonstances aussi tragiques que celle queRoy Adams mentionne. Ça fait du bien de lire une approche aussi équilibrée sur ce sujet. Ayant servi auprès dejeunes pendant mon ministère, j’ai rencontré nombre de situations dont certains jeunes ne se remettront jamais,comme avoir un enfant à la suite d’un viol parce qu’elles refusaient l’avortement. Parce qu’il était juif, Pierre a étéconduit à penser à Daniel 9.24 où 70 septaines sont données au peuple juif pour mettre fin au péché et amener laréconciliation et comprendre que la nécessité du pardon est la même que celle que Dieu a offerte aux juifs qui ontrépondu à son appel alors que ceux qui n’y ont pas répondu ont été rejetés.

R. Possingham, Australie.

À propos de l’article de Roy Adams, 70 fois 7 fois (Ministry® 1 er trimestre 2018).

Donald Robert Black, pasteur.

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L ’Église adventiste du septièmejour a beaucoup grandi au coursdes 100 dernières années. Nous

sommes maintenant présents danspresque tous les pays du globe mêmesi, à certains endroits, cette présencesemble très modeste. Nous sommes ungroupe multiculturel, multiethnique etmultiracial. Une telle diversité est unmerveilleux don de Dieu.

Cependant, nous devons admettreque la diversité n’est pas toujours autantappréciée qu’elle le devrait, et celacause certaines tensions. Toutes les cul-tures ont des caractéristiques magni-fiques, un héritage linguistique riche,des vêtements colorés, une nourrituredélicieuse, de la musique et des chantsjoyeux, une littérature qui suscite la ré-flexion, ainsi que de profondes racinesspirituelles et religieuses. Chaque culturea ses héros, ses moments historiquesdécisifs, et ses souvenirs du «bon vieuxtemps».

Même si nous sommes fiers et célé-brons l’héritage qui nous est propre etque nous chérissons, aucun groupe cul-turel ou ethnique n’est parfait. L’histoirede l’humanité nous apprend que chaqueculture est pécheresse et a besoin de lagrâce de Dieu pour le mal causé à ceuxqui sont différents, à l’immigrant, aupauvre, au faible, au groupe culturel ouethnique voisin. Chaque culture a sonhistoire de violence infligée au nom decertaines valeurs ou raisons historiques,ou même au nom de Dieu. Aucune cul-ture n’est parfaite et sans péché. Toutesont besoin de la grâce divine.

Dieu nous invite à vivre ensemble età partager les bénédictions de l’Évangile,à vivre dans l’harmonie et à nous préparer

pour son proche royaume. Quel défi !Mais avec ce mandat, la grâce estdonnée également.

Le Nouveau Testament parle d’unenouvelle réalité où les peuples de diffé-rents héritages ethniques et culturelsvivent ensemble dans l’harmonie, malgrédes souvenirs différents, pour accomplirune mission commune. Le concept ap-pelé koinonia en grec, et habituellementtraduit par le mot communion, créecette réalité.

Juste avant son ascension, Jésus dità ses disciples qu’il leur enverrait leSaint-Esprit pour qu’ils puissent répandrela bonne nouvelle du salut en tous lieux(Ac 1.8 SG21). Un tel mandat eut uneconséquence imprévue : le peuple deDieu ne sera plus composé d’un seulgroupe ethnique.

Le livre des Actes nous raconte qu’enpartageant la bonne nouvelle à Jérusa-lem et en Judée, les disciples de Jésusont créé une communauté, une assem-blée, une koinonia. Je vous invite à notertrois caractéristiques importantes decette communauté.

Une communauté unieAu début, la communauté des disciples

de Jésus fut décrite comme persévérant«d'un commun accord dans la prière»(Ac 1.14; 2.42). Les croyants étaientensemble (Ac 2.1, 44, 46), ils n’étaient«qu'un cœur et qu'une âme» (Ac 4.32),ils «avaient tout en commun» (Ac 2.44),et partageaient leurs possessions avecceux qui étaient dans le besoin (Ac2.45; 4.32, 34).

Luc utilise deux expressions pour dé-crire la communauté chrétienne primitive

de Jérusalem: ils étaient «d’un communaccord» ou ne formaient «qu'un cœuret qu'une âme» (Ac 1.14; 4.32), et ilsétaient ensemble «au même endroit »(Ac 2.1).

Cette idée d’unité ressort et nousdonne une vision cruciale de ce à quoiressemblait la vie chrétienne unie àcette époque-là.

À la fin d’Actes 2, Luc décrit l’Égliseprimitive peu après l’expérience de laPentecôte, qui a probablement créél’unité de cette communauté.

Les croyants se consacrèrent à l’en-seignement des apôtres et à la «com-munion fraternelle » (koinonia), à la« fraction du pain» et aux «prières». Tousétaient remplis d’étonnement devantles prodiges et les signes accomplispar les apôtres. Tous les croyants étaientensemble et mettaient tout en commun.Ils vendaient leurs propriétés et leurspossessions pour pouvoir donner à qui-conque en avait besoin. Chaque jour, ilscontinuaient à se réunir dans le parvisdu temple. Ils rompaient le pain dansleurs demeures et mangeaient ensembleavec des cœurs joyeux et sincères, louantDieu et jouissant de la faveur de tous. Et« le Seigneur ajoutait chaque jour àl’Église ceux qui étaient sauvés» (Ac2.42-47).

Quelle merveilleuse koinonia ils vi-vaient!

Cependant, cette koinonia n’était passans tensions et défis. Ici encore, lelivre des Actes nous donne une visionmagnifique sur comment relever lesdéfis dans l’unité et la communion fra-ternelle.

Vivre ensemble et résoudre les conflits

Denis FORTIN, PhD, est professeur de théologie historique à laFaculté adventiste de Théologie et pasteur de l’Église One Place sur lecampus de l’université Andrews à Berrien Springs, Michigan, États­Unis.

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À mon avis, ce qui est phénoménalest ce qui suit.

Lorsque les apôtres furent confrontésà ce qu’ils avaient fait involontairement,leur réponse constitua un moment desplus magnanimes de cette communautéprimitive.

Les apôtres n’ont pas essayé de trouverdes excuses pour leur erreur. Ils ont re-connu franchement et sincèrement laresponsabilité de leur erreur. Ils ont éga-lement fait quelque chose d’absolumentextraordinaire : ils ont invité le groupequi avait été lésé à participer à la re-cherche de solutions au problème.

Les apôtres croyaient que ceux à quion avait fait du tort étaient les mieuxplacés pour résoudre le problème. Lesapôtres ont suggéré que sept hommessoient choisis pour s’occuper de la dis-tribution de nourriture aux veuves, àtoutes les veuves, juives et grecques.Les apôtres ont abandonné un aspectde leur ministère pour mieux se concen-trer sur d’autres.

Et si nous nous disions sincèrementles uns aux autres : «Nous sommes dé-solés pour les préjugés que nous avonsmontrés envers vous à maintes repriseset nous demandons votre pardon… »

Ce fut une idée brillante et surprenante,mais elle détient peut-être la clé de laréussite dans la résolution de conflitsentre groupes ethniques au sein d’unecommunauté de croyants. Lorsqu’un tortest fait à un groupe d’individus, les res-ponsables de ce tort devraient immé-diatement reconnaître cette erreur, s’ap-procher des personnes lésées, les inviterà participer à la recherche de solutionsau problème et les aider à mettre cettesolution en place.

Une communautéqui trouve des solutionsOn trouve beaucoup de confiance,

de grâce et d’amour dans cette histoire.Les apôtres juifs avait commis une erreuret ils en ont assumé la responsabilité.

Ils ont fait confiance à leurs frères grecspour qu’ils les aident à trouver la bonnesolution, à désigner les bonnes personnespour le poste et à mettre en place la so-lution trouvée. Ce qui est tout autantsurprenant est que les sept hommesdésignés pour la distribution de nourritureétaient tous d’héritage grec. Les apôtresavaient confiance en leurs frères grecscar ils croyaient qu’eux aussi avaientreçu la grâce du Saint-Esprit et qu’ilsavaient à cœur, tout autant qu’eux, lebien-être du peuple du Seigneur. Quelrespect magnifique et authentique desdons de chacun !

Je me demande parfois si c’est ici lafaçon de trouver une solution adéquateà certaines tensions ethniques de notrepropre communauté de l’Église, et à laséparation ethnique et raciale que nouséprouvons. Et si nous nous disions sin-cèrement les uns aux autres : «Noussommes désolés pour les préjugés quenous avons montrés envers vous àmaintes reprises et nous demandonsvotre pardon. Nous vous demandonségalement de suggérer comment réparerce qui s’est produit et de proposer desétapes tangibles que nous pourronssuivre pour remédier à la situation. Etmaintenant, la partie difficile : Nous nousengageons à essayer de mettre en placece que vous suggérerez».

Cette première communauté chré-tienne partageait un magnifique espritde fraternité, une koinonia. Leurs lienscommuns ont créé cette koinonia. Ilspartageaient le même message del’Évangile, ils priaient et adoraient en-semble, ils mangeaient ensemble etavaient le commun espoir du retour deJésus. Cette fraternité et cette vie com-mune leur a donné le courage de trouverune solution merveilleuse à la tensionethnique qu’ils ont éprouvé plus tard.

Je ne pense pas que ce soit un rêveinaccessible que d’avoir la même visionpour notre communauté aujourd’hui.

Une communautémise au défiPlus loin, Luc nous dit, assez franche-

ment, que cette koinonia fut profondé-ment mise au défi et que sa survie futmenacée. Actes 6.1-6 indique qu’unegrande préoccupation surgit au sein dela congrégation concernant la distributionquotidienne de la nourriture aux veuvesde la communauté. Il apparaît que lesdouze apôtres, qui étaient en charge decette distribution de nourriture, favorisaienttrès probablement certaines veuves sansle vouloir. La communauté de Jérusalemavait grandi et comprenait maintenantdes Juifs de deux groupes ethniquesdifférents qui croyaient en Jésus commeMessie: certains étaient d’héritage hébreuet d’autres d’héritage grec. Les Juifsd’héritage grec se plaignirent que soitles apôtres donnaient plus de nourritureaux veuves des Hébreux, soit ils leur of-fraient la nourriture en premier et don-naient les restes aux autres.

À présent, il est intéressant de noterque les apôtres eux-mêmes étaient res-ponsables pour ce mal apparent et cefavoritisme. Même au sein de cette com-munauté chrétienne primitive, les diri-geants qui étaient à sa tête n’étaientpas à l’abri de faire des erreurs. Plusprécisément, l’héritage hébreu des apô-tres les a peut-être aveuglés sur ce tort.La leçon de cet épisode est évidente :même les dirigeants les plus bénis peu-vent faire des erreurs dans leurs relationsavec les personnes de groupes ethniquesdifférents. Inconsciemment, sans le savoir,la culture ethnique d’une personne peutcréer un ensemble de circonstancesmalheureuses et blesser involontairementles personnes d’une autre culture. Celane devrait pas nous surprendre, car c’estle fléau de l’humanité pécheresse pourchacun de nous. Chaque culture ethniquea des valeurs, des coutumes, des préfé-rences différentes, et ces valeurs, cou-tumes et préférences rendent les gensaveugles à ce qui pourrait heurter autrui.

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18 Ministry® 3e trimestre 2018

Né en 1955, j’ai grandi dans unfoyer laïc Juif à Miami Beach.Notre pratique religieuse peut

se résumer dans ce mantra : « Ils onttenté de nous tuer, ils ont échoué –mangeons ! »

Mon éducation profane a été renforcéepar mes études dans les écoles pu-bliques. En classe de troisième, parexemple, le livre de science contenaitun dessin qui commençait par unepièce d’eau peu profonde. Au-dessusd’elle, il y avait une simple cellule ; au-dessus d’elle, une méduse ; au-dessusd’elle, un poisson ; puis un reptile ; puisune créature étrange suivie d’un proto-humain ; et finalement, un Homo sapiens.Une ligne était tracée qui partait de lamare et s’arrêtait à l’Homo sapiens. Onnous disait que ce diagramme repré-sentait l’histoire de l’évolution del’homme.

Dans le cours de biologie au lycée,j’étais très instruit car je savais quel’ontogénèse récapitule la phylogénèse.Le professeur expliquait que cette phrasevéhiculait l’idée que le développementde l’embryon correspondait à l’histoirede notre évolution. C’est-à-dire que les« branchies » du fœtus était un échoprimitif de notre premier ancêtre. Bienque rendue populaire au travers dedessins gravés par un paladin darwinien

du début et démystifiée vers la fin desannées 1800, l’ontogénèse qui récapitulela phylogénèse était encore enseignéedans les écoles publiques dans les an-nées 1960 et circule même encore au-jourd’hui.

Entré vers le milieu des années 1970à l’Université de Floride, je pris un coursd’anthropologie, et bien que rien departiculier ne m’en reste aujourd’hui,je me souviens bien que le darwinismeformait l’arrière-fond de tout ce quinous était enseigné.

Au cours de toutes ces années oùles pédagogues de l’enseignement pu-blic ont modelé mon jeune esprit mal-léable, je ne me souviens pas de m’êtreinterrogé sur l’évolution. Pourquoi l’au-rais-je dû ? On me l’enseignait, noncomme une construction théorique maiscomme une hypothèse inattaquable, leprincipe sur lequel les constructionsthéoriques reposent. L’évolution n’étaitpas quelque chose dont la vérité pouvaitêtre mise en question ; l’évolution étaitplutôt la règle dans ce contexte par la-quelle vous pouviez déterminer ce quiétait la vérité de ce qui ne l’était pas.

Enigme d’un convertiPuis, en 1979, avant mon vingt-qua-

trième anniversaire, j’ai fait l’expériencede la nouvelle naissance. En une nuit,

la géométrie de la réalité a changépour moi. Le monde dans lequel jemarchais maintenant semblait différentde ce qu’il avait été auparavant. Laréalité s’était étoffée de manière telle-ment plus profonde, plus large, et plusdiverse que la vision du monde provin-ciale et matérialiste dont j’avais éténourri comme par injections intravei-neuses depuis l’école maternelle.

Dans un domaine, cependant, j’airessenti immédiatement une décon-nection irréconciliable entre l’ancien etle nouveau, c’était ma vieille croyanceà l’évolution et ma foi nouvelle en Jésus.Ces visions du monde, me semblait-il,ne pouvaient toutes deux être justes.J’apostrophais les chrétiens à qui j’avaisfait d’abord part de mon trouble, et ilsm’ont donné des ouvrages qui ontouvert mes yeux sur quelque chose au-quel je n’avais jamais pensé auparavant.

Oui, depuis le manuel du collège,jusqu’au lycée et au-delà, on ne m’adonné une vision du monde qu’autravers d’un schéma darwinien. Je n’aiporté qu’une seule paire de lunettescar c’était la seule paire qui m’avaitété donnée, la seule paire dont j’étaisconduit à croire que c’était la seule quipouvait exister. Mais une fois que j’aienlevé ces lunettes et porté une autrepaire, tout a changé.

Faire chanter la grand-messe au diable : l’évolution et la séductiondu Christianisme 1

Clifford GOLDSTEIN, est l’éditeur du Guide d’étude de la Bible pouradultes à la Conférence Générale des Adventistes du septième jour, SilverSpring, Marylan, États­Unis.

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193e trimestre 2018 Ministry®

À cause de ce problème (et d’autres),un des plus influents philosophes de lascience, Karl Popper (1902-1994), a af-firmé que nous ne pouvons jamais don-ner des raisons positives qui justifientla croyance qu’une théorie est vraie.« La science n’est pas, dit-il, un systèmede déclarations certaines, ou bien éta-blies ; elle n’est pas non plus un systèmequi avance fermement vers un état final.Notre science n’est pas de la connais-sance (episteme) : elle ne peut jamaisaffirmer avoir atteint la vérité, ou mêmeun substitut tel que la probabilité ». 3

La science ne peut jamais affirmerqu’elle a atteint la vérité ? Ou mêmeune probabilité de la vérité ? Ne nousa-t-on pas enseigné toute notre vie quela science est le seul chemin pour at-teindre la vérité, ou le chemin le pluscertain pour découvrir la vérité, qu’elleest effective au-dessus de toute autreméthode ou moyen ? Et pourtant, lepenseur le plus influent du siècle derniersur la science jette ce pavé dans lamarre.

« Mais c’est de la science !»Contrairement à la croyance populaire,

la science est chargée d'une foule dequestions non résolues qui remettenten question l'intégrité épistémologiquede l'ensemble de l'entreprise elle-même.Il ne s'agit pas ici de théories scientifiquesspécifiques, comme l'impact des com-bustibles fossiles sur le climat, les avan-tages et les inconvénients des graissessaturées, ou si les humains sont, commele prétend Richard Dawkins, les «cousinséloignés des bananes et des navets ».4

Nous parlons plutôt de la pratiquede la science en tant que science : cequ'elle signifie, comment elle fonctionne,ce qu'elle fait, ce qu'elle assume, com-ment elle élabore ses affirmations etce qui les justifie.

Ces grandes questions, jusqu'à cejour, restent non résolues, ce qui estimportant, surtout dans le débat sur laCréation et l’évolution, parce que beau-coup de chrétiens - malgré le témoi-gnage sans ambiguïté de l'Écriture -ont abandonné le récit biblique de laCréation pour une théorie scientifique,l'évolution, qui contredit l'Écriture detoutes les façons possibles. Après tout,dans sa lecture la plus large, l'Écritureenseigne la Création comme un phé-nomène surnaturel qui ne laisse rienau hasard ; l'évolution, dans sa lecturela plus large, enseigne la créationcomme un phénomène naturel quilaisse quasiment tout au hasard. Il estdifficile d'imaginer deux positions pluséloignées l'une de l'autre.

Néanmoins, beaucoup de chrétiensont capitulé, rejetant l'exactitude histo-rique ou même la véracité de Genèse1-11, tout cela pour faire place à unmodèle évolutif des origines. Pourquoi?Parce que l'évolution, supposent-ils, doitêtre vraie. Après tout, « C'est de lascience ! » Et qui peut oser aller à l'en-contre de la science ?

Malheureusement, l'un des plusgrands mythes de notre époque (Quoi?Vous pensez que nous sommes le seulâge dans l'histoire qui n'a pas ses pro-pres mythes ?), c'est que la science estl'arbitre final de la vérité et que défierles prétentions de la science, même« bien établie », serait prouver sa propreignorance et son imbécillité intellec-tuelle.

Cependant, si la science est si bonnepour trouver la vérité, pourquoi la véritéchange-t-elle si souvent ? Pourquoi lescertitudes scientifiques d'une générationsont-elles souvent considérées commedes mythes par la génération suivante?Pourquoi les résultats de la science, ré-sultats de la « méthode scientifique »,se contredisent souvent ? Quand lesexplications scientifiques sur la réalité

Personne, bien sûr, n’est appelé ànier l’existence des fossiles de créaturesqui sont maintenant éteintes (l’idéeque Satan ait créé des os dans le solpour tester notre foi est – s’il vous plait !– vouée à l’échec). Cependant, pour lapremière fois, on m’a présenté uneautre façon de voir les témoignages dupassé, une autre façon de les interpréter.Depuis lors, non seulement on ne m’apas montré une autre façon de voir,mais on ne m’a jamais présenté l’idéequ’une autre façon, ou d’autres manièresde voir, puissent exister.

Les fossiles ne disent pas qu’ils ontété « créés il y a 60 millions d’annéesau début de l’ère Cénozoïque ». Pasplus qu’ils n’arrivent avec les mots« évolué à partir d’un Haikouichthys 2 ily a 550 millions d’années ». Ce sont làdes interprétations, des constructionshumaines fondées sur un réseau deprésupposés et de spéculations, dontaucune n’est universelle, nécessaire etcertaine. En d’autres termes, non seu-lement la science évolutionniste dontj’ai été endoctriné toute ma vie n’esten aucun cas aussi certaine qu’elle aété présentée, mais je crois maintenantqu’elle est fausse.

Des théoriesen concurrenceJe ne savais pas que ce que j'avais

vécu à l'époque était une manifestationd'une faiblesse fondamentale dans l'en-semble de l'entreprise scientifique elle-même. Elle porte aussi un nom fantai-siste : la fin d’une théorie par la preuve.C'est le problème - toujours non résolu -qui veut que, pour un phénomène scien-tifique donné, plus d'une théorie peutêtre compatible avec les preuves. Lesthéories en compétitions, même contra-dictoires, peuvent expliquer les mêmesfaits. Il y a potentiellement, un nombreinfini de théories pour expliquer n’importequel phénomène naturel.

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Clifford GOLDSTEIN

actuelle, sur ce qui peut être manipulé,entendu, vu, même testé et retesté main-tenant devant nos yeux quotidiennement,sont remplies de débats et de contro-verses - pourquoi beaucoup de chrétiensacceptent-ils incontestablement touteproclamation scientifique sur des évé-nements supposés d'il y a des millionsou des milliards d'années, surtout quandces affirmations contredisent toute lectureraisonnable de l'Écriture ?

Baptiser le diableAprès des années de lectures et

d'études sur ces questions, j'ai écritBaptiser le diable : Évolution et séductiondu christianisme, dans lequel je chercheà aider les lecteurs libres, en particulierles chrétiens qui prennent l'Écriture ausérieux, à partir de la réaction instinctivequ'une fois que quelque chose est

considéré comme «science», ils doiventabandonner toute croyance contraireet toutes les croyances contraires. Et jel’ai fait en examinant ces défis non ré-solus dans la pratique de la scienceelle-même (comme la sous-détermina-tion), défis que la plupart des gens (au-tres que les scientifiques et les philo-sophes de la science) ne connaissentgénéralement pas, ce qui aide à com-prendre pourquoi tant de gens s’age-nouillent mécaniquement devant toutesses proclamations.

Par exemple, dans l'un des textes lesplus influents du XX e siècle, La structuredes révolutions scientifiques, ThomasKuhn affirmait que la science est loind'être aussi rationnelle, objective et pro-gressiste (dans le rapprochement de lavérité) que beaucoup le croient. Il a faitvaloir que la science fonctionne sub-jectivement, de manière contingente,

voire parfois irrationnelle. Un courantde la pensée de Kuhn est résumé dansune déclaration qu'il cite de Max Planck,pionnier de la physique quantique :« [Une] nouvelle vérité scientifique netriomphe pas en convainquant ses ad-versaires et en éclairant leur esprit, maiselle triomphe plutôt parce que ses ad-versaires finissent par mourir, et qu'unenouvelle génération grandit à qui lavérité est devenu familière ».5

Si c'est vrai, même partiellement, quedit l'affirmation de Planck au sujet del'objectivité, et de l'exactitude, des affir-mations scientifiques? Une «vérité scien-tifique» devrait être acceptée ou rejetéesur la base de preuves, de faits, de don-nées, et non pas en fonction de la gé-nération de scientifiques qui se trouveêtre là à ce moment-là, n'est-ce pas ?

Larry Laudan, un influent philosophede la science, a écrit : « Depuis deux dé-cennies, je soutiens que, dans l'évaluationdes théories et des hypothèses, ce quicompte (et ce qui devrait compter prin-cipalement pour les scientifiques n'estpas tant que ces hypothèses soientvraies ou probables. Ce qui importe,plutôt, c'est la capacité des théories àrésoudre des problèmes empiriques -une caractéristique que d'autres pour-raient appeler le pouvoir explicatif ouprédictif d'une théorie ».6

Ou, comme Freeman Dyson l’écrit :«Pour être utile, une théorie scientifiquen’a pas besoin d’être vraie, mais ondoit pouvoir la tester ».7

Quoi ? L’objet même de la sciencen’est-il pas de trouver la vérité ?

Pas vraiment. De nombreux scienti-fiques et philosophes de la science af-firment que la science ne consiste pasdu tout à trouver la vérité, avec un Vmajuscule, ou même la vérité avec unv minuscule, mais simplement à résoudredes problèmes empiriques. Si la théoriefonctionne, en ce sens qu'elle peut fairedes prédictions précises et/ou porterdes fruits tangibles, qu'est-ce qui importe

Ne nous a­t­on pas enseignétoute notre vie que la science

est le seul chemin pouratteindre la vérité,

ou le chemin le plus certainpour découvrir la vérité, qu’elle

est effective au­dessus detoute autre méthode ou

moyen ?

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FAIRE CHANTER LA GRAND-MESSE AU DIABLE ...

d’autre ? Qu'elle soit vraie ou non estune autre question, une question qui(selon certains) serait une question mé-taphysique et non une question scien-tifique. L'histoire est remplie d'exemplesde technologies fondées sur des théoriesqui ont été détruites par la suite ou quine sont pas encore comprises. L'efficacitétechnologique d'une théorie est unequestion distincte de sa vérité. Unethéorie peut fonctionner, mais n’êtrecependant pas vraie.

Et puis il y a la «méthode scientifique»,l'idée qui nous a été inculquée depuisl'école primaire que la science a crééune formule spéciale, un processusdans lequel on note quelques variableset qui fait éclater la vérité. Le seul pro-blème? C’est qu’il n'y a pas de méthodescientifique et, même s'il y en avaitune, rien ne garantit la vérité, ni rien dece qui est lié à la vérité, ne résultera deson application.

En même temps, il existe un débatsur ce qu'est une explication scientifique,ou même sur la question de savoir si lascience explique quoi que ce soit, paropposition à une simple description.Prenez la fameuse formule e = mc 2.C'est une façon abrégée de dire quel'énergie a une masse et que cettemasse représente l'énergie. Merveilleux

et fructueux à coup sûr, mais la formulene décrit que la relation entre la masseet l'énergie. Elle n'explique pas pourquoicette relation existe.

Et, aussi, pourquoi tant de théoriesscientifiques, une fois jugées vraies,voire irrévocablement vraies, sont-ellesdétruites par la suite? «Une réalité, écritDaniel Robinson, qui semblait autrefoiss'exprimer facilement dans le langagede la science de Newton et Galiléeserait maintenant plus proche de lamythologie que de la réalité. Mon proprepère était vivant et en bonne santélorsque les plus grands esprits de laphysique ne considéraient rien de plussûr que l'éther. Le même terme sembleaujourd'hui comme tiré de l'astrologie».8

La chasse aux mythesAvec Baptizing the Devil, mon intention

n'était pas de rejeter les avantagestechnologiques de la science ou lesaperçus étonnants (aussi spécialisés,étroits et provisoires qu'ils soient) quela science nous a apportés sur le mondenaturel. Je voulais simplement aiderles chrétiens à se libérer du mytheselon lequel la science est cette méta-vue presque transcendante de la réalitéobjective, une recherche de la vériténon encombrée par les contingences,

les faiblesses et la subjectivité qui dé-florent les formes "moindres" de laconnaissance. Ce mythe est si puissantqu'une doctrine aussi cruciale que laCréation, une doctrine sur laquellerepose toutes les autres doctrines chré-tiennes, a été usurpée par une contre-façon qui contredit le récit biblique dela Création à chaque pas. Pire encore,cette contrefaçon ne peut être adaptéeà la Parole de Dieu autrement que parune exégèse tortueuse qui, franchement,rend les chrétiens ridicules.

La dernière section de Baptizing theDevil examine certaines de ces tentativesbien intentionnées pour introduire unparadigme évolutionniste dans la Ge-nèse, qui demande ensuite humblement :Ne sommes-nous pas meilleurs quecela ? Les chrétiens sont, ou devraientcertainement l'être, de toute façon. Pour-tant, il est difficile, même pour les chré-tiens, de sortir du Zeitgeist (l’esprit dusiècle), de transcender l’époque, le lieuet la culture dans lesquels ils sont im-mergés. Et notre temps, notre lieu etnotre culture ont été saturés par lemythe de l'évolution. Ce n'est pas unmythe, nous dit-on, c'est de la science !Mais c'est là le méta-mythe : parce quec'est de la science, ce doit être vrai.

Extrait : les influences sociales sur les théories scientifiques

«Chaque époque, écrit James Moore,façonne la nature à son image. Au XIX e

siècle, le naturaliste anglais Charles Dar-win (1809-1882) a refondu le mondevivant à l'image de la Grande-Bretagne,compétitive et industrielle ».

Même Karl Marx l'a noté : «C'est re-marquable, écrit-il, comment Darwin re-connaît parmi les bêtes et les plantessa société anglaise avec sa division du

travail, la concurrence, l'ouverture denouveaux marchés, l'invention et la luttepour l'existence malthusienne».

« C'est un fait curieux, écrit John C.Greene, que tous ou presque tous leshommes qui ont proposé une idée desélection naturelle dans la premièremoitié du XIX e siècle étaient des Britan-niques. Étant donné le caractère inter-national de la science, il semble étrange

que la nature ne divulgue l'un de sessecrets les plus profonds qu'aux habitantsde la Grande-Bretagne. Pourtant, elle l'afait. Le fait semble explicable seulementen supposant que l'économie politiquebritannique, basée sur l'idée de la surviedu plus apte sur le marché, et l'éthiqueconcurrentielle britannique prédisposaitgénéralement les Britanniques à penseren termes de lutte concurrentielle en

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théorisant sur les plantes et les animauxaussi bien que sur l'homme.»

« Comme il est étrange que la naturene divulgue l'un de ses secrets les plusprofonds qu'à un Anglais du XIX e siècle.Ou, au lieu de cela, peut-être que l'éthiquecompétitive de la société britannique apoussé ces Anglais à lire la sélectionnaturelle dans la nature alors qu'ellen'était jamais là au départ, ou du moinsdans la mesure où elle pourrait, commele prétend la théorie de Darwin, amenerune forme pro-vie à se transformer éven-tuellement en Homo sapiens? En d'autrestermes, l'environnement social et politiquedans lequel il vivait aurait pu amener

Darwin à soutenir des hypothèses qu'iln'aurait pas pu tenir s'il avait vécu enRussie tsariste, et par conséquent, il neserait jamais arrivé à sa théorie de l'évo-lution par sélection naturelle. Toute théoriedérivée d'hypothèses subjectives (commeelles le sont inévitablement) n'a pas au-tomatiquement besoin d'être fausse ;cela signifie seulement que la théorie aété dérivée d'hypothèses subjectives, cequi ne garantit guère la véracité de lathéorie» (Baptizing the Devil, p.128, 129).

1. Cet article se « fonde » sur le livre de Clifford Goldstein :Baptizing the Devil : Evolution and the Seduction of Christianity,

Nampa, ID : Pacific Press Pub. Assn., 2017. On dirait enfrançais : Faire chanter la grand-messe au diable. Se ditd’un hypocrite qui prend le masque de la vertu (Dic. Larousse)(NDT).2. Le plus ancien vertébré supposé (Alain Blieck, EncyclopaediaUniversalis) (NDT).3. Karl Popper, Logic of Scientific Discovery, London, RoutledgeClassics, 2002, p. 278 ; en italiques dans l’original.4. Richard Dawkins, The Greatest Show on Earth: The Evidencefor Evolution, New York, Free Press, 2009, p.8.5. Max Planck, cité dans Thomas Kuhn, The Structure ofScientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press,1970, p.151.6. Larry Laudan, « How About Bust? Factoring ExplanatoryPower Back Into Theory Evaluation,» Philosophy of Science64 (June 1997), p. 306–316.7. Freeman Dyson, The Scientist as Rebel, New York, NewYork Review Books, 2008, p. 215.8. Richard N. Williams and Daniel N. Robinson, eds., Scientism:The New Orthodoxy, London, Bloomsbury Academic, 2015,p. 30.

Clifford GOLDSTEIN FAIRE CHANTER LA GRAND-MESSE AU DIABLE ...

UNE NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE POUR LA FAT

L a Faculté adventiste de théologie de Collongesvient d’éditer le premier numéro d’une nouvellerevue théologique intitulée Servir, Revue adventiste

de théologie. Ouverte à tous les domaines de la théologie,elle a pour ambition de mettre en valeur la recherche et lathéologie adventistes, notamment au travers du réseau fran­cophone des facultés et des théologiens adventistes. SelonGabriel Monet, doyen de la Faculté et initiateur du projet,cette nouvelle revue théologique vient combler un manquedans l’espace francophone adventiste depuis l’arrêt en 1999de la revue Servir, qui était éditée par le département de l’As­sociation pastorale de la Division intereuropéenne. Certes, ilexiste aujourd’hui diverses revues publiées ou traduites enfrançais qui contiennent des articles liés aux différents do­maines de la théologie, mais sans pour autant viser à êtreune revue scientifique encourageant des réflexions plus ap­profondies. Alors que l’adventisme francophone, réparti surtoute la planète, est significatif, il semble légitime d’y déve­lopper un outil qui favorise la recherche et permet à ceux quis’intéressent aux questions théologiques d’y découvrir de quoiêtre nourris, encouragés, stimulés. Cette nouvelle revuepourra contribuer à la synergie entre les diverses facultés ad­ventistes francophones (Cameroun, Haïti, Madagascar,France) et les théologiens qui dépendent de ces universitésmais aussi de ceux qui exercent dans d’autres contextes. Lafaculté de Collonges se réjouit d’être un moteur dans ce senset espère ainsi offrir à tous les historiens, les théologiens pra­tiques, les systématiciens et les biblistes de belles opportuni­tés d’écriture en partageant leurs explorations et réflexions.Ce sera bien entendu de riches occasions de lecture pour tous,théologiens, étudiants, pasteurs et leaders, mais aussi pourtous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la théologie.

Cette revue se veut sérieuse et scientifiquemais non élitiste ni trop technique pour res­ter accessible au plus grand nombre, et ainsicontribuer à apporter un regard constructifsur l’adventisme, de même qu’un regardadventiste pertinent sur la Bible, l’histoire,l’ecclésiologie…

Pourquoi avoir repris le titre Servir ? Tout d’abord pour an­crer notre démarche dans une histoire. Il est vrai que la revuequi portait ce titre visait principalement les pasteurs alors quenous cherchons à viser un lectorat plus large. Elle était ap­préciée et utile ; elle a pu nourrir toute une génération de per­sonnes désireuses de réfléchir et d’agir, de faire valoir un an­crage biblique cohérent, en s’appuyant sur une identitéadventiste heureuse, tout en cherchant à être culturellementpertinente. Cette vision mérite d’être prolongée. Servir estaussi un titre porteur d’une vision qui engage. Créer une revuethéologique juste pour le plaisir de la réflexion intellectuelleest limitatif, alors que toute recherche théologique peut avoircomme vocation d’être une contribution au ministère del’Église en général et de chacun en particulier. Servir est unengagement profondément théologique, c’est­à­dire que celas’inscrit non dans une démarche uniquement actionnelle,mais dans une dynamique qui combine d’une part la réflexionet l’action, et d’autre part l’action humaine à l’action divine.Le dessin qui illustre la couverture de cette revue se veut por­teur de cette idée que toute action (symbolisée par la main)a vocation à être soutenue et inspirée par Dieu au travers deson Saint­Esprit (symbolisé par la colombe).

Il est possible de s’abonner à cette revue biannuelle sur lesite du Campus adventiste du Salève.

Gabriel Monet

Livre

M

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Être pasteur c’est aimer les autresplus que soi-même. Et c’était làmon problème. Je n’aimais pas

les autres plus que moi-même. Deuxde mes oncles ont été pasteurs. Un desdeux était un érudit qui se sacrifiait ;l’autre, une figure de proue comme di-rigeant, aimé de beaucoup pour sonesprit chrétien. Je ne ressemblais à au-cun des deux. De préférence, j’aimaismes opinions et mes manières égo-centriques. L’idée d’accepter les gensjuste par politesse me répugnait. Jevoulais servir – un concept béni quemes parents m’ont inculqué par l’exem-ple de leur vie – pourtant, je préféraisservir comme je l’entendais.

Je ne pouvais me défaire de l’idéeque je devais envisager de devenir pas-teur. Pourtant ça me paraissait déplacé.La plupart de mes amis sont entrésdans le ministère ; ils étaient gracieux,patients et voulaient sourire même s’ilsn’étaient pas d’humeur. J’étais un franctireur. Je donnais à l’efficience et l’équitéle pas sur la rectitude politique. Et jusque-là, je pouvais voir Dieu à l’œuvre lorsqueje visitais les gens, répondais aux ques-tions bibliques ou prêchais un sermon.

Que doit faire un pécheur ? J’ai étudié la musique et un peu de

théologie dans une université adventistede Californie. Après y avoir passé deux

années puis une troisième en France,j’ai opté pour la théologie. Mais jusquelà, je n’étais pas sûr d’être qualifiécomme pasteur. J’ai passé un étécomme pasteur stagiaire dans uneÉglise locale. Je ne pouvais vraimentpas comprendre pourquoi mon minis-tère était en bénédiction aux gens ; maisje dois admettre que j’étais béni dansl’exercice du ministère.

C’était peut-être ça. Peut-être qu’ils’agissait d’être béni en embrassant leministère plutôt que d’être un bon pas-teur. Quelques semaines avant de re-cevoir mon diplôme de Licence en pas-torale, un président de Fédération m’aadressé un appel ; en réalité, deux pré-sidents l’ont fait.

Après deux ans de ministère, la plu-part de mes doutes persistaient. J’évo-luais dans mon rôle de pasteur, mais jeme sentais loin de là où je me trouvais.Après le Séminaire, j’ai passé quatremois à Chicago en formation à l’évan-gélisation. C’est alors que mon horizonspirituel s’est largement ouvert et quela lumière de la sagesse divine m’ainondé.

La vraie finalitédu ministèreJ’ai réalisé que le ministère pastoral

consiste d’abord à chercher les perduset non à s’occuper des saints. Le devoir

principal du ministère est l’enseigne-ment et non la performance publiqueou religieuse. Enseigner aux membresà voir le monde perdu dans le péchécomme Dieu le voit ne fut pas une tâchefacile. Mais avec cette certitude, le jeuen valait la chandelle. Mon ministèreest passé du soin des membres au salutdes âmes. Les membres eux-mêmes ontbesoin du salut des âmes. La religionn’est pas seulement insuffisante ; ellepeut détourner de l’essentiel : une rela-tion vibrante, grandissante avec Jésus-Christ.

Quelle différencea fait cette nouvelleperspective? C’est certain, je n’étais plus hautain

comme je l’ai été auparavant. J’ai net-toyé mes lunettes et dès lors, je pouvaisvoir de quoi il était question dans le mi-nistère pastoral. Ma vie spirituelle estdevenue une soif inextinguible de Jésus,parce que je l’ai vu plus clairement àl’œuvre. Mes Églises se sont mises àcroitre. J’ai commencé à comprendrepourquoi, aussi étrange que cela puisseparaitre, vers la fin du ministère de Jé-sus, les Évangiles insistent sur le grandmandat plutôt que sur sa présence vi-sible (Mt 28.18-20 ; Mc 16.15, 16 ; Lc24.46-49 ; Ac 1.1-8). Il voulait que sesdisciples voient combien le monde a

Finalité et puissancedu ministère :le cheminement d’un pasteur

Ron E. M. CLOUZET, DMin, directeur de l’Association Pastorale àla Division Asie Pacifique Nord des Adventistes du septième jour

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Ron E. M. CLOUZET

besoin d’un Sauveur qui les pousseraità en désirer toujours davantage pouren donner au monde.

La puissance de la prièreJe passais mes journées à rencontrer

des gens pour étudier la Parole de Dieu.Parfois, j’oubliais de manger, tellementj’étais rempli de la joie du Seigneur envoyant les gens faire acte de foi. Je meréjouissais chaque fois que je voyaisdans leurs yeux une étincelle alors qu’ilsprenaient conscience que certaines vé-rités d’origine divine s’appliquaient àleur vie. À l’Église, nous nous organisionsen équipes pour atteindre les gens avecplus d’efficience. Nous faisions mêmedu porte à porte dans notre voisinagepour prier avec les gens, simplementpar ce que nous les aimions. Les jeunesadultes ont commencé à s’émerveillerd’un Dieu qui leur devenait réel.

Ma vie de prière a aussi changé,comme ce fut le cas pour nos membres.

Quand la prière vise les besoins desgens plus que les miens, il en résulteune nouvelle perspective. Un matin, j’aipris conscience que je ne savais pasprier. Mes prières étaient immatures etmême égocentriques, très superficielleset sans conversation avec le Tout-Puis-sant. J’ai alors annoncé que je présen-terais une série de sermons sur la prière.

Dans mon étude, j’ai appris nos –mes – deux grandes lacunes : une ab-sence de prière (aussi simple que ça)et des prières dépourvues de foi. À lafin de la série de 7 semaines, l’Églises’est réveillée, moi aussi. Nous avonspris au sérieux la prière en groupe. J’aiinvité les anciens à se joindre à moipour prier au temple, quand ils le pou-vaient le lundi, entre 5 et 7 heures dumatin. Et sept sur dix sont venus. Desdiacres ont demandé à faire partie dugroupe. Des diaconesses aussi. Nousavons ajouté les vendredis, samedis etdimanches matin à cette aventure de

prière. Tout membre était bienvenu lestrois jours restant. Et oui ! Cette Égliseautrefois laodicéenne, est devenue uneÉglise qui prie. Elle ne l’a pas fait dansson intérêt propre, mais dans celui desperdus, des attristés, des déchus. Etc’était là la clé de ce sacrifice qu’a né-cessité cette folie de 5 heures du matin.Des vies sont en jeu et nous sommesinvités à assiéger le trône de la grâcepour intercéder en leur faveur (He 4.16).Par la grâce de Dieu, nous l’avons fait.

L’Église a grandi de la manière dontPaul en a parlé aux Éphésiens : spiri-tuellement et numériquement (Ep 1.11-16). Des moments de jeûne et prièreétaient organisés en fin de semainedeux fois par an. Y venaient jusqu’à 800participants alors que l’Église comptait400 membres seulement. Transformerdes vies était l’attente de l’Église. Plu-sieurs ministères se sont mis en placedans l’intérêt de la population. La plu-part des membres prenait part à un ouplus de ces ministères. Sans une écoled’église où trouver des jeunes à bapti-ser, le Seigneur a conduit 194 nouveauxcroyants au baptème.

La vraie puissancepour le ministèreQu’est-il advenu du jeune pasteur in-

festé de doutes sur le ministère ? Il adisparu. Après plusieurs années dansle champ, il a été appelé à enseigneraux pasteurs. Il l’a fait durant 23 mer-veilleuses années. Celui que Dieu peututiliser n’est pas le pasteur qui cumuletous les atouts ni celui qui, politique-ment, cumule les admirateurs (nimême celui qui ne commet pas d’er-reur visible). Le pasteur qui continue àcroitre est celui que Dieu peut utiliser.David a commis des erreurs graves.Mais Dieu ne cesse de vanter son ser-viteur David dont le cœur était commele sien (Ac 13.22).

Dieu n’a cessé d’insister sur lemagnifique ciel bleu qu’il y a

au­dessus des nuages noirs, avecle soleil qui l’éclaire. Ce qui

compte ce n’est pas de regarderles nuages mais de croire que leciel et le soleil sont au­dessus.

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253e trimestre 2018 Ministry®

J’ai découvert, comme George Mülleril y a un siècle, que le secret de la prièrec’est une communion efficace avec laParole de Dieu. Il a écrit : « L’entrepriseprimordiale à laquelle je dois participerchaque jour, c’est la rencontre avecDieu. Le premier souci n’est pas à quelpoint je sers le Seigneur mais à quelpoint mon être intérieur peut être nourri.

La chose la plus importante quej’avais à faire, c’était lire la Parole et laméditer. Ainsi mon cœur peut être ré-

conforté, encouragé, averti, éprouvé etinstruit.

Auparavant, à mon réveil, je commen-çais à prier dès que possible. Mais sou-vent, je passais entre un quart d’heureet une heure sur mes genoux essayantde prier alors que mon esprit vagabon-dait. Mais maintenant, j’ai rarement ceproblème. Mon cœur nourri par la Parole

FINALITE ET PUISSANCE DU MINISTÈRE ...

de Dieu, je connais la vraie communionavec Dieu.

Et, comme l’homme extérieur ne peuttravailler pour longtemps sans manger,ainsi en est-il de l’homme intérieur.Qu’est-ce qui constitue la nourriture del’homme intérieur ? Pas la prière, maisla Parole de Dieu – pas la lecture su-perficielle de la Parole de Dieu. Non,nous devons considérer ce que nous li-sons, réfléchir là-dessus

Transformerdes vies était

l’attentede l’Église.Plusieurs

ministères se sontmis en place dans

l’intérêt de lapopulation.

Notre Père nous parle à travers sa Pa-role. Plus nous sommes faibles, plusnous avons besoin de méditer ».1

Me réclamant d’Esaïe 50.4, 5, j’ai prisl’habitude de me réveiller chaque matinlorsque Dieu me somme de le rencon-trer. Cela s’est produit nombre de foisau cours des trente dernières années.Je me rappelle un matin, assis au bord

d’un lac dans le Nevada, je pouvais lirela Parole à trois heures du matin à lalumière de la pleine lune qui était siclaire. Je me rappelle la joie d’être aveclui, l’émotion du Créateur et de la créa-ture marchant ensemble comme si riend’autre dans l’univers ne comptait.

Je me rappelle aussi un jour au Ten-nessee, lisant le plus grand livre jamaisécrit sur la vie de Jésus en dehors desévangiles, Jésus-Christ, j’étais frappépar la force de l’immense amour im-

mérité de Dieu qui est allé jusqu’à lacroix pour moi.2 Des années plus tard,j’ai fait le rapprochement avec l’expé-rience de la conversion de Charles Fin-ney lors d’une lecture sur les « vagueset les vagues d’amour liquide » versésur son âme par un Dieu qui ne le lais-serait pas partir.3

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Je me rappelle, marchant récemmentà travers les rues étroites de Tokyo, jedemandais à mon généreux Père ai-mant de répondre à ma requête en fa-veur des gens avec qui je partageais laBonne Nouvelle. La réponse vint le joursuivant, à la grande gloire de Dieu ; etils étaient sauvés.

Dieu est bon. Dieu est réel. Il est plusque réel. Devant un aperçu de sa gran-deur et de son superbe amour adaptéà chacun de nous, nous nous tenonsdans la crainte, pleurant tranquillement,nos cœurs remplis d’une profonde gra-titude pour un Dieu qui prodigue tantde soins à chacun de ses enfants. Nousnous demandons quelle richesse setrouve encore en lui au-delà de ce quenous avions pu percevoir. Paraphrasantle psalmiste : « Quand je considère toncaractère et ta généreuse nature, lesmerveilles que tu as mises à notre dis-position, qu'est-ce que l'homme, pourque tu te souviennes de lui ? Et le filsde l'homme, pour que tu prennes gardeà lui ? » (Ps 8.4).

Dieu est tout ce qu’il nous faut etsans lui, nous ne pouvons tout simple-ment rien faire (Jn 5.15). Récemment,j’ai visité une dame en proie à unegrande douleur. Avec les services d’untraducteur, nous avons exploré sa situa-tion durant plus de deux heures. Lespectre était grimaçant, les nuagesnoirs, jusqu’à ce que nous regardionsla Parole de Dieu. Et nous avons vu uneimage différente. Dieu n’a cessé d’in-sister sur le magnifique ciel bleu qu’il ya au-dessus des nuages noirs, avec lesoleil qui éclaire. Ce qui compte ce n’estpas de regarder les nuages mais decroire que le ciel et le soleil sont au-dessus. « Parlez de foi et vous aurez lafoi.» 4 Quinze minutes de sa Parole ontchangé deux heures de mélancolie. Le

L’épitre aux Hébreux a été rédigée parun pasteur, théologien et missionnairebien éduqué. Au chapitre 11, nous trou-vons ce que couramment nous appe-lons la galerie des héros de la Foi. Parla foi, nous savons que le monde a étécréé par Dieu, par la foi, Abel obéit àDieu, par la foi, Enoch marcha avecDieu, par la foi Noé construisit unearche, et ainsi de suite. Il dit alors : parla foi, les murailles de Jéricho tombè-rent, après qu'on en eut fait le tour pen-dant sept jours, par la foi Rahab la pros-tituée ne périt pas avec les rebelles,parce qu'elle avait reçu les espions avecbienveillance (11.30, 31). L’auteur ter-mine sa galerie des héros de la foi avecces mots glorieux : « Nous donc aussi,puisque nous sommes environnésd'une si grande nuée de témoins, reje-tons tout fardeau, et le péché qui nousenveloppe si facilement, et couronsavec persévérance dans la carrière quinous est ouverte, ayant les regards surJésus, le chef et le consommateur dela foi, qui, en vue de la joie qui lui étaitréservée, a souffert la croix, méprisél'ignominie, et s'est assis à la droite dutrône de Dieu » (He 12.1, 2). Ces aven-turiers de la foi doutèrent constamment,et Rahab était une prostituée. Mais ilsont tous choisi de regarder en haut. Ilsont choisi de focaliser leur attention nonsur leurs péchés, leurs inquiétudes ouchutes, mais sur ce que Dieu maintientqu’il pourrait faire. J’ai fait le mêmechoix. Et Dieu aidant, j’ai été béni d’ex-périmenter la finalité et la puissance duministère.

1. George Müller, The Autobiography of George Müller. NewKensington, PA, Whitaker House, 1984), p.139, 140. 2. Ellen G. White, Jésus-Christ. Dammarie-les-Lys, Vie et Santé,1986, p. 760. 3. Charles G. Finney, The Autobiography of Charles G. Finney, ed.Helen Wessel. Minneapolis, MN, Bethany House, 1977, p.10. 4. Ellen G. White, «The Light of the World», in The Signs of theTimes, October 20, 1887.

jour suivant, le traducteur pouvaitconstater la transformation.

Ma plus grande faiblesse ce n’est pasmon égoïsme inhérent ou mes péchésmignons répétitifs. Ce sont vraiment degrandes faiblesses. Mais ma plusgrande faiblesse, c’est mon manque defoi. Et si nous prêtions un petit peu d’at-tention aux récits des évangiles, nousdécouvririons que c’est aussi pour nous.Tout ce que Jésus veut de moi, c’estmoi. Tout ce qu’il veut de moi, c’est moi,corps et âme. Tout ce dont il se soucievraiment, c’est moi. Quand je suis à lui,je suis un pêcheur d’âmes. Quand jesuis à moi, mon filet et mon bateau sontremplis de trous.

Continuer à regarderen hautCela fait maintenant plus de trente-

sept ans que j’ai commencé mon mi-nistère professionnel. J’ai été un pasteurde terrain, un professeur de séminaireet d’université, un administrateur aca-démique, un missionnaire et pasteurdes pasteurs de notre dénominationdans la zone la plus peuplée et la plussécularisée dans le monde. J’ai encoredes doutes ; mais ils sont seulement àmon sujet. Je n’entretiens plus de douteau sujet de Dieu et de ce qu’il est ca-pable de faire. Mais, certains jours, étran-gement, je lui dérobe ma face, lui cau-sant sans doute peine et déception nonexprimés. Mais je sais aussi qu’ilm’aime, non pas parce que je suis ai-mable, mais parce qu’il est amour (1Jn 4.8). Et comme dit Paul, ‘l’amour nepérit jamais’ (1 Co 13.8). Dieu achèverace qu’il a commencé en moi (Ph 1.6),pas parce que je le sens, mais parcequ’il a dit qu’il le ferait. Et mon Sauveurdoit encore faire une promesse.

Ron E. M. CLOUZET FINALITE ET PUISSANCE DU MINISTÈRE ...

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ment, la première moitié du verset, jel’avais retenue. Je me souvenais queMoïse parlait face à face avec Dieu.Mais qu’est-il dit à propos de Josué ?Pourquoi cela était-il intégré au texte ?

Moïse venait d'installer ce tabernacletemporaire « hors du camp » pour qui-conque voulait consulter le Seigneur(v.7). En premier lieu, l'attention detous était tournée vers cet espace sacréalors que Moïse était en communionavec Dieu. Puis, tout le monde, y comprisMoïse, retournait vaquer à ses occupa-tions. Tout le monde, sauf Josué. Josué,dit la Parole de Dieu, ne s’est paséloigné du tabernacle.

Bien sûr, ce même Josué allait, unjour, conduire Israël vers la terre promiseet être témoin de tout ce qui allait seproduire, depuis le passage du Jourdainà pied sec jusqu'à l’écroulement despremières murailles de Jéricho et l’im-mobilisation du soleil pendant touteune journée, en réponse à sa prière.Cependant, dans Exode 33, il n’étaitqu’un jeune homme et un serviteur. Ilavait vu quelques victoires dans la ba-taille, mais maintenant, Israël avaitchoisi un veau d’or au lieu de Dieu, etl’avenir se présentait plutôt mal. Or,Josué était concentré sur une seulechose : la présence de Dieu. Il ne voulaitpas partir. Il refusait de quitter la tente,bien qu’elle soit loin du camp et detoutes ses responsabilités, parce quec'était le lieu où les gens allaient pourrencontrer Dieu. Et Josué était passionnépar la recherche de Dieu.

Une nouvelle révélationTandis que j'étais assis, là, j'ai sou-

dainement senti que Dieu allait mettrede l’ordre dans mes priorités. CommeJosué, je me suis rendu compte que latransformation et les outils dont j'avaisle plus besoin pour le ministère vien-draient en passant du temps avec lui.C'était incroyablement rassurant de sa-voir qu’il ne s’agissait pas de savoirqui j’étais, mais plutôt de passer dutemps en présence de celui qui pouvaitme transformer en l’homme qu’il avaitbesoin que je sois. Ce n'était pascomme si tout changeait d’un coup.Les six mois suivants ont quand mêmeété stressants et les réussites m’ontsemblé encore rares. Mais j'avais dés-ormais un nouveau sentiment de paix.Maintenant, je savais que mes insuffi-sances n’étaient pas graves. En fait,elles allaient même pouvoir être unavantage, aussi longtemps que je leurpermettais de me pousser à recherchercelui qui pouvait subvenir à tous mesbesoins.

Un an et demi plus tard, ma femmeet moi avons déménagé à l’autre boutdu pays pour que je puisse suivre leprogramme de maîtrise en Théologieau séminaire théologique adventistede l'Université Andrews. Je rêvais d’êtretransformé de façon radicale pendantnotre séjour là-bas alors que je conti-nuais à passer du temps en présencede Dieu. Mais, honnêtement, je ne m'at-tendais pas à ce que cela surviennepar mes cours. Pourtant, lors de monpremier cours, quand le D r Allan Walshe

L es sentiments d’insuffisance, desolitude et même de jalousieme submergeaient quand je re-

gardais autour de moi. Le brouhahades pasteurs qui plaisantaient amica-lement, partageaient des réflexionsthéologiques ou sur la gestion d’un ré-seau Internet international, n'était riend'inhabituel pour une fin de soirée lorsde notre retraite annuelle des pasteurs.Ce n’est pas que l’un ou l’autre despasteurs m’ait mal accueilli. C’est que,en tant que jeune pasteur ayant exercésix mois seulement dans mon premiermandat, je sentais qu’il me manquaittous ces dons et ces talents nécessairespour réussir. Au cours de ces six premiersmois, je me suis retrouvé face à faceavec la réalité : tous mes rêves et toutesmes visions pour changer le monde setransformaient en un sentiment écrasantd’anxiété et d'échec.

Je me suis assis avec l’impressionque ce dont j’avais besoin c’était sim-plement de prendre ma Bible et decommencer à lire là où je m'étais arrêtéce matin-là. Quand j'ai commencé àlire Exode 33, je ne m’attendais hon-nêtement à rien de spectaculaire oude bouleversant pour ma vie. Cependant,lorsque je suis arrivé au verset 11, mavie tout entière a commencé à changer.« Le Seigneur parlait à Moïse face àface, comme un homme parle à sonami. Puis il revenait au camp ; maisson auxiliaire, le jeune Josué, fils deNoun, ne bougeait pas de l'intérieurde la tente.» (Exode 33.11).1

Ce n'était pas comme si je n'avaisjamais lu ce verset auparavant. Seule-

Une puissance inattendue

Zac PAGE, MDiv, est pasteur de l’Église adventiste du septième jour deTempleton Hills à Templeton, Californie, États­Unis.

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a commencé à présenter le sujet de laspiritualité biblique, j'ai réalisé que celaallait être différent de ce à quoi jem'attendais et exactement ce dontj'avais besoin. Enfin, je recevais desoutils pratiques pour accomplir l’objectifque Dieu m'avait assigné : celui de re-chercher sa présence.

Le cours portait essentiellement surl’expérience de la transformation spiri-tuelle par la lecture quotidienne de laBible, la prière et la tenue d’un journal.Chaque jour, nos devoirs exigeaientque nous nous concentrions volontai-rement sur le fait de nous rapprocher

de Dieu par l'étude de la Bible et laprière, et de méditer à l’aide de latenue d’un journal personnel. Nous de-vions également choisir un camaradede classe avec qui nous retrouverchaque semaine afin de nous poserdes questions spécifiques au sujet denotre croissance spirituelle personnelleau cours de la semaine écoulée. Celaa été une expérience incroyablementtransformatrice pour moi lorsque j’aicommencé à me retrouver avec monbon ami, Godfrey Miranda.2

Un jour, durant mon premier semestreau séminaire, j’ai été profondément in-

terpelé en lisant comment Martin Luther,« en plus de sa lecture constante de laParole de Dieu, ne laissait pas passerune journée sans consacrer au moinstrois heures à la prière, et ces heuresétaient choisies parmi les plus propicesà l’étude ».3 Trois heures de prière ? Etcela avait lieu pendant que ses écritsétaient sous l’examen minutieux le plusintense et alors qu’il avait le plus besoinde défendre son travail avec compé-tence. Je poursuivis ma lecture : « Dulieu secret de la prière est venue lapuissance qui a secoué le monde dansla grande Réforme».4 C'était exactementl’élément manquant que je ressentaisdans mon ministère : la puissance !

Leçons pratiquesJe ne voulais pas simplement conti-

nuer mon pastorat pendant les 30 à40 prochaines années, en me limitantà des résultats banals, pour finalementarriver à la retraite sans jamais avoirvu la puissance de Dieu se déchaînerpour le puissant réveil et la réformequ'il a promis. J’ai donc décidé quemoi aussi, j'avais besoin de passer aumoins trois heures chaque jour, seulavec Dieu.

Cela paraissait plutôt pas mal, maisil y avait un énorme problème pratique.Où allais-je pouvoir trouver trois heuresde plus au beau milieu d’un programmede maîtrise à plein temps ? Je n’avaispas l’habitude de me lever assez tôtpour cela chaque matin. J’ai réaliséque je n’avais pas la force pour cela,et j’ai donc demandé à Dieu d’ac-complir ce qu’il avait promis de fairedans Ésaïe 50.4 : me réveiller tous lesmatins. Ne faites pas cette prière àmoins que vous ne vouliez sérieusementque Dieu y réponde !

Alors que Dieu commençait à meréveiller de plus en plus tôt, j'avaistoujours un problème. Je ne pouvaispas rester éveillé. Un jour, j'en ai parléà Godfrey alors que nous discutionsde notre croissance spirituelle. Il m'a

Zac PAGE

Conseils pratiques pour se réjouir dans le Seigneur1. Demandez à Dieu de vous réveiller aussi tôt qu’il le désire, pour passer du temps

avec lui (És 50.4). 2. Demandez à Dieu de vous faire entendre sa bonté et voir sa beauté (Ps 27.4).3. Demandez à Dieu de sonder votre cœur et de vous convaincre de vos péchés

(Ps 139.23, 24).4. Demandez à Dieu de créer en vous un cœur pur et de renouveler en vous un esprit

bien disposé (Ps 51.10).5. Demandez à Dieu d’ouvrir vos yeux afin que vous puissiez contempler les merveilles

de sa loi (Ps 119.18).6. Demandez à Dieu quelle est sa volonté pour vous aujourd’hui (Ps 143.10)7. Prenez le temps de lui permettre de vous répondre (Ps 46.10).

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suggéré d'essayer de boire plusieursverres d'eau à mon réveil. Cela a aidé,incontestablement.

Bientôt, j’ai commencé à apprendred’autres choses simples qui m’ontaussi aidé à rester alerte, comme lefait de sauter hors du lit immédiatementdès que Dieu m’avait complètementréveillé. Si j'hésitais, je me suis renducompte que j’étais enclin à me ren-dormir, et lorsque je me réveillais ànouveau, j'étais généralement beau-coup plus fatigué que je ne l’étaisplus tôt. J'ai aussi découvert queprendre une douche m’aidait à mesentir bien plus réveillé. Finalement,j'ai commencé à lire en me levant et àalterner avec de courtes périodes degymnastique pour rester éveillé. Ce quim’a le plus aidé, c’est l’habitude quej’ai prise de me coucher à neuf heuresdu soir. J’ai pu réaliser que les heuresmatinales sont beaucoup plus agréableslorsque j'ai dormi environ trois heuresavant minuit.

J’avoue que tout cela peut semblerinsensé, pénible, et peut-être mêmelégaliste. Mais pensons-y en termesde mariage. Si je décide de faire degrands efforts afin de passer du tempsavec ma femme, ma motivation est cequi détermine vraiment si de tels effortsen valent la peine. Si mon but est unesorte de récompense, comme gagnerson amour, alors les choses risquentde ne pas bien tourner. Cependant, sije suis poussé à le faire par amour etque je me réjouis simplement de cetamour que nous partageons, alors c'estmerveilleusement enrichissant pournotre couple !

Comprenez-moi bien. Bien quel’amour pur soit la seule motivationsaine, bien des fois, je l’ai perdu devue. Pourtant, ce temps-là continued’être l’expérience la plus joyeuse, laplus paisible et la plus transformatricede toute ma vie ! En vérité, il y a « abon-dance de joies devant lui » (Ps 16.11).Plus j'ai reconnu cela, plus chaquesacrifice est devenu agréable, favorisant

UNE PUISSANCE INATTENDUE

La source de toute puissance est illimitée; etsi dans votre grand besoin, vous recherchez leSaint­Esprit afin qu’il travaille dans votreâme, si vous vous enfermez seul avec Dieu,soyez assuré que vous ne vous tiendrez pasdevant le peuple, desséché et sans âme. Parla prière persévérante et la contemplation deJésus, vous cesserez de vous exalter vous­même. Si vous exercez votre foi avecpatience, en faisant implicitement confianceà Dieu, vous reconnaîtrez la voix de Jésusdisant : «Monte encore plus haut».

mon objectif : un rapprochement avecson cœur rempli d’un amour sans limites !

À un moment donné, j'ai commencéà penser à la façon dont j'avais étédésireux de changer mon régime ali-mentaire pour un régime strictementvégétal afin d'avoir plus d'énergie pourun sport particulier, comme le fait unadolescent. Pourquoi ne voulais-je pasfaire de même afin d’avoir la forced’aspirer à une relation plus profondeavec Jésus? Cela me dérangeait. Alors,j’ai remis cela à Dieu et lui ai demandé

de changer mon appétit alors que jele lui abandonnais. J’avais maintenantune nouvelle inspiration pour mangersainement. Il ne s’agissait plus de moi,qui voulais éviter le cancer ou demourir jeune, mais d’avoir de l'énergiepour savourer la présence de Dieu.J'ai constaté que cette motivation étaitde loin plus durable que celle centréesur moi-même pour les changementsde régime auxquels je m’étais soumisdans le passé.

J’étais attentif alors que le D r DwightNelson, pasteur de Pioneer Memorial

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Zac PAGE

Church, parlait de l'importance de pas-ser du temps avec Dieu. Je me sentaisassez content et confiant lorsqu'il arrivaau moment de l’appel. Je supposaisque je ne risquais rien. Il n’allait pasnous appeler à passer plus de troisheures seul à seul avec Dieu, n'est-cepas ? Dieu a une façon de nous rendrehumble et d’ouvrir nos yeux à sondésir de choses bien meilleures quenous ne pouvons l'imaginer. Le Dr. Nel-son a continué en faisant un appelpour que nous doublions notre tempsseul avec Dieu. Assurément c’était im-possible! Ce semestre-là, j’étais sur-chargé de crédits universitaires et jene pouvais tout simplement pas envi-sager que cela soit faisable. Mais jeme suis senti poussé à prendre cetengagement.

Pourquoi suis-je si enclin à mettredes limites à Dieu ? Josué a crié àDieu, et celui-ci a maintenu sur placele système solaire pendant 24 heures,afin que la bataille puisse s’achever.Dieu est capable de créer le tempsdont nous avons besoin quand nousle mettons à la première place. Le jourde la Pentecôte, Dieu a donné aux dis-ciples la capacité de parler tant delangues, qu'il leur aurait fallu touteune vie pour les apprendre par eux-mêmes. « Pourquoi le Seigneur peut-ilfaire plus en une heure que nous nepouvons en faire dans une vie en-tière ? » 5 Ce semestre-là, cela a étémerveilleux de voir comment Dieu apu gérer tous mes projets et mes tra-vaux. Et il l’a fait avec des résultatsbien meilleurs que ce que j’aurais pufaire seul, avec ces trois heures sup-plémentaires.

« La source de toute puissance estillimitée ; et si dans votre grand besoin,vous recherchez le Saint-Esprit afinqu’il travaille dans votre âme, si vousvous enfermez seul avec Dieu, soyezassuré que vous ne vous tiendrez pasdevant le peuple, desséché et sansâme. Par la prière persévérante et la

contemplation de Jésus, vous cesserezde vous exalter vous-même. Si vousexercez votre foi avec patience, en fai-sant implicitement confiance à Dieu,vous reconnaîtrez la voix de Jésusdisant : “ Monte encore plus haut ”.» 6

Un rappel à la réalitéAlors que je revenais au rythme nor-

mal du ministère pastoral après monexpérience au séminaire, je savais queje ne pouvais pas retourner en arrière.Cinq ans plus tard, je ne règle plusl’horloge pour passer six heures avecDieu. Mais j'ai constaté que, tout commeGeorge Müller, je ne peux sortir de saprésence jusqu’à ce que je sois vraiment« heureux en Dieu lui-même ».7 Pourmoi, cela prend généralement au moinstrois heures, parfois plus. Je pense quec'est probablement parce que moncœur est plus dur que la plupart descœurs. .

Voyez-vous, je m'attendais à ce quela puissance vienne d'une communionplus étroite avec Dieu. Mais je ne suispas sûr de ce à quoi ça pouvait res-sembler. Je pense que je m'attendaisà voir des résultats extraordinaires ausein du mon pastorat. J'espérais voirdes milliers de gens se ruer vers monéglise. Je voulais que les miracles quel’on retrouve dans le livre des Actes sereproduisent dans mon ministère. Et jecrois que Dieu désire ardemment réaliserces choses parmi nous. Cependant, cequi s'est passé a été plus précieux, etje crois en fait, plus puissant que n’im-porte laquelle de ces choses. Alors queje passais du temps en présence deDieu jour après jour, les yeux tournésvers sa beauté, j’en suis venu à recon-naître de plus en plus la laideur demon propre cœur.

Je me souviens des nombreuses foisoù j’ai été profondément convaincuque mes actions avaient blessé les au-tres. J'ai commencé à voir commentma colère et ma frustration enversautrui, même lorsqu'ils commettaient

des erreurs, étaient tellement à l’opposéde l’image d’un chrétien. Plutôt qued'apporter la guérison qui accompagnetoujours les actions du Christ, mon lea-dership au sein du ministère avait créédes blessures dans les cœurs.

J'ai commencé à constater commentmes attitudes envers ma femme avaientété égoïstes. J’ai commencé à avoir ledésir de devenir un meilleur mari. Parexemple, à cause de mon esprit extrê-mement compétitif, elle avait peur deme faire jouer à des jeux avec safamille. Elle devait faire attention, ouaider les autres à faire attention, à nepas dire des choses qui pouvaient meprovoquer à cause de mon orgueil vul-nérable.

Je me suis souvenu de la façon dontmes pitreries au lycée et à l’universitéavaient déformé Dieu de bien desfaçons. Mais tout cela, bien que celapuisse sembler douloureux, fut extra-ordinairement réparateur. Comme undocteur enlevant le gravier d'une bles-sure infectée, Dieu utilisait son scalpelpour mon cœur de manière à apporterune repentance plus profonde, l'humilitéet finalement, la joie. Les appels télé-phoniques et les messages à ceux quej'avais maltraités n’ont pas été faciles,mais la paix qui m’envahissait chaquefois, sachant que j'avais fait de monmieux pour réparer mes torts, était mer-veilleuse.

Jour après jour, alors que je continuede regarder à Jésus, il devient de plusen plus clair pour moi que ce qui rendDieu puissant, c'est qu'Il « est amour »(1 Jn 4.8). Et la plus grande puissancepossible dans mon ministère, viendraen lui permettant d'échanger mon cœurde pierre pour un cœur de chair. (Éz36.26), créant en moi un cœur pur quibat à l'unisson avec le Sien (Ps 51.10).Sans cela, ce que je prêche n’est qu’une« cymbale qui retentit » (1 Co 13.1), etmalgré toute ma connaissance, ma foi,mon travail phénoménal et mes dons,« je ne suis rien » (v.2). Je réalise que

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313e trimestre 2018 Ministry®

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revivalandreformation.org

L e mois dernier, je me suis rendudans une prison. En fait, j’y vaisassez régulièrement, en res-

pectant les règles, depuis que l’un desmembres de ma congrégation y dirigeun ministère en faveur des détenus del’établissement pénitentiaire de la ville.

Un jour, j’ai questionné les hommesqui participaient à la réunion de prièreau sujet de leur cheminement chrétien.Ils se sont mis à donner des réponsesthéologiques, mais rien de leur expé-rience personnelle avec le Christ. Ilsont partagé leurs désaccords avec d’au-tres groupes confessionnels et ont cher-ché à savoir comment ils pouvaient dé-fendre leurs croyances. La raison pourlaquelle ces hommes étaient en prisondevenait de plus en plus claire. Ilsavaient une certaine connaissance dela Bible mais n’avaient pas une expé-rience vivante et transformatrice avecJésus. Ces individus proclamaient lenom de Christ avant d’enfreindre la loiet d’être incarcérés. Un jeune hommedu groupe est décédé récemment d’uneoverdose de drogue qu’il s’était injecté.Il avait déclaré être chrétien mais restaitimpossible à contrôler.

Malheureusement, nous trouvonségalement ce genre de problème dans

les Églises. Les pasteurs rencontrentrégulièrement des personnes qui viventdes situations difficiles. Certains pro-clament croire en la Parole de Dieu,mais, une fois qu’ils ont accepté de sefaire baptiser, ils sont comme qui dirait« enterrés vivants ». Leur propre per-sonne n’est pas morte, à proprementparler, et ils ne sont pas encore nés denouveau (Jn 5.39, 40). Nous pouvonsêtre actif dans la lecture des Écritures,mais cependant, ne pas réussir à obtenirla vie éternelle parce que nous nesommes jamais réellement venus àChrist !

« Écoutez, ai-je dit au groupe, il n’estpas de votre devoir d’aller aux alentourset de dire aux autres qu’ils sont mauvais.Votre mission première est de passerdu temps avec Jésus-Christ ». Je les aivivement encouragés à passer au moinsune heure chaque jour pour se rappro-cher de Dieu au travers des Écritures etde la prière.

La fois suivante, lorsque j’ai vu ceshommes, c’était comme s’il s’agissaitde personnes différentes. Leurs visagesétaient illuminés par de larges sourireset rayonnaient de bonheur. Ils avaientsérieusement tenu compte du conseil

etRÉFORME

VOUS, VOTRE FAMILLE, VOTRE ÉGLISE, VOTRE COMMUNAUTÉ

que je leur avais donné et, passaientrégulièrement du temps avec Jésus !

En tant que pasteurs, nous sommesappelés, non seulement à partager lesenseignements fondamentaux des Écri-tures, mais également à enseigner auxautres comment marcher selon l’Esprit(Ga 5.16) et à montrer ce que signifieêtre un disciple du Christ. Faire toutson possible pour comprendre combienil est important de connaître le Christpersonnellement et d’expérimenter unevie chrétienne pratique. Dans chaquesermon, partager des témoignages surla façon dont Dieu vous a donné la vic-toire sur le péché dans votre vie. Fairela même prière que David : « Rends-moi la gaieté de ton salut, et qu'unsouffle généreux me soutienne ! J'ap-prendrai tes voies à ceux qui se révoltent,et les pécheurs reviendront à toi »(Ps. 51.14, 15, NBS)

- Jed Genson est pasteur des Églises de SaultSainte Marie, Manistique, et McMillan dansle nord de la péninsule du Michigan, auxÉtats-Unis.

Réunion de prière en prison

UNE PUISSANCE INATTENDUE

plus je demeure en présence de Dieu,en lui remettant tout et lui demandede changer des domaines spécifiquesde ma vie où Il m’a montré que je suisloin du Christ, plus il manifeste sa puis-sance en ciselant ces endroits mordantsde mon caractère.

Je lutte toujours avec des sentimentsd'insuffisance. Je me demande encoremaintenant pourquoi je ne vois pas demeilleurs résultats. Mais Dieu m’apprendà utiliser ces sentiments comme car-burant pour chercher à avoir une relationplus intime avec lui. De toute façon,c’est la seule chose qui nous comblevéritablement. Et après tout, c’est seu-

lement en demeurant en lui que jeporterai « beaucoup de fruits » (Jn15.5). Il y a ici une paix incroyable.«Abaissez-vous donc sous la main puis-sante de Dieu, pour qu'il vous élève entemps voulu. Déchargez-vous sur luide toutes vos inquiétudes, car il prendsoin de vous. » (1 P 5.6, 7).

1. Sauf indication contraire, toutes les références bibliquessont tirées de la Nouvelle Bible Segond.2. Notre partenariat de prière s’est rapidement transforméen petit groupe de collègues du séminaire, qui continued'être une source d'inspiration pour mon cheminementavec Dieu cinq ans plus tard. Nos zones géographiquesnous séparent maintenant, mais nous avons continué à

chercher sincèrement Dieu dans la prière, utilisant ensembledes conférences téléphoniques ou Google Hangouts.3. Jean Henri Merle d’Aubigné and Henry White, History ofthe Reformation in the Sixteenth Century. White sh, MT, Kes-singer, LLC, 2003, p. 286.4. Ellen G. White, La Tragédie des Siècles. Dammarie-les-Lys, France : Éditions Vie et Santé, 1992, p. 220.�5. Ellen G. White, Sermons and Talks, vol. 1. Silver Spring,MD, Ellen G. White Estate, 1990, p. 306.6. George Müller, A Narrative of Some of the Lord’s Dealingswith George Müller, Written by Himself, Jehovah Magni ed.Addresses by George Müller Complete and Unabridged, 2vols. Muskegon, MI, Dust and Ashes, 2003, vol.2 : p.730–731.7. Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 6. MountainView, CA, Pacific Press, 1901, p. 48.

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Page 32: Ministry 3-2018.qxp maquette 28/05/18 16:23 Page1...que cela représente de devenir “une seule chair”. Voici Gary. Il a besoin de quelqu’un qui lui donnera 100% de soins et d’at-tention

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