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60 L’École des lettres 2009-2010, n° 3 «Max et les Maximonstres», de Spike Jonze © 2009 Warner Bros. Ent.

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«Max et les Maximonstres », de Spike Jonze © 2009 Warner Bros. Ent.

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L’École des lettres 2009-2010, n° 3 61

Le principal problème qui se pré-sente à qui veut adapter cinématogra-phiquement un album est celui de ladurée. Non pas le temps psycholo-gique des personnages – dans l’imagi-nation de Max son voyage maritimedure «plus d’un an », et autant pour leretour – mais le temps du lecteur oudu spectateur. La lecture d’un album,quand on ne s’attarde pas à l’analyser,dure rarement plus d’une demi-heure, même en scrutant les images eten laissant le texte retentir en soi ; unfilm dure trois fois plus.

Comment occuper le temps supplé-mentaire? On peut, certes, commeJean-François Laguionie dans son des-sin animé La Traversée de l’Atlantique à larame, ménager de longs temps contem-platifs, ce qui crée des effets poétiques,mais il s’agissait d’un court-métrage devingt et une minutes*. La réponse la

plus fréquente consiste à occuper cettedurée supplémentaire en multipliantles péripéties. Or, pour ce faire, il estnécessaire d’ajouter des personnages.Au bout du compte, on augmenteaussi la durée de l’histoire narrée.

Les trois paramètres réunis dans lesadaptations cinématographiques d’al-bums sont donc les suivants : davantagede péripéties, davantage de person-nages, et une histoire qui dure pluslongtemps.

On précisera que notre étude sefonde sur la lecture du scénario deSpike Jonze et Dave Eggers.

Une famille décomposée

Comme pour d’autres transposi-tions d’albums, l’adaptation de Max etles Maximonstres de Maurice Sendak – sous forme de film et non de dessinanimé – passe par une démultiplica-tion des péripéties, ce que permetnotamment un accroissement de la

«Max et les Maximonstres »,de Spike Jonze

L’adaptation cinématographique

*Créé en 1978. En fait, il se livra à l’exer-cice inverse, transformant son film en album,paru chez Léon Faure la même année.

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durée de l’histoire : dans le film, ellecommence en amont du début del’album; et cela passe aussi par unnombre plus grand de personnages.

L’histoire de l’album commence inmedias res, en pleine manifestation dumal-être de Max, ce qui se traduit parune suite de bêtises cruelles, réelle-ment – poursuivre son chien avecune fourchette – ou symboliquement– pendre son nounours. On neconnaît pas les raisons de ce mal-être,laissées à l’interprétation du lecteur.

Dans le film, les éléments nou-veaux, introduits au début, permet-tent de supposer que Max est encolère, notamment contre sa mère. Le

film commence comme la deuxièmeimage de l’album: Max dévale unescalier en brandissant une four-chette, à la poursuite d’un chien, et lescénario précise « inexplicablement ».

L’explication commence à seconstruire dès la deuxième scène.D’abord, l’espace s’élargit à unebanlieue enneigée, puis la solitude deMax s’accroît : seul, il construit unigloo. Et c’est alors qu’apparaît undeuxième personnage : Claire, la sœuradolescente de Max – ce dernierayant huit ans. Or Claire, d’une cer-taine façon, va accentuer la mise àl’écart de Max. Aux États-Unis où,contrairement à la France, il existe

Max (Max Records) et sa mère (Catherine Keener) © 2009 Warner Bros. Ent.

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une industrie de films – et non dedessins animés – pour la jeunesse, lathématique de la grande sœur et deses copains tourmentant plus oumoins méchamment son jeune frèreest presque un passage obligé. Ici,c’est plutôt sur le mode affectueux,mais Max ressent malgré tout cettesituation comme étant pénible.

Par exemple, alors que Claire est entrain de téléphoner à ses amis, Maxfrappe à la fenêtre pour attirer sonattention sur l’igloo qu’il vient debâtir. Elle le néglige et finit par dire :«Va jouer avec tes copains ! » C’est uneprofonde déception pour Max, etl’on comprend qu’une distance s’estinstallée entre lui et sa sœur qui estmaintenant une adolescente.

Peu après, les amis de Claire arri-vent. Max les bombarde de boules deneige, mais la joyeuse bagarre dudébut dégénère et Max, réfugié dansson igloo, se fait piétiner par lesgrands. Quand la bande repart avecClaire, Max, furieux, monte dans lachambre de sa sœur et déchire lacarte de qu’il lui avait envoyée pourla saint Valentin, et dans laquelle il luidisait qu’il l’aimait.

La mère de Max vient le consoler.Il semble qu’elle va parvenir à réparerla brèche qui s’est ouverte dans l’exis-tence de son fils, mais, très vite,elle cause en fait la seconde granderupture. Le soir même, alors qu’elleest occupée, Max essaie, en vain,d’attirer son attention. Il finit par faire

le robot, en tournant autour de samère pour l’exaspérer. La présence del’ami de sa mère, que manifestementMax déteste, est un autre élémentdéclencheur de la crise et l’une desraisons pour lesquelles celui-ci se sentexclu. Cet homme, qui a évincé lepère, jette par sa seule présence del’huile sur le feu.

Cette situation de double ruptureétant exposée, le spectateur assistealors à la crise qui va transformer lehéros en monstre. D’abord, Max, encostume de loup, tente de nouveaud’attirer l’attention de sa mère, qui estoccupée. Mais le jeu dégénère carMax surprend sa mère et son compa-gnon en train de s’embrasser. Il necesse plus alors de la défier pour lapousser à bout. «Allez, femme, nourris-moi ! », dit Max à sa mère, qui le prendmal et le chasse. Max récidive : « Je vaiste manger ! » mais, contrairement à l’al-bum, il passe à l’acte : «Perdant toutcontrôle, il se met à grogner et soudainmord férocement le bras de sa mère. »

Max n’a d’autre solution que des’enfuir. Il s’éloigne en courant etmonte dans un bateau.

Comme on peut le constater, lanécessaire multiplication des péripé-ties passe par la mise en place d’unesituation familiale fréquente de nosjours. Et ces péripéties sont avanttout relationnelles, explicitant lesliens entre les personnages, et leurévolution.

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Une famille de substitution

On remarque sou-vent que, pour les gar-çons des années de col-lège, la bande, leurprincipal groupe d’ap-partenance, constitueune véritable famille desubstitution.

La vraie famille trans-met la loi, tandis quedans la famille de sub-stitution tout peut sefaire ou, à tout le moins,se dire. Le Max de l’al-bum se comportecomme un de cesjeunes adolescents : ilfuit sa mère qui, en lepunissant, lui indiqueune limite de la loi, etva se réfugier dans sabande, les Maxi-monstres. Son déguise-ment de loup fait illu-sion pour s’assimiler àeux – et là tout est pos-sible, d’où, en particu-lier, cette « fête épouvan-table». Sauf qu’il s’agitd’une rêverie !

C’est cette famille desubstitution que les scé-naristes ont choisi d’ex-pliciter, en créant unparallélisme avec lavraie famille de Max.

Dans l’album, les « choses sauvages »,bien que fort différentes d’aspect,n’ont pas de personnalité propre et,d’ailleurs, leur présence à l’image estvariable, comme si elles étaient inter-changeables. Elles sont dix, en comp-tant le dragon, mais on n’en voitjamais plus de cinq ensemble, jamaisles mêmes groupes. Dans le film, cha-cune a acquis une personnalité :

BULL, qui ressemble à un taureau,est peu bavard et reste souvent àl’écart ;

CAROL, aux jambes écailleuses, estinventif, passionné, et c’est le chefnaturel du groupe ;

ALEXANDER, la chèvre, estl’exemple même de l’adolescentimmature et hyperactif ;

JUDITH, qui porte des cheveuxlongs mais n’a pas de pattes decanard, est une fille un peu bizarre.Elle est la compagne d’Ira ;

IRA, c’est le Maximonstre au longnez, qui devient un être doux et maladroit ;

KW qui a les cheveux longs et despattes de canard est amicale etaccueillante ;

DOUGLAS, l’oiseau, est le plus rai-sonnable de la bande, et le plus fiable.

Dans cette bande, Max va trouverun père, une mère et une sœur desubstitution. Mais il ne s’agit pas pourautant d’un nid douillet pour lui.Dans ce groupe singulier, tout demême constitué de monstres, il y a

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Bull

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des lois, au moins implicites, et Maxva risquer sa vie en les transgressant.

La première de ces lois est expri-mée par Judith, dès l’arrivée de Max :«Quand on a un problème, on lemange ! » et, pour ne pas être dévoréd’emblée, Max doit inventer quelquechose. Il dit qu’il a des pouvoirs parti-culiers, tente en vain d’hypnotiser lesmonstres, se vante d’être parent avecles Vikings – car, dans son idée, le faitque ces derniers portaient des casquesà cornes les apparente aux créaturesqui l’entourent. C’est alors que, cré-dule, Carol le proclame roi.

Mais Max ignore ce que celaimplique, et les nouvelles péripétiesvécues par le petit garçon dans le film

sont toutes liées aux relations qu’ilentretient avec les différents person-nages et aux lois de l’univers danslequel il est arrivé.

Par exemple, lorsque Max ordonneaux Maximonstres d’organiser unchahut monstre qui correspond à la« fête épouvantable » de l’album, c’est ence lieu dans l’ordre naturel.

Quand Max confie plus tard à KWqu’il a mordu sa mère et se justifie endisant que ses proches agissentcomme s’il était méchant, sa confi-dente ne le range pas pour autantparmi les « choses sauvages » – apparem-ment la méchanceté n’est pas une«qualité » des monstres ! Elle lui ren-voie subtilement la question : «Tu es

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Max et Carol © 2009 Warner Bros. Ent.

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quelqu’un de méchant ? » Max l’ignore.Lorsque l’enfant ordonne deconstruire une forteresse, l’ordreest accepté parce que bâtir d’une façoncréative fait partie des valeurs dugroupe: peu avant, Carol lui a fait visiter la ville miniature qu’il aconstruite.

Mais quand le garçon scinde legroupe en deux pour faire la guerre,désignant les ennemis comme des salestypes alors que lui-même, étant roi, estforcément du côté des bons, il com-mence à transgresser l’ordre de safamille de substitution.

À la suite de cette « guerre » et deshorions reçus, Judith interpelle Max :«C’est quoi ce travail, Sire ? C’est commeça que tu règnes sur ton royaume ? » Legarçon, incapable de répondre,renoue avec son mal-être et exécutesa danse de robot.

Les créatures l’abandonnent et il seretrouve seul dans une forêt neigeuse.

La déception vis-à-vis de Max – qui, cherche dans la forteresse unechambre secrète pour s’y cacher –s’accentue : on l’accuse d’avoir malconstruit le bâtiment, de transgresserla coutume qui enjoint de dormir en tas et Douglas, désappointé,déclare : « Il n’y a qu’un petit garçon quis’amuse à jouer au loup qui s’amuse àjouer au roi. »

Finalement, Carol, celui qui avait leplus cru en Max, annonce : « Je vais temanger ! » et se lance à sa poursuite enpoussant des cris hystériques. Max nedoit la vie sauve qu’à KW qui ouvregrand la bouche, l’invite à y entrer etl’accueille dans son ventre, d’où il res-sortira plus tard, comme s’il s’agissaitd’une nouvelle naissance, ce qui estsymboliquement le cas.

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Poursuite dans la forêt © 2009 Warner Bros. Ent.

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«C’est dur d’être une famille », déclareMax, qui parle de sa mère, avant de serendre compte que KW ignore cequ’est une mère. Finalement, avant ledépart, Carol, apaisé, demande à Max :«Alors, qu’est-ce que tu es ? », et celui-cirépond : « Je suis Max. »

Ce séjour dans sa famille de substi-tution l’a suffisamment réparé pourqu’il puisse sortir de l’impasse où ils’était lui-même égaré. En repartantchez lui, Judith lui révèle : «Tu es lepremier roi qu’on n’ait pas mangé. »

La fidélité à l’album s’établit donc enaccentuant les parallélismes entre l’uni-vers réel de Max et l’univers imagi-naire des Maximonstres. Ainsi, le « Jevais te manger ! », déclaration d’amourambivalente et qui le reste dans l’al-bum, lorsque Max refuse d’êtremangé, est moins ambigu dans lefilm, dans lequel l’expression estd’abord utilisée par un Carol encolère, puis par KW, à la fin, associé à« Je t’aime tant que je pourrais te manger »(alors même qu’elle l’a déjà avaléauparavant, mais pour le protéger).

Pareillement, la guerre à coups deboules de boue reproduit la bataillede neige du début. À la solitude deMax dans le jardin neigeux de sapropre maison correspond sa soli-tude dans la forêt enneigée quand lesmonstres l’ont abandonné. À ladanse du robot initiale répond celleque l’enfant tente pour amadouerces anciens amis.

C’est de cette façon que le filmexplicite les non-dits de l’album, sansrecourir à des péripéties superféta-toires qui ne seraient pas dans l’espritde l’œuvre originelle.

Activités pédagogiques

1. Une fois l’album Max et lesMaximonstres connu des élèves, onentamera un débat sur : «Qu’est-ce quipeut pousser le héros à faire des bêtises, audébut?» Ces dernières sont affirméespar le texte à trois reprises, et confir-mées par les images.

En scrutant le visage de Max quandil plante un clou juché sur deux livres,on peut y lire de la colère, du dépit, ouun mélange des deux.

Quand ils auront vu le film, onposera aux élèves la même questionqui, cette fois, obtiendra plus facilementune réponse, prévue par le scénario.

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2. On fera comparer par les élèves le« Je vais te manger !» de l’album et lascène du film où Max mord réelle-ment sa mère. «Est-ce que la menace a lemême sens dans les deux cas?» Dans l’al-bum,même s’il est en colère,Max restedans le cadre du jeu qu’il a entamé enenfilant son costume de loup. En l’en-voyant au lit sans manger, la mère lepunit, fait preuve d’autorité et permetà Max de délimiter la frontière entre lejeu et le réel.

Dans le film, l’exaspération de Maxcroît d’autant plus que sa mère ne luioppose pas la loi, mais sa propre colère,lui répliquant, furieuse: «Descends de là,fiche-moi, fiche-moi le camp tout de suite !Tout de suite !»

3. La traversée qui, dans l’album,dure «plus d’un an» à l’aller, «un an et unjour» au retour, aurait pu être aussipleine de péripéties que les aventuresd’Ulysse dans L’Odyssée. On proposeradonc aux élèves d’inventer des péripé-ties maritimes arrivant à Max, ce quidonnera lieu à une activité d’écriture.

Mais cela pourra également per-mettre des rapprochements intertex-tuels. Par exemple, une attaque depirates peut se référer à Astérix ; unnaufrage près d’une île déserte àRobinson Crusoé ; la dévoration par unrequin géant à Pinocchio, etc.

4. Avant que les élèves voient lefilm et découvrent que les Maxi-monstres ont un nom et une

personnalité, on leur demandera :« Repérez dans l’album les caractéris-tiques de chacun des Maximonstres. »

On trouve ainsi :

• no1: il vit dans la mer, a des cornes,des dents et des griffes pointues, dessortes d’ailes, ressemble à un dragon etsouffle au moins de la fumée. Dans lefilm, il ne fait pas partie de la bande;

• no 2 : il évoque un lion, marche àquatre pattes, a des cornes, dont unesur le nez, des dents et des griffespointues. Il n’est pas dans le film ;

• no 3 : il ressemble à une chèvre,avec des cornes arrondies, des dents etdes griffes pointues. Dans l’album, ildisparaît vite de la bande. Dans lefilm, c’est ALEXANDER ;

• no 4 : il a la tête ronde, semble porter un pull, a des écailles auxjambes, des cornes, des dents et desgriffes pointues. Il marche debout.Dans l’album, c’est lui qui proclameMax roi. Dans le film, c’est CAROL ;

• no 5 : il porte des cheveux longs, ades dents et des griffes pointues, despattes de canard, et avance debout.Dans le film, c’est KW, une fille ;

• no 6 : il ressemble à un taureau,avec des pieds humains, a des cornes,des dents carrées et des griffes poin-tues. Il se déplace debout. Dans l’al-bum, il est proche de Max, lui servantde monture puis veillant près de satente. Dans le film, c’est BULL ;

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• no7: il a une tête d’oiseau, avec unbec et une crête. Il n’a pas de cornes,mais des griffes pointues. Il marchedebout. Dans le film, c’est DOUGLAS;

• no 8 : il a un long nez, des cornes,des dents carrées et des griffes poin-tues et se déplace debout. C’est luiqui, dans l’album, dit à Max qu’ilsvont le manger parce qu’ils l’aiment« terriblement ». Dans le film, c’est IRA ;

• no 9 : il a des cheveux longs, pas decornes, des dents et des griffes poin-tues, et son pelage ressemble à unvêtement intégral à rayures. Dans l’al-bum, il n’apparaît qu’une fois. Dans lefilm, c’est JUDITH, une fille, et on lui aajouté des cornes.

5. Comme dans l’album, plusieursogres ont quelques difficultés à expri-mer clairement leur amour. L’ogre deMoscovie mis en scène par VictorHugo, amoureux d’une fée, ne peutcependant s’empêcher de « croquer lemarmot», celui de sa bien-aimée enl’occurrence, ce qui fait conclure lepoème intitulé Bon conseil aux amantspar : «Ne mangez pas l’enfant dont vousaimez la mère.»

L’ogresse de L’Ogresse en pleurs deValérie Dayre finit, elle, par croquerle sien, apparemment, et erre ensuiteen cherchant un petit « à aimer sans lemanger ». Une ogrionne devientquant à elle carrément anorexique lejour où son ogre de père lui ouvre lesbras, parce qu’elle ne sait pas s’il veut

l’embrasser ou la manger (ChristianPoslaniec, L’Ogrionne anorexique).

Dans Le Déjeuner de la petite ogresse,d’Anaïs Vaugelade, une amitié singu-lière se noue entre l’enfant et la petiteogresse qui l’a capturé.

On fera découvrir aux élèves cepoème et ces albums, en leur deman-dant: «Est-ce que dans Max et lesMaximonstres, l’ambiguïté concernant leverbe “manger” est semblable?»

6. Max et les Maximonstres, l’album, seprête à une mise en scène sous formede spectacle de marionnettes. En ce quiconcerne les personnages, diverses tech-niques sont utilisables, l’une des plussimples étant la silhouette découpéedans du carton et peinte, avec membresarticulés, montée sur une tige.

Pour les décors, la chambre de Max,la mer avec le bateau et la forêt suffisent.Mais pour la chambre, on prévoira undispositif permettant, comme dans l’al-bum, de la transformer en faisant pous-ser des arbres. Les élèves comprendrontalors d’autant mieux la signification dece passage dans le livre.

Quant aux textes, ils peuvent êtreréduits à un dialogue avec la mère (off)au début et à la fin, quelques dialoguesavec les Maximonstres, et deux mono-logues de Max pendant les traverséesmaritimes, que les élèves pourrontinventer en fonction de leur interpréta-tion du récit.

CHRISTIAN POSLANIEC

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«Vous êtes terrible, vous êtes notre roi. »Maurice Sendak, «Max et les Maximonstres »,

Harper & Row, 1963 ; Delpire, 1967 ; l’école des loisirs,1973

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« Je n’ai pas cherché à faire un film pourles enfants ; j’ai voulu faire un film surl’enfance. » Cette déclaration de SpikeJonze, le réalisateur de Max et lesMaximonstres, n’est pas anodine. En

effet, professeurs et /ou parents, nousdevons trop souvent subir ces filmsaméricains remplis de bons senti-ments et de pathos, visant unique-ment à satisfaire un public friandd’histoires qui finissent bien.Tout estbanal dans ce cinéma qui dépasse les frontières d’Hollywood et qu’imi-tent des faiseurs, français ou autres :pseudo-réalisme, dialogues convenusénoncés dans un sabir «djeun» ethappy end prévisible.

Tout autre est cette adaptation del’album de Maurice Sendak. Le pointde vue adopté y est celui de l’enfantqui baigne dans son imaginaire etrêve, tout entier plongé dans l’utopie,et qui devra apprendre à faire la partentre son désir de toute-puissance etle réel.

Nous ne proposons pas ici une ana-lyse du film à proprement parler, maisquelques pistes permettant de recons-truire, avec des élèves de cycle 3 ou desixième, l’œuvre qu’ils ont vue aucinéma. Nous n’établirons pas non

Un film sur l’enfance

Le couronnement de Max © 2009 Warner Bros. Ent.

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plus de comparaison avec l’album deMaurice Sendak. L’auteur a validél’adaptation de Spike Jonze et deDave Eggers, lequel est scénariste,éditeur, romancier et... lauréat du prixMédicis étranger 2009 pour Le GrandQuoi.

Partir de ce que l’on voit à l’écran,repérer des parallèles, rechercher desrépétitions, comprendre leur significa-tion est l’objectif que nous fixons à ces jeunes élèves et aux professeurs quiles guident.

Premières impressions et élaboration d’un résumé

Avant toute chose, recueillir lesimpressions...

On demandera aux enfants cequ’ils ont retenu du film. Il est diffi-cile de prévoir, mais quelques motspourraient assez vite figurer autableau : énergie, imagination, soli-tude, jeu, roi… Plaisir, bien sûr, etsentiments forts.

Reprenons maintenant le résuméde l’action donné dans les notes deproduction du film :

«Sensible et remuant, le petit Max sesent incompris et aspire à donner unsens à sa vie. Parti de chez lui pour allerà la rencontre des Maximonstres, iléchoue sur une île peuplée d’étranges etmystérieuses créatures aux émotions et comportements aussi volatils qu’im-prévisibles.

Les Maximonstres souhaitent se don-ner un leader, et Max se croit mûr pourjouer ce rôle. Une fois couronné, il s’en-gage à apporter le bonheur à son peuple.Mais gouverner n’est pas chose aisée.Max en prendra rapidement conscienceet s’apercevra que ses sujets sont bien pluscompliqués qu’il ne le pensait... »

Ce résumé est intéressant, mais ilest possible d’envisager le film autre-ment, en trois ou quatre temps, ce quiconstitue aussi une façon de mettreen relief la structure d’un récit. Et ceen s’appuyant uniquement sur ce quel’on voit à l’écran.

• Max est un enfant qui a unmonde imaginaire très riche, trèsvivant. Il connaît une certaine soli-tude. Sa sœur aînée préfère fréquenterses amis adolescents, sa mère a desdifficultés professionnelles et elle estseule pour s’occuper de lui quand ellerentre du travail.

• Un soir, une dispute éclate entrela mère et le jeune garçon, qui sup-porte mal la présence d’un homme,sans doute amoureux de sa mère.Max fuit le domicile, part sur un voi-lier, essuie une tempête.

• Il arrive sur une île déserte et voitdes êtres étranges, monstrueux parleur taille et leur allure hybride (corpsd’humains, têtes d’animaux). Ilapproche, sans crainte, et découvre lesMaximonstres. Assez vite, il sait lesamadouer et devenir leur chef. Il se fait couronner roi. Il vit avec euxune existence faite de jeux souvent

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brutaux mais joyeux, jusqu’aumoment où le doute s’insinue sur lesréels pouvoirs du roi, jeune souverainlucide qui mesure combien la chargeest lourde à porter.

• Max quitte alors les Maxi-monstres pour retrouver sa mère etson foyer.

Prendre appui sur le film pour mettre en valeur un point de vue

La notion de point de vue est déli-cate. Aussi l’abordera-t-on avec pragmatisme et simplicité par un oudeux exemples : Que voit-on quandMax est enfoui dans son igloo détruit ?

Voit-on immédiatement les Maxi-monstres lorsqu’il arrive sur l’île?

Dans les deux cas, on comprendaisément que le spectateur voit à tra-vers les perceptions ou le regard deMax: comme lui, nous entendons leshurlements des monstres, le bruit dufeu. Comme lui, nous voyons lescréatures quand il en approche.

Dès le générique, l’énergie débor-dante du jeune garçon est percep-tible. Une caméra à l’épaule le suit,dévalant les escaliers de la maison à lapoursuite de son chien. Dans les pre-mières séquences, celles du jeu avecles adolescents amis de Claire, noussommes avec lui.

Un travelling latéral l’accompagnelorsqu’il fuit la maison pour embarquer.

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La tempête est filmée en plans larges,souvent de haut, afin de montrer cequ’affronte le jeune héros.

Max apparaît dans la majorité desséquences : il est au cœur du film. Ilest également le concepteur du «Fortsuprême» : c’est lui qui en trace lesplans et qui donne les consignes auxMaximonstres – et ce fort circulaire,semblable par certains côtés à un nid,est à la mesure de l’enfant qui recons-titue ainsi, mais de façon idéale, sonunivers familier. Quant au souterraincreusé par Ira, il rappelle l’igloo dudébut du film.

On ne prolongera pas sur la symbo-lique du lieu. Il sera plus aisé de souli-gner l’importance du cadre nocturne :la fugue, le retour et la première ren-contre avec les Maximonstres sedéroulent de nuit. Le jour, les couleurschaudes l’emportent : ce sont cellesdes peaux, du déguisement de Max,du décor aussi. Elles contribuent ànourrir l’atmosphère du film.

Même le désert que traversent lejeune garçon et ses compagnons n’estplus synonyme d’aridité, mais plutôtun espace ouvert, propice à la rêverie.

Des rôles inversés

L’imagination et l’énergie de Maxlui donnent des pouvoirs sur tousceux qui l’entourent. Seule sa sœur yest insensible. Lorsqu’elle détruit sonigloo, il ne trouve d’autre réponse

que la vengeance, ici preuve de fai-blesse : il pénètre dans sa chambre etcasse un cadeau qu’il avait fabriquépour elle.

Le plus souvent, Max domine, soitphysiquement, soit symboliquement.Ainsi, quand il se met en colèrecontre sa mère, il grimpe sur la tablede la cuisine. Mais c’est surtout par laparole qu’il domine : un soir, il s’al-longe sous le bureau de sa mère et,tandis qu’elle travaille à un rapporturgent, lui raconte une histoire qu’il ainventée. Il est vu en plongée, maistient le rôle dévolu au parent le soir.Et c’est sa mère qui devient l’enfant.D’autre part, il est rare que l’on voieMax écrasé par la présence physiquedes monstres. Dès le début, il lesdompte par la parole. Ils veulent qu’illes «protège de la tristesse ». Ils veulentêtre heureux et lui font confiancepour le devenir. Pour cette raison, ilest le roi, et le seul à survivre à cescréatures puissantes qui peuvent semontrer cannibales.

Du jeu à la réalité

Dès le début du film, Max apparaîtcomme un enfant qui aime jouer :déguisé en loup, il poursuit son chien,il lance des boules de neige sur lesamis de sa sœur. Sur l’île desMaximonstres, courses et joyeusesbagarres sont permanentes. Parfois,comme lors du lancer de boules deterre, on se fait mal – comme dans la

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vie, quand le jeu de mains tournemal. Mais l’énergie ainsi dépensée estla marque de cette enfance que SpikeJonze retrouve dans le livre deSendak.

L’île fournit un cadre idéal pour lejeu. Elle est une utopie enfantine : onpeut y crier, y courir, y jeter lesobjets, sans crainte d’être repris ougrondé par les adultes. Elle est le lieude l’excès, de la folie.

Pour mémoire, on citera, pour lesplus jeunes, L’Île mystérieuse de JulesVerne, L’Île au trésor de Stevenson,voire Robinson Crusoé. Et, pour lesplus grands, L’Île du docteur Moreau, deH.G. Wells, ou un film comme LesChasses du comte Zaroff... Ces histoiresmontrent bien que le cadre de l’île estcelui de tous les possibles. L’adulte yretrouve son enfance, et l’enfant ydevient adulte...

Devenir adulte, c’est mesurer leslimites de son pouvoir. Au début dufilm, sa mère, excédée, lance à Maxun «Tu es ingérable ! » qui traduit sonimpuissance. Cette même expressionrevient dans la bouche d’unMaximonstre pour qualifier Carol,leur chef, plus fragile qu’il n’en a l’air.Or Max est censé «gérer » cemonstre-là comme les autres.

Sa fuite, après la dispute, était unemanière d’échapper à la réalité : unautre homme était là, rival de l’en-fant, qui lui faisait perdre son statutde petit roi du foyer. Max pensaits’en libérer. Son retour, à la fin du

film, est joyeux, vécu dans une sortede sérénité.

On pourra demander aux élèves decomparer ces deux moments, de rele-ver les parallèles et les différences. Àla colère du début fait écho la joiesilencieuse de la fin. Max et sa mères’enlacent sans parler, la caméra n’in-siste pas sur les émotions, évitant legros plan et les larmes qui, dans unrécit « réaliste » hollywoodien, seraientde mise. Max mange, sa mère leregarde, le générique apparaît.

Les Maximonstres

Comment comprendre les «Maxi-monstres », terme astucieusement créépar la version française pour désignerles «Wild Things » originales ? Il n’estpas difficile, déjà, de relever l’eupho-nie entre ce mot et le prénom del’enfant : les «Maximonstres » sont, enquelque sorte, son invention, sa pro-jection imaginaire. Le déguisementdont il est affublé rappelle la textureet les teintes de leur «peau». Le «Maximonstre » est presque unehyperbole désignant l’enfant débor-dant d’énergie que sa mère a du mal àcanaliser.

Mais n’oublions pas que lesMaximonstres existent avec, pourchacun, son identité, et donc sa complexité. Ils peuplent l’île, formantune sorte de meute mal organisée à laquelle Max va donner sens en

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devenant son roi et en lui faisant bâtirun fort. Non seulement, ces monstresexistent, mais on les voit en pleinécran, souvent de très près, et on lesentend respirer. À un moment dufilm, KW avale même Max qui, re-naissant, sort de son gosier toutgluant, tel un bébé dans son placenta.

Enfin, les Maximonstres éprouventdes sentiments variés et adoptent,avec le jeune garçon, des comporte-ments contrastés. Plutôt que desmonstres, ce sont plutôt des humainsdifférents.

On pourra les faire distinguer parles élèves, voir ce qui caractérise cha-cun d’entre eux. CAROL, hypersen-sible ; KW, dynamique et pourtantsusceptible de mélancolique ; IRA, leplus fort de tous, qui fait des trouspartout ; ALEXANDER, qui porte descornes de chèvre ; et JUDITH,compagne du patient Ira : souventnégative, elle accable les autres de ses

jugements sarcastiques. DOUGLAS, auplumage de coq, est moins en vue.Tous forment cependant une sociétéqui ressemble à la nôtre et à celle danslaquelle vit Max, lorsqu’il n’est pas roi.

BOB et TERRY, deux chouettes quiaccompagnent KW, ajoutent leurgrain de folie à ce monde. On necomprend pas ce qu’ils ou ellesdisent.

On pourra repérer là le langagecodé que s’inventent certainsjumeaux – et, plus largement, certainsenfants – pour n’être pas compris desautres. Ou bien, autre hypothèse, Bobet Terry incarnent tout ce que l’en-fant ne peut pas comprendre, sanspour autant en être affecté.

Curieusement, ce n’est pas Judithqui devine la vérité sur Max, maisAlexander. Il sait que, selon la formuleconsacrée, « le roi est nu». Et il le ditaux autres, qui l’acceptent plus oumoins bien.

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Max et Carol © 2009 Warner Bros. Ent.

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La bande-son

Elle se compose de nombreuxbruits, ainsi que des chansons qui accompagnent Max et lesmonstres.

Il s’agit d’une suite de thèmes com-posés par Karen O, chanteuse dugroupe de rock Yeah Yeah Yeah’s, qui arassemblé des musiciens de divers hori-zons, et de Carter Burwell, qui a beau-coup travaillé avec les frères Coen(notamment pour Fargo ou Burn AfterReading).

Ce choix n’est pas indifférent : lamusique est remplie de la mêmeénergie joyeuse qui définit Max enses meilleurs moments. Le fait qu’ilne s’agisse pas d’une partition classique permet d’éviter des effetstrop appuyés.

La musique « illustre » les émotionsou met en relief les temps forts.

Qu’est-ce qu’être roi ?

Max a été roi, le temps d’un voyageet d’une fugue hors de la réalité. Petitroi solitaire et triste, il est devenu chefd’une troupe hétéroclite et attachante.Confrontant ses rêves à ceux desMaximonstres, tentant de donnerforme à sa royauté, il s’est renducompte que donner des ordres ne suf-fit pas et qu’avoir du pouvoir surl’autre ne tient pas à la seule couronneque l’on a sur la tête.

Il a également pris conscience qu’ilvaut mieux être un enfant aimé (cequi est son cas, même si sa mère abien des soucis) que jouer et courir àl’écart de toute contrainte dans unespace sans limites.

On n’aura aucun mal à le faire direà des enfants de neuf ou dix ans : cesont eux les plus sages...

NORBERT CZARNY

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Max et Carol © 2009 Warner Bros. Ent.

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LITTERATURE JEUNESSE cycle 3

Proposition d’albums à mettre en réseau avec Max et les maximontres

Personnages réels et personnages imaginairesPourquoi le personnage principal en invente-t-il ? Quels rapports entretient-il avec cette (ou ces) créature(s) ? Comment leurs rapports évoluent-t-ils ?

La petite fille du livre, Nadja, Ecole des loisirsChien bleu, Nadja, Ecole des loisirsL’enfant des sables, Nadja, Ecole des loisirsMoi et rien, Crowther Kitty, Ecole des loisirsJumanji, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsZathura, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsLe coupeur de mots, Schâdlich Hans Joachim, Flammarion Castor pocheLe buveur d’encre, Sanvoisin Eric, Nathan

Les effets des idées et des émotionsRepérer comment les sentiments et les désirs finissent par transformer ou créer despersonnages : jalousie, envie, rancoeur, angoisse de la mort, besoin d’amour, transgression de l’interdit, envie de puissance, d’immortalité, ...

Transgression de l’interdit

Jumanji, Van Allsburg, Ecole des loisirs

Jalousie, Rancoeur, contrariété

Max et les Maximonstres, Sendack Maurice, Ecole des loisirsZathura, Chris Van Allsburg, Ecole des loisirsTerriblement vert Ben Kemoun Hubert, Nathan jeunesse

* Envie de justice, de puissance

Le doigt magique, Dahl Roald, Folio JuniorMamie ouate en Papoâsie : comédie insulaire, Jouanneau Joël, Actes Sud, ThéâtreLe Grand Livre vert, Graves Robert, Gallimard jeunesseUne figue de Rêve, Chris Van Allsburg, Ecole des loisirs

Besoin d’amour, de tendresse

Chien bleu, Nadja, Ecole des loisirsMoi et rien, Crowther Kitty, Ecole des loisirs, Pastel

Repérer l’irruption de l’irrationnel

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Dans un univers réaliste, un événement improbable voire impossible, fait basculer les personnages dans un monde fantastique. Repérer les indices textuels qui montrent l’irruption dusurnaturel.

Repérer et comparer différents types de phénomènesDes intrusions dans l’univers quotidien du héros

Jumanji, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsZathura, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirs

Rechercher les points communs entre divers ouvrages.Amener ainsi les élèves à repérer les indices qui montrent qu’il s’agit d’un rêve. Le personnage s’endort.

Papa !, Corentin Philippe, Ecole des loisirsAlice au pays des merveilles, Lewis Carrol, Gallimard, Folio JuniorLa bibliothécaire, Gudule, Hachette JeunesseLa petite géante, Philippe Dumas, Ecole des loisirsLes deux goinfres, Corentin Philippe, Ecole des loisirsEncore des histoires pressées (Horreur et Ventre), Bernard Friot, Milan Poche ****La Sorcière d’avril et autres nouvelles, Bradbury Ray, Actes Sud junior

Repérer le contexteDes enfants livrés à eux-mêmes, dont les parents sont momentanément absents, occupésAilleurs

Jumanji, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsZathura, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsContes du cimetière avant l’orage, Rivais Yak, NathanContes du cimetière au soleil couchant, Rivais Yak, NathanLe manège de l’oubli, Gudule, NathanLe tunnel, Anthony Browne, Ecole des loisirsTerriblement vert, Ben Kemoun Hubert, NathanLe buveur d’encre, Sanvoisin Eric, Nathan

Débattre : sortir de l’enfance

Comment grandir ? Comment affronter ses démons ?

Tentation, dans Encore des histoires pressées, Friot Bernard, Milan pocheLe loup, mon oeil ! Meddaugh Susan, CastermanC’est moi le plus fort, Ramos Mario, Ecole des loisirs, PastelLe grand livre vert, Graves Robert, Gallimard jeunesseNe m’appelez plus jamais « Mon petit lapin », Boujon Claude, Ecole des loisirs

Débattre : le réel et l’imaginaire

Où est la frontière entre le réel et l’imaginaire ?

Comment se fait-il que le lecteur se laisse prendre ?

Exprimer son implication dans l’histoire. Voir comment on s’identifie, à son insu, à un personnage et comment sa vision du monde en est modifiée.

Kamo et moi, Pennac Daniel, Gallimard, folio juniorLa Diablesse et son enfant, Ndiaye Marie, Ecole des loisirs, Mouche

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La Bibliothécaire, Gudule, Hachette jeunesseLe doigt magique, Dahl Roald, GallimardLa petite fille du livre, Nadja, Ecole des loisirsChien Bleu, Nadja, Ecole des loisirsMitch, Solotareff, Ecole des loisirsJe suis perdu, Solotareff, Ecole des loisirsZathura, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsUne figue de rêve, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsJumanji, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsDeux fourmis, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirsL’Homme-Bonsaï, Bernard Fred, Albin Michel Jeuness Terriblement vert, Ben kemoun Hubert, NathanLe Tunnel, Browne Anthony, KaléidoscopeMême pas peur, Reberg Evelyne, Magnard jeunesseContes du cimetière au soleil couchant, Rivais Yack, NathanContes du cimetière avant l’orage, Rivais Yack, NathanLe manège de l’oubli, Gudule, NathanLe Grand livre vert, Graves Robert, Gallimard jeunesseLe buveur d’encre, Sanvoisin Eric, NathanLa sorcière d’avril, et autres nouvelles, (La Brousse), Bradburry Ray, Actes Sud juniorTranche de quartier, Ludo, Bailly Maty, Dupuis, Bandes dessinées

Rêver, faire un cauchemar

Papa ! Corentin Philippe, Ecole des loisirsLes deux goinfres, Philippe Corentin, Ecole des loisirsIl y a un cauchemar dans mon placard, Mayer Mercer, Gallimard jeunesse, Folio BenjaminEncore des histoires pressées (Horreur ; Ventre), Bernard Friot, Milan pocheLa petite géante, Philippe Dumas, Ecole des loisirsUne figue de rêve, Van Allsburg Chris, Ecole des loisirs Ugh ! Alan Mets, Ecole des loisirs