introduction à l'ethnobotanique du cambodge

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Page 1: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge
Page 2: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge
Page 3: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

INTRODUCTION A L'ETHNOBOTANIQUE

DU CAMBODGE

Page 4: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

CENTRE DE DOCUMENTATION SUR L 'ASIE DU SUD-EST

D i r e c t e u r : G e o r g e s C O N D O M I N A S

ATLAS E T H N O - L I N G U I S T I Q U E RECHERCHE COOPÉRATIVE SUR PROGRAMME N° 61

DEUXIÈME SÉRIE

M O N O G R A P H I E S

A paraître dans la collection : Première série, Atlas; Deuxième série, Mono- graphies; Troisième série, Bibliographies; Quatrième série, Dictionnaires;

Cinquième série, Documents.

@ Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1971

Page 5: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

Marie A. MARTIN

I N T R O D U C T I O N

A L ' E T H N O B O T A N I Q U E

DU CAMBODGE

ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

15, quai Anatole-France — Paris - VIle

1971

Page 6: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

EDITIONS DU CENTRE NATINAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE .

O U V R A G E S P A R U S D A N S LA M E M E C O L L E C T I O N

L. BERNOT

LES CAK

Mme D. BERNOT

BIBLIOGRAPHIE BIRMANE

(Année 1950-1960)

J. DOURNES

BOIS-BAMBOU ASPECT VÉGÉTAL DE L'UNIVERS JÔRAI

M. REINHORN

DICTIONNAIRE LAOTIEN-FRANÇAIS (en deux volumes)

Page 7: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

SOMMAIRE

AVANT-PROPOS 11

INTRODUCTION

I — Présentation rapide du milieu naturel. Son rôle dans la vie du paysan cambodgien 17

1° Situation géographique, caractères physiques et formations végétales 17

2° Le climat et l'agriculture. La cueillette 18

II — Aperçu historico-bibliographique 23

III — Objet et limites du présent travail 27

IV — Méthodes employées. Valeur des renseignements obtenus . . 29

PREMIÈRE PARTIE

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ETHNOBOTANIQUE L'UTILISATION DES PLANTES AU CAMBODGE

APERÇU DE LA PENSÉE BOTANIQUE DU CAMBODGIEN

Considérations générales sur l'ethnobotanique 35

L'utilisation des plantes au Cambodge 37

La connaissance des végétaux au Cambodge. Taxinomie populaire (identification, nomenclature, classification) 47

DEUXIÈME PARTIE . . . . . . . . . . . . . . .

ETUDE SYSTÉMATIQUE DES PLANTES RÉCOLTÉES . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Page 8: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

TROISIÈME PARTIE

CLASSEMENT DES PLANTES ÉTUDIÉES D'APRÈS LEUR USAGE

I — Plantes à usage alimentaire 185

A) Classement d'après l'organe végétal utilisé 185

B) Classement d'après la catégorie alimentaire 189

C) Alimentation des animaux 192

II — Plantes masticatoires 192

III — Plantes médicinales 193 Soins des hommes 193 Soins des animaux 195

IV — Plantes fournissant un bois-d'œuvre 196

V — Plantes à produits filamenteux, textiles, de couverture, d'embal- lage et de tressage 196

VI — Plantes sacrées, rituelles et magiques 197

VII — Plantes ornementales, à fleurs odorantes ou cultivées pour leur ombre 198

VIII — Plantes à produits combustibles utilisées pour le chauffage et l'éclairage 199

IX — Plantes fournissant des produits de toilette et des objets de parure 200

X — Plantes tinctoriales 200

XI — Plantes toxiques ou provoquant des irritations de la peau . . . . 200

XII — Plantes à résine, gomme et laque 200

XIII — Plantes fournissant des récipients et des instruments de musique 201

XIV — Plantes servant dans les jeux 201

XV — Plantes utilisées comme engrais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201

XVI — Plantes à fumer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201

Divers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201

Page 9: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

CONCLUSION 203

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 205

INDEX DES NOMS BOTANIQUES 213

INDEX DES NOMS VULGAIRES 235

INDEX DES NOMS VERNACULAIRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

FIGURES

1 — Carte générale de l'Indochine. -

2 — Régions visitées pour l'ensemble du Cambodge.

3 — Tournées effectuées dans la région de Pursat et le massif des Carda- momes.

4 — Gouge servant à l'extraction du bois d'aigle.

PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES

PLANCHE I

1) Montagnard Bunor, province de Mondolkiri (Ph. M. Martin)

2) Savane à Imperata cylindrica, province de Mondolkiri (Ph. M. Martin)

PLANCHE II

1) Forêt dense : sous-bois à Zingibéracées, centre du massif des Cardamomes (Ph. M. Martin)

2) Galerie forestière, centre du massif des Cardamomes (Ph. M. Martin)

PLANCHE III

1) Femme du village de Trapeang Choeu Tatrao, centre du massif des Cardamomes (Ph. M. Martin)

2) Cvmka: à Peam Prus, village pear, nord du massif des Car- damomes (Ph. M. Martin)

Page 10: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

PLANCHE IV

1) Rizière inondée dans la plaine cambodgienne (Ph. M. Mar- tin)

2) Riz flottant, sud du Grand Lac (Ph. M. Martin)

PLANCHE V

1) Irrigation des jardins par noria, Siem Reap (Ph. M. Martin) 2) Marché à Siem Reap; de gauche à droite : fruits de Feroniella

lucida, pédoncules floraux de Nymphea Lotus, tiges feuillées de Ipomea aquatica, fruits de Luffa acutangula (Ph. M. Mar- tin)

PLANCHE VI

1) Fleurs de lotus sacré, Nelumbo nucijera, portant des apsara; Temple du Bayon, Angkor (Ph. M. Martin)

2) Dipterocarpus alatus; Baksei Chamkrong, Angkor (Ph. M. Martin)

PLANCHE VII

1) Plantation de thé, Camellia sinensis, à Senmonorum (Ph. M. Martin)

2) Tiges feuillées de Colona auriculata servant à la confection des torches de résine (Ph. M. Martin)

PLANCHE VIII

1) et 2) Confection des torches de résine (Ph. M. Martin)

PLANCHE IX

1) et 2) Couroupita guianensis; Vat Damnak, Siem Reap (Ph. B. P. Groslier

PLANCHE X

1) Fleurs de Couroupita guianensis; Vat Damnak, Siem Reap (Ph. B. P. Groslier)

2) Lagerstroemia sp.; temple de Koh Ker (Ph. M. Martin)

PLANCHE XI

1) Holarrhena Curtisii, Leach (Ph. M. Martin) 2) Randia dasycarpa, Banteay Chmar (Ph. L. Ionesco)

Page 11: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

PLANCHE XII

1) et 2) Fruit de Richardella campechiana (Ph. M. Martin)

PLANCHE XIII

1) Fruit de jacquier, Artocarpus integra (Ph. M. Martin)

2) Ficus religiosa, Angkor Vat (Ph. B. P. Groslier)

PLANCHE XIV

1) Ficus sp. sur monument, Sambor Prey Kuk (Ph. M. Martin)

2) Pied de cardamome, Amomum Kravanh (Ph. B. P. Groslier)

PLANCHE XV

1) Cueillette des fruits de cardamome à Tasay, nord du massif des Cardamones (Ph. M. Martin)

2) Fruits de cardamome (Ph. M. Martin)

PLANCHE XVI

1) Rite de cueillette des fruits de cardamome à Tasay (Ph. M. Martin)

2) Bananier sauvage, Musa sp., à Prek Kak (Ph. M. Martin)

PLANCHE XVII

1) Sla: tho: (Ph. M. Martin)

2) Aréquier, Areca Catechu, autour des habitations (Ph. M. Martin)

PLANCHE XVIII

1) Corypha Lecomtei (latanier) : séchage des lanières de pal- mes (Ph. M. Martin)

2) Tressage des palmes de Corypha Lecomtei (Ph M. Martin).

PLANCHE XIX

1) Construction : feuilles de Corypha Lecomtei entre des lattes de bambou (Ph. M. Martin)

2) Séchage des tiges de Mariscus cyperoides, sur les berges du Tonle Sap (Ph. M. Martin)

Page 12: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

PLANCHE XX

1) Zalacca Wallichiana à Tatey, centre du massif des Carda- momes (Ph. M. Martin)

2) Fruit de Zalacca Wallichiana (Ph. M. Martin)

Page 13: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

AVANT-PROPOS

Ce premier volume n'est que le début d'une étude d'ensemble sur l'ethnobotanique du Cambodge. L'expérience acquise sur le terrain a montré qu'il était nécessaire d'entreprendre d'abord un long travail d'identification botanique qui a été seulement commencé dans les publications antérieures. Par conséquent je me suis, ici, presque entièrement consacrée à la taxinomie.

Ces recherches devaient être effectuées sur le terrain et j'ai pu séjourner au Cambodge de février 1965 à septembre 1966. Cette mission a été rendue possible grâce aux crédits accordés par le Centre National de la Recherche Scientifique à la R. C. P. 61, dirigée par Monsieur Condominas, Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, qui m'a confié ce travail. Je lui sais gré pour la grande liberté qu'il m'a laissée dans la réalisation de celui-ci.

Monsieur le Professeur Chouard a bien voulu accepter de juger ce travail; je tiens à lui exprimer ma profonde gratitude pour la formation scientifique que j'ai acquise dans son laboratoire et pour les facilités et l'appui qu'il m'accorda dans la réalisation de cette mission.

J'exprime mes remerciements au Gouvernement Royal Khmer pour la compréhension qu'il a toujours montrée envers mon travail, et notam- ment à :

— Son Altesse Royale, le Prince Sirik Matak, alors Ministre de l'Edu- cation Nationale;

— Monsieur Chuon Saodi, alors Ministre de l'Agriculture;

— Monsieur Tan Kim Huon, Directeur du Service des Eaux et Forêts et ses adjoints : Monsieur Hem Chamroeum qui me fit participer à une tournée forestière et son successeur Monsieur Suon Kaset, ainsi que les Chefs de Divisions des différentes provinces;

— Monsieur Ho Ton Lip, Directeur des Recherches Agronomiques, pour l'accueil amical qu'il me réserva et l'aide scientifique qu'il m'apporta.

J'ai trouvé, au Cambodge, un soutien matériel auprès de l'Ecole Fran- çaise d'Extrême-Orient et en particulier de Monsieur Groslier, Conservateur

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d'Angkor, Directeur de recherche au C.N.R.S. et à l'E.F.E.O. Qu'il me soit permis de remercier très respectueusement Monsieur le Professeur Filliozat, Membre de l'Institut, Directeur de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.

Monsieur C. Meyer, Expert à la Présidence du Conseil du Cambodge a bien voulu m'introduire auprès des autorités cambodgiennes; je lui adresse mes remerciements.

Je dois à Monsieur Legris, Directeur de la section scientifique de l'Institut Français de Pondichéry, la mise au net des cartes d'itinéraires incluses dans le présent mémoire. Les conseils bienveillants qu'il me donna, lors de mon passage à Pondichéry et par la suite, furent un encouragement pour ces premières recherches.

Madame Lewitz, Professeur à l'Ecole Nationale des Langues Orien- tales Vivantes de Paris, m'a été d'une aide précieuse pour la partie linguistique de cette étude. Elle accepta de bonne grâce un surcroît de travail et me fit en outre bénéficier de sa profonde connaissance du milieu cambodgien; je tiens à lui expirmer mon affectueuse reconnaissance.

Monsieur Haudricourt, Directeur de Recherche au Centre National de la Recherche scientifique, et Monsieur Barrau, Sous-Directeur au Labo- ratoire d'Ethnobotanique du Muséum d'Histoire Naturelle, m'ont dispensé leurs conseils tout au long de ce travail et m'ont prodigué des encourage- ments chaleureux.

J'adresse mes remerciements à Monsieur Bernot, Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, pour l'intérêt qu'il a toujours porté à mes recherches ethnobotaniques et pour les discussions amicales et fruc- tueuses qu'il a souvent provoquées.

Mes remerciements vont à Monsieur le Professeur Mangenot pour les enseignements que j'ai reçus de lui et qui m'ont permis d'aborder, dans les meilleures conditions, mes premières recherches en botanique tropicale.

A Monsieur le Professeur Schnell, qui a accepté de diriger cette étude, j'exprime ma vive gratitude. Il m'est agréable de dire que la confiance qu'il m'a toujours accordée dans l'organisation de mon travail, sa bienveillante compréhension, et les entretiens si riches d'informations que j'eus avec lui, ont contribué à rendre plus facile l'accomplissement de ces recherches.

Je dois beaucoup à Monsieur Vidal, Maître de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, qui a suivi le déroulement de ce travail avec la plus haute compétence, m'apportant maintes fois son aide, ses conseils et ses encouragements; je tiens à lui exprimer ma vive reconnaissance.

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A Paris, j'ai pu disposer d'une place au Laboratoire de Phanérogamie du Muséum d'Histoire Naturelle et profiter des riches collections de l'herbier, grâce à la bienveillance du Directeur de ce Laboratoire, Monsieur le Pro- fesseur Aubréville, Membre de l'Institut, et de Madame Tardieu-Blot, alors Sous-Directeur. Je n'oublie pas non plus l'accueil sympathique de Mon- sieur le Professeur Portères, Directeur du Laboratoire d'Ethnobotanique, qui mit un local à ma disposition pour faciliter mes recherches bibliogra- phiques et qui permit la réalisation d'un court séjour en Inde.

J'adresse mes remerciements aux spécialistes qui m'ont apporté leur concours, notamment à Messieurs les Professeurs van Steenis et Bakhuisen van der Brink, respectivement Directeur et Sous-Directeur du Rijksher- barium de Leyde, Monsieur Heine, Monsieur Halle, Moniseur Cusset, Mon- sieur et Madame Raynal et, en général, aux chercheurs et au personnel des laboratoires de Phanérogamie, d'Ethnobotanique et de Botanique Tropicale.

Je ne saurais oublier tous ceux qui, sur le terrain, paysans et médi- castres, me firent bénéficier, avec la plus grande gentillesse, de leur con- naissance du milieu végétal. Et c'est un plaisir pour moi que d'évoquer le souvenir du Kru Say et de rappeler le dévouement, la fidélité et la compé- tence de la souriante Eng.

Mai 1968.

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I N T R O D U C T I O N

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FIG. 1. — Carte générale de l'Indochine.

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I. - PRÉSENTATION RAPIDE DU MILIEU NATUREL

SON ROLE DANS LA VIE DU PAYSAN CAMBODGIEN

1° SITUATION GÉOGRAPHIQUE, CARACTÈRES PHYSIQUES ET FORMATIONS VÉGÉTALES.

Situé géographiquement dans le territoire appelé Asie des Moussons, le Cambodge s'étend de part et d'autre du cours inférieur du Mékong (fig. 1). Les plaines forment l'essentiel du paysage, interrompues çà et là par des collines formées, soit de grès clairs, restes de l'ancienne couverture gréseuse jurassique et crétacée, soit de roches calcaires, granitiques, volcaniques ou gréseuses appartenant au socle préjurassique (Delvert, 1964). Limitée au nord par la bordure méridionale des monts du Dang Rêk et à l'ouest par l'imposant massif des Cardamomes, la plaine s'étend au sud jusqu'à la frontière cochinchinoise et ce sont de hauts plateaux, en partie basaltiques, qui ferment le pays à l'est.

L'habitat est essentiellement rural. Si les rizières dominent près des villages et dans la région de Batdambang, grenier à riz du Cambodge, le reste du pays est couvert de forêts. Sur les quelque 180 000 km2 du territoire khmer, près des 3/4, soit 73,8 % sont boisés ce qui représente une superficie de 13 372 000 ha (Tan Kim Huon, 1965). Certes la végé- tation n'y est pas partout primaire car, là comme ailleurs, l'homme a défriché pour cultiver. Il est probable toutefois que le massif des Carda- momes a conservé dans l'ensemble sa sylve primitive. La forêt claire à Diptérocarpacées domine en plaine sur les sols à affleurements rocheux ou latéritiques. Là où affleure la roche, on trouve également des formations semi-denses à Lythracées : Lagerstroemia et Légumineuses : Pterocarpus, Xylia... Les sols argilo-sableux et les terres rouges basaltiques portent de belles forêts denses, les unes à Diptérocarpacées, les autres à Légumineuses et Méliacées. Les formations de Pinus Merkusii Jungh. et de Vries, d'ordinaire

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submontagnardes sont localisées en plaine à la région de Kompong Thom. Autour du Grand Lac pousse la forêt inondée à Barringtonia acutangula Gaertn. Quant au massif des Cardamomes dont le point culminant serait le Phnom Aurai (1 813 m), il est couvert d'une forêt dense (pl. II) encore non étudiée. D'après des observations personnelles effectuées en certains points du massif, on peut signaler que Parkia streptocarpa Hance, Schima crenata Korth., Podocarpus imbricatus BI. et Dysoxylum cauliflorum Hiern sont abondants à partir de 400 m d'altitude. Dans les bas-fonds humides, les Dipterocarpus et Hopea sont bien représentés. Des peuplements de Pinus Merkusii couvrent certains sommets et on les retrouve au sud de la chaîne sur le plateau de Kirirom (500 m) l'une des stations d'altitude du Cambodge. La roche dominante est le grès. Quelques coulées basaltiques ont donné naissance à des sols rouges très fertiles sur lesquels les villages se sont installés.

Ces différentes forêts sont l'objet d'une exploitation rationnelle et leurs bois constituent l'une des principales exportations du Cambodge.

D'autres formations végétales localisées doivent être signalées; la man- grove sur la côte ouest, en bordure du Golfe de Thaïlande, la savane (pl. I) qui occupe les collines du sud-est (Schmid, 1962); en plaine, d'autres éten- dues de savane dont la plus importante se trouve à l'ouest de Kompong Thom sont manifestement d'origine anthropique : le feu y passe annuelle- ment et le tracé d'anciennes rizières est visible d'avion.

Il n'est donc pas surprenant que le paysan cambodgien qui forme la masse de la population khmère et qui, outre la rizière, vit à peu près exclu- sivement des ressources naturelles puise abondamment dans le milieu végétal. Le riz, bien sûr, fut et reste l'aliment de base; il fit autrefois l'objet d'une culture soignée avec réseau hydraulique développé, sous la royauté angkorienne et même sous l'empire du Fou-Nan, ainsi que l'ont révélé les photographies aériennes (Groslier B.P., 1966). Aujourd'hui, dans beau- coup de régions du Cambodge, la riziculture est tributaire des précipitations atmosphériques et ce n'est qu'en saison des pluies que le pays se couvre de rizières.

2° LE CLIMAT ET L'AGRICULTURE. LA CUEILLETTE.

Le Cambodge a un climat tropical chaud et humide dont les pluies sont concentrées de Mai à Novembre, les mois de Septembre et d'Octobre étant les plus arrosés. Mises à part quelques régions moins privilégiées

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notamment le centre-ouest de la plaine, les plaines cambodgiennes reçoivent dans l'ensemble de 1 200 à 1 600 mm de pluie par an. Les températures moyennes restent élevées pendant toute l'année : 25,5 à 29,4° C à Phnom Penh; elles ne sont donc pas un frein pour l'agriculture. L'irrigation étant encore peu développée, la répartition et la régularité des pluies sont les facteurs déterminants de la riziculture cambodgienne.

Pendant la saison des pluies appelée aussi période de la mousson du sud-ouest, le pays change totalement d'aspect. Dès que la terre est suffi- samment molle pour que le soc de la charrue puisse y pénétrer, le paysan commence les travaux rizicoles (pl. IV) : labour, hersage, semis en pépi- nière avant mise en place définitive dans la rizière proprement dite. C'est la cérémonie du sillon sacré, généralement célébrée au mois de Mai, qui marque symboliquement le début de l'année agricole. Les techniques de la riziculture cambodgienne ont déjà fait l'objet d'une étude détaillée (Delvert, 1961). Il suffira d'ajouter ou de rappeler que l'on cultive au Cambodge près de 300 variétés de riz Oryza sativa L. : riz de rizières inondées ou irriguées, riz secs ou de montagne, riz flottants (pl. IV), riz durs et riz gluants. Le principal ennemi du riz est le crabe de rizière. Le paysan l'élimine en hachant dans l'eau les tiges d'Euphorbia Tirucalli L. ou bien en utilisant Eupatorium odoratum L., plante également toxique pour les crabes.

Sur les hauts plateaux de l'Est et dans le massif des Cardamomes vivent des populations (Pl. 1 et III) qui pratiquent la culture sur brûlis. Là encore, le riz est l'aliment de base mais il s'agit cette fois de riz sec. Cette pratique culturale est appelée cvmka: (pl. III) en cambodgien, mot désignant tout champ cultivé non labouré par opposition à la rizière ou srae. A Peam Prus, village de plaine peuplé de Pear, proto-indochinois de langue môn- khmère, j'ai pu observer le début des travaux agricoles. Le paysan abat un pan de forêt dense : après avoir coupé les arbres à la hache, il les brûle sur place. Le champ est alors prêt à recevoir le riz, les cendres servant d'engrais. Il n'y a ni labour ni hersage, seuls les sarclages seront nécessaires par la suite car la forêt repousse vite. Si le travail de défrichement est réservé aux hommes, c'est en général la femme qui, dès la fin du mois d'avril, sème le riz : à l'aide d'un bâton, elle commence par faire des trous dans le sol, puis elle dépose quelques grains dans chaque orifice qu'elle rebouche immédiatement. C'est un riz hâtif qui mûrit en trois mois (1). Chaque phase du cycle agricole s'accompagne de rites actuellement en voie de disparition.

La rizière inondée, d'introduction probablement récente, est peu déve- loppée chez les Pear de cette région. Quand elle existe, elle donne lieu à des travaux analogues à ceux effectués en milieu cambodgien.

(1) Il existe également des riz tardifs récoltés en novembre/décembre.

Page 25: Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge

O u t r e le m a ï s ( Z e a M a y s L . ) s e m é d a n s le m ê m e c v m k a : q u e le riz, les cu l tu re s s econda i r e s son t p e u i m p o r t a n t e s à P e a m P r u s e t d a n s les vil- lages vois ins e t u n i q u e m e n t des t inées à l a c o n s o m m a t i o n famil ia le : b a n a n e

( M u s a spp.) , a u b e r g i n e s ( S o l a n u m M e l o n g e n a L . ) , c o n c o m b r e ( C u c u m i s

sa t ivus L.) , c i t roui l le ( C u c u r b i t a m a x i m a Duch . ) , h a r i c o t ( P h a s e o l u s a u r e u s

R o x b . ) , c i t ronne l l e ( C y m b o p o g o n c i t r a tu s Stapf . ) , p l an t e s a r o m a t i q u e s (Oci- m u m bas i l i cum L . var . ) .

Il n ' e n v a p a s de m ê m e d a n s la p l a i n e e t su r les be rges des fleuves o ù le p a y s a n se l ivre à des cu l tu re s diverses . C e r t a i n e s son t commerc i a l i s ée s :

a ins i le m a ï s r o u x ( Z e a M a y s L . ) e x p o r t é e n total i té , le p o i v r e ( P i p e r

n i g r u m L.) , le k a p o k ( C e i b a p e n t a n d r a (L.) G a e r t n . ) , les ha r i co t s et e n p a r - t icu l ie r P h a s e o l u s a u r e u s R o x b . , le s é s a m e ( S e s a m u m i n d i c u m D C . ) . D ' a u t r e s

s o n t des t inées à la c o n s o m m a t i o n i n t e rne : t a b a c ( N i c o t i a n a T a b a c u m L.) ,

a r a c h i d e ( A r a c h i s h y p o g e a L . ) , a r b r e s f ru i t ie rs divers , so ja (Glyc ine M a x (L.)

M e r r . ) c a n n e à suc re ( S a c c h a r u m o f f i c i n a r u m L.) , c o t o n ( G o s s y p i u m spp.) ,

r a m i e ( B o e h m e r i a n ivea L.) , m û r i e r ( M o r u s aus t ra l i s , Po i r . ) , l é g u m e s variés.

I l c o n v i e n t auss i de s igna ler les p l a n t a t i o n s de c a o u t c h o u c ( H e v e a b r a -

s i l iensis H . B . K . ) ins ta l lées su r les t e r re s r o u g e s basa l t iques , l a p l a n t a t i o n de

café de Pa i l in (Cof fea a r a b i c a L . , Co f f ea c a n e p h o r a P ie r r e ex F r e o h n e r ) et

les t en ta t ives fai tes a c t u e l l e m e n t p a r le g o u v e r n e m e n t k h m e r p o u r c r ée r

e t d é v e l o p p e r la cu l t u r e d u t h é (Camel l i a s inensis O. Kun tze ) , p r è s d e

S e n m o n o r u m (pl. V I I ) .

L ' a r b r e le p lus c a r a c t é r i s t i q u e d u p a y s a g e c a m b o d g i e n res te c e p e n d a n t

le p a l m i e r à suc re ( B o r a s s u s f label l i fer L.) . T r è s p e u r é p a n d u d a n s les pays

vois ins (Laos , S iam, V i e t n a m ) , il est a b o n d a n t d a n s la p l a i n e c a m b o d g i e n n e

e t i n d i q u e de lo in la p r é s e n c e d ' u n vil lage. L e jus réco l té à p a r t i r des inflo-

r e scences cons t i t ue le v in de p a l m e et s u r t o u t il se r t à l a f a b r i c a t i o n d u

suc re (Delver t , 1 9 6 1 ) qu i est v e n d u su r les m a r c h é s .

Tou te fo i s , p l a n t e ut i l isée n e signifie p a s f o r c é m e n t p l a n t e cul t ivée à

g r a n d e échel le . C e r t a i n s v é g é t a u x c ro i s sen t d a n s le j a r d i n qu i e n t o u r e la

m a i s o n ; ils o n t e n g é n é r a l u n e v a l e u r a l imen ta i r e , m é d i c i n a l e o u t o u t s im-

p l e m e n t déco ra t i ve . O n y r e n c o n t r e auss i des a r b r e s appréc i é s p o u r l ' o m b r e

qu ' i l s d é v e l o p p e n t p r è s des hab i t a t ions .

D e p lus , l a cuei l le t te r evê t u n e i m p o r t a n c e au m o i n s égale à l a cul ture .

E l le est u n c o m p l é m e n t de l ' ag r i cu l tu re et p e u t m ê m e j o u e r u n rô le p r é p o n - d é r a n t a u m o m e n t d e la s o u d u r e . Ai l leurs , chez les P e a r de la rég ion de

P u r s a t , elle cons t i t ue u n e act ivi té r é m u n é r a t r i c e : cuei l le t te des c a r d a m o m e s

( A m o m u m K r a v a n h P i e r r e ex G a g n e p (1), des p a l m e s d e C o r y p h a L e c o m t e i

Becc . , r éco l te d u bo is d 'a ig le ( A q u i l a r i a C r a s s n a P i e r r e ex L e c o m t e ) .

(1) L'orthographe utilisée par Pierre est krervanh. En réalité, il s'agit d'une faute d'orthographe que j'ai corrigée conformément à l'article 73 du Code de la Nomencla- ture (cf. exemple de Gluta Renghas L. corr. Engler).

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C e t t e u t i l i s a t ion c o n s t a n t e des p l a n t e s d o n n e u n e c o n n a i s s a n c e d u

mi l i eu végé ta l q u i é t o n n e l ' e u r o p é e n h a b i t u é à v ivre à P h n o m P e n h . E n

ville, en effet, ce l ien é t ro i t q u i u n i t l ' h o m m e à la n a t u r e es t m o i n s sensible .

Il suffit c e p e n d a n t d e se r e n d r e a u m a r c h é d e l a cap i t a l e p o u r c o n s t a t e r

q u e les p l a n t e s a l i m e n t a i r e s n ' y s o n t p a s seules r e p r é s e n t é e s . O n y v e n d

auss i des feuil les, d e s rac ines , des f rui ts , d e s r h i z o m e s d o n t les p r o p r i é t é s

m é d i c i n a l e s s o n t b i e n c o n n u e s , m ê m e des c i tad ins . E t les p h a r m a c i e s ch i -

noises d e P h n o m P e n h o n t l eu rs c l ien ts c a m b o d g i e n s . A la c a m p a g n e , le

p a y s a n c o n n a î t e t n o m m e les p l a n t e s q u i p e u v e n t lui ê t r e u t i les e t qu ' i l

r éco l t e auss i b i e n s u r le b o r d d ' u n c h e m i n q u e d a n s la r iz iè re d e s s é c h é e e t les fo rê t s de t o u t e s sor tes .

C e r t a i n s v é g é t a u x o n t u n u s a g e p u r e m e n t loca l . D ' a u t r e s , p a r con t r e ,

s o n t e m p l o y é s d a n s t o u t le p a y s à des fins i den t iques . Il e n es t m ê m e d o n t

l ' i m p o r t a n c e é c o n o m i q u e o u re l ig ieuse es t telle qu ' i l s f i gu ren t d a n s l ' ép i -

g r a p h i e e t s u r les bas - re l ie f s des t e m p l e s k h m e r s . L e r iz e n t r e d a n s u n e

l é g e n d e re la t ive à l ' o r ig ine d u m o n d e ( P o r é e e t M a s p é r o , 1 9 3 8 ; E . P o r é e -

M a s p é r o , 1 9 6 2 - 1 9 6 4 ) ; l a n a i s s a n c e d u C a m b o d g e est l iée à P a r i n a r i a n a -

mens i s H a n c e e t l a t r a d i t i o n o r a l e p e r p é t u e e n c o r e ce t t e c r o y a n c e r a p p o r t é e

p a r S. L e w i t z ( 1 9 6 7 ) . Enf in , u n r e g a r d , m ê m e r a p i d e , s u r l a t o p o n y m i e

k h m è r e é t u d i é e p a r ce t a u t e u r d a n s le m ê m e o u v r a g e , es t s ignif icat if d u

rô le j o u é p a r les p l a n t e s d a n s la vie d u p a y s a n c a m b o d g i e n .

L ' é t u d e des p l a n t e s ut i les , p r e m i è r e é t a p e d e la r e c h e r c h e e t h n o b o t a -

n i q u e tel le qu 'e l l e s e r a définie p lu s lo in p o r t e d o n c s u r u n e ac t iv i té essent ie l le

a u C a m b o d g e . E l le n ' a v a i t p a s été, jusqu ' i c i , e n t r e p r i s e de f a ç o n s y s t é m a t i q u e .

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II. - APERÇU HISTORICO-BIBLIOGRAPHIQUE

Les premiers renseignements que l'on ait sur les plantes du Cambodge nous sont donnés par l'épigraphie dont les textes les plus anciens datent du VII siècle et par les bas-reliefs; ils concernent des plantes sacrées telles Nelumbo nucifera Gaertn., Ficus religiosa L. ou bien des végétaux d'utili- sation courante ou de grande importance économique et sociale : Areca Catechu L., Cocos nucifera L., Piper Betle L.

Les recherches taxinomiques de base sur la végétation de cette région remontent au milieu du XVIII siècle. C'est à ce moment-là que se dévelop- pent les travaux de taxinomie dans les pays tropicaux. Ainsi, la Flora cochin- chinensis de Loureiro (1790) constitue le premier inventaire de la flore de la Péninsule indochinoise. Ce travail de pionnier, indispensable à tous les botanistes étudiant les plantes de la « Cochinchine » et des pays limi- trophes, a été analysé et commenté récemment par Merrill (1935); plus pré- cisément il s'agit d'une révision taxinomique remarquable et elle constitue, par la richesse de ses références bibliographiques et ses considérations sur le plan systématique, une documentation précieuse pour les chercheurs tra- vaillant actuellement sur la flore de l'Asie du Sud-Est. Il faut ensuite attendre la fin du xixe siècle pour assister à la multiplication des explorations bota- niques dans cette partie du globe. Pierre, botaniste célèbre, dota le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris d'une importante collection consacrée aux plantes de la Péninsule indochinoise. D'autres naturalistes : Evrard, Godefroy, des médecins : Harmand, Hahn, un fonctionnaire, Geoffray herborisèrent dans la même région. En 1862 commença l'exploration du Mékong dont l'équipe comportait le docteur Thorel, récolteur passionné qui envoya au Muséum plus de 4 000 échantillons. Gourgand continua dans la même voie en constituant un herbier forestier du Cambodge qu'il fit parvenir à Paris.

Le seul document d'ensemble que l'on possède sur la flore de cet endroit est la « Flore générale de l'Indochine », commencée en 1907 sous la direction de Lecomte puis de Humbert et qui comporte 7 tomes. Actuellement, elle est continuée et révisée sous le titre « Flore du Cambodge, du Laos et du

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Vietnam », éditée par les soins du Laboratoire de Phanérogamie du Muséum d'Histoire Naturelle (Directeur : M. Aubréville) (1).

C'est aussi vers la fin du xixe siècle qu'apparaissent les publications importantes sur les plantes utiles du Cambodge. Dès 1877, Feer publie les œuvres du docteur Hennecart, médecin militaire en Cochinchine, parmi les- quelles figure une liste d'environ 250 plantes comportant le nom cambodgien transcrit, le nom latin et une indication sommaire de l'usage. Puis ce sont les « Bulletins économiques de l'Indochine » (1898-1950) et surtout le très intéressant « Catalogue des Produits de l'Indochine » (1917-1941). Cet ouvrage présente toutefois deux inconvénients pour l'étude envisagée ici : il ne traite que des végétaux dont l'importance économique réelle ou possible est reconnue, laissant en partie inexploré le domaine de la cueillette. De plus, certaines catégories de plantes, telles les plantes sacrées et rituelles, ne sont évidemment pas abordées. Certains renseignements sur les végétaux nous sont également donnés dans des ouvrages généraux sur le Cambodge qui furent publiés entre 1915 et 1940 : Groslier G. (1921), Leclerc (1917), Porée et Maspéro (1938).

Enfin, à partir de 1930, certains groupes privilégiés de plantes font l'objet de recherches importantes : Béjaud constitue un herbier des princi- pales essences forestières du pays qu'il décrit dans un recueil accompagné de planches (Bejaud et Conrard, 1932). Les usages concernant les bois sont soigneusement rapportés, ceux relatifs aux autres organes sont parfois signalés rapidement. Il s'agit là d'un travail de base, indispensable à qui s'intéresse aux forêts du Cambodge et, à l'heure actuelle, il est encore à juste titre largement utilisé par les forestiers de ce pays. Puis Rollet (1952 et 1953) publie une étude détaillée des forêts claires cambodgiennes et un article sur les forêts claires du Sud de l'Indochine. Ce travail à valeur bota- nique et économique certaine n'apporte pas de renseignements sur les rap- ports existant entre l'homme et le milieu végétal.

En même temps que les essences forestières, les plantes médicinales donnèrent lieu à diverses publications. Menaut (1928) fut le premier à rédiger un ouvrage de quelque importance sur la médecine populaire khmère et son travail fut, par la suite, fidèlement repris dans une autre thèse de médecine (Chan Ok, 1955). Pételot (1952 à 1954) élargit ce champ d'inves- tigation au Laos et au Vietnam. Enfin récemment, quelques plantes du Cambodge à propriétés médicinales reconnues, ont été étudiées sous un angle chimique par Douk Phana (1966).

(1) Récemment (1969), une thèse d'université a été soutenue à la Faculté des Sciences de Toulouse par Mme P. Dy Phon sur « la végétation du Sud-ouest du Cambodge ».

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L a fa ib lesse d e ce r t a in s de ces o u v r a g e s r é s i d e d a n s les e r r e u r s q u i se

s o n t glissées lors des d é t e r m i n a t i o n s sc ien t i f iques des p l a n t e s , les c h e r c h e u r s

d e d isc ip l ines d iverses n ' a y a n t p u t o u j o u r s s ' a d j o i n d r e , p o u r l eu r s r e c h e r -

ches s u r les v é g é t a u x , u n b o t a n i s t e qual i f ié .

I l e n v a a u t r e m e n t a u j o u r d ' h u i o ù les b o t a n i s t e s f r a n ç a i s s ' i n t é r e s s e n t

a u x p l a n t e s u t i les de l 'As i e d u S u d - E s t : V i d a l ( 1 9 6 2 ) e t o ù l ' o n fa i t a p p e l

à e u x p o u r d é t e r m i n e r les é c h a n t i l l o n s réco l tés . C e t t e c o l l a b o r a t i o n d o n n e

l ieu à des p u b l i c a t i o n s i n t é r e s s a n t e s : C o n d o m i n a s e t H a u d r i c o u r t ( 1 9 5 2 ) ,

V ida l , M a r t e l et L e w i t z ( 1 9 6 9 ) , a r t ic le d o n t u n r é s u m é a é té p u b l i é p a r

J. V i d a l ( 1 9 6 7 ) ; l ' e t h n o l o g u e p e u t d o n c j o u e r u n rô le n o n nég l igeab le en

r ecue i l l an t des é c h a n t i l l o n s co r rec t s , su scep t ib l e s d ' ê t r e é tud ié s .

Enf in , il ne f a u d r a i t p a s t e r m i n e r ce t t e r e v u e r a p i d e sans p a r l e r d e la

s o u r c e de r e n s e i g n e m e n t s e t h n o b o t a n i q u e s q u e l ' o n t r o u v e p a r f o i s s u r les

é t i que t t e s d ' he rb i e r . I l f au t , à ce t t e occas ion , s o u l i g n e r q u e P o i l a n e , a u

cou r s d e ses mu l t ip l e s t o u r n é e s a u C a m b o d g e , a u L a o s e t a u V i e t n a m n o t a

s o u v e n t avec so in les n o m s v e r n a c u l a i r e s e t les u s a g e s des v é g é t a u x qu ' i l

réco l ta i t . Ses a p p o r t s à l ' h e r b i e r d u M u s é u m s o n t c o n s i d é r a b l e s .

N é a n m o i n s , il y a e n c o r e b e a u c o u p à f a i r e p o u r c o n n a î t r e r é e l l e m e n t

les p l a n t e s ut i les d u C a m b o d g e : t r ava i l de rév is ion , d e c o m p i l a t i o n , e t s u r t o u t d e r e c h e r c h e .

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