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L’Intention Phonétique IV . Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique. Idéogrammes et phonogrammes des potmarks des Dynasties 0, I et II pre-paper 12 july 2008 Alain Anselin Tombe Uj du roi Scorpion d’Abydos (XXXII° Siècle BC) Tombes de Dakhla (XX° Siècle AC) The Egyptian Scripts Working Group The Egyptian Scripts Working Group The Egyptian Scripts Working Group The Egyptian Scripts Working Group Script as material culture Script as material culture Script as material culture Script as material culture Workshop Workshop Workshop Workshop Egypt at its Origins 3 London 27 juillet-2 août 2008

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L’Intention Phonétique IV . Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique.Idéogrammes et phonogrammes des potmarks des Dynasties 0, I et IIpre-paper 12 july 2008Alain AnselinTombe Uj du roi Scorpion d’Abydos (XXXII° Siècle BC)Tombes de Dakhla (XX° Siècle AC)The Egyptian Scripts Working GroupScript as material culture WorkshopEgypt at its Origins 3 London 27 juillet-2 août 2008L’ Intention Phonétique IV . Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynasti

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L’Intention Phonétique IV . Le rapport entre le signe

et la langue en Egypte prédynastique. Idéogrammes et phonogrammes

des potmarks des Dynasties 0, I et II

pre-paper 12 july 2008

Alain Anselin

Tombe Uj du roi Scorpion d’Abydos (XXXII° Siècle BC)

Tombes de Dakhla (XX° Siècle AC)

The Egyptian Scripts Working GroupThe Egyptian Scripts Working GroupThe Egyptian Scripts Working GroupThe Egyptian Scripts Working Group

Script as material cultureScript as material cultureScript as material cultureScript as material culture Workshop Workshop Workshop Workshop

Egypt at its Origins 3 London 27 juillet-2 août 2008

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L’ Intention PhonétiqueL’ Intention PhonétiqueL’ Intention PhonétiqueL’ Intention Phonétique IV IV IV IV . . . . Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique.Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique.Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique.Le rapport entre le signe et la langue en Egypte prédynastique. Idéogrammes et phonogrammesIdéogrammes et phonogrammesIdéogrammes et phonogrammesIdéogrammes et phonogrammes ddddes es es es potmarkspotmarkspotmarkspotmarks des Dynasties 0, des Dynasties 0, des Dynasties 0, des Dynasties 0, IIII et Iet Iet Iet IIIII

Alain AnselinAlain AnselinAlain AnselinAlain Anselin

Il était une fois un signe.

Puis dix, cent signes. Mille signes. Le quatrième millénaire, nagadéen et prédynastique, de l’Egypte ancienne est ainsi

caractérisé par une explosion iconographique progressive et saccadée où la hiéroglyphie proto-dynastique trouvera

bientôt matériaux de son système d’écriture (D.Huyghe,2002, R.Friedman & S.Hendrickx,2003, G.Bréand,2008, A.Anselin,2007, L.Labridy & F.Silpa,2007,2008). De l’iconographie à l’inscription hiéroglyphique, le signe passe du rocher d’une imagerie rupestre qui

fait des rives de la vallée du Nil une province orientale originale d’un continuum de cultures saharo-nubiennes

(A.Zboray,2003, A.Anselin,2007, J.C.Darnell,2008), aux artefacts des cultures du IV° millénaire BC ouvertes aux routes de l’Orient.

L’abondance des inscriptions n’a d’égale que la variété croissante des supports – rocs, murs des tombes, ivoire des

tablettes et des étiquettes de jarres, des peignes et des manches de couteaux cérémoniels, pierre de vases et de

palettes, sceaux en tous genres, épaules et flancs des céramiques.

ApprocheApprocheApprocheApprochessss méthodologique méthodologique méthodologique méthodologiquessss et déf et déf et déf et définitionsinitionsinitionsinitions S’y distinguent aisément signes iconiques, présentant un rapport de ressemblance avec l’objet dont ils sont l’image,

signes indiciels, représentés pour les propriétés qu’ils partagent avec l’objet réel représenté, par exemple, le bestiaire

du pouvoir, et signes symboliques, sans autre rapport que conventionnel avec la réalité (cf. J.Dubois & al. Dictionnaire de linguistque et des sciences du langage, 1994,238). Les dispositifs d’agencement des signes iconiques des décors et des inscriptions ne sont pas non plus les mêmes.

Les potmarks proprement dites semblent tenir une place particulière dans ce panorama et susciter des interrogations

fécondes, en raison de la variété de leur typologie, iconique, indicielle ou symbolique.

Lorsqu’on parle de potmarks, les travaux fondateurs d’Edwin van den Brink viennent immédiatement à l’esprit. Edwin van

den Brink a étudié près de 2500 potmarks thinites «found foremost in graves of royalty and their officials of Dynasty 0 and I (i.e. Naqada IIIb1-Naqada IIIc3)», distribuées sur une grande variété de poteries, wine jars, jarres ovoides et

cylindriques, bols et plats les plus divers etc…(E.van den Brink,1992,267-268), concentrées autour des premières Dynasties

«which happens to corresponds to the overall increase in the amount of offerings placed in the burials» (K.Kroeper,2000,215). La notion de potmark recouvre en fait plusieurs réalités. «Potmarks may be : identification of the potter’s workshop ; indications of property belonging to an individual or an institution ; pertinent to or responsability for the vessel or its content in whatever manner ; identification of the person for whom the vase or its contents were intended ; and indications of capacity with whatever may be the administrative objectives» (N.Buchez,2004,682, cf. aussi G.Bréand,2008). Geoffrey Tassie classe les

potmarks en trois catégories: «1) Preformal hiéroglyphs 2) Accounting marks 3) Potters marks» (G.Tassie & al., 2008).

Nombre des signes de ces potmarks sont assimilables aux hiéroglyphes des inscriptions des Dynasties thinites,

« recognisable as early forms of formal writing (Hassan 1983) » (G.Tassie & al.,2008), la croisée de chemins du village

circulaire, nwt, le domaine, hhhhwt, l’étendard divin, nttttr (E.van den Brink,1992,267), la houe, mr, le vase, hhhhs, le signe du k3333, dont il

est évident que chacun réfère à un objet ou un geste intelligible dans la culture égyptienne prédynastique.

Ces signes ne manquent pas eux-mêmes, du point de vue figuratif, de points de comparaison antérieurs, en

l’occurrence des pictogrammes emblématiques de l’iconographie nagadéenne, bestiaire : éléphant, ibex, addax,

faucon, flamant ou autruche, crocodile, scorpion, - artefacts : harpon, flèche, barques, distribués aussi bien par

incision que peinture sur des types de poterie plus anciens. Les décors peints des Vases Decorated ne sont pas des potmarks, mais offrent un arrière-pays culturel et des matériaux, dont les fameux emblèmes, aux systèmes graphiques futurs.

Là où le neuf surgit, abonde l’ancien.

Page 3: intention phonetique IV

Les potmarks de Nekhen sont les plus anciennes, début du Nagada II, voire Nagada IC-IIA. Sur le site Hk6, un

cimetière d’élite, la Tombe 16 datée du Nagada IIIA2 (B.Adams,2000, 2004), est installée au dessus de la Tombe 16 A «qui contient une trentaine de jarres à fond plat de type Rough Ware» (S.Hendrickx, 2008). Stan Hendrickx la date du début

du Nagada II. «D’après l’auteur, des marques sur poteries apparaissent sur un grand nombre de ces jarres à dégraissant végétal, toujours sur l’épaule, juste sous le bord. Elles sont présentes sur vingt cinq des soixante-six jarres identifiées (…), incisées au doigt dans l’argile encore fraîche et doivent, par conséquent, être considérées comme le fait du potier lui-même. La variation est limitée à neuf types, les motifs sont très simples, composés de traits fins ou courbes (Hendrickx,2008, fig. 4). (…) aucune des jarres de type Rough Ware de la tombe 16A ne montre de traces d’utilisation ou la présence de contenu

(…). Il est donc probable que ces jarres ont été fabriquées spécialement pour le contexte funéraire» (G.Bréand,2008, 37-82). Un autre artefact est cette fois identifiable sans ambiguïté comme powerfact au sens où l’entend M.A.Hoffman, et de

ce fait sa potmark comme une powermark, en ce sens qu’elle engage plus qu’une conception funéraire : une

conception politique de l’ordre du monde et des hommes : «One of the many remarkable finds made by Barbara Adams during her excavations at HK6 was a fragmentary Polished red bowl from the fill around Tomb 16». Stan

Hendrickx le date aussi des débuts du Nagada II, «closely resembling Petrie’s type P15b/d, which is characteristic for the late Naqada I-early Naqada II period». «The bowl has two potmarks on it, both of them incised after firing». L’une

est un quadrupède très stylisé, l’autre, l’emblème «of the cow goddess Bat, with the characteristic angular face, protruding ears and tall incurving horns» (S.Hendrickx The Earliest Example of Pharaonic Icongraphy , Nekhen News n° 17,2005, 14-15 ). Cet exemplaire est en l’état actuel des connaissances le plus ancien, antérieur à celui de l’ostracon du temple

HK29A de Nekhen. «This new find connects the elite cemetery at HK6 with the temple at HK29A», et fournit un lien direct avec le style de représentation

dynastique de Bat. Aucun document archéologique similaire dans le cimetière U

d’Abydos au Naqada IID-IIIA. Abydos reprendra l’idéologie de l’ordre et du

chaos que Bat emblématise : [Order over chaos, it’s a royal job] (S.Hendrickx & R.Friedman, Chaos and Order. A Predynastic « Ostracon » from HK29A Nekhen News n° 15,2003,9 ). Toujours en Haute-Egypte, les potmarks d’Adaima ne mettent pas au centre du dispositif Horus ou Scorpion, ou un leader

politique et culturel de l’époque, et le monde des morts - mais, largement, dans une petite localité de Haute Egypte, des potiers,

et le monde des vivants. Les travaux de Nathalie Buchez et Gaëlle Bréand conduisent à son propos à préciser la définition des

potmarks par leur écologie culturelle, la place qu’elles trouvent dans les pratiques sociales, domestiques ou funéraires.

Ces potmarks d’Adaima sont contemporaines des inscriptions gravées sur les étiquettes ou encrées sur le ventre des jarres de

la tombe Uj (Nagada IIIA1), et plus tardives que les powermarks de Nekhen Hk6 : «The oldest known pre-firing potmark identified at Adaïma found on a vase in a tomb of the Naqada IIIA1 period» (N.Buchez, 2004,682). Un corpus d’un millier de

signes, classés en dix groupes «comprenant des marques réalisées avant cuisson et des graffiti incisés après cuisson»,

provient d’un «contexte d’occupation domestique et (d’)un contexte funéraire contemporains» (G.Bréand,2008,37-82). Il se distribue en deux types de signes, les uns symboliques (la croix de la poterie de la Sépulture 628), les autres

icôniques (l’éléphant de la Sépulture 715, incisé après cuisson) :

> > Sépulture 628 Nagada IID-IIIA1 (G.Bréand,2008,43) Sépulture 715 Nagada IIIA1 Ces potmarks nagadéennes sont antérieures aux potmarks prédynastiques des règnes de Djer, Djet ou Den (Nagada III C1-

C2). Si rien ne permet d’établir que l’incision après cuisson est l’œuvre du potier lui-même, nombre de potmarks sont

incisées avant cuisson et donc exécutées par l’auteur dans l’atelier des potiers lui-même. Une première particularité

tient au point d’application de la potmark, interne ou externe, par lequel Nathalie Buchez distingue les potmarks.

Potmarks on the inside and the outside of bread moulds , Adaïma, Naqada IIIA1 (N.Buchez,2004,684)

Une deuxième particularité est l’abondance du type de signes, symboliques -traits, alignés ou combinés, croix, par lequel

ces incisions se distinguent aisément des potmarks strictement iconographiques. La similitude des graphes

symboliques des poteries d’Adaïma et des numérogrammes des étiquettes abydiennes ne suffit pas à assurer

que les uns et les autres appartiennent à un même système symbolique…

Page 4: intention phonetique IV

Les potmarks iconographiques sont caractérisées par leur degré élevé d’iconicité et de motivation

culturelle, réfèrant à la faune, ou plutôt au bestiaire, etc….

Le site d’Adaima est moins riche sur ce point que

celui contemporain et royal de la Tombe Uj d’Abydos. Eléphants d’Adaima et d’Abydos & Scorpion et Faucon d’Abydos

Ces signes iconiques, ou plutôt indiciels, puisqu’ils représentent un objet réel pour ses propriétés, sont souvent graffités

après cuisson, ce qui laisse supposer un auteur différent que celui prêté aux signes symboliques. L’éléphant de la jarre de la

Sépulture 715 d’Adaïma tient bien compagnie à une croix -mais dans un dispositif spatial qui n’associe pas les deux signes…

Car une troisième caractéristique, le «contexte utilitaire et domestique quotidien» nombreux pots à Adaïma (G. Bréand,2008, 37-82), les oppose au contexte de la déictique funéraire royale de la Tombe Uj d’Abydos, invite à la prudence en matière

d’interprétation, et suggère des auteurs, des destinataires et des fonctions peut-être différentes. Si l’on peut tenir le

système symbolique des étiquettes de la tombe Uj d’Abydos pour une numérographie, exprimant au moyen de

symboles simples une partie du numerolecte égyptien dès le Nagada IIIA1 (A.Anselin, Signes et mots des nombres en égyptien, 2008, sous presse), rien n’est moins sûr pour les «marques domestiques» symboliques du site d’Adaïma.

Quoiqu’il en soit, on est en présence de deux types de signes graphiques distincts, l’un dont les signes présentent un

rapport de ressemblance figurative avec l’objet auquels ils refèrent, l’autre dont les signes présentent un rapport

purement conventionnel, symbolique, avec la réalité.

L’intégration L’intégration L’intégration L’intégration progressive progressive progressive progressive des sdes sdes sdes signignignignes iconiques et symboliques es iconiques et symboliques es iconiques et symboliques es iconiques et symboliques L’hétérogènéité des types de potmarks et leur fécondité respective n’a pas échappé à Karla Kroeper : «A strict development from abstract strokes to hieroglyphic signs is therefore not indicated. However, a development from early forms of hieroglyphs (e.g., signs for k3333, nttttr and hhhhwt) to the developed form used is indicated» (K.Kroeper, 2000, 187-218). Au Nagada II, les deux types de signes, motivés et symboliques, ne cohabitent pas nécessairement à Nekhen. Aux

potmarks «très simples, composées de traits fins ou courbes» des Rough jars de la Tombe 16A du site Hk6 de

Nekhen «incisées au doigt dans l’argile encore fraîche et (qui) doivent, par conséquent, être considérées comme le fait du potier lui-même» (S.Hendrickx, 2008, fig. 4) – sans préjuger de leur destination, ici funéraire, s’oppose aisément le décor

incisé après cuisson -un quadrupède stylisé et l’emblème cornu de Bat, d’un Polished red bowl de la Tombe 16.

Au Nagada IIIA1, les potmarks d’Adaima documentent le type symbolique, et des décors figuratifs (éléphant,

autruche). Cela est vrai des inscriptions portées sur des jarres et des étiquettes de la tombe Uj du roi Scorpion.

Toutefois, la répartition générale des inscriptions montre que les nombres, qui «ne sont pas attestés sur les poteries», et «les hiéroglyphes ne se trouvent pas ensemble sur les étiquettes» du site d’Abydos (J.Baines The earliest Egyptian Writing : development, context, purpose, 2004,150-189) -laissant deviner une première rencontre de deux systèmes de

signes plutôt que leur cohabitation et leur intégration dans un système unique.

Au Nagada IIIC, la célèbre tête de massue de Narmer intègre bien des chiffres et des lettres, en fait des mots

superposés aux nombres, boeufs 400.000, chèvres 1.422.000, captifs 120.000, selon la syntaxe du nombre dans la

langue. Le powerfact comporte bien des numérogrammes, mais, comme la vingtaine de signes mis en scène dans un

dispositif spatial en accolade du sujet et de ses attributs, ce sont tous des signes iconiques : têtards, , doigts, orant

divin de l’infini (J.E.Quibell,,I,1896,9 & pl.XXVIB) A partir de la Dynastie 0, les potmarks de Minshat Abu Omar dans le Delta présentent quelques serekhs, des signes au

degré élevé d’iconicité quasi hiéroglyphiques et des potmarks caractérisées par un symbolisme dénué d’iconicité, aux

allures de numérogrammes sommaires ou de marques d’enregistrement, souvent cruciformes (cf.G. Bréand,2008,37-82).

Potmarks de Minshat Abu Omar à degré élevé d’iconicité (K.Kroeper,2000)

Potmarks d’Adaima à caractère symbolique (Nagada IIIA1) (N.Buchez,2004) Potmarks de Minshat Abu Omar (Nagada III C) (K.Kroeper,2000) à caractère symbolique

Page 5: intention phonetique IV

Les groupes de deux et trois traits connus sur la poterie «banale» d’Adaima en Haute-Egypte au Nagada IIIA,

sont attestés sur tous les types de la poterie de Minshat Abu Omar dans le delta au Nagada IIIC : bowl flat, oval and ovoid rounded small and large, wine-type, serekh-type jars, les croix sont attestées sur les serekh-type, les

vases ovoides et les nw-type. Pas moins de 56 serekhs-type jars datés de la Dynastie 0, dont seulement 7 comprennent

des serekhs avec ou sans Horus et les autres des potmarks (K.Kroeper,2000,189,208,214). L’intégration des deux types de marques

sur les mêmes types d’objets - mais pas dans les mêmes inscriptions, est indéniable.

Huit étiquettes provenant d’une tombe de Naqada (règne d’Aha, Dynastie I) intègrent les deux types de signes

sur le même document. Elles portent au recto un nom, rédigé de deux signes iconiques, Neit-Hotep, et au verso,

un nombre, écrit à l’aide de signes symboliques pour les unités, et de signes indiciels, entrave et corde, pour les

dizaines et les centaines (A.J.Spencer,1980, pl.51,449-50, G.Dreyer,1998). Trois rois plus tard, deux potmarks identiques de la Dynastie I associent un signe figuratif, la natte d’offrandes et son pain et

un signe symbolique, en fait un groupe de quatre traits. L’une provient de la Tombe Y5 d’Abydos, l’autre de la Tombe

895 d’Abu Roasch (E.van den Brink,2006), ce qui implique une autre intégration, géographique, et vraisemblablement

administrative. Une série de potmarks distribués sur toute la Dynastie I (dans l’ordre, Djed, Merneith, Den, Adjib) et du

sud au nord achève de documenter cette intégration graphique des signes iconiques et symboliques :

Tombe 3035 Saqqara Tombe Y5 Abydos Tombes Y5 & X2 Abydos Tombe 3504 Saqqara Tombe 449 Abu Roash (Hemaka, Den) (Merneith) (Merneith & Adjib) (Djed) La graphie verticale de la Tombe Y5 place dessous, c’est-à-dire derrière, le groupe de deux traits. Si l’on admet que

l’ordre général de lecture est [signe iconique-signe symbolique], on peut aussi tenir pour vraisemblable que les

groupes de traits sont des quantifieurs, gouvernés par la syntaxe du nombre en égyptien, qui place les chiffres après les

objets qu’ils dénombrent. Si ces signes symboliques doivent être considérés comme des numérogrammes, leur

comparaison avec les numérogrammes de facture similaire des étiquettes abydiennes soulève un problème de

généalogie. En effet, comme la plupart des potmarks symboliques domestiques, les potmarks symboliques des tombes

de la Dynastie I (Nagada IIIC) s’arrêtent à quatre dans les combinaisons de signes. Les étiquettes de jarres de la Tombe

Uj d’Abydos, jamais associées à des signes iconiques ou indiciels, consistent en des séries de groupes de «striche vertikal» et commencent à six pour aller à douze (G.Dreyer,1998,114-118, cf.aussi A.Anselin,2008 sous presse). Les potmarks thinites documentent ainsi l’intégration dans un même système graphique des signes iconiques et des

signes symboliques. Le plus souvent inventoriées sur la poterie des tombes de la royauté et de ses haut-fonctionnaires,

elles présentent, comme les inscriptions des poteries et des étiquettes de la tombe Uj d’Abydos, un lien, moins direct,

avec la mouvance du pouvoir.

Matérialité et socialité Matérialité et socialité Matérialité et socialité Matérialité et socialité des des des des artefactsartefactsartefactsartefacts,,,, des des des des iconographieiconographieiconographieiconographiessss et et et et des inscriptionsdes inscriptionsdes inscriptionsdes inscriptions prédynastiques prédynastiques prédynastiques prédynastiques.... Parce que la civilisation égyptienne a placé les manières de mort au centre de son dispositif culturel comme l’art

d’intégrer les vivants et les défunts, la sphère du funéraire et son corpus de données accumulé par douze décennies

d’archéologie, constitue un guide de lecture critique privilégié par où débuter. Mais toute société n’est-elle pas lisible

dans ses cimetières ? S’y déclinent conception de la vie et de la mort, pratiques culturelles qui y sont attachées,

techniques, organisation politique, hiérarchie sociale. A ce titre, les cimetières fournissent un modèle culturel, évident,

consistant et pertinent -évident en raison de la masse des données, consistant par l’organisation de ces données en

systèmes, et pertinent par les régularités de sa pratique et le regard qu’il ouvre sur toute une société. Le millénaire

nagadéen et les siècles prédynastiques n’échappent pas à la règle avec leurs nécropoles des élites et leurs cimetières

des working classes (Cf. B.Adams, R.Friedman). Les cimetières, où ont été recueillis les artefacts et leurs inscriptions sur

lesquels nous fondons notre étude, apparaissent ainsi comme des analyseurs sociaux autant que des archives

organisées selon des normes culturelles précises et motivées. Toute tombe y constitue un texte, un agencement

solidaire d’éléments matériels et moraux, qui implique qu’à tout élément matériel corresponde les éléments moraux

qui justifient sa matérialité dans la société : une socialité qui le rende intelligible. Le contexte général, normatif, des

dispositifs artefactuels funéraires, de leur iconographie et de leurs inscriptions, est, selon un autre mot de M.A.

Hoffman, celui d’un egyptian way of death qui constitue l’écologie sociale et culturelle de l’objet matériel lui-même,

simple artefact ou artefact des élites, powerfact. Ce mode de gestion de la mort va de pair avec des cérémoniels, dévolus aux vivants au bénéfice des défunts.

Religieuse, funéraire, «toute cérémonie s’accompagne de rituels et de paroles. Dans l’Egypte de l’époque classique, les statues étaient «animées», par la récitation de formules, d’énoncés performatifs. Faut-il attribuer le même

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caractère performatif aux cérémonies impliquant l’emploi des powerfacts prédynastiques?» (A.Anselin,2004,22-24). Replacés dans cette perspective, les artefacts funéraires des âges nagadéens, nous considérons ici

essentiellement la céramique, Rough jars de Nekhen, vases Decorated de Gebelein, poterie d’Adaïma, ont pu

faire partie d’équipements cérémoniels. Leur iconographie a pu alors constituer un élément des rituels et pourrait

mériter la définition de libellés iconographiques, co-documents graphiques des paroles proférées par un récitant,

ritualiste ou parent - proposition cohérente avec la dimension créatrice accordée au langage chez les Anciens

Egyptiens. Ce type de rapport entre le signe et la langue est bien identifié par François Servajean à propos des formules

du Livre des Morts, qui «ne s’adressent pas à quelqu’un, n’ont pas de visée communicative, mais participent de la continuité/recréation de l’ordre du monde» (F.Servajean,1999,43). Les Textes des Pyramides, où «l’allocutaire éventuel est le défunt» baignent aussi dans «l’univers sonore de l’oralité et non dans celui, silencieux, du scriptural» (Bertrand Mathieu,1998, 13-22). «Le contexte funéraire fréquent (des) artefacts cérémoniels (nagadéens) et des offrandes qui les accompagnent, leur caractère sacré, conduit à suspecter un caractère performatif aux libellés iconographiques», et à les tenir pour un antécédent lointain des «mdw nttttr, des paroles divines – le nom égyptien des hiéroglyphes rappelant leur oraliture première, et les conditions initiales d’une pragmatique de l'écriture» (A.Anselin, 2004,22-24).

L’L’L’L’entrée en scène de la langueentrée en scène de la langueentrée en scène de la langueentrée en scène de la langue ---- les p les p les p les premiers libellés iconographiquesremiers libellés iconographiquesremiers libellés iconographiquesremiers libellés iconographiques Les poteries sont souvent grafitées, incisées ou peintes, après cuisson de groupes de signes iconiques et indiciels.

Ces groupes de signes figuratifs s’inscrivent dans une disposition spatiale dont la motivation culturelle et la

signification ne se laissent pas aisément découvrir.

L’iconographie d’une jarre du cimetière L de Mahasna ca SD 36-38 (J.Garstang,1901) et celle incisée sur des Rough jars du Nagada IIC présentent un bestiaire commun, autruche, girafe, au bestiaire peint sur les Vases Decorated de la

même période (S.Hendrickx,A Remarkable Tomb with an Exceptional Pot, Nekhen News n°14, 2002,11-12 ; R.Friedman, More Mummies : The 1998 Season at HK43, Nekhen News n°10,1998,4-6).

Mahasna cimetière L Autruches et girafes incisées, Hierakonpolis Hk43, Naqada II B-II D Autruches/flamants et girafes Decorated Vase de Gebelein, Berlin 15129

(J.Garstang,1901) (S.Hendrickx,2002, 12 ; R.Friedman, 1998, 5) (F.Raffaele, Predynastic Egypt)

Le dispositif, spatial, du Vase Decorated de Gebelein, est le plus élaboré. Il gouverne l’intégration de deux séries d’icônes

souscrites sous deux paires de scorpions, des groupes d’icônes paraissant calquer leur construction sur un patron

linguistique minimal, celui de l’énoncé nominal : registre gauche, [file de quatre girafes, attribut d’un sujet humain], et registre droit,

[file de quatre autruches~flamants1, attribut d’un crocodile ( ?)]. Si ces énoncés ne peuvent faire l’objet d’une lecture au sens linguistique

du terme, ils associent cependant des pictogrammes selon la forme la plus simple de la prédication,

c'est-à-dire une relation de base entre un terme déterminé, le prédicat, et un terme

déterminant, qui le gouverne, le sujet - [un nom, sujet / un nom ou des noms, attribut(s)]. Plus proches encore des phrases nominales propres à la langue égyptienne, caractérisée par l’implication

mutuelle d’un sujet et d’un prédicat, deux scènes, peintes, intégrées l’une et l’autre dans les tableaux d’un discours

pictural et datées l’une et l’autre du Nagada IIC : le «triomphe pharaonique» de la fresque murale de la Tombe 100

du site hiérakonpolitain 33, avec sa Massue (sujet) et ses Trois Captifs (attribut) : (A.Anselin, 2001,21-42), et le décor d’un

autre vase Decorated opposant «un objet singulier (..un crocodile) et la répétition de trois autres objets (..trois autruches -ou flamants ?)» (L.Labridy & F.Silpa, 2007,43-48). Le poids de la langue de l’artisan du signe nagadéen sur la

mise en signes d’une relation prédicative finit de se deviner dans la triplication du signe iconique -un modèle de

pluralisation graphique promis à un bel avenir.

Le nombre de ces «énoncés iconographiques» demeure limité. Cependant, pour la première fois, l’agencement de

l’image et l’organisation de la langue y entrent en conflit dans la construction iconographique, et pour la première

fois aussi, la langue entreprend de gouverner la syntaxe de l’image.

Identifier dans certains libellés iconographiques les règles invisibles de la langue en l’occurrence de celle de l’énoncé

nominal n’est pas sans conséquence. La capacité performative reconnue des énoncés nominaux concorde aussi bien

avec leur contexte archéologique funéraire et royal qu’avec l’état le plus ancien de la langue. En effet, seule «la

1 Cf. S.Hendrickx Autruches et flamants- les oiseaux représentés sur la céramique prédynastique de la catégorie Decorated Cahiers

Caribéens d’Egyptologie n°1, 2000,21-52.

Page 7: intention phonetique IV

proposition à prédicat nominal comme fondement analogique de la performativité»2 satisfait aux conditions culturelles de contexte,

cérémoniel et funéraire, de la performativité, et aux conditions d’existence historique et linguistique. On sait qu’«en égyptien, «la phrase complète»3 n’apparaît comme clairement documentée qu’à la III° Dynastie4. Aussi l’écriture de l’énoncé nominal le plus ancien est-elle nécessairement une suite de noms, et le sujet ne peut-il être que nominal dans le corpus des libellés iconographiques nagadéens considérés sous cet angle» (A.Anselin, s,2004,23). Cela ne suffit évidemment pas pour autant à identifier le système graphique de ces «scènes» peintes ou inscrites du

millénaire nagadéen. D’une manière générale, les libellés iconographiques ne sont pas systématiquement des

libellés linguistiques. Leur dispositif spatial n’obéit pas non plus à la logique de la langue, on y pressent plutôt une

mise en scène d’élements pictographiques indiciels5 renvoyant aux principes, aux valeurs et aux normes de la

culture. Des ensembles pictographiques fondés sur l’articulation sémantique du signe iconique et sa motivation

culturelle, ne sauraient évidemment remplir toutes les conditions autorisant la représentation graphique de la

langue, et être qualifiés d’écriture. D’un point de vue épistémologique, le fait que quelques groupes de signes de fresques murales et de céramiques décorées apposant sujet figuratif et ses attributs paragraphient la proposition

nominale, peut signifier tout au plus que la langue entreprend de se frayer un chemin dans l’image nagadéenne.

L’entrée en scène de la langue pose pourtant rien moins que des pierres d’angle à la construction d’une proto-écriture6.

Le Le Le Le signesignesignesigne etetetet le le le le système système système système La mise mise mise mise en signesen signesen signesen signes de la langue, l’explosion graphogénétique touchant les média de la mouvance palatiale et leurs

supports, pas plus que l’intégration des signes iconiques, indiciels et symboliques dans un même système graphique

ne saurait être indépendante de son contexte historique, caractérisé par le développement des formes politiques, des

processus de stratification sociale et de changement culturel solidaires de l’essor des échanges interrégionaux

contrôlés par les élites - contexte hors duquel elle perd son intelligibilité. La distribution sociale, culturelle et

chronologique relativement étroite et concentrée, tombes des élites du Nagada IIIC, des potmarks s’avère en être un

reflet assez fidèle.

Mais la mise en signes linguistique d’unités iconographiques en nombre soudain croissant, ayant pour référent des

objets concrets, reconnaissables sous leur nom -et donc leur valeur phonétique contiguë, dans la langue du

graphiste, ne surgit pas par hasard du seul fait d’un contexte qui la favorise. Elle tient aussi au signe lui-même et à

son auteur.

Premier point, cette élaboration d’un système de signes qualifiable d’écriture découle des propriétés mêmes du signe

iconique.

Deuxième point, elle découle de l’intention des artisans du signe, de leur motivation, des normes culturelles qui la

régissent – de leur place dans le rapport social, et du statut qui leur est attaché.

A première vue, en vertu de leur ressemblance, tout comme celle des powermarks et des inscriptions de haut-

fonctionnaires royaux, qui leur sont contemporaines, la lecture des séries de signes iconiques des potmarks thinites à

l’aune des hiéroglyphes semble aller de soi. Cependant, l’identification du système de signes employé dans une

inscription donnée constitue un préalable nécessaire à sa lecture. Il faut reconsidérer les potmarks sur la base des

caractéristiques propres à tout système de signes. D’abord, tout signe iconique réfère à un objet concret, réel, et jamais

l’inverse. Deuxièmement, le signe iconique, est caractérisé par une double articulation, sémantique et phonétique. Tant

que l’articulation phonétique n’est pas explicitement identifiée dans ces inscriptions, leur lecture n’est pas assurée. «La définition des systèmes de signes du millénaire nagadéen, pictogrammes, idéogrammes ou phonogrammes, ces signes aient-ils le même dessin, ne privilégie pas la même articulation. L’articulation première de l’idéographie est sémantique. Mais tout système comporte des zones d’incertitude qui s’avèrent autant de points de départ possibles de nouveaux systèmes - ici, les zones de connivence potentielle du sémogramme et du phonogramme» (A.Anselin,2004,547-574). 2 F.Servajean cite E.Benvéniste : «La phrase nominale a valeur d’argument, de preuve, de référence. On l’introduit dans le

discours pour agir et convaincre, non pour informer» (F.Servajean 2003, 49). 3 Pascal Vernus La naissance de l’écriture dans l’Egypte ancienne in ArchéoNil n°3, 1993, 75-108

4 L’écriture hiéroglyphique n’atteste guère des pronoms suffixes ou indépendants avant l’Ancien Empire - et les démonstratifs eux-

mêmes tardent à apparaître dans la graphie des énoncés nominaux. F.Servajean (2003, 9) remarque que la transition du il au je,

commencée avec les Textes des Pyramides, en cours avec les Textes des Sarcophages, s’achève avec le Livre des Morts, et souligne la

continuité qui mène du –f sujet des Textes des Pyramides au iiiink, pronom indépendant (dont l’emploi emphatique rappelle la taille du

sujet pharaonique sur certains powerfacts, Scorpion, Narmer, la figuration en combinant toutes ses propriétés en accolade de registres. 5 Voir plus haut, sur les catégories de signes graphiques, l’échelle de l’iconicité.

6 «Proto-writing (…) represent(s) knowledge in various ways that do not necessarily presuppose the ability of the system to represent language in the sense of developed writing» (P.Damerow The Origins of Writing as a Problem of Historical Epistemology, Cuneiform Digital Library Journal, 28 janvier 2006).

Page 8: intention phonetique IV

Cette double valeur du signe iconique, sémantique et phonétique, le rend disponible pour l’invention de codes

idéographiques fondés sur l’articulation sémantique, et de codes phonographiques fondés sur l’articulation phonétique.

Enfin, tout signe iconique peut être associé à d’autres signes, avec lesquels il forme des textes – ou au moins des

libellés iconographiques, et dans le cas précis des inscriptions prédynastiques, des libellés linguistiques.

C’est à l’identification du système de signes employé dans une inscription donnée par l’identification de

l’articulation, sémantique ou phonétique, qui le règle, et constitue une condition essentielle de sa lecture, que

nous allons maintenant nous attacher.

Les bigrammesLes bigrammesLes bigrammesLes bigrammes –––– de la motivation culturelle à l’intention phonétique de la motivation culturelle à l’intention phonétique de la motivation culturelle à l’intention phonétique de la motivation culturelle à l’intention phonétique Dans cette perspective, tout au long de l’époque prédynastique, les inscriptions ou les agencements de signes

iconiques portés sur différents types d’artefacts sont particulièrement remarquables par deux phénomènes en

relation avec la bivalence sémographique et phonographique des signes figuratifs que les deux catégories partagent.

Le premier, de nature synthétique, combine deux idéogrammes en un seul. L’activité synthétique emploie le

dessin pour ce qu’il représente, et associe les icônes selon des normes culturelles pas moins, de prime abord,

invisibles que les règles linguistiques.

Le second, de nature analytique, emploie les idéogrammes pour une partie de ce qu’ils représentent, pour ce

qui leur est contigu dans la langue de l’auteur et du lecteur du dessin, leur valeur phonétique. L’activité

analytique est de l’ordre de la métonymie phonétique et exploite le principe de commutabilité des

homophones qui régit la stratégie phonétique.

Les deux phénomènes, contradictoires et contemporains, caractéristiques du bouillonnement graphogénétique de

la culture égyptienne prédynastique, attirent l’attention dès le roi Scorpion. La majorité des documents inscrits

livrés par la Tombe Uj d’Abydos comporte deux hiéroglyphes, comme la majorité des potmarks thinites plus

tardives. Certains documents comportent des séries composées d’un bigramme et d’un ou deux monogrammes.

Le bigramme semble combiner deux idéogrammes, ce qui est déjà un indice d’une manière d’organiser la pensée

des choses. Ainsi, les inscriptions d’étiquettes de la tombe Uj Nagada IIIA1-2,

(G.Dreyer,Umm el Qaab 1998,fig.142,143), donnent l’exemple sans doute le plus ancien de signes bigraphes,

combinant deux icônes, Sichel mit Blitz ou Himmel mit Blitz –«ist das obere Zeichen wie die Mondsichel (N11) augeführt». Gunter Dreyer lit le signe grhhhh, nuit, ouest, occident, qu’il oppose à l’ibis sur la

montagne, j3n3n3n3nw, Licht, est, orient (G.Dreyer,1998,139). Le logogramme de la nuit, grhhhh, N2, Nachthimmel, est

cependant construit avec pt.

Quoiqu’il en soit, cette combinaison trouve des antécédents dans un simple pictogramme inscrit à l’encre

sur une jarre d’une tombe d’El Amrah au Nagada II D (J.Kahl,2001,124, d’après Randall-McIver-Mace, 1902, Taf.XVII.30). Au Nagada III C2, sous Adjib, une potmark de la Tombe X d’Abydos affiche deux fois une

combinaison de signes pas moins singulière : (E.van den Brink Basic signs, potmark-Egypt.com, XVII.9.1 & 5), qu’une

wine jar de la même Dynastie I du site de Minshat Abu Omar dans le delta oriental répète, (K.Kroeper,2000). A

première vue, il s’agit d’un signe composé, qui associe la lune et l’étoile. L’étoile seule est d’ailleurs aussi attestée dans le

même corpus : (K.Kroeper, 2000, barrel,1030/9 ; 2200/18,1859/5 & ovoid flat large,1666/2). La combinaison manifeste

du croissant de lune, N11, à l’étoile, N14, forme le hiéroglyphe N12a, logogramme, . Le hiéroglyphe N11

proprement dit est le logogramme~déterminatif de ichichichich, lune, graphie abrégée de 3333bd, mois (G.Lefebvre,1955,405). Rainer

Hannig note : «a. in Personennammen» (R.Hannig,1995,1151). Mais s’agit-il d’une [combinaison de signes icôniques simples] formant un nouveau signe, ou les choses sont-

elles plus complexes ? Dans notre article «L’Âme jambée» (A.Anselin, Potmark-Egypt.com,2007), nous avions abouti à

une conclusion opposée, celle de [signes iconiques complexes], susceptibles d’entrer dans les combinaisons de

[groupes de signes] les mettant en [texte]. Michel Malaise et Jean Winand avaient déjà observé et défini avec

pertinence les différents types de [signes complexes], d’associations de deux signes dans l’écriture

hiéroglyphique - les combinaisons occasionnelles, du type du hiéroglyphe D31, hhhhm k3333, dont les deux composants,

D32 et U36, analysables, pourraient être écrits à la suite, de manière distincte, , k3333, , hhhhm, sans que change la lecture

de l’ensemble, les signes composites, également analysables, et les [amalgames], formant «un tout insécable et figé», dont les éléments sont «insécables et inanalysables», «la valeur du signe ne se résum(a)nt pas à la somme de ses constituants»(M.Malaise & J.Winand,1999, 692). Le signe complexe N13, iiiibd, le vérifie, sa valeur ne doit rien à ses

unités élémentaires, N11, ichichichich, et N14, sb3333.

Page 9: intention phonetique IV

Les deux grammairiens avaient aussi remarqué que nombre de ces signes complexes posaient un

phonogramme sur un déterminatif -c'est-à-dire un sémogramme, par exemple, celui des jambes en

mouvement : M18, , N40, , O35, . Ces amalgames n’étaient évidemment pas réductibles à la somme

de leurs constituants, N40, ssssm, phonogramme N37, ssss, taxogramme D54 du mouvement, O35, sbiiii, phonogramme

O34, *z > s, taxogramme D54 du mouvement. C’est là un des nombreux exemples qui soulignent que les graphistes

jouaient de la double articulation avec un art consommé du signe.

Un quatrième de ces bigrammes du mouvement (W25) unit un bol, nw, (W24) et le même pas (D54),

[ ] iiiinj, herbeibringen, holen (Wb I 90). Abondant sur les powermarks de la Première Dynastie

(Nagada IIIC), ce signe complexe ne résulte pas de la combinaison de deux signes graphiques ; sa valeur, inj,

n’est pas celle de ses constituants, nw et une paire de jambes en mouvement. Ce que ces exemples mettent en

évidence c’est le poids de la motivation culturelle dans l’amalgame. Le signe complexe W25 du tribut/de

l’offrande a pour patron la métaphore gestuelle d’un type de rapport social. Ce

cérémoniel du tribut connaît une mise en artefact précoce, antérieure à sa mise en signes -

l’[amalgame] de Michel Malaise et Jean Winand s’avère être rien moins que la réplique graphique

d’un théofact ou d’un powerfact, une poterie du Nagada II B-C, le Bol jambé du Metropolitan Museum of Art de New York, une polished red pottery Source : W.C .Hayes, 1953 de Haute Egypte. «Au plus tard, il est datable du milieu de la SD 40-50, soit Nagada IIB-C. Donc largement antérieur aux premiers signes jambés de l’iconographie nagadéenne, aux formes archaïques, prédynastiques, des premiers hiéroglyphes» (A.Anselin, L’Âme jambée Potmark-Egypt.com, 2007). L’activité synthétique qui domine la conception du bol jambé témoigne d’une forte motivation culturelle

et précède incontestablement la mise en signe. Elle fournit en retour un modèle conceptuel à l’écriture

hiéroglyphique, qui développe toute une série de signes cette fois combinés- amalgamés sur ce patron: «Le signe n’est pas une simple forme. Le jambage porteur fonctionne comme un modèle conceptuel, à la fois iconique et analogique (cf. J.Schlanger,1991,84-87). La fécondité du modèle est attestée par d’autres exemples encore, qui mettent en œuvre des

analogies et des images : verrou de porte, ,O35, phonogramme/ déterminatif de valeur /sb/ [O34 + D54] ; N40,

,ssssm ;V15, ititititj, ergreifen (R.Hannig,1995,1071,818,114) ; soleil jambé, N61, = [N5 + D54] (R.Hannig,1995,1151) ; céraste (f) doublement

jambé, I 96 , = [ I 9 + (D54 + D54)] (R.Hannig,1995,1147) ; tête d’Anubis jambée F78 [F71 + D54] (R.Hannig,1995,1140) . Ainsi que les

signes D380, D385, D408, D288, D289 (N.Grimal, J.Hallof & D.van der Plas,2000)» (A.Anselin L’Âme jambée, ,2007). Le «bigramme» lunaire n’est pas attesté aussi tôt que le «bol jambé» du tribut, ou la voûte du «ciel nocturne». Mais il

semble bien résulter du même processus conceptuel, qui enracine l’écriture hiéroglyphique dans les lointains les plus

lointains de sa culture, avant même que le signe écrit, drf, vint à l’existence. Les potmarks de la Première Dynastie

l’associent à d’autres signes, monographes, à caractère culturel, administratif ou religieux, nttttr, hhhhwt, voire mr .

= Groupe XI.12.4 Groupe XXIX.2.1. Groupe XVII.9.5 (Abydos)

Lunaison associée à nttttr. Lunaison associée à hhhhwt. 3333bd associé à mr (E. van den Brink, 2007) Minshat, wine-type 4, 2163/18 Tarkhan (Petrie) L’exemple des signes complexes aux antécédents archéologiques et sociologiques avérés qui fournissent à

l’écriture un arrière-pays culturel et des matériaux, montre qu’ils dis-continuent, c'est-à-dire emploient

autrement, du point de vue graphique, des icônes motivés – mettant en signes la relation au monde

(cérémoniels de lunaison), ou le rapport social (artefact du bol jambé du tribut) Dernier point, l’activité synthétique qui caractérise les bigrammes les plus anciens se double d’une intense activité

analytique. Le bigramme de iiiinw supporte la commutation de deux éléments, bol et poisson, sans affecter sa

signification : [ , ], iiiin.w, herbeigebrachte Gaben, Geschenke, Produkte (Wb I 91) – ce qui suggère aussi un

minimum d’équivalence des pratiques sociales et culturelles que les deux groupes représentent.

A l’époque archaïque, et sont déjà commutables. La cohérence des associations, leur pérennité et la

reconnaissance générale de leur valeur sémantique dans le contexte culturel palatial est telle que les scribes n’hésitent pas

à en permuter les éléments, , et , sans que cela change en rien la signification du libellé hiéroglyphique : ,

iiiin.w, herbeigebrachte Gaben, Geschenke, Produkte (Wb I 91,12-18) :

>>>> , , , , < (Source : J.Kahl,2002,39-40).

Page 10: intention phonetique IV

L’activité analytique affecte le groupe lui-même : [ ], iiiin k3333(.iiii), sur l’étiquette d’un powerfact de Den (Dynastie I,

Nagada III C2) qui découpe la graphie du mot en deux unités phonétiques, [iiii + iiiin], dont la disposition, cadrée, n’est

pas celle de la langue, mais obéit aux exigences de l’image – et sur les powermarks de la Dynastie II qui dotent le

bigramme iiiinw d’un complément phonétique, n, comme un guide de lecture et un indicateur de système : [ ].

Ce sont les mêmes signes que ceux de l’idéographie, mais ce n’est plus le même système de signes.

La La La La grammairegrammairegrammairegrammaire dedededessss potmarkspotmarkspotmarkspotmarks L’exemple même des [signes complexes] marqués par les degrés les plus élevés d’iconicité et de motivation

culturelle, et lieu privilégié de l’activité synthétique, montre ainsi que le signe iconique n’échappe pas à

l’activité analytique. Jouant de la métonymie phonétique du signe, employant, à l’occasion d’une simple

commutation, un signe pour sa valeur, contiguë, de signifiant phonétique et non pour ce qu’il signifie lui-

même au seul plan sémantique, les graphistes de l’époque prédynastique mettent en évidence que

l’idéographie ou la logographie est lourde de sa phonographie. A fortiori, les signes simples n’échappent pas au

mouvement général de stratégie phonétique qui anime désormais la composition des inscriptions.

Alors que l’iconographie du Nagada II C livre les premiers brouillons de la phrase nominale en l’espèce de

quelques suites de pictogrammes, les inscriptions du Nagada III B-C fournissent des exemples de plus en plus

nombreux de constructions réglées par la grammaire de la langue et débouchant sur une indispensable

phonétisation, seule capable de noter les éléments grammaticaux. D’abord intégrée au dispositif iconographique, la

graphie de la langue s’en émancipe et se fait de plus en plus analytique. Ses libellés linguistiques s’enrichissent de

formes construites sur un modèle proche de la proposition à prédicat nominal, pour l’essentiel tout le spectre des formes

participiales, distinguant les aspects accompli, inaccompli et prospectif – formes participiales susceptibles d’être

substantivées et d’entrer à ce titre dans la formation de propositions à prédicat substantival en qualité de prédicat~

d’attribut. Une autre forme nominale du verbe, l’infinitif, apparaît à la même période, faisant remarquer à John

Baines que «le langage lui-même fut adapté à l’écriture : durant le début de la I° Dynastie, «l’infinitif narratif» fut introduit comme une méthode de présentation des évènements» (J.Baines,2004,150-189). Cette forme narrative se construit

en fait sur le modèle de la proposition à prédicat substantival, sddddm pw iiiirj entendre ce fait > (c’est) entendre ce qui fut fait > alors il entendit (M.Malaise & J.Winand,1999,285). La fonction de prédicat y est assurée par un infinitif, celle de sujet par

un participe, accompli passif, en l’occurrence une forme relative substantivée. La prise en compte du démonstratif, pw,

et sa graphie ne sont d’ailleurs pas usuelles dans les temps anciens. Les textes religieux, volontiers conservateurs, font

l’économie du démonstratif et placent le sujet nominal en tête, devant son attribut, hhhhw r(3333).k, Hou (est) ta bouche

(C.Obsomer,2003,83). L’adaptation du langage à l’écriture a-t-elle pu avoir pour pierre d’angle le compromis de la phrase nominale, où

une proposition de signes graphiques et une proposition de mots peuvent coïncider dans la mise en scène graphique ?

Des formes verbales suffixales, réputées anciennes en égyptien, sont également introduites (J.Kahl,2004, E.V.Mac Arthur,2008). Jochem Kahl en a donné un exemple probant à propos d’une inscription sur une «limestone spindle whorl» de

Hiérakonpolis (J.E.Quibell & F.W.Green,1896,II,LXXI). Bien que le signe médian soit peu lisible (?), Jochem Kahl

transcrit l’inscription comme une forme «Aktive sddddm.f im Personal Name hhhhtp.f» en raison d’un parallélisme

étroit avec une inscription similaire d’une stèle des Tombes Royales de la Dynastie I (W.M.F.Petrie, II, Taf 26.63), également répertoriée par ses soins ((J.Kahl, 2004,332). Plus analytique, le libellé linguistique devient aussi susceptible de s’accommoder du déplacement de son emploi

vers une gamme de plus en plus large d’usages liés aussi bien à la manifestation royale et au discours de sa

légitimation, qu’à leur administration - et de fournir à la langue son écriture. Parmi ces libellés linguistiques des

inscriptions prédynastiques, les potmarks thinites, caractérisées par de courtes séries de deux ou trois preformal hiéroglyphs, des logogrammes, le plus souvent bilitères ou trilitères dans leur translittération hiéroglyphique, semblent

à première vue elliptiques, et paraissent mal se prêter elles aussi à l’encodage d’un énoncé linguistique7. Le contexte

des potmarks thinites répertoriées par Edwin van den Brink (E.van den Brink, 1992, 267-292 ; E.van den Brink Basic signs, Potmark-Egypt.com,2006) et à sa suite par de nombreux chercheurs (K.Kroeper,20000, F.Hassan & G.Tassie,2003,N.Buchez,2004, L.Mawdsley, 2007, G.Bréand,2008), leur situation chronologique et sa date médiane, le Nagada IIIC, militent pour leur interprétation

7 Elles n’ont pas le monopole exclusif des groupes de deux signes. D’autres catégories d’inscriptions, portées sur des objets de

prestige, hache, vase de pierre, portent de courtes séries de monogrammes bilitères ou trilitères (voir plus bas pp.11 et 16)

Page 11: intention phonetique IV

hiéroglyphique. Elles sont en effet contemporaines d’inscriptions, nombreuses, powermarks ou officialmarks, qui

documentent souvent, mais pas toujours, les traits phonétiques standard de l’écriture égyptienne au milieu de la

Dynastie I. Par opposition, les groupes de signes des potmarks sont caractérisés par l’absence de toute

complémentation phonétique, et de notation d’éventuels suffixes de la conjugaison ou de morphèmes du genre

et du nombre. Dans ces conditions, la prise en compte de l’ordre des constituants graphiques des potmarks thinites revêt une importance particulière dans la recherche d’un guide de lecture pertinent. L’inversion des constituants, d’une

inscription à l’autre, est susceptible de témoigner d’une intention grammaintention grammaintention grammaintention grammaticaleticaleticaleticale, solidaire de l’expression phonétique

que l’on est en droit de prêter à des séries de logogrammes de la Première Dynastie (Nagada IIIC). Les deux

agencements les plus fréquents de deux logogrammes soutiennent de ce point de vue la comparaison avec les

patrons grammaticaux des formes participiales, que leur complémentation phonétique permet d’identifier dès cette

époque dans d’autres types d’inscriptions -passées en revue par Jochem Kahl dans ses travaux.

Du participe et de ses emploisDu participe et de ses emploisDu participe et de ses emploisDu participe et de ses emplois La langue égyptienne distingue plusieurs types de participes pour lesquels nous donnons ici les formes du

masculin singulier: participe accompli actif, en -w et en -j, passif en -w, participe accompli actif en -w, passif

en -j pour les 3° inf. et les irréguliers, prospectif en -j pour le masculin, en -ti pour le féminin, exemples

participe passif prospectif du verbe mr : mrj et mrj.ti (M.Malaise & J.Winand,1999,523). Michel Malaise et Jean Winand

remarquent que «dans certains cas, il est très difficile de trancher entre un participe prospectif passif et un parfait ancien à valeur finale consécutive» (M.Malaise & J.Winand,1999,522 & 489). Pierre Du Bourguet en décline la difficulté :

mry, puisses-tu aimer, par opposition à la forme passive, mr.w, puisses-tu être aimé, mais, participe accompli actif,

mry et mr.w, aimant, passif : mr.w, aimé, inaccompli passif, mrr.w, le (qui est) aimé (P.Du Bourguet, 1980,61-63). Dépourvus d’antécédent, les participes fonctionnent comme des substantifs «dont ils peuvent assumer les

différents rôles». Par exemple, complètement phonétisé, , hhhhsj un (homme qui est) loué (Conte du Paysan,

B1-68), où le vase joue le rôle de déterminatif phonétique, et les idéogrammes , ceux de déterminatifs

sémantiques signifiant que le participe est substantivisé et désigne un homme (A1), loué, félicité (oralement, A2).

Aussi ces formes nominales des participes sont-elles susceptibles d’entrer dans la formation de propositions à prédicat

substantival.

Enfin, la construction prospectiveconstruction prospectiveconstruction prospectiveconstruction prospective, au principe de bien des anthroponymes égyptiens «exprim(a)nt des souhaits

formulés par les parents à la naissance» (P.Grandet & B.Mathieu, 1993,384 et 387) implique logiquement la mise en signes des

affixes grammaticaux. Donnés par les parents, les noms personnels devraient être formulés à la 3° personne du

singulier masculin ou féminin. Formulé à la 1° personne du singulier, le prospectif autonome nécessite aussi la

graphie phonétique du suffixe - et dans tous les cas de figure, sa supposition, indiquée par des parenthèses, par le

philologue en fonction du contexte8.

En l’absence de ces éléments grammaticaux, quand les constituants A et B d’une paire donnée sont les mêmes, c’est

leur ordre, [A B] ou [B A] qui gouverne la lecture, c'est-à-dire l’identification des formes participiales. La réversibilité

grammaticalement significative de l’ordre des signes n’a pas échappé à Henry G.Fischer à propos des noms

personnels de l’Ancien Empire. Il se fonde sur elle pour distinguer les deux modèles, participial (forme relativeforme relativeforme relativeforme relative) et

pseudo-participial (parfait ancienparfait ancienparfait ancienparfait ancien, en principe doté de sa propre conjugaison suffixale) : «It is true that the old perfective

is well attested in Old Kingdom names containing the element k3, which is not subject to honorific transposition. But there is, in fact, so much evidence fro the old perfective in these cases, compared to the demonstrated rarity of its use in

theophoric names, that one immediately suspects the validity of the parallel. While represents K3333(.iiii)-nfr «My k3 is

good» (old perfective), is not Nfr-k3333(.iiii) with the same meaning, but nfr-k3333, which is probably to be interpreted as «one who is beautiful of k3333» as is shown by its apparent feminine counterpart nfrt-k3333» (H.G.Fischer, 2001,45-66), l’accompli exclamatifl’accompli exclamatifl’accompli exclamatifl’accompli exclamatif de Pierre Grandet et Bernard Mathieu, nfr hhhhr, (un qui est) beau de visage (P.Grandet & B.Mathieu,1990, 66).

Cette opposition du parfait ancien et des participes accomplis se repère dès les Dynasties 0 et I. La

construction du parfait ancient est, par exemple, identifiée sur une inscription de la Dynastie I dénuée

d’éléments phonétiques et grammaticaux. William F.Petrie a décrit le nom de «Ka-hetep (…) roughly incised on an axe with side lugs», un des plus anciens artefacts de ce type– indéniablement un objet de prestige

8 Certains anthroponymes sont formulés à la 1° personne, exemple célèbre : k3333 gm n i i i i –avec k3333 antéposé,

et possessif éludé. P.Grandet et B.Mathieu le rendent par un logique et non usuel gm n.iiii k3333(.iiii).

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(W.M.F.Petrie, 1925, 5 & Taf.3.8). Jochem Kahl y voit un «Pseudopartizip 3°Person Singular maskulinum im Personal Name»,

k3333.(iiii) hhhhtp (J.Kahl,2004,331), c'est-à-dire «mon k3 est satisfait». La construction du participe actif imperfectif sur une

inscription de Narmer est signalée par Elise V.Mc Arthur (Writing Workshop,2008) : nccccr-mr hhhhtp nnnnnmw (J. Kahl n°125), traduite

«Narmer, the one who satisfies Chnum» (Erika Schott, Die Sockelinschrift des Narmeraffen, Revue d'Égyptologie 21,1969,81, fig. 5). L’absence des éléments grammaticaux dans les libellés les plus anciens, et notamment sur les libellés

logographiques des potmarks prédynastiques n’est pas pour autant dénuée d’intérêt. Ces graphies elliptiques ont

pu laisser des traces dans les graphies de l’âge classique. Pierre du Bourguet note qu’en égyptien classique, le

pseudo-participe (old perfective : mr k(wi) étant aimé moi), mr(w) étant aimé lui) sous-entend souvent la 3°

personne singulier, (w), non graphié. «Il s’ensuit que dans un énoncé de construction apparente [substantif + verbe] celui-ci est à la forme d’état et le sujet n’est pas le substantif mais le pronom spécial qui va avec la forme

d’état». (P.Du Bourguet, 1980, 41). s3333 mr.w fils aimé (lui), le fils étant aimé, ou encore, dcdcdcdc pr(w) tempête étant survenue (Conte du Naufragé, v.32). Le défaut du sujet est aussi attesté dans les propositions indépendantes «à valeur exclamative» formées sur le pseudo-participe, exemples : diiii.(w) ccccnnnnn, doué de vie (soit-il !), cnnnnn.(w) ddddt, vivant éternellement (soit-il !) (C.Obsomer, 2003,103). Faut-il voir dans l’élision graphique du sujet un «archaïsme» daté de la mise en signes de la langue, un peu à la

manière de la triplication graphique du pluriel archaïque?

Nous proposons une lecture des séries de signes des potmarks thinites à l’aune de toutes ces constructions, sans jamais

perdre de vue que le propre du chercheur est le doute et non la certitude. Notre corpus de combinaisons, limité à quelques

groupes de signes reconnaissables pour leur facture hiéroglyphique, les preformal hieroglyphs de Geoffrey Tassie,

Fekri Hassan, Joris van Wetering et Bram Calcoen (2006,201-234,2008), dont on pourra nous disputer l’interprétation, se

prête indubitablement au type de lecture proposé. Son choix ne saurait cependant épuiser l’étude des potmarks.

Propositions de lecture de quelques groupes de signes des potmarks Propositions de lecture de quelques groupes de signes des potmarks Propositions de lecture de quelques groupes de signes des potmarks Propositions de lecture de quelques groupes de signes des potmarks Première combinaison

Elle associe un signe complexe et un signe simple :

Combinaison du monogramme nttttr et du bigramme 3333bd = iiiibd (E.Van den Brink,Potmark-Egypt.com, basic signs, 2006)

L’ordre des signes, nttttr iiiibd, doit être retourné : , nttttr, est dirigé vers la droite. Antéposé, il débute le libellé dans

toutes les inscriptions, qui se lit donc de droite à gauche et peut être un génitif direct : la «fête lunaire du dieu» (?).

La graphie minimale pour désigner la Fête de la Lune est attestée. Les variantes de la translittération 3333bd = iiiibd

soulignent les valeurs respectives que peuvent prendre /3333/ et /iiii/ ici interchangeables parce que <*/l/.

Deuxième combinaison Elle met en scène ou plutôt en signes le vase hhhhs et l’emblème divin nttttr, antéposé dans le premier cas, pas dans le second.

& Ordre nttttr hhhhs Ordre : hhhhs nttttr

Combinaison des monogrammes nttttr et hhhhs (E.Van den Brink,potmark-Egypt.com) [les potmarks sont classées en tenant compte du sens de la graphie]

Les analyses de Pierre Grandet et Bernard Mathieu sur les participes passif et actif constituent un bon guide

d’interprétation de ces suites de signes elliptiques ; les analyses de Pierre du Bourguet pour des constructions

plus tardives, au Moyen Empire, employant «au sens relatif des participes», dûment grammaticalisées et

phonétisées, élargissent la gamme des miroirs classiques des temps anciens :

potmark nttttr.t hhhhs.t wi potmark hhhhs.t nt nttttr déesse celle qui favorise/favorisant moi (P.Du Bourguet,1980, 58) celle que favorise/la favorisée du dieu

Page 13: intention phonetique IV

Il y a là une sorte de continuité de l’art graphique dans les deux libellés hiéroglyphiques. Chacun d’eux

comporte les deux idéogrammes, ordonnés selon que le participe est passif ou actif. Les énoncés du Moyen

Empire développent la grammaticalisation et de pair la phonétisation –opposables à l’absence de /n/ dans la

potmark de la seconde série de libellés.

La traduction rend mal compte du fait qu’en égyptien nttttr supporte aussi bien le genre que le pluriel. Lectures

proposées, parfait ancien, nttttr hhhhs, (le) dieu est loué, voire prospectif, (le) dieu soit loué ! et forme relative,

hhhhs nttttr, un qui loue (le) dieu ? aux allures de dénomination personnelle.

Troisième et quatrième combinaisons Cette série pourrait d’ailleurs illustrer «l’emploi des participes dans des formules stéréotypées», particulièrement les

«formules contenant mry aimé et hhhhsy loué», documentées dans des anthroponymes théophores et basilophores.

Ordre : - hhhhs Ordre : hhhhs -

Combinaison de hhhhs et d’un oiseau , (E.van den Brink,2006).

Dans le répertoire des hiéroglyphes, l’oiseau le plus voisin du dessin de la potmark est l’ibis du hiéroglyphe

G26, sur son pavois. Comme le notent Michel Malaise et Jean Winand, le hiéroglyphe G26 est un [amalgame]. Il

offre «une lecture dhdhdhdhwty que ne peut porter ni l’ibis ni le pavois sur lequel il est perché», (M.Malaise & J.Winand,1999, 711 & 692). Le nom de Thoth, dhdhdhdhwty, un agentiel formé sur une racine *dhdhdhdh, ne doit donc rien à ses constituants, le hiéroglyphe

de l’ibis sacré dont la valeur phonétique est hby (Wb II 487,1-4) et un déterminatif, support d’images divines, R 12, i3i3i3i3.t «mais il est évident que l’image de l’ibis animal sacré de Thoth, nourrit un rapport avec le nom divin qu’il note».

(M.Malaise & J.Winand,1999,692). Aussi bien, la graphie du nom de l’ibis religiosa, hby, prend indifféremment pour

déterminatif le signe simple de l’échassier ou le signe complexe de l’ibis sur son pavois : (Wb II 487,1-4).

L’absence du pavois dans les deux séries de potmarks n’est d’ailleurs pas un obstacle à l’identification de Thoth.

(Wb V 606)

A Denderah, Thoth «is called in this connexion , the Ibis» (P.Boylan,1922,96). Sa graphie ne comporte pas de pavois.

Thoth, l’inventeur de l’écriture hiéroglyphique, est , rdiiii mdw drf, «celui qui a donné le mot et le signe écrit» (P.Boylan, Thoth.The Hermes of Egypt,1922,Chapitre X Thoth as author of the Divine Words 92-97). La référence à Thoth est-elle si

surprenante dans des inscriptions de l’époque des grandes réformes hiéroglyphiques de la Première Dynastie ? «La fonction de scribe du dieu Thoth, considéré comme créateur des paroles divines (mdw nttttr)» est même «abondamment attestée» (P.Boylan,1922,92-97)». Il n’est pas jusqu’au contexte funéraire qui soit à prendre en

considération : Thoth d’Hermopolis «assume la fonction de premier auteur théorique des formules funéraires»,

que le défunt prononce de manière performative- il «ne communique pas, il crée». (F. Servajean,1999,25). L’oiseau des potmarks de la première Dynastie ne peut-il pas dans ces conditions être identifié à un ibis sacré, et cet

ibis sacré sans son pavois, à Thoth ? Si l’on admet que l’échassier de la potmark est bien l’ibis divin des hiéroglyphes,

ne peut-on pas proposer pour lectures des deux séries, en fonction de l’ordre des signes, , «un qui loue Thoth»

et et «Thoth est loué» (dhdhdhdhwty hhhhs(.w), Thoth, (il) a été loué) versus «Thoth soit loué !» ?

Page 14: intention phonetique IV

Deux autres combinaisons Les combinaisons de k3333 avec des idéogrammes artéfactuels, le vase hhhhs et la houe mr, ne peuvent manquer de retenir

l’attention. Leur emploi phonétique est indéniable, mr et hhhhs sont les noms noms noms noms de deux artefacts, que leur commutabilité

avec des verbes verbes verbes verbes homophones, mr, aimer, et hhhhs, louer, favoriser, rend disponible pour la phonographie d’énoncés

linguistiques. La solution d’une lecture phonétique parait aller de soi - le vase prenant le sens, contigu au champ

sémantique de l’objet référent dans une relation motivée [vase, libation, louer, favoriser, féliciter] et l’outil aratoire, en

raison d’une homophonie aléatoire, recevant une valeur arbitraire, [aimé]. Après tout, on l’a vu plus haut, tout signe

iconique réfère à un objet concret, réel, et jamais l’inverse. Le vase hhhhs et la houe mr ne sauraient donc qualifier

au sens propre des formules théophores ou basilophores. On imagine mal qu’un dieu soit vaseux et une reine houée !

Cette lecture est nécessairement dépendante de l’ordre graphique des signes, sous réserve qu’il soit réglé par

l’ordre linguistique des mots, et qu’elle soit limitée par le déficit de graphie des éléments grammaticaux. Il est

remarquable que les mots mr et hhhhs entrent très tôt dans des dénominations, particulièrement anthroponymiques,

théophores et basilophores. Jochem Kahl a magistralement identifié les inscriptions les plus anciennes comme

des constructions grammaticales. Après avoir rappelé que le signe de la houe, mr, est attesté dès Aha, notamment

sur une célèbre tablette, il dénombre les constructions grammaticales diverses dans lesquelles il apparaît : Akt. sddddm.f im PN mr.f k3333 (W.M.F.Petrie,Tomb of the Courtiers, Taf 1, 442) ; participe passif masculin singulier dans un KönigsName

d’une empreinte de sceau d’Adjib : mr piiii bi3 ii3 ii3 ii3 i ; épithète : mr nsw. Et même une Relativform fem sg sddddm n f dans

un PersonalName mr n k3333 (J.Kahl,2004,185-186). L’étude de «l’emploi des participes dans des formules stéréotypées»,

particulièrement les «formules contenant mry aimé et hhhhsy loué» (P.Grandet & B.Mathieu,1990,245) s’avère précieuse pour

notre propos. Pierre Grandet et Bernard Mathieu notent qu’elles constituent une «variante de la construction agentielle du participe passif accompli, où le nom de l’agent est joint au participe par un génitif direct et non par ~ n, comme dans le cas des participes non accompli (et prospectif)» (P.Grandet & B.Mathieu,1990,184-185). Les exemples

donnés par les deux grammairiens datent de l’Ancien Empire - rcccc mry, Meryrê, Aimé de Ra, prénom de Pepi I, et rcccc mr

n, Merenrê, Aimé par Ra, hhhhsy.f et hhhhs(y) n.f, «félicité (de) lui» et «félicité par lui», et il s’agit déjà de stéréotypes ! La

stéréotypie de la formule suppose assurément une grande ancienneté, et un minimum de continuité des normes et des

pratiques culturelles du prédynastique à l’Ancien Empire.

Ordre : k3333 h h h hs Combinaison de k3333 et de hhhhs Ordre : hhhhs k3333

Bâties sur le même modèle que les deux anthroponymes analysés par Henry G.Fischer, K3333(.iiii)-nfr, «My k3 is good», et nfr-k3333, «one who is beautiful of k3333», les deux inscriptions font l’économie des monogrammes

monolitères purement phonétiques dont l’emploi commence à devenir usuel sur les stèles et les sceaux de la

Première Dynastie. Traductions : k3333(.iiii) hhhhs (mon) k3 est favorisé~béni versus que mon k3 soit favorisé~béni ! Et hhhhs k3333, un [favorisé, loué, béni] du k3. Un libellé thinite distribué du sud au nord, d’Abydos à Abu Roash.

Groupe III.29.1 Abydos (Amelineau) Groupe III.29.2 Abu Rawash (Klasens) Groupe III.29.3 Abydos, Tombe X2 Adjib Groupe III.40.1 Abydos. (E.van den Brink, Basic signs,Potmark-Egypt.com, 2006)

La liste des combinaisons de k3333 et de mr est plus étoffée :

Potmarks thinites ( E.van den Brink, Basic signs,Potmark-Egypt.com, 2006)

Elle est caractérisée par la prédominance de graphies verticales plutôt qu’horizontales des groupes de signes

comprenant le logogramme du k3333. On suspecte une norme graphique archaïque, peut-être motivée culturellement,

et devenue «subliminale» dans les signes composites de l’âge classique :

, , , Potmark Powermark (Den, Dynastie I) Stèle (Qaa, Dynastie I) Signe composite (Egyptien classique)

Page 15: intention phonetique IV

La série de potmarks est dominée par un agencement superposant k3333 et mr - sauf les deux dernières où k3333 précède

mr de manière linéaire. Lectures proposées pour les groupes de signes des potmarks : k3333 (.iiii) mr, mon k3 est aimé~bien-aimé versus bien-aimé (soit) mon k3 ! Mais si les potmarks présentent deux variantes, verticale et horizontale, de

l’antéposition honorifique, comme dans la graphie de Kagemni, il faudrait lire mr k3333, «un (qui est) bien-aimé de k3» ?

Mise en parallèle des combinaisons de signes des Mise en parallèle des combinaisons de signes des Mise en parallèle des combinaisons de signes des Mise en parallèle des combinaisons de signes des potmarkspotmarkspotmarkspotmarks et des et des et des et des powermarkspowermarkspowermarkspowermarks La comparaison des combinaisons de signes des potmarks thinites avec celle des powermarks de la royauté et

des documents officiels des élites de la Première Dynastie, éclaire l’écriture hiéroglyphique et ses pratiques.

Cette comparaison nous semble d’autant plus pertinente que les potmarks se dénombrent dans les mêmes

tombes que les impressions de sceaux, qu’elles soient royales, tombes abydiennes de la Dynastie I d’Aha à

Qa’a, ou qu’il s’agisse de celles des élites de la même Dynastie à Saqqara - par exemple la tombe S3506, ses 61 potmarks et ses 178 seal impressions (E.van den Brink,2008,6-7). Nous avons d’abord rapproché la série de potmarks combinant [k3333 et mr] d’une série similaire relevée sur des stèles consacrées à des personnages importants de la Dynastie I. Dans nos exemples, le signe mr est, cette fois, superposé à k3333. Ce premier point met en évidence l’intention grammaticaleintention grammaticaleintention grammaticaleintention grammaticale, seule capable de fournir une explication pertinente à

l’inversion de l’ordre des signes.

Potmarks Inscriptions de deux stèles

Le second point met en lumière l’intention phonétiqueintention phonétiqueintention phonétiqueintention phonétique : les powermarks et les inscriptions des objets de

prestige, des stèles et des sceaux des élites attachées au pouvoir, écrivent compléments phonétiques et

morphèmes. La phonétisation graphique permet une meilleure expression grammaticale que celle suggérée

par le seul ordre des signes - en l’occurrence celle de participes passifs masculin singulier et féminin

dans des noms personnels : mr k3333 sur une stèle funéraire de la tombe 3505 de Saqqara (W.B.Emery Tombs of the First Dynasty, III, Taf 39 ; J.Kahl,2004,187), où mr est pourvu de son complément phonétique, r, souscrit sous k3333, qui embrasse le signe

mr. Et mr.t k3333, sur une stèle, avec là aussi une graphie davantage commandée par le dispositif iconique que par la

syntaxe de la langue elle-même où , k3333, est inscrit entre , mr et , t, souscrit au groupe (W.M.F.Petrie,1901, RT II,Taf 26.61 cf. J.Kahl,2004,187, Königsname). Lectures proposées : mr-k3333, un qui est bien-aimé de k3333, et sa contrepartie féminine, mrt-k3333. Les

personnages figurés sur les inscriptions sont les déterminatifs, celui du noble sur son siège, hiéroglyphe A50, , et, juste

sous le signe du morphème du féminin, celui de la femme, assise, hiéroglyphe B1, . Merka, l’un des fonctionnaires les

plus importants du règne de Qaa, Dynastie I, cumule les fonctions administratives et religieuses et leurs titres.

Les deux inscriptions mettent en jeu l’essentiel des éléments constitutifs et des règles de la hiéroglyphie de la

langue, qui joue de la double articulation du signe - logogrammes, phonogrammes, taxogrammes, complémentation

phonétique, graphie de formes grammaticales et de morphèmes.

Comme les stèles des haut-fonctionnaires royaux, les sceaux fournissent des exemples tout aussi remarquables de

phonographie des libellés hiéroglyphiques thinites. Une série d’entre eux mobilisent le hiéroglyphe R4 de la natte

d’offrandes et son pain -un hiéroglyphe par ailleurs bien attesté sur les potmarks, de Saqqara, , Tombe 3504, sous

Djed (W.B.Emery,1954,88), et d’Abydos, , Tombe Y7 (W.F.M.Petrie,1900,572). Dans une inscription scigillographique prédynastique,

incomplète de Hiérakonpolis (J.E.Quibell & W.Green,1896,II, LXXI), le hiéroglyphe E10 du bélier précède hhhhtp, totalement phonétisé

sans être inscrit pour autant dans l’ordre graphique logique, [hhhh + hhhhtp + p + t], [.. ..] < . Le nom

personnel pourrait se lire comme un parfait ancien, HHHHnm.w hhhhtp, Khnoum-hotep, «Khnoum est satisfait».

Tous les objets de prestige de la période ne font pas état du même degré d’une phonographie. Similaires en cela aux

potmarks, deux vases de pierre répertoriés par Peter Kaplony portent une inscription combinant juste deux idéogrammes,

hhhhtp et nt : , , Zylindrisches Gefäss, nos 27 et 28, archaischen Zeit (P.Kaplony, 1968 ,55). Peter Kaplony lit les deux inscriptions Htp-Nt,

Hotep-Neith, «un qui satisfait Neith», un Personenname construit sur un participe perfectif accompli. Les

étiquettes des débuts de la Dynastie I étudiées plus haut portent aussi ce nom au recto (et un nombre au verso).

Après Zaki Saad (1969), Kathryn Bard lit Neit-Hotep une étiquette d’Helwan comportant le même groupe,

mais doté de compléments phonétiques disposés, comme sur l’impression de sceau de Hierakonpolis, dans le

Page 16: intention phonetique IV

désordre, p, hhhh et t (K.Bard,1992,299) : «Neit est satisfaite», un parfait ancien que pourrait documenter aussi, sans

complémentation phonétique, une potmark thinite publiée par Edwin van den Brink, , nttttr hhhhtp, Netjer-Hotep,

«dieu est satisfait». Ou un prospectif, «que dieu soit satisfait !», «que Neit soit satisfaite !».

Rayon powerfacts toujours, une autre inscription, verticale, sur un couteau de cuivre, peut-être cérémoniel du

site d’Abydos, est celle d’un nom personnel lu b3 s3 s3 s3 s par William M.F.Petrie (W.M.F.Petrie,1925,Taf.3.4). Quoique

le «bassin», strié, ne supporte pas de pain conique, Jochem Kahl opte pour le signe de la table d’offrandes

l’inversion honorifique des signes superposé, et lit le groupe hhhhtp HHHHnm.w (J.Kahl,2004,370). Si on conserve l’ordre des

signes tel qu’il apparaît dans les anthroponymes classiques, , HHHHnm.w hhhhtp, Khnoumhotep est envisageable aussi.

C’est un nom personnel bien attesté à de nombreuses époques de l’histoire de l’Egypte ancienne, par exemple, trois

générations de nomarques du XVI° nome de Haute-Egypte au début du Moyen-Empire le portent, et le petit-fils du

premier d’entre eux a laissé une biographie célèbre (P. Le Guilloux La biographie de Khnoumhotep, Prince de Beni Hassan, Angers,2005, 16, v2). Considérées dans une perspective historique, les données du bouillonnement graphogénétique des premières

dynasties s’avèrent plus complexes que le tableau qu’en organise leur étude, et la distinction entre potmarks thinites proprement dites et powermarks prend ici avant tout une valeur opératoire qu’on ne saurait sans danger

importer dans le regard que pouvaient en avoir les Egyptiens eux-mêmes.

La comparaison des types de potmarks montre en effet que les potmarks thinites consistent d’abord en serekhs incisés

sur quatre types de poteries pendant la Dynastie 0 et au début de la Dynastie I (E.van den Brink,2001,23 et sq.). La fréquence des

potmarks s’envole ensuite au cours des règnes de Djer et de Djet pour connaître leur apogée sous Merneit et Den, avant

de retomber au niveau de Djet sous Adjib et Semerkhet, puis de s’étioler sous Qa’a (E.van den Brink, 1992, 271). Il ne s’agit

plus de serekhs, de powermarks stricto sensu, bien que parfois les potmarks figurent sur des like serekhs type jars. Cette

distribution semble refléter un phénomène d’extension de l’écrit parallèle «to the overall increase in the amount of offerings placed in the burials» (K.Kroeper,2000,215) et à l’essor des grandes nécropoles funéraires de la Dynastie I.

Particulièrement frappant est le poids que prennent, dans notre comparandum, à partir de la Dynastie I, les

inscriptions des objets de prestige, stèles et sceaux des élites en charge de l’administration du pays pour le compte du

roi. Etendant l’économie du système hiéroglyphique à ses éléments grammaticaux, ces powermarks de haut-

fonctionnaires n’ont cessé de fournir, pour des groupes de signes identiques, des exemples d’intention phonétiqueintention phonétiqueintention phonétiqueintention phonétique plus

probants que ceux identifiables dans les potmarks. En comparaison, les potmarks thinites exploitent, dans leur

emploi de quelques monogrammes d’une liste encore limitée de signes bilitères, le nouveau système graphique sans

user de toutes les marques de la phonétisation –notamment la complémentation phonétique.

Or l’époque de l’apogée des potmarks est aussi celle où est constitué de manière systématique par les scribes le répertoire

des monogrammes monolitères pratiquement absents des potmarks : «Parmi les éléments basiques, pratiquement toute la gamme des signes unilitères est attestée à la moitié de la I° Dynastie (J.Kahl,1994,70-71), alors que le répertoire des signes bilitères semble encore relativement limité» observe John Baines (J.Baines,2004,150-189). Et ces signes monolitères

revêtent une importance fondamentale dans la phonétisation et l’expression grammaticale de la hiéroglyphie. Tout signe

iconique réfèrant à un objet concret, réel, et jamais l’inverse, l’expression grammaticale, ne pouvait être représentée

elle-même de manière figurative. Elle exigeait nécessairement l’emploi phonétique des idéogrammes, quitte à en

étoffer ou en élaborer le catalogue sur la base de la commutabilité des homophones. La graphie du pronom suffixe

masculin singulier de la troisième personne, f, devient alors possible, en recourant au logogramme de la vipère

cornue, f. De même celle d’un des morphèmes des participes, -w, à l’aide de celui du poussin de caille, -w. La

corrélation de l’expression grammaticale et de la phonétisation est évidente, elles avancent ensemble, dominées par

une intense activité analytique, travaillant sur la métonymie phonétique du signe. L’inscription d’une stèle d’une

tombe subsidiaire d’un complexe funéraire royal de la Dynastie I suffit à le souligner. C’est la valeur, contiguë, de

signifiant phonétique -et non sémantique- qui y autorise l’expression du genre, féminin, -t, par le dessin du pain, t.

Sous la contrainte de la langue, ceux qui ont développé l’écriture «envisageaient non pas de noter juste des mots entiers et des unités sémantiques, mais de plus en plus souvent leurs constituants phonémiques et de créer un système en principe universellement applicable» (J.Baines, 2004,150-189, traduction G.Bréand, 2008).

Piste de recherchePiste de recherchePiste de recherchePiste de recherche Le recours aux potmarks comme point de comparaison aux autres types d’inscriptions nous a permis, en quelque

sorte a contrario, d’éclairer la formation d’une écriture maîtrisant la double articulation du signe. Mais les potmarks ne se limitent pas aux seules potmarks comportant des [groupes de deux signes]. Le corpus comprend nombre de potmarks monographes, iconiques, ou symboliques. Il est difficile d’y voir un système graphique encodant un message

linguistique. Ce que les potmarks communiquent n’est pas nécessairement ce qui peut s’y lire pour les [groupes de signes], mais un autre objet, un point de repère, souvent abrégé à un monogramme. La lisibilité nous semble devoir

Page 17: intention phonetique IV

être de notre fait, à nous, chercheurs modernes. Un repère constitué d’une dénomination (nom de personne, de

domaine, d’institution : exemple le groupe sur une jarre de Tarkhan, que Lisa Mawsdley propose d’identifier

comme pr hdhdhdhd (L.Mawsdley,2008,9). Composée de deux signes suivant «les règles invisibles de la langue», comme nous

pouvons le mettre en évidence aujourd’hui, pareille dénomination n’était pas nécessairement lue comme l’énoncé

incorporé dans sa graphie par les membres des équipes de construction des ensembles funéraires, mais pouvait être

perçue pour ce qu’elle communiquait d’information contigüe–un peu comme le logo d’une marque aujourd’hui

(origine, propriété etc…). Considérés sous cet angle, les groupes de preformals hieroglyphs des potmarks les plus

élaborés, fait de monogrammes bilitères ou trilitères dépourvus de toute complémentation phonétique, constituent

plus une déclinaison de la hiéroglyphie de l’époque, qui met au point le répertoire des monogrammes monolitères

et la phonographie systématique de la logographie égyptienne, qu’elles n’en sont un banc d’essai.

Dans les tombes royales des souverains de la Dynastie I à Abydos et dans celles de leurs haut-fonctionnaires à

Saqqara, les potmarks ne «voisinent» pas par hasard avec les empreintes de sceaux. Edwin van den Brink a établi

un inventaire du voisinage de ces données pour les tombes abydiennes d’Aha à Qa’a, et celles des élites de Saqqara

(tombes 3357,3471,2185,3504,3503,3035,3036,3506,3507,3038,3111,dans l’ordre chronologique). Les tombes royales abydiennes présentent une

balance potmarks/impressions de sceaux variable, mais sur des quantités appréciables, particulièrement la tombe T de Den,

269 potmarks/227 impressions de sceaux. Les tombes de haut-fonctionnaires sont dominées par le poids des impression de

sceaux jusqu’à Djed, et leur disparition ensuite, sauf pour la tombe 3506 (61 potmarks/178 impressions de sceaux), sous le

règne de Den (E. van den Brink, The International Potmarks Workshop: While at London or After or How to Progress with the Study of Early Dynastic Potmarks, Egypt at its Origins 3, 2008). Ce faisant, Edwin van den Brink ouvre une piste de recherche d’une grande fécondité. Comment ne

pas être tenté de poursuivre, dans le cadre, solidaire, des deux Workshops, The International Potmarks WorkshopThe International Potmarks WorkshopThe International Potmarks WorkshopThe International Potmarks Workshop et

Script as material culture Script as material culture Script as material culture Script as material culture WWWWorkshoporkshoporkshoporkshop, de manière cette fois systématique et exhaustive, le comparandum des groupes

de signes similaires des preformal hiéroglyphs des potmarks et des inscriptions scigillographiques hiéroglyphiques ?

La stratégie phonétique et La stratégie phonétique et La stratégie phonétique et La stratégie phonétique et le statut socialle statut socialle statut socialle statut social ouououou Le scribe Le scribe Le scribe Le scribe et et et et le le le le phonèmephonèmephonèmephonème Grammaticalisation et phonétisation de l’écriture n’ont donc pas surgi du vide. Elles ont nécessairement des

auteurs, locuteurs d’une langue donnée dans une société donnée, et dont la stratégie phonétique requiert une

approche de type sociologique, leur définissant une place et un statut dans cette société. Comment expliquer

cette déclinaison de l’intentionintentionintentionintention phonétique phonétique phonétique phonétique sinon par le contexte, le degré de proximité des auteurs des inscriptions

avec la sphère du pouvoir, et par la motivation interne de la civilisation égyptienne ? Le lien entre la déictique

funéraire royale et l’extension économextension économextension économextension économique et institutionnelle du domaine de l’écritique et institutionnelle du domaine de l’écritique et institutionnelle du domaine de l’écritique et institutionnelle du domaine de l’écrit est effectivement étroit.

«During the First Dynasty, some of the institutions responsible for supplying grave goods were mortuary foundations, their names written within an oval frame, and usually translated as «domains».

Noms de domaines royaux sur des impressions de sceaux (W.M.F.Petrie,1900 & 1901) :

I° Dynastie : w3d h3d h3d h3d hr (Djet), tpiiii-t-w (Den, administré par MerNeith), hhhhr tpi Hi Hi Hi Ht (Den, administré par Hemaka) & II° Dynastie : hhhhr sb3333 b3333w (Khasekhemwy)

«Beginning with Djer, each king seems to have founded his own domain, which delivered goods not only to his tomb at Abydos, but also to those of some of the higher officials at Saqqara and, less often, at other sites» (E.M.Engel,2004, 705). L’écriture est un bien politique, un media d’abord particulier à la sphère du pouvoir. Ses emplois et leur extension

participent de l’histoire du pouvoir lui-même et des orientations qu’il imprime à son propre déploiement. Une

conception économique de l’écriture, nécessaire au développement de ses institutions, et productrice de corps sociaux qui

lui sont attachés, vient s’y subordonner bientôt. Le sceau vient s’y incorporer, comme un outil refait aux normes de

la culture égyptienne, en même temps qu’il inscrit les élites de la vallée du Nil dans le grand circuit inter-

régional des biens de prestige -dans une «économie-monde du sceau» à laquelle on ne saurait cependant

réduire les cultures originales et dynamiques qu’elle connecte (S.Mark,1997,Anselin,2005). «From the first appearance of early polities up to state formation, during the IV millennium BCE, seals and clay-sealings were used in Egypt to seal various objects in order to allow the identification of the owner of, or the administration responsible for the sealed objects as well as institutions, provenance, or kinds of goods stored and shipped. This information indicates a centralization of goods and work under the control of a bureaucratic class which also administering their redistribution» (Rita DiMaria, Sealings: tools of communication systems among different cultures in the IV millennium BCE?,2008).

Page 18: intention phonetique IV

Il fallait donc des acteurs au pouvoir, des fonctionnaires à la royauté, qui en gèrent le cours de l’organisation de

la production et de sa distribution selon la motivation interne de la civilisation égyptienne, au contrôle de

l’échange lointain (cf. Fabrice Silpa L’âne, le bateau et le carré logique. Etude comparative des noms des produits dans les Contes du Paysan et du Naufragé (I), i-Medjat n°1, juin 2008,25 a,b-26a). L’extension sociologique du domaine de l’écrit,extension sociologique du domaine de l’écrit,extension sociologique du domaine de l’écrit,extension sociologique du domaine de l’écrit, selon le mot heureux de Pascal Vernus

(P.Vernus,1993,75-108), accompagne le développement du contrôle palatial dans toute la largeur de l’économie et de son

administration, créant en cascades des hiérarchies de scribes, indispensables à l’exhibition cultuelle, à l’exercice et à

l’administration du pouvoir et au développement de ses appareils jusque dans les fondations les plus reculées.

Les potmarks de la Première Dynastie constituent un volet longtemps peu étudié de ce phénomène d’extension

sociologique. Les inscriptions laissées sur des tablettes, des étiquettes, des objets de prestige, des stèles, des sceaux,

par des haut-fonctionnaires proches d’un pouvoir qu’ils secondent, est mieux connue. «The use of the Egyptian script was restricted to the ruling elite, for its application was limited to the expression of numbers, economic goods, names, titles, and events» (Elise Mc Arthur, In Search of the sdm=f: The Conception and Development of Hieroglyphic Writing through the Reign of Aha, 2008). Kathryn Bard a souligné

comment cette élite de lettrés qui maitrise l’écriture hiéroglyphique et en développe le système dans l’administration du

pays, l’emploie systématiquement pour rédiger aussi ses noms et ses titres : «…hieroglyphic writing serves yet another function : to name the administrators of the state within the framework of the year name» (K.Bard,1992,301). La tablette de

Hemaka, un officiel majeur de la Dynastie I qui administre le domaine de hhhhr tpi Hi Hi Hi Ht pour le compte de Den, ou

l’étiquette de Bekh, sous Djer, épèlent littéralement les anthroponymes. Le texte de la tablette de bois de Hemaka, abondamment hiéroglyphé, est organisé en plusieurs registres. Il y

phonétise son nom, hhhh-m3333-k3333, à la gauche du serekh de l’Horus D-n, écrit lui-même phonétiquement (K.A.Bard,Origins of Egyptian Writing, 1992, 301 ; A.J.Spencer, Early Egypt, 1980). L’étiquette d’ivoire datée de Djer, phonographie le nom d’un autre haut-fonctionnaire : “A finely cut ivory label of Zer ; by the side of the name is bekh with the bird, see pl.XII,I, which also is on two copper adzes, III,I,2. From comparing the arrangement on these, it is clear that the bird is named bekh, sometimes with kh

complement, sometimes the bird as the complement.(….) If this is the name of an official, these objects were not all buried with him as they were found in graves 461 and 612, at opposite ends of the square of Zer, nearly four hundred feet apart.” (Petrie, Tombs of the Courtiers,1925, Taf 12.1). Trois quarts de siècle plus tard,

Jochem Kahl donne une autre lecture, également phonétique, de l’inscription: nnnnw b3333 (J.Kahl, 2002, 131). Un vase de pierre thinite -un objet de prestige des personnages de rang élevé, présente une inscription lisible de

droite à gauche, Bauchiges Gefäss n° 23 (P.Kaplony, 1968 ,53). C’est celle d’un nom personnel, iiiirj-k3333-hhhhm-Nt (?), de

graphie quasi littérale, deux monogrammes monolitères, le signe du k3333, deux monolitères pour hhhhm, alors qu’une

solution bilitère existe, et l’emblème de Neith, iiii-r-k3333-hhhh-m-Nt.

Pendant les Dynasties 0, I et II, le scribe est un haut-fonctionnaire proche du pouvoir, un commanditaire et un

propriétaire possible des poteries et un éventuel prescripteur des inscriptions, voire, pour les potmarks de facture

hiéroglyphique, leur inspirateur éventuel. Si, selon qu’elle est symbolique ou iconique, la potmark peut avoir

deux auteurs possibles, le potier et un scribe9, la poterie ne peut en avoir qu’un seul, le potier, et ne peut se

définir, marques à l’appui, que par sa destination et son emploi, également variables. C’est sur d’autres supports

que les jarres que le scribe des premiers temps énumère ses titres, où ceux de «chef d’équipes» ne manquent

pas. Toutefois, Patrizia Piacentini ne fournit pas d’exemple de scribe chef d’équipe de potiers dans son Index de titres de scribes (P.Piacentini,2002,755-770). Ce point n’est pas sans importance dans la recherche de l’attribution d’une paternité

aux potmarks, particulièrement celles de groupes de deux signes caractérisés par une phonogaphie minimale,

implicite. Or les scribes des premières dynasties de l’Ancien Empire ne se contentent pas pour leur part d’étaler

leurs titres dans de véritables cartes de visite funéraires. Ils apparaissent souvent soucieux de phonétiser le plus

prestigieux de tous, le titre de scribe, znnnn, en l’occurrence sur des sceaux, par exemple : (Hierakonpolis,

Quibell & Green,1896, XXLI ), , graphié ici zssss, en une sorte d’exhibition de leur statut et de revendication de

l’invention d’un nouveau système.

9 La poterie et l’écriture sont d’ailleurs imputables à des dieux différents : Khnoum, qui modèle le monde et l’humanité sur son tour ou

plutôt sa tournette (une autre innovation de l’époque), et Thoth, l’inventeur des mdw nttttr (Cf. A.Anselin, Le Potier et le Scribe, Potmark-Egypt.com, 2008).

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Une empreinte de sceau en argile du Tombeau P (II° Dynastie, Peribsen) forme l’anthroponyme du scribe, hhhhzw

mnw (F.F.Bruijning The tree of the Herakleopolite Nome,1922, 7, fig 16), sur le nom du dieu Min et un participe passif masculin singulier

(forme relative) (cf. J.Kahl,2004,324), et rédige de même son titre, zssss pour znnnn, avec ses compléments phonétiques, z et ssss

(P.Piacentini,2002,69-70 ; W.M.F.Petrie,1901, XXII, 189). Le recours au complément phonétique dans la graphie du titre ne donne pas seulement le «la» de la lecture,

phonétique et non idéogrammatique, de l’inscription, il le focalise «comme une signature sur l’auteur générique du nouveau système, le scribe, znnnn» (A.Anselin L’Intention Phonétique III. Le potier et le scribe, 2008,83-102). Le fait n’a pas échappé à Patrizia

Piacentini : «Une particularité graphique des documents des premières dynasties est que l’idéogramme servant à écrire le mot scribe est à cette époque très fréquemment suivi de ses compléments phonétiques, ce qui devient très rare par la suite» (P.Piacentini,2004,47). Les scribes des premières dynasties manifestent leur qualité dans la graphie même de leur

titre, ne cessant en quelque sorte de signaler et signer leur invention, la phonographie -c'est-à-dire l’écriture,

systématique, des sons de la langue. Ce souci de l’affichage de la maîtrise de la hiéroglyphie disparaît par la suite, à

mesure de la banalisation de la fonction de scribe le long de la hiérarchie sociale, et dans toute la largeur de l’espace

économique contrôlé par le pouvoir.

Statut social des premiers scribes et statut culturel de l’écriture avancent ensemble dans la société égyptienne.

Mdw nttttr, parole divine. Il est prestigieux d’écrire. La phonographie intègre la déictique du pouvoir, elle en devient un

des éléments – si l’on veut, c’est «le roi qui phonétise» le premier, ou du moins, la phonographie a pour lieu la

sphère du palais. Se trouve ainsi proposé un modèle de graphie nouveau - jouant de l’articulation phonétique du

signe, et littéralement doré du prestige royal - un phénomène culturel susceptible d’avoir favorisé son succès.

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