france-amérique décembre 2012

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france-amerique.com Guide TV5Monde LE JOURNAL FRANÇAIS DES ÉTATS-UNIS Décembre 2012 LA COVER-GIRL DU NEW YORKER Françoise Mouly

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Numéro de Décembre 2012

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Page 1: France-Amérique Décembre 2012

france-amerique.com

Guide TV5Monde

LE JOURNAL FRANÇAIS DES ÉTATS-UNIS Décembre 2012

LA COVER-GIRL DU NEW YORKER

FrançoiseMouly

Page 2: France-Amérique Décembre 2012

2 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

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DÉCEMBRE 2012 FRANCE - AMÉRIQUE 3

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Publisher Louis F. Kyle, 646.792.2158 [email protected] Editor in Chief Guenola Pellen, 646.792.2146 [email protected] Editorial New York 646.792.2203Gaetan Mathieu, [email protected] Fassin, [email protected] Amaury Brelet, [email protected] Editor Agnes Kerr Art DirectorFabio Cutro Web Editor Gaetan Mathieu, 646.792.2162 [email protected] Contributors Felicien Cassan, Isabelle Delalex, Sebastien Drouet, Rita Jammet, Michel Le Bris, Jean-Luc Le Dû, Jean Le Gall, Anne Prah-Perochon.Copy Editing Marie-Nicole Elian, Laure Dupont Marketing & Communications DirectorKatie Fuller, 646.792.2148 [email protected] & Digital Coordinator CC Glenn, 919.593.9415 [email protected] & Agenda [email protected] [email protected] Subscription Fulfillment Manager Ahjin Kim, 646.792.2157 [email protected] Subscribe to France-AmériqueCall: 800.901.3731 or log on to www.france-amerique.com$50/one year - U.S. $85/one year outside the U.S.To subscribe, renew your subscription, submit change of address or report missing issues, visit www.france-amerique.com or contact: France-Amérique Subscription Services:FrancePress LLC, 1 West Street, Ste 100New York, NY 10004, Tel 800.901.3731,[email protected] credit cards accepted. Allow 6 to 8 weeks for first issue to arrive and for change of address. To order back issues and for all other inquiries, contact: FrancePress LLC, 1 West Street, Ste 100New York, NY 10004, Tel 646.792.2203, Fax 646.792.2144.France-Amérique (ISSN 0747-2757) is published monthly except bi-monthly in July-August by FrancePress LLC at 1 West Street, Ste 100, New York, NY 10004. Periodical postage paid in New York, NY and additional mailing offices. POSTMASTER: send address changes to FrancePress, LLC, 1 West Street, Ste 100, New York, NY 10004. Copyright 2012 by FrancePress LLC.All rights reserved. France-Amerique is a registered trademark of FrancePress LLC.

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Vie en France

Chronique écopar Isabelle Delalex

Chronique Livres par Jean Le Gall

DiplomatieLa France salue la victoire d’Obama

RencontreFrançoise Mouly, la cover-girl du New Yorker

CinémaAmour, Michael Haneke

InsoliteLes Français dans la ruee vers l’or

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PortfolioL’art minimal du maximal, Bernar Venet

HistoireDans le Paris d’Hemingway

Saveurs Un menu de chefs pour les fêtes

Point final James Lipton, bouillon de culture

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Instantanés

Annuaire

Petites annonces

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Francoise Mouly, directrice du New Yorker © Sarah Shatz

SOMMAIRE

DÉCEMBRE 2012

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4 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

VIE EN FRANCE

Salvador Dalí à Pompidou Le genie espagnol sera à l’honneur du Centre Pompidou à Paris du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013 pour une retrospective inedite : plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins), dont les chefs-d’œuvre du Reína Sofia, de Madrid, mais aussi l’emblematique tableau Les Montres molles, conserve au MoMA de New York, seront rassemblees pour l’occasion. Et des objets, des sculptures, dont peut-être la Boulangère, de nombreux films, des documents sonores, dans une scenographie etudiee et inspiree de l’imaginaire de l’artiste. Plus de trente ans apres la premiere grande retrospective Dalí du Centre Pompidou, l’institution a promis de se surpasser pour cet incroyable hommage à l’homme à la celebre moustache. ■

EXPO

Les présidents français pas très friendly avec l’anglais

ZÉRO POINTÉ

Il est quatre heures du matin le 7 novembre lorsque l’Élysee publie sur Twitter la lettre de felicitation de François Hollande à Barack Obama. En bas du courrier, le president français appose sa signature et ecrit de maniere manuscrite « Friendly, François Hollande ». Une formule de politesse incorrecte - que l’on pourrait traduire par « Sympathique, François Hollande » - immediatement raillee sur le web. « Friendly Yours » ou« Friendly Greetings » auraient ete plus adequats. L’universite d’Oxford en charge du dictionnaire eponyme confirme : « Friendly ne peut pas être utilise de cette maniere ». Une faute d’anglais qui n’est pas sans rappeler une malheureuse expression de Nicolas Sarkozy en janvier 2010 lors d’une visite d’Hillary Clinton à l’Élysee. Bien decide à entamer la conversation avec la secretaire d’État devant les journalistes, l’ancien president, voulant s’excuser pour la pluie abondante, avait declare « Sorry for the time » au lieu de « weather ». Les politiques manient assurement mieux la langue de bois que la langue de Shakespeare. ■

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VIE EN FRANCE

Le mot « gadget » est un remarquable specimen de « franglais ». Si les lexico-graphes du Petit Robert indiquent qu’il s’agit bien d’un terme anglais provenant « peut-être du français ‘gâchette’, appliqué à des mécanismes », nous avons eu vent d’une origine plus insolite, qui remonterait à cent-vingt-six ans en arriere. Au 28 octobre 1886 exactement, jour de l’inauguration de la statue de la Liberte. Dans l’assistance, chacun remarque un homme fort occupe à distribuer des miniatures de la fameuse statue d’Auguste Bartholdi. Ce personnage exerce le metier de fon-deur ; c’est dans ses ateliers du XVIIe arrondissement de Paris qu’ont ete conçues les differentes pieces de cuivre composant la statue. Or, cet ingenieux chef d’entreprise, qui a tout compris au marketing, se nomme monsieur Gaget. Rapi-

dement, les invites ayant en main le petit objet haut d’une vingtaine de centimetres, avec le patronyme du malicieux parisien grave sur le socle, demandent à leurs voisins si eux aussi ont leur « gaget », qui deviendra, accent aidant, un « gadget »… et assurera une belle posterite à l’entrepre-neur français. Cette histoire n’est encore qu’une legende, même si le nom du fondeur est rigoureusement exact. Manque la preuve, la statuette estampillee Gaget qui, si elle sortait d’un grenier, acheverait de convaincre les sceptiques. ■

L’origine insoupçonnée du mot gadgetSébastien Drouet

Vous prendrez bien une canette de vin ?Repere au dernier Salon de l’innovation agroalimentaire à Paris, la societe Winestar s’apprête à commercialiser en 2013 du vin en canette. De quoi offusquer les puristes et les adeptes du tire-bouchon. « Aucun risque que nos vins aient un goût de bouchon ! », affirme Cedric Segal, representant de la marque, qui s’est dejà associee à un producteur de Corbieres. « De plus le revêtement breveté des canettes permet de conserver parfaitement les vins sans oxydation pendant cinq ans. On peut donc disposer d’une minicave à vin dans un placard de sa cuisine ». La marque souhaite seduire une clientele jeune et urbaine, qui boit du vin occasionnellement. Legere, incassable et recyclable, la canette de 18,7 cl – l’equivalent d’un verre et demi de vin – est destinee à la consommation nomade (train, avion, ferry) et aux minibars d’hôtels. Avec une gamme d’une douzaine de vins rouges, blancs et roses, au prix d’environ $3,50 la canette, Winestar vise les marches emergents d’Asie et les pays anglo-saxons. Affaire à suivre… avec moderation ! ■

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ÉINY est homologuée par le Ministère de l’éducationnationale et affiliée à la Mission Laïque Française.

Elle est membre de NAIS, Association nationale des écoles privées américaines.• De la petite section de maternelle au CM2• Programme académique bilingue français/anglais donnant une perspective internationale• Environnement éducatif soutenu par des enseignants français et américains titulaires• Enseignement du mandarin en cycle 3

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NOUVEAU

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6 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

IN MEMORIAM

VIE EN FRANCE

Ne à Creteil en 1907, Jacques Barzun a publie plus de quarante livres touchant à une gamme de sujets exceptionnellement vaste : de la medecine et la psychiatrie, à l’art et la musique classique. Il est ainsi l’un des plus grands experts d’Hector Berlioz.

Un érudit franco-américainCertains de ses livres ont influence les debats de societe, au-delà du domaine academique. Dans The House of Intellect (1959), la voix dissonante de M. Barzun s’etonne de voir les intellectuels se conformer docilement aux exigences de l’opinion publique et denonce leur uniformite ideologique. L’historien naturalise americain faisait dejà la couverture du Time en 1956, consacre à la necessaire reconciliation de l’Amerique avec les intellectuels. Il doit aussi sa notoriete de philosophe de l’education à son livre Teacher in America (1945) qui a eu une forte influence sur la formation des enseignants aux États-Unis dans l’apres-guerre. Il decrit dans cet ouvrage le rôle preponderant que joue le professeur aupres de ses etudiants, qu’il considere comme un educateur de la morale et de la reflexion personnelle.

En 2000, l’ecrivain connaît un rayonnement international avec la sortie de From Dawn to Decadence, 500 Years of Western

L’historien Jacques Barzun, auteur du best-seller From Dawn to Decadence, est décédé le 25 octobre à San Antonio, au Texas, à 104 ans. Ses théories ont largement influencé les débats sur la culture et l’éducation aux États-Unis.

Guénola Pellen

Cultural Life, une enquête sur le declin de la civilisation occidentale depuis la Renaissance jusqu’à la fin du XXe siecle. Le volumineux ouvrage de 900 pages, acclame par la critique, figure au palmares des meilleures ventes pendant des mois, en plus d’être finaliste pour les prix National Book Award et National Book Critics Circle Award. Même Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, a dit l’avoir lu. En 2003, il a reçu The Medal of Freedom, la plus haute distinction civile aux États-Unis.

Le prix Jacques BarzunEn hommage à ses contributions, la Fondation Jerôme Lohez, creee apres la mort de Jerôme Robert Lohez le 11 septembre 2001 dans les tours du World Trade Center, a institue un prix Jacques Barzun. Il est attribue une fois par an à deux etablissements d’enseignement su-perieur, l’un français, l’autre americain, en reconnaissance de leurs programmes d’echanges internationaux et de leurs efforts de recherche conjoints. Une com-prehension interculturelle pour laquelle s’est battu Jacques Barzun pendant toute sa longue carriere. ■

Au revoir Jacques Barzun

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DÉCEMBRE 2012 FRANCE - AMÉRIQUE 7

ÉCO LA CHRONIQUE

En 2007, le rapport d’evaluation du Groupe intergouver-nemental d’experts sur l’evolution du climat (GIEC)

projetait une hausse globale du niveau de la mer comprise entre 20 et 50 cm à la fin du XXIe siecle. Une carto-graphie montrant un tiers de la Floride sous l’eau choqua les esprits de ce côte de l’Atlantique. En France, une montee similaire du niveau de la mer inonderait les vignobles de la region de Bordeaux. Pour ceux qui perçoivent l’echeance de cette fin de siecle comme trop lointaine pour être vraiment inquietante, il est peut-être plus parlant d’imaginer ne plus jamais pouvoir apprecier la saveur de grands crus classes. S’il semble incon-cevable d’imaginer la France sans me-doc ou saint-emilion, souvenons-nous qu’il semblait invraisemblable avant le 30 octobre dernier, d’envisager New York, la ville qui ne dort jamais, sans electricite et sous les eaux. Le rechauf-fement climatique s’est traduit cette an-nee par un reveil parfois tragique, sou-vent froid et humide pour 7 millions d’Americains.

Pres de 45 millions d’habitants resi-dent dans les megalopoles du littoral de la côte Est des États-Unis, de Boston à Washington. Les États de New York, du Connecticut, et du New Jersey comp-tent plus de 22 millions d’habitants, lesquels ont cree en 2010 une richesse estimee à 1,28 milliard de dollars : un chiffre superieur au PIB d’un pays com-me le Mexique (1,15 milliard de dol-lars). Le coût de l’ouragan Katrina s’est eleve à 108 milliards de dollars et celui de l’ouragan Sandy pourrait depasser les 100 milliards de dollars. L’ampleur de telles depenses a amene certains econo-mistes à envisager de monetiser ces som-mes en dettes publiques et privees, sur le modele de ce que la Banque centrale americaine a fait dans le but de limiter l’impact de la crise financiere actuelle. Avec cette approche, aucun revenu fiscal ne serait utilise pour financer

les prêts accordes aux sinistres par la FEMA (Federal Emergency Management Agency). Cet objectif est louable, mais un tel mecanisme encouragerait l’alea moral en nous incitant à ignorer tou-jours plus les externalites negatives de nos activites economiques polluantes. De plus, comme les taux d’interêts of-ferts par FEMA sont actuellement bas, entre 2,6% et 5,5% à long terme, la valeur economique ajoutee des efforts de reconstruction rend improbable une forte perte de croissance du PIB due à cette catastrophe. Quittons donc cet univers parallele, pour evoquer des solutions durables qui prennent en compte le coût des effets sociaux et en-vironnementaux lies aux changements climatiques, lies aux emissions crois-santes de CO

2. À coût financier egal,

des mesures preventives sont suscep-tibles de produire de plus grands gains,

en termes de satisfaction et de qualite de vie, que la simple reconstruction des zones sinistrees.

Alors qu’en France, Matignon main-tient pour l’heure l’interdiction des re-cherches sur l’exploitation des gaz de schiste, aux États-Unis l’engouement pour developper des energies « propres » et remedier au deficit energetique a pris du plomb dans l’aile devant la ren-tabil-ite de l’extraction de gaz par fractura-tion hydraulique qui a fait chuter le prix du gaz de 75% (actuellement trois dol-lars le BTU). Soyons realistes : les États-Unis consomment environ 10 millions de barils par jour et les emissions de CO

2 vont donc continuer à augmenter,

que ce soit du gaz ou du petrole qui brûle. Il est aujourd’hui difficile de creer des sources d’energie alternatives ayant la même capacite energetique que celles creees par la nature. Rejouissons-nous donc que vingt ans de recherche pour capter et stocker les emissions de CO

2 commencent à porter leurs fruits.

En France, le gisement naturel de CO2

de Montmiral a permis d’observer que les formations geologiques sont capa-bles de pieger ce gaz sur des milliers et même des millions d’annees. Les outils et methodologies de captage-stockage de CO

2 pourraient être deployes com-

mercialement à partir de 2020. Cepen-dant, le prix d’une operation de stock-age s’eleve aujourd’hui à 60 euros par tonne de CO

2 (dont pres de 50 euros

pour l’etape de captage). Ce prix est trop eleve compare au prix de vente d’environ 10 euros par tonne de CO

2 pour les droits d’emission echanges sur la bourse du carbone, par une entre-prise en dessous de son quota de pollu-tion. Lorsque le prix de la capture et du stockage sera egal ou inferieur au prix de vente des droits d’emission, les industri-els auront enfin un interêt economique à contribuer à la diminution de l’effet de serre. En attendant, achetons et buvons du vin de Bordeaux pendant qu’il en est encore temps. ■

Isabelle Delalex est chargée de cours en finance et économie à

l’université de Pace et de Columbia de New York, après avoir été

analyste et directrice de recherche dans le secteur bancaire.

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Le CO2sauvera-t-il les vins de Bordeaux ?

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8 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

Alors qu’importent les dividendes verses par son erudition et qu’importe la vanite qui lui sert de colonne verte-brale, Herzog va mal. Il peine même à distinguer s’il devient fou ou si, au con-traire, sa lucidite lui offre de demasquer ces authentiques « cingles », ces « maîtres es Realite », qui « veulent vous ensei-gner - afin de vous punir – les leçons du reel ». Herzog est en premiere ligne face à la nouvelle societe que l’on quali-fiait il y a encore quelques annees « de consommation ». Cette societe qui lui dicte sa definition de l’homme. « Dans une ville. Dans un siècle donné. En période de transition. Dans la masse. Transformé par la science. Sous un pouvoir organisé. Obéis-sant à d’énormes contraintes. Dans une situ-ation engendrée par la mécanisation. Après l’effondrement des espoirs radicaux ».

Madeleine partie, Herzog se met à ecrire des lettres, aux vivants, aux morts, aux celebres, à ses proches. Des lettres à Eisenhower, à Dieu, à Nietzsche, à

Moses E. Herzog est une rencontre que vous ne pouvez devoir qu’à la lit-terature. Le cinema, par

exemple, serait bien incapable de vous le representer (Par exemple ? Par ex-emple Woody Allen a fait profession de l’imiter mais une filmographie repeti-tive et un air anemie n’y ont pas suffi). Quant à la vie reelle, celle des rencon-tres pour celibataires exigeants, celle du rapport Gallois et celle des rues decras-sees que des êtres indistincts remontent ou descendent en truites egoïstes, jamais elle ne vous offrira d’y croiser un type pareil.

Herzog est une categorie à lui tout seul mais où l’on ne trouve que lui. Aussi il cumule les signes distinctifs et les distinctions : c’est un intellectuel americain, specialiste du romantisme et de Rousseau, consacre par ses pairs universitaires et par le Who’s Who. La jeune cinquantaine, il est dejà couvert de diplômes, d’honneurs, de femmes. Il est surtout juif et même ontologique-ment juif : son histoire, ses fulgurances et sa metaphysique sont d’une essence forte, yiddish et sentimentale.

Pourtant, des lors qu’il s’agit du quotidien et de l’amour vrai, Herzog est d’une naïvete belge ou canadienne. Madeleine, sa seconde epouse, l’a aban-donne dans la campagne americaine pourrie où il a eu le tort de vouloir ins-taller son menage. La garce a bien joue le coup. Pleine du pouvoir de le faire souffrir, elle a use des stratagemes clas-siques par lesquels le cocu continue de se faire baiser bien apres la rupture. Il y a l’art de la guerre et puis il y a l’art des femmes. Le chef- d’œuvre de Ma-deleine, c’est d’avoir quitte Herzog pour son meilleur ami, un Tartarin de la pen-see, unijambiste mais tres elegamment vêtu. Cet amant-là est largement in-ferieur à Herzog sur le fond - mais cela ne comptait plus des les annees 60. Et Herzog, aussi intelligent qu’il est indu-bitablement, se trouve de plus en plus humilie par ses contemporains qui nous semblent menaçants, comme animes du desir de le remplacer et l’engloutir.

Votez HerzogMadeleine. Des lettres qui partent, qui restent, qu’il ne termine pas. Et au lecteur doue de sensibilite, il apparaîtra que ce reflexe d’ecrire est aussi etrange que naturel.

Il y a le monde où l’on vit et celui où l’on pense. Ce grand roman de Saul Bellow s’approprie ces deux espaces avec une même facilite geniale, mul-tipliant les aller retour entre le decor reel et les pensees d’Herzog, entre les contingences ordinaires face auxquelles il reste desempare et son univers cere-bral, profus, puissant, desordonne. La fluidite employee par Saul Bellow nous est familiere ; c’est ainsi que nous nous brossons les dents tout en critiquant la philosophie hegelienne ou la composi-tion de l’equipe de France.

Les ennemis d’Herzog portent des milliards de prenoms mais ils n’auront jamais qu’un seul nom : la connerie. La connerie est arrivee avec les refrigera-teurs et la congelation de l’esprit. Il y a eu la television bien sûr. Apres quoi, nos dernieres elites, celles que nous meri-tions, penserent qu’un graffiti gare du Nord valait un Velásquez et les souf-frances d’un homme celles d’un canard engraisse. « Contrairement à la bêtise, cette marche loupée de l’intelligence, la con-nerie déborde de notre pouvoir de lucidité » (Georges Picard). À ecrire et poster à Saul Bellow, même mort. ■

Jean Le Gall aime le mot, qu’il soit beau ou gros. Il vit et respire l’écriture. Chaque mois, il vous

emmène dans son univers, au gré de ses lectures. [email protected]

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LIVRES LA CHRONIQUE

HERZOG, Saul Bellow,

Gallimard (Quarto)

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Page 10: France-Amérique Décembre 2012

10 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

DIPLOMATIE

À l’unisson d’une large majorité des Français et de la classe politique, François Hollande a adressé ses « plus chaleureuses félicitations » à Barack Obama, saluant « un choix clair en faveur d’une Amérique

ouverte, solidaire ».

La France salue la victoire

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DÉCEMBRE 2012 FRANCE - AMÉRIQUE 11

DIPLOMATIE

Amitié et coopération renforcées

« Monsieur le President, Cher Barack,Le peuple americain vient de vous renouveler sa confiance pour les quatre prochaines annees. Je vous adresse, au nom de tous les Français et en mon nom personnel, mes plus chaleureuses felicitations. C’est un moment important pour les États-Unis mais aussi pour le monde.

Votre reelection est un choix clair en faveur d’une Amerique ouverte, solidaire, pleinement engagee sur la scene internationale et consciente des defis de notre planete : la paix, l’economie et l’environnement.

La France et les États-Unis partagent des valeurs com-munes. Je suis convaincu que durant votre nouveau mandat nous renforcerons encore notre partenariat pour favoriser le retour de la croissance, pour lutter contre le chômage dans nos pays et pour trouver des solutions aux crises qui nous menacent, notamment au Moyen-Orient.

Je sais que notre cooperation se poursuivra dans le même esprit de dialogue, d’estime et de respect, et je tiens à vous assurer de l’engagement de la France pour resserrer les liens d’amitie et de confiance qui nous unissent.

Je vous prie d’agreer, Monsieur le President, l’expression de ma tres haute consideration et de mes sentiments ami-caux. »

-François Hollande

«J ..e vous adresse, au nom de tous les Français et en mon nom personnel, mes plus chaleureuses félicita-tions », a ecrit le president français dans ce mes-

sage rendu public par l’Élysee. « Votre réélection est un choix clair en faveur d’une Amérique ouverte, soli-daire, pleinement engagée sur la scène internationale et consciente des défis de notre planète : la paix, l’économie et l’environnement », a-t-il poursuivi.

L’executif français n’a pas fait mystere ces dernieres semaines de sa preference pour le democrate Barack Obama face à son challenger republicain Mitt Rom-ney, dans la course à la Maison Blanche. Fin octobre, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait declare que s’il etait citoyen americain il voterait « sans hésiter Obama », appelant toutefois le president americain sortant, s’il etait reelu, à s’occuper « de la question très importante du conflit israélo-palestinien ».

À New York, un mois plus tôt pour l’Assemblee generale des Nations unies, le president français avait lui aussi clairement laisse entendre sa preference. À une journaliste qui lui demandait si elle allait au republicain Romney ou au democrate Obama, il avait repondu par une pirouette: « À votre avis ? ». Pres de qua-tre personnes sur cinq (78%) residant en France sou-haitaient aussi la victoire de Barack Obama, selon un sondage CSA.

« Dialogue, estime et respect »Dans son message au president americain, François Hollande s’est dit egalement « convaincu » que du-rant son nouveau mandat, la France et les États-Unis « renforceront encore leur partenariat pour favoriser le retour de la croissance économique dans nos pays, pour lutter con-tre le chômage et pour trouver des solutions aux crises qui nous menacent, notamment au Moyen-Orient ». Le pre-sident français a tenu aussi à assurer son homologue americain de son « engagement personnel comme celui de la France pour resserrer encore les liens d’amitié et de confi-ance qui nous unissent ». La classe politique française s’est egalement felicitee de la victoire d’Obama. Par-mi les premieres reactions mercredi matin, Jean-Fran-çois Cope, secretaire general de l’UMP et president du groupe d’amitie France-États-Unis à l’Assemblee nationale, a salue en lui un president qui « appartient indéniablement à la catégorie de ceux qui ont marqué, mar-quent et marqueront l’Histoire ».

Quant à Harlem Desir, premier secretaire du PS, il a celebre « une grande victoire pour le parti démocrate et les forces progressistes qui se battent aux États-Unis pour plus de justice fiscale, la protection sociale, les réformes de société comme le droit au mariage pour tous, la coopération internationale et la paix ». Le leader du PS les a opposees « à la droite ultraréactionnaire qui soutenait le républicain Mitt Romney ». ■

France-Amérique publie le message adressé par François Hollande, président de la République française, à Barack Obama président des États-Unis d’Amérique, au lendemain de sa réélection.

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12 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

Françoise Moulyla cover-girl du New Yorker

Directrice artistique du New Yorker, Françoise Mouly préside depuis vingt ans à l’élaboration des unes du célèbre hebdomadaire, dont elle

dévoile les dessous dans un livre qui vient de paraître. Entretien dans les prestigieux locaux du Condé Nast Building, à Times Square, au milieu

des centaines de dessins affichés jusqu’au plafond.

Propos recueillis par Félicien Cassan

RENCONTRE

Page 13: France-Amérique Décembre 2012

DÉCEMBRE 2012 FRANCE - AMÉRIQUE 13

RENCONTRE

France-Amérique : La couverture est la porte d’entrée du magazine. Quelle est sa ligne éditoriale ?Françoise Mouly : Le New Yorker a une vocation d’excel-lence. C’est la maison des plus grands contributeurs. Son lectorat est sophistique, intelligent et se prête au jeu. On n’a pas forcement besoin de reduire tout à un seul denominateur commun, on peut faire dans la subtilite. Ce qui est interessant selon moi, c’est la suite d’images, la collection, la façon dont le dialogue avec les artistes s’instaure, en leur donnant une

page vierge sur laquelle ils vont trouver des idees d’actualite, evoluant avec la mode, la gastronomie ou les sujets de societe. Prenez par exemple l’attitude des gens autour du mariage ho-mosexuel. Elle a aussi evolue à travers les couvertures : il y a vingt ans, on pouvait choquer avec ça, maintenant on assiste à une declaration du president à ce sujet. Ce que nos cou-vertures racontent, c’est l’evolution des mœurs americaines. Geographiquement, New York est un formidable point d’an-crage pour ce genre d’analyse. Tournee vers l’Europe, avec toute cette immigration. Ce qui, par ailleurs, fait dire à beau-coup d’Americains que c’est une ville trop intellectuelle, trop europeenne.

Vos couvertures sont ironiques sans être agressives, dans l’air du temps sans être dans l’actualité brûlante, sociales mais rarement politiques...En prenant de la distance avec l’actualite, on prend le recul necessaire pour aborder les sujets quand quelque chose d’im-portant merite d’être dit. Cet ete, par exemple, apres la tuerie à l’avant-premiere de Batman, on a cherche une image et on n’a pas trouve. Alors on n’a pas voulu faire une couverture là-dessus à tout prix. Un magazine d’actualite n’aurait pas pu se permettre d’ignorer cette histoire. On evite aussi de publier une couverture politique toutes les semaines. Dire la même chose au même moment que le reste de la presse au sujet de la situation en Iran ou du debat Obama/Romney, cela ne nous interesse pas.

Vous abordez les sujets religieux avec prudence ?Mon mari Art Spiegelman, qui est non seulement juif mais aussi connu pour avoir touche au sujet de la Shoah (dans la bande dessinee Maus, ndlr), peut representer sans probleme un juif hassidique et un Pere Noël, dans la rue face à face, avec la même barbe et le ventre bedonnant. Mais quand il dessine un lapin crucifie au moment des fêtes de Pâques (la periode des declarations d’impôts) pour signifier la mise à mort du contribuable dont les poches sont vides, il y a un tolle de pro-testations ! Les chretiens se plaignent alors d’être une mino-rite en danger, dont on se moque. C’est franchement difficile de ne pas en rire, parce qu’ils sont tout de même une voix dominante dans la culture.

Que pensez-vous des couvertures polémiques de Char-lie Hebdo sur Mahomet en France ?C’est leur mission de produire des images provocantes. La culture française charrie avec elle l’idee que dans la presse, chaque journaliste, chaque organe de presse a un point de vue tranche. Que la verite est quelque part au milieu. Alors qu’ici on essaie toujours de faire la part des choses, de mettre en avant un desir d’objectivite. Comme si l’article qui est en pre-miere page du New York Times etait un article objectif parce qu’il presente les deux points de vue... C’est faux bien sûr, mais aux États-Unis il y a vraiment un parti pris de ne pas vouloir provoquer.

Vous avez pourtant représenté Barack Obama en tur-ban à la Maison Blanche, aux côtés de Michelle armée jusqu’aux dents !C’est une image pour provoquer le debat (rires). En ce qui concerne l’islam et Mahomet, la presse americaine est dans son ensemble extrêmement peureuse, en partie parce qu’il y

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RENCONTRE

a une longue histoire de discrimination envers les Noirs aux États-Unis. Nous sommes maintenant dans une phase de rat-trapage. On a mauvaise conscience, alors on fait tres atten-tion. Les États-Unis ne sont pas une culture homogene, c’est une culture de brassage d’immigrants : Irlandais, Italiens, Juifs, Hispaniques, Latinos, etc. Demographiquement, nous entrons dans une periode où la population americaine blanche de longue souche n’est plus majoritaire. On ne peut plus être aveugle au sujet du respect des minorites.

Quelle couverture a pu semer le trouble ?Par exemple, en 1993, lors du premier attentat à la bombe contre le World Trade Center, nous avions publie le dessin de deux enfants jouant sur la plage, dont l’un sautait sur un château avec deux tours. Elle fut denoncee par toute la presse, et surtout tres violemment par un organisme de defense des musulmans. Leur argument etait : ‘combien de musulmans avez-vous dans votre équipe éditoriale ?’. Évidemment, on ne pouvait pas repondre grand-chose. Et on nous a dit : « c’est pour ça que vous ne comprenez pas à quel point ça peut être offensant. » Il y a une part de verite. Si on fait l’analogie avec des images sexistes, je me sens offensee. J’ai essaye de mettre en avant la denonciation des extremistes, en vain. Mon amie Marjane Satrapi (auteure iranienne de la celebre bande dessinee Persépolis) sait tres bien evoquer certains fondamentalismes. C’est plus difficile quand on est americain.

On connaît les fameuses couvertures de Sempé. Travaillez-vous encore avec des dessinateurs franco-phones ?Bien sûr. Jacques de Loustal, Lorenzo Matotti (un artiste ita-lien etabli en France), Benoît Van Innis, et nombre de dessi-nateurs avec lesquels je suis en contact, m’envoient des idees occasionnelles, comme Philippe Petit-Roulet. Ce ne sont pas

forcement des contributions regulieres, mais des portes ouvertes, par lesquelles ils peuvent toujours passer.

Est-ce qu’il y a des batailles d’ego entre les contri-buteurs réguliers, pour savoir qui va être en cou-verture ?Oui et non. Tous les artistes sont motives par leur admi-ration du travail des autres. Quand on fait une tres bonne couverture, chaque artiste se tape sur les doigts en se mau-dissant de ne pas avoir eu l’idee avant les autres. Cela les incite à travailler un peu plus dur, à vouloir faire la sui-vante. Le New Yorker, c’est simplement la meilleure carte de visite qu’on puisse mettre sur son portfolio.

Comment vous définissez-vous, dans cette culture qui n’était pas la vôtre au départ ?Je me situe dans un dessin de Saul Steinberg, c’est-à-dire avec le point de vue chauvin et borne d’un New-Yorkais qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Qui pense qu’en deçà de la 14e rue il n’y a rien, et que le New Jersey n’existe pas (rires).

Ni française ni américaine, vous êtes donc new-yorkaise ?Exactement. New-Yorkaise et fiere de l’être. N’importe qui à New York se sent dejà au centre du monde, et moi je me sens au centre de New York.

Auriez-vous eu la même liberté en France ?Pas du tout, ni même dans un autre organe de presse ameri-cain. Le New Yorker a ete fonde en 1925 par Harold Ross, un editeur qui avait passe du temps à Paris en y decouvrant le rire, les jeux de mots et l’humour français. C’est ce qui l’a inspire pour faire un magazine qui donnait autant de voix aux artistes qu’aux ecrivains. Ce n’est que plus tard que celui-ci est devenu le fleuron du journalisme à l’americaine, et que s’est operee une sorte de separation. Moi ce qui m’interesse, c’est que les artistes soient au moins aussi importants que les journalistes ou les poetes. Oui, c’est le journal de John Updike ou de Woody Allen, mais c’est aussi celui de Art Spiegelman, de Robert Crumb, de Saul Steinberg, de Bruce McCall et de Barry Blitt.

Pourriez-vous retourner vivre à Paris aujourd’hui ? Non. Pour moi, le meilleur des mondes, c’est de pouvoir faire la navette entre les deux. New York est fantastique, mais on peut en devenir prisonnier. Je n’apprecie jamais autant New York que lorsque j’y reviens. Paris est superbe à visiter, mais professionnellement apres avoir travaille ici, je ne souhaite tra-vailler nulle part ailleurs. Parce qu’il y a une vraie energie et surtout, une volonte de faire evoluer le discours.

Quelles sont vos adresses fétiches à Paris ?Le Xe arrondissement, parce que c’est un quartier qui, comme New York, est tres cosmopolite. Je vais faire mes courses rue du Faubourg-Saint-Denis parce qu’il y a des Polonais, des Hongrois, des Martiniquais. J’ai grandi dans le XVIIe, mais ce n’est pas un quartier où j’aime passer du temps maintenant : ça n’a pas tellement change. Tandis que le centre de Paris, notamment parce qu’on peut tout y faire à pied, c’est mer-veilleux. ■

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FOOD & WINECINÉMA

AMOUR de Michael Haneke

Deux ans apres Le Ruban blanc, Palme d’or en 2010, Michael Haneke signe un film plus ten-dre qu’à l’accoutumee avec Amour. Et rafle une deuxieme fois la Palme ! Cette fois, le cineaste

autrichien a evacue la violence gratuite (Funny Games), le harcelement (Caché) et le sadomasochisme (La Pianiste). Amour, c’est d’abord l’histoire d’un couple qui s’aime mal-gre le temps qui passe, la vieillesse et la maladie.

Georges ( Jean-Louis Trintignant) et son epouse Anne (Emmanuelle Riva) forment un couple fusionnel. Anciens professeurs de piano, ils partagent un amour immodere pour les bagatelles de Schubert, lisent des ouvrages sur Harnoncourt et vont ecouter le pianiste Alexandre Tharaud au theâtre des Champs-Élysees. Bons vivants, ils boivent volontiers une derniere coupette avant d’aller se coucher dans leur appartement cosy et bourgeois, à l’image de leur couple. Mais un matin, Anne a une attaque : c’est le debut du declin, et de la mise à l’epreuve de leur relation.

En fin sociologue de l’humanite dans ce qu’elle peut avoir de plus sordide, Michael Haneke suit la decheance du corps d’Anne. Ses membres se paralysent, la souffrance

physique et morale la ronge, son elocution est de plus en plus incertaine. Mais Michael Haneke entrecoupe ces pas-sages difficiles de scenes beaucoup plus douces de tendresse. Voire d’humour, comme lorsque Georges fait le compte rendu à Anne de l’enterrement epouvantable d’un ami au-quel il vient d’assister. L’hilarite du couple provoquee par le recit du discours grotesque et gênant de l’enterrement desamorce un instant la peur de la mort.

La finesse de Michael Haneke est d’avoir place cette ne-cessite vitale du sentiment amoureux au-delà des proble-matiques ethiques ou ideologiques comme le debat sur la fin de vie. Aussi, on est presque soulage lorsque Georges envoie froidement sur les roses sa fille (Isabelle Huppert) lui soumettant l’idee de placer Anne dans un cadre medical specialise. Plus qu’un film clinique sur la mort, le cineaste offre le spectacle d’un amour qui avance main dans la main avec dignite. Jusqu’au bout de la nuit. ■

Guénola Pellen

Amour de Michael Haneke avec Isabelle Huppert (Eva), Emmanuelle Riva (Anne) et Jean-Louis Trintignant (Georges). Durée : 127 min. Sortie le 19 décembre à New York et Los Angeles, suivi d’une sortie nationale.

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INSOLITE

L’annonce de la decouverte de l’or en Californie, des le debut de 1849, eut à Paris un retentissement extraor-dinaire. « À en croire l’opinion générale, la terre est mélan-gée d’or sur une étendue de plusieurs centaines de milles.

Il faudrait des siècles et des millions de travailleurs pour épuiser les gisements » assure le Constitutionnel du 15 mai. « On écrit de San Francisco que, dans la vaste étendue des gisements aurifères, il y a à peine un mètre de terrain qui ne renferme de l’or » ajoute La Presse, le 8 juin. « Quoi qu’on fasse, on ne peut pas recueillir moins de 20 piastres par jour », rencherit Le Temps du 1er juillet.

L’exaltation du public est à son comble, on ne jure plus que par la Californie, on lance même en juin un aerostat baptise La Californie dans le ciel de Paris, d’un succes au theâtre on dit desormais « une mine d’or », « une vraie Californie ». « Les rêves de l’or ont remplacé les rêves socialistes dans le prolétariat parisien », constate Karl Marx, amer. Les Varietes, comme le theâtre des Champs Elysees proposent en rafales drames et vaudevilles

inspires par les premiers echos de la ruee vers l’or, Le voyage en Californie, Les chercheurs d’or du Sacramento, Les Chercheuses d’or, l’Alchimiste ou Le Train du plaisir pour la Californie, tandis que se multiplient les compagnies privees pour l’emigration, comme la Californienne, la Ruche d’Or, l’Association des 300 travailleurs, le Mineur, la Bretonne, la Fortune, l’Union fra-ternelle, la Caravane havraise, le Comptoir general de Cali-fornie… Beaucoup s’effondreront, faute d’avoir reuni les fonds necessaires au depart. Pourtant les bateaux partent les uns apres les autres, portant leurs cargaisons de pauvres heres et d’aven-turiers, de brigands et d’insurges de 48 cherchant un nou-veau monde où inscrire leurs rêves. Le premier d’entre eux, La Meuse arrivera le 14 septembre 1849, en provenance du Havre.

Une loterie pour le départC’est dans ce climat de folie qu’eclate en août 1849 une an-nonce incroyable : le gouvernement français cautionne la crea-

Utopistes de 1848, « madams » et « kezkidiz » : l’écrivain Michel Le Bris nous conte un épisode de la ruée vers l’or, par ces Français qui firent de San Francisco le « Paris du Pacifique ».

Les Français dans la ruée vers l’or

Par Michel Le Bris

Vue de San Francisco en 1851.

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INSOLITE

tion d’une Societe des Lingots d’or, afin qu’elle organise une loterie, dont le benefice attendu de 4 600 000 francs sera des-tine « à faire transporter gratuitement en Californie 5 000 émigrants trop pauvres pour faire la traversée ». Le premier prix sera un lingot d’or de 116 kilos 870 grammes d’une valeur de 400 000 francs (soit au cours actuel de l’or 6 millions de dollars), en tout 224 lots d’or fin pour un montant de 1 200 000 francs !

Alexandre Dumas fils est charge de rediger la brochure pu-blicitaire. Les billets sont vendus dans les mairies pour accroître la confiance. La foule en delire defile devant le lingot expose boulevard Montmartre. Mais c’est le prefet Carlier qui decide des departs : tres vite, on realise qu’il s’agit en fait de se defaire des gêneurs de la revolution de 1848, gardes nationaux, gardes mobiles, militants socialistes trop voyants. La loterie, malgre les assurances du gouvernement, se revelera être une escroque-rie. C’est dans un parfum de scandale que le tirage aura lieu le 16 novembre 1850. Un comite de liquidation assurera les departs, tant bien que mal : 4 000 hommes environ, qui bientôt s’illustreront sur les placers, ces gisements auriferes.

Le plus grand exode depuis les CroisadesEn fevrier 1849, San Francisco ne comptait qu’une douzaine de Français – dont un certain Gros rouge, qui tenait buvette. Un an plus tard, on la disait dejà « le Paris du Pacifique ». « L’année dernière, à pareille époque, San Francisco n’était qu’un immense cloaque, où bêtes et gens s’engloutissaient à chaque pas », ecrivait un certain Jules de France le 28 janvier 1851 dans le Public Balance. En tout, 20 000 personnes firent le voyage en 18 mois, dont 5 000 environ choisirent de demeurer à San Francisco ! Le flot enflait sans cesse, grossi encore de la masse des marins qui desertaient des l’entree dans la baie, pour courir aux placers. Quatre-vingt onze bateaux français arrives entre novembre 1849 et avril 1852 perdirent ainsi les deux tiers de leurs equi-pages, 52 ne purent repartir, faute d’equipage, et pourrirent dans la vase. Une vie sociale emergeait peu à peu de ce tumulte, où s’operait un fantastique brassage de classe : « Dans ce pêle-mêle, racontera Raousset-Boulbon, le marquis est commis de son ancien coiffeur, passé banquier. Un ancien banquier, ex-millionnaire, sollicite une place de croupier dans la maison de jeu d’un certain Hercule qui manie au-jourd’hui plus d’or qu’il n’a fait jadis de boulets de 48. Mr H., ancien colonel de hussards, lave et repasse des chemises et un ex-lieutenant de vaisseau est porteur d’eau ; le vicomte de … est garçon de cabaret et as-pire au jour où il passera cabaretier ; je ne sais quel duc est décrotteur ».

Les banques Rothschild, Lazard, Dellesert, les grands eta-blissements d’affaires avaient installe des succursales, parfois dans des cabanes en planches. Les entreprises d’importation, notamment de vins et d’alcool prosperaient – dont la plus im-portante, Pioche, Bayerque and Co devait jouer un grand rôle dans l’histoire de la ville, puisque Mr. Pioche crea la premiere ligne de chemin de fer de Californie –, tout comme les maga-sins de mode, à l’image de la City of Paris de Felix Verdier, fondee en mai 1850, les restaurants fins, comme les Frères pro-vençaux sur Portsmouth Square et le celebre Poodle Dog (en fait La Poule d’or) tous deux fondes en 1849, les salons de coiffure, les cafes, les boulangeries, les pâtisseries, les maisons de jeux. Sans oublier une autre institution, les « madams » françaises dont le chic ravageur eut sur la population mâle l’effet qu’on peut imaginer, alors qu’on comptait une femme à peine pour 40 hommes.

Les kezkidiz Bientôt apparut une presse exclusivement française, Le Califor-nien et La Gazette Californienne de Jules de France, la Gazette Républicaine du journaliste, ancien insurge de juin 48, Anse-lin, L’Écho du Pacifique, fonde en 1852 par Eugene Derbec, un ancien typographe du Journal des Débats, le Messager de San Francisco, dirige par Alfred de la Chapelle, le Phare, fonde par Bachelier, lui aussi ardent republicain. Il y eût même des theâtres français, l’Adelphi, où fut jouee en 1852 la Dame aux camélias, puis le Théâtre de l’Union, inaugure en 1853. Les Americains, d’abord, s’etaient felicites de cette emigra-tion car à la difference des Irlandais et mêmes des Italiens et des Allemands, d’origine rurale, il s’agissait de citadins, d’un niveau intellectuel plus eleve que la moyenne des chercheurs d’or, et d’artisans particulierement competents qui contri-buaient grandement à civiliser cette ville toujours au bord de l’explosion. Mais cette belle humeur devait faire place, bien vite, à l’inquietude. Car les Français, decidement, devenaient

trop nombreux – plus d’un cinquieme de la population de San Francisco à la fin de 1851 ! Qui formaient un groupe à ce point à part que les Americains, par derision, les appelaient les « kezkidiz » (qu’est-ce qu’ils disent), phrase rituelle des Fran-çais ignorant l’anglais. Pire : une bonne moitie de ces emi-grants etait constituee d’an-ciens insurges de juin 1848 qui n’avaient pas renonce à leurs grandes utopies. Et autour d’eux s’agregeaient des revolu-tionnaires venus d’Italie, d’Al-lemagne, d’Europe centrale, au point que les voyageurs decrivaient de plus en plus les placers comme de gigantesques bateaux ivres où des illumi-nes dissertaient toutes les nuits sur les « principes ténébreux du socialisme ». ■

Écrivain et créateur du festival littéraire interna-tional « Étonnants voya-geurs », Michel Le Bris a retracé l’épopée des chercheurs d’or dans ses livres Quand la Californie était française (Le Pré aux clercs, 1999) et Les flibustiers de la Sonore (Flammarion, 1998). Le texte publié avec son aimable autorisation est extrait de sa confé-rence à Los Angeles en novembre 2012.

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PORTFOLIO

Bernar Venet est considere comme un precurseur de l’art concep-tuel aux États-Unis. Apprecie de l’avant-garde new-yorkaise, l’artiste se voit consacrer une grande exposition au MET des 1966, à une epoque où son nom reste inconnu en France. Le

plasticien s’installe à New York et connaît le succes avec ses sculptures min-imales qui pesent pres de 10 tonnes. Ses arcs, angles droits et spirales d’acier geants font le tour du monde. Expose sur Park Avenue, à New York, en 2004 et dans les jardins royaux de Versailles l’an dernier, l’artiste enregistre les records de vente du marchand d’art Sotheby’s qui lui dedie sa premiere grande exposition à Isleworth, en Floride en 2008. Il vend facilement une sculpture issue de la serie des Lignes indeterminees pour $600 000. Cinq sculptures de l’artiste squattent actuellement les jardins du Frederik Meijer Park, à Grand Rapids (Michigan) et seront visibles jusqu’en octobre 2013. ■

Guénola Pellen

MAXIMALL’art minimal du

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PORTFOLIO

1 Bernar Venet. Three Indeterminate Lines, 2003. Rolled steel, 104.3 inches.

2 Portrait de Bernar Venet par Isleworth.

3 Bernar Venet. 220.5° Arc x 15, 2006. Cor-ten steel, 161.4 inches.

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Journaliste au Kansas City Star, Ernest Hemingway decouvre Paris pour la premiere fois en 1918. Il a dix-neuf ans et vient de s’engager comme ambulancier dans une unite de la Croix-Rouge operant sur le front italien. Son voyage

le fait passer par Paris le jour même où la Grosse Bertha, un canon allemand de grande portee qu’on appelait ainsi ironiquement, envoyait son premier obus sur la capitale. Il en faut davantage pour effrayer l’Americain ! Il dit au chauffeur de taxi : « Dépêche-toi, emmène-moi là où tombent les obus ! J’en ferai une histoire pour le Star à leur arracher le souffle jusqu’à Saint

Louis ». Cette premiere approche de la capitale allait marquer Hemingway d’un profond amour pour Paris, « la ville la mieux faite pour permettre à un écrivain d’écrire », ecrira-t-il dans Paris est une fête. Il faut dire qu’en 1919, les États-Unis ont ratifie l’amendement sur la prohibition de l’alcool. Pour les artistes americains, leur pays n’est plus synonyme de liberte mais d’hypocrisie. Paris symbolise la modernite, et le taux de change en France est particulierement interessant.

Grievement blesse en Italie, Hemingway retourne aux États-Unis peu apres et epouse en septembre 1921, Hadley

Le succès du film Midnight in Paris doit autant au génie de Woody Allen qu’au séjour parisien d’Ernest Hemingway dans les années 20 et à son roman A Moveable Feast. « Si vous êtes assez chanceux pour avoir vécu jeune homme à Paris, disait-il, où que vous y

passiez le reste de votre vie, cela reste en vous, car Paris est une fête ».

Anne Prah-Perochon

Dans le Paris d’Hemingway

HISTOIRE

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HISTOIRE

Richardson, rencontree à Chicago chez des amis et dont il etait tombe follement amoureux. Elle sera la premiere de ses quatre epouses.

Devenu grand reporter au Toronto Star, Hemingway est envoye en France comme correspondant. Le jeune couple arrive à Paris en decembre 1921, quelques jours avant Noël. Des son arrivee, Hemingway cherche à se procurer des livres et des journaux en anglais mais les librairies anglophones sont rares dans le Paris des annees 20. Le romancier americain She-rwood Anderson l’introduit aupres de Gertrude Stein, Ezra Pound et Sylvia Beach qui ouvre au 12, rue de l’Odeon, dans le VIe arrondissement, la librairie d’avant-garde Shakespeare and Company, où se retrouvent les expatries. Ernest et Ha-dley s’installent dans le Quartier latin, au 74, rue du Cardinal-Lemoine où ils demeurent de janvier 1922 à août 1923. Le couple habite alors au 3e etage d’un immeuble dont les esca-liers craquent et les murs sentent le moisi et le chou, à deux pas des « bistrots de chiffonniers » de la place de la Contrescarpe où l’on danse la java vache.

Chez la Mère l’Oye de MontparnasseLe 8 mars 1922, Hemingway, vingt-deux ans, se rend pour la premiere fois chez Gertrude Stein, au 27, rue de Fleurus (VIe arrondissement). Surnommee familierement « la Mere l’Oye de Montparnasse », cette lesbienne notoire et poetesse de qua-rante-huit ans le reçoit dans son appartement decore de toiles de Cezanne, Matisse et Picasso qu’elle occupe avec son amie Alice B. Toklas. C’est le coup de foudre spirituel. « C’était un garçon d’une extraordinaire beauté. Il avait l’air d’un Moderne et sentait les musées », dira-t-elle de lui. « Elle avait de beaux yeux, une tête magnifique », ecrit-il dans Paris est une fête.

Dans les salons de Gertrude Stein, il fait la rencontre de Scott Fitzgerald, Ezra Pound, Dos Passos ou Sinclair Lewis, qui ont fui la prohibition intellectuelle de l’Amerique. Ger-trude Stein designe les ecrivains americains echoues dans les cafes de la Rive Gauche comme la « génération perdue ». He-mingway réfutera un jour cette formule : « Je veux bien être pendu si nous étions perdus ! » Avant qu’ils se brouillent, He-mingway se rend souvent chez elle pour lui soumettre ce qu’il a ecrit la veille et le debut de son premier roman. Gertrude Stein lui apprend à « décortiquer » son style, le pousse à sup-primer tous les mots inutiles et vulgaires : « Vous ne devez rien écrire qui soit inaccrochable ». Car Hemingway rêve desormais de devenir ecrivain : « Ce satané truc de journal qui est en train de me détruire progressivement. Si l’on écrit dans un journal, on doit passer l’éponge sur sa mémoire comme sur une ardoise », se plaint-il.

Dans l’ombre de VerlaineEn 1922, Hemingway loue un minuscule atelier, situe au dernier etage de l’hôtel où etait mort Verlaine en 1906. Son atelier du 39 rue Descartes est une mansarde d’où il aperçoit les toits et les cheminees de Paris. Il passe de longues heures à perfectionner son style et à se concentrer, « tout ce qu’il faut faire, c’est écrire une phrase qui sonne vraie », ecrit-il. Attentif au texte, il corrige sans cesse : « Quand j’use sept crayons par jour, c’est que j’ai pas mal travaillé dans ma journée. (....) J’écris une bonne page pour quatre-vingt-dix autres nulles », confie-t-il à son ami F. Scott Fitzgerald. C’est un coup terrible lorsqu’en decembre 1922, Hadley

qui devait le rejoindre à Geneve, perd à la gare de Lyon une valise remplie de ses manuscrits. En août 1923, le couple repart pour Toronto, où Hadley donne naissance à leur fils, John Hadley Nicanor, qu’Hemingway surnomme Mister Bumby. Le couple revient à Paris en fevrier 1924.

Sous les lilasLes finances du menage sont tres precaires. Pour faire des eco-nomies, le couple a emmenage dans un petit appartement du VIe arrondissement, au 113, rue Notre-Dame-des-Champs, au-dessus d’une scierie. Le bruit est infernal. Au 70 bis de la même rue, l’ecrivain Ezra Pound occupe un appentis au fond d’une cour. C’est là qu’Ernest lui donne des leçons de boxe en echange des corrections de son manuscrit. Hemingway se promene souvent l’estomac creux. « La faim aiguise toutes vos perceptions », ecrit-il.

Depuis 1914 et jusqu’aux annees 30, Montparnasse est la nouvelle Mecque pour les artistes de toutes nationalites. En particulier le carrefour Vavin où sont groupes les cafes les plus importants, la Rotonde, la Coupole et le Dôme. Plutôt que les cafes cosmopolites du carrefour, Hemingway frequente la Closerie des Lilas, au 171, boulevard du Montparnasse. « Il n’était pas de bon café plus proche de chez nous que la Closerie des Lilas. Il y faisait chaud l’hiver; au printemps et en automne la terrasse était agréable, à l’ombre des arbres ». On l’y trouve souvent, cour-be sur ses cahiers, ecrivant avec lenteur pour mieux ciseler ses phrases. Malgre cette apparente lenteur, c’est à la Closerie des Lilas en 1925, qu’il ecrit son premier roman, Le Soleil se lève aussi, en moins de six semaines.

Mais le menage Hemingway part à vau-l’eau. Depuis 1925, Ernest entretient une liaison avec Pauline Pfeiffer, qui travaille à l’edition française de Vogue. Durant l’ete 1926, il quitte femme et enfant pour emmenager avec elle au 6, rue Ferou, tout pres de l’appartement où vivent alors Hadley et Bumby. Lorsqu’un ami lui demande pourquoi il a quitte Ha-dley, Hemingway repond : « Parce que je suis un salaud ! ». Le divorce prononce en janvier 1927, est suivi de son mariage avec Pauline en mai. C’est dans l’appartement de la rue Ferou qu’il s’attelle à l’ecriture de son troisieme roman, L’Adieu aux armes, paru en 1929.

Le Ritz libéréParti couvrir la guerre civile espagnole, Hemingway revient à Paris à la fin de la Deuxieme Guerre mondiale. Il se presente à l’hôtel Ritz, place Vendôme, qui fut son refuge et celui de Scott Fitzgerald entre les deux guerres. L’ecrivain, desormais confirme depuis la parution de Pour qui sonne le glas en 1940, se fait un devoir d’être l’un des premiers Americains à liberer cet hôtel. Selon Sylvia Beach, il libera surtout ses caves ! Le bar du Ritz porte d’ailleurs le nom d’Hemingway. Apres s’être ins-talle à Key West, en Floride, puis à Cuba, Ernest Hemingway retourne une derniere fois à Paris en 1956, afin de recuperer

ses effets personnels dans deux malles cabines stockees au Ritz depuis 1927 ! Il y trouve une liasse de notes qui seront le ferment de son roman Paris est une fête publie à titre posthume en 1964. Trois ans apres le suicide, à double coup de fusil de chasse dans la tête de l’ecrivain, dans l’Idaho, en 1961. ■

Coup de foudre : love at first sightRéfuter : to disproveSe brouiller : to fall outDécortiquer : to dissectPartir à vau-l’eau : to fall apartS’atteler : to get down to

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Un menu de chef pour les fêtes

HUÎTRES POCHÉES AU CHAMPAGNE

SAVEURS

INGRÉDIENTSPour 4 personnes

2 douzaines d’huîtres 1 verre de champagne 1 cup de creme liquideSel et poivre blanc

PRÉPARATIONOuvrir les huîtres et jeter la premiere eau. Laisser les huîtres reformer une nouvelle eau (10 min). Recuperer celle-ci et la filtrer. À l’aide d’une petite fourchette, detacher les huîtres de leur coquille sans les abîmer. Rincer les coquilles creuses à l’eau et les poser sur les assiettes de service (en les calant avec du gros sel). Dans une casserole, porter à ebullition le champagne et l’eau des huîtres, puis retirer du feu. Pocher les huîtres pendant 2 minutes et les replacer dans leurs coquilles. Ajoutez la creme au melange eau-champagne, lier en donnant quelques bouillons, saler et poivrer, puis verser sur les huîtres. Decorer chaque huître avec 2 ou 3 baies roses et un brin de cibou-lette. Servir avec le même champagne. Peut aussi être servi en amuse-bouche, comptez une à deux huîtres par personne. ■

L’ ACCORD VINde Jean-Luc Le DûSur les huîtres, je vous propose un excellent saumur mousseux du Château de la Tour Grise. Issu de culture biodynamique et d’une couleur jaune d’or, il brille sur le plat avec ses arômes de pommes vertes et ses fines bulles. Et si pour vous, il n’y a pas de repas de fin d’annee sans grand champagne, optez pour le superbe Pierre Peters « Les Chevillons » 2004. Un blanc de blanc millesime qui eblouit par sa puissance et son elegance.

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EntréePar Rita Jammet

Passionnée de gastronomie, Rita Jammet est propriétaire du champagne La Caravelle.

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24 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

SAVEURS

INGRÉDIENTSPour la croûte½ cup de chapelure fraîche4 tbsp de beurre non sale1 echalote emincee finement1 tbsp de feuilles de persil hachees1 tbsp hachee de graines de citrouille et de tournesol1 tbsp de noix et de pignons hachees½ tbsp de graines de linSel et poivre frais moulu

Pour la compote1 petit chou rouge (environ 1 lb)2 tbsp de beurre non sale1 gros oignon hache finement2 pommes, de preference Granny Smith ou Macoun pelees, epepinees et coupees en 8 morceaux chacune1 cup de canneberges fraîches ou surgelees½ cup de vinaigre de vin rouge Le zeste d’une orange finement râpe½ cup de jus d’orange frais½ tbsp de 4 epices

Pour 4 personnes

CARRÉ DE PORC EN CROÛTE AVEC UNE COMPOTE DE CHOU ET DE CANNEBERGES

Sel et poivre frais moulu

Pour le carré de porc rôtiUn carre de porc de 2 1/2 lbs (avec 4 côtelettes)Sel et poivre frais moulu3 tbsp d’huile d’olive extra-vierge1 carotte moyenne hachee1 oignon moyen hache1 côte de celeri coupee en rondelles1 gousse d’ail ecraseeBouquet garni : 1 feuille de laurier, 1 brin de persil plat et un brin de thym ficeles dans un morceau de poireau2 tbsp de beurre non sale¾ cup de bouillon de poule

PRÉPARATIONPour faire la croûteMelanger la chapelure, le beurre, l’echalote, le persil, les graines de citrouille, les noix, les pignons et les graines de lin. Assaisonner avec sel et poivre. Rouler le melange de beurre entre 2 feuilles de papier parchemin ou de film plastique et faire un rect-angle de 8x4x1/8 inch. Refrigerer 2 heures ou congeler 30 minutes.

Pour faire la compoteJeter les feuilles exterieures du chou rouge. Couper le chou en 2 et couper le cœur. Hacher finement. Faire fondre le beurre dans une grande poêle à feu moyen. Ajouter l’oignon et faire cuire environ 5 minutes. Ajouter le chou, les pommes et les canneber-ges, faire cuire 10 minutes. Deglacer avec le vinaigre et faire cuire 2 à 3 minutes. Ajouter le zeste et le jus d’orange, les 4 epices. As-saisonner avec sel et poivre. Cuire à feu moyen en remuant frequemment, jusqu’à ce que le chou soit tendre, 40 à 45 minutes. Goûter et assaisonner si necessaire. Mettre la compote de côte au chaud.

Pour faire le porcPrechauffer le four à 350 F, placer une grille au centre. Assaisonner le porc (sel et poivre) Faire chauffer l’huile dans un plat à rôtir. Faire cuire, tourner le porc jusqu’à ce qu’il soit rôti de tous les côtes. Ajouter carotte, oignon, celeri, ail, bouquet garni et beurre. Faire rôtir 25 minutes en remuant les legumes et arroser le porc 1 ou 2 fois. Retourner le carre et faire rôtir pendant 25 minutes jusqu’à ce que la croûte soit doree (à surveiller

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(Daniel Boulud, Chez Daniel)

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BÛCHE DE NOËL

Dessert

de pres). Laisser le porc reposer 5 minutes avant de le decouper en 4 côtelettes. Jeter le bouquet garni. Faire chauffer le plat de cuisson et faire reduire completement (3 minutes environ). Verser le bouil-lon, faire bouillir et assaisonner avec sel et poivre.

Pour servirPlacer une part de compote sur chaque assiette chaude. Verser les legumes et la sauce sur la compote et poser une côte de porc. Servir im-mediatement. ■

L’ ACCORD VINde Jean-Luc Le DûSur le carre de porc, explorons donc le madiran, issu d’une mer-veilleuse region viticole adossee aux Pyrenees. Élabore à partir du tannat, cepage aux puissants tan-nins, c’est un excellent compagnon pour ce plat. Le saint-Joseph 2009 du Domaine Courbis est egalement recommande pour la fraîcheur de la syrah.

Château Bouscasse, madiran 2006 - $32.99

Gérard Courbis, saint-Joseph 2009 - $46.99

Dacquoise aux amandesIngrédients ½ lb de poudre d’amandes½ lb de sucre glace6 oz de blanc d’œufs3 oz de sucre granule

PRÉPARATIONBattre les blancs avec le sucre semoule. Tamiser le sucre semoule avec la poudre d’amandes. Combiner delicatement les poudres tamisees.Étaler le tout sur une plaque de 24x16 inch recouverte de papier parcheminCuire environ 15 minutes à 350 ºF.

Mousse à la vanille Ingrédients 9 oz de creme½ de sucre granule1 gousse de vanille1 feuille de gelatine2 oz de chocolat blanc

PRÉPARATIONRamollir la gelatine dans l’eau froide. Faire bouillir la creme, le sucre et la gousse de vanille coupee en deux. Essorer la gelatine et in-corporer la creme chaude et tamiser sur le chocolat blanc. Laisser reposer 24 heures au refrigerateur. Battre jusqu’à consistance ferme.

Mousse au chocolatIngrédients10 oz de chocolat noir 64%16 oz de creme4 oz d’eau6 jaunes d’œufs½ de sirop de glucose1 ½ oz de lait en poudre ecreme

PRÉPARATIONBattre la creme. Faire fondre le chocolat. Faire un sabayon.Mettre l’eau, les jaunes et le lait en poudre à cuire à 180 ºF.Mixer, laisser lever et refroidir (con-sistance mousseuse).Incorporer 1/3 de la creme fouettee dans le chocolat fondu.La ganache doit être lisse à 100 ºF.Incorporer le sabayon et le reste de la creme fouettee.

Glaçage au chocolatIngrédients 11 oz d’eau11 oz de sucre granule8 oz de creme5 oz de cacao32 feuilles de gelatine

PRÉPARATION Ramollir la gelatine dans l’eau froide. Faire bouillir le sucre et l’eau.Ajouter la creme et faire bouillir encore 2 minutes. Ajouter le cacao et faire bouillir encore 2 minutes.En dehors du feu ajouter la gelatine et egoutter.

Garder au refrigerateur. Faire fondre au bain-marie ou au micro-ondes avant usage.

ASSEMBLAGEGarnir un moule à bûche avec 1/3 de mousse au chocolat.Étaler la mousse à la vanille et une tranche de biscuit.Terminer avec le reste de mousse au chocolat et une tranche de biscuit.Mettre au congelateur pendant 24 heures.Demouler, mettre sur une grille et glacer avec le glaçage au chocolat. ■

L’ ACCORD VINde Jean-Luc Le DûSur la bûche de Noël, terminons sur le rare rhum JM 1997. Situee au pied d’un volcan encore actif en Martinique, la distillerie JM produit des rhums agricoles de terroir aux arômes envoûtants. J.M. rhum vieux agricole 1997- $119

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(Jérôme Husson, Chez Benoît)

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26 FRANCE - AMÉRIQUE DÉCEMBRE 2012

POINT FINAL

Gaétan Mathieu

De son année passée à Paris au début des années 50 à son amitié, célèbre, avec Bernard Pivot, le présentateur de l’émission Inside The Actors

Studio est un francophile assumé.

James Liptonbouillon de culture

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POINT FINAL

Sur un pan entier d’un mur du salon, les photos de James Lipton entoure de stars du cinema et des presidents americains côtoient les œuvres d’art. « Voici ma collection de dessins de Daumier. J’en ai une centaine. Je

les ai achetés pour moins d’un franc à l’époque à un bouquiniste », se souvient le celebre presentateur de l’emission Inside The Actors Studio. Pour bien comprendre James Lipton, la visite guidee de sa magnifique demeure, situee dans l’Upper East Side à New York, est essentielle. Sa maison est un musee qui retrace sa carriere. Sur le manteau de la cheminee sont entreposes tous les prix qu’il a reçus. Plus encore que son Emmy Award, c’est sa medaille de chevalier de l’ordre des Arts et Lettres qui fait sa plus grande fierte. « C’est la plus importante de mes récompenses », s’exclame-t-il, en français dans le texte. « Plus que de la simple francophilie »L’attachement de James Lipton à la France remonte au debut des annees 50, lorsque le jeune Americain, alors acteur, traverse l’Atlantique en paquebot. En attente d’être envoye en Grece pour un tournage qui ne se fera jamais, James Lipton sejourne dans la capitale française. Il y restera pres d’un an, sans un sou en poche. « La France m’a changé, elle m’a construit. Mon attachement à ce pays est beaucoup plus que de la simple francophilie ». Dans sa biographie publiee en 2007, il avoue avoir ete quelque temps souteneur, pour arrondir ses fins de mois. Il se chargeait, pour une amie, de trouver des jeunes clients americains et de les amener dans une chambre pres de Pigalle. « Je dois dire qu’on gagnait bien notre vie », ecrit-il. De son sejour parisien, James Lipton se souvient surtout de son premier repas Chez Pierre à la Fontaine Gaillon. Assis au fond du restaurant, un soir d’hiver à minuit, il goûte sa premiere soupe à l’oignon. « J’en ai encore le goût dans la bouche aujourd’hui ». C’est aussi ce soir-là qu’il apprend à boire du vin, avec le chef du restaurant, venu s’asseoir à sa table. « Il s’est approché de moi pour savoir ce que je buvais et je lui ai dit ‘un vin ordinaire’. Il m’a alors répondu : ‘Nous n’avons pas de vins ordinaires !’ Et la nuit a commencé... »

L’ami de Bernard PivotCinquante ans plus tard, c’est dans un autre restaurant parisien, Au pied de cochon, que le presentateur vedette conclut « la plus belle soirée de son existence ». Ce soir-là, son mentor Bernard Pivot presente la derniere emission de Bouillon de culture et James Lipton est l’un des invites. « Se retrouver sur ce plateau que j’avais découvert des années auparavant, par hasard, à la télévision américaine, c’était incroyable », se rememore-t-il, d’une voix toujours aussi grave mais un peu plus chevrotante. James Lipton se leve alors et apporte la une du Monde du lendemain, qu’il a fait encadrer. « Imaginez mon émotion quand j’ai vu ma photo aux côtés de Bernard Pivot dans la colonne de droite, là où ils annoncent généralement les guerres ! Je suis passé de spectateur à participant. C’est un peu l’histoire de ma vie ». De son passage à l’emission litteraire, James Lipton garde un precieux souvenir, le mot de remerciement de Bernard Pivot, accroche entre deux lettres d’acteurs americains. « Il m’a écrit ‘cher aMirateur’, car je suis à la fois son ami et son admirateur ! », se delecte encore aujourd’hui le president de l’Actors Studio.

Émission culteLe culte que James Lipton voue à Bernard Pivot remonte aux annees 1980 lorsque le vice-president de l’Actors Studio à New York se passionne pour Apostrophe, « le talk-show le plus brillant de tous les temps ». « C’était le paradis de voir des personnes

intelligentes et de divers horizons parler de choses sensées ». L’idee germe en lui de lier son ecole et l’apprentissage du jeu d’acteur à une emission de television. « Sur les pas de Bernard Pivot, je voulais faire un talk-show sans potins mais centré uniquement sur le métier d’acteur ». Lorsque la chaîne Bravo achete les droits en 1994, James Lipton s’attend à ce que son emission ne soit diffusee que quelques semaines. « Je n’imaginais pas que les Américains accepteraient que l’on parle uniquement de méthode, de technique de jeu avec les acteurs ». Mais la decouverte par le grand public des hommes et des femmes qui se cachent derriere les celebrites hollywoodiennes passionne les Americains. James Lipton est capable de faire rire aux eclats Julia Roberts comme de faire pleurer Tom Hanks. « Les quelques questions personnelles que je pose aux acteurs sont toujours en rapport avec leur jeu. Elles ne sont jamais indiscrètes. Elles permettent de comprendre comment Jim Carrey ou Paul Newman en sont arrivés là ». Devoiler le tout Hollywood sans fard vaut à James Lipton une multitude de prix. En 1997, Inside The Actors Studio remporte notamment le prix de meilleur talk-show sur le câble. Devant les cameras, son presentateur ne remercie ni ses parents, ni Dieu, mais demande, tres serieusement, que de l’argent soit leve pour traduire les emissions de Bernard Pivot. « Je n’ai hélas jamais réussi, soupire-t-il. Il me reste encore cela à accomplir ».

De ses frequents sejours en France, James Lipton a conserve une profonde amitie avec le comte Jean de Rochechouart de Mortemart, aujourd’hui decede, et la comtesse Anne d’Ornano, directrice du Festival du film americain de Deauville à sa creation. Sa « famille française », comme il la surnomme. « J’ai gardé une grande affection pour la France. Je connais Paris au moins aussi bien que New York. Il n’y a bien qu’une chose que je n’aime pas là-bas : les taxis. Ils ne veulent jamais aller là où je veux, et je suis obligé de prendre le God Damn métro ! ». ■

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INSTANTANÉS

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1 San Francisco, CA – Le 12 oc-tobre, la chambre de commerce franco-américaine de San Francisco (FACCSF) a organisé la 31e édition de The Soirée. Le gala annuel, qui s’est déroulé au Metreon avec près de 800 invités, a célébré la gastronomie et le vin français avec les professionnels de la région. © Anne-Sophie Brochet

2 Delray Beach, FL – Le 22 octobre, le consul général Gaël de Maisonneuve a remis les insignes de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur à trois vétérans américains à Boynton Beach, mais aussi la médaille d’honneur des Affaires étrangères à George Miliband (à droite) à Delray Beach.

3 Los Angeles, CA – Le 16 octobre, l’Alliance Française a organisé une ré-ception avec une soixantaine d’invités au Los Angeles Country Club pour fêter la prise de fonction du nouveau consul général de France, Axel Cruau (à gauche).

4 Seattle, WA – Le 24 octobre, la pre-mière édition du festival French Cinema Now a tenu sa soirée de lancement au Bastille Café & Bar après la pro-jection de deux films en ouverture, et en présence de l’acteur Kevin Parent, du film Café de Flore (à gauche), du directeur artistique du Seattle Inter-national Film Festival Carl Spence (au milieu) et du réalisateur de Mobile Home, présenté durant le festival, François Pirot. © Siff - Lucie Guillemot

5 Philadelphie, PA – Le 21 octobre, l’Alliance Française a organisé une ré-ception en l’honneur du nouveau chef d’orchestre de l’Orchestre Philharmo-nique de Philadelphie, le Canadien francophone Yannick Nézet-Seguin (au milieu), aux Residences at the Ritz Carlton. Il est ici entouré de Danièle Cohen, la directrice de l’Alliance Mar-tine Chauvet, Herbert Kean, Yvonne Bach, Cecil Jones, le consul hono-raire Michael Scullin, la présidente de l’Alliance Diana Regan, Lynn Miller et Delphine Lawrence. © Bonnie Squires

6 Providence, RI – Du 11 au 14 oc-tobre s’est tenue la conférence an-nuelle des Alliances Françaises à Providence. Cette année le prix Charbonnier, consacré à une per-sonne promouvant la culture fran-çaise aux États-Unis, a été remis à David McCullough (à gauche), auteur de The Greater Journey, Americans in Paris et deux fois récipiendaire du prix Pulitzer. À droite, le président de l’Alliance Française de Providence, Dominique Grégoire.

7 San Diego, CA – Le 20 octobre, la troupe parisienne Compagnie Cara-vague a présenté Rappelle-toi Pré-vert, une pièce sur le poète français mise en scène par André Nerman (à gauche) et interprétée par lui et Nelly Anne Rabas (à droite), grâce à l’initiative conjointe de la Fédéra-tion des Alliances Françaises aux États-Unis, de l’Alliance locale et de l’université de San Diego.

8 Chicago, IL – Les 29 et 30 octo-bre, la Mission pour la Science et la Technologie du consulat a organisé, avec Northwestern University, la dé-légation des Alliances Françaises, l’Institut français et le ministère des Affaires étrangères, la deuxième édition de la fête de la science fran-co-américaine. Le consul général Graham Paul (à gauche) a accueilli un invité d’honneur : le journaliste scientifique Jamy Gourmaud (à droite), connu pour l’émission péda-gogique C’est pas sorcier.

9 New York, NY – Le 25 octobre, l’exposition De Gauguin à Warhol, de Pont-Aven à New York a été inaugu-rée à la Fondation Angel Orensanz, à Manhattan. Elle consacrait le mouve-ment dit Hangar’t, né à Nizon dans le Finistère Sud, soit une sorte de pop art rural. Près de 45 des artistes bretons se sont rendus dans la Grosse Pom-me pour l’occasion. © Alexis Kennedy

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