256 mdct: imagerie des pontages coronariens et des...

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Angiographie des pontages coronariens et de leurs complications tardives en tomodensitométrie 256 coupes. N. Rau (1), Ph. Rau (1), A. Chin (1), Y. Provost (1), P. Parent (1), N. Noiseux (2,3), C. Chartrand-Lefebvre (1,3). CHUM- Centre Hospitalier Universitaire de Montréal (Canada): Département de Radiologie (1), Département de Chirurgie Cardiaque (2) et Centre de recherche (3).

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Angiographie des

pontages coronariens

et de leurs

complications tardives en

tomodensitométrie

256 coupes. N. Rau (1), Ph. Rau (1), A. Chin (1), Y. Provost (1), P. Parent (1),

N. Noiseux (2,3), C. Chartrand-Lefebvre (1,3).

CHUM- Centre Hospitalier Universitaire de Montréal (Canada):

Département de Radiologie (1), Département de Chirurgie

Cardiaque (2) et Centre de recherche (3).

Plan de la présentation

Titre

Plan de la présentation

Introduction

Coronarographie

Technique CT et protocole CHUM CT scan Philips 256 coupes pour

l’évaluation des pontages coronariens

Reconstructions 3D des images acquises: VR3D, MIP et CPR

Artéfacts

Types de pontages

- Artère mammaire interne gauche ou droite, double pontage mammaire

interne

- Veines saphènes, interne ou externe

- Pontages séquentiels et composite, dont un pontage composite

particulier réalisé dans notre institution: “le pont veineux”

Complications: mention dans le texte des complications précoces et

illustrations des complications tardives:

- thrombose

- sténose

- occlusion

- anévrisme

Conclusion

Références

QCM

Fellowship en imagerie thoracique et cardiaque au Centre Hospitalier

Universitaire de Montréal (CHUM), Canada

Réponses du QCM

Introduction

La maladie cardiaque ischémique reste à l’heure actuelle un problème de santé

majeur dans le monde avec des taux de morbidité et mortalité élevés (1).

La formation de plaques athéromateuses au sein des vaisseaux coronaires est

responsable du rétrécissement de leur lumière, entrainant une réduction de

l’apport sanguin et l’infarcissement du myocarde.

En condition d’urgence, le traitement de choix reste l’angioplastie par ballonnet

avec éventuellement la mise en place de stents intra-luminaux.

En cas d’angor stable, le choix de traitement est en général plus vaste, dépendant

de nombreux facteurs, dont la sévérité de la maladie, càd le nombre de vaisseaux

natifs touchés et de l’emplacement des lésions. L’état général du patient est

également à prendre en compte.

Les différentes possibilités de traitement comportent le traitement médical et les

techniques de revascularisation: l’angioplastie par ballonnet +/- stenting et la

chirurgie par pontage coronarien.

De cette dernière, bénéficient en général les patients à haut risque, souffrant de

sténoses sévères et complexes, de plus de 50% et touchant en principe le tronc

commun ou la région proximale de l’artère interventriculaire antérieure (IVA) (2).

Néanmoins, il s’agit d’une chirurgie à haut risque, qui s’effectue ou non à cœur

battant, càd à l’aide ou non de la circulation extra-corporelle. Le taux de

complications est de l’ordre de 2 à 5 % (3).

Des techniques moins invasives se sont développées simultanément à l’essort de

l’imagerie cardiaque en coupe, permettant une approche chirurgicale moins

risquée. Couplées à une meilleure connaissance de l’anatomie coronarienne

fournie par la tomodensitométrie multibarette, on note une amélioration des

résultats chirurgicaux.

Coronarographie conventionnelle

Il s’agit actuellement de l’examen de choix pour diagnostiquer des atteintes des

vaisseaux coronaires natifs et évaluer des pontages coronariens à la recherche de

complications. Cela reste également l’examen le plus pratiqué (4). Cette technique

invasive éprouvée compte des avantages indéniables par rapport à l’imagerie

tomodensitométrique, notamment, la possibilité en cours d’examen diagnostic

d’effectuer un geste interventionnel.

Néanmoins, les performances diagnostiques de la tomodensitométrie avec

angiographie des vaisseaux coronaires se sont montrées aussi bonnes voire

meilleures que l’angiographie conventionnelle avec l’avantage non négligeable

d’être une technique non invasive, sachant qu’un bon nombre de ces interventions

s’effectuent à but diagnostic sans geste interventionnel simultané.

En situation stable, le coroscanner permet donc une excellente appréciation de

l’anatomie des vaisseaux natifs et de la présence de sténoses ou occlusions. Une

meilleure sélection des patients pouvant bénéficier d’une revascularisation et une

meilleure planification de l’intervention chirurgicale sont ainsi assurées, avec au

long terme, de meilleurs taux de perméabilité des pontages coronaires et de survie

des patients (5).

La tomodensitométrie multibarrette a révolutionné de nombreux champs de la

radiologie, en particulier celui de l’imagerie cardiaque.

Depuis l’avènement de détecteurs plus larges et une meilleure couverture dans

l’axe z, le cœur peut être imagé en seulement quelques secondes.

Un facteur limitant de poids est néanmoins la dose d’irradiation administrée au

patient. Elle peut être diminuée de plusieurs façons, en ajustant les paramètres

techniques du CT, comme le kilovoltage, les milliampères mais surtout en

réalisant un couplage à l’ECG. L’utilisation de nouvelles techniques de

reconstruction itérative des images permet également une certaine réduction de la

dose.

Le couplage à l’ECG peut s’effectuer de 2 manières:

- prospective

ou

- rétrospective

Technique CT

En mode prospectif, les images sont

acquises à environ 70% de l’intervalle R-

R du cycle cardiaque, en diastole, période

démontrant le moins de mouvements

cardiaques. Un premier bloc d’images est

acquis, la table se déplace puis un second

bloc d’images est obtenu à un niveau

différent. En général, 2 à 3 blocs sont

nécessaires pour l’évaluation des artères

coronaires et 4 à 5 pour les pontages

coronariens suivant leur origine.

Figure 1. Tracé d’ECG avec

couplage prospectif.

Le CT scan est en fonction dans

les zones correspondant aux

boites rouges (70%-83% de

l’intervalle RR ). Entre les 2

blocs (trait vert), l’irradiation est

interrompue, seule la table se

déplace.

Reproduit avec l’autorisation de Philips

Healthcare Canada.

Comparé au mode rétrospectif (où l’irradiation s’effectue tout au long du cycle

cardiaque), le mode prospectif est plus sensible aux artéfacts de mouvements et

les possibilités de reconstructions sont moindres. L’ajout de 5-10 % de temps

d’acquisition supplémentaire peut s’avérer bénéfique permettant ainsi plus

d’options de reconstructions.

Un autre inconvénient majeur de cette technique est l’impossibilité de réaliser des

mesures fonctionnelles, comme par exemple de déterminer la fraction d’éjection.

D’autres moyens existent pour diminuer la dose d’irradiation administrée aux

patients. De nouveaux algorithmes mathématiques de reconstruction itérative des

images ont été développés (ASIR pour adaptive statistical iterative

reconstructions) permettant de diminuer les paramètres d’acquisition du tube (kV,

mAs) sans pour autant augmenter le rapport signal sur bruit de l’image et ainsi

conserver une qualité d’image diagnostic acceptable avec une diminution de la

dose d’irradiation générée (6).

CHUM - Protocole d’acquisition des images

pour l’évaluation des PAC

Comme toute imagerie, l’angiographie des PAC par tomodensitométrie nécessite

d’être expliquée au patient afin d’obtenir sa collaboration et de réaliser des images

de qualité.

Dans notre institution, l’examen est pratiqué sur un appareillage Philips 256

coupes, couplé prospectivement à l’ECG du patient.

En cas de rythme cardiaque supérieur à 60 battements par minute, 50 à 100mg de

Métoprolol per os est administré. S’associe la prise de 0,4 mg de Nitroglycérine en

spray en début d’examen afin d’obtenir une dilatation des vaisseaux coronaires et

ainsi une meilleure visualisation des artères les plus périphériques.

Une injection adéquate de produit de contraste est aussi fondamentale pour

l’obtention d’images diagnostic que la réalisation d’un examen de bonne qualité

avec des paramètres d’acquisition réalisant une irradiation raisonnable.

Le contraste injecté est repéré par bolus tracking au moyen d’un ROI positionné

dans l’aorte thoracique descendante. Le seuil de densité de contraste à obtenir

pour déclencher l’appareil est de 150 UH.

Paramètres CT

kV 120-140 selon la

morphologie du

patient, associé à iDose.

mAs 320 max.

FOV (mm) 250

Rotation de la gantry (ms) 270

Epaisseur de coupe (mm) 0.8

Intervalle entre les coupes

(mm) 0.4

Tableau 1. Paramètres d’acquisition

prospective des images tomodensitométriques

pour l’évaluation des pontages coronariens.

- 80ml Iopamidol 370 mg/ml à 5

ml/sec

- 55ml d’un mélange 60%

Iopamidol 370 mg/ml-40% NaCl à

5 ml/sec

- 40ml NaCl à 5 ml/sec

Protocole d’injection

Figure 2. Angiographie

tomodensitométrique des artères

coronaires natives (coupe axiale)

démontrant sur l’IVA proximale une

sténose sévère . Aorte thoracique

ascendante (AA), artère pulmonaire (AP).

L’analyse des vaisseaux coronariens et des

pontages s’effectue en combinant

plusieurs modalités de reconstructions

permettant ainsi une meilleure

appréciation de la présence ou non de

sténoses et leur évaluation. Un

pourcentage de rétrécissement est

généralement déterminé visuellement.

Les coupes axiales sont en général

utilisées pour le repérage, couplées au

MIP (minimal intensity projection) et

CPR (curved planar reconstruction) pour

la gradation de la sténose.

Evaluation des sténoses:

quels outils 3D utiliser ?

AA

AP

Avec le MIP, l’évaluation s’effectue segment par segment

alors que le CPR permet une vue d’ensemble du vaisseau

et une visualisation sur 360 degrés du rétrécissement.

Figure 3. Vues 3DVR, MIP et CPR du même patient que sur la

figure 2 avec image CPR agrandie sur la sténose proximale sévère

de l’IVA . Cette dernière est mal identifiée en 3DVR mais

confirmée en MIP et estimée à 80% sur les reconstructions CPR.

VR3D MIP

CPR

Le 3DVR reste quant à lui, un outil de visualisation du cœur, dans sa globalité

permettant une cartographie de l’anatomie des vaisseaux coronaires natifs et des

éventuels pontages. En raison d’une sous-estimation du degré réel des sténoses, il

ne doit pas être utilisé pour définir une mesure précise (7).

IVA

Figure 4. 3DVR d’une angio-

graphie tomodensitométrique

pour évaluation des vaisseaux

coronaires natifs.

AA: aorte thoracique ascendante;

AP: artère pulmonaire.

AA AP

Figure 5. 3DVR d’un coroscanner dans

l’évaluation de pontages aorto-coronariens

avec une vue globale du cœur, démontrant

un pontage composite AMIG avec un

«pont veineux» (PV) reliant l’IVA à la

bissectrice et un pontage veineux

séquentiel (PAC g) pour le système gauche

circonflexe (anastomose distale non

identifiable sur cette image compte tenu de

la projection).

AMIG

PAC g

PV

IVA

Bissectrice

Artéfacts

Comme précédemment expliqué, le développement de nouveaux appareils à

détecteurs larges a transformé l’imagerie cardiaque et en particulier l’imagerie des

vaisseaux coronaires et des pontages coronariens. Néanmoins, cette technique

reste très sensible aux artéfacts (8).

Les catégories d’artéfacts principalement rencontrées sont :

Artéfacts en bande (stepladder artifact): liés

à un décalage latéral (flèches blanches) de

quelques millimètres entre 2 blocs d’images,

en raison des battements cardiaques, en

général.

Figure 6. Vue MIP du cœur démontrant des

lignes horizontales (flèches blanches)

correspondant à des artéfacts en bande liés aux

différents blocs d’images décalés les un par

rapport aux autres, avec l’absence de

correspondance des différentes structures.

Figure 7. Images 3DVR

et MIP du même pontage

qu’en figure 6.

Artéfact en bande (flèche

noire) avec décalage latéral

de l’IVA ( ) , quelques

centimètres après

l’anastomose avec l’AMIG

( mal visible sur l’image

3DVR).

Figure 8. Images 3DVR

et MIP corrigées du même

même patient qu’à la figure

7 démontrant une

atténuation de l’artéfact

correspondant à une zone

floue où les structures

apparaissent rapprochées.

IVA

AMIG

IVA

Artéfacts dus au renforcement du

faisceau de rayons X (beam

hardening artifact): liés à la présence

de matériel métallique, de

calcifications entrainant un

renforcement du faisceau à rayon X

avec un effet d’agrandissement des

structures de haute densité (blooming

effect), la formation de stries

hyperatténuantes cachant la lumière

du vaisseau et pouvant gêner

l’interprétation. Figure 9. Images MIP d’un pontage

AMIG-IVA avec seule visualisation de

l’AMIG en arrière du sternum et

d’artéfacts de durcissement dus aux

sutures de sternotomie (têtes de flèches

noires sur l’image de gauche), compliquant

l’analyse du vaisseau ponté.

Figure 10. Images de marqueurs chirurgicaux métalliques (flèches ouvertes) en coronarographie

conventionnelle (à gauche: PAC veineux droit) et en MIP (à droite: AMID libre pour le système

coronaire gauche) réalisant sur l’image tomodensitométrique des artéfacts de durcissement

(flèche pleine blanche) gênant l’analyse du vaisseau.

Artéfacts de flou des structures

(blurring artifact): liés aux

mouvements du cœur ou aux

mouvements respiratoires, entre

autres.

Figure 11. Coupe axiale d’angiographie par tomodensitométrie

démontrant des artéfacts cinétiques sur l’artère coronaire droite (ACD)

native et PAC droit (PAC d) séquentiel pour l’artère interventriculaire

postérieure et la branche M1 de l’artère circonflexe (non identifiées sur

cette image).

2 grandes classes de pontages coronariens existent:

- pontages artériels

- pontages veineux

Ils diffèrent principalement en terme de perméabilité et de survie à long terme (9,

10). Les taux de perméabilité sont à 10 ans de l’ordre de 90% pour les artères et

70% pour les veines.

Certains greffons sont également pontés sur des vaisseaux natifs spécifiques, tel le

pontage artère mammaire interne gauche (AMIG) sur l’artère interventriculaire

antérieure (IVA) en cas de maladie du tronc commun ou d’atteinte de l’IVA

proximale.

Les différents types de pontages coronariens

- Les pontages artériels comprennent : les artères mammaires internes (gauche:

AMIG; droite: AMID, pontage mammaire interne double: AMI double (en

anglais: BIMA, bilateral mammary artery), l’artère radiale (AR), plus rarement

l’artère gastro-épiploïque et l’artère épigastrique inférieure.

- Les pontages veineux (PAC) sont réalisés avec la grande ou la petite veine

saphène, en principe. Elles présentent une facilité de prélèvement par rapport aux

vaisseaux artériels.

Taux de perméabilité AMIG AMID AMI double Artère radiale PAC

5 ans 90-98% 96% 51-92.5% 64-95%

10 ans 90-95% 81-90% 89% 62.9-75.4% 70%

Tableau 2. Résumé des taux de perméabilité des différents pontages artériels et veineux.

AMIG

in situ

IVA

La gauche est la plus fréquemment utilisée pour ponter

le système coronaire gauche et l’artère interventriculaire

antérieure, en particulier. Elle est dans ce cas précis

laissée placée in situ, càd connectée à l’artère sous-

claviaire gauche (ASCG) et anastomosée au-delà de la

sténose ou de l’occlusion du vaisseau coronaire natif.

AMIG in situ

IVA Figures 12 et 13 . Images 3DVR et

MIP d’un même pontage AMIG-IVA

avec agrandissements correspondants

sur l’anastomose distale perméable.

Artères

mammaires

internes

Rarement, elle est utilisée comme pontage libre et détachée proximalement de

l’artère sous-clavière gauche.

IVA

AMIG libre

PAC

IVA

AMIG

libre AMIG

libre

Figure 14. Images 3DVR et

CPR d’un pontage AMIG-IVA

libre avec suture proximale du

pontage sur un PAC droit peu

après son origine sur l’aorte

thoracique ascendante.

Identification de l’anastomose

distale sur l’IVA sur les images

de droites.

Quant à l’artère mammaire interne droite, elle peut servir soit à ponter le système

droit et être laissée attachée à l’artère sous-clavière droite (dite in situ) soit

détachée et utilisée libre pour le système coronaire gauche. Elle est alors passée à

travers le sinus transverse, derrière l’aorte thoracique ascendante et l’artère

pulmonaire puis anastomosée sur une branche de l’IVA ou de l’artère circonflexe.

Combinée à l’artère mammaire interne gauche, ce pontage mammaire interne

double (AMI double) prend le nom en anglais de BIMA pour bilateral internal

thoracic mammary artery. Les performances à long terme de ce type de pontage

semblent excellentes avec des résultats supérieurs, en terme de perméabilité

mesurée à 89% à 10 ans, en comparaison aux résultats de l’artère radiale étant de

63 à 75 % à 10 ans (11, 15). Cette procédure reste cependant moins fréquemment

réalisée, peut-être en lien avec un taux d’infection sternale légèrement supérieur

pour le double pontage mammaire interne. Le développement de nouvelles

techniques de dissection permettant de préserver le pédicule neuro vasculaire

destiné au sternum a cependant permis de réduire ces complications (16).

Figure 15. 3DVR de plusieurs pontages

artériels: AMIG-D1-IVA, AMID libre

pour la branche M2 de l’artère circonflexe

et artère radiale libre pour l’IVP de l’artère

coronaire droite.

AMIG-

D1-IVA

AMID-M2

Artère

radiale

- IVP

Son utilisation est très controversée; les taux

de perméabilité, étant très variables suivant

les études. A court et moyen termes, ils

aparaissent similaires voire pires par rapport

aux pontages veineux. Les taux de

perméabilité sont de 51 à 92% à 5 ans (64-

95% pour PAC veineux), 63 à 75% à 10 ans

(71% pour PAC veineux). Aucune différence

significative ne s’obsèrve à court terme (1 an),

les taux étant similaires pour l’artère radiale et

les PAC veineux à environ 90% (12-15,17).

Le vasospasme, observé en post-opératoire

précoce et lié à l’épaisseur de la paroi

musculaire de ce vaisseau est un inconvénient

majeur de son utilisation. Il est généralement

traité par des bloqueurs de canaux calciques.

Artère radiale

Figure 16. PAC gauche saphène s’étendant de l’aorte thoracique ascendante (étoile noire) à la

branche M2 de l’artère circonflexe. Vues 3DVR avec agrandissement sur l’anastomose distale (boite

rouge).

PAC PAC

M2

Malgré des taux de perméabilité inférieurs aux autres vaisseaux, leur utilisation

reste fréquente compte tenu de leur facilité de prélèvement et de leur usage lors

de pontages multiples ou de pontages combinés (10).

PAC gauche

Les veines saphènes

Figure 17. Vues 3DVR d’un PAC droit réalisé avec une veine

saphène s’anastomosant proximalement sur l’aorte thoracique

ascendante (image de gauche) et distalement sur l’IVP de

l’artère coronaire droite native (image du milieu).

Vue CPR de l’ensemble du pontage avec l’anastomose distale

termino-latérale perméable sur l’IVP (image de droite).

PAC d

ACD

ACD

PAC d

IVP

PAC d

IVP

PAC droit

Les pontages séquentiels et combinés

- Pontage séquentiel: correspond à un greffon donnant plusieurs anastomoses

consécutives à différentes branches coronaires natives, permettant ainsi la

reperfusion d’un plus grand territoire ischemié. Parfois, les systèmes droit et

gauche sont connectés par le même greffon.

Figure 18. Vues 3DVR avec

extraction d’un PAC droit

séquentiel (image de droite):

1ère anastomose séquentielle

avec l’artère coronaire droite

distale se prolongeant par

l’artère interventriculaire

postérieure (tête de flèche). La

seconde anastomose

séquentielle correspondant à

l’anastomose terminale de ce

pontage s’effectue avec la

branche M1 (flèche ouverte)

de l’artère circonflexe du

système coronaire gauche.

PAC d

PAC d AMIG

-IVA

AMIG-IVA

- Pontage combiné: cette technique associe deux vaisseaux: artère-artère,

veine-veine ou artère-veine, pour accroître la longueur d’un greffon.

Un type particulier de pontage combiné artère-veine est effectué dans notre

institution. Il s’agit du “pont veineux”. Il permet par un seul montage de re-

perfuser 2 vaisseaux natifs en les reliant, ce pont veineux est alors irrigué par

l’AMIG.

AMIG

D1

PV

IVA

Figure 19. Schéma et coronarographie correspondante d’un pontage combiné de type «pont

veineux». Ce dernier relie en général l’artère interventriculaire antérieure dans sa portion moyenne à

des branches de l’IVA (D1, D2), de l’artère circonflexe (M1, M2 ou branche postéro-latérale) ou à la

bissectrice. L’artère thoracique interne gauche est ensuite anastomosée sur le pont veineux lui-même.

Schéma

Figure 20. Images 3DVR

de l’ensemble d’un pontage

composite de type «pont

veineux» avec des vues

agrandies en 3DVR et MIP

sur le pont veineux lui-

même (flèche noire).

Il s’agit d’un montage

reliant l’IVA avec la

première diagonale. Le

pont veineux est alimenté

par l’AMIG laissée in situ,

s’anastomosant distalement

au centre du pont veineux.

AMIG

D1

IVA

Pontage composite:

Pont veineux

Il en existe 2 types principaux :

Anastomose latéro-latérale: utilisée

pour les pontages aorto-coronariens

séquentiels, pour les anastomoses

d’intervalle.

Les types d’anastomoses

Figure 21. Vues 3DVR

et CPR d’un pontage

séquentiel aorto

coronarien vers l’artère

coronaire droite distale

(ACD) et la branche M1

de l’artère circonflexe

(non visualisé)

avec centrage sur

l’anastomose latéro-

latérale perméable

(étoile blanche)

entre le PAC (flèche

noire) et l’ACD

distale (flèche

blanche). 3DVR

CPR

Figure 22 (en haut). Images

3DVR et MIP centrées sur l’

anastomose latéro-latérale

perméable d’un PAC droit

séquentiel (flèche noire)-ACD

(flèche blanche), continuant vers

la branche M3 de l’artère

circonflexe (non visualisée sur

ces images).

Figure 23 (en bas). Vues 3DVR et

MIP d’une sténose au niveau de

l’anastomose latéro-latérale

(difficilement identifiable en 3DVR)

d’un PAC séquentiel droit (flèche

noire ) avec l’artère coronaire droite

(flèche blanche), continuant vers la

branche M1 de l’artère circonflexe

(non identifiée sur ces images).

Anastomose termino-latérale: type

d’anastomose effectué sur l’aorte

thoracique ascendante et au niveau de

l’anastomose distale sur l’artère

coronaire native, au-delà de la sténose

ou occlusion.

Figure 24 (à

droite). Pontage

composite de type

«pont veineux» (PV)

en 3DVR avec 3

anastomoses de type

termino-latérale,

AMIG-PV , PV-

IVA et PV-D1 .

AMIG

IVA

D1

AC M2

M3

PAC d

Figure 25 (à

gauche). Vue

3DVR et MIP

agrandi sur

l’anastomose

termino-latérale

PAC-M3 de

l’artère

circonflexe (AC)

d’un PAC droit

séquentiel.

Complications après pontage coronarien

Après pontage coronarien, la limite de 1 mois permet de différencier les

complications précoces des complications tardives.

Les complications précoces, seulement énumérées dans le texte ci-dessous,

comprennent la thrombose liée à des difficultés de réalisation de l’anastomose sur

l’aorte thoracique ascendante ou de prélèvement du greffon avec des lésions sur la

paroi vasculaire entrainant un phénomène de cicatrisation (18).

D’autres complications précoces liées à un malpositionnement ou à des

problèmes de vasospasme peuvent survenir (19, 20).

Les complications tardives, survenant après 1 mois post-opératoire comprennent :

La thrombose: liée à des modifications de parois sur une pression sanguine

plus élevée. En résulte un continuum d’événements évoluant de

l’épaississement intimal vers le développement de plaques athéromateuses,

d’un rétrécissement luminal allant vers l’occlusion du vaisseau ponté.

Figure 26. Vue 3DVR globale d’un

pontage composite de type «pont

veineux» reliant l’IVA à D1 apparaissant

partiellement thrombosé avant

l’anastomose sur D1 ( ) .

L’ AMIG ainsi que l’anastomose AMIG-

pont veineux ne présentent aucune

anomalie.

Figure 27. Vue agrandie en 3DVR

(haut) et MIP (bas) du même

pontage composite que sur la figure

26 avec un défect sur la projection

3DVR correspondant sur la vue

MIP à un thrombus partiel du

segment veineux juste avant

l’anastomose avec D1 .

AMIG

IVA Pont

veineux

D1

Thrombose

La sténose correspond au

rétrecissement d’au moins 50% de la

lumière du vaisseau avec présence ou

non d’un défect luminal.

Figure 28. Vues 3DVR et MIP d’un pontage veineux composite avec «pont

veineux» de l’IVA à une branche secondaire de la première diagonale et à la

première marginale de l’artère circonflexe. Sténose au niveau de l’anastomose avec

une branche secondaire de D1 (étoile blanche). L’anastomose avec M1 est sp.

D1

AMIG

IVA

M1

D1

Sténose

L’occlusion correspond à

l’obstruction complète et à l’absence

de visualisation du greffon.

Figure 29. Vues 3DVR et MIP d’un PAC droit.

Occlusion complète du pontage aorto-coronarien droit à

son origine au niveau de l’aorte thoracique ascendante, se

manifestant par une excroissance borgne (flèche blanche).

Perte de visualisation du reste du PAC occlus. Artère

coronaire droite native avec sténose focale sévère (flèche

noire) et autres pontages pour le système coronaire gauche.

Occlusion

Figure 30. Occlusion de la portion distale

d’un pontage AMIG-IVA avec «string sign».

La portion distale du pontage est marquée par

la présence de clips chirugicaux.

L’anastomose avec l’IVA est perméable .

AMIG

IVA

Le «string sign» correspond à l’occlusion de la portion

pré-anastomotique du pontage AMIG-IVA, lié très

probablement à un phénomène de compétition des

flux. Lorsque le vaisseau natif ponté présente une

sténose non significative, le flux sanguin dans le

vaisseau natif est plus important que dans le greffon,

il en résulte l’occlusion du greffon. D’autres théories

ont été émises, notamment un «phénomène de volet»

pouvant se produire si des branches secondaires de

l’AMIG n’ont pas été disséquées ( par ex. des

branches sternales) et détournent le flux sanguin ou

encore suite à d’éventuelles lésions traumatiques

infligées au greffon lors de sa récolte entrainant un

phénomène de cicatrisation et son occlusion (21).

A l’heure actuelle, l’hypothèse de compétitivité des

flux semble la plus plausible.

«String sign»

Figure 31. Vues

agrandies 3DVR et

MIP du même

pontage AMIG-IVA

que sur la figure 30 .

AMIG (flèche noire),

IVA (flèche blanche),

portion occluse du

pontage (flèches

ouvertes).

Figure 32. Occlusion d’un pont veineux.

Vues 3DVR globale du cœur, 3DVR et MIP agrandies

sur un pont veineux IVA-D1.

Occlusion complète du pont veineux reliant l’IVA à la

première diagonale. La portion centrale occluse (flèche

ouverte) est suggérée par la présence de clips

chirurgicaux.

AMIG

IVA

D1

L’anévrisme est une

complication tardive, rare,

pouvant se présenter sous 2

formes, l’anévrisme vrai, après

plusieurs années, d’origine

athérosclérotique et le faux

anévrisme ou pseudoanévrisme

apparaissant généralement plus

rapidement, en quelques mois et

d’origine infectieuse, en général

(22).

Figure 33. Radiographie du thorax (PA) démontrant une

voussure inhabituelle du bord gauche du cœur (flèche

noire) au niveau des clips chirurgicaux d’un pontage

coronarien.

Anévrisme

Figure 34. Anévrismes partiellement thrombosés d’un pontage aorto-

coronarien pour la branche M1 de l’artère circonflexe. Coupes axiales de

tomodensitométrie avec angiographie coronarienne démontrant plusieurs

formations anévrysmales le long du PAC (flèches blanches).

1. 2. 3. 4.

5. 6. 7. 8.

D’autres complications précoces ou tardives ne touchant pas spécifiquement les

pontages coronariens peuvent bien sûr survenir : tel les épanchements pleuraux

ou péricardiques, les embolies pulmonaires, les infections sternales, les accidents

vasculaires cérébraux, les infarctus du myocarde, entre autres.

Figure 35. Vues 3DVR et MIP du même patient que

sur les figures 33 et 34 démontrant plusieurs

formations anévrismales (flèches blanches) d’un

pontage aorto-coronarien pour une branche

marginale de l’artère circonflexe. La lumière du

greffon est perméable, présentant des parois

irrégulières (Vue MIP : flèche noire)

Conclusion

L’imagerie cardiaque a bénéficié des avancées technologiques touchant la

tomodensitométrie multibarettes et particulièrement du développement de

détecteurs plus larges permettant une meilleure couverture dans l’axe-z et une

réalisation rapide de l’examen.

Ses performances diagnostics s’avèrent excellentes, tant dans la détection de

pathologies des vaisseaux coronaires natifs que dans l’observation de

complications post chirurgie de revascularisation ou même de sténoses intra-

stents après angioplastie par ballonnet. Il devient désormais un outil indispensable

de la planification chirurgicale dans un but d’améliorer à long terme la survie et la

qualité de vie des patients.

Prochainement, des recherches morphométriques et quantitatives permettront au

chirurgien de déterminer au mieux la localisation des greffons et de leurs

anastomoses par une connaissance précise à la fois de l’anatomie de vaisseaux

natifs, de la connaissance du tissu ischémié viable et des complications

touchant les patients déjà opérés une première fois.

Messages à retenir

La tomodensitométrie des pontages coronariens est un examen de réalisation

aisée, rapide, fournissant des informations permettant une meilleure prise en

charge des patients et une amélioration de leur survie.

Le choix de l’utilisation préférentielle d’artères ou de veines dans les pontages

coronariens dépend de plusieurs facteurs.

Les artères ont des taux de perméabilité à long terme supérieurs aux veines.

Les pontages sur l’IVA sont principalement réalisés avec l’AMIG laissée

connectée à l’artère sous-claviaire gauche (dite in situ).

Les veines sont plus facilement prélevées.

Les veines sont fréquemment utilisées pour les pontages séquentiels et

combinés.

Les complications apparaissent en général plus de 1 mois après l’intervention

chirurgicale (elles sont alors dites tardives) et apparaissent le plus

fréquemment sous la forme de sténoses ou occlusions.

Questions à choix multiples

QCM 1

Lequel de ces vaisseaux n’est pas utilisé dans les pontages aorto-coronariens?

A – artère radiale

B – artère mammaire interne droite

C – veine saphène

D – artère tibiale antérieure

E – artère épigastrique inférieure

QCM2

Quelle complication post-opératoire tardive n’a à priori pas sa place dans cette

liste (2)?

A – sténose

B – occlusion

C – anévrisme

D – dissection

E – thrombose

QCM3

Quels types d’artéfacts pouvez-vous rencontrer lors de la réalisation d’un angio-

CT coronarien?

A – godfather

B – stepladder

C – beam hardening

D – hard metal

E – blurring

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Fellowship en imagerie thoracique et cardiaque

Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)

Information:

Carl Chartrand-Lefebvre, MD

Radiologie, CHUM

[email protected]

Merci

Réponses du QCM

1 – D

2 – D

3 – B, C, E