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  • Xème journées d’étude IDF – 7 et 8 décembre 2006.

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    XXèèmmee JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEESS IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

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    SSOOMMMMAAIIRREE

    Thèmes des Xème journées d’études Comité de pilotage des journées d’études 2006 Programme Discours • Etienne LANDAIS, vice président d’Agropolis, administrateur Montpellier SupAgro : Discours d’accueil • Alain MARAGNANI, MAP-DGER inspection de l’enseignement agricole : Eléments de bilan et de

    prospectives pour les journées d’étude ingénierie des dispositifs de formation à l’international • Pierre DEBOUVRY, consultant : Quels enseignements sur les enjeux des dispositifs de formation agricole

    et rurale • Didier KHOLLER, MAP – DGER, s/d RIDC : La place et le rôle des journées d’études dans la politique

    internationale de la DGER • Alain DHERSIGNY, MAE – DGCID – DPD : La place et le rôle des journées d’études dans la politique du

    ministère des Affaires étrangères • Marcel MAZOYER, professeur INA PG: La place et le rôle des agricultures familiales dans le

    développement dans les différentes zones géographiques • Jacques LOYAT, MAR-DGER, chargé de mission développement durable auprès du directeur général de

    l’enseignement et de la recherche : Stratégie recherche, formation, développement, actualités et enjeux pour l’agriculture familiale

    Compte-rendu des ateliers • Abdou GUEYE, ministère de l’Agriculture du Sénégal : Compte-rendu de l'atelier Afrique de l’ouest et

    centrale • Yvan MERLET, réseau Hongrie de la DGER : compte-rendu de l'atelier Europe • Gerardo RUIZ, MAP – DGER : Compte-rendu de l'atelier Amérique latine • Philippe LEMAIRE, réseau Tunisie de la DGER : Compte-rendu de l'atelier Maghreb et Proche Orient • Alain MARAGNANI, Bilan et discussion • Jean-Claude DEVEZE, Inter-Réseaux, Agricultures familiales en Afrique subsaharienne : enjeux des

    formations et liens recherche, formation et développement • Isabelle TOUZARD, Montpellier SupAgro/IRC : Comment prendre en compte la demande des acteurs ? • Oliver OLIVEROS, Agropolis International – coordinateur projet DURAS : Recherche / Formation /

    Développement, perspective depuis une coopération scientifique internationale sur la recherche agricole pour le développement (ARD)

    • Table ronde avec Antoine LABEY Rédacteur en chef de la revue “Afrique Agriculture”, Adama COULIBALY, coordinateur et chef de projet Centre des Métiers Ruraux (Côte d’Ivoire), Mohammed ELOUMY, chercheur INRAT (Tunisie), Zoltan LAKNER, professeur en Agroéconomie. Université Corvinus de Budapest (Hongrie), Emmanuel LECONTE, directeur ASODIA (Association Sud Ouest pour le Développement International Agricole) Toulouse (France)

    • Alain DHERSIGNY, MAE – DGCID – DPD : Point de conclusion • Michel SALAS, Directeur Agropolis International, Discours de clôture Quelques données sur les journées d’étude Bibliothèque en ingénierie des dispositifs de formation Liste des participants

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    TThhèèmmeess ddeess XXème JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEESS IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

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    LLaa rreellaattiioonn RReecchheerrcchhee // FFoorrmmaattiioonn // DDéévveellooppppeemmeenntt »»

    ans sa réunion du 16/02/2006, le comite de pilotage des journées d’études « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international » a proposé que la prochaine manifestation de décembre 2006 comprenne deux temps :

    • une demi journée consacrée à l’inventaire des principaux acquis de 10 années d’activités (lien entre politique de développement rural et politique de formation professionnelle / mise en évidence des différentes fonctions de l’agriculture / démarches d’ingénierie sociale) ;

    • une réflexion sur des relations entre dispositif de formation professionnelle et dispositifs de vulgarisation et de recherche dans le champ des agricultures familiales.

    Les exploitations agricoles sont très diverses dans leurs formes et leurs modes de production, mais la quasi totalité de ces unités dans le monde sont des exploitations à caractère familial. L’agriculture familiale est restée le fondement de l’organisation de la production agricole dans la plupart des pays. Dans les pays développés, elle a montré ses potentiels d’adaptation, d’innovation et d’augmentation de la production comme de la productivité. Dans les pays en voie de développement, malgré les difficultés qu’elle rencontre, elle assure néanmoins l’alimentation, l’emploi et les revenus de survie d’une grande partie des populations. « Vu la diversité des situations, l’agriculture familiale a fait la preuve d’une grande capacité d’adaptation. Elle est porteuse de stabilité et d’intégration sociale et politique, lorsque les conditions d’un développement durable sont garanties »1.

    Pour assurer un développement équilibré et durable, les agricultures familiales sont confrontées à une série d’enjeux, parfois contradictoires : assurer un emploi et un revenu décent aux producteurs, satisfaire aux besoins en produits agricoles et alimentaires d’une société en quantité et en qualité, maîtriser des innovations techniques pour une production économe dans le respect de l’environnement, des écosystèmes et de la biodiversité dont ils dépendent. Ceci suppose que les différents acteurs développent des capacités d’analyse des situations, d’élaboration de prospectives, de définition d’objectifs de développement, en cohérence entre les niveaux locaux, régionaux et nationaux, et qu’ils participent à la définition de politiques prenant notamment en compte la formation professionnelle, la vulgarisation et la recherche2.

    La vitesse des évolutions et la complexité des phénomènes requièrent l’extension des capacités d’analyse, d’anticipation, d’adaptation et d’innovation des producteurs familiaux et de l’ensemble des acteurs du milieu rural. Le développement de ces capacités passe par l’accès aux informations, l’acquisition et la maîtrise de nouvelles connaissances ajustées aux pratiques et savoirs locaux, par la mise en œuvre de nouvelles démarches de recherche participative3. La question qui nous est posée aujourd’hui en terme de coopération internationale est de savoir comment, dans le cadre des politiques nationales de développement rural, renforcer les liens opérationnels de la formation professionnelle avec la recherche et la vulgarisation pour assurer l’appui et l’essor des agricultures familiales dans une perspective de développement durable4 ?

    1 Séminaire « Agricultures familiales et mondes à venir ». Salon international de l’agriculture, 3 mars 2005, Paris. 2 Cf. à ce sujet le Projet stratégique 2005 – 2008 de la DGER. « Orientation stratégique n°1 – Renforcer les synergies entre formation, recherche et développement ». 2005. 3 Jon DAANE. « Intégration Recherche-Formation-Développement, la stratégie de l’ICRA ». Conférence aux IXème journées d’études « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international »2005. 4 Jacques LOYAT. « Agricultures familiales et développement durable : proposition pour une initiative française ». MAP / DGER. 2005.

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    XXèèmmee JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEESS IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

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    CCOOMMIITTEE DDEE PPIILLOOTTAAGGEE DDEESS JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEE 22000066

    AUTISSIER Pierre, MAP / DGER, Bureau des relations Européennes et de la Coopération Internationale BELARBI Khalid, MAP / DGER,Réseau Burkina Faso BEYRIES Philippe, MAP / DGPEI / S/D des échanges internationaux, Bureau du développement et de la solidarité

    internationale BOULIER Fabien, Agropolis International, Montpellier BOUYER Jean Bosco, MAE / DGCID / DPD / Bureau des politiques éducatives et de l'insertion professionnelle CAVAILLE Bernard, MAP / DGER / Pôle National de Coordination Internationale DHERSIGNY Alain, MAE / DGCID / DPD / Bureau des politiques éducatives et de l'insertion professionnelle GASPERINI Lavinia, FAO Rome / Division Education, Training, and Extension for Employment of Rural People GIROUX François, ENSIA / Section des Industries Agroalimentaires des Régions Chaudes GRAVELLINI Jean Marc, Agence Française de Développement / Département Développement rural, Environnement

    et Ressources Naturelles JAZE Alain, Ecole Nationale d’Enseignement Supérieur Agronomique de Dijon LARBODIERE Ludovic, MAP / DGPEI / SD des échanges internationaux / Bureau du développement et de la

    solidarité internationale LAQUIEZE Brigitte, Ecole Nationale de Formation Agronomique LOTHORE Anne, Inter Réseaux MARAGNANI Alain, MAP / DGER / Inspection de l’enseignement agricole MONTAGNE Monique, Ecole Nationale de Formation Agronomique PETARD Jean-Marie, MAP - DRAF / SRFD Picardie TEISSEIRE Hervé, Organisation Intergouvernementale de la Francophonie / Direction de l'éducation et de la

    formation technique et professionnelle TOUZARD Isabelle, Centre National d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes WEISS Martin, MAP / DGER / Pôle National de Coordination Internationale

    RRÉÉFFÉÉRREENNCCEESS

    Les Actes des journées d’étude et les contributions faites par les participants en 1999, 2000, 2001, 2003, 2004, 2005 et 2006 peuvent être consultés et téléchargés sur les serveurs de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (http://www.chlorofil.fr/cooperation/rapports-et-statistiques/ingenierie-des-dispositifs-de-formation-a-

    linternational.html) et d’Agropolis International (http://www.agropolis.fr/formation/biblio.html) .

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    PPrrooggrraammmmee ddeess XXèèmmee JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEESS IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

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    PPRROOGGRRAAMMMMEE

    77 ddéécceemmbbrree 22000066 9 h 00 : Accueil 9 h 30 : 10 ans de journées d’études IDF - Bilan Président de séance : Martin WEISS (PNCI – DGER) Objectif : faire un bilan des principaux acquis dans la réflexion depuis 1995 grâce à l’organisation des journées d’étude. • La place et le rôle des journées d’études dans la politique d’Agropolis. Etienne LANDAIS (Vice Président d’Agropolis International) • De l’ingénierie de formation pour le développement à l’ingénierie des dispositifs de formation à l’international – Bilan et perspectives. Pierre DEBOUVRY (consultant) et Alain MARAGNANI (MAP – Inspection de l’enseignement agricole) • La place et le rôle des journées d’études dans la politique internationale de la DGER. Didier KHOLLER (MAP - DGER) • La place et le rôle des journées d’études dans la politique du ministère des Affaires étrangères. Alain DHERSIGNY (MAE – DGCID DPD) 11 h 00 - 12 h 30 : Conférences et débats Président de séance : Monique MONTAGNE (ENFA) Objectif : Analyser les évolutions du contexte Interventions :

    La place et le rôle des agricultures familiales dans le développement dans les différentes zones géographiques Marcel MAZOYER (INA PG) Les relations entre recherche, formation et développement, actualités et enjeux. Jacques LOYAT (Ministère de l’Agriculture et de la Pêche – Chargé de mission Développement durable auprès du directeur général de l’enseignement et de la recherche)

    14h30 – 18h00. Ateliers sur une base géographique Objectifs : • Analyser les évolutions du contexte et les processus d’adaptation des dispositifs de formation professionnelle • Permettre aux participants de développer et de confronter leurs expériences • Développer des liens entre des projets d’appui à la formation professionnelle et les acteurs du développement et de la recherche

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    4 Ateliers : 1. Afrique de l’ouest et centrale, animatrice : Isabelle TOUZARD (CNEARC) 2. Amérique latine, animatrice : Monique MONTAGNE (ENFA) 3. Europe, animateur : Vincent ROUSVAL (réseau Roumanie) 4. Maghreb et Proche Orient : Jean METGE (ENFA) Au cours des ateliers sont présentées des analyses : • des évolutions des agricultures familiales dans chacune des régions • des besoins en services d’appui (formation, recherche et développement) des relations nécessaires entre les dispositifs de formation professionnelle agricole et rurale avec les dispositifs de recherche et de développement.

    88 ddéécceemmbbrree 22000066 9 h 00 – 10 h 00 : Compte-rendu des travaux d’ateliers Président de séance : Alain MARAGNANI (MAP – IEA) Objectif : Présentation, en séance plénière, des analyses faites dans chacun des quatre ateliers : questions et débat

    Afrique de l’ouest et centrale, rapporteur : Abdou GUEYE (Ministère de l’Agriculture - Sénégal) Amérique latine, rapporteur : Gerardo RUIZ (DGER) Europe, rapporteur : Yvan MERLET (réseau Hongrie) Maghreb et Proche Orient, rapporteur : Philippe LEMAIRE (Réseau Tunisie)

    10 h 00 – 13 h 00 : Conférences et débats Président de séance : Jean Bosco BOUYER (MAE – DGCID – DPD) Objectif : Approfondir les éléments du contexte Interventions : • Agricultures familiales en Afrique subsaharienne / enjeux des formations / Liens avec la recherche et le développement. Jean-Claude DEVEZE (Inter-Réseaux) • Comment prendre en compte la demande des acteurs ? Isabelle TOUZARD (CNEARC) Pause : 11h00 – 11h30 Président de séance : Dominique POUSSOU (ENESAD) • Recherche / Formation / Développement. Point de vue d’un scientifique. Oliver OLIVEROS (Agropolis – Projet DURAS) • Recherche / Formation / Développement. Point de vue d’un représentant d’une organisation nationale (Guillaume ROUSSET – MAP – Bureau de la recherche et des interactions avec la formation) 14 h 30 – 16 h 00 : Table ronde Objectif : Ouvrir le débat sur la relation entre recherche, formation et développement entre différents acteurs concernés renforcer les liens opérationnels entre des dispositifs de formation professionnelle, de recherche et de développement, pour assurer l’appui et l’essor des agricultures familiales dans une perspective de développement durable ? Animateur : Antoine LABEY, Rédacteur en chef de la revue “Afrique Agriculture” Interventions : Adama COULIBALY, coordinateur et chef de projet Centre des Métiers Ruraux (Côte d’Ivoire) Mohammed ELLOUMI, chercheur INRAT (Tunisie) Zoltan LAKNER, professeur en Agroéconomie. Université Corvinus de Budapest (Hongrie) Emmanuel LECONTE, directeur ASODIA (Association Sud Ouest pour le Développement International Agricole) Toulouse (France) 16 h 00 – 16 h 30 : Clôture Président de séance : Martin WEISS (PNCI – DGER) MM Alain DHERSIGNY (MAE – DGCID – DPD) et Michel SALAS (Agropolis International)

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    PPrrooggrraammmmee ddeess XXèèmmee JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEESS IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

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    77 ddéécceemmbbrree ddee 1144 HH 3300 àà 1188 HH 3300 Objectifs des ateliers • Analyser des expériences, des projets, qui lors de leur mise en œuvre sont confrontés à des logiques de nature

    différente, • Permettre aux participants de développer et de confronter leurs expériences et leurs analyses, • Mettre en évidence comment les différentes logiques, verticales (nationale, internationale) et horizontales

    (territoriales) se sont exprimées, mais aussi comment les problèmes rencontré ont pu être résolus. Déroulement proposé L’organisation du temps de travail en ateliers comprend deux temps :

    Première partie de l’après-midi (14h30 à 16h00) : une introduction générale qui pose la problématique (20

    minutes) suivie de présentations des études de cas (10 à 15 minutes par expérience) et une discussion sur les expériences présentées pour bien en comprendre les objectifs, les enjeux, le déroulement.

    Seconde partie (16h30 à 18h30) : travail de réflexion plus général et plus approfondi en réponse aux trois questions suivantes : • Pourquoi développer les relations entre recherche, formation et développement ? • Quelles expériences en la matière ? • Quelles sont les difficultés rencontrées ? Pourquoi ? • Quelles propositions pour améliorer ces relations ?

    Atelier Europe de l’Est Pays de l’Est : Recherche, formation et vulgarisation au service des agricultures familiales : un enjeu vital en période de transition économique liée à l’intégration dans l’Europe. 1 - Introduction : les spécificités de la coopération avec les pays de l’est de l’Europe. Catherine CONSTANT (ENESAD/Eduter) et Vincent ROUSVAL (réseau géographique Roumanie). 2 - Formation et vulgarisation : quels enjeux et quelles attentes pour le maintien des paysans ? Laurent CARTIER, agriculteur, spécialiste des questions formations et pays de l’est à la Confédération paysanne et à la Confédération paysanne européenne. 3 - Quelle contribution de la recherche au service du monde rural et agricole dans les pays de l'Est ? Cosmin SALANSAN, enseignant chercheur à Timisoara (Roumanie), Centre de recherche pour le développement durable, Université des sciences agronomiques.

    4 - Une formation-action, source de diversification pour consolider une agriculture familiale dans le judet de Cluj (Roumanie) Jean François JEANBAUDOUX, Chambre Régionale d’Agriculture de Rhône Alpes.

    5 - Relations entre la recherche et la profession : exemples d’actions en Hongrie. Zoltan LAKNER, Université Corvinius de Budapest, Hongrie. L’atelier Europe de l’Est a été organisé en coopération avec l’ENESAD/EDUTER Dijon (Patricia ANDRIOT, Catherine CONSTANT, Christine NOTTE), avec la contribution de Yvan MERLET (animateur réseaux géographiques Hongrie et Slovénie) et Vincent ROUSVAL (animateur du réseau Roumanie).

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    Atelier Amérique latine 1 - L’analyse de la demande des agriculteurs pour la création de formations Humberto TOMMASINO, professeur à l’université de Monte Video (Uruguay), Instituto de Actividades Descentralizadas y Medio Ambiante, Facultad Veterinaria. 2 - La prise en compte de la demande du secteur professionnel pour la création d’une maîtrise de vulgarisation agricole à l’Université de la Havane. Teodoro Lopez BETANCOURT, directeur de la vulgarisation, ministère de l’Agriculture, La Havane (Cuba). 3 - La relation recherche formation en Haïti : point de vue d’un chercheur. Nicolas CARVIL, vice Doyen à la recherche, faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire, Port au Prince (Haïti). 4 - Le projet UNICAMPO, expérience d’une Université Paysanne dans le Nordeste du Brésil. Jean Philippe TONNEAU et Emilie COUDEL CIRAD. L’atelier Amérique Latine a été organisé en coopération avec l’ENFA de Toulouse (Monique MONTAGNE, responsable coopération Internationale et «personne ressource » Brésil du réseau géographique Amérique latine) et avec la contribution du CIRAD. Atelier Maghreb 1 - Une expérience de relation entre Recherche, Développement et Formation au Maroc. Quelques, comparaisons avec l'Afrique subsaharienne. Philipe JOUVE, enseignant chercheur au CNEARC. 2 - Le programme marocain de formation des fils de ruraux. Adil HENNIOUI, Directeur des Etudes de l'ITA de Tiflet (Maroc). 3 - Exemple d'une association ONG de lien entre la recherche et le développement en Tunisie. Sadoc CHARFEDDINE, secrétaire général de l'association de mise à niveau des exploitations agricoles au Cap Bon (AMNEA) et Directeur du Lycée sectoriel de Formation professionnelle agricole en Agrumiculture et Viticulture de Boucherick (Tunisie). 4 - Dispositif de transfert, en Algérie, de références de la recherche vers un réseau de fermes de références avec implication des acteurs. Programme conduit en coopération entre la Willaya de Mostaganem et la Chambre régionale d'Agriculture de Bretagne. HEDDADJ, chambre régionale d'agriculture de Bretagne. 5 - Expérience tunisienne en termes de transfert de technologie vers les exploitations familiales en Tunisie. Mohamed ELLOUMI, chercheur INRAT (Tunisie). L’atelier Maghreb a été organisé en coopération avec l’ENFA/Toulouse, Jean METGE (enseignant à l’ENFA et animateur réseaux géographiques Maroc et Tunisie) et l’IAMM, Pierre BLANC (animateur réseau géographique Moyen Orient) et avec l’appui de Philippe LEMAIRE (animateur réseau géographique Tunisie).

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    Atelier Afrique subsaharienne 1 - Introduction : Agricultures familiales en Afrique : comment la formation des agriculteurs et la vulgarisation sont en prise avec la recherche. Betty WAMPFLER, CNEARC /Recherche Formation Développement et Henri HOCDE, CIRAD/TERA. 2 - Témoignage d’un agriculteur béninois. Bani KPARAN, président de l’union communale des producteurs de coton (Commune de Banikoara, Bénin), membre du groupe des adhérents au conseil de gestion ayant collaboré avec la recherche. 3 Présentation de la problématique de rénovation des formations agricoles et rurales au Cameroun. Cyprien BAMZOCK, chef de la cellule enseignement agricole et Blaise ANGO, chef de la cellule des programmes d’enseignement et de formation, ministère de l’agriculture et du développement rural du Cameroun. 4 Information sur le projet de rénovation des formations forestières en Afrique centrale. Ibrahim LINJOUOM, directeur général de l’Ecole Nationale des eaux et Forêts de Mbalamayo (Cameroun), Ibrahim S.SAMBO, secrétaire général du Réseau des Instituts de Formation Forêt Environnement d’Afrique centrale (Libreville, Gabon), Arthur TOMASIAN, conseiller régional Formation MAE/SCAC Gabon, projet FSP « FORINFO ».

    L’atelier Afrique a été organisé en coopération avec Montpellier Sup Agro / Institut des Régions Chaudes par Isabelle TOUZARD et Betty WAMPFLER.

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    DDIISSCCOOUURRSS DD’’AACCCCUUEEIILL

    Etienne LANDAIS Vice Président d’Agropolis International.

    Administrateur provisoire de de Montpellier SupAgro.

    Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,

    e Président d’Agropolis International, Henri CARSALADE, m’a demandé de le représenter ce matin pour vous souhaiter la bienvenue à Montpellier et vous dire que combien nous nous réjouissons d’accueillir une fois de plus les « Journées d’Etudes Ingénierie des Dispositifs de Formation à l’International », dont nous attendons

    beaucoup. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

    Laissez moi vous dire, auparavant, que je suis également très heureux de vous accueillir ce matin en tant que Directeur de l’Agro Montpellier et au nom de mes collègues les Directeurs du CNEARC, de l’ENSIA-SIARC et du CEP de Florac. Ces quatre établissements, tous sous tutelle de la DGER1 du MAP2, ont décidé, vous le savez peut-être, d’unir leurs compétences et leurs projets pour les porter plus loin. Un établissement unique d’enseignement supérieur agronomique naîtra de leur fusion au 1er janvier prochain, dans moins d’un mois. « Montpellier SupAgro » - c’est le nom que nous nous sommes choisi – sera créé sous statut de Grand Etablissement, ce qui représente à la fois pour nous une reconnaissance du travail accompli et une promesse pour l’avenir. A travers sa mise en place, nous visons avant tout à nous doter d’une structure visible, compétitive et attractive à l’international. Car nos ambitions se tournent avant tout vers l’international, et plus particulièrement vers la Méditerranée et les pays du Sud, où nous entendons contribuer à l’émergence de modèles de développement agricole, rural et agro-industriel plus durables. Ce qui était la vocation initiale du CNEARC et de la SIARC devient ainsi une mission de Sup Agro tout entier. Cette mission pourra s’appuyer sur les compétences reconnues présentes au sein du CNEARC et de la SIARC. Elle pourra s’appuyer également sur l’incomparable réservoir de savoirs et de savoir faire que constitue le CIRAD, qui est avec l’INRA notre principal partenaire de recherche. Cette aventure internationale s’inscrit tout naturellement dans les objectifs d’Agropolis International, dont Montpellier Sup Agro est le principal opérateur spécialisé en matière de formation.

    Or, si Agropolis s’intéresse depuis toujours à la formation, - j’en veux pour preuve sa contribution à la création de ces journées d’études en 1995, puis à la leur fonctionnement d’années en années – il n’en reste pas moins que c’est la recherche qui a occupé la place centrale dans ses préoccupations et dans les activités du moins jusqu’à ces dernières années. A la fin de l’année 2004 en effet, nous avons fait collectivement le constat d’un déséquilibre préoccupant entre recherche et formation à l’échelle du pôle tout entier. Alors que le pôle, fort de plus de 2000 chercheurs et enseignants-chercheurs, occupe la première place en Europe pour la recherche dans les domaines de l’Agriculture, l’Alimentation, l’Environnement et la Biodiversité, il forme cinq fois moins d’étudiants que l’Université de Wageningen au Pays Bas.

    Après 2005, nous avons donc décidé de faire du développement de notre offre commune de formation la première priorité d’Agropolis International. La valorisation des connaissances issues de la recherche à travers la formation est ainsi l’une des premières priorités du RTRA3 « Montpellier Agronomie et Développement Durable » que Montpellier Sup Agro, le CIRAD et l’INRA mettent actuellement en place, avec l’appui de l’Etat, qui a décidé d’en faire –je cite le premier Ministre, qui sera demain dans nos murs à cette occasion – « le fer de lance de la recherche française en matière d’Agronomie et d’environnement ».

    Nous voulons donc développer très sensiblement notre attractivité pour des étudiants étrangers en particulier au niveau du doctorat. Mais nous avons aussi le souci d’aider au développement du sud et de soutenir l’émergence de pôles de formation régionaux, plutôt que de leur faire une concurrence indue.

    Dans cet objectif, l’expérience de formation et l’expérience de systèmes de formation, comme l’enseignement à distance ont un rôle essentiel à jouer. Plus que jamais, ces journées d’études s’inscrivent donc au cœur de la stratégie d’Agropolis International.

    1 Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche. 2 Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. 3 Réseau Thématique de Recherche Avancée.

    L

  • Xème journées d’étude IDF – 7 et 8 décembre 2006.

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    Agropolis International, c’est avant tout un lieu de mutualisation, une plate forme qui met au service de ses membres des ressources, des compétences sans équivalent en matière d’intervention au sud.

    Agropolis international, c’est avant tout une plate forme qui a acquis, au terme de vingt années de mutualisation, une expérience, une visibilité, des compétences et des réseaux sans égal en matière d’intervention au Sud. Ces ressources, Agropolis les met à la disposition de ses membres, et plus largement de l’ensemble de la communauté agronomique française.

    Montpellier Sup Agro, qui est l’opérateur privilégié d’Agropolis en matière de formation, partage bien entendu cette mission, et souhaite donc développer son offre de service à l’international :

    • d’une part, au titre de sa contribution propre. Nous nous appuyons pour cela sur les compétences que nous héritons du CNEARC et de la SIARC en matière d’ingénierie de formation à l’international. Les compétences seront très prochainement regroupées au sein du service « DEFIS » de l’Institut des Régions Chaudes, qui sera l’une des composantes les plus originales du grand établissement.

    • d’autre part, au titre des missions d’intérêt commun qu’ont confiées la DGER à Montpellier Sup Agro, qui agira comme l’un des opérateurs du Ministère de l’Agriculture en matière de coopération internationale, en s’adossant fortement sur Agropolis International.

    Ces missions d’appui s’inscriront dans le prolongement de celles qui étaient confiées jusqu’à présent :

    • d’une part au CEP de Florac, en ce qui concerne l’appui à la mission éducative de la coopération internationale ;

    • d’autre part au travers du CNEARC, au Pôle National de Coopération Internationale, le PNCI, en matière de valorisation à l’international du dispositif d’enseignement agricole français. Cette offre de service, Montpellier Sup Agro et Agropolis International entendent la développer aussi bien en direction de l’enseignement technique qu’en direction de l’enseignement supérieur, cela va de soi.

    Nous souhaitons aller plus loin, conformément à la démarche que vous développez depuis plusieurs années, et faire de la mission de coopération internationale une occasion et un instrument supplémentaire du rapprochement entre l’enseignement technique, l’enseignement supérieur, la recherche et la valorisation de connaissances scientifiques.

    Voilà la teneur du message que nous voulions vous adresser au nom d’Agropolis International et de Montpellier Sup Agro.

    Il le reste à vous souhaiter de très fructueux débats.

    Je vous remercie.

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    EELLEEMMEENNTTSS DDEE BBIILLAANN EETT DDEE PPRROOSSPPEECCTTIIVVEE PPOOUURR LLEESS JJOOUURRNNEEEESS DD’’EETTUUDDEE IINNGGEENNIIEERRIIEE DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AA LL’’IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALL

    Alain MARAGNANI

    Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Inspecteur de la mission de coopération internationale

    e 4 janvier 1995 s’est tenue la première journée d’étude sur les formations agricoles dans les pays en développement qui réunissait une trentaine de participants. Ces journées se sont renouvelées assez régulièrement depuis, tous les 14 mois en moyenne, nous permettant aujourd’hui de fêter leur dixième

    manifestation.

    Pourquoi ces journées ont-elles été créées ? Comment ont-elles répondu aux objectifs qui leur étaient fixées ? Quelles évolutions ont-elles connues ? Et quel pourrait être leur avenir ?

    1/ Les premières journées d’étude dans leur contexte

    1.1/ L’international dans l’enseignement agricole français

    Dans les années 1970, les actions internationales conduites dans les établissements d’enseignement agricole, tant techniques que supérieurs, concernaient essentiellement la réalisation de voyages linguistiques, de voyages d’études et de stages à l’étranger, à quoi il faut ajouter pour l’enseignement supérieur la conduite d’actions internationales de recherche. Par la suite, dans les établissements d’enseignement technique, se sont développées des actions de sensibilisation aux réalités du « tiers monde » et d’éducation au développement, accompagnées de voyages d’études et d’actions d’appui au développement dans les pays du Sud, essentiellement d’Afrique. Les lois de 1984 sur l’enseignement agricole public et privé sous contrat 1 ont pris en compte cette émergence des activités internationales des établissements en confiant à l’enseignement agricole une « mission de coopération internationale ».

    A partir de la fin des années 80, se développent des actions d’échanges d’apprenants, d’enseignants, de stages à l’étranger, avec les pays de la Communauté Economique Européenne dans le cadre de programmes européens. Ces actions vont ensuite s’étendre à la Pologne, puis après 1989 avec l’ensemble des pays d’Europe centrale et orientale. Enfin, les actions d’expertise en ingénierie des dispositifs de formation se développent surtout à la fin des années 90 pour l’appui à la création ou la rénovation de dispositifs de formation professionnelle ou la création de masters.

    1.2/ Les formations agricoles et rurales dans les pays partenaires

    A la fin des années 80 et au début des années 1990, dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone, les analyses des systèmes d’enseignement agricole soulignaient notamment l’ignorance des savoirs locaux au profit de savoir descendants souvent importés et l’inadaptation des formations aux métiers et emplois2. Les propositions d’amélioration des dispositifs de formation étaient centrées sur l’exigence de la connaissance du milieu rural et l’analyse des systèmes agraires. Les démarches d’ingénierie de formation se sont progressivement imposées dans la conduite des projets suite à une demande de création ou de rénovation de dispositifs de formation préparant à une insertion professionnelle (Angola, Burkina Faso, Cameroun, Tunisie…)3, mais aussi du fait de l’expérience acquise au sein de l’enseignement agricole français au cours des années 70 et 80 avec le développement de la formation professionnelle continue des adultes4.

    Après 1989, cette expérience française a également été sollicitée par plusieurs pays d’Europe centrale et orientale (Hongrie, Pologne, Roumanie…) pour adapter leurs dispositifs de formation aux évolutions de leur système économique.

    1 « Loi du 9 juillet 1984 n°84-579 », Journal officiel du 11 juillet 1984 et « Loi du 31 décembre 1984 n°84-1285 », Journal officiel du 1 janvier 1985. 2 Séminaire Inter-Etats de Cotonou. « De l’agronome des villes à l’agronome des champs ? ». 19-23 janvier 1988. 3 DEBOUVRY.P. « La formation de masse face aux enjeux de développement des exploitations familiales rurales ouest africaines – Où l’émergence d’une approche en termes d’ingénierie des dispositifs de formation ». Document en cours de rédaction. 4 CHOSSON.JF. « Les générations du développement rural ». LGDJ. 1990. INPSA. « Objectifs, contenus, méthodes des sessions dotation d’installation aux jeunes agriculteurs ». 1976.

    L

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    2/ la création des journées d’étude

    En regard des demandes d’appui qui étaient formulées à l‘enseignement agricole au milieu des années 90, la question majeure qui était posée était celle de la capitalisation des expériences, de leur diffusion et de leur mutualisation afin de professionnaliser les interventions à l’international et de créer une expertise collective reconnue. La première journée d’étude de janvier 1995, réalisée à l’initiative d’Agropolis et du bureau de la Coopération internationale de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER) du ministère de l’Agriculture, s’était en conséquence donnée pour objectifs de :

    • faire d'Agropolis International un lieu de rencontre entre des personnes travaillant sur des dossiers semblables mais ne se rencontrant pas obligatoirement, ou ne discutant pas de leurs dossiers ;

    • faire émerger la question de « l'Ingénierie de formation » comme une phase particulière de la création ou la rénovation de toute création d’action de formation agricole, en soulignant que les objectifs comme les contenus de formation devaient prendre en compte les caractéristiques des métiers auxquelles ses formations devaient préparer.

    Cette première journée devait réunir une quarantaine de participants : enseignants et formateurs des établissements montpelliérains (CIRAD1, CNEARC2, ENGREF3, IAM4), de l’ENFA5, de l’ENESAD6 et d’établissements d’enseignement technique et des responsables du ministère de l’Agriculture, sur le thème « Ingénierie de la formation pour le développement ».

    Une dizaine d’études de cas était présentée au cours de la journée notamment des expériences de création ou de rénovation de cycles de formation (Angola, Guinée, Maroc, Viêt-Nam). De fait, les interventions portaient le plus souvent sur l’organisation et les contenus d’actions de formation d’ingénieurs sans généralement les relier à une analyse des emplois, des besoins, à l’exception de quelques interventions notamment celle de la CINAM7 portant sur le diagnostic de l’appareil éducatif agricole de la Côte d’Ivoire8.

    Réalisée sur financement de la Banque mondiale et des coopérations française et allemande, l’étude de la CINAM reliait l’analyse des besoins de formation à une gestion prévisionnelle des emplois de moyen et de long terme. Elle mettait en évidence l’efficacité externe médiocre de l’appareil de formation, le déséquilibre des flux inter catégoriels au bénéfice des ingénieurs et au dépend des producteurs, la faiblesse des formations professionnelles et leur absence de capacité d’adaptation à une demande potentielle importante des producteurs. Cette étude donna lieu à une discussion animée portant à la fois sur l’importance à accorder à la formation des producteurs face à celle alors jugée prioritaire des ingénieurs et des cadres, mais aussi, déjà, sur la question de la formation « de masse » !

    En fin de journée, le représentant de la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du ministère de l’Agriculture devait proposer de poursuivre la réflexion avec « la constitution prochaine d'un groupe de travail et la tenue d'une "journée d'étude" au printemps 96 »9.

    3/ Les principales évolutions des journées d’études

    3.1/ Une vision élargie du domaine d’expertise

    Après avoir été centrées sur l’ingénierie de formation agricole pour les pays en développement (années 90 à 99), les journées d’étude se sont progressivement élargies dans quatre domaines :

    • le domaine thématique avec le passage à la terminologie « ingénierie des dispositifs de formation » (1999) pour prendre en compte les différents éléments de la conduite d’un projet international de création ou de rénovation de dispositifs de formation, les actions conduites au cours des années 90 (Cambodge, Côte d’Ivoire, Tchad…) ayant démontré l’importance des méthodes et outils issus de l’ingénierie de projet et de l’ingénierie sociale10,

    • le domaine géographique en s’ouvrant à de nouvelles régions et continents (2000) notamment les pays d’Europe centrale et orientale, le Maghreb, l’Amérique latine et l’Asie du Sud-est,

    1 Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement. 2 Centre National d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes. 3 École Nationale du Génie Rural, des Eaux et des Forêts. 4 Institut Agronomique Méditerranéen. 5 Ecole Nationale de Formation Agronomique (Toulouse). 6 Ecole Nationale d’Enseignement Supérieur Agronomique de Dijon. 7 Compagnie INdustrielle et d'AMénagement du territoire. 8 DEBOUVRY.P (CINAM). « Analyse des évolutions de l'emploi et des besoins de formation en milieu rural dans les pays en développement : le cas de la Côte d'Ivoire ». Contribution à la première journée d’étude. 1995. 9 Agropolis. Compte rendu de réunion. Sans date. 10 Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. DGER. Rapport de MARAGNANI.A, RANGEARD.M.S, TEISSIER.J.L. « Bilan et perspective des activités d’ingénierie des dispositifs de formation à l’international ». Janvier 1999. http://www.educagri.fr/actions/coopint/publicat/bilan.htm

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    • le domaine politique en soulignant l’exigence d’intégrer toute politique de formation rurale dans les politiques de développement rural et éducatives (2003), nationales et régionales,

    • le domaine sectoriel intégrant l’ensemble du secteur rural (2005) et non plus seulement le seul secteur agricole pour tenir compte de la diversité et de la complémentarité des activités économiques conduites en milieu rural,

    3.2/ Un public plus vaste et plus diversifié

    Si quantitativement le public des journées d’étude reste constant (autour d’une centaine de personnes), il connait des évolutions internes avec une participation grandissante des partenaires institutionnels français et étrangers. En effet, à partir de 2003, les journées d’études bénéficient d’une présence régulièrement grandissante de représentants :

    • des partenaires institutionnels étrangers (ministères, organisations professionnelles, enseignants et formateurs, ONG…),

    • des organisations internationales (Banque mondiale, FAO, Organisation Internationale de la Francophonie, UNESCO…),

    • des organisations de coopération bilatérale (Agence Française de Développement, coopérations allemandes, suisses…).

    Le public des organisations professionnelles agricoles, des ONG, comme celui des collectivités territoriales, s'il est encore faible, est toutefois présent.

    Pour sa part, le public issu de l’enseignement agricole français est beaucoup moins « dominant » et se modifie également. Il comprend généralement moins de personnes responsables de projets à visées pédagogiques issues de l’enseignement technique ou de responsables de projets de création de masters dans l’enseignement supérieur, pour accorder plus d’importance au personnel des centres de formation professionnelle agricole porteurs de projets d’expertise et de conseil sur les dispositifs de formation professionnelle.

    3.3/ Une organisation qui cherche à s’adapter à la complexité des questions traitées

    Initialement assurée par Agropolis, la maîtrise d’œuvre des journées d’études a été confiée en 2002, par les établissements initiateurs des journées (Agropolis et le Bureau de la Coopération Internationale de la DGER) au Pôle National de Coopération Internationale (PNCI) de la DGER, lors de la création de ce dernier.

    Le comité de pilotage, chargé des orientations générales des journées et de leur évaluation, constitué à l’origine des seuls représentants d’Agropolis et du ministère de l’Agriculture s’est enrichi :

    • en 2000, des représentants des institutions qui apportent leur parrainage et leur appui (FAO, ministère des Affaires étrangères, Direction Générale des Politiques Européenne et Internationale du ministère de l’Agriculture),

    • puis, en 2001, des représentants des institutions ayant une expertise dans le domaine (Agence Français de Développement, Inspection de l’enseignement agricole, Inter Réseaux, Organisation Internationale de la Francophonie, Services Régionaux de la Formation et du Développement du ministère de l’Agriculture) ainsi qu’à 4 établissements d’enseignement supérieur (CNEARC, ENESAD, ENFA, ENSIA / SIARC).

    Depuis 2001, un comité d’organisation est chargé, sur les bases des recommandations du comité de pilotage, de la préparation, de l’organisation et du suivi des journées. Ce comité d’organisation réunit, sous la responsabilité du PNCI, les représentants des établissements associés et de réseaux géographiques de la DGER.

    Les thèmes des journées d’étude sont choisis par le comité de pilotage en fonction de l’actualité ou d’éléments qui posent question dans la conduite d’actions internationales d’appui, de conseil et d’expertise dans les formations agricoles.

    4/ L’impact des journées d’étude

    Aujourd’hui, les « Journées d’études » apparaissent comme :

    1. un lieu régulier de rencontre entre les différentes composantes françaises de l’enseignement agricole et les organismes de coopération internationale qui permet de confronter des expériences, des pratiques, développer des échanges, élaborer des analyses permettant d’orienter l’action dans le domaine des formations professionnelles,

    2. une occasion d’ouverture sur de nouveaux acteurs et partenaires, permettant le développement de réseaux de relations avec des représentants étrangers, des institutions internationales, des établissements, des experts ;

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    3. un outil de positionnement du Pôle National de Coopération Internationale de la DGER, organisateur de ces journées depuis 2002, lui assurant de jouer son rôle de représentant de l’enseignement agricole français tant auprès des partenaires français qu’étrangers,

    4. un moment d’approfondissement sur les outils, les méthodes à mettre en œuvre dans les actions d’appui à la création ou la rénovation de dispositifs de formation.

    4.1/ Sur les publics

    900 personnes environ ont participé aux journées d’étude depuis leur origine dont 90 partenaires étrangers. Le renouvellement du public d’une année par rapport à la précédente est important (50 à 60%) mais il existe un noyau d’une quinzaine de personnes environ ayant participé à quasiment toutes les manifestations et un réseau informel d’environ 250 personnes, en France et à l’étranger, ayant participé au minimum deux fois aux journées.

    Ce réseau de 250 personnes est relativement stable et conserve un contact régulier avec les organisateurs. Il joue un rôle important de diffusion de l’information dans les institutions nationales et internationales, les pays, et assure le développement et le succès de nouvelles initiatives (atelier de Ouagadougou en 2005, création du réseau FAR en 2006, rencontres du réseau RIIFADEL1 à Dakar en 2006…).

    4.2/ Sur la prise en compte de la démarche d’ingénierie de la formation

    Les journées d’étude ont joué un rôle clef dans la prise en compte de l’expertise en ingénierie des dispositifs de formation à l’international au sein de l’enseignement agricole. Dès 1999, DGER commanditait une étude avec pour objectifs de dresser un bilan des demandes d’expertise, des réponses mises en œuvre par l’enseignement agricole public, des points forts et des points faibles de ces réponses afin de formuler des recommandations et d’améliorer la situation actuelle2.

    L’ensemble de cette réflexion débouchait notamment sur la prise en compte de l’expertise française à l’international dans une circulaire d’orientation de l’exercice de la mission de coopération internationale en 20013 et la création du Pôle National de Coopération Internationale en 2002.

    4.3/ Sur la valorisation de l’expertise des personnels de la DGER

    Les journées d’étude ont permis de développer des liens étroits avec le ministère des Affaires étrangères. En effet, c’est au cours des journées d’étude 1999, que le représentant du MAE proposait aux représentants du ministère de l’Agriculture de créer un groupe de travail commun aux deux ministères afin d’identifier les éléments d’une expertise sur les dispositifs de formation agricole, son organisation et ses possibilités de développement. Ce groupe de travail devait également faire un travail approfondi de formalisation avec la rédaction d’un mémento, édité en 2003 chez Educagri Editions4. Suite à l’ensemble des travaux communs conduits depuis lors entre le MAE et le MAP, le MAE confie de nombreuses activités d’appui, de conseil, d’expertise aux établissements d’enseignement agricole.

    Par suite de la participation de représentants d’organisations nationales (coopérations allemande, française, suisse) et internationales de coopération (ACRA, Banque mondiale, FAO, Organisation Internationale de la Francophonie, UNESCO…), les personnels du ministère de l’Agriculture sont invités fréquemment à participer à des séminaires, des journées d’études, des forums5 au cours desquels il leur est demandé de faire des conférences, des interventions, sur leur analyse des formations agricoles et rurales, leurs évolutions en regard des besoins de développement de l’agriculture.

    Cette valorisation s’exprime également à travers la participation à des activités d’expertise internationale des établissements d’enseignement du ministère de l’Agriculture et de la Pêche6.

    4.4/ Sur la définition de la démarche.

    Les retombées sur la démarche sont importantes et Pierre DEBOUVRY en a présenté les éléments clefs1.

    1 Réseau International d’Ingénierie de la Formation Appliquée au Développement Local. Créé en Août 1996 au Salvador, avec les Universités d'Amérique Centrale, Mexique et Caraïbe, le réseau RIIFADEL a pour objectif de traiter des relations entre systèmes de formation et marchés du travail. 2 Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. DGER / FOPDAC. « Bilan et perspective des activités d’ingénierie des dispositifs de formation à l’international ». Janvier 1999. http://www.educagri.fr/actions/coopint/publicat/bilan.htm 3 Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. DGER / FOPDAC. « Orientations et actions prioritaires pour la mission de coopération internationale de l’enseignement agricole ». Circulaire N° C 2001-2008. 26 juin 2001. http://www.educagri.fr/actions/coopint/mission.htm#circulaire 4 DEBOUVRY.P, GRANIE.AM, MARAGNANI.A, METGE.J. « Formations rurales à l’international : Méthodes et outils ». Educagri Editions. 2003. 5 Exemples : décembre 2005, Rabat : « Atelier de réflexion sur la politique de développement du capital humain dans le monde rural : de la vision à l’action » ; avril 2006, Bruxelles : « Education pour les Populations Rurales (EPR) dans le cadre d’une approche à la sécurité alimentaire fondée sur le droits de l’homme : une perspective participative dans la lutte contre la pauvreté » ; octobre 2006, Rome : « Education for Rural People (ERP) and rights based approaches to food security : towards a participatory approach in fighting against poverty »… 6 Exemples : Argentine, Brésil, Maroc, Tunisie, Yémen…

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    La conduite des journées d’étude devait notamment permettre de souligner que la démarche mise en œuvre dans un projet de création ou de rénovation de dispositif de formation professionnelle présentait un certain nombre de caractéristiques2 :

    • elle a un sens, avec un point de départ dans l’analyse du contexte (diagnostic préalable), puis la définition des compétences nécessaires pour la conduite des activités professionnelles, la conduite de l’action, et enfin une phase d’évaluation des résultats…

    • si la démarche a un sens, elle n’est pas linéaire pour autant, mais itérative, car elle comprend de nombreuses remises en cause afin de s’adapter à la situation et au déroulement du projet.

    • elle est aussi partenariale car elle comprend nécessairement tous les acteurs concernés pour les mettre en situation d’analyse des problèmes rencontrés et de définition des résultats attendus et des contenus de l’action,

    • elle est interculturelle car la mise en œuvre d’une action de formation s’organise avec une pluralité d’acteurs ayant des références à un, ou des, système(s) culturel(s), entraînant des confrontations dans les représentations des uns et des autres,

    • elle se structure autour de trois logiques complémentaires : logique de préparation à des activités professionnelles, logique de projet et logique sociale.

    4.5/ Sur la production de documents et d’outils de référence

    La richesse des conférences, comme des contributions écrites par les participants à l’occasion des journées d’études, permettaient d’envisager la rédaction d’un livre poursuivant et complétant le contenu des journées 1999. L’ouvrage, paru dans la série « Notes et études » d'Educagri-éditions3, comporte plusieurs parties : un texte commun d’orientation du MAE et du MAP, un article de Guy LE BOTERF, des articles sur la démarche d’Ingénierie des dispositifs de formation à travers deux entrées : l’une géographique (Côte d’Ivoire, Maroc, Russie, et secteur agroalimentaire), l’autre thématique (l’exercice du métier, la production d’outils, la mise en œuvre de boucles d’itération, les caractéristiques des situations d’intervention à l’international, l’évaluation…).

    Les contributions écrites pour les différentes ont pour objectif de faire partager une expérience, de décrire une étude de cas, de faire part d’éléments d’étude et de réflexion sur les formations agricoles et rurales. Elles portent en priorité sur le thème des journées d’étude, mais elles peuvent également concerner la démarche d’ingénierie des dispositifs de formation elle-même, soit sur un élément (analyse des métiers, construction de la demande, des besoins, cahiers des charges de la formation, pilotage de l’exécution, évaluation …), soit sur l’ensemble de la démarche notamment à travers la présentation de projets conduits à l’international. Ce sont environ 190 textes qui ont été rédigés à l’occasion des journées d’étude. Une sélection des contributions écrite est placée dans la bibliothèque d’Agropolis où elles peuvent être téléchargées. Il faut souligner l’évolution qualitative continue des contributions vers une importance toujours plus grande des analyses portant sur les démarches d’ingénierie de dispositifs de formation. Les contributions très descriptives de projet à objectifs pédagogiques ont disparu. L’importance des contributions provenant de l’étranger souligne l’internationalisation des journées.

    En conséquence, les journées d’étude ont permis la création d’une bibliothèque de référence composée notamment des conférences et des contributions écrites des participants, placées sur le site internet d’Agropolis où ils peuvent être consultés et téléchargés4, et ainsi mis à la disposition de l’ensemble de la communauté professionnelle. Cette bibliothèque s’est enrichie de très nombreux autres documents (articles, mémoires d’étude, conférences, rapports…). Elle comporte aujourd’hui 200 références environ (conférences, contributions, articles, études…)5.

    5/ Quelles perspectives d’avenir ?

    Les journées d'étude ont évolué depuis leur création, pour s'adapter à la thématique elle-même, aux demandes de l'enseignement agricole comme à celles de nos partenaires français et étrangers. Comme nous l'avons vu, le public est beaucoup plus diversifié, plus institutionnel, plus international, la zone géographique de référence très vaste et diversifiée. Les contenus qui étaient plus techniques et qui visaient davantage à sensibiliser à une

    1 Cf. l'intervention de Pierre DEBOUVRY. 2 LE BOTERF.G. « Les défis posés à l’ingénierie de formation et à la production des expertises collectives. Quelles évolutions prendre en compte ? Quelles conséquences pratiques ? » (1999). www.agropolis.fr/formation/biblio/Le_Boterf.rtf GROUPE DE TRAVAIL MAE / MAAPAR « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international ». Rapport final. Novembre 2002. http://www.agropolis.fr/formation/biblio/Document_1_Bibliothèque.doc 3 Sous la direction de MARAGNANI.A. « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international – Quelle démarche ? Quelle organisation ? Quelle offre ? ». Educagri-Editions. 2000. 4 www.agropolis.fr/formation/biblio 5 Le nombre de consultations de la bibliothèque était autrefois de 3500 téléchargements par mois en moyenne. Aujourd’hui, seules les statistiques sur les documents les plus téléchargés sur le site peuvent être connues. Par exemple, en juin 2006, les deux textes les plus téléchargés ont été les actes des journées d’étude de 2005 (499 chargements) et l’étude de Jean Claude DEVEZE : « L’AFD face au devenir des agricultures familiales » (521 chargements).

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    démarche d'ingénierie de la formation, deviennent progressivement plus stratégiques, plus d'analyse des évolutions du secteur agricole dans le cadre du développement global, les thèmes choisis ces trois dernières années en sont d'ailleurs un bon exemple.

    Mais en matière de coopération internationale dans le domaine des formations agricoles et rurales des changements profonds sont en cours, changements dont les évolutions des journées rendent partiellement compte en recherchant des adaptations, mais aussi changements d'une ampleur telle qu'une adaptation de ces rencontres est certainement nécessaire à l'avenir.

    A quels changements de notre environnement devons nous faire face :

    • Du côté de nos partenaires étrangers : la prise en compte des démarches d'ingénierie de la formation dans l'élaboration ou la rénovation de dispositifs de formation est aujourd'hui chose courante… ce qui toutefois ne résout pas tout, loin de là ! Elaborer des référentiels de formation de producteurs ayant de multiples activités, imbriquées les unes dans les autres, est chose plus complexe que la rédaction d'un référentiel de formation pour la taille de la vigne. Par ailleurs, et les journées d'études des années précédentes l'ont bien mis en valeur, la rénovation de dispositifs de formation n'est pas une fin en soi, c'est un outil au service tout à la fois des producteurs comme des politiques nationales et régionales de développement. Plusieurs de nos partenaires sont engagés, ou s'engagent, dans des réformes d'importance qui exigent non seulement des visions globales mais aussi la complémentarité de compétences diversifiées. Par ailleurs, le succès des manifestations organisées dans le cadre du réseau Formation Agricole et Rurale en 2006, à Cotonou et à Dakar,

    • Du côté de nos partenaires français : la mise en œuvre des actions de coopération internationale de la France se développe dans un contexte nouveau, la place et le rôle respectifs du MAE et de l'AFD sont certes précisés mais l'organisation, l'ampleur que l'AFD souhaitent donner à leur intervention dans le domaine des formations rurales est encore floue et, en conséquence, les relations que l'enseignement agricole français pourrait avoir avec l'opérateur de la politique française restent à imaginer. D'autre part, un nouvel acteur s'affirme progressivement dans le domaine de la coopération internationale, les collectivités territoriales, notamment les Régions. Plusieurs d'entre elles ont définis des politiques d'appui et de développement à des régions partenaires, notamment en matière de développement rural, et des relations se développent avec les établissements agricoles de ces régions pour qu'ils apportent leurs compétences notamment en matière d'ingénierie de la formation.

    • Du côté de l'enseignement agricole lui-même : celui-ci est engagé dans un processus de déconcentration, de régionalisation, affirmant l'autonomie des établissements mais aussi l'importance de leur rôle dans le développement des territoires en lien étroit avec les projets des acteurs de ces territoires. Or les territoires sont de tailles différentes, emboîtés les uns dans les autres, mais avec nécessairement une dimension internationale, c'est dire que les missions d'animation et de développement, et de coopération internationale seront certainement de plus en plus imbriquées à l'avenir. Parallèlement et complémentairement, la Direction Générale, qui se recentre sur les orientations générales du dispositif, confie des missions d'appui au dispositif à certains de ces établissements, c'est notamment le cas pour la mission de coopération internationale.

    Certainement plus encore qu'il y a dix ans, ces évolutions rendent indispensables l'existence de lieux où les différentes personnes impliquées dans l'élaboration ou la rénovation de dispositifs de formation puissent se rencontrer, échanger leurs informations, leurs expériences (organisations professionnelles, formateurs, responsables administratifs nationaux, représentants des institutions de coopération internationale, français et étrangers). Mais la question qui nous est posée est celle de l'adaptation de ces lieux de réflexion et de rencontre à des publics de plus en plus larges, à des objectifs qui sont de plus en plus divers.

    10 ans après la création des journées d'étude, il convient aujourd'hui que les commanditaires de ces journées (les organisations qui avaient pris la décision de leur création en 1995, Agropolis et la DGER, mais avec elles les organisations chargées de l'orientation des politiques françaises, le MAE et la DGPEI pour le ministère de l'Agriculture) puissent définir les axes de développement qu'ils jugent prioritaires à moyen terme pour cette manifestation.

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    QQUUEELLSS EENNSSEEIIGGNNEEMMEENNTTSS SSUURR LLEESS EENNJJEEUUXX DDEESS DDIISSPPOOSSIITTIIFFSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN AAGGRRIICCOOLLEE EETT RRUURRAALLEE ??

    Pierre DEBOUVRY

    Expert

    a réalisation des journées « ingénierie des dispositifs de formation à l’international » a accompagné une réflexion approfondie sur les enjeux des dispositifs de formation dans les pays en développement notamment d’Afrique sub-saharienne. Cette réflexion a porté notamment sur une nouvelle approche « de masse » de la

    formation s’appuyant sur une analyse démographique, sur celle des fonctions de l’agriculture dans l’activité économique et sociale, sur le rôle de l’Etat-Nation.

    1/ Pourquoi une approche « de masse » 1

    Pour aborder la thématique « Formation de masse »2 il est nécessaire de d’abord mettre l’accent sur le « Pourquoi » de cette dénomination en rappelant quelques réalités incontournables.

    Croissance de la population mondiale et africaine :

    La population mondiale, 1 milliard en 1830, est estimée aujourd’hui à 6,6 milliards et pourrait atteindre les 9 milliards en 2050.Cette croissance, fruit de la transition démographique est très diversifiée selon les grandes sous régions du monde, l’Afrique subsaharienne est appelée à connaître la plus forte progression entre 2000 et 2050 (+1,110 milliard) avant l'Asie du Sud-Est (+ 872 millions) et. l'Asie méridionale (+ 696 millions). Selon toute vraisemblance, la population totale de l’Afrique de l’ouest doublera d’ici 2050 soit un effet multiplicateur de 14,6 entre 1930 et 2050 (120 ans).

    Urbanisation et bidonvilles :

    L’urbanisation connaît une croissance sans précédent désormais la majorité de la population mondiale vit en ville (29% en 1950). Si les chiffres de la croissance urbaine dans le monde donnent le vertige (733 millions en 1950, 3,3 milliards aujourd'hui), ceux de l’extension des bidonvilles glacent d’effroi. Un milliard de personnes vivent déjà dans ce type d’habitat, soit près de 78 % des citadins des pays en développement

    En Afrique, 5 % seulement de la population vivaient dans les zones urbaines en 1900, 20 % environ en 1960 et 42 % environ aujourd'hui. Le taux actuel de croissance urbaine en Afrique est le plus élevé du monde, dépassant 5 % par an.

    L’Afrique subsaharienne passera le seuil des 50% d’urbains aux environs de 2015 ; elle demeure la seule région du monde voyant sa population rurale continuer à croître en valeur absolue tout en décroissant en valeur relative. Partout ailleurs elle stagne ou régresse

    En Afrique de l'Ouest, de Bénin City (Nigeria) à Accra (Ghana), trois cents villes de plus de 100 000 habitants se succéderont sur six cents kilomètres en 2020. Cette gigantesque conurbation regroupant plus de 60 millions d’habitants pourrait constituer la plus grande tache de pauvreté de toute la planète. 3.

    Evolution de la population active :

    Deux continents sont particulièrement remarquables en matière d'évolution de leur population active : l’Asie connaissant actuellement une progression exceptionnelle (+ 833 millions entre 2000 - 2025) suivie vraisemblablement d’un fort ralentissement (+ 172 millions entre 2025-2050) et, l'Afrique (respectivement + 352 millions, et + 460 millions). L'Amérique latine enregistre une certaine progression (respectivement + 137 et + 35 millions). L'Amérique du Nord (+38 et +23 millions) et l'Océanie (+6 et +4 millions) progressent modestement tandis que l'Europe enregistre une diminution depuis l’an 2000 (- 38, - 80 millions).

    1 Les données démographiques présentées dans cet article sont tirées des statistiques des Nations unies (PNUD, FAO). Dans le cas contraire, la source est citée en note de bas de page. 2 « Masse » signifiant «Grande quantité de personnes ou Multitude de personnes constituant un ensemble permanent» selon le dictionnaire « Le Petit Robert » 3 Source : Le Pire des mondes possibles. De l’explosion urbaine au bidonville global, de Mike DAVIS, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques MAILHOS, éditions La Découverte, 252 pages

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    Mondialisation :

    Depuis 1989, la chute du mur de Berlin a donné un formidable coup d'accélérateur à une mondialisation en gestation depuis plusieurs siècles (Routes de la soie et des épices, découverte de l’Amérique puis de l’Océanie). Puissant mouvement d'ouverture et d'interdépendance des économies et des sociétés à l'échelle la planète, la mondialisation apparaît à la fois comme un immense espoir et un terrible danger pour l’humanité

    Si la croissance mondiale n'a jamais été aussi forte sur une aussi longue période, il ne faut pas oublier qu’il n’y a jamais eu autant d'individus exploités pour survivre (15 à 20 millions de travailleurs à bon marché et sans protection sociale entrent chaque année sur le marché mondial du travail).Elle génère chômage et misère suite aux restructurations des entreprises, montée des inégalités et de la violence, mouvements migratoires douloureux, exacerbation des crispations identitaires.

    Pour le secteur agricole, elle correspond à une mise en concurrence entre (i) des écosystèmes à valeur agricole très disparate entraînant la faillite de pan entier de la production sur les sites les moins favorables et concentration sur les meilleurs (Ex : le cacao) et, (ii) agriculture subventionnée et agriculture sans appui de l’Etat voire lourdement taxée à l’exportation générant une stagnation, voire une récession, des agricultures du Sud (ex : Le coton). Entre 250 et 320 millions

    Comme le dit le professeur Muhammad YUNUS, Prix Nobel de la paix 2006 : « La mondialisation est un fait. Et je ne vois aucune raison, en tant qu’économiste, ou en tant que «banquier des pauvres» de chercher à lutter contre ce phénomène». Le problème n’est pas de disserter sur ses avantages et inconvénients mais, de préparer les producteurs/trices à leur insertion dans un monde de plus en plus marchand et concurrentiel. Ce phénomène ne concerne pas certaines catégories de producteurs mais, l'ensemble des millions de familles paysannes assurant une part non négligeable des productions agricoles du Sud, notamment en Afrique de l’Ouest où l’on en dénombre environ 29 millions (Entre 26 à 32 millions).

    Changement climatique :

    La température du Monde a augmenté de 0,7° C en un siècle et pourrait augmenter de 6° C d'ici à 21001. Ce réchauffement de la Terre a déjà de multiples conséquences: sécheresses récurrentes, assèchement de régions fertiles par la raréfaction des pluies, désertification des régions semi arides, pluies torrentielles, tornades, diminution du rendement des cultures céréalières, changement épidémiologique2 , glissement de terrain en zones forestières3.

    Selon les informations de la 12ème conférence internationale sur le climat de Nairobi, cette longue liste pourrait s'aggraver au cours des prochaines décennies : accroissement du nombre d’affamés, réduction de la surface des terres agricoles, augmentation des superficies arides ou souffrant d'un manque d'humidité4, chute des productions céréalières, menaces accrues d’inondations sur les zones côtières dont des villes entières dans les deltas des fleuves5, apparition de nouvelles maladies animales et de nouveaux ravageurs des plantes, diffusion des maladies animales transfrontières susceptibles de présenter des éléments pathogènes potentiellement dangereux6, apparition de vagues de "réfugié écologique7"…. Selon Kofi ANNAN, secrétaire général de l’ONU : « Le réchauffement climatique "prend désormais place aux côtés de menaces à la paix et à la sécurité comme les conflits, la pauvreté et la prolifération des armes »8

    Bien qu’étant le continent habité produisant le moins de gaz à effet de serre, l'Afrique est touchée de plein fouet par le réchauffement, la hausse des températures pourrait y être plus élevée dans plusieurs régions et les évolutions du climat de plus en plus imprévisibles9. Avec 9 projets MDP sur près de 1.300 déjà lancés10, elle reste aux marges des mécanismes destinés à faire face aux impacts du réchauffement. Elle est le continent le plus vulnérable à tous les effets négatifs du changement climatique et celui qui est confronté aux plus grands défis d'adaptation. Cette vulnérabilité extrême s'explique par les faits que (i) la majorité de sa population vit d’une

    1 Selon l'Union européenne, la planète deviendrait ingérable au-delà de 2°C de réchauffement. 2 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi : Quelque 185 millions de personnes en Afrique subsaharienne seulement pourraient mourir de maladies directement attribuables au changement de climat d'ici la fin du siècle", comme le paludisme ou la malnutrition, (Christian Aid.) 3 Dans une grande partie de la forêt tropicale du sud-est du Nigeria, les glissements de terrain causés par des décennies de déforestation incontrôlée et de surexploitation des sols menacent plus d’un millier de sites habités d’après le Ministère nigérian de l’Environnement 4 En Afrique, on estime à 1,1 milliard d'hectares les terres où la période de croissance des cultures est inférieure à 120 jours. D'ici à 2080, sous l'action du changement climatique, cette surface s'accroîtrait de 5 à 8 %, soit d'environ 50 à 90 millions d'hectares, selon la FAO. 5 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi : Le nombre de personnes menacées par des inondations côtières passera de 1 million en 1990 à 70 millions en 2080 6 Ainsi que l'a montré récemment la crise de la grippe aviaire en Asie 7 Selon les Nations Unies, la dégradation de l’environnement sur les populations de plusieurs régions du monde pourrait forcer jusqu’à 50 millions de personnes à s’exiler dans les cinq prochaines années. 8 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi 15/11/06 9 Rapport "Africa - up in smoke 2 10 Le Mécanisme de développement propre (MDP), prévu par le protocole de Kyoto, est destiné à parer aux impacts du réchauffement dans les pays pauvres, particulièrement exposés aux événements climatiques extrêmes et à la montée des océans.

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    agriculture dépendante à plus de 95% des eaux de pluies et, (ii) son niveau de pauvreté générale restreint ses possibilités d’importations de denrées alimentaires1. Ce changement climatique non seulement limite son développement, mais a le « potentiel bien pire de saper et même de défaire les améliorations des conditions de vie enregistrées dans certains pays du continent »2.

    Ces changements imposent et imposeront de plus en plus une remise en cause des systèmes de production agricole traditionnelle et une accélération des phénomènes d'exode rural. Il serait illusoire de compter sur la seule capacité d'auto adaptation des paysans pour relever les formidables défis posés. Avec 60-80 % de leurs populations vivant en milieu rural et assurant une contribution d'environ 40 % de leur PIB, les pays de l'Afrique de l'Ouest connaissent et connaîtront de plus en plus un grave problème d'adaptation de leur capital humain rural pour lui permettre de générer de nouveaux systèmes de production et préparer une partie des jeunes ruraux à une insertion en milieu urbain. De toute évidence, ce phénomène ne touche pas quelques individus isolés mais l'ensemble des populations rurales de la sous région (estimées à 160 millions environ) dont une partie représente, d’ores et déjà, des réfugiés écologiques potentiels.

    Données démographiques, mondialisation et changements climatiques concourent à imposer une approche globale de préparation du capital humain du secteur agricole et rural aux enjeux présents et futurs qu'il a et aura de plus en plus à affronter au cours des prochaines décennies. Ces réalités nous rappellent qu'il s'agit bien d'un phénomène de masse et non de populations restreintes circonscrites à quelques projets

    2/ Une approche revalorisant les politiques d’état, nationales et régionales

    L'État-nation doit veiller à ce que le secteur agricole et rural assume les 6 fonctions qui lui sont traditionnellement dévolues au sein de la Nation.

    Assurer l’alimentation du pays : L'Afrique occidentale connaît une augmentation constante des importations céréalières depuis 1985 (2,465 millions de tonnes de moyenne annuelle pour la période 86/87/88 ; 8, 488 millions de tonnes pour 01/02 /03)3. Ces augmentations ne sont pas proportionnelles à la croissance de la population totale car les importations « Per capita » croissent (16 kilos/Hab./ an. pour la période 86/87/88 ; 34,6 kilos/ Hab. /an. pour 01/02 /03) Elles illustrent la difficulté du secteur agricole à alimenter les populations urbaines, voire rurale, en croissance accélérée. Cette situation, au coût exponentiel, représente un enjeu stratégique de première importance.

    Accroître les ressources en devises de l'État par les exportations : En règle générale les grands produits agricoles d’exportation connaissent une stagnation voire une récession. Les exportations de produits maraîchers et horticoles progressent de manière limitée. Seules exceptions notoires le cacao et le coton dont les productions depuis les indépendances ont triplé pour le premier 4et, été multiplié par 14 5 pour le second. Ces progressions remarquables reposent sur des bases différentes : (i) Prix et déforestation massive pour le cacao, (ii) Prix, organisation de la filière et Formation des groupes d'acteurs pour le coton.

    Face aux besoins de l'Afrique de l'Ouest en devises pour assurer ses équipements, la relance des cultures d'exportation constitue un enjeu stratégique important.

    Gérer et protéger les ressources naturelles : Faisant suite aux croissances démographique6 et urbaine7, les prélèvements de ressources naturelles liées aux activités agricoles (humus des terres cultivées, biomasse des parcours, ressources halieutiques des zones de pêche) n'ont cessé de croître. Ils ont aujourd'hui dépassé le seuil de capacité de régénération des pratiques fondées sur le non apport d'intrants extérieurs8 (jachères naturelles, transhumances, prélèvement limité). Entre 2000 et 2005, l'Afrique a enregistré une perte nette annuelle de 4 millions d'hectares de forêts essentiellement dues à la conversion de superficie boisée en terres agricoles9. Par ailleurs, la surexploitation des parcours accentue les risques de désertification tandis que la surexploitation des ressources halieutiques porte de graves atteintes à l'état de la ressource et met en péril le devenir du sous secteur pêche artisanale.

    Souvent les ruraux pauvres valorisent pour survivre les reliquats des ressources difficiles d'accès (terres, eau et bois). Les versants dénudés, les cours d'eau s'amenuisant, les inondations, les sécheresses et la disparition de la

    1 D'ici à 2025, environ 480 millions de personnes en Afrique habiteront des régions où l'eau manquera ou sera sévèrement limitée"(rapport de l'ONU publié à l'occasion de la 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi) 2 12e conférence internationale sur le climat de Nairobi: Déclaration du WWF. 3 Rappelons que la demande africaine représente le tiers du commerce mondial du riz. 4 737 000 t de moyenne annuelle pour la période 61/62/63 ; 2.382.000 tonnes pour 03/04/05 5 62 000 t de moyenne annuelle pour la période 61/62/63 ; 872 000 tonnes pour 00/01/02 6 Il y a plus de 30 ans, Paul Ehrlich et J. Holdren définissaient l'impact de la population sur l'environnement (I) par l'équation I = PAT, P signifiant la population, A l'abondance dont elle jouit (PIB/Hab.) et T sa technologie (production unitaire) 7 L'aggravation de la pauvreté dans les communautés littorales et l'augmentation rapide de la population dans les grandes villes côtières Afrique de l'Ouest déterminent de la même manière la destruction des marais de mangroves pour en tirer du bois de feu et la pêche à la dynamite dans les eaux d'alevinage. 8 La récente étude publiée dans la revue américaine « Science » datée du 3 novembre 2006 annonce que la quasi-totalité des espèces de poissons et de crustacés pêchés pour la consommation auront disparu des océans avant 2050 si les tendances actuelles se poursuivent. 9 FAO : 15e session de la commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique ; Maputo 01 avril 2006

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    faune sauvage en sont les résultats. Dans les pays sahéliens, l'accélération exponentielle des prélèvements de ressources ligneuses pour assurer l'approvisionnement des villes en bois de chauffe, charbon de bois et bois d'œuvre entraîne une déforestation rapide, voire une désertification.

    Depuis 1991, 5 millions d'hectares des terres productives de toute l'Afrique se sont dégradés à un point tel que la réhabilitation n'est plus économiquement faisable. En outre, quelques 321 millions d'hectares de terres cultivables ont subi une dégradation de modérée à grave et 174 millions d'hectares se montrent actuellement des signes de baisse de production1.

    Dans un contexte mondial de plus en plus sensibilisé à la question de la dégradation de l'environnement, cette situation ne peut continuer d'autant plus qu'une grande partie de l'Afrique de l'Ouest est constituée de zones écologiquement sensibles et que l'agriculture peut être la base d'une activité économique florissante.

    Assurer à la population un niveau de revenu décent et en progression : L’Afrique est le seul continent à connaître une augmentation des effectifs touchés par la pauvreté. En Afrique de l’ouest 44% des populations vivent sous le seuil de pauvreté, plus particulièrement en milieu rural où se concentre l’extrême pauvreté. La croissance démographique rapide des 50 dernières années a doublé et redoublé le nombre des ruraux pauvres, plus vite qu'ils ne peuvent apprendre à s'adapter. Brutalement réduite par la surutilisation et l'exploitation commerciale, leurs ressources de base ne leur permettent plus de dégager un excédent investissable dans des technologies nouvelles. Contraints à perpétuer leurs anciennes pratiques ils sombrent en quelques années dans l'extrême pauvreté.

    Dans actuelle le contexte de forte pression foncière, les unités de production paysanne se fragmentent à l’occasion des héritages et deviennent de moins en moins viables et développables. De fait, elles se transforment en unités d’attache où résident vieux, épouse(s) et enfants tandis que les « actifs/ves » partent vendre leur force de travail en ville et/ou créer des champs ailleurs, pour assurer un complément d’entretien à la famille. De moins en moins productives et soumis aux aléas des hypothétiques revenus des migrants, elles évoluent vers un statut d’unité de survie, génératrice de pauvreté. Ainsi se met en place une véritable spirale de pauvreté de masse, qui ne pourra être enrayé que par une politique d’appui aux structures d’exploitation pour en faire des entreprises agricoles durables, viables et développables.

    Assurer le développement du capital humain : En Afrique de l'Ouest, selon les Etats, 40 à 90% des adultes sont analphabètes, 70 à 30 % des enfants d'âge pertinent sont non scolarisés. L’effectif de la nouvelle cohorte annuelle d’enfants devant intégrer la première année du primaire va continuer à croître jusqu'en 2040 (6 625 000 en 2000 ; 13 124 000 en 2040), avant de connaître un décroît au-delà de cette date Certes des progrès sont enregistrés dans le cadre de l'objectif du millénaire « éducation pour tous ». Cependant il faut reconnaître que, selon toute vraisemblance, l'objectif d'une scolarisation totale des enfants en 2015 ne sera pas atteint dans de nombreux pays.

    Par ailleurs, que deviendront la masse des jeunes sortant du primaire et n’intégrant pas le secondaire (la très grande majorité), face au vide en matière de formation professionnelle post primaire ? Essentiellement tournée vers le secteur urbain elle n'assure qu'un infime pourcentage des besoins du secteur agricole et rural (< à 1%) où prévaut les apprentissages « traditionnels »de plus en plus récusés par les nouvelles générations qui partent « tenter leur chance » ailleurs. Les états ne risquent-t-ils pas de voir partir en fumée l'énorme investissement consenti actuellement dans le primaire par la non valorisation de ces acquis au travers d'une formation professionnelle post primaire ?

    Au regard de ces chiffres, la question du développement du capital humain du secteur rural représente pour chaque État un formidable enjeu pour les prochaines décennies, d’autant plus qu’il est économiquement démontré qu'en deçà d'un certain seuil d'analphabétisme et de non accès aux formations professionnelles, le développement national est fortement obéré.

    Assurer l’emplois/auto emplois des actifs/ves : En Afrique de l’Ouest, l'effectif de la nouvelle cohorte annuelle de jeunes adultes à insérer dans la vie professionnelle va continuer à croître jusqu'en 2050 et au-delà (4 669 000 en 2000, 10 675 000 en 2050) face à des départs par vieillissement très réduit. Il en résulte une très forte progression de la population active qui verra ses effectifs tripler d'ici 2050 (121 242 000 en 2000 ; 385 407 000 en 2050).

    Paradoxalement, bien que la très grande majorité des emplois et auto emplois soit localisée dans le secteur rural (de 64 à 87 % selon les pays) l'effort porte essentiellement sur le sous secteur formel privé et public ne représentant que 4 à 8 % des emplois et auto emplois. Si un effort est actuellement constatable au niveau de la formation professionnelle préparatoire à une insertion dans l'informel urbain (9 à 28 % des emplois auto emplois), l'on ne peut que constater la sclérose de l'enseignement professionnel agricole et rural et l'absence d'une véritable politique d'incitation à l'installation de jeunes agriculteurs.

    Facteur de paupérisation et de déstabilisation politique, la question de l'emploi et auto emploi est cruciale pour tous les gouvernements. Face à l'absence de perspectives d'insertion professionnelle, les jeunes adultes2 partent

    1 Centre international de référence et d'information pédologique du Programme des Nations Unies pour l'environnement 2 L’ONG malienne "AIDE"constate qu'avec une moyenne de 15 ans, les candidats au départ vers l’Europe réfugiés à Gao sont de plus en plus jeunes (Source :AFP du mardi 14 novembre 2006)

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    chercher du travail ailleurs. Hier, source de rentrées de devises importantes, l'immigration devient aujourd'hui, avec son amplification, un enjeu politique international majeur1. De toute évidence, dans ce contexte, le potentiel d'accueil du milieu rural ne pourra pas continuer à être délibérément sous-estimé comme aujourd'hui.

    3/ Etat des lieux actuel

    En 2006, 21 ans après l'étude Cameroun, la thématique de la formation professionnelle agricole de base et de masse apparaît à la fois comme forte et fragile.

    Forte par la reconnaissance de la problématique posée au niveau des instances internationales africaines, son niveau d'élaboration (nombreux articles et écrits), de nombreux sympathisants tant en Afrique qu'en Europe, l'engagement institutionnel de la coopération française notamment