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Vertical Tasting by René Gabriel Dégustation Verticale par René Gabriel

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Vertical Tasting by René Gabriel

Dégustation Verticalepar René Gabriel

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A future Third Growth !

If what the above title suggests

became true, it would indeed be a

sensation! For, during its 160 years

of existence, the legendary 1855

classification, nowadays partially

obsolete, has only seen a single

modification.

By René Gabr i e l : www.bx to ta l . com

Si ce qu’avance le titre ci-dessus

s’avérait vrai, ce serait une annonce

absolument sensationnelle! En effet,

en 160 ans d’existence, le classement

légendaire — mais aujourd’hui

partiellement obsolète — de 1855

n’a connu qu’un seul amendement.

Source René Gabr i e l : www.bx to ta l . com

This was in 1973 and involved Château Mouton Rothschild which,

previously ranked as a Second Growth, was reclassified as a First

Growth after a lengthy legal action. In the case of Château Meyney,

passing from the status of Cru Bourgois to a central ranking amongst the

elite Grands Crus Classés would represent an even more spectacular

promotion. Spectacular it would be, but a theoretical possibility

nonetheless, and for a number of reasons.

C’était en 1973, et concernait le Château Mouton Rothschild : ce

dernier, jusqu’alors Deuxième Cru, avait été reclassé en Premier

Grand Cru au terme d’une longue bataille juridique. Pour le Château

Meyney, le passage du rang de Cru Bourgeois au peloton du milieu de

l’élite des grands crus classés représenterait un bond en avant encore

plus spectaculaire. Spectaculaire certes, mais théoriquement possible.

Et ce, pour plusieurs raisons.

Nouveau troisième cru !

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Firstly the vineyard of Château Meyney borders the Gironde estuary,

and within one of the prime sections of the whole Medoc region.

Secondly, the sheer presence of its illustrious neighbours should

weigh the scales in its favour: to the north lies Château Calon Segur, a

Third Growth; to the south, the vines of Meyney march with those of

Château Montrose, one of the top Second Growths!

When I visited Meyney I asked why this Château had not obtained a

higher ranking at the time, but nobody was able to answer my question.

D’une part, les vignes du Château Meyney sont plantées au bord de

la Gironde, dans des zones comptant parmi les plus intéressantes

du Médoc tout entier. D’autre part, d’un point de vue purement

mathématique, ses illustres voisins devraient faire pencher la balance

en sa faveur : au nord se trouve Château Calon-Ségur, classé troisième

Grand Cru Classé ; au sud, les vignes de Meyney sont limitrophes de

Château Montrose, qui compte parmi les meilleurs deuxièmes Grands

Crus !

Lors de ma visite à Meyney, j’ai demandé pourquoi le Château n’avait

pas été mieux classé à l’époque — mais personne n’a su répondre à

cette question.

Fortunately, out-dated classifications are not what count for savvy

consumers these days. No, it is the current quality level, linked to

the quality/price ratio that builds the success of a brand. In these

respects Meyney has made considerable progress, without fuss but

with remarkable consistency.

Heureusement, ce ne sont pas des classifications dépassées qui

comptent aujourd’hui pour les consommateurs intelligents, mais la

qualité actuelle, et c’est désormais sur le rapport qualité-prix que se

fonde le succès d’une marque. Or, en la matière, Meyney a progressé

— certes en toute discrétion, mais avec une belle constance.

6 7

But before describing what is happening at

Meyney and the recent vintages, let’s take a

look at the history of this Château. In 1662,

the Père Feuillants, a monastic order, planted

the first part of what is now a 51 hectare

vineyard here. This qualifies Meyney as one of

the oldest vineyards on the banks of Gironde

estuary. It then became, for many years, the

property of a Dutch family called Luetkens,

before being sold to Désiré Cordier in 1917.

The Cordier ownership was to last for 87 years

until 2004.

Mais avant de dévoiler son actualité et les

derniers millésimes dégustés, revenons sur

l’histoire de ce Château. En 1662, les Pères

Feuillants, plantèrent les premières vignes

des 51 hectares qui composent aujourd’hui

le vignoble du Château Meyney, faisant ainsi

de ce dernier l’un des plus anciens domaines

viticoles des bords de la Gironde. Il resta

ensuite longtemps la propriété d’une famille

hollandaise, les Luetkens, avant d’être acquis

en 1917 par Désiré Cordier. L’ère Cordier

allait durer 87 ans, jusqu’en 2004.

8 9

Cordier used to have extensive vineyard holdings around Bordeaux

before these were successively sold, not on account of their reputations,

but due to poor international investments. In addition to Meyney, the

Cordier empire included, to mention only the most prestigious estates,

Clos des Jacobins (Saint Emilion), Lafaurie-Peyraguey (Sauternes) and

two classified growths in Saint Julien, Talbot and Gruaud Larose.

Le nom de Cordier était autrefois celui d’une puissante société

bordelaise, mais ce conglomérat vitivinicole finit par péricliter, non à

cause des propriétés du Bordelais, mais de mauvais investissements à

l’international.

Outre Meyney, cet empire comprenait le Clos des Jacobins (Saint-

Émilion), Lafaurie-Peyraguey (Sauternes), et deux Crus classés de

Saint-Julien, les Châteaux Talbot et Gruaud Larose, pour ne citer que

les principaux d’entre eux.

Cordier was mainly interested in short-term profits and having an

extensive presence in markets, and these wines scored modestly in

critical ratings at the time. The second selections from each Château

relied on their image to sell, and the management was more concerned

with producing as high a proportion of the « grand vin » as possible. As

a result, if the best vintages produced some magnificent wines, those

from indifferent years were only mediocre at the best. Meyney in

particular was often badly treated. The « bourgeois » image, linked to

the natural elegance of Saint Estèphe, meant that its wines frequently

showed more muscle and sinew than flesh.

Cordier, qui cherchait le profit, se contenta longtemps d’être présent

sur le marché, n’obtenant que des notes plutôt modestes pour ces

Châteaux. Les deuxièmes vins n’étaient sélectionnés que sur leur bonne

réputation. Ce à quoi tenait particulièrement la direction de Cordier,

c’était produire autant de « Grand Vin » que possible. Conséquence : si

les très grands millésimes permettaient de mettre en bouteille des vins

grandioses, les vins produits lors des millésimes difficiles ne méritaient

pas mieux qu’une mention « assez médiocre ». Et Meyney notamment

était souvent particulièrement malmené. En effet, les vins élancés

de Saint-Estèphe ayant, littéralement, un caractère « bourgeois », ils

présentaient fréquemment davantage de muscles et de tendons que

de chair.

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But there has been a renaissance at Château Meyney since the 2004

vintage. The new owner, a subsidiary of Crédit Agricole called CA

Grands Crus, has sorted out the priorities. Whereas previously total

production could reach half a million bottles per year, now there

are just about 100,000 bottles of the second wine called Prieur de

Meyney, and around 180,000 bottles of the Grand Vin, Château

Meyney itself. Back in the Cordier era, yields per hectare could rise

above 75 hectolitres, but the average yield over the past ten years

stands at just 45 hectolitres.

Mais depuis le millésime 2004, il souffle un vent de renouveau au

Château Meyney. Le nouveau propriétaire, la Société CA Grands Grus,

filiale du Crédit Agricole, a tout remis à plat.

Tandis que par le passé, la production totale pouvait atteindre jusqu’à

un demi-million de bouteilles, les volumes produits sont aujourd’hui

d’environ 100 000 bouteilles pour le deuxième vin Prieur de Meyney,

et d’environ 180 000 bouteilles pour le Grand Vin, Château Meyney.

Le rendement par hectare au « meilleur de l’époque Cordier » dépassait

les 75 hectolitres, la récolte des dix dernières années, se trouve autour

des 45 hectolitres par hectare.

Like Cordier, the new proprietor owns several other wine estates.

The Sauternes classified growth Rayne Vigneau was one of these until

recently. Today CA Grands Crus incorporates, besides Meyney, the

following Bordeaux châteaux: Grand Puy Ducasse (Pauillac), La Tour

de Mons (Margaux), Blaignan (Médoc) and Clos Saint Vincent (Saint

Emilion). In addition there is also a Burgundy estate, Château de

Santenay and its range of 24 different wines.

À l’instar de Cordier, le nouveau propriétaire possède plusieurs

domaines viticoles. Le Cru de Sauternes Rayne-Vigneau en faisait

encore partie récemment. Aujourd’hui, la société CA Grands Crus

compte, outre Meyney, les Châteaux Grand Puy Ducasse (Pauillac),

La Tour de Mons (Margaux), Blaignan (Médoc) et le Cru de Saint-

Émilion Clos Saint-Vincent. Sans oublier un domaine en Bourgogne,

le Château de Santenay, qui produit pas moins de 24 vins différents.

12 13

Now let’s get back to the main topic since we came to Saint-Estephe

to take a closer look at Meyney. I have had this estate on my list of

« wines to be tasted » for some time now since, over recent vintages,

its wines have often turned out to be well above the average quality

level for each year. Before our visit and the lunch that followed, a

dozen or so vintages were lined up waiting to be tasted. These went

from the latter part of the Cordier period up to the 2016 still ageing

in barrels. We tasted together with members of the Meyney team who

all seemed delighted to have this rare opportunity to take part in a

vertical tasting.

Mais venons-en au cœur du sujet. Après tout, c’est pour Meyney que

nous nous sommes rendus à Saint-Estèphe. Il y avait longtemps que

ce Cru figurait sur ma liste de vins à déguster. Ces dernières années,

il m’avait plusieurs fois enthousiasmé, s’avérant souvent bien meilleur

que ne l’était la moyenne du millésime.

Avant notre visite et le déjeuner qui s’est ensuivi, une bonne douzaine

de millésimes — allant de la fin de l’époque Cordier jusqu’à un 2016

brut de fût — attendaient d’être dégustés. Cela s’est fait en compagnie

des membres de toute l’équipe, apparemment ravis qu’on leur propose

une dégustation verticale; de telles occasions étant pour eux aussi

extrêmement rares.

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The colour has faded with time, becoming quite transparent, with

brick red tinges on the rim. The nose shows hints of iron, then of leaf

mould. What is left of the light fruit aromas are of the small berry

kind. Then one discovers peat, old leather and saddles. The palate

is thin and metallic with weak aromas. This can still be drunk but is

hardly very expressive. On the positive side it is not oxidized, which

is already something. A second bottle was opened and found to be far

richer and better. 16/20, should have been drunk.

Robe nettement pâlie par le temps, transparente, avec des reflets

rouge brique sur le bord du disque. Le nez présente des nuances

de fer puis d’humus, le peu de fruit allant plutôt vers les petits fruits

rouges ; peu de force. Le deuxième nez dévoile de la tourbe, du vieux

cuir et des senteurs de selle de cheval. En bouche, maigre et métallique

avec un profil aromatique assez faible. Encore bon à boire, mais très

peu expressif. L’aspect positif est qu’il n’est pas encore oxydé. Ce

n’est déjà pas mal! Une deuxième bouteille a été ouverte, s’avérant

infinitésimalement plus dense. 16/20, passé.

Typical red bordeaux colour, becoming pale with orange tinges at

the rim. The nose is warm with notes of tar and hints of meat and

game. It becomes more generous and sweet as it opens up, showing

hints of sultanas and surprising depth. Compact and fleshy on the

palate with considerable substance and, on the tongue, impressions of

liquorice and Sichuan pepper. This is still very much alive and should

be decanted. Shows truly « bourgeois » character in the best sense of

the term ! 18/20, ready to be drunk.

Robe rouge bordeaux pâlissant vers le bord, reflets oranges. Nez

chaleureux avec des notes de prune, de goudron, et des nuances de

viande et de gibier. Plus sucré et généreux au deuxième nez, avec

des arômes de raisins de Corinthe et une profondeur surprenante.

Compact et charnu en bouche avec beaucoup d’extrait et, sur la

langue, des notes de réglisse et de poivre de Sichuan. Un vin encore

très présent. À décanter. Au vu de son caractère, il mérite absolument

la mention « bourgeois » (à prendre comme un compliment) ! 18/20,

à boire.

MEYNEY 70’ MEYNEY 82’

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The red bordeaux colour has delicately evolved towards paler tones.

The bouquet appears amazingly sweet and shows hints of stewed fruit,

red plums, cedar, cigar tobacco and a delicate hint of raisins, all of this

overlaid with malt. On the palate the feeling is surprisingly unctuous,

the wine’s harmony and generosity reminding one of a blend between

a Châteauneuf-du-Pape and a Colheita Port! This finish harks back to

that almost unrelenting sensation of sweetness that is reminiscent of

syrup of figs and sultanas. A very unusual wine for Bordeaux due to

the vintage rather than specifically to Meyney. 16/20, to be drunk

before long.

Robe rouge bordeaux délicatement évoluée et pâlissant. Le bouquet

est étonnamment sucré avec des nuances compotées, notes de

compote de prunes rouges, de cèdre, de cigare dominicain et, tout

en délicatesse, de raisin sec, le tout recouvert d’un voile malté. En

bouche, la matière onctueuse, généreuse et harmonieuse évoque un

mélange de Châteauneuf-du-Pape et de Porto Colheita. En finale, ce

vin présente de nouveau une sucrosité presque débridée qui rappelle

le sirop de figue et le raisin de Smyrne. Un Bordeaux atypique — la

faute n’en revenant pas à Meyney, mais au millésime. 16/20, à boire

rapidement.

The colour is garnet red, still quite deep and not much paler at the

rim. The nose shows spicy aromas like pepper and liquorice, with fine

darkish hints of wood. There is a touch of cold smoke and vine leaves.

This seems quite closed, at least initially. Fleshy on the palate, quite

dense and showing some gentle astringency due to the Petit Verdot

component in the blend. A classical Meyney, in line with this period

in its history. Has evolved very slowly over the 20 plus years it has

been in the bottle. 17/20, to be drunk.

Robe d’un rouge grenat encore relativement soutenu, assez dense,

et dont le disque pâlit donc peu vers le bord. Nez épicé de réglisse,

de grains de poivre et de bois noble sombre. Note délicate de cep de

vigne, fumée froide. Semble d’une certaine manière encore fermé —

tout du moins au début. Charnu au palais, assez dense et présentant

encore une astringence douce, avec en finale une certaine amertume

due au Petit Verdot. Un Meyney classique — en accord avec l’époque

de son élaboration. N’a évolué que lentement au cours des plus de 20

ans de son élevage en bouteille. 17/20, à boire.

MEYNEY 90’ MEYNEY 95’

18 19

Little evolution here again with a purplish garnet hue of average

depth. The intense bouquet seems dynamic without being totally

expressive. It reveals hints of prune and a style that is typical of this

terroir, showing the full aromatic class of Saint-Estephe. Each sniff

reveals fresh nuances. On the palate the wine has already delicioulsy

rounded out due to its natural richness and shows charm despite its

power. A splendid Meyney which is just coming into its stride. 18/20,

ready for drinking.

Robe peu évoluée, d’un pourpre grenat moyennement soutenu. Le

bouquet intense s’affirme avec énergie sans être tout à fait ouvert, notes

de pruneau au caractère profondément marqué par le terroir, belle

noblesse avec une merveilleuse palette aromatique caractéristique de

Saint-Estèphe. Chaque contact olfactif dévoile de nouveaux arômes.

En bouche, le vin s’est déjà délicieusement arrondi (en raison de sa

richesse), ce qui lui confère un certain charme malgré sa puissance.

Un Meyney grandiose, patient, qui aborde actuellement sa première

maturité organoleptique. 18/20, à boire.

A very deep bordeaux red with slight tinges of purple. Wonderful

bouquet that shows maturity and warmth without seeming over-

cooked. It has barroque-style depth and shows a magnificent array of

aromas underscored by a mass of dark berry fruit. The second nose

reveals summer truffles and liquorice then evolving towards tar and

thus reminiscent of great Hermitage. Very generous on the palate,

both dense and rich. This really shows the quality of Meyney’s terroir

and the potential of the 2003 vintage in Saint- Estephe. Wow! Meet

the legendary aromas of the Médoc! 19/20, ready for drinking.

Robe d’un rouge bordeaux très sombre avec de très rares reflets

violets. Bouquet génial exprimant la maturité et la chaleur sans tomber

dans les notes compotées, doté d’une profondeur toute baroque et

d’un profil aromatique majestueux, sous-tendu d’une profusion de

petits fruits noirs. Au deuxième nez, notes de truffe d’été et de réglisse

évoluant nettement vers le goudron, évoquant ainsi une affinité avec

les grands Hermitage. En bouche généreux, riche et dense. Ici se

révèle la grandeur du terroir de Meyney et le génie du millésime 2003

à Saint-Estèphe. Wouaouh ! Rencontre avec les arômes légendaires du

Médoc. 19/20, à boire.

MEYNEY 2000 MEYNEY 2003

20 21

Average depth to the bordeaux red colour that shows little evolution

apart from brick red tinges at the rim. Ripe Cabernet-type aromas

dominate, showing also spices like peppercorns and cloves as well as

coffee grains. This bouquet is based on very ripe fruit with a slightly

lactic touch that adds generosity and nobility. These aromas persist

on the palate, together with some fine astringency that is unusual for

a Saint-Estephe of this level. The finish is long with delicate aromas.

Another great wine from Meyney! 18/20, ready for drinking.

Robe d’un rouge bordeaux moyennement soutenu, peu évolué,

avec un bord extérieur d’un délicat rouge brique. Au nez, c’est

d’abord un Cabernet mûr et aromatique qui domine, sous-tendu de

nuances d’épices noires — grains de poivre, clou de girofle, café. La

palette olfactive présente un fruit d’une très grande maturité et, par

conséquent, des contours lactiques minimaux, généreux, mais non

moins nobles. Aromatique en bouche avec une astringence paraissant

presque délicate, ce qui est assez inhabituel pour un Saint-Estèphe de

ce calibre ; finale longue aux arômes délicats. Beaucoup de plaisir à la

dégustation. Un grand Meyney ! 18/20, à boire.

Deep and dark colour of a purple/reddish hue that stays intense up

to the rim. The nose is massively concentrated, but still in a discreet

mode. Clearly a great wine that is not yet fully open. I waited a full

ten minutes before smelling it again: it showed mineral-like notes and

some that are frankly pharmaceutical, like turpentine or tar, together

with plums and prunes. The overall bouquet reminded me of wines

from the Maremma in Tuscany. The palate is richly generous with soft

fleshy tannins that remain firm inside and indicate the impressive

potential of this glorious wine that will keep for a long time. Usually

the very best 2009s are already very attractive, but one will have to

wait at least ten years for this one. 19/20, to cellar.

Robe dense d’un rouge pourpre très soutenu, intense jusqu’au

bord du disque. Au nez concentré et imposant, avec néanmoins une

certaine retenue. Un grand vin, mais qui ne se livre pas encore ! J’ai

attendu dix bonnes minutes avant de le respirer à nouveau : minéral,

avec des notes franchement pharmaceutiques, de la térébenthine, du

goudron, beaucoup de prune tirant vers le pruneau. Olfactivement,

on a quelques instants presque l’impression de se trouver dans la

Maremme. En bouche, généreux et riche avec des tanins gras et

fondants à l’extérieur, mais encore exigeants à l’intérieur, dévoilant

l’impressionnant potentiel de ce vin génial qui se gardera extrêmement

longtemps. D’ordinaire, dès aujourd’hui, même les très grands 2009

sont déjà sexy. Celui-ci ne le sera sans doute pas avant après-demain.

Encore au moins 10 ans d’attente avant qu’il soit pour la première fois

apte à être dégusté. 19/20, à garder.

MEYNEY 2005 MEYNEY 2009

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A deep purple/violet hue that runs up to the rim. A gloriously

expressive nose that is redolent of black cherry, roses and liquorice and

which manages to combine intensity with freshness. Each element is in

place. On the palate, the wine is very dense but equally precise. It has

both flesh and muscle, with tannins that are still taughtly astringent,

showing great ageing potential. This is a truly great Meyney that will

reward considerable patience, because in my opinion this will not be

fully ready before around 2030. 19/20, to cellar.

Robe d’un pourpre violet sombre, dense jusqu’au bord du disque.

Bouquet génial et apaisant de cerise noire, de rose et de réglisse, avec

de la profondeur, de l’énergie, mais aussi de la fraîcheur. Chaque

composante est à sa place. En bouche, ce vin est extrêmement dense

sans pour autant devenir flou, charnu et musclé avec une astringence

grandiose encore exigeante. Les tanins de grande classe indiquent

en même temps un immense potentiel de garde. Voici un très grand

Meyney, qui demande énormément de patience. À mon avis, il ne

devrait pas être bon à boire avant 2030 environ. 19/20, à garder.

Very deep purple colour. Another mass of primary berry fruit aromas

such as blackberry. Creamy/lactic nuances on the first nose. Seems

very accessible as it develops a wide range of aromas already. On

the palate this is wonderfully aromatic, generous on the outside and

densely fleshy inside. One notes some astringency on the palate. This

is a characterful rendering of both Meyney and Saint-Estephe in a

very classical mode, meaning that this is not a wine for lovers of

easy-drinking charmers. Perhaps ready to drink from 2028? 18/20, to

cellar.

Robe pourpre très dense. Encore une profusion de notes de fruits

primaires (mûre), légèrement crémeux et lactique au premier nez.

Étonnamment accessible, il dévoile dès aujourd’hui de nombreux

arômes. En bouche, ce vin s’avère merveilleusement aromatique,

assez généreux à l’extérieur, dense et charnu à l’intérieur. Astringence

plus perceptible sur la langue qu’au palais. Voici un assemblage de

caractère résultant a) de Meyney et b) de Saint-Estèphe. Autrement

dit, s’affirmant comme extrêmement classique — pas un produit pour

amateurs de vins charmeurs. Bon à boire à partir de 2028 ? 18/20, à

garder.

MEYNEY 2010 MEYNEY 2014

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The colour is perhaps not quite as deep as one might expect from

this vintage, with average intensity to the ruby red hue. The bouquet

is quite expressively fruity on the nose, with red and black plums,

plenty of depth, pleasantly ample and already well balanced. On the

palate this wine has two facets: on the one hand supple, on the other

more demanding with touches of astringency that provide a certain

character. One could wish for more aromatic intensity on the finish.

This wine is clearly in a transitory phase and somewhat closed but it

clearly has the potential of a fine Meyney. When I tasted this during

the « primeur » tastings, I gave it 19/20 but today I rate it a notch

below on account of its current introversion that could be due to a

recent bottling. It will surely come back strongly! 18/20, to cellar.

La robe paraît un peu plus pâle que ce que l’on pourrait attendre de

ce millésime. Grenat moyennement intense, reflets rubis au bord du

disque. Bouquet ouvert au fruit riche (prunes rouges et noires), bonne

profondeur, agréablement ample et déjà harmonieux. En bouche, vin

à la fois souple et exigeant, les tanins présentent sur la langue de fines

nuances râpeuses, donnant ainsi un certain caractère à la matière ; en

finale, les arômes pourraient être un peu plus intenses. Actuellement,

il n’a pas très envie de s’exprimer et reste très fermé. Toutefois, il a

l’étoffe d’un très grand Meyney. Lors de ma visite en primeur, je lui ai

octroyé un 19/20. Actuellement, il correspond à un bon 18/20. Mais

comme je le mentionne plus haut, il est actuellement plutôt introverti.

Cela peut aussi venir du choc de la mise en bouteille. Ne manquera

pas de se remettre en selle! 18/20, à garder.

Deep violet, almost purple. Incredible primary black fruit aromas on

the nose: blackberry, bilberry and blackcurrant, all underscored by

touches of dark spices and showing fine complexity, intensity and a

feeling of suave sweetness. The palate is very dense and full-bodied,

yet delicately charming due to its fine touch of astringency that

provides lift. Amazing balance and a terrific after-taste. This is a very

great vintage for Meyney and one of the most refined of all time. The

very high level of quality is due to its excellent combination between

power and finesse, a quality usually reserved for the best classified

growths. This mangificent 2016 is proof enough that Meyney deserves

to be classified today, and not at the lowest level! 19/20, to cellar.

Robe d’un violet presque noir. Au nez, d’incroyables arômes primaires

de fruits : mûre, myrtille, cassis, le tout sous-tendu de notes d’épices

noires, avec une complexité très fine et une sucrosité suave couplée à

une incroyable intensité. En bouche, vin dense et étoffé, délicatement

charnu avec une astringence noble dès aujourd’hui, incroyablement

équilibré, grandiose en rétro-olfaction. Un très grand Meyney — mais

également l’un des plus fins et délicats de tous les temps. Son niveau

qualitatif très élevé est dû à l’association de la force et de la finesse

— une caractéristique habituellement réservée aux Crus classés. Ce

Meyney 2016 absolument génial prouve ainsi que le Château satisfait

aux critères du classement des Grands Crus, niveau intermédiaire.

19/20, à garder.

MEYNEY 2015 MEYNEY 2016

26 27

Denis Rataud has been the winemaker at Château Meyney since 1989,

and so has lived through the end of the Cordier ownership and then

has implemented the changes desired by the new owners. He is the

one on the right of the photograph. Anne Le Naour, in the middle, is

the Deputy Director of all the CA Grands Crus Bordeaux wine estates,

and Fabien Faget is in charge of the Meyney vineyard.

Denis Rataud est depuis 1989 le Maître de Chai de Château Meyney.

Il a donc assisté à la fin de l’époque Cordier — et inauguré la (r)

évolution avec les nouveaux propriétaires.

Il se tient à droite sur la photo ci-dessous. Au milieu, Anne le Naour,

qui dirige les différents domaines viticoles bordelais. À gauche, on

voit Fabien Faget, le Responsable de la propriété.

René Gabriel : We have just visited the winery where the last batches

of 2017 are still fermenting in the tanks. What is 2017 going to be

like?

RG : « Nous venons de visiter la cave où les derniers lots fermentent

encore dans les cuves. Comment sera le 2017 ? »

Denis Rataud : Thanks to the quality of our terroir and the proximity

of the Gironde estuary we were lucky enough to escape spring frost

damage. 2017 will be a good vintage with a reasonable quantity of

wine.

DR : « Grâce à notre excellent terroir et à la proximité de la Gironde,

nous avons eu la chance d’être épargnés par le gel. Le 2017 sera donc

un très bon millésime avec des volumes raisonnables. »

RG : For the past ten years or so, I have noticed that the wines have

become more concentrated than before…

RG : « Cela fait une dizaine d’années que les vins sont plus concentrés

qu’avant... »

DR : This is a direct result of a considerable reduction in the yields,

as well as a more rigourous selection process. All in all we currently

produce about one third less wine than previously

DR : « C’est dû aux rendements beaucoup plus faibles, ainsi qu’à une

sélection plus stricte. Au total, nous produisons environ un tiers de vin

en moins qu’avant. »

RG : As with all major châteaux, I imagine that you employ a consultant.

RG : « comme tous les grands domaines viticoles, je suppose que vous

faites appel à un conseiller externe. »

DR : In 2004, Denis Dubourdieu came to work with us as consultant

and he recommended replacing the Merlots with Cabernet Sauvignons

LET’S NOT GET TOO TECHNICALPAS TRÈS BRANCHÉ TECHNIQUE

28 29

on the best plots. These are not yet in full production, at least not for

the Grand Vin, which explains why there is currently less Cabernet

in this blend than there is planted. We are also doing more green

harvesting and we only select the best and most powerful batches

for the Grand Vin. There is also a shade more new oak being used

nowadays, but we keep this at a reasonable proportion of one third.

Monsieur Dubourdieu sadly died recently and we were obliged to

look for a new consultant. Hubert de Bouärd (who is also the owner

of Château Angelus) now gives us very good advice and looks after

the quality.

DR : En 2004, le célèbre professeur d’œnologie Denis Dubourdieu

nous a rejoint. Sur les meilleures parcelles, il a remplacé les Merlots

par des Cabernets Sauvignons. Mais ces derniers ne sont pas encore

en production — en tout cas pour le Grand Vin. C’est pour cette raison

que nous avons actuellement moins de Cabernet dans l’assemblage du

Grand Vin qu’il n’y en a dans les vignes. Nous faisons aussi davantage

de vendanges en vert et n’utilisons pour le Grand Vin que les meilleurs

lots et les plus puissants. Il y a peut-être aussi un peu plus de bois

neuf qu’autrefois. Mais avec un tiers de barriques neuves, ça reste

très raisonnable. Monsieur Dubourdieu est malheureusement décédé

et nous avons dû chercher un nouveau conseiller. Depuis 2013, c’est

Hubert de Boüard de Laforest (entre autres propriétaire d’Angélus)

qui nous donne de précieux conseils et supervise la gestion de la

qualité. »

RG : Would it be true to say that the overall quality of the wines at

Meyney has vastly improved?

RG : « Peut-on dire de manière générale que Meyney produit

aujourd’hui de bien meilleurs vins ? »

DR : I hope that this explains your visit today and your requesting this

vertical tasting! (laughs). When one works in a more selective manner,

the Grand Vin has to improve. This is almost mathematical. The

significant changes that we have put in place have essentially helped

us to improve quality in the more difficult vintages. In my opinion,

the success of our 2007 is the proof of that. In the past, such a vintage

would have been a fiasco.

DR : « J’espère que c’est justement pour cette raison que vous êtes

venus participer à cette dégustation verticale ! (Rires) Lorsque l’on

travaille de façon plus sélective, le Grand Vin devient plus grand.

C’est mathématique. Les changements très importants que nous avons

instaurés nous ont principalement permis d’améliorer fortement les

millésimes difficiles. D’après moi, la réussite du millésime 2007 le

prouve. Dans le passé, un tel millésime aurait été un fiasco. »

RG : What do the improvements in the wines owe to the modernisation

of the winery equipement?

RG : « L’amélioration est-elle due également à une modernisation des

installations techniques ? »

DR : In this field one could say that I have a generational problem,

since I am not a great fan of technology. To make a good wine one

must do a lot of manual work and this will not change in the future.

Nevertheless we did acquire, in 2011, an optical sorting machine.

Since several plots of Merlot had been hit by hail just before the

harvest, it was essential to avoid introducing anything other than

perfectly healthy grapes into the fermenters. In this case, manual

operations would not have sufficed, and Meyney 2011 is now one of

my favourite vintages!

DR : « Dans ce domaine, j’ai peut-être personnellement un petit

problème de génération. Je ne suis pas très branché technique. Pour

faire un bon vin, il faut beaucoup travailler à la main, et ça ne devrait

pas changer à l’avenir. Néanmoins, nous avons acquis à l’automne

2011 un tri optique.

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Comme de nombreuses parcelles de Merlot avaient été grêlées avant

les vendanges, il était important de rentrer en cave uniquement des

raisins intacts et dans un parfait état sanitaire. Là, le travail manuel le

plus soigneux n’aurait pas été suffisant. Et le Meyney 2011 est devenu

un de mes millésimes préférés ! »

RG : Are there any other little secrets behind the new deal at Meyney?

RG : « Y a-t-il d’autres petits secrets de fabrication autour des nouveaux

Meyney ? »

DR : One could say that we used to make the same mistake as our

neighbours at Montrose: namely harvesting too soon. One of the

reasons was that we were afraid that rain would complicate matters.

One must find the right moment to harvest. If one picks too soon,

there will be a deficit of ripeness in the pips of the grapes, and hence

in the tannins. If one waits too long, the grapes will start to shrivel.

Nowadays, thanks to reduced yields and harvest dates that have

generally been pushed back, we have ripe tannins. This enables us to

work in the winery with higher temperatures during fermentation and

to obtain greater power in the wines through longer macerations. We

now are producing very good wines here at Meyney!

DR : « Peut-être qu’autrefois, nous faisions la même erreur que

Montrose : vendanger trop tôt. Entre autres par peur que la pluie

ne nous mette des bâtons dans les roues. Pour les vendanges, il faut

trouver le moment idéal. Si on est en avance, les tanins des pépins

manquent de maturité. Si on est en retard, les raisins commencent

à passeriller. Aujourd’hui, grâce aux rendements plus faibles et aux

vendanges généralement plus tardives, les tanins sont à maturité.

Cela nous permet aussi de travailler en cave avec des températures de

fermentation plus élevées, et d’obtenir davantage de puissance grâce

à des macérations plus longues. Aujourd’hui, le vin de Meyney est au

top ! »

32 33

A magnum from my own cellar that I took to the Château as a gesture

of exchange as it were. Hugo Mathis (see photo above) particularly

appreciated this wine, perhaps because he was born in 1955! The

colour was russet-red and of average intensity. The bouquet first

showed aromas in an earthy and metallic veine, then opening to

woodyn stem-lile nuances and some white pepper. It was surprisingly

lively on the palate at first, then, despite a touche of dryness, it

gradually softened and showed residual nuances of small red fruit,

of leather and of tobacco. This is not a concentrated wine, despite

showing a certain intensity on the nose. Of medium body, its residual

power lays with its tannic structure and a pleasantly aromatic finish.

It shows the aromatic complexity of a finely classical Saint Estèphe

and retains considerable presence. The magnum helped! 18/20, drink

fast.

Un magnum issu de ma cave privée, que j’avais rapporté au Château,

pour ainsi dire en contrepartie. Hugo Mathis (voir la photo ci-

contre) a particulièrement apprécié ce vin, 1955 étant son année de

naissance. Robe rouille moyennement soutenue. Le bouquet avance

tout d’abord une nuance terreuse-métallique évoluant vers des

arômes de rafle et de grains de poivre blanc. Surprenante vivacité.

Puis, malgré une certaine sécheresse, il gagne en douceur avec des

nuances résiduelles de petits fruits rouges, du cuir clair et du tabac

dominicain. Pas particulièrement concentré, mais toutefois intense

au nez. Matière moyennement charnue au palais, le muscle s’associe

avec ce qui reste de tanins, finale agréablement aromatique. Ce vin

présente les arômes d’un grand Saint-Estèphe classique, encore très

présent. Effet magnum ! 18/20, à boire rapidement.

MEYNEY 55’ T E S T I M O N I A L - T É M O I G NAG E

Doub le magnum o f Châ teau Meyney by René Gabr i e lDoub le magnum Châ teau Meyney 2003 pa r René Gabr i e l

Tes t imon ia l - Hugo Ma th i s - Magnum 1955Témo ignage - Hugo Math i s - Magnum 1955

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After our tasting we were invited to lunch. The

managing director, Thierry Budin, brought in

the best bottles to join us. I remained faithful

to the 1982 and the 2003 of which I later

quickly bought some on the market.

Après la dégustation, nous avons été invités à

déjeuner. Le directeur général, Thierry Budin,

a apporté les meilleures bouteilles à table. Je

m’en suis tenu aux millésimes 1982 et 2003,

que j’ai achetés sans attendre sur le marché.

LUNCH IS SERVED

Vineyard of 51 hectares. Soil composed of very deep

gravelly layers on a large clay base.

Production: 180,000 bottles of Meyney, 100,000

bottles of Prieur de Meyney.

Planting: 50% Cabernet Sauvignon, 35%

Merlot, 15% Petit Verdot.

Vignoble de 51 hectares. Sol composé de couches

graveleuses très profondes sur un large socle argileux.

Production : 180 000 bouteilles de Meyney, 100 000

bouteilles de Prieur de Meyney.

Plantation : 50 % Cabernet Sauvignon, 35 %

Merlot, 15 % Petit Verdot.

Château Meyney - Siège d’exploitation

Quai Antoine Ferchaud - BP23 - F - 33250 Pauillac

Téléphone : +33 (0) 5 56 59 00 40 - [email protected]

www.meyney.fr