une dÉfense de l'astrologie traditionnelle

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STAR WARS UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE Martien Hermes Traduit par Patricia Depasse

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Page 1: UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE

STAR WARS

UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE

Martien Hermes

Traduit par Patricia Depasse

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Star Wars

1

Table des matières Avant-propos ........................................................................................................................................... 3

Project Hindsight ................................................................................................................................. 5

Une expérience personnelle décisive .................................................................................................. 5

Mes excuses et mes raisons ................................................................................................................ 8

Introduction ........................................................................................................................................... 11

Dix objections à la primauté du psychologique en astrologie .............................................................. 14

1. En fait, l’astro-psychologie ne sert pas un but astrologique ..................................................... 14

2. L’astro-psychologie est de l’astrologie populaire, conçue pour une consommation de masse 14

3. L’astro-psychologie est ultra-simplifiée et bien trop générale ................................................. 14

4. L’astro-psychologie est techniquement inférieure à l’astrologie classique et son enseignement

est opaque ......................................................................................................................................... 15

5. L’astro-psychologie devient de plus en plus théorique............................................................. 15

6. L’astro-psychologie est devenue un « jeu de langage »............................................................ 16

7. L’astro-psychologie et l’astrologie New Age sont souvent une « doctrine du salut » .............. 16

8. L’astro-psychologie est « étrangère au monde » ...................................................................... 16

9. L’astro-psychologie n’est pas « prouvée » ou « éprouvée » ..................................................... 17

10. L’astro-psychologie dissimule son impuissance astrologique ............................................... 17

Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique - Partie I ............................................. 18

Martien Hermes ................................................................................................................................ 18

Introduction ....................................................................................................................................... 18

Lutte d’opinions ? .............................................................................................................................. 20

Bref survol des influences philosophiques les plus importantes en astrologie moderne ................ 22

Modernisation de l’astrologie : méconnaissance ............................................................................. 24

Psychologisation et thérapeutisation ................................................................................................ 27

Thérapeutisation de l’astrologue ...................................................................................................... 29

Astrologie jungienne : interprétation trop large des symboles astrologiques.................................. 30

Morin de Villefranche : différence entre théorie et pratique ........................................................... 33

Exemple d’interprétation erronée d’une planète ............................................................................. 35

Conclusion ......................................................................................................................................... 38

Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique - Partie II ............................................ 40

Martien Hermes ................................................................................................................................ 40

Introduction ....................................................................................................................................... 40

Deux représentations du monde ....................................................................................................... 42

Idéalisme subjectif ............................................................................................................................. 42

L’idéalisme objectif ............................................................................................................................ 42

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2

Astro-psychologie : idéalisme subjectif ............................................................................................. 43

Interprétation erronée de Jung ? ...................................................................................................... 46

Astrologie jungienne, un idéalisme subjectif .................................................................................... 47

Idéologie de la conscience et la séparation sujet-objet .................................................................... 49

Critique sociologique sur les idéologies de l’éveil de la conscience ................................................. 50

Tabula rasa ........................................................................................................................................ 51

Conclusion ......................................................................................................................................... 52

Postface ............................................................................................................................................. 54

Documentation .................................................................................................................................. 54

Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique - Partie III ........................................... 56

Introduction ....................................................................................................................................... 56

Fatalisme psycho-ésotérique ............................................................................................................ 57

Vieux machins : le libre-arbitre ......................................................................................................... 58

Victime de l’idéologie de la conscience et du credo : astrologie horaire, mondiale et prédictive ... 60

Conclusion : plaidoyer pour une doctrine astrologique déterministe .............................................. 63

Postface ............................................................................................................................................. 64

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Avant-propos

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »

Marcel Proust

« Si tout commence par une raison, alors je demande à l’astrologue moderne : pour quelle raison profonde l’astrologie classique

redresse-t-elle la tête maintenant ? » Martien Hermes

Pour vous, voici un ensemble de trois articles que j’ai rédigés il y a 21 ans, au

moment où, au beau milieu de ma carrière astrologique, j’ai commencé à

ressentir l’impact de l’astrologie classique.

Dans le courant de l’année 1998, j’ai concrétisé mon intention de publier un

périodique d’astrologie, consacré à la pratique de l’astrologie traditionnelle.

Anima Astrologiae devait devenir un contrepoids à l’astrologie de plus en plus

biaisée, à mes yeux, en faveur de l’astrologie d’orientation psychologique-

évolutionniste, qui se faisait jour dans la littérature astrologique. Ce faisant, elle

devenait de plus en plus superficielle, c.-à-d. du point de vue de la discipline

professionnelle.

Mais ce n’était pas venu tout seul.

Mon intérêt pour l’astrologie classique a commencé de façon tout à fait

innocente. Un de mes étudiants m’a donné un ancien manuel d’astrologie

horaire, en anglais, d’un certain Zadkiel : Introduction to Astrology (1835). Par

après, il m’est apparu que c’était une réédition du Christian Astrology de William

Lilly. Je ne l’avais pas remarqué tout de suite, parce qu’on utilisait Uranus aussi

dans les interprétations.

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4

À cette époque, ce devait être vers 1991, j’étais un astrologue moderne,

spécialisé en psychologie, d’orientation jungienne, pratiquant et enseignant.

Complètement immergé dans les idées astrologiques courantes, l’orientation et

le savoir de l’époque. J’avais aussi fait connaissance avec l’astrologie horaire,

telle qu’elle était communément pratiquée dans sa version moderne, mais je

n’avais encore jamais rien lu comme les interprétations décrites dans cet

opuscule. La méthode plus claire et plus méthodique, la terminologie, la

pondération des significateurs, les conclusions logiques qu’on en tirait à partir

de ces fondements ; c’était pour moi une astrologie et une terminologie

complètement inconnues. Alors que j’avais quand même près de dix ans

d’étude intensive au compteur.

L’exemple de Lilly, que j’ai lu dans ce petit livre, je l’ai déjà évoqué souvent par

la suite, c’est celui de son thème horaire sur une commande de poisson, dont il

semblait qu’elle avait été volée. À partir de ce thème horaire, Lilly détermina où

le voleur habitait, de quoi il avait l’air, où il trouverait son bien volé etc., pour

par la suite, requérir un agent et prendre l’affaire en main !

Quand j’ai lu ceci, j’ai éclaté de rire. Jamais encore je n’avais entendu parler d’un

astrologue qui – carrément – menait à la baguette un agent de police pour aller

rechercher son bien volé et arrêter le malfaiteur. Et cela sur base seulement

d’une question horaire ! Terrible. Jusqu’à cette époque, je ne connaissais

vraiment l’astrologie que comme un instrument symbolique qui pouvait

indiquer et suggérer des choses – assez vagues, mais non prédire aussi

nettement, comme Lilly l’avait fait et exposé.

Lilly retrouva et son poisson et son voleur à l’endroit qu’il avait prédit sur base

du thème horaire. Ce qui restait de son poisson se trouvait dans le – mauvais –

état qu’il avait également prédit, là aussi sur base de ce même thème horaire.

Notez que si Lilly avait dressé son thème horaire et n’avait rien fait, sans aucun

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5

doute aurait-il pu constater beaucoup de choses très intéressantes, mais il ne se

serait rien passé, et on n’aurait rien pu vérifier non plus. Il n’aurait pu retrouver

la commande de poisson qu’on lui avait volée.

Mon intérêt pour l’astrologie classique s’était éveillé.

Project Hindsight

En 1994 ou 1995, je me suis abonné au Greek Track de Project Hindsight, qui

publiait une série de traductions de textes d’astrologie grecque.

Très intéressants en général, surtout avec l’œuvre de Vettius Valens que j’ai

trouvée très intriguante, parce qu’elle décrivait nombre de techniques nouvelles

dont je n’avais jamais entendu parler (et je suppose que je n’étais pas le seul), et

qu’il illustrait le tout avec de nombreux exemples.

Voilà que je faisais une fois de plus connaissance avec une astrologie qui (m’)

était complètement inconnue jusqu’alors.

Une expérience personnelle décisive

Ce que j’ai lu sur l’astrologie classique, je l’ai trouvé très intéressant, mais cela

n’occupait pas grand’ place dans ma pratique astrologique.

L’impact de l’astrologie classique est devenu véritablement énorme après

certain événement survenu dans ma vie.

Je vais l’illustrer à l’aide d’une Question.

Page 7: UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE

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6

D’un point de vue

général, on peut dire

que les perspectives en

matière d’enfants,

d’après ces seules

données, sont

raisonnablement

positives. La bénéfique

Vénus, comme Maître

de 5, dans son propre

domicile du Taureau,

en Maison 11, tout ceci

dans l’ensemble est bel

et bien. Une belle promesse et de belles perspectives pour la descendance.

Sur base de ces

données seulement,

les perspectives en

matière d’enfants sont

moins positives, voire

même délicates. La

maléfique, Mars,

Maître de 5, en Maison

12, d’un point de vue

général, c’est

désagréable et

déplaisant.

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7

Eh bien, c’est mon thème natal. La première carte est représentée en

domification Placidus, la seconde en maisons par signes entiers, comme on le

fait en astrologie grecque, où chaque signe est aussi une maison, donc sans

cuspide.

Dans mon cas, cette dernière semblait cadrer bien davantage avec moi-même et

avec ma vie, plutôt que l’optimiste version en Placidus. Vers 1993-1994, il devint

lentement mais clairement évident qu’il y avait un problème chez ma fille aînée.

Au début, j’ai encore attribué cela à mes capacités pédagogiques limitées, mais

on aurait dit qu’il s’agissait d’un problème chronique, congénital.

Ma fille est née avec un léger déficit cognitif, qui eut en réalité, de grandes

répercussions sur son développement social et affectif. Après mon divorce, j’ai

voulu qu’elle reste avec moi, mais là ce fut un long et lent, et épuisant,

cheminement pour trouver ce qui se passait exactement, elle avait pas mal de

problèmes comportementaux – et des troubles alimentaires - à la maison ; ce fut

un long défilé dans les services d’assistance, ce qui finalement aboutit à ce que

– après un placement en situation de crise – à treize ans, elle parte habiter dans

une communauté.

Les problèmes culminèrent en 1998, jusqu’au moment où, pour la première fois,

on se mit en quête d’un possible diagnostic. Et ce fut le début d’une grosse crise

et d’une rupture dans mes relations avec l’astrologie.

À côté du choc causé par tout ce qui se passait avec ma fille, naturellement,

j’étais aussi désagréablement surpris par le fait que – dans mon thème moderne

– je ne parvenais pas à voir pourquoi ceci arrivait à ma fille. Qu’est-ce qui, dans

mon thème natal, montrait que ma fille souffrait de quelque chose, qu’elle était

née avec un handicap ? Je n’en avais aucune idée, je ne savais pas comment

mettre le doigt dessus dans mon radix. Et aucun de mes collègues, qui

connaissaient mon thème natal, ne m’avait jamais rien montré ni mis en garde

à ce sujet.

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C’est à ce moment que l’astro-psychologie fit le plongeon, pour moi. Elle avait

perdu ma confiance. Si on ne peut pas repérer dans un thème natal un

événement aussi dramatique dans la vie de quelqu’un, que peut-on en faire ? À

quoi sert-elle ? Comme je l’ai dit à l’époque : je n’ai pas d’ange sur mon épaule

pour me chuchoter « maintenant, il faut dire ceci à ton client, maintenant tu dois

montrer cela », etc. Ainsi donc ai-je besoin d’un instrument qui m’informe

objectivement sur la personne qui est assise en face de moi, qui me dise à quoi

sa vie ressemble, ce qui va bien et ce qui ne va pas.

Cette déception me conduisit au point où j’allais dire adieu à l’astrologie et

laisser tomber. Et passé la crise de la quarantaine, l’astrologie classique eut l’air

d’avoir bien plus à me donner.

Par la suite, j’ai entendu, et j’ai lu des récits d’autres astrologues, qui avaient

connu des expériences semblables : constatant des failles dans l’astrologie

moderne, ils avaient plongé dans les profondeurs de l’histoire de l’astrologie

pour découvrir, par la suite, une autre astrologie.

Mes excuses et mes raisons

En proie aux émotions, à la colère et aux frustrations à cause de cet échec – à

mes yeux – de l’astrologie, que j’avais étudiée avec tant de passion, j’ai voulu

plus ou moins dénoncer cette astrologie en tant qu’institution. À l’évidence,

l’astrologie classique était communément condamnée comme stupidement

fataliste, et la variante moderne avouait presque son ascension poussive vers

Dieu, la spiritualité ou la réduction au psychologique : j’étais frappé en plein

cœur. Souvent aux mains de gens qui n’avaient aucune connaissance des

véritables racines de leur astrologie. Sans parler de la méthodologie.

Je présente donc mes excuses pour avoir été peut-être un peu trop vif, trop

emporté ou trop entier. Et cela se comprend du « besoin spirituel » de l’auteur

à cette époque, pour les raisons qui précèdent.

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Mais mes raisons pour ces textes polémiques apparaîtront clairement à la

lecture des arguments développés dans les articles eux-mêmes. Pour nombre

d’entre eux, je n’ai pas changé d’avis ; pour d’autres, c’est moins net.

Je suis très reconnaissant à Patricia Depasse, qui a traduit ces articles, car j’ai

appris de diverses sources que l’astrologie moderne psychologique et

évolutionniste francophone était encore si dominante qu’on aperçoit à grand

peine l’approche plus classique, et bien souvent elle est peu considérée pour les

motifs que j’ai développés dans ce plaidoyer et que – je l’espère – j’ai réfutés.

Toutefois, le temps non seulement guérit les blessures, mais mène aussi à des

conceptions plus nuancées. Depuis 1998, on a terriblement progressé dans le

domaine de l’astrologie classique. Des textes, des livres et des traités de toutes

les périodes de l’histoire de l’astrologie sont depuis lors disponibles. Mon

affirmation sur « la méconnaissance des sources anciennes » n’est plus valable

depuis longtemps, du moins si on veut bien les prendre en compte. Nous en

savons plus sur cette astrologie classique que jamais dans l’histoire moderne,

un processus encore à ses débuts en 1998.

Néanmoins, on dirait que les divers courants sont encore souvent antagonistes

et se bombardent mutuellement avec - toujours – les mêmes arguments.

En ce sens, certains de mes propos sont donc devenus obsolètes, mais

entretemps, j’ai beaucoup appris – et j’ai nuancé – mon avis sur l’astrologie

classique et moderne. Certaines remarques sur l’astrologie classique et moderne

que j’ai formulées ici ne semblent plus justifiables. Même Morin de Villefranche,

l’astrologue dont j’ai développé l’approche pour plaider en faveur d’une

doctrine de la détermination, ne résiste pas à la critique pour ses propres

conceptions non fondées, sur l’astrologie que lui voulait combattre. Par ailleurs,

sa doctrine de la détermination demeure correcte et parfaitement valable

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comme approche particulièrement pratique de l’interprétation du thème. Une

recommandation pour tout astrologue qui veut se former dans l’interprétation.

Ces articles de l’époque n’étaient nullement destinés à décourager l’astro-

psychologue de poursuivre sa pratique de la psychologie, et mon intention n’est

pas davantage de nier le droit à l’existence de l’astro-psychologie. Il est un fait

que l’astrologie demeure une forme d’assistance particulièrement précieuse en

tout ce qui relève du conseil, notamment psychologique.

Malgré ces excuses ou raisons, j’ai conservé le ton originel de l’argumentation.

La flamme de l’indignation a aiguisé ma plume d’une manière que j’ai rarement

connue par la suite.

Je tiens à remercier Patricia Depasse, non seulement pour son excellente

traduction, mais aussi pour sa contribution.

Je souhaite que le lecteur prenne beaucoup de plaisir à cette lecture, et peut-être

aussi... beaucoup de patience.

Martien Hermes

Zeist

1er février 2021

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Introduction

« Errors, like straws, upon the surface flow.

He would search for pearls must dive below1.”

Dryden

“... the difference between archetype and stereotype is easy to

miss2.”

James Hillman quoted by Maggie Hyde in “Jung and Astrology”.

Dans le courant de l’année 1998, j’ai commencé à concrétiser mon intention de publier

un périodique d’astrologie, consacré à la pratique de l’astrologie traditionnelle. Anima

Astrologiae devait devenir un contrepoids à la littérature astrologique de plus en plus

psychologisante, qui de mon avis personnel, était de plus en plus superficielle, c.-à-d.

du point de vue de la discipline.

J’ai de bonnes raisons pour un jugement peut-être un peu incisif. Depuis que

j’étudie l’astrologie classique, je suis surpris de voir à quel point les astrologues

modernes ont peu de connaissances, mais surtout peu d’intérêt, pour leur histoire, leur

tradition et l’approche classique. En particulier, avec l’afflux de sources disponibles

par les traductions, les différences (parfois énormes) entre les méthodes classique et

traditionnelle, m’ont laissé de plus en plus pantois. Ajoutons à cela la remarquable

facilité avec laquelle on taxait l’astrologie classique de fataliste, primitive et sans

nuance, ce qui tenait plus à une méconnaissance du sujet qu’à une véritable expérience.

Je me suis mis à la recherche de possibles raisons à ce désintérêt, ce manque

de connaissance et de pratique. Celles-ci proviennent d’un ensemble de facteurs, dont

deux sont sans doute les plus décisifs. Tout d’abord, il y a la raison historique : après

le XVIIe siècle, le statut de l’astrologie s’est dégradé, passant du rang de science

sérieuse à celui de superstition obscure, à laquelle les gens sensés et rationnels ne

1 Les erreurs, comme la paille, flottent en surface. Qui veut chercher des perles doit plonger dessous. 2 Il est facile de manquer la différence entre archétype et stéréotype.

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s’intéressaient pas, ou ne voulaient pas s’intéresser. Le XVIIe siècle marque une

fracture radicale dans l’histoire de l’astrologie. À dater de cette époque, sa pratique a

été ignorée de façon plus ou moins systématique (on ne lisait tout simplement plus les

astrologues classiques, alors même que leurs œuvres étaient bien disponibles). Ce qui

fut transmis à l’époque, de l’astrologie du XIIe au XVIIIe siècle, on le doit à John

Partridge, le dernier auteur du XVIIe. Ensuite, elle fut censurée et réécrite pour mieux

rencontrer les attentes d’un public plus scientifique.

La seconde raison, très fondamentale, à la méconnaissance de l’astrologie

(classique) à l’époque des modernes, est liée à la primauté du psychologique en

astrologie. C’est cette opinion surtout que j’ai exprimée dans un trio d’articles, qui

parurent dans les numéros d’avril-juillet et octobre, d’Anima Astrologiae, 1e année

d’édition, 1998. Dans ces trois articles, j’ai tenté de formuler méthodiquement les

objections à l’influence du psychologique en astrologie.

Le premier article énonce, au sens général, les objections au fait que l’astrologie

n’est devenue qu’un accessoire du but psychologique de l’astrologie moderne. Le

second article expose les côtés les plus problématiques de l’astrologie, idéologie de la

conscience. Le troisième parle de problèmes venant de ce que l’astrologie prend

souvent la forme d’une doctrine du salut. Ces articles forment la première partie de ce

syllabus.

Il y a bien eu quelques réactions à ces articles. C’était tout ce que je demandais,

et c’est toujours tout ce que je demande. Mon estimée collègue, Threes Brouwers, m’a

invité/mis au défi de débattre de l’astrologie classique, sous l’intitulé : Astrologie

classique, un bond en avant ou un retour à la case départ ? Ce débat devait avoir lieu en

novembre 1998, mais au dernier moment, il ne se fit pas car j’ai eu l’occasion inopinée

de me rendre au congrès d’astrologie traditionnelle, à Washington. Il était convenu

que Threes ainsi que moi-même, nous introduirions le débat en exposant nos thèses.

Celle que je formulai, prit une forme un peu différente des trois articles parus dans

Anima Astrologiae. Cela devint finalement un article, que j’ai aussi traduit en anglais,

sous le titre Psychological astrology, a 20th century invention. The reconstruction of

traditional astrology. Les nombreux arguments que j’ai pu formuler, je les dois aux deux

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débats avec Threes, ce pour quoi je lui suis profondément reconnaissant, car sans sa

critique et son feed-back, et parfois nos échanges étaient vifs, ces points de vue

n’auraient pas pu être mis au net de cette manière.

Le débat en question eut lieu finalement à deux reprises ; en janvier 1999, à

den Bosch, et en avril 1999, à Nimègue. Entretemps, mon sentiment sur les effets du

psychologique avait pris la forme d’un fascicule que j’ai distribué lors des deux débats.

C’est celui-ci, intitulé Dix objections contre la domination du psychologique en astrologie que

j’ai adjoint à ce texte.

Les articles de Anima Astrologiae n’étaient nullement destinés à entraver la

pratique de l’astro-psychologie, et ce fascicule ne veut pas davantage nier le droit à

l’existence de l’astro-psychologie. Il est un fait que l’astrologie demeure une forme

d’assistance particulièrement précieuse en tout ce qui relève du conseil.

Hélas, on utilisa Dix objections contre la domination du psychologique en astrologie

pour suggérer que je lançais un genre de chasse aux sorcières à l’encontre de l’astro-

psychologie. Même si je dois admettre que, parfois, mes arguments suscitaient cette

impression, mon seul but était, et est toujours, d’expliquer clairement à l’astrologue

moderne que pour des raisons techniques, l’astrologie ne se prête pas à une utilisation

trop simplifiée, à visée uniquement psychologique. Mettons les choses au clair : j’ai

l’expérience d’une pratique de l’astro-psychologie (jungienne), ce qui ne m’empêche

pas de poser un regard critique sur l’astro-psychologie, et par l’étude de l’astrologie

classique, j’ai découvert qu’il existe des partis-pris méthodologiques en astrologie

moderne. Ces partis-pris, je les ai formulés dans les dix objections en question. Elles ne

sont pas du tout destinées à jeter le discrédit sur l’astro-psychologie pour autant, mais

pour dénoncer où se trouvent les points faibles dans la méthodologie de l’astro-

psychologie, ou du moins ce qui passe pour tel. Une évaluation critique et une

discussion sur ces points faibles ne peuvent qu’aider à les éliminer, de sorte que

l’astrologie puisse être cohérente avec elle-même dans sa pratique.

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Dix objections à la primauté du psychologique en astrologie

1. En fait, l’astro-psychologie ne sert pas un but astrologique

L’astro-psychologie définit unilatéralement le contenu du savoir astrologique.

La science auxiliaire (la psychologie) prescrit comment et pour quoi il faudrait

utiliser l’astrologie. L’astrologie est remplacée, et mesurée à l’aune d’une chose

qui n’est pas astrologique. L’astrologie – en tant que discipline – joue dès lors

toujours le rôle de second violon en astro-psychologie. C’est une conséquence de

la position dominante de celle-ci en astrologie, aux Pays-Bas et à l’international.

L’astrologie classique par contre, était une science académique, c.-à-d. une

discipline, un art, avec des méthodes et des principes spécifiques,

astrologiquement testables et astrologiquement vérifiables.

2. L’astro-psychologie est de l’astrologie populaire, conçue pour une

consommation de masse

L’application des théories psychologiques à l’astrologie conduit – et conduira –

à une simplification de plus en plus poussée, jusqu’à l’excès, à une mystification

et une vulgarisation de l’astrologie. C’est une conséquence de ses objectifs non-

astrologiques. La technique jungienne de l’amplification, par exemple, signifie

un élargissement radical et une généralisation de la symbolique

astrologiques ; le spécifique en est de plus en plus absent. Du coup, le côté

scientifique est de moins en moins représenté. En revanche, l’astrologie

classique recherche justement ce qu’il y a de plus spécifique dans les symboles

astrologiques, ce qu’ils peuvent représenter dans ce thème et ce thème-ci

seulement, et non pas ce qu’ils signifient en général, ou pour tout le monde.

3. L’astro-psychologie est ultra-simplifiée et bien trop générale

La primauté de la psychologie a conduit à des limitations radicales, des

changements intérieurs et un nivellement du savoir et de la méthodologie.

L’horoscope tout entier est réduit à quelque chose de psychique, chaque

symptôme psychologique est censé se refléter à travers le thème tout entier.

Méthodologiquement, bien souvent du coup, on ne sait plus comment

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chercher certains faits précis de la vie du natif, bien concrets, dans le radix.

Symboliquement, certaines interprétations sont littéralement fausses, par

exemple, pour la Maison 5 et le fonctionnement des aspects. Tout ceci est – entre

autres – une conséquence d’une recherche insuffisante des sources en astro-

psychologie et en astrologie moderne.

En revanche, l’astrologie classique est très précise et est à même d’interpréter

des faits concrets, en se prévalant d’une tradition qui a plus de 2000 ans. L’astro-

psychologie a tout au plus 100 ans.

4. L’astro-psychologie est techniquement inférieure à l’astrologie classique et

son enseignement est opaque

Dans la littérature astro-psychologique, on mentionne très peu de pratique, on

fait beaucoup de théorisation, on philosophe et on verbalise beaucoup. Mais

ceci se produit purement sur une base psycho-théorique et ne vise pas un but

scientifique astrologique, ni une méthodologie précise d’interprétation. C’est

déroutant pour des étudiants, qui en fait n’apprennent pas d’astrologie. Les

astrologues deviennent de moins en moins compétents. C’est une conséquence de

la surpondération de la théorie vis-à-vis de la méthodologie en astro-psychologie,

et de l’abandon de sa tradition. Pour citer Robert Zoller sur l’astrologie

classique : « l’astrologie classique était une science plus exigeante... »

5. L’astro-psychologie devient de plus en plus théorique

L’impuissance de l’astro-psychologie à gérer la réalité concrète dans son

astrologie, mène à ce que des phénomènes, qu’on ne peut expliquer sur base de

cette astrologie, reçoivent une explication extra-astrologique. Et c’est ici que se

crée une hyper-théorisation qui – une fois encore – s’appuie sur un fondement

psychologique, et donc ne sert pas un but astrologique. La théorie

psychologique est devenue environ quatre fois plus abondante que la théorie

astrologique. C’est une conséquence de son objectif : la psychologie/thérapie. En

revanche, l’astrologie classique est bien plus pratique, réaliste et – surtout –

plus astrologique dans sa méthodologie.

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6. L’astro-psychologie est devenue un « jeu de langage »

Avec tout ceci, l’astro-psychologie devient de plus en plus verbale, un jeu de

langage complexe. On laisse de côté les techniques et les méthodes

astrologiques, ou on les accepte justement, sur base de leur capacité à exprimer

de la théorie psychologique (cf. par exemple la théorisation sans fin sur

l’inconjoint et le Jod). En ce sens, l’astro-psychologie ne sera sans doute jamais

en mesure d’effectuer des recherches astrologiques objectives ou de les

évaluer. Grâce à ce jeu de langage, les étudiants peuvent – s’ils sont bien

entraînés ou s’ils sont doués dans les techniques d’interview – lancer une bonne

petite activité de consultation dès leur première année d’études ; et même des

horoscopes erronés peuvent donner de « bonnes » consultations.

7. L’astro-psychologie et l’astrologie New Age sont souvent une « doctrine du

salut »

L’horoscopie est réduite purement et simplement à des buts psychologiques ou

spirituels : expansion de la conscience, individuation, intégration des

archétypes, etc. Seul le psychologique ou le spirituel a une place dans cette

astrologie ; « le monde », pas. Ceci mène à un parti-pris en astro-psychologie.

L’astrologie classique peut servir davantage de buts, même matériels ou

commerciaux, et pour ça, elle a l’expertise pour elle.

8. L’astro-psychologie est « étrangère au monde »

Le monde n’est qu’une « réflexion » ou une « projection » de notre

inconscient dans cette astrologie, et en ce sens guère plus qu’un prolongement

de l’individu, et non pas une entité qui existe par elle-même. C’est une

conséquence de sa philosophie et de sa représentation de l’humain. Ici, il n’y a plus de

place pour l’autre, en tant que créature objective, ou pour le monde, en tant que

facteur influençant et fonctionnant indépendamment de l’individu. Nombre de

techniques astrologiques classiques, plus concrètes - comme l’astrologie horaire

par exemple, et l’astrologie mondiale – s’en retrouvent marginalisées.

Page 18: UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE

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17

9. L’astro-psychologie n’est pas « prouvée » ou « éprouvée »

Les notions psychologiques les plus importantes n’ont pas de place absolue

dans la symbolique du thème. Leurs attributions sont trop dépendantes de

l’opinion personnelle et de l’interprétation de l’astrologue. Ceci ne produit ni

consensus, ni base objective – ou mesurable - pour une méthodologie

astrologique efficiente. Par exemple, concrètement, on ne peut désigner les

archétypes nulle part dans le thème, donc on ne peut non plus, en

conséquence, les évaluer astrologiquement, ni les interpréter astrologiquement

dans leur signification spécifique et leur fonctionnement spécifique pour

l’individu, tels qu’ils sont symbolisés dans le thème de la personne. L’astrologie

classique situe toujours des indicateurs spécifiques.

10. L’astro-psychologie dissimule son impuissance astrologique

L’impuissance de l’astro-psychologie à interpréter (ou à le vouloir)

astrologiquement des faits (biographiques), ou à pronostiquer des tendances

dans un thème, se dissimule sous la rhétorique et des pseudo-arguments sur

« le Libre-Arbitre », qui doivent masquer cette impuissance, l’expliquer ou

même la légitimer. Ces arguments semblent donner à cette astrologie une aura

d’authenticité et de modernité, mais en réalité, ce sont des arguments anti-

astrologiques, qui vont aussi masquer la méthodologie de l’astrologie dans un

futur plus lointain.

C’est pourquoi l’étude de l’astrologie classique est un bond en avant,

non pas un « retour à la case départ » !

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Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique

Partie I Martien Hermes

« Wie niet beweegt, voelt ook zijn boeien niet3 »

Fons Jansen

L’astrologie moderne est fortement influencée – et déformée – par les philosophies

psychologiques, ésotériques et New Age qui ont propagé l’astrologie lors du siècle

précédent, et l’ont vulgarisée. Ce qui a conduit à une réécriture, et une limitation,

des domaines de l’astrologie et à une simplification du savoir astrologique, car elle

ne semblait plus n’avoir qu’un but unique : l’éveil de la conscience, l’expansion de

la conscience. Après une critique de l’influence de ces visions humaines sur

l’astrologie, voici un plaidoyer pour la réintroduction d’une doctrine claire et

qualifiante de la détermination ; d’une part, pour remettre en honneur un savoir

astrologique, de l’autre pour faire contre-poids à des méthodologies d’interprétation

bien trop vagues, intuitives et subjectives. La doctrine de l’interprétation de Morin

de Villefranche est un bon exemple de cette doctrine de la détermination.

Introduction

« Depuis novembre 1995, Pluton est entré dans le signe du Sagittaire, et cela signifie que tout

ce qui a trait aux théories et aux opinions est sur la mauvaise pente. Cela devient un jeu de

massacre dans le système de pensée de chaque culture... je prédis aussi en astrologie une

gigantesque lutte d’opinions, car l’influence du transpersonnel va devenir sujet de dispute...

L’astrologie ordinaire, courante, doit combler les vides des points dont nous parlons

maintenant. (Avec ces « points », cet astrologue veut parler de la Lune Noire, introduite

aux Pays-Bas par George Bode, et du Soleil Noir, et ensuite des nœuds lunaires, de la

Nouvelle Lune progressée, etc.- M.H.)

L’Astrologie Ordinaire, mais qu’est-ce qui est ordinaire pour vous ?

3 Qui ne bouge pas ne ressent pas non plus ses entraves

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« L’astrologie traditionnelle qui, lors de son analyse, considère le Soleil, la Lune et l’AS comme

la hiérarchie la plus élevée du thème et qui ne peut interpréter les « luminaires » karmiques,

comme on les appelle : les nœuds lunaires, le Soleil Noir et la Lune Noire. »

Quel avantage ?

« Une vision plus claire dans votre recherche personnelle du sens de la vie. Que vous puissiez

comprendre pourquoi vous êtes venu ici sur terre et avec quelles qualités vous pouvez donner

forme à votre « mission ». C’est alors qu’on donne au vécu un cadre spirituel ! »

Cette citation (Bres4) illustre le point de départ de cet article et ma motivation à lancer

un périodique du savoir astrologique traditionnel (c’était un article rédigé pour le

premier numéro de Anima Astrologiae, entièrement consacré à l’astrologie classique). Il

est vrai que c’est une belle image de la lutte d’opinions qui s’annonce. Cette lutte se

fera entre partisans du maintien et de la réintégration des méthodes astrologiques

classiques et les partisans de l’astrologie du sens. Dans cette citation, la critique de

l’astrologie contemporaine porte sur les points suivants, qui illustrent le jargon

moderne du sens :

1. On sous-entend que seraient nécessaires toutes sortes de points astronomiques

obscurs, constituant une « hiérarchie supérieure » à celle du Soleil, de la Lune

et de l’AS, qui donc vraisemblablement représenteraient « l’astrologie

ordinaire ».

2. Cette nécessité repose sur une vision de l’humain, un argument philosophique,

et bien moins sur un argument astrologique (Quel avantage ? ... Une vision plus

claire dans votre recherche personnelle du sens de la vie. Que vous puissiez comprendre

pourquoi vous êtes venu ici sur terre et avec quelles qualités vous pouvez donner forme

à votre « mission ». C’est alors qu’on donne au vécu un cadre spirituel ! et plus loin :

... Nous devrons apprendre à nous abandonner à quelque chose de plus grand que notre

petit esprit...) Cette forme de raisonnement est devenue typique de l’astrologie

moderne.

4 Tiré de BRES, avril-mai 1997. Article de Peter Harding sur l’astrologue Jan C. Bartelsman, sous le titre Transpersoonlijke astrologie

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3. Il est sous-entendu implicitement et avancé explicitement que la tradition

astrologique ne cadre plus bien avec l’époque actuelle. On suggère que

l’astrologie traditionnelle n’est plus équipée pour l’époque contemporaine – et

pour la représentation de l’humain, car elle emploierait des techniques

d’interprétation qui ne sont pas de notre époque ou des interprétations

symboliques obsolètes.

Le but n’est assurément pas de minimiser les nouveaux luminaires en question, à

la manière dont ils ont été introduits par George Bode, entre autres, aux Pays-Bas, ou

de les exclure de l’astrologie, mais il n’est tout simplement pas naturel que l’astrologie

n’ait de sens que si elle se réfère à une réalité transpersonnelle, ou s’il faut absolument

la remplir de théories venant d’un bord karmique ou ésotérique. L’appel à ajouter le

transpersonnel à l’astrologie est le énième stade dans le retrait de plus en plus poussé

de l’astrologie, hors du monde. L’astrologie semble de moins en moins concernée par

la réalité quotidienne et de plus en plus par l’occulte, le subjectif, et donc en fait moins

portée à mener des recherches objectives sur l’intérieur de l’humain.

C’est ici que se crée la fracture avec la tradition astrologique, qui d’une part dédiait

son analyse du thème (et même avec un peu de parti-pris) à la réalité des faits dans

l’existence humaine, et de l’autre, se basait sur une méthodologie de l’interprétation

plus forte.

NB le terme astrologie classique est très vaste. Dans ce magazine, on veut surtout

parler de la Renaissance, du XVIIe siècle, où ont vécu et travaillé une foule

d’astrologues importants, parmi lesquels Lilly, Coley, Gadbury, Partridge, Culpepper

et Morin de Villefranche. Tous ces auteurs nous ont légué un matériel précieux et

authentique. Maintenant, (écrit en 2007), je me consacre plus volontiers à des matières

encore plus anciennes, l’astrologie hellénistique et arabe des débuts.

Lutte d’opinions ?

Les arguments en faveur de cette lutte d’opinions annoncée dans cette citation

concerneront le fait que l’astrologie – du sens, pour son explication du destin d’un

individu – ira en fait encore plus loin pour se distancier du monde, et qu’elle basera

son droit à l’existence et sa praxis sur des processus psychiques encore plus profonds

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(ou plus élevés), ou des « réalités », et qu’elle se légitimera uniquement sur base du

subjectif et de l’intériorité de l’individu, et ceci désigne clairement un usage intensif de

l’astrologie comme représentatrice d’autre chose, de préférence de plus « élevé » ou de

plus noble que l’astrologie ou la vie elle-même. Le problème ici, c’est que la subjectivité

de l’humain n’est pas une mesure valable ou adéquate pour une théorie astrologique

ou psychologique. Finalement, cette astrologie du sens se dirigera encore davantage

vers des explications encore plus exotiques, encore plus karmiques, des symboles

astrologiques et de leur signification supposée dans la vie humaine. Chose qui s’est

déjà produite avec les concepts karmiques des nœuds lunaires et de la Pars. Le

contraste entre les concepts classiques et les interprétations classiques de ces points, et

les actuels, est si grand qu’on peut parler d’une interprétation complètement nouvelle.

En outre, l’astrologie du sens voudra élargir davantage encore la symbolique

astrologique existante, avec des facteurs astrologiques hypothétiques, pour soutenir

ces idées karmiques ou toute autre philosophie au choix, ou alors elle réinterprètera la

symbolique astrologique existante. Ce dernier point, nous pouvons déjà le percevoir

dans le fait que des planètes mystérieuses semblent de plus en plus jouer le rôle

principal dans les interprétations modernes. Leurs effets (parfois) spectaculaires sont

souvent exagérément mis en lumière, aux dépens de facteurs radicaux plus

« ordinaires » (traduire : traditionnels). Par les transits, par exemple, elles jouent de

nos jours le rôle principal.

Un exemple extrême d’une construction de facteurs astrologiques : l’emploi de

planètes ou de points hypothétiques du radix. Au nom de l’exhaustivité d’une théorie

ou d’une hypothèse philosophique, on suppose ou on imagine une foule de facteurs

astrologiques qu’on héberge dans des éphémérides – tout aussi hypothétiques – et

qu’on charge de significations (bien souvent ésotériques-karmiques) en vue de

l’interprétation.

Le problème, ici, c’est que ces interprétations ne peuvent bien souvent se

comprendre qu’au sein des concepts ou de la philosophie en question, et qu’elles sont

rarement, voire jamais, basées sur l’unique pratique testable (l’astrologique). C’est

seulement après avoir été intronisé dans le courant de pensée en question que le

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contenu et la logique en deviennent limpides, et que l’usage astrologique en est

légitimé. Et encore une fois, qu’un client soit d’accord avec une interprétation de ce

genre ne constitue pas une preuve de la justesse de cette opinion, ni non plus de la

justesse de cette forme d’astrologie (on en dira un peu plus par après).

Ce cours des choses affaiblit fortement la base empirique de l’astrologie

moderne et la réduit à un méli-mélo de méthodes opaques. C’est tout à l’opposé de

l’éducation pratique en astrologie classique. Là, on mesure des règles d’interprétation,

existantes et supposées, à l’aune de la pratique et non de la théorie.

Tout ceci ne poserait pas problème et serait bien innocent, si cette astrologie du

sens ne s’était rendue maître de toute l’astrologie (aux Pays-Bas). Cela va si loin que la

majorité des astrologues semblent baser leur pratique sur deux piliers seulement.

D’une part, la psychologie (jungienne) ; de l’autre, une philosophie ésotérique,

spirituelle. C’est devenu l’astrologie « tendance » actuellement, au point de vue

mondial, et assurément aussi aux Pays-Bas. C’est ce qu’on voit clairement dans les

critiques de livres qui paraissent pour le moment dans les périodiques astrologiques

(en néerlandais). Environ 10% parlent de littérature astrologique, les 90% restants

parlent d’ésotérisme. La racine de cette psychologisation de l’astrologie se trouvent

dans l’histoire de l’astrologie moderne (néerlandaise), qui est de plus en plus

interconnectée avec les philosophies qui ont fait la promotion de l’astrologie et l’ont

vulgarisée, et ensuite l’ont utilisée plus ou moins comme preuve de leurs hypothèses.

Bref survol des influences philosophiques les plus importantes en astrologie

moderne

Le XXe siècle, c’est celui où l’astrologie, discipline professionnelle et savoir

astrologique, a été modifiée radicalement pour la première fois, sous l’influence de la

philosophie ou de la vision pour laquelle elle a été employée. Voici une brève revue

de ces influences.

Au début de ce siècle, l’astrologie connut une renaissance, au niveau national et

international, par le mouvement théosophiste. Celui-ci non seulement insuffla à

l’astrologie une nouvelle vie, mais il l’utilisa aussi comme un véhicule intéressant pour

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soutenir ses propres concepts et témoignages, et pour les répandre. Une tendance qui

remonte à la popularité de toutes sortes de mouvements spiritistes et occultes du

milieu du XIXe siècle. Le second stimulus important pour l’astrologie, c’est l’arrivée

(un peu plus) tardive de la psychanalyse freudienne. Elle a inspiré les astrologues et

les a incités à reformuler l’astrologie en termes de processus psychologiques ;

l’inconscient fait son entrée en astrologie. La Société Astrologique Professionnelle

(WvA) par exemple, est issue des idées théosophistes, couplées à un modèle de pensée

freudien (pour autant que je sache, l’unique « école » qui a aussi appliqué activement

les concepts freudiens authentiques aux symboles astrologiques).

Au milieu des années ’60, la vision humaniste a fortement capté l’attention et

s’est infiltrée dans la théorisation astrologique. Le terme « astrologie humaniste »

introduit par Dane Rudhyar lui a fait du bien, mais signifiait, une fois encore, une

sélection au sein de la méthodologie astrologique au nom de la conception inhérente,

plus une révision des idées astrologiques et de la façon dont il faudrait les interpréter.

Depuis les années ’70 et ’80, la psychologie jungienne ne s’imagine pas non plus

coupée de l’astrologie, celle-ci se situant dans le cadre de la signification de la

psychologie des profondeurs et du sens des archétypes. La survenue et la

commercialisation du mouvement New Age et des médecines alternatives au milieu

des années ’80 a donné à l’astrologie un peu partout une large audience, mais en même

temps, une reformulation (encore plus) poussée de l’astrologie et de l’interprétation,

dans le cadre d’objectifs et d’hypothèses de certaines visions de l’humain, populaires

et « tendance ».

D’un point de vue mondial, la renaissance de l’astrologie moderne a commencé

en Angleterre, au milieu du XIXe. Selon Lee Lehman, ce fut l’étape qui suivit la

révolution héliocentrique en science. Nombre de concepts astrologiques classiques

(qui avaient une origine géocentrique) ne furent dès lors plus bien compris et jetés à la

poubelle sans autre cérémonie. Ce qu’on ne pouvait pas saisir, ou qu’on ne pouvait

« vendre » à l’establishment scientifique et au grand public, fut évacué. Maintenant –

après Project Hindsight et ARHAT (Archives for the Retrieval of Historical

Astrological Texts), on voit clairement qu’on a jeté des techniques classiques, ô

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combien précieuses, et quelle confusion on a créé en voulant bien faire, pour la

vulgarisation et la « modernisation » de l’astrologie. Le manque de bonnes traductions

des sources astrologiques a contribué à ce que les astrologues médiévaux ne pouvaient

souvent citer que le seul Ptolémée comme figure d’autorité, et c’est encore ce qu’on fait

largement. Sur base du matériel à notre disposition à présent, s’impose en fait le

sentiment que Ptolémée n’était pas du tout un astrologue pratiquant, mais plutôt un

érudit en chambre, qui donnait comme un résumé de l’état de la science astrologique

de son époque. À sa manière, il a rédigé un genre de « recent advances » avant la lettre,

et là-dedans il a sélectionné, à sa guise, un choix des techniques de son époque, si bien

qu’il n’y eut qu’un certain nombre de techniques à nous parvenir à l’époque

médiévale.

La suite que je prévois pour les années ’90 et le nouveau siècle, c’est un intérêt

renouvelé pour l’astrologie traditionnelle, ce qui est sans doute facilité par la mise à

disposition de sources classiques, pour la communauté astrologique. Conformément

au souhait des initiateurs de Project Hindsight, il y aura bel et bien comme une

renaissance du domaine astrologique. Cet article montre bien, je l’espère, que c’est

nécessaire, et que ce magazine lui apportera un peu de soutien. Pour motiver la

nécessité et la désirabilité de cette renaissance en astrologie, je veux entrer dans cet

article, dans les limitations, les problèmes et les critiques des conceptions et des points

de vue qui ont si fortement coloré l’astrologie moderne. En cette première partie, voici

les sujets en lice : la négligence du savoir, la psychologisation et la thérapeutisation ;

les pièges de l’astrologie jungienne. La partie 2 traitera de l’astrologie moderne comme

idéologie de la conscience, et la partie 3 de l’astrologie moderne comme doctrine du

salut.

Modernisation de l’astrologie : méconnaissance

Étant donné que l’astrologie est une langue symbolique, qui se prête à diverses

approches – et c’est d’ailleurs un plus ! – il est évident que les astrologues, dans leur

désir de répondre à la demande de leurs clients – qui veulent des processus donnant

un sens et de la profondeur à l’humain – veulent faire correspondre leur astrologie à

ce besoin de trouver un sens. Et cela ne ferait pas de bien à l’astrologie si elle ne faisait

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pas progresser ses interprétations au rythme de l’époque où l’humain vit à présent.

Mais l’effet de toutes ces innovations en astrologie, c’est un rapport un peu curieux

entre ces variantes modernes de l’astrologie et sa tradition. L’astrologie (surtout

l’astro-psychologie) méconnaît souvent sa propre tradition astrologique, car elle ne

sait pas très bien ce qu’elle doit faire avec une pratique où la conscience peut tout aussi

bien ne pas avoir pris place. Elle-même n’a guère que 100 ans, mais sa préhistoire

remonte à 3 000 ans, parfois sous forme de modeste magie et de croyance, certes la

racine réelle du savoir pratique, mais elle a besoin d’être réécrite selon beaucoup,

adaptée à « l’homme nouveau » de cette époque. Un corollaire désagréable pour les

astrologues, est par exemple que cette astrologie ancienne est en fait de l’astrologie

horaire, qui était acceptée avec enthousiasme, avec dans les grandes lignes les mêmes

règles d’interprétation et les mêmes implications que les thèmes de géniture.

L’adaptation qui allait de soi, des règles horaires aux thèmes de naissance, rendait par

exemple difficile de retrouver, dans les textes classiques, s’il s’agissait d’astrologie

natale ou d’astrologie horaire. Toute la question est de savoir si oui ou non on faisait

une quelconque différence, même si on faisait une distinction dans la portée de

l’interprétation ; il y a en effet une grande différence entre un thème natal et un thème

de Question.

Cette méthodologie stricte de l’interprétation permettait aux astrologues de

faire des interprétations qui, aux yeux des modernes, sont beaucoup trop fatalistes, car

elles renferment souvent des lectures qui sont valables pour toute la durée de

l’existence. Ce qui ne s’accorde pas avec les façons de penser des modernes, qui

supposent un flux permanent d’événements, de la vie et de l’évolution. En fait, rien

n’est jamais clair et net, et assurément pas la psyché de l’humain. L’image que ceci

donne de l’astrologie classique, c’est qu’elle est une forme d’astrologie souvent bien

statique et – exclusivement – déterministe. Et les interprétations classiques sont en effet

souvent statiques, sûrement en comparaison des interprétations psychologiques

modernes, qui sont plus « fluides ». Ces dernières sont sûrement un enrichissement de

la langue astrologique. Mais il y a aussi un prix à payer pour cette psychologisation.

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L’effet le plus négatif de ce déni de la tradition astrologique est en fait que d’une

part, il existe une forte tendance généralisée vers cette astrologie New Age pour ses

applications possibles ; l’expansion de la conscience a l’air d’être le but unique. En soi,

c’est un noble but, mais la praxis de l’astrologie (et la vie humaine !) vu sa tradition,

ne peut être réduite à ce but seulement. D’autre part, il en vient un fort effet de

nivellement sur le savoir astrologique. Par sa méthodologie, l’astrologie classique était

carrément orientée vers la production de prévisions aussi justes que possible et pour

ce faire, elle avait tout un éventail de techniques à sa disposition. Celles-ci sont quasi

toutes mourantes : astrologie des élections, astrologie horaire (les deux sont encore

disponibles sous forme diluée), les révolutions, les thèmes d’ingrès, les éclipses, les

étoiles fixes, les tables de dignités essentielles et accidentelles des planètes ; on dirait

qu’on n’a plus besoin de tout ceci, et bien souvent, les astrologues fraîchement

émoulus ne connaissent même pas leur existence.

Dans l’enseignement de l’astrologie, le rapport entre savoir astrologique d’une

part et les vues humanistes-psychologiques de l’autre, a changé au désavantage du

savoir. Qui sait encore ce qu’est un almuten ? Et comment fonctionnent vraiment les

réceptions ? Pourquoi il existe une part diurne et nocturne et ce qu’elles signifient ?

Comment trouver les heures planétaires, et à quoi elles servent ? Comment Mars et

Saturne peuvent fonctionner comme des bénéfiques, et Vénus et Jupiter comme des

maléfiques ?

À cause de la méconnaissance dont on a parlé, l’aphorisme de Bonattus5 aura

sans doute l’air d’un charabia abracadabrant pour bien des astrologues formés à la

moderne, ou bien ils seront perturbés, car Mars et Saturne sont catalogués comme des

maléfiques « naturelles », ici.

« La 11e considération, c’est de veiller aux planètes maléfiques et à ce qu’elles signifient (c.-à-d.

à quels domaines elles se rapportent) ; car Saturne et Mars sont maléfiques par nature : Saturne

par son froid extrême, Mars par sa chaleur extrême. Non pas que l’un ou l’autre soit vraiment

froid ou chaud, mais ils en sont le symbole, dans la pratique c’est le cas, et c’en sont les effets.

Et donc ils symbolisent le mal, les obstacles et les empêchements, à moins qu’ils ne reçoivent le

5 Cf. Coley Henry (1676) : The Astrologer’s Guide. Anima Astrologiae or a guide for astrologers.

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significateur ou la Lune dans leur signe propre, ou le signe de leur exaltation, ou dans deux de

leurs dignités mineures (triplicité, terme ou décan – M.H.) ; ou s’ils sont eux-mêmes

significateurs, car alors ils vont infléchir et limiter leur malignité, et la planète dont ils seront

le dispositeur (que donc ils « reçoivent » - M.H.), ils ne l’affaibliront ni ne l’empêcheront pas,

quel que soit l’aspect qu’ils fassent ; mais s’ils ne reçoivent pas, alors leur malignité est permise ;

et d’autant plus s’ils font un carré ou une opposition ; car par sextile ou trigone, leur malignité

est bien moindre.

Mais Zael semble considérer que les maléfiques laissent leur malignité de côté ou la limitent,

quand ils font un sextile ou un trigone ; toutefois sa remarque signifie seulement qu’ils ne sont

pas aussi violents, et il n’a pas voulu dire que leur malignité en fût entièrement disparue,

adoucie ou affaiblie. »

Psychologisation et thérapeutisation

L’un des risques que court l’astrologie moderne, c’est que son alliance fructueuse ne

mène à un regard unilatéral sur la réalité (psychologisation du monde) et à la solution

de problèmes que les gens y rencontrent (thérapeutisation). L’astrologie est

subordonnée à la psychologie. Un symptôme, disons de ce remplacement, du savoir

astrologique par de la théorie psychanalytique-humaniste, c’est ce phénomène où

quelqu’un, qui ne maîtrise pas la technique, peut tout de même développer facilement

une pratique astrologique couronnée de succès. Autrement dit, pour peu qu’on soit

doué et qu’on ait la langue bien pendue, on peut raconter à son aise toute une histoire

émaillée de jargon psychologique, et passer assez vite pour un assez bon astrologue.

Les astrologues qui donnent cours connaissent tous bien ces étudiants de première

année qui, après quelques leçons, peuvent déjà le faire (et le font). Mais ceci ne dit rien,

naturellement, du savoir astrologique de quelqu’un, cela ne fait pas de vous un

astrologue compétent.

On peut dire la même chose de l’expérience de beaucoup d’astrologues qui,

même avec un thème faux, peuvent donner une consultation bien réussie et qui fait

sens. Personnellement, je connais un cas où un astrologue a découvert, le lendemain

de sa consultation, qu’il avait situé la Lune dans la mauvaise maison et le mauvais

signe, et donc il avait aussi utilisé de mauvais aspects. Toute la consultation reposait

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justement sur cette Lune problématique (à tort) et il s’est avéré que le client était très

content (ce qu’on ne pouvait pas dire de l’astrologue en question par après) et qu’on

avait bien vu sa situation, et qu’on l’avait bien aidé. Que dire du rapport entre savoir

astrologique et technique de la consultation ?

Je résume brièvement ici la critique venant du côté psychologique. Mr Sceptique

en personne, le croisé de l’astrologie Rob Nanninga, a écrit un article intitulé Qu’y a-t-

il dans les étoiles ?6 Dans l’encadré, Maja Vervoort dit ceci, entre autres choses :

« À chaque fois, il semble que les gens se persuadent facilement que le résultat (de la description

de quelqu’un – M.H.) leur correspond vraiment. Peu importe le contenu. Même l’analyse du

caractère complètement faussée... est reçue avec enthousiasme par un autre groupe-test de

personnes » et : « Qui donne une description de la personne, peut donc supposer que cette

personne l’acceptera, à condition que la procédure satisfasse à certaines exigences : il faut une

enquête préalable, il faut qu’elle ait une forme officielle et elle doit donner l’impression d’un

rapport fait pour l’individu personnellement. Ce dernier point n’est d’ailleurs pas difficile. Le

psychologue Kouwer a conclu en 1960 qu’on peut individualiser une description par des

données factuelles simples : nom, âge et sexe, de préférence une photo en plus, et enfin les

données de la biographie de l’individu. Chaque rapport en devient reconnaissable et digne de

foi. »

Tout le monde sera d’accord que chaque consultation ou rapport astrologique

remplit les critères de crédibilité qu’on vient de citer. Le problème est donc qu’une

approche psychologique des clients ne peut jamais être une preuve de la justesse des

interprétations psychologiques d’un thème.

Selon l’astrologue classique américaine Lee Lehman7, ce qu’on veut dire ici sur

l’effet d’auto-attribution restera l’éternelle faiblesse de l’astro-psychologie : « L’auto-

attribution, c’est la tendance à croire ce que dit sur nous une personne faisant autorité [le

thérapeute ou l’astrologue]. À cause de cette tendance à croire une figure de l’autorité, il est

quasi impossible de tester une théorie basée sur le feedback du client. Le seul test de l’Astrologie

dans le passé était la prédiction, et c’est toujours le meilleur à l’heure actuelle. »

6 Rob Nanninga, Wat staat in de sterren ? Psychologie, mars 1997 7 Lee Lehman, PhD, The Book of Rulerships, Keywords from classical Astrology .

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Lehman stigmatise l’impuissance de l’astro-psychologie à fournir une preuve

concrète en se raccrochant à ce qui, à ses yeux, est l’unique test valable en astrologie,

la capacité de faire des prédictions exactes. Si nous suivons ce chemin, nous devrons

mieux investiguer comment les classiques le faisaient, comment ils y excellaient à ce

point (et ce n’est pas un mythe créé après coup par des astrologues, comme les

historiens et les scientifiques veulent bien souvent nous le faire croire). Un bon moyen

d’y parvenir, c’est d’étudier et – encore une fois – d’appliquer leurs méthodes, la

doctrine d’interprétation qu’ils utilisaient. Un plaidoyer donc pour une doctrine

astrologique de la détermination.

Thérapeutisation de l’astrologue

La célèbre astrologue jungienne Liz Greene fait la remarque, dans l’un de ses livres,

qu’un aspirant astrologue doit être lui-même passé par une thérapie freudienne ou

jungienne s’il ou elle veut être un bon astrologue. Cette déclaration reflète le rôle

d’accompagnement de l’astrologie dans la pratique de l’astrologie moderne et montre

le changement au désavantage du savoir. L’intérêt dans la pratique moderne se

déplace de l’astrologie vers la psychologie, et ici on voit la psychologisation et la

thérapeutisation de l’astrologue lui-même. D’un point de vue formel, un astrologue

n’est pas du tout un thérapeute, une formation astrologique n’a pas besoin par

définition d’avoir un but thérapeutique, il n’est pas nécessaire de faire d’un astrologue

un thérapeute. Des compétences – techniques – en astrologie ne dépendent pas de

compétences thérapeutiques. Ce sont deux disciplines à part, où la dernière semble de

plus en plus rendre l’autre superfétatoire. Dans cette optique, l’interprétation du

thème est-elle en fait le point final (ou le point de départ) d’un diagnostic

(astrologique), après quoi peut commencer un processus thérapeutique ? Encore une

fois : cet usage de l’astrologie n’est ni bon ni mauvais, mais c’est seulement l’une de

ses possibilités d’application et la valeur de l’astrologue ne peut être réduite à ce but

uniquement.

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Astrologie jungienne : interprétation trop large des symboles astrologiques

L’influence freudienne sur l’astrologie moderne est si mineure que son jargon est

rarement utilisé en littérature astrologique. Par contre, l’influence des théories et du

jargon de Jung est plus qu’évidemment présente. Le fait que l’astrologie est un langage

symbolique en a fait – de façon logique – un terrain de jeu pour les astrologues et les

psychologues d’orientation jungienne. L’élargissement radical jungien, (qui dans sa

théorie prend un nom technique : « l’amplification »), des symboles astrologiques,

jusqu’à leurs dimensions mythologiques, semble vraiment un peu exagéré et a conduit

à une véritable explosion de théorisation sur la signification des symboles

astrologiques pour la psyché. Ceci a produit un torrent de visions (et de techniques)

particulières qu’on essaie de justifier par une interprétation (personnelle) d’un (détail

du) mythe ou d’une théorie, qui toucherait une planète donnée ou un facteur du

thème, pour qu’en conséquence, on puisse parler de « preuve ».

Un exemple gênant : Chiron. Quand ce corps céleste a été découvert en 1977 (et

encore on ne savait pas très bien quel genre d’objet céleste c’était vraiment), de

nombreux astrologues se sont répandus en spéculations sur la nature et la signification

de cette nouvelle « planète », alimentées par le fait que cet objet céleste décrivait une

orbite entre Saturne et Uranus. Chiron serait-il la solution pour l’opposition

symbolique entre ces deux planètes ? Dans l’enthousiasme à donner à Chiron un label

astrologique, on a tout ramené à lui : la mythologie de Chiron, l’horaire de sa

découverte ; les suites politiques et les événements mondiaux au moment de sa

découverte (d’ailleurs une méthode intéressante et valable, qu’on utilise aussi pour

l’enquête sur la signification d’Uranus, Neptune et Pluton) etc. Depuis le début des

années ’90, il s’est avéré que Chiron devait être classé dans les comètes...

Les significations qui sont données à Chiron doivent à présent être alignées sur

la façon dont on considère les comètes en astrologie mondiale (et là on pense que les

comètes n’ont qu’une durée fonctionnelle limitée ; que (peut-être) elles ne peuvent

avoir qu’un peu d’effet et souvent sur la (politique) mondiale et qu’on peut les

interpréter ; et qu’on ne peut sûrement pas s’en servir comme de planètes dans un

thème natal !) Mais quoi qu’il en soit, je ne sais pas ou ne sais guère si Chiron s’est

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enraciné profondément dans beaucoup de pratiques, de théories et d’applications

astrologiques, et donc il demeurera contre vents et marées dans l’interprétation et sa

promotion sera assurée par son fanclub, avec toutes ses recettes pour l’interprétation.

L’astrologue britannique - et jungienne confirmée – Maggie Hyde8, pointe

diverses tentatives infructueuses qui ont été faites au cours de ce siècle pour associer

les théories compliquées de la psychologie jungienne à l’astrologie. On pourrait tout

de même s’attendre à ce que les concepts jungiens les plus importants, comme

l’Ombre, le Soi et l’Anima ou l’Animus, puissent trouver place définitivement, quelque

part au sein de la symbolique astrologique, avec l’accord consensuel des astrologues.

Hélas, tous les astrologues qui ont écrit sur le sujet ont des opinions différentes. Hyde

pense en outre que la manière dont Jung est utilisé en astrologie, réduit de beaucoup

son champ de vision.

L’une de ses critiques les plus acerbes sur cette astrologie théorique, c’est

qu’aucun de ces auteurs n’a étudié le travail d’autres astrologues sur le même sujet ou

ne s’y réfère. Ceci montre à l’évidence qu’il y va encore une fois de visions

particulières, d’interprétations et de conceptions qui sont propres aux astrologues en

question. Ensuite, elle désigne le manque de plus en plus frappant de thèmes

d’exemples concrets dans bien des textes de l’astro-psychologie. Ou, si elle est bien

utilisée, le manque d’interprétation technique qui en est faite. Au lieu d’apporter des

preuves, on voit de la théorisation, des détails montés en épingle et un flot continu

d’implications « possibles ». Les raisonnements astrologiques valables et l’apport de

preuves pour des détails biographiques sont remplacés par des digressions sur le

karma, les sous-personnalités etc. Ceci mène à de la mauvaise astrologie, selon cette

auteure, car on ne peut plus, ou on ne veut plus, relier l’énorme complexité de la vie

humaine aux symboles du thème qui les représentent, et qui justement, les rendent si

faciles à comprendre et si spécifiques de la personne. Au lieu de cela, on admet qu’il y

a un modèle archétypal dans la vie de quelqu’un, et ensuite on peut faire usage à sa

guise d’un tas de facteurs astrologiques pour pouvoir interpréter cet archétype « du

dedans ». Hyde accuse les astrologues jungiens en particulier « de mal gérer les

8 Maggie Hyde, Jung and Astrology

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maisons » ; ils ne savent plus comment employer les maisons et leurs maîtres pour

trouver les concepts psychologiques et donc les ancrer dans le concret.

Ce phénomène se manifeste parfois de façon évidente dans la manière dont on

traite, dans les articles astrologiques, les données biographiques d’un natif. Celles-ci

sont bien souvent utilisées au premier chef pour formuler une interprétation

psychologique, après quoi on part à la recherche de facteurs astrologiques qui s’y

accordent (ou font mine de s’y accorder). C’est l’inverse de ce qu’il faut faire : un détail

biographique sert d’abord à être situé astrologiquement, pour à partir de là, formuler

éventuellement une corrélation psychologique.

Le psychologique est souvent glissé entre les faits biographiques et le radix, et

cela crée de la confusion car maintenant, on postule une suite psychologique à une

position du radix, en guise d’explication du facteur astrologique. Ceci rend l’astro-

psychologie peu claire en termes de méthodologie.

C’est justement cette amplification psychologique sans limites des données du

thème qui rend nécessaire une doctrine de la détermination dépourvue d’ambiguïté.

Le flou dans la technique astrologique a mené à ce que celle-ci en revienne à des

interprétations des planètes réceptrices et du signe, qui sont exploitées dans toutes

leurs dignités (en n’interprétant rien de façon spécifique) en long et en large, mais pour

ensuite, n’aboutir à rien de concret. C’est ici que l’astrologie pratique a perdu son

instrument le plus puissant, le pouvoir de se prononcer mot pour mot, concrètement

et en déterminant qualitativement des faits précis de la vie de quelqu’un, et sur base

de cela, le pouvoir de faire des prédictions – comme on voudrait le faire en science –

ou de faire une évaluation psychologique – comme un psychologue thérapeute

désirerait le faire. L’astro-psychologie élargit ses interprétations d’avance, jusqu’à

toutes les conséquences possibles – les non pertinentes aussi – qui ainsi ne veulent plus

rien dire, un corollaire typique du processus de la pensée moderne, l’interprétation du

« tout-est-possible » ; et l’interprétation « sans limites ». Les interprétations

deviennent si générales, qu’en fait elles peuvent s’appliquer à tout le monde. C’est bel

et bien l’une des raisons qui font, et on en a déjà parlé, que des thèmes erronés

produisent quand même de bonnes consultations.

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Morin de Villefranche (Morinus) a essayé – au milieu de sa doctrine de la

détermination – justement de parvenir à une interprétation aussi étroite que possible

des facteurs du thème radical. Il a essayé de trouver la marge la plus réduite pour une

interprétation. Cet astrologue du XVIIe siècle a déjà mis le doigt sur un phénomène qui

rendait, à ses yeux, l’astrologie souvent inefficace, et qui faisait tirer aux astrologues

de mauvaises conclusions. Sa critique de la méthode sert à vrai dire encore maintenant

et elle est remarquablement actuelle.

Morin de Villefranche : différence entre théorie et pratique

Au début de son très intéressant Chapitre XXI de l’Astrologia Gallica, Morin fait une

claire distinction entre ce qu’il appelle la signification essentielle ou formelle des

planètes et leurs significations spécifiques, liées au thème. Il en ressort qu’il fait le

distinguo entre significations planétaires en théorie (la signification formelle) et en

pratique (ce que signifie une planète du fait que dans un horoscope donné elle se

trouve dans certain signe, qu’elle reçoit certains aspects et qu’elle est le maître d’une

certaine maison : sa signification spécifique), et qu’un seul et même symbole planétaire

peut parfois recevoir une signification qui se distingue considérablement d’une autre

et même recevoir une signification contradictoire.

Un usage général et grandement élargi des planètes fait qu’en réalité, on les

attribue toujours et partout aux personnes, aux questions et aux choses. C’est ainsi que

la Lune est censée représenter la mère et les femmes en général, Saturne le père, etc.

Morin écarte cette façon de donner cette signification dans des radix spécifiques. Il ne

désigne donc pas la Lune comme significateur général de la mère, mais bien la planète,

dans tous les cas, qui en est le significateur primaire dans un radix particulier. En fait,

si on le faisait, alors tout ceux qui naissent sur un espace de deux jours, après l’ingrès

de la Lune dans un signe, auraient la même expérience de la mère, partout dans le

monde. Ce n’est pas le cas, ce me semble, dans la pratique. La Lune ne correspond à la

mère dans un radix donné que si elle est en lien avec la Maison IV ou X : l’axe des

parents, c.-à-d. via son emplacement dans, sa maîtrise sur, son aspect à la cuspide de

IV ou de X, ou un aspect au Maître de IV ou de X.

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Ces significations générales des planètes mènent souvent à des interprétations

erronées selon Morin, qui cite l’astrologue Cardan, qui est du même avis. Cardan dit

que Ptolémée a causé une énorme confusion quand il a donné un seul significateur

pour des significations différentes, et la Lune par exemple, aussi bien en maîtrise de la

morale de l’individu, que de sa santé, que du conjoint, de la mère, éventuellement des

filles, des servantes et des sœurs. Cardan dit alors : « Que doit bien être la condition de la

Lune dans le radix de quelqu’un dont l’épouse est décédée pendant un accouchement, mais qui

lui-même a une longue vie, qui a de nombreuses filles en bonne santé, mais aussi des servantes

qui se sont enfuies ? Qui en outre a une vie saine, mais dont la mère est morte quand il était

jeune, et qui lui-même a une morale faible ou douteuse ? »

C’est ici que Morin et Cardan mettent le doigt sur le point sensible qui blesse

aussi l’astro-psychologie moderne : l’usage de significations (trop) générales des

planètes, alors qu’elles peuvent bien souvent recevoir une autre signification, voire

une signification contradictoire, par leur emplacement spécifique dans le radix. Ce que

veut dire Cardan, c’est que si en effet, la Lune doit posséder toutes ces significations

selon la lettre, ceci mènerait aussi à ce que le vécu de quelqu’un avec son conjoint, sa

mère, ses filles et sa domesticité féminine, soit du même tonneau, indépendamment

de la condition cosmique de cette Lune. Il est évident que tout ceci ne peut être remis

à une seule et même planète.

Si on suit cette ligne de pensée, il devient évident que nous devons voir que les

planètes ont une signification formelle, théorique ; mais que leurs significations sont

complètement déterminées (lire : limitées et modifiées) par les maisons où elles se

trouvent dans le radix et/ou dont elles sont les maîtres. La Lune peut symboliser la

mère, c’est vrai, mais elle peut tout aussi bien être désignée par Mercure, Mars, Jupiter,

Neptune etc. ; et c’est uniquement défini (= déterminé) par le découpage du radix en

maisons, et par les aspects des planètes et de leurs dispositeurs.

L’astro-psychologie, et surtout la jungienne, a tendance à toujours interpréter

les planètes à partir de l’idée archétypale, dans leur tâche la plus générale, universelle,

pour l’individu, en ce qui concerne ses conditions réelles et concrètes – un contenu

dépourvu de signification. On ne tient plus compte des dispositeurs, des changements

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de l’effet planétaire du fait de la maîtrise, etc. La Lune est toujours le significateur de la

mère, Saturne est toujours le père ou l’autorité, dans les conceptions astrologiques

archétypales jungiennes. Encore une fois, pour Morin, la Lune est uniquement un

significateur théorique de la mère, et Maître de IV ou de X, en est le significateur

concret. Si on doit interpréter la mère uniquement à partir de la symbolique de la mère,

alors on peut donc continuer à se tromper en ce qui concerne le vécu concret de

quelqu’un avec la figure maternelle.

Exemple d’interprétation erronée d’une planète

Selon Morin, Mercure par exemple, est au sens général, lié seulement à l’intellect et au

désir d’apprendre, etc. On se tromperait si on recherchait toujours l’intellect chez

Mercure dans un radix donné.

Un bon exemple d’une interprétation erronée de Mercure : chez l’homme d’État

Otto von Bismarck. Cet homme a un Mercure extrêmement mal placé. Situé dans le

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signe des Poissons (de son exil et de sa chute), situé en Maison VIII, en conjonction de

Pluton et au carré de Neptune. Si on devait interpréter la signification de Mercure en

significateur formel de l’intelligence dans ce radix, on serait fameusement à côté de la

plaque.

Les significations du Mercure de Bismarck devraient donc être interprétées

comme symbolisant quelqu’un au mental extrêmement anxieux, confus, voire même

un mental et un intellect traumatisé (Mercure conjoint Pluton), tourmenté et conduit

par des délires ou des représentations extrêmement irréalistes ou idéalistes (ou

quelque chose de ce genre : Mercure en Poissons en VIII au carré de Neptune).

C’est tout l’inverse : Bismarck était un homme extrêmement intelligent, qui a

suivi des études qui étaient tout sauf « poissons » : le droit. Selon Morin, l’intelligence

est surtout désignée par les facteurs de l’AS : les planètes éventuellement en I avec

leurs aspects, les aspects reçus sur le degré de l’AS, Maître de I et ses aspects, et aussi

le Soleil et la Lune. Selon ces règles d’interprétation, chez Bismarck, le Soleil est le

significateur de son intelligence. Un Soleil qui est le Maître de I et qui est placé dans le

signe de son exaltation (Bélier), situé en IX des études supérieures et de la formation

de l’opinion, la propagande, etc. et qui est en trigone amical avec l’entièreté de la

Maison I. Une tête, donc. En outre, souligné par le sextile exact du Soleil en Maison IX

avec Saturne, lui aussi puissant dans son propre signe du Verseau. L’opposition du

Soleil avec Jupiter en Maison III est encore un renforcement de l’intellect, ce qui est

souligné par le fait que le dispositeur de ce Jupiter est la planète Vénus, qui est très

forte dans son propre signe, et conjointe au MC. Très proéminente donc. Au total : c’est

seulement si Mercure est directement lié avec la Maison I, par : sa situation en Maison

I ; ses aspects sur le degré de l’AS ; ou comme dispositeur de Maître de I ou des

planètes à l’AS ; en aspect de Maître de I – qu’alors cette planète a effectivement une

relation avec l’intelligence et la personnalité, dans tous les autres cas, non !

Morin fait encore quelques remarques sur la confusion que ceci peut

occasionner : « Et parce qu’il arrive si souvent que ces significateurs aient une détermination

spécifique correspondant à leurs analogies (c.-à-d. lorsqu’il arrive que l’une de leurs

significations formelles, générales, corresponde à la signification qu’ils reçoivent par

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leur emplacement en maison ou par leur maîtrise), les astrologues se sont trompés : ils ont

pris une signification accidentelle d’une planète, pour une vérité établie qu’il faut accepter

comme telle. »

C’est la raison pour laquelle il semble parfois que la Lune soit effectivement un

symbole de la mère, ou le Soleil ou Saturne un significateur du père, mais cela vient

alors du fait que les deux luminaires ont trait à la signification des parents – la IV ou

la X. Cette différence entre effets planétaires formels et effets spécifiques, mène bien

souvent en astrologie moderne à ce qu’on interprète des faits précis de la biographie –

semble-t-il correctement, mais qu’en fait, c’est sur des bases astrologiques erronées !

Morin utilise aussi son propre radix9 comme exemple pour exposer une fois

encore combien il est facile de se tromper dans l’attribution des significations : « Je suis

né durant la journée, et le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus et Saturne se trouvent en Maison

XII, au carré de Mars qui dispose de l’AS. La Lune est donc le significateur des parents,

puisqu’elle est Maître de IV, et de ma mère en particulier, vu que la Lune est une planète

féminine située dans le signe féminin des Poissons ; le fait qu’elle se sépare de la conjonction à

Saturne alors qu’elle ne fait plus d’aspect avec une autre planète (elle est donc vide de course

– M.H.) montre que mes parents avaient de l’aversion pour moi – surtout ma mère – et un

comportement insincère. En réalité : le Soleil fait une conjonction exacte à Jupiter, et ceci a

mené à ce que le Cardinal de Richelieu fût mon ennemi secret, étant donné que ce Soleil en

Maison XII se trouve avec Saturne. Le Soleil est ici le significateur des ennemis puissants et

des préjudices par eux causés ; mais non de mon père, bien que je sois né de jour ; en fait, mon

père n’avait pas d’aversion envers moi, et il ne m’a jamais causé de mal. Et ainsi ce radix est-il

un exemple de la façon dont les significateurs universels (ici le Soleil comme significateur

formel, universel du père dans un radix diurne ; de nuit ce devrait être Saturne – M.H.)

ne sont pas en mesure de désigner une situation ou un événement spécifique, étant donné que,

considérés pour eux-mêmes, ils ont une signification bien trop générale et bien trop

généralisée. »

9 Baldwin, Richard S. (1974). The Morinus system of horoscope interpretation. Astrologiae Gallicae liber vigesimus primus

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Tout ceci rend les recettes sur le Soleil en Maison XII – auquel on accroche une

histoire sur une éventuelle absence du père, au sens propre ou au sens figuré –

redondantes et incorrectes, à moins que le Soleil ne soit Maître de IV ou de X, l’axe des

parents ! L’usage des manuels de recettes était une épine dans le pied de Morin, car en

fait il est impossible de donner une description de, mettons, un carré, entre la Lune et

Mars, sans que ces planètes et leur aspect ne soient reliés à un radix concret ou à un

emplacement en maison. Et devinez quoi : la majorité des manuels (modernes) portent

justement sur ces significations générales et universelles des planètes en signe et en

aspects. L’inconcevable selon Morin est maintenant bien souvent proposé comme la

seule véritable astrologie.

Maggie Hyde fait une séparation éclairante entre l’approche jupitérienne (le

jungien qui s’expanse) et l’approche saturnienne (le déterminant classique). Selon elle,

l’objectif n’est pas de faire un choix entre les deux, mais ils servent de complément l’un

à l’autre. Chacune de ces deux interprétations, prise isolément, est partisane. Hélas,

l’astrologie moderne est arrivée en plein sur l’approche jupitérienne, où l’emportent

l’intuition et la jugeotte personnelle, plutôt que sur le pénible fardeau de se débattre

avec de vieilles règles et des aphorismes complexes et embrouillés.

Conclusion

Une amplification dirigée vers la réalité semble la seule réponse sensée à ce flot

grandissant de la théorisation astrologique. Les classiques ont fait usage d’une

amplification de ce genre, en fournissant une preuve forte, impartiale et rationnelle. Ils

constataient ce qui était arrivé à quelqu’un (sa biographie), ensuite ils détaillaient les

facteurs astrologiques qui le montraient dans le radix, et là-dessus ils basaient leurs

pronostics et conclusions.

L’astrologie qui donne un sens va au contraire de moins en moins faire appel à

une doctrine de la détermination et de plus en plus à des facteurs astrologiques plus

subtils – et plus vagues. L’inconjoint (et le Jod) rencontrent un succès croissant, alors

que ces aspects sont considérés par les astrologues traditionnels comme des

indicateurs extrêmement faibles. Les Quatre Éléments sont utilisés – chez les jungiens

– presque comme une base pour expliquer tous les effets concrets sur les individus,

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alors qu’en fait, ils ne sont que les facteurs les plus larges, les plus généraux et globaux

de l’interprétation, et de là, concrètement, ils ne fonctionnent que faiblement, en partie

du fait qu’ils peuvent être changés et être influencés profondément par une planète du

radix (à l’AS par exemple). En outre, à ma connaissance, personne n’a jamais recherché

pourquoi la doctrine des tempéraments de Rudolf Steiner et de l’anthroposophie

divergeaient tellement de celle de Jung. Ce genre de recherche n’est pas trop populaire

en astrologie moderne.

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Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique

Partie II Martien Hermes

« Les symptômes psychologiques de l’homme sont les symptômes

de la société gravés dans sa chair »

Bruno-Paul De Roeck

L’astrologie moderne est fortement influencée – et déformée – par les philosophies

psychologiques, ésotériques et New Age qui ont propagé l’astrologie lors du siècle

précédent, et l’ont vulgarisée. Ce qui a conduit à une réécriture, et une limitation,

des domaines de l’astrologie et à une simplification du savoir astrologique, car elle

ne semblait plus n’avoir qu’un but unique : l’éveil de la conscience, l’expansion de

la conscience. Après une critique de l’influence de ces visions humaines sur

l’astrologie, voici un plaidoyer pour la réintroduction d’une doctrine claire et

qualifiante de la détermination. Dans cette partie, on mettra en lumière les côtés

problématiques de l’astrologie, comme idéologie de la conscience.

Introduction

Le déclin avéré du savoir astrologique dans le (large) courant de l’astrologie qui donne

du sens à la vie (cf. Partie I de cet article), n’est sans doute pas un problème dans la

pratique quotidienne de l’interprétation. Cela donnera sans doute rarement matière à

problèmes dans une consultation, au contraire ; beaucoup de gens sont intéressés par

une consultation qui donne un sens à la vie. Mais le problème réside dans les suites

pour le savoir et la pratique astrologique. Les hypothèses implicites de la psychanalyse

et de l’humanisme dans l’astrologie d’aujourd’hui, barrent souvent la route à un usage

plus pragmatique de l’astrologie. Sous cet usage pragmatique de l’astrologie, on peut

ranger toutes les formes d’astrologie, visant à exploiter et à déterminer, de façon aussi

concrète et efficiente que possible, les potentiels de l’individu au sein du monde qui

l’entoure. Le thème comme mode d’emploi ; fais ceci, ne fais pas ça.

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Il faut en fait apporter des remarques à cet usage réduit à l’augmentation de la

conscience, comme d’un emplâtre pour les blessures de la vie. Par sa grande

importance accordée au subjectif, l’astrologie (idéologie de la conscience) considère

des facteurs internes, à l’évidence primaires, comme responsables des interactions

entre l’individu et le monde. Je dirais même plus : ces idéologies jugent même que les

facteurs internes sont responsables de la forme que prend le monde, on « crée son

propre monde et sa propre réalité », comme on dit.

Cette vision mène à la conception naïve que (le développement de) la conscience

est responsable de l’occurrence ou non par exemple, d’expériences ennuyeuses. Donc :

le consensus, plus ou moins, c’est qu’on peut échapper à de mauvaises expériences

(indiquées par de possibles progressions pénibles etc.) en étant suffisamment conscient

(de soi). La conception moderne de ces influences sur le monde au moyen de l’éveil de

la conscience va même jusqu’à dire que le niveau de conscience peut déterminer par

exemple, si un divorce, ou une mort violente, est évitable ou non. Le destin du

Mahatma Gandhi a prouvé le contraire : pacifiste déclaré et selon beaucoup, un

homme sage et éclairé, il perdit la vie dans une tentative d’assassinat. Si le niveau de

conscience est si déterminant, comment se fait-il que ce Bhagwan (Osho) – qui n’était

quand même pas le plus insignifiant des gourous modernes – a pu créer ou attirer un

tel cirque financier et matériel autour de sa personne ?

La croissance de la conscience comme point de départ du développement

humain et pour donner un sens à la vie accorde facilement plus de valeur aux

déterminants internes du fonctionnement humain. La domination de la vision

psychanalytique jungienne, plus le mélange de l’astrologie moderne avec les

philosophies de la conscience, grâce à quoi on lui insuffla une nouvelle vie, est si

évidente que personne ne semble comprendre ou ne semble ressentir le désir de

soumettre ces idées à une recherche critique ou à songer à leurs conséquences finales.

Mais cela a été bel et bien réalisé dans d’autres disciplines et là, il y a eu des critiques

sévères sur les idéologies de la conscience.

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Deux représentations du monde

La séparation entre sujet et objet a conduit à deux visions opposées, qu’on désigne

souvent sous les termes d’idéalisme subjectif et objectif. Les deux idéalismes ont

tendance à ériger leurs visions en vérité unique, l’unique norme véritable de la réalité.

Dans les deux cas, ceci se résume à éliminer de leur champ de vision tous les

phénomènes qui ne correspondent pas au point de départ en question, en particulier

la contrepartie très exactement. L’idéalisme objectif a donc tendance à rabaisser tout

ce qui est subjectif ; le subjectif fait l’inverse.

Idéalisme subjectif

Ces idéologies subjectives partent toutes du point de vue que le monde objectif est une

illusion, irréel, juste de quoi accrocher, comme à un portemanteau, les représentations

intérieures de qui observe le monde. L’objet – le monde – n’existe pas par lui-même ;

le monde n’existe que parce qu’un sujet fait ou pense ce monde, l’objet n’est qu’un

sous-produit du sujet.

L’aspiration la plus élevée de ces courants, c’est de voir au travers de l’illusion

de cet objet – ce qui se résume parfois à le nier carrément – ou bien de « dissoudre »

l’influence de l’objet, au moyen de toutes sortes de techniques. Comme si on voulait

rendre l’objet transparent, pour voir à travers, le sujet réel, intact.

Ces visions débouchent souvent sur un déterminisme subjectif, où l’humain et

le monde (l’objet) sont déterminés (exclusivement) par le sujet.

Dans ses concepts, L’idéalisme subjectif parlera toujours et se réfèrera toujours,

au libre-arbitre sans objet (« je fais ma propre réalité » ; karma, la loi de cause à effet

hors du temps et de l’espace ; action et réaction), à une conscience sans objet (dans le

sens le plus large, désignée comme une « énergie ») et à une vie sans objet (l’au-delà et

la pré-naissance, et le psychique dans le sens le plus général).

L’idéalisme objectif

L’idéalisme objectif part du point de vue que le monde subjectif est une illusion, irréel,

juste le sous-produit du monde concret, matériel. Le sujet existe (en fait) non pas

comme une chose autonome, nous avons seulement un sentiment subjectif de nous-

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même, une expérience subjective de la psyché, car il y a un corps ; notre psyché est

seulement le sous-produit de notre corps ou de notre cerveau (le physique).

La plus haute aspiration de l’idéalisme objectif (la science par exemple) est dès

lors de voir à travers l’illusion du subjectif – ce qui se résume souvent à ne pas le

reconnaître, à le mettre de côté, ou bien « à dissoudre » l’influence du sujet, pour mieux

comprendre ou observer la réalité.

Ces visions aboutissent souvent aussi à un déterminisme objectif, l’humain est

exclusivement déterminé par l’objet.

Dans ses conceptions, l’idéalisme objectif parlera toujours et fera toujours

référence à une volonté sans sujet (tous les concepts qui parlent de « sélection

naturelle »), à une conscience sans sujet (une vie réglée par les « lois de la nature ») et

à une vie sans sujet (une vie « rationnelle » vidée de ses sous-produits et ajouts

subjectifs).

Il est intéressant de remarquer que, si nous allons jusqu’aux conséquences

extrêmes des deux points de vue, ils désignent tous deux en fait des forces qui se

situent hors du contrôle de l’individu. La science (institution ultime de l’idéalisme

objectif) fait toujours référence aux lois naturelles – ce qui ne se maîtrise pas facilement

– avec leur dynamisme propre, auxquelles l’humain est soumis. Les idéologies New

Age (représentatives de l’idéalisme subjectif) font toujours référence à des processus

subjectifs, inconscients ou spirituels – pas faciles à contrôler - avec leur propre

dynamique, auxquels l’humain est soumis.

Astro-psychologie : idéalisme subjectif

L’astro-psychologie possède beaucoup de caractéristiques de l’idéalisme subjectif, ce

qui est souvent lié à sa vision astrologique du monde si bien que, dans l’astro-

psychologie, on fait seulement – ou seulement en apparence – une distinction entre

sujet et objet. Le monde extérieur et les humains sont subjectivés par l’astro-

psychologie, c.-à-d. que tous deux sont vus presque exclusivement comme un écran

pour les projections du sujet. L’interprétation du monde extérieur et son influence sur

l’individu ne trouve guère de place dans la pratique astrologique, ou seulement

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comme un prolongement du sujet. L’objet, le monde, les événements dans l’existence

humaine, sont toujours, ou de préférence, réduits au subjectif.

Sasportas (1993) présente les choses comme suit :

« Le postulat philosophique, sur lequel se base l’astro-psychologie, tient en

ceci : la réalité de quelqu’un provient du panorama intérieur de ses pensées,

sentiments, attentes et convictions. » (p. 4)

Van Rooi (1991) cite Donna Cunningham, qui dit de façon très abrupte :

« Au lieu que ces choses externes déterminent notre vécu, ce sont nos

contenus internes, nos idées, représentations et besoins qui, comme des

aimants, attirent dans notre vie les conditions extérieures tangibles... Les

maisons indiquent ce que nous attirons à travers nos attitudes

inconscientes. »

Toute la question est bien de savoir si réellement il en est ainsi, si nos attitudes

intérieures « attirent » des circonstances extérieures. Il est tout aussi plausible de

supposer (et c’est certain d’après les sociologues) que durant notre vie, nous ayons

appris toutes sortes de comportements, conceptions et visions, que nous les ayons

développés et exprimés au sein d’une certain contexte social (qui par exemple peut

être indiqué au travers des douze Maisons). En outre, nous pouvons supposer que

nous allons toujours aborder le même contexte (la Maison en question) avec toujours

cette même attitude et cette même attente, jusqu’à ce que l’expérience nous apprenne

que l’attitude en question ou la vision sur ce domaine de l’existence, n’est plus tenable,

trop tranchée, ou qu’il faut carrément en changer. Au lieu de faire notre propre réalité,

il est donc (tout aussi) plausible de supposer que la réalité nous a faits et qu’il y a des

circonstances (toujours les mêmes) (le signe sur la cuspide en question) que souvent

nous abordons avec les mêmes attitudes et conceptions (apprises) ; ou bien de

supposer que ces attitudes intérieures sont « automatiquement » suscitées en nous

(comme un genre de réflexe). Dans cette citation de Cunningham, la cause et l’effet

sont en réalité inversés conformément à la prise de position de l’idéalisme subjectif.

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Après une bonne description de deux conceptions sur la façon dont fonctionne

le conditionnement dans la vie humaine, Sasportas en arrive à la conclusion (p. 7) :

« L’astro-psychologie est de toute évidence biaisée en faveur de l’idée que

nous naissons avec une certaine nature innée, que notre conditionnement

archétypal précède notre conditionnement pendant l’enfance. C’est

indubitablement un mélange des deux, mais l’astro-psychologie placerait

la nature innée en premier et le conditionnement de l’enfance en second..., »

(Greene, Sasportas, 1987)

Dans le fond, il n’y a pas de problème avec cette prise de position, car elle est

toujours représentée comme la simple préférence d’un conditionnement subjectif à un

conditionnement objectif. C’est donc un genre de question « Qui de l’œuf ou de la

poule... », où l’astrologie, selon Sasportas, choisit le potentiel subjectif, inné. Le

véritable risque de cette prise de position, c’est que ce point de départ mène facilement

à présenter unilatéralement des motivations internes pour expliquer tous les

phénomènes de l’existence, ce qui est caractéristique d’un idéalisme subjectif.

L’extrait « que nous naissons avec une certaine nature innée... » suppose que

dès sa naissance (voire même avant), l’humain est en possession de quelque chose de

bien clair, comme une « nature humaine » fixe (ou pour les astrologues : un calque de

sa psyché, sa personnalité et sa vie). Un « homme miniature » prêt -à-l ’emploi, qui est

occupé à se frayer en nous un passage vers l’extérieur, indépendamment des

circonstances où nous nous trouvons en tant qu’être humain.

« Le concept, emballé dans un bla-bla psychologique, est devenu un bien de

consommation ; une reconnaissance de cette nature noble, où les émotions

ont libre cours, un retour vers une conception romantique, transcendantale,

que Dieu et tout ce qui est noble, est toujours présent, en nous, frappant

énergiquement à la porte de notre conscience – toutes ces idées sur ce qui est

« libérateur », semblent, dans la pensée populaire, avoir remplacé toute

notion du caractère difficile et dialectique de la croissance [psychique]. »

(Rosen)

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On peut naturellement expliquer pourquoi les astrologues sont si enclins à

équiper l’homme d’une nature innée, qui « fait » le monde, puisque l’horoscope leur

donne une image claire de la forme que prendra la vie de quelqu’un. L’interprétation

des facteurs astrologiques (planètes en signes et en maisons) mène facilement à l’idée

que les planètes, de l’intérieur vers l’extérieur – depuis le sujet – donnent forme au

monde, qu’il y a dans l’humain quelque chose, qui « fait » le monde comme tel, qui

l’engendre.

Interprétation erronée de Jung ?

L’autre raison pour laquelle l’idéalisme subjectif est si évident en astrologie, est liée à

la psychologie de Jung. Jung attribue aux archétypes une signification régulatrice et

formatrice du monde, et les astrologues l’acceptent comme un bon modèle explicatif

du fonctionnement de l’astrologie.

Bien que Jung ait présenté initialement la théorie des archétypes comme une

interaction entre les expériences de vie actuelle et la psyché collective, finalement il les

a vus davantage comme des structures formatrices du monde, définissant (tout) (à

l’unisson avec le courant de pensée de l’idéalisme subjectif). On peut se représenter le

principe de fonctionnement d’un archétype comme un container, qui se trouve dans

la psyché de chacun et qui se nourrit d’expériences de vie spécifiques des individus,

qui à leur tour, « réveillent » l’archétype, comme s’ils le ramenaient à la vie. Mais Jung

a fini par penser que les archétypes étaient avant tout des modalités qui déterminaient

les croyances du monde actuel, plutôt que de fonctionner en synergie avec elles. Et

c’est ici qu’il a tracé un schéma de cause à effet.

« Jung expliquait la société humaine avant toute chose à partir de la portée

et du contenu de « l’âme et de l’esprit » humains, avant la portée et le

contenu de la psyché humaine, comme le résultat d’une réalité située hors

de la psyché et donc aussi comme résultant de l’effet d’une société déjà

existante sur les individus humains. » (de Leeuwe 1980, p. 6)

Peut-être que Jung lui-même a finalement été pris au jeu de la numinosité

supposée des archétypes, grâce à quoi non seulement il ne les considéra plus comme

divins, mais il les traita comme tels ; comme des puissances créatrices. Jung fut

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finalement – de ses propres dires – un homme subjectif, ce qui explique son inclination

vers ce point de vue subjectif. Liz Greene raconte en un mot la vision de Jung sur un

archétype :

« Une image archétypale décrit un pattern ou une prédisposition à un genre

particulier d’expression instinctuelle, une expérience de vie qui est

commune à tous les êtres humains. La psyché humaine ressent ces tendances

instinctives comme compulsives et dès lors comme numineuses, car elles

proviennent de niveaux que nous ne pouvons comprendre et que nous ne

pouvons contrôler. Ainsi la psyché formule-t-elle des images spontanées

pour exprimer le pouvoir des instincts. Ce sont les dieux et les déesses du

mythe, et ce sont des autoportraits psychiques ou des patterns basiques du

développement. »

Aucun mot ici sur le fait qu’un instinct n’est activé que par un stimulus externe

(Jung n’en a rien dit non plus dans ses œuvres postérieures). Un instinct ne se met pas

en route tout seul, il ne commence pas à fonctionner « comme ça », mais il est mis en

branle, et c’est bien suite à un stimulus extérieur. Jung suppose qu’à un moment

donné, l’autoportrait de l’instinct (l’archétype) va se mettre à vivre sa vie propre et

atteindre une certaine indépendance à l’égard de l’instinct. Une fois que l’image

mentale est dissociée de l’instinct, auquel elle est semble-t-il couplée (peut-être même

est-elle causée par lui), on se perd en conjonctures sur la façon dont cette « chose »

mentale continue à se comporter.

Astrologie jungienne, un idéalisme subjectif

En astrologie, les archétypes sont représentés comme des forces qui conduisent

l’homme, ou pour dire les choses de façon plus neutre « ... qui veulent s’exprimer en

chaque homme » (Hamaker-Zondag, 1980, p. 31). Cette conception mène facilement à

une forme d’expression où l’homme lui-même, l’être agissant, n’avait pas voix au

chapitre. Mon Mars me fait faire ceci, etc.

L’inversion de la cause et de l’effet, qui est présente chez Jung, semble aussi

avoir pénétré chez les astrologues. Liz Greene dit du fonctionnement de l’archétype

du parent :

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« ... les parents, en fait, sont des conducteurs ou des vecteurs des archétypes

parentaux »

Où elle suggère implicitement que la relation d’un enfant avec ses parents se réduit en

fait à une relation de l’enfant avec des structures psychiques internes (les

représentations de ses parents qu’il porte en lui). Peut-être n’est-ce pas illogique en soi,

mais cela montre que les parents n’ont pas vraiment d’importance, comme s’ils

n’avaient pas besoin d’exister réellement, mais qu’ils étaient seulement des

« vecteurs » neutres – qu’on peut remplacer par n’importe qui – de quelque chose, qui

est en fait une construction de l’enfant, et qui est donc présent et prêt-à-l ’emploi.

Greene poursuit (p. 87) :

« Ils [les parents] sont le Monde-mère et le Monde-père pour un enfant et ne

deviennent des parents réels que plus tard dans la vie – à supposer qu’ils le

deviennent. »

Ici on indique clairement qu’un enfant ne vit pas ses parents comme de véritables

humains, ce n’est que plus tard qu’ils le deviendront réellement pour l’enfant (et peut-

être pas, non plus !). Il n’y a pas la moindre raison de juger l’inverse comme plus

plausible, que l’enfant reconnaisse ses parents comme très concrets et très réels et que

c’est seulement plus tard – en grandissant – qu’il les voie de façon plus abstraite ; donc

plus comme une image archétypale. Greene rappelle encore (p. 89) :

« L’image archétypale précède l’actualité des parents physiques »

Les remarques de Green sont une inversion comparable du point de vue

originel de Jung, selon lequel un archétype ne « vient à la vie » qu’au travers du vécu

actuel et factuel de l’enfant avec ses parents. Donc en fait il faudrait inverser la

remarque de Greene : les parents physiques précèdent l’image archétypale.

Ce qui frappe chez des arguments de ce genre, c’est que la situation de la

psyché enfantine est souvent citée comme « preuve » de ce qu’on écrit sur elle. Le

psychanalyste Schafer critique la façon dont on utilise ces allégations sur le vécu d’un

bébé ou d’un enfant face à ses parents (Rosen 1981).

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« Parce qu’il revient à la psychanalyse de mettre l’accent sur l’action de

l’inconscient, nous n’allons pas nous adonner à des spéculations sur ce qui,

en fin de compte, ne peut s’exprimer sous aucune forme, et encore moins aller

bâtir des théories complexes sur base de propositions infalsifiables sur

l’activité mentale dans les premières années de l’enfance ». Cette expression

pourrait à juste titre s’appliquer à la Scientologie, la thérapie primale et

Thêta [ce sont toutes des mouvances de la fin des années ’70, visant à

l’augmentation de la conscience] et à leurs spéculations sur les processus

mentaux du fœtus et de l’enfant à naître, et à leur la littérature d’auto-

assistance qui insiste sur tu étais moi etc. »

Idéologie de la conscience et la séparation sujet-objet

L’hypothèse d’un « intérieur créateur du monde » ou ce qu’on présente maintenant

comme un archétype ou un autre soi spirituel de niveau supérieur – mène dans la

psychologie des profondeurs à un phénomène du nom de « Psychologie à la 3e

personne » (Fortmann, 1974). Il voulait dire par là que sous l’expérience de la

signification (qui est une conséquence de la situation où l’homme se trouve), on

suppose des processus psychiques qui s’en distinguent, avec une réalité propre. Ils se

déroulent à l’intérieur de l’individu. Ce monde intérieur existe donc comme un genre

de « deuxième » monde à côté de la réalité (voici la séparation sujet-objet). Cette

création d’une seconde réalité à côté de la réalité, a mené selon Fortmann, à ce que la

psychologie des profondeurs se soit (presque) exclusivement intéressée à la façon dont

cette seconde réalité fonctionne chez l’humain et à la forme qu’elle peut revêtir. Ainsi,

la réalité est-elle facilement perdue de vue ou considérée comme secondaire ; toute

l’attention se porte sur l’intérieur.

La critique, qu’on peut faire ici selon Fortmann, c’est que cette information ne

contribue pas à la connaissance de l’individu, mais qu’elle ne fait que désigner des

phénomènes au sein de l’individu, qui bien souvent ne font qu’accompagner des

événements concrets, comme un genre d’effet secondaire, et ne les expliquent pas ou

ne les causeraient pas.

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La vie réelle d’un individu a donc reçu un « double », une deuxième vie, irréelle,

interne. Ce qui est intéressant de ce point de vue, c’est seulement de savoir comment

une fonction psychique se met à exister et se développe, et moins sa signification pour

l’individu, ici et maintenant. La conséquence de cette formulation, c’est que le moi,

l’individu, est toujours dépeint implicitement comme une sorte de marionnette, qui

n’a pas grand chose à faire dans le jeu de cet être intérieur, profond et mystérieux, avec

le monde extérieur. Dans cette perspective, on dirait que le moi n’est qu’un facteur,

qui se trouve toujours entre la rive et le bateau ; ou, comme une balle de tennis, qui est

renvoyée entre sujet et objet.

Les phénomènes internes doivent – dans l’intérêt de l’individu – être mis en

relation avec la réalité de l’individu, donc avec sa vie de tous les jours, et non avec un

renvoi à une non-réalité. Ce dernier point est devenu un lieu-commun en astrologie :

la non-réalité et le vécu sont presque exclusivement utilisés comme une justification

fondamentale des péripéties de l’existence humaine.

Critique sociologique sur les idéologies de l’éveil de la conscience

La principale critique de cette idéologie de l’éveil de la conscience, formulée par les

sociologues, c’est qu’il est toujours implicitement suggéré ou explicitement formulé

que l’humain est un être complètement indépendant, qui vit dans une sorte de vide

social, créant son monde au sein de la liberté et des frémissements de sa conscience (ou

du développement de celle-ci). Les sociologues pensent qu’il y a un aspect sociétal aux

problèmes des gens, que des problèmes personnels sont souvent dus à des institutions

sociales, des valeurs et des normes et qu’on ne peut pas les imputer à ce que font les

individus.

Le développement de la conscience se décrit comme une prise de conscience de

soi-même, toujours croissante, et comme la dynamique interne à la base de la psyché

individuelle. Au fur et à mesure que l’individu développe sa connaissance et sa

conscience de soi, on estime que l’influence du monde le conditionne

systématiquement moins. L’objection, en cette vision de l’esprit – et aussi dans

l’astrologie jungienne et l’astrologie psychologisante – c’est qu’en réalité « le monde »

est mis a priori à l’écart et réduit à un prolongement de l’intériorité de l’individu, au

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lieu d’être une condition préalable à son individualité. C’est précisément l’opinion

contraire, que possède la sociologie sur la réalité. Si nous sommes honnêtes, alors le

thème natal ne donne pas d’information sur les choses, qui du point de vue de la

société, influencent le plus l’existence humaine, la conditionnent et la déterminent :

• Le radix ne dit pas si on est un homme ou une femme

• Le radix ne dit pas en quelle classe sociale on naît

• Le radix ne dit pas si on est blanc ou noir

Tabula rasa

Les astrologues utilisent souvent (à raison) l’argument que l’individu ne naît pas

comme une feuille vierge (la théorie de la tabula rasa) et que donc il ne serait qu’un

produit de son environnement, de ses stimuli et de son conditionnement. Ils

s’opposent à cette conception que quelqu’un est modelable à souhait par son

environnement social. Mais ils semblent aussi supposer que l’homme naît dans un

genre de société tabula rasa. Comme s’ils supposaient que la société était une page

blanche, qui doit être écrite selon les croyances de l’individu, en accord avec ses

besoins et ses forces (intrapsychiques).

Le sociologue Schur (1977) critique cette conception :

« Ces affirmations reposent sur de graves malentendus sur la façon dont

vivent les gens et dont des changements sociétaux se mettent en place. Ils

supposent que les gens peuvent, d’une manière ou d’une autre, agir et réagir

dans un vide social et moral. Que les structures et les formes sociales sont

inutiles et non-nécessaires. Qu’être malheureux est une conséquence du fait

que nous n’avons pas réalisé notre vrai moi. Que sincérité et honnêteté

feront disparaître conflit et insatisfaction. Que l’apprentissage d’un tas de

techniques sans contenu, transpersonnelles, garantira une vie satisfaisante.

Que le processus de l’expérience de la vie est plus important que ce qu’on en

vit. ... Le mouvement de la prise de conscience (offre) du point de vue de

groupes sérieusement défavorisés de la population – les pauvres, les

minorités, raciales et ethniques, les femmes, les hommes au comportement

« déviant » - un genre de libération particulièrement insuffisant. Certaines

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méthodes sont bien utilisables, par exemple l’élimination des stéréotypes,

ou le renforcement de l’estime de soi et de la réalisation de soi. Mais elles

n’abordent même pas la répression institutionnalisée, qui pour ce genre de

personnes, est vraiment essentielle. ... La répression n’est pas – comme elles

semblent le croire – juste le fait de certains individus, qui se comportent de

manière peu aimante ou peu libérée. La répression est systématiquement,

socialement structurée et culturellement renforcée. ... La principale

contribution de la conscientisation des femmes, est peut-être bien que les

femmes ont réalisé que les problèmes qu’elles percevaient jadis comme des

symptômes personnels étaient [seulement] des symptômes sociétaux... »

La vision holistique du monde a la bouche pleine de l’imbrication de tout dans

tout et du danger de la lutte symptomatique quand on ne voit un problème que d’un

côté ou qu’on a une approche trop spécialisée. Ce danger est vraiment présent

réellement, si on continue à souligner unilatéralement l’élément subjectif dans la

réalité humaine comme l’origine et la solution de tous les problèmes qu’un homme

peut rencontrer. Si on essaie de convaincre l’individu, que ce manque d’argent (qui est

bel et bien la conséquence de la classe sociale, où il est né ou bien où il réside) ou que

ce sentiment d’impuissance (qui par exemple peut être une conséquence du sexisme

ou du racisme) est seulement une croyance subjective et si on ne tient pas compte de

la dimension sociétale, alors on est tout autant occupé à lutter contre des symptômes

et en fait on est aussi dans l’erreur. On rend l’individu responsable d’un préjudice

sociétal.

Conclusion

Nous ne vivons pas dans un monde sans valeur et sans contenu. Nous naissons dans

un monde plein d’artéfacts et de situations créés par l’histoire. Il est plus logique

d’expliquer la qualité humaine (psychique) par son environnement, son milieu et

l’influence qu’ils exercent plutôt que de voir le milieu de quelqu’un comme un

processus créatif individuel. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’influence de

l’individu en développement progresse avec l’âge. Nous recevons plus d’espace et

plus de liberté de choix à mesure que nous grandissons.

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Les Maisons astrologiques sont un modèle de la réalité concrète qui nous

entoure. Chaque individu est né dans un milieu spécifique. Les conditions ne sont pas

« faites » par nous, ou ne sont pas le résultat de notre naissance, elles sont une

résultante d’un processus historique, qui ne nous a pas concernés, parce que nous

n’étions pas encore nés. Ces artéfacts et ces conditions sont dès lors sociétalement et

culturellement définis. Donc dépendent des valeurs et des normes de l’époque et

moins de nous comme individus. Exemple. Enfant, nous sommes nés dans une

maison, que nous n’avons pas choisie ou construite nous-mêmes. Cette maison est

décorée au goût de nos parents. Il y a des gens qui habitent à côté de chez nous, que

nous n’avons pas choisis nous-mêmes (nos parents, non plus vraisemblablement). La

maison est située dans un certain hameau, banlieue, quartier etc. Ce sont toutes des

choses qui exercent une influence sur nous, parce que ces conditions contiennent une

foule d’informations, que durant tout le reste de notre vie, nous allons associer, via les

processus d’apprentissage, au concept de « chez moi ». Il se trouve donc un

« processus d’imprégnation » de toutes sortes de choses, qui sont couplées à des

situations définies (les Maisons astrologiques). Il n’y a pas de création par l’homme,

donc il y réagit. Les gens créent leurs conditions de vie dans une mesure bien moindre

qu’ils n’y réagissent. Ils y sont nés, ils y vivent jour après jour, ils réagissent et

interprètent les circonstances, ils les conjuguent à des attentes (ordinaires) et ces

attentes sont la conséquence de processus d’apprentissage et d’expérience du vécu.

L’idéalisme subjectif cela va sans dire, suppose que l’humain est une créature,

qui « crée » son monde continuellement. Parle d’individus comme si de tout temps ils

faisaient un choix éclairé des conditions de leur vie. L’idéalisme subjectif néglige la

dimension de l’apprentissage et de l’expérience dans la vie humaine et semble

supposer que les conditions sont faites, par définition, créées, par la manière dont

l’individu interagit avec elles. Ils inversent les faits. D’abord il y a les circonstances de

la vie où on naît, c’est là que les processus d’apprentissage et de conditionnement

prennent place, et ceux-ci prennent la suite chacun à son tour, jouant un rôle dans la

manière dont l’individu voit la situation (plus tard) et dont l’individu lui-même se voit

dans cette situation.

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« N’est-ce pas que chaque enfant réagit à sa manière aux conditions de vie (qui restent

les mêmes) ? » Oui, c’est juste, mais cela concerne alors une circulation à sens unique. Il

y a une interaction continuelle entre l’enfant et les conditions (et là, je vois les parents

aussi comme des « conditions »). Cette interaction se caractérise par des processus

d’apprentissage et de conditionnement perpétuels. Et plus logiquement, chaque enfant

dans une famille choisit ses propres réactions avec les parents et ses conditions. Autant

un enfant n’est pas seulement le produit de son conditionnement, autant son

entourage n’est pas seulement la croyance subjective de l’individu.

Postface

La conclusion de tout ceci, c’est que les processus sociétaux d’influence sur

l’expérience de vie de quelqu’un sont de la qualité de sa vie. Ces facettes sociétales ou

sociologiques de la vie humaine ont une influence sur la psyché et sur le bien-être

ressenti de l’humain ! Au lieu de marquer ces problèmes sur l’ardoise de l’individu et

de les présenter comme un destin choisi (inconsciemment), un karma ou une

dynamique mystifiante intérieure, psychique, il est important d’être du moins au

courant de la base sociétale de certains problèmes vécus subjectivement.

La première blessure de Saturne, c’est non seulement une suite d’un processus

imaginé, mais il impliquait un échange complexe entre l’individu et l’événement. Le

bla-bla psychologique du New Age sur la création de sa réalité propre doit être utilisé

avec prudence. Il me semble que si on accorde plus d’attention à l’influence sociétale

sur les individus, au travers de facteurs sociétaux et sociaux, on aurait un bon contre-

poids à la prise de position subjective et unilatérale de la philosophie astrologique.

Documentation

Arroyo, Stephen, Greene, Liz. (1991) Jupiter et Saturne. Nouvelles perspectives de l’astrologie moderne.

Sur les aspects, les cycles et la dynamique de la relation.

Fortmann, Prof. Dr. Han M.M. (1974). Als ziende de onzienlijke. Een cultuurpsychologische studie over

de religieuze waarneming en de zogenaamde religieuze projectie.

1. Freud, Marx, Jung-referaat

2. Kritiek op de grondbegrippen

Page 56: UNE DÉFENSE DE L'ASTROLOGIE TRADITIONNELLE

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55

Gooi en Sticht B.V. - Hilversum.

Greene, L., Sasportas H. (1987). Le développement de la personnalité. Séminaires d’astro-psychologie.

Volume 1.

Hamaker-Zondag, K.M. (1980). Wezen en werking van planeten. Schors, Amsterdam.

Leeuwe, J. de (1980). Carl Gustav Jung en zijn maatschappelijke basis. Uitgeverij konstapel, Groningen.

Roeck, Bruno-Paul de (1977). De Loernoot. Therapie en maatschappij. Uitgeverij de Toorts.

Rooij, J.J.F. van (1991). Astrologie op de weegschaal. Een kritische beschouwing over de astrologie als

alternatieve persoonlijkheidstheorie. Swets & Zeitlinger, Amsterdam/Lisse.

Rosen, R.D. (1981). Psychoblabla. Het vreemde gewas der therapieën. Uitgeverij De Arbeiderspers,

Amsterdam.

Sasportas, Howard (1993). Les douze maisons. Une interprétation astrologique des douze maisons dans

votre radix.

Schur, Edwin (1977). Gewaarzijn, een rage. De bewustmakers sociologisch bekeken. De Toorts,

Haarlem.

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Plaidoyer pour une doctrine de la détermination astrologique

Partie III

« L’astrologie moderne, une doctrine du salut »

Martien Hermes

« L’homme a le libre-arbitre, mais non la volonté de s’en servir »

Schopenhauer

Introduction

Une variante de l’astrologie comme idéologie de la prise de conscience, c’est son

autre forme de manifestation : comme une doctrine du salut. L’astrologie en tant que

doctrine du salut mène aussi à ce que le monde n’est vu que comme un lieu de

résidence temporaire, un genre d’atelier karmique, où on ne s’occupe que de se

libérer d’un ancien karma pour en créer un nouveau. Ce credo plonge ses racines

dans l’astrologie – comme on l’a déjà montré – dans une petite section sur l’histoire

de l’astrologie. C’est au milieu du XIXe siècle que celle-ci s’est vu insuffler une

nouvelle vie par un mélange de visions diverses, occultes, psychologiques et (plus

tard) New Age. Cela signifiait que l’astrologie (avec tout le respect qu’on lui doit)

était devenue un genre de lubrifiant pour toutes sortes de conceptions sur la

destination finale de l’homme. Et cette destination finale, selon toutes ces visions,

c’est au fond une forme ou une autre de « montée au ciel », ou d’une réunion avec

« Dieu » - qu’on se représente ce Dieu comme une abstraction New Age, « l’esprit

de la nature », « l’étincelle divine » ou l’une ou l’autre « énergie », ou un contenu

psychique ou un archétype jungien, avec lequel fusionner finalement pour

optimiser son bonheur et le sens de sa vie. Si l’objectif de la vie peut se réduire à

une destination finale attendue et surtout définie d’avance, et si l’on vit en étant

persuadé de savoir ce que sera cette destination finale, ou à quoi sert la vie, la « leçon

de vie » (et n’est-ce pas ici qu’involontairement, nous butons sur du fatalisme

ésotérique ?), alors est-ce logique que par ce courant de pensée, le monde et les

événements qui s’y passent puissent aussi être de plus en plus tenus à l’écart ? Le

monde ne sert à rien d’autre – et il est aussi invariablement dépeint comme tel – ce

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n’est qu’un écran de projection des processus intérieurs. En fait, son existence n’est

pas réelle ; ce n’est que le germe d’une intériorité. En d’autres mots, les « choses »,

les événements et les faits n’ont pas d’importance, ils montrent seulement le but

final, qui est déjà établi et formulé d’avance.

Fatalisme psycho-ésotérique

La critique de l’astrologie moderne à l’adresse de l’astrologie classique, c’est qu’elle est

tellement fataliste. Cette conception est majoritairement basée sur le manque de

connaissance des méthodes classiques, qui sont bien plus complexes que les modernes

et par exemple, qui connaissent bien plus de solutions pour les planètes

embarrassantes que l’astrologie moderne. Mais les inférences classiques tirées du radix

semblent souvent accorder moins d’espace au libre-arbitre que ne veulent en entendre

les oreilles modernes. Nous ne pouvons présenter aux clients un destin inéluctable,

nous ne pouvons suggérer qu’il ne serait pas possible de changer quoi que ce soit à des

conditions de vie définies. Mais le fatalisme psychique qu’on prêche, est en réalité

aussi dur et aussi impitoyable.

Le raisonnement (qui tourne en boucle) est plus ou moins comme suit : des

événements concrets reflètent des processus intérieurs. Si les événements qui

surviennent à quelqu’un, ou si les changements que subit quelqu’un, sont pénibles,

alors on parle de processus de transformation internes pénibles. Plus l’événement est

pénible ou traumatisant, plus le processus interne est important (le monde et les

événements sont comme miroir de l’âme). Si on ne permet pas au changement de se

faire, alors des événements de ce genre vont continuer à se répéter dans l’avenir,

jusqu’à ce qu’on « ait appris sa petite leçon de psychologie ». Et on ajoute souvent

l’embarrassante formule (après Jung) : « Et si on ne le fait pas, alors ces événements à venir

deviendront de plus en plus violents, destructeurs et douloureux ! » Ce raisonnement « qui

ne veut pas entendre devra en supporter les conséquences », possède un fort relent de

jugement dernier à l’ancienne. En outre cette conception laisse aussi peu de place au

libre-arbitre que ce dont on accuse l’astrologie classique. La répétition – de plus en plus

grave – des événements ne laisse véritablement aucune place pour d’autres solutions,

non, il n’y en a qu’une seule, et une bonne : se repentir, pardon : éveiller sa conscience !

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Toute cette réflexion n’est en fait rien d’autre qu’un genre de christianisme ou

de gnosticisme sous une nouvelle apparence ésotérique. L’astrologie de cette manière

est en fait de la christologie. La raison probable de ce que les astrologues classiques

avaient peu de problèmes à honorer « l’auteur » de l’astrologie, tient au fait que tous

pratiquaient une astrologie chrétienne. C.-à-d. qu’il n’existait à cette époque (dans le

monde chrétien et islamique) aucune discussion sur le fait que Dieu (Allah) avait créé

tout ceci magnifiquement et qu’une preuve aussi splendide montrait sa toute-

puissance, que les voies de Dieu étaient mystérieuses et impénétrables, et rendons

grâce à Dieu, Amen. Et après une référence de ce genre à Dieu, créateur et « auteur »

de l’astrologie et de l’horoscopie, on passait à l’ordre du jour : l’astrologie prédictive

(et aux yeux des modernes : déterministe) et au nom de Dieu !

La sécularisation (la sortie de l’Église), et peut-être encore d’autres phénomènes

sociétaux, ont indubitablement contribué au phénomène que l’astrologue est de plus

en plus assis sur la chaise – ou dois-je dire : la chaire, du curé.

Vieux machins : le libre-arbitre

La christologie est entrée en astrologie là où on ne l’attendait pas. Elle a ses racines

dans le débat sur l’existence oui ou non du libre-arbitre et c’est là aussi qu’apparaît un

mélange de religion et de psychologie moderne. Selon Lee Lehman, la psychologie a

souvent insisté fortement sur la question du libre-arbitre et elle se retrouve sur la

même longueur d’onde que le point de vue chrétien. Pour l’Église, le libre-arbitre était

un thème réellement important, car l’individu devait choisir la repentance ou la

damnation, le ciel ou l’enfer. Le libre-arbitre de cette manière, est important pour la

psychologie moderne, car l’individu doit choisir quelle direction suivre dans sa propre

existence et transcender ses habitudes – qui sont à l’opposé du libre-arbitre.

Quel sujet sensible que celui-ci. On peut remarquer la résistance que suscite

une théorie comme celle de Freud, justement parce que celle-ci insiste sur le fait que

l’homme est souvent bien moins conduit par le libre-arbitre, mais justement par des

fantasmes refoulés ou effacés, et des contenus inconscients. Beaucoup d’astrologues

ne réalisent pas non plus, ce que la pratique de l’astrologie horaire montre à l’évidence,

que le libre-arbitre de l’homme ne semble pas si souvent ou si librement mobilisable

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que nous voulons bien le penser. Si l’astrologie horaire fonctionne, alors cela contredit

l’idée du libre-arbitre (et du fatalisme tout autant), car le Destin semble pouvoir être

influencé, voire même guidé.

Morin sur le libre-arbitre ; étonnamment nuancé

Peut-être ceci surprendra-t-il les astrologues de l’éveil de la conscience, mais presque

tous les astrologues classiques pensaient qu’on pouvait déjouer le destin inscrit dans

les étoiles (à l’aide de choses que nous appellerions de nos jours « un comportement

pieux »). Morin dit :

« Posons à présent la question : les étoiles annoncent-elles avec certitude

les événements futurs dans la vie du natif ? Je crois que la réponse est

« non », car sinon il faudrait admettre un implacable fatalisme, et la

citation de Ptolémée, qui est donnée ci-dessus, ne sonnerait pas juste

(Morin veut parler de l’Aphorisme 5 du Centiloque, où Ptolémée dit : celui

qui est avisé, peut éviter les effets de nombre d’étoiles en comprenant leur

nature et en se préparant d’avance. » - M.H.) Car les étoiles ne montrent pas

la possible résistance de l’homme à leur puissance, par la prudence et par

la raison éclairée par le divin. Elles montrent par exemple une maladie ou

un conflit dans une certaine période ; mais elles ne peuvent montrer en

même temps qu’il n’y aura pas de conflit ; ou qu’en étant prudent et en

prenant un traitement, l’homme protègera sa santé. Le fait est que, de toutes

les choses qui arrivent dans une existence humaine, certaines ne sont pas du

ressort de l’homme – comme qui seront ses frères ou ses ennemis, ou sa mort,

ou ses accidents – alors que d’autres sont bien en son pouvoir, car ils

reposent sur son libre-arbitre – comme les finances, les enfants, les

domestiques, l’épouse, les procès, les combats, les voyages et les

gratifications dans la carrière. Ces affaires sont extrinsèques au natif, vu

qu’il peut opérer un libre choix en ces affaires et les rejeter ou les éviter,

quand bien même l’influence des étoiles incline fortement à faire autrement.

Mais l’influence des étoiles donnent au natif une forte disposition naturelle,

l’influencent tellement, que du moins les tendances qu’elles donnent,

peuvent être déterminées avec une certitude évidente. Et des effets possibles

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résultant de ces influences, il y en a qui ne sont pas du ressort du natif, et il

est hautement probable qu’ils vont s’exprimer tels qu’annoncés par les

étoiles, alors que les affaires, où le natif exerce bien une influence, ont une

issue plus incertaine. Mais puisque la plupart des gens se comportent en

général selon leur disposition cosmique et puisque l’humain habituellement

est ignorant de lui-même – cela veut dire aussi bien de sa nature propre que

des choses destinées à lui échoir – il n’en fait pas assez pour éviter les

désagréments à venir. Et vu qu’il est ardu et difficile de résister à son fonds

inné, il y en a peu qui se livrent à cette bataille, moins encore y persévèrent.

C’est pourquoi les prévisions astrologiques souvent tombent juste ; car des

causes inférieures et spécifiques obéissent à l’évidence à la force de causes

supérieures et universelles – c’est une loi de la nature –bien que toutes les

prédictions ne soient que des suppositions et des hypothèses, et que

personne ne puisse rien prédire avec une absolue certitude. »

Remarquez qu’ici, on voit non seulement un rejet tout à fait clair du fatalisme,

mais en même temps un regard très réaliste sur l’humain : il est bien possible

d’échapper à son destin, mais c’est extrêmement difficile, et l’homme n’est qu’une

créature, qui bien souvent choisit la voie du moindre effort. Il est peu vraisemblable

que l’homme du XXe siècle fasse autrement que celui du XVIIe.

Pearce relativise aussi le fatalisme :

« Claude Ptolémée dit que, si les anciens pensaient que tous les événements

attendus n’étaient ni influençables ni modifiables, jamais ils n’auraient

instauré de rituels de propitiation, ou de remèdes et des moyens de

protection contre les influences du monde qui nous entoure, celui où on se

trouve maintenant ou celui qui se prépare, aussi bien au général qu’au

particulier. »

Victime de l’idéologie de la conscience et du credo : astrologie horaire,

mondiale et prédictive

Un symptôme de la vision psycho-religieuse dominante en astrologie, c’est le ton

dramatique qu’on assène si tôt qu’arrive la prédiction. Les raisonnements, avec

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lesquels on essaie de prouver que l’astrologie ne peut prédire, ou que prédire est

inutile (car la destinée finale est déjà fixée) ne brassent pas de l’air. Voyez quel mal ont

les astrologues horaires pour justifier et pour « vendre » leur pratique à l’establishment

astro-psychologique. Le fatalisme guette, quand les clients se livrent au verdict des

prédictions, c’est l’opinion répandue. L’astrologue qui s’engage à le faire, souffrirait

de fantasmes inconscients et ferait de vains efforts pour contrôler la vie de ses clients

et les influencer à tort.

Cette attitude de rejet des techniques prédictives est une suite logique des

hypothèses de l’astrologie en tant que doctrine du salut. Si la destination finale de

l’homme est vraiment fixée, (sa « montée au ciel » ou en termes astrologiques

jungiens : la réunion avec l’archétype du Soi sous la forme des diverses planètes du

thème), alors il est inutile de faire des interprétations ciblées d’événements concrets.

Le monde et les événements sont en réalité seulement un symptôme, une scène, un

miroir, un décor sans signification, devant lequel se joue une scène des énergies

planétaires.

Cette attitude à l’encontre des techniques prédictives se fait aux dépens de la

compréhension des techniques sous-jacentes et de la manière dont elles doivent être

employées. Il existe un vieil adage en astrologie, qui est repris continuellement, même

dans les livres d’astrologie moderne, mais qui n’est ni compris ni appliqué de façon

uniforme. Cet adage énonce : « Il ne peut rien se produire qui n’ait déjà été promis par

le radix. » Cet adage a des implications importantes pour l’interprétation d’un thème

natal et l’emploi des techniques prédictives. La négligence envers une doctrine de la

détermination et l’impression partisane de la conscience comme facteur conditionnant

de l’existence humaine, a conduit à ce que, en astrologie moderne, les techniques

prédictives sont les seules à être encore en usage, comme si c’étaient des oracles : « Que

va-t-il se passer ? » Rempli de tension et d’appréhension, on regarde ce qu’une

progression, une direction ou un transit va amener au matériel psychique (les

événements eux-mêmes sont jugés secondaires). Ceci semble supposer qu’un

pronostic porte sur des choses nouvelles et des enchaînements nouveaux.

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Avec cela, on oublie que selon l’astrologie classique, et en accord avec l’adage

cité, les techniques prédictives n’ont pas tant à voir avec des développements

nouveaux, mais seulement avec la réalisation de ce qui est promis dans le radix ! Ici, il

y a un hiatus important entre astrologie classique et moderne, le thème lui-même est

toujours utilisé pour interpréter les limites et les possibilités du natif, pour les prédire.

Le radix a servi de mesure, comme limitation finale des possibilités (d’évolution) de

chacun. Cela ne se fait plus en astrologie moderne, car on suppose qu’un individu

(comme entité psychique) n’a absolument aucune limite.

Les classiques le faisaient bien, en réalité, et carrément de façon bien plus

prédictive. Le radix détermine selon eux si quelqu’un va oui ou non devenir riche, etc.

Aujourd’hui, nous avons bien plus d’interprétations prophétiques, on suggère des

possibilités de croissance et de développement perpétuels, même sur des points où un

astrologue classique ne verrait plus rien. Donc si le radix promet quelque chose, alors

l’astrologue doit pouvoir énoncer ce que contient cette promesse ; c.-à-d. ce qu’on

pouvait attendre raisonnablement, et cela principalement sur base du radix, et non

seulement sur base des techniques prédictives (!), car celles-ci sont seulement des

techniques de datation des promesses du radix. Ce qui est promis par le radix, est daté

par le pronostic, « minuté », non causé par les prédictions !

Tout ceci est complètement délaissé en astrologie moderne. Les techniques

prédictives sont devenues une sorte de boule de cristal avec quoi on espère pouvoir

jeter un œil sur l’évolution de la vie de quelqu’un. Ces enchaînements ont une limite

bien définie, qui selon toutes les sources classiques, sont toujours en relation avec le

radix. Ceci à l’encontre des interprétations modernes du « tout est possible » et de

« tout est psychique ».

Chaque interprétation d’une technique prédictive, qu’on veut l’utiliser pour

apporter une perspective complètement nouvelle et inattendue dans la vie de

quelqu’un – la technique de prédiction dite « surprise », aussi pour l’astrologue – est

trop peu basée sur une bonne interprétation concrète du radix. Ici aussi c’est

malheureusement la faute de l’astro-psychologie. Il n’y a rien de mauvais à faire une

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interprétation psychologique, mais elle ne peut fausser la logique astrologique et cela,

en revanche, c’est bien le cas aujourd’hui.

Conclusion : plaidoyer pour une doctrine astrologique déterministe

L’astrologie moderne souffre de banalités et d’une vulgarisation de plus en plus

grande, qui ne fait pas de bien à la profession d’astrologue. En partie parce que le

nivellement a pénétré jusqu’à l’enseignement, où on porte de moins en moins

d’attention au savoir traditionnel. On a l’air d’être capable de donner une description

psycho-ésotérique au lieu de faire concrètement ou professionnellement des

interprétations astrologiques. On est aidé en cela par des mètres d’étagères en librairie,

remplies de livres d’astrologie moderne, vulgarisée, qui se prennent pour référence les

uns les autres et en fait organisent clairement la faillite de l’astrologie ; on écorne le

savoir au profit de philosophies psychologiques creuses sur la croissance, et de

théories New Age.

C’est indubitable : avec tout ceci, le savoir astrologique est de plus en plus

délaissé. Un symptôme : la perte de la langue astrologique, du jargon, qu’on pratique

couramment dans chaque science. Nous en connaissons effectivement moins que nos

prédécesseurs.

Pourquoi un plaidoyer pour une doctrine astrologique de la détermination ?

C’est simple : en ce moment, on ne produit que de la mauvaise astrologie, bien

souvent. On psychologise énormément sur l’astrologie et sur l’humain, et sur

l’astrologue ; en attendant, on s’est tellement éloigné de l’héritage astrologique, que

presque personne ne semble plus guère savoir comment interpréter dans la pratique.

Par exemple, dans la littérature astrologique, cela se voit dans l’impuissance à

raccrocher des faits simples – biographiques – et des phénomènes simples, à leurs

justes facteurs astrologiques dans le radix d’un natif. La raison de cette impuissance

est claire – et c’est le mobile de ce plaidoyer et du périodique : la rupture de l’astrologie

d’aujourd’hui avec une doctrine de la détermination de qualité, qui nous permette

d’évaluer correctement un radix. Sous le terme de doctrine de la détermination

astrologique, j’entends quelque chose comme un certain nombre de règles

d’interprétation fixes et efficaces (des conventions ?), qui dans la pratique semblent

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fonctionner et en ce sens sont « testables ». Quand je dis « testable », je veux dire

démontrables, mais sûrement pas statistiquement ou scientifiquement.

L’absence de cette doctrine de la détermination est une conséquence du

développement de l’astrologie moderne ; de sa combinaison avec des idéologies

occultes, des courants et des conceptions ésotériques sur le destin de la vie humaine et

la participation de l’individu. Plus où on pense que la société et la chance d’exister est

chose faisable, plus l’idée d’un certain destin qui est mesurable, c.-à-d. apparemment

prédéterminé, est moins attirante ou intenable et écartée comme fataliste. En plus,

l’astrologie a perdu l’un de ses instruments vraiment les plus précieux : le but d’être

un instrument de mesure objectif et qualitatif de la vie, du destin et des

développements à en attendre, aussi bien psychologiques que concrets.

Ce qui est intéressant, c’est qu’une doctrine de la détermination de ce genre

existe depuis longtemps. Morin de Villefranche l’a déjà développée au XVIIe siècle. Il

a amélioré l’astrologie natale à l’aide d’un système d’analyse très performant. Dans

son livre Planetenloop et mensenlot, l’astrologue Cornelis Gorter résume le système de

Morin en une centaine de règles. Ce livre est disponible en seconde main et encore

facile à trouver ; c’est un véritable conseiller pour l’astrologue d’orientation classique.

Dans ce périodique, Morin sera aussi régulièrement mis à l’honneur.

Postface

Je ne suis pas un partisan de l’une ou l’autre sorte de fanatisme orthodoxe en ce qui

concerne l’astrologie classique et je ne suis pas non plus un détracteur de l’astro-

psychologie – même si peut-être, je crée la polémique. Mais je pense qu’un système

d’interprétation pratique et testable et un savoir solide sont une meilleure base pour

une pratique astrologique valable, plutôt que seulement un pouvoir de persuasion

d’une certaine vision de l’homme.

Si on peut accepter qu’une théorie psychologique ne peut être prouvée par

l’adhésion des clients à une interprétation astrologique, alors il devient évident que la

charge de la preuve astrologique est au moins avantagée par une méthode claire et

évidente. Cette méthode doit, avant toute chose, permettre de prédire des faits concrets

dans la vie ou (par après) les retracer (vérifiabilité), pour à partir de là réfléchir aux

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conséquences psychiques de ces événements, et non pas – à l’inverse – « prouver »

l’interprétation psychologique du thème en interprétant toutes sortes d’expériences

concrètes du vécu comme un symptôme de la psyché du natif.

Je pense que les interprétations modernes, psychologiques, et les ajouts sur les

symboles horoscopiques font sens, mais néanmoins ils doivent être (à nouveau ?)

testés selon leur préhistoire classique. Nous ne pouvons faire table rase du savoir

traditionnel tout simplement parce que nous ne voulons ou ne pouvons plus le

comprendre, pour le remplacer tout bêtement par des planètes mystérieuses, des

planètes ou des points du radix hypothétiques, et en y ajoutant quelque chose qui a

l’air intéressant – mais difficilement testable – la psychologie, l’évolution ou

l’ésotérisme. Je pense que l’astrologie moderne bénéficierait d’une étude soigneuse de

son histoire scientifique, car l’astrologie moderne ne connaît pas sa propre histoire.

Des études de ce type sont rares : on cite et on fait (très) rarement référence à des

astrologues classiques, mais mettons qu’on prenne la peine de faire une recherche, sur

la façon dont travaille en fait l’astrologie classique. Si on le fait bien, alors on referme

un large hiatus entre la pratique classique (ses méthodes et ses conclusions) et

l’astrologie moderne qui donne un sens à la vie.

Ce périodique a le but d’illustrer, de formuler et d’étudier les conceptions et

la doctrine de l’interprétation classiques, dans l’espoir que les astrologues auront en

mains un système d’interprétation plus performant et plus efficace, qui n’a pas besoin

de s’aligner continuellement sur la nature de la philosophie ou la vision, avec laquelle

elle se présente.

Il ne prétend pas donner une réponse finale à l’énigme de la vie, ni présenter

une technique infaillible, mais il espère bien établir une base pour une astrologie qui

donne un point d’ancrage méthodologique et technique à l’astrologue, et non contredit

ni aboli par la philosophie à laquelle on adhère.

Au travail, à présent.