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Mme Murphy-Chanéac, 2, Sociétés urbaines, CS Page 1 THEME 3 SOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALE DU XIE AU XIIIE SIECLE Questions obligatoires Sociétés et cultures urbaines 3h Comment s’affirme le monde des villes du XIème siècle au XIIème siècle ? - L’essor urbain. - Étude de deux villes en Europe, choisies dans deux aires culturelles différentes. Pourquoi et comment le monde urbain renaît-il en Europe du XIème au XIIIème siècles ? Documents Méthode Cours et problématique Etude de documents Histoire des Arts Etude comparative Réalisation d'une synthèse Réalisation d'une carte heuristique En quoi la ville de Bruges et la ville de Venise nous renseignent-elles sur la puissance naissante des villes du XIème au XIIIème siècle ? I. Le monde urbain formé de villes seigneuriales et de sociétés communautaires connait un essor important II. Et une certaine émancipation III. Qui leur permettent de mettre en place une nouvelle gouvernance D’après les exemples de Bruges et de Venise comment les habitants des villes vivent-ils ? comment définir la nouvelle culture urbaine ? I. Les habitants ont des activités diverses et nouvelles II. Qui organisent l’espace et qui donnent de la richesse III. Mais Des tensions au sein de cette culture urbaine Venise, Bruges, Hanse, féodalité, vassal, suzerain, seigneurie, commune, foire, doge, comptoir, lettre de change, thalassocratie, fresque, cité, banlieue, foire, franchise, bourgeois, bastide, confrérie, journalier, corporations, guilde, scolastique, patriciat, artisanat, fief, serf, université, bonnes villes.

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Mme Murphy-Chanéac, 2, Sociétés urbaines, CS Page 1

THEME 3 – SOCIETES ET CULTURES DE L’EUROPE MEDIEVALE DU XIE

AU XIIIE SIECLE Questions obligatoires

Sociétés et cultures urbaines 3h Comment s’affirme le monde des villes du XIème siècle au XIIème siècle ? - L’essor urbain. - Étude de deux villes en Europe, choisies dans deux aires culturelles différentes.

Pourquoi et comment le monde urbain renaît-il en Europe du XIème au XIIIème siècles ? Documents Méthode Cours et problématique

Etude de documents Histoire des Arts Etude comparative Réalisation d'une synthèse Réalisation d'une carte heuristique

En quoi la ville de Bruges et la ville de Venise nous renseignent-elles sur la puissance naissante des villes du XIème au XIIIème siècle ?

I. Le monde urbain formé de villes seigneuriales et de sociétés communautaires connait un essor important

II. Et une certaine émancipation III. Qui leur permettent de mettre en place

une nouvelle gouvernance

D’après les exemples de Bruges et de Venise comment les habitants des villes vivent-ils ? comment définir la nouvelle culture urbaine ?

I. Les habitants ont des activités diverses et nouvelles

II. Qui organisent l’espace et qui donnent de la richesse

III. Mais Des tensions au sein de cette culture urbaine

Venise, Bruges, Hanse, féodalité, vassal, suzerain, seigneurie, commune, foire, doge, comptoir, lettre de change,

thalassocratie, fresque, cité, banlieue, foire, franchise, bourgeois, bastide, confrérie, journalier, corporations,

guilde, scolastique, patriciat, artisanat, fief, serf, université, bonnes villes.

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Les idées évoquées en classe : A l’échelle de l’Europe : Le renouveau économique.

La Ville devient un centre de consommation, qui absorbe et redistribue les excédents de la production agricole, un centre de production qui transforme ces surplus agricoles.

Du Xle au XIlIe s., les progrès de l’agriculture permettent une augmentation de la population et une croissance urbaine.

Des besoins nouveaux apparaissent : de ce fait, les routes, fluviales et maritimes surtout, se multiplient.

Le commerce se développe, les anciennes villes renaissent, d’autres sont créées au débouché de grandes routes commerciales ou à des carrefours de communication.

A l’échelle locale : Développement des faubourgs au-delà des limites des anciennes murailles, placés sous la

juridiction urbaine (banlieue), intégrés peu à peu à l’espace urbain par la construction de nouvelles enceintes.

Dans les vieilles cités en expansion, le comte dispute le pouvoir à l’évêque. Bastides et « villes neuves » quadrillent les territoires qu’ils contrôlent. De nombreuses petites villes rayonnent sur les campagnes environnantes. Des capitales politiques et des grands centres religieux ou universitaires = des pôles industriels et

marchands de premier plan. Les villes méditerranéennes, en particulier italiennes, tirent parti de l’essor du grand commerce. Dans le nord de l’Europe, se constitue un autre pôle, industriel autant que commercial, dominé

par Bruges et les villes de la Hanse. Il n’existe pas de liaison maritime directe entre le nord et le sud de l’Europe des itinéraires traversent donc le continent en prenant appui sur le réseau fluvial. Des foires prospèrent, grâce aux franchises et protections qui leur sont accordées, en particulier en Champagne .

Les sociétés urbaines = Des artisans, des commerçants, des hommes d’Église, des écoliers, des étudiants, etc. Chacun de

ces groupes constitue une communauté homogène. À partir du XIIIème siècle, les artisans se regroupent dans le cadre des métiers, qui délimitent des

quartiers au sein de l’espace urbain. = corporation Le mouvement communal.

Comme les paysans, les bourgeois cherchent à s’émanciper de la tutelle seigneuriale. Dans les années 1070-1150, des communes se soulèvent en Flandre, dans le nord de la France ou

en Italie. Elles obtiennent des privilèges garantis par des chartes de franchise. Par la suite, les seigneurs, en

particulier les plus puissants, accordent aux villes une autonomie politique qui préserve toutefois leur autorité.

Une organisation politique diverse Le pouvoir exécutif peut être exercé par des « consuls » (Italie, sud de la France), ou par un maire

ou bourgmestre (France du nord, Flandre). Le conseil, installé dans un hôtel de ville, constitué d’échevins ou de Jurés, délibère sur tous les

sujets importants. La mainmise d’une poignée de grandes familles sur ces institutions suscite de nombreux conflits .

Placées sous la domination de seigneurs, nombre de villes essaient de conquérir une autonomie politique entre 1070 et 1130. Le mouvement des communes permet l’apparition de conseils de magistrats, appelés échevins ou consuls, qui participent à l’administration de la ville.

Ce mouvement traduit le développement d’une identité urbaine, qui s’exprime dans un certain nombre de symboles: les sceaux, les hôtels de ville où sont conservées les archives . En Flandre, on construit également des beffrois, tours monumentales à l’image de la puissance de la ville.

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Mots clés : Banlieue : territoire sur lequel la ville exerce -son autorité (ban). Il s’étend sur une lieue, soit4à5km. Bastide : ville neuve, de plan régulier, créée, en particulier dans le sud-ouest, par les rois français et anglais, pour des raisons surtout stratégiques. Cité : au Moyen Âge, désigne le territoire placé sous l’autorité de l’évêque et, au sens étroit, la ville où ce dernier réside, siège de l’évêché. Echevins : membres du conseil qui administre les villes du Nord. Ils peuvent être nommés par le seigneur ou se renouveler chaque année. Le conseil désigne alors lui-même les nouveaux venus. Foire: marché qui se tient à date fixe, à l’occasion d’une fête religieuse, et se prolonge pendant une ou plusieurs semaines. Franchise : privilège ou liberté accordé par un seigneur. Hanse : association de marchands (guilde). La plus célèbre est une fédération de villes (près de 200 villes au xiii’ siècle) des rives de la mer Baltique la Hanse avec un H majuscule. Jurés : à l’origine, ensemble des bourgeois qui ont juré la commune, c’est-à-dire prêté serment. Désigne surtout les magistrats qui assurent le gouvernement collectif de la ville, Bourgeois : à. l’origine, statut permettant de jouir des privilèges d’une ville. Le terme a été assez vite réservé aux plus riches habitants qui monopolisent en général le pouvoir. Commune: association formée par les habitants d’une ville, voire d’un village, unis par un serment. Elle peut obtenir du seigneur une charte et bénéficier de diverses libertés, comme celle de désigner ses magistrats. Confrérie : association d’entraide spirituelle et matérielle. Elle recrute ses membres dans le cadre d’un quartier ou d’un métier. Drapier : entrepreneur qui achète la laine et la fait travailler par les différents artisans avant de la vendre. Foulon : travailleur chargé de fouler aux pieds une pièce de drap afin de donner plus de douceur au tissu. Au xiii’ siècle, on commence à lui substituer des pilons mécaniques (moulins à. foulon). Journalier: ouvrier embauché à la journée. Ongles bleus : surnom péjoratif donné aux teinturiers. Regrattier vendeur au détail et de seconde main de marchandises d’usage courant. Valet: travailleur qui, ayant appris un métier, l’exerce au service d’un maître. On l’appelle plus tard compagnon. Villes drapantes : villes dont l’essentiel de l’activité économique provient du travail de la laine. Guilde ou métier : association de personnes exerçant la même activité professionnelle. Elle se fixe comme objectif de réglementer l’accès à la profession et la qualité de la production. Université : communauté de maîtres et d’étudiants organisant l’enseignement par facultés (arts libéraux, médecine, droit et théologie).

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POURQUOI ET COMMENT LE MONDE URBAIN RENAIT-IL EN EUROPE

DU XIEME AU XIIIEME SIECLES ? EN QUOI LA VILLE DE BRUGES ET

LA VILLE DE VENISE NOUS RENSEIGNENT-ELLES SUR LA PUISSANCE

NAISSANTE DES VILLES DU XIEME AU XIIIEME SIECLE ?

I. LE MONDE URBAIN FORME DE VILLES SEIGNEURIALES ET DE SOCIETES COMMUNAUTAIRES CONNAIT UN ESSOR IMPORTANT

A. La croissance urbaine A l’échelle de l’Europe : Le renouveau économique. Au Ve siècle, la fin de l’Empire romain d’occident entraîne le recul des villes et du commerce. Mais, au début de l’an mil, la ville tire parti du dynamisme des campagnes. Elle devient un centre de consommation, qui absorbe et redistribue les excédents de la production agricole. Elle devient également un centre de production qui transforme ces surplus agricoles. Le marché, mais aussi l’argent, sont les moteurs de l’activité urbaine. Du Xle au XIlIe s., les progrès de l’agriculture permettent une augmentation de la population et une croissance urbaine. Jusqu’au Xe s., le commerce était très limité en Occident: on consommait sur place la totalité de ce qu’on produisait. À partir du XIe s., les échanges s’intensifient. Les excédents agricoles peuvent être vendus dans la ville proche ou au loin. Des besoins nouveaux apparaissent chez les seigneurs et les prélats ecclésiastiques qui s’enrichissent; des matières premières raffinées, comme les soieries, les draps fins sont importés de contrées lointaines. De ce fait, les routes, fluviales et maritimes surtout, se multiplient. Au fur et à mesure que le commerce se développe, les anciennes villes renaissent, d’autres sont créées au débouché de grandes routes commerciales ou à des carrefours de communication. Ces villes médiévales sont modestes, dépassant rarement 10 000 habitants. Avec 200 000 habitants en 1300, Paris est une exception. Les plus grandes villes d’Occident, dépassant 50 000 habitants, sont surtout des villes italiennes comme Venise, Gênes, Florence ou flamandes comme Bruges et Gand.

A l’échelle locale : Les nouveaux arrivants issus des campagnes environnantes s’installent au-delà des limites des anciennes murailles. Ces faubourgs, placés sous la juridiction urbaine (banlieue), sont tardivement intégrés à l’espace urbain par la construction de nouvelles enceintes. La ville conserve un aspect champêtre, avec de nombreux espaces non bâtis (jardins, voire champs), mais la densité de l’habitat dans d’autres parties de la ville entraîne de multiples difficultés (circulation malaisée, insalubrité, risques d’incendie).

B. La diversité des villes Dans les vieilles cités en expansion, le comte dispute le pouvoir à l’évêque.

Ailleurs, des villes se développent autour des châteaux (Caen).

Princes et rois sont à l’initiative d’opérations d’urbanisme : Bastides et « villeneuves » quadrillent les territoires qu’ils contrôlent.

De nombreuses petites villes rayonnent sur les campagnes environnantes. Les capitales politiques et les grands centres religieux ou universitaires ont encore plus d’influence car ils sont aussi des pôles industriels et marchands de premier plan. Paris rivalise avec Venise et Milan, seules villes européennes à dépasser les 100 000 habitants au XIlle siècle.

Les villes méditerranéennes, en particulier italiennes, tirent parti de l’essor du grand commerce.

Dans le nord de l’Europe, se constitue un autre pôle, industriel autant que commercial, dominé par Bruges et les villes de la Hanse. Il n’existe pas de liaison maritime directe entre le nord et le sud de l’Europe des itinéraires traversent donc le continent en prenant appui sur le réseau fluvial. Des foires prospèrent, grâce aux franchises et protections qui leur sont accordées, en particulier en Champagne .

C. La société urbaine médiévale est très diversifiée Des artisans, des commerçants, des hommes d’Église, des écoliers, des étudiants, etc. Chacun de ces groupes

constitue une communauté homogène.

À partir du XIIIème siècle, les artisans se regroupent dans le cadre des métiers, qui délimitent des quartiers au sein de l’espace urbain. Ils associent des maîtres, détenteurs d’un savoir-faire et propriétaires d’un atelier, des apprentis, formés et hébergés par les maîtres, et des compagnons. Tous respectent des règles communes de travail, fixées par des statuts de la corporation, comme ceux qu’Étienne Bouleau fait rédiger à Paris. Les universités fonctionnent selon le même principe. Les marchands se regroupent dans des associations appelées guildes.

Les premières associations, à caractère religieux, offrent à leurs membres un réconfort matériel ou spirituel en cas de maladie ou d’accident. Ces confréries veillent à ce que ceux-ci bénéficient de funérailles de qualité. Peu à peu, des guildes se constituent. Elles encadrent la production, réglementent les marchés et garantissent des normes de fabrication propres à assurer la renommée de leur profession. On distingue les métiers jurés, qui reposent sur le

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serment prêté entre leurs membres, et les métiers réglés, qui sont soumis à un règlement donné par des institutions urbaines, royales ou seigneuriales.

Pour avoir le statut de maître, un apprenti doit prouver son savoir-faire lors d’un examen et acquitter un droit d’entrée souvent élevé. La mobilité sociale est réduite car l’hérédité s’impose: le fils de maître, déjà assuré de récupérer la boutique et l’outillage familial, est souvent dispensé de l’examen et des frais de banquet qui l’accompagnent. Ainsi, la plupart des apprentis finissent salariés, embauchés comme valets à l’exception de ceux qui ont la chance d’épouser la fille ou la veuve d’un maître.

II. ET UNE CERTAINE EMANCIPATION A. Le mouvement communal. Comme les paysans, les bourgeois cherchent à s’émanciper de la tutelle seigneuriale.

Dans les années 1070-1150, des communes se soulèvent en Flandre, dans le nord de la France ou en Italie.

Elles obtiennent des privilèges garantis par des chartes de franchise. Par la suite, les seigneurs, en particulier les plus puissants, accordent aux villes une autonomie politique qui préserve toutefois leur autorité.

B. Des institutions très diverses. Le pouvoir exécutif peut être exercé par des « consuls » (Italie, sud de la France), ou par un maire ou bourgmestre

(France du nord, Flandre).

Le conseil, installé dans un hôtel de ville, constitué d’échevins ou de Jurés, délibère sur tous les sujets importants. Le plus souvent, ceux qui sont "élus" désignent eux-mêmes les nouveaux membres du conseil, même si le choix peut être approuvé par le seigneur.

La mainmise d’une poignée de grandes familles sur ces institutions suscite de nombreux conflits .

III. QUI LEUR PERMETTENT DE METTRE EN PLACE UNE NOUVELLE GOUVERNANCE A. Autonomie et naissance d’une culture politique Placées sous la domination de seigneurs, nombre de villes essaient de conquérir une autonomie politique entre 1070

et 1130. Le mouvement des communes permet l’apparition de conseils de magistrats, appelés échevins ou consuls, qui participent à l’administration de la ville.

Ce mouvement traduit le développement d’une identité urbaine, qui s’exprime dans un certain nombre de symboles: les sceaux, les hôtels de ville où sont conservées les archives . En Flandre, on construit également des beffrois, tours monumentales à l’image de la puissance de la ville.

B. La vie politique Cette évolution suscite la naissance d’une vie politique qui peut prendre la forme de luttes entre clans opposés Elles

accompagnent l’affirmation d’une élite se consacrant à la gestion des affaires communes, le patriciat. Suivant les cas, celui-ci provient du monde des marchands, des artisans ou de la noblesse.

Au début du Moyen Âge, la plupart des villes dépendaient d’un évêque ou d’un seigneur. A partir du XI s., dans les bourgs nouveaux qui s’étendent à côté de la cité de l’évêque ou du seigneur, les bourgeois réclament des libertés. Pour les obtenir ils s’unissent et forment des communes et réclament une charte précisant les libertés concédées. Lorsque l’évêque ou le seigneur refuse, il arrive que les bourgeois se révoltent et parfois le chassent.

C. Naissance de la bourgeoisie Devenues indépendantes, les villes sont dirigées par des bourgeois élus par les habitants des villes qui possèdent le

« droit de bourgeoisie ». Ils portent le nom de consuls ou maire dans le sud de la France, échevins ou bourgmestre dans le nord. Ils font construire des hôtels de ville et des beffrois, symbole des libertés communales.

Mais le petit peuple ne possède aucun pouvoir.

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D’APRES LES EXEMPLES DE BRUGES ET DE VENISE COMMENT LES

HABITANTS DES VILLES VIVENT-ILS ? COMMENT DEFINIR LA

NOUVELLE CULTURE URBAINE ? I. Les habitants ont des activités diverses et nouvelles

A. Le commerce s’impose : Des marchands enrichis se lancent dans des déplacements de plus en plus audacieux et lointains. Les moyens de

paiement s’améliorent grâce à la création de monnaies solides comme le florin à Florence, le ducat à Venise. La présence des changeurs, l’utilisation de contrats d’association et, malgré les interdits de l’Eglise, de prêts à intérêt favorisent également le commerce.

Marchands de Flandre et d’Italie du Nord échangent leurs produits dans les foires de Champagne. Les marchands des villes du nord de l’Allemagne s’unissent dans une association qui porte le nom de Hanse.

Le commerce quotidien permet à la population de se ravitailler : Les métiers de bouche ou « victuaillers » sont chargés de nourrir les citadins. Ils travaillent à la vue de tous, tenant boutique sous les arcades des places et des rues marchandes, ou derrière l’étal de leur atelier.

B. Le développement de l’artisanat Le poids de l’artisanat textile. Le travail de la laine repose sur une forte division des tâches. Chaque opération, du

filage à la teinture en passant par le tissage, est confiée à un corps de métier différent, le drapier contrôlant au final la chaîne de production. Le tisserand dispose d’un savoir-faire et d’un équipement coûteux et jouit d’une certaine réputation. En revanche, les opérations les moins qualifiées sont le fait d’une main-d’œuvre féminine (battage, filage) ou d’un prolétariat misérable, celui des foulons et des ongles bleus . Présents dans toutes les villes, le textile est à l’origine de la fortune des villes drapantes de Flandre (Douai, Bruges, Gand, etc.) ou d’Italie (Florence, Milan).

Les artisans travaillent dans de petits ateliers ouverts sur la rue. Autour d’un maître se rassemblent un ou plusieurs compagnons et des apprentis. Les artisans d’un même métier se regroupent dans un même quartier. Ils sont parfois organisés en corporations très réglementées, ce qui réduit la concurrence, protège l’artisan et le client, mais empêche tout progrès dans la fabrication.

Des artisans produisent des objets de la vie courante, des couteliers aux tanneurs en passant par les grolliers qui recyclent les vieux souliers. D’autres alimentent les marchés de luxe, comme les fourreurs et pelletiers (artisans qui préparent et vendent les peaux), les orfèvres ou les métiers d’art (ivoiriers, enlumineurs, etc.).

Des métiers d’inégale dignité. On distingue les professions en fonction de leur statut et de leur richesse. Certaines activités sont jugées dégradantes, comme les bouchers, d’autres sont au contraire prestigieuses comme les pelletiers ou les orfèvres. Les métiers les plus puissants se partagent le gouvernement urbain avec les marchands et les banquiers.

II. QUI ORGANISENT L’ESPACE ET QUI DONNENT DE LA RICHESSE A. La division de l’espace urbain Il existe, dans la ville médiévale, des formes de ségrégation qui visent à mettre à l’écart certaines populations. Ainsi,

les lépreux sont-ils généralement rejetés à la périphérie des villes, dans des léproseries. Par ailleurs, les juifs sont progressivement conduits à se regrouper dans des quartiers réservés, ghettos. .

Le poids du patriciat. La noblesse urbaine reste influente dans les villes du Sud. Mais les marchands spécialisés dans le grand commerce et la banque dominent de plus en plus la vie de la cité. Cette élite de l’argent possède le sol, investit dans la proche campagne, distribue le travail et contrôle les institutions. En Italie, ces grandes familles, nobles et non nobles, s’appuient sur leurs palais et sur leurs fidèles et se disputent le pouvoir.

Une société hétérogène. Au sein de la ville, dans les mêmes quartiers, cohabitent clercs et laïcs, officiers royaux et réprouvés (juifs ou lépreux), banquiers et mendiants. Les registres fiscaux distinguent d’ailleurs « gras », « moyens » et « menus ». Ces derniers, dispensés du paiement de l’impôt, représentent plus du tiers de la population et sans doute beaucoup plus en période de difficultés économiques. Dès le milieu du Xlle siècle, apparaissent des hôpitaux urbains destinés aux malades, mais aussi aux pauvres et aux pèlerins.

En revanche, riches et pauvres vivent dans les mêmes quartiers. La charité est une pratique courante, encouragée par l’Église, qui fonde des hôpitaux. Elle n’empêche pas des tensions de s’exprimer.

La ségrégation religieuse n’est pas un fait général dans les villes d’Europe. Dans les régions reconquises sur l’islam, comme en Sicile ou en Espagne, les communautés musulmanes, juives et chrétiennes parviennent à coexister dans une certaine harmonie. Le réseau paroissial est renforcé au Xllle siècle par la présence des églises mendiantes. Le déracinement qu’ont subi bien des citadins contribue au succès des confréries, véritables familles de substitution. Au cours de nombreuses processions s’exprime la cohésion urbaine, mais aussi ses hiérarchies : à cette occasion, chacun défile en bon ordre, selon son rang et sa richesse.

B. Les formes de l’espace urbain

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Transformée par cet essor, la ville médiévale est en général entourée de murailles monumentales. Ces enceintes, construites, financées et gardées par les habitants de la ville, contribuent à sa défense, tout en constituant un élément de fierté locale et d’identité.

À l’intérieur des murailles, les rues de la ville sont souvent étroites, encombrées, sales et sinueuses, sauf dans les villes neuves. Les maisons qui les bordent sont construites en bois ou en torchis (mélange de paille et de fer), des matériaux de construction propices à la propagation des incendies. La pierre est réservée aux bâtiments du pouvoir et à ceux de l’Église.

La ville s’ouvre sur quelques places, qui ont une fonction commerciale et où se rassemble la population. Certaines accueillent des halles, bâtiments spécifiquement voués aux échanges.

La ville est toujours en construction : Le secteur du bâtiment est stimulé par de grands chantiers qui font la fierté des citadins (cathédrale, halles, hôtel de ville). Cette activité repose essentiellement sur le recours à une main-d’œuvre précaire de journaliers. Les « métiers de la rue » englobent une foule d’activités que les autorités urbaines regardent avec méfiance. Des colporteurs aux jongleurs, ces " batteurs de pavé" sont souvent assimilés aux marginaux qui menacent l’ordre public.

III. MAIS DES TENSIONS AU SEIN DE CETTE CULTURE URBAINE A. Une littérature bourgeoise

Au XIe s., les villes deviennent des centres de réflexion, d’élaboration et de diffusion des idées. Si les chevaliers préfèrent les chansons de geste et les romans courtois, les bourgeois privilégient une littérature plus variée dans son contenu et plus pittoresque dans sa forme.

On récite dans les rues de petits contes où l’on se moque de tout le monde, les fabliaux. Ils sont à l’origine du théâtre comique, avec Adam de la Halle dont Le Jeu de la feuillée ridiculise les bourgeois d’Arras. Parallèlement, des poètes bourgeois, tel Rutebeuf au XIIIe s., chantent leurs sentiments personnels. Le chef-d’œuvre de cette littérature est le Roman de Renart dont le héros, le goupil nommé Renart, réussit dans la société animale par des moyens très différents de ceux de la littérature chevaleresque : la ruse, le mensonge et la flatterie.

Au XIIIe s., la ville de Florence peut s’enorgueillir d’être la patrie du plus grand poète du Moyen Âge, Dante Alighieri (1255-1321), auteur de La Divine Comédie, tableau de la civilisation médiévale à son apogée.

B. Les écoles et les universités À partir du Xle s., les écoles monastiques sont concurrencées par des écoles urbaines qui sont le plus fréquemment

la réunion de groupes d’étudiants autour de maîtres «privés». L’Église surveille de près ces écoles ; seul un « écolâtre », désigné par l’évêque, peut accorder le droit d’enseigner. L’enseignement est donné en latin et consiste en une explication des textes anciens. Les étudiants prennent part à des débats en présentant les arguments « pour» et les arguments «contre», selon une méthode appelée « scolastique ». Trois grades successifs sont accordés aux étudiants: le baccalauréat, la licence qui donne le droit d’enseigner et le doctorat.

Au début du XII s., des corporations appelées universités, placées sous la protection du pape et du souverain, réunissent maîtres et étudiants. Elles se divisent en quatre «facultés»: «Arts», où est donnée une formation de base (lettres et sciences) et dont les étudiants sont les plus jeunes, puis Médecine, Droit et Théologie. À l’origine, tous les étudiants sont des clercs, mais certains, notamment des juristes et des médecins, aspirent à rester laïcs. Doivent-ils vivre d’un salaire ou d’un bénéfice ? Appartenir aux nouvelles couches des travailleurs, ou au contraire rester dans les rangs du clergé ? Certains rejoignent le patriciat urbain dont ils deviennent l’élite intellectuelle.

Des écoles urbaines aux universités. Comme dans beaucoup de métiers, maîtres et élèves s’organisent. Au Xllle siècle, l’Eglise reconnaît l’existence de ces associations et leur accorde une large autonomie. L’université veut mettre l’intelligence au service de la foi, grâce à la rigueur démonstrative propre au raisonnement scolastique. Mais elle forme aussi des serviteurs de l’État passionnés de droit et de « science politique ».

C. Les grands centres intellectuels Trois grands centres intellectuels s’imposent au XIII s.

l’Italie, héritière de la culture gréco-romaine, doit sa célébrité à Salerne pour la médecine et à Bologne pour le droit;

l’Espagne, où Tolède est le lieu de rencontre de savants chrétiens, musulmans et juifs qui étudient Aristote, les mathématiques et le droit

La France où la poésie est enseignée à Orléans, la théologie à Laon, les sciences à Chartres, mais dont le grand foyer intellectuel est incontestablement l’université de Paris, fondée par Robert de Sorbon en 1257 au Quartier Latin. De grands maîtres y enseignent, dont Abélard, penseur hardi et rationnel.

Le travail et l’argent occupent une place centrale en ville. Le temps est mesuré plus strictement avec les premières horloges mécaniques, les horizons s’élargissent grâce aux marchands et au commerce international. Les progrès de la comptabilité et l’essor d’une littérature profane (fabliaux, théâtre comique, etc.) changent aussi les mentalités. La ville devient le laboratoire d’une modernité qui annonce, surtout en Italie, la Renaissance.

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regardsculturels.blogspot.com

Organisation de la République de Venise : wikipedia

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hachette

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http://aurelienloriau.free.fr/cinqui%E8me/histoire/moyen%20age/images/dm%20bruges.pdf http://www.histoire-geographie-pour-tous.fr/attachments/File/Cours_soci__t__s_et_cultures_urbaines_au_Moyen_Age.pdf

http://www.philisto.fr/cours-91-villes-et-societes-urbaines-en-occident-xi-xive-siecle.html http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=1142&classe=2