the principle of solidarity in the traditional ...received: 18 december 2018• revised: 27 february...

International Journal of Human Settlements Vol. 3 Nr. 1 2019 The principle of solidarity in the traditional houch at Matmata

Asma GUEDRIA, Fakher KHARRAT Received: 18 December 2018• Revised: 27 February 2019 • Accepted: 23 March 2019

Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND)

35

THE PRINCIPLE OF SOLIDARITY IN THE TRADITIONAL HOUCH AT MATMATA

Asma GUEDRIA

Assistant teacher, Dr, Arch, Carthage University (ISTEUB, PAE3C), e-mail : [email protected]

Fakher KHARRAT

Professor, Dr, Arch, Carthage University (ENAU, PAE3C), e-mail : [email protected]

Abstract: Matmata is a mountain troglodyte village of southern Tunisia, founded by a Berber tribe who bears the same name. Our work attempts to study the relationship between the wealth displayed in a traditional Matmata house and the real wealth of its owner. In other words, does the traditional house ensure solidarity and equity between different individuals? We refer to graphic documents of traditional houses in Matmata, as well as the literature review describing the traditional house. The method of analysis was borrowed from my thesis work entitled "Local Architecture and Sustainable Development: Comparative Study of Habitat in Nefta". We distinguish the different indices of wealth of a given house and which are: its surface, the number of parts that compose it, the volume, the building materials and the treatment of the facades. The visibility of the wealth of the house is evident in its relationship to its neighborhood, its volume, its openings on the outside and finally the ornamentation of the exterior facade. The traditional house in Matmata is a troglodytic dwelling in depth on two levels. Distinguishing it from other forms of troglodyte; in depth at three levels, the troglodyte lateral and the troglodyte semi. Because of this, despite the differences in the surfaces of the houses and the number of spaces that compose them, this wealth remains invisible from the outside. The house is fully excavated leaving a single facade on the outside reduced to the front door. Keywords : Berber tribe, troglodyte architecture, Matmata Introduction :

Matmata est un village montagneux du Sud Est Tunisien. Il a été fondé par une tribu berbère qui porte le même nom (Khldoun, 1852). Son sol est essentiellement composé de lœss sédimentaire permettant de creuser des maisons troglodytes (Sghari, 2009). La maison traditionnelle de matmata présente la spécificité dêtre entièrement creusée. Elle présente des avantages quant à son intégration dans son site, offrant un confort thermique à son usager. Le présent travail tente de démontrer le rapport entre la richesse affichée et la richesse réelle de son propriétaire. Problematique:

L’architecture traditionnelle à Matmata assure-t-elle la solidarité entre les différents individus. En d’autres termes, affiche-t-elle la richesse de son propriétaire ?




36

Materials and methods: Nous nous référons à documents graphiques de maisons traditionnelles de Matmata,

ainsi qu’à la revue de la littérature décrivant le Houch. La méthode d’analyse a été emprunté de mon travail de thèse intitulé « architecture locale et développement durable : étude comparée de l’habitat à Nefta »(Guedria, 2016). L’étude de la manifestation du principe de solidarité dans le Houch passe par deux étapes. Dans un premier temps, nous nous focalisons sur les indices de richesses qui distinguent chaque maison. Ensuite, l’étude porte sur la visibilité de cette richesse, c'est-à-dire dans quelle mesure la maison expose sa richesse à l’extérieur. Afin d’illustrer notre étude, nous nous référons à quelques exemples de maisons traditionnelles à Matmata.

Différence de richesse des maisons

« Sur la cour s’ouvrent, en nombre variable, diverses pièces, selon l’importance du puits et la richesse du propriétaire, (…) » (Louis, 1968) p40 Les différentes maisons traditionnelles à Matmata manifestent une variation quant à leur degré de richesse et l’appartenance sociale de leurs propriétaires, nous étudions les différents éléments qui témoignent de la richesse de chaque maison afin de dégager les différences.

Eléments : Indice : La surface de la parcelle Plus les valeurs sont élevées, plus

la maison est riche La surface bâtie Le nombre d’espaces et d’entités qui composent la maison Le volume Les matériaux de construction Prix d’achat Le traitement de la façade Plus la façade est ornementée,

plus la maison est riche Table. 1. Eléments et indices sur la richesse dans la maison

La surface de la parcelle et la surface bâtie

La surface s’exprime en mètre carré. Les surfaces variables témoignent d’une différence de richesse de la maison. Autrement dit, plus la surface est élevée, plus la maison est riche. Or, à Matmata, l’usager creuse sa maison dans les formations argilo-sableuses, friables. (Louis, 1968). De ce fait, il n’existe pas de parcelle délimitée sur laquelle est construite la maison. On se limite dans cette étude à la comparaison des surfaces habitables. Une variation de la surface bâtie et celle de la surface de la parcelle est significative, elle indique une disparité et une différence de richesse de la maison. Selon quelques sources bibliographiques, la surface de la maison traditionnelle peut atteindre 800m² (CORPUS)




37

Table 2. Exemples de plans et surfaces des maisons traditionnelles a Matmata

Les entités et les espaces

La disparité de moyens matériels se traduit aussi par le nombre de pièces et d’entités. Plus le nombre d’entité (et/ou d’espaces) est élevé, plus le propriétaire est riche. Nous définissons une entité spatiale étant l’ensemble des espaces ayant la même fonction. La maison traditionnelle de Matmata dispose essentiellement de cinq (5) entités spatiales ; à savoir le dispositif d’entrée, le patio, les pièces d’habitation, les pièces pour le stockage et la cuisine. L’orientation n’est pas tenue en considération. Entités Espaces Description Dispositif d’entrée Sguifa

C’est un tunnel creusé en chicane mène vers le patio

Etables Pièces formées par élargissement du tunnel Le patio Houch Vide central à ciel ouvert sur lequel s’ouvrent les différentes

pièces d’habitation, de stockage ainsi que la cuisine Pièces d’habitations Pièce d’habitation

Comprend essentiellement le lit Espace décoré et ornementé Ouvrent sur le patio

C’est une galerie creusée latéralement Se trouve au RDC (Niveau Bas)

alcôves Nombre variable dans une même pièce

Coin pour la toilette (ablutions)

Dissimulé par des treillis

Pièces de stockage Se trouve à l’étage (niveau Haut), quand la maison s’agrandit

Cuisine Table 3. entites et espaces de la maison

Généralement chaque maison dispose des cinq entités. Mais plus la maison est grande, plus le nombre d’espace qui composent chaque entité, est plus important. Dans un premier temps, les

Surface totale bâtie HO : 429 m² Surface totale bâtie HO : 800 m²

Fig1. exemple 1 de maison matmata a un seul niveau(rekik, 2016)

Fig2. exemple 2 de maison matmata a deux niveaux (heritage, 2001)




38

pièces de stockages peuvent se trouver au niveau bas (RDC), quand la maison s’agrandit, cet espace est creusé au niveau haut, avec un puits pour son approvisionnement depuis l’extérieur Les matériaux de constructions

Généralement le coût de l’achat des matériaux de construction et celui de leur mise en œuvre dépend de la richesse du propriétaire. Or, la maison traditionnelle est creusée, d’où l’absence des matériaux de construction pour son édification. « Retenons principalement que l’habitation troglodyte ne réclame pratiquement pas de matériaux de construction » (Louis, 1968) p35. La porte d’entrée requiert de la boiserie et c’est l’unique matériau utilisé dans la maison à cet effet. Les matériaux de construction tels que le gypse et la pierre sont requis pour le revêtement de finition des parois intérieures et quelques mobiliers de la maison. Ces matériaux sont disponibles dans le site (Sakr, 2010). La façade

La façade verticale extérieure n’existe pas réellement à Matmata. La maison enfouie est

invisible depuis l’extérieur et sa façade est réduite à la porte d’accès. Or il existe des

ouvertures qui se font sur les toitures des espaces creusés à l’étage permettant le passage du

grain et leur stockage dans ces espaces.

La maison traditionnelle dispose de façades intérieures. Elles contiennent les différentes portes d’accès aux espaces d’habitation, de stockage ou de cuisine donnant sur le patio. Outre le traitement de ces portes, la façade est dépourvue d’orementation significative.

Fig 3. Vue sur un patio. cliche a la propriété de nada dhifi




39

Par ailleurs, l’ornementation de l’espace s’exprime à l’intérieur des différentes pièces d’habitation ; parois blanchies à la chaux. Deux éléments majeurs composent la chambre ; le lit et les étagères sur les murs. Ils présentent les seuls mobiliers et représentent le support d’ornementation assez riche. Le lit comprend sur un de ses côtés un panneau fait de six ou sept éléments verticaux en forme de colonnes aplaties. Les étagères se présentent comme un jeu de treillis qui forment un ensemble de volumes utiles, qui fait corps avec la paroi et présente un certain nombre d’excavations (Louis, 1968). La pièce dispose également d’étalage baroque au fond de la pièce avec des glaces multiples, des assiettes de faïence, des plats en terre décorés, carreaux de céramique, etc. (Combes, 1950).

Fig 4. porte d'entrée d'une pièce au rdc (chambre) 1974 ; cliche a la propriété de la famille de l’auteur

Fig 5. entrée d'une pièce a l'étage (makhzen) 1972 ; cliche a la propriété de la famille de l’auteur




40

Visibilité de la richesse

La taille de la maison

• Le rapport au voisinage

La visibilité de la taille de la maison ou de sa surface au sol, dépendent de son rapport au voisinage. D’une manière générale, une construction peut avoir des espaces mitoyens pleins composés par les volumes ou des espaces mitoyens non bâtis telles qu’une rue ou une placette. Plus la part du vide est importante, plus la surface de la parcelle et la surface bâtie sont perceptibles. A Matmata, la notion de parcelle n’existe pas, la maison est entièrement enterrée. De ce fait, l’ensemble de la maison est entourée par le plein laissant seulement l’accès à la maison qui représente une très faible surface par rapport à l’ensemble de la surface de la maison.

Figure 6. intérieur d'une pièce : lit et suspensions (combes, 1950)




41

La maison traditionnelle à Matmata fait disparaitre à l’extérieure toute trace d’habitation

(Louis, 1968).

• Le volume

Les volumes indiquent la richesse et sont perceptibles depuis l’extérieur. Plus les différences entre les tailles des volumes sont importantes, plus elles témoignent que la disparité entre les richesses démontrées précédemment est affichées à l’extérieur. Or a Matmata, la maison est excavée, elle ne se présente pas sous forme de volume avec surface et hauteur. Mais nous pouvons dire, que d’une manière générale, la profondeur du patio n’excède pas 7 à 8mètres, faisant ainsi profiter à la maison de deux niveaux : le niveau bas, ou rez de chaussée qui est destiné aux pièces d’habitation, l’étage est généralement composé par les pièces de stockage. Or indépendamment de la hauteur de la façade qui correspond dans notre étude à la profondeur du patio, cette hauteur reste invisible depuis l’extérieur

• Les ouvertures sur l’extérieur

Ce qui pourrait être perceptible d’un espace depuis l’extérieur, ce sont ses ouvertures : portes, fenêtres, etc. Nous avons déjà mentionné précédement que la maison la maison enfouie est invisible depuis l’extérieur et sa façade est réduite à la porte d’accès.

• La façade extérieure

Vu le caractère troglodytique, la maison n’a pas de façade extérieure. Ses façade intérieures donnants sur le patio comprennent les portes des différentes pièces d’entrée et ne disposent pas d’ornementations importantes Résultats :

La maison traditionnelle à Matmata est une habitation troglodytique en profondeur à deux niveaux. La distinguant des autres formes de troglodytique ; en profondeur à trois niveaux, le troglodytique latéral et le semi troglodytique. (Louis, 1968)

Notre étude a démontré que la maison traditionnelle de Matmata assure la solidarité sociale entre les habitants. Malgré l’existence de disparités dans les niveaux de richesses des différentes maisons traditionnelles, cette richesse ne s’exprime qu’à l’intérieur de la maison. En ce qui concerne les différents indices de richesse d’une maison, notre étude a démontré que la surface d’une maison varie considérablement d’une maison à une autre (entre400m² et 800 m²). Le nombre de pièces est très variable et dépend de la richesse du propriétaire et de la taille du ménage. La maison peut se développer sur un seul, ou deux niveaux. Les matériaux de construction sont quasi inexistants puisque la maison est creusée et non pas érigée. Le traitement des façades reste simple. L’ornementation ne se fait ni sur l’extérieur, ni sur les façades donnants sur le patio, mais uniquement dans les pièces d’habitation. La maison traditionnelle n’affiche pas de manière ostentatoire la richesse de son propriétaire, puisqu’elle reste une construction totalement enfouie, avec une ouverture unique sur l’extérieur qui est sa porte d’accès.




42

Le volume n’est pas perceptible depuis l’extérieur. Et indépendamment du nombre de niveaux qui composent la maison, la profondeur de son patio est toujours aux alentours de 7 ou 8 mètres. Conclusion :

La maison subit des transformations importantes. Comme la plupart des maisons traditionnelles, elle souffre d’un abandon considérable. D’abord il y a eu la construction d’un nouveau village pour les autochtones de Matmata ; la nouvelle Matmata, avec un tracé urbain orthogonal et des constructions faites avec des matériaux industriels. Les habitants en quête de modernité ont abandonné le village pour occuper les nouveaux lieux. Les techniques de constructions traditionnelles ont à leur tour été remplacées par les nouvelles techniques, bon marché et plus faciles à mettre en œuvre, et ce, que ce soit pour les nouvelles constructions dans le village traditionnel ou pour la restauration d’ancienne maisons. Il en résulte une défiguration totale du paysage urbain et une perte de patrimoine architectural authentique. Référence : Combes, J.-L. (1950, Mars). MATMATA. Bulletin éconimique et social de la Tunisie, pp. 51-60. Guedria, A. (2016). Architecture locale et développement durable: etude comparée de l'habitat à Nefta. Thèse

de doctorat, ENAU. Heritage, E. (2001, Mai 03). Meda Corpus. Récupéré sur Architecture traditionnelle méditérrannée:

http://www.meda-corpus.net Louis, A. (1968). l'habitation troglodyte dans un village des matmata. Cahier des arts traditions populaires, pp.

33-60. REKIK, K. R. (2016). Etude des spécificités architecturales du Sud Tunisien. Tunis: Ministère de

l‟Equipement, de l‟Habitat et de l‟Aménagement du Territoire; DIRECTION DE L‟URBANISME . Sakr, M. M. (2010). Learning Lessons From Matmata. Proceedings SB10 Amman: Sustainable Architecture and

Urban Development,, (pp. 283-296). Amman, Jordan.

the principle of solidarity in the traditional ...received: 18 december 2018• revised: 27 february...

Documents