the journal egyptian archaeology · 2019. 5. 9. · the journal of egyptian archaeology 94 (2008),...

10
THE JOURNAL OF Egyptian Archaeology VOLUME 94 2008 PUBLISHED BY THE EGYPT EXPLORATION SOCIETY 3 DOUGHTY MEWS, LONDON WC1N 2PG ISSN 0307–5133

Upload: others

Post on 27-Feb-2021

8 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

THE JOURNAL OF

EgyptianArchaeology

VOLUME 94

2008

PUBLISHED BY

THE EgYPT ExPLORATION SOcIETY3 DOUgHTY MEwS, LONDON wc1N 2Pg

ISSN 0307–5133

Page 2: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

Printed in Great Britain By

CommerCial Colour Press PlC,anGard House, 185 Forest road,

Hainault, essex iG6 3Hx

and PuBlisHed By

tHe eGyPt exPloration soCiety3 douGHty mews, london wC1n 2PG

issn 0307–5133all riGHts reserVed

Page 3: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74ISSN 0307-5133

UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

de dra aboU el-Naga*

By david lorand

the fragmentary statue base of Senwosret I held at the egyptian museum of florence (inv. 6328) is part of an almost human-size representation of the king walking on the Nine bows. the name of a deity (most likely amun) inscribed alongside the king’s Horus name was defaced, probably during the reign of amenhotep Iv/akhenaton. the different parallels collected from the royal statuary of Senwosret I, the study of the formula anx, Dd, wAs nb r rdwy nTr nfr pn ‘all life, stability and dominion are at the feet of this perfect god’, and its occurrences show that the statue is linked to the theban area. the fragment is probably the remnant of a larger statuary group of the king and a deity.

l�� base de statue fragmentaire en basalte (grauwacke?) au nom de Sésostris Ier actuel-lement conservée au musée égyptien de florence (inv. 6328) a été ramenée de dra abou el-Naga par ernesto Schiaparelli, probablement lors de son voyage à louqsor en 1884–5. mentionnée une première fois par Schiaparelli, qui en publie le texte et en propose la traduction,1 elle est ensuite intégrée dans le Livre des rois de H. gauthier 2 dans sa partie relative aux œuvres de Sésostris Ier avant de faire l’objet de deux brèves mentions sous la plume de H. e. Winlock 3 puis b. porter et r. moss 4 (fig. 1).

Description

la base de statue est brisée à hauteur du talon du pied gauche, parallèlement à la plinthe antérieure de la base. Ses dimensions sont: profondeur 49 cm; largeur 42 cm (soit 4 sandales de 10,5 cm); hauteur 9,5 cm (soit ± 1 main de 9,375 cm). les côtés de la base ne sont pas décorés. les surfaces sont relativement planes, sauf à hauteur du pied gauche où la base de la statue est sensiblement incurvée, annonçant le volume du pied. les arêtes sont ébréchées et on observe deux écailles plus importantes à l’avant et sur le début de la deuxième ligne d’inscription. À l’arrière, la cassure semble nette. la

* �u’il me soit ici permis de remercier maria �ristina guidotti, directrice du museo egizio di firenze, pour�u’il me soit ici permis de remercier maria �ristina guidotti, directrice du museo egizio di firenze, pour son accueil au musée et son aimable autorisation à publier cette pièce. Je remercie également dimitri laboury (fNrS-Ulg) pour ses conseils et sa relecture attentive. �ette étude est menée dans le cadre d’une thèse de doc-torat consacrée à la statuaire de Sésostris Ier à l’Université libre de bruxelles sous l’égide du fonds National de la recherche Scientifique (belgique).

1 e. Schiaparelli, Museo Archeologico di Firenze: Antichità egizie (�atalogo generale dei musei di antichità 6/1; rome, 1887), 460–1 (1714 = inv. 6328).

2 H. gauthier, Le livre des rois d’Égypte: Recueil de titres et protocoles royaux, noms propres de rois, reines, princes et princesses, noms de pyramides et de temples solaires (mIfao 17–21; �airo, 1907–17), I, 279 (doc. no. lv). le relevé du texte n’est que partiel, la deuxième ligne à l’avant du fragment étant omise.

3 H. e. Winlock, ‘the theban Necropolis in the middle Kingdom’, AJSL 32 (1915), 19.4 pm I2/2, 597.

Page 4: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

268 davId loraNd JEA 94

faible épaisseur de la base et la finition uniforme des surfaces latérales indiquent que la statue était probablement posée à même le sol plutôt qu’insérée dans un dallage. de la figure du roi il ne demeure plus que l’empreinte du pied gauche, soigneusement arasé. on distingue très faiblement le contour des orteils et l’incurvation du talon. Sous le pied gauche ont été finement incisés les signes des Neuf arcs, l’incurvation des arcs dirigée vers l’arrière de la statue. �ompte tenu des traces du pied gauche, on peut en déduire que la statue devait représenter le souverain debout, dans la position dite de la marche avec la jambe gauche avancée. la cassure est située à l’avant du pied droit et aucune trace de celui-ci n’est plus visible (et, a fortiori, celle d’un éventuel pilier dorsal). la statue représentait le roi sensiblement plus petit que la taille humaine moyenne actuelle, avec une hauteur évaluée à 135 centimètres, de la plante du pied à la base des cheveux sur le front.5 le martelage d’une partie de l’inscription (celle où l’on

fig. 1. base de statue de Sésostris Ier provenant de dra abou el-Naga: musée égyptien de florence 6328 (cliché de l’auteur).

5 �ompte tenu de la profondeur du fragment de base (49 cm) et de l’évaluation faite de la taille du pied du�ompte tenu de la profondeur du fragment de base (49 cm) et de l’évaluation faite de la taille du pied du souverain, correspondant au petit empan (22,5 cm). �ette évaluation est plausible au vu de la pièce, mais reste approximative du fait que l’objet a dû demeurer dans sa vitrine lors de mon passage au musée égyptien de florence. le calcul de la taille se fait selon les correspondances de proportions en vigueur dans l’art égyptien: la taille du pied correspond à trois fois la grandeur de la main, et la figure humaine mesure dix-huit mains de haut, de la plante du pied à la base des cheveux sur le front. �e qui donne (22,5 cm: 3) × 18 = 135 cm (soit 3 petites coudées de 45 cm). pour les proportions, voir g. robins, Proportion and Style in Ancient Egyptian Art (austin, 1994). pour les unités de mesure, voir J.-fr. �arlotti, ‘�uelques réflexions sur les unités de mesure utilisées en architecture à l’époque pharaonique’, Karnak 10 (1995), 127–39.

Page 5: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

2008 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre 269

restitue le nom d’une divinité), tendrait à montrer que la statue était encore accessible et visible sous le règne d’amenhotep Iv/akhénaton (aucune persécution envers Sésostris Ier n’étant connue). la cassure de la statue est peut-être intentionnelle si l’on en croit la forme des éclats présents sur le côté droit de ce fragment de base, ainsi que l’apparence générale de la fracture. la patine sur la titulature martelée tranche avec l’absence presque totale de patine sur la cassure de la base (qui lui est donc postérieure). les éclats sur l’avant de la base sont partiellement patinés.

Textes

la place libérée à la droite du pied gauche permet l’insertion d’une titulature royale (le nom d’Horus dans un serekh) disposée en deux colonnes verticales confrontées, aujourd’hui partiellement martelée. la partie supérieure du texte n’est que très faiblement lacunaire (il manque le signe pt du ciel et la tête de l’Horus reposant sur le serekh). le texte est délimité à gauche et à droite par le sceptre wAs. en bas figure le signe tA de la terre. le serekh est finement exécuté et les détails anatomiques de l’Horus sont marqués (volume des ailes, de la queue et des pattes). Sur le devant de la base, deux lignes horizontales de texte incisé avec un léger relief dans le creux, se lisent de droite à gauche. la gravure des signes est précise et bien exécutée, avec quelques détails, notamment pour les signes de l’oiseau rekhyt et les jambes humaines. les lignes de texte sont délimitées par des traits incisés.

Relevé du texte à la droite du pied gauche:

= !i¨ sÈ ¨ãÂs

ÊÊÊÊÊ∑∑(1) l’Horus ankh-mesout, qu’il vive éternellement, (2) aimé de …

Relevé du texte sur le devant de la base:

p%ÂÂKeŸ7ÌߢäEs8| ŸkãÂs

Ê¥¨ äK¥¥p˘d%‚SL¨ß˘t

(1) le dieu parfait, le maître du double pays, le fils de rê Sésostris, qu’il soit doué de vie comme rê éternellement. (2) toute [vie, stabilité] et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait qu’adorent tous les Rekhyt, de sorte qu’ils vivent.

Parallèles

les parallèles pour cette base de statue ne sont guère nombreux dans le corpus de la statuaire de Sésostris Ier. la pose restituée du souverain — debout, avançant le pied gauche — évoque assurément les deux colosses en granite provenant de Karnak et désormais conservés au musée égyptien du �aire (Je 38286 et Je 38287),6 voire les deux statuettes en bois �aire Je 44951 et New York mma 14.3.17 découvertes à

6 H. g. evers, Staat aus dem Stein: Denkmäler, Geschichte und Bedeutung der ägyptischen Plastik während des Mittleren Reichs (munich, 1929), I, pl. 34.

Page 6: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

270 davId loraNd JEA 94

licht et souvent attribuées à ce pharaon.7 �ependant, les exemples de comparaison les plus probants se trouvent au sein d’un groupe relativement restreint de pièces qui partagent, outre leurs proportions (plus petites que la taille réelle), la mise en page de leur texte, la formule d’eulogie royale que l’on y lit et, peut-être le plus intéressant, leur provenance. Il s’agit des statues �aire �g 42008,8 musée d’assouan (sans numéro d’inventaire),9 petrie museum U� 14597,10 et son complément du magasin du Service des antiquités (magasin �arter, thèbes ouest),11 ainsi que la statue découverte dans le sanctuaire de Kamoutef à Karnak.12

t�ble�u 1 Caractéristiques des parallèles

lieu de conservation et no d’inventaire

provenance formule d’eulogie royale divinités associées

florence 6328 dra abou el-Naga

‘toute [vie, stabilité] et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait qu’adorent tous les Rekhyt, de sorte qu’ ils vivent’

en lacune

�aire �g 42008Karnak — cour du moyen empire

Hathor qui est à la tête de thèbes

assouan, s.noermant — temple de montou

‘toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait, le maître du double pays Sésostris, qu’il vive [éternellement?]’

Hathor qui est à la tête de thèbesmontou qui réside à ermant

petrie U� 14597�arter, s.no

ermant — temple de montou

‘toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait, le fils de rê Sésostris, qu’il vive éternellement’

rêt-tjenenetmontou maître de thèbes

InconnuKarnak — sanctuaire de Kamoutef

en lacune

7 S. b. Johnson, ‘two Wooden Statues from lisht: do they represent Sesostris I?’, JARCE 17 (1980), 11–20.

8 g. legrain, Statues et statuettes de rois et de particuliers (�g� Nos 42001–42138; �airo, 1906), 6–7, pl. iv; evers, Staat aus dem Stein, I, pl. 34 ; m. Seidel, Die königlichen Statuengruppen, I: Die Denkmäler vom Alten Reich bis zum Ende der 18. Dynastie (HÄb 42; Hildesheim, 1996), 92–3, pl. 27a–d.

9 r. engelbach, ‘a monument of Senusret Ist from ermant’, ASAE 23 (1923), 161–2; l. Habachi, ‘building activities of Sesostris I in the area to the South of thebes’, MDAIK 31 (1975), 32, pl. 13b; Seidel, Die könig-lichen Statuengruppen I, 85–7 (fig. 21).

10 r. mond and o. H. myers, Temples of Armant: A Preliminary Survey (meeS 43; london, 1940), I, 51, 191; II, pls 20.[5] (S37), 102.1 (S37); Habachi, MDAIK 31, 32 ; Seidel, Die königlichen Statuengruppen I, 87–9 (fig. 22); H. Sourouzian, ‘features of early twelfth dynasty royal Sculpture’, BEM 2 (2005), 108–9, pl. x.

11 Sourouzian, BEM 2, 108–9, pl. x.12 H. ricke, ‘der tempel „lepsius 16“ in Karnak’, ASAE 38 (1938), 364; id., Das Kamutef-Heiligtum Hat-Hat-

schepsuts und Thutmoses’ III. in Karnak: Bericht über eine Ausgrabung vor dem Muttempelbezirk (bÄba 3/2; �airo, 1954), 5, fig. 2, pl. 5b; Seidel, Die königlichen Statuengruppen I, 93–9 (figs 23–6).

Page 7: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

2008 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre 271

en outre, cette formule d’eulogie royale comprenant la mention ‘toute vie, stabilité eten outre, cette formule d’eulogie royale comprenant la mention ‘toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait’ se retrouve abondamment sur les vestiges du temple d’amon de Karnak appartenant à l’époque de Sésostris Ier. elle apparaît en effet sur le pilier osiriaque �aire Je 48851 (faces sud et est),13 un fragment de pilier osiriaque du musée de plein air de Karnak (face nord),14 un fragment de pilier osiriaque du magasin du « �heikh labib » (face nord),15 le pilier de la �our de la cachette (toujours in situ, sur les quatre faces),16 un pilier du magasin du « �heikh labib » (faces nord et est),17 et à vingt-quatre reprises sur les piliers de la �hapelle blanche de Sésostris Ier.18 malgré leur importance numérique,19 ces attestations ne fournissent en réalité qu’un nombre limité de variantes. Il en va de même pour les divinités associées au roi dans les scènes présentant cette formule d’eulogie royale, divinités qui sont toutes liées à la région thébaine quand il ne s’agit pas d’amon(-rê) lui-même.

t�ble�u 2 Variantes de la formule ¥t äK¥¥p˘d%

dans le corpus des œuvres de Sésostris Ier

variantes enregistréesNombre

d’attestations

vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait 10

vie, stabilité, puissance et santé sont aux pieds de ce dieu parfait 1

vie et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait 20 2

vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait qu’aiment les dieux 4

toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait 3

toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait qu’adorent tous les Rekhyt 21 3

toute vie, stabilité, puissance et santé sont aux pieds de ce dieu parfait 5

toute vie, stabilité, puissance et joie sont aux pieds de ce dieu parfait 4

toute vie, stabilité et puissance, (ainsi que) tous les pays montagneux et toutes les terres sont aux pieds de ce dieu parfait

1

13 evers, Staat aus dem Stein, I, pl. 35a; l. gabolde, Le « Grand château d’Amon » de Sésostris Ier à Karnak: La décoration du temple d’Amon-Rê au Moyen Empire (maIbl 17; paris, 1998), §§ 86–90, pls xix–xx.

14 gabolde, Le « Grand château d’Amon », §§ 96–7, pls xxii, xxxv.15 Ibid., §§ 93–4, pls xxiv, xxxv (inv. 92 �l 222).16 Ibid., §§ 142–6, pls xxxii–xxxiii.17 Ibid., §§ 140–1, pls xxx–xxxi (inv. 87 �l 391).18 p. lacau and H. �hevrier, Une chapelle de Sésostris Ier à Karnak (�airo, 1956), scènes 1, 2, 7–9, 11, 12, 15,

21–6 et 7´, 11´, 12´, 19´, 21´–6´.19 N’ont pas été comptabilisées ici les attestations lacunaires pour lesquelles la formulation ‘toute vie, stabilité

et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait’ ne peut être raisonnablement déduite. Il en va de même pour la face sud du pilier de la seconde cour péristyle du temple du moyen empire ayant fait l’objet de retouches au début du Nouvel empire. voir pour celui-ci gabolde, Le « Grand château d’Amon », §§ 137–9, pls xxx–xxxi. �uant à la copie parfaite du décor du temple exécutée à l’époque thoutmoside (face sud du temple de Sésostris Ier, actuellement dans le �ouloir de la Jeunesse de thoutmosis III), elle permet de restituer les parties lacunaires dans les blocs ori-ginaux remontant au souverain de la douzième dynastie: ‘[toute] vie, stabilité, puissance, tous les pays [<étant> aux pieds de ce dieu parfait]’. elle n’a cependant pas été intégrée dans les œuvres de Sésostris Ier.

20 �ette version abrégée est probablement due aux contraintes architecturales posées par les murs bahuts de la �hapelle blanche qui réduisent l’espace disponible pour inscrire le texte.

21 a ces trois occurrences s’ajoute celle de la base de statue qui nous occupe ici.

Page 8: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

272 davId loraNd JEA 94

t�ble�u 3 Divinités associées à Sésostris Ier 22

divinités associées Nombre d’attestations

amon roi des dieux 2

amon qui préside au double pays 2

amon qui est à la tête de djeserout 1

amon qui est sur le grand trône 1

amon-rê 5

amon-rê roi des dieux 2

amon-rê maître du double pays 1

amon-rê maître des trônes du double pays 9

amon-Kamoutef qui préside aux dieux 1

Horakhty qui est à la tête d’Ipet-Sout 1

montou-Horus de thèbes 1

Je précise qu’il n’existe, à ma connaissance, aucune attestation de cette formule en dehors de la région thébaine sur des œuvres officielles appartenant au règne de Sésostris Ier.23 de même, aucune œuvre de particulier ne semble en faire mention à cette époque, quelle que soit sa provenance.

Interprétation

les différents exemples de comparaison rassemblés dans le corpus des œuvres de Sésostris Ier attestent à l’évidence de la relation de cette statue du souverain égyptien avec la région thébaine, tant par les divinités auxquelles est associé le pharaon, que par la diffusion limitée des pièces affichant la formule d’eulogie ‘toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait’. Il semblerait dès lors que le lieu de découverte enregistré par e. Schiaparelli pour cette statue, à savoir dra abou el-Naga, puisse être proche de l’emplacement originel de l’œuvre. Une première solution à envisager serait le temple funéraire de Nebhepetrê montouhotep II situé dans le cirque voisin de deir el-bahari, et donc d’y reconnaître une statue placée par Sésostris Ier dans le sanctuaire de son ancêtre, à la manière de ce que fera plus tard Sésostris III au même endroit.24 Néanmoins, si Sésostris Ier copie une partie du décor

22 Seule la �hapelle blanche est ici concernée, les autres vestiges attestant cette formule d’eulogie royale étant trop endommagés pour permettre la reconnaissance des divinités présentes en compagnie du souverain (en réalité seul le pilier osiriaque �aire Je 48851 permet en outre d’identifier atoum-amon-rê, geb, amon maître du double pays et montou qui réside à tôd).

23 Il convient cependant de garder à l’esprit que les œuvres provenant de la région thébaine sont largement représentées dans le corpus de la statuaire de Sésostris Ier, tandis que l’on possède un nombre proportionnellement plus restreint de pièces issues du reste de l’égypte. on ne peut donc pas exclure définitivement la possibilité d’une extension géographique plus importante de cette formule d’eulogie royale, l’absence d’attestations pouvant être pour partie due à l’état de conservation des monuments du souverain.

24 Sésostris III qui, outre les statues à son effigie, fera ériger une stèle commémorative illustrant un culte à amon-rê et Nebhepetrê montouhotep II sur laquelle figure, sous la double scène cultuelle, la formule ‘toute vie, stabilité et puissance sont aux pieds de ce dieu parfait (Sésostris III) que tous les Rekhyt adorent, de sorte qu’ils vivent chaque jour’. Stèle �aire Je 38655, voir e. Naville, The XIth Dynasty Temple at Deir el-Bahari, I

Page 9: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

2008 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre 273

du temple de deir el-bahari à Karnak,25 et si le culte de montouhotep II est attesté sous le règne de Sésostris Ier grâce au groupe statuaire Je 38263 provenant de Serabit el-Khadim (Sinaï) 26 et présentant côte à côte montouhotep II, montouhotep III, amenemhat Ier et Sésostris Ier, il ne faudrait pas écarter trop rapidement une seconde hypothèse. en effet, à proximité du village de dra abou el-Naga figure également le cimetière des antef à el-taref. or il se fait que Sésostris Ier a aussi contribué au culte du prince antef (le grand) en lui dédiant, à Karnak, une statue le représentant assis dans la position du scribe, les bras croisés sur la poitrine (�aire �g 42005),27

et dont la sépulture n’est pas encore localisée.28 la statue pourrait donc provenir de ce secteur de la nécropole, de la tombe du prince antef (le grand) ou d’un de ses successeurs. l’incertitude quant à l’emplacement originel de la statue découle pour partie de l’absence de précisions fournies par Schiaparelli (drah abu’l Neggah — necropoli di tebe), laissant possible un éventuel remploi de l’œuvre fragmentaire, dans une construction villageoise par exemple. �uant à la divinité dont le nom a été martelé, outre amon auquel pensait déjà Schiaparelli, on peut désormais également évoquer Hathor et montou dont les noms, dotés d’une épithète divine, disposent d’assez de place pour figurer à cet endroit. �ependant, eu égard au caractère très sélectif des déprédations commises par les zélateurs d’amenhotep Iv/akhénaton, c’est certainement le nom du dieu amon qu’il faut ici privilégier. Il reste à relever deux particularités mises en évidence soit par les exemples de comparaison avancés ci-dessus, soit par d’autres œuvres représentant Sésostris Ier. en premier lieu figure la présence des Neuf arcs sous le seul pied gauche du roi, alors que traditionnellement ceux-ci sont répartis sous les deux pieds du souverain, qu’ils soient joints ou décalés dans l’attitude dite de la marche.29 le caractère exceptionnel de ce constat m’empêche pour l’instant d’en proposer une explication au sein du corpus des œuvres du souverain ou de fournir des parallèles en dehors de la statuaire de Sésostris Ier. la seconde particularité tient au fait que dans tous les exemples de comparaison présentés, le roi est figuré en compagnie d’une ou plusieurs divinité(s), plus ou moins bien conservée(s) selon les cas. la statue du musée égyptien de florence serait à ce titre une exception dans cet ensemble puisque l’on ne possède de trace que de Sésostris Ier. �ependant, la disposition centrée du souverain et son éloignement relatif des limites de la base — ses pieds semblent proportionnellement plus éloignés des bords par

(meef 28; london, 1907), pl. xxiv. au sujet de la vénération de montouhotep II par ses successeurs, voir K. el-enany, ‘le saint thébain montouhotep-Nebhépetrê’, BIFAO 103 (2003), 167–90.

25 gabolde, Le « Grand château d’Amon », §§ 64–8, §§ 246–55, pls ix–x.26 d. valbelle and �h. bonnet, Le sanctuaire d’Hathor, maîtresse de la turquoise: Sérabit el-Khadim au Moyen

Empire (paris, 1996), 8, 102, 107.27 legrain, Statues et statuettes, 4–5, pl. iii.28 l. postel note d’ailleurs à propos de deux œuvres relatives au prince antef (le grand) qu’elles sont réputées

provenir de dra abou el-Naga, et rien n’empêche a priori d’y reconnaître une ancienne désignation du secteur de el-taref (stèle du nomarque antefi �aire �g 20009 et stèle de Hemgou, florence 6380). l. postel, Protocole des souverains égyptiens et dogme monarchique au début du Moyen Empire: Des premiers Antef au début du règne d’Ame-nemhat Ier (mre 10; brussels, 2004), 300–2 (docs 1 et 3). le fragment de base de statue qui nous occupe ici connaît la même attribution dans pm I2/2, 597 : ‘antef �emetery — finds probably from here.’

29 dans le cas de la statue �aire �g 42008 par exemple, il y a quatre arcs sous le pied gauche avancé et cinq arcs sous le pied droit.

Page 10: THE JOURNAL Egyptian Archaeology · 2019. 5. 9. · The Journal of Egyptian Archaeology 94 (2008), 267–74 ISSN 0307-5133 UNe baSe de StatUe fragmeNtaIre de SéSoStrIS Ier proveNaNt

274 davId loraNd JEA 94

rapport à toutes les autres statues figurant Sésostris Ier debout, jambe gauche avancée 30 — invite à remettre en question la présence unique du roi dans cette œuvre. Il ne serait dès lors pas impossible que le fragment de base présenté ici fasse partie d’une œuvre de plus grande ampleur dont le socle aurait une forme irrégulière avec une extension latérale pour accueillir l’autre personnage représenté, en l’occurrence un dieu. Nous aurions donc un groupe statuaire composé d’une figure royale (Sésostris Ier) et d’une divinité (probablement amon) — le dieu étant placé à la gauche de la statue (fig. 2).

30 �aire Je 38286–7 ainsi que �aire Je 44951 et New York mma 14.3.17 (attribuées à Sésostris Ier). Il en va de même vis-à-vis de la statue �aire �g 42008 où le souverain, debout, jambe gauche avancée, flanque le trône de la déesse Hathor.

fig. 2. proposition de reconstitution de la base de statue florence 6328 suivant les scènes d’adoration d’amon ithyphallique illustrées dans la �hapelle blanche de Sésostris Ier à Karnak

(dessin: d. lorand – mise au net: a. Stoll).

le cas ne serait pas unique puisqu’on le retrouve au sein de ce même ensemble d’œuvres « thébaines » de Sésostris Ier dans le groupe �aire �g 42008 (le roi est placé à la droite d’Hathor, sur une extension latérale de la base). le fragment de base du musée égyptien de florence serait ainsi la partie proximale proéminente d’un groupe statuaire, ce qui pourrait expliquer les traces, semble-t-il intentionnelles, de cassure sur les tranches de la base. en effet, étant « avancée » par rapport au corps du groupe statuaire où figurent les représentations de Sésostris Ier et de la divinité côte à côte, cette partie de l’œuvre est la plus fragile et la plus facilement détachable (par exemple pour servir de dalle dans une nouvelle construction, à quelque époque que ce soit).