the icac recorder - africotton.org · s. patil, de l’université des sciences agricoles de...

24
Initiative Découvrez les fibres naturelles THE ICAC RECORDER Comité Consultatif International du Coton Section d’information technique VOL. XXXII No. 3 SEPTEMBRE 2014 Nouvelles recherches cotonnières

Upload: vancong

Post on 27-Jul-2018

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Initiative

Découvrez

les fibres

naturelles

THE ICAC RECORDER

ComitéConsultatifInternationaldu Coton

Sectiond’information technique

VOL. XXXII No. 3SEPTEMBRE 2014

Nouvelles recherches cotonnières

Septembre 2014 3

Le RECORDER du CCIC (ISSN 1022-6303) est publié quatre fois par an par le Secrétariat du Comité consultatif international du coton, 1629 K Street, N.W., Suite 702, Washington, DC 20006, Etats-Unis. Rédacteur en chef : Dr Rafiq Chaudhry <[email protected]>. Prix d’abonnement : 205 USD (par courrier), 170 USD (version électronique). Copyright © CCIC 2014. Toute reproduction d’une partie ou de la totalité de ce document est interdite sans l’accord formel du Secrétariat.

Table des matièresPages

Introduction

Recherche et développement en matière cotonnière en Asie : similitudes et différences ....................................4Les conséquences et les répercussions du changement climatique sur la production cotonnière ......................10La sélection conventionnelle du coton doit changer ..........................................................................................15

par Shreekant S. Patil, Université des sciences agricoles, Dharwad, Inde

Le coton a été planté sur plus de 20 millions d’hectares en Asie, ce qui représente 70 % de la superficie cotonnière mondiale en 2013/14 et une part similaire de la production totale. Des similitudes et des différences existent entre les systèmes de production cotonnière des pays producteurs du continent. Tandis que les similitudes entre les pays offrent l’occasion d’améliorer l’utilisation des technologies de production, les problèmes spécifiques à quelques pays permettent de mettre en garde les pays voisins afin d’en éviter les conséquences. Le problème de la résistance aux insecticides, la propagation de l’aleurode et, plus récemment, le virus de la frisolée ont fait partie des expériences partagées. L’ICAC fournit, par le biais du Réseau asiatique de recherche et de développement du coton, une plateforme de partage des expériences. Le Réseau se réunit tous les 2 à 3 ans. Le premier article de cette édition de l’ICAC RECORDER traite des similitudes et différences en matière de recherche et de développement du coton en Asie. Les pays cotonniers de l’Asie ont été divisés en quatre groupes, et leurs points communs ont été examinés. L’étude a montré que les groupes sont assez différents les uns des autres en matière de pratiques de production, ravageurs rencontrés, conditions de culture, niveaux de rendement, problèmes rencontrés dans la production cotonnière et bien d’autres éléments encore. Il semble qu’en raison des caractéristiques des conditions agricoles les pays puissent apprendre davantage au sein du groupe, quels que soient le niveau de rendement et la superficie cotonnière. La production cotonnière des pays d’Asie de l’Ouest est caractérisée par des rendements supérieurs à ceux de toute autre région. Les pays d’Asie centrale sont confrontés à un problème commun de campagne agricole plus courte, qui est examiné plus en détail dans cet article. Le deuxième article porte sur « Les conséquences et les répercussions du changement climatique sur la production cotonnière ». Il s’agit de la suite de deux autres articles publiés dans l’ICAC RECORDER en décembre 2007 et mars

2009 sous le titre Réchauffement climatique et production cotonnière, parties I et II. La Section d’information technique a également publié un article de synthèse détaillé intitulé Changement climatique et production cotonnière. Les articles de synthèse de l’ICAC consistent en un examen approfondi de la documentation, et sont préparés dans le cadre d’une mission sous contrat avec un expert reconnu dans le domaine. L’ICAC a signé un contrat avec l’auteur principal, le Dr Mike Bange d’Australie, qui a formé une équipe avec d’autres chercheurs intervenant sur différents aspects du changement climatique et ses conséquences possibles sur la production cotonnière. L’objectif est d’avertir, d’informer et de préparer la communauté de la recherche cotonnière à affronter les conséquences du changement climatique et à tirer parti de ses avantages. Le deuxième article de cette édition du RECORDER porte sur la même question et vise à explorer les conséquences et les répercussions du réchauffement climatique. L’article souligne également que des efforts considérables devraient être entrepris pour ralentir le processus de réchauffement en réduisant la quantité de dioxyde de carbone et de méthane relâchée dans l’atmosphère. Dans un deuxième temps, puisque le ralentissement du processus de réchauffement planétaire ne fera que retarder ses conséquences, des efforts plus importants doivent être entrepris pour affronter les défis causés par la hausse des températures, la sécheresse et l’irrégularité des précipitations qui affecteront le plus le coton. Il est important d’élaborer des bases de données nationales sur l’état actuel et les taux potentiels de dégradation de la situation.La sélection du coton fait actuellement face à des problèmes qui pourraient avoir des conséquences à long terme. La base génétique du germoplasme disponible pour le croisement se rétrécit et les brevets sur les gènes ont restreint davantage encore les chances que la situation ne s’améliore à l’avenir. La majeure partie du germoplasme porte un ou plusieurs gènes biotech dans les pays ayant commercialisé le coton biotech, et couvre près de 65 % de la superficie cotonnière mondiale.

4 ICAC RECORDER

Le troisième article porte sur la nécessité de changer les méthodes de sélection conventionnelles. Le Dr Shreekant S. Patil, de l’Université des sciences agricoles de Dharwad, en Inde, a participé à la rédaction de cet article. En Inde, l’ensemble du spectre des espèces a changé au cours des dix dernières années. La commercialisation des gènes biotech a causé une focalisation excessive et indésirable sur les hybrides au détriment des variétés, qui a conduit à l’exploitation de loci montrant un degré de dominance élevé et une réduction égale de l’importance accordée à l’utilisation de loci capables d’action génétique additive pour une dominance complète. Ainsi, une grande partie du potentiel génétique de la plante reste inutilisé. Le Dr Patil soutient également la promotion de la consommation mondiale de produits finis élaborés à partir de cotons diploïdes, riches en gènes divergents. Son article comprend de nombreux autres conseils.

Calendrier mondial du cotonTous les trois ans, la Section d’information technique produit un rapport sur « Les pratiques de production cotonnière ». Le rapport contient des données sur les variétés et leurs caractéristiques de qualité, types de sols, rotations suivies pour le coton, utilisation d’engrais, insectes, adventices, maladies, cueillette, égrenage et d’autres activités importantes liées à la culture du coton pour chaque mois. Sur la base de ces informations, un Calendrier mondial du coton a été préparé et peut être consulté gratuitement sur le site de l’ICAC à la page suivante : https://www.icac.org. Le Calendrier ne reprendra pas toutes les informations publiées dans les Pratiques de production cotonnière, il est donc conseillé de se référer à cette publication pour des informations plus détaillées. Une édition révisée des Pratiques de production cotonnières – 2014 est disponible auprès du Secrétariat de l’ICAC à l’adresse suivante : https://www.icac.org/login?url=%2Fpubdetail.php%3Fid%3DP0000052

12ème réunion du Forum sur le coton de l’Afrique australe et orientaleLa 12ème réunion du Forum sur le coton de l’Afrique australe et orientale (SEACF) s’est déroulée à Maputo, au Mozambique, du 17 au 18 juin 2014. L’Instituto de Algodão de Moçambique (IAM) a accueilli la réunion. L’ensemble des documents de la réunion figurent sur la page suivante du site Internet de l’ICAC : https://www.icac.org/tech/Regional-Networks/Southern-and-Eastern-African-Cotton-Forum. M. Norberto M. Mahalambe, Directeur, Instituto de Algodão de Moçambique (IAM), Mozambique (email : [email protected]), a été élu président du SEACF.

6ème réunion du Réseau asiatique de recherche et de développement du cotonLe ministère de l’Agriculture du gouvernement du Bangladesh a accueilli la 6ème réunion du Réseau asiatique de recherche et de développement du coton. La réunion s’est déroulée à Dhaka, au Bangladesh, du 18 au 20 juin 2014. Des délégués de la Chine, de l’Égypte, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Iran, de l’Inde, du Pakistan, de la Thaïlande, de la Turquie, de l’Ouzbékistan et un grand nombre de participants du Bangladesh ont assisté à la réunion. Le CABI et l’ICAC ont parrainé et participé à la réunion. L’ensemble des documents de la réunion figurent à la page suivante du site Internet de l’ICAC : https://www.icac.org/tech/Regional-Networks/Asian-Cotton-Research-and-Development-Network. Le Dr Farid Uddin du Bangladesh a été élu président du Réseau jusqu’à la prochaine réunion. Dr Md. Farid Uddin Directeur exécutif, Cotton Development Board, Bangladesh Email : [email protected]

Recherche et développement en matière cotonnière en Asie : similitudes et différences

La production, la recherche et la consommation du coton en Asie ont radicalement changé au cours des trente à quarante dernières années. À des fins d’analyse, le Secrétariat de l’ICAC divise l’Asie selon les sous-catégories suivantes : la Chine, l’Asie centrale, l’Asie du Sud, l’Asie de l’Est et l’Asie de l’Ouest. Les statistiques disponibles montrent que 27 pays asiatiques ont planté du coton sur au moins 10 000 hectares en 2013/14. La superficie cotonnière totale plantée en Asie a dépassé vingt millions d’hectares, soit près de 70 % de la superficie cotonnière mondiale en 2013/14. La production cotonnière de ces 27 pays est légèrement supérieure à leur part dans la superficie cotonnière mondiale, indiquant que le

rendement cotonnier moyen des pays asiatiques est proche de la moyenne mondiale. Cependant, le Bangladesh, l’Indonésie, le Vietnam, la Thaïlande, la République de Corée et Taïwan sont des importateurs nets de coton et leur ajout aux pays asiatiques producteurs de coton a élevé a consommation en Asie à 88 % de la consommation mondiale en 2013/14 (les besoins du Bangladesh en matière de consommation ne sont satisfaits qu’à 5-6 % par des sources locales). Les similitudes et différences des systèmes de production des pays asiatiques constituent le sujet du présent article, qui permet par ailleurs de tirer des enseignements de la comparaison des expériences des différents pays.

Septembre 2014 5

Part de la production mondialeSelon les dernières estimations de l’ICAC, 32,4 millions d’hectares dans le monde ont été plantés en coton en 2013/14. Quatre des cinq premiers pays en termes de superficie cotonnière, trois des cinq premiers en matière de production et quatre des cinq premiers pays consommateurs de coton sont situés en Asie. Le rendement moyen typique d’un pays asiatique produisant du coton sur un minimum de 20 000 hectares est supérieur au meilleur rendement des pays d’Afrique francophone et du Sud, qui plantent du coton sur une base identique. Ensemble, les pays d’Asie de l’Ouest ont un rendement supérieur à toute autre région. La Turquie se place juste derrière l’Australie dans le classement mondial des rendements les plus élevés. L’Asie a consommé plus de 80 % des 23,35 millions de tonnes de coton utilisé dans le monde en 2013/14. L’Asie a également consommé plus de coton qu’elle n’en a produit en 2013/14 : la production s’élevait à 68 % du total mondial et la consommation à 80 %. Simultanément, la baisse de la consommation de coton en Europe et aux États-Unis a entraîné une concentration de la consommation industrielle de coton en Asie. Sur la totalité des importations mondiales de coton en 2013/14, 83 % étaient destinées à 12 pays asiatiques. Les quinze pays qui produisent des quantités moins importantes de coton ou qui en sont exclusivement consommateurs ne figurent pas dans le tableau ci-dessus. Le rôle des trois principaux producteurs et consommateurs – à savoir, la Chine, l’Inde et le Pakistan – est clairement mis en évidence. Le Bangladesh est capable de consommer l’ensemble du coton produit dans les pays d’Afrique de l’Ouest, y compris le Burkina Faso (premier producteur de coton en Afrique), ainsi que le Mali, le Bénin, le Nigeria et les autres pays. Pris séparément, le Bangladesh pourrait également consommer l’ensemble des exportations de coton de l’Amérique du Sud, du reste de l’Afrique, des pays d’Asie centrale et de l’Europe.

Similitudes des systèmes de productionAucun pays ne possède un système de production identique

aux autres. Ils ont cependant en commun les mêmes ravageurs, des objectifs comparables en matière de qualité de fibre, des préoccupations similaires au regard de l’industrie cotonnière et des plans à long terme. En ce qui concerne les systèmes de production cotonnière existants, les pays asiatiques peuvent être divisés, au moins, en quatre groupes différents. Les critères de définition des groupes ne sont pas fondés sur la taille, mais sur les similitudes entre les pratiques de production cotonnière et sur les défis auxquels est confrontée l’industrie en matière de conditions de culture, de recherche, de niveau d’utilisation d’intrants et de perspectives de production cotonnière. Cette division prend également en compte les statistiques présentées par l’ICAC.

Groupes PaysGroupe I Afghanistan, Bangladesh, Chine, Inde, Myanmar, Pakistan, Sri LankaGroupe II Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan Groupe III Azerbaïdjan, Iran, Irak, Israël, Syrie, TurquieGroupe IV Indonésie, Japon, République de Corée, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam

Groupe I Les trois premiers producteurs de ce groupe sont la Chine, l’Inde et le Pakistan. À l’opposé, le Bangladesh a des conditions humides qui ne favorisent pas le passage de la croissance végétative à la phase de formation des fruits. La croissance végétative se poursuit alors que la formation des fruits commence, générant ainsi des plants de haute taille et à maturation tardive. Le taux de formation des fruits demeure lent, entraînant une répartition dispersée des capsules sur le plant et une maturation trop lente.La Chine, l’Inde et le Pakistan disposent de systèmes de recherche avancés mettant très fortement et de manière constante l’accent sur le développement des variétés et la lutte contre les insectes nuisibles. La sélection du coton

Pays Part de la superficie Part de la production Part de la consommation Part des exportations Part des importationsChine 14,2 26,0 34,6 < 1 34,4Inde 35,2 25,3 21,8 16,3 2,9Pakistan 9,0 8,0 9,7 0,9 5,3Ouzbékistan 3,8 3,6 1,5 8,2 < 1Turkménistan 1,7 1,3 < 1 2,2 0Turquie 1,4 3,3 < 1 < 1 10,3Myanmar 1,0 0,5 < 1 0 0Bangladesh < 1 < 1 3,3 0 8,8Indonésie < 1 < 1 2,6 0 7,0Vietnam < 1 < 1 2,1 0 7,0Thaïlande < 1 < 1 1,5 0 4,3République de Corée 0 0 1,2 0 3,4

Total des 12 pays : 66,4 68,0 80,4 28,7 83,4

Part des pays asiatiques dans le marché mondiale du coton – 2013/14 (%)

6 ICAC RECORDER

a été favorisée par les chercheurs de ces trois pays. Le développement de variétés a fait l’objet d’une concurrence féroce entre des différents pays et au sein de ceux-ci, ce qui a entravé l’introduction et l’adoption de variétés étrangères. Le coton souffre des températures élevées qui caractérisent ces trois pays, mais les chercheurs ont trouvé différentes solutions au problème de stérilité causé par la chaleur. Différentes approches ont été adoptées, mais le problème était le même : une période de croissance prolongée caractérisée par un laps de temps très court pour la formation des capsules, entraînant par conséquent un retard de maturation. Les trois pays disposent de processus très stricts d’autorisation des variétés et, bien que la production de semences soit passée au secteur privé, ces pays suivent toujours un schéma similaire. L’émergence d’entreprises de semences en Chine et en Inde a précédé l’établissement d’entreprises semencières nationales au Pakistan. De nombreuses entreprises de semences ont été immatriculées au Pakistan et ont exercé des activités de production semencière, mais elles n’ont pas été en mesure de jouer pleinement leur rôle avant que le virus de la frisolée du cotonnier (leaf curl disease) ne paralyse la production et que la présence de coton biotech ne soit officiellement acceptée. Depuis, les entreprises de semences ont dominé ce secteur qui, jusqu’aux années 1980, dépendait entièrement de deux sociétés semencières du secteur public des provinces du Pendjab et du Sindh. Les insecticides chimiques ont été adoptés de manière similaire dans les trois pays. Les organophosphorés ont été largement employés, tandis que les pyréthrinoïdes étaient utilisés pour lutter contre le ver de la capsule, en particulier le ver rose et le ver américain. Le ver de la capsule, connu pour sa capacité à développer une résistance aux insecticides a, en effet, développé une résistance, avant laquelle, et presque simultanément, le mélange d’insecticides avait déjà été abandonné. Les trois pays ont dû faire face à des niveaux de résistance presque identiques aux mêmes produits chimiques. Une série de programmes de gestion de la résistance aux insecticides ont été mis en place en suivant une approche similaire à celle qui a fait ses preuves en Australie. L’ICAC, réalisant l’étendue du problème de la résistance et ses conséquences, a encouragé les pays à travailler ensemble sur un projet commun. Ce projet, intitulé « Lutte durable contre le ver de la capsule, Helicoverpa armigera, dans les systèmes de production du coton à petite échelle » (CFC/ICAC 14), a été soutenu par l’ICAC et financé conjointement par le Fonds commun pour les produits de base (CFC), les gouvernements nationaux et le Royaume-Uni. Le projet a été déployé sur une période de près de cinq ans, de 2000 à 2005, et ne s’est pas concentré sur la recherche fondamentale, mais sur l’obtention d’une solution pratique au problème de la résistance. La Chine, l’Inde, le Pakistan et le Royaume-Uni ont travaillé ensemble, et la société Natural Resources International Ltd., Royaume-Uni, a géré le projet. Une équipe d’éminents chercheurs issus de ces quatre pays a été formée et tous les résultats ont été partagés.

Le coton biotech a été commercialisé quasiment au même rythme, mais son impact n’a pas été proportionnel sur les rendements et a produit des résultats inégaux. Le taux d’adoption était similaire, très probablement à cause du problème de résistance. Actuellement, plus de 90 % de la superficie cotonnière de ces trois pays est plantée en variétés biotech résistantes aux insectes. L’accent mis sur la recherche biotechnologique s’est non seulement accéléré, mais a également été considéré comme prioritaire par rapport à d’autres disciplines, particulièrement pour le coton. Tandis que la Chine et l’Inde ont déjà déréglementé leurs gènes biotech résistants aux insectes, il semble que le Pakistan soit en train de mettre au point ses propres nouveaux gènes biotech dont les effets pourraient ne pas être limités uniquement à la résistance aux insectes. Le Bangladesh envisage sérieusement d’importer des variétés biotech hybrides. Un besoin urgent de variétés de petite taille et à cycle court se fait ressentir par rapport aux semences biotech et hybrides. Le Myanmar, autre producteur important de coton dans la région, a commercialisé le coton biotech dès 2006/07, et d’après les estimations, sa superficie plantée en variétés de coton biotech devrait avoisiner 85 %. Ngwe chi 6, une variété biotech élaborée localement et également connue sous le nom de « Silver Sixth » est extrêmement populaire et a été plantée sur plus de 300 000 hectares en 2013/14.Le problème des adventices varie en raison des différences entre les systèmes de culture, mais les mesures de contrôle sont les mêmes. L’utilisation des herbicides commence tout juste à se développer en réaction aux coûts croissants du travail, à la réduction de la nécessité du recours aux insecticides et à la pression pour utiliser toutes les options permettant d’augmenter le rendement. Parmi les quatre groupes énumérés dans les pages précédentes, l’Inde et le Pakistan ont beaucoup souffert du virus de la frisolée. La tolérance-résistance intégrée est la seule issue possible, et un immense patrimoine génétique de génotypes résistants est désormais disponible dans ces deux pays. Ce patrimoine constitue la meilleure réserve de tolérance à la maladie jamais créée dans le monde pour le coton. La nécessité de partager les informations et le germosplasme tolérant au virus de la frisolée n’a fait qu’augmenter avec le temps, puisque le virus a présenté une haute fréquence de mutations naturelles. Même si les nouvelles souches peuvent avoir de nombreuses similarités en termes de séquence d’ADN, elles se sont avérées tout à fait capables d’infester des génotypes auparavant résistants. Parmi les cinq pays mentionnés précédemment (le Bangladesh, la Chine, l’Inde, le Myanmar et le Pakistan), le Bangladesh et le Myanmar n’ont jamais produit de coton biologique. Actuellement, l’Inde représente environ 75 % de la production biologique mondiale. La Chine et le Pakistan ont commencé à produire du coton biologique il y a environ 15 ans et n’ont, depuis lors, jamais abandonné la production biologique.Les attributs de qualité de la fibre se sont améliorés dans tous les pays, bien que la précision des mesures ne se soit améliorée

Septembre 2014 7

qu’en Chine. La Chine a mis en service un réseau de plus de cent laboratoires de mesure HVI avec l’aide technique de l’USDA, et est sur le point d’aligner son système national de classement du coton sur celui du ministère américain de l’Agriculture. Une fois que le système sera complètement opérationnel, il permettra de classer chaque balle de coton produite dans le pays. Le Bangladesh, l’Inde, le Myanmar et le Pakistan doivent encore faire de même pour leurs systèmes nationaux de classement du coton. Le groupe I est le plus grand groupe producteur de coton au monde, mais certaines raisons non technologiques empêchent les pays qui le composent de partager leurs technologies de production. Les systèmes de production se caractérisent par une agriculture à petite échelle, avec, dans l’ensemble, des cultures de rotation similaires, à l’exception de la région de production cotonnière du nord-ouest de la Chine. Une coopération étroite et un échange d’informations entre les pays du groupe pourraient avoir une incidence considérable sur la production, l’offre et la demande de coton dans le monde. La seule plateforme commune consacrée au coton est le Réseau asiatique de recherche et de développement du coton, établi par l’ICAC en 1999. Sur les six réunions du Réseau tenues jusqu’à présent, quatre pays (Bangladesh, Chine, Inde, Pakistan) ont organisé chacun une réunion au cours des quinze dernières années ; le Pakistan a organisé une autre réunion en 2011 et l’Ouzbékistan, pays d’Asie centrale, a organisé une réunion en 2002. La forte participation à ces réunions démontre le besoin et le désir d’une coopération plus étroite entre les chercheurs dans le domaine du coton.

Groupe IICinq pays d’Asie centrale produisent du coton : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Ces cinq pays ont planté 2,2 millions d’hectares en coton en 2013/14 et en ont récolté 1,5 million de tonnes. 75 % de leur production, soit 1,1 million de tonnes, a été exportée, principalement à destination du Bangladesh, de la Chine et de la Turquie. L’Ouzbékistan est le plus grand producteur et le Kirghizistan le plus petit au sein de la Communauté d’États indépendants (CEI). Le Kirghizistan était traditionnellement un petit producteur, même à l’époque soviétique, et sa superficie cotonnière n’a pas baissé, bien qu’elle ait fluctué et se soit stabilisée à environ 20 000-25 000 hectares. Les quatre autres pays producteurs de coton du groupe de l’Asie centrale ont également subi des pertes de superficie cotonnière, mais la situation s’est redressée ou stabilisée assez rapidement.Les systèmes de production cotonnière de ce groupe sont une forme modifiée des systèmes centralisés d’approvisionnement en intrants par le gouvernement et d’agriculture à grande échelle sous une même direction. À l’époque où ces pays sont devenus indépendants, la production était entièrement mécanisée, l’utilisation d’intrants optimisée et les rendements élevés. En 1990/91, le rendement moyen de la région était de presque 40 %

supérieur à la moyenne mondiale, mais il a baissé de presque 15 % en dessous de la moyenne mondiale avant 2013/14. Au début des années 1990, les différences de rendement entre les pays étaient moindres en raison de la similarité de leurs pratiques de production et de l’approvisionnement constant en intrants, mais les écarts de rendement entre ces pays se sont renforcés après l’indépendance. La baisse et les écarts de rendement sont attribuables à l’interruption de leurs systèmes d’approvisionnement en intrants, aux réformes agraires qui ont transformé les exploitations collectives en exploitations individuelles et à l’incapacité à faire face aux besoins en équipements. Dans une situation où l’occupation des terres n’est pas garantie, les agriculteurs n’ont pas d’intérêts particuliers à gérer les terres de manière durable. Lorsque cela se produit, les producteurs cultivent les terres d’une année sur l’autre en tentant de maximiser les profits pendant la campagne en cours, et non sur une période prolongée. L’adoption de nouvelles techniques agricoles continue à s’améliorer et de nouveaux progrès sont attendus. L’Ouzbékistan a maintenu son rôle de premier producteur de coton de la région, avec près de 62 % de la production du groupe en 2013/14, suivi par le Turkménistan (22 %).Les conditions climatiques de la région se traduisent par une campagne agricole plus courte que la durée optimale, mais ce problème est inhérent à la région et a toujours existé. De faibles températures du sol au moment des semis en avril et en mai, associées à une coupe forcée prématurée provoquent une période de fructification plus courte. Le groupe aurait tout intérêt à développer des variétés qui parviennent à maturité entre mai et septembre. Actuellement, des rapports affirment qu’un germoplasme ayant un cycle de maturation de seulement 120 jours a été développé, mais le défi persiste. Des chercheurs de l’Ouzbékistan déclarent qu’ils ont ciblé l’ARNi de la famille des gènes du phytochrome du coton et son système de transduction de signal pour créer un cotonnier génétiquement modifié présentant un cycle de production plus court, sans aucun effet négatif sur les rendements ou la qualité de fibre. Les travaux sur ce matériel n’ont pas encore atteint le stade commercial, mais ils présentent un fort potentiel de mise en œuvre dans l’ensemble du pays. L’approche du phytochrome est connue pour transformer les plantes de sorte qu’elles consacrent moins d’énergie à la hauteur et davantage de ressources aux systèmes de fructification et d’expansion des racines. Le partage des technologies avec les autres pays du groupe pourrait apporter d’immenses avantages aux pays producteurs de coton de l’Asie centrale.Le groupe dispose d’une réserve très riche de germoplasmes accumulés au cours de la période soviétique. La radiation a été largement utilisée pour entraîner des variations. Partout ailleurs, les effets de la radiation, généralement considérés comme délétères en tant qu’outil de création de variation, ne sont pas employés sur le coton, mais certains pays de ce groupe utilisent toujours la radiation pour identifier des génotypes uniques.

8 ICAC RECORDER

La recherche sur le coton, en particulier pour la sélection de nouvelles variétés, a atteint un niveau comparable à celui des groupes les plus robustes au monde. Heureusement, les pays d’Asie centrale n’ont pas eu à affronter le problème de la résistance des insectes. Les conditions climatiques ne sont pas favorables à l’hivernage des populations d’insectes ravageurs et l’utilisation des insecticides a toujours été limitée. Un système de contrôle biologique robuste combiné à la disponibilité limitée de plantes hôtes alternatives ont permis de supprimer les populations d’insectes nuisibles. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles ces pays ne sont pas déterminés à adopter le coton biotech résistant aux insectes. L’aleurode est également arrivé dans la région au début des années 1990, mais contrairement à de nombreux autres pays asiatiques, elle n’est pas devenu un ravageur majeur.L’égrenage est resté en grande partie inchangé dans presque tous les pays. Le cycle actif d’égrenage s’étend souvent sur une période de six mois, son efficacité est donc assez faible. Il est généralement admis que les problèmes associés aux rendements d’égrenage plus faibles dans les économies en développement et en transition peuvent être résolus simplement et efficacement avec du matériel d’égrenage plus moderne, et il est probablement temps que les pays de la région fassent plus attention à cette idée. L’Ouzbékistan a été le premier pays à mettre en œuvre une initiative pour installer un système de classement du coton similaire à celui existant aux États-Unis. Un nombre de machines HVI suffisant a été installé et un plan de démonstration a été préparé pour tester chaque balle et mettre en œuvre un commerce basé sur les données des instruments. Toutefois, la concrétisation d’un commerce basé sur les tests HVI n’a rencontré qu’un succès partiel, jusqu’à présent.Dans l’ensemble, ce groupe a fait preuve d’un désir marqué de développer la collaboration entre ses membres et dispose d’une plus grande opportunité de le faire. Il est communément reconnu qu’il y a beaucoup à partager et à apprendre les uns des autres dans des conditions de production uniformes, de recherches basées sur les mêmes aspects fondamentaux et systèmes, d’une langue commune, d’une culture commune et d’un désir partagé d’augmenter les exportations. Même s’il est possible que plusieurs pays vendent du coton sur le même marché, il n’y a presque aucune concurrence qui pourrait compromettre les intérêts du marché des autres producteurs. Les pays partagent également l’objectif commun d’accroître l’utilisation intérieure du coton.

Groupe IIICe groupe comprend les pays producteurs de coton de l’Asie de l’Ouest : Azerbaïdjan, Iran, Irak, Israël, Syrie et Turquie. Les pratiques de production cotonnière de l’Azerbaïdjan sont plus similaires à celles des autres pays de la CEI de l’ex Union des républiques soviétiques. La production cotonnière ne cesse de décliner en Azerbaïdjan en raison de ses coûts de production élevés comparativement aux cultures

concurrentes. Au début des années 1990, le coton était planté sur plus de 200 000 hectares en Azerbaïdjan, mais depuis lors, la superficie cotonnière a diminué de manière continue et devrait se stabiliser autour de 20 000 hectares.Par le passé, l’Iran a produit du coton sur une superficie deux à trois fois supérieure au niveau actuel. En Iran, le coton est en concurrence avec des cultures de forte valeur et la superficie cotonnière a, par conséquent, diminué au cours des dix dernières années, bien que les rendements cotonniers tendent à la hausse, même sans l’adoption de variétés biotech. Israël dispose de la flexibilité d’alterner entre les variétés Upland et G. barbadense. Il a récemment réduit sa superficie cotonnière à environ dix mille hectares et se concentre maintenant sur la production de qualité extra-fine. L’Iraq a été miné par l’instabilité politique, mais la Syrie et la Turquie ont eu une production cotonnière assez stable jusqu’à récemment, lorsque la production cotonnière syrienne a été compromise. En général, la superficie plantée en coton dans la région s’est stabilisée à environ 800 000 hectares, légèrement inférieure à la superficie cotonnière d’il y a environ 20 ans. La production cotonnière des pays d’Asie de l’Ouest est caractérisée par des rendements supérieurs à toute autre région. En 2013/14, le rendement moyen des six pays était de 1 467 kg/ha, par rapport à une moyenne mondiale de 797 kg/ha. Les six pays maintiennent un rendement moyen bien supérieur à la moyenne mondiale depuis plus de cinquante ans. La marge a progressé avec le temps. Elle était inférieure à la moyenne mondiale pendant les années 1950, puis a connu de légères augmentations au cours des années 1960 et des accroissements plus importantes au cours des années 1970 et par la suite. Au cours des cinquante dernières années, le rendement moyen des six pays a été d’un peu moins du double de la moyenne mondiale, mais n’a jamais dépassé ce chiffre. La baisse du rendement moyen des pays d’Asie de l’Ouest est attribuable aux rendements inférieurs en Turquie. La Turquie a également un effet dominant sur les augmentations récentes des rendements dans ce groupe. L’Iran et l’Iraq ont fait baisser la moyenne encore davantage. Par ailleurs, la Syrie et la Turquie ont produit un rendement moyen de plus

Rendements cotonniers dans les pays d’Asie de l’Ouest et le monde

646 651 653

756 748 773 795 770 741 760 761 784 797

1 180 1 145

1 287 1 301 1 296

1 144 1 112

970 1 011

1 077

1 386 1 374

1 467

400

700

1 000

1 300

1 600

01/02 03/04 05/06 07/08 09/10 11/12 13/14

Monde  

Kg/ha  

Pays d’Asie de l’Ouest  

Septembre 2014 9

d’une tonne de fibre par hectare pendant près de 25 ans, avec de rares exceptions. En 2013/14, la Turquie détenait le deuxième rendement de production le plus élevé au monde après l’Australie. Les variétés et les pratiques de production sont similaires, sinon identiques, entre ces pays. Le coton biotech n’a pas été commercialisé dans les pays d’Asie de l’Ouest et il n’est pas prévu qu’il le soit. La Turquie, premier producteur du groupe, est confrontée aux coûts élevés de la main d’œuvre qui entraînent des coûts de production au-delà des niveaux économiquement viables. Le problème a été partiellement résolu par l’adoption de la cueillette mécanique, dont la popularité a rapidement augmenté. Heureusement, l’industrie de l’égrenage a pu s’adapter rapidement à la nécessité d’un traitement supplémentaire pour retirer les débris végétaux. La consommation de coton en Turquie a presque doublé en six ans, dépassant un million de tonnes en 1996/97, mais la production turque ne peut maintenant satisfaire que la moitié de la demande en matières premières de l’industrie textile du pays. La Turquie est pionnière en matière de production biologique et a été le plus grand pays producteur de coton biologique pendant plus de dix ans, jusqu’en 2006/07, en raison de sa proximité avec les pays européens. Ces marchés importants pour les articles de coton biologique ont créé un environnement favorable pour les entreprises locales qui ont produit du coton biologique sous contrat. La Turquie demeure le deuxième producteur mondial de coton biologique. La Syrie a produit du coton biologique pendant quelques années et le fait qu’elle n’a pas recours aux insecticides l’a lancée sur le marché international en tant que producteur biologique. Pendant quelques années, la Syrie a produit plus de 20 000 tonnes de coton biologique, mais les difficultés d’accès au marché biologique ont sérieusement miné son intérêt à poursuivre la production de ce type de coton. Il n’existe pas de rapport récent sur l’état du coton biologique en Syrie. Israël produit également du coton biologique depuis 1996/97, mais en petite quantité. Historiquement, le plus fort volume de coton biologique produit en Israël n’a pas dépassé 600 tonnes. Les deux pays restants disposent de conditions tout aussi favorables pour produire du coton biologique, mais pour des raisons évidentes, n’ont jamais tenté d’accéder à ce marché.

Groupe IVLa Chine et Myanmar ayant déjà été abordés, le quatrième groupe de pays producteurs de coton asiatiques comprend des pays d’Asie de l’Est et de l’Asie-Pacifique. La Thaïlande était autrefois un producteur considérable de coton dans la région, plantant plus de 150 000 hectares de coton au début des années 1980. Par contre, l’Indonésie, la République de

Corée, les Philippines et le Vietnam ont planté collectivement du coton sur une superficie totale de seulement 52 000 hectares. Comme d’autres pays de l’Asie de l’Est, le Japon, la Malaisie et Singapour ont essayé de planter du coton, mais ne sont jamais devenus des producteurs à l’échelle commerciale. Actuellement, aucun des neuf pays ne plante de coton sur plus de 12 000 hectares et leur superficie cotonnière totale ne dépasse pas 20 000 hectares. De nombreuses autres îles de la région asiatique et pacifique ne sont pas mentionnées en raison de l’accent mis sur les pays producteurs.Le système agricole du groupe peut être caractérisé de système agro-écologique humide et subhumide, bien que certains pays et certaines zones disposent également de systèmes agricoles spécifiques. Le terrain dominant est plat et bien alimenté en eau. Le riz est une culture importante, cultivée principalement sur les plaines inondées, à la fois dans des conditions pluviales et irriguées. Les sols sont lourds et intrinsèquement plus fertiles que les autres sols cultivés. L’intensité de culture dépend de la répartition des précipitations, de la durée de la campagne agricole et de la disponibilité de l’irrigation d’appoint. Parmi les autres cultures importantes mais secondaires, on compte les oléagineux, le maïs, les tubercules, le soja, la canne à sucre, les légumes et les fruits dans toutes les régions. Le revenu agricole n’est pas le pilier de subsistance des ménages. En termes de plantations, un vaste éventail de cultures principalement permanentes dominent le système, mais la préférence pour des cultures spécifiques dépend de la zone géographique, des conditions agro-climatiques, de la pente, de l’aménagement en terrasses et du régime hydrique. Le riz est généralement irrigué par les cours d’eau et rivières locaux. Pour le coton, les pénuries d’eau ne sont pas un obstacle, mais les conditions humides le sont. La technologie ne constitue pas non plus un obstacle. Les conditions suggèrent que le coton n’est tout simplement pas une culture adaptée à ce groupe de pays.L’Indonésie, ainsi que l’Inde, ont commercialisé le coton biotech résistant aux insectes en 2002/03. Avant que la licence n’expire en 2005/06, le coton biotech a été cultivé pendant cinq ans sans aucune conséquence sur la superficie cotonnière. Les conditions écologiques sont tellement défavorables qu’aucune aide technologique supplémentaire des pays asiatiques producteurs de coton ne pourrait compenser ces conditions. La région domine le commerce mondial dans de nombreux produits agricoles, dont l’huile de palme (Indonésie et Malaisie), le caoutchouc (Indonésie, Malaisie et Thaïlande) et le riz (Philippines, Thaïlande et Vietnam). Les produits de valeur supérieure, les cultures adaptées aux climats humides (et l’agriculture de plaine, dont le riz) ainsi que les plantations pérennes continueront à dominer. Le coton n’a aucune chance de remplacer ces cultures.

10 ICAC RECORDER

Les conséquences et les répercussions du changement climatique sur la production cotonnière

L’azote est l’élément le plus important de l’air sec et il est généralement admis que 75 % de l’air sec dans l’atmosphère est composé d’azote (N2). En termes de volume, l’oxygène (O2) est la deuxième composante la plus importante de l’air sec, à un peu plus de 20 %, soit un total global de l’ordre de 98-99 % d’air sec dans l’atmosphère. L’argon (Ar) représente près de 1 % et le dioxyde de carbone (CO2) est juste représente juste une trace, avec une concentration d’environ 0,035 % (= 350 ppm) (Mackenzie et Mackenzie, 1995). Les utilisations de l’azote et de l’oxygène sont bien connues et l’air est la principale matière première utilisée par l’industrie pour fabriquer des produits d’argon purifié. Bien que l’argon soit connu pour être un gaz noble, il a la capacité à former certains composés. Le dioxyde de carbone joue un rôle important dans les processus vitaux des organismes vivants, en particulier les plantes. Dans l’air humide, la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère varie entre 3 % environ dans les régions tropicales et un faible pourcentage dans les régions plus froides ou glacées. La composition de l’air sec varie considérablement d’un endroit à l’autre et peut également être différente à divers moments de la journée ou dans différentes conditions de sol. Par exemple, l’air situé au-dessus d’un champ irrigué de coton, ou de n’importe quelle culture en l’occurrence, peut, à certains moments, contenir jusqu’à deux fois la quantité de dioxyde de carbone que dans un champ sec. Les changements atmosphériques se sont produits, se produisent et continueront à se produire, que l’on croie ou non à la théorie du réchauffement climatique. L’on peut faire valoir que ces changements ne constituent pas une preuve du réchauffement climatique ou du changement climatique, mais leurs répercussions ne peuvent pas être niées. Malheureusement, le réchauffement climatique est considéré uniquement comme un phénomène négatif, mais le fait est que certains changements pourraient ouvrir de nouvelles opportunités. Il est indéniable qu’en plus de l’effet du réchauffement sur les systèmes biologiques produit par l’augmentation globale de la température terrestre, d’autres impacts probables seront lents mais constants, et la plupart seront irréversibles. L’accroissement de la température entraînera des changements au niveau des précipitations, de la vitesse du vent, de la couverture neigeuse, des zones forestières naturelles, de la durée de la période de croissance et de la fréquence des événements qui sont essentiels à la vie végétale. Le présent article se penche sur un certain nombre d’impacts positifs et négatifs sur la production cotonnière. De nombreux autres aspects du changement climatique, tels que les niveaux élevés de la mer et l’augmentation des quantités de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, qui contribuent

à la formation d’un acide carbonique faible dans l’eau de mer, une réduction du pH dans l’eau qui impactera la vie marine, ne sont pas abordés ici. De même, l’intention de cet article n’est pas d’argumenter pour ou contre la véracité de ces changements.

La physiologie du cotonLe cotonnier a une physiologie très complexe et la nature C3 de la plante complique et entrave toute solution simple et pratique. Comme l’a indiqué Quijano (2013), la photosynthèse est le premier aspect à prendre en considération pour toute augmentation ou diminution des rendements. Elle est référencée par le métabolisme photosynthétique du coton, C3, qui se traduit biochimiquement par une faible efficacité de RuBisCO (ou ribulose-1,5-diphosphate carboxylase/oxygénase) en raison de son affinité pour l’oxygène. Accompagné d’une haute luminosité, il augmente la photorespiration. Un autre élément important dans la photosynthèse brute est déterminé par la bio-architecture de la plante, qu’elle produise des branches plus végétatives (monopodiales) ou fruitières (sympodiales). Cet article stipule que la faible densité de stomates dans les parties fruitières du coton (moyenne 30-40 mm2) et la tige (moyenne 20 mm2) rend la photosynthèse moins active dans le coton. En citant les travaux d’autres auteurs, Quijano (2013) a rapporté que la faible contribution des carpelles à leur propre croissance et entretien est équivalente à moins de 20 % de la surface photosynthétique de la plante et à moins de 5 % des assimilats nécessaires à la croissance des fruits. Une autre limite applicable au système d’assimilation du cotonnier est la courte durée des feuilles. L’assimilation, la photorespiration et la courte vie des feuilles sont brièvement mentionnées ici pour donner un aperçu de la complexité de la physiologie du cotonnier. L’on ignore comment ces complexités réagiront ou seront affectées par le réchauffement.

Répercussions négatives :• Des températures plus chaudes pourraient s’avérer

nuisibles pour les pays qui ont souffert de la stérilité due à la chaleur dans le passé. Le cotonnier s’adapte naturellement à des températures plus élevées, mais les hausses de température peuvent dépasser le taux d’adaptation naturelle de la plante. Le cotonnier est très sensible aux variations de températures faibles et élevées. Les températures élevées sont reconnues pour interrompre la croissance du tube pollinique, empêchant globalement la fécondation des ovules ou la fécondation de tous les ovules. Même l’effusion des bourgeons peut être accélérée, comme cela a été rapporté dès la

Septembre 2014 11

troisième semaine de températures plus élevées avant la floraison. Au moins trois importants pays producteurs de coton, dont la Chine (Vallées des fleuves Jaune et Yangtze), l’Inde (en particulier dans la région du nord) et le Pakistan entrent dans cette catégorie. De nombreux autres aspects de la croissance de la plante seront touchés, mais la perte de fruits aura un impact direct sur les rendements.

• Les températures élevées augmenteront la demande d’évaporation de l’atmosphère, en améliorant la demande en eau dans le sol. Les taux d’évapotranspiration augmenteront, créant des conditions plus sèches dans la zone racinaire plus tôt qu’ils ne le font maintenant. La conductance des stomates s’accélérera, produisant ainsi ses propres répercussions multidimensionnelles.

• La hausse des températures et la sécheresse se produisent généralement en même temps, empêchant de mesurer des effets individuels de l’une ou de l’autre. Des conditions de sécheresse peuvent survenir en raison de l’absence de pluie, en particulier dans des conditions de culture pluviale, mais le manque de pluie dans des conditions irriguées peut entraîner des effets de la sécheresse sur le coton en raison du manque d’eau dans les réservoirs. Des températures plus élevées vont certainement augmenter la demande en eau d’irrigation, qu’elle provienne de canaux ou exclusivement des précipitations directes. L’impact d’une offre très limitée d’eau sur les rendements du coton cultivé dans des conditions irriguées est presque le double de celui du coton planté dans des conditions similaires, mais sans irrigation régulière (culture à sec). Concernant le coton, des conditions de sécheresse affectent à la fois la quantité et la qualité des fibres. Lorsque l’eau est disponible en quantité limitée ou pendant une période limitée, la sécheresse devient un enjeu majeur. Les zones dans lesquelles les températures estivales sont proches de la limite supérieure pour une croissance normale subiront les pires effets de la sécheresse et de la baisse attendue des précipitations.

• Le travail mentionné dans les critères opposés cités ci-dessous met en évidence les effets positifs des niveaux élevés de CO2 sur la croissance et la productivité. Cependant, les études de base n’ont pas été menées sur une durée suffisante ou avec des niveaux de CO2 régulièrement plus élevés, y compris en dehors de la campagne. Il semble que ces études ont leurs propres limites et que leurs résultats n’ont jamais été appliqués dans des conditions commerciales. En outre, le travail a d’ores et déjà cessé.

• L’un des problèmes majeurs de la question du réchauffement climatique est le consensus supportant les tentatives de modifier le climat mondial. L’atmosphère est un bien commun partagé par tous les habitants et des

efforts qui se limitent à des situations spécifiques sont un obstacle à l’adoption de changements universels. Ces efforts seront non seulement coûteux, mais ils seront également aggravés par notre manque de connaissances sur la façon dont le climat se comporterait sans interventions. Il n’est pas possible de quantifier avec exactitude les conséquences sur la productivité et la qualité du coton sans ces connaissances. Par conséquent, il n’existe pas de base adéquate sur laquelle engager toute tentative mondiale d’initiation de changements en matière de climat. Certes, tout le monde semble s’accorder sur la nécessité de ralentir le processus de réchauffement qui a déjà démarré, mais jusqu’à présent, les efforts réalisés ne sont pas suffisants pour atténuer les impacts.

• Concernant le coton, le contrôle génétique de la tolérance aux stress abiotiques est très complexe et fortement influencé par d’autres facteurs environnementaux. L’impact varie également en fonction du stade de développement de la plante. Par exemple, l’exposition du coton à des périodes prolongées de conditions favorables à la formation de fruits pourrait s’avérer inutile pour obtenir des rendements plus élevés, car les capsules formées après une certaine date ne s’ouvriront pas ou donneront une fibre de mauvaise qualité. Les réponses physiologiques du cotonnier à un déficit d’eau peuvent inclure un flétrissement des feuilles, une réduction de la surface foliaire, la chute des feuilles et la stimulation de la croissance des racines en dirigeant les nutriments vers les parties souterraines des plantes. Les plantes sont plus sensibles à la sécheresse pendant la floraison et le développement des graines (les étapes de la reproduction), sachant que les ressources de la plante sont redirigées pour soutenir la croissance des racines. L’effusion des fruits creusera l’écart entre les points de fructification et les capsules productives.

• Les principales victimes seront les agriculteurs, qui devront modifier leurs pratiques agricoles pour répondre aux changements climatiques. Ainsi, la question ne se limite pas au niveau de la recherche et des résultats, les agriculteurs doivent être convaincus que l’adoption de nouvelles approches est directement à leur avantage. La rapidité et la détermination des agriculteurs à s’adapter aux conditions changeantes sont d’autres questions à explorer.

Opportunités favorables :La hausse des températures et la dégradation des conditions de sécheresse sont difficiles à réfuter. Les arguments en faveur de la lutte contre les changements sont d’autres facteurs qui peuvent empêcher leur création. Ramanathan et al. (1989 b) ont démontré que les nuages ont un effet net de refroidissement sur la terre, qui compensera l’augmentation possible du réchauffement produit par « l’effet de serre ».

12 ICAC RECORDER

Cet effet se produit lorsque la hausse des températures mondiales augmente la quantité de nuages dans la partie la plus basse de l’atmosphère terrestre (troposphère). Certaines des prévisions ou estimations redoutées de l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone n’ont pas été confirmées, soit parce que la force radiative négative des nuages ou d’autres forces négatives étaient suffisamment importantes pour stabiliser l’augmentation de « l’effet de serre ». D’autres travaux menés plus tôt ont démontré qu’une baisse de seulement 3 % de la vapeur d’eau atmosphérique, et une augmentation de 1 % de la nébulosité pouvaient compenser le réchauffement d’un doublement prévu de la quantité de CO2 (autres conditions constantes). Cette hypothèse n’a peut-être pas été prouvée, mais les références selon lesquelles les concentrations de CO2 peuvent être compensées par d’autres modifications corrélatives se sont révélées exactes (et non pas une supposition). • Des hausses prévues des niveaux de CO2 ont également

été obtenues en incluant la contribution des activités humaines. La révolution industrielle a changé le rôle des activités humaines, passant des conditions qui prévalaient pendant la révolution préindustrielle aux nouvelles conditions d’un monde industriel post-révolution. La croissance démographique a aggravé les contributions de l’activité humaine, mais la révolution industrielle a eu un impact important sur la diffusion du CO2 dans l’atmosphère. La valeur d’environ 290 ppm de CO2 dans l’air, souvent reconnue pour représenter la concentration globale moyenne de CO2 dans l’atmosphère préindustrielle, est également contestée par certaines sources. Le fait de limiter ou de sous-utiliser les acquis de la révolution industrielle entraînerait certainement des perturbations majeures dans de nombreux domaines de la vie. En outre, l’industrie, en tant que principale source de CO2, a encouragé la société humaine à concevoir non seulement des technologies à moindre impact qui sont moins nocives pour l’environnement, mais également des systèmes technologiques qui éliminent les émissions avant qu’elles ne pénètrent dans l’environnement.

• La hausse des températures sera si lente que la variabilité génétique disponible et le succès du contrôle de la stérilité due à la chaleur dans un passé récent seraient suffisants pour fournir des outils aux cultivateurs pour atténuer les effets des hausses de température. Le cotonnier est sensible, mais également suffisamment souple intrinsèquement pour s’adapter à l’évolution des conditions de croissance. Ainsi, les cultivateurs pourront faire face aux changements qui se produisent lentement. Des programmes spécifiques ne seront pas nécessaires, puisque les changements se produiront naturellement et les cultivateurs renforceront en continu et par inadvertance les défenses contre les changements imminents des températures.

• Des niveaux élevés de dioxyde de carbone dans l’atmosphère sont reconnus pour améliorer l’efficacité de la photosynthèse et avoir un impact positif sur la productivité du coton. Radin et coll. (1987) ont rapporté que le cotonnier répond positivement à l’enrichissement en CO2. Ils ont cultivé du coton dans des chambres à ciel ouvert avec des concentrations ambiantes (nominalement 350 ul/l) ou enrichies (nominalement soit 500 ou 650 ul/l) de CO2 dans l’atmosphère pour enregistrer les échanges de gaz et découvrir la base de la photosynthèse de cette réponse. Les plantes ont été cultivées dans des conditions irriguées. Radin et coll. ont découvert que la relation entre l’assimilation et la concentration de CO2 intercellulaire était presque linéaire sur une gamme extrêmement large de carbone. Ils ont indiqué que l’enrichissement en CO2 ne modifiait pas cette relation et ne diminuait pas l’efficacité de la photosynthèse jusqu’à très tard dans la campagne, quand la température est un peu plus faible qu’à la mi-campagne. La conductance des stomates à la mi-campagne était plus élevée et insensible au CO2. Les résultats ont également montré qu’à des niveaux de phosphore extrêmement faibles, le coton ne répondait pas à l’enrichissement en CO2. Dans les traitements avec de la terre à la fois fertilisée et non fertilisée, la prolifération des racines était plus importante dans le sol non fertilisé dans des conditions de CO2 élevés.

• L’effet de l’enrichissement en CO2 sur la croissance et le rendement du coton à l’aide de la technologie d’enrichissement en dioxyde de carbone à l’air libre a également été étudié au même moment aux États-Unis. Les études ont été menées sur trois ans. Les données pour l’année, qui a été le moins affectée par des conditions météorologiques inhabituelles ou des pannes d’équipement, ont montré qu’une augmentation de 48 % de la concentration de CO2 augmentait la biomasse de 37 % et le rendement récoltable de 43%. L’augmentation de la biomasse et du rendement a été attribuée à l’augmentation de la superficie du feuillage précoce, une floraison plus abondante et une durée de conservation plus longue des fruits. Le traitement à l’aide de la technologie d’enrichissement en CO2 à l’air libre améliorait l’efficacité de l’utilisation de l’eau (EUE) dans des parcelles bien irriguées et dans des parcelles soumises au stress hydrique. L’amélioration de l’EUE est due à l’augmentation de la production de la biomasse plutôt qu’à une réduction de la consommation.

• Certains pays et certaines régions connaissent actuellement des campagnes de croissance plus courtes en raison de conditions défavorables qui obligent des semis précoces du coton et une fin précoce de la phase de formation des fruits en raison non seulement des températures diurnes et nocturnes moins élevées, mais aussi en raison de la différence de température entre

Septembre 2014 13

le jour et la nuit. La différence entre les températures diurnes et nocturnes accélère la formation d’une couche d’abscission entre le pétiole et la tige ou la branche de la feuille. Cette couche d’abscission augmente la chute des feuilles, accélère l’ouverture des capsules ainsi que leur maturation.

• Même si l’on admet que le réchauffement climatique progresse, nombreuses sont les références qui soutiennent la théorie selon laquelle la hausse des températures moyennes n’entraînera peut-être pas la hausse des températures maximales. Les températures observées indiquent qu’un réchauffement beaucoup plus élevé que prévu devrait déjà avoir eu lieu, et que les lectures nocturnes sont celles qui montrent un effet relatif de réchauffement au lieu des lectures diurnes. La turbidité accrue à la suite de ces émissions est plus susceptible d’augmenter les températures nocturnes. Les températures diurnes pourront augmenter, mais à un rythme plus lent. Une hausse des températures nocturnes pourrait être favorable à la photosynthèse et à l’allongement de la période de croissance dans les cas de gelées précoces. L’autre point de vue plus général est que le réchauffement aura tendance à se produire aux extrémités inférieures des températures actuelles plutôt que dans les zones qui souffrent déjà de hautes températures. Cela a conduit certains à affirmer que le réchauffement climatique sera généralement bénéfique pour l’humanité, offrant de nouvelles opportunités pour l’agriculture dans les zones tempérées supérieures qui sont actuellement limitées en raison de leur climat plus froid. Ainsi, de nouvelles zones de production cotonnière pourraient apparaître.

• Les changements, si et quand ils se produiront, n’affecteront pas l’ensemble de la planète de manière égale. Certaines zones et régions seront gagnantes, tandis que d’autres seront perdantes. Les changements climatiques se produiront selon un schéma non uniforme. Par exemple, la variation globale de 0,5 °C de la température moyenne, qui s’est peut-être déjà produite au cours de ces dernières années, peut être le résultat d’une fluctuation de plus ou moins 10 °C dans certaines régions avoisinant d’autres régions qui n’ont aucun changement, avec une gamme supplémentaire de changements des précipitations d’amplitudes différentes. Si les températures augmentent, un changement dans la quantité et la régularité ou la fréquence des pluies pourrait atténuer certaines des conséquences.

Que faut-il faire ?Les rendements mondiaux du coton ont augmenté de façon constante au fil du temps, mais avec des périodes intermittentes de croissance nulle ou de croissance lente. Depuis 2007/08, la moyenne mondiale n’a pas augmenté au même rythme qu’au cours de la précédente décennie.

L’on ignore à quel moment surviendra la relance de la croissance du rendement et la façon dont elle se produira. Tout ralentissement supplémentaire aura un impact sur les avantages économiques. Les impacts du changement climatique vont différer selon les cultures, mais le coton étant une culture très sensible à l’environnement, il subira certainement une gamme très large de répercussions. Les chercheurs ont indiqué, qu’en moyenne, il y aurait une corrélation inverse entre l’augmentation des températures et la réduction des rendements du maïs et du blé. Par exemple, une augmentation de 1 degré Celsius (1,8 degré Fahrenheit) ferait baisser les rendements du maïs de 7 pour cent et ceux du blé de 6 pour cent. La plus grande réactivité de coton aux conditions ambiantes explique la difficulté d’évaluer l’impact des températures plus élevées sur le rendement. Cela dépendra des secteurs qui sont touchés, de leurs niveaux de rendement, de la superficie concernée et de la mesure dans laquelle les efforts visant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre sont couronnées de succès. Toutes les approches peuvent être ciblées vers deux directions à large spectre permettant de faire face aux conséquences. La première direction est de déployer des efforts considérables pour ralentir le processus de réchauffement en réduisant la quantité de dioxyde de carbone et de méthane relâchée dans l’atmosphère. Dans un deuxième temps, puisque le ralentissement du processus de réchauffement planétaire ne fera que retarder ses conséquences, des efforts plus importants doivent être entrepris pour affronter les défis causés par la hausse des températures, notamment ceux qui auront des effets immédiats, à savoir la sécheresse et l’irrégularité des précipitations. Le processus lui-même ne peut pas être ralenti sans une bonne compréhension des émissions de CO2 et de méthane. Même s’il ne sera peut-être pas possible de remédier à certaines sources d’émission, on pourra certainement réduire au minimum un nombre considérable d’émissions inutiles. Il est donc important d’élaborer des bases de données nationales sur l’état actuel et les taux potentiels de dégradation de la situation. Comment le coton peut-il aider à cet égard ? Il convient d’effectuer une évaluation complète du cycle de vie du coton, pas seulement des opérations liées à sa production, mais également le traitement du coton lorsque des produits chimiques dangereux pour l’environnement sont utilisés. Certains travaux ont déjà été réalisés par Cotton Incorporated, aux États-Unis, mais ces études doivent être élargies pour tenir compte d’un plus grand nombre de pays et d’un éventail plus large des conditions de production. Pour commencer, la capacité de rétention du carbone des différents types de sols utilisés dans la production de coton doit être étudiée. L’application d’engrais organiques est en baisse et la texture du sol se dégrade, non seulement dans les sols de la culture cotonnière, mais aussi dans l’ensemble des systèmes agricoles. La demande de rendements plus élevés encourage la dépendance accrue aux matériaux synthétiques. Dans certains pays, où la location des terres

14 ICAC RECORDER

consacrées à la production de coton prédomine sur la propriété et l’agriculture directe, les agriculteurs sont obligés de recourir au recouvrement de capitaux à court terme plutôt que d’investir pour avoir un impact sur les années suivantes. L’ajout de matières organiques dans les terres agricoles est bénéfique pour obtenir des terres de qualité et de meilleurs rendements, à la fois dans le court et long terme. Il convient d’encourager des systèmes de production de coton plus rationnels et respectueux de l’environnement. L’impulsion consistant à réduire le processus de réchauffement, la séquestration du carbone, peut également être utile. La séquestration du carbone dans le sol est le processus consistant à transférer le dioxyde de carbone de l’atmosphère dans le sol par les résidus de récolte et d’autres solides organiques, et sous une forme qui n’est pas immédiatement réémise. La séquestration du carbone permet de compenser les activités émettrices de carbone tout en améliorant la qualité des sols et la productivité agronomique à long terme. En ce qui concerne le coton, la séquestration du carbone dans le sol peut être réalisée bien plus facilement que pour les cultures qui consomment beaucoup d’eau, telles que le riz et la canne à sucre, par la mise en œuvre de systèmes de gestion qui ajoutent de grandes quantités de biomasse dans le sol et entraînent une perturbation minimale des sols, la conservation des sols et de l’eau, l’amélioration de la structure du sol et le renforcement de l’activité de la faune du sol. Une agriculture sans labour et comprenant des engrais verts pourrait s’avérer très utile, mais la rareté des terres et la pression pour produire davantage de cultures vivrières ne permettent pas la mise en œuvre de ces pratiques à grande échelle. La sélection est nécessaire pour améliorer la tolérance à la sécheresse et l’efficacité de l’eau. L’objectif principal de cet effort est de comprendre comment les racines contribuent à la tolérance à la sécheresse et à identifier quels sont les traits génétiques liés aux caractéristiques de l’efficacité de l’eau. La sélection classique nécessite l’identification de la variabilité génétique associée à la tolérance à la sécheresse parmi les variétés actuelles de coton et les nouvelles lignées, ou parmi les espèces de coton sauvage avec une compatibilité génomique, pour être en mesure d’introduire cette tolérance dans les variétés utilisées à l’heure actuelle sans compromettre les caractéristiques agronomiques adaptées et la qualité des fibres. Bien que la sélection conventionnelle pour la

tolérance à la sécheresse a eu et continue d’avoir un succès limité ici et là, il n’en demeure pas moins qu’aucune avancée significative n’a été réalisée pour développer des variétés de coton résistantes à la sécheresse. L’utilisation efficace de l’eau a été améliorée dans la production cotonnière, mais pas pour développer des variétés performantes dans des conditions de déficit hydrique. Le manque de matériel génétique adapté a toujours posé problème. Tant que le coton biotech résistant à la sécheresse ne sera pas développé et commercialisé, les producteurs devront mettre l’accent sur des pratiques de gestion optimales afin d’atténuer l’impact de la sécheresse. Il est également nécessaire d’étudier la façon dont les pousses, les feuilles, les fleurs et les autres éléments répondent à la sécheresse.Références : Abdallah, Naglla A., Vivian Moses and C.S. Prakash. 2014. The impact of possible climate changes on developing countries: The needs for plants tolerant to abiotic stresses. GM Crops & Food: Biotechnology in Agriculture and the Food Chain 5:2, 77–80; April/May/June 2014, Landes Bioscience, available at https://www.landesbioscience.com/journals/gmcrops/gmcr.32208.pdf

Jaworowski, A., T.V. Segalstad and V. Hisdal. 1992. Atmospheric CO2 and a Global Warming: A Critical Review, http://www.co2web.info/np-m-119.pdf

Mackenzie, F.T. and J.A. Mackenzie (1995) Our changing planet. Prentice-Hall, Upper Saddle River, NJ, p 288-307. (After Warneck, 1988; Anderson, 1989; Wayne, 1991.) at http://eesc.columbia.edu/courses/ees/slides/climate/table_1.html

Oosterhuis, Derrick M. 2013. Global warming and cotton productivity. Overcoming the Period of No-Growth in Yields. Papers Presented at the Technical Seminar at the 72nd Plenary Meeting of the ICAC, Cartagena, Colombia, September 2013, pp 29-35.

Quijano, Eduardo Barragan. 2013. Physiological limitations and solutions for improving cotton yields. Overcoming the Period of No-Growth in Yields. Papers Presented at the Technical Seminar at the 72nd Plenary Meeting of the ICAC, Cartagena, Colombia, September 2013, pp 25-28.

Radin, John W., Bruce A. Kimball, Donald L. Hendrix and Jack R. Mauney. 1987. Photosynthesis of cotton plants exposed to elevated levels of carbon dioxide in the field. Photosynthesis Research, 1987, Volume 12, Issue 3, pp 191-203.

Ramanathan, V., R. D. Cess, E. F. Harrison, P. Minnis, B. R. Barkstrom, E. Ahmad, and D. Hartmann, 1989: Cloud-Radiative Forcing and Climate: Results from the Earth Radiation Budget Experiment. Science, 243: 57-63.

Septembre 2014 15

La sélection conventionnelle du coton doit changerShreekant S. Patil, Université des sciences agricoles, Dharwad, Inde

La sélection conventionnelle a permis d’améliorer la productivité, la qualité de la fibre et la tolérance au stress biotique ainsi qu’au stress abiotique. Jusqu’à très récemment, les méthodes biotechnologiques ont contribué à l’incorporation de la résistance aux vers de la capsule, mais les cultivateurs doivent utiliser des méthodes de sélection conventionnelles pour développer et induire des changements dans les plantes transgéniques. On observe une nécessité croissante de réviser les procédures utilisées pour la reproduction des plantes, ainsi que les étapes nécessaires à la manipulation des générations séparées, en appliquant les principes de la génétique des populations et de la génétique quantitative pour atteindre de plus grands bénéfices génétiques (Patil, 2011). Les principes des programmes d’amélioration de la population, appliqués aux cultures à pollinisation croisée, peuvent également être appliqués en introduisant de légères modifications permettant l’adaptation au système d’accouplement, et consécutivement l’obtention de gains génétiques plus élevés pour améliorer les variétés. Les mécanismes visant à améliorer la faculté de combinaison ont joué un rôle important dans l’hybridation du maïs, et ces principes doivent également être testés et appliqués pour améliorer la diversité génétique du coton.

La nécessité de réévaluer les méthodes de sélectionLe coton est la seule culture pour laquelle les méthodes utilisées pour développer des variétés et obtenir des hybrides de coton à usage commercial ont été exploitées en vue d’améliorer la productivité et la qualité. La nature même de sa biologie florale et la facilité avec laquelle des croisements peuvent être réalisés manuellement ont permis de commercialiser les avantages de l’hétérosis de coton. L’avantage implicite de la facilité avec laquelle le coton peut être émasculé et les croisements manuels réalisés permettent également de simuler l’accouplement aléatoire et d’élargir ainsi les procédures d’amélioration de la population. Que l’on investisse dans les efforts visant au développement des variétés ou à la création d’hybrides, il est extrêmement important d’assurer que la première mesure prise par le sélectionneur consiste à faire le bon choix de la diversité génétique des parents qui se complètent mutuellement dans toute une gamme de variétés qui contribuent aux rendements du coton-graine.Peu d’efforts ont été consacrés à la recherche des systèmes utilisés dans la culture cotonnière. Ces efforts auraient pu contribuer à comprendre l’étendue des possibilités dans l’utilisation des trois méthodes classiques de traitement des générations séparées : en vrac, par pedigree ou par filiation monograine. Ces méthodes permettent d’exploiter le potentiel de variabilité résultant du croisement de deux variétés dans différentes situations. De même, la détermination du

génotype ciblé dans l’hybridation a fait l’objet de peu de travaux. Cette détermination dépend de la proportion d’allèles souhaitables répartis entre les parents. Il existe peu d’études sur la planification des modifications situationnelles des méthodes utilisées pour traiter les populations séparées après l’hybridation afin d’augmenter la fréquence des génotypes cibles souhaitables dans la population de base. Il est possible de renforcer l’amélioration génétique obtenue en soumettant les populations séparées à des procédures de sélection modifiées.

Application des principes génétiques qui limitent le croisement des systèmes de sélectionLes approches conventionnelles de l’amélioration des variétés, telles que définies pour les cultures auto-pollinisantes, ne parviennent pas toujours à produire les résultats escomptés en termes de gains provenant de l’amélioration génétique. Les résultats de chaque effort réalisé par les sélectionneurs pour obtenir l’hybridation et la sélection en séparant les générations ne sont pas documentés de manière suffisamment détaillée pour permettre de comprendre si ces derniers ont échoué ou réussi et, dans un cas comme dans l’autre, dans quelle mesure ils ont réussi à mélanger les allèles influençant le rendement répartis entre les parents pour en tirer une variété potentielle. Bon nombre des principes de l’amélioration variétale appliqués dans les cultures à pollinisation croisée sont susceptibles d’être étendus à la culture cotonnière.

Conséquences de la reproduction aléatoire et de l’équilibre polygéniqueUne compréhension détaillée des conséquences de la reproduction aléatoire et des procédures définies pour les cultures à pollinisation croisée est indispensable pour déterminer les modifications qui peuvent être adoptées afin d’améliorer les procédures utilisées pour l’amélioration variétale dans une culture auto-pollinisante comme le coton. La performance d’une population donnée dans une culture à pollinisation croisée ne peut être considérée comme fiable que lorsqu’il existe un certain équilibre. Cette transformation de la population d’un état de déséquilibre à un état d’équilibre à chaque site actif ne nécessite qu’une seule génération de reproduction aléatoire et représente donc une étape essentielle dans chaque plan d’amélioration de la population mis en œuvre dans les cultures à pollinisation croisée.L’état d’équilibre découlant de la considération simultanée des loci est différent de l’état dérivé de l’examen individuel

16 ICAC RECORDER

des loci. Deux étapes sont nécessaires pour atteindre l’équilibre commun déterminé par le caractère aléatoire dans l’association des allèles pour former des types gamétiques digéniques et l’union des types gamétiques nécessaires à l’obtention des génotypes digéniques. La première phase de l’aléa dans l’association des allèles originaires des deux sites actifs pour former des types gamétiques conduit à l’équilibre dans la phase gamétique ; puis le caractère aléatoire de l’union de ces gamètes provenant des mâles et femelles permet d’obtenir l’équilibre de la phase zygotique.Bien qu’en théorie, un nombre infini de générations de reproduction aléatoire serait nécessaire pour atteindre l’équilibre de la phase gamétique, seules quelques générations suffiraient pour que l’équilibre de la phase gamétique se rapproche de zéro et assurer ainsi l’équilibre polygénique. Par conséquent, seules quelques générations de reproduction aléatoire sont nécessaires dans une population avant qu’elle ne devienne une variété à part entière, indépendamment du fait qu’elle soit ou non améliorée sous forme synthétique/composite ou développée par un autre programme d’amélioration de la population. Dans un état d’équilibre polygénique, le couplage ainsi que les gamètes de la phase de répulsion sont produits avec une fréquence suffisante pour assurer la recombinaison entre les allèles connexes souhaitables et indésirables répartis entre les parents. De même, lorsque l’objectif dans une culture auto-pollinisante est d’accumuler les allèles pour une variété donnée dans une population basé sur ces caractéristiques, il devient alors nécessaire d’encourager l’inter-accouplement dans une population développée par le biais de multiples croisements entre les lignées sélectionnées pour une expression élevée du trait de caractère. L’inter-accouplement dans ces populations permet de briser les liens indésirables. Ces populations basées sur les traits de caractères peuvent être développées dans le coton pendant l’accouplement aléatoire qui essaime les recombinants souhaitables qui comprennent différents allèles souhaitables. Ces populations peuvent être conservées dans un lieu central, afin d’être disponibles auprès d’autres équipes.

Intégration entre les ségrégants dérivés de l’hybridationL’approche innovante basée sur l’inter-accouplement entre les ségrégants productifs des premières générations ségrégantes contribue également à briser les liens indésirables entre les allèles souhaitables des parents hybrides. Au lieu de suivre la procédure routinière basée sur les trois méthodes de traitement (en vrac, par pedigree ou par filiation monograine), les cultivateurs peuvent introduire l’inter-accouplement entre les ségrégants productifs souhaités afin d’augmenter la probabilité d’obtenir des recombinants utiles.La méthode de développement des populations axées sur les caractéristiques contribue à accumuler et à constamment enrichir les populations avec des allèles souhaités pour une ou plusieurs caractéristiques. Un certain nombre de lignées

variétales ou une collection de germoplasme de la plus haute expression, peuvent être utilisés pour développer du matériel de reproduction pour chaque caractéristique de rendement déterminante, tels que le poids des capsules, les composants de qualité de la fibre, les caractéristiques physiologiques importantes qui influencent la biomasse, l’indice de récolte, le feuillage persistant, le rajeunissement, la tolérance aux stress biotiques et abiotiques, et d’autres. Une fois que ces lignées de composants sont utilisées dans de multiples croisements pour mettre en commun les allèles souhaitables de la caractéristique répartie entre eux, la population peut être soumise à l’accouplement aléatoire simulé pour assurer la recombinaison des allèles et surmonter les liaisons indésirables. Ces populations se rapprochent de l’équilibre polygénique, et donc, les gamètes de couplage et de la phase de répulsion se produisent au niveau attendu lorsque les gènes sont séparés de manière indépendante. Une telle population produit de nouvelles lignées recombinantes avec une forte expression de la caractéristique souhaitée. Ces populations peuvent être développées et conservées dans l’Institut asiatique de recherche sur le coton ou dans l’Institut international de recherche sur le coton ou dans des instituts nationaux de pointe.Elles peuvent également être distribuées aux sélectionneurs des différents pays membres afin qu’ils puissent utiliser l’autofécondation pour isoler les lignées possédant un niveau élevé d’expression des caractéristiques qui les composent. Les lignées qui ont été améliorées pour obtenir les caractéristiques des composants souhaités peuvent être utilisées pour favoriser la variabilité, la productivité et d’autres caractéristiques. Une autre option consisterait à croiser les populations axées sur les variétés avec différentes variétés de rendement au niveau de l’institut, puis de les distribuer aux sélectionneurs, qui pourront ensuite manipuler les populations séparées pour obtenir de meilleures lignées recombinantes en mettant en commun les allèles souhaitables pour les différentes caractéristiques de rendement, la qualité de la fibre et la résistance aux maladies ou aux ravageurs, en fonction de la priorité de la région ou du pays concerné.

Caractéristiques importantes pour déterminer la productivitéLa présence d’un ou de plusieurs gènes biotechnologiques résistants aux insectes augmente dès le début la configuration des capsules, et améliore ainsi la capacité d’absorption de la plante tout en laissant sa source inchangée. Cela peut conduire à des disparités entre la source et le puits qui, à leur tour entraînent l’épuisement de la capacité de la source en provoquant une réduction du poids des capsules, en particulier dans la moitié supérieure de la plante. Pour améliorer l’emplacement des capsules, même dans la moitié supérieure de la plante, les génotypes choisis pour développer les variétés de coton biotech doivent avoir une source plus forte et les feuilles doivent rester vertes plus longtemps. Les capacités

Septembre 2014 17

de source et de puits d’une plante de coton sont déterminées par un large éventail de caractéristiques physiologiques, de sorte que les sélectionneurs doivent sélectionner des variétés parentales qui se complètent mutuellement pour ces nombreuses caractéristiques s’ils souhaitent obtenir une meilleure productivité.Hormis les caractéristiques physiologiques qui influencent la biomasse et sa translocation, d’autres caractéristiques influencent les propriétés souhaitées des fibres (telles que la résistance au stress, etc.) et doivent également être prises en compte lors du choix des parents pour l’hybridation et l’amélioration génétique. La mise en commun des caractéristiques multiples et divergentes peut nécessiter la participation de plus de deux parents (accouplement multiple) dans l’hybridation. Les proportions ordinaires de contributions alléliques impliquant des parents supplémentaires peuvent être 50:25:25 ; 25:25:25:25 ; 50:12,5:12,5:12,5:12,5 ou même des configurations plus complexes. Sur la base de ce qui précède, des modes de croisement multiples appropriés peuvent être conçus pour recueillir la proportion requise d’allèles à partir de chaque ensemble d’allèles sélectionnés. Le succès ou l’échec de la recombinaison et de la mise en commun des allèles souhaités répartis entre ces parents dépendra du choix des méthodes de sélection et des modifications en fonction des besoins dans la manipulation des générations séparées.

Approches visant à améliorer les variétés et à cibler les génotypesLe succès du produit final dans tout programme de culture dépendra de la connaissance claire des modes de transmission du grand nombre de gènes qui déterminent l’expression des caractères qui le composent. Guère sont les connaissances qui existent sur la complexité des modes de transmission de chacun des composants qui influencent le rendement du coton-graine et des autres variétés importantes. Le succès peut dépendre de la capacité du sélectionneur à contourner ces limites et à demeurer malgré tout aussi scientifique et analytique que possible dans le choix des méthodes et des protocoles à suivre dans chaque procédure visant à créer la variabilité. Si la génération F1 produit de mauvais résultats, le croisement peut facilement être rejeté. Si, en revanche, sa performance est supérieure, pour des raisons autres que la dominance excessive, elle peut s’expliquer par la dominance complète, en particulier lorsque les parents sont sélectionnés avec une parfaite complémentarité des caractéristiques souhaitables. Dans les cultures auto-pollinisantes comme le coton, même les loci montrant une dominance complète peuvent être utiles (pour initier la sélection artificielle) lorsque le sélectionneur peut attendre jusqu’à la génération F6, ou lorsque le niveau d’hétérozygotie est réduit. Une comparaison entre F2 est utile pour déterminer si un degré élevé de dominance excessive joue un rôle dans toute importation pour déterminer un degré élevé

RENDEMENT DU COTON-GRAINE

Nombre de capsules

Capsules Monopodia  Longueur de Monopodia

 Nbre. de Monopodia  Capsules par monopodia

Autres traits Rajeunissement

Feuillage vert

Feuilles sous-jacentes Photosynthèse Feuillage vert Epaisseur de la feuille (SLW)

Poids des capsules

 Nbre. de loculés  Poids des locules  Nbre. de graines  Poids de la graine

 GOT %

Indice de récolte des capsules Kapas Wt/(KW + Poids de l’écorce)

A) Conductivité stomatale

B) Caractéristiques mésophylles

i)  Processus diffusif

ii)  Cinétique enzymatique

C) Photo-respiration FORTE BIOMASSE

I) Zone foliaire

II) Taux de photosynthèse

18 ICAC RECORDER

d’expression de l’hétérosis dans les générations F1. Avant d’entrer dans le processus d’hybridation, les sélectionneurs doivent bien comprendre la constitution de la nouvelle variété qu’ils espèrent développer. Cette compréhension constitue la base pour cibler l’objectif de l’amélioration variétale (c’est-à-dire, le « génotype cible ») en fonction de la proportion d’allèles requis des parents sélectionnés pour l’hybridation (Patil, 2012). Le ciblage du génotype peut être défini en termes de parents multiples ou des deux parents, mais, pour des raisons de simplicité, nous avons préféré utiliser seulement les deux parents dans notre exemple d’hybridation. Les méthodes utilisées pour manipuler le matériel génétique après hybridation peuvent être basées sur les trois méthodes classiques de traitement : en vrac, par pedigree ou par filiation monograine. Dans les cas où le parent donneur a un patrimoine génétique fortement indésirable, à l’exception d’une caractéristique héritée qui viendrait compléter la variété autrement supérieure, un croisement en retour est réalisé pour améliorer la probabilité que cette caractéristique soit transmise aux plantes cibles.

Proportions des allèles issus de deux parents dans les méthodes de traitement en vrac, par pedigree ou par filiation monograineQuel est le génotype cible fixé dans ces deux groupes de méthodes de reproduction par autofécondation, telles que la méthode par pedigree, en vrac ou par filiation monograine ? Ces méthodes d’autofécondation sont-elles efficaces pour générer une fréquence élevée du génotype cible ? Les générations séparées issues de toutes ces méthodes de traitement des générations séparées révèlent une forte proportion de plantes contenant une part de près de 50:50 d’allèles des deux parents. Si les deux parents partagent à eux deux des quantités égales ou proches d’allèles souhaitables ou de composantes de rendement, les méthodes par pedigree, en vrac et par filiation monograine sont des méthodes de culture de choix. Lorsque la répartition des allèles souhaitables (caractéristiques de rendement) est inégale entre les parents, le génotype cible pourrait alors être 70:30 ou 80:20 ; et par conséquent, ces trois méthodes d’amélioration variétale ne seraient pas appropriées car la fréquence d’une distribution de 70:30 ou de 80:20 est considérablement réduite dans les générations séparées. Cela explique pourquoi ces méthodes ne parviennent pas toujours à produire les résultats escomptés, c’est à dire, lorsque le génotype cible n’est pas entièrement compris et que la mauvaise approche a été adoptée. Le sélectionneur doit comprendre le motif de distribution des allèles souhaitables entre les parents sélectionnés pour l’hybridation parce que cette distribution déterminera le génotype ciblé pour le développement de la combinaison des parents choisis pour le processus d’hybridation. La détermination du génotype cible est possible en comparant la phase de F2 avec les deux populations de croisement en

retour, B1 et B2, en terme de potentialité et de fréquence des ségrégants de transgression. Les études réalisées par Patil en 2007, 2011 et 2012 ont montré comment des conclusions peuvent être tirées dans l’identification du génotype cible et également dans le traitement de ces populations séparées enrichies avec une fréquence plus élevée d’un génotype cible.S’il était possible de développer une technique pour étudier soigneusement les caractéristiques des parents afin de détecter un tableau des caractéristiques des composants, ainsi que le grand nombre de polygènes régissant leur expression, cette technique pourrait aussi être primordiale pour déterminer si la manipulation des générations autofécondées (après hybridation) peut être fructueuse ou si les populations limitées croisées en retour doivent être traitées pour améliorer la fréquence du génotype ciblé. Lorsque l’ensemble des caractéristiques influençant le rendement est examiné, il est parfois difficile d’atteindre une caractérisation correcte de la constitution génétique des parents impliqués dans le processus d’hybridation, c’est à dire en termes de distribution des allèles souhaitables. En revanche, elles peuvent être caractérisées en termes d’expressions souhaitables ou indésirables. En réalité, il est nécessaire de standardiser les techniques si nous souhaitons comprendre les parents. Concernant ces caractéristiques, et sur la base du modèle de distribution de l’expression souhaitable de ces différentes caractéristiques, le génotype cible variétal peut être plus ou moins défini comme ayant une proportionnalité d’environ 70:30 ou 80:20. Des recherches supplémentaires doivent être menées autour de la nature même des systèmes de sélection utilisés afin de trouver les réponses à ces questions.

Exploitation de l’hétérosis et méthodes de reproduction des hybridesPatil et Patil (2003) et Patil et al. (2007, 2011) ont souligné la nécessité de développer des groupes hétérotiques et d’adopter des programmes d’amélioration de la population visant à augmenter les performances des hybrides en adoptant des modifications appropriées dans la procédure afin de l’adapter au système de reproduction des plantes auto-pollinisantes. Sur la base de la performance supérieure constante des hybrides entre un grand nombre de croisements testés ces dernières années Patil (2009 et Patil, 2012) a tenté de comprendre le mécanisme de complémentation observé par rapport aux types de plantes et aux caractéristiques physiologiques. Sur la base de ces informations, un certain nombre de groupes hétérotiques ont été formés ; par exemple, un groupe compact, un groupe touffu, un groupe verdoyant, un groupe de qualité, des types robustes avec un taux de croissance relative élevé et un indice de récolte élevé. Ces groupes sont constamment révisés en testant et en ajoutant de nouvelles lignées. Des coupleurs d’élite des groupes opposés sont utilisés comme des cases hétérotiques et la variabilité obtenue pour combiner la capacité est évaluée dans la génération F4 par la mise en

Septembre 2014 19

œuvre de la sélection réciproque en vue d’améliorer leur aptitude à la combinaison. L’amélioration apportée pour obtenir une ségrégation transgressive pour combiner la capacité est quantifiée. Des efforts sont déployés pour développer des populations à base large pour chaque groupe hétérotique afin de les distribuer aux sélectionneurs. Sachant que le coton, en tant que culture, n’a pas donné, en soi, de signe de dépression de consanguinité, la performance des lignées peut être déterminée pour l’attribution initiale des génotypes aux grands groupes hétérotiques afin de faire une prédiction raisonnable de la structure de complémentation avec des génotypes provenant d’autres groupes. Des efforts ont également déployés pour développer les groupes de coton hétérotiques G hirsutum Vs G barbadense, les exploiter et développer les populations à base large de ces groupes hétérotiques.

Changement d’idées sur le type idéal de plantesUn aperçu de la production mondiale de coton semble indiquer que différents pays se sont engagés sur des voies différentes dans leur choix de types de plantes pour augmenter la production de coton. L’accent sur la culture du coton hybride et le soutien à la recherche au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle, en particulier en Inde, ont abouti à la robustesse du type de plante. Cela met en évidence le problème relatif à l’écart important entre les délais de maturité des premières et

dernières capsules formées. Au cours des premières décennies de l’ère hybride, le travail était moins cher et il était donc possible d’exploiter l’espace en trois dimensions plus grand requis par un hybride touffu pour maximiser le rendement cotonnier. L’augmentation de l’incidence des ravageurs due à l’allongement de l’intervalle des attaques de ravageurs ne s’est pas fait sentir durant cette époque de faible coût de la main-d’œuvre en Inde. L’augmentation progressive du coût de la main-d’œuvre nécessaire pour produire les semences hybrides, les pulvérisations et les passages répétés pour sélectionner le coton a entraîné une réduction de la valeur rémunératrice des grands hybrides de coton touffus. À la fin des années 1990, en particulier, une forte baisse de la valeur rémunératrice du coton a été observée, détournant les cultivateurs de coton vers d’autres cultures plus rémunératrices. L’introduction de la technologie biotechnologique en Inde en 2002/03 a permis de réduire le coût de la culture du coton et a augmenté sa valeur rémunératrice. Après la première décennie de l’ère du coton Bt, la pression de l’augmentation des coûts de main-d’œuvre a recommencé. L’impact de la hausse du coût du travail sur la valeur rémunératrice du coton étant démontré, la facilité de récolte et les hybrides à larges capsules sont devenus une référence pour le choix des génotypes des hybrides de coton en Inde. La baisse des rendements économiques au niveau des exploitations a entraîné une remise en question du type de plante idéale pour prendre en compte le facteur d’augmentation du coût de la main-d’œuvre. Cela explique

SG1 (RT1) R1(RT2) Divers testeurs supplémentaires

RGR 1 (RT5) RGR 2 (RT6) Divers testeurs supplémentaires

Groupe hétérotique avec taux de croissance relative élevé -RGR

Groupe à feuillage persistant / hétérotique robuste -SG/R

Evaluation des variétés F1 dérivées impliquant les lignées de combinateurs d'élite des groupes hétérotiques opposés

x

RGR1 X RGR2 SG1 X R1

F1 F1

F2 F2

F1 dérivés 50 X 4 (croisements) + Croisements de référence C + Contrôles commerciaux

Diagramme schématique de la sélection réciproque en matière de faculté de combinaison

Plus de 50 lignées de F4 Plus de 50 lignées de F4 X

Coupleurs d'élite 10 Coupleurs d'élite 10 X

x

X

20 ICAC RECORDER

pourquoi la sélection du coton dans le développement d’idéotypes de plantes adaptées à l’évolution des besoins de l’industrie équivalait à viser une cible mouvante, pour ne pas dire en mouvement rapide. L’industrie semencière ressent également la nécessité de réduire la taille des hybrides dans la mesure du possible, même si cela implique une augmentation du coût des semences. Il est également devenu nécessaire de penser à la réduction de la croissance horizontale du coton et à l’augmentation de la densité des semis afin de maximiser la productivité. Comme un effet de ce paradoxe, la culture hybride avec des types de plantes énormes est peut-être, lentement, mais sûrement, et irrémédiablement, à la croisée des chemins.

Récolte mécanique et type de planteSi les machines portables étaient introduites avec succès, il serait alors possible de récolter le coton même s’il est moins synchrone dans sa maturité. L’utilisation des systèmes de récolte mécanique existants, mis au point par des entreprises leaders, comme New Holland et John Deere, etc., a imposé des restrictions sur la croissance verticale du coton et a limité la hauteur des plants à 135-140 cm. À l’avenir, la sélection pour une densité horizontale et une croissance verticale limitée pourrait être la solution pour le succès de la récolte mécanique des cotons compacts. Il serait possible de développer des variétés compactes capables de murir en moins de 130 jours, améliorant ainsi la faisabilité de la culture du coton d’été après des récoltes irriguées dans un système de double culture dans la région de Sundarban en Inde et au Bangladesh (Patil et al., 2014b). Ces résultats peuvent être étendus à d’autres régions du continent pour augmenter la superficie cotonnière dans le cadre d’un système de double culture.

Coton à soie extra-longueEn Asie, le déséquilibre dans la diversité des espèces a également touché le coton à soie extra-longue. L’Égypte, connu comme le « panier de Barbadense », enregistre une baisse de productivité. La superficie et de la productivité de la culture du coton barbadense ont également diminué en Inde. Ceci est principalement dû à la baisse de la valeur rémunératrice du coton barbadense par rapport au coton hirsutum. La sensibilité inhérente de la variété de coton barbadense a contribué à la baisse de la valeur rémunératrice des hybrides interspécifiques. Un niveau moins élevé de tolérance aux jassides est hérité du coton barbadense. Par conséquent, il est extrêmement important d’améliorer les variétés de coton barbadense par rapport à la tolérance au stress biotique, à la productivité et à la qualité de la fibre. L’échange de matériel génétique et la formation d’entreprises conjointes asiatiques pour améliorer la génétique des souches de barbadense et surmonter les obstacles dans l’industrie cotonnière sont un facteur clé pour surmonter les obstacles liés au rendement du coton barbadense. Cela contribuera également à dissiper les craintes d’une stagnation générale imminente de la productivité du coton.

La perte de la diversité et la nécessité de sa reconstitutionSuite à l’introduction du coton américain sur le continent asiatique, la superficie cultivée en coton diploïde n’a cessé de diminuer. Cette perte de diversité des espèces se reflète dans la baisse de la production du coton à fibres courtes, qui a son propre marché. On observe une réduction de la quantité de coton produite pour le denim sur la base des véritables propriétés des fibres courtes obtenues à partir du coton diploïde. En outre, la demande de coton pour usage clinique et chirurgicale est en pleine croissance et, en conséquence, l’écart de prix entre les fibres courtes et les fibres longues de coton se rétrécit. L’Inde a été un producteur majeur des quatre espèces de coton cultivées, mais a imposé l’exploitation des hybrides intra-hirsutum et interspécifiques car la conditionnalité imposée pour l’exploitation des gènes biotechnologiques exclusivement dans les hybrides a conduit à une réduction de la superficie des cotons diploïdes. Les deux cotons diploïdes, G. herbaceum et G. arboretum occupaient 97% de la superficie cotonnière totale en Inde en 1947, mais cette superficie a baissé à 27% après l’introduction des cotons biotech en 2002/03. La culture du coton diploïde a continué à baisser à moins de 3%, après une décennie de culture de coton biotech en Inde. Cela indique la vitesse avec laquelle la culture des espèces diploïdes est abandonnée dans le pays. En l’absence de campagne visant à promouvoir les coton desi prochainement en Inde, ces espèces risquent de faire partie de l’histoire du coton et de se retrouver dans des collections de matériel génétique plutôt qu’une partie intégrante des cotons cultivés commercialement.La perte de la diversité des espèces de coton a également joué un rôle dans la propagation du virus de la frisolée du cotonnier (en anglais, Cotton Leaf Curl Virus (CLCuV)) dans les régions nord de l’Inde et du Pakistan. Il est nécessaire de déployer des cotons arboreum dans les zones sujettes aux attaques du virus CLCuV. Il est essentiel de mettre en œuvre une stratégie commune visant à freiner la propagation du CLCuV dans cette région grâce à des stratégies de déploiement de gènes et l’introgression de cotons hirsutum avec des gènes de résistance aux virus issus de cotons diploïdes. Les cotons diploïdes (desi) sont, en général, plus résistants aux insectes suceurs et il est très important d’avoir une superficie conséquente cultivée en cotons diploïdes afin de suivre la propagation des insectes suceurs et de fournir une résistance inhérente à au ver de a capsule du cotonnier, ce qui est primordial dans une stratégie de gestion de la résistance. À une époque où l’obligation des cultures refuges est de plus en plus difficile à appliquer sur le continent asiatique, il est nécessaire de promouvoir la culture du coton desi pour obtenir des zones de refuge naturelles. Au fil du temps, les cotons diploïdes ont joué un rôle dans l’atténuation du stress hydrique dans les régions cotonnières centrales et méridionales sujettes à la sécheresse en Inde. L’importance de la gestion intensive des cotons basés sur la variété hirsutum a entraîné un risque accru pour la culture

Septembre 2014 21

du coton dans les zones productrice à faibles précipitations dans le sous-continent asiatique. L’industrie cotonnière doit comprendre les inconvénients et les désavantages résultant de la culture des cotons diploïdes et déployer des efforts proportionnels pour réviser les objectifs de sélection de l’amélioration du coton desi. Des données indiquent que dans certaines régions du centre de l’Inde, les hybrides de coton diploïdes non biotechnologiques (intra-arboreum) se révèlent être plus rémunérateurs que les cotons hybrides biotech basés sur la variété hirsutum. Cela confirme à nouveau l’importance de la résistance inhérente aux ravageurs. C’est également la preuve que la résistance inhérente fait une différence dans la culture cotonnière et se révèle être un contributeur de longue durée à la réduction du coût de la culture du coton, stimulant ainsi la valeur rémunératrice du coton. Il est nécessaire de promouvoir l’amélioration du coton diploïde pour la diversité des espèces dans la région, berceau de son origine. Globalement, cet objectif pourrait être atteint en encourageant la consommation mondiale de produits finaux développés à partir des cotons diploïdes. Les cotons diploïdes sont cultivés dans des conditions biologiques ou des conditions d’utilisation minimale d’insecticides et peuvent être considérés comme mieux adaptés à la culture biologique. Des efforts particuliers en faveur de la promotion des cotons diploïdes et de la sélection à des fins de production biologique uniquement peuvent s’avérer utiles pour promouvoir la diversité des espèces et des cultures refuges indispensables à la prévention du développement de la résistance par les vers de la capsule du cotonnier.La sélection par introgression a été utilisée avec succès en Inde pour introduire les gènes souhaités des cotons hirsutum dans les cotons diploïdes et vice versa, et a conduit à la production de cotons diploïdes de haute qualité. Cela contribuera également à augmenter la diversité génétique des variétés et à améliorer les niveaux d’hétérosis du coton. Il est nécessaire de tirer parti des nombreuses espèces sauvages de coton disponibles pour transférer les allèles souhaitables vers les espèces de cultivars. Campbell et al. (2010) ont souligné la nécessité d’utiliser de réservoirs de gènes pour transférer les gènes souhaitables. Ils ont également souligné la nécessité de maintenir, d’échanger et d’exploiter le précieux germoplasme de coton pour sa promotion mondiale.

BiodiversitéPréalablement à l’introduction du coton biotech, la proportion de cultures variétales et de cultures hybrides était proportionnelle en Inde. La commercialisation des gènes biotech a causé une focalisation excessive et indésirable sur les hybrides par rapport aux variétés, qui a conduit à l’exploitation de loci montrant un degré de dominance élevé et une réduction similaire de l’importance accordée à l’utilisation de loci capables d’action génétique additive pour une dominance complète. Cette focalisation excessive a entraîné une situation de net désavantage causée par la sous

utilisation des loci influençant le rendement et la qualité de la fibre. Ainsi, une grande partie du potentiel génétique de la plante n’aura servi à rien. L’accent extraordinaire placé sur la recherche hybride dans le secteur privé a également entraîné la perte de la diversité à l’égard de ce groupe de loci. Avec la prise de conscience de cette exploitation déséquilibrée de l’action non-additive des gènes, il est évident qu’il serait nécessaire d’accorder une attention à la variété en tant que produit, de sorte que les avantages réels de la recherche intensive effectuée par le secteur public sur le développement de nouvelles lignées atteigne les sélectionneurs sous forme de variétés. De cette manière, la variabilité générée dans des ensembles complets de loci influençant le rendement capables d’action additive des gènes, la dominance partielle et la dominance complète pourraient être plus pleinement utilisées. Le déséquilibre de la diversité génétique peut également être surmonté en permettant au secteur privé de produire des variétés porteuses de gènes de coton biotech.

La sélection assistée par marqueursLes méthodes de sélections conventionnelles sont utilisées pour recombiner les caractéristiques de deux parents ou plus ou pour transférer les caractéristiques d’un parent à l’autre. En travaillant avec des caractéristiques complexes impliquant des méthodes détaillées d’estimation de l’expression des traits comme les caractéristiques des fibres, l’expression biochimique ou les caractéristiques résultant de l’interaction forte avec l’environnement (résistance aux stress biotiques et abiotiques), il est de plus en plus difficile d’établir un jugement correct sur la valeur génotypique d’une plante donnée. Dans de telles situations, l’utilisation de l’outil de la sélection assistée par marqueurs (SAM) dans le processus de sélection devient importante pour améliorer l’efficacité de la sélection conventionnelle. L’association de l’expression des caractéristiques souhaitées avec des marqueurs moléculaires pour les caractéristiques quantitatives est utile pour atteindre le transfert effectif des caractéristiques complexes grâce à la sélection en retour des parents donneurs. Au cours de ce processus, même l’identification des plantes possédant le patrimoine génétique d’un parent récurrent devient utile dans la récupération rapide de la constitution génétique du parent récurrent. Cela est également utile pour identifier les plantes en générations séparées qui possèdent la caractéristique souhaitée. L’utilisation de marqueurs pour la sélection de premier plan des gènes biotechnologiques en cours de transfert est un exemple courant de l’utilisation systématique de cette technique pour identifier les plantes possédant le gène à transférer. Dans la sélection conventionnelle du croisement en retour, davantage de générations sont nécessaires pour éliminer le patrimoine génétique du parent donneur. Des marqueurs fortement associés contribuent à amasser des segments génétiques limités provenant du patrimoine génétique du donneur pour éviter le transfert d’allèles indésirables du parent donneur. Le taux de

22 ICAC RECORDER

récupération du patrimoine génétique des parents récurrents ou l’élimination de celui du parent donneur correspondent à 1-(1-c) m+1, où c est la fraction de recombinaison et m est le nombre de croisements en retour. Le taux d’élimination des allèles indésirables à partir des parents donneurs se déroule plus lentement lorsque les allèles indésirables ont une liaison plus forte avec le gène transféré. Il est nécessaire d’identifier des marqueurs étroitement associés aux gènes transférés, ainsi que des marqueurs pour le patrimoine génétique du parent récurrent de sorte à éviter les allèles indésirables non associés ou le patrimoine génétique des parents donneurs. Le taux de récupération de la constitution des parents récurrents est beaucoup plus élevé que prévu dans la formule de récupération mentionnée ci-dessus.La détermination de marqueurs permettant d’identifier le patrimoine génétique du parent récurrent (constitution) nécessite l’existence de laboratoires moléculaires complexes, sachant que les sélectionneurs vivant dans des régions éloignées ont des difficultés à accéder à ce type d’installations. Les marqueurs sont utilisés pour évaluer la diversité génétique et pour former des groupes hétérotiques dans différentes cultures, y compris le coton, mais malheureusement, les niveaux de diversité qui se chevauchent sur la base des marqueurs ne reflètent pas correctement l’ampleur de l’hétérosis obtenue dans les hybrides. D’importants progrès sont nécessaires avant que cette approche ne devienne un outil réaliste pouvant être utilisé par les sélectionneurs pour créer des hybrides (Bertrand et al, 2008. Les marqueurs doivent être identifiés en termes de caractéristiques - telles que la qualité de la fibre, la tolérance à la sécheresse, etc. - pouvant être répartis sur la carte génomique du coton de sorte que ces marqueurs soient utilisés avec efficacité pour aider les sélectionneurs dans la sélection et le transfert des gènes qui déterminent la qualité de la fibre de G. barbadense à G. hirsutum, ainsi que dans le transfert de gènes de tolérance à la sécheresse à travers les espèces.

Développement du coton biotech génétiquement modifiéLa dépendance aux mécanismes et aux méthodes classiques utilisées pour améliorer la tolérance aux insectes nuisibles a connu des résultats encourageants, quoique limités au cours du 20ème siècle. Par conséquent, les efforts visant à contrôler le ver de la capsule du cotonnier ont compromis la valeur rémunératrice du coton. À ce moment crucial, le développement de la biotechnologie est apparu comme une aubaine pour la culture du coton. La création du coton biotech résistant aux insectes et son adoption ultérieure en dit long sur le potentiel de la biotechnologie et de son rôle dans l’amélioration génétique du coton. L’utilisation de techniques de modification génétique a donné lieu à des événements supplémentaires contre différents vers de la capsule, y compris Spodoptera (Kranthi, 2012). Les mécanismes de

résistance biotechnologique codant à un gène ou à deux gènes ont été commercialisés dans différents pays. Un gène de résistance aux herbicides a déjà été empilé avec les gènes de résistance aux insectes, et les cotons possédant ces gènes ont été commercialisés dans les différentes régions du monde. La possibilité d’ajouter des gènes de tolérance aux insectes suceurs, à la tolérance à la sécheresse et à de nombreuses autres fonctionnalités utiles est à l’étude. Mais les chercheurs savent déjà que la diversité des gènes biotech commercialisés est nécessaire afin de minimiser les risques de développement de la résistance.En Inde, le secteur privé n’est pas autorisé à diffuser des gènes biotech dans les variétés. La priorité actuelle pour annoncer le début d’une nouvelle ère dans la culture du coton serait d’identifier rapidement les événements efficaces du secteur public et de les transférer dans des variétés pour promouvoir la culture de ces événements ou variétés biotechnologiques, en particulier les variétés de coton compactes destinées aux types de plantation à haute densité. De nouvelles constructions de gènes utiles, y compris les gènes de tolérance des insectes suceurs, ont été utilisées pour développer des événements stables qui font d’ores et déjà l’objet d’essais sur le terrain à l’Université des sciences agricoles, Dharwad, et à l’Institut central de recherche sur le coton, à Nagpur et dans d’autres centres en Inde et dans d’autres pays d’Asie. Cette étape peut certainement réduire le biais contre la culture variétale existante, notamment en Inde. En réalité, ces déductions sont applicables à d’autres cultures auto-pollinisantes où il existe un excès de concentration sur les hybrides par le secteur privé pour des raisons évidentes. Il existe de nombreuses opportunités permettant de mélanger les gènes actuellement la commercialisés afin de créer des combinaisons de gènes innovants qui peuvent être exploités pour commercialisation. Il convient de développer des partenariats de recherche auprès d’institutions dans les pays. La création d’un centre de recherche en Asie ou d’un institut international de recherche sur le coton serait très importante pour la promotion de la recherche sur le coton.RéférencesAllard, R. W. 1960. Principles of Plant Breeding, John Wiley and Sons, New York, pp. 75-98.

Bertrand C., Y. Collard and David J. Mackill. 2008, Marker-assisted selection: An approach for precision plant breeding in 21st century, Phil. Trans. R. Soc. B 363:557–572.

Kranthi, K. R. 2012. Book on Bt Cotton, Questions and Answers, Indian Society for Cotton Improvement (ISCI), Mumbai, India.

Patil, S. S. 2009. Bt Cotton: Opportunities and Prospects. Proceedings of National Symposium, held at CICR, Nagpur, India, November 17-19.

Patil, S. S. and S. A. Patil. 2003. Role of improving combining ability in increasing performance of cotton hybrids. Third World Cotton Research Conference, 9-13 March 2003, held at Cape Town South Africa, pp. 234-238.

Septembre 2014 23

Patil, Shreekant S. 2007. Potential of limited backcross breeding in improving cotton. Proceeding of the Fourth World Cotton Research Conference held at Lubbock, USA, pp. 1926.

Patil, Shreekant S. 2011. Importance of teaching concepts of population genetics in effective understanding of plant breeding. Indian J. Genet., 71(2) Special issue: 106-114.

Patil, Shreekant S. 2012. Need for breeding system research in improving cotton, Proceedings of Silver Jubilee International

Symposium on “Global Cotton Production Technologies vis-à-vis Climate Change” held at CCS Haryana Agricultural University, Hisar, India, pp. 37-46.

Patil, Shreekant S. 2014. Sixth Meeting of the Asian Cotton Research and Development Network, Dhaka, Bangladesh, pp. 22-23.

Patil, Shreekant S. 2014. Sixth Meeting of the Asian Cotton Research and Development Network, Dhaka, Bangladesh, pp. 37-38.

*****

LES TECHNIQUES DE PRODUCTION COTONNIERE

Le rapport contient des données de 37 pays sur les variétés de coton ainsi que leurs caractéristiques, les insectes, les maladies, les herbes adventices et les méthodes utilisées pour les contrôler, l’utilisation des engrais, la taille des exploitations, les rotations, les méthodes de récolte et d’égrenage du coton.

US$200 - Accès Internet

US$250 - Copie papier (frais de livraison inclus)

EDITION 2014

-------------------------------------------------------------------------------------------------

Bon de commande

Par Internet : 200 US$ Copie papier : 250 US$Veuillez trouver ci-joint un chèque de US$________

ou, trouvez ci-suite les références de ma carte de crédit :

American Express Master Card Visa

Numéro de carte: _______________________________________ Date d’expiration : ___________________________

Adresse de facturation et de livraison:

Nom (veuillez imprimer)---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Adresse ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Ville, Code postal ---------------------------------------------Etat----------------------------------- Pays----------------------------

Adresse Email: --------------------------------------------------------------------------------------

Veuillez retourner votre bon de commande par courrier, email ou fax au :ICAC - Service des abonnements

1629 K Street, Suite 702 - Washington, DC 20006 - Etats-UnisEmail: [email protected] --- Fax: (1) 202-463-6950 --- Téléphone: (1) 202-463-6660 Ext. 111

Vous pouvez également commander en ligne à : https://www.icac.org/login?url=%2Fpubdetail.php%3Fid%3DP0000052

Discover

Natural

Fibres

Initiative

November 2014INTERNATIONAL COTTON ADVISORY COMMITTEE

COTTON

PRODUCTION

PRACTICES