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SOMMAIRE

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SOMMAIRE

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Revue Campus N°5 1

Edition : Cellule de communication. Vice Rectorat des relations extérieures de l’UMMTO

Directeur de la publication : Pr. Rabah Kahlouche, Recteur Responsable de la rédaction :

Pr Hocine Fellag ,Vice Recteur chargé des relations extérieures. Comité de Lecture :

Pr Mohamed Dahmani , Pr Tahar Taleb Pr Mohamed Morsli , Pr Salah Belaid, Pr Iddir Ahmed-Zaid Conception et réalisation : Djamila Mansour Adresse Campus : Hasnaoua I. Auditorium. Tel et Fax : 026 41 05 79/ 026 41 07 92 Couriel : [email protected]

Chronique…...…………………………………………………………………...………… 02

Le développement local dans la wilaya de Tizi-ouzou : Potentialités, Contraintes et Perspectives………………………………………………...

03

Le développement local à travers une analyse critique des finances communales de la wilaya de Tizi-Ouzou…………………………………...

10

Entre communauté et citoyenneté : Le local en contestation. Le cas de la Kabylie…… 35

Recherche Opérationnelle : Origine et Méthodologie…………………………………..

56

La post-pérovskite MgSiO3 : une nouvelle phase minérale à la base du manteau inférieur terrestre…………………………………………………………………………..

64

Plaidoyer pour un pôle de l’environnement à l’université………………………............

67

Les banques de semences : une stratégie de conservation EX SITU des plantes et endémiques………………………………………………………………………………....

71

Booker T Washington’s up from slavery : its sources…………....................................... 82

87 قراءة نقدية في آتاب تاريخ مدينة تيزىوزو حتى سنة 1954

ظاهرة عدم فعلية القواعد القانونية في القانون الوضعي الجزائري 103

Statistiques du fonds de la bibliothèque centrale universitaire (FEVRIER 2007)…….

104

Instructions aux auteurs…………………………………………………………………... 108

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Revue Campus N°5 2

On dit souvent qu’une société évolue aussi

bien par ce qu’elle peut construire que par ce qu’elle refuse de détruire. Le monde dans lequel nous vivons traverse une phase de plus en plus complexe dans une sorte d’ébullition d’actualité. En effet, les nouvelles technologies nous facilitent beaucoup la vie mais nous angoissent en même temps à cause de leur probable utilisation démesurée dans la course des pays les plus industrialisés à la prééminence économique mondiale. Beaucoup d’analystes s’accordent à dire que dans les cinquante prochaines années à venir, beaucoup de bouleversements sont à prévoir. On parle même d’un probable hyper empire économique mondial qui gouvernera notre planète bleue. La sphère privée sera en danger sur Internet qui est le lieu où cohabitent actuellement la vérité et le mensonge. Les progrès techniques vont bouleverser le travail, les loisirs, l’éducation, la santé et même la gouvernance. Les technologies en trois dimensions, les nanotechnologies, les réseaux d’information Haut débit, la télésurveillance vont façonner l’homme tout en impulsant sa créativité. Le monde de demain sera en ubiquité nomade car le nomadisme prendra le pas sur l’enracinement. C’est donc à une immense mutation technologique que se prépare notre village planétaire. Nous devons prendre conscience de cette mutation qui place l’homme au cœur du débat dans une démarche de connaissance de soi et du monde. Même si l’être humain, de par sa complexité, possède une multiplicité intérieure, il est souvent en quête d’unité. C’est le roseau faible, mais pensant, de Pascal qui doit franchir les barrières pour rejoindre les gens. Nous pouvons ainsi nous ouvrir à d’autres façons de voir, conjuguer le possible et l’espoir, ainsi que la réflexion et l’action. Ecrire et lire nous permettent de nous exercer à penser et à vivre. Donner de la visibilité à notre démarche est un signe de sagesse. La nature est dépositaire d’une véritable maturité sur laquelle l’homme doit modeler ses actions ainsi que

sa façon de penser. Dans cette nature régulatrice des désordres humains, il faut trouver sa place dans une harmonie source de beauté laquelle n’est dans l’œil que de celui qui la regarde. La sagesse veut qu’on ne

doit jamais laisser les amalgames prendre le pas sur la réflexion. Il faut penser globalement et agir localement, dans le respect des autres, de son statut et de son milieu. Il ne faut jamais avancer les lumières éteintes. La science a souvent mis l’accent sur les

difficultés de vivre en harmonie avec la nature à l’image des figures mathématiques dites impossibles et des expériences physiques complexes. Les exemples de l’escalier de Penrose et du chat de Schrödinger sont édifiants. Alors, nous qui vivons dans cette grande diversité des possibles, comment faire pour ajuster nos comportements à l’énorme pression du futur ? Sur quelle praxéologie doit-on

s’appuyer pour maîtriser les conséquences lointaines de nos actions ? Le développement

scientifique se met de plus en plus sous l’empire de contraintes de productivité et de rentabilité à court terme. Les pôles de compétitivité et d’excellence sont déjà en marche. Ce sont là quelques défis qui attendent les générations montantes. L’université peut relever ces défis car elle porte en elle aussi bien l’héritage d’une nation que

celui de l’humanité. Certes, les nouvelles technologies développent la vie moderne, mais, nos instincts et nos émotions ne seront que le fruit de nos attitudes. Le savoir scientifique est plus que jamais ouvert aux questions. Etre contesté ou critiqué peut lui être utile car cela le mènera sûrement

vers une sorte de vigilance intellectuelle permanente. Mais, pour y arriver, il va falloir avant tout se convaincre que le monde de demain se décide maintenant et soulever tous ces mots à de belles hauteurs, ce qui est une autre histoire.

Hocine Fellag

Le Sens et la Mesure La chronique de Hocine FELLAG

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Revue Campus N°5 3

Le développement local dans la wilaya de Tizi-ouzou : Potentialités, Contraintes et Perspectives.

Mohand Ouamar Oussalem

Faculté de sciences économiques Université de Tizi-Ouzou a problématique actuelle du développement local en Algérie est marquée par la conjugaison des effets de deux évolutions de l’économie et de la société algérienne dans les deux

dernières décennies : -le durcissement des contraintes sur les finances publiques, à partir du milieu des années 1980, a rendu obsolète le modèle de développement local impulsé par le haut, qui a dominé depuis la fin des années 1960. -la transformation progressive des dispositifs institutionnels d’encadrement de l’économie, dans le sens de la libéralisation a, ouvert des perspectives à une orientation nouvelle du développement local, d’autant plus nécessaire que la période de crise économique et d’ajustement structurel a accru le besoin de retrouver une nouvelle trajectoire de croissance et de développement.

Les évolutions récentes offrent une image contradictoire. D’un côté on peut observer l’entrée en scène de nouveaux acteurs du développement local, la multiplication des initiatives de création d’activités, l’émergence d’un entrepreneuriat dynamique, la mise en place de nombreux dispositifs susceptibles de soutenir les actions de développement local. D’un autre côté, pourtant, une véritable dynamique peine à s’amorcer.

Cette difficulté à faire émerger une dynamique de croissance est liée, selon nous, au

caractère nouveau de la situation, pour un grand nombre d’acteurs, qui nécessite de créer de nouveaux mécanismes de mise en relation et de coordination des principaux acteurs, pour faire converger les projets, rapprocher les stratégies, et mettre en synergie les ressources et les efforts.

Dans un premier point, nous montrerons que les ressources sur lesquelles peut prendre appui le développement local sont importantes et sous valorisées. Dans un second point, nous présenterons les nouveaux acteurs et les nouveaux dispositifs d’action mobilisables dans des actions de développement local. Un dernier point présentera des exemples de dynamiques de développement émergentes et tentera d’identifier les principaux obstacles à leur amplification. I- Les ressources mobilisables pour le développement local.

La wilaya de Tizi-Ouzou est caractérisée par un relief de hautes collines et de

Montagnes, traversées par deux vallées (vallée du Sébaou, longue de 50 km, ou se trouve le chef-lieu, Tizi-Ouzou et la vallée de Draa-El-Mizan, située dans le Sud-Ouest de la wilaya). L’habitat est constitué de 1400 villages, sur les crêtes ou en piémont, et d’une dizaine de villes moyennes en pleine croissance. La population est estimée à 1,2 million d’habitants sur 3.000 km2, soit une densité très élevée, pour une zone de montagne, de 400 habitants au km2. Cette densité a, très tôt, crée un déséquilibre entre population et ressources et entraîné le développement de mouvements migratoires, qui se sont accélérés à partir de 1920. Les ressources humaines constituent donc le premier atout susceptible d’être mobilisé dans l’action de développement local.

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Revue Campus N°5 4

I-1 – Les ressources humaines. L’investissement public réalisé dans l’éducation et la formation, sur plusieurs décennies, permet à la wilaya de disposer de cadres, d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs dans un éventail de spécialités très ouvert.

L’Université de Tizi-Ouzou en a formé plusieurs milliers, et compte actuellement 37.000 étudiants, encadrés par plus d’un millier d’enseignants. Les disciplines enseignées couvrent les sciences biologiques et médicales, les sciences économiques, juridiques et de gestion, les sciences exactes et les différentes disciplines des sciences de l’ingénieur. Une partie de l’encadrement actuel des différentes institutions dans la wilaya est issue de l’université. En outre une dizaine de laboratoires de recherche fonctionnent, assurant l’encadrement de la formation doctorale. Une orientation nette vers les formations de sciences de l’ingénieur et de gestion ouvre des perspectives à une articulation à une dynamique de création d’entreprise, si les mécanismes et les incitations adéquats sont mis en œuvre.

Le secteur de la formation professionnelle est composé de 15 centres de formation et de

deux instituts nationaux formant au niveau BTS, qui prennent en charge la formation de 10.000 stagiaires.

Une cinquantaine de lycées complètent le dispositif dont 8 forment dans des profils

technologiques. A ces ressources formées par les institutions d’éducation et de formation, s’ajoutent celles formées par les entreprises publiques dans le cadre de contrats de transfert de technologie et qui ont pu accumuler une expérience industrielle. La mobilisation de ces ressources nécessitera certainement des adaptations, des recyclages, mais une forte contrainte peut être levée si les bons dispositifs de mise en relation, de coordination et d’information sont mis en place. I-2 – L’infrastructure industrielle.

Les capacités industrielles de la wilaya sont aujourd’hui soumises à de fortes contraintes de restructuration et d’adaptation à la concurrence et à la nouvelle donne économique. Elles présentent, pourtant, des potentialités intéressantes pour des actions d’essaimage, d’externalisation, de sous-traitance ou d’intégration.

Les grands réseaux d’utilités (eau, électricité, gaz) sont en place, même si des

investissements complémentaires sont nécessaires, dans le gaz en particulier. Les réseaux de télécommunications ont connu, dans la période récente, une forte impulsion. Les capacités industrielles proprement dites sont réparties en trois grands ensembles : -des grands complexes, appartenant à des entreprises publiques, comptant de 1.000 à 3.000 emplois dans les industries de l’électroménager, du matériel électrique, de la filature et du tissage. Ces complexes industriels sont en phase de restructuration. On peut imaginer qu’une ouverture de capital ou la privatisation, en levant les contraintes financières, puissent permettre d’amorcer des dynamiques de structuration des tissus industriels locaux. -un deuxième ensemble est constitué d’entreprises publiques de taille moyenne (de 150 à 400 emplois) dans les activités d’articles scolaires en plastique, la confection, les matériaux de construction, les produits laitiers et l’ameublement. - un troisième ensemble est constituée de PME privées (environ 400), dont le développement, depuis le début des années 1980, a permis une diversification du tissu industriel

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Revue Campus N°5 5

régional, et une certaine montée en taille et en complexité technologique. Malgré les contraintes marquant encore l’acte d’investir, le secteur privé recèle des potentialités remarquables, qui sont loin d’être exploitées.

Il faut aussi mentionner un très nombreux secteur de la micro entreprise qui s’est développé

dans les services (transport, maintenance-réparation) le bâtiment, la confection, l’ameublement et la menuiserie, dans le cadre des divers dispositifs d’incitation mis en œuvre. Une restructuration du secteur public, la levée des principales contraintes sur l’investissement privé, sont potentiellement porteurs d’effets de diversification et d’expansion du tissu industriel local, comme le montrent certaines évolutions « spontanées », que nous présenterons plus loin. I-3- Les ressources financières.

Le niveau d’épargne dans la wilaya de Tizi-Ouzou est important, comme le montre le développement des réseaux des principales banques, dans la période récente. Une partie de cette épargne est constituée par des détenteurs de revenus en devises (retraités de l’émigration) et par l’important secteur commercial.

Certaines banques signalent des excès de liquidités et se disent à la recherche de projets

bancables. On peut ajouter à cela la nouvelle donne des finances publiques : la stabilisation macro

économique et la bonne tenue des prix du pétrole ont considérablement desserré les contraintes de financement public ; on estime le programme d’investissement public dans la wilaya à 60 milliards de dinars dans le cadre du Plan de soutien à la croissance économique.

On peut penser qu’une partie de ce financement sera destiné à la création des infrastructures

nécessaires au développement des activités économiques, et induira une expansion des marchés locaux, pour peu que les priorités et les investissements soient judicieusement choisis. I-4- Les autres ressources. L’agriculture présente des potentialités de développement importantes dans les deux grandes vallées de la wilaya, renforcées par le développement des ressources en eau (une dizaine de petits et moyens barrages sont programmés, destinés en partie à l’irrigation) et par les possibilités offertes par le soutien financier public dans le cadre du Fonds National de Développement Agricole et Rural. Une tendance à la reprise peut être observée, dans la dernière période dans la céréaliculture, les cultures maraîchères et l’élevage bovin.

En zone de montagne, les potentialités sont certes plus limitées, mais on peut constater une

certaine reprise des activités, soutenue par les aides publiques, dans l’arboriculture (olivier, figuier) et les petits élevages (apiculture, aviculture, caprins). L’ajustement des prix des produits alimentaires a crée des incitations à un certain retour à l’activité agricole.

Un dernier ensemble de ressources reste sous exploité et pourrait être valorisé par une

politique active coordonnant développement des infrastructures touristiques, relance des activités d’artisanat traditionnel et valorisation des ressources forestières.

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I-5- L’offre foncière industrielle.

La wilaya de Tizi-Ouzou peut tirer profit de sa position centrale, à proximité de grands pôles économiques (Alger, Blida, Bédjaia) et relativement bien desservie par les infrastructures routières et ferroviaires. Le port de Dellys est à moins de 30 kms.

Les possibilités d’implantation d’activités, en particulier industrielles, sont constituées par la

grande zone industrielle de Oued Aissi, à 10 Kms de Tizi-Ouzou et par des zones d’activités aménagées, localisées dans les vallées et sur la côte. D’autres zones existent (un total de 25 zones d’implantation d’activités a été programmé au début des années 1990), mais nécessitent des investissements importants d’aménagement ou de réhabilitation. II- L’émergence de nouveaux acteurs du développement local. Les réformes des dispositifs institutionnels engagées depuis la fin des années 1980 commencent à produire leurs effets sur le terrain en ouvrant la voie à l’émergence de nouveaux acteurs et à la mise en place de nouveaux instruments d’action et d’intervention. Ces réformes nécessitent d’être approfondies dans certains domaines (nous pensons, en particulier, aux finances des collectivités locales), mais les évolutions engagées élargissent notablement les possibilités d’action. II-1- De nouveaux acteurs du développement local.

Le champ du développement local s’est étoffé par l’émergence de nouveaux acteurs publics, nés des effets de la libéralisation de l’économie et de la transition à l’économie de marché. On peut citer les acteurs suivants : -la CNAC (Caisse Nationale d’Assurance Chômage), institution indispensable à la libéralisation du marché du travail et de la relation d’emploi, et qui intervient dans la création d’entreprises par les demandeurs d’emploi. - l’ANSEJ (Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes) qui intervient dans la création de micro entreprise. - le développement de structures de gestion du foncier, intervenant dans l’aménagement de zones d’implantation des investissements. Les structures déconcentrées de l’Etat, elles mêmes, ont engagé un effort d’adaptation. C’est ainsi qu’ont été crées au niveau de l’administration de la wilaya :

- une Direction de la PME - une Direction de l’Emploi - un Comité de Promotion de l’Investissement (CALPI), chargé de soutenir les

investisseurs privés et de faciliter l’accès au foncer industriel. - une structure de suivi des projets soutenus par le FNDRA a été créée au niveau de la

Direction de l’Agriculture. Les structures bancaires ont connu des évolutions intéressantes du point de vue du

développement local : le développement des réseaux et l’extension de la couverture géographique permet d’élargir l’accès aux services bancaires et de mieux collecter l’épargne ; en outre les progrès de la décentralisation du fonctionnement des banques permet de rapprocher les créateurs d’activités des centres de décision. Il reste, bien entendu, de fortes contraintes liées à l’information et à la faible connaissance des marchés, par les banques et par les créateurs d’entreprise.

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Les acteurs privés (industriels, artisans, agriculteurs) ont des représentations institutionnalisées à travers des chambres consulaires spécialisées : Chambre du Commerce et de l’Industrie, Chambre de l’Agriculture, Chambre de l’Artisanat et des Métiers. Cette représentation leur ouvre la possibilité de jouer un rôle d’animation, de mise en relation et d’intermédiation entre les acteurs privés et les institutions d’encadrement de l’économie.

Enfin, il faut noter le développement d’un tissu associatif, important en nombre même s’il

est d’efficacité inégale. Deux types d’associations poursuivent des objectifs directement liés au développement local :

- les associations villageoises, dites à caractère social, centrées sur les problèmes de développement concret, au niveau local (adduction d’eau, aménagement de voies d’accès, soutien scolaire, formation).

- les associations à caractère professionnel (apiculteurs, éleveurs…) qui peuvent jouer les rôles d’information, de mise en relation, d’intermédiation, si déterminants dans les dynamiques de développement local.

II-2- De nouvelles possibilités d’action.

Les réformes des dispositifs institutionnels permettent de mettre en place de nouveaux instruments d’intervention et ouvrent la voie à de nouvelles possibilités d’action. On peut citer les instruments et les possibilités suivants : -dispositifs du micro crédit -dispositifs de financement triangulaire (banques, promoteur, Trésor Public) dans la création de la micro entreprise. -dispositifs de soutien à l’investissement dans les zones à promouvoir (avantages fiscaux, bonification des taux d’intérêt). -dispositifs de soutien à l’activité artisanale. -dispositifs CNAC de soutien à la création d’entreprise par les demandeurs d’emploi. -soutien à l’investissement dans le cadre de l’Agence Nationale de Développement de l’Investissement (avantages fiscaux, accès au foncier industriel). -soutien à l’investissement agricole dans le cadre du FNDRA.

A côté de ces dispositifs, il existe, bien entendu les instruments classiques dont disposent les

collectivités locales et l’Etat pour promouvoir les actions de développement local : les plans communaux de développement (PCD) et les programmes sectoriels de développement (PSD).

Les contraintes financières qui ont pesé sur le financement public, pendant près de deux

décennies, ont conduit à un repli de l’action de développement et à l’accumulation de retards. Mais le relâchement de ces contraintes ouvrent de nouvelles perspectives, à condition qu’un effort important soit engagé pour doter les collectivités locales des compétences exigées par la conduite d’actions de développement ( dans la période récente le niveau de consommation des crédits a été faible).

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III -Résultats et contraintes de l’action de développement local.

III-1 – Des résultats mitigés, mais des dynamiques prometteuses. Les résultats de l’action de développement local dans la wilaya de Tizi-Ouzou

sont mitigés au regard des besoins et des attentes, en particulier en matière d’emploi et de satisfaction d’un certain nombre de besoins de base (logement, alimentation en eau). Les zones les plus fragiles de la wilaya (zone côtière, communes de montagne) sont particulièrement en retard. Plus fondamentalement, la wilaya est en attente d’une impulsion du développement que connaissent les wilayas voisines (Bédjaia, Boumerdés, Blida), et d’une croissance qui dépendrait moins des transferts publics et privés et serait fondée sur la valorisation des énergies et des potentialités locales. Le secteur public économique, moteur du développement économique et social jusqu’aux années 1980, est dans une phase difficile de restructuration industrielle. Le secteur privé, dans toutes ses composantes, malgré des potentialités importantes et un dynamisme certain, n’a pas encore pris le relais, en raison de sa taille qui ne lui permet pas encore de peser sur l’économie de la wilaya, mais surtout en raison des contraintes qui continuent de marquer l’investissement et la création de richesses. III-2- Des dynamiques spontanées prometteuses.

Nous appelons dynamiques spontanées, des dynamiques de création d’activités

et de croissance qui se sont développé, en partie ou totalement, en dehors des dispositifs de soutien et d’incitation en place. De Ils renseignent sur le potentiel de création et de développement dans la wilaya et fournissent des pistes pour les actions de développement. C’est ainsi que la wilaya est classée au troisième rang, au niveau national, pour la création de PME, selon les statistiques du Ministère de la PME ; il en est de même pour la création de micro entreprises, dans le cadre de l’ANSEJ, où elle est classée au deuxième rang.

C’est le signe qu’il existe des capacités entrepreneuriales importantes. A titre d’exemples, on peut citer trois cas de ce type de dynamique : -dans la région de Draa-El-Mizan, au Sud-Ouest de Tizi-Ouzou, un processus de développement par essaimage est en train de se mettre en place à partir d’une entreprise publique de production d’articles scolaires en plastique ; des cadres ont crée, seuls ou en association avec des capitaux privés, une dizaine d’unités de fabrication, valorisant ainsi les compétences et les apprentissages accumulés dans le secteur public. L’expérience est certes encore fragile, en raison de la concurrence des produits d’importation, mais elle renseigne sur une tendance positive. -dans la région de Souk-El Ténine, au Sud de Tizi-Ouzou, une centaine de micro-entreprises ont été crées par de jeunes promoteurs, dans la confection, à partir de processus d’imitation ou d’essaimage, en grande partie sans le recours aux différents dispositifs de soutien. -dans la région de Frikat, au Sud de la wilaya, un réseau de petites entreprises s’est développé dans la fabrication de couscous, souvent dans le cadre d’entreprises familiales ou de coopératives. III-3 – Contraintes et perspectives.

On peut conclure de cette brève présentation que les atouts et les potentialités de la wilaya sont importants, que les acteurs font preuve de dynamisme et que les multiples dispositifs offrent de réelles possibilités d’action.

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Revue Campus N°5 9

Comment expliquer que les résultats soient en deçà des potentialités ? Il nous semble que la transformation des dispositifs institutionnels a induit l’apparition de

problèmes nouveaux pour la plupart des acteurs et nécessitent de développer des instruments nouveaux et des approches renouvelées de l’action de développement local. Cette exigence est renforcée par les effets déstructurants de la crise économique sur le tissu économique local et sur les collectivités locales.

Les problèmes les plus importants nous semblent être les suivants :

-un problème d’information sur les ressources, les marchés, les compétences disponibles, les dispositifs mis en place. Les marchés se sont considérablement transformé,sous l’effet du programme de stabilisation macroéconomique, de la libéralisation des prix et de l’intensification de la concurrence. La connaissance des tendances des marchés devient un enjeu majeur pour les investisseurs et dans leurs rapports avec les banques. L’information existe au niveau de tel ou tel acteur mais elle est loin d’être partagée. Ce problème concerne peu ou prou tous les acteurs : investisseurs, banques, collectivités locales, structures publiques. Bien évidemment, la contrainte d’information crée de l’incertitude et freine l’action. -un problème de mise relation des acteurs : la création d’activité est un processus complexe faisant intervenir de multiples acteurs, possédant des ressources ou des capacités d’action complémentaires ; il est donc souvent nécessaire de favoriser leur mise en relation et leur coordination pour faciliter la création d’activités. -un problème de recherche de convergences entre les projets et les stratégies des différents acteurs (promoteurs d’investissements, banques, collectivités locales, institutions de formation, entreprises publiques et privées). On peut penser à toutes les possibilités de valorisation des complémentarités entre les entreprises, ou de valorisation des potentialités de formation et de recherche de l’Université. -un problème « d’animation »au sens d’impulsion d’actions complexes impliquant de nombreux acteurs. Dans la phase précédente de développement, l’impulsion était donnée par l’Etat central, à travers la planification ; la transformation de l’économie nécessite que soient trouvées les instruments capables de jouer ce rôle, en partant de l’autonomie des différents acteurs. On pense au problème difficile de financement des entreprises privées à faible surface financière, ou au problème d’implantation de la micro entreprise. Les différents acteurs doivent s’engager dans des processus d’apprentissage, en particulier à partir de la connaissance des expériences et des solutions qui ont été menées et qui ont réussi dans d’autres pays et à partir d’un effort réflexif de connaissance et d’analyse critique des pratiques des différents acteurs.

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Le développement local à travers une analyse critique des finances communales de la wilaya de Tizi-Ouzou

Dr Malika AHMED ZAID – CHERTOUK,

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, UMMTO

Résumé : Cette contribution tentera de répondre à la question de savoir si le

développement local est possible dans les conditions actuelles de gestion des collectivités territoriales en considérant leurs capacités à générer des ressources et à financer le processus de développement.

Trois vecteurs principaux sont porteurs de développement économique : l’Etat, les

collectivités territoriales (communes et wilayas) et les entreprises. Ici, nous nous intéresserons particulièrement au second vecteur : les collectivités territoriales et notamment au segment de base, la commune et par ricochet, à l’Etat, principal pourvoyeur de ressources dans les conditions actuelles de non-existence d’une fiscalité locale propre aux collectivités. La question principale qui s’impose alors serait de savoir si le développement local est possible dans ce cas ?

Après avoir établi une typologie physique des communes, l’analyse critique portera sur les

potentialités fiscales des communes, leurs capacités à s’autofinancer et à générer des ressources et à leur incidence sur le développement local. En d’autres termes, nous nous interrogerons également sur la viabilité de ces collectivités au regard de ces deux paramètres.

Partant de là, il est évident que l’objectif principal de l’analyse est de tenter de réunir un

ensemble de critères dans le but de déterminer « un modèle » d’entité optimale susceptible de porter et de générer le développement dans le contexte géoéconomique actuel de la wilaya de Tizi-Ouzou en particulier.

Mots clés : Collectivité territoriale – Typologie – Budget communal – Développement local – Finances locales – Ressources financières – Autofinancement.

es dernières décennies, un intérêt croissant a été porté à la décentralisation des compétences, aux pratiques de gouvernance - territoriale et des organisations - ainsi qu’aux dynamiques

locales de développement. Dans ce contexte, l’action publique implique une plus grande diversité d’acteurs, aussi bien publics que privés, dans les processus de décision et de gestion. Ces évolutions participent à la reconfiguration des rapports entre acteurs et à l’émergence de nouveaux modes de coordination entre ces acteurs et aux questions de re-qualification des territoires. Les structures de coordination, bien que source d'avantages, s'avèrent complexes, notamment du fait que les différents acteurs poursuivent des intérêts qui sont au moins partiellement divergents. Ces acteurs agissent tous évidemment et à des niveaux différents sur et dans des territoires dont la consistance est variable. Ces territoires relèvent généralement de la discrétion de l’Etat qui en fixe les limites et la consistance administrativement et politiquement. La recherche de la cohérence et de l’homogénéité des territoires ne se superpose pas obligatoirement aux limites administratives et les transgressent parfois, ce à quoi l’Etat peut prévoir des solutions au moins aux plans juridique et économique, à l’exemple des intercommunalités. Les découpages territoriaux n’aboutissent pas toujours à des entités territoriales (communes et wilayas dans notre cas) économiquement viables, c’est-à-dire susceptibles de réunir les conditions nécessaires aux actions de développement qu’elles relèvent de potentialités intrinsèques ou d’apports extrinsèques. En effet, la traduction sur le terrain

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de l’organisation territoriale peut conduire à un émiettement territorial qui répond beaucoup plus à un souci de proximité administrative qu’à des objectifs de développement : la multiplication à l’extrême d’entités communales complique davantage la mise en œuvre d’initiatives porteuses de développement en ce sens qu’elle limite la génération de recettes fiscales en tout cas dans les zones géographiques naturellement pauvres comme nous allons le montrer à travers l’exemple des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, objet de notre analyse. L’émiettement du territoire induit un émiettement des actions économiques et des moyens financiers, d’où la nécessité de recherche d’un territoire efficient.

Par ailleurs, les actions de développement sont également conditionnées par le type de

relations entretenues entre les entités territoriales et l’Etat en d’autres termes, par la distribution des compétences entre les différents segments infraétatiques par le biais du processus de la décentralisation, la disponibilité de ressources fiscales conséquentes, une logique de distribution et d’affectation de ces ressources et le degré d’autonomie dont peuvent jouir ces entités relativement à l’Etat central.

C’est autour de ces aspects que s’articulera la présente contribution : après avoir rappelé

succinctement le cadre général dans lequel s’inscrit l’étude entreprise, en d’autres termes, les concepts qui fondent les relations entre l’Etat et les collectivités territoriales, les rapports entre le local et le global qui sous-tendent les questions de décentralisation et de développement local, nous donnerons un bref aperçu de la typologie physique des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou pour démontrer ensuite, à travers quelques résultats d’une analyse rapide des finances de ces communes qui constituent des indicateurs suffisants, leur non viabilité à générer et à mener à bien dans l’état actuel des choses des actions de développement à partir de leurs potentialités naturelles et fiscales. Etat, collectivités territoriales, décentralisation et développement local

La commune en tant que collectivité locale est la représentation la plus expressive de ce que le législateur a bien voulu appeler démocratie de proximité qui est en fait une forme plus affinée de la démocratie locale1. La commune occupe une place centrale dans le système d’organisation politique de l’Etat algérien2. En effet, elle constitue un maillon solide entre la représentation politique et les citoyens, au travers des politiques publiques qu’elle a charge de concevoir et de mener à bien. La commune en tant que collectivité locale renvoie évidemment au concept de décentralisation qui, pour reprendre une définition du dictionnaire de la conversation du dix-neuvième siècle, incarne « une opération réparatrice par laquelle un gouvernement serait amené à la seule action qu’il doive exercer et cesserait d’intervenir dans les affaires qui peuvent être faites sans lui beaucoup mieux, tout au moins aussi bien que lorsqu’il s’en mêle »3. Partant de cette vieille définition qui conserve toute sa fraîcheur, P. Y. Chicot4 relève que « l’opération réparatrice » dont il est fait état vise à corriger la tendance des autorités centrales à s’ériger en centre d’impulsion unique ou principal. Dans le cas de figure d’une organisation centralisée, les collectivités territoriales de l’Etat sont traditionnellement perçues comme des collectivités secondaires, privées de la faculté de concevoir et d’élaborer des politiques publiques au bénéfice de leurs territoires.

1 La commune est déjà définie dans l’article premier de l'ordonnance n0 67-24 du 18 janvier 1967 portant Code communal comme la collectivité territoriale politique, administrative, économique, sociale et culturelle de base. 2 Article 84 de la loi 90-08 du 7 avril 1990 relative à la commune. 3 Définition citée par OHNET, J. M., Histoire de la décentralisation française, p. 9, Librairie générale française, Paris, 1996. 4 CHICOT, P-Y., La collectivité municipale au Brésil et en France : éléments choisis de comparaison, p. 6, Collectivités Territoriales – Intercommunalité, Revue mensuelle LexisNexis JurisClasseur, novembre 2005.

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Dans le cas particulier de l’Etat algérien, cette « opération réparatrice » résulte de la Constitution qui consacre dans son seizième article la décentralisation comme principe fondamental de la gestion des affaires publiques avec comme souci majeur l’émergence d’une démocratie de proximité. Elle attribue un rôle majeur à la commune en la définissant comme la cellule de base dans le deuxième alinéa du quinzième article, quant aux assemblées élues elle en fait le lieu de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. Sur le plan de la portée juridique, l’inscription dans la Constitution de la commune en tant que collectivité territoriale de l’Etat revêt une signification majeure du moment qu’au nom du parallélisme des formes, seule une modification de la Constitution pourrait entraîner l’extinction de ce niveau de décision politico-administratif.

Il faut remarquer que le rôle central joué par la collectivité territoriale communale dans le

cadre du fonctionnement global de l’Etat résulte de la mise en œuvre de la décentralisation, autrement dit du transfert de compétences à des autorités élues. Cependant, il faut reconnaître que dans les faits, les relations entre les autorités centrales et les collectivités territoriales sont dominées par une asymétrie caractérisée. L’Etat conserve une prééminence dans la conduite générale des affaires publiques, en ce sens qu’il existe dans son système politique un ordre des pouvoirs à respecter qui garantit d’une certaine manière son unité, ce qui nous conduit à qualifier la situation de l’Etat algérien en termes de gestion des affaires publiques de « processus de décentralisation inachevé ». On peut dire sans équivoque que la décentralisation en Algérie est quasiment administrative, elle procède principalement d’une volonté apparente d’assouplissement du centralisme de l’Etat qui tend à s’affirmer de plus en plus, tout au moins dans l’esprit qui anime les réformes à venir. Dans leur conception, celles-ci semblent coïncider avec une volonté d’évolution dans la répartition des compétences entre le niveau national et les niveaux infranationaux. Evidemment, il ne s’agit pas pour autant d’affecter de manière radicale la nature de l’Etat algérien mais d’aller davantage vers un « Etat réellement décentralisé » tant il est vrai que l’Etat algérien demeure un Etat unitaire au sein duquel les collectivités territoriales sont considérées comme des collectivités secondaires. En effet, le modèle étatique unitaire postule que la collectivité publique de référence n’est autre que l’Etat. Sa capacité d’influence juridique, économique, culturelle a pour effet d’irradier les territoires locaux.

Cependant, malgré des rapports souvent conflictuels avec les assemblées locales des élus,

l’Etat cherche à faire des collectivités territoriales les actrices de leur propre développement en essayant de leur inculquer une dynamique porteuse d’initiatives locales plus proches des citoyens, des possibilités de contrôle social plus réalistes, économiquement plus pertinentes, plus efficaces et mieux orientées vers les résultats attendus par la société locale. Ces derniers temps notamment, on assiste à la résurgence dans le discours des représentants de l’Etat tant au niveau central qu’au niveau des wilayas, d’une discrimination probante dans la formulation du processus de décentralisation qui tient au primat accordé au développement économique. C’est dans ce sens que la décentralisation se justifie non seulement par la nécessité d’assouplissement de la centralisation étatique, la volonté des élus locaux à accéder à la mise en œuvre des principes d’autonomie locale conférés par le code communal de manière à exercer réellement leurs compétences et l’adaptation à une certaine idée de l’organisation territoriale dictée à la fois par les exigences locales et les dynamiques de la globalisation, mais aussi par le souci du développement économique. C’est dans cet objectif qu’émergea déjà dans la décennie 70 la culture qui a conduit à la mise en place des plans communaux de développement (PCD). Ainsi, de manière formelle, les communes algériennes disposent d’outils juridiques et, à un degré moindre, matériels et symboliques, pour orienter et soutenir l’activité économique locale ou pour peser sur les effets localisés de dynamiques économiques d’échelle supra-communale ou étatique.

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Depuis peu, les collectivités territoriales algériennes, à travers l’analyse d’un échantillon de communes de la wilaya de Tizi Ouzou qui constitue notre terrain d’observation, s’intéressent de plus en plus aux notions de « dynamiques économiques localisées », de « dynamisme d’échelle locale » et de « développement économique local ». Les pouvoirs locaux, qu’ils soient à l’échelle de la wilaya ou de la commune, semblent se préoccuper davantage de la question de marketing territorial qui s’exprime par la recherche de l’attraction de l’investissement national, voire international, sur leurs territoires. En définitive, on peut retenir que le processus de décentralisation tend à offrir aux collectivités territoriales des responsabilités, des moyens et des compétences relativement importants en matière de développement local dans ses aspects économique, social et culturel pour peu que les relations entre l’Etat et les collectivités territoriales ne souffrent pas d’ambiguïtés stérilisantes et d’interférences préjudiciables.

En marge de cette nouvelle dynamique d’intérêt particulier aux initiatives de développement

local durable, émergent également, mais de manière assez timide, les notions de démocratie locale et de démocratie participative. En effet, on assiste de plus en plus à des pressions soutenues des citoyens à participer significativement dans l’action des communes certainement en raison de la multiplicité et de l’ampleur des charges des communes et des problèmes vécus par les populations, mais aussi à une tendance des élus à composer avec leurs administrés/électeurs, par le biais de comités de villages par exemple, pour définir ou légitimer les actions à mener et enfin à participer d’une certaine manière à la procédure décisionnelle des politiques publiques. C’est ainsi que se matérialise par ci par là la naissance de « conseils consultatifs » de citoyens et des formes d’assemblées communales élargies aux comités des villages. Va-t-on tendre vers la matérialisation de la notion d’autonomie locale et à l’émergence effective de la démocratie locale caractérisée par la représentation et la participation ? Evidemment, celle-ci induit l’exercice de compétences effectives qui génèrent la conception et la mise en œuvre de politiques publiques par les collectivités territoriales ! En effet, la démocratie participative, corollaire de l’autonomie locale, s’articule autour de la triple initiative des assemblées délibérantes, des exécutifs locaux et des citoyens : la conception et l’élaboration des politiques publiques relèvent ainsi d’une pluralité d’acteurs publics.

C’est là qu’apparaît toute l’importance de la mise en œuvre effective du processus de

décentralisation pour traduire dans les faits les politiques publiques relevant des collectivités territoriales, notamment les communes d’autant plus que le nouveau Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) leur confère de nouvelles attributions inscrites à travers notamment six de ses principales problématiques et trois de ses objectifs majeurs5. Dans cette nouvelle perspective, les communes sont décrites comme des maillons essentiels de l’aménagement du territoire et du développement économique et social. Les nouvelles attributions des communes et des collectivités territoriales, d’une manière générale, se superposent bien entendu aux missions et 5 Ces problématiques du SNAT sont notamment : (1) une nouvelle politique de développement et de redéploiement des services publics devant contribuer à crédibiliser l’administration et à renforcer l’autorité de l’Etat à tous les niveaux, (2) une nouvelle politique du développement régional et de l’action locale en tant que base du rééquilibrage territorial et du développement global, (3) l’institution des relations partenariales entre l’Etat et les collectivités locales, (4) une redéfinition des rôles des partenaires et des acteurs de l’Aménagement du Territoire que sont l’Etat, les collectivités locales et les divers opérateurs locaux, (5) une mise en œuvre d’instruments et mécanismes de planification impliquant l’ensemble des espaces dont celui de la région, (6) une réforme de la fiscalité et des finances locales, considérée comme une priorité dans le cadre d’un transfert de compétences, d’administration, de gestion et d’aménagement au bénéfice des collectivités territoriales. Les objectifs impliquant les collectivités territoriales sont les suivants : (1) le redéploiement politique et institutionnel basé sur la décentralisation et la régionalisation, (2) le redéploiement conséquent des compétences et des finances au bénéfice des collectivités locales à travers une redistribution équitable d’une partie de la fiscalité et de la richesse nationale, (3) le redéploiement sociologique et social des représentations et pouvoirs locaux au profit de la nouvelle génération.

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charges habituelles déjà définies dans le cadre de la loi n° 90-08 du 07 avril 1990 fixées à la commune en tant qu’assise de la décentralisation et lieu de participation du citoyen à la gestion des affaires publiques. Elles concernent notamment l’aménagement du territoire, l’élaboration et l’exécution de son propre plan de développement, l’urbanisme, les infrastructures et l’équipement, la réalisation et l’entretien des établissements des enseignements fondamental et préscolaire, la réalisation et l’entretien des équipements socio collectifs, l’initiation de programmes d’habitat et l’initiative de la promotion immobilière publique ou privée, la préservation de l’hygiène, la salubrité publique et la protection de l’environnement, et enfin, les investissements économiques sur son territoire. Cependant, ces nombreuses missions ne peuvent être supportées et concrétisées par les communes que si le transfert de compétences est accompagné d’un véritable transfert de ressources financières et de moyens correspondants. Ce qui nécessite obligatoirement le déploiement d’un processus de décentralisation effective, une réforme profonde du système fiscal axé sur la mise en œuvre d’une véritable politique de fiscalité locale privilégiant le poids des communes dans la distribution des recettes fiscales afin de leur garantir une réelle autonomie financière.

Ceci étant, les rapports entre l’Etat et les collectivités territoriales nous amènent à traiter

d’une question connexe qui les identifie à la notion de dimension, de taille et donc d’espace et d’échelle, en d’autres termes, à ramener les conditions et les effets des politiques publiques d’un système complexe de par sa diversité et ses articulations que l’on peut considérer comme étant le territoire de l’Etat à des sous-systèmes plus identifiés et plus spécifiques qui sont les territoires des communes ou des wilayas. Ce qui nous conduit à faire une incursion succincte dans les rapports entre le niveau global et le niveau local. Des notions de local et de global

Rares sont les États qui n’ont pas été touchés durant ces dernières décennies par un

engouement pour « le local ». Mais, au risque de nous tromper, la notion de local qui fait mode n'a pas grand rapport avec la charge scientifique qui lui est attribuée et qui fait école dans des productions reconnues sur la « localité » et le « pouvoir local ». Mis à part un socle physique commun qui est celui de la petitesse de la taille, le local qui intéresse, qui fait sens malgré ses ambiguïtés, est associé aux termes de développement, de mouvement social et de communauté : c'est en fait beaucoup plus une idéologie qu’un faisceau de mesures et de résultats visant à asseoir davantage, dans le cadre d’une dynamique incarnant un principe de réalité, le développement dans les moindres recoins d’un territoire beaucoup plus vaste.

Le premier trait commun de cette idéologie attribue une valeur positive à une unité d'espace

de petite taille, dans tous les cas qu’il soit infranational ou voire infrarégional6. Le second trait attenant au premier incarne le fait que les notions de local et de territorialité impliquent la notion d'appropriation et de sentiment d'appartenance pour ceux qui sont inclus dans les limites du territoire, le local incarne alors une valeur culturelle et identitaire. Le dernier trait qui est le plus important, bien qu'il ne soit pas énoncé de manière aussi explicite que les deux premiers, considère que le local est facteur de développement (on aurait dit en d'autres temps de progrès) ; il désigne la capacité innovante de réaction d'un ensemble d'individus qui forment la communauté ; il est « modèle », même s'il est né « de la prise de conscience de la grande carence des modèles », il a valeur politique au sens fort. N. Mathieu a montré dans un article déjà ancien7, que si l'on s'applique à définir abstraitement l'idée du local qui sous-tend l'idéologie du développement local, on retrouve partout, dans les usages du terme, trois dimensions. 6 Voir notamment JALOWIECKI, Pologne locale, 1988, 1990, JOYE, SCHOLER, 1990, PECQUEUR, 1989. 7 Voir MATHIEU, Nicole, Revue Autogestions, 1985.

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D'abord une dimension économique, qui se retrouve dans l'expression maintes fois avancée

de « ressources locales ». En ce sens, le développement local est la capacité à repenser un lieu, un territoire, comme un « terroir », à réenvisager ses potentialités en tenant compte à la fois des progrès technologiques et des ressources des habitants du lieu. C'est un mode de valorisation du territoire qui reconnaît l'ensemble de ses valeurs dans la diversité, sans gaspillage et sans surexploitation. C’est la promotion d'une gestion écologique d'un espace par ses habitants, appelée aussi éco développement.

La deuxième dimension est identitaire et culturelle. Le local c'est aussi le pays, le lieu de la

culture retrouvée ou trouvée, l'endroit d'où l'on est, que l'on sait reconnaître et où l'on est reconnu. Le développement est rendu possible parce que le lieu est singulier, rendu différent et spécifique par l'histoire qui lui est propre, par les valeurs et les savoir-faire qui lui sont attachés, par l'existence d'une communauté qui fonde sa solidarité parfois sur un passé, souvent sur un projet commun. Le local c'est le territoire que définit, marque, voire maîtrise, un groupe social, une communauté, une société « locale ».

La dernière signification du local, c'est évidemment celle qui renvoie au terme de polis, c'est

la valorisation (la revalorisation) du modèle politique de la démocratie (locale). L'idéologie du local est la proposition ou la mise en avant d'une solution aux blocages des rapports entre l'individu, la société civile, l'État, le Supranational : redonner sa pleine valeur à la dimension locale des rapports sociaux et des rapports politiques. Gérer le global ne peut se faire avec meilleure intelligence qu'au niveau de la quotidienneté et du territoire de vie et de travail des habitants d'un lieu donné et relativement bien défini. Là, dans les rapports locaux, peuvent se modifier, se renégocier les alliances, voire les solidarités que l'on n'obtient plus d'une société globale de plus en plus complexe et divisée. C’est à travers ces aspects et l’ancrage du local dans la société que la notion de local et ses rapports au global peuvent nous intéresser pour appréhender les questions de développement. Brève typologie physique des communes

D’une superficie de 2 958 km2 et une population estimée au 31 décembre 2004 à 1 229 718 habitants8, la wilaya de Tizi Ouzou dénombre 67 communes de consistance inégale tant au plan de l’étendue du territoire que du facteur démographique articulées autour de 21 daïras. Il est des communes de grande superficie mais pratiquement vides de population telles que Zekri avec ses 3 784 habitants pour 88.5 km2 et Aït Chafaa avec 4 069 habitants pour 85.5 km2 ; il en est d’autres à territoires relativement moyens mais bien peuplées comme Draa Ben Khedda avec 33 262 habitants pour 33.4 km2 et Larbaa Naït Iraten avec 30 807 habitants pour 39.3 km2 et d’autres encore à territoire relativement réduit mais assez fortement peuplées comme Mechtras avec 11 920 habitants pour 17.4 km2, Aït Ouacifs avec 10 717 habitants pour 17.2 km2 ou encore, Aït Oumalou qui compte 9 767 habitants pour 13.7 km2. Pour réaliser l’importance de ces inégalités territoriales, nous donnons dans la figure 1 une esquisse de la typologie des communes de la wilaya de Tizi Ouzou selon leur consistance territoriale.

8 Annuaire statistique de la wilaya de Tizi Ouzou, Année 2004, Edition n° 20, Juin 2005. A titre d’information on relève que : la densité moyenne est de 416 habitants au km2, la population active est estimée à 342 845 habitants, (taux d’activité voisin de 28%), la population occupée est de 234 335 habitants (taux d’occupation supérieur : 68% ; taux de chômage : 32% ), 72 % de la population ont moins de 35 ans, le taux brut de natalité est de 12.8 ‰, le taux de mortalité est de 3.96 ‰, le taux d’accroissement naturel de la population est 8.83 ‰ pour l’année 2004.

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On constate aisément que près de la moitié des communes sont de taille moyenne alors que seulement sept (07) communes affichent une superficie supérieure à 75 km2 dont la plus démesurée reste la commune d’Azeffoun avec 126.7 km2, talonnée par la commune de Tizi Ouzou avec 102.4 km2. La superficie moyenne d’une commune est de 44.15 km2.

Relevons également que la plupart des communes dont la superficie est inférieure à cette moyenne sont localisées en zone montagneuse, ce qui se traduit par une pénurie d’assiettes foncières nécessaires à l’implantation de petits projets

d’équipements de première nécessité tels que les écoles, les cantines, les centres de santé, les réservoirs d’eau potable, les décharges publiques et bien d’autres !

La figure 2 nous fournit la typologie des communes de la wilaya de Tizi Ouzou relativement à leur consistance démographique. En premier lieu, il est important de souligner que la population de la wilaya de Tizi Ouzou est essentiellement à caractère rural avec un taux de 65% alors que les 35% restant sont concentrés dans le chef lieu de wilaya et la plupart des chefs-lieux de daïra (Azazga, Dra El Mizan, Boghni, Larba Naït Iraten, Aïn El Hammam, Draa Ben Khedda, etc.).

L’analyse de la donnée démographique montre que plus de la moitié des communes (53%) sont de taille relativement moyenne, affichant une population comprise entre 10 000 et 20 000 habitants. La population moyenne d’une commune est de 18 354 habitants pour l’année 2004. La majorité des communes appartenant à cette strate sont évidemment des communes de montagne qui, par ailleurs, laissent apparaître des densités relativement élevées comme le montre le graphique de la figure 3.

A titre comparatif, nous sommes loin de la moyenne des 1550 habitants par commune du cas

français ou des 5 000 habitants par commune du cas allemand ou encore des 7 000 habitants par commune du cas italien ! Evidemment, l’écart est encore plus significatif en termes d’étendue

Figure 2 : Typologie démographique des communes

22% 25%

53%

15 communesà population ≤ 10 000 hab

17 communesà population > 20 000 hab

35 communes à populationcommprise entre 10 000 et 20 000 hab

Figure 1 : Typologie des communes selon leur consistance territoriale

19% 10%22%

49%

7 communesavec S > 75 km2 15 communes

avec 50 < S ≤ 75 km2

32 communesavec 25 < S ≤ 50 km2

13 communesavec S ≤ 25 km2

Figure 3 : Typologie des communes selon leur densité

31%

35%

3%31%

21 communesd < 300 hab/km2

23 communes300 < d < 500 hab/km2

21 communes500 < d < 800 hab/km2

2 communesd > 800 hab/km2

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moyenne des territoires communaux (dans le cas français, il est de communes réduites parfois à la consistance d’un village !).

Devant de telles disparités démographiques et de consistance territoriale, on peut

s’interroger sur la taille optimale de l’entité communale dans le cas spécifique de la Kabylie et les capacités des communes à mener des actions de développement.

Afin de simplifier l’étude, nous avons catégorisé les communes de la wilaya de Tizi Ouzou

en fonction de leur appartenance à des espaces naturels relativement homogènes. Une brève analyse de l’ancrage des communes dans les traits morpho-physiques qui façonnent le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou nous a permis d’en dresser une première typologie sommaire qui distingue au moins quatre principales catégories de communes à caractère relativement contrasté. Il en est qui sont de la frange littorale (05), de l’arrière pays côtier (07), de vallée et de piémont (17), de montagne et de haute montagne (38). Il apparaît clairement que c’est la catégorie des communes de montagne et de haute montagne qui est la plus consistante suivie de la catégorie des communes de vallée et piémont. La distribution des communes entre ces différentes catégories est donnée par la figure 4.

Au plan de la consistance territoriale, les communes du littoral et celles de l’arrière pays côtier occupent pratiquement la même superficie mais ce sont les communes de montagne qui brassent l’essentiel du territoire de la wilaya avec 1 317 km2 suivies des communes de vallée et du piémont (873.2 km2) comme le montre le graphique de la figure 5.

La donnée démographique met en exergue des communes du littoral vides de population relativement aux autres catégories de communes avec seulement un total de 56 000 habitants pour 378.53 km2, soit une densité moyenne de 148 habitants au km2. Il en est de même pour l’arrière pays côtier qui englobe 7 communes et enregistre une densité moyenne de l’ordre de 290 habitants au km2 sur une superficie de 389.18 km2 tandis que les communes de montagne et

de vallées et piémonts affichent respectivement des densités de 384 et 554 habitants au km2. Ainsi, il y a comme une gradation dans l’occupation des terres de la frange littorale vers les contreforts montagneux de la wilaya de Tizi Ouzou. La concentration des populations dans les communes de vallées et piémonts, avec 1200 habitants au km2 pour la commune de Tizi-Ouzou, s’explique essentiellement par l’implantation des grandes agglomérations dans ces parties du territoire.

Figure 5 : Consistance territoriale des diverses catégories de communes

1317,0625 km244%

378,5275 km213%

389,1787 km213%

873,1675 km230%

38 communes de montagne

5 communes du littoral

7 communes de l'arrièrepays côtier

17 communes de valléeet de piémont

Figure 4 : Typologie morpho-physique des communes

57% 7

10%

1725%

3858%

Frange littoral

Arrière pays côtier

Vallées et piémonts

Montagne et haute montagne

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De toute évidence, cette diversité va induire une différenciation des territoires et des disparités tant au plan des potentialités économiques des communes que de leur aptitude au développement. C’est ainsi que l’on constate qu’une grande partie des communes de la wilaya sont montagneuses et déshéritées, en ce sens, que naturellement elles sont déjà dépourvues de ressources exploitables et les difficultés qui grèvent le développement de cette catégorie de communes sont pratiquement identiques et relèvent des mêmes déficits. Ce n’est qu’à partir de territoires homogènes et cohérents que peuvent être envisagées les questions de développement et de prise en charge de projets dépassant en fait le cadre et le budget d’une seule commune. Analyse des finances des communes de la wilaya de Tizi Ouzou

Le développement des territoires des différentes municipalités passe à travers deux types de

financement : les ressources affectées à leur fonctionnement pour produire les services publics aux populations et les ressources affectées à des opérations ponctuelles sous forme d’enveloppes financières pour la réalisation de projets sur leurs territoires dans le cadre de plans communaux de développement. Nous allons procéder dans une première étape à une analyse rapide des ressources affectées aux budgets de fonctionnement des communes pour tenter de comprendre si dans les conditions actuelles, elles peuvent faire face aux dépenses induites par la nécessité de subvenir aux besoins premiers des populations et, dans une seconde étape, essayer de cerner la logique et les incidences des plans communaux de développement à travers les moyens distribués par l’Etat, via son segment wilayal, au profit des communes. Mais auparavant, faisons trois constats sévères qui se dégagent de la réalité des finances des communes de la wilaya de Tizi Ouzou et de l’Algérie d’une manière générale.

En premier lieu, la quote-part revenant aux collectivités locales dans les recettes fiscales

affectées au budget de l’Etat est relativement dérisoire. A titre d’exemple, pour l’année 2001, pour des recettes fiscales de 1285.1 milliards de dinars affectées au budget de l’Etat, seulement 91.19 milliards de DA, soit 7.1%, reviennent aux collectivités locales et fonds spéciaux9 ! Ce qui est déjà un prélude handicapant quant aux capacités des municipalités à faire face aux dépenses nécessaires à la production de services publics locaux.

En second lieu, l’analyse rapide des recettes et des dépenses des communes de la wilaya de

Tizi Ouzou sur une période de cinq années, fait apparaître clairement qu’en dehors de huit communes qui constituent l’armature urbaine de la wilaya ou des agglomérations à urbanisation accélérée qui affichent d’ailleurs des populations relativement élevées (Tizi Ouzou, Tizi Rached, Azazga, Draa Ben Khedda, Draa El Mizan, Boghni, Larbaa Naït Iraten, Aïn El Hammam), toutes les autres présentent de sérieux déséquilibres financiers en raison de leurs piètres performances fiscales. Prises dans l’absolu, elles ne peuvent être qualifiées d’entités économiquement viables de par leurs potentialités fiscales en ce sens qu’elles ne peuvent pas se garantir une capacité financière qui leur permette d’autofinancer au moins en partie leurs investissements.

9 Les recettes affectées au budget de l’Etat (1285.1 milliards de DA) se décomposent comme suit : 840.6 milliards de recettes pétrolières (65%) et 444.5 milliards de DA de recettes ordinaires (35%). Les recettes affectées aux collectivités locales et fonds spéciaux se répartissent comme suit : 59% aux communes et wilayas (54.14 milliards de DA), 33% au Fonds Commun des Collectivités Locales (FCCL : 29.89 milliards de DA) et 8% aux fonds spéciaux (7.16 milliards de DA).

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La quasi-totalité des communes sont tributaires de subventions allouées par l’Etat pour renflouer leurs budgets, comme l’illustre la structure type de leurs recettes donnée par la figure 6. On constate aisément que les recettes domaniales et patrimoniales demeurant très faibles (7%), ce sont les recettes fiscales qui prédominent dans les ressources budgétaires des communes à concurrence de plus de 90% qu’elles soient distribuées directement ou par le biais du FCCL. Même si un bon nombre de communes recèlent des potentialités latentes certaines, à même de générer d’importantes ressources et d’impulser le développement, elles ne sont guère exploitées par manque d’initiatives susceptibles de soutenir l’action publique et d’exercer un effet attractif sur les investisseurs.

En troisième lieu, remarquons qu’un peu plus de la moitié des 67 communes nées de la

révision de l’organisation territoriale de 1984 sont classées zones à promouvoir déjà en 1991. En fait, ceci n’est que le reflet de l’état général des communes à l’échelle nationale dont plus de 85 %, qui sont qualifiées de pauvres, résultent en fait du découpage territorial de 1984. Ce qui signifie qu’après seulement sept années de mise en œuvre, les objectifs fixés à ce morcellement du territoire national et, de la wilaya de Tizi Ouzou en particulier, n’ont pas été atteints et que le processus engagé ne semble pas opérationnel.

Du potentiel financier des communes de la wilaya de Tizi Ouzou : des ressources

insuffisantes et inégalement réparties La richesse d’une commune se mesure à la capacité de son territoire à générer ses propres

ressources et à garantir au mieux le niveau des services collectifs. Dans ce contexte, relevons déjà la faiblesse flagrante des recettes des communes de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, 65 % de ces communes exhibent des recettes fiscales inférieures à 5 millions de DA [50 000 €] et des recettes patrimoniales inférieures à 2 millions de DA [20 000 €], ce qui se traduit par des ratios de richesse inférieurs à 500 DA / habitant [5 € / habitant] pour 70 % des communes de la wilaya ! Parmi ces dernières, plus de 30 % présentent des ratios inférieurs à 250 DA / habitant [2.5 € / habitant]. A titre comparatif, une commune française des environs du Mans (Spay), peuplée de 2 333 habitants, a un ratio de 651 € / habitant [65 100 DA / habitant] au titre des recettes fiscales de l’année 2003 !

Dans le même contexte, il faut souligner que seulement 6 % des communes exhibent des

ratios de richesse supérieurs à 2 000 DA / habitant [20 € / habitant] : il s’agit des agglomérations de Tizi Ouzou, d’Azazga, Tigzirt et Tizi Rached. A ce niveau, il est intéressant de remarquer que Tigzirt est une ville balnéaire très fréquentée durant la saison estivale, elle doit l’importance relative de ses recettes fiscales et patrimoniales à l’activité touristique saisonnière. Il en est de même pour la commune de Tizi Rached qui bénéficie des impôts et taxes provenant des activités d’une importante zone industrielle implantée sur son territoire. En fait, cette richesse n’est qu’apparente et relative : elle est loin de se traduire par une bonne visibilité des actions de développement sur le terrain et un impact direct dur le bien être des populations qui continuent à souffrir de pénuries d’eau potable et de l’inexistence d’infrastructures élémentaires dans certaines parties de leurs territoires.

Figure 6 : Structure type des recettes totales des communes

72%

21%7%

Recettes affectées directement aux communes

Recettes transitantpar le FCCL

Recettes domaniales etpatrimoniales

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On peut pousser plus loin cette analyse en intégrant la capacité d’autofinancement des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, lié évidemment au ratio de richesse. Dans ce registre, on peut constater facilement que 75 % des communes ont un ratio d’autofinancement inférieur à 10 % et qu’au titre de l’année 2 000 par exemple, seulement 21 % des communes réussissent à couvrir totalement le financement de la section d’investissement et d’équipement ! Il faut remarquer que cette couverture ne cache pas l’indigence et l’insuffisance de leurs moyens financiers qui ne peuvent subvenir aux besoins réels en équipement étant donné les retards accumulés en la matière, l’étendue des territoires communaux et surtout les priorités, s’agissant souvent de besoins vitaux et immédiats des populations villageoises.

De ce fait, ces communes sont largement déficitaires et deviennent tributaires de fortes

subventions de l’Etat pour équilibrer leurs budgets. A titre d’exemple, pour l’année 2001, seulement huit (8) communes ont réussi à équilibrer leurs budgets dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Une seule commune figure sur la liste des zones à promouvoir, c’est celle d’Aït-Yahia qui est une commune de montagne, le reste étant constitué de communes d’agglomérations consistantes, en général chefs-lieux de daïras.

Pour mieux illustrer l’inefficience du

système actuel des finances communales, référerons nous à d’autres indicateurs significatifs. L’analyse du ratio [R] des dépenses de fonctionnement par habitant pour l’année 2 000 (Figure 7) montre que 89 % des communes ont un ratio inférieur à 3 000 DA / habitant [30 € /habitant], que quatre communes seulement ont un ratio supérieur à 4 000 DA/habitant [40 € / habitant] et que le ratio moyen est d’environ 2 100 DA/habitant [21 € / habitant].

Pour rester dans la comparaison avec

le cas français, la commune de Spay enregistre un ratio de 1 020 € / habitant [équivalent d’environ 102 000 DA / habitant] pour l’année 2003.

Parmi les communes les mieux

dotées, trois sont des agglomérations relativement consistantes (Tizi Ouzou, Tizi Rached et Tigzirt) et la quatrième, Aït Aggouacha, est une commune de montagne à population relativement modeste avec moins de 4 000 habitants en 2003. Par ailleurs, pour 33 % des communes, ces dépenses de fonctionnement constituent plus de 60 % de leurs dépenses totales et sont englouties dans leur quasi-totalité dans les dépenses des personnels (Figure 8) !

Figure 8 : Structure type des dépenses de fonctionnement des communes

10%

2%

7%

11%

70%

Autofinancement

Initiative de jeunes

Fonds de garantieAutres services

Dépenses des personnels

Figure 7 : Typologie des commune selon leurs dépenses de fonctionnement

6%4%

31%

59%

R < 2000 DA/hab

R > 4000 DA/hab3000 < R < 4000 DA/hab

2000 < R < 3000 DA/hab

Page 22: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 21

Ce qui laisse peu de place à l’efficacité des services publics, à l’investissement et à l’équipement et, par ricochet, au développement local. En effet, pour 21 % des communes, les dépenses d’équipement représentent en pratique moins de 10 % de leurs dépenses totales.

Ces dépenses rapportées à la

population (Figure 9) montrent que 84 % des communes affichent un ratio de moins de 5 000 DA / habitant [50 € /habitant] pour l’année 2000 et, parmi elles, 14 communes ont un ratio inférieur à 1 000 DA / habitant [10 € / habitant]. Pour juger du caractère dérisoire de cette dotation d’investissement, relevons à titre comparatif que la commune française de Spay affiche un ratio de 472.3 € / habitant [équivalent à 47 200 DA / habitant] pour l’année 2003.

Il est des communes de montagne

qui enregistrent des taux vraiment dérisoires à l’image de la commune d’Aït Oumalou avec 90 DA / habitant [0.90 € / habitant] ou de Souk El Thenine avec 77 DA / habitant [0.77 € / habitant] ou encore d’Assi Youcef avec 54 DA / habitant [0.54 € / habitant]. A l’opposé, on trouve les communes d’Aït Chafaa avec un ratio de 10 685 DA / habitant [107 € / habitant] et celle de Tizi Rached avec un ratio de 8 711 DA / habitant [87 € / habitant].

C’est dire tous les déséquilibres qui existent au plan de la cohérence territoriale et dans la

distribution des revenus de la fiscalité. Cependant, pour les deux derniers cas, l’aisance relative n’est qu’apparente et la réalité de terrain est tout autre, notamment pour la commune des Aït Chafaa qui dispose de recettes fiscales importantes en tant que commune du littoral avec des plages réputées pour être très fréquentées en été.

Il est facilement observable in situ que ces richesses ne se traduisent pas par des actions

porteuses de développement. Les populations locales continuent à souffrir de l’inexistence de réseau d’alimentation en eau potable, d’un manque de transport et d’infrastructures les plus élémentaires. C’est dire que la richesse n’est que formelle dans ce cas précis et qu’elle ne rime pas forcément avec le bien être des populations et le développement, surtout lorsqu’on sait que la consistance des dépenses des communes est en pratique bien corrélée avec la consistance de leurs recettes et que la péréquation ne sert pas à équilibrer l’extrême pauvreté ou le manque de ressources fiscales de certaines communes. En effet, il semblerait que les compensations accordées par l’Etat pour équilibrer les budgets des communes déficitaires ne tiennent pas compte de la faiblesse de leurs potentiels fiscaux et des inégalités entre communes.

Il semble évident que l’organisation territoriale actuelle, en tout cas dans son segment

communal, ne suffit pas à rééquilibrer les disparités et, les écarts de nature diverse, enregistrés entre communes, même si elle est accompagnée financièrement d’un système de péréquation et de redistribution des produits de la fiscalité d’abord entre l’Etat et les collectivités territoriales, ensuite entre les collectivités locales elles-mêmes. La critériologie adoptée à cet effet n’est pas toujours claire et opérationnelle et ne répond pas à la diversité de préoccupations des communes en termes

Figure 9 : Typologie des communes selon les dépenses d'équipement

44%

19%

15%22%

10 communesR > 5000 DA/hab

13 communes3000 < R < 5000 DA/hab29 communes

1000 < R < 3000 DA/hab

15 communesR < 1000 DA/hab

Page 23: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 22

d’actions de développement à mener. Le recours aux subventions10 constitue beaucoup plus un handicap pour les gestionnaires des communes qui se confortent dans une attitude d’assistés plutôt que d’inscrire leur action dans une stratégie incitative à la génération et à la collecte de ressources fiscales propres. Le cadre juridique et institutionnel fixe aux collectivités territoriales des objectifs importants et ambitieux en visant une implication plus grande des responsabilités, l'éclosion des initiatives et un exercice de gestion du développement économique et social à la mesure des attentes des citoyens. Malheureusement, les réalités sont autres : il est facile de constater le grand décalage qui existe entre les objectifs recherchés et leur matérialisation sur le terrain. Les objectifs assignés aux collectivités territoriales, notamment les communes, se trouvent confrontés à de nombreux obstacles souvent incontournables qui peuvent se résumer en : (1) des moyens financiers réduits sous-tendus par un système fiscal inefficace à l’origine de l'inadéquation entre les ressources et les missions des collectivités locales, (2) des ressources humaines souvent peu qualifiées à l'origine de l'inefficacité administrative et technique, (3) des effets cumulés de tentatives de réformes qui visaient à réduire les problèmes de la gestion locale, mais qui n’ont jamais réellement abouti car mal perçues et assimilées dans leur substance. Il en est résulté une sédimentation de situations insuffisamment réglées et l'existence, au sein des entités communales actuelles, de problèmes résiduels aigus qui perdurent et qui paralysent toute initiative de développement initié de l’intérieur. Il faudrait y ajouter la question de l’endettement des communes que seules des mesures administratives ont permis d’endiguer. Sinon, comment expliquer le nombre anormalement élevé de communes à budgets en déséquilibre à l’échelle de la wilaya de Tizi Ouzou lorsqu'on sait que la majorité des communes de montagne et de haute montagne issues du découpage de 1984 étaient vouées dès le départ à l’échec, quels que soient les efforts consentis pour les maintenir en vie? A chaque fois, les évaluations effectuées avant de prodiguer les mesures correctives indispensables à la consolidation de la gestion locale ont permis de privilégier des aspects jugés prioritaires faisant fi des éléments essentiels tels que la compétence des ressources humaines et la disponibilité de moyens financiers conséquents subordonnés à une réelle autonomie et transfert effectif de compétences. Faute d'une approche nouvelle, les analyses mettaient beaucoup plus en relief les imperfections du système en place, laissant les dysfonctionnements agir de façon préjudiciable sur la qualité des prestations.

En plus de l’handicap financier11, il est à relever que, pour une bonne partie des communes

de montagne et haute montagne de la wilaya de Tizi Ouzou, il n’est pratiquement plus possible de concevoir à l’échelle d’une seule entité des infrastructures pour aménager, utiliser et protéger le territoire, à l’exemple des déchetteries ou de la collecte des ordures ménagères, du réseau de transport collectif, des équipements pour le secteur éducatif ou le secteur de la santé en raison du morcellement poussé de la propriété privée et de la pénurie du foncier. Même les procédures d’expropriation deviennent non opérationnelles et quasiment impossibles, sujettes toutes qu’elles sont à des démarches judiciaires dont les délais trop longs grèvent non seulement les projets mais induisent des surcoûts que les communes ne peuvent pas toujours suivre et supporter.

10 Deux fonds sont prévus à cet effet : le Fonds Commun des Collectivités Locales (FCCL) et le Fonds de Solidarité Communal. 11 Handicap du à la faiblesse des ressources fiscales, à un système de prélèvement désuet et inefficace et une mauvaise redistribution de la fiscalité par l’Etat.

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Revue Campus N°5 23

Les plans communaux de développement : un instrument nécessaire mais non suffisant pour impulser le développement local

C’est durant la période du deuxième plan quadriennal (1974-1977) qu’est apparue et mise en

oeuvre la notion de plan communal de développement (PCD) en tant qu’instrument de la planification décentralisée. Il incarne la possibilité accordée aux assemblées populaires communales pour œuvrer à l’édification de l’économie nationale par une participation active à la conception des plans de développement locaux et régionaux. L’objectif visé à travers cette conception de la décentralisation est de constituer une assise matérielle locale tout en apportant une réponse efficace et justifiée aux problèmes de développement des communes. Cet instrument a été conçu comme un vecteur porteur d’une large diffusion du développement tout en garantissant la valorisation des potentialités locales et la satisfaction des besoins des populations. De la sorte, il a été perçu comme un puissant outil à la base de la politique de l’équilibre régional comme il privilégie un esprit de démocratie participative des populations à la réalisation de leur propre promotion économique, sociale et culturelle. Il est sensé redistribuer les revenus en faveur des populations et particulièrement, celles des communes les plus déshéritées tout en cherchant à impulser une dynamique de création de structures dans l’objectif de freiner l’exode rural en absorbant les déséquilibres perceptibles dans les rapports villes/campagnes.

Initialement les plans communaux de développement étaient concentrés sur des projets

inhérents aux domaines de l’agriculture, des chemins communaux, de l’alimentation en eau potable, de l’assainissement et des bâtiments municipaux. Les collectivités locales étaient dotées de moyens de réalisation et d’entreprises spécifiques pour mener à bien les projets qui leur étaient dévolus. En 1988, le champ d’intervention des plans communaux de développement a été limité à trois chapitres jugés prioritaires relatifs à l’eau potable, l’assainissement, les chemins et pistes communaux. En 1998, la nomenclature des plans communaux de développement a été de nouveau élargie aux projets de désenclavement des territoires et parties de territoires communaux. Cependant, étant donné les retards accumulés dans divers aspects du développement, les communes ont continué à engager des dépenses dans des proportions parfois importantes (jusqu’à 30 %) sur des chapitres hors nomenclature, notamment dans le champ de l’aménagement urbain.

Par ailleurs, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour l’année 2000, la

nomenclature des PCD a été de nouveau élargie et d’importantes ressources ont été mobilisées au profit du développement local notamment pour la réalisation et la réhabilitation d’équipements collectifs de base (éducation, soins de base, alimentation en eau potable, culture et loisirs, jeunesse et sports, assainissement et désenclavement).

En 2001, dans le cadre de la mise en place du Programme de Soutien à la Relance

Economique (PSRE), une place importante a été réservée à la restauration et à l’amélioration du cadre de vie des populations et de nouveau, la nomenclature des PCD a été élargie et adaptée au développement des collectivités locales avec la réouverture de certains anciens chapitres et le rajout de nombreux nouveaux articles (cuniculture, petits ouvrages de mobilisation d’eau potable, antennes administratives, sièges de communes, salles de soins, bibliothèques communales, etc.).

Au plan financier, les PCD font l’objet d’autorisations de programme globales par wilaya

notifiées aux walis par le Ministre des Finances en concertation avec le Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Locales. A son tour, le wali notifie les autorisations de programme et des crédits de paiement en conséquence aux communes de la wilaya selon les besoins exprimés, dans les limites des disponibilités financières et dans un souci d’équilibre et de cohérence entre communes.

Page 25: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 24

Ceci étant, il est intéressant d’évaluer la consistance physique et financière de ces plans, leur impact sur le développement des communes et la satisfaction des besoins premiers des populations locales. Pour ce faire, nous avons analysé l’évolution de la consistance financière des PCD des communes de la wilaya de Tizi Ouzou durant le quinquennat 1999-2003 et tenter de les rapporter aux populations et aux territoires à travers un ensemble de ratios pouvant constituer de puissants indicateurs de leur différenciation au plan du développement local. Ces indicateurs peuvent témoigner de l’importance accordée à des sous-ensembles homogènes de communes, prédéfinis préalablement, dans la distribution des moyens financiers.

Il faut relever que pour la période 2000-2004, les communes de la wilaya de Tizi Ouzou ont

bénéficié de 2 353 projets pour un montant global de 5 693 715 Milliers de DA. Ce qui paraît à première vue d’une consistance largement appréciable. Pour la période 2001-2004, les communes rurales, la ruralité étant définie selon la critériologie de la Direction de la Planification et de l’Aménagement du Territoire de la wilaya de Tizi Ouzou, ont bénéficié de 1966 projets pour une enveloppe globale de 4 683 743 Milliers de DA. Il est important de souligner ici que l’alimentation en eau potable et l’ouverture de chemins et pistes communaux s’accaparent la part du lion dans cet effort d’investissement au profit des communes de la wilaya de Tizi Ouzou en ce sens qu’elles représentent 60 % de l’enveloppe globale des PCD pour la période 2001-2004 avec une nette prépondérance pour les chemins et pistes (50%) ! D’apparence, cet effort en direction des communes rurales représente un volume important mais qu’en advient-il lorsqu’on le rapporte aux populations concernées et à l’étendue des territoires qu’elles occupent ? C’est ce que nous allons détailler dans l’analyse qui suivra. Mais avant d’en arriver là, tentons de comprendre quelle est la nature de cet effort et quelle est son évolution temporelle.

Pour ce faire, nous avons

représenté sur la figure 10 la courbe d’évolution du montant global des autorisations de programme allouées dans le cadre des plans communaux de développement au profit des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou pour la période 1999-2003. Après avoir enregistré un accroissement positif entre 1999 et 2001, ce montant accuse une baisse sensible en 2002 (- 11 %) en raison des évènements douloureux vécus par la wilaya qui ont freiné la dynamique d’investissements enclenchée auparavant, qu’elle relève du secteur public ou du secteur privé. Jusque là, la faiblesse des investissements consentis dans l’action publique s’explique par les relents de la crise économique subie par l’Algérie dans la décennie quatre vingt accentués par l’insécurité qui a régné dans la décennie quatre vingt dix où une bonne partie du tissu économique et de l’infrastructure des collectivités locales a été réduite à néant. Par ailleurs, la chute brutale du prix du baril du pétrole a réduit drastiquement les ressources de l’Etat, les recettes étant largement tributaires de la fiscalité pétrolière à plus de 65 % !

Cependant, l’année 2003 a vu une reprise de l’action publique locale avec un saut

prodigieux du volume des autorisations de programme allouées aux plans communaux de développement. Ce qui correspond à une augmentation de l’ordre de 111 % relativement à l’année

Figure 10 : Evolution de la consistance financière des plans communaux de développement des communes de la wilaya de

Tizi Ouzou (1999-2003)

0

500 000

1 000 000

1 500 000

2 000 000

2 500 000

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Mill

iers

de

dina

rs

+ 111 %

- 11 %

+ 28 %+ 84%

Page 26: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 25

2002. Cette reprise coïncide évidemment avec la remontée des prix du pétrole sur le marché international, ce qui a permis à l’Algérie d’engranger des recettes importantes et à soutenir l’investissement au profit des collectivités locales tout en réhabilitant les infrastructures endommagées. La tendance à l’augmentation de l’investissement au profit des collectivités locales est en principe poursuivie pour les années suivantes et se traduit par des améliorations sensibles constatées dans certaines communes, notamment dans la réhabilitation de leurs infrastructures routières, la réalisation ou la reprise des réseaux d’alimentation en eau potable et d’assainissement. Il est certain que les déficits sont importants et que les municipalités doivent s’atteler à concrétiser les projets dans les délais même si d’un autre côté, elles se retrouvent confrontées à un manque d’entreprises qualifiées sur le marché local. Ces retards dans l’exécution des projets se traduisent notamment par de faibles taux de consommation des crédits destinés à couvrir les dépenses engagées dans le cadre des plans communaux de développement. L’efficacité et l’efficience restent les deux points faibles des municipalités de la wilaya de Tizi Ouzou.

A l’exception du sous-ensemble des communes de l’arrière pays côtier qui connaît une

tendance à une évolution croissante de 1999 à 2003 (Figure 11), la tendance d’évolution des enveloppes allouées dans le cadre des PCD aux trois autres sous-ensembles de communes est globalement la même comme on peut le constater sur les figures 12, 13 et 14.

Figure 11 : Evolution de l'enveloppe des AP des 7 communes de l'arrière pays côtier (1999-2003)

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

MDA

+96%

+9.3%+35.5%

+2%

Figure 13 : Evolution de l'enveloppe des AP des 38 communes de montagne (1999-2003)

0

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

MDA

+141%

+119%

+9.5%

-5.4%

Figure 14 : Evolution de l'enveloppe des APdes 17 communes de vallée et de piémont (1999-2003)

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

MDA

+114%

-21%

+56%

+78%

Figure 12 : Evolution de l'enveloppe des AP des 5 communes du littoral (1999-2003)

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

MDA

+150%

+53.4%

-18% -1.3%

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Revue Campus N°5 26

Pour les communes de l’arrière pays côtier l’augmentation est d’abord relativement timide

puis amorce un saut appréciable de 96 % en 2003 par rapport à 2002. Il est évident que l’ampleur à accorder à cette augmentation doit être modérée du fait du net ralentissement des activités économiques et des actions d’investissement à la suite des évènements de Kabylie en 2002. Il faut relever que ce sont les dotations des communes de la frange littorale qui connaissent les variations les plus irrégulières et qui enregistrent la progression la plus faible (+ 53.4%) au cours de l’année 2003 relativement aux autres sous-ensembles de communes.

Afin de mieux cerner une

première forme de répartition de l’enveloppe globale des plans communaux de développement, nous avons élaboré une typologie des communes en fonction de leurs quotes-parts pour l’année 2003, celle-ci est représentée dans le graphique de la figure 15. L’année 2003 a été choisie du fait qu’elle est significative, les autres années ayant connu des perturbations ou des blocages au niveau du fonctionnement des assemblées élues des communes, ce qui a engendré un ralentissement dans l’élaboration des plans communaux de développement et de nombreux dysfonctionnements dans leur mise en œuvre quand bien même l’administration de la wilaya a tenté de faire face à certains besoins des populations jugés prioritaires. Cette première typologie établit clairement que la majeure partie des communes, au nombre de 37 (soit 56 % du total), restent en dessous du montant moyen par commune estimé à 31 243 Milliers de DA en affichant des enveloppes dont les montants sont inférieurs à 25 000 Milliers de DA. Seules trois communes sont dotées d’enveloppes supérieures à 75 000 Milliers de DA, probablement en raison de la nature ou de l’envergure des projets ou encore du nombre de projets retenus à leur actif (Tizi Ouzou, Bouzeguène et Illoula Oumalou). Parfois, c’est la complexité topographique du territoire de la commune qui implique des coûts importants aux projets retenus dans le cadre des PCD.

Par ailleurs, l’analyse de la destination de ces enveloppes financières montre que plus de 60

% des crédits accordés vont à la réalisation d’infrastructures économiques qu’il s’agisse de communes dites rurales ou semi-urbaines, le reste étant affecté à la réalisation de projets dans le domaine de l’hydraulique (entre 10 à 15 %) aux bâtiments municipaux (5 à 13 %) et enfin aux infrastructures sociales (5 à 17 %). Evidemment, ces secteurs sont jugés prioritaires dans l’action publique locale et relèvent de la nomenclature arrêtée dans le cadre des plans communaux de développement. D’une manière ou d’une autre, leur consolidation contribue en conséquence à l’amélioration de la vie quotidienne du citoyen mais vise également à matérialiser des infrastructures de base nécessaires au développement socioéconomique des communes.

Il est trivial que si l’on veut répondre aux besoins des populations et inscrire le

développement dans les contrées les plus reculées de la wilaya, notamment les zones montagneuses et, au moins dans ses articulations fondamentales, il devient impératif d’augmenter de manière

Figure 15 : Typologie des communes selon la consistance de l'enveloppe allouée aux PCD (Année 2003)

10% 4%

56%30%

37 communes

20 communes

7 communes3 communes

E > 75 000 MDA50 000 < E ≤ 75 000 MDA

25 000 < E ≤ 50 000 MDA

E ≤ 25 000 MDA

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Revue Campus N°5 27

sensible la consistance des enveloppes allouées aux communes dans le cadre des plans communaux de développement. Cette amélioration conduira à asseoir un meilleur aménagement de leurs territoires et estompera les déséquilibres et les inégalités constatées entre communes.

L’effort d’investissement peut être apprécié au vu de sa répartition spatiale à travers le

territoire de la wilaya. Outre la distinction classique entre communes urbaines, semi-urbaines et rurales, on peut envisager la distribution de l’investissement dans le cadre des PCD entre les grands sous-ensembles morpho-physiques des communes telles que nous les avons catégorisées plus haut.

L’analyse de cette donnée montre

que les efforts de développement ne sont pas homogènes et sont concentrés pour une bonne part sur les communes de la frange littorale et les communes de montagne qui, au nombre de 43, s’accaparent pratiquement 83 % de l’enveloppe globale des PCD durant la période quinquennale (1999-2003) (Figure 16). Les communes de l’arrière pays côtier et de vallées et piémonts sont relativement moins dotées. Pour ces dernières, il s’agit d’agglomérations relativement importantes (Tizi Ouzou, Draa El Mizan, Boghni, Azazga, etc.) qui ont déjà bénéficié d’aménagements et de commodités qui n’existent pas dans les communes du milieu rural ; de ce fait, l’investissement est orienté vers d’autres préoccupations.

Cette tendance est

d’ailleurs confirmée par le ratio par habitant représenté sur le graphique de la figure 17. L’analyse de ce ratio place en premier lieu les communes de la frange littorale avec 1390 DA par habitant et par an, suivies des communes de montagne et de haute montagne avec 1154 DA par habitant et par an. L’effort envers ces deux catégories de communes s’explique par le fait que ces communes sont déshéritées et accusent des retards considérables en termes de développement basique. Elles nécessitent d’importants investissements allant essentiellement vers l’aménagement du territoire et des infrastructures de première nécessité (pistes, AEP, voierie, plages, écoles, assainissement, centres de santé, etc.). De plus, les communes du littoral étant à vocation touristique, les pouvoirs publics s’efforcent de les doter d’un minimum d’infrastructures qui puissent améliorer leur effet attractif et offrir des commodités de séjour appréciables aux touristes.

1390

987730

1154

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1 2 3 4

Figure 17 : Part des différentes catégories de communes dans l'enveloppe globale des PCD par habitant et par an

(Moyenne sur la période 1999-2003 en DA)

Communes de la frange littorale

Communes de l'arrière pays côtier

Communes de valléeet piémont

Communes de montagne

Figure 16 : Part des différentes catégories de communes dans l'enveloppe globale des PCD (1999-2003)

52%

7%10%

31%Communes de montagne

Communesde l'arrière pays côtier

Communes de valléeset piémonts

Communes dela frange littorale

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Revue Campus N°5 28

Cette brève analyse des investissements consentis dans le cadre des plans communaux de

développement montre leurs limites quant à leur objectif premier qui consiste à impulser le développement local. Il est vrai que des efforts considérables ont été faits, mais il n’en demeure pas moins que les moyens financiers mis en œuvre restent modestes eu égard à la diversité des besoins à satisfaire. Dans le meilleur des cas, le ratio par habitant ne dépasse pas 1400 DA par an ! Ces moyens ne sont pas toujours répartis de manière homogène ou en fonction de nécessités prouvées mais ils sont dispersés à travers les territoires des communes alors qu’il est parfois meilleur de retenir des actions par contiguïté, c’est-à-dire englober des territoires ou des parties de territoires de communes voisines pour répondre à un même besoin tout en optimisant les coûts.

L’un des points faibles de cet instrument de développement réside dans les restrictions de la

nomenclature arrêtée au niveau central quant à la nature des projets alors que la diversité des besoins des communes nécessite plus de flexibilité et de liberté dans l’orientation des politiques publiques au niveau local. Par ailleurs, l’exécution des projets arrêtés dans le cadre des plans communaux de développement connaît souvent des retards qui engendrent des surcoûts et de faibles taux de consommation des crédits de paiement. Ces retards sont imputables au manque d’expérience des gestionnaires, aux lenteurs des instruments de validation et de gestion et de contrôle des opérations et au faible potentiel d’entreprises qualifiées à travers le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. Tous ces aléas conduisent à un cumul d’opérations qui grèvent le rythme du développement local quand bien même les moyens financiers semblent connaître une accélération notable ces dernières années. C’est dire que la volonté d’investir ne suffit pas si la compétence des ressources humaines, les capacités de réalisation et la qualité des dispositifs procéduraux ne sont pas réunies au niveau local également. En guise de conclusion

Au terme de cette contribution, il est aisé de noter qu’aussi importants soient les efforts de

l’Etat pour induire le développement au niveau des collectivités territoriales de la wilaya de Tizi Ouzou, ceux-ci demeurent insuffisants au regard des retards accumulés et des disparités entre collectivités. L’analyse des finances des 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou nous révèle quelques inconsistances qui limitent les impacts de l’action publique et des actions de développement basique entreprises sur leurs territoires par le biais des plans communaux de développement. Celles-ci se traduisent notamment par des inégalités dans la distribution des produits de la fiscalité d’abord entre l’Etat et les collectivités territoriales, ensuite entre les municipalités elles-mêmes. La quote-part des communes, sensées être les organes producteurs de ressources fiscales, se réduit à une portion congrue des recettes affectées au budget de l’Etat, alors que l’essence même de la décentralisation telle que prônée dans un bon nombre d’Etats modernes démocratiques, exige l’affectation de moyens financiers à la hauteur des compétences qui leurs sont déléguées sur la base d’un principe qui stipule que tout transfert de compétences est accompagné d’un transfert de moyens.

Remarquons également la faiblesse des recettes fiscales et patrimoniales de la quasi-totalité

des communes, exception faite de quelques rares cas dont les territoires recèlent l’essentiel du potentiel industriel de la wilaya. Cette faiblesse ne s’explique pas toujours par un manque de potentialités locales mais par une mauvaise exploitation et collecte des produits de la fiscalité, y compris pour les grandes agglomérations comme le chef lieu de wilaya et les chefs-lieux de daïras. Toutes ces communes sont subordonnées aux effets de la péréquation pour assurer l’équilibre de leurs budgets et se confortent dans un rôle passif de quémandeurs en attente des subventions de

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Revue Campus N°5 29

l’Etat. « Leurs recettes » sont pratiquement affectées au fonctionnement ordinaire de leurs administrations et à la production de quelques services publics obligatoires.

Concernant les plans communaux de développement sur lesquels misent l’Etat pour réduire les inégalités territoriales, malgré tous les efforts consentis dans le but d’étoffer leur consistance financière et leur matérialisation sur les territoires des communes, leur impact demeure encore mitigé et les moyens financiers investis largement insuffisants. La stratégie qui prévaut actuellement dans leur distribution est caractérisée par un effet de dispersion et d’émiettement induisant d’énormes lenteurs dans leur exécution, des surcoûts parfois excessifs en raison d’un manque de maîtrise dans leur évaluation et leur mise en œuvre, des carences dans le potentiel entrepreneurial existant sur les territoires des communes et des faiblesses dans leur orientation, les priorités ayant été prédéfinies alors que les actions doivent être en principe déterminées par la spécificité des territoires et les besoins de leurs populations. Tous ces aléas réduisent évidemment l’efficience et l’efficacité des plans communaux de développement étant donnés les résultats recherchés, les besoins des populations, les spécificités des territoires et les moyens investis.

Ceci étant, l’Etat doit envisager de nombreux correctifs dans sa stratégie de développement

des collectivités territoriales en tenant compte d’un certain nombre de réorientations et d’aménagements qui doivent toucher directement ou indirectement ses relations avec les collectivités tout en redéfinissant une nouvelle approche dans la redistribution des produits de la fiscalité en fonction des compétences et des pouvoirs qui leur sont dévolus. En attendant la promulgation des nouveaux codes de la wilaya et de la commune qui doivent clarifier davantage les compétences et les moyens de chaque articulation de l’organisation de l’Etat, ces actions transitoires peuvent permettre une meilleure potentialisation des moyens financiers et une plus grande efficacité de l’action publique locale. C’est ainsi que dans l’immédiat, on peut dores et déjà réfléchir à un redéploiement des moyens des collectivités territoriales pour une meilleure identification et exploitation de leurs potentialités fiscales réelles par la mise en oeuvre d’un système modernisé et plus efficace de collecte des impôts et taxes pour accroître leurs ressources fiscales en attendant la mise en place d’un véritable système de fiscalité locale générateur de ressources conséquentes. Ce système doit intégrer certainement de nouvelles taxes et impôts adaptés aux spécificités territoriales des communes.

S’agissant de plans communaux de développement, les pouvoirs publics doivent

entreprendre une redéfinition de leur déploiement et de la distribution de leurs moyens financiers sur les territoires des communes. Un état des lieux et une cartographie détaillée des besoins et des actions de développement doivent être initiés pour élaborer une nouvelle approche fondée sur des plans territoriaux de développement privilégiant la notion de cohérence territoriale, en d’autres termes, ils tiendront compte des problèmes de développement inhérents à des territoires homogènes indifférents aux frontières administratives entre municipalités. Cette approche permettra une meilleure maîtrise des moyens à investir, une capitalisation optimale des capacités entrepreunariales existant sur ces territoires comme elle allégera les communes de certaines charges tout en réduisant les délais d’exécution. Elle augmentera également l’efficacité des plans locaux de développement et évitera à coup sûr l’émiettement de l’action publique tant en moyens financiers que matériels et humains. Evidemment, cette approche s’accommodera de la mise en œuvre de l’action intercommunale, forme de coopération et de mutualisation des moyens entre communes prévue déjà par le législateur dans le code communal actuel. L’action publique de coopération doit être menée autour de projets touchant un territoire homogène regroupant plusieurs communes ou parties de communes, le seul objectif étant de porter les effets du développement partout sur le territoire envisagé et de satisfaire les besoins des populations en optimisant les coûts tout en tenant compte du facteur temps.

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Pour garantir une meilleure définition des politiques publiques et circonscrire les priorités à

insuffler au développement local, il est important de réactiver et de consolider dans la gouvernance locale les notions de démocratie participative et d’autonomie locale, contenues pourtant dans le Code communal en vigueur, tout en incitant à une plus grande responsabilité des élus dans la gestion des affaires communales dans un cadre de contrôle conséquent.

En fin de compte, la question de développement des entités territoriales, en tous cas dans son

segment communal qui détermine évidemment le global, reste entière et nécessite l’exploration et la recherche d’autres voies et instruments susceptibles d’impulser des actions qui tiennent comptent d’un autre type de ferments porteurs puisés de la réalité sociale et des potentiels intrinsèques à des territoires beaucoup plus homogènes exhibant des potentialités latentes qui demeurent toujours mal appréciées. C’est pour cela, qu’il devient aujourd’hui nécessaire de redonner un sens beaucoup plus enveloppant à la notion de territoire. Celui-ci ne doit plus être perçu comme un espace physique figé confiné dans ses limites administratives, mais comme une réalité géographique évolutive avec son élément humain pris dans sa mobilité et sa fixité. S’agissant d’actions de développement, il doit être envisagé selon un principe de continuité, de cohérence et d’homogénéité. Le morcellement administratif doit être transparent aux actions de développement local, en ce sens que les projets doivent s’inscrire dans la recherche de la cohérence à travers un territoire déterminé par un principe d’homogénéité, ce qui éviterait le problème de l’émiettement des moyens financiers et des capacités à réaliser.

Dans le cas de la wilaya de Tizi Ouzou, la notion de territoire doit être appréhendée sous cet

angle et l’on ne peut continuer à réfléchir uniquement d’un point de vue comptable dans des limites administratives inopérantes. Il est vrai qu’il faille tenir compte du potentiel fiscal ou financier des communes mais il faut imparablement impliquer un autre type de capital, transversal aux territoires communaux : le capital social, et valoriser le capital humain dont dispose la majorité de ces communes. Le développement passe irrémédiablement par la re-valorisation des savoir-faire locaux et des capacités touristiques et naturelles de la wilaya tout en développant une trame industrielle à la mesure de l’exiguïté des espaces offerts par les traits morpho-physiques de la wilaya. Ce n’est que dans ce contexte intégrateur de tous les éléments émanant du fin fond de la société, de l’environnement naturel et économique local, dans un contexte de redéfinition et de requalification des territoires, et dans un contexte de mutualisation des moyens, prévu du reste par le législateur12, que peut prendre forme le développement local dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Seul ce type de démarche peut exercer un effet attractif sur les investissements directs

étrangers et nationaux à la mesure des spécificités des territoires et de leurs potentialités réelles : nous pensons notamment au littoral et à la montagne qui demeurent globalement vierges et assaillis par une forme de tourisme saisonnier agressif dont les apports demeurent relativement modestes et insuffisants pour cadrer avec une logique de développement équilibrée et durable. 12 Nous pensons à l’intercommunalité, moyen de coopération prévu sous diverses formes dans la loi n° 90-08 du 07 avril 1990 portant Code communal.

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Les figures impossibles

Parfois notre système visuel nous joue des tours bizarres. Le cas de ce qu’on appelle les figures impossibles est particulièrement intéressant. Ces figures nous conduisent du monde de la psychologie à celui de l’informatique graphique en passant bien sûr par celui de l’art fantastique et des mathématiques. (Pour la science, octobre 2006)

Pour ne pas persévérer dans l’erreur, il faut tenter de la maîtriser

Près d’un demi-siècle après avoir été énoncée, une conjecture dite de Sato-Tate sur la répartition statistique des erreurs voit sa démonstration se dessiner. Par exemple, quand on mesure la longueur d’une rue avec un étalon, plus celle-ci est grande, plus l’imprécision totale risque d’augmenter. Mais les erreurs peuvent ne pas aller dans le même sens et se compenser. La conjecture du nom de l’analyste japonais Mikio Sato et l’arithméticien américain John Tate qui leur a valu le prix Wolf en 2003 étudie l’aspect probabiliste du problème. Un chercheur américain montre que cette conjecture est vraie pour des problèmes apparentés aux courbes elliptiques. Apparemment le terme erreur peut dissimuler une structure très riche à découvrir. (La recherche N°402, novembre 2006)

Cachez moi ces images que je ne saurai voir !

Deux structures cérébrales bilatérales, l’amygdale et l’hippocampe s’activent quand on vit un événement chargé en émotion. Elles jouent un grand rôle dans l’encodage des souvenirs et donc dans la mémoire à court et à long terme. Des images choquantes (agressions, corps mutilés,..) ou neutres (produits électroménagers..) ont été soumises à 40 volontaires dans une expérience visant à étudier l’activité de situations menaçantes et la mémorisation de ces expériences. Il ressort de cette étude que les images qu’anticiper un événement désagréable, c’est risquer de mieux s’en rappeler. (la recherche, N°402, novembre 206)

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Revue Campus N°5 32

Copies pas conformes ? Selon des chercheurs espagnols, les jumeaux génétiquement identiques présentent entre eux de fortes différences de nature épigénétique qui s’accentuent avec l’âge et avec le nombre d’années passées séparément. De plus, il semble que même si les jumeaux partagent une complicité extraordinaire, leurs envies et leurs besoins sont différents. (Science et Vie , Hors série)

Les virus attaquent les portables intelligents Désormais, les virus informatiques pourront s’attaquer aux portables de dernière génération. En attaquant un portable, il pourra infecter d’autres dans une réaction en chaîne dévastatrice. Les téléphones dits intelligents seront particulièrement visés. (pour la science, janvier 2007)

Nano… Prudence !!!

Dès la fin novembre 2006, l’agence américaine de l’environnement a fixé des règles pour l’intégration de nano particules dans des produits de grande consommation. Il semble que ces fragments peuvent être toxiques pour l’homme et son environnement. Une interview parue dans la Revue La Recherche de janvier 2007 explique les connaissances, les incertitudes et la prudence liées aux effets sanitaire des nanoparticules.

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Revue Campus N°5 33

Fausses pierres des pyramides ? Il semblerait que les pyramides de Gizeh ne sont pas constituées de pierres taillées mais de blocs de béton. A en croire un physicien et un spécialiste des matériaux, l’Égypte était une civilisation brillante et comptait peut-être des chimistes hors pair. (Science et Vie, décembre 2006)

Les Secrets de la Joconde Une équipe de 39 scientifiques a soumis le tableau de la Joconde de Léonard de Vinci à des méthodes très sophistiquées pour décrypter le sourire du modèle et la technique de l’artiste. (Sciences et Avenir, Novembre 2006)

Peut-on vacciner la Terre comme un être humain ?

La géoingénierie qui à un passé d’arme climatique pendant la guerre froide envisage tous les futurs y compris le pire. En effet, elle se veut un ultime remède au réchauffement de la planète mais suscite en même temps une grande polémique dans son idée de changer le climat. Celle-ci inquiète et provoque un effroi en ce sens qu’il y aune controverse autour de la guerre qu’on veut déclarer au climat. Pour ironiser là-dessus, des scientifiques répondent que prévoir le pire est peut-être le meilleur moyen de ne rien faire pour l’empêcher d’advenir. Alors, faut-il déclarer la guerre au climat ? Pourtant, il paraît que l’homme utilise déjà la géoingénierie négative dans l’agriculture et l’industrie sans le savoir. (Science et Vie, décembre 2006)

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Histoire de la terre La terre fait partie actuellement de toutes les sollicitudes. En effet, on parle de plus de réchauffement climatique, pression démographique, raréfaction des ressources, bref, de sauver la planète. Les dossiers de la recherche N°25 de novembre 2006-janvier 2007 consacre un numéro spécial à l’histoire de la terre. A lire absolument

Le vide n’est pas vide

En Europe et aux Etats unis, plusieurs équipes de physiciens se sont mis à mesurer, gérer et contrôler le vide. Le but, selon eux, est d’en faire jaillir des forces, de la lumière et même de l’énergie. En effet, apparemment le vide contient des particules qui ressemblent à des ondes. Celles-ci sont des ressorts qui se compriment et se détendent sans cesse. Pourtant, on dit que la nature a horreur du vide. Peut-être qu’elle ne parlait pas de celui là. (Sciences et Avenir, décembre 2006)

Quand la terre était un

hammam Des chercheurs français ont établi qu’il a 3,5 milliards d’années, les températures océaniques atteignaient 70°C, démentant l’hypothèse d’une terre primitive glacée. Apparemment, c’était plutôt un vrai hammam. (Sciences et Avenir, décembre 2006)

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Entre communauté et citoyenneté : Le local en contestation.

Le cas de la Kabylie13. Mohamed Brahim SALHI

Sociologue. M.C à L’université de Tizi-Ouzou, chercheur associé au CRASC-Oran.

édigé à l’origine dans le feu des événements de Kabylie du printemps 2001, l’objectif de cette contribution était, à un moment de très forte tension, de recadrer les réalités de la

contestation politique et identitaire en Kabylie en mobilisant des grilles d’analyse des sciences sociales.

Manifestement, la Kabylie exaltée par la presse, celle des acteurs revendiquant sa tutelle

politique et l’encadrement du mouvement, et celle du pouvoir politique, qui pour les besoins de la stigmatisation, a fini par la ranger dans le “ pays des tribus ”, ne correspondait guère à la Kabylie de nos données et de notre observation.

La vulgate, c’est-à-dire l’histoire de la contestation telle qu’elle est généralement connue et

médiatisée, resurgit pour donner sens et cohérence à ce que “ tout le monde ” a, au total, “ bien compris ” et qui devient évidence et “ vérité ”. Il ne serait ni objectif, ni juste, de dire que dans ce contexte, le chercheur qui vit l’événement (sous ses fenêtres qui plus est) est à l’aise, bien au contraire.

Deux éléments permettent d’explorer une piste d’analyse : le premier se rapporte à la mise

en circulation du terme ‘arch (pluriel ‘arouch, la tribu), à son usage massif par la presse, puis à sa revendication par les acteurs de la contestation. Par ailleurs, en s’autoproclamant “ mouvement citoyen des ‘arch ”, ces derniers indiquent une élaboration paradoxale. Sommes-nous comme dans l’entre-deux du mouvement nationaliste des années 1940/1950 ? Est-il plausible d’être “ citoyen de sa tribu ” alors que l’on est socialisé dans les cadres de la “ modernisation ”, à savoir la commune, le département, le pays, la nation algérienne, ou la république…? Enfin, quand dans son argumentaire, la “ direction ” du mouvement s’inscrit en référence à ce que l’on appelle la “ crise berbériste ” de 1949 au sein du PPA-MTLD14, elle manipule l’histoire comme on le ferait d’une pelote de laine, bien enroulée, sans nœuds, sans possibilité de déchirement du fils : il suffit de tirer par un bout pour la dévider en un long segment ininterrompu et harmonieux. L’année 2001 signalerait la fin de ce déroulement et l’arrivée au terme du segment.

Or, nos observations et notre connaissance de cette histoire montrent d’incontestables

ruptures et des différences qualitatives entre les contestations entre différents moments de l’histoire locale et nationale. 13 Ce texte est une version remaniée et abrégée d’un article publié dans sa version initiale sous le titre “ Local en contestation, citoyenneté en construction. Le cas de la Kabylie. ”, Insaniyat, n° 16, Janvier-avril 2002 (CRASC-Oran). Cette version remaniée a été publiée dans L’Annuaire de l’Afrique du Nord, CNRS, Vol XLI, 2003, pp11-36. L’appareil de notes de bas de page a été allégé. On pourra se référer à l’article publié par Insaniyat pour le compléter. 14 PPA : Parti Du Peuple Algérien, fondé en 1937 par Messali Hadj . De tendance nationaliste radical il prône l’indépendance de L’Algérie. Interdit en 1939 il agira dans la clandestinité. En 1946 sera fondé le MTLD, Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques avec à sa tête Messali Hadj. En fait ce mouvement légaliste recouvre en quelque sorte les structures du PPA dont certaines restent clandestines. D’où cette appellation PPA-MTLD.

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Cela incite naturellement à se poser la question de savoir si en Kabylie, le rapport

local/global, les questions de loyauté d’appartenance et les identifications des groupes locaux relèvent d’une mécanique imperturbable. Ce texte se propose d’analyser des contestations en Kabylie à travers une relecture critique des représentations des luttes identitaires et des discours qui ont été fabriqués pour des usages politiques souvent incantatoires. Il met en particulier l’accent sur l’univers des acteurs aux moments où s’élaborent la mobilisation et la contestation.

Les événements de Kabylie de 2001 ramènent de fait le local sur le devant de la scène

politique et médiatique. Mais au-delà de ce que les acteurs ont réinventé à partir de la tradition, c’est toute la destinée de la modernisation entamée depuis l’indépendance de l’Algérie comme des formes de médiation politiques dont il est question à travers les contestations étudiées. La mobilisation d’instances de proximité, comme les comités de village, ouvre le débat, comme jamais cela n’a été fait en Algérie, sur le réaménagement de l’architecture institutionnelle. Pour l’heure, force est de constater que le retour du local est, de fait, inscrit dans les pratiques politiques dans la mesure où l’État consent désormais à composer ouvertement avec les cadres locaux et donc à les reconnaître comme partenaires, non seulement en Kabylie, mais aussi partout où son autorité est sérieusement écornée. Reste à savoir comment se décline la citoyenneté tant mise en exergue dans la médiatisation des différents événements.

1-Au fil de la chronologie : la réinvention du ‘Arch

À partir de l’observation des événements des mois de mai, juin et juillet 2001, il est possible

d’analyser, certains aspects de cette contestation. Le plus saillant, de notre point de vue, est la forme et les modes d’organisation que se donnent les Algériens des régions kabyles et du paradigme en œuvre dans le recours à ceux-ci.

Concrètement, c’est les 21 et 22 avril 2001, à Beni–Douala, épicentre de l’explosion qui

embrase toute la Kabylie, que prend forme la première esquisse d’organisation15 : une coordination de comités de villages à l’échelle de la Daïra16 de Beni-Douala, née dans l’urgence des affrontements. Au fur et à mesure que les émeutes se généralisent, et, en l’absence d’un cadre de médiation, des comités de villages se manifestent sur l’ensemble de la Kabylie et un projet de coordination plus vaste se fait jour. Les partis politiques les plus ancrés dans les régions kabyles n’ont pas relayer en action politique ce qui prend alors la forme d’un véritable soulèvement. L’on peut, a posteriori, comprendre que ces partis, en l’occurrence le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), étaient, en fait, paralysés par l’ampleur et l’imprévisibilité du mouvement, et ce, au même titre que les institutions officielles qui désertent totalement la société pour laisser place à un face-à-face entre des contestataires, majoritairement jeunes, sourds aux discours politiques, et des forces de l’ordre qui, imprégnés par le paradigme de la lutte anti-terroriste, n’ont pas hésité à recourir, notamment en zone rurale (dans les petites localités) aux méthodes les plus extrêmes, à savoir, l’usage des armes de guerre. Le 9 mai, après des réunions préliminaires, le Conseil confédéral du ‘arch de Larba Naït Irathen est mis en place. Il regroupe les villages des communes de la daïra du même nom.

15 C’est dans cette petite localité au sud-ouest de Tizi-Ouzou qu’un jeune homme, Guermah Massinissa, est mortellement blessé, le 18 avril 2001, dans les locaux de la brigade de Gendarmerie. Il succombe à ses blessures, le 20 avril, dans un hôpital d’Alger. 16 Daïra : circonscription administrative équivalente à la Sous-Préfecture. Elle regroupe sous sa tutelle plusieurs communes.

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Le ‘arch des Aït Djenad puis celui des Aït Ghobri se manifestent aussi dans la première semaine du mois de mai. Le 4 mai, la ville de Tizi-Ouzou se dote d’une coordination de comités de quartiers. Il faut remarquer que tous les quartiers ne sont pas représentés et que certains ont vite imposé leur hégémonie17. Les délégués sont plus cooptés qu’élus. Urgence faisant loi, des coordinations de communes, et de daïras, sont rapidement mises en place. Jusqu’à la “ marche noire ” du 21 mai 200118, ce mode d’organisation accompagne et tend à canaliser la contestation et les affrontements très violents et meurtriers.

Une coordination au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou se met ainsi en place le 17 mai 2001

à Iloula Oumalou : “ Coordination des ‘arouch, daïras et communes ” (CADC). Enfin les deux wilayas19 de Bédjaïa et de Bouira s’organisent différemment puisque, en général, ce sont des comités de commune sous diverses dénominations (comités citoyens, comité populaires) qui sont mis en place. La référence au‘arch est plus spécifique aux mobilisations dans la wilaya de Tizi-Ouzou ou la Kabylie du Djurdjura. Et pourtant, cette forme d’organisation sociale n’est pas prédominante dans cette partie de la Kabylie et, à plus forte raison, sur l’ensemble de la grande région de parler kabyle (wilayas de Tizi-ouzou, Bouira et Bédjaïa). Dans le sud du Djurdjura (Bouira), la mobilisation et la fédération des communautés villageoises a été plus problématique, et souvent plus tardive.

L’unité linguistique de cet ensemble kabyle ne doit pas occulter des diversités notamment

dans le cheminement historique des sous-régions constitutives de cet ensemble. Pourtant, dès le début du mois de mai, le terme ‘arch, bien connu et usité d’ailleurs sur une

très grande partie du territoire algérien, est celui qui est mis en exergue pour qualifier le mouvement de contestation “ citoyen des ‘arouch ”. La presse aura très vite aligné son langage et fait de ce terme un usage massif, systématique, mais très peu contrôlé. Elle en popularise l’utilisation avec un effet structurant sur la perception du mouvement. Car manifestement, il existe un écart entre le mot et la chose qu’il est censé désigner, d’une part, et une contradiction, rarement relevée entre le mot, la chose qu’il désignait hier et ce qui lui est communément attribuée aujourd’hui, à savoir la citoyenneté .

Que les comités de village, qui peuvent recouvrir la configuration des Tajm’at (Assemblée

de village), soient un ressort disponible pour cette contestation n’est pas étonnant. Mais il faut en souligner les différences de vitalité suivant les régions kabyles.

Le vieux massif kabyle et le Djurdjura sont les zones qui ont le mieux conservé et

réactualisé ces formes organisationnelles. Le village, unité politique et sociale la plus fondamentale, est encore un référent essentiel dans la vie sociale en Kabylie. Les anthropologues, les sociologues ou les observateurs ont aussi montré le ‘arch, s’il marque des appartenances territoriales et symboliques, n’a jamais été une instance organisationnelle stable et décisive dans le fonctionnement courant de la société kabyle. Il s’agit comme le souligne à juste titre R. Basagana et A. Sayad d’une division topographique aux contours flous sur le plan de la filiation généalogique20. Par ailleurs il faut aussi noter que, politiquement la “ Tajm’at des douze ”, qui est l’instance tribale, n’a pas,

17 En fait, dans la première semaine du mois de mai, on relève deux initiatives concurrentes pour l’organisation d’une coordination des quartiers de la ville. Mis à part quelques noms, la composition de la coordination n’est pas connue à travers toute la ville. Certains quartiers n’y sont pas représentés et ne disposent même pas d’un comité. 18 Organisée par les coordinations de villages et daïras de Tizi-Ouzou, cette marche a rassemblé plus de 500 000 personnes. 19 Wilaya : Département regroupant sous sa tutelle plusieurs Daïras. 20 R. Basagana et A. Sayad, Habitat et structures familiales en Kabylie. Alger , CRAPE, 1974.

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comme l’assemblée villageoise, une permanence et ne dispose pas, à proprement parler, de pouvoir de décision permanent : elle ne se manifeste politiquement que dans les cas de conflits intertribaux. Il faut sans doute considérer que, dès lors qu’il existe un marquage topographique même flou, la mémoire dispose de repères pour conserver les traces du ‘arch. Les divisions administratives imposées par la colonisation auront plus ou moins pervertis ou déplacé ces repères21. Cela n’a pas pour autant effacé totalement la prégnance des frontières et des territoires et a instruit les modes d’identification des groupes. Mais en matière d’organisation et de gestion de la vie sociale kabyle, c’est le village (Taderth) qui conserve et réactualise ses ressorts au contact des modernisations du XXe siècle22.

Dans la Kabylie des années 1990, la retraditionalisation ou la réinvention de la tradition est,

à la fois, le fruit d’une contestation des modes de gestion de la société par l’État et une démarche tendant à une plus forte demande d’intervention de celui ci en matière économique et sociale23. En cela, nous reprenons à notre compte la thèse défendue par J. Favret en son temps24 . La situation de crise des années 1990 a accentué l’élan de retraditionalisation. Les communautés villageoises face à des bouleversements menaçants pour leur cohésion ont réactualisé des instruments de contrôle social du registre traditionnel.

Le paradigme communautaire en œuvre dans cette démarche occulte totalement les

aspirations individuelles et, partant, les pulsions citoyennes sur lesquelles nous reviendrons. En revanche, nos observations ne nous permettent en aucune manière de dire que le ‘arch est dans la situation récente (années 1990) inscrit, même en filigrane, dans les démarches de retraditionalisation. Les dynamiques locales en terme d’organisation sont d’abord villageoises. Les conflits et tensions sont intervillageois et la compétition pour l’accès aux biens et aux ressources se nouent dans les contextes villageois. Il est vrai que tout village kabyle s’identifie topographiquement (village x des Aït y) sans que cela ne se traduise par une forme concrète d’organisation et d’allégeance. La commune pour sa part est un élément significatif dans les référents d’identification. Mais dans les propos et discours que nous avons relevés au cours de ce printemps 2001, le ‘arch n’était pas pensé sérieusement comme une alternative aux formes modernes d’organisation de la société. Face à une situation frisant le chaos pour le moins, ce qui est le plus disponible est mobilisé : les instances villageoises là où elles ont de la vitalité pour parer à l’urgence. La tradition fédérative est aussi réactualisée, par proximité physique, c’est-à-dire principalement à partir d’un impératif topographique. Mais nous ne relevons strictement aucune “ retribalisation ” dans la Kabylie de cette année 2001.

Le 9 mai 2001, lors de la mise en place du Conseil Confédéral de l’‘arch des Aït- Irathen,

aucun élément dans la représentation projetée n’indique une reconduction de la “ Tajm’at des douze ” par exemple. Les commissions et le bureau de 25 membres, qui ont été mis en place, correspondent plus à une organisation de type associative que tribale. La composition de l’assemblée générale (un représentant par village) n’indique pas des délégations de type traditionnel, dévolues aux ‘uqals (sages) ou aux imuqranen (les plus âgés) mais à des personnes

21 Mais aussi sur la situation au moment de la mise en place des centres municipaux, voir L’Algérie du demi-siècle, synthèse Gouvernement général. Des indications précises montrent le poids des dynamiques villageoises dans les modes d’identifications in Jean Morizot, L’Algérie kabylisée, Paris, CHEAM, 1962 ; Hugh Roberts. “ Algerian socialism and Kabyle question, Monographs ”, Developement studies, 8, School of East Anglia, June, 1981. 22 Celle qui est charriée par le siècle de colonisation et celle mise en œuvre, par le haut, par l’État national algérien. 23 Mohamed Brahim Salhi, “ Modernisation et retraditionalisation à travers les champs asssociatif et politique : le cas de la Kabylie ”, Insaniyat, n° 8, mai-août 1999, p. 21-42. 24 Jeanne Favret, “ Le traditionalisme par excès de modernité ”, Archives européenne de sociologie, vol. VII, 1967, p. 71-93.

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relativement jeunes. Ces dernières ne sont pas particulièrement influentes au sein de leur village et la délégation dont ils sont investis est circonstancielle.

Il n’est pas non plus acquis que les villages s’en remettent aux décisions de la nouvelle instance, sauf pour les besoins de la cause, en l’occurrence celle de l’urgence. Le refus des allégeances politiques dont il a été abondamment question depuis le mois d’avril 2001 ne paraît pas être une chose nouvelle. Dès le début des années 1990, la conjoncture politique locale a conduit les communautés villageoises à gérer la dissociation par le politique en mettant en avant les principes de cohésion communautaires pris dans les registres anciens et retravaillés25. Il s’agit plus d’une séparation du politique et des affaires villageoises courantes, d’une véritable clarification des loyautés au profit d’une cohésion menacée dans la logique du groupe, que la fin de la chose politique. Il convient de parler de mise à distance de cette dernière sous sa forme partisane plus que d’une exclusion catégorique.

Aussi, ne sommes-nous pas étonnés de la récurrence de cette démarche dans la contestation

de 2001. À plus forte raison lorsque, dans une situation dramatique ce qui est le plus recherché est la cohésion et le minimum de consensus. Il faut aussi avoir en mémoire que lors des événements de juin 1998 – ayant suivi la mort du chanteur Matoub Lounès – les partis avaient eu d’énormes difficultés à canaliser une colère juvénile qui s’est traduite par une semaine d’émeutes. Toutefois, la contestation des élus locaux, quelles que soient leurs attaches partisanes, y compris dans d’autres régions d’Algérie, tient à l’acuité des problèmes économiques et sociaux vécus par les populations. Les élus ont été dans l’incapacité de résoudre parce qu’ils n’en n’avaient pas les moyens, faute de stratégies sérieuses ou du fait de la gestion rentière des biens des collectivités. De fait, le retrait de confiance se manifeste aussi durement que la crise économique et sociale traversée par le pays.

Ce sont aussi des modes de gestion par le haut qui se trouvent remis en question par l’appel

à plus de participation par en bas. Ces quelques constats nous permettent de dire que l’usage abusif et incontrôlé du terme ‘arch26, notamment par les média, et surtout la réappropriation du paradigme communautaire attaché au ‘arch par le “ commandement collectif ” de la contestation, après les moments d’urgence, ont induit une opacification totale des réalités empiriques et des enjeux des changements sociaux en cours27.

Il en va ainsi d’une extraordinaire confusion entre le paradigme communautariste, sa

traduction dans les modes d’organisation et la revendication simultanée de la citoyenneté. De la même façon, il y existe un hiatus entre l’expression empirique de la contestation et les modes de gestion et de traduction que mettent en œuvre les acteurs du “ commandement collectif ”. Enfin, il y a probablement un décalage entre une imagerie du “ pays kabyle ”28, son insertion dans la pratique des acteurs, et la réalité des expressions de la contestation, notamment à ses débuts. Toutefois, alors que dans le mode d’organisation adopté, le paradigme du ‘arch, au sens traditionnel, est en œuvre, dans la réalité sociale il ne s’articule pas avec un mode organisationnel palpable. Le “ commandement collectif ” fonctionne comme “ un petit ‘arch ” dans une réalité sociale, traversée, peut-être, par le souvenir du ‘arch, mais qui ne fonctionne plus sur ce registre. Et cela même si, face à des outils de la modernisation jugés peu efficients, peut poindre une douce utopie du bonheur perdu à l’ombre protectrice d’une “ gouvernance chaude ” (par le ‘arch) (versus une “ gouvernance froide ” par l’État).

25 Mohamed Brahim Salhi, op. cit. 26 Qui est devenu un fétiche médiatique. 27 Dans la nouvelle conjoncture économique et sociale, il est évident que le captage de la rente, la spéculation foncière effrénée, le contrôle des réseaux de prostitution et de la drogue et du marché de la devise, sont intégratifs pour les “ nouveaux bourgeois ” kabyles mais participent à l’exclusion de larges couches de la société. 28 Voir infra des éléments sur la construction de cette imagerie.

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Le courant de sympathie pour le mouvement des ‘arouch dans la presse, chez des hommes

politiques ou chez des universitaires, occultent, à la fois, la complexité des réalités et des changements en cours et trahit aussi une absence de réflexion en profondeur sur les alternatives en matière de gestion de la société. S’il est clair que du passé on ne peut pas faire table rase, il est tout aussi difficile de le convoquer mécaniquement, à moins d’en faire un instrument pour agir.

De ce point de vue, il convient de signaler que l’omniprésence médiatique du ‘arch a très

certainement eu un effet repoussoir et mis en circulation une imagerie de la Kabylie “ retribalisée ” dont l’efficacité politique est certainement bien plus redoutable que le vieux slogan “ d’atteinte à l’unité nationale ”29. La gestion de cette contestation par le pouvoir politique obéit au principe du “ containement ” qui vise à stigmatiser, circonscrire, et dissocier30. Les vertus de l’action pour l’action et une faiblesse, sinon une pauvreté de l’élaboration de la contestation sur le plan politique ont dès la fin des moments fondateurs (soit fin mai 2001) soutenu indirectement les desseins de ce “ containement ”.

2- Contestations et construction de la citoyenneté.

Une vigilance épistémologique est nécessaire pour dénouer la complexité des questions

posées par la contestation de ce printemps 2001. Elle n’est lisible qu’à partir d’une problématique qui ouvre l’angle d’approche.

En effet, si l’on pose le problème hors d’un contexte global, celui des changements en œuvre

en Algérie depuis plus d’une décennie, il y a de fortes chances de ne comprendre ce mouvement que comme celui d’un “ groupe insulaire ” qui affirme son particularisme et demande à être reconnu en tant que tel. De plus, sous cet angle il est possible d’établir une continuité entre les différents mouvements de contestation qu’a connues la Kabylie depuis presque quarante ans, voire plus si l’on inclut la “ crise berbériste de 1949 ”. Mais la réalité est beaucoup plus complexe : la nature des contestations, les conjonctures dans lesquelles elles surviennent et le profil des acteurs ne sont pas identiques. En revanche, la forte assise identitaire reste stable, particulièrement pour les contestations les plus récentes, bien que, même sur cette question, il existe des nuances.

2.1- Citoyenneté stato-nationale31, escamotage des diversités et contestations identitaires.

L’histoire politique de l’Algérie, notamment la construction, puis l’affirmation du

mouvement national algérien, véhicule une notion d’appartenance fondée sur la primauté du lien politique et de la communauté politique cimentée par une référence à une langue commune et des valeurs religieuses partagées, forgée dans l’opposition à la colonisation. 29 La télévision a considérablement contribué à fabriquer une image repoussoir et stigmatisée de ces ‘arouch qui “ envahissent ” Alger et repartent “ chez eux ” le soir venu, non sans qu’on leur attribue quelque action dévastatrice. Ainsi la marche du 14 juin, avec les risques d’affrontements et de manipulations qu’elle contenait, fut présentée comme obéissant à la logique du défi et du code de l’honneur traditionnel : “ plier mais ne pas casser ” et “ l’honneur sauf ”, quitte à courir à la perte (nif ou lkhsara). 30 Stigmatiser : “ Les Kabyles veulent revenir au tribalisme ” ; circonscrire : “ Laissons les faire en Kabylie, mais qu’ils épargnent nos villes ” ; dissocier : “ C’est une affaire kabyle que les autres ne peuvent pas comprendre en ces termes ” d’où la précipitation des autorités politiques à mettre en avant, d’abord, la revendication linguistique qui n’est pas saillante dans la contestation. 31 La citoyenneté stato-nationale se caractérise par l’appartenance à une communauté politique nationale, et est indissociable de la nationalité et de l’État-nation. Droits et devoirs sont définis par en haut. Classiquement, l’État providence garantit les droits notamment par ses interventions en matière économique et sociale. Ce mode d’appartenance inclut aussi une participation à la vie publique. C’est naturellement une construction historique qui a connu des déclinaisons et des variations. Voir, entre autres Fred Constant, La citoyenneté, Paris, Monchrétien, 2000.

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La “ nationalisation ” à laquelle postule le mouvement national dans ses différentes composantes se traduit dans la société par des compromis notamment en ce qui concerne les solidarités et les appartenances particulières. La sociologie des partis politiques nationalistes, particulièrement du PPA-MTLD, montre en effet que leur insertion, en tant qu’outils de modernisation et projet de société, est le produit d’une négociation et d’une transaction avec des groupes particuliers inscrits dans divers contextes sociaux.

Dans le fond, le problème du rapport appartenance particulière/appartenance nationale, et les

tensions qui y sont liées se résolvent dans un compromis laborieux, rendu possible à la fois par la conjoncture de domination coloniale et l’élaboration d’un projet nationaliste fondé sur la primauté de l’appartenance à une nation en construction. Ce projet induit aussi une très forte influence des modèles occidentaux en terme de modernisation politique et d’État-nation dans sa version française et jacobine, et, par conséquent, centralisatrice. Dans le cas algérien, le paramètre religieux intervient comme liant primordial au coté de la langue arabe. D’une certaine façon, la citoyenneté de type stato-national se dessine très explicitement et se justifie à l’aune des destinées communes des groupes qui relèguent la revendication de la reconnaissance de l’appartenance particulière, infranationale, par nécessité. Les réalités empiriques, les manières de s’identifier concrètement, d’organiser les solidarités et de les traduire en loyautés dans les conflits ou dans les stratégies de conquête de positions dans la société ou dans le pouvoir (ou de ce qui en tient lieu, à savoir les instances dirigeantes de la révolution) sont en œuvre et se réactualisent32.

Chez les acteurs de la révolution nationale, le local et les appartenances particulières ne

représentent pas de réalités en soi et, à plus forte raison, d’alternatives pour la construction politique à venir. La crise dite “ berbériste ” de 1949 au sein du courant nationaliste radical n’est pas une remise en question du caractère stato-national, mais elle en nuance les contours. Il est difficile aussi de soutenir que les affrontements de l’été 1962, qui mobilisent les wilayas, traduisent une expression d’appartenances particulières, car l’enjeu pour toutes est la conquête du pouvoir central et son exercice au nom de tous les Algériens. C’est de ce lieu que les acteurs de l’époque perçoivent le local, la région ou les micro-groupes auxquels ils appartiennent. En pointillé, se profilent les processus de “ nationalisation ” qui caractérise l’action et le projet de l’État national d’après 1962.

Les avatars des luttes de pouvoir au sein du mouvement national, avec le recours aux

loyautés particulières, ont engendré une peur tenace et une appréhension des particularismes de la part des autorités centrales qui se traduit par une dénégation systématique de l’appartenance particulière, surtout si celle-ci repose à la fois sur un référent linguistique et un territoire, à l’instar de la Kabylie.

Cette peur de la sédition tout en épaulant les catégories de type jacobine, façonne, au-delà de

1962, une construction politique reposant sur une “ nationalisation ” autoritaire qui entend en finir avec les “ survivances ” du passé en terme organisationnel au profit d’une culture étatique fondée sur l’unicité de la langue et de la référence religieuse. L’État-nation en s’appuyant sur un Parti-État (le FLN) uniformise le champ politique par l’exclusion de tout pluralisme. grâce à une maîtrise des réseaux de l’enseignement, y compris ceux des institutions religieuses traditionnelles et ceux initiés par les réformistes. Et la figure de l’État-providence vient redoubler celle de L’État-nation. C’est par une redistribution des richesses (la rente pétrolière principalement) que l’État entend imposer l’intégration concrète de tous les Algériens à la communauté nationale. Son modèle socialiste est censé garantir l’égalité entre tous les Algériens notamment en matière d’accès au savoir, aux soins, à l’emploi, au logement etc.

32 Voir notamment Mohamed Harbi, L’Algérie et son destin. Croyants et citoyens, Paris, Arcantère, 1992.

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Dans ce contexte, la relégation du tamazight, voire son interdiction dans le champ de la communication publique s’inscrit dans une perception résiduelle et folklorisée des cultures locales. Les territoires supports, la Kabylie entre autres, sont l’objet d’une intégration par le haut (plans de développement spéciaux) et les comportements contestataires latents sont prévenus ou réprimés.

Une sourde contestation travaillera la société kabyle. La ruse et la recherche d’un pendant

compensatoire seront au cœur des résistances culturelles. La ruse consiste à emprunter des voies de contestations non politiques pour affirmer la différence et écorcher la culture publique centrale imposée. L’on trouvera des exemples édifiants, dans les années 1960 dans la chanson et son usage social et politique.

La volonté de réhabilitation de la langue tamazight s’exprime d’abord chez les porteurs de

savoir et dans un espace central : Alger et son université33. Paradoxalement, ce sont les bénéficiaires de la modernisation, non seulement par l’accès à des études supérieures, mais aussi à des emplois qui formalisent une contestation identitaire qui, au tournant des années 1980, prend la forme d’une explosion. Paradoxalement aussi c’est dans une université de province et une ville moyenne, Tizi-Ouzou, au cœur d’un territoire configuré culturellement, que cette contestation s’exprime.

Loin d’avoir été délaissées par l’État, l’université, la ville et la région ont été le lieux d’une

politique d’essaimage industriel, d’urbanisation volontariste et de formation supérieure menées par l’État. Mais le modèle de l’intégration totale et autoritaire n’aura pas résolu à son seul profit la tension entre ses catégories et celles en œuvre dans la société.

Il faut cependant nuancer les choses. La contestation identitaire de 1980 survient dans une

situation économique et sociale tout à fait différente de celle de 2001. Malgré les dysfonctionnements de l’économie planifiée, la disponibilité de l’emploi, du logement, des denrées alimentaires de base subventionnées, etc. ne ferme pas l’horizon. La captation de la rente au profit de groupes ou d’individus privilégiés par leurs positions dans les rouages politico-administratifs est tempérée par la politique redistributive de l’État . En revanche, les modes de gestion autoritaires sont au cours des années 1970 de moins en moins acceptés. Par conséquent, c’est sous l’angle politique et culturel que le mouvement de 1980 aura le plus ouvert de brèches en remettant en question une citoyenneté passive où l’individu en soi est constitué par les centres de pouvoir “ qui définissent et sanctionnent ses rôles ”34.

La première rupture qu’opère cette contestation de 1980 est justement de faire émerger une

revendication de participation des individus comme sujets35. La seconde rupture est celle qui consiste, par le biais de la demande de reconnaissance de la langue et de la culture amazighes comme dimension de la culture nationale algérienne, à redéfinir les modalités d’appartenance à la communauté nationale en réhabilitant les dimensions particulières et les diversités empiriques attestées historiquement. Du haut de ses catégories jacobines, l’État s’est crispé parce que justement la question n’est pas une affaire de détails mais de fond, qui ébranle le fondement même de sa construction politique et de ses rapports avec la société et les individus. Le débat qui s’ouvre à cette époque et les conflits récurrents seront indéniablement marqués par une question centrale : est-il possible d’être algérien dans la différence ? Y a-t-il une appartenance nationale qui articulerait des identifications globales, communes et des appartenances particulières ?

33 Au début des années 1970 c’est dans les comités estudiantins, notamment ceux de la cité universitaire de Ben-Aknoun que s’exprime la tendance culturaliste berbère. Le cours de langue berbère donné par M. Mammeri constitue par ailleurs un point de ralliement et d’identification pour les étudiants kabyles de l’Université d’Alger. 34 Alain Touraine, Critique de la modernité, Paris, Fayard, 1992, p. 301. 35 L’une des revendications du mouvement de 1980 est l’exercice des libertés démocratiques.

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Dans le contexte de l’époque, nous devons aussi mettre l’accent sur quelques aspects importants, occultés par des lectures a posteriori du mouvement de 1980 ou par des usages tenant soit de la polémique, soit plus prosaïquement de l’incantation politique.

1) La contestation identitaire de 1980 ne s’inscrit pas globalement dans une posture

rétrospective par rapport à la société kabyle. Au contraire de par ses modes d’organisation, les profils et les univers de ses acteurs, leurs trajectoires et leurs modes d’articulation avec le local, elle s’inscrit fondamentalement dans une posture prospective et emprunte beaucoup au registre de la modernité politique. En effet, le mouvement de 198036 se cristallise autour de noyaux actifs37 basés essentiellement dans trois lieux centraux : l’université, l’hôpital et la Société nationale de l’électroménager (Sonelec). Notons que ces institutions étaient occupées par les contestataires et que les principaux mots d’ordre et d’actions ont été élaborés à ce niveau.

Sur le plan politique les comités en place, notamment celui de l’université38, ne sont pas

monolithiques mais traversés par des sensibilités différentes39. Les convergences sont laborieuses40 mais réellement élaborées après parfois de longs débats. De plus, ces lieux centraux de la contestation ne se sont pas constitués en contre-pouvoir mais en contre- espaces de débats politiques, ce qui est inédit à cette échelle dans la conjoncture de l’époque. La force de ce mouvement réside précisément dans son exemplarité et les effets induits sur une société en attente d’un pôle de contestation. L’articulation se fait avec les villages et localités intérieures de la Kabylie. Les étudiants du Centre universitaire41 et les travailleurs de la zone industrielle de Oued-Aïssi42 sont les principaux vecteurs de la diffusion des mots d’ordre et des tracts élaborés dans les espaces centraux43de la contestation localisée et polarisée à Tizi-Ouzou. Les structures villageoises, occultées à cette époque, relayent les messages et les mots d’ordre. Si la Tajm’at est évoquée, et le communautaire présent en filigrane, il ne nous semble pas qu’il soit à l’époque le paradigme qui structure la réflexion et le mode de contestation.

Ce mouvement ne perçoit pas le local en soi, mais comme il devrait être articulé avec le

global et la nécessaire modernisation. 2) Le poids des “ élites par le savoir ” est fondamental dans le mouvement de 1980.

L’engagement dans la contestation met fin à une méfiance qui a toujours entourée les “ cadres ” perçus comme des agents de l’État et donc plus aptes à servir son projet qu’à le contester. C’est autour d’elles que pendant une bonne partie des années 1980 se nouera une médiation entre local et central.

36 Il convient de noter que dans son moment fondateur la contestation ne s’est pas dotée du sigle “ Mouvement culturel berbère ” qui sera mise en circulation par la suite. On parlait alors du “ mouvement ”. 37 Contrairement à ce qui a été crédité ex-post, il n’y avait pas de direction formalisée du mouvement, mais des comités au niveau des principaux lieux de la contestation. 38 Il a été mis en place le 7 avril 1980, à la suite de la manifestation organisée à Alger et s’est dénommée “ comité anti-répression ” parce que l’un de ses objectifs était de faire libérer de nombreux manifestants arrêtés dont des enseignants et des étudiants. 39 Aspect fortement occulté aujourd’hui. On notera ainsi la présence, dans le “ comité anti-répression ” de l’université, du FFS et des courants d’extrême gauche ou de gauche comme le PAGS et le PRS. 40 Les textes diffusés en témoignent clairement. Le tout premier, élaboré à l’université par le collectif estudiantin, tout en reprenant comme point central la revendication de la langue amazighe l’inscrit clairement dans le projet socialiste (le “ vrai socialisme ”) et reprend de très larges extraits de la charte nationale de 1976. 41 Leur présence dans les villages n’est pas massive et permanente. Ils sont à Tizi-Ouzou et y ont des perspectives d’emploi ou de logement après leur formation. 42 À l’est de Tizi-Ouzou. 43 Il est clair aussi que des structures partisanes comme le FFS jouent un rôle important.

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Mais dans la conjoncture de l’époque, le statut social des porteurs de savoir est valorisé par l’accès à l’emploi ou au logement. Jusqu’à la fin des années 1980 les sortants des institutions de formation avaient des possibilités d’emploi et de plan de vie dans une ville moyenne comme Tizi-ouzou qui constitue le “ premier cercle ” du local. La régionalisation du marché du travail se profile à cette époque, mais des espoirs d’aller plus loin existent et restent possibles à partir de ce premier cercle du local44. Enfin, en 1980, lorsque la contestation éclate, les jeunes qui s’y engagent sont nécessairement porteurs, sur le plan existentiel, d’un espoir de réaliser un projet de vie assez autonome par rapport au village et à la famille.

En filigrane, les processus d’individuation restent encore possibles dans la proximité avec le

local. 3) Les émeutes du printemps 1980 sont de très courte durée (du 20 au 25 avril) et

surviennent après l’occupation brutale par les services de sécurité des principaux établissements investis par les contestataires45. Réactives, elles se concentrent principalement à Tizi-Ouzou et soulignent le poids de cette ville dans l’organisation de la contestation, d’une part, et l’envergure qu’elle prend comme pôle régional, d’autre part. Mais, en l’absence d’encadrement, les affrontements s’arrêtent. Les cadres villageois ne prendront pas le relais des comités qui ont piloté le mouvement, même si leur action de mobilisation se poursuit et que se dessine déjà une réactivation qui les remettra en scène vers la fin des années 1980. C’est avec la réouverture de l’Université le 17 mai 1980 que se reforme un pilotage des actions visant notamment à libérer les personnes arrêtées46.

4) Au delà de 1980, la contestation aura déteint sur la société puisque la fabrication de

symboles et de comportements tendant à affirmer le particularisme identitaire sont très nettement perceptibles dans le champ culturel et social local. Les démarches tendant à réinvestir l’histoire (fabrication d’une mémoire), la culture (théâtre, chanson…), la valorisation de l’usage de la langue tamazight et de son apprentissage, indiquent que dans les faits les modes d’identification se traduisent en conduites et en nouveaux rituels, notamment celui consistant à commérer le moment fondateur de la contestation le 20 avril de chaque année.

44 Tizi-ouzou est pratiquement la seule agglomération urbaine importante en 1980. Cette ville a capté le plus gros des investissements des années 1970/1980. c’est autour d’elle que se concentre un véritable bassin d’emploi. Le logement sur place conforte une tendance à la fixation dans les agglomérations urbaines aux alentours de Tizi-Ouzou ou dans la nouvelle zone d’habitation au sud de cette ville. Voir Samia Kitous, Processus de production des espaces centraux à partir d’un cas algérien : Tizi-Ouzou, Magister, Alger, EPAU, 2001. 45 Le 20 avril à l’aube, les brigades des Compagnies Nationales de Sécurité (CNS) ont pris d’assaut les principaux lieux de la contestation, notamment l’université. Au même moment, plusieurs animateurs des comités de contestation ont été arrêtés. Certains ont été relâchés après quelques semaines de détention, tandis que 24 ont été détenus jusqu’à la fin juin à la prison de Berrouaghia (sud d’Alger). 46 L’université a été placée sous contrôle policier direct du 20 avril à l’aube jusqu’au 16 mai au soir. Après une série d’AG, dont certaines assez houleuses, un consensus s’est dégagé autour de la mise sur pied de trois commissions (détenus, activités et animation culturelle, démocratisation de la vie universitaire), de la continuité de la contestation, et de la reprise du travail et des études. On notera que le dernier texte émanant de l’université occupée est rédigé le 18 avril 1980. Intitulé “ Appel des enseignants algériens du Centre universitaire de Tizi-Ouzou ”, il est le fait de la quinzaine d’enseignants engagés dans le “ comité anti-répression ”. Diffusé le 19 avril, notamment à Alger, ce texte, peu connu et rarement cité, outre qu’il précise que le mouvement tout en demandant la reconnaissance de la langue berbère et les libertés démocratiques, n’est pas “ orienté contre la langue arabe ”, souligne l’articulation faite par les auteurs entre université et région : “ l’escalade dans la répression et l’intimidation. Des risques sérieux d’assaut de l’université par les forces de l’ordre subsistent. Une telle action signifierait non seulement l’exclusion de centaines d’étudiants et enseignants, mais la suppression pure et simple d’un centre universitaire tout entier, et un coup d’arrêt sérieux à toute possibilité de promotion économique et culturelle de la région. ”

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Au total, le mouvement de contestation de 1980 ne préfigure pas une réification du passé du local, mais il le met en perspective en tant que mémoire. Il fonctionne avec un paradigme qui n’est pas de type communautariste. Au contraire, la modernité politique est au cœur de la démarche de contestation. Il y a, dans celle-ci, une réhabilitation de la société locale réelle, au plan de son identité et, par conséquent, une limite au type de citoyenneté stato-nationale. La volonté est d’infléchir cette dernière et de lui adjoindre une dimension historique occultée. Cependant, il n’existe pas, dans les mots d’ordre, dans les discours, et la démarche, d’alternatives à l’État central qui est interpellé et auquel est adressée la demande de reconnaissance.

2.2- Comment fabriquer de la citoyenneté dans la communauté ?

2.2.1- Fin des grandes certitudes et affirmation identitaire : les années des possibles.

La situation de la Kabylie de 2001 est totalement différente comme l’est globalement celle

de l’Algérie sur les plans politique, culturel et économique. Dès le milieu des années 1980, la crise induite par l’amenuisement de la rente pétrolière provoque un choc social dont la révolte de 1988 exprime l’ampleur et préfigure des brisures dont personne ne soupçonnait ou ne mesurait très précisément la portée. L’ouverture politique et l’exercice des libertés démocratiques opèrent une rupture importante. L’Algérien devient sujet, acteur dans les changements. L’explosion de la libre parole au cours des années 1989-1992 révèle autant d’inquiétudes pour les destinées économiques et sociales du plus grand nombre que de véritables reconstructions du vivre ensemble qu’exprime l’engouement pour le débat politique et la création d’associations et de partis. Acceptation des diversités politiques, mais aussi crispation dans la veine d’une tradition jacobine en ce qui concerne l’identité culturelle, caractérise le climat de l’époque, lui-même traduit par la Constitution de 1989. La montée d’un islamisme, en gestation depuis au moins les années 1970, indique des ruptures dans les modes d’identification des nouvelles générations, un déplacement des débats politiques sur le terrain de l’identité, et la fin des clivages idéologiques classiques sur lesquels l’Algérie a vécu jusqu’au tournant des années 1980.

Les pulsions citoyennes seront canalisées et caporalisées par l’islamisme qui impose ses

catégories et ses arguments d’autorité dans le champ politique et pousse, autant l’État que les partis politiques, à s’exprimer et se déterminer par rapport à lui. Sur le plan de l’appartenance cette situation induit un renforcement du jacobinisme en œuvre dans le projet de l’État. Dans ce climat schématiquement restitué, le culturalisme berbère se traduit d’abord par une floraison d’associations culturelles. Toutefois, le mouvement culturel n’arrive pas à s’autonomiser politiquement malgré des tentatives comme celle de juillet 1989 (assises du Mouvement culturel berbère) qui est plus une recherche de fédération des initiatives qu’une structuration politique. En février 1989, un certain nombre d’acteurs du mouvement culturel ont, pour leur part, choisis la voie politique en créant un parti : le RCD.

Ce dernier en postulant à la compétition politique au niveau national se propose aussi et par

ricochet de porter la question identitaire au-delà du groupe kabyle et de son territoire. Le FFS, de création plus ancienne et d’une forte implantation, tout en incluant la reconnaissance de l’identité berbère aspirera une grosse partie du potentiel culturaliste, notamment celui qui se reconnaît dans les assises de juillet 1989. Il traduit, lui aussi, la volonté de donner une dimension nationale à la revendication berbère en l’intégrant dans un projet politique qui ne s’adresse pas spécifiquement à un groupe particulier. Sans entrer dans les détails, il convient de relever une série de faits importants :

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1) Pour les élites engagées dans l’action politique, la démarche correspond à une logique centripète tendant à se déterminer par rapport à la conquête de position dans le centre politique.

2) Objectivement le potentiel mobilisé autour de l’identité devient une ressource dans les luttes politiques.

3) Paradoxalement, au moment où la forte pression de l’islamisme exacerbe le débat sur l’identité algérienne, localement la tendance est à un reflux des expressions strictement culturalistes, largement dominées par l’ajustement sur les stratégies politiques, comme en témoignent les luttes acerbes entre les ailes du mouvement culturel, notamment dans les années 1994/1995.

4) Dans la société kabyle, tout au long des années 1989/1994, les polémiques et les altercations politiques auront induit une forte onde de choc menaçant les cohésions villageoises laborieusement entretenues au prix d’une réactivation de la tradition et de compromis avec les nouveaux instruments de la modernisation. La démarche est centrifuge et tend à requalifier le communautaire. Davantage encore, il nous semble que des conduites tenant d’une prévention de la dissolution du groupe ont fortement marqué les actions de contestations du début des années 1990.

5) Ainsi en janvier 1990, l’organisation, à l’initiative d’un groupe de militants culturalistes, d’une grande manifestation à Alger pour demander, entre autres, la consécration du tamazight comme langue nationale et son enseignement, en dehors d’un cadre partisan, remporte une très forte adhésion. En 1994, les populations répondent de la même façon aux appels des deux ailes du MCB47, autant pour les marches que pour les grèves, notamment pour la commémoration du 20 avril. Enfin, lorsque les deux ailes du MCB lancent un appel au boycott de l’école en septembre 1994, les populations kabyles s’alignent sans trop de réticence sur une action pourtant coûteuse. Ce consensus ne pouvait visiblement se faire que sur un paradigme de type communautaire. Il en va de même de la mobilisation d’un électorat qui dépasse très largement celui du RCD au profit de Saïd Saadi en 1995 dans les trois wilayas kabyles48. Ces exemples soulignent que la société kabyle réactive la loyauté communautaire (“ nous sommes kabyles avant tout ”) dans des moments exceptionnels.

6) Inversement les partis politiques, en traduisant la particularité locale dans une demande de reconnaissance, mais en la subordonnant à l’adhésion à leurs sensibilités politiques particulières, c’est-à-dire en l’ajustant à un choix individuel et proprement politique, se trouvent objectivement en porte à faux par rapport au paradigme communautaire. Les polémiques et les affrontements politiques sont ainsi traduits comme une lutte pour l’hégémonie politique sur le groupe, renforcé en cela par une surenchère autour du représentant le plus légitime de la Kabylie.

L’absence d’un cadre autonome d’expression culturelle dans les années 1990 accentue ce

hiatus entre l’action politique et l’émergence de conduites tenant de la modernité politique fondées sur des différenciations et des processus d’individuation (l’adhésion est un choix individuel), d’une part, et une attente persistante de la reconnaissance de l’identité culturelle du groupe qui fonctionne avec un paradigme holiste assignant des conduites au nom de l’appartenance au groupe, d’autre part.

47 Mouvement culturel berbère éclaté en deux tendances : MCB-Coordination nationale, prolongement du RCD et MCB-Commissions nationales, majoritairement proche du FFS, mais qui est aussi, au début des années 1990, traversée par d’autres courants politiques notamment d’extrême gauche. Le MCB-Rassemblement national est crée après le mouvement de boycott scolaire de 1994/1995 par des dissidents RCD, notamment le chanteur Ferhat Mehenni. Toutes ces tendances n’existent plus en tant qu’organisations actives et ancrées sur le terrain. 48 Aux élections présidentielles de 1995, Saïd Saadi totalise 8,94% des suffrages exprimés, soit 996 835 voix. 85 à 87 % de celles-ci ont été obtenues en Kabylie où, l’électorat du FFS (qui a appelé au boycott) s’est reporté sur Saïd Saadi. En 1997, pour les élections législatives, le RCD mobilise en sa faveur 442 271 voix tandis que le FFS en comptabilise 527 848. Cf. Jacques Fontaine, “ Algérie : les résultats de l’élection présidentielle du 16 novembre 1995 ”, Monde arabe Maghreb Machrek. n° 151, janvier-mars 1996 ; Daho Djerbal, “ Les élections législatives du 5 juin 1997 en Algérie. Enjeux politiques, logiques et acteurs ”, Monde Arabe Maghreb-Machrek, n°157, juillet-août 1997.

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Au total, les données du problème se déplacent considérablement au cours de la période 1989/1994. Manifestement une frustration par rapport à la reconnaissance attendue est toujours présente et nourrit un reflux sur un quant à soi défensif et prégnant qui donne de la cohérence et de la force aux actions de contestation, quelles que soient les sensibilités politiques des initiateurs. De plus, il convient de noter certaines nuances dans l’approche par l’État de la question identitaire. La diversité culturelle de l’Algérie est relativement mieux assumée et les diversités linguistiques prises en compte, mais sans traduction claire et, surtout, elles ne sont légitimes que “ nationalisées ”, par conséquent, intégrées dans le “ patrimoine commun de tous les Algériens ”. En fait, implicitement le paradigme de la citoyenneté stato-nationale et la peur de la sédition demeure fortement à l’œuvre dans la nouvelle approche.

Plusieurs facteurs conduisent, au cours de la fin de la décennie 1990, à une convergence

entre une forte crispation identitaire et une cristallisation d’une sourde révolte plus amplement sociale et ce sur fond d’affrontements sanglants. 2-2-2. Quand le monde vacille : les années des grandes déchirures.

La génération qui sort dans la rue au printemps 2001, n’a connu ni le temps des grandes

certitudes nationales, ni les grands affrontements idéologiques des années 1960/1970. Elle a comme souvenirs d’enfance ou de prime jeunesse, les évènements d’octobre 1988 et, la grande année de vacance imposée par leurs aînés en 1995 (boycott scolaire en Kabylie). De plus, la décennie 1990 est celle des grandes déchirures induites par un affrontement interne d’une violence inconnue pour les générations de contestataires des années 1970/1980. De la même façon, la figure de l’État providence n’est pas une réalité palpable pour ces nouvelles générations, sauf sur le plan éducatif, tout au moins au niveau de l’école de base. Les possibles se rétrécissent considérablement. En outre, cela est fondamental, les identifications se retournent de plus en plus vers l’intérieur :

1) L’une des conséquences de la provincialisation des institutions supérieures de formation est la requalification des espaces locaux et régionaux. Les régions kabyles disposent de deux grandes universités (Bédjaia et Tizi-Ouzou). Les flux de compétences sont endogènes puisque les jeunes diplômés recherchent un emploi en Kabylie.

2) La saturation en matière de logement et d’offres d’emploi des grands centres urbains à vocation nationale, consécutive à la restructuration de l’économie au-delà des années 1989/1990, explique également la requalification des espaces locaux.

3) Les villes à vocation régionale, comme Tizi-Ouzou, sont devenues, à leur tour, moins pourvoyeuses de logements et d’emplois. Si ces espaces urbains ont représenté, dans des conditions optimales d’insertion, le premier cercle de retour au local dans les années 1970 jusqu’au début 1980, ils constituent au mieux, à la fin des années 1990, des zones de très forts mouvements pendulaires quotidiens à partir de l’intérieur montagneux.

4) Ce dernier est maintenant devenu un espace d’attente contraint. Les petits centres urbains de montagne attirent, de plus en plus, des petites activités de service.

5) Il constitue également un espace refuge en raison de l’absence de ressources personnelles et de logement : le “ cercle profond ” du local, le village, la grande famille, se présente ainsi comme l’ultime recours dans une situation de pénurie et de précarité.

6) Toutefois, en même temps que le cercle du local se referme concrètement sur les individus, l’environnement contribue à exalter les aspirations individuelles.

7) Il en va ainsi des images qui tombent du ciel (parabole), des produits qui jonchent les trottoirs, des musiques, des vêtements… mais aussi des manières de vivre. Les jeunes reclus dans le cercle profond du local traduisent cette situation en comportement et en sociabilité qui résonnent comme autant d’instruments concurrents dans un milieu villageois qui produit son propre contrôle social. Certes, celui-ci concède des espaces d’expression, mais il les subordonne aux valeurs du

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groupe et s’efforce de circonscrire les pulsions et les aspirations nouvelles à l’échelle des individus, dans les limites dictées par la sauvegarde de l’ordre villageois. Ce qui au total accroît la tension entre un paradigme englobant, holiste, et une recomposition virtuelle du lien social.

8) Enfin l’État, de moins en moins enclin à répondre aux demandes, n’est perçu que dans ses fonctions régaliennes. La situation des années 1990 où prédominent l’impératif sécuritaire conforte, au moins chez cette frange de la population, l’image d’une puissance qui surplombe les individus sans vraiment de contre-poids. Le rapport à l’État ou à la puissance publique se dénude complètement et La “ hogra ” se définit , dans le cadre de cette perception.

Pour toutes ces raisons nous pensons que, la contestation qui survient au milieu de l’année

2000, n’est pas une reproduction à l’identique de celles qui l’ont précédée. 3. Quelle lecture de la contestation de 2001 ?

Le mouvement de 2001 porte en creux une très forte identification au local et au particulier.

Ils constituent une clôture pour les individus qui capitalisent fabrication des symboles et mémoire des luttes passées. En revanche, ses expressions sont nettement plus éclatées dans la mesure où elles embrassent les désespérances et les déchirures d’une décennie où le monde a vacillé. En outre, ce mouvement de contestation, principalement orienté contre les manifestations arbitraires de l’autorité de l’État, laisse entrevoir autant de pulsions citoyennes à l’échelle des aspirations de l’individu que de pesanteurs communautaires notamment dans son fonctionnement. 3-1 Des pulsions citoyennes : prendre la parole et de la visibilité sociale.

“ Ils ont assassiné Massinissa49, ils se croient tout permis. En plus c’est un jeune comme

nous et les jeunes dans ce pays, ils n’ont rien et maintenant ils les tuent…. Ça ne peut plus marcher comme çà. Nous aussi on sait gueuler…ils vont voir… ils vont nous entendre… ”. Ces propos, tenus par une lycéenne de 17 ans lors des manifestations déclenchées à Tizi-Ouzou le 27 avril 2001, résument bien la posture des protagonistes : ceux qui se croient tout permis (les représentants de l’État) et ceux qui n’ont rien et qui se sentent en droit de “ gueuler ” pour se faire entendre. De fait, les manifestations des jeunes lycéens qui précédent “ l’explosion ” débordent tous les cadres de contrôle institutionnel ou familiaux et villageois. Dans les villes, comme à Tizi-Ouzou, les manifestations sont relayées par des groupes de jeunes, fonctionnant en bandes organisées au niveau des quartiers, qui s’engagent dans des altercations frontales avec les services de sécurité. Les mots d’ordre, l’organisation des cortèges, laissent entrevoir une absence de cadre organisationnel et un jaillissement de revendications éclatées.

Ces dernières sont quasiment nouées autour de la dénonciation de la “ hogra ”, de

l’exclusion sociale, et de la répression. Ce n’est que plus tard, lorsque les manifestations sont plus fortement encadrées que la revendication identitaire apparaît nettement, mais toujours au milieu d’une série de revendications sociales et politiques. Si l’on est attentif aux expressions empiriques, le mouvement qui s’annonce est d’abord celui d’une frange de la population, les jeunes de 16 à 25 ans, qui se sentent exclus, privés de la maîtrise de leurs destinées (“ on a rien ”) et “ écrasés ” “ mahgurin ” par quelque chose qui leur est extérieur.

Cette frange de la population fait irruption dans l’espace public, en bousculant tous les

cadres, pour y prendre place et se faire entendre de tous. On notera, par exemple, que ce n’est

49 Prénom du jeune homme blessé mortellement dans les locaux de la Gendarmerie de la localité de Beni-Doual ( 25 kms au sud-est de Tizi-Ouzou).

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qu’une fois le seuil d’un affrontement sanglant franchi que les comités de village ou de quartier tentent d’intervenir (fin avril-début mai) sans réellement infléchir l’intensité de l’affrontement.

Pendant au moins toute la première quinzaine de la révolte, les comités de villages

accompagnent le mouvement de contestation. De plusieurs manières, les pulsions citoyennes prédominent dans ce moment initial. La technique d’expression qui est la plus caractéristique de l’irruption de l’individu, du jeune en l’occurrence, est l’appropriation des murs sur lesquelles fleurissent, en ce printemps, des graffitis exaltant le vouloir vivre autrement, le désir d’un ailleurs, mais aussi le désespoir. Deux graffitis reviennent de façon récurrente sur les murs de la zone urbaine sud de la ville de Tizi-Ouzou : “ dog life ” (vie de chien) et “ vous pouvez tirer, nous sommes déjà morts ”. Ils pointent avec une dramatique précision le non-être social.

Nous sommes dans une situation nouvelle où l’individu souhaite une reconnaissance, non

pas seulement de la liberté, de l’accès aux biens mais aussi de sa subjectivité et de son affectivité. De ce point de vue, de multiples indices empiriques confortent cette quête. Au début du mois de juin 2001, des groupes de jeunes, après avoir fracturé les portes, occupent des logements sociaux vacants. Certains d’entre eux se mettent aux fenêtres et, contre toutes les préventions du contrôle social, lancent cette invitation aux passantes : “ Khlass ” (ca y est !) On a un logement, nous pouvons nous marier ! ! ! ”.

L’usage de barrages par de jeunes émeutiers, pour filtrer ou bloquer la circulation, se décline

comme une véritable prise de pouvoir dans la rue par des jeunes qui entendent s’imposer, y compris par la force. Par la suite, c’est à un véritable partage de l’espace public (principalement à Tizi-Ouzou) que se livrent des groupes de jeunes qui y installent leur commerce : “ nous n’avons pas d’emploi on le crée ! ! ! ” disent-ils.

Nous avons déjà souligné comment la revendication identitaire n’était pas dans les faits

saillante et primordiale pour les acteurs, tout au moins au niveau des formulations. Le débat sur la question de la primauté de la revendication identitaire semble témoigner de grilles rigides d’explication des mouvements de contestation dans l’Algérie actuelle. En effet, pour ceux qui privilégient l’approche par la primauté de l’identité, les pulsions individuelles et la subjectivité des acteurs sont totalement occultées. Les actions de contestations sont assignées par l’appartenance au groupe kabyle. Il n’est pas imaginable, pour les tenants de cette approche, que les kabyles se révoltent pour des raisons sociales et économiques en marquant de leur subjectivité (dont l’identité collective) les actions de contestation. C’est ce qui expliquerait, chez les tenants de l’explication par la primauté de l’identité, que le mouvement de contestation soit principalement circonscrit à la Kabylie.

L’autre approche consiste à soutenir la thèse d’une révolte foncièrement sociale et politique

qui aurait pu se produire n’importe où en Algérie et que la Kabylie se singularise moins qu’elle ne se fond dans les destinées communes de la société globale. Il y aurait une dilution de la revendication identitaire au profit de questions plus prosaïquement existentielles.

Dans la réalité les acteurs ne fonctionnent pas exclusivement sur un registre ou un autre.

L’identitaire, dans la conjoncture de la fin du XXe siècle en Kabylie, imprègne des consciences qui sont alimentées par des symboles, des réappropriations de repères…, des jeunes générations dont la socialisation est marquée par la conscience de l’appartenance particulière au groupe Kabyle. De plus, ces dernières ne connaissent pas autre chose, dans leur écrasante majorité, que les frontières étroites d’un territoire local. Nous ne pensons pas que ce mouvement pose un problème de conflit

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irréductible de loyauté. Au contraire, l’appartenance à la nation algérienne est très nettement réaffirmée par le rejet de la stigmatisation50.

Il n’est donc pas, objectivement, possible de faire une lecture univoque de ce mouvement de

contestations sans croiser des approches sous-tendues par des stratégies politiques qui entendent mettre en avant l’aspect qui étaye le mieux leur thèse. Dans la réalité, les choses sont nettement moins tranchées, plus ambivalentes, et ne peuvent pas être réductibles à une démarche rationnelle froide. Les individus-acteurs n’agissent pas comme “ ils devraient ” le faire mais comme ils peuvent le faire, c’est-à-dire comme ils se représentent et là où ils sont. Leur rationalité, leurs pulsions sont autant de clefs pour comprendre les nouvelles manières de contester dans l’Algérie d’aujourd’hui où la fin des grandes idéologies, la fin de l’État providence, les effets de l’intégration dans l’économie mondiale ont comme corollaire un retournement sur des repères identitaires, sur la proximité physique et territoriale la plus palpable et sécurisante où les individus tentent de se faire entendre en tant que tels. 3-2. Des pesanteurs communautaires

Sur le plan de l’organisation, nous avons montré comment, chronologiquement, les

différentes coordinations avec leurs dénominations respectives apparaissent. La mobilisation des comités de villages, puis l’organisation des quartiers dans les gros centres urbains, notamment à Tizi-Ouzou, reprend de façon spontanée l’horizontalité de type communautaire. Les comités de village, là où ils existent, ne donnent pas naissance à une instance de commandement mais à une coordination ne se substituant pas aux villages qui gardent leur autonomie d’action. Le consensus est le mode de prise de décision le plus usité. Les délégués au sein des coordinations n’engagent pas leur village mais porte sa parole et reviennent devant le comité ou l’assemblée de village pour obtenir son accord sur une éventuelle décision au niveau de la coordination de commune. Même si formellement la Coordination des ‘archs, daïras et communes (CADC) de la wilaya de Tizi-Ouzou a recommandé l’élection des délégués “ en assemblée générale des villages et quartiers ”, dans les faits il n’est pas acquis que ce fut systématiquement le cas.

La recherche d’une représentation réelle et totale du groupe est le principe qui fonde la

démarche du mouvement, d’autant que ce principe, dans l’urgence et l’adversité, légitime les actions au nom de tous, unanimement et sans risque de divergences de points de vue. Il convient de souligner que, dans les moments d’intenses affrontements, cette démarche s’est effectivement traduite par des compromis et des consensus que la situation rendait plausible pour le grand nombre. Grosso modo, cette cristallisation du sentiment communautaire se manifeste par le passage sous silence des appartenances politiques, la mise à distance des loyautés partisanes, l’occultation des coûts de l’engagement, notamment pour les commerçants, les élèves et les étudiant. Le poids du groupe écrase les particularités individuelles et les différences d’opinion. L’identification primordiale au groupe est renforcée par les cadres dans lesquels les individus sont assignés. L’indice le plus significatif de ce point de vue est le mode d’organisation des manifestations. Ainsi la “ marche noire ” du 21 mai 2001 à Tizi-Ouzou a été organisée sous forme de carrés par affinités villageoises ou par ‘arch. Probablement mu par des impératifs de gestion de la foule, ce type inédit d’organisation contraint les individus à s’identifier d’abord à leur village, leur quartier ou leur ville.

Le plus significatif est le mode de prise de décision et de coercition, explicite ou implicite,

pour en assurer la mise en pratique qui est loin des impératifs de l’expression citoyenne. C’est très 50Le code de l’honneur élaboré par la CADC de la Wilaya de Tizi-Ouzou dans son point 8 invite explicitement les délégués du mouvement à s’engager “ à ne pas donner au mouvement une dimension régionaliste sous quelque forme que ce soit ”.

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souvent au consensus que sont prises les décisions au sein d’un “ conclave ”51, par conséquent, dans quelque chose de fermée. Ce terme, comme celui de “ arch ”, s’est imposé sans que sa signification réelle ne soit explicitée.

Le paradigme communautaire est en œuvre dans ce mode de fonctionnement dans la mesure

où il rétablit la primauté de la parole totale et englobante du groupe sur celles des individus dans leurs diversités. En effet, les voix discordantes, critiques, sont refoulées et, si l’excommunication n’est pas explicitement brandie, elle transparaît nettement à travers le sort réservé aux individus qui transgressent le consensus du “ conclave ” censé représenter la communauté du “ pays kabyle ”52. Cependant, il semble évident que la justification de ces pratiques par le recours aux modes anciens (consensus de l’assemblée de village notamment) est en parfaite contradiction avec les pulsions citoyennes exprimées dans les premières semaines de la contestation. C’est une contradiction insoutenable quand justement est dénoncé le fait que le pouvoir politique brime les libertés individuelles et n’accepte pas les différences et la pensée critique. Celles-ci ne sont pas mieux affirmées, ni mieux garanties, par le mode d’organisation de ce mouvement, puisque le consensus est fils d’unanimité et que le primat du groupe, du communautaire, est exclusif des libertés individuelles parce que ces dernières ne sont efficientes que par la libre adhésion, le libre choix et la reconnaissance des différences.

L’assignation des individus à leur appartenance villageoise ou à leur quartier urbain (comme

réplique du village) est chemin faisant devenue une règle : l’individu n’est rien, le groupe est tout. Sur ce point, il convient d’insister sur le fait que ce n’est pas tant la question du recours à des instances de proximité qui pose problème. En effet, ces dernières peuvent être des alternatives pour une meilleure participation des citoyens à la vie publique. Mais cela ne vaut que pour autant que ces instances ne reconduisent pas les assignations et les prescriptions, réactivées à partir d’une tradition communautaire, qui musèlent l’émergence des expressions citoyennes dans toutes leurs diversités. Or les données empiriques sur le mouvement de 2001 en Kabylie indiquent une tendance à la reconduction d’un communautarisme contraignant qui contrarie les aspirations individuelles et induit des pratiques en contradiction flagrante avec les mots d’ordre formalisés par le mouvement53. L’analyse de la position des “ élites par le savoir ” à travers quelques indices montre comment des retournements induits par la mobilisation du communautarisme se sont opérés, notamment par rapport à 1980.

En effet, l’absence des universitaires et des intellectuels, es qualité, à la fois dans les

instances du “ commandement collectif ” mais aussi dans le champ de la communication54 témoigne non pas d’une “ démission ” mais d’une représentation façonnée autour d’une dualité irréductible entre la production du sens et l’action, d’une part, et l’impossible articulation entre le sens critique produit par des individus et l’unanimité du groupe, d’autre part. Le ‘arch pris comme posture et 51 Le conclave est défini par le Larousse comme “ une réunion de cardinaux pour l’élection d’un Pape ”. les termes de Tajma’at n tudert (assemblée des villages) ou Anjma’ (réunion ou grande assemblée) auraient sans doute été plus pertinents dans un contexte de reconquête identitaire. 52 Le terme traître est souvent utilisé pour désigner ceux qui expriment ouvertement leur point de vue. Ces derniers sont désignés à la vindicte populaire par voie d’affichage. Les enregistrements vidéo des délibérations en “ conclave ”, qui peuvent être rendus publics, sont un puissant moyen de désignation des “ récalcitrants ” à la vindicte collective. Les partis politiques ont subi des exactions (sièges incendiés ou mis à sac, militants tétanisés…) et interdits de paroles. 53 La “ journée villes et villages morts ” du 4 juillet 2001 a mis en perspective de graves atteintes à la liberté de circulation des individus. La mise à l’index et les appels publics visant le châtiment (par la mise en quarantaine) des “ dialoguistes ” au sein de la CADC au cours des mois de juin et juillet, ainsi que le qualificatif de “ traîtres ” (khabith), outre qu’ils indiquent une réactualisation des sanctions infamantes traditionnelles, montrent précisément le déficit de liberté et les ajustements contraints auxquels se soumettent les individus pour marquer leur appartenance au groupe. 54 On peut sans doute relever, de-ci de-là, des points de vue épars dans la presse mais pas d’intervention systématique, visible et franchement critique. Mais qui oserait donc défier l’“ opinion collective ” ?

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comme univers intellectuel et culturel ne s’accommode pas de points de vue individuels. Il assigne un rôle pour exprimer ce que “ tout le monde dit unanimement, affectivement et indiscutablement ”. Surtout quand il s’agit de dire et de penser, dans l’adversité, le “ pays kabyle ”55. La sentence populaire kabyle qui dit Akan len meden ili (“ Soit comme tout le monde ”) rend bien la posture convenable dans le contexte communautaire : dans le groupe ou hors du groupe ; inclusion-fusion ou exclusion.

Le fait le plus marquant de ce silence des élites (en tant que telles) est très précisément

lisible dans la mise hors jeu de l’université, celle de Tizi-Ouzou en particulier, en tant que forum et acteur. Soulignons que les étudiants ont participé le plus souvent dans leur localité au mouvement, qu’ils ont été mandatés dans bien des cas comme délégués dans leur village. Lorsqu’un universitaire émerge dans un rôle de commandement, sa localité ou son quartier le soutient et le légitime principalement en raison de son appartenance au groupe local56. Dans les grandes manifestations comme celle du 21 mai 2001, dite “ marche noire ”, l’université n’avait pas es-qualité son carré et les étudiants et enseignants devaient intégrer le carré de leur arch, quartier ou village d’origine. Ils pouvaient organiser des marches, comme les autres professions, mais pas se singulariser dans celles des ‘arouch.

La seule tentative de coordination entre les comités de villages et l’université de Tizi-Ouzou,

au début du mois de mai57 a échoué. Les délégués des comités de village ont nettement exprimé leur rejet d’un pôle ou d’un noyau universitaire pilote ou même fortement influent.

Fait sans précédent, ce sont les émeutiers qui, à la mi-juin, ont ordonné aux étudiants soit de

“ monter au front ” (de les rejoindre) soit de rentrer chez eux. Cette situation, dans le contexte local, indique une brisure, un retournement du statut des “ élites par le savoir ” et de la manière dont elles sont perçues. Leur autonomie est considérablement réduite et leur action est toujours rattrapée par l’attache villageoise. Enfin l’absence des femmes dans l’espace public de la contestation58 et à plus forte raison au sein des comités de village et des coordinations, confirment bien les pesanteurs des schémas traditionnels en œuvre autant dans la contestation elle-même que dans la société en général.

3-3 Une autre pratique de la politique ? La crise des médiations politiques.

Dans les années 1970/1980, la vox populi traduisait son rejet du discours politique laudatif

par l’humour et la dérision. En somme, une manière tranquille de contester el boulitique59 des dominants.

En Kabylie il n’est pas rare d’entendre dire d’une personne qui pratique l’intrigue et les

petites chamailleries qu’il fait de la politique (Yekhchem el poulitique). Une sorte de méfiance à l’endroit de la pratique politique transparaît dans la culture algérienne. Sans doute longtemps dépossédé de cette pratique, les Algériens ont-ils développé des modes de disqualification et de 55 Ce que l’on peut comprendre dans un moment d’affrontement aussi dramatique que celui des mois de mai et juin 2001. Mais au-delà, il est difficile d’articuler cette posture avec les impératifs de la citoyenneté. 56 Il est probable que le statut de délégué tient aussi du prestige que confère la compétence par le savoir. Mais cet élément est secondaire par rapport à la primauté de l’appartenance au groupe villageois ou au quartier urbain. 57 Cette réunion a eu lieu le 8 mai 2001 à l’initiative de la coordination de la communauté universitaire. 58 Les manifestations des femmes à Tizi-Ouzou et Bédjaïa ont été exceptionnelles et ponctuelles. Elles n’ont guère infirmé la règle de leur quasi-exclusion de l’espace de la parole publique et dans les instances de concertation ou de “ commandement ”. 59 Terme assez péjoratif qui désigne la politique au lieu de siyâsa plus valorisant. En kabyle le terme el poulitique est également connoté négativement.

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péjoration des pratiques politiques dominantes. D’une certaine façon, la dérision renvoie à un rapport d’extériorité à la chose politique et au politique qui se place au-dessus du grand nombre. La manière dont sont perçus les jeux politiques au sommet de l’État justifie ce qualificatif de boulitique comme intrigue.

Dans l’économie générale du mouvement de contestation de 2001, il nous semble, que pour

le grand nombre, cette extériorité affichée par rapport au jeu politique exprime à la fois le rejet et l’image de l’intrigue. Pourtant cette posture est paradoxale dans la conjoncture actuelle caractérisée par une liberté d’expression et d’organisation politique. On peut dire que, dans les discours, les débats et les textes formalisés par le “ commandement collectif ” de la contestation, le jeu politique est mis à distance. Au niveau national, comme au niveau local, il existe une expression de désenchantement par rapport à la pratique politique qui n’est perçue ni comme un vecteur de médiation avec l’État, ni comme un modérateur de ses dérives arbitraires et/ou autoritaires.

En Kabylie les polémiques récurrentes entre RCD et FFS, les stratégies visant à l’hégémonie

sur la région, ont incontestablement provoqué une lassitude à l’endroit du jeu politique et une identification de celui ci comme une succession d’intrigues et de mauvais coups. L’enlisement des municipalités RCD ou FFS, à l’instar de leurs paires RND, FLN ou islamistes, n’est sans doute pas étranger à ce désenchantement. Faits aggravants la pluie d’“ affaires ” concernant les élus locaux, la médiatisation des avantages dont bénéficient députés ou sénateurs60, mais aussi des intrigues supposées ou réelles dans les rouages centraux de l’État, finissent par engendrer une perception d’un monde politique autonome par rapport à la société. Toutes les médiations politiques sont ainsi court-circuitées et, cela ouvre la voie à un rapport qui privilégie l’affrontement et la recherche, non pas d’espaces de dialogues, mais véritablement de contre-pouvoirs qui entendent se faire entendre ici et maintenant… par l’État.

Ce dernier est dissocié du pouvoir objet de l’ire des contestataires. C’est bien “ pouvoir

assassin ” que les manifestants kabyles scandaient tout au long du printemps 2001. Et à l’État algérien que justice et réparations sont demandées, en même temps que la reconnaissance de la particularité identitaire.

Dans les nouvelles conditions économiques et sociales, ce n’est pas forcément moins d’État

qui est revendiqué, mais au contraire plus d’État, mais sous d’autres formes d’interventions. Cette revendication est le fait de ceux qui se sentent menacés ou exclus dans les nouvelles donnes économiques. Il existe certainement, en Kabylie des intérêts qui commandent une revendication de moins d’État. Ces intérêts ne sont pas ceux de la majorité. Ils contribuent, à travers leur expression dans la société, par le jeu de stratégies économiques61, à consacrer le court-circuit entre demandes sociales et politiques publiques. L’action de l’État, notamment en terme de régulation, est parasitée par ces enjeux, ce qui incite, là aussi, non pas à rechercher des médiations mais à se faire entendre directement.

Ces considérations sonnent comme autant d’incitations à rechercher d’autres façons de faire

de la politique et une manière de définir le politique, c’est-à-dire les modes d’organisation de la participation à la vie publique. Tout cela pointe de façon évidente une crise des médiations politiques en Kabylie, de façon particulière, et en Algérie, de manière générale.

60 Voir les effets induits de la campagne de presse sur le salaire des députés, dont le niveau frise le scandale dans une situation oùde larges couches sociales sont victimes des restrictions imposées par les mesures d’ajustement structurel préconisées par le FMI. 61 Identifiés comme autant d’intrigues et de mauvais coups à l’image du “ nouveau business ” et des pratiques d’enrichissement par la rente et l’économie informelle.

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De ce point de vue, il n’est pas étonnant que le mouvement de contestation kabyle de 2001, comme au demeurant toutes les contestations qui se sont multipliées à travers l’Algérie, se déploient hors du jeu politique partisan, contre les formes de pouvoirs locaux ou centraux et à partir de lieux palpables, de proximité et d’interconnaissance, comme le village ou le quartier de la ville. Les leaders ne sont pas choisis sur la base de professions de foi politique, de programme, de projets de société, mais sur l’allégeance au groupe local. Ils sont donc saisissables (ou récusables sur-le-champ), à portée de main et le rapport est personnalisé62. Ce sont bien des contre-pouvoirs qui se profilent, mais en des lieux et des formes qui se veulent en rupture avec des expériences semblant n’avoir engendrer que le désenchantement. Faut-il alors s’étonner que la tradition et la mémoire du passé soient convoquées pour donner forme et force à ce qui se décline comme un début de reformulation, voire de recomposition, du rapport au politique et à la politique ? En écoutant attentivement les acteurs de la contestation kabyle et en lisant les textes élaborés par le “ commandement collectif ”, à la lumière de ces considérations, il apparaît, à l’évidence, que les acteurs, au prix parfois de sérieux bricolages, ont mis à plat tous les aspects que nous venons de souligner. En voici quelques illustrations.

La mise à distance du politique et de la politique apparaît à travers les principes de la CADC

de la wilaya de Tizi-Ouzou63 et de l’objectif du mouvement de contestation qu’elle définit : - “ L’indépendance et l’autonomie du mouvement vis à vis du pouvoir, des partis politiques

et institutions de l’État ”. - “ Refus de toutes formes d’allégeance et de substitution du mouvement aux formations

politiques ”. - “ Le mouvement s’interdit de se transformer en parti politique, en relais et en rampe de

lancement de partis politiques et de toutes autre association ”. - “ ce mouvement de révolte, d’essence démocratique et résolument pacifique, est une

affirmation citoyenne de refus de la soumission, de l’arbitraire de la hogra et du déni identitaire, contre le mépris et l’ordre établi du système mafieux et pourri ”.

Ces principes sont explicités par un texte qui dit nettement les raisons de la mise à distance

en question64 “ Les dramatiques événements de la Kabylie ont démontré l’impuissance flagrante des élus et des responsables à tous les niveaux face à l’acharnement des gendarmes et au massacre des innocents ” et, “ devant un drame de cette nature, l’ensemble des institutions doivent se remettre en cause et revenir aux normes citoyennes ”. Le texte précise : “ L’instauration de la démocratie et d’une large décentralisation effective exigent la prééminence des instances élues sur les instances exécutive et les services de sécurité ”. On relèvera la récurrence de la référence à l’exercice de la citoyenneté.

Dans la pratique, le fonctionnement des instances de coordination et la gestion de la

contestation ne sont pas toujours nécessairement aussi cohérents, ni aussi conformes aux principes énoncés par les textes. En outre, la crispation sur une position de rejet de tout dialogue et la recherche d’une satisfaction des revendications sans discussion ni concession, outre qu’elle maintient une tension difficile à gérer dans les formes que s’est donné ce mouvement, débouche sur une impasse.

62 La CADC de la wilaya de Tizi-Ouzou, comme la coordination inter-wilayas, lient la qualité de délégués, non pas à un contrat ou à un règlement intérieur, mais à un code d’honneur. 63 Principes directeurs de la CADC de la Wilaya de Tizi-Ouzou, Azzefoun le 6 juillet 2001 et Assi - Youcef le 12 juillet 2001. 64 Explicitation de la plate-forme d’El-Kseur, Larbaa-N’Aït-Irathen le 31 novembre 2001.

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En s’interdisant de traduire politiquement ses revendications et en disqualifiant les partis politiques dans cette entreprise, le “ commandement collectif ” accentue une situation de vacuité politique et neutralise toute possibilité d’alternative pour le prolongement d’un débat sur le vivre ensemble dans la diversité. En diabolisant la pratique politique, les acteurs du “ commandement collectif ” semblent oublier le long parcours des Algériens et le coût de la rupture imposée par le bas il y a un peu plus d’une décennie, pour, précisément, recouvrir le droit à la différence sur le plan politique.

L’exercice de cette différence passe dans les sociétés modernes par l’organisation politique, par des loyautés diversifiées et par aussi des processus d’individuation. La citoyenneté n’est pas incantation ; elle est construction historique et traduction en pratiques réelles dans la société. Ce processus est engagé dans la société algérienne, même si, des pesanteurs par le bas, auxquelles n’échappent pas la contestation de 2001 en Kabylie, et des inerties par le haut, ainsi qu’une longue période de déchirure interne, en contrarient la progression. Conclusion

En trois années (2001-2004)65, la trajectoire du “ commandement collectif ” n’a pas varié dans ses modalités de contestation. Enfermé dans une “ horizontalité ” qui le coupe des larges couches de la société mobilisées dans les moments fondateurs, il agit en mobilisant l’émotion et le rituel symbole d’une “ région victime ”.

Se posant en tutelle politique et morale des kabyles, s’interdisant tout débat ouvert sur la société autrement que sur le ton d’une messe exprimée à partir d’un texte “ scellé ” et “ non négociable ”, le gros de la structure de “ commandement ” tend à fonctionner de façon très proche du sectarisme. Enferrés dans l’affrontement et l’émeute tout au long des années 2001-2002, les comités ont fini par se couper d’une population fatiguée par un combat sans fin et sans perspective.

Au cours des consultations électorales de 2002 (législatives et communales), l’interdiction, avec usage de la force, faite aux populations de participer aux scrutins n’a débouché sur aucune alternative politique.

Enfin, depuis le printemps 2003, l’offre de dialogue faite par le pouvoir politique, a conduit les acteurs des coordinations à l’implosion. En effet, comment dialoguer sans remettre en question le caractère “ scellé et non négociable ” de la Plate-forme d’El Kseur en particulier son point 11 qui revendique “ la mise sous tutelle effective des instances démocratiquement élues de toutes les fonctions exécutives de l’État ainsi que les corps de sécurité ”. Ce point ne demande pas moins qu’un changement de régime. Les ‘Archs demandent au pouvoir politique algérien de “ proclamer en direct à la télévision ” la mise œuvre de la Plate-forme et donc du point 11, ce qui revient pour celui-ci à s’auto-destituer.

Enfin concernant les années 2001-2003, il serait absolument erroné de penser que la région de Kabylie dispose d’un “ médiateur politique ” nouveau. Le “ commandement collectif ” n’a construit aucune alternative en ce sens et a grevé systématiquement tout travail de médiation exercé par les partis politiques (plus ou moins, mais plutôt moins que plus).

Jamais, sans doute depuis le mouvement national des années 1940, la Kabylie n’a souffert d’une telle vacuité politique. Après les grands moments d’effervescence, l’État a adopté un mode de gestion tenant d’un laisser-aller et d’un laisser-faire, qui consiste à se retirer littéralement de la gestion ordinaire de la vie publique. Le champ est alors ouvert à des exactions de tous ordres et à une insécurité que cette région d’Algérie a rarement connu, y compris dans les pires moments de la guerre (après 1992). Toutefois, le reflux s’opère progressivement : les aspirations à “ la paix et l’ordre ”, ainsi que le redémarrage de la vie économique avec un appel à la restauration de l’autorité de l’État, se sont s’exprimées, d’abord sourdement (2001-2002), puis sont devenues de plus en plus la principale revendication des citoyens. La boucle se referme soulignant l’indigence des élaborations politiques d’un mouvement qui a, au total, plus d’affinités avec le millénarisme qu’avec un mouvement citoyen moderne. 65 Nous résumons à grands traits les évolutions entre 2001 et 2004. Nos conclusions n’ont pas changé notamment en ce qui concerne le déficit de liberté et l’ambiguïté de la citoyenneté pensée par les comités qui se sont institués en tutelle des Kabyles et de la Kabylie. Cf. L’Algérie : agitation et impasse en Kabylie, International Crisies Group (ICG), 2003. Ce rapport, fruit d’une enquête menée par un très bon connaisseur des réalités politiques algériennes et kabyles, Hugh Roberts, donne un excellent aperçu sur la situation en 2001-2002.

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Recherche Opérationnelle : Origine et Méthodologie

Pr. Aidene Mohamed, Département de Mathématiques, Faculté des Sciences, U.M.M.T.O

La recherche opérationnelle est une discipline des mathématiques appliquées qui s'intéresse

à l'application du savoir mathématique aux autres domaines. La programmation linéaire, la programmation mathématique, la programmation floue, la programmation multicritère, la programmation stochastique, la programmation dynamique, l'optimisation et la recherche opérationnelle; la théorie des graphes; la théorie des jeux; la théorie du contrôle optimal, l’analyse numérique, les bio-mathématiques, la bio-informatique, la théorie de l’information; les probabilités et les statistiques, les mathématiques financières et l'actuariat; la cryptologie et, jusqu'à un certain point, la combinatoire et la géométrie finie; telle qu'appliquée à l'analyse des réseaux, ainsi qu'une bonne partie de ce qu'on appelle l'informatique sont autant de domaines d'application des mathématiques.

Les premiers problèmes d’optimisation datent depuis l’antiquité et sont de types

géométriques, dont le premier problème est de délimiter la plus grande aire possible avec une longueur L donnée. Cette question est donnée par la légende suivante :

La légende raconte qu'au 9è siècle avant Jésus-Christ, Elissa, princesse de Tyr (en Phénicie, actuels Liban, Israël et Syrie) devient reine de Tyr. Mais son frère Pygmalion assassine son époux afin de prendre le pouvoir. Horrifiée, Elissa s'enfuit. Elle atteint l'Afrique du Nord à Byrsa ("la peau de bœuf"), citadelle proche de l'actuel Tunis, et demande asile aux autochtones. On ne lui concède que ce que pourrait couvrir la peau d'un bœuf. Astucieuse, elle découpe la peau en si fines lanières qu'elle obtient, bout à bout, une longueur fantastique (découpage quasi fractal...) : près de 4 km. Avec la corde ainsi formée, elle aurait encerclé

son territoire et fondé (814) la très célèbre ville de Carthage ("la ville neuve", proche de Tunis) en prenant le nom latin de Dido. La fin de sa vie est bien triste puisque, plutôt que de se marier au roi Iarbas de la peuplade nomade des Gétules, elle préféra se sacrifier sur un bûcher. D'après l'Énéide de Virgile, version anachronique de son existence, elle se poignarde de dépit car Énée refuse son amour et préfère s'embarquer vers l'Italie pour fonder Rome. L'idée de former un cercle plutôt qu'un triangle, un rectangle, un carré ou tout autre forme géométrique fermée et sans point double, place Didon au pinacle des mathématiques : elle avait donc admis sans hésiter le résultat isopérimétrique ci-après que Jacques Bernoulli prouva dans le cadre du calcul des variations.En fait, d'aucuns disent que voulant se réserver l'accès à la mer, Didon se contenta de tracer un arc de cercle, solution isopérimétrique des courbes non fermées. Nous sommes ici en bord de mer, face au Bou Kornine, près de Tunis. Nous allons définir notre domaine et procéder à la (re)construction de Carthage... Les points A(a) et B(b) sont donnés sur (Ox). il nous faut trouver la nature de la courbe (c) décrite par notre lanière de cuir, de longueur donnée , afin que l'aire intérieure obtenue, entre (c) et l'axe des abscisses, soit maximale.

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Recherchons cette courbe sous la forme y = f(x), quitte à paramétrer ultérieurement. La longueur de la lanière est donnée par la formule:

Compte tenu de cette contrainte, nous devons chercher à maximiser l'aire sous la courbe (c), à savoir :

C'est un problème isopérimétrique: maximiser une aire pour un périmètre donné.

Le second exemple sera consacré à l’origine de la théorie des graphes : L’histoire de la théorie des graphes débute peut-être avec les travaux d’Euler au XVIIIe siècle et trouve son origine dans l’étude de certains problèmes, tels que celui des ponts deKönigsberg :

Les sept ponts de Königsberg

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Les habitants de Königsberg se demandaient s’il était possible, en partant d’un quartier quelconque de la ville, de traverser tous les ponts sans passer deux fois par le même et de revenir à leur point de départ), la marche du cavalier sur l’échiquier ou le problème de coloriage de cartes;etc.…)

Il fallait attendre le 16 eme siècle, avec l’apparition de l’algèbre pour rencontrer les premiers problèmes d’optimisation de type algébrique.

Position et domaines d’application de certaines branches des mathématiques appliquées

Le boum de la recherche opérationnelle coïncide avec la seconde guerre mondiale.

Historiquement, le premier terme introduit fut celui de programmation linéaire inventé par George Dantzig dans les années 1940. Le terme programmation vient de l’usage du mot programme par les forces armées américaines pour établir des horaires de formation et des choix logistiques que Dantzig étudiait à l’époque. L’emploi du terme « programmation » avait également un intérêt pour débloquer des crédits en une époque où la planification devenait une priorité des gouvernements. Outils scientifiques :

- Mathématiques Appliquées (Optimisation, Probabilités, Algèbre, Graphes, Jeux, Décision,…) ;

- Informatique (Algorithmique, Complexité, Contraintes) L’approche de la recherche opérationnelle face à un problème applicatif consiste à :

- élaborer un modèle (résultat d’un consensus entre le demandeur et le chercheur ) ; - développer un algorithme de résolution exacte ou approchée ; - évaluer la qualité des solutions produites par l’algorithme dans l’environnement réel du

problème. Le chercheur opérationnel cherchera à fournir :

- un outil (logiciel) aussi générique que possible, i.e : utilisable et performant sur un ensemble d’instances ;

- non une solution d’une instance particulière. La programmation linéaire occupe une place centrale de l'optimisation, car les problèmes de

PL sont les problèmes d'optimisation les plus faciles - toutes les contraintes y étant linéaires. Beaucoup de problèmes réels de recherche opérationnelle peuvent être exprimés comme un problème de PL. Pour cette raison un grand nombre d'algorithmes pour la résolution d'autres problèmes d'optimisation sont fondés sur la résolution de problèmes linéaires.La programmation linéaire est essentiellement appliquée pour résoudre des problèmes d'optimisation à moyen et long terme (problèmes stratégiques et tactiques, dans le vocabulaire de la recherche opérationnelle). Les domaines d'application de ces problèmes sont très nombreux aussi bien dans la nature des problèmes abordés ( planification et contrôle de la production, distribution dans les réseaux ) que dans les secteurs d'industrie: industrie manufacturière, énergie ( pétrole, gaz, électricité, nucléaire ) , transport (aériens, routiers et ferroviaires), télécommunications, industrie forestière, finance. La recherche opérationnelle a aussi des applications dans le domaine de l'énergie. Elle est couramment utilisée dans l'industrie pétrolière, principalement dans l'établissement des plans de production à long terme, à moyen terme, annuel, trimestriel et mensuel. Les résultats permettent aux décideurs d'avoir un guide pour faire les meilleurs choix dans les investissements, dans l'approvisionnement des bruts, dans l'utilisation des unités de raffinage, dans les canaux de distribution les plus rentables. De même, les opérateurs du marché de l'électricité font largement appel à la recherche opérationnelle tant pour des problèmes stratégiques (par exemple des investissements sur le réseau) que pour des questions plus opérationnelles (stabilité du réseau, prévisions…).

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Dans le cadre de l’industrie manufacturiere, la recherche opérationnelle permet notamment de trouver des plans de productions (ordonnancement de production), de disposer au mieux les machines dans un atelier, de diminuer le gaspillage des matières premières (problèmes de découpe) ou de l'énergie ou bien encore d'optimiser le conditionnement et la livraison des produits intermédiaires ou finis.

La recherche opérationnelle peut aider le décideur lorsque celui-ci est confronté à un

problème combinatoire, aléatoire ou concurrentiel.

Un problème est dit combinatoire lorsqu'il comprend un grand nombre de solutions admissibles parmi lesquelles on cherche une solution optimale ou proche de l'optimum.

La plupart des problèmes combinatoires de la R.O. ont un graphe comme support : - TSP généralisé (graphe des communications); - Ordonnancement (graphe des précédences) ; - Transport (graphe des liaisons) ; - Emplois du temps ( graphe des incompatibilités) ; -Flots et circulations (graphe des liaisons)

La théorie des graphes sert de support à la résolution d'un vaste échantillon de problèmes,

notamment certains issus de l'algorithmique classique, tels que la recherche du plus cour chemin entre deux endroits, le problème du voyageur de commerce (dans lesquels on cherche le chemin le plus court passant par n points), les problèmes d'ordonnancement de tâche, les problèmes de planning ou encore les problèmes d'optimisation de flux ( algorithme de Ford-Fulkerson). Elle s’est également développée dans diverses disciplines telles que la chimie, la biologie, les sciences sociales. Depuis le début du XXe siècle, elle constitue une branche à part entière des mathématiques, grâce aux travaux de König, Menger, Cayley puis de Berge et d’Erdös.

De manière générale, un graphe permet de représenter la structure, les connexions d’un ensemble complexe en exprimant les relations entre ses éléments : réseau de communication, réseaux routiers, interaction de diverses espèces animales, circuits électriques,. . .

Les graphes constituent donc une méthode de pensée qui permet de modéliser une grande variété de problèmes en se ramenant à l’étude de sommets et d’arcs. Les derniers travaux en théorie des graphes sont souvent effectués par des informaticiens, du fait de l’importance qu’y revêt l’aspect algorithmique.

Exemple typique : déterminer où installer 5 centres de distribution parmi 30 sites

d'implantation possibles, de sorte que les coûts de transport entre ces centres et les clients soient minimum. Ce problème ne peut être résolu par une simple énumération des solutions possibles par l'esprit humain, puisqu'il en existe 30 x 29 x 28 x 27 x 26 / (5x4x3x2) = 142 506 (!). Et même si un problème de cette taille peut être résolu par énumération par un ordinateur, les décideurs sont régulièrement confrontés à des problèmes infiniment plus complexes, où le nombre de solutions acceptables se compte en milliards de milliards. Heureusement, des techniques comme la méthode branch and bound ou les (méta)heuristiques permettent de trouver une solution qui reste souvent acceptable par une énumération partielle.

Un problème est dit aléatoire s'il consiste à trouver une solution optimale face à un problème qui se pose en termes incertains. Exemple typique : connaissant la distribution aléatoire du nombre de personnes entrant dans une administration communale en une minute et la distribution aléatoire

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de la durée de traitement du cas d'une personne, déterminer le nombre minimum de guichets à ouvrir pour qu'une personne ait moins de 5% de chances de devoir attendre plus de 15 minutes.

Un problème est dit concurrentiel s'il consiste à trouver une solution optimale face à un problème dont les termes dépendent de l'interrelation entre ses propres agissements et ceux d'autres décideurs. Exemple typique : fixer une politique de prix de vente, sachant que les résultats d'une telle politique dépendent de la politique que les concurrents adopteront.

Ces problèmes sont, souvent résolus par la théorie des jeux, bien connue des économistes.

Elle s’applique à certaines situations du domaine de l’économie, celles où existe un nombre réduit de compétiteurs. Elle cherche les stratégies rationnelles dans des situations où les gains d’un acteur dépendent non seulement de son comportement et des conditions de marché, mais aussi de celui des autres intervenants, lesquels peuvent poursuivre des objectifs différents ou contradictoires. On lui trouve aussi des applications en science politique ou en stratégie militaire..

Les résultats peuvent être appliqués à des divertissements (comme le jeu télévisé « Friend or Foe » sur une chaîne câblée spécialisée aux Etats Unis Game Show Network ) ou à des considérations plus poignantes :

• la crise des missiles de Cuba • les politiques de constitution de convois de bateaux en temps de guerre • la façon de gérer un coup de surprise politique (Nasser à Suez, de Gaule au Québec, Ieltsine

lors du putsch, annonces électorales...) ou marketing • la lutte contre le terrorisme.

Le Prix Nobel (2005): Professeur Schelling s'est spécialisé dans l'explication des diverses

stratégies utilisées (à utiliser) dans les conflits internationaux, tels la guerre froide et la guerre nucléaire (dissuasion..) Albert W. Tucker a par exemple diffusé de nombreuses interprétations du dilemme du prisonier dans la vie courante. Des biologistes ont utilisé la théorie des jeux pour comprendre et prévoir les résultats de l’évolution, en particulier la notion d’équilibre évolutivement stable introduit par John Maynard Smith dans son essais La théorie des jeux et l’évolution de la lutte (Game Theory and the Evolution of Fighting). Voir aussi son livre Evolution and the Theory of Games.

Les probabilités fournissent à la théorie des jeux un outil conceptuel. Les statistiques peuvent l’alimenter en données, et les techniques d’optimisations lui fournir des résultats de calcul. On rencontre aussi les processus stochastiques qui concernent tous les problèmes aléatoires, en particulier des problèmes de fiabilité (de systèmes, de composants électroniques…) et des phénomènes d'attente.

Un autre domaine de l’application de la recherche opérationnelle est la finance qui concerne l'obtention de ressources monétaires (financement) et l'allocation de ces ressources monétaires (placement, investissement), au fil du temps, et en présence de risque. Par opposition à la comptabilité, la finance prend en compte la valeur temps et le risque (couple risque/rendement). Cette "industrie" comprend notamment la banque, l ‘assurance et les bourses ( et par certains côtés l’immobilier ), sans oublier les budjets publics. Les grandes disciplines au sein de la finance sont constituées de corps théoriques, d'outils d'optimisation, de théorèmes, destinés à faciliter les prises de décisions financières. Dans ce domaine on retrouve :

-Mathématiques financières: ensemble d'outils de calcul pour la modélisation et l'aide à la décision utilisés dans les différentes branches de la finance, notamment les calculs sur les taux d'intérêts et les instruments financiers.

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-Choix d'investissement : critères et méthodes pour sélectionner des investissements en fonction de leur rentabilité prévisionnelle ou de leur création de valeur. -Politique financière : choix des financements des sociétés. -Les problèmes d'investissement sont des problèmes classiques de recherche opérationnelle.

Ils consistent en général à maximiser le profit (ou l'espérance de profit) obtenu à partir d'un

montant donné en combinant au mieux les différentes possibilités offertes à l'investisseur Relations avec d'autres disciplines : Informatique :

Les progrès de l'informatique sont intimement liés à l'accroissement des applications de la recherche opérationnelle. Une puissance de calcul importante est nécessaire à la résolution de problèmes de grande taille. Cette puissance est cependant loin de constituer une panacée : il a en effet été prouvé que certains problèmes, parmi lesquels certains liés à la recherche opérationnelle, ne peuvent être résolus de manière optimale par un ordinateur dans un temps raisonnable et cela, même si l'on considère des ordinateurs un milliard de fois plus puissants que ceux d'aujourd'hui. En théorie de la complexité, on dit que ces problèmes appartiennent à la classe des problèmes NP. Pour eux, le chercheur opérationnel fera le plus souvent appel à des heuristiques, qui sont des solutions approchées dont le calcul est possible dans un temps acceptable. Les applications dans le domaine de l'informatique sont très nombreuses elles aussi. On peut citer, entre autres, le choix de la localisation et du nombre de serveurs à mettre en place, de la capacité de stockage, de la puissance de calcul et du débit du réseau, le choix d'une architecture informatique (application centralisée / distribuée, traitements en temps réel ou en différé, réseau maillé ou en étoile, etc.), et l'ordonnancement dans les systèmes d'exploitation

Plusieurs méthodes de résolution de problèmes sont issues de l'intelligence artificielle: algorithme A*, programmation logique, méta heuristiques. Alors que l'approche de l'intelligence artificielle est de proposer des méthodes de résolution génériques, la recherche opérationnelle utilise ces méthodes en les spécialisant pour les rendre plus efficaces à résoudre des classes plus restreintes de problèmes. Simulation informatique

La simulation est souvent employée pour résoudre des problèmes de RO, notamment dans le milieu non académique.

La simulation numérique est l'un des outils permettant de simuler des phénomènes réels.

Une simulation numérique (dite aussi simulation informatique) désigne un procédé selon lequel on exécute un programme informatique sur un ordinateur en vue de simuler par exemple un phénomène physique complexe (ex: chute d'un corps sur un support mou, résistance d'une plateforme pétrolière à la houle, fatigue d'un matériau sous sollicitation vibratoire, usure d'un roulement à billes, ...).

Les simulations numériques scientifiques reposent sur la mise en œuvre de modèles théoriques utilisant souvent la technique dite des éléments finis. Elles sont donc une adaptation aux moyens numériques de la modélisation mathématique, et servent à étudier le fonctionnement et les propriétés d'un système modélisé ainsi qu'à en prédire son évolution. On parle également de calcul numérique.

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Les interfaces graphiques permettent la visualisation des résultats des calculs par des images de synthèse.

Ces simulations informatiques sont rapidement devenues incontournables pour la

modélisation des systèmes naturels en physique, chimie et biologie, mais également des systèmes humains en économie et en science sociale.

Plusieurs problèmes de conception peuvent aussi être exprimés sous forme de programmes

d’optimisation. Cette application est appelée l’optimisation de forme. Un sous-ensemble récent et croissant de ce domaine s’appelle l’Optimisation multidisciplinaire qui, bien qu’utile en plusieurs problèmes, a été particulièrement appliqué aux problèmes du génie aérospatial L’optimisation est un des outils centraux de la microéconomie qui est basée sur le principe de la rationalité et de l’optimisation des comportements, le profit pour les entreprises, et l’utilité pour les consommateurs. Recherche Opérationnelle dans le monde Discipline reconnue, enseignée et valorisée dans de nombreux pays Production scientifique très importante dans des journaux de qualité : • Revue Française de Recherche Opérationnelle 1956 Cahiers du BURO (Bureau Universitaire de Recherche Opérationnelle) 1957 Revue METRA 1962 Monographies de Recherche Opérationnelle 1964 RIRO (Revue d’Informatique et de Recherche Opérationnelle) 1967 Operations Research, Management Science, Discrete Optimization, INFORMS, EJOR, RAIRO, Journal of Optimization Theory and Applications ,…. Des sociétés savantes efficaces : (CORS, Live OR, AIRO, IFORS (fédération internationnelle), EURO (association européenne de recherche opérationnelle), SMAI, ROADEF,…) L’objectif de ces Sociétés est de contribuer au développement des mathématiques appliquées à travers la recherche, les applications dans les entreprises, l’enseignement et la formation des chercheurs et ingénieurs. Elles proposent de faire connaître, d’encourager et de faciliter les nouveaux développements en mathématiques appliquées, et se doivent donc des structures permettant la rencontre de toutes les personnes intéressées par les applications des mathématiques, en particulier dans les milieux universitaires, industriels et des services. Elles contribuent également `a la réflexion sur l’enseignement des Mathématiques Appliquées aussi bien dans les universités et les écoles d’ingénieurs que dans l’enseignement secondaire. Elle souhaite aussi participer et encourager des actions de formation continue. Des congrès internationaux réguliers généralistes et spécifiques (EURO, CO, MAPSP, PMS, COSI (Algérie),MOAD (Algérie),CIRO(Maroc), FRANCORO,IFAC, IFIP , … )

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Enseignement : - Formation solide dans la plupart des universités, le plus souvent en Mathématiques

Appliquées et en Informatique. La R.O. dans les entreprises

Très peu d'entreprises emploient des chercheurs opérationnels pour aider le décideur à

résoudre ses problèmes. Lorsque de tels problèmes se posent, ils sont généralement soumis à un gros cabinet de conseil ou au département de recherche opérationnelle d'une université (bien que la tendance actuelle soit à l'externalisation de ces compétences universitaires via de petites sociétés privées appelées spin-off, répondant mieux aux besoins du monde industriel). Notons que certains problèmes simples peuvent être résolus au sein même de l'entreprise, la plupart des universités ayant intégré des cours d'introduction à la recherche opérationnelle. Les collaborations université-industrie sont en progression importante depuis les années 1990 de par le monde. A PROPOS DE QUELQUES MOTS 1955 Ordinateur 1962 Informatique années 60 Gestion automatisée, cybernétique années 70 Science des systèmes, intelligence artificielle,

systèmes experts, informatique de gestion BIBLIOGRAPHIE

1. C. Guéret, C. Prins, M. Sevaux, Programmation linéaire, Eyrolles, 2000. 2. R. Favre, B. Lemaire, C. Picouleau, Précis de recherche op´erationnelle, Dunod, 2000. 3. Y. Nobert, R. Ouellet, R. Parent, La recherche opérationnelle, Gaétan Morin,1995. 4. J. F. Phélizon, Méthodes et modèles de la recherche opérationnelle, Economica,1998. 5. J. F. Maurras, Programmation linéaire, complexité, Springer, 2002. 6. D. Alevra, M. Padberg, Linear optimization and extensions : problems and solutions,pringer,

2001. 7. V.K. Balakrishnan, Network optimization, Chapman and Hall, 1995. 8. G.B. Dantzig, M.N. Thapa, Linear programming, Springer, 1997. 9. H.A. Eiselt, C.L. Sandblom, Integer programming and network models, Springer2000. 10. B. Korte, J. Vygen, Combinatorial optimization, 2nd ed., Springer, 2002. 11. G. Sierksma, Linear and integer programming, Marcel Dekker, 2001. 12. R.J. Vanderbei, Linear programming foundations and extensions, Kluwer, 2001. 13. W. Domschke, A. Drexl, Einf¨uhrung in Operations Research, 3. Auflage, Springer,1995. 14. H.J. Zimmermann, Operations Research Methoden und Modelle. 2. Auflage.,Vieweg, 1992. 15. KARMARKAR, N., “!A New Polynomial-Time Algorithm for Linear Programming!”,

Combinatorica 4, 1984, p. 373–395. 16. CULIOLI J.-Ch., PARTOUCHE-ZEMBRA A., “ La Recherche Opérationnelle dans une

compagnie aérienne ”, Bulletin de la ROADEF, n°4, printemps–été 2000,p.1-3. 17. DANTZIG G.B., Linear Programming and Extensions, Princeton, Princeton University

Press, 1963. 18. DAVID A., “!L’aide à la décision entre outils et organisations!”, Entreprise et Histoire 13,

1996, p. 9–26. 19. M. Aidene, B. Oukacha. Recherche opérationnelle. Programmation linéaire. Edition Pages

Bleues.208p.2005.

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La post-pérovskite MgSiO3 : une nouvelle phase minérale à la base du manteau inférieur terrestre

Pr. Iddir AHMED ZAID, Géophysicien, Laboratoire des Eaux

Université Mouloud Mammeri, Tizi Ouzou

usqu’à récemment, il était largement admis que le manteau inférieur terrestre est composé majoritairement de pérovskite ferromagnésienne (Mg,Fe)SiO3, accessoirement de

magnésiowustite (Mg,Fe)O, de pérovskite calcique CaSiO3 et d’une phase alumino-calcique. La pérovskite ferromagnésienne (Mg,Fe)SiO3 était considérée comme une phase stable sur toute

l’épaisseur du manteau inférieur [Fig. 1 : Structure de la pérovskite]. Représentant 75% en volume de l’intérieur de la Terre, la pérovskite passe pour être le minéral le plus abondant. Ses propriétés ont été largement étudiées à l’aide de techniques expérimentales pointues et de méthodes théoriques élaborées [Cellule à enclumes de diamant, presse multi-enclumes, microscopie électronique, diffraction de rayons X, spectroscopie Raman, etc.].

Les résultats obtenus ont été utilisés pour interpréter les

données géophysiques observées pour les parties les plus profondes de l’intérieur de la Terre sur la base de modèles minéralogiques dont la pérovskite reste la phase majeure.

Même si cette approche a fondamentalement connu un certain succès, elle n’a pas été concluante quant à l’explication des

observations sismologiques qui singularisent la base du manteau inférieur à la frontière noyau−manteau vers 2900 km de profondeur. D’une épaisseur de 150 à 200 kilomètres environ, cette région singulièrement individualisée est désignée dans l’ancienne terminologie géophysique « couche D’’ » en raison de sa signature sismique. Elle est d’aspect complexe et caractérisée par une épaisseur variable, une forte anisotropie sismique, des hétérogénéités remarquables, un saut des vitesses des ondes transversales au toit, une anti-corrélation entre les vitesses des ondes de cisaillement et les vitesses de groupe.

Pour tenter d’expliquer au moins partiellement ces observations, nous avons émis en 1995

l’hypothèse d’une transition de phase à la suite des résultats d’une étude expérimentale réalisé en cellule à enclumes de diamant et microscopie électronique en transmission des phases alumino-calciques du manteau inférieur terrestre au cours de laquelle nous avons mis en évidence une nouvelle phase alumineuse de haute pression Al2SiO5

66. Nous avions alors relié la forte anisotropie de la couche D’’ à la structure cristalline en feuillets du type V3O5 de la nouvelle phase alumineuse et le saut des vitesses à sa densité particulièrement élevée. Cependant, la nouvelle phase Al2SiO5 étant une phase mineure, avec une proportion de 5% en volume, nous avons conclu modestement qu’elle ne pouvait être à l’origine d’une signature sismique aussi importante que celle de la couche D’’. En 1999, cette hypothèse a été reprise par SIDORIN & al67, mais aucune transition de phase pertinente n’a été mise en évidence ou avancée même à titre d’hypothèse. En 2002 des expériences 66 AHMED ZAID, I., MADON, M., (1995) Electron microscopy of high-pressure phases synthesized from natural garnets in diamonds anvil cell : Implications for the mineralogy of the lower mantle, Earth and Planetary Science Letters, 129, 233-247. 67 SIDORIN, I., GURMIS, M., HELMBERGER, D. V., (1999), Dynamics of phase change at the base of the mantle consistent with seismological observations, Journal of Geophysical Research, 104, 15005-15023.

Fig. 1 : Structure de la pérovskite

Atomes de Mg

Octaèdres SiO6

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conduites par ONO sur le comportement du Fe2O3 à haute pression montrèrent que cet oxyde subit des transitions structurales. D’une structure corindon, le Fe2O3 évolue vers une structure de type pérovskite et, à des pressions plus élevées, il cristallise dans une structure en feuillets du type CaIrO3 (Groupe d’espace Cmcm)68. ONO émit alors l’hypothèse que d’une manière analogue, la pérovskite MgSiO3 pourrait cristalliser dans une structure du type CaIrO3 dans les conditions de pression et de température similaires à celles qui règnent à la frontière noyau/manteau.

Partant de là, OGANOV et ONO69 entreprennent des

calculs théoriques et explorent la stabilité des différentes phases de la pérovskite MgSiO3 ; ils démontrent que dans les conditions de la couche D’’ [Pressions entre 125 et 136 GPa et températures entre 2700 et 4000 K], la pérovskite pouvait effectivement se transformer en une phase dont la structure est du type CaIrO3. Dans leurs travaux, OGANOV et ONO s’appuient sur les résultats du diagramme de phases établi par calcul ab initio pour synthétiser dans une cellule à enclumes de diamant chauffée au laser, la phase post-pérovskite MgSiO3 [Fig. 2 : Diagramme de diffraction X de la phase post-pérovskite]. Ils démontrent qu’il y a une bonne corrélation entre le diagramme de phases obtenu expérimentalement et celui calculé théoriquement et mettent ainsi en évidence l’existence de la post-pérovskite ferromagnésienne

qui sera confirmée par de nombreuses expériences et calculs ab initio conduits notamment par MURAKAMI & al70 et TSUCHIYA71.La structure de la post-pérovskite est orthorhombique et consiste en un empilement compact de feuillets d’octaèdres SiO6 et d’atomes de magnésium avec comme paramètres de la maille a = 2.471 (4) Å, b = 8.091 (12) Å, c = 6.110 (11) Å, V = 122.16 (34) Å3 [Figure 3 : structure du type CaIrO3]. La compacité de la post-pérovskite lui confère une densité plus élevée relativement à la pérovskite, ce qui pourrait expliquer valablement le saut des vitesses des ondes transversales au toit de la couche D’’.

En effet, dans les conditions draconiennes de la

couche D’’, la même maille de MgSiO3 tient dans un volume 25% plus faible qu’à la pression ambiante ! De plus, il semblerait que dans ces mêmes conditions, l’aluminium se lie plus facilement avec le reste tandis que le fer libéré se retrouve à l’état pur et forme des petites billes dans les joints de grains de la phase.

Aujourd’hui, la post-pérovskite continue de faire

l’objet d’études très poussées tant au plan expérimental que théorique. La pérovskite et la post-pérovskite ferromagnésiennes MgSiO3 étant instables dans les conditions normales de température et de pression, ce sont

68 ONO, S., SATA, N., OHISHI, Y., Phase transformation of perovskite structure in Fe2O3 at high pressures and high temperatures, American Mineralogist. 69 OGANOV, A.R. and SONO, S. (2004), Theoritical and experimental evidence for a post perovskite phase of MgSiO3 in Earth’s D’’ layer, Nature, 430, 445-448. 70 MURAKAMI, M., HIROSE, K., KAWAMURA, K., SATA, N., OHISHI, Y. (2004), Post-perovskite phase transition in MgSiO3, Science, 304, 855-858. 71 TSUCHIYA, T. TSUCHIYA, J., UMEMOTO, K., WENTZCOVITCH (2004), Phase transition in MgSiO3 perovskite in the earth’s lower mantle, Earth and Planetary Science Letters, 224, 241-248.

Fig.2 : Digramme de diffraction X de la post-pérovskite

Fig. 3 : Structure post-pérovskite

Atomes de Mg

Octaèdres SiO6

Octaèdres SiO6

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des analogues stables de basses pressions qui sont utilisés dans les expériences de laboratoire à l’image des pérovskites MnGeO3, CdGeO3, pour comprendre notamment les mécanismes de la transition pérovskite / post-pérovskite72. Ces analogues permettent d’obtenir des transitions à des pressions relativement plus modérées et d’éliminer de la sorte les contraintes rencontrées dans la réalisation des très hautes pressions (> 120 GPa !) avec la pérovskite MgSiO3. C’est ainsi que KUBO73 et al. ont étudié la stabilité, l’équation d’état et la compressibilité de la phase post-pérovskite pour MnGeO3 jusqu’à des pressions de 200 GPa. De son côté, MAO74 a traité de l’effet de la pression sur la structure et le volume de la pérovskite ferromagnésienne par décompression à partir de 140 GPa et a pu établir que les défauts commencent à apparaître dans la post-pérovskite aux alentours de 90 GPa pour atteindre la saturation à 60 GPa. Ils montrent que la structure est totalement disloquée en dessous de 4.6 GPa. Enfin, SINMYO75 a abordé le problème de l’incorporation de l’ion ferrique Fe3+ dans la structure de la post-pérovskite alumineuse (Mg,Fe)(Si,Al)O3. Les résultats obtenus démontrent notamment que la post-pérovskite pouvait s’accommoder d’importantes quantités de Fe3+ dans des proportions de l’ordre de 0.65 ± 0.04 (rapport Fe3+/ΣFe). Un taux élevé de Fe3+ dans la post-pérovskite pourrait avoir des effets significatifs sur ses propriétés physiques et sa stabilité.

De nombreux travaux essaient d’affiner davantage la connaissance des propriétés physiques

de la phase post-pérovskite et de comprendre ses mécanismes de déformation76 afin d’en asseoir une meilleure corrélation avec les observations sismologiques relatives à la couche D’’. Il semble que cette dernière constitue le cimetière des « épaves » des plaques plongeantes au niveau des zones de subduction77 et pourrait être également la matrice génitrice des « points chauds » de l’hypothèse qui a prévalu jusque là et devenus aujourd’hui des « points humides » dans le cadre d’une nouvelle hypothèse78. En effet, on pense que ces sources de magma qui percent le manteau et la croûte terrestre forment en surface des volcans aux caractères bien spécifiques comme ceux des îles hawaïennes.

Ainsi, l’énigmatique couche D’’ semble livrer aujourd’hui ses secrets et ses particularismes

que l’on retrouve pas ailleurs : certains spécialistes considèrent qu’elle n’a pas subi de brassage et serait l’endroit des entrailles de la Terre où serait confinée « la pâte des origines ». La découverte de la phase post-pérovskite a permis de franchir en l’espace de trois années une nouvelle étape dans les expériences de haute pression et de haute température et de percer ainsi certaines énigmes de la couche D’’ que la phase pérovskite ne pouvait expliquer entièrement. La caractérisation des propriétés de la post-pérovskite aidera probablement à mieux appréhender le phénomène de convection dans le manteau terrestre qui reste une question très débattue à l’heure actuelle.

NB : Les images ont été aimablement empruntées aux articles de S. ONO et T. TSUCHIYA. 72 TATENO, S., HIROSE, K., SATA, N., OHISHI, Y. (2006), High-pressure behavior of MnGeO3 and CdGeO3 perovskites and post-perovskite phase transition, Phys. Chem. Miner., 32, 721-725. 73 KUBO et al. (2006), Stability and equation of state of the post-perovskite phase in MgGeO3 to 2 Mbar, Geophysical Research Letters, 33, L12S12, doi: 10.1029/2006GL025686. 74 MAO, W.L., MAO, H., et al. (2006), The effect of pressure on the structure and volume of ferromagnesian post-perovskite, Geophysical Research Letters, 33, L12S02, doi: 10.1029/2006GL025770. 75 SINMYO, R., HIROSE, K, et al. (2006), Ferric iron in Al-bearing post-perovskite, Geophysical Research Letters, 33, L12S13, doi: 10.1029/2006GL025858. 76 MERKEL, S., KUBO, A., MIYAGI, L., et al. (2006), Plastic deformation of MgGeO3 post-perovskite at lower mantle pressure, Science, 311, 644-646. 77 SUN, D., SONG, T. R. A., HELMBERGER, D., (2006), Complexity of D’’ in the presence of slab-debris and phase changes, Geophysical Research Letters, 33, 12, L12S07. 78 Cette hypothèse suppose en effet qu’il y a autant d’eau en profondeur qu’à la surface de la Terre. Il ne s’agit d’accumulations comme les nappes phréatiques, mais d’eau présente dans la structure cristalline sous forme d’inclusions de liquide dans les minéraux.

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Plaidoyer pour un pôle de l’environnement

à l’université

Nassira HAMDAD Enseignante, Faculté de droit,Université de Tizi-Ouzou

e climat se dérègle, l’eau douce devient rare, le désert avance, les espèces s’éteignent, et l’on se demande quand le ciel nous tombera sur la tête. Les multiples et incessantes atteintes à

l’environnement avec leurs conséquences désastreuses et parfois irréversibles ont démontré qu’il y a péril en la demeure humanité. Il est urgent de prendre conscience de l’impérieuse nécessité à réagir car les phénomènes environnementaux tel que l’effet de serre, la prolifération des polluants de toutes sortes ou l’érosion de la diversité végétale et animale, menacent l’équilibre planétaire. La fonte des glaciers du Pôle Nord, les inondations spectaculaires en Europe et récemment chez nous, les cyclones de plus en plus violents, la sécheresse actuelle, témoignent de la réalité et de l’imminence du danger du réchauffement de la planète.

En outre, l’interdépendance des composantes de l’environnement : air, terre, eau, faune et

flore…n’étant plus à démontrer et les pollutions n’ayant pas de frontières, toute atteinte à un des éléments touche fatalement l’autre et revient par ricochet jusqu’à l’homme.

Devant ce constat peu reluisant pour ne pas dire catastrophique de l’état de l’environnement, l’université ne peut rester spectatrice en considérant comme le pensent encore beaucoup, que les questions environnementales sont réservées aux amoureux de la nature et collectionneurs de papillons et plantes sauvages. En effet, la protection de l’environnement n’est pas un phénomène de mode ni une préoccupation de riches car à côté de la pollution engendrée par l’opulence dans les pays dits riches, n’y a-t-il pas une autre plus criarde et bien plus grave née de la misère, de l’ignorance et du sous-développement dans les pays dits sous-développés ? La rareté et la qualité de l’eau, la question problématique des déchets, la désertification, la déforestation, la perte de la biodiversité sont quelques uns des défis auxquels sont confrontés les pays du sud dont l’Algérie. C’est à ce titre que l’université algérienne doit s’impliquer dans des actions à la hauteur de ces défis de l’heure1.

Par conséquent, cette institution du savoir a le devoir de considérer les questions liées à l’environnement comme faisant partie de ses préoccupations premières. Plus, il est même nécessaire qu’elle soit à l’avant-garde de celles-ci car elles posent des problématiques multiples qui sont non seulement celle de la dégradation progressive du cadre de vie du citoyen avec toute la panoplie des conséquences sur le milieu et la santé, non seulement celle du développement car la protection de l’environnement est une condition sine qua non du développement économique mais aussi et surtout celle de la menace de la survie de toutes les espèces vivantes sur terre y compris l’homme. Comme disait si bien un chef indien de Seattle en 1890 « ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. »2

Or, dans l’état actuel des choses, si on faisait un bref état des lieux de l’enseignement des matières relatives à l’environnement, à l’université, on constaterait que les programmes enseignés çà et là réservent une part infime à ce dernier (biologie, agronomie,…) avec absence totale dans beaucoup de filières (droit, certaines filières technologiques, sciences sociales…)

A titre d’exemple, les programmes officiels des facultés de droit qui sont logiquement concernées par « le droit de l’environnement », ne contiennent aucune matière de législation

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environnementale, alors que sous d’autres cieux le droit de l’environnement commence à recevoir ses lettres de noblesse. A la Faculté de droit de Tizi-ouzou, seules la bonne volonté et la prise de conscience de quelques rares enseignants quant à l’apport du droit pour la protection de l’environnement, ont abouti à la soutenance de mémoires de Magistère en droit de l’environnement, en plus d’une timide « incursion » qu’il faut saluer en post-graduation.

A ce sujet, il est de notre devoir d’enseignant d’attirer l’attention du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique sur l’urgence d’intégrer le droit de l’environnement interne et international dans le cursus des sciences juridiques ainsi que dans toutes les filières liées à l’environnement.

Par ailleurs, les programmes de la Faculté des Sciences Biologiques et Agronomiques réservent une spécialité entière à l’écologie et à l’environnement qui inclut une matière de législation dans deux options et quelques chapitres dans d’autres. Cependant, ces programmes gagneraient à être réactualisés pour être en harmonie avec la nouvelle approche qui consiste à appréhender les phénomènes environnementaux dans leur globalité et non en secteurs distincts les uns des autres.

En réalité, toutes les spécialités sont concernées. Sans prétendre établir une liste exhaustive des différentes spécialités, nous essayerons sommairement de montrer comment les différentes filières universitaires existantes sont impliquées dans les questions environnementales. 1- Dans le domaine que nous connaissons le mieux à savoir le droit, le juriste est concerné dans tous les aspects relatifs à la réglementation environnementale aussi bien au niveau interne qu’international.

En effet, les instruments juridiques de protection de l’environnement foisonnent aussi bien

au niveau international où ils avoisinent le millier (convention sur la protection de la biodiversité, désertification, changements climatiques, convention sur les polluants organiques persistants…) qu’au niveau interne, (loi sur la protection de l’environnement à portée générale, code forestier, code des eaux, loi sur la chasse…) avec toutes la panoplie des textes d’application. Cette multitude d’instruments juridiques exige des réflexions et des études qui pourraient contribuer à apporter des éléments de réponses aux nombreuses interrogations suivantes : Pourquoi malgré la convention sur la désertification, les déserts avancent ? Malgré, le protocole de Kyoto, le réchauffement climatique est devenu une réalité palpable ? Malgré l’adoption de la convention sur la biodiversité, les espèces continuent à s’éteindre ? Malgré la loi de 2003 sur le développement durable on continue inexorablement à surexploiter les ressources naturelles et à réduire nos espaces verts à leur portion congrue ? 2- La biologie et l’agronomie dont l’objet d’étude sont la faune et la flore ne cessent d’alerter l’opinion sur l’extinction de plusieurs espèces d’entre elles. De plus, les chercheurs de ces disciplines sont interpellés sur leur responsabilité scientifique quand ils mettent au point de nouvelles techniques susceptibles de porter atteinte à l’environnement et la santé humaine tels que les organismes génétiquement modifiés (OGM)3ou le clonage. 3- l’écologie, en étudiant les relations des espèces vivantes entre elles et avec leur milieu, met en évidence la dégradation croissante de ce dernier. Elle peut ainsi proposer des solutions pour contrer les multiples menaces qui pèsent sur les écosystèmes. Les ouvrages de François Ramade, Professeur émérite en agronomie sont des outils de référence irremplaçables et témoignent de l’apport de la recherche dans ce domaine pour orienter les actions en faveur de protection de l’environnement4.

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4- La chimie quant à elle qui étudie la matière et ses transformations, comporte une spécialité à part entière à savoir la chimie de l’environnement. Cette dernière a pour objet d’étude les substances chimiques et leurs interactions dans les écosystèmes. Les intitulés de ses ramifications très nombreuses tels que les cycles naturels, l’effet de serre, la pollution atmosphérique, les pluies acides, le traitement des déchets…, traduisent l’implication de cette branche dans les questions environnementales. C’est sur la base des travaux et recherches effectués dans cette discipline que le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a établi un registre international des substances chimiques potentiellement toxiques (RISCPT) qui constitue un document de référence international à ce sujet 5. 5- La géologie et la géophysique, en étudiant l’origine, la nature et l’évolution de la planète, nous renseignent sur son état de santé et mettent ainsi en évidence les facteurs qui affectent son équilibre (érosion, désertification, séismes, volcans …). Les géophysiciens et géologues sont d’ailleurs de précieux collaborateurs lors de l’élaboration des législations environnementales tels que celles relatives aux gaz à effet de serre (GES), ou la convention sur la lutte contre la désertification. . 6- L’architecture qui est l’art de concevoir et de construire les édifices propose des schémas d’aménagement du milieu naturel ou urbain qui doivent tenir compte d’une multitude de facteurs environnementaux (sol, espaces verts, climat…) 7- Le génie civil étudie les données concernant la conception d’ouvrages divers au bénéfice de la collectivité, habitations, irrigation d’envergure, transport, systèmes d’adduction d’eau…ces ouvrages doivent s’intégrer dans l’environnement naturel sans le défigurer ni l’endommager et avec des moyens devant faire le moins de pression possible sur les ressources environnementales (espaces, matériaux, eau…) 8- L’économie qui analyse et recherche les « lois » des mécanismes de production, de consommation et d’échange des biens et services, intègre les politiques environnementales dans son objet d’étude. Celles-ci doivent désormais tendre à la réalisation d’un développement durable6 basé sur l’utilisation rationnelle des ressources naturelles avec le souci de léguer une planète viable aux générations futures7. 9- La recherche en médecine révèle de multiples maladies qui sont le résultat de dégradations environnementales (allergies, cancers, typhoïde, stress…). La santé environnementale est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme comprenant « les aspects de la santé humaine y compris la qualité de la vie qui sont déterminés par les facteurs physiques, biologiques, sociaux et psychosociaux de notre environnement »8. D’autre part, des recherches récentes ont mis au point une discipline nouvelle appelée naturopathie (chemin vers la santé) qui prend en compte la nature comme remède à de multiples maladies9.Elle faciliterait les mécanismes naturels curatifs de l’organisme en éliminant les déchets et les toxines10.

Par ailleurs,d’autres recherches dans le domaine médical proposent des remèdes quelquefois

controversés en raison de leurs effets jugés néfastes sur l’environnement et sur la santé humaine11.C’est dire que la médecine est intimement liée aux préoccupations environnementales.

10- Même la philosophie est impliquée car elle s’interroge sur la relation entre l’homme et son environnement. Pour Hans Jonas, le célèbre philosophe allemand : « la nature qui est en nous est la même que la nature hors nous »12 Par conséquent, quand nous protégeons l’une, nous préservons l’autre.

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11- Les sciences religieuses ne sont pas en reste car pratiquement toutes les religions du monde permettent des interprétations imposant le devoir de sauvegarder l’environnement13.

Ainsi, en matière d’environnement, comme le dit l’adage, « il faut saisir mille tiges d’ortie à la fois ».

Par conséquent, la protection et la préservation de l’environnement exigent, pour être efficaces, une approche pluridisciplinaire vu l’interdépendance de ses multiples éléments14. Un pôle de l’environnement dans chaque université qui regrouperait l’ensemble de ces spécialités, viendrait donc à point nommé pour répondre à ces différentes préoccupations et coordonner les efforts fournis çà et là par les nombreuses disciplines scientifiques. Cela conduirait dans un premier temps, à promouvoir la recherche scientifique dans ce domaine par l’encouragement des étudiants et enseignants chercheurs à travailler sur des thèmes y afférant et par l’ouverture d’axes de recherche pluridisciplinaires, qui pourraient aboutir à l’initiation d’actions à mettre en œuvre sur le terrain. Dans un deuxième temps, il s’agit pour l’université de s’impliquer davantage dans la formation des métiers et professions liées à l’environnement en diversifiant les spécialités et en fournissant les ressources humaines nécessaires à la gestion et la préservation de ce dernier.

C’est le défi que doit se lancer l’université algérienne en assumant ainsi le rôle qui est le sien, à savoir être l’initiatrice d’une dynamique de réflexion autour des nombreuses ramifications qu’impliquent les questions environnementales et sur les meilleures voies à emprunter pour apporter une contribution efficace à la lutte contre les pollutions et la protection des milieux naturels. Ainsi, elle assumerait sa part de responsabilité en apportant son éclairage scientifique en sa qualité d’institution du savoir. Elle pourrait de ce fait, se faire une place parmi les autres universités et être, au diapason des nouvelles donnes internationales. Notes et références : (1)- Il est souhaitable dans un premier temps, que nos chercheurs s’impliquent dans le débat actuel relatif aux changements climatiques que certains imputent aux activités humaines alors que d’autres estiment liés à des phénomènes naturels non imputables à l’homme. (2) LAVIEILLE, Jean Marc, « Le droit international de l’environnement », édition ellipses, Paris 1978 (3) DE LA PERRIERE, Robert Ali Brac ; PRAT, Frédéric, « Risques de contamination dans les campagnes » in Le Monde diplomatique, avril 2006 (4) RAMADE, François, « éléments d’écologie : écologie appliquée » 5ème édition, Editiscience International, 1995 (5) Voir site Internet du Programme des Nations Unies pour l’Environnement : PNUE : http://www.unep.org (6) Article 4 de la déclaration de Rio adopté en 1992 : « Pour parvenir à un développement durable, la protection de l’environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément » (7) Rapport BRUNTLAND, « Notre avenir à tous », édition du fleuve, Montréal, 1998 (8) OMS, « Santé Environnement, problèmes et méthodes » 1993 (9) BENAMARA, Salem, « le jeûne et le concept de la naturopathie » in le quotidien El Watan du 17 octobre 2006 (10) Magny, J.C, « la naturopathie apprivoisée », édition Mortagne Canada 1996) (11) APOTEKER, Arnaud, « De l’utopie scientifique au risque sanitaire » in Le Monde Diplomatique, avril 2006 (12) HANS, Jonas, « Le principe de responsabilité », 2ème édition Le Cerf, 1993 (13) KISS, Alexandre, « Emergence des principes généraux du droit de l’environnement et d’une politique de l’environnement », in SEBBES 1996. (14) NAÏM-GESBERT, Eric, « les dimensions scientifiques du droit de l’environnement, contribution à l’étude des rapports de la science et du droit » Bruylant, VUP Press, 1999

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Les banques de semences : une stratégie de conservation EX SITU des plantes et endémiques

Rachid MEDDOUR & Arezki DERRIDJ

Faculté des Sciences Biologiques et des Sciences Agronomiques Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou

RESUME

Le grand nombre d'espèces végétales rares ou endémiques existant en Algérie appelle à d'urgentes solutions de préservation de la flore. L'établissement d'un réseau de banques de semences pourrait fournir la solution la plus pratique à ce problème. L'installation des banques de semences de plantes sauvages n'est ni onéreuse, ni difficile à créer et ne nécessite aucun équipement spécial et aucune dépense élevée. Actuellement, il est techniquement possible de préserver à long terme des semences viables, en utilisant des méthodes de conservation relativement simples, basées sur trois principaux facteurs : les basses températures, les faibles humidités des graines et les faibles teneurs en oxygène de l'air. Il convient de conduire des tests de germination sur les semences avant leur stockage permanent. Ces tests serviront à détecter d'éventuelles dormances du matériel végétal qu'il faut lever grâce à certains procédés et traitements (refroidissement, gibbérelline...). Enfin, la création de ces banques de semences pour les plantes rares ou endémiques en Algérie est plus que souhaitable. Mots-clés : banques de semences, plantes rares ou endémiques, conservation des semences à long terme, facteurs de conservation, tests de germination, protection de la flore. I. INTRODUCTION

a conservation des taxa au sein des écosystèmes naturels est la solution idéale. Cependant, celle-ci est de plus en plus difficile compte tenu des régressions dans la flore et des

dégradations des conditions mésologiques. Beaucoup de taxa, dans divers types de biotopes et dans diverses zones biogéographiques, sont affectés manifestement par les pressions anthropiques. Aymonin (1980) note que "l'on doit reconnaître qu'il n'existe aucun milieu, aucune biocénose que l'on puisse considérer comme se trouvant à l'abri des influences néfastes, du développement des activités humaines artificialisées". Des plantes autrefois communes, par suite d'altérations dans les milieux, ont périclité et se sont éteintes dans de nombreux pays.

S'il est vrai que la protection des milieux doit prendre le pas sur les autres méthodes de préservation, on est bien loin aujourd'hui, en matière de protection de la flore (et de la faune) de la seule opération "parcs nationaux et réserves naturelles". Ces derniers demeurent certes une nécessité absolue, mais on peut se rendre compte, au bout de nombreuses années de fonctionnement en Algérie, que le rôle joué par ces structures ne suffit pas pour une protection effective de la flore et des biocénoses.

Il est par conséquent important voire impérieux d'entamer la conservation des semences des nombreuses plantes rares et endémiques en Algérie (Tableaux I et II), dans une banque de semences, qui ne constitue en aucun cas un substitut - mais plutôt un complément- à la conservation des espèces végétales au sein de leurs habitats naturels.

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Les banques de semences sont une méthode d'urgence pour la conservation des plantes et assurent deux fonctions majeures :

préserver à long terme les semences des espèces végétales rares ou endémiques, et ainsi éviter d'éventuelles extinctions d'espèces vulnérables ou en danger dans un futur proche,

améliorer la disponibilité du matériel végétal difficile à obtenir pour des objectifs de recherches appliquées en phytotaxonomie, stimulant ainsi la connaissance de ce matériel.

En outre, en tant que réservoir de matériel génétique végétal, elles peuvent constituer un

complément important pour la protection des aires, en fournissant des graines pour la régénération des taxa ou des populations. Tab. I - Espèces rares en Algérie toutes origines biogéographiques confondues / endémiques spéciales à l'Algérie (in Quézel & Santa, 1962-1963)

Assez rare Rare Très rare Rarissime Totaux

289 / 22 647 / 75 640 / 74 35 / 10 1611 / 181

Tab. II - Espèces endémiques spéciales à l'Algérie : Catégories adoptées par l'UICN (in Plants in danger. What do we know? 1986)

E V R I K nt Total 31 22 65 6 9 38 171

E : menacé; V: vulnérable; R: rare; I: indéterminé; K: insuffisamment connu; nt : ni rare ni menacé II. ELABORATION DES BANQUES DE SEMENCES

L'idée générale est que toutes les banques de semences sont nécessairement des installations coûteuses, nécessitant une technologie avancée, un large investissement et des équipements spéciaux. Ce qui a probablement retardé l'initiation de programmes de préservation de la flore endémique et rare dans de nombreux pays, alors que l'établissement des banques de semences de plantes cultivées a démarré dans les années 60. En réalité, la banque de semences des plantes sauvages n'est ni chère, ni difficile à créer, spécialement en comparaison avec les banques de semences des plantes cultivées, plus élaborées et plus grandes. En effet, les espèces sauvages ont des graines beaucoup plus petites, aussi les échantillons à conserver sont de même plus petits et en nombre plus réduit, en général, car elles se réfèrent essentiellement aux espèces et sous-espèces, alors que le nombre des plantes cultivées peut atteindre plusieurs milliers en prenant en considération les nombreuses variétés, cultivars, génotypes, populations.

Aussi, emmagasiner des échantillons de graines de plantes endémiques nécessite beaucoup

moins d'espace et des installations nettement moins chères (Gomez-Campo, 1979). Par exemple, les graines de toute la flore endémique d'un pays (avec 200 plantes) peuvent être contenues dans un réfrigérateur domestique standard et la banque de semences des plantes endémiques ibériques et macaronésiennes comptant plus de 1000 échantillons, correspondant à environ 900 taxa différents, occupe seulement près de 2.5 m2 dans la chambre froide (Gomez-Campo, 1985).

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Le développement des banques de semences d'espèces endémiques peut être organisé de 3 façons différentes au moins :

comme une initiative individuelle d'un botaniste ou d'un groupe de botanistes travaillant étroitement avec les problèmes de conservation des plantes,

comme une partie d'un programme à grande échelle développé par des banques de semences de plantes cultivées existantes,

comme une évolution de la collection de graines disponibles dans les jardins botaniques. III. METHODOLOGIE A SUIVRE POUR LA CONSTITUTION D'UNE BANQUE DE SEMENCES La figure 1 résume les différentes opérations à réaliser. Nous envisagerons dans le détail les principales étapes de la constitution d'une banque de semences d'espèces végétales, telles qu’établies par le laboratoire du Pr. Gomez-Campo.

SEMENCES RECOLTEES DANS LEURS HABITATS NATURELS ↓

NETTOYAGE DES SEMENCES ↓

PRE-SECHAGE ↓

STOCKAGE DES ECHANTILLONS DANS DES CAPSULES DE VERRE

↓ ADDITION DU SILICA-GEL BLEU A CHAQUE CAPSULE

↓ SATURATION DE L'AIR EN DIOXYDE DE CARBONE

↓ FERMETURE (SCELLAGE) A LA FLAMME

↓ HERMETICITE TESTEE PAR IMMERSION DANS L'EAU PENDANT 24 H

↓ ETIQUETAGE

↓ ENTREPOSAGE EN CHAMBRE FROIDE A - 5 °C

ETUDES DE LA GERMINATION ET DE LA DORMANCE DISTRIBUTION POUR DES RECHERCHES CONSERVATION DE LONGUE DUREE

Fig. 1 - Schéma des opérations de constitution des banques de semences d'espèces végétales sauvages (Gomez-Campo, 1985)

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3.1. Collecte des graines

La collecte des graines des plantes rares et endémiques peut être entreprise de façon optimale par un botaniste qui envisage de préserver une partie substantielle de ces plantes, avec la coopération des botanistes locaux, et peut achever cette activité de collecte en seulement quelques saisons. La collaboration des botanistes locaux est un facteur important pour augmenter l'efficacité et réduire les coûts de la collecte des graines et pour l'ensemble du programme. Par la suite, il peut consacrer ses efforts à compléter la collection avec les cas difficiles ou pour augmenter la variabilité intraspécifique des taxa intéressants avec de nouvelles collectes à l'échelle des populations.

Les botanistes collecteurs doivent être informés sur tous les détails du projet et recevoir des instructions précises sur cette collecte des graines, devant comprendre en particulier un avertissement clair afin d'éviter toute menace pouvant mettre en danger certains taxa. Ce qui serait paradoxal quant l'intention réelle est exactement l'inverse. Des instructions sur la santé et la maturité des graines doivent être également comprises. La taille des échantillons ne peut être fixée par avance puisqu'elle est sujette à de nombreuses circonstances.

Les itinéraires pour la collecte doivent être minutieusement planifiés, en déterminant d'avance les régions qui abritent un maximum d'espèces intéressantes et le moment favorable pour la plupart d'entre elles d'être à maturité. On doit visiter non pas une seule, mais plusieurs localités, le plus souvent distantes, où les espèces sont connues pour être matures à cette époque. Economiquement, ceci peut être moins rentable surtout quand les espèces rares et difficiles à trouver sont recherchées. Il est recommandé, dans ce cas, de combiner la collecte des graines avec d'autres activités botaniques, comme la collecte de données écologiques ou démographiques sur les espèces rares.

Du point de vue pratique, au sein de chaque population, les graines doivent être prises sur autant d'individus différents qu'il est possible, afin de saisir un maximum de la diversité génétique intra-population. Une seconde et une troisième collecte d'autres populations géographiquement distantes, permet d'augmenter cette variabilité ; mais de telles collectes doivent être gardées séparément dans la banque de semences.

Les populations de plantes à partir desquelles les graines sont prélevées doivent être saines (parasites, maladies...) et à la bonne étape de maturité.

La collecte des graines pour la conservation dans une banque de semences montre un certain nombre de différences avec la pratique usuelle de collecte des spécimens pour un herbier :

d'une part, la collecte des graines doit être entreprise tard durant la saison de végétation. Certains taxa, les plus précoces, peuvent certainement être récoltés en avril ou mai, juste au moment où la collecte des spécimens d'herbier est à son maximum en région méditerranéenne. Selon Floret et al. (1989), 43.7 % des plantes méditerranéennes fleurissent en mai dans le sud de la France. Cependant, les meilleurs mois pour la collecte des graines sont juin-juillet dans les plaines et août à octobre ou même plus tard dans les montagnes. En tout cas, il faut collecter les graines au moment où elles mûrissent et avant qu'elles ne soient disséminées.

d'autre part, reconnaître les espèces rares quand leurs fruits sont à maturité peut être difficile pour les botanistes collecteurs qui sont plus habitués à voir les espèces en fleurs ou au début de leur fructification. Par conséquent, il est relativement fréquent que des échantillons non identifiés soient collectés et portent un numéro pour un contrôle a posteriori de leur identité

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botanique. Il est donc très important qu'un bon spécimen d'herbier de la plante elle-même, soit toujours récolté pour l'identification de chaque collection.

Cependant, quand la collecte de l'échantillon de graines et celle du spécimen d'herbier de la

plante sont réalisées simultanément, il est compréhensible que la qualité du spécimen est difficilement parfaite (absence de quelques caractères de la feuille ou de la fleur nécessaires pour la distinction avec les autres taxa étroitement apparentés). A ce propos, sur un total de 200 échantillons de graines de Crucifères, issus des collections de plusieurs jardins botaniques, Gomez-Campo (1985) signale un pourcentage élevé d'erreur (30 %) dans l'identification.

Si quelques endémiques peuvent être facilement et abondamment récoltées, d'autres beaucoup plus rares nécessitent certaines précautions, de sorte que la collecte des graines elle-même ne représente aucune menace pour la survie de tels taxons. Dans ce type de situation, des collectes partielles durant plusieurs saisons successives sont recommandées. Dans les cas extrêmes, où seul un nombre réduit d'individus vivants a été signalé, la multiplication végétative et la culture des tissus sont envisageables.

Pour une meilleure efficacité dans la collecte, différentes spécialisations sont possibles, comme par exemple, des territoires d'extension diverse, des groupes botaniques ou écologiques, etc. Pour le transport des graines collectées, les enveloppes de papier sont préférables aux sachets en plastiques, tels que le polyéthylène, car ils tendent à conserver l'humidité et des moisissures peuvent se développer plus tard quand les graines ne sont pas correctement séchées. 3.2. Méthodes et facteurs de conservation des semences à long terme

Actuellement, il est possible de préserver des semences viables durant de longues périodes en utilisant des méthodes relativement simples de conservation. Ce qui permet d'augmenter la durée de vie des semences et d'éviter de fastidieuses multiplications périodiques pour garder le matériel végétal vivant dans les jardins botaniques. 3.2.1. Les facteurs de conservation

Les trois facteurs qui montrent une influence positive sur la longévité des semences conservées sont: les basses températures, les basses humidités et les faibles teneurs en oxygène. Au lieu de garder leur aptitude à germer pour 5-25 ans ou plus, la plupart des semences, si elles sont correctement conservées dans des conditions de basse température et de faible humidité, peut rester viable durant des centaines d'années.

D'après Harrington (1972), les rôles relatifs à la température et à l'humidité se résument comme suit: - pour chaque 5 °C d'abaissement de la température à laquelle les graines sont stockées, leur

durée de vie double approximativement, - indépendamment de l'effet de la température, pour chaque diminution de 1 % de la teneur en

eau des graines, la durée de vie est également doublée.

D'après les travaux de Roberts & Ellis (1977), le doublement de la durée de vie serait en fait obtenu pour une diminution de la teneur en eau de 2.5 % ou pour un abaissement de température de 6 °C.

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Il apparaît surtout que les grandes longévités sont obtenues si de basses températures, de faibles humidités ou la combinaison judicieuse des deux sont utilisées. Par exemple, les semences d’Ulmus americana, qui meurent par déshydratation dans les conditions ordinaires, en moins d'un mois, peuvent être conservées pendant 15 ans à - 4 °C, si leur teneur en eau est seulement de 3 % (Barton, 1953 in Côme, 1982).

De sérieuses expériences à long terme pour déterminer l'influence des conditions de conservation des semences n'ont en fait commencé qu'au début de ce siècle et leurs conclusions sont valables pour une période de 70-80 ans (Gomez-Campo, 1985). Quant à l'effet de la réduction de l'oxygène de l'air (où les semences sont stockées), il est admis que l'utilisation de conditions anaérobiques peut être bénéfique. Néanmoins, il existe certaines limitations quant à l'utilisation des faibles températures et humidités.

la dessiccation des graines au-dessous de 2 % de teneur en eau est techniquement difficile et aussi biologiquement dangereuse, puisque des dommages irréversibles peuvent être causés aux graines. Pratiquement, les valeurs minimales sont de l'ordre de 3 % pour les graines oléagineuses et 4-5 % pour les autres types de graines. Soulignons que les graines mûres contiennent, en général, très peu d'eau, pas plus de 10 à 15 % (Gorenflot, 1983 ; Côme, 1982).

les températures minimales pouvant être atteintes sont toujours en relation avec la teneur en eau des graines, afin d'éviter les dommages causés par le froid. En effet, les graines humides peuvent être rapidement détruites par le froid, si elles sont conservées à seulement - 2 °C (Gomez-Campo, 1985). La résistance des graines aux faibles températures est d'autant plus grande que leur dessiccation est plus poussée. C'est ainsi que des graines soumises à une dessiccation artificielle ont résisté à une température de - 190 °C (Gorenflot, 1983). En effet, dans leur état de déshydratation naturel, les graines ne souffrent pas d'un séjour prolongé dans l'azote liquide à - 196 °C (Becquerel, 1907 in Côme, 1982). On peut même envisager la congélation rapide par immersion dans l'azote liquide, à n'importe quelle teneur en eau, mais le succès de ce procédé est fonction aussi de l'usage de substances cryoprotectives.

3.2.2. Les méthodes de conservation

En pratique, la déshydratation des graines peut être facilement obtenue dans une atmosphère sèche, un local de séchage, par la chaleur solaire ou artificielle ou en utilisant des déshydratants chimiques, comme le chlorure de calcium (CaCl2) ou le silica-gel, une substance qui peut réduire leur humidité à moins de 3 %. Celle-ci contient du cobalt de couleur bleue virant au rose quand il absorbe de l'humidité.

La chaleur doit être utilisée correctement car une température élevée pourrait endommager les graines. Les méthodes chimiques ont par contre plusieurs avantages. Les déshydratants absorbent l'humidité de l'air et les semences réduisent leur propre teneur en eau jusqu'à 3-5 % pour l'équilibrer avec l'atmosphère sèche, après quelques jours seulement. Une bonne méthode consiste à stocker temporairement les graines collectées avec du silica-gel, en attendant leur transfert vers des conteneurs permanents. Ce déshydratant peut être aussi déposé à l'intérieur du conteneur permanent, son action est alors assurée pour une longue période de temps.

Il est aussi recommandé de laisser s'écouler une période de plusieurs semaines ou mois, entre la date de la collecte et celle du stockage permanent, afin d'éviter une éventuelle dormance post-récolte. Les graines ainsi desséchées peuvent être stockées à la température ambiante d'une chambre dans un conteneur hermétique. Cependant, le stockage à basse température dans un réfrigérateur domestique permet de multiplier la durée de vie de la plupart des graines par un facteur de 15 à 30 fois (Gomez-Campo, 1987).

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Un réfrigérateur domestique peut emmagasiner quelques centaines d'échantillons, si un maximum de son volume est occupé; mais quand des fonds sont disponibles, on peut acquérir un congélateur plus grand. 3.3. Mise en conteneur et stockage en anaérobiose

Il est utile d'insister sur l'importance de la fermeture hermétique des conteneurs qui seront utilisés pour le stockage permanent des graines. Ces conteneurs sont de nature diverse : - capsules de verre scellées à la flamme (ampoules), - petites bouteilles de verre à capsule vissée, - boîtes en métal hermétiques (mais les graines peuvent y être endommagées par les vapeurs

de métal à long terme), - pots en complexe aluminium-plastique, qui doivent être correctement imperméables à l'eau

et à l'oxygène. Le choix du conteneur dépend de la valeur du matériel à préserver, de son coût et des objectifs

poursuivis. Pour des plantes endémiques de grande valeur, à conserver sur de longues périodes, les capsules de verre scellées sont de loin le système le plus sûr et sont donc vivement recommandées. Un peu de silica-gel sera déposé à l'intérieur, mais pour éviter son mélange avec les graines, il faut les séparer avec du coton perméable ou un morceau de papier. Les capsules sont ensuite hermétiquement closes à la flamme à l'aide d'une pince à sceller. Il faut que l'étanchéité du système vis-à-vis de l'oxygène de l'air extérieur soit parfaite. L'anaérobiose est obtenue, soit par mise sous vide, soit par saturation de l'air du récipient par du dioxyde de carbone (ou de l'azote). IV. TESTS DE GERMINATION

La raison essentielle pour laquelle il convient de conduire des tests de germination sur les semences collectées, avant qu'elles soient placées en stockage permanent, est de savoir si elles présentent un quelconque problème de dormance (d'origine tégumentaire ou embryonnaire). Pour obtenir ce genre d'information, on peut réaliser la série de tests proposée par Thompson & Brown (1972) (fig. 2).

1. TEST STANDARD ⏐____________________ ⏐ ⏐ < 75 % > 75 % à stocker ⏐ 2. Refroidissement à 2 °C ⏐____________________ ⏐ ⏐ < 75 % > 75 % à stocker ⏐ 3. Températures fluctuantes (26 / 11 ; 21 / 6 °C) ⏐____________________ ⏐ ⏐ < 75 % > 75 % à stocker ⏐ 4. Traitement à la gibbérelline ⏐____________________ ⏐ ⏐ < 75 % > 75 % à stocker ⏐ 5. Tests spéciaux au laboratoire

Fig. 2 - Série de tests de germination des graines* avant leur stockage permanent (Thompson & Brown, 1972) (*dans le cas des graines à téguments durs, il faut les scarifier avant le test standard)

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Les graines dormantes sont parfaitement viables, mais elles sont affectées par certains facteurs inhibiteurs qui empêchent la germination, même quand elles sont placées dans des conditions adéquates de température, d'humidité et d'oxygène (test standard).

Fort heureusement, environ 15 % seulement des plantes endémiques de la région

méditerranéenne présente de sérieux problèmes de dormance (Ayerbe & Ceresuela, 1981). Les exemples les plus fréquents se réfèrent à des graines à téguments durs (Légumineuses) ou aux plantes de montagne.

Dans le cas des graines à téguments durs (dont la dormance est d'origine tégumentaire), une scarification mécanique ou un traitement chimique avec de l'acide sulfurique peuvent être suffisants pour faciliter la levée de dormance (Gomez-Campo, 1985). L'immersion des semences dans l'azote liquide est également un procédé très efficace car la différence de température qu'elles subissent lors du trempage et au moment de leur retour à l'air provoque de fines craquelures dans les enveloppes qui deviennent alors perméables à l'eau (Côme, 1982).

Dans le cas des graines de plantes de montagne, qui sont naturellement sujettes à une saison froide, un traitement par le froid est nécessaire. La dormance embryonnaire s'élimine habituellement par stratification, en plaçant les semences dans un milieu humide, à des températures basses mais positives. Il est important de noter que le froid doit être appliqué aux graines imbibées. Un traitement de un ou quelques mois à une température de l'ordre de 5 °C suffit dans la plupart des cas (Côme, 1982). Selon Gomez-Campo (1985), 2 à 4 semaines de stockage à 1-3 °C est habituellement suffisant pour obtenir des effets satisfaisants. En effet, il existe une relation étroite entre la température et la durée du traitement à appliquer pour lever la dormance embryonnaire. Ce traitement doit être d'autant plus prolongé que la température est plus élevée. D'une façon plus générale, si la germination des semences des espèces des climats tempérés à des températures fraîches est un phénomène général (Côme, 1982), celles des plantes méditerranéennes tendent également à germer à des températures relativement faibles (Gomez-Campo, 1985).

De nombreuses graines dormantes arrivent facilement à germer, si elles sont traitées avec une dose suffisante (1000 à 2000 ppm) d'acide gibbérellique, qui est un excellent neutraliseur d'une éventuelle action de substances inhibitrices (Duran & Retamal, 1983).

Les espèces qui restent sans germer en ayant subit toute la série de tests (refroidissement, stratification, traitements chimiques) sont non viables ou ont un mécanisme obscur de dormance. Normalement, si les graines ont été collectées de populations sauvages matures et en bonne santé, elles devraient être viables dans la majorité des cas. Les graines non viables peuvent être parfois détectées à l'aide de tests de viabilité, tels que celui des sels de tetrazolium ou les rayons x (Côme, 1982).

Le test au tetrazolium, largement employé pour déterminer la viabilité des semences, est basé sur la réduction des sels de tetrazolium et la formation de formazan rouge par les déshydrogénasses des embryons imbibés. Seules les parties vivantes se colorent intensément.

L’analyse aux rayons x, également utilisée pour déterminer la viabilité des semences, est basée sur l'imprégnation des téguments et des tissus par une solution de chlorure de baryum suivie d'une radiographie. Elle présente l'avantage de mettre en évidence les parties mortes, imprégnées par le chlorure de baryum qui sont plus contrastées que les parties vivantes non imprégnées.

Une fois la méthode pour lever la dormance connue, le matériel végétal peut être traité correctement avant d'être placé en stockage permanent.

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V. PERSPECTIVES

Alors que l'établissement des banques de semences de plantes cultivées a démarré dans les années 60 et qu'un large réseau a été, depuis lors, régulièrement développé à travers le monde, sous l'égide de l' I.B.P.G.R. (International Board for Plant Genetic Resources) / F.A.O., l'application des mêmes techniques, avec un apport financier moindre, aux plantes sauvages est seulement à ses débuts. Les premières banques de ce genre ont été élaborées par le professeur Gomez-Campo de l'Université Polytechnique de Madrid et par le staff du professeur Thompson du Royal Botanic Gardens à Wakehurst en U.K., et existent depuis plus de 20 ans. Les banques de semences des jardins botaniques de Copenhague, Las Palmas et Cordoba sont beaucoup plus récentes. Le laboratoire du Pr. Gomez-Campo a, depuis 1981 avec le projet Artemis, étendu sa banque de semences des plantes endémiques ibériques et macaronésiennes à celles de toute la région méditerranéenne, sous les auspices d'O.P.T.I.M.A. (Organization for the Phyto-taxonomic Investigation of the Mediterranean Area), avec une collaboration attendue des botanistes de tous les pays méditerranéens.

Un double de chaque échantillon collecté est nécessairement conservé dans le pays d'origine. Cette stratégie a été planifiée pour stimuler l'établissement d'un réseau de banques de semences à travers la région méditerranéenne.

Comme l'a recommandé à plusieurs reprises l'OPTIMA, l'établissement d'un réseau de banques de semences de plantes rares et endémiques en Algérie, identique à celui qui existe en Espagne, est plus que souhaitable. Ce réseau peut être entrepris avec une collaboration étroite des botanistes universitaires et des structures de recherches ou administratives, telles que l'A.N.N., l'I.N.R.F., le jardin botanique de l'Université d'Alger, etc. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES AYERBE L. & CERESUELA J.L., 1982 - Germinacion de especias endemicas. Anales Inst. Nac.Invest. Agrarias, Madrid, 6, 2-41. AYMONIN G., 1980 - Stratégies pour la sauvegarde des espèces végétales : quelques aspects récents. Bull. Soc. Et. Sci. Nat., N.S., 7 (48), 24-37. COME D., 1982 - Les semences, organes de survie. In « Conservation et stockage des graines et des grains et produits dérivés ». Tec. & Doc., Lavoisier ed., Paris, Vol. 4, 233-253. DURAN J.M. & RETAMAL N., 1983 - Efectos del acido giberélico en la germinacion de semillas de mostaza silvestre (Sinapis arvensis L.). Anales Inst. Nac. Invest. Agrarias, 24, 11-54. FLORET Ch., GALAN M.J., LE FLOC'H E., LEPRINCE F. & ROMANE F., 1989 - 2.1. France. In Orshan G. (ed.), “Plant Phenomorphological Studies in Mediterranean Type Ecosystems”, Kluwer Academic Publ., Dordrecht, 9-97. GOMEZ-CAMPO C., 1979 - The role of seed banks in the conservation of mediterranean flora. Webbia, 34 (1), 101-107. GOMEZ-CAMPO C., 1985 - Seed banks as an emergency conservation strategy. In Gomez-Campo C. (ed.), “Plant conservation in the mediterranean area”. Dr. W. Junk Publ., Dordrecht, 237-247. GOMEZ-CAMPO C., 1987 - A strategy for seed banking in botanic gardens: some policy considerations. In “Botanic Gardens and the World Conservation Strategy”. Academic Press Inc., London, 151-160. GORENFLOT R., 1983 - Biologie végétale. Plantes supérieures. 2. Appareil reproducteur. Masson ed., Paris, 240 p. HARRINGTON J.F., 1972 - Seed storage and longevity. In Koslowski T.T. (ed.), “Seed Biology”, Academic Press, New York-London, Vol. 3, 145-245. Mc MILLAN BROWSE Ph., 1981 - La multiplication des plantes. Encyclopédie du jardinage. Fernand Nathan ed., Paris, 195 p. ROBERTS E.H. & ELLIS R.H., 1977 - Prediction of seed longevity at sub-zero temperatures and genetic resources conservation. Nature, 268, 431-432. THOMPSON P.A. & BROWN G.E., 1972 - The seed unit at the Royal Botanic Gardens, Kew. Kew Bulletin, 26, 445-456.

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Les Micro et Nano Technologies

au menu d’une conférence d’envergure Internationale pendant cinq jours à

l’auditorium de l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou

du 19 au 23 novembre 2006 Une Conférence internationale sur les Micro et Nanotechnologies a été organisée

conjointement par l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou ainsi que l’ICTP, Centre International de Physique Théorique de l’UNESCO AIEA, Trieste Italie et l’Institut de Microélectronique et Photonique CNRS de Grenoble France. Cette manifestation d’envergure mondiale se voulait un forum d’échanges d’informations entre les chercheurs du Nord et du Sud. Cette conférence a été initiée, selon le professeur Arezki Benfdhila, avec la collaboration le Directeur de l’IMEP, le Directeur de Recherche Francis BALESTRA secondé par le Dr Gérard GHIBAUDO et concrétisé par l’intervention du Directeur de l’ICTP le Professeur Kattepali SREENIVASAN qui a mis tout les moyens nécessaires pour la réussite de la Conférence ainsi que du Dr Surya RAGHU (Maryland USA). Une conférence sur les Micro et Nanotechnologies apporte à l’Algérie beaucoup en matière de transfert et de maîtrise des nouvelles technologies telles que la communication, la biotechnologie, biomédicale, traitement des eaux, énergie solaire…etc.

L’Algérie s’inscrit, comme tous les pays qui aspirent à la modernité, dans une optique mondiale de développement et de consommation de produits technologiques. Si les dernières décennies sont marquées par le développement des microtechnologies caractérisé par «l’électronisation» des systèmes de vie quotidienne (services et équipements), des moyens de communication (téléphonie, satellite) et de locomotion (véhicule, avion…), le monde actuel est passé à la Nanotechnologie par l’utilisation des nanostructures et nanomatériaux dans différents domaines tels l’électronique, médecine, biotechnologie, communication et services. C’est là que beaucoup reste à faire.

Cette conférence, inaugurée par Monsieur le Recteur de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou en présence du Représentant de Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de son Excellence l’Ambassadeur de la République d’Italie ainsi que du Directeur Général Adjoint de l’ICTP, a regroupé 190 chercheurs et experts dont 58 Etrangers venus des quatre continents et d’une trentaine de pays et 50 participants de l’université Mouloud Mammeri.

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Tous les moyens de l’université ont été mobilisés pour faire réussir l’événement. Il est important de rappeler qu’une mobilisation exemplaire du personnel de l’université notamment la faculté de génie Electrique et Informatique, le Vice rectorat chargé des relations extérieures et les Moyens généraux a été fortement remarquée par tous les invités. La conférence a traité des thèmes les plus récents et avancés sur les développements des technologies avancées dans différents domaines de recherche pointus en Microelectronique et en Nanotechnologie. Quinze experts internationaux (USA, UK, Hollande, France, Italie, Inde, Iran…) ont animé cette conférence. La première journée a été caractérisée par un ensemble de conférences de très haut niveau portant sur les récents progrès dans les domaines visés ainsi que la présentation des différents Laboratoires et Instituts partenaires (USA, UK, France Hollande et Italie). Durant les trois journées suivantes les conférenciers et experts se sont repartis en trois ateliers selon leurs compétences, à savoir Microfluidic, Microélectronique et Nanomatériaux. L’atelier Microfluidic s’est étalé jusqu’au quatrième jour pour donner un nombre de conférences suffisant utiles à la formation des chercheurs présents. Pendant ces journées, une table ronde a été organisée sur les moyens à mettre en œuvre pour élargir la coopération internationale entre les différents continents. Le texte final qui sera édité à l’ICTP sera communiqué aux autorités Algériennes et à l’UNESCO en vue de l’élargir pour servir de moyen de communication entre les pays en voie de développement et les pays développés. Une autre table ronde spécial femmes chercheurs a été organisée et animée par Dr. R. Luttege, (Allemagne). Un rapport détaillé sur la femme dans la recherche est remis à l’ICTP et à TWAS. Enfin, lors de la cérémonie de clôture, un arbre a été planté à l’entrée de l’Auditorium de l’Université par le doyen de la conférence en l’occurrence le Président de l’Académie des Sciences de Prague République Tchèque en présence de tous les participants et des autorités de l’Université. Ce geste très symbolique signifiait la nécessité d’une collaboration étroite et efficace entre les scientifiques du monde entier. Selon le professeur Benfdhila, le recueil de Résumés et toutes les informations relatives à la l’ICMNT06 sont disponibles sur le site de l’UMMTO (www.ummto.dz) rubrique Conférences 2006 Quant aux proceedings, ils seront publiés dans des journaux de renommée établie après lecture et expertise des articles. Une bonne partie de ces articles sera publiée dans la revue African Physical Review (APR) de l’ICTP comme numéro spécial. Il est utile de préciser la présence de beaucoup d’étrangers à cette conférence dont 54 ont visité pour la première fois l’Algérie et 45 se sont rendu dans un pays Africain pour la première fois. Cette conférence qui est assurément une grande réussite doit donner l’exemple à nos chercheurs qui peuvent aider à une plus grande ouverture salutaire de notre université.

La cellule de Communication

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BOOKER T WASHINGTON’S UP FROM SLAVERY : ITS SOURCES

OF PHILOSOPHY

Riche Sabrina, Department of English, Mouloud Mammeri University/Tizi-ouzou

his arcticle purports to show some of the possible sources of philosophy behind the writing of

Booker T. Washington’s Up From Slavery (1901) . Its aim is to suggest new ways of reading this African-American classic, often reduced to a mere sociological document on black accommodation with the powers that be in the Post-bellum South.

First a few words about Booker T. Washington. Booker T. Washington was born Booker

Taliaferro, a slave , in rural Virginia. As he indicated in his autobiography Up From Slavery, he was not sure as to the exact date of his birth, which he situated around 1858 or 1859. His mother, Jane, was the plantation's cook and his father was a white man whose identity he never knew. "Of my ancestry I know almost nothing" , Washington writes in his autobiography. It is with this sentence that he had begun the short paragraph that he had devoted to the history of his maternal and paternal families. If Washington's family history did not extend beyond a short paragraph, it is because he "has been unsuccessful in securing any information that would throw any accurate light upon the history of my family beyond my mother". Washington explained the dearth of genealogical information by the fact hat the "slave family attracted about as much information as the purchase of a new horse or a cow" (29)

The rest of Washington’s autobiography turns, therefore, around his own experiences both

before and after the Civil War. During his boyhood, Washington worked as a servant in the plantation house until he was liberated by Union troops near the end of the Civil War. He recalled that a "stranger", whom he presumed to be a United States officer came to the plantation and read to the slaves "a rather long paper - the Emancipation Proclamation" and told them after the reading that they were all free.

After the war, Washington's family moved to Malden, West Virginia, where they joined

Washington Ferguson, also a former slave, whom Jane had married during the war. To help support his family Washington worked first in a salt furnace, then in a coal mine, and later as a house-boy in the home of Gen. Lewis Ruffner, owner of the mines. Here he came under the influence of Viola Ruffner, the general's wife, who in spite of her severity grew to admire her for the principles of cleanliness, order, diligence in work, frankness and honesty.

It was in Malden that Washington "found (himself) at school for the first time". (46) Washington recounted in moving terms how he overcame the opposition from his step-father by continuing to work in the mines and then at Gen.Ruffner's home while attending a school for blacks. At school he gave himself the name of Washington. In this regards, he wrote that "from the time when I could remember anything, I had been called simply "Booker". Before going to school it had never occurred to me that it was needful or appropriate to have an additional name. When I heard the school-roll called (...) By the time the occasion came for the enrolling of my name, an idea occurred to me which I thought would make me equal to the situation; and so, when the teacher asked me what my full name was, I calmly told him "Booker Washington", as I had been called by that name all my life". (47)

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Washington's resolution to be an educated man was such that in 1872, he left Malden, travelling a distance of about five hundred miles on foot, sleeping under sidewalks for days, to join Virginia's Hampton Institute, a normal school for blacks. The latter opened its doors in 1868 with the financial support of Northern philanthropists and religious groups. Its first principal was Gen. Samuel Chapman Armstrong, who was a son of missionaries to Hawaii and a commander of black Union troops during the Civil War. Armstrong founded the school on an educational philosophy that emphasised the cultivation of practical skills, character building, and a strong work ethic.

Washington reached Hampton Institute dirty and penniless, a state that made him suspicious in the eyes of the head teacher at that time, Mary F. Mackie, who had admitted him to a class only after he had proved his worth by sweeping the recitation room. Washington concluded his reminiscences about this episode in Hampton's Institute by telling the reader that when "she ( Mary F. Mackie) was unable to find one bit of dirt on the floor, or a particle of dust on any of the furniture, she quietly remarked, "I guess you will do to enter this institution". (57) This experience also won him a position as a janitor, where he worked out the cost of his board. With the support of Armstrong, Washington ended securing the sponsorship of a philanthropist who paid his tuition.

When Washington had graduated in 1875, he returned to West Virginia to teach, fully steeped in Armstrong's philosophy. Three years later he attended Wayland Seminary in Washington D.C., It is during his sojourn there that he became fully convinced of the rightness of the Hampton Idea. He had had the opportunity to compare the conventional type of education based on training in liberal arts that Wayland Seminary offered with that of Hampton Institute based on industrial training. He realised that unlike the latter, the former made blacks shy away from manual labour and turn away from their kith and kin in the South.

However, Washington's stay in Wayland Seminary was not a complete waste of time. It allowed him to return to Hampton as a teacher in charge of Indian students in a night-school. It also drew him closer to Armstrong, who did not hesitate to suggest his protege when he had received a "letter from some gentlemen in Alabama asking him to recommend some one to take charge of what was to be a normal school for the coloured people in the little town of Tuskegee in that state". The date was May, 1881, and Washington recognised that this date constituted a watershed in both his professional and life careers. Armstrong's decision to recommend Washington to head Tuskegee institute paved the way for Washington to position himself as one of the uncontested leaders and spokesmen of his people till his death from overwork in 1915. The prestige of the man grew in parallel with the prestige that Tuskegee Institute achieved in the America of the post-Reconstruction period. His fame grew to such an extent that he was called by some critics as the "builder of a civilisation".

Up From Slavery, the book in which Washington had consigned the essentials of this philosophy has achieved the status of a classic in black American literature. It has hitherto been translated into more than eighteen languages including Arabic. (Cf. Guerlac Othon,1964:10) The Washington idea of a southern civilisation developed in Up From Slavery has never ceased attracting the attention of critics ever since its publication in 1901. Washington's contemporary fellow black American thinker William Edward Burghardt Dubois remains one of the most representative critics of Washington's idea of a southern civilisation. genius." (Dubois, 1973: 214-15)

In Up From Slavery, Washington related how he found that the white community in

Tuskegee was hostile to the idea of a school for blacks. He went on to explain how he reconciled it to the same idea by showing that the education that his school would offer was practical, and that

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therefore it was in the interest of both the white as well as the black community. It has already been advanced above that Washington's practical aspects of Washington's philosophy of education owes much to his own conviction in the rightness of the Hampton Idea. However, it is appropriate to the point out here that it is also a question of expediency.

In American Slavery , Peter Colchin develops the idea that the central problem in the

America of the post Civil War period is that people across the racial line had "different understandings of freedom". (1993:228) He developed a whole chapter devoted to "The End of Slavery" to show how everywhere the freedmen resisted dependent relations that reminded them of their previous bondage. For many the way out of this former bondage consisted mainly in not being ordered around, in seceding from white churches, in building separate schools staffed with black teachers, and in voting differently from the white Southern people. According to Colchin this de facto racial separation "presaged the Jim Crow system that would make its appearance a generation later” and that culminated at the federal level with the “separate but equal” doctrine set forth in Plessy v.Ferguson.

The Plessy v.Ferguson is an 1896 United States Supreme Court case that reconciled the equal protection clause of the Fourteenth Amendment with the system of state-imposed racial segregation that had started as early as 1870 when Tennessee had enacted the first Jim Crow law forbidding intermarriage of the races. Plessy was a thirty-year old shoemaker who broke one of the Jim Crow laws by refusing to leave his seat on a New Orleans train in 1892. This transgression of racial law triggered a case that reached the Supreme Court. Its decision upheld the right of the states to establish racial segregation in public accommodations if they guaranteed equal protection to all citizens. It would take the Supreme Court more than 50 years to reverse this decision in Brown v. Board of Education (1954), and to overturn racial segregation in public accommodations. As the title of his book Up from Slavery indicates clearly, Washington did not try to escape dealing with the issue of freedom that characterised his age. Furthermore, his understanding of freedom fell in line with the "separate but equal" doctrine that he espoused publicly in his "Atlanta Address" of 1895 included in Up From Slavery. In this address, he affirmed in front of representatives of both races that "in all things that are purely social we can be as separate as the five fingers, yet one as the hand in all things essential to mutual progress". (148) It follows that Washington's understanding of freedom did not depart from the major understanding that people of both races in the South had of it.

However, Washington's understanding of freedom poses a problem for the reader. His support of freedom actualised on "a separate but equal" doctrine of life cannot be explained away easily because Washington boasted of a very solid background of knowledge. It has to be recalled that he was the first black man to be honoured with an MA degree in his age. His adoption of a notion of freedom so close to the one that prevailed in his time could by no means be understood solely in terms of the influence of the public opinion that he had himself contributed to shape. The "enabling conditions" for his understanding of freedom have, therefore, to be sought out on the grounds of Philosophy wherein freedom stands out as the dominant theme of discussion.

My hypothesis here is that if Washington had acquiesced to an understanding of freedom that sanctioned the "separate but equal" doctrine it is because he had found a legitimacy for it in Philosophy. This philosophy is basically Hegelian. The rapprochement between Washington and Hegel that the hypothesis makes finds some pertinence in the following extensive note from Dudley Knowles, one of the best contemporary critics of Hegel:

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Revue Campus N°5 85

Hegel espouses a doctrine of separate but equal roles. Difference need not compromise ethical standing. I use the terminology of 'separate but equal doctrine' deliberately because we have heard it before,notoriously in defence of unjust and discriminat practices in the United States prior to the Civil Rights legislation and the reforming Supreme Court decisions of the late 1950s and 1960s. I use the terms pejoratively because at the end of the day, I judge that Hegel was not true to the demands for mutual recognition so strikingly and so eloquently in his earlier work. But this is to prejudge the issues. We still have to see what mutual recognition entails in AbstractRight. (Knowles Dudley 2002:106)(Emphasis mine)

The above quote makes it clear that Washington's philosophy might well have had one of its

inspirations in Hegel's philosophy since both authors had developed notions of freedom that accommodated themselves with "separate but equal" doctrines of life.

The idea that Washington might have found in the person of Hegel a fellow philosophical spirit to solve the issue of freedom in post-Reconstruction America is not as farfetched as it might look at first sight. There are elements in the contexts wherein the two thinkers had developed their philosophies that could help explain the parallel between them. One of the elements is Colchin's comparison of the post-Reconstruction South to Post-Napoleon Germany and Prussia. In this regard, Colchin writes that

the overwhelming majority of blacks continued to work for whites as agricultural laborers , and a substantial degree of coercion continued to characterize relations between planters and laborers; indeed scholars such as Jonathan Wiener have maintained that planter dominance of society remained so great that the South should be seen as deviating from the mainstream of American development and following a distinctive "Prussian road" to capitalism instead.(Colchin Peter, 1993:224) (Emphasis mine)

The parallel drawn between Post-Napoleonic Prussia and the Post-Reconstruction South

sustains the hypothesis made above because it is within similar contexts of disenfranchisement that Hegel and Washington wrote respectively The Philosophy of Right and Up From Slavery.

The comparison that Colchin has made between the South and Prussia can be strengthened further as follows. In Prussia, serfdom, i.e., slavery was abolished only after defeat by Napoleon in 1803. Similarly, slaves in the South were delivered from their bondage by Abraham Lincoln's military men with the Emancipation Proclamation in 1863. In both cases emancipation was imposed on recalcitrant big conservative landholders from the outside. The Napoleonic era in Prussia was similar to the Reconstruction era in the South in the sense that both had been set on the track of reform.

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Revue Campus N°5 86

In both Prussia and the South ancient privileges were swept away in the service of administrative and economic efficiency. In Prussia just as in the South, new constitutions were adopted which were more respectful to the rights of the citizens. Following the retreat of the Union Army from the South in the United States in 1877 and that of Napoleon from Prussia after his final defeat in 1815, the programmes of reform engaged in both countries slowed down before the old particular interests of ancient regimes were finally re-established.

However, the most important point in the comparison of Prussia and the American South in

relation to this research is the way schools in both countries were looked at. In both countries, the schools/universities were viewed as crucial sites of instability. The following words by J.K.Vardaman, a Mississippi Representative, illustrate well the reactions of the white people in the post-Reconstruction South towards the education of the black people: " What the North is sending South is not money but dynamite; this education is ruining our Negroes. They are demanding equality." (Quoted in Franklin John Hope, 1988:246)

The same view was held about education in Prussia after March 1819 when a radical student, Karl Sand, assassinated the reactionary playwright August von Kotzebue. That Sand was a student, that "Jacobin" students were organising their subversive entities in Burschenschaften (student societies in German) drew the attention of the political authorities on the universities and schools as the sources of political turmoil. There followed very swiftly the Carsbad decrees of 1819, inspired by Metternich and agreed upon by the King of Prussia, that struck directly at the universities considered as the sources of subversion. Among other things, they provided for the dismissal of teachers involved in subversive activities. It is safe to advance the idea that faced with the same state repression Washington could only followed the lead of Hegel in toning down his statements about the relation between freedom and the state in the post-Reconstruction South. Washington and Hegel were teachers, and as such their jobs were at stake if they did not nuance their positions on the burning political issue of freedom. Whether this nuance assumes the form of ambiguous statement as in Washington's Up From Slavery or the technical jargon of philosophy as in Hegel's The Philosophy of Right , critics have made short shrift of it. Many readers of The Philosophy of Right , writes Dudley Knowles, "denounce it as a reactionary tract, serving the private ends of its author and the public policy of a reactionary". (Knowles Dudley, 2002:8-9) Up From Slavery was condemned in nearly the same terms by critics like Trotter and Dubois at the time of its publication in 1901.

In his review of the spread of Hegelianism in the nineteenth century, Knowles writes that

"Neither empiricist Britain nor robust, pragmatist America have been immune to the tides of Hegelianism". (Ibid., 21). It has been suggested above that Washington could not have remained immune to the tides of Hegelianism because of their similar concerns with freedom.However,Washington was open to more than one influence because while the Hegelian tides were washing over the American Atlantic shores, there occurred the high tides of social Darwinism. Indeed, the latter were so high that, according to Hofstadter, the United States "during the last three decades of the nineteenth and at the beginning of the twentieth century was the Darwinian country". (Hofstadter Richard, 1992: 4-5)(Emphasis mine) Hofstadter's qualification of the America of the second half of the nineteenth and the opening years of the twentieth century as the land wherein Darwinism reigned supreme finds confirmation in Henry Adams's autobiography The Education of Henry Adams.(1918)

Adams, in a chapter of the above mentioned autobiography, entitled "Darwinism (1867-

1868), wrote that "For the young men whose lives were cast in the generation between 1867 and

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Revue Campus N°5 87

1900, Law should be Evolution from lower to higher, aggregation of the atom in the mass, concentration of multiplicity in unity, compulsion of anarchy in order; and he would force himself to follow where it led..."(Adams Henry, 1918: 232). It has to be remarked that Adams was Washington's contemporary and that even though his autobiography was published posthumously in 1918, he had finished writing it in 1901, i.e., the year Washington published his Up From Slavery. It follows that Adams's statement that "Law should be Evolution" could well have been written by Washington himself.

However, according to John T. McCartney, Washington did not seem to have resisted the pull of the Darwinian high tides that had swept over the America of his time. He writes that Washingon's " educational philosophy, his social and political thought has social Darwinist Roots". ( McCartney John T. 1992:60) Even though McCartney's insight into Washington's social and political thought is valid in the light of what has already been said about the centrality of social Darwinism in the American thought of the period. Yet, like all critics of Washington, McCartney has not pushed further his analysis of the Darwinian dimension of Washington's thought. Less than one page is devoted to it because as usual with critics of Washington he has let the shadow of DuBois to fall over the object of his study Up From Slavery. It is one of the purposes of this research to develop further McCartney's insight about the Darwinian dimension of Washington's work.

Hitherto two thinkers have been suggested as sources of Washington's thought : Hegel and Darwin. Two others can be added to the list: Thomas Hughes and Samuel Smiles. If Smiles and Hughes are considered as possible sources of Washington thought it is because it is one of the common consents in Washington's criticism that Up from Slavery is a success story defending the idea of self-help. For example, John Hope Franklin wrote in his introduction to The Three Negro Classics that "it (Up From Slavery) is a great success story, the kind that appealed to millions of Americans. The fact that its subject was a Negro increased its appeal, and his almost unbecoming modesty won Washington and Tuskegee many new friends"/ (Franklin John Hope, 1965:XVIII)

That Smiles and Hughes are among the possible inspirations of Up From Slavery can be

explained by the fact that the former, just like Washington, is one of the major proponents of the philosophy of self-help. He was the author of a book bearing the name of this philosophy As concerns Hughes, he was the famous writer of Tom Brown's School Days,which like Washington's autobiography recounts the success of a school boy in his studies. The similarity between these two success stories rests on other evidence like the importance that each of the authors accord to their mentors: Gen. Armstrong for Washington and Arnold for Hughes. In both works, education is associated with the building of Christian, gentlemanly character.

Moreover this extensive quote from Asa Briggs'Victorian People: A Reassessment of Persons and Themes 1851-67 brings extra-textual evidence as a possible literary and intellectual kinship between Washington and Hughes. Briggs writes

The passing of the Reform Bill of 1867 had created a new world in which Hughes had a minor part to play. (...)And so he turned back from the greater community to the smaller, and pitched his hopes in a pioneer community in the great new world overseas.He planned a settlement in Tennessee, where grown-up Tom Browns could prove that they were no anachronisms and could work with their hands to create a new society. (Briggs Asa, 1990: 173-74)

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Revue Campus N°5 88

It is assumed here that Washington could not have remained ignorant of neither Hughes's book nor of his project of establishing a community based on manual labour. All in all, then, it can be surmised that Washington is like a swimmer on the high tides of Hegelianism and social Darwinism that hit the America of the late nineteenth century and of the early twentieth century, buoyed up by the philosophy of Smiles's self-help and Hughes's philosophy of education. Cited works Briggs Asa, Victorian People : A Re-assessment of Persons and Themes, London : Penguin, 1990. Franklin John Hope, From Slavery to Freedom, New York : Vintage,1969. Hegel Georg Wilhem Friedrich, Phenomenology of the Spirit (1807) trans. A.V. Miller, Oxford : Clarendon Press, 1979. Hegel Geog Wilhem Friedrich, Philosophy of Right, trans.T.M. Knock, Oxford : Clarendon Press, 1952. Hofstastadter Richard, Social Darwinism in American Thought, Boston : Beacon Press, 1992. Kolchin Peter, American Slavery, London : Penguin, 1993. Knowles Dudley, Hegel and the Philosophy of Right, London : Routledge, 2002. Washington Booker, Up From Slavery, (1901) in Three Negro Classics, New York : Avon, 1973.

Page 90: SOMMAIRE - UMMTO

قراءة نقدية في كتاب

.م1954 سنة ىتاريخ مدينة تيزي وزو منذ نشأتها حت

صالح بلعـيـــد: الأستاذ الدكتور

:كتاب علمت من المجلس الأعلى للغة العربية أن :المقدمة

عثمان -د: راج الكتاب كل منوساهم في إخ. ليموسى زمو :قد تمت ترجمة إلى العربية من الأستاذ , محمد الصغير فرجخ للمؤر

وتمكنت من , على النسخة المترجمةأسعي للحصول مما جعلني ,النبأ العظيم وسعدت بهذا .ومحمد الطاهر قرفي, وحسن بهلول,بدري

, هاوقبل التعرض إلي . الأولىبعض النقودنت فدو, استعطت كتمانهاما المضايف التي فراعتني بعض, عجالة قرأتها على وقد. ذلك

.ولما يجف حبر بعد, وهو ما يزال مولود أ جديدا رغبت إطلاع القارئ بحيثيات الكتاب المترجم في نسخته المعربة

برقم , دار ثالة. موسى زمولي ترجمة,فرجالصغير محمد ,1954تاريخ مدينة تيزي وزو منذ نشأتها حتى سنة : تقديم الكتاب- أ

تلتها كلمة المترجم .والعلميةافتتاحية الكتاب للمؤلف بتقديم سيرته التاريخية . 39 -2002 :لنشرارقم . 757- 2002: الإيداع القانوني

كلمة ثم لحقتها . زمها محمد الصغير فرج في عملهتالتي اليهة ز تحدث فيها عن أهمية الموضوع وعن الكتابة الن,واحدةفي صفحة

ه يتحدث من تيزي أن الذي رأىلمؤلفانزاهة وأشار فيها إلى , م2002مارس 30 محمد العربي ولد خليفة التي تعود إلى -دأولى بقلم

وترجمتة يدخل ه الأصلينص المؤلف فيبأن ويضيف قائلآ.القبائل الجزائر إلى منطقة ث من كلد ويتح,الجزائريين وزو إلى كل

هم جزءا من نضال المثقفين الجزائريين من أجل الحرية وكانت جهود, عصاميونالعديد منهمو جزائريين الذهبية لباحثين لسلةضمن الس

, والشيخ عبد الرحمان الجيلالي وشريف ساحلي,المدني وتوفيق ,الميلي مبارك :المثالمنهم على سبيل رنذك, والكرامة الوطنية

وزو الكويت إلى تيزي من الرحال بجهد المترجم الذي كان يشده وفي هذه الكلمة نو.إلخ... والشيخ دردور, ومصطفى الأشرف

والتي كتبت في ,الآنيخ أبو عمران رئيس المجلس الإسلامي الأعلى ش وبعد هذه الكلمة لحقتها مقدمة الأستاذ ال.الكتاب صاحب لملاقاة

رة بيات الك والمعلوم,القيمخ محمد الصغير فرج في عمله فيها أبو عمران بجهد المؤرهنو وقد.الفرنسيةعلى النسخة , 1990جويلية 5

صفحة من 264ويقع الكتاب في .النزيهةه إلى معيقات كتابة تاريخ الجزائر إذا لم تستثمر أمثال هذه الكتابات كما نب,عليها التي حصل

.عشر فصلا وأحد عشر ملحقان خمسة يتضم. المكتوب12/21حجم

عن الوضع الحقيقي لمدينة اصور يعطي, ز غير متحي,تبالموضوعا ثري ,بالمعلومات غني مرجع الكتابإن : الكتاب أهمية-ب

الجزائري لأهل وعروش إلا الصورة الصادقة عن الانتماء لا تلمس فيه . او إلى بداية الثورة التحريريةستيزي وزو منذ بناء برج

خاصة تلك التي تعزل ,وهةشدراسات موكتبت فيها , المنطقة التي عليها أقوال وهي كتابة موضوعية عن تاريخ .وزومنطقة تيزي

لهم خصوصياتهم اللغوية والفكرية والفيزيولوجية التي تختلف عن ,البريدها منطقة سكان يسمون باعتبار,الجزائرالمنطقة عن

,يالوطن بالفكر بعينومن رجال الحركة الوطنية المتش, ومجاهد كبير المنطقة مؤلف الكتاب ابن ن إ.الأخرىالجزائريين في المناطق

خاصة نتائج الحرب العالمية الأولي,الأحداث عاصر كثيرا من .العلماء بوح, العلم التي لها باع طويل في ,شريفةينتمي إلى عائلة

وجاءت أبحاثه وشهاداته في هذا الكتاب لترد تلك المزاعم التبشيرية. م1945 ماي 8وضراوة أهوال ، الحرب العالمية الثانيةوأحداث

أن تحظى بخصوصياتبويج, الجزائرلمنطقة خارج االتي تعد . ط لها في كيف خطو ن بأدلة بداية نشأة مدينة تيزي وزووقد بي

حيث عمل ,منه المنطقة التي اعتبرها جزءا فسادا في هذهثالفرنسي الذي عا المستعمرث عنتحدثم . العصر التركي

, ما استطاع فعلهعل من أجل ذلك كلوف, ه يعمر وكان يظن أن,البشر التحتية التي تحصنه من تقلبات على بناء البنية

.ولكنه فشل

97 Revue Campus N°5

Histoire de Tizi-Ouzou et sa région des origines

Page 91: SOMMAIRE - UMMTO

في مجال تقويم دم إلي هو ذلك العمل الأكاديمي الذي ق,الكتابإن الذي جعلني أسعى للحصول على هذا : أسباب نقد الكتاب–ج

عن هذه الظاهرة قد طمعت أن أجد معلومات و.العثمانيالعهد القول الشعبي في منطقة برج منايل في بفنويختص,الرسائل الجامعية

كتشف أ وا,هكل والحقائق على إتمام قراءة الكتاب رتني المعلوماتح ومع ذلك .المرغوب ولم أحصل على,المؤلفالشعبية في هذا

من الجزائر قطعةاهوإن, المنطقةلة ث عن أصاوتتحد, وهي تزيل الغموض عن تاريخ منطقة تيزي وزو,يحملهاالقيمة التاريخية التي

ايدات ز فما كان يجب أن تحصل الم,فسادا عاث فيها المستعمر ,الأخرىبالمناطق الجزائرية ت عاشت نفس الأحداث التي ألم,العقيمة

ونحن العربية إلى أضيف إلى هذا أن الترجمة جاءت من اللغة الفرنسية .الانفصالجلها لتستغل من قبل الحاقدين والطامعين في أمن

ز على ولذلك كنت أرك. ها في بعض الكتبعكس ما قرأنا تاريخيا باللغة الفرنسية مشو, في حاجة إلى كتابات صادقة بالغة الفرنسية

التي لحقت الكتاب رغم كثرة الهنات والنقائص القراءة هو ر علي متعة كوامني وكدوأما العامل الذي هز .ووفائهاجدية الترجمة

أي الترجمة التي ,بصاحبهالكتاب الذي أضر بمثابة اعتبرته ومن ذلك .فيههت في بعض المقامات المعلومات التي وردت فشو,هميتهأ

يشكل علينا المصطلح العلمي عليماكتابا فهو ليس ,به فما كان يجب أن تلحق الكتاب أخطاء تخل . على صاحبها بالويلاتعادت

اللغة العربية الفصيحة عن الأخطاء وتظهر أساليبةبعيد, فيه يجب أن تكون جارية وسيلة وواضحة فاللغة, إنه كتاب تاريخ,تعريبة

أضف . ولا تطغى اللغة الحديثة والسهلة ذات الأنماط المتغيرة التي تعتمد في لغة المشافهة أو لغة التحرير الصحافي,خصوصياتها بكل

وما كان يجدر بالكتاب , صينحسب المقدمة من متخص ولقد روجعت النسخة, مكانته العلميةوله , هذا أن المترجم إنسان متخصصإلى

.الأخطاءأن تستفحل فيه كثرة

لابد من إبداء نفكا, والعريضة وما لحقني من أسى من الأخطاء الطويلة, ثغرات لم أستطيع كتمان دهشتيبه من رتما بصوأمام

:التاليةغات تماد المسوهذه الملاحظة التقويمية باع

حول الكتاب ليؤخذ بها في بإبداء الملاحظاتمحمد العربي ولد خليفة القراءة في الداخل والخارج الكلمة الأولى دعوة صاحب -1

.الطبعة القادمة

لاك ناصية اللغة بحدود امت ولكن لا علم لي.والعربية الفرنسية :اللغتين يجيدأنه من ,الترجمة البسيطة بصاحب معرفتي - 2

ولا علم لي كذلك بالمنتوج العلمي أو المترجم . الخصلتين ى للترجمة عليه امتلاك هاتينفمن يتصد. وخصائص اللغة الفرنسية, العربية

. أنه خبير جزائري يشتغل حاليا في الكويتوكل ما أعرفه. قبل هذا ف لهلعت علي مؤلي اطولم يسبق لي أن, للأستاذ

.للغة العربية ومن بعد أعضاء المجلس الأعلى ,صينمتخص من قبلشراف على هذا العمل الإ-3

ومن .سساتيوخاصة عندما يراجعه قوم من ذوي الخبرة اللغوية حسب الانتماء المؤ, الكتاب منقع في كثير من أبعادهوهذا يعني أن

وقد نختلف بدءا من ,أفذاذهايد الدخول في متاهات الترجمة التي لها ولا أر,غيرلا ) العربية(هذا الباب أتعامل مع النسخة المترجمة

أبعادها كثير من الترجمة وافية ولكني رأيت .م 1954من النشأة إلى وزوتاريخ منطقة تيزي :العنوان أراه أصلح لو ترجم كما يلي

ولذا وأبدي الملاحظات . تلك النقائص التي أضرتهالو لم تعلق بها, تكون أحسن وكان يمكن أن, حسنةلضعيفة بليست وهي ,المعنوية

:التالية وهذه الملاحظات أهديها خالصة لمترجم الكتاب للأسباب .اللغويينجعين االمر أختلف فيها مع المترجم ولا مع التي لا يمكن أن

.القادمة تفادي هذه النقائص في الطبعات -1

.بالترجمةق حتى ما يتعل,المسائل لي الدقيق في ك والتحر التريب-2

. عدم اعتماد الترجمة الحرفية التي تخل بالموضوع أحيانا-3

4-د للغة والناقل إليها الإتقان الجي.

. حيثياتهما الترجمة هي التفاعل مع اللغة المصدر ولغة الهدف في كل-5

.صأخرى في نفس التخصالإطلاع على كتب و,الأخرى الرجوع إلى المصادر -6

. توسيع الاستشارة والمراجعة قدر الإمكان-7

.ه ما بنا كلتهدم في أن يقع في سقطات بسيطة الآن لا عذر للمترجم - 8

96 Revue Campus N°5

Page 92: SOMMAIRE - UMMTO

: وهكذا تتحدد نقاط النقد في مايلي

فمن الصفحة الأولى إلى , نعيمراج ها مرت على مترجمين أوجمة أنلمست من أسلوب التر: إنشطار أسلوب النسخة إلى قسمين :لآأو

في ةوصعوب, فالصفحات الأولى تلمس فيها خللآ في الأسلوب. 235 لى إ115لف عن أسلوب الصفحات تجد أسلوبا يخت, 114الصفحة

قلة في ,سليمة ةلغ, فصيحآاعربي, ا لينآ تجد أسلوب114 ما بعد يأ, بينما الجزء الثاني .جميعا لصعد في الأخطاء على ةوكثر, الفهم

.الأخطاء

لكن ما كان يجب أن يخل , الأمر ف بعض الشيء أو أحيانآ في الترجمة متى لزم يحق للترجمان أن يتصر:ف في الترجمةالتصر: ثانيآ

صيغ والخصائص اللغوية ونلمس ال, المترجم في بعض الأماكن ما لمسته في كثير من الشروح التي هي من وضعاوهذ, بالموضوع

وأما .فقطما كان قد قاله صاحب الكتاب ) ريصو(وكان من الممكن أن ينقل . الأماكن مثلآ العربية التي يريد أن يفرضها على أسماء

ليس جيدآ في غالب الأحيا؛ وفه, بما يخرجه عن مراد المؤلف فأن يتصر ذلك بالموضوع وقد لا يفي لغة شحنات خاصة لكللأن.

وزكته الآية ,قيلي المقصود الذي من أجله يؤد فإن أخضعناه لقالب الفرنسية فلا .لغرض في نفس يعقوب: فنأخذ مثلآ القول العربي

.الكريمة

وما ,منها غمسألة الأخطاء مفرو ي أعتبرباعتبارها حفزتني على النقد لأن, وهي النقطة التي أقف عندها كثيرآ :الأخطاءرصد : ثالثا

ويمكن تقسيم هذه الأخطاء كما . بالقيمة العلمية التي يمتاز بها الكتاب تهذه الكثرة الكاثرة من الأخطاء التي أخل يجب أن تظهر فيه كان

:يلي

وهي منقولة, على هذه الأسماء أنها بقيت دون تغريبلوحظ :والأعلام نأخطاء في أسماء الأماك -1

نةولم يشاهد اللافتات المدو, ولم يسمع لنطق الناس لها, منطقةي بالمترجم لا يعرف المن الفرنسية كأن

الكتابة والتي يجدها على وفي كيفية, وكان الأجدر به أن يستعين بأهل المنطقة في نطق هذه المدن. مدينة أو قريةعلى مدخل كل

. فهذا غير مقبول, في بعض الأحيانهأو تشو, نسيةالفر أما أن تأتي مترجمة حرفيآ عن, مستوى المصالح الإدارية في الولاية أو البلدية

ولا أخفي على القارئ أن أخطاء كثيرة علقت في هذا الأمر. يعرفون مناطق بلادهم جيدا والمراجعون جزائريون, فالمترجم جزائري

.مع الإشارة إلى محالها أحيانا بالصفحة والسطر كما ورددت في الكتاب, عينه وأكتفي بإعطاء

وتطلق على , ينطقها الكبير والصغير سباو بل, سباؤو: إن هذه الكلمة لم تسمع عن الناطقين الآن أنها لفظت باسم: سباؤو كلمة-

v أما نطقها .بالباء ولكن النطق الطاغي الآن هذه الكلمة هو سباو الفرنسية أن القبائلية لا علما.همز دون ,سباوالوادي المسمى وادي

, فهي مجرد عدم الدقة في النقل من الفرنسية إلى العربية لا غير, وتنطلق الأصلي حسب ما ورد في النسخة الأصل,لباءاتحمل

.والنطق واحد في كل الأحوال

ة وهناك قري. والحقيقة أن الكلمة تعربت كما تكتب الآن.صهاريج وتكتب الآن على مستوى الحالة المدنية جمعة :جنساري جمعية -

.بينهما يقع الخلط اوأحيان, صهاريج :في ولاية البويرة تسمى

أو مستشفى الشتاء تحاذيولها تربة متحركة بسبب مياه , ضيعة فلاحية غنية بأشجارها: سياخ أمدور-

المكان الذي تنجرف مدور بمعنىوالتسمية الصحيحة هي أسياخن أو , الأمراض العقلية فرنان حنفي بوادي عيسى

.والمكان قديما ملك لشخص يسمى مدور, التربةفيه وهنا قد يقع القارئ الذي لا يعرف النطق الحقيقي لهذه , والقاف عليها ثلاثة نقاط, أحيانا تورقا, وهذه تكتب تاورقة: توا رقة-

ن ذكرت في عديد مالتوراقة كما أو قالقرية في خلط بينها وبين التو ار

إلا أن الغريب فيها. 46مثل السطر الثاني من صفحة , عض الصفحاتوكتبت صحيحة في ب .الصفحات

...توارق/ تورقا/تاورقة / ق التو ر:عديدةفكتبت بأشكال , أن الكتابة في هذه الكلمة تنوعت في الكتاب

القبائلية لا تملك صوت التاء لأن ثيقوبعين :الأمازيغي هي وإن الأصل ,وليس بالكاف بالقاف ,تيقوبعين الكلمة تكتب :تيكوباين -

.الكلمة الفرنسية بالحروف العربيةوأبقاها المترجم على . تيقوبعين :الآن وتكتب ,أصلهافي

95 Revue Campus N°5

Page 93: SOMMAIRE - UMMTO

وتعني في القبائلية . ولا تحمل الواو, القاف بالنقاط الثلاث على . مثلآقغران أقني وتطلق على ,أقني:هي الكلمة الأصل :أقوني -

,لمواشيهم الذي يحجر من قبل الرعاة نوهو المكا. يأتي في المنسبط أكدال الذيهويراد ف, لكنه يصلح للرعي, لالمكان غير السه

.متعارف عليها بين الرعاة) حجز( وهو علامة الدفلىوعادة يحاط بشتلات من أعضاء

, 48الصفحة , مقلا: الكلمة بكتابة أخرى ت ذاتوورد. أما مكة فهي الكتابة والنطق الفرنسي لها , كذلك وتنطق,تكتب مقلع: مقلة -

.14السطر

وهذا . 14السطر . 40الصفحة . ومنقولة من الفرنسية, فهي مشوهة, وأما أديني. عدني: اسم لقرية تكتب بالعربية وتنطق: أديني-

.وقد كرر هذا الخطأ أكثر من مرة, مثال فقط

.دون حذف الواو كما وردت في الكتاب لأكثر من مرة, نيبوغتكتب , بغني وهي من دوائر تيزي وزو -

: وهي, وهي الطريقة التي بدأت الحالة المدنية تستعملها, ظيفها حسب النطق المحلي ولكن يمكن تو,أيتهي معربة : آيت: كلمة -

ونفس الشيء, وهي الصواب, أث بمعني أصحاب أو أهل أو آل

أن القبائلية لا تملك التاء في علما. نفرا وسوليس آل , آث فراو سن: فيقال, التاسعرالسط, 3صفحة بالنسبة إلى آل الواردة مثلآ في ال

–ثازاغارث ,تازغارت: مثل, وهيواردة في أكثر من موقع .وكان الأخرى على المراجعين أن يجعلوا كل تاء ثاء, أصولها الأولى

.9 و 7 السطر, 72أ في الصفحة خط تادماوإن هذه الكلمة ذكرت .تامداوليس . ثامدا

وجود في وVاللهم ألفاظ, غير الفرنسيةوأضيف هنا صوت الباء وهو .وليس تيميزارا, ثيميزارا. وليس معاتقا, كلمة معا ثقا -

أبزار وهو : ثل حضارة م Bazar. وكان الأخرى أن كل باء تنطق) كما قلت هذا الموقع ( القبائلية

وليس . أيت صدقة: في الوثائق الإدارية تكتب بالتاء كما هي معهودة . صدقا آيت - من ةلفظة ضاريوالكلمة . مركز كبير للتجارة

.صدقاآيت

. 11 السطر 46 الصفحة.سمغونوالموجود هي قرية , لا وجود لهذه القرية في تيزي وزو.سمغون قرية -

كما شوهت مرة أخرى في . السطر الثامن 48الصفحة , سيدي نعامة:وقد ورد مشوها كما يلي, وهو الاسم الحقيقي: سيدي نعمان-

.6 السطر ,نعنانسيدي بكتابتها 86الصفحة

كما ولا تكتب,القبائليةمصنع فنون الزخرفة وبها,تابوقيرت وتكتب ,كلم 14وهي قرية صغيرة تبعد عن تيزي وزو : تابوكارت-

.تقرأ في الفرنسية تابوكارت

فر وهنا نجد المترجم يتركها على . وكما يعرفها العام والخاص, وهي فريقات كما ينطقها الناس, قرية عليا ذراع الميزان:فريكات -

فما معنى الترجمة إذن ؟,نسيتها

.نتلاثة: فالكلمة تكتب كما يلي الأماكن جمة أسماءإن المترجم لم يدقق جيدأ في تر, 10السطر , 131الصفحة . تيزي نثإيلاث-

...وثزي أنلاربعاء. أو القرية مدونة في مدخل المدينةكما هي

. وهي الصواب,تنطق وكذلك حميطوشوالتي تكتب عاديا . حمتوش :مثل ,الكتابةمشوهة في أسماء الأعلامولقد جاءت بعض

هذه فوكأني بالناقل لا يعر, عن الفرنسية ومنقول. بحذف العين منه, وهو محمد بن زعموم, شوه هذا الاسم لقد: محمد بن زموم-

. علما أن كلمة زموم لها دلالة القبح في المنطقة. الأمور

: لي أن تكتب مرسي كما يى والأحر ورد اسم العلم إيميل, 16ونجد ذلك مثلا في الصفحة , أخطاء في أسماء الأعلام الأجنبية-

عالم . كاريت: يمكن أن تكتب Vigniral ويمكن أن تكتب , صحيحا فينيرالمرسي Emile Mercierكارات اسم : 17وفي الصفحة

. مارتان Jacques Martin:وكلمة نص عليه المجمع المصري بهذه الكتابة. يمكن أن يكتب جاك مارتان وCaretteالآثار فقيران ال

في كما نلاحظ. كتابة الأعلام الأجنبية مجال العربية في وخصائص اللغة ,العربيةجم استثمار الطريقة وفي هذه النقطة يجدر بالمتر

/ Randon / Robin / Comman / Bugeaud / Camou / Bethune العربية في كثير من المواقع غياب الكتابةأسماء الأعلام الأجنبية

Beassier / Beaupetre / :لأسماء Deligny / Capifali / Hanoteau / Leblanc / Laforcade / Letellier / Wolf / Sabatier الأجنبية التي تركها المترجم دون كتابتها Scheer / Creusat / De Gueydon / Jules Ferry / Louis perilier…ومن خلال هذه الأعلام

؟.وما هذا يا أستاذ موسى, رب على دارية تامة بهذه الأسماءلمعالمست من المترجم أن القارئ الجزائري , بالحروف العربي

94 Revue Campus N°5

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).حمام البيبان (ويسمى , فيه يوجد حمام, دون الياء وهذا المكان معروفلبيبان ذكر ا, 72 في الصفحة -

السطر وكذلك في . ةوهو الاسم المتداول في المنطق, والصواب أقموم عزام, ورد اسم مكان أقموم أزام, 7السطر , 133 الصفحة -

آث اتسوراق . آث إيليثنوالصواب أهل , أهل اليلتان13

الحقيقة يجب أن يسمى وادي دفالي لكثرة وفي,فالييسمى هذا المجرى وادي : مايلي, 154ورد في هامش صفحة . وداي فالي -

وقامت , وقد شح ماؤه, ذا الوادي موجود الآنوإن ه. الكلامبهذا لست أدري من أين للمترجم أو للمؤلف . وجود شجرة الدفالي به

توجد أدلة على أن التسمية محرفة من ولا, وإن اسمه وافي فالي هكذا توارثه الناس. سكينة منطقةمديرية التجهيز بتهيئته ليصبح

وهو . الدالمة الدقالى بكسرة إن العربية الفصحى تنطق هذه الكل. فما كان يجب أن نعرب كل التسميات. توجد فيه بقلة الدفلى التي

. ومن جعلها للتأنيث لم ينونه, نونه .فمن جعل الألف للإلحاق. من فضيلة الدفليات, شجر زهره كالورد الأحمر وحمله كالخرنوب

. وحسب السكان فلا علاقة للدفلى والتسمية التي أطلقت على الوادي

وفي الصفحة . واضية: أرى المترجم أنه حافظ على اللغة الفرنسية في الوقت لذي تنطلق وتكتب هذه المدينة كما يلي: الزوادية-

.وادية: وهي, وردت بكتابة أخرى, 12السطر , 231

امش وفي ه.الشرفاوي الشرفاوي بتعريف كلمة يويعرف بأرزاق, ورد اسم ارزقي شرفاوي, 19 و16السطر , 212 الصفحة -

. لم يرد بالتعريف, 214صفحة

.الكونغو: على أن كتابته كما يليالجغرافية والتاريخ تنص كتب . وردت كلمة الكونغو دون واو, 11السطر , 228 الصفحة -

متها من اللغة اكتفى بترج ل ب ف نفسه الجهد للوصول إلى النطق السليمبالنسبة لأسماء الأماكن والأعلام أرى المترجم أنه لم يكل و

أما أن نبقى ذات الأسماء . ولقد نسى أن الترجمة إلى اللغة تتبعها خصائص اللغة المترجم إليها في النطق, الفرنسية كما كتبها المؤرخ

المترجم في هذه الحالة ؟ رمادو : فنسأل, كما تكتب في اللغة الأولى

أسر وعلى أعلاها برزت ثلاث ....: يقول والسادس عشرامس عشر السطر الخ19في صفحة : أخطاء في الحقائق التاريخية-2

وربما , عن هؤلاء المريديين فلم نعثر على هذه التسميةفلقد بحثنا... الذين حكموا المغرب الأقصى نالمريد يو :إفريقياتقاسمت شمال

20وفي الصفحة . ة وكانت مراكش عاصمة لهموهم الذين حكموا المغرب الأقصى في تلك الفترة وكانت الفتر, يقصد بها المرينيين

. وربما بها المرينيين)المر دينيين ( السطر السابع والثامن يكرر كلمة

فإن . كي لا نريف التاريخ أدرجت هذا في الحقائق التاريخية. لمدينة توجد قرب بوغني مشط الرأس وردت كلمة 66 الصفحة -

بل هناك اجتهادا أثناء حمله , علمية تدل على هذاوجد إشارة وفي الحقيقة لا .مشط الرأسء من المعربين يقولون إن هذا الاسم جا

وهي خرافة من . مشط الرأس: كما كانت تكتب في السبعينيات من أصل عربيسأمشطرا وقال بعضهم بأن, التعريف في السبعينيات

: إنها من: منهم من قال: لكنهم ذهبوا مذاهب شتى في تعليل التسمية. بتاتا يؤيدوا الفكرة إن اتصالنا بالسكان لم,غيرالخرافات لا

وكان ...من أرجعه على السهل المنبسط ومنهم. أمشراس بمعنى المكان الذي تنشر فيه حبوب التين. مشراس بمعنى الغابة المنتشرة

لغرض: اللغة العربية كما أضيف عن النسخة الأصل أساليبةإضاف أو, الأجدر بالمترجم أن يترجمه صحيحا دون تدخل في التسمية

.16السطر , 67صفحة الوردة فيفي نفس يعقوب

لست. حتى زاوية سيدي عمار الشريف لدى أهل يسر الجديان... ورد, 10السطر , 87 الصفحة -

من , وهو الرجل العظيم, المصريةنأو يقصد جدعا. والذي مفرده جدي, بالجديانأدري ما المقصود

.تنطق الجيم قاهرية و, جدع

وكتبت في , والصواب واسيف, واسيف/ وصوابها إيراثن , إراثن:أخطاء كثيرة في كتابة الأماكن -3

بلوة/ ماكودة : والصواب, مكودة/ واقنون: والصواب, وقنون/ بالصاد واصيف 215هامش صفحة

.ثاسافث والصواب, تاصافت/ والصواب بوهينون , بوهنون/ تب في غالب الأحيان كما تك, بالوا: والصواب

93 Revue Campus N°5

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في أغلب , بين الأخوة المتنازعة ودفع التحمس والحقد الناجمان عن هذه الحروف...16 -15 السطر 20الصفحة : أخطاءأسلوبية-4

.بمرتزقة مسيحيين في محاربة إخوتهم إلى اللجوء والاستعانة ,الأحيان

وقد فقد الملوك المنهكون كل الاحترام حتى وصلوا إلى حد: والثانيلالسطر الأو, 21 الصفحة-

...ةالمسيحي إلى طلب تدخل إسبانيا – أجل الحفاظ على الحكم نم, اللجوء

أسلوب ضعيف كان يجب أن هذا .وفي المقابل طلب منهم المحافظة على الأمن العمومي... السطر السادس والسابع, 34 الصفحة -

المحافظة على الأمن ) طالبت ( طلب أو : يصحح على البناء العربي

...العمومي

وهنا عدي , للمجهول فهو معدي بنفسه فالمعروف أن الفعل إذا بني. وأعطيت له الموافقة على طلبة: السطر السادس, 42 الصفحة -

.مهموهذا ليس من أسلوب العرب في كلا, الجر

,وحدها تسافر :والصواب: فماذا يعمل حرف اللام هنا. ابحيث يمكن لامرأة أن تسافر لوحده.. . ..:التاسع السطر ,44 الصفحة -

) اللام ( دون حرف الجر

لست أدري لماذا أنث المترجم كلمة . 12رقم الوطنية ري المسافر القاصد الجزائر عبر الطريق ي: السطر السادس, 51 الصفحة -

.الطريقهذه : ولا يقال, هذا الطريق: في الوقت الذي نعرف أنه يقال, الوطنية

غير مقبول في , ركيكبأسلو .ليتفاوض على نوع من الاستسلام لتفادي تخريب قريتهم:... يقول المترجم, 3السطر , 84 الصفحة -

.تخريب القريةليتفاوض على استسلام تفاديا : ويمكن أن يقال. اللغة العربية

. تكرار عيني ما كان من اللازم أن يحصل... ذاتها, ورد وفي الفترة نفسها, 5 السطر90 الصفحة -

تستبدل بالمشورة أو بكلمة أكثر فالأجدر أن, بة هناكلمة الشهيرة لا أرها مناس, بوبغلةالشهير إنه .1السطر ,89 الصفحة -

. انسجامية من الكلمة المذكورة

الخطأ الأسلوبي .... الغازية بسريةب تمرير الكتيبة كان يتطل, وخاصة مفاجئة, ولكن تحقيق ذلك.... 1السطر , 11 الصفحة -

ويمكن الاستغناء . والصورة فهو من أسلوب الحشو لا غير يمكن الجمع في هذا المعنى بين الخاصةلاوخاصة بصورة يتمثل في

. عنهما تماما

حرفين من فيه الجمع بين ويكون هذا أسلوب غير فصحيح. أعوام4 بالقرب من تازمالت بعد .12السطر , 113 الصفحة-

أو , ت من العربية السليمة التي نسعى إلى تعليمهاولكنها ليس, هذه الأساليب وقد يقال أمثال .تازمالت قرب :فيقال ,الجرحروف

.كتابة الأساليب التي نربي عليها أولادنا

ولعله دون أن يدري العناصر التي عندما يحين -كان الشيخ على يعد : في نجد الخطأ قائما 9 و8 السطر ,211 الصفحة-

.غموضا في في الكلام عامةو, نرى إقحاما لكلمة العناصر .ثقافية ستقوم بنشاطات, الوقت

الجزائر , البشعة التي تلتها القمع ماي وعمليات 8 ورد الغموض في قول المترجم مرت انتفاضية ,9 السطر ,225 الصفحة-

.فلا رباط بين متقدم ولاحق. كلها

: أساليب غامضة-5

.ضت المعنىالتي أغمفلاة نلمس في نهاية السطر وجود كلمة , 10السطر , 93الصفحة -

وما هو المقصود منها ؟,باشغاليكنجد كلمة , 2السطر , 97 الصفحة -

.قاعدة تمثال ساحة الحكومة ما يليذات صباح مكتوبا على , فقد وجد: السطر الأخير, وردت عبارة غامضة مبهمة. 112 الصفحة -

.فسيرا لهذا الغموضتلم أجد .... وزربتيزي , كان الأتراك قد بمنوا.... 6 و5السطر, 119 الصفحة -

نجد الغموض إلى . المرابطين بالقرب من ذراع بن خدة ,الثواركان طابورا , ورد وفي نفس الوقت, 12السطر , 156 الصفحة -

.جانب الخطأ اللغوي

طانيون اغتنموا هذه الاستيالترددالإجراءات وفي النهاية تمت :قوله ونجد الغموض في ,15 و 14السطر , 180 الصفحة -

....الفرصة92 Revue Campus N°5

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: أخطاء لغوية-6

. إلى الجزائركتقريبا ولم ينته إلا بقدوم الأترا لمدة قرنين ودام الوضع على هذا الحال: السطر السادس والسابع21 الصفحة -

.ودام الوضع على هذا الحال مدة قرنين: والصواب

.جزءا: يكتب, وهذا منصوب, السطر التاسع30 الصفحة . جزء -

.دون همز انظر :والصواب .فهي ليست رباعية, ووردت بالهمزة, وهي مكررة كثيرا في الهوامش) نظر(كلمة ثلاثية : أنظر-

ب أن " أسيف"كلمة :... على15نص السطر الثالث والرابع من صفحة : أخطاء في الترجمة– 10 يج. الهمزة بعد حتى-

السطر , 43 والصفحة – السطر الثاني 40الصفحة انظر مثلا: و وردت كلها مفتوحةوقد ,العربيةة وهذه هي قواعد اللغ,تكسر

- 15 و13

فلا ,المخازن أحد :فيقالالمعدود علما أن تمييز هنا ولكن العدد يوافق . إحدى المخازنفي ... ورد, 14السطر , 46 الصفحة -

.أحديؤنث هنا

هنا . الدين وهم نائمين فكانت المجزرةفاجأ الغزاة سكان قرية أهل آيت ورز ... .عبارة وردت13 و12السطر ,81 الصفحة-

أى أساس جاءت كلمة نائمين منصوبة؟ على,نائمين ثم الخطأ اللغوي وهم ,محلها ن فأي,الديننتوقف عند نتوقف عند قرية ورز

. وليست الكلمة كما قد يتوهم علما أن الجملة كلها حال

والصواب هي التي وكذا تكون مهمة النقيب, 16 و15السطر , 106 الصفحة - Wolf. هو مقاتلة الجزائريين للجزائريين

الصفحة - Beaupetre ولقد نصبت الكلمتان صغيرا .صغيرا وأمياإلى الجزائر وهو . تعود على المهمة والتي تفيد التأنيث

.يتانوالصواب هو الرفع لأنهما خبر . وقد يتوهم منها الحال ,مجهولةقد أميا بناء على قاعدة , 1السطر , 122

الصفحة , لتين منصوبات ونجد كل الكلمات التي وضعت بين شو,الرفع الكلمة عندما تكون بين قوسين يحصل أن تتخصص في -

ونفس .شولتينالتي وردت بين كلمة الجزائريين في14 السطر 182وكذلك نجد نفس الخطأ في الصفحة . 14السطر , 134

.14السطر , 182الشيء في كلمة الجزائريين الواردة بين شولتين في الصفحة

وردت مكتوبة بالألف الممدودة في الصفحة وقد ,النائم دبالألف الممدودة تعني ما يشاهالرؤيا كلمة -

.وقد وقع خلط بينهما, أي مايشاهد, الرؤيةاوالمقصود منه, 11السطر ,164

فنجد أن اسم . رجل تقريبا600 منطابورا مكونا , أفريل14ولهذا الغرض أرسل مساء : ... ورد مايلي , 1السطر , 152 الصفحة -

. الوقت الذي تنص قواعد اللغة على رفعهفي , النائب الفاعل ورد منصوبا

هذا منظروا في كلمة 9السطر 187وكذا في الصفحة . دون حذف الألفمحرروا ورد خطأ في كلمة ,4السطر , 180الصفحة

الخطأ في ويتكرر. الجزائر استيطانيوا في كلمة, 14السطر 200وكذالك نلمس نفس الخطأ في الصفحة . دون ألف, .الفريق

. شمال إفريقيا نجمومناضلوا في كلمة , 14السطر , 203الصفحة

,حال ودائما يتوهم منها النصب على أنها ,مرفوعة وهي في الحقيقة , منصوبة)المنهزمون ( وردت كلمة,5 السطر ,180 الصفحة-

.الحالفي الوقت الذي نعرف أن الجملة هي

. من المذكرالعدد يؤنث والصواب خمسة. للآباء البيضخمس مراكز نشر : ورد خطأ كمايلي, 4, السطر, 190 الصفحة -

وكذلك .يفيده أو ما بعد القول فالهمزة تكسر إجبارا , صحيحوهذا غير . 5السطر, د الهمزة مفتوحة بعد القولورو, 191ة الصفح-

.رحصإنه : يقال أنه صرح بدل و,5السطر ,233ورد نفس الخطأ في الصفحة

,214الصفحة .على السطر قام أعضائه النشطون فبدلا من أن تكتب الهمزة على الواو كتبت دور, 5 السطر ,212 الصفحة –

. الكنيسة سابقا: والصواب)الكنيسة سابق(ورد قام بين قوسين , 2 السطر ,الهامش

ولست أدري لماذا رفعهت ، ساعة24لمدة الموقوفون الأشخاص وتم تحويل :يلي كما ذكرت الخطأ, 14السطر , 226 الصفحة -

. هنانالموقوفيكلمة

Revue Campus N°5 91 .بالمقصورة وليست) نجا(ة تكتب بالألف المدود.نجى :الثانيالسطر , 31الصفحة : أخطاء إملائية-7

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.طرق بوغني) طريق بوغني ( لبد, لسادسانجد خطأ في السطر وفي هامش ذات الصفحة

وذكرت , السطر التاسع, 41 الصفحة يوقد ذكرت خطأ ف. وهو المصدر, استتباب الأمن: أن المقصود منه هويبدو : استتاب الأمن-

.صحيحة في مكان آخر

مات الترقيم منونعرف ما لعلا, فيكاد الكتاب يخلو منها. نقص كبير في توظيف علامات الترقيم-

.روإبراز للأفكاتوضيح وتأكيد

.والمقصود أوجهه, أوجه وبلغ حكمهم ...ورد .الخامس السطر ,47 الصفحة -

.السطر السابع, 48الصفحة . بدا: كان يجب أن تزاد الألف بعد الهمزة. كلمة بدء-

.مثلاالسيارات حظيرة : شالةوهي الحقيقة ذات إ, وردت كلمة حضيرة دون إشالة. 2السطر , 52 الصفحة -

.بسبب سقوط الباء الأخير في كلمة ,1 السطر ,54 الصفحة -

وهذه تنص عليها الكتب القديمة بأنها تكتب كما . وردت مجزأة في كل الكتاب. كلمة باش آغا

,المرسىكلمة . والكتابة في الجهدتصادالاقعلما أن اللغة العربية تسعى إلى . فلست أدري لماذا كتبت يطريقة جديدة. باشاغا: يلي

. وهذا خطأ المرصى بالصاد18 السطر ,71 وقد كتبت في الصفحة ,بالسينتكتب

والخطأ في كتابتها , الدرسات وهذا ما تنص عليها كل,الظهرة نلمس كلمة الظراء والمقصودة بها جبال .4 السطر ,95الصفحة -

. بالشكل الأول

.9السطر, 102الصفحة / 7السطر , 31الصفحة , تاريخ في ال1سقوط الرقم

. وهذا خطأيحضى, ونجدها مكتوبة دونها, كلمة يحظى تكتب بالإشالة, 1السطر , 126 الصفحة -

وهذا, إشريضن: وردت كلمة إيشريظن مشوهة في الكتابة كما يلي3 و2السطر , 133 الصفحة -

.16السطر , 165ك في الصفحة وكذل. خطأ

ووردت. ة فلا تهمزيوهي خماس ) الانتفاضية( وردت كلمة الانتفاضية بالهمزة , 5, 150 الصفحة -

. مهموزة فلا تهمز) الإبن( وردت كلمة الابن 7وفي السطر , 10السطر , 156بنفس الخطأ في الصفحة

.لماذا. دون ألف لمذاوردت كلمة, 7السطر, 166 الصفحة -

وهي تكتب على الواو, وردت كلمة تأخذ بكتابة الهمزة على الألف, 10في السطر , 224 الصفحة -

. والضم أقوى من السكون, وهنا مبنية للمجهول

.ألفة مشالة فسقطتونعرف أن الحظوة , دون إشالة) وحضيوا (الحظوة وردت كلمة ,18 السطر ,227 الصفحة -

ضد ... :. السطر ما قبل الخير والأخير24نلمس في الصفحة : في المصطلحات الجديدة أخطاء– 8

. فلا ندري المقصود بهذا المصطلح الجديد. مسيحية البحر متوسطةالقوات البحرية ال

كأنها , متنوعة في الكتابةنجدها وتكتب كذلك لا , الكراغلة هم جنس من الأتراك الذين تزوجوا بالجزائريات: الكر وغلي مصطلح -

. وقد أبقى على دراجتها, 8سطر ال, 199الواردة في الصفحة الكلمة العربية هي التيفوس: لتنفيسا ح مصطل,اكتشاف حديث

.البرونز: والصواب) السطر ما قبل الأخير, 28هامش صفحة ( البرنز : أخطاء في كتابة الكلمات-9 " أسيف"كلمة :... على15نص السطر الثالث والرابع من صفحة : أخطاء في الترجمة– 10

.فالنهر أكبر من الجدول, لا الجدول ,النهر تعني وفي الحقيقة .مياهتعني بالأمازيغية جدول Acif علي

و عسى , دون ذكر للمكرر من الخطأ, وليس جدولاو أكتفي في القراءة الأولية برصد هذه العينة, وسباو هو نهر عظيم, مصب صغير

.القراء أن يقولوا أقوالا أخرى

90 Revue Campus N°5

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أكتشف المزيد كان كما يجدر أن قراءة متأنيةو لو أجري , القراءة الأوليةعنت لي في خلال هذه الأخطاء التي لمستها ومن :الخاتمة

وإن المترجم هو المسؤول الأول عن كل خطأ . وعلى المترجم تتلطخ سمعة هذا الكتاب بمجموعة كبيرة من الأخطاء التي جنت عليه

في بعض الأخطاء ةحمل المراجعون جملة من المسؤولي كذالك يا صديقي زمولي؟ كما يتس القراءة أليبرز أو سيظهر لاحقا على أيدي

به مثل وكأني ,بحملها الكتاعن عدم الجدية والمتابعة الدقيقة للأخطاء البسيطة التي بدت كبيرة نظرا للقيمة العلمية التي التي نجمت

ينظرون لجمال الشخص ولبياض فالناس لا،نكرة سوداءذلك الرجل الوسيم الجميل الذي لبس برنوسا أبيضا ولصقت به علامة

استأت من , سررت بترجمة الكتاب ونحن في حاجة إليهإنني بقدر ما , أصدقكم القول .البرنوس بقدر ما تجذبنهم تلك العلامة السوداء

من مراجعة ذاتية أمام وفرته لنا التقنيات الحديثة, والذي لا فيه موقع فيه للخطأ, عدم الدقة التي هي لازمة علمية في هذا الوقت

وخاصة تلك التي تعمل , ونحن في حاجة إليها،الكتب النزيهة أنوة بهذا الجهد الجيد، وإلى أمثال هذه وفي الأخير .لجهاز الكمبيوتر

فن النقل فهي, وأصحابصقواعد وخصائولكن للترجمة . وتعضد الشعب الجزائري بعضه على بعض, على تمتين الوحدة الوطنية

. ويكسب القراء, لينجح في مهامه, لتخصصين ووالمد دفإن المنبري لها يجب أن يتسلح بالعقدة , النزية

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Le phénomène de l’ineffectivité des normes juridiques en droit positif algérien*

"ظاهرة عدم فعلية القواعد القانونية في القانون الوضعي الجزائري"

Kais Cherif , faculté de droit

و ". عي الجزائريظاهرة عدم فعلية القواعد القانونية في القانون الوض" يتعلق موضوع الأطروحة بـ يكتسي هذا الموضوع أهمية بالغة في الحياة القانونية للدولة و للمجتمع، لما للقاعدة القانونية من دور

فالقاعدة القانونية باعتبارها تنظم سلوك الأفراد في المجتمع، فهي تؤثر على . جوهري في هذا المجالعلى هذا الأساس، يقاس مدى . التفاعل الموجود بينهماالكيان العام لهذا الأخير سلبا و إيجابا حسب طبيعة

ملائمة القانون للمجتمع تبعا لاستجابة الأول لمتطلبات و لطموح الثاني، مما يدفع بفقهاء القانون إلى .دراسة فكرة فعلية قواعد هذا الأخير في الواقع العملي

فالفعالية تدل . اليتها و واقعيتها، ثم نجاعتهاإن الحديث عن فعلية القاعدة القانونية قد يجرنا إلى فكرة فع

أما الواقعية، فهي تدل على . على النجاح و الايجابية، آما ترمز إلى مدلول المردودية بالمفهوم الاقتصاديو بصفة عامة، ينظر الفقه إلى . التطابق بين الجانب النظري للقاعدة القانونية و الميدان الذي تجسد فيه

اعدة القانونية من خلال آيفية استقبالها من قبل المخاطبين بأحكامها، الإدارة باعتبارها مسألة فعلية الق.شخص من أشخاص القانون، ثم آسلطة عامة، من جهة، و أفراد المجتمع من جهة أخرى

فكلما آانت القاعدة القانونية مقبولة من قبل المخاطبين بأحكامها، آلما آانت فعلية و جسدت أحكامها

بينما لما تكون هذه القاعدة غير موافقة و غير مطابقة للواقع الاجتماعي . بصورة سليمة في الواقع العمليو للمصالح الفردية و الجماعية لكياناته، تفقد فعليتها و تتعرض لمعارضة قوى هذا المجتمع، إدارة و

، ثم تتدخل الآليات و )أولا(عليتهابذلك تؤثر طبيعة هذه القاعدة و محتواها على مدى ف. أفرادا و جماعاتالأدوات المسخرة من قبل الدولة باعتبارها صاحبة السلطة العامة، لتؤثر في آيفية تنفيذها و تجسيدها

).ثانيا(حسب المعطيات المتوفرة و المحيطة بها

: عدم فعلية القاعدة القانونية المرتبطة بطبيعتها:أولا ة من عدة جوانب، سواء من حيث محتواها المادي، أو من حيث طبيعة ينظر الفقه إلى القاعدة القانوني

و يعد الجانب المرتبط بالوظيفة . الخ...، أو من حيث الغاية منها)الجانب العضوي(الجهة التي وضعتهاإن القانون، عكس ما يذهب إلية البعض لا . المنوطة بها أهم زاوية تحلل من خلالها هذه القاعدة القانونية

دوما الواقع الاجتماعي في مختلف جوانب حياته، بل آثيرا ما يطلب منه إعادة هيكلة السلوآات يعكس فيطلب من القانون إعداد . الاجتماعية و إعادة ترتيب المصالح و الأولويات و غيرها من القيم الاجتماعية

ت اعتاد الأفراد تصورات جديدة لسلوآات يجب إرساؤها في المجتمع، آما يسعى إلى قمع و منع تصرفافلم يعد القانون يعكس ما هو موجود في الميدان الاجتماعي، بل ينشئ و يخلق ما هو غير موجود و . عليها

.ما قد يكون بعيدا عن هذا الواقع الاجتماعي

يتسم القانون المعاصر بالطابع الدولاني لمصدره بحيث تنتجه الدولة في أغلب الحالات و الأوضاع، * ى التطور الذي عرفه المجتمع في مختلف المجالات إلى استبعاد الأنماط القديمة لإنتاج القانون، و إذ أد

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لقد أدى الطابع . المتمثلة في الأعراف و التقاليد، و استبدالها بآلية التشريع الوضعي الصادر عن الحكومةلدولة، إلى تكييف القاعدة القانونية المعقد و المرآب للنشاطات الحكومية التي تتولاها السلطات العامة في ا

من حيث محتواها و من حيث شكلها و من حيث دورها، لكي تتمكن من تسخيرها لتحقيق مختلف البرامج على هذا الأساس، تعد القاعدة القانونية وسيلة للحكم و آلة لتجسيد . المسطرة و تجسيد الأهداف المرسومة

صوص التشريعية أو النصوص التنفيذية، تكاد تحتكر الحكومة، و فسواء الن. و لتحقيق الوظيفة الحكوميةفالإدارة هي التي تبادر بالقوانين في أغلب الحالات، . منه الإدارة وظيفة التشريع و صنع القواعد القانونية

و هي التي تشرف على إعدادها و متابعتها في مختلف المراحل التي تمر بها، آما تتولى مهمة تنفيذها و في هذا الصدد الدور ) على رأسه مؤسسة ريس الجمهورية( و يلعب الجهاز التنفيذي . دها في الميدانتجسي

فيتولى الجهاز التنفيذي برمجة هذه . الفعال و الأساسي، إذ لا تصدر أية نصوص قانونية دون موافقتهية منها و الاقتصادية و النصوص وفقا لأولويات البرنامج الحكومي الرئاسي بجوانبه المختلفة، الأيديولوج

.الاجتماعية و غيرها، آما تقوم بتغيير المنظومة القانونية الموجودة وفقا للتوجهات الجديدة

و بالإضافة إلى آونها أداة و وسيلة للحكم و لممارسة الوظيفة الحكومية، تعد القاعدة القانونية وسيلة ضبط و . لعامة بصفة شاملة، و الحياة الاقتصادية بصفة خاصةتستعملها الإدارة لتأطير مختلف أقطاب الحياة ا

لقد أدى انسحاب الدولة من التدخل المباشر في المجال الاقتصادي، و خوصصة الكثير من القطاعات الاقتصادية إلى انتشار القواعد القانونية الضبطية خاصة تلك التي تنبع من الهيئات الإدارية المستقلة و

هنية المتشعبة التي تعد سلطات إدارية و تتمتع باختصاص وضع التنظيمات في مختلف التنظيمات المآمجلس النقد و القرض، و سلطة الضبط للبريد و المواصلات، و لجنة (المجالات المرتبطة بنشاطاتها

و يتسم الضبط بكونه يستعمل أدوات مختلفة عن تلك التي آانت ). تنظيم و مراقبة عمليات البورصةبقا بحيث يتميز بالمهنية و التخصص و الواقعية، مما يجعله يشكل قانونا يتسم بالقانونوية مستعملة سا

. الذاتية

فمن جهة أدى انتشارها إلى . و لقواعد قانون الضبط تأثيرين متناقضين على المنظومة القانونية الدولانيةالقانون، و من جهة أخرى، أدت إضفاء المرونة و السرعة و النجاعة في معالجة القضايا المطروحة على

آثرة انتشارها و اللجوء المفرط إلى إنشاء الهيئات الإدارية المستقلة إلى التضارب في الحلول و التناقض آما قد يؤدي التضارب بين المصالح . مع ما هو معمول به في المجالات الأخرى لدى القواعد التقليدية

في المجال الاقتصادي إلى التجميد المتبادل للقواعد المطروحة الاقتصادية بين مختلف الأقطاب المتنافسةمن قبل الجهات المخولة ذلك، خاصة و أن قوى السوق المتناقضة المصالح قادرة على التأثير السلبي على

.ذلك

ينجر عن آون القانون المعاصر من صنع الجهاز التنفيذي وفقا لبرامج الحكومة و لمخططاتها، ابتعاده * انفصاله عن الواقع الاجتماعي، بحيث آثيرا ما تؤدي الظروف الداخلية و الظروف الخارجية، خاصة و

.الدولية منها، إلى اضطرار الحكومة إلى اعتماد حلول و ترتيبات بعيدة آل البعد عن هذا الواقع القواعد الدولانية بمختلف فأمام القواعد الاجتماعية النابعة عن هذا الواقع و المتطابقة مع متطلباته، تتدخل

درجاتها و أنواعها و التي تضعها الحكومة و تفرضها على المجتمع، آخذة بعين الاعتبار ضرورات و أمام المكانة التي تحتلها القواعد . برامجها و مخططاتها دون إيلاء الأهمية اللازمة لهذا الواقع

ع أوضاع المجتمع، تتعارك و تتضارب مع القواعد الاجتماعية في الميدان، التي تتأقلم بسرعة و بسهولة م.الدولانية التي عادة ما تتسم بالجمود و الثبات، مما يؤثر سلبا على فعلية القانون

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و من بين العوامل التي تؤدي إلى فقدان الفعلية، آون القانون الدولاني قانونا إرادويا بحيث يرسم الأهداف لذلك آثيرا ما . بغض النظر عن توفر الظروف الاجتماعية الضرورية لهاالمتوخاة منه و النتائج المرجوة

و في هذا . يكون القانون الإرادوي متقدما عن المجتمع، بحيث يطلب منه القيام بدور القاطرة لدفعه و لجرهم المجال، يتسم القانون الجزائري بالطابع الإرادوي سواء في المرحلة الأولى عند نيل الاستقلال عند رسالخطة اللازمة لبناء مجتمع اشتراآي، أو في المرحلة التالية بمناسبة الإصلاحات الاقتصادية ابتدءا من

مع اعتناق اللبرالية، خاصة مع طلب الانظمام إلى المنظمة العالمية للتجارة، الذي استلزم الشروع 1989.ة الملائمة لهافي إصلاحات جذرية في المنظومة القانونية دون توفر الظروف الواقعي

أما في المجال الاجتماعي، لقد عدل قانون الأسرة لإرضاء منظمات حقوق الإنسان خاصة في مجال .الولاية في الزواج و آذا التلقيح الاصطناعي

آذالك ينجر عن القواعد القانونية الدولانية اآتسائها للطابع التقني و الفني لما للتطور التكنولوجي من تأثير

لكن أمام التخلف الذي يتميز به المجتمع الجزائري في المجالين . قانون شكلا و موضوعاعلى الفبينما بقي المجتمع في . الاجتماعي و الاقتصادي، لا يلتقي القانون المتطور بهذا المجتمع المتخلف

لثقافي و تجاوز اهتماماته التقليدية و القديمة، يستدعي القانون الجديد مستوى عالي من التطور الفكري و القد أدى هذا الاختلاف إلى حدوث انكاسارات بين . للنمط البدائي للسلوك الاجتماعي و للنشاط الاقتصادي

القانون و المجتمع، مما جعل من بعض القواعد القانونية خالية من أية فعلية منذ تصورها و صنعها نظرا :و نذآر على سبيل المثال. لإنعدام الظروف المواتية لها

. المتعلق بحماية المستهلك07/2/1989المؤرخ في /89/02قانون . يتعلق بحماية البيئة05/02/1983المؤرخ في /83/03قانون

. يتعلق ببورصة القيم المنقولة23/5/1993مؤرخ في / 93/10مرسوم تشريعي طق الحرة يتعلق بترقية الاستثمار، فيما يخص المنا05/10/1993مؤرخ في /93/12مرسوم تشريعي

. 2006 يتعلق بالمناطق الحرة، الذي ألغي في 19/7/2003مؤرخ في /03/02عوض بالأمر رقم تتسم هذه النصوص المذآورة على سبيل المثال بعدم فعلية أصلية بحيث منذ اللحظة الأولى لوضعها لم

.تكن الظروف اللازمة لها متوفرة مما جعل منها قوانين ذات طابع زخرفي و رمزي ى جانب هذه الكتلة من النصوص العديمة الفعلية، توجد نصوص أخرى متناقضة مع المصالح إل

لقد تصدى لها المجتمع منذ لحظة صدورها نظرا لعدم توافقها . الاجتماعية و المالية و الاقتصادية للمجتمع:منها على سبيل المثال. مع توجهاته

.1996العمال الصادر في قرار الحكومة المتضمن الاقتطاع الإجباري لأجور التي عورضت في منطقة القبائل منذ الوهلة الأولى فتم إلغاؤها في 2002 المحلية المنظمة في تالانتخابا. 24/11/2005 و نظمت انتخابات محلية جزئية جديدة في 2005

عادة التوجيه في و المتعلقة بنظام التقييم والانتقال و إ1993قرارات وزير التربية الوطنية الصادرة في .الجامعة

. دج500/750دج إلى 200 من 2001 مبلغ حقوق التسجيل في الجامعة الذي رفع في لقد جمدت هذه النصوص القانونية بسبب معارضة المخاطبين بأحكامها بحيث اعتبروا بأنها لا تتوافق مع

تمع لها مصالحهم، فاضطرت الحكومة إلى سحبها و تغييرها بعد اشتداد معارضة المج

:عدم فعلية القاعدة القانونية المرتبطة بآليات تنفيذها:ثانيا فنظرا للمرآز . لقد سبق و أن أشرنا إلى الدور الفعال الذي تلعبه الإدارة في صنع و وضع القانون

تتكفل القانوني الذي تحتله هذه الأخيرة وسط المؤسسات الأخرى باعتبارها الجهاز التنفيذي للدولة، فإنها

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Revue Campus N°5

لكن من جانب آخر، آثيرا ما تستغل الإدارة هذا . بعملية السهر على احترام القانون و على تنفيذه و تطبيقه.المرآز المتميز وتمنح نفسها سلطة تجاوز القانون و مخالفته

فباعتبارها . تنص مختلف النصوص الأساسية على تكليف الإدارة بالسهر على تطبيق و تنفيذ القانون *

الجهاز التنفيذي للدولة، تقوم الإدارة باتخاذ جميع الترتيبات و الإجراءات المناسبة لوضع القانون حيز . التنفيذ و التطبيق بالشكل الأحسن

لقد تطور مجال تدخل الإدارة في هذا النطاق بحيث انتقل من التقييد إلى الإطلاق و ذلك حسب تطور آل فبعد ما آان مجال اللائحة مقيدا بالقانون محل التنفيذ الذي يعد مجاله . من مجال القانون و مجال اللائحة

مفتوحا و مطلقا بحيث تم تقييد مجال 1958مطلقا و مفتوحا، أضحى بعد صدور الدستور الفرنسي لسنة ، و 1976(و لقد اعتنق المؤسس الجزائري هذا المبدأ خاصة في الدساتير الأخيرة . القانون و حصره

بحيث يقتصر القانون على وضع القواعد العامة و المبادئ العامة للمجالات الأساسية ) ، 1996، و 1989للدولة و للمجتمع، بينما يعود آلما هو غير مخصص له لمجال اللائحة أو التنظيم الذي يتولى تأطيره آما

.يضع التفاصيل و يسد النقائص و الثغرات عند قيامه بتنفيذه و تجسيده في الميدان

لكن تمتع هذه الأخيرة . و من الناحية المبدئية، تعتبر الإدارة مكلفة بالسهر على احترام القانون و تطبيقهبالسلطة العامة يجعلها في مرآز أسمى من الأشخاص الآخرين المخاطبين بأحكام القانون، بل أسمى من

. لأولوية و آذا بامتياز التنفيذ المباشرفتتمتع بالسلطة التقديرية و بامتياز ا. القانون ذاته في بعض الحالاتو أمام هذه السلطات لا يوجد سوى القضاء الذي يمكنه إلغاء أي تصرف تتجاوز فيه الإدارة سلطاتها و

.تخرق فيه القانون

فتتخذ هذه . و في مجال تنفيذ القانون، تلتزم الإدارة باتخاذ جميع الترتيبات و الإجراءات الكفيلة لذلكفنظرا لاآتفاء القانون . في أجل معقول و في حدود احترام نص و روح القانون محل التنفيذالترتيبات

بوضع المبادئ و القواعد العامة، يتولى التنظيم وضع التفاصيل الضرورية لوضعه محل التنفيذ، سواء في نص على ضرورة صدور التنظيم أم لم ينص على ذلك، و هو ما ذهب إليه مجلس الدولة الجزائري

.20/5/2003قراره المؤرخ في

و في حالة غياب التنظيم الضروري لتنفيذ القانون الجديد، يبقى التنظيم القديم ساري المفعول إلى غاية ، و )82/302مرسوم ( صدوره، و هو ما عمل به النظام الجزائري في مجال علاقات العمل الفردية

، و آذا القرار 1983نفذة للقانون القديم الصادر في المراسيم الصادرة في مجال حماية البيئة و الم.24/01/1981الوزاري المنظم للانتقال في الدراسات العليا الصادر في

و رغم تمتع الإدارة بالسلطة التقديرية في اختيار الوقت المناسب لها لإصدار اللائحة أو التنظيم، إلا و أن

و رغم هذا التحديد، . دارة بالأجل المعقول لوضع هذا التنظيمالقضاء الفرنسي و القضاء الجزائري قيدا الإتعرف عدة قوانين في التجربة القانونية الجزائرية تأخرا صارخا في صدور النصوص التنفيذية لها، منها

بينما تجسد بعض النصوص الأخرى بسرعة فائقة . قانون حماية البيئة، و القانون المنظم للمحاآم الإداريةالانتخابات، و قوانين المالية، بل حدث و أن صدرت النصوص التنفيذية قبل النصوص التشريعية آقوانين

بينما صدر المرسوم 06/02/2006آما هو الشأن في القانون المتعلق بتبييض الأموال الذي صدر في ي الصادر في ، آذالك المرسوم التنفيذي المنشئ للهيكلة الجديدة للتعليم العال07/04/2002التنفيذي في

).2006( في حين لم يصدر التشريع بعد2004

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لدى قيامها بتطبيق و تنفيذ القانون تلتزم الإدارة بأحكام القانون و تمتنع عن مخالفته عملا بمبدأ * لكن رغم ذلك، آثيرا ما تتعدى عليه بصورة عمدية سواء في الظروف العادية أو في الظروف . الشرعية.الاستثنائية

لا بمبدأ الشرعية، تلتزم الإدارة باحترام القانون و بعدم مخالفة أحكامه سواء من زاوية التدرج القانوني فعم

أما إذا خالفت هذا المبدأ، فتتعرض . أو من حيث محتواها خاصة ما يتعلق بحقوق و حريات الأفرادالإدارية، آما يجوز لكل قراراتها إلى تصدي القضاء و مراقبة السلطة الرئاسية، إذ تقوم مسؤوليتها

انطلاقا من هذا الطرح تخضع الإدارة للقانون لدى . متضرر من جراء تصرفاتها طلب التعويض. ممارستها لنشاطاتها من الناحية الشكلية و من الناحية الموضوعية

في ذلك لكن رغم ذلك حدث و أن تجاوزت الإدارة للقانون لدى قيامها بنشره و الشروع في تنفيذه، مستغلة

.مرآزها المتفوق، بحيث هي التي تضع النواة الأولى له و هي التي تقوم بتنفيذه

تقوم الإدارة باستغلال النقائص و الثغرات الموجودة في النص محل التنفيذ باعتباره يتسم بالعمومية و طة التقديرية و يؤدي مثل هذا الوضع إلى تقوية السل. الشمولية فتوجهه نحو تحقيق مصالحها الظرفية

و تمتد المخالفة في هذا المجال .للإدارة في اتخاذ الترتيبات التي تريدها، خاصة لما يخولها القانون ذلكآما تستغل الإدارة . حتى إلى التصرف بكل حرية في مدى جدوى إصدار النصوص التنفيذية من عدمها

و يعد مشكل انتخاب رئيس . لمصالحهانقص انسجام المنظومة القانونية لتضع القواعد الملائمة لها و بمناسبة 2005 و في سنة 2002المجلس الشعبي البلدي أشهر مثال على ذلك بحيث طرح في سنة

في بعض ولايات الوطن، و ذلك لانعدام 24/10/2005الانتخابات المحلية الجزئية التي أجريت في آذلك مثال المرآز القانوني لمحافظ بنك الجزائر . الانسجام بين القانون الجديد للانتخابات و قانون البلدية

.باعتباره رئيسا للجنة المصرفية، الذي يطرح مشكل التضارب بين فكرة العهدة و فكرة التعيين

و في جانب آخر، آثيرا ما تتعمد الإدارة إلى خرق القانون دون مبرر يذآر سوى آون القانون لا يخدم :شرعية الأصلية و نذآر على سبيل المثالمصالحها، فتخلق شرعية موازية لل

. التأخير العمدي في توزيع الإعتمادات المالية بمناسبة تنفيذ قوانين المالية طوال فترة التسعينيات- مخالفة الدستور و اعتداء الإدارة على مجال القانون بمناسبة صدور قرار رئيس الحكومة بالاقتطاع -

.1996 الإجباري لأجور العمال في فيفري إلى غاية الوقت 1976 تعليق حكم الدستور و مخالفة القانون في مجال قانون ضبط الميزانية و ذلك منذ -

و لم تعرض برنامجها السياسي على 2006آما حدث و أن عينت حكومة جديدة في ماي . الحاضر.ه البرلمان من ذي قبلالبرلمان وفقا لأحكام الدستور بمبرر عدم تغير البرنامج السابق الذي صادق علي

تعديل توزيع الاعتمادات المالية التي يقرها قانون المالية بواسطة تقنية التحويلات التي تتم بواسطة -.المراسيم الرئاسية

تجميد اعتماد النقابات و الأحزاب السياسية الجديدة من قبل الحكومة رغم توفر الشروط القانونية في -.ملفات أحزاب عديدة منها الاتحاد من أجل الديمقراطيةملفات نقابة الكنابست و

أما في الظروف الاستثنائية، فقد يحدث و أن تلجأ الحكومة إلى اتخاذ الإجراءات الإستثنلئية لمواجهة . 2006 إلى غاية الوقت الحاضر1992 و منذ سنة 1991ظروف طارئة آما حدث في الجزائر في سنة

...رعية استثنائيةلقد عوضت الشرعية العادية بش

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Revue Campus N°5

:الخاتمة

تعتبر دراسة ظاهرة عدم فعلية القانون في النظم المقارنة عامة، و في النظام الجزائري خاصة، من المواضيع الشائكة و الواسعة في آن واحد، إذ يمكن حصر آل القضايا المرتبطة بها بصورة مطلقة و

انونية بعناصر خارجية عن بنية المنظومة القانونية الداخلية، و تتعلق مشكلة عدم فعلية القواعد الق. شاملةبحيث تؤثر فيها التفاعلات الاجتماعية المتشعبة و المتغيرة، آما تتعلق بعناصر داخلية لهذه المنظومة، من

زاوية هيكلتها الشكلية، و من طبيعة الآليات المسخرة و المستعملة عند تصور آل قاعدة قانونية، و عند على هذا الأساس، نميز بين نوعين من عدم الفعلية التي تمس القواعد . ا حيز التطبيق و التنفيذوضعه

.القانونية في النظم المقارنة و آذلك في النظام القانوني الجزائري

و التي تتعلق بتلك " عدم الفعلية البنياوية" فمن جهة، نجد النوع الأول من عدم الفعلية، و المتمثل في د القانونية التي لا تتوافق مع الواقع الاجتماعي، و التي تستبق الأوضاع و الأحوال مما يبعدها عن القواع

.الواقع العملي الذي يجب أن تجسد فيه ، و تتعلق بالتفاعلات التقنية ذات الطابع "عدم الفعلية التقنية" أما النوع الثاني من عدم الفعلية، فيتمثل في

لإدارة عند توليها تطبيق و تنفيذ القانون إن معالجة مشكل عدم الفعلية ليس بالأمر الإجرائي التي تحدثها افإذا آانت الأخطاء و . السهل و البسيط، بل يستدعي آل عنصر من عناصر هذه الظاهرة مقاربة خاصة به

ة و التجاوزات التقنية و آذا التناقضات التي تعشش في المنظومة القانونية الوطنية ممكنة المعالجالتصحيح، فإن حل مشكل عدم الانسجام و التطابق بين الواقع الاجتماعي و محتوى القواعد القانونية

أصعب بكثير أن لم نقل شبه مستحيل، خاصة لما يكون هدف الجهة الواضعة للنص لا يتجاوز الجانب .الزخرفي

اسطة حل إجرائي أو منهجي، بحيث لكن لما تكون عدم الفعلية متعمدة من قبل الإدارة، فلا يمكن حلها بو

تتصرف هذه الأخيرة في القانون محل التطبيق باعتبارها صاحبة السلطة العامة، و بكونها الجهة المكلفة بتنفيذه، فتصور نفسها آهيئة صاحبة الامتياز المشتق من السلطة التقديرية المخولة لها، و آذا امتياز

و في سبيل حل إشكالية تهاون الحكومة في تنفيذ القوانين . رالأولوية الذي لا يتمتع به أي جهاز آخالصادرة عن البرلمان، و آذا وضع حد لاستخفافها بالدستور و للطابع الإجباري للقانون باعتبارها و في . مخاطبة بأحكامه، يمكن اللجوء إلى وضع آلية قانونية لمسائلة الإدارة عن مسألة عدم تنفيذها للقانون

، يمكن إجبار الإدارة على تقديم بيان سنوي يتناول تقييم درجة تجسيد النصوص القانونية و هذا المجال. مدى ترجمتها فعليا في الميدان، بدءا من الدستور باعتباره القانون الأساسي للدولة، ثم القانون، ثم التنظيم

ومة القانونية الوطنية، و آذا أما معالجة إشكالية التعارض و التناقض بين النصوص القانونية في المنظ

. نقص جودة هذه النصوص من حيث الشكل، فإننا نرى بضرورة تفعيل دور مجلس الدولة و تدعيمه

إن ظاهرة عدم فعلية القواعد القانونية ظاهرة اجتماعية، و سياسية، و قانونية، لذلك لا يمكن لعنصر حيث تحديدها و تحليلها، أو من حيث حلها و واحد من هذه العناصر المتشعبة أن يحصرها سواء من

فيجب أن تتوفر العديد من العوامل و العناصر التي تنتمي إلى آل هذه الجوانب من أجل تكريس . معالجتهاالقانون في الميدان، إذ لا يوجد فعلية و عدم فعلية القواعد القانونية بصورة مجردة و مطلقة، بل تحدد

.المتشعبة المشار إليها آنفابصورة قياسية مع العناصر

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Revue Campus N°5 89

STATISTIQUES DU FONDS DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE (FEVRIER 2007)

Monographies en langues étrangères

LIBELLE DE LA RUBRIQUE Nombre de titres

AGRONOMIE 122 ANGLAIS 418

ARCHITECTURE 99 BIOLOGIE 322

CHIMIE 337 DROIT 733

ECOLOGIE 61 ECONOMIE 2447

ELECTRONIQUE 254 ELECTROTECHNIQUE 53

GENERALITES 160 GENIE CIVIL 427

GENIE MECANIQUE 126 GEOGRAPHIE 61

GEOLOGIE 92 HISTOIRE 411

INFORMATIQUE 715 LINGUISTIQUE 226 LITTERATURE 459

LITTERATURE BERBERE 12 MATHEMATIQUES 558

MEDECINE 956 PEDAGOGIE 167

PHILOSOPHIE 139 PHYSIQUE 477

PSYCHOLOGIE 212 PSYCHOPEDAGOGIE 72

SCIENCES POLITIQUES 164 SOCIOLOGIE 335 THEOLOGIE 47

POCKET 175 QUE-SAIS-JE? 1452

TOTAL 12289

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Revue Campus N°5 90

Monographies en arabe

إ ســـم المــادة عـــد د العـنــاويــن الإقتصاد 1050 القانون 1777 التاريخ 718 علوم الد ينية 424 الطب 16 علوم الإجتماعية 282 علوم السياسية 98 الثقافة العامة 181 الأدب 3310 الجغرافية 28 الفلسفة 302 علم النفس والتربية 794وعالمـــــــجـمـــــ 8980

Thèses en langue arabe

إ ســـم المــادة عـــد د العـنــاويــن

الإقتصاد 82 القانون 272 التاريخ 36 علوم الد ينية 18 الطب 01 علوم الإجتماعية 82 علوم الزراعية 02 علوم السياسية 26 ثقافة عامة-عموميات 01 الأدب 212 الجغرافية 01 الفلسفة 28 علم الأثار 08 علوم الإعلام و الإتصال 17 الترجمة 11 اللغة والثقافة الأمازغية 06 التربية البدنية والرياضية 02 علم النفس والتربية 50 المـــــــجـمـــــوع 855

Page 107: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 91

Thèses en langues étrangères

LIBELLE DE LA RUBRIQUE NOMBRE DE TITRES AGRONOMIE 84 ALLEMAND 04 AMAZIGH 25

ANGLAIS 24 ARCHITECTURE 05 BIOLOGIE 99

CHIMIE 126 DROIT 44

ECONOMIE 195 EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE 04

ELECTRONIQUE 194 ESPAGNOL 03 FRANÇAIS 51

GENIE CIVIL 133 GENIE MECANIQUE 96

GEOGRAPHIE 02 GEOLOGIE 36 HISTOIRE 03

INFORMATIQUE 120 LITTERATURE 05

MATHEMATIQUES 144 MEDECINE 720 PHYSIQUE 153

PSYCHOLOGIE 18 RUSSE 03

SCIENCE DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

02

SCIENCES POLITIQUES 13 SOCIOLOGIE 16 TRADUCTION 01

TOTAL 2323

Page 108: SOMMAIRE - UMMTO

Revue Campus N°5 92

Périodiques en langues étrangères

LIBELLE DE LA RUBRIQUE NOMBRE DE TITRESAGRONOMIE 20

ARCHITECTURE 04 BIOLOGIE 42

CHIMIE 07 CHIRURGIE DENTAIRE 04

DROIT 18 ECONOMIE 102

ELECTRONIQUE 10 GENERALITES 173 GENIE CIVIL 05

GEOGRAPHIE 03 GEOLOGIE 01

INFORMATIQUE 15 LINGUISTIQUE 08 LITTERATURE 12

MATHEMATIQUES 09 MEDECINE 102

PEDAGOGIE 24 PHYSIQUE 05

PSYCHOLOGIE 03 PSYCHOPEDAGOGIE 04 SCIENCES HUMAINES 09

SOCIOLOGIE 16 TOTAL 596

Périodiques en langue arabe

إ ســـم المــادة عـــد د العـنــاويــن الإقتصاد 14 القانون 06 بيداغوجيا 08 التاريخ 05 الثقافة 11 علوم الد ينية 02 رياضيات 01 الطب 01 علوم الإنسانية 08 علوم الإجتماعية 03 علوم الزراعية 04 علوم السياسية 04عامة ثقافة -عموميات 91 الأدب 08 اللسانيات 05

المـــــــجـمـــــوع 171

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Revue Campus N°5 93

Instructions aux auteurs

1. Objectifs et domaines d’intérêt : Campus est une revue de

l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou à caractère exclusivement scientifique ayant pour but de diffuser et vulgariser des thèmes visant à l’épanouissement du savoir.

Elle constitue un espace d’expression qui contribue au développement des échanges scientifiques pour susciter des contacts permanents entre l’ensemble des membres de la communauté universitaire. Cela permet aussi de mieux informer l’opinion sur les différentes missions essentielles et les potentialités de notre université.

Ainsi, il et fait appel à tous les membres de cette communauté (personnel enseignant et non enseignant et étudiants) pour nous envoyer leurs contributions portant sur des sujets scientifiques, technologiques, littéraires, … etc.

Les articles doivent être rédigés conformément aux instructions décrites ci-dessous. Notre souhait est de dynamiser le débat scientifique et intellectuel au sein de notre université.

Toutefois, il est important de signaler que les articles publiés n’engagent que leurs auteurs et aucun article jugé diffamatoire ou qui ne cadre pas avec les objectifs de la revue ne sera publié.

Les rubriques disponibles sont : • Actualités et informations

universitaires • Contribution scientifique (article de

vulgarisation)

• Portrait, enquête ou dossier (sur une personnalité scientifique ou une institution, organisme …etc)

2. Manuscrits Les articles soumis à publication

doivent être remis au service de la communication du vice- rectorat chargé des relations extérieures sur disquette (ou CD) accompagnée d’une copie imprimée sur papier A4 de bonne qualité.

Les articles doivent être dactylographiés en Word avec des marges gauche et droite de 3cm, une interligne simple et la police de caractères Times New Romans (14).

Ne pas mettre des numéros de page. Les références bibliographiques complètes doivent figurer à la fin du document et ne doivent comporter dans le texte que le numéro de la référence (ex [5]), Les notes de bas de page doivent être évitées. Les auteurs peuvent accompagner leur article d’une photo ou illustration positionnée à l’endroit prévu à cet effet. Tout article traduit doit être accompagné de sa version originale.

A la réception, le demandeur remplit une fiche de dépôt et un accusé de réception lui sera remis.

la Rédaction

Les articles publiés dans la revue CAMPUS n’engagent que leurs auteurs.

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