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COMMISSION INTERNATIONALE SUR LE DEVEIOPPEMENr DE L'EOOCATION"

SERIE C : INNOVATIONS

N° 13

REFORME DE L'EWCATION EN REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

par Léon Ve..ndermeersch

Ce document fait partie de la troisième série d'études (Série A :

Situation, Série B : Opinions, Série C : Innovations) préparées àl'intention de la Commission internationale sur le développement

de l'Education, créée en application de la résolution 1.131 adoptée

par la Conférence générale de l'Unesoo lors de sa seizième session.

En raison de son intér$t général, il est également mis à la disposi­

tion de ceux que le sujet traité intéress~. Les vues exprimées par

1'auteur engagent sa seule responsabilité.

UNESCO

1971

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Léon VANDERMEERSCH - Franoe _ Chargé d'enseignement de ohinois àl'Université de Provence (Aix.-en-Provenc~).

Auteur de nombreux articles sur la Chine.

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TABLE DES M.l\TIE:Œ'..8

Page

Le point de départ de la réforme en 1968 •••••••••••••• 1

I. Principes fondamentaux'et économie générale des-4 -structures nouvelles ••••••••.•••.•••••••• ~.~ •••• ~ ••.•.

Pou'9'Oir culturel et ordre prolétarien .

Réarticulation des établissements dl-enseignement .surles unités de production •••••••••.••••••••••••••••••••

2

2

4

Symbiose entre unités d J enseignement 'et unités deproduction •••.•...••••.•• ., ..•.. ! ••••••• ! •••• !.. •••••••• *. 6Décentralisation administ:t:ative ••.••••• ~ ••,!,' ,'. • • • 7

Auto-équipement scolaire •••••••••••••••••••••.••• ~.... 8Solution des problèmes de recrutement des mattres •• 'O.. 11

II. Contenu et méthodes de l'enseignement nou.veau 14

Education politique •••••••••••• 'O •••.•••.••••.••.,...•.. !.. 14

Adaptation de l'instru.ction aux besoi~s s~ciaux .••• ~... 16

Examens et sélectlgn .! ••••• !.~~....................... 20

Le travail manuel ••••••••.• ~ .•••••••• ~ •••• ~~••• ~ •.•• ~. 20

Les disciplines littéraires •••••••••••••• ~••••_. '.' •.••• 21

Le pays entier comme école pour la nation ••••••••••••• 21

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Le point de départ d.e la réforme en 1968 *La réforme de l'éducation en Chine n' a véritablcrncnt commencé qu'après le.

phase la plus intense du mouvement de la Révolution culturelle. S'il est vraique celui-ci s'était déclenohé dans les écoles, OÙ les vices du régime de l'en­seignement en vigueur fournirent aux premiezs rebelles révolutionnaires les '.raisons initiales de leur soulèvement, presque aussit8t, néanmoins, le flux dela contestation s'emporta en un vaste raz-de_marée politique dans les déborde­ments duquel les problèmes spécifiquement scolaires demeurèrent noyés pendantdeux ans. En vain le Comité central s'efforgait-il d'y intéreeser les jeunestout en leur intimant l'ordre de réintégrer leurs écoles. I.e 3 novembre J.967,la publication dans le Quotidien du PeuE..~ des trois projets de.. r~forme del'Université TongJi de Shanghai, de l'Institut d'études forestieres de Pékinet de l'Université normale de Pékin, les premiers du genre, n'éveille encoreque peu d'échos. C'est toujours aux luttes pour le pouvoir dans les établisse­ments que sont consacrés tous les efforts. Ces luttes ne seront menées à bonnefin que grice à deux sortes d'intervention successivement décidées par MaoZedong lui-même. La première, celle des militaires, remonte à une directive du7 mars 1967. renduepublique seulement le 7 mars 1968 par l'Agence Chine nouvelh~,

qui chargeait l'Armée notamment d'aider à la formation dans tous les établisse­m-ants scolaires des comités révolutionnaires de directio~.a, et de soutenir enmême temps l.e triple mouvement de 1~ [ë,ontre l' égoYsm!y, E.rlll.9~ @urévisiarnism~et réforme ~es institution§7. Pour l'accomplissement de cettemission ~nt coÏiStitu~es des §qui~S de progagande de la pe,psée de Mao Zedong9-! l'Armee populaire de libéra:~CitachJes dans toutes les 6coles primaireset secondaires ainsi que dans les universités. La seconde intervention, celledes travailleurs, débuta par l'occupation massive, le 'Zl juillet 1968, del'Université Qinghua et de ses abords par trente mille ouvriers provenant desoixante-et-une usines de la région pékinoise et arrivant en renfort dans leséquipes ulilitaires de propagande (cf. nota.'DIlIent l'enquête d'Alexandre Caselladans I.e tw10nde du 12.2.71). D'autres allaient bient8t s'installer de la ~mefawon d'abord dans les divers établissements d'enseignement supérieur de Pékinet des grandes villes, puis dans l'ensemble des écoles du pays au cours d'unevaste opération qui allait être entiè:-ement terminée dès la fin de l'été,soit dans des délais extraordinairement brefs en regard des lenteurs de lastabilisation de la situation dans les autres domaines, et qui donnent à lamanoeuvre presque le caractère d'un coup de force.

C'est alors seulement, en automne 1968, que l'entreprise de réforme del'éducation s'engage sérieusement. En faire un bilan systématique n'est pasencore possible. Néarunoins, les grandes orientations adoptées apparaissentdepuis longtemps déjà très clairement. ce qui autorise au moins à tenter d'endégager les lignes essentielles, à l'égard de l'organisation nouvell~ du syst?-·~d'abord, des méthodes et du contenu qui sont désormais ceux de l'enseignementensuite.

* La transcription des termes chinois utilisée dans cet article est cellede la RépuLlique populaire de Chine (pin Yin), à l'exception des nomscourants.

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2.

l. Principes fonë~nta~ et économie générale des structures nouvelles

Pouvoir culturel et ordre prolétarien

L'objectif premier de la Révclution culturelle était de reconquérir lepouvoir sur les révisionnistes dans tous les domaines de la oulture, et enPartioulier celui de l'éducation, afin d'y rétablir solidement la dictaturedu prolétariat. I.e paradoxe du mouvement est que ceux qui en avaient prisl' initiative devaient se révéler incapables d'en assurer chez eux l' à.boutisse_ment, l'éviction du révisionnieme ne donnant lieu dans les établissements sco­laires et universitaires qu'à des menées anarchiques en vue de l'hégémonie dela part de factions opposées. L'ordre prolétarien allait y @tre ramené del'extérieur par l'Armée populaire bient8t suivie par les prolétaires eux-m3mes.Mais il apparaissait alors que les différents corps de l'Université, ayantmontré leur incapacité à restaurer ohez eux authentiquement la dictature duprolétariat, ne pouvaient: plus prétendre à l'indépendance, et surtout au droitde se réfonner eux-m&es. I.e 25 aoÜt 1968, dans un important article parais­sant en t@te du Drapeau rouge, Yao Wenyuan cita!t une nouvelle directive de

. Mao Zedong :

"La réalisation de la révolution prolétarienne de l'éducation doit @tredirigée par la classe ouvrière, doit se faire avec la participation desmasses ouvrières en union avec les combattants de l'Armée populaire delibération, par la mise en oeUVl~e de la triple alliance avec les élémentspositifs résolus à mener jusqu'au bout la révolution prolétarieIUle del'éducation parmi les étudiants, les professeurs et les ouvriers de l'école.Les équipes ouvrières de propagande demeureront longtemps dans les écoles,en y participant à toute la t~che de lutte, critique et réforme, ainsiqu'en dirigeant les établissements. Dans les ca~pagnes, les écolesseront administrées par les plus sOrs alliés de la classe ouvrière :les paysans de la couche pauvre et de la couche inférieure du niveaumoyen. "

Sans doute les travailleurs n'occupent-ils plus les établissements scolai­res aussi massivement qu'ils y étaient entrés. A Qinghua par exemple, leurnombre était déjà tombé à cinq mille trois jours après leur arrivée, et devaitensuite se réduire progressivement à trois cents au milieu d'un effectif dequelque dix mille étudia."1ts (cf. Le Monde du 12.2.71). Tout indique cependantqu'une telle réduotion, loin de dénoter 1'effacement du r6le des prolétaires,sigo.ifie au contraire que l'autorité de ces derniers s'exerce ma.:tntenant defapon bien moins contestée et beaucoup plus positive qu'au début. Ce résultata été obtenu par le moyen des campagnes systématiques de lutte, critique etréforme destinées à rabaisser les prétentions des intellectuels et à renforcer1'assuranoe des représenta.l1ts du prolét~at. En particulier, il a fallupousser Vigoureusement ce~ci à ne pas se contenter de faire acte de présence,et à assunlor effectivement leurs responsabilités. Le Quotidien du peuple du22 mai 1969, entre autres, publ1?..it à cet égard une lettre significativeémanant d'une section de l'Armée populaire :

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3.

"••• Il arrive dm1s d'autres cas qu'inconnciemment le-"3 représentantsdes paysans pauvres s

'ab3orbent dans des taches de service; tandis que

les mattres font classe, faute d'avoir à faire, ils s'occupent de chauf­fer le poêle, de balayer,- de porter l'eau, de sor.ner la cloche, de réparerles tables et les bll1lCO ••• Dans certains endroits, cela aboutit même àce que les agents de se~Jice de l'~Qole ont cessé lffixrs fonctions pourêtre remplacés par les paysans pauvres qui prétendent que c'est pour"faciliter leur direction". De cette faSt0n, les représentants des pay­sans pauvres ne dirigent plus le mouvement de lutte, critique et réformede l'école, et ne viennent dans l'établissement que pour des besognes deservice. Cette situation doit nous inciter à la vigilance.

Les paysans pauvres se sont installés dans les écoles pour les dirigeren représentant la classe ouvrière, pour transformer de fond en comble lesvieilles institutions, pour éduquer et réformer les enseignants, pour menerà son terme la révolution de l'~cation en se solidarisant avec la majoritéde ceux-ci" pour occuper fermement le terrain de l'enseignement rural; ilsne sont absolument pas venus dans les éooles pour "donner un coup -de main",encore moins pour s'y soum3ttre à la direotion des intellectuels••• "

Ainsi voulue à la fois générale et radicale, l'action des équipes proléta.­riennes se situe sur un tout autre plan que celui du rétablissement et du main­tien de l'ordre. Par elle c'est en vérité le statut du corps universitaire­tout entier, enseignants et étudiants, qui est effectivement remis en cause.La. réforme de l'enseignement, en Chine, est après la Révolution culturelle,ce qu'a été la réforme agraire après la révolution sociale: un renversementde pouvoir de classe, et nullem3nt la simple promotion à l'intérieur des éta­bl1.ssements de la catégorie des dirigés en position de dirigeants. En bonnedoctrine maoiste, le pouvoir culturel détenu par les intellectuels est rigou­reusement analogue au pouvoir économique que d.3tenaient les propriétaires.Les meillffixrs d'entre ces intellectuels méritent-tout au plus d'être tra.5.téscomme l'ont été jadis les capitalistes nationaux. Pétris, à leur corps défen­dant, de l'ancienne culture, ils ne sauraient rénover le système éducatif pourautant que cette rénovation vise, bien au-delà des formes et des contenusde l'enseignement proprement dit, la finalité profonde de toute l'éducat.ionrepensée dans l' eBprit de la révolution idéologique. Un des premiers rapportssur les koles nouvelles, celui de la Commune populaire de Shu1yuan, dans lecanton de Yingkou de la province du Liaoning, s'exprime là-d.essus très nette­ment (cf. Hongqi 1968 N° 3) :

"Certains disent: Je suis d'une famille de paysans pauvres, quotidienne­ment Je vis avec les paysans pauvres, déjà je suis en union avec eux."A ce compte, les écoles poursuivent leur mouveoent toutesportes closes,et la critique ne peut @tre menée radicalement; la réforme de l'ensei­gnement se limite au point de vue des programr.1es à arrêter, des l'écherche,set des cours à mettre en-place, des manuels à compiler, des méthodespédagogiques à-rectifier. On ne fait que tourner en rond sans sortir ducercle ancien ••• Les leçons de cette expérience sont que :

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4.

1.

2.

Toute réforme de l'enseignement poursuivie à porte close secoupe de la masse des paysans pauvres;

Toute réforme qui se lim1te aux méthodes et au contenu del'enseignement ne parvient pas à réaliser la révolution radicaledes structures;

On ne comprend pas que pour promouvoir une vraie révolution del'enseignement,-il faut d'abord rendre l'idéologie véritablementrévolutionnaire."

Pour comprendre la réforme chinoise de l'enseignement, il importe avanttout de l'envisager dans ce contexte de renversement du pouvoir des intellec­tuels qui lui donne sa signification propre.

Réarticulation des établissements d'enseignement sur les unités de production

Cormnent s'est concrétisé ce renversement? Par la réarticulationcomplète du secteur de l'enseignement dans le cadre général des activitéssociales, tous les établissements ~ant désormais directement rattachés auxcollectivités prolétariennes, essentiellement les-communautés de travailleursconstituées par les diverses unités de production. En ce qui concerne lesécoles rurales, c'est là le premier article d'une charte des enseignementsprimaire et secondaire dans les campagnes rédigée par le Comité révolutionnairedu Canton de Lishu de la province de Jilin, à laquelle publication en-premièredu Quotidien du peuple le 12 mai 1969 donne pratiquement force de loi. Lesécoles primaires seront désormais dirigées par les grandes brigades, et lesécoles secondaires conjointement par les grandes brigades et les communespopulaires, par l'intermédiaire d'organes révolutionnaires. Quant aux écolesurbaines, qu'aucun texte général ne régit encore, le m@me principe leur esten fait appliqué mais dans des conditions que compliquent d'une part l' exis­tence des collectivités de quartier à eSté des communautés spécifiques detravailleurs que constituent les usines, d'autre part le désir de faire inter­venir également les communes populaires de la campagne voisine. Dans l' arron­dissement de Zunyi de Nankin par exemple, dix-sept écoles pri.ma1res ont étéabsorbées dans les écoles secondaires de leur voisinage et placées en m@metemps que celles-ci sous la direction d'usines; quatre écoles primaires ont étételles quelles placées sous la direction principale d'usines de la proximité,mais avec direction conjointe de collectivités de quartier et de communespopulaires; enfin, les écoles primaires trop éloignées des usines ont étéplacées SOttS -la seule direction des collectivités de quartier (cf. Renminribao du 4.2.69). Dans le cas des universités, situées à un niveau tropélevé pour que puisse s'y trouver des collectivités prolétariennes de base,la solution semble avo:!.r 6té cherchée dans des jumelages multiples entre unétablissement universitaire et plusieurs unités de production industrielleset agricoles. La situation est ici particulièrement significative, car s'ilne s'agissait que de faire des étudiants simultanément des travailleurs, àl'échelle des universités, il était possible de créer des complexes universi­taires de production répondant à cette nécessité tout en étant de gestion moinsdifficile parce que moins dispel'sée. Mais il importait plus encore d'abattreles murs séparant l'ancienne université du monde du travail, et derrièrelesquels se perpétuait une forme de culture toujours marquée de l'idéologieanoienne constituant une menace latente pour l'ordre social nouveau;

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5.

il importait de faire en sorte que tous les établissements d'éducation soient'"com;ne disent"les Chino:f.s, déscrmais di~gés "à porte ouvcrte tl et non plus "!porte close". Cela ressort d'un rapport du sous_comité de la révolution del'enseignement du Comlté révolutionnaire de l'Institut technique du Nord-Estpublié dans le Quotidien du peuple du 4 ~..rs 1971. Il y est exposé qu(~

l' Institut a constitué plasieurs dizcl.nes d' équi.pes de professeurs et dl étu­dian'ts révolutionnaires qui se sont jumelœs avec une cinquantaine d'établis­sements industriels et miniers pour former une université du travail. Cepen­dant, l' Institut fondait aussi lui-même des usines lui denleurant propres pourle traitement des minerais, la production électrique, la production desmétaux non-ferreux et la construction mécan1.-que. Le bilan de ces deux sortesd'activités inspira deux thèses divergentes. L'une était qu'il fallait insis­ter surtout sur la création d'usines propres à l'Institut, pour la raison queles exigenccs de la production étaient souvent contradictoires avec celles del'enseignement et de la recherche, ce qui rendait très difficile à mettre enoeuvre le jumelage des usines et des établissements d'enseignement.

"Sous l'influence de cette fa~on de voir, poursuivent les rapporteurs,s'est manifestée. une tenda..'1ce à la multlplication des usines propres,chaque discipline teclmique dirigeant la sienne, et sont apparues parla suite des exigences de capitaux, des exigences d'équipement, desexigences de main..d'oeuvre, une eoncurrence pour la disposition deslocaux et d.es matières premières. Nous avons eu le sentiœn't que sichaque discipline tecl.m~que dirigeait son usine répondante à l'intérieurde l'Institut, celui-ci, poussé à s'agrandir et à se compléter, ne pour­rait éviter de s'enfler indéfiniment, et risquerait de s'engager denouveau sur la voie de la gestion scolaire à porte close~'

Aussi les rapporteurs défendent..ils l'autre thèse, mettant l'accent surla pratique des jumelages entre écoles et usines malgré les difficultés deleur mise en oeuvre, Parce qu'ils assurent seuls la perméabilité de l'ensei­gnement aux réalités proléta..;'enl1es.

Les jumelages entre établissements .,dl enseignement et établissements deproduction se réalisent d'ailleurs aussi dans l'autre sens, par création d' a..'1.­nexes de formation auprès des oentres produotifs. Dans les campagnes, ils'agit de fondations qui prennent en général le nom d'institut agronomique(nengxueyuan) et qui sont créées au niveau des grandes brigades. Tel estl'Institut agronomique du 7 mai, de la Grande brigade de-Yuetan du canton deYanshi dans la province du Henan (cf. Renmin ribao du 28.2.69). Les étudesy durent d'un à deux ans, et sont orientées vers la culture du blé, céréaledont l'Institut a réussi à sélectionner cinq variétés supérieures et expéri­mente actuellement une trentaine d'autres variétés. C'est en procédant auxtravaux de-la campagne agricole que les élèves regoivent les enseignementsappropriés. En cinq ans, l'Institut a fonné cent dix-sept agronomes qui sesont dispersés sur cinquante-et..un cantons de trois provinces. Dans lesecteur industriel le modèle du genre est l'Ecole supérieure oU'Vrière du21 juillet créée par l'usine de machines-outils de Shanghai (cf.. Hongqi 1971N° 6). Elle forme des ingénieurs constructeurs de machines rectifieuses endeux ans, bien que pour la première promotion, entrée en septembre 1~168, lasortie ait été retardée jusqu'à l'anniversaire de la célèbre directive du21 juillet qui donne son nom à l'Ecole, ce qui a entratI1é un allongement de

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6.

près d'un an de la scolarit~ prévue. Les cours de spécialité portent surle dessin, les math_tiques, la physique, les phénorxiènes de IU'ession hydrau­lique, l'électromécanique, le planning des machines rectifieuses et les lan.gues étrangères. Tous les é-tudiants sont des ouvriers qui dans la premièrepromotion avaient en moyenne douze ans de métier, et une instruction nedépassant pas le niveau du premier cycle secondaire. La. deuxième promotion,qui vient de faire son entrée à l'Ecole, en compte quatre-vingt-dix.-huitcontre cinquante-neuf poo.r la premi~re.

Symbiœe entre unités d'enseignement et unités de production

Le rattaohement des établissements scolaires au secteur dynamique de lasooiété, économiquement secteur de la production ou politiè:}Uement secteur duprolétariat" eat conpu de manière à créer les conditions de la symbiose laplus oomplète entre chaque unité d'enseignement et la collectivité socio-éco­norn1que dont elle dépend, de telle manière qu'un m3me esprit anime ici letravail produotif, et là la nouvelle culture en formation. La formule cléde cette symbiose est la triple alliance, qui associe organiquement à tousles niveaux des représentants révolutionnaires du prolétariat d'abord, descadres politiques et militaires ensuite, des enseignants et enseignés enfin.De cette manière sont formés les comités révolutionnaires directeurs, ou,pour les éooles pr1ma.1res, les équipes directrices émanant du comité révolu­tiormaire de la grande brigade, de l'usine ou de la collectivité de quartierde laquelle elles relèvent.

La triple alliance se pratique en outre à tous les échelons du fait de laprésence nombreuse d run nouveau persormel d'encadrement d'origine extra-uni­versitaire appelé à assumer les taches éducatives parascolaires et m3me dansune large mesure l'enseignement proprement dit. L'article 19 de la charte desécoles rurales dispose notamment que seront sélectionnés des activistes del'étude vivante de la pensée de Mao Zedong parmi les paysans des couches lesplus pauvres, les cadres révolutionnaires et les miliciens, pour devenircumulativement professeurs ou pour devenir conférenciers. Ce rSle, dans leséooles urbaines et dans les universités, est confié à des ouvriers ou à desmilitaires de l'Armée populaire. Au Ltcée du 5 mai de la Fonderie de LanzhouPar exemple, le corps enseignant comprend" outre les cinquante-neuf profes­seurs de métier originellement attachés à l' ~tablissement, quatre vieux ouvriersdevenus professeurs à plein temps, ainsi que vingt-trois ouvriers en activité,dix-neuf paysans, deux militaires et un ingénieur qui enseignent à mi-temps.Lr iconographie chinoise de la révolution de l'éducation est riche de nombreusesphotographies de prolétaires ou de soldats donnant des cours.

Dans ce cadre nouveau, la concH:tion des mattres et colle des étudiantsse trouve considérablement modifiée. La polarisation traditiormelle du milieuscolaire Par l'autorité magistrale le cède à une polarisation par le prestigepolitique qui place enseignants et enseignés 15Ur le m@me plan en regard de laprééminence des prolétaires et des militaires. L'article 7 de la charte desécoles rurales prescrit "11 établissement drune nouvelle forme prolétariennede relations entre professeurs et élèves: basée sur lr émulation politique,l'entre_aide idéologique, l'effort réciproque pour s'enseigner muttlellementet pour prendre soin des besoins des uns et des autres dans la vie." Lr en­qu~te sur la révolution de 1 renseignement dans la Commune populaire deShuiyuan se conclut par ces lignes :

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7.

If••• Beaucoup de professeurs r~conn~..1ssent qu'autrefois les relationsentre mattres et élèves n'étaient p3.S bonnes, pr:'n~1palement parce queeu...'lC.-m~es étaient responsables d'une 6.ttitude incorrecte à. l'égard de11esprit de rébellion révolut1ormaire des petits généraux, problème nonpas de méthode mais plus généralement de comportement. Aussi ces pl'Ofes­sours se sent-ils engagés dans ut'l exame.."l de oonscienc3 devant les élèves,luttant contre leur propre esprit perticulariste pour former une m~communauté avec leurs étudiants, u..Ylis avec eux pour les exercices scolaires,pour la critique politi~ue, poUl~ le trava±l manuel, pour les exercicesphysiques, pour les amusements de détente. A cet exemple un certain nom.­bre d rétudiants ag~ants ont. à leur tour fait l'examen de leurs pro~"'es

défauts. De nouyelles relations se sont instaurées entre maîtres etélèves. Les ma1tres enseignant les élèves, les élèves enseignant lesmattres, les élèves s'enseignant entre eux, la valeur de l ' enseignementet la valeur des études se sont aug.'Jlentées l'une par l'autre dans uneamélioration d'ensemble. Une situation nouvelle est apparue dans l'école,activement dynamique." (cf. Hongqi 1968, N° 3)

La relation enseignant-enseigné, vidée de tout contenu d'autorité, n'estplus qu'une relation pédagogique purement technique, le savoir ne representa.."ltqu'une supériorité de moyens valorisée seulement par la finalité politique ~~i

lui est ajoutée. Ce nivellement de l'ascendant des mattres a facilité unecritique asaurément bénéfique des faux.-se.'llblants formels et livresques de lacOIUlaissance; mais il est aussi l'un des facteurs de la dangereuse dévalori­sation du travail purement intellectuel, qui par exemple a pu provoquer cer­taines défaillances dans le recrutement des nouveaux étudiants de lJUniver13itéTongji (cf. Hongqi 1970, N° 8). Après les campagnes de critique de la qu~teambitieuee du savoir pour lUi_m@me, il a fallu organiser de nouvelles campngnespour critiquer l'opinion de plus en plus répandue de l'inanité des études.

Décentralis~tionadministr~iv~

La prise en charge par les collectivités prolétariennes de base de tousles établissements dt enseignement n'a pu se faire sans leur décentralisationadministrative. Celle-ci est si complète que le Ministère de l'éducationnationale, sur le titulaire duquel aucune information n!-a été publiée depuisla destitution de Tao Zhu en 1967, semble a.voir disparu. Il est en tout castotalement inopérant dans la réforme de l'enseignement. L'ancierme adminis­tration, symbole de la voie révisionniste, est prise-pour cible d2.ns tous lesrapports, surtout au niv~au de ses bureaux cantonaux. Faut-11 la remplacerou peut-on s'en passer oomplètement? C'est ce que se demande un ancieninstituteur dans une lettre publiée par le Quotidien du peuple le 2.12.1968 :

"Est..i1 encore besoin de bureaux {;antonauff de l'éducation? C'est àvoir. Si au niveau du canton les bureaux de l'éducation ne sont pasnécessa1res, alors il ne faut pas de direction de l'éduoation au niveaudes provinoes et des municipalités, par suite il ne faut pas de ministèrede l'éduoation au niveau central. Cela serait-il convenable? A mon avis,il reste nécess8.1re dl avoir des bureaux, des directions, un ministère del'éducation, mais avec-des structures très simplifiées et sous l~ dir~c­

tion du prolétariat ••• ft

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8.

Et 11 auteur de la lettre de citer comme tiehe rendant indispensable lemaintien d' 'Wle certain structure de centralisation ••• la mise au point desmanuels nationaux en concordance avec les manuels rédigés localement.

LI effacement de l'administration centralisée n'est pas un fait entièrementnouveau en Chine en matière dl éducation. Lors du Grand bond en avant, lescommunes populaires avaient été vivement encouragées à pourvoir elles-m&1esà leurs besoins scolaires. Selon les statistiques de ltépoque; elles sl~taient

miseR à gérer 4010 des écoles primaires et ·5010 des écoles secondaires, qu'ellesorganisaient en général selon le régime des études et du travail productif àmi-temps. Cependant, la doctrine des autorités d'alors était qu'il ne s'agis­sait là que d'un expédient provisotre des:t1né à soulager 11 administrationd'Etat d'une partie de son fardeau~ et que l'Education nationale, seule capabled'assurer un enseignement digne de ce nom, aurait à reprendre progressivementle contl-.61e de tous les établissements. Effectiverœnt, au début des années1960, la politique constante de Liu Shaoqi, à en croire les nombreuses critiquesdont elle a été llobjet depuis sur ce point, fut de normaliser peu à peu lesystème en repl~ant sous la coupe des bureaux cantonaux de l'éducation leplus grand nombre possible d'écoles rurales, au moins IX)ur la réglementationde leur régime et le recrutement de leur personnel sinon toujours pour la priseen charge totale de leur budget, et en se désintéressant complètement de cellesqui résistaient à cette ID rmal1sation par crainte d'étouffement sous des règlestrop rigides. De cette ff:!.pon SI est creusé un écart considérable entre les éta­blissements de régime régulier, où les études étaient maintenues à un niveaurelativement élevé not8.lment par la réduction au minimum du prograrrme des acti­vités politiques et manuelles, et les autres qui, privées de toute assistancede ItEtat, dispensaient dans des conditions-difficiles un enseignement réduità mi-temps et de caractère surtout pratique. La dualité des deux régimes deplus en-plus inégaux fut finalement acceptée comme inévitable par Liu Shaoqien 1964. Cette inégalité allait devenir lIun des plus puissants stimulantsde la volonté dlune réforme radicale. Cependant la Révolution culturelleallait conduire à dOnoncer non le sous-développement des écoles propres descommunes, mais le caractère privilégié de l'éducation-dispensée dans les écolesdlEtat~ générateur dttme nouvelle sélection de clAsas. Ctest ainsi que lerégime des premières fut gén~ralisé. Ses ~fisances furent imputées auxentraves administ~atives freinant l'effort spontané des masses, auxquellesfut laissée désormais entière liberté d'action.

Auto-égui2ement sco+a1re

Pratiquement, la décentralisation a joué de façon favorable en sup­primant le facteur dTL"lhibition des initiatives locales que constituait lemodèle irréalisable des é-l;e.blissements d'Etat richement dotés. I.e résultata été une extension très rapide des moyens de scolarisation en dépit du surcrottde charges financièree que représentait, pour les oo11ectivités, l'administra­tion des établissements dt enseignement dont elles avaient pris politiquementle contra1e. CI est que ce fardea.u fina."lcier st est trouvé allégé pOUl:" deuxraisons. La première est que tous les établissements, du niveau primaire auniveau supérieur sans aucune exception, ont été entratnés par les 'J;wigades oules usines à travailler à la produotion non seulement par principe, mais encorede fa~on à pouvoir stauto-finanoer au moins partiellement.

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9..

"L'école était une unité purement consommatrice, écrit un grouped'instituteurs de Shanghai; dès lors qu'elle est gérée par u.."l établiseementind~striel, elle se transforme progressivement en unité neci-consomrnatrice,Cq qui permet de faire de grandes économies sur les fonds investis p~ 1'E,te.t,dans l'intérêt de la fondation du socialisme" (cf. Renmin ribao du 2.12.68).Théoriquement, cette conversion à l'a11to-financement n'était pas 1ncor:.l!Jevabledans le cadre de 11 ad..ninistration arwienne; en fait, ot'i.tre que les responsa.­bles d'avent la Révolution culturelle n'y étaient guère favorables, l'admini&­tration, nullement familière des problèmes de la production, n'eOt pas étécapable de diriger le mouvement. Rien n'était au contraire plus naturel pourles communes et les usines que de soutenir Je développement dtn.cti.,ités éco­nomiques rentables à l'intérieur des établissements qu'elles géraient, enleur fournissant l'aide technique nécessaire pour mettre en culture quelquescentaines de mu repris sur des terrains difficiles, pour installer un pe-t::f.tatelier de fabrication de composants électriques, pour mettre en exploitationun des nombreux petits gisements de houille ou de fer prospectés à traverstout le pays. Quant au matériel nécessaire, il a été trouvé, tant en ce quiconcerne le matériel de produotion que pour le matéri~l scolaire, Par le jeudu prinoipe que "chacun compte sur ses propres forces." I.e. déoentralisationa permis, et c'est là la deuxième raison de la relative faoilité aveo laquelleles oollectivités ont pu assumer les charges de la scolarisation, de fairejouer au mieux oe prinoipe. Les ressouroes les plus minces ont pu @tre utili­sées, les normes administratives cessant de oonstitner un seuil transformantla pénurie relative en oarenoe absolue. I.e. description des progrès accomplispar oette voie est un des thèmes les plus souvent repris !dans les rapportssur les expérienoes de gestion d'éooles par les collectivités faites soitavant, soit après la Révolution oulturelle. Ainsi de l'expérienoe du 4r~e

de la Grande brigade de Nanxi, dans la commune populaire de Taiping, de laprovinoe du Fujian :

"Le Lycée rural de Nanxi (fondé en 1958) st est développé et consolidédans la temp~te de la lutte des classes. La Grande brigade de Nanxicompte au total 295 familles, soit 1327 individus. Avant la libération,le retard oulturel était considérable: 98% des paysans pauvres étaientillâtrés.. Après la Libération, leur statut-politique a été rétabli, etleur exigenoe dt Mucation se fit pressante. Pourtant, à cause de lapolitique révisionniste de l'enseignement suivie par Liu Shaoqi, lesdifficultés de scola.r±sation de la grande masse des enfants des p~sans

pauvres s'aggravèrent. De 1950 à 1957, il n'y eut dans oette brigadeque 62 élèves qui achevèrent leurs études primaires de 2ème cycle, et13 seulement qui entrèrent att lyoée, parmi lesquels en tout et pour tout5 enfants de paysans pauvres. Les droits de scolarité se montant dans1t ensemble à quelque 160 yuan par élève et Par an, soit plus des deuxtiers du revenu aoquis par les travailleurs g~ce à leur travail d'uneannée, ils étaient trop élevés pour que les paysans pauvres puissentles verser; et si quelques-uns de leurs enfants réussissaient à entrerà l'école, ils devaient abandonne1' leurs études avant de les avoir ter­minées. Eh m3me temps, les paysans pauvres s'aperoevaient quI après queleurs enfants étaient allés en ville, leur mentalité et leur façon devivre changeaient, que de retour chez eux pour les vacances, ils avaientpeur de se salir, de se fatiguer, ils pensaient à soigner leurs repas etleur habillement, ce qui méoontentait fort les paysans pauvres. Ceux.-oirésolurent d 1entreprendre-d~ gérer une école située à let,r porte etconsacrée à leur service ....

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" ••• Lt expél'ience a pl'o'Uvé que les paysans pau~s étaient tout-à-faitcapables de gérer une école, et que ces quelques derr.Lières années;- leLyoée rural de Nanx1 avait effectué un certain nombre de réformes. Sescaractéristiques sont les suiva.1"ltes :

"••• 50 Auto-développement "en prenant le taw:>eau par les cornes". A11 école, les tables, les chaises, les tableaux noirs ont été construitspar les élèves.. Lorsque les élèves vont en classe, ils nlapportent pasavec eux les "trois tré30rs" traditionnels (le pinceau, le biton dl encreet la palette à encre), mais las trois trésors nouveaux que sont lesoeuvres de Mao Zedong, la houe et la palanche. IA:!s paysans pauvres sontextr@mement exigeants sous le rapport de la participation des élèves autravail productif. En dehors du tre.vail organisé pour les élèves tantsur les champs expérimentaux propres à l'école que pour le compte de laGrande brigade, 11 école a signé un contrat de service pour le soin desJeunes arbres dans une exploitation forestière d'Etat de la localité,et les revenus tirés de ce travail permettent de régler' bon nombre de-'­dépenses scolaires, ce-qui rend pour les élèves les études gratuites ••• "(cf. Renm1n ribao du 5.12.1968). '

Très semblable est l'exPérience de 11 école pr1ma.1re rurale de SongShu,dc.ns le Liaoning :

ft ••• Il'n'y. avait pas de sallé de classe. On prit pour salle de classela salle de s'éJour dfune maison particulière, la grange de la brigade deproduc:tiOft, les abords du feu du forgeron Ott le couvert des arbres prèsdu fleuve. Il n'y avait ni tables ni bancs. De petites caisses, despots de fleurs, des tabourets, des ruan.geoires cassées, des tables horsdlusage servirent de tables et de bancs. Pour résoudre les vieilles

,contradiotions tenant à ce que Ilsi les enfants sont petits on ne peutpas les abandor.ner, et si les enfa..""lts sont grands on est réticent à leslaisser partir", on s'est arrangé pour que les enfants des paysans pau­vres puissent aller en classe au plus près de chez eux; on a pris letaureau par les cornes en multipliant les implantations scolaires parla créa'tion de quatre centres dispersas parmi les huit 'brigades de pro­duction.

"En m&1e temps on a abrogé les sacre-saints règlements, en permettant auxélèves chargés de respcnsabilités familiales dt amener en classe leur petitfrère ou leur petite soeur avec eux; de partir un peu plus t8t le soir;de ne venir en classe que selon la saison; et aucune limite d'ftge n'aété imposée aux enfants pour l'entrée à l'école.

"La participation au travail productif est pour les élèves une discipline~ondamontale. Ce faisant, toutes sortes de travaux susceptibles dediminuer les frais de l'êcole, tels que la collecte des herbes médicinales,la cueillette des amandes sauvages, le ramassage du bois de chb.uffage sontpratiqués depuis longtemps. En quatre ans, on a ramassé plus de trentetonnea de bois qui, outre la solution du problème du chauffage, ont permisdlaideL' les brigades de production, et encore de gagner plus de deux centsyuan grâce auxquels ont été réglés les .diverses dépenses de l'école etles achats d'articles d'usage scolaire. En quatre ans de gestion,pas uncentime nt a été demandé aux élèves, et avant la Révoii.ution culturelle pas

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Il.

un centime des deniers de l'Etat n'a été dépensé. La conparaison estéloquente avec les écoles dites ttrégulières" du voisinage. Elle permetaux paysans pauvres d'assurer fièrement : "La tradition de Yan' an,c'est nous qui l'avons." (cf. Hongqi 1968, N° 5)

Ces expériences ont été imitées à travers toute la Chine. Désormais,chaque école a son entreprise de production, d'un rapport plus ou moins élevéselon que le niveau de 1'établissement lui permet de s'engager dans des entre­prises plu.s ou moins élaborées. Les 79 lycées de Canton possédaien t en 197077 annexes rurales produisant du riz, du manioc, des arachides (cf. Dagongbacde Hongkong du 2.9.70). Plus remarquables sont la fabrique d l insect:1.c1desmontée par le ~cée Wusong de Shanghai, les fabriques de composants électro­niques montées par le 4e ~cée de Hangzhou et par le 5e Collège de premiercne de Jinzhou (cf. id.). L'Université Sun Yatsen de Canton a créé unefabrique de radio, un atelier de construction mécanique, une fabrique dematière plastique, une autre d'anti~iotiques, une imprimerie et une exploita­tion agricole (cf. Dagonbac de Hongkong du 6.12.70).

Grice à cet auto-financement, il a été possible non seulement de rendrel'éducation complètement gratuite partout, ce qui n'était que très exceptionnelavant la Révolution culturelle, mais d'agrandir et de multiplier lelS établis­sements, soit par création d'annexes, 1S0it par fondations nouvelles.

Solution des problèmes de recrutement des mattres

Le remarquable dévelOpPement des équipements scolaires n'allait-il pas$tre rendu vain par l'insuffisance de personnel enseignant? A défaut d'infor...mations plus récentes, quelques indications de source chinoise datant desannées 1950 donnent une idée de la gravité du problème. En 1956, les besoinsen professeurs pour les sept années suivantes étaient estimés à un million;en septembre de cette m@me année, le nombre des nouveaux professeurs entrésdans la carrière-était chiffré à 12.000, mais ce chiffre apparaissait commedéficitaire de 5.000 par rapport au complément d'effectif alors souhaité.Trois ans plus tard, ltaugmentation du nombre des professeurs Pendant les dixpremières armées du socialisme chinois était estimée à 30010, mais le nombredes jeunes scolarisés s'était accru dans le m&1e temps de 363% dans le primaire,de 440% dans le secondaire et de 570% dans le supérieur (cf. Price, Educationin Commun:1.st China, P. 224) •

La. crise s'est pourtant dénouée tout naturellement du simple fait que laformation théorique non seulement n'était plus l'unique critère de compétencepour l'encadrement pédagogique, mais ~'aux yeux des promoteurs de la cultureprolétarienne, sans complément pratique elle devenait suspecte. Ceci reconnu,il était plus qu'admissible, recommandé m@me, de faire appel à tous ceux qui,simples ouvriers ou simples paysans, quelle que rot la légèreté de leurbagage en une culture générale de toute manière disqualifiée, avaient une expé­rience à enseigner. L'importance du recrutement d' ouvriers comme professeursà plein temps apparatt à travers deux chiffres donn~dans un article del'équipe de rédaction du Comité provincial du Part1 pour le Jiangsu :520 ouvriers ont un tel service dans les écoles de Nakin, et d'autres forment30% des effectifs du corps enseignant à Wuxi (cf. Hongqi 1971, N° 6).

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C~tt~ solution n'est pourtant pas aussi facile à appliquer qu'il n'yparaît. Quelb que soient les aménagements apportés à. la mobilisation desmeilleur:.: éléments des usines ou des brigades pour des taches dl enseignement,qu'ils n'y soient appelés quI à mi-temps et par cumul de fonctions, qu1ils nlyvien..."1.ent qut à. tcur de r6le pour des périodes lim1tées, le sacrifice para1tlourd à certains responsables d'entreprise, à l'adresse desquels les auteursde l!article précité soulignent la priorité de l'éducation sur la production

"Au début des opérations de sélection et de détachement, il est desdlreoteurs dlusine qui ont trouvé que dl env0fter des ouvriers en missiondt enseignement était "une charge emrbitante 1, qui se sont préocoupésdu retentissement de cette pratique sur le travail de ll-entreprise, quinTont pas voulu laisser partir leurs meilleurs éléments. C'est là lafarce de 11 esprit de paroiil&'3 qui se retourne contre lui..m~me. Lesmissions d'enseignement des ouvriers sont capitales pour la formationde la x-elève dans les tâches de la révolution prolétarielllle, et certainscamarades protestent à bon dmit que nous ne pouvons pas nous occuperseulement de forger l'acier sans nous occuper de forger de valeureuxrévolutiollllaires ••• "

Reste à savoir comment peut 8tre rétribué le-persollllel enseignant dès 101"8

que ses effectifs paraissent avoir presque doublé. Dans le secteur où il estde loin le plus nombreux, c'est-à-dire celui des écoles rurales, une mesureimportante a transformé les données du problème: le passage des mattros aurégime des points-traYail, présenté dans l'article 21 de la charte des écolesrurales comme acquis dans le primaire tout en demeurant à l'étude pour lesecondaire. Le changement ne touche pas les enseignants paysans, déjà soumisà ce régime, mais affecte les anciens redtres de l'Education nationale, anté-

,rieurement rétribués selon les modalités du traitement mensuel. Désormais,ceux,..ci sent rémunérés comme tous les autres travailleurs de la commune, pourllessentiel en nature, par perception de leur part lors de la récolte générale-

.~ent biannuelle et lors des distributions de produits accessoires tels que leslégumes, la partie en espèce de leur rémunération se réduisant à la ristourneconsentie à la fin de 11 année par la brigade sur ses bénéfices à chacun de sesmembres au pro rata de ses points-travail. De cette f~on, la charge de larérmmération des mdtres reste pol r sa plus grande partie noyée dans la massede la production auto-consommée par la collectivité, et devient de ce faitplus aisément supportable. La seule difficulté est d' ~tablir le barème despoints-travail dt enseignement. Les gestiollllaires des communes et des brigadesl'ont résolue en calculant forfaitairement ce barème, par comparaison entreles anciens traitemen-œmensuels et la valeur approximative du point-travail,de manière que soient artthmétiquement conservées les situations acquises(cf. Renmin ribao du 6.2.69). Il n'emp@che que les conditions de vie desenseignants des anciennes écoles d'Etat s'en sont quand m@me trouvées désxoiO:;:l;:;es,pUisqu'ils ne disposent plus librement de la majeure partie de leur :cèmunératioLcelle qui leur est versée en nature. Le principe d'allocations spéoiales com­plémentaires versées par l'Etat est admis, compte tenu notamment des fraisprofessiOllllels en livres, papeterie, etc.; mais la bonne volonté avec la~~elle

est accepté ce changement de situation est un des critères de la conversiondes intellectuels à l'esprit prolétarien.

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Da..."lS les villes, où nT existe p~s le système des points-travail, le régimedu traitement mensuel sTest naturellement oonservé. Da..."1.S quelle mesure cestraitements sont-ils imputés au chapitre des salaires des budgets des usinesgérant les établissements scolaires? Comment sont-ils réglés lorsque lacollectivité qui gère l'établissement est une oollectivité de quartier? Quels­sont les taux des rémunérations? Autant de questions qui ref:tent sans réponae.Il semble bien que l'Etat pourvoie par des subventions aux--besoins de caractèreparticulier, mais dé manière à nT en jamais faire une règle. De telles subven­tions doivent notamment servir à niveler certaines inégalités, soit dans letemps entre des situations acquises anciennement et des situations nouvellesdétériorées, soit dans l'espace entre oolleotivités diversement favorisées.A ce point de vue, la gestion des écoles par les collectivités prolétariennesne doit pas $tre confondue avec le système réactionnaire des "établissementspupillaires" créés avant la Révolution culturelle par certaines entreprisespour les fils de leurs employés "en profitant de conditions localement plusavantageuses pour organiser un enseignement aocessible par privilège hér'édi...taire" (of. Renmin ribao du 12.12.68).

Est-il possible cependant d'éviter que la décentralisation n'entraînel'aggravation progressive des disparités entre les éooles des villes et oellesdes oampagnes, les éooles de l'Est évolué et celles de l'Ouest arriéré, lesécoles des brigades pauvres des régions montagneuses et celles des riohesrégions des plaines? A ce problème, dont les implications dépassent d'ailleurslargement le domaine de l'éducation, la solution chinoise est l'immense brassa.­ge de population systématiquement organisé depuis 1958, et qui, à partir dela P.évolution culturelle, a pris des proportions dont l'ampleur peut @treimaginée d'après quelques rares informations chiffrées : en 1970, 135.000jeunes gens éduqués à Kharbin sont allés s'installer dans des villages;200.000 élèves sortant des écoles de Wuhan sont partis en un an pour lacampagne; en septembre 1970, 200.000 étudiants arrivaient au Yunnan en prove­nance vraisemblablement de Pékin puisqu'une délégation du Comité révolutionnairede cette ville venait les encourager en décembre suivant (cf. C.N.A. N° 835).Eloignés des v1Jl.es sans doute parce qu'aucun emploi ne peut y $tre trouvé poureux, ces jeunes, bénéficiaires d'une éducation relativement poussée, constituentun appoint extr3memen-t important notanment en personnel oapable d'assumer destiches d'enseignement. Par le moyen de cette vaste émigration intérieure, lescités, où le niveau culturel est plus élevé, deviennent en quelque sorte devastes écoles normales pourvoyeuses des campagnes en instituteurs plus oumoins bénévoles. Il faut d'ailleurs remarquer que si ces transferts d'intel­lectuels citadins vers les régions rurales déshéritées sont aujourd'huieffectués à grande échelle et d'autorité, ils s'inscrivent cependant d~sl'ancienne tradition révolutionnaire des départs spontanés de l'intelligentsiades métropoles pour les maquis paysans.

En définitive, le déficit de scolarisation que le Quotidien du peuple du18 mai 1965 estimait à trente millions d'enfants parat-t aujourd'hui résorbé.Partout les moyens éducatif-s ont considérablement augmenté, mais surtoutdans les zones déshéritées. Ainsi dans le canton montagneux de Nanan, dansle Fujian, les écoles primaires sont passées de 310 à 621, celles du premiercycle seaonda1re de 17 à 258, et celles du deUXième cycle secondaire de7 à 59 (Hongqi 1971, N° 6). Pour ce résultat, la décentralisation a jouénon pas comme étant elle-m&1e le remède à tous les maux, mais comme mécanisme

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dl enclenchement du vaste mouvement de scolarisation sur 11 ~lan des énergiesgalvanisées par la Révolution culturelle. Dans ces conditions, la. consolida­tion de 11 acquis suppose enoore que puisse 3tre soutenu longtemps un effortassurément exténuant. Lors du Grand bond en avant, en 1958, la scolarisationprimaire avait déjà été portée au niveau de 80,5i; or en 1962, ce taux étaitretombé à 56,11t; à en croire les chiffres donnés par le Guangming ribao du '18 juillet 1968. Une telle recJ:n1te atteste la fragil1té des progrès que soutientune ambition admirable dans l'énergie déployée, mais plus que sujette à oautiondans l'économie des moyens mis en oeuvre.

II. Contenu et méthodes de l'enseignement nouveau

Education politique

Si remarqua.blesque soient les résultats quantitatifs obtenus, que diremaintenant des aspeots qualitatifs de l'expérience en cours? Ceux-ci selaissent aisément classer en deux sortes-de traits oaractérisant 1Tenseignementen Chine depuis la. Révolution culturelle. Les uns en marquent l'extrtu1e poli­tisation; les autres, l'adaptation très étroite aux besoins sociaux.

La conception qui préside à la politisation présente de l'enseignementohinois n'est pas seulement le principe que toute culture, littéraire etscientifique, se modèle plus ou moins implicitement sur une idéologie; 0' estsurtout la thèse qu'il est possible de fabriquer entièrement une culture nou­velle sur une matrioe idéologique neuve. _ Pareille entreprise suppose d'abordqu'il soit fait au moins provisoirement table rase de tout le passé culturel;ce que les autorités chinoises ont accompli par des mesures drastiques dl éli­mination globale des instruments intellectuelS de culture et d'enseignementantérieurs à la Révolution culturelle. Les librairies se sont vidées de leurslivres, les maisons d' édition ont suspendu la parution de l'ensemble des re:uueslittéraires et scientifiques, les écoles et les universités .ont Jeté au rebuttous les manuels anoiens. Cette oondition préjudicielle étant acquise, la t~he

primordiale devena.it d'inoulquer profondément dans les esprits l'idéologie direc­trice de la culture nouvelle. Le titre nI .dé la charte des écoles ruralesdéfinit à cet égard une ligne d'action exemplaire :

"Article 4. Le. politique commande tout, elle est lISme de tout. La tichefondamentale du travail politico-idéo1ogique dans les écoles rurales pri­maires et secondaires revient à assurer l'occupation de tout le ohampscolaire par la pensée de Mao Zedong, à donner dans l'ensemble du travaileffectué dans les écoles la priorité à l'étude active et vivante de lapensée de Mao Zedong.

"Article 5. La théorie du Président Mao relative à la révolution conti­nuée sous la condition de la dictature du prolétariat armera les espritsdes ma1:tres et des élèves; sans cesse elle fera avancer 11 enseignementde Ll' analyse tieJ la situation et des tftches Lque ce11e..ci appel1,!7 desdirectives et de la politique du Parti, en dév.e1oppant chez les maftreset chez les élèves la conscience de la lutte des classes et de la luttedes deux lignes. Aux élèves sera enseigné l'objectif clairement déterminéde' leurs études sur la voie révolutionnaire de 1t alliance avec les ouvriers,paysans et soldats. (Certains camarades avanoent quI il faut ajouter autravail politico-idéologique l'enseignement aux élèves de la conservationdes dispositiens spécifiques de la classe des paysans pauvres.)

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"Article 6. L'Arm6e populaire de libération sera étudiée comme modèlede mise en relief de la politique de classe, da ferme saisie des "quatrepriorités" et d'exaltation de l'esprit "des trois formules et des huitcaractères"."

Examinée de plus près, cette éducation politique, dans ses a~pects scolaireu,se divise en deux sortes d'enseignement, l'un doctrinal, l'autre apologétiqueet moral.

Le premier est dispensé à partir des oeuvres de Mao Zedong. Au niveau del'initiation primaire sont utilisés "les trois bons vieux textes", à savoir"Au service du peuple", "A la mémo:1!re du Dr Béthune" et "Yugong transporte lesmontagnes", d'accès facile pourles esprits manquant encore de fomation théorique.Le "petit livre rouge" constitue le manuel que chacun connatt p3.I' coeur desprincipes essentiels de la doctrine. Ensuite vient l'étude des -textes pluscomplexes, et en particulier ceux qui traitent des bases de l'idéologie, les"cinq traités philosophiquesft qui sont : uDe la pratique" (1937), IfDe lacontradiction" (1937), "Sur la juste solution des contradictions au sein dupeuple" (1957), "Discours à la Confér~nce nationale sur le travail de propagandedu Parti communiste chinois"(1957) et "D'où vient l'idéologie juste des hommeo l1

(1963). Une attention partioulière est p~tée aux dernières "directives",celles-ci étant des mots d'ordre assez brefs extraits d'une lettre, d'une décla­ration, d'un discours de ciroonstance, et publiés en exergue. dans toute laprebse. Cette éducation ressemble beaucoup à celle par laquelle se faisaitautrefois l'imprégnation de 1 f ancienne idéologie dans les esprits par lerabâchage des "quatre livres" et des "treize classiques" du confucianisme.Dens les deux cas, la lecture des oeuvres m@mes, dOt leur signification n' @trepas entièrement saisie, s'impose absolument, à l'exclusion de toute espècede paragbrase vulgarisatrice; dans les deux cas l'étude de la patrologie,toujours plus ou moins dangereuse, réservée aux cadres du régime, est écartéede la formation de base: le prograrmne de celle-ci ne comporte actuellementaucun des classiques marxistes, dont les versions chinoises f":mt d'ailleursprésentement l'objet d'une réédition corrigée réclamée au 2è:.ne Plenum duIXème Congrès (septembre 1970). Ainsi les esprits sont modelés d'une faponparfaitement homogène, d'une f~n "unid1mensionnelleff (yiyuanhua) commedisent les Chinois.

La seule direction offerte à la spéculation est oe11e de l'application dela doctrine aux cas partiCttliers, à quoi sont essentiellement consacres lesorganes officiels du Parti. Ce travail se fait dl abord dans le sens d'uneformalisation des problèmes en termes dialectiques consacrés, à laquelles'attachent aujourd'hui les équipes de rédaction des nouveaux manuels. Debons exemples en ont été présentés en tranQa1s dans le supplément consacré-àla réforme de l'enseignement du numéro 13 de la revue Aujourd'hui la Chine.Au Lycée N° 31 de Pékin une le~on sur la combustion porte sur l'interprétationd'une expérience au cours de laquelle un papier enduit de phosphore Sl enflalnm;;spontanément au contact de l'air, un autre imbibé d'essence s'enflamme aucontact d'une allumette, et un autre encore 1mbibé--df essence de thérébantinene s'enflamme que s'il a été préalablement chauffé. "L'étude de Il enseigne...ment du Président Mao "les contradictions différentes ne peuvent se résoudreque par des métf.:.odes qualitativement différentes" permet alors aux élèvesde mieux comprendre les rapports entre les causes internes et les causes

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externes". A l'Université Qinghua le professeur d'hydraulique traite del'art de oontenir les orues tout en utilisant les limons fertiles qu'ellesoha.rr1ent, à par"tir du principe que "llun se divise en deux", de sorte queles étudiants apprennent "la dialeotique révolutiormaire du Président Maoen .e temps que les moyens de dompter les orues"; les professeurs demath~tiques éohataudent "un nouveau syst~me aveo oomme noyau le développe­ment de la contradiction entre le oalcul différentiel et le calcul intégral,ainsi que leur transformation l'un en l'autre". De cette fagon s'ddifie unesorte de soolastique dans les formes de laquelle est censée se couler unepensée authentiquement prolétarienne, et qui nI est pas sans rappeler l'ancien­ne man1~re-d'artioulerla réflexion sur les formules canoniques tirées desclassiques.

LI autre sorte d'enseignement politique;- apologétique et moral est dis­pensé par les militaires et les prolétaires. Les premiers sont chargésd'inculquer 1 f éthique modèle de l'armée tout en assurant l'entratnementphysique et la préparation guerrière dans les écoles. Les seconds r viennentexposer l'histoire de leurs familles, de l'exploitation féodale et oapitalisteà laquelle ils étaient soumis a.vant la Libération, des bienfaits dont ils sontredevables au sooialismeo- C'est oe que les Chinois appellent "11 enseignementde la lutte des olasses". Son objeotif est de former parmi oeux qui n'ontpas eu l'expérience personnelle des vioes de l'anoienne société des défenseurs­du régime toujours animés du m&1e enthousiasme révolutiormaire que leurs atnés.Ainsi st entretient "la révolution oontinuée", dont la pratique permet surtoutde qualifier toujours des m@mes noms abhorrés de oapitalistes réaotionnaireset ennemis de olasse oeu.."C dont la oonviotion peut chanceler par scepticisne,désillusion ou simplement fatigue, au moment où est engagé un nouveau mouve­ment, une nouvelle aotion; et par là dl exacerber, avec la crainte dl@treaussi dangereusement censuré, le souci de se conduire en "élément post~if".L'enseignement de la lutte des classe3 construit la base du conditionnementà. la stimulation révolutionnaire.

AdaJ2t,ation de 11 instruotion aux besoins socis.ux

Quant aux divers enseignements de spécialité, ils ont subi de profondestransformations qui, en les rendant plus simples, plus pratiques, plus étroi­tement liés au travail manuel, les ont surtout mieux adaptés aux besalns dela sooiété chinoise dans l'étape actuelle de son évolution.

La. 8±mplification a porté dl abord sur le cursus, qui a partout étéraccouroi. L'anoien régime régulier des études comprenait ùne soolarité .primaire, commencée vers sapt ans, d1une durée de six années, dont quatrepour le premier cycle et deux pour le deuxième cycle; une scolarité secondaire,également de six années, subdivisée en un premier et un second cyle de troisannées cha.mm; enf:î:n· une smolar1té .supérieure, de durée variable, en moyennede cinq années, mais pat'fois de trois seulement dans oertaines disciplinestec:b..niques, parfois de huit dans oertaines universités de médecine. Désormaisil n'y a plus que deux étapes de scolarité, oelle des études primaires etsecondaires qui sont unifiées, ot celle des études supérieures, séparée dela préoédente par une période de premier engagement dans la vie active d'aumoins deux ou trois ans. Pour la première étape, l'article 12 de la ohartedes écoles rurales prévoit une durée globale de neuf ans, généralement décom­posée en un seul cycle primaire de cinq ans et deux cycles secondaires de

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deux ans chacun. Mais dans les campagnes, le premier oyole secondaire estle plus souvent oomplètement intégré au oycle prlmaire, tandis que le d3uxièmecyole secondaire est remplacé par un enseignement professionnel dispansé ~~s

un institut agronomiq'_le; il en résulte une tendttnce à réduire à sept ans ladurée totale des études primaires et EecondtUres. Da..îS les villes, par cO:ltre,oette durée est maintenue à neuf ans mGma lorsque tous les eyoles en sont inté­grés et effeotués dans le m3ma établissement oomme à l'Ecole du 7 mai d~

Shanghai. En fait, d'ailleurs, la notion de cursus stricJ"ement défini s'effacepour permettre le jou des formules les plus éL.'\stiques de scolarité, seulesadaptées à la situation que crée l'eJ>olition de toute lilr.ite d'Sge pour l'en­trée à l'école. Au lycée agricole du village de Gui du canton de Yuchangde la province du Henan, par exemple, sont admis aussi bien des élèves normauxde moins de vjngt ans sortant des établissements primaires e"t complémenta.i:l:'es.que de vieux paysans atteignant la cinquantaine; pour les premiers sont orga­nisées des classes sur deux années, pour les seconds des classes courtes dequelques mois, vo1.re de quelques Jours, corresponda.'"lt plut8t à des eXigenoesde rattrapage ou de recyclage. (cf. Hongqi 1970, NO 8).

Dans les inst1.tuts de forma"tion profess1.onnelle proches des établissementssecondaires de deuXième cycle, la seolarité est nonnalement de deux ans, ainsiqu'il est prévu par exemple à i'Ecole supér1.eure du 21 Juillet annoxe de l'Usinede l1".a.ch1nes-outils de Shanghai. Enfin, dans les établissements d'ensaignementsupar1.eur la scolar1té est de deux à trois ans, comme à. l' Urrl.versité Qi~ou à la Oommune du 7 mai de l'Université 'il:ongJi de Shanghai. Est-il possiblede former aussi rapidement des spécialistes du niveau de qualification. géné_ralement attendu des études universitaires? La. question se pose en particu­lier en matière de formation médicale. difficilement concevable en des délaisaussi brefs. La rapport de l'équipe de propagande de l'Université méd1.calede Shenyang, publié dans le siXième cahier de l'armée 1971 du Drapeau rouge,donne là-dessus d'intéressants éclaircissements. Dans ce"t-établ1.ssement laformation méd1.cale, est-il expl1.qué, comporte tro1.s phases. Durant la pre­mère, les étud1.ants apprennent les connaissanoes fcndamentalcs tout en ­assumant les fonctions d'infirmiers au oentre hospitalier de l'université.La. deuxième phase se déroule à. la campagne, où les étudiants, accompagnés deprofesseurs, apprennent par la pratique cl1.n1.que les thérapeutiques lés p3::uscourantes, tout en part1.cipant au travail de production dans les brigades.Enfin la troisième phase est oelle d'une formation approfondie dens lesdisc1.pl1nes médicales les plus-d1f'fic1.1es, qui est acquise de nouveau aucentre hospi-talo-un1versita:Lre. Aucune prt!cision n'est donnée sur la duréede chacune de ces phases, mais 1.1 est permi.s de conjecturer que 0' est lapremière seule qui. oorrespond au cycle auJourd~hu1 courant des études supérieu­res, et qu'elle do1.t @tre de deux ou trois ans. La seconde n'est autre quecelle de l'entrée dans la. prat1.que professionnelle, du sein de laquelle ne sontprobablement rappelés qu'une minor1.té de bons prat1.c1.ens pour lesquels ladem1.~re phase est celle d'une formation post-univers1taire. Cette interpré­tation est susceptible d'extrapolation aux filières autres que celle de lamédec1.ne, pour lesquelles on peut également oonjeoturer que la. oontrepartiedes formations accélérées doit se trouver dans des prolongements post-univer­sitaires aux études, organisés d'autant plus a:Lsément que le mi.lieu scolaireet le ruL11.eu profess1.onnel se prolongen"t l'un l'autre sans frontière. Leraooourcissement du cursus de la scola.r1U§ sert à rendre les olasses montantesbeaucoup plus vite d1.sponibles P1Dur la v1.e active, à un niveau de qualificationsans doute relativement bas, mais suffisant pour entratner, plus ma.ss1.vementque, comme Jadis, par une minorité mieux éduquée mais trop pe'.J nombreuse, une

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sooiété enoore arr1~rée vers le progrès; il ni a.rr3te pas pour autant lesefforts de perfeotionnement, puisqu.' il n iexiste plus aucun dipl8me' risquantde cristalliser définitivement la formation acquise.

Une autre simplification porte sur les matières enseignéés. Al' éooleprimaire, 11 n'y a pas de discipline de langage et d'expression constituée endehors de li enseignement politique. L'apprentissage de la lecture et del'écriture, commencé si possible à 4 ans dans les écoles maternelles(cf. ChÜgoku lœnkyÜ geppO N° 272), se fait sur les oeuvres de Mao Zedongprincipalement. Pour le reste, l'instruction se résume en le~ons de choses etlepons de calcul de caractère trèG pratique, 1SOUV'ent données par les paysanset les cadres des brigades dans les Ql'.mpagnes. L'article 24 de la charte desécoles rurales précise :

,"L'enseignemant primaire comporte cinq disciplines : expression politique,écrite et orale, calcul, lit'térature révolutionnaire, éducation physiqueet militaire, travail manuel. ft

Le .e document traite ensuite de 11 enseignement secondaire :

"LI enseignement secondaire comporte cinq disciplines : l'étude de lapensée de Mao Zedong (y compris l'histo1I'e de la Chine moderne et contem­poraine ainsi que l'histoire de la lutte des deux lignes dans le Parti),les bases de la technologie agricole (y compris les mathématiques, 1&--­physique et la chimie, la géographie économique), le travail manuel •••

Il dispose en outre que si des trois sortes de disciplines, politique,manuelle et intellectuelle, la première est celle qui prend essentiellementle plus d'importance, celle qui doit occuper' la plus large place dans leshoraires est la troisième, à laquelle il faut réserver 6010 des heures dans lecycle seoondaire, et même 7r:f1, dans le cyole primaire.

Dans les lyoées urbains, les programmes sont cangus semblablement, aveccependant des variantes intéressantes. Au I;yc~ du 7 mai de Lanzhou, parexemple, les dix.-sept mail1ères traditionnelles ont été ramenées à cinq:

... étude de la pensée de Mao Zedong;- technologie industrielle de base (y compris mathOOtatiques, physique

et ohimie fondamentale3 et appliquées);- technologie agrioole de base (y compris géographie éoonomique, clima.-­

.tologie, biologie, arpentage, hydraulique, oomptabilité agricole, eto.)- littérature révolutionnaire;... éducation physique et militaire.

Cependant, sur un. horaire de trente-siX heures hebdomadE.1res, douze sontaffectées à. l J étude de la pensée de Mao Zedong, et douze au travail manuel,oe qui dimj.nue beauooup la place des disciplines intellectuelles. Au LycéeN° 23 de Pékin, -celles-ci comportent en outre les langues étrangères, sansautre préois1on. La question de l'étude des langues partage d J ailleurs l'opi­nion, certains la trouvant-inutile, d'autres la 'jugeant importante d'un. pointde vue·révolutionnaire (of. Renmin r1bao du 24.6.69).

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Dans les instituts professionnels et les établissements dt enseignementsupérieur, la réduction dos ma.tières résulte d!une diminution considérable dela place laissée aux disciplines fondament~les, réduite à ce qui est stricte_ment nécessaire p:>ur l'intelligence des disciplines dfapplication, dont lcspremières ne sont plus distinguées dans les prograrmnes, au nom de l! élimina­tion de la cultW'S thsorique et livresque.

Créé au début du siècle sur le modèle occidental, et fondé d'ailleurs engrande partie par les Américains et les Européens, le système scolaire chinoisproduisait des dip18més formés à la manière de ceux que modelaient pour -elles­m~mes les sociétés industrialisées, mais dont n'avait que faire la Chine.La plupart d fentre eux ne trouvaient d'autre issue que d'enseigner à leur tour,et ainsi stétait développé l'enseignement comme une fonction superfétatoire,auto-reproductrice, coupée de toute influence sur la oroissance nat1ollê.le~ Lerégime socialiste à ses débuts nt avait guère changé cet état de chOEes sinonpar substitut1ot1 du modèle soviétique au modèle américain. Il s'agit aujour­d'hui dt élaguer le système de tous ses raffinements inutiles pour l'amener àproduire dans ses écoles, non pas de nouveaux matituteurs, mais de bonsagriculteurs et de bons ouvriers; dans ses universi"tés, non pas de nouveauxprofesseurs, mais de bons ingénieurs de niveau moyen. La situation presentede l'économie chinoise est d'ailleurs encore si peu évoluée que la main_dt oeuv:."ùindustrielle demeure pléthorique, ~t qut i1 est nécessaire m@me dans lBS écolesurbaines "d'implanter solidement dans l'esprit des élèves une vocation rurale,car-l'ambition de rester comme ouvrier dans les villes n'est pas raisonnab1e~(cf ~ Renm1n ribao du 19.1.69). Le programme des écoles urbaines comporte danscet esprit, on l'a vu, des études de technologie agri-cole qui serviront à tousceux qu' entratnera le grand exode imposé aux cita.dins. Cependant, cettenécessité particulière mise à part, le principe général est d'accorder exac­tement le contenu pratique des enseignements aux caractéristiques locales, lesnouveaux manuels devant, selon une directive de Mao Zedong, "gagner en couleurdu erG" (cf article 26 de la charte des écoles rurales) en rJ~me temps qut i1sse débarrassent des théories générales et se simplifient.

L'adaptation de l'enseignement aux besoins est si étroite que lesprogrammes sont immédiatement accommodés aux eXigenoes nouvelles de la situa.­tion. Ainsi dès que fut lancé le mouvement d'accé1é~tion de l'électrificationdes campagnes, l'école de Gui, dans le Henan, se mit aussitSt à former desélectriciens; réorientation facile dans un système décentralisé et-qui disposede tout le personnel professionnel local comme personnel enseignant. Si lescollectivités p~tent tous leurs soins aux écoles, les écoles à leur tour sontpassées entièrement et immédiatement au service des collectivités auxquelleseJ.les sont attachées, aocordant jusqutau rythme de leurs activitésau rythmede l'économie générale, qtt1 selon les nécessités du lieu commande les datesde vacances et de rentrée.

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EXemens et sélection

Il s' ensuit tout naturellement que la sélection des étudiants n'est plusmliversitaire mais sociale. Les examens ntexistent plus que comme moyen decontr6le de 11 efficacité dt une pédagogie qui n'a plus rien de magistral. Ilssont conçus non cormne des épreuves t.héoriques de sondage des connaissances,mais comme des épreuves pratiques d'utilisation des cc,nnaissances. 8'il stagitdu minimum encore requis de connaissances abstraites, les épreuves, intellectuelles, •sont passées à livre ouvert et après préparation des sujets; mais le plus souventil stagit de connaissances pratiques et les épreuves consistent en travaux con-crets effectués en général dans le cadre du progral1lIll6 de travail manuel. Lesétablissements d'enseignement n'ont plus la responsabilité de 'sélectionner lesmeilleurs éléments et de les dipJ.8mer aux yeux de leurs futurs employeurs, maisinversement de fonner du mieux possible et dans 'les délais prescrits tous lessujets qui leur sont confiés par la collectivité. Aucune classe ntest redoublée,les promotions sortent ensemble, aussi oompletes qutà ltentrée, mais sans titreuniversitaire. Dans oes conditions, la période de première activité profession-nelle qui sépare obligatoirement la fin de~ études secondaires, accomplies ma.1n...tenant par tous, des études supérieures accessibles à une pet.ite minorité seule..ment, est indispensable, ne serait ..ce que comme période probatoire au oours de ,­laquelle s'opère la ~éleotion sooiale des étudiants envoyés dans les universités.Le principe de procédure de cette sélection est que -les colleot1vités de baseproposent, et que les organes responsables disposent. Dans quelle mesure lescritères politiques ltemporten't-ils ici sur les critères techniques, la questionrevient à celle du degré de radicalisation de la révolution culturelle.

Le travaj.l manuel

La généralisation du travail manuel comme discipline fondamentale relèveassurément pour une part, elle aussi, du souci d'adapter l'enseignement à l'étatprésent de développement de la Chine.. Pour une autre part, il s'agit, on l'a vu,pour les établissements, de contribuer par leurs propres moyens au financementde lEY..u' budget. Mais l'essentiel est dans la valeur formatrice propre reconnueau travail manuel. Or celle-ci n'est pas tant recherchée dans l'ascèse physiquede manipulation de la matière, que d.an:lla réi.nsertion au sein des rapportssociaux fondamentaux de l'infrast.ructure qui doivent déterminer la reconstructionculturelle. Le travail manuel est pris en oonsidérat:ton, en effet, uniquementsous sa forme colleotive et économiquement productive. Il doit s'effeotuer nonseulement dans les ateliers soolaires, mais dans les entreprises indistinotementavec celui des travailleurs professionnels. La doctrine soutient que telle estla condition dtune fécC'::ldité plus gr()Ilde de la nouvelle oulture, fécondité dontelle découvre les signes dans mille et une invention des ouvriers et paysanschinois, ici oonstruisant avec ~13 moyens rudimentaires une machine améliorée,là découvrant-une recette nouvelle pour l'élevage des canards ou la culturedes arf',clddes. Ces signes qui sont ceux de l'ingéniosité technique, témoignentsurtout que ltéducation actuelle, entièrement orientée vers la mattrise destechni-ques de base industrielles et agricoles, n'a pas manqué de porter sesfru!ts. Q.uant aux secteurs de pointe de la science et de la technologie chinoise,ceux des entreprises nucléaires et spatiales, tout ce que l'on en sait estqutils constituent des domaines réseI"Jés, où certaines entorses à l'idéologiesont provisoirement tolérées par raison d'Etat.

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Les disciplines littfraires

Ras'te le problème des disciplines littéraires, de leur con'tenu, de leursméthodes. Laissées en arrière dans la réfonne de l'éducation, elles n'ont faitl'objet que d'un très petit nombre de rapports émanant des équipes de proyagandeinstallées à l'Uni~ersité de Pékin, à l'Université Qinghua et à l'UniversitéFudan de Shanghai. Dans sa directive du 21 juillet 1968 sur les nouvelles ~'"li­

versités, Mao Zedong, en précisant qu'il "parlait 1ci princii:alement de la n6ces...sité de continuer de maintenir les universités scientifiques , a paru frapper decondamnation les universités littéraires~ Cependant, une autre directive pren'.Ûtacte de l'indépendance des é'tudos de lettres en prescrivant que celles-ci deva:1..~i:':.~..s'accomplir en "prenant la société tout entière comme chantier de travail propre~l..

A la vérité, la situation des disciplines littéraires, et surtout de la litté­rature, la philosophie et l'histoire (il s'y ajoute en Chine l'économie, le jour­nalisme et la pédagogie), est rendue extr@mement indécise par la confusion quis'établit entre leur oontenu et le contenu de l'enseignement politique, duquel,on l' a--vu, elles ne se distinguent absolument pas aux niveaux primaires et seC0n­daires. Dans ces oonditions, n'y a-t-il pas des risques de voir les universitéslittéraires s'ériger en foyers de la reoherche idéologique à la place des org1\nf:3compé'bents du Parti? le. fonction qui leur est aujourd'hui assignée est toutautre. Elles sont chargées d'aider le prolétariat à trouver ses moyens dl expres­sion. C'est pourquoi les reoherches de séminaire, surtout consaorées à la cri­tique des oeuvres récentes, conduite dans l' esprit du réalisme socialiste, sontdoublées d'un effort de rencontre des aspirations des masses par participationdirecte à la vie sociale dans tous ses domaines et sous tous ses aspects. Enfait, les études littéraires paraissent toujours prises dans la contradictionéntre l'idéal d'une oulture qui soit l'expression vivante des valeurs sociale-ment recormues, et 1:a contrainte admise d'une direction idéologique absoluedormée par le Parti. Sans doute est-ce la raison pour laquelle les manifesta­tions les plus décevantes de la Révolution culturelle sont 'Dalles de la litté...rature et de l'art.

Le P;Vs entier comme école pour la nation

Enfin, il n'est pas possible de oomprendre la réforme de l'éducation enChine sans recormattre ses prolongements bien au.-delà du milieu scolaire pro-prement dit. En vérité, aucune distinction n'est m3me plus marquée entre \1t école et la vie dans ce monde où les étudiants et leurs martres travaillent,et où les travailleurs enseignent et étudient. Comme le demandait Mao Zedongdans sa célèbre directive du 7 mai 1966, "'toute la nation prend le pays entiercomme une vaste école en pleine révolution ••• dans ses usines, dans uesoommunes populaires, dans ses établissements scolaires, dans ses entreprisesde commerce et de service, dans les organes de son Parti".. Cette vaste écoleest avant tout celle de la pensée de Mao Zedong, dont l'enseignement mobilisepresque entièrement la presse et la radio, requiert les efforts dlirmombrableséquipes d'activistes diffusant la propagande jusque dans les villages les plusreculés et à l'intérieur de ohaque maison. Mais toutes les cormaissancesacquises sont également propagées du marne mouvement, -chacun mettant autour desoi à la disposition d'autrui le savoir qu'il détient. A cSté des établisse­ments d'enseigne;nent, les écoles du soir se sont multipliées pour les adultes,qu'aoouei11ent d'ailleurs aussi bien les premiers. Les univers1tés ont desantermes locales qui dispensent par cycles de quelques mois une formation

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acc~l~rée. De cette fapon, notamment, les lmiversit~s de m~decine formentles équipes de "médecins à pieds nus", capables de diagnostiquer et de traiterles maladies les plus communes dans les campagnes, en utilisant surtout lesmoyens moins dispendieux de la médecine trad!tiOIUlel1e. Dans les usines, leseffectifs sont multipliés pour permettre à-p1usieurs apprentis de bénéficierde l'expérience de chaque ouvrier qua.lifi~. !es entreprises les plus avancéesenvoient des missions d'assistance jusqu'à 1'autre extrémité du pays. Partout,le partage des coIUlaissances passe mbe avant 1t exploitation des compétences,dans le règne de la collectivisation générale des richesses du savoir.

* * *

Dans ses développements et ses prolongements, la réforme chinoise del'éducation apparatt avec trois caractéristiques principales :

.. la prem1è~, c'est que, déclenchée dans les écoles, la réforme a étéconduite et réalisée non par les enseignants et les étudiants, maispar la sociét~ tout entière, qui s'est créé pour elle-mime l'écolenouvelle dont elle avait besoin;

- la seconde, c'est que cette école nouvelle est aussi, pour la sociétéchinoise, l'école de ses moyens, con~ue selon le meilleur parti à tirerde conditions spécifiques de la Chine populaire, tant à l'égard de ses~souroes, notanunen li en capital humain, qu' à--1' égard de ses structures,et entre autres celle des communes populaires.

- la troisième enf1D., c'est que la r~forme est sous-t.endue par une puissantevolonté politique, celle de la révolution culturelle, qui, en lui cormnuni­quant son élan, lui a également imposé ses objectifs, avec une hardiesses1mp1ifica1:rice défiant souvent les lois de la pédagogie plus qu1elle neles domine.