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12. Développer la coordination dans le domaine scolaire La coopération, chaque jour plus nécessaire et plus effective sur le plan diocésain, national et international, ne s'impose pas moins dans le domaine scolaire. Aussi doit-on mettre tous ses soins à établir entre les écoles catholiques la coor- dination convenable, et à développer entre elles et les autres écoles la collaboration que requiert le bien commun de l'humanité tout entière. Cette coordination plus poussée et cette mise en commun des efforts surtout parmi les instituts académiques, procureront davantage de fruits. Que dans les universités, les diverses facultés s'entraident donc autant que le comporte leur objet ; bien plus, que les universités elles-mêmes aillent dans le même sens et unissent leurs efforts, en organisant ensemble des Congrès internationaux, en se répartissant les secteurs de la recherche scientifique, en se communiquant leurs découvertes, en échangeant pour quelque temps des professeurs, en développant enfin tout ce qui peut favoriser une collaboration accrue. (Déclaration de Vatican II sur l'éducation chrétienne Gravissimum educationis) Quand la recherche se fait action Portrait Saad Khoury Lecture pour tous Actualités Enseignant : un métier qui s’apprend à plusieurs Initiatives Les magiciens des réseaux Israël/Palestine Bâtir des ponts et non des murs Culture Vaux-le-Vicomte / Patrimoine religieux / Livres / Multimédia Enseignement catholique www.enseignement-catholique.fr Numéro 323, avril 2008, 4,50 ACTUALITÉS

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Page 1: Saad Khoury Enseignant : Vaux-le-Vicomte / Lecture pour ...€¦ · v e r s e s f a c u l t é s s ... Présentation de deux parcours très différents : celui du Centre pour l’intelligence

12.Développer

la coordination

dans le domaine scolaire

La coopération, chaque jour plus nécessaire et

plus effective sur le plan diocésain, national et international,

ne s'impose pas moins dans le domaine scolaire. Aussi doit-on

mettre tous ses soins à établir entre les écoles catholiques la coor-

dination convenable, et à développer entre elles et les autres écoles

la collaboration que requiert le bien commun de l'humanité tout entière.

Cette coordination plus poussée et cette mise en commun des efforts

surtout parmi les instituts académiques, procureront davantage de

fruits. Que dans les universités, les diverses facultés s'entraident

donc autant que le comporte leur objet ; bien plus, que les universités

elles-mêmes aillent dans le même sens et unissent leurs efforts,

en organisant ensemble des Congrès internationaux, en se

répartissant les secteurs de la recherche scientifique,

en se communiquant leurs découvertes, en échangeant

pour quelque temps des professeurs, en développant enfin tout

ce qui peut favoriser une collaboration accrue.

(Déclaration de Vatican II

sur l'éducation chrétienne

Gravissimum educationis)

Quand la recherche se fait action

PortraitSaad Khoury Lecture pour tous

ActualitésEnseignant :

un métier qui s’apprendà plusieurs

InitiativesLes magiciensdes réseaux

Israël/PalestineBâtir des ponts et non des murs

CultureVaux-le-Vicomte /

Patrimoine religieux / Livres / Multimédia

Enseignement catholiquewww.enseignement-catholique.fr

Numéro 323, avril 2008, 4,50 €ACTUALITÉS

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 3

som

mair

e ÉÉDDIITTOORRIIAALL

Risquer la quête de la vérité 5AACCTTUUAALLIITTÉÉSS

Enseignement catholique 6Éducation 13Religion 18Revues express/Agenda 20

PPOORRTTRRAAIITT

Saad KhouryLecture pour tous 32Né dans un petit village au sud du Liban, Saad Khourysuit les traces de son père, devient médecin, se spécia-lise en urologie, s’installe en France dans les premierstemps de la guerre, en 1975. Aujourd’hui, il se bat pourréconcilier les jeunes avec les chefs-d’œuvre de la litté-rature mondiale en les adaptant en bandes dessinées.

IINNIITTIIAATTIIVVEESSCulture religieuse

Pâque juive, Pâques chrétienne 34Depuis quelques années, le groupe scolaire Sainte-Anne - La Providence, à Valence, propose un repas,le Jeudi Saint. Il commémore la Cène en révélantcomment la Pâques chrétienne s’enracine dans laPâque juive.

Post-BTS / informatique

Les magiciens des réseaux 36Le lycée Le Rebours, à Paris, a conçu une formationd’administrateur réseau pour les passionnés d’infor-matique : une année post-BTS en apprentissage avecembauche garantie.

FFOORRMMAATTIIOONN

Connaître la foi chrétienne 38Présentation de deux parcours très différents : celui duCentre pour l’intelligence de la foi (CIF) qui revisite lesfondamentaux en deux ans, et celui de MargueriteLéna, consacré cette année aux Pères de l’Église.

PPAARROOLLEESS DD’’ÉÉLLÈÈVVEESS

Internes, même le week-end… 40Depuis l’an dernier, l’ensemble scolaire Notre-Dame deGuéret, dans la Creuse, propose un internat du week-end à des jeunes qui ont besoin de rompre avec leurmilieu pour retrouver un cadre de vie plus structuré.

EEUURROOPPEE

L’école catholique en Belgique flamande 42En Belgique, l’enseignement catholique, à l’instar desautres grandes institutions, s’inscrit dans la logiquecommunautaire qui préside à la vie du Royaume. Ilsera donc présenté en deux parties. La première estconsacrée à la Flandre.

IISSRRAAËËLL EETT PPAALLEESSTTIINNEE

Bâtir des pontset non des murs 44Pourquoi et comment inaugurer une dynamique quilie les établissements de la terre d’Israël et des Terri-toires palestiniens aux établissements de France...

RRÉÉFFLLEEXXIIOONN

Orthographe, à qui la faute ? 48Danièle Manesse, professeur à l’université Paris-III -Sorbonne-Nouvelle, a publié, sous le titre Orthographe,à qui la faute ?, une recherche sur le niveau orthogra-phique des élèves du CM2 à la troisième.

Quels obstacles au dialogueentre les cultures ? 50Pour construire la paix, le dialogue entre les cultures estnécessaire. Les ONG présentes à l’Unesco, et parmi ellesl’Office international de l’enseignement catholique (OIEC),livrent leur réflexion sur les obstacles à cet échange.

CCUULLTTUURREEVaux-le-Vicomte Au temps du Roi-Soleil 52De la maternelle à la terminale, des parcours très origi-naux font entrer petits et grands de plain-pied dans leGrand Siècle.

Patrimoine religieux Trésors de Paris et d’ailleurs 53Comment faire parler les murs des églises ? les tableauxinscrits au patrimoine chrétien ? C’est la mission de l’association Les Trésors de Paris.

Livres /Multimédia 54Pratique 58Photos couverture : D.R., E. du Closel, V. Leray, M.-F. Comte. Sommaire : D. R., E. du Closel, C. Deschamps.

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44

34

50

DOSSIER /QUAND LA RECHERCHE SE FAIT ACTION 22

L’enseignement catholique investit depuis de longues années dans la recherche. Formiris finance des équipes, formées d’universitaires et de praticiens, qui travaillent

sur des thèmes divers : comment accueillir les élèves musulmans ? apprendre à lire et écrireautrement ? etc. Ces recherches-actions visent à enrichir la réflexion des équipes éducatives,voire à faire évoluer les pratiques. Celles des enseignants et des cadres éducatifs, bien sûr,mais aussi des formateurs qui les accompagnent tout au long de leur carrière.

Ce numéro comporte un encart jeté « Prêtre... Pourquoi pas moi ? ».

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4 Enseignement Catholique Actualités

ÊTRE PROFESSEUR DANS L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE L’exemplaire : 2,00 €

Nom / Établissement : ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : ....................................... Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : ........................ exemplaires. Ci-joint la somme de : ........................ € à l’ordre de AGICEC

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

« Un message de reconnaissance et de confiance aux professeurs, premiers acteurs de la mission

d’enseignement et d’éducation de l’école. »

Texted’orientationapprouvé par le Comiténational del’enseignementcatholique le 6 juillet2007.

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 5

Éditorial

« En Dieu résidel’origine de toutes

choses […] ; à l’hommerevient le devoir derechercher la vérité

par sa raison, et en cela consiste sa noblesse. »

Jean-Paul II, Fides et Ratio,

n° 17, 1998.

Chacun sait que la confiance est, avec la rencontre, lacondition de l’acte éducatif. Confiance de l’autre, maisaussi confiance en soi. L’élève attend du maître le regardbienveillant qui l’invite à grandir ; il espère de même que

l’adulte soit une référence, un point d’appui qui offre quelquescertitudes dans un univers qui interroge et déroute plus qu’iln’apporte de réponses. Cette sérénité de l’adulte ne saurait être feinte sans que l’enfant neperçoive très vite la faille entre le dire et l’être. Cette sérénité nesaurait être offerte au jeune qu’après avoir vécu soi-même le douteet expérimenté le risque de l’erreur et de l’échec. Ainsi quel’affirme le poète et philosophe indien Rabindranath Tagore : « Sivous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors. »Le doute et le risque sont intimement liés à toute aventurehumaine parce qu’ils sont intimement liés à la quête de la vérité.On comprend qu’ils accompagnent par conséquent le pédagoguedont les initiatives et expériences éducatives, souvent fondées surde justes intuitions, méritent d’être soumises à l’éclairage de laréflexion critique et de la recherche. On ne peut que se féliciterque l’enseignement catholique parvienne – sans doute encore tropmodestement – à relier de façon étroite recherche et action,comme l’illustre le dossier central de ce numéro d’Enseignementcatholique actualités.

Éric de LabarreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

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Risquer la quête de la vérité

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICECn Directeur de la publication > Paul Malartren Rédacteur en chef > Gilles du Retail n Rédacteur en chef adjoint > Sylvie Horguelin n Ont participé à la rédaction dece numéro > Claude Berruer, Philippe Brault, Élisabeth du Closel, Emmanuel Costa, Véronique Glineur, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Monique Lafont, Marie Laumont-Schlosser, Virginie Leray,Danièle Manesse, Béatrice Mas, Irène de Palaminy, Mathilde Raive, Françoise Récamier, Étienne Verhack nÉdition > Dominique Wasmer, Marie-Françoise Comte (rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétairede rédaction) n Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane, Jean-Noël Ravolet et Marianne Sarkissian (commandes) n Rédaction, administration etabonnements > 277 rue Saint Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 n E-mail > [email protected] n Abonnement > 45 €/an n Numéro decommission paritaire > 0712 G 79858 n Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

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6 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus/enseignement catholiqueactus/enseignement catholique

Le socle commun, un levier pour vivreautrement l’établissement scolaire » :tel est le thème qui a réuni, les 26 et27 mars dernier, quelque 150 per-

sonnes pour des « journées d’étude et de pré-conisations », organisées conjointement parle Secrétariat général de l’enseignement catholique et Formiris. Si la problématique du socle commun n’estpas récente, a rappelé Éric de Labarre1, elle sesitue au centre du débat éducatif et invite à in-terroger les contenus et le sens de la culturescolaire2. Pour l’enseignement catholique, elleest « l’occasion de souligner que, bien plus que lesavoir lui-même, ce qui importe c’est son sens,c’est-à-dire le fait que le savoir n’est qu’un instru-ment pour ouvrir l’homme sur sa propre intériori-

té et pour l’inviter àprendre en charge sadestinée ». Des proposauxquels ont fait échoceux d’Yves Quéré3 :la culture à laquelle lesocle doit faire accé-der ne saurait être ac-cumulation du savoirmais tension vers le savoir et vers le sens.

Autre intervention remarquée, celle de ClaudeBerruer4 qui a proposé une lecture du soclecommun via le projet éducatif de l’enseigne-ment catholique. « Le socle commun ne vise passeulement à définir des contenus, des programmes,mais à entrer dans une culture, a-t-il rappelé.C’est un de [ses] enjeux que d’articuler les connais-sances diverses en une culture qui peut faire sens,[et] le projet éducatif de l’enseignement catholiquene peut qu’y souscrire. » Quant à la dispositionqui indique que « chaque compétence constituti-ve du socle requiert la contribution de plusieursdisciplines5 », elle rejoint les convictions de l’en-seignement catholique qui invite à relier les savoirs entre eux. VG

1. Secrétaire général de l’enseignement catholique.2. Cf. l’annexe au décret 2006-830 du 11 juillet 2006 définis-sant le socle commun de connaissances et de compétences(BOEN 29 du 20 juillet 2006) : « La spécificité du socle com-mun réside dans la volonté de donner du sens à la culture sco-laire fondamentale. »3. Membre de l’Académie des sciences.4. Adjoint au Secrétaire général de l’enseignement catholique.5. Annexe au décret 2006-830 du 11 juillet 2006 définissantle socle commun de connaissances et de compétences.

Journées d’étude et de

préconisations :socle commun R

e p r e n a n tune tradi-tion aban-donnée de-

puis plusieurs an-nées, les chefs d’éta-blissement du pre-mier et du second

degré d’Ile-de-France se sont retrouvés à Paris, à La Villette, le 12 mars 2008. « Si l’ensei-gnement catholique se situe dans un contexte dio-césain, a souligné dès l’ouverture Olivier Roucher1, les réalités éducatives et professionnelles sevivent dans des territoires plus larges et se déclinentnotamment aux plans académique et régional. »Comment ne pas considérer, en effet, que lesexigences des formations post-bac, la créationde nouveaux établissements, les obligations ad-ministratives et financières, le recrutement etl’emploi, etc., relèvent certes de chacun desdiocèses mais pluslargement encored’un ensemble dediocèses corres-pondant à des en-tités territoriales ?Sans oublier leprincipe de subsi-diarité : il est de-venu nécessaire demettre en place descohérences, des so-lidarités et des har-monisations, sanspour autant créerde nouvelles struc-tures.Le rapport de Gé-rard Tonneau2 surla décentralisationet la déconcentra-tion, exposé par son auteur, souligne que l’Étatest entré dans de véritables « transferts de compé-tences » sur les forfaits d’externat, la globalisa-tion des enveloppes de fonctionnement, l’ap-plication de saisies informatiques concernant lesélèves et les emplois des enseignants... À l’ins-tar du redéploiement des diocèses en provincesecclésiastiques, il est donc indispensable de pen-ser l’enseignement catholique dans un contex-te qui ne renie pas l’autonomie des diocèses etdes établissements mais les situe dans une in-terdépendance. « Être autonome, c’est aussi fairepartie d’un tout », a affirmé Gérard Tonneau. La formation a déjà pris en compte la diversitédes diocèses dans une dynamique régionale,

a précisé en substance Maurice Girona3. Quantà l’enseignement technique supérieur, il est de-venu indispensable qu’il présente aux étudiantsdes dispositifs proches du concept de campuset puisse peser sur les attentes des décideurséconomiques et politiques, a indiqué Didier Cahour, chef d’établissement. Cependant pour l’enseignement du premierdegré, les attentes demeurent celles d’une gran-de proximité. La Région ne doit être là quepour faciliter les aides nécessaires à cette pré-sence locale, a complété Claire Dorival, chefd’établissement, très satisfaite de cette rencontrerégionale. Sans être attachées à des fiefs et à deschapelles, les congrégations, par la voix de sœurNadia Aidjian4, ont exprimé leur volonté decréer ensemble et avec les diocèses de véritablesprojets éducatifs régionaux, appuyés sur la tra-dition des fondateurs. Des points de vue qui ont permis à Éric de

Labarre5 de redireque l’établissementest la pierre d’anglede l’enseignementcatholique, mais doits’inscrire dans unréseau. « Il nous fautreprendre l’organisa-tion de l’enseignementcatholique en renfor-çant son dispositif ré-gional… Nous devonsnous regrouper sur deschamps de compé-tences. » Ceci appel-le à un travail decompréhension dela société et de-mande une capaci-té à s’étonner, a dé-claré en résumé

Mgr Éric Aumonier. Évoquant le Siracide6, l’évêquede Versailles a souligné que toute sagesse né-cessite une quête de l’homme et de son sens quine peut se faire de façon solitaire. Ce rassemblement ne sera pas sans lendemain.Se rassembler en Ile-de-France pour « fairefamille » est à présent un acquis. GDR

1. Directeur diocésain de Versailles et président du comité desdirecteurs diocésains d’Ile-de-France.2. Directeur du service des études et de la prospective au Secrétariat général de l’enseignement catholique.3. Directeur diocésain de Pontoise.4. Secrétaire générale de l’Union des réseaux congréganistesde l’enseignement catholique (Urcec).5. Secrétaire général de l’enseignement catholique.6 Aussi appelé Ecclésiastique.

Ile-de-France : une dynamique régionale

Ci-dessus : Olivier Roucher, directeur diocésain de Versailles et président du Comité des directeurs diocésains d’Ile-de-France.

En haut : Jean-Louis Berger-Bordes, qui a animé la journée.

Yves Quéré

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 7

Jean-Marc Petit, chargé de la mission « Enseignementprofessionnel et supérieur »au Secrétariat général de l’enseignementcatholique, fait le point sur la réforme du BEP. Pourquoi passer d’un dispositifqui enchaîne brevet d’étudesprofessionnelles (BEP) et bac pro à un diplôme passédirectement en 3 ans ?Jean-Marc Petit : En moyenne, prèsde 40 % des élèves de BEP ne pour-suivent pas au-delà soit en bac pro,soit en 1re technologique. Or, dansbeaucoup de domaines, comme letertiaire de bureau ou l’électro-nique, l’insertion professionnellesuppose au moins un bac pro !Créer un accès direct en fin de3e devrait améliorer la visibilité duparcours et réduire les abandonssans réelle qualification.Le cursus actuel repousse l’âged’obtention du bac pour des élèvesqui ont parfois déjà un ou deuxans de retard. De plus, il y a beau-coup de répétitions dans les conte-nus entre la terminale BEP et la1re bac pro. Enfin, ce dispositif, demême durée que les autres, don-ne une égale dignité avec les autresbacs, même s’il fait appel a des qua-lités différentes.

Certains jeunes avaient besoinde quatre années ou n’avaientpas auparavant la possibilité desuivre en bac pro, que leur dire ?J.-M. P. : Pour les domaines où l’onrecrute en deçà du bac pro, descertificats d’aptitude profession-nelle (CAP) ont été ou devraientêtre créés. Ils sont dans beaucoupde cas mieux reconnus que le BEPpour leurs contenus plus « profes-sionnalisés ». Ces CAP permettrontpour un certain nombre d’élèvesl’accès à la 1re bac pro, et les éta-blissements seront encouragés àmettre en place des dispositifs pré-paratoires à ces passerelles. La liai-son CAP-bac pro, selon les établis-sements et leurs finalités, peut êtreun point d’attention important enmatière de conseil à l’orientation.Les élèves ayant choisi le bac prodirect pourront toutefois passer unBEP rénové leur permettant d’ob-

tenir un diplôme professionnel,même s’ils éprouvent des difficul-tés à poursuivre.

Mais alors, le BEP existera-t-il toujours ?J.-M. P. : Oui en tant que diplôme,mais il disparaîtra en tant que cur-sus spécifique, à partir de la ren-trée 2009. Il sera d’ailleurs réno-vé. Des exceptions sont à prévoirpour certains BEP agricoles quisont maintenus et le BEP carrièressanitaires et sociales qui subsisteraen tant que cursus, dans l’attentede la création du bac pro lui cor-respondant vraiment. En septembre2008, les deux systèmes coexiste-ront, puisque l’année prochaine,les bacs en 3 ans se feront par expérimentation, en vue d’une généralisation en 2009. Les éta-blissements en expérimentationpartiront des horaires de la 2de pro-fessionnelle de leur ancien BEPpour préparer au mieux les bacsproposés.

Quelles propositions formuler en fin de 3e ?J.-M. P. : La première année deBEP s’appelle déjà 2de profession-nelle, cela ne changera donc pasles libellés. En 2008, il faudra bienexpliquer aux élèves et à leurs fa-milles que cette orientation leurpermettra d’entrer dans un cursusde 4 ans ou 3 ans. Il sera donc im-portant d’envisager avec eux leschéma leur correspondant lemieux, tout en les informant surles parcours offerts par les diffé-rents établissements où ils seraient

Mais que devient le BEP ?

scientifiques et culturels, organi-sés autour de cinq grands thèmesde l’environnement : l’eau, l’air, laterre, le recyclage, les énergies re-nouvelables. De retour à l’écoleavec leurs expériences et le chantrepris en chœur devant l’esplana-de, les enfants auront contribué àmontrer la route à suivre. Lesrencontres se poursuivent jusqu’àla fin de l’année. C’est donc àvotre tour d’agir ! Nous comptonssur vous, et surtout renvoyez-nous vos cahiers2, nous avons hâtede découvrir vos actions.

PHILIPPE BRAULT

1. Union générale sportive de l’enseignement libre.2. À l’adresse : www.ugsel.org

Terre d’enjeux : ce n’est qu’un

début !

susceptibles de s’inscrire. Le bacpro 3 ans ayant pour la rentréeprochaine un caractère d’expéri-mentation élargie, l’accord expli-cite des parents doit être deman-dé. À partir de 2009, seul le parcoursen 3 ans correspondra à cette pro-position d’orientation. Il faudratoutefois être vigilant, car les2des professionnelles vont être re-définies, et à une 2de professionnellecorrespondront plusieurs bac pros.

Quelle est l’articulation avec le bac technologique ?J.-M. P. : Les 1res d’adaptation verslesquelles se dirigeaient certainsélèves de BEP ont vocation à dis-paraître. En revanche, les 1res tech-nologiques seront accessibles à cer-tains élèves de 1re bac pro. Cepassage d’une voie à l’autre méri-tera d’être accompagné pour êtreprofitable. Il faut noter qu’un bacpro pourrait attirer certains élèvesqui jusque-là choisissaient la voietechnologique alors que leurs pro-fils et leurs projets correspondaient

plus à la voie professionnelle – d’au-tant que les BTS1 ont vocation àaccueillir plus de jeunes issus debac pro.

Pourra-t-on continuer après un bac pro ?J.-M. P. : Le bac pro est un diplô-me qui prépare à l’insertion pro-fessionnelle et qui est apprécié surle marché du travail. L’enseigne-ment professionnel, par ses mé-thodes inductives, permet égale-ment à certains jeunes de retrouverle goût et les capacités d’apprendre.Pour ceux-là, la poursuite en BTSest une voie tout à fait adaptée pour-vu qu’elle soit accompagnée. Mê-me si les universités ne peuvent fer-mer l’accès en première année,cette voie est plutôt risquée pourun jeune issu de bac pro. Par contre,les BTS avec leurs 120 créditsECTS2 ouvrent l’accès au proces-sus du LMD3, et plus particulière-ment aux licences professionnelles.

PROPOS RECUEILLIS PARGILLES DU RETAIL

1. Brevet de technicien supérieur.2. European Credit Transfer System. 3. Licence-master-doctorat.

Jean-Marc Petit

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Quatre ans d’attente et d’im-patience pour voir aboutir« Terre d’enjeux » en ce dé-

but de printemps 2008 ! Les pro-jets fleurissent partout dans lesdiocèses. Et la joie resplendit surtous les visages des enfants, heu-reux de pouvoir se retrouver etpartager leurs engagements pourune Terre en meilleure santé.Bien sûr, la météo a quelque peucontrarié certaines manifestations,le vendredi 28 mars. Mais ce n’estque partie remise pour un mois demai plus clément. Cette semaine adonc été lancée le mardi 25 marspar l’union départementalede l’Ugsel1 Paris, au cœur des jar-dins de Bercy dont 2 400 en-fants ont arpenté les allées pourrejoindre divers ateliers sportifs,

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8 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus/enseignement catholique§

Socle commun : une ardente obligation !

ner et de développer en interaction : « Cettearticulation, au sein de chacune des compétencesdu socle, constitue une révolution pour l’écolefrançaise fondée sur la représentation naïve quec’est en accumulant les connaissances, que l’onélève le niveau. » Par ailleurs, a souligné Philippe Joutard, « cette articulation entre connaissances, capaci-tés et attitudes rejoint le projet éducatif de l’en-seignement catholique puisqu’elle vise la forma-tion de toute la personne ». Il en est de mêmede la continuité pédagogique qui sous-tend lamise en place du socle : « L’enseignement catholique dispose, avec ses ensembles scolaires,d’un formidable atout pour réaliser cette conti-nuité entre l’école et le collège. » Analysant chacun des piliers du socle, PhilippeJoutard a mis l’accent sur l’importance du septième, consacré à l’autonomie et à l’initia-tive. « Le pilier 7, à lui seul, vaut la peine. Regardons les évaluations internationales. Quellessont les faiblesses des élèves français ? Le manquede confiance en eux, la non-prise de risques, larésolution de problèmes, la rédaction libre, l’ex-pression de l’imagination... Parce qu’il vise le développement de l’autonomie et de l’initiative,ce pilier est décisif. »

Une invitationIl est revenu à Sylvette Duheim5 d’articulersocle commun et disciplines. Chaque compé-tence constitutive du socle requiert « la contri-bution de plusieurs disciplines, et réciproquement,une discipline contribue à l’acquisition de plu-sieurs compétences6 », a-t-elle rappelé. Le soclecommun ne fait donc pas abstraction des dis-ciplines. Certaines sont d’ailleurs nomméesde façon traditionnelle, ou reconnaissablesdans le titre donné à l’un ou l’autre des piliersqui acquièrent de ce fait une couleur discipli-naire plus particulière. Il en est ainsi « des prin-cipaux éléments de mathématiques et de la

culture scientifique et technologique » ou encorede « la pratique d’une langue vivante étrangère ».Au-delà, « les finalités qui traversent le socle dansson intégralité » doivent être reliées aux fina-lités visées par les différents enseignements. Autre intervention remarquée, celle de Jean-Pierre Véran7 qui a mis l’accent sur la néces-saire interdisciplinarité requise par la mise enplace du socle commun. Il a invité les ensei-

gnants à prendre appui sur les « dispositifs pé-dagogiques qui faisaient – et font encore – tra-vailler ensemble les disciplines en vue de donnerdu sens aux apprentissages ». Et Jean-Pierre Véran de citer les 10 %, les projets d’actionéducative, les travaux croisés… et, plus récents,les travaux personnels encadrés, les itinérairesde découverte ou encore les thèmes de conver-gence. Reste que « ces dispositifs se situaient enmarge ou à la périphérie » et que l’enjeu du socleest d’inscrire l’interdisciplinarité au cœur dessituations d’apprentissage.Quant à Véronique Poutoux8, elle a montrécomment « la notion de compétence permettaitd’articuler parcours personnel et dynamique d’ap-prentissage commune pour des élèves en grandedifficulté ». Et de conclure que le socle est « uneinvitation à dépasser les limites dans lesquellesnous enfermons les élèves en difficulté et les cou-pons d’une culture commune ».

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’écoledu 23 avril 2005. L’article 9 de loi dispose que « la scolaritéobligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyensnécessaires à l’acquisition d’un socle commun constitué d’unensemble de connaissances et de compétences qu’il est in-dispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa sco-larité, poursuivre sa formation, construire son avenir person-nel et professionnel et réussir sa vie en société ».2. Décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006, BOEN n° 29 du20 juillet 2006.3. Directeur de l’ICFP Saint-Joseph.4. Historien et ancien recteur des académies de Besançon etde Toulouse.5. Formatrice à l’Institut de formation de l'Université catholiquede l’Ouest aux métiers de l'enseignement (Ifucome), à Angers.6. Cf. note 2 ci-dessus.7. Inspecteur pédagogique régional Vie scolaire. 8. Directrice de l’Institut supérieur de pédagogie, à Paris.

Les 3 et 4 mars dernier, s’est tenu à l’Institut catholique de formation des personnels (ICFP) Saint-Josephde Montpellier un colloque très suivi sur le socle commun de connaissances et de compétences.

S’il est, dans l’actualité pédagogique etéducative, un thème porteur, c’est biencelui du socle commun de connaissanceset de compétences, mis en place par la

loi d’orientation d’avril 20051 et défini par undécret de juillet 20062. En témoigne le succèsrencontré par les deux journées, organiséespar l’ICFP Saint-Joseph de Montpellier, quiont réuni quelque 250 personnes : professeursdes écoles et enseignants de collège, chefs d’éta-blissement des premier et second degrés, cadresd’éducation et responsables institutionnels. « Permettre aux différents acteurs d’entrer en com-préhension avec la logique du décret qui définit lesocle commun, les aider à s’approprier les enjeux dusocle et à saisir les transformations des pratiquesdont le socle est porteur : tels sont les objectifs quenous visons avec ce colloque », a expliqué Bruno Grave3.Il y a une « ardente obligation » du socle com-mun : nul ne pouvait en douter en écoutantPhilippe Joutard4 qui a ouvert le colloque. « Sile socle devait rester lettre morte ou n’être que formel,a expliqué l’ancien recteur, l’école ne serait pasen mesure de surmonter les défis qui s’imposent àelle. Défis qui trouvent leur origine dans le dévelop-pement de la globalisation, dans la complexité crois-sante du XXIe siècle, et qui imposent d’élever le ni-veau de formation initiale et de développer chez chacunla capacité à se former tout au long de la vie. » Pour Philippe Joutard, les ruptures dont lesocle commun est porteur constituent autantd’atouts pour faire évoluer le système éduca-tif. Il en est ainsi de la déclinaison de chacu-ne des compétences du socle en connaissances,capacités et attitudes qu’il convient de combi-

De gauche à droite : Jean-Pierre Véran, Bruno Grave et Philippe Cabrol, adjoint de direction à l’ICFP Saint-Joseph.

Sylvette Duheim et Bruno Grave

Philippe Joutard

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En France, l’activité physique adaptée (APA) est la deuxième filière professionnellechoisie par les étudiants inscrits en Staps1. Et ce, après la filière Management dusport. « Cet engouement des étudiants pour les populations fragilisées, vulnérables, inadaptées, […] cor-respond certainement à la volonté de nos jeunes générations d’organiser une société plus humaine […] »,

note Yves Eberhard, président de l’AFAPA2. Ce dernier participait du 13 au 15 mars 2008, aux XIVes Jour-nées francophones de l’AFAPA. Elles ont réuni, à l’Ileps3 de Cergy-Pontoise, des enseignants-chercheurs,des éducateurs sportifs, des professeurs d’EPS4… « Ce fut l’occasion de vérifier les qualités pédagogiques desdiplômés Staps, mention APA, note Florence Hélaine, directrice de l’Ileps. Leurs connaissances des différentspublics et leur formation scientifique pluridisciplinaire leur confèrent une grande adaptabilité qui facilite leur in-sertion professionnelle. » On peut se procurer les actes de ces journées en s’adressant à l’Ileps. SH

1. Sciences et techniques des activités physiques et sportives. 2. Association francophone en activité physique adaptée. 3. Institut libre d’éducation physique supérieur, 13 boulevard de l’Hautil, 95092 Cergy-Pontoise Cedex. Tél. : 01 30 75 60 50. Internet : www.ileps.org 4. Éducation physique et sportive.

Une idée, une actionSOLIDAIRES AVEC LE TOGO

A5 heures de route de Lomé, le villaged’Aledjo. C’est au Togo, dans ce coin

perdu de brousse que le père Léon Marcelfonde, en 1961, le premier Foyer de Chari-té d’Afrique noire. Cette communautécompte aujourd’hui une vingtaine demembres consacrées, la plupart Togo-laises, le père Marcel, 90 ans, et son suc-cesseur, prêtre togolais. Elle se rattache àl’Œuvre des Foyers de Charité, créée en1936 par Marthe Robin1, qui a pour mis-sion d’accueillir des retraitants. Le Foyerd’Aledjo organise ainsi toute l’année desretraites spirituelles, mais son activité nes’arrête pas là : depuis les origines, il a ou-vert un centre de santé où l’on soigne leshabitants de la région victimes du paludis-me, de malnutrition, du sida… 25 000 pa-tients y ont été reçus cette année ! Parailleurs, le Foyer a ouvert une « école devie » prenant en charge une vingtaine dejeunes filles de familles pauvres. MartheRobin disait : « Faites-en des femmes ! » Laformation qui dure trois ans, se partageentre cours théoriques (anatomie, physio-logie, études des principales maladies,français, religion…) et pratiques (soins audispensaire, cuisine, couture…). « Sanscette formation, ces filles seraient restéesà la maison pour s’occuper de leurs frèreset sœurs, dans l’attente d’un mariage,sans être libres de leur choix », expliqueAnne Chicoisne, une des infirmières,membre du Foyer. Les stagiaires qui sontinternes, arrivent avec leur oreiller, unseau et quelques ustensiles de cuisine.Une petite participation en nature est de-mandée à leur famille. Elle ne couvre pas,bien sûr, les frais de scolarité. D’autantque le Foyer donne de l’argent de poche àces élèves afin qu’elles se constituent unpetit pécule pour leur sortie. Le Foyer, quine touche aucune subvention, a besoind’être aidé. Parce qu’en Afrique, commesur d’autres continents, l’éducation desfilles est souvent sacrifiée, il faut encoura-ger cette belle initiative. SH

1. Il existe aujourd’hui 75 communautés, répartiesdans 42 pays. Internet : www.foyer-de-charite.com Pour en savoir plus sur le Foyer du Togo : http://foyeraledjo.ids.tg

uAdressez vos dons à : Foyer de Charité, BP 11 -85 rue Geoffroy-de-Moirans, 26330 Châteauneuf-

de-Galaure. Les chèques sont à mettre à l’ordre de : « Fondation Foyer de Charité », en précisant dans le cour-rier « Pour le foyer d’Aledjo ». La Fondation vous déli-vrera un reçu fiscal.

N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 9

En route pour le Burkina

pauvreté représentée sur l’image ;elle décida d’agir ! » Le collège del’Assomption ayant des liens aveccelui de Markoye, la classe entre-prend alors de mener une actionavec ce village du Burkina Faso.Elle rencontre Francis José-Maria, directeur du syndicat in-tercommunal de distributiond’eau de la Corniche des Maures,qui mène sur Markoye des pro-jets de solidarité. Ce dernierpropose d’installer un goutte-à-goutte pour arroser une haie viveet des parcelles de culture maraî-chère. « Un défi nous était lancé : récolter l’argent pour aller à Markoyeet installer le système d’irrigation »,raconte Claire. La première

« Burkina Team » est une réussitecar le système d’irrigation fonc-tionne. Les récoltes qui suiventdonnent de beaux légumes ! Cette année, les 3e ont souhaitépoursuivre le projet. « Pour récol-ter les fonds pour notre voyage, laclasse a mené différentes actions, ex-plique Audrey, une élève. Nousavons aussi trouvé des partenariatsavec des organismes ou des associa-tions pour nous aider financière-ment. » Pour cette nouvelle « Bur-kina Team », le 5 février est arrivétrès vite. « Notre travail d’irrigations’est effectué avec les 4e du collège deMarkoye. Entre les coups de pioche, depelle et la pose des tuyaux, une profon-de amitié s’est construite. Notre héber-gement dans ce “havre” fleuri qu’est legîte de l’Oudalan a permis au groupede bien se ressourcer », précise la jeu-ne fille. Expérience humaine enrichissan-te, ce voyage restera à jamais dansle cœur de ces jeunes. La citoyen-neté universelle ne se construit-elle pas en bâtissant des projetscommuns ? Car « lorsqu’un seulhomme rêve, ce n’est qu’un rêve, maissi beaucoup d’hommes rêvent en-semble, c’est le début d’une réalité »,comme le disait FriedensreichHundertwasser.

EMMANUEL COSTA Conseiller principal d’éducation

1. Collège de l’Assomption Cogolin - Sainte-Maxime, Route des Mines, 83310 Cogolin. Tél. : 04 94 54 03 03. Internet : www.assomption-mediterranee.net

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Le sport adapté aux plus fragiles

Après un an et demi de pré-paration, des élèves de3e du collège de l’As-somption1 de Cogolin

(Var) sont enfin partis en Afrique !Du 5 au 17 février 2008, dix filles,quatre garçons et six accompa-gnateurs y ont poursuivi un pro-jet d’irrigation, initié deux ansauparavant par d’autres 3e, dansle village de Markoye, au nord-est du Burkina Faso. « Tout a commencé en 2003, lorsd’un cours de géographie surl’Afrique, explique Claire, uneancienne élève qui a participé aupremier voyage. En étudiant laphoto d’un bidonville kenyan, notreclasse de 5e fut très marquée par la

À pied d’œuvre. À Gangani, un petit village à l’extrême-nord du pays, la « Burkina Team » 2008,venue de Cogolin, a été accueillie par la tribu du chef Nidé.

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10 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus/enseignement catholique

De quelle façon le métierd’animateur-formateur (AF) a-t-il évolué au sein des directions diocésaines ?

Denis Herbert2 : Un glissement s’estopéré. Un certain nombre d’entrenous sont entrés dans la fonctionen étant, pour une part importante,investis dans des actions de for-mation et d’animation auprès desenseignants. Aujourd’hui, noussommes davantage en lien avec les chefs d’établissement. Nous accompagnons ces derniers quiconnaissent une complexité crois-sante de leurs responsabilités. Plusque jamais les stratégies de pilota-ge des établissements demandentprise de recul, analyse, conseil, pourdévelopper « une forte capacité àanimer un travail coopératif », pour

reprendre Philippe Perrenoud.Ainsi certains animateurs-forma-teurs sont devenus animateurs ins-titutionnels, voire adjoints de di-rection.

Comment avez-vous pointé ce changement ?

D. H. : L’Anafec a réalisé un étatdes lieux entre septembre et no-vembre 2007. Nous avons voulu

observer en quoi les nouveaux par-tenariats, les nouvelles collabora-tions permettaient de mieux réus-sir ensemble. Et ce, au niveaudiocésain, mais aussi à d’autres ni-veaux géographiques, par exempleavec les associations territorialesFormiris et les instituts missionnés.Nous devons ensemble assurer lerenouvellement des équipes etmettre en place les nouvelles dis-positions de l’entrée dans le métier,

À l’occasion de l’assembléegénérale de l’Anafec1, le 28 mars dernier à Paris, son président,Denis Herbert, a fait le point sur le métier d’animateur-formateur.

L’enseignement catho-lique est pourvu d’un « titre » permettant àtoute personne-res-source, formateur dé-

butant ou expérimenté, d’accé-der à une reconnaissance de ni-veau master 2, dans de nom-breux domaines de la formationprofessionnelle. En effet, le titrede formateur d’enseignantset de cadres supérieurs péda-gogiques est à présent1 enre-gistré au Répertoire national des certifications professionnel-les (RNCP) comme titre de ni-veau 1. On peut y accéder de deux fa-çons : par la valida-tion des acquis del’expérience et par laformation2.

En ce qui concerne la formation,dès ce mois d’avril 2008, unevingtaine d’unités capitalisablessur une durée de cinq ans sontmises en œuvre par les univer-sités catholiques d’Angers, deLyon et de Toulouse. Chacunede ces unités de formation se ré-fère à l’une des six familles duRéférentiel d’activités et de com-pétences du titre de formateur.Ces six familles sont les suivantes :construction du sens, pédagogieet didactique, animation d’équi-pe, environnement de la for-mation, développement institu-

tionnel, gestion. Les candidatsqui ne possèdent pas le niveau IInécessaire à l’entrée en forma-tion peuvent monter un dossier4

de validation des acquis profes-sionnels (VAP). Il est possibleaussi d’obtenir une dispense dusuivi de certaines unités de for-mation en montant un dossierde validation des études supé-rieures (VES).Au sein des vingt unités de for-mation nécessaires pour accé-der au titre, la validation de dixd’entre elles permet aux candi-dats qui le demandent d’acqué-

rir le diplôme d’université (DU)de formateur d’enseignants au-près des universités catholiques. Enfin, hors projet de formationdiplômante, il est possible à toutformateur, ou à toute équiped’institut missionné, de suivrel’unité de formation de son choixen vue d’un perfectionnementprofessionnel.

MONIQUE LAFONT

1. Arrêté du 6 février 2008, publié au Journalofficiel du 21 février 2008. 2. Cf. ECA 322, p. 8. Voir aussi www.formiris.org(rubrique « Partir en Formation - Devenir for-mateur »). Contact : [email protected]

Tél. : 01 53 68 60 58. 3. Cf. www.formiris.org (ru-brique « Titre de formateur »).4. Les dossiers de VAP et de VESsont à demander au secrétariatde la commission de certifica-tion. Contact : [email protected]

tout en respectant l’esprit de laCharte de la formation. Toutes cesobservations, l’adaptation et la co-hérence avec les textes3 nousconduisent à revisiter le statut desanimateurs-formateurs qui date de1994. Un groupe de travail vientde se mettre en place avec le Secrétariat général, les directeursdiocésains et l’Anafec pour réac-tualiser le cadre de référence, afinde réussir au mieux et ensemblel’animation institutionnelle, en étant« artisans de cohérence et de proxi-mité ». Une évidence réaffirmée partous les collègues lors de l’assem-blée générale : « La démarche desassises a changé notre rôle. »

PROPOS RECUEILLIS PARSYLVIE HORGUELIN

1. Association nationale des animateurs-formateurs de l’enseignement catholique. Adresse : 277 rue Saint-Jacques, 75005 Paris.Contact : Denis Herbert (président) ; e-mail :[email protected] – L’Anafeccompte 75 cotisants de la France entière, quiinterviennent en majorité dans le 1er degré.2. Animateur-formateur pour le 2d degré à ladirection diocésaine de Vendée.3. Cf. le Statut de l’enseignement catholique,la Charte de la formation, le cahier des chargesde la formation des AF mise en place en sep-tembre 2007 à l’Ifcec, le statut du chef d’éta-blissement du 1er degré, le titre de formateur.

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Réunis à Paris. Denis Herbert (2e en partant de la gauche), président de l’Anafec, et les membresdu conseil d’administration de l’association.

Animateurs-formateurs : le métier bouge !

Accéder au titre… en se formant

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 11

« Le christianisme ne fait que commencer »Les 31 mars et 1er avril 2008, lesadjoints en pastorale des directeursdiocésains se sont retrouvés pourleurs journées d’étude autour duthème « La question de la foi aucœur des établissements scolaires :quelle animation diocésaine ? ».

Rencontres, réflexions, partages en ate-liers, questions, présentation de mou-vements d’Église et d’outils pour ac-compagner la pastorale ont scandé ces

deux journées de travail où se sont retrouvés,à Paris, l’ensemble des adjoints en pastoraledes directeurs diocésains. Si Éric de Labarre,secrétaire général de l’enseignement catho-lique, a remis en perspective le caractère propredes établissements catholiques d’enseignementen reliant sa reconnaissance à la loi Debré de1959, il a également insisté sur les différentesfacettes des approches religieuses, qu’ellessoient d’ordre culturel, pastoral ou catéché-tique. Pour apporter une réflexion à la délicate ques-tion qui lui était posée : « Comment peut-on croi-re aujourd’hui ? », le jésuite François Boëdec1,ancien rédacteur en chef de la revue Croire au-jourd’hui, avait été invité. Comme l’avait fait lethéologien André Fossion2 en s’adressant auxanimateurs en pastorale scolaire, le 28 no-vembre dernier à Antony, ses réflexions et pe-tites phrases ont fait mouche, bousculé. C’est aujourd’hui une évidence, nous sommesdans un temps de mutation, et il n’existe au-cun modèle préétabli pour construire le nou-veau monde. « Quelque chose naît que nous nevoyons pas toujours. Ce qui s’écroule fait plus debruit », constate le père Boëdec. Reprenant lesaffirmations d’Alexandre Men, prêtre ortho-doxe russe assassiné en 1990 à Moscou, etd’Olivier Abel, professeur de philosophieéthique à l’Institut protestant de théologie, ila prononcé ces paroles fortes : « Le christia-nisme ne fait que commencer. Nous sommes aussivulnérables que les chrétiens de l’Église primitive,à la différence que nous ne sommes pas dans unesociété vierge. Cette dernière est déjà vaccinée. » Certes, la religion organisée est en perte de vi-tesse, mais « le croire » et la quête de sens sonttoujours d’actualité. Ils ont simplement prisd’autres formes, s’éloignent des dogmes pré-établis. On assiste à un foisonnement de spiri-tualités. On se tourne vers des sources multiples.On veut d’un Dieu sensible, on marche auxtemps forts (JMJ…), le mouvement pentecôtis-te qui fonctionne beaucoup sur l’émotion faitde plus en plus d’émules, les charismatiques at-tirent. « Il faut du spectacle, de l’étonnement, de l’af-

fectif. Et la soif spirituelle croise le besoin de trouverou retrouver une identité », note le père Boëdecavant d’ajouter : « Cette société commence à s’inter-roger sur ses racines alors que nous basculons dansune méconnaissance de la culture religieuse. » Dès lors, que faire, que vivre, quel cheminproposer, notamment aux jeunes, dans un telcontexte ? Quelle attitude de foi face à cet en-vironnement ? Le chapelain de Saint-Ignacene propose aucune recette. Mais des postures,des attitudes chrétiennes adaptées. Et avanttout « l’aventure d’un décentrement : tout l’enjeupour les chrétiens est de manifester que notre bon-heur vient d’une sortie de soi, d’une conversion. Croi-re n’est pas un savoir ni affaire de connaissance oude gnose, mais de relation. Au cœur de la foi chré-tienne, il n’y a pas d’abord une morale, mais unerencontre, celle du Christ. […] Avant d’être des vé-rités à croire, les mystères chrétiens sont des expé-riences à vivre. »

Un film rassembleurChacun a pu voir dans ces propos un écho àceux du congrès Ecclésia, qui s’est tenu àLourdes du 26 au 28 octobre dernier, et àceux d’Antony. « On aborde ces thèmes en spi-rale, on approche du cœur, a-t-il été dit. Il y aune grande cohérence dans ce que l’on entend aufil des rassemblements, mais ce n’est pas facile àpratiquer sur le terrain. » Le terrain, à savoirles établissements scolaires. Certains adjointsdiocésains déplorent le manque de moyens

humains et financiers pour mettre en œuvreune pastorale différenciée ; ou regrettent den’avoir que peu de poids pour amener un éta-blissement à mettre en place une pastorale,ou inviter un président d’Ogec3 à salarier unresponsable de pastorale.Il a aussi été fait allusion à la difficulté de trou-ver des outils sur lesquels s’appuyer pour ani-mer la catéchèse et la pastorale. Des outils ? Ilen a été proposé (cf. encadré). Celui qui a sansdoute séduit et ému le plus est le DVD sursœur Emmanuelle. Au-delà de tous les dis-cours et de tous les textes de loi, nécessairesmais insuffisants pour donner de la saveur àla vie, ce petit bout de femme, à l’aube de soncentenaire, au regard toujours aussi pétillantet à la verve malicieuse, livre son témoignagede vie, un message universel. C’est le docu-mentaire d’une rencontre, un film rassem-bleur, déclencheur d’un désir d’action. SœurEmmanuelle ne permet-elle pas, mieux quequiconque, de véhiculer les valeurs prônéespar l’enseignement catholique, de par son cha-risme, sa popularité, son dépouillement et lasimplicité de son discours ?

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Il est également chapelain de l’église Saint-Ignace (Paris) etresponsable du département d’éthique publique au CentreSèvres (Paris).2. Professeur au Centre Lumen Vitae (cf. ECA 319, p.6).3. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.

Besoin d’outils. Durant les pauses, les participants se sont pro-curé livres et revues.

Un mouvement et des outils

kLe Mej, Mouvement eucharistique desjeunes. D’inspiration ignatienne, il est

né en 1962. Son objectif est d’accompa-gner des jeunes de 7 à 21 ans pour les aiderà grandir dans leur foi. Et ce, par le biais denombreuses propositions pédagogiquesadaptées aux classes d’âge. Sans oublierdes camps d’été. Internet : www.mej.fr

kL’Encyclo Catho - Une encyclopédiequi part du quotidien des adolescents

et leur permet de découvrir des réponsesproposées par la Bible et l’Église auxgrandes questions que pose le monde.(Bayard, 2008, 544 p., 35 €) . ¤

kCroire Jeunes – Trois numéros hors sé-rie de Croire aujourd’hui.

kUn calendrier pastoral, mensuel, encours de réalisation aux éditions Pa-

roles de Sagesse, avec le concours du Sgec.

kDVD Sœur Emmanuelle, le cœur etl’esprit – Documentaire produit par

Les Bons Clients, en partenariat avec France 5et l’INA (diffusion à l’étude au Sgec).

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12 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus/enseignement catholique

Enseignant : un métier qui s’apprend à plusieursDu 25 au 27 mars 2008, à Paris, se sont tenues les 8es « rencontres de printemps » de l’Institut supérieur de pédagogie. Trois jours deréflexion proposés aux formateursd’enseignants sur un thèmecomplexe1 : « Comment transmettrele métier d’enseignant ? »

Dans la salle, des formateurs (tu-teurs, conseillers pédagogi-ques…). Au mur, des maximeschoisies par les participants com-

me plus ou moins révélatrices de leursconvictions. Par exemple : « La transmissionpasse par le faire et non par le dire. » Au micro,Nicole Priou, responsable de l’université deprintemps de l’Institut supérieur de pédago-gie2, lance la réflexion : « Parler de transmissiondu métier d’enseignant suscite aujourd’hui des po-lémiques. Parce que ses contours sont moins stablesqu’il y a trente ans, et que l’ensemble des acteurs nes’accorde pas forcément sur la façon dont ilconviendrait de les stabiliser ! »Aujourd’hui, a d’emblée expliqué Frédéric Saujat3, « autant les objectifs [du métier] sont pres-crits, autant les moyens [de les atteindre] ne le sontpas… À ceux qui ont les mains dans le cambouis dese débrouiller avec les difficultés du réel [car] l’hé-ritage ne permet pas d’affronter des problèmes inédits […]. Dans bien des situations, on touche leslimites du métier avec un sentiment d’incompétencepersonnelle ». Traduction en « langage salle desprofs » où arrive un enseignant exaspéré à lapause de dix heures : « Ah, je vais les mater cespetits cons ! » « Mécanisme de défense d’un sujet ensouffrance », analyse le chercheur, car il est« conduit à vivre avec l’insupportable ». Et, pour-suit-il, « rien n’est plus douloureux que de se trou-ver dans une activité contrariée ».« Comment permettre aux gens de re-fabriquer duprofessionnel au lieu d’errer en l’absence de réfé-rences collectives ? » Comment s’y prendrelorsque, souvent, la hiérarchie se soucie davantage de ce que ses troupes devraient

faire plutôt qu’elle ne s’interroge sur les rai-sons qui l’empêchent d’atteindre les objectifsfixés ? Justement, en se demandant de quellemanière « ils sont obligés de faire avec les pres-criptions et ce que ne disent pas les prescriptions ».Piste intéressante pour progresser : la co-observation entre néo-titulaires, « qui aide lesdébutants à dépasser les difficultés récurrentes ».Voir son activité « en miroir » dans celle deses pairs, c’est un dispositif de formation plé-biscité par les jeunes enseignants. Travaillerensemble leur permet de construire de nou-velles règles et gestes professionnels…, de« faire voler en éclats le discours convenu qui masquele mille-feuilles du métier ». Cette « nouvelle mi-se en mots » permet d’éclaircir « les sous-entendus,les détails [dans lesquels] résident les ressorts de l’efficacité professionnelle », a souligné FrédéricSaujat.Ainsi le métier s’élabore-t-il « à plusieurs voix,se nourrissant de discussions entre collègues ».

Un ballon« Dans nos temps de concertation, ce qui m’a sur-tout été utile, c’est de voir comment un professeurexpérimenté réfléchit, se pose des questions pro-fessionnelles. Ce n’est pas quelqu’un qui a ses recettes toutes faites : il réfléchit en permanence

sur les choix à faire, la façon d’aborder leschoses », reconnaissait une PLC24 citée parNicole Priou. Rechercher ensemble dessolutions entre gens qui doutent, c’est ar-ticuler horizontal et vertical, individuel etcollectif. Collectif : un mot fondamentalpour Yves Clot, professeur de psycholo-gie du travail et responsable d’un labora-toire de recherche au Conservatoire na-tional des arts et métiers5 (Cnam), dont lacommunication très riche était éclairantesur les ressorts profonds de l’élaborationd’un métier. Un collectif de travail (diffé-rent d’un travail collectif) se nourrit d’« obli-gations partagées », a-t-il expliqué,

construites ensemble à partir de prescriptionsplus ou moins détournées. Elles doivent fai-re partie intégrante de la transmission, « unballon qui ne rebondit pas tout seul de généra-tion en génération ! ». Un ballon dont il fautse saisir.« Vivre la même histoire » professionnelle, c’estaussi accepter la « controverse sur le travail ». Lenouvel arrivant peut « entrer dans le métier »,« mettre du collectif en soi », à condition d’entendreles anciens en débattre. Car « la seule manière derespecter un métier, c’est de le transformer ! ».

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Pour des échos plus complets, voir l’article de Nicole Priousur le site www.isp-formation.fr (rubrique « Repères »).2. Il existe bien sûr d’autres formations à vocation plus « pra-tique ». Consulter le site : http://www.isp-formation.fr (ru-brique « Formation ») ou écrire à : Institut supérieur de péda-gogie-Formation, 3 rue de l’Abbaye, 75006 Paris. Les prochainesrencontres de printemps auront lieu les 18,19 et 20 mars 2009sur le thème : « Apprendre et faire apprendre ». Inscriptions :[email protected] ou [email protected]. Maître de conférences en sciences de l’éducation, Universitéde Provence, IUFM d’Aix-Marseille. Auteur de « Transformerl’expérience pour la comprendre : l’analyse du travail ensei-gnant », in Jean-François Marcel et Patrick Rayou (dir.), Re-cherches contextualisées en éducation, INRP, 2004.4. Professeur des lycées et collèges en deuxième année de for-mation initiale.5. Équipe « Clinique de l’activité » du laboratoire de psycholo-gie du travail et de l’action. Auteur de « Clinique du travail etaction sur soi », in Jean-Michel Baudoin et Janette Friederich(dir.), Théories de l’action et éducation, De Boeck, coll. « Rai-sons éducatives », 2001.

ORIENTATIONS POUR L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE L’exemplaire : 2 €Réflexions et propositions de l’enseignement catholique

Nom/Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . exemplaires Bon à renvoyer accompagné de votre règlement, à l’ordre de AGICEC : 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 72 79.

La contribution de l’enseignement

catholique au projet de réforme

de l’école primaire

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Réflexion permanente. Des temps d’échanges essentiels pour desenseignants qui n’ont pas de recettes toutes faites.

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 13

actus/éducation

Éduquer les professeurs à unelecture critique des textes sacrés, tel était l’un des buts de la session « Sciences et religions, créationnismeet évolutionnisme ». Organisée par l’Ifer, en lien avec l’ICFP de Normandie, elle s’est tenue à l’IUFM de Caen, du 10 au 15 mars 2008.

Les enseignants étaient invités à explo-rer les complexes relations qu’entre-tiennent sciences et religions, lors dela 25e session de l’Ifer1, l’Institut de

formation pour l’étude et l’enseignementdes religions du Centre universitaire catho-lique de Bourgogne (CUCDB). Une semai-ne durant, théologiens, physiciens, biolo-gistes et historiens de renom se sont donc re-layés devant une centaine de professeurs, àl’IUFM2 de Caen où l’Institut catholique deformation professionnelle de Normandie3

et son groupe « Enseignement du fait reli-gieux » ont orchestré le bon déroulement ducolloque. Au menu : la Bible contre Darwin ou le créa-tionnisme versus l’évolutionnisme. Un thè-me choisi parce que les thèses extrémistespropagées par des islamistes ou des courantsévangéliques nés aux États-Unis brouillentle nécessaire dialogue entre sciences, cultureet foi. Dernier exemple en date : L'Atlas de laCréation4, une encyclopédie à destinationdes enfants, éditée en Turquie et distribuéegratuitement dans les écoles européennes.Un cadeau empoisonné, puisque les viséesprosélytes de l’ouvrage défendent la thèsed’une création divine de l’univers en l’état,réfutant les théories de l’évolution.L’offensive des néo-créationnistes rend d’au-tant plus cruciale la mission de l’Ifer. Cet ins-titut dispense en effet depuis 1996 des for-mations sur les cinq religions monothéistesqui doivent être désormais présentées enclasse, pour pallier l’inculture religieuse desélèves. « Ces nouveaux programmes sont dansl’optique d’une découverte moins distanciée,d’une approche des religions de l’intérieur, maissouvent décontextualisée », analyse RenéNouailhat, fondateur de l’Ifer. Douze ansplus tard, les polémiques ouvertes par le dis-cours présidentiel de Latran et le concept de« laïcité positive » montrent que le fait reli-gieux, hissé au rang de problème sociopoli-tique, n’a toujours pas trouvé sa juste placedans l’enseignement. Une lacune que Marie-Laure Robin-David, professeur de

Sciences et religions en session à Caen

français à Roubaix et stagiaire du mastère del’Ifer (cf. encadré), mesure chaque jour : « Sur nos 800 élèves, une trentaine suivent le ca-téchisme, les autres, musulmans ou athées, man-quent de clefs pour comprendre les nombreusesréférences au catholicisme présentes dans la litté-rature, l’art et dans notre société en général.L’Ifer m’a fourni des stratégies didactiques pourleur communiquer cette dimension religieuse, àl’occasion d’une visite de musée ou d’études detextes. »

ÉclairagesGrâce à des éclairages sur l’histoire de l’art,les affrontements passés entre sciences et re-ligions, sur le Coran ou encore les courantsmillénaristes, on a pu embrasser toute lacomplexité de la question. Ces débats ontpermis de resituer sciences et religions, auseuil de la question du sens et des origines,dans leurs deux registres, complémentairesmais distincts.

VIRGINIE LERAY

1. Adresse : Ifer, CUCDB, 69 avenue Aristide-Briand, 21000 Dijon.Tél. : 03 80 73 45 90. Internet : www.cucdb.fr - L’Institut estmissionné par l’enseignement catholique pour assurer la for-mation des enseignants au niveau national. Ses prochaines ren-contres auront lieu le 17 mai 2008, à Sciences Po-Paris (« L’at-

titude religieuse et la vie politique en France »), et à l’Universi-té catholique d’Angers les 19 et 20 novembre 2008 (avec leconcours de l’Académie des sciences).2. Institut universitaire de formation des maîtres.3. Adresse : ICFP de Normandie, 535 boulevard de la Paix14200 Hérouville-Saint-Clair. Tél. : 02 31 06 14 50. Internet :www.icfpnormandie.fr4. Rédigé par Harun Yahya (pseudonyme d’Adnan Oktar). Cf.ECA 314, p. 27.

René Nouailhat, fondateur de l’Ifer

uUn site internet (cf. ci-dessous) propose une base documen-taire très riche. Il est conçu par la mission « Enseignement et

Religions » de Formiris, sous l’égide du Secrétariat général de l'en-seignement catholique (Sgec), par des groupes de travail coordonnéspar René Nouailhat, . Adresse : www.enseignement-et-religions.org

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Le fait religieux invité à l’IUFM

sUne session de l’Ifer donnée à l’IUFMde Caen ? Cette étrangeté, liée au

partenariat entre l’ICFP de Normandie et lastructure publique de formation initialepour le second degré, a suscité quelquesremous. Et pourtant, « notre travail sur le fait religieux, au-delà de notre missiond’Église, s’inscrit aussi dans notre missionde service public rendu à l’État », constateJean Mallet, directeur de l’ICFP de Nor-mandie. D’ailleurs, l’Ifer a lancé un mastè-re reconnu par l’université catholique bel-ge de Louvain mais aussi l’université pu-blique Marc-Bloch à Strasbourg. Un débutde reconnaissance que René Nouailhat en-tend conforter avec le lancement prochaind’études doctorales : « Dans le cadre de laréforme de la formation initiale, nousavons besoin de personnes hautementqualifiées pour avoir notre rôle à jouer enmatière de formation, et ce, égalementauprès des professeurs du public. » VL

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actus/éducation

De tout temps,l’école a dûs’adapter etmodifier ses

pratiques, de gré ou deforce. Sa création elle-même est le fruit d’unetransformation, rap-pelait Anne-MarieChartier1, agrégée dephilosophie et docteuren sciences de l’éduca-

tion, lors de la neuvième édition du ForumRetz-Le Monde de l’éducation2. L’école obliga-toire, gratuite et laïque, n’est-elle pas une« conquête historique » pour remplacer le pré-ceptorat, réservé aux riches, par un enseigne-ment de masse ? Mais une fois conquise cettedimension collective, on n’en finira plus de « l’affiner ». Ainsi les maîtres divisent-ils lecours dit élémentaire en deux années – CE1 etCE2, que nous connaissons toujours – de fa-çon à permettre à chacun de progresser dansun programme commun d’apprentissage dela lecture. Puis, dès 1866, année de créationdu certificat d’études, se fait sentir la difficultéde cette articulation de l’individu au groupe :ainsi on ne présente qu’un élève sur deux àcet examen. Et l’on s’interroge : « Exiger lemaximum de tous, n’est-ce pas mettre en difficultéles plus fragiles ? » Vient alors la loi Binet du 15 avril 1909 quipermet de regrouper les élèves en grande dif-ficulté dans des classes dites « de perfectionne-ment » ! Puis, dans les années 1960, avec l’ur-banisation et l’apparition des classes surchargées,on « invente » le redoublement, les filières, enmême temps que l’on adopte en partie les mé-thodes actives pour booster le succès individuelen respectant l’originalité de chacun. Il n’em-pêche qu’en 1968 un million deux cent milleenfants sont en retard ! La maladie suprêmeà l’école dont on guérit rarement… Heureu-sement, s’est réjouie Anne-Marie Chartier, levote de la loi sur les enfants à besoin scolairesparticuliers3 « va maintenant nous obliger à pen-ser les choses différemment pour nos mauvais élèveshabituels ». La France, vue par Nathalie Mons4 qui a étu-dié la question de très près et comparé les ré-sultats des pays de l’OCDE, demeure claire-ment réfractaire au soutien individuel, pourtantcouramment pratiqué dans les pays scandi-naves, et très efficace. Faudrait-il alors se tour-ner vers la psychologie pour tenter de faireréussir les élèves les plus en difficulté ? DidierPleux5, psychothérapeute et directeur de l’Ins-

École unique, école inique

14 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

titut français de thérapie cognitive à Caen, atranché : « La plupart des enfants et des adoles-cents que je rencontre ne manifestent pas une pa-thologie particulière. » Les choses sont claires àses yeux : il ne faut pas se soigner pour réus-sir à l’école, mais tout simplement y travailleren utilisant, de préférence, les bonnes vieillesméthodes : l’organisation, la concentration, lamémorisation. Les « cracks » n’ont, paraît-il,pas d’autre secret… Le plus terrible pour desélèves souvent enfants rois à la maison serait,en classe, d’exiger trop peu d’eux, de les sur-valoriser et de les figer dans leur rôle d’enfantsprétendant tout savoir sans rien avoir appris…Pour tirer les conclusions institutionnelles etpolitiques de cet état de fait – une école uniquesouffrant d’élitisme républicain jusqu’à en de-venir inique –, il suffisait d’écouter les proposde Philippe Meirieu6. Il préconise une révolu-tion douce qu’il a déjà prêchée par ailleurs.Par exemple : « imaginer des formes scolairesoriginales – en “unités fonctionnelles” – pour quedes équipes d’enseignants encadrent des en-sembles d’élèves avec des dispositifs souples quicollent à leurs besoins, ce qui nécessiterait dechanger le calcul des dotations horaires ». Ou

encore : « articuler pour chaque élève un “don-né” et un “projet” – ce qui impliquerait de boule-verser l’évaluation » et « organiser le travail etnon la discipline – ce qui modifierait la hiérarchiedes règles… ». Tout cela pour « penser l’écolecomme un lieu de culture indispensable pour quechaque élève y trouve une nourriture intellectuellelui permettant de grandir »… MCJ

1. Auteur de L’école et la lecture obligatoire - histoire et para-doxes des pratiques d’enseignement de la lecture, Retz, 2007,352 p., 19,70 €. 2. L’ensemble des interventions est consultable sur le sitewww.editions-retz.com - À partir du 14 avril 2008, on pourraécouter toutes les communications données au cours des forums des neuf dernières années. 3. Loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et deschances, la participation et la citoyenneté des personnes han-dicapées » qui prend en compte la « scolarisation des élèvesà besoins éducatifs particuliers ».4. Auteur de Les nouvelles politiques éducatives – la Francefait-elle les bons choix ?, PUF, 2007, 202 p., 19 €. Cf. son in-terview dans ECA 319, pp. 48-49.5. Dernier ouvrage paru : Exprimer sa colère sans perdre le contrô-le, Odile Jacob, 2006, 221 p., 21,50 €. À lire également : Peutmieux faire - remotiver son enfant à l’école même, Odile Jacob,2008, coll. « Poches Pratique », 273 p., 7 € (réédition du livreparu initialement en 2001).6. Professeur en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon-2. Auteur de nombreux ouvrages dont on trouvera lesréférences sur son site internet : www.meirieu.com

Grâce à Aide et Action, 5 millions d’enfants à travers le monde ont pu être scolarisés1. Ceprintemps, la première association de parrainage en France lance l’opération « Mondéfi pour l’éducation ». Objectif : informer nos enfants de cette réalité de l’exclusionscolaire dont ils ont du mal à concevoir les effets. Cette campagne se déroulera en trois

étapes. Il s’agit en premier lieu pour les enseignants d’organiser une séance de sensibilisationdans la classe, en s’appuyant sur le kit d’action2 autour de thèmes comme : les déficits structurelsliés à la pauvreté, les habitudes culturelles gênant la scolarisation (mariage forcé, violence àl’égard des filles...), les conflits ethniques, les difficultés liées à la ruralité... Ensuite, les élèveschoisiront un défi à relever et rechercheront des parrains (voisins, amis, commerçants…) prêtsà s’engager financièrement. Enfin, la journée de défi aura lieu entre avril et la mi-juin. Aide etAction suggère une marche parrainée ou une dictée solidaire, les parrains versant alors unesomme par kilomètre parcouru ou par mot bien or-thographié. Mais on peut aussi organiser uneconférence, monter un spectacle, réaliser un jour-nal… À chacun sa façon de concrétiser une actionaprès une prise de conscience ! MCJ

1. Pour connaître le détail des actions : www.aide-et-action.org2. Ce kit contient un guide d’animation, un DVD, un livret pour chaqueélève, un guide pratique d’organisation et deux affiches. On peut lecommander par e-mail : [email protected] - ou écrire àl’adresse suivante : Aide et Action, « Mon défi pour l’éducation », 53 boulevard de Charonne, 75545 Paris Cedex 11.

uUn exemple encourageant, cité par Aide et Action : en 2007, grâce à 1 800 élèves de 7 écoles de Bordeaux, 16 500 eurosont été récoltés au profit de l’éducation.

« Mon défi pour l’éducation » avec Aide et Action

« Comment l’école peut-elle s’adapter à chaque élève ? », s’est-on demandé lors du Forum Retz-Le Monde de l’éducation, le 12 mars dernier à la Mutualité, à Paris.Un temps fort pour enseignants et chefs d’établissement, consacré à la nécessaireindividualisation de l’enseignement.

D.R

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Conséquence de la stratégienationale de développe-ment durable (SNDD)2003-2008, adoptée en juin

2003 par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, l’« éducation à l’en-vironnement pour un dévelop-pement durable1» (EEDD) devenueen 2007 « éducation au dévelop-pement durable2 (EDD) » fait par-tie intégrante de la formation ini-tiale des élèves des écoles, collègeset lycées. Elle ne constitue pas une nouvel-le discipline mais nécessite le croi-sement des apports de plusieursdisciplines. Parmi celles-ci, lessciences de la vie et de la Terre oc-cupent une place privilégiée.Aussi l’Inspection générale del’Éducation nationale (IGEN) a-t-elle cherché, au terme de troisannées de généralisation del’EDD, à préciser ce que doit êtrela contribution des SVT àl’EDD3.« La démarche “EDD” est en coursd’appropriation […] et l’intégrationdes problématiques du développe-ment durable commence à être ob-servée de façon régulière », noteGérard Bonhoure, le rédacteurdu rapport. Les projets conduitsen dehors des horaires obliga-toires « qui sous-tendaient l’essen-tiel de “l’éducation à l’environne-ment” » sont en « améliorationconstante » et « les professeurs deSVT continuent de s’y investir de

Aussi le rapport pointe-t-il « quelquespistes pour l’avenir ». Au nombrede celles-ci, une refonte des pro-grammes : « La généralisation del’EDD nécessite que l’ancrage dansla discipline soit clairement indiquédans les programmes, sous forme d’ob-jectifs liés aux connaissances, aux ca-pacités, aux attitudes », précise ain-si le rapport. Autre piste à explorer, celle de laformation des enseignants de SVT.Elle doit, estime Gérard Bonhoure,« prendre en compte de façon sys-tématique la nécessité d’apprendreà problématiser les sujets qui s’yprêtent dans une perspective dedéveloppement durable », ou en-core « encourager […] la diver-sification des pratiques pédago-giques, en particulier celles quifavorisent l’autonomie des élèveset le travail par équipes et aidentà construire, au sein d’une classe,une diversité d’approches sur unmême sujet propice à renseignerun débat ». VG

1. Expérimentée en 2003-2004 dans 10 aca-démies, l’EEDD a été généralisée à la rentrée2004. Cf. la circulaire 2004-110 du 8 juillet2004 au BOEN 28 du 15 juillet 2004.2. Sur l’éducation au développement durable,cf. la circulaire 2007-077 du 29 mars 2007 auBOEN 14 du 5 avril 2007.3. Une discipline dans l’éducation au dévelop-pement durable : les sciences de la vie et de laTerre, IGEN, janvier 2008. Rapport disponible àl’adresse suivante : http://media.education.gouv.fr/file/2008/79/2/developpement_durable_S.V.T_et_synthese_24792.pdf

Les SVT et l’EDD

En Europe, les filles ont de meilleurs par-cours scolaires que les garçons : c’est ce quiressort d’une étude1 publiée par la Direc-tion de l’évaluation, de la prospective et de

la performance (DEPP). Elles ont moins de diffi-culté en lecture. D’autre part, elles sortent moinsprécocement du système éducatif et sont plus sou-vent diplômées de l’enseignement secondaire etsupérieur. Ce qui est particulièrement frappant, sur ce der-nier point, c’est la forte croissance du nombre defemmes diplômées au cours des différentes gé-nérations, surtout dans les pays du Sud, souligne

la DEPP. Reste que si les filles sont majoritairesdans les formations supérieures, et ce quel quesoit le pays, elles sont souvent moins diplôméesen mathématiques, sciences et technologie. Ainsi,souligne l’étude, « en 2005, seulement 31 % des di-plômées de l’enseignement supérieur [dans les disci-plines scientifiques] sont des femmes » et « cette pro-portion, poursuit la DEPP, n’évolue guère depuis2000 ». VG

1. Note d’information 08-11 (février 2008), « La réussite scolaire desfemmes et des hommes en Europe ». Note disponible à l’adresse sui-vante : http://media.education.gouv.fr/file/2008/01/9/ni0811_24019.pdf

façon très volontaire », poursuitl’inspecteur général. Un regret toutefois : un « exercicede la codisciplinarité resté excessive-ment limité ». Et Gérard Bonhourede déplorer que les dispositifs trans-versaux inscrits dans les grilles ho-raires – itinéraires de découverte,thèmes de convergence, travauxpersonnels encadrés ou éducationcivique, juridique et sociale – surlesquels l’EDD pouvait prendreappui, soient peu utilisés.S’il est « illusoire d’espérer 100 %d’investissement de la part des pro-fesseurs de SVT [dans l’EDD] », il convient toutefois d’améliorer « l’efficacité de leur participation, quan-titativement et qualitativement ».

Parcours scolaires des filles et des garçons en Europe

En brefPAS LE MORAL !Près d’un chef d’établissement sur deuxdéclare que son « moral s’est dégradé au cours des dernières années », un quartd’entre eux allant jusqu’à le qualifier de « médiocre, mauvais ou exécrable » : tels sont les résultats d’une enquêteconduite par Georges Fotinos auprès des principaux de collège et des proviseursde lycée. En cause, un alourdissement de leur charge de travail, la détériorationdu climat scolaire, la multiplication des réformes ou encore les effets de la rigueur budgétaire. (Georges Fotinos,« Lycées et collèges, le moral des personnelsde direction », MGEN)

MOINS DE VACANCES ?Plus de la moitié des élèves se déclarentprêts à sacrifier des jours de vacances contre des journées de travail allégées en cours,révèle un sondage relatif aux rythmesscolaires conduit auprès de 869 collégiens et publié par le magazine Okapi du 12 marsdernier. 83 % des élèves interrogés déclarentconsacrer plus de huit heures par jour aux cours et au travail personnel et, pour un tiers d’entre eux, les journées de travaildépassent les dix heures. Ils considèrent, note le magazine, que le temps consacré au collège aux activités éducatives – CDI, ateliers … – est trop réduit etdemandent davantage d’activités sportives et culturelles.

LES CHIFFRES CLÉS DE LA JEUNESSE« Démographie », « École, scolarité »,« Santé », « Emploi, activité », « Justice » et « Loisirs ». En six chapitres et 32 graphiques et tableaux, le ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative vient de publier « Les chiffres clés de la jeunesse », édition mars 2008. Cet ensemble de données statistiquesissues de différentes sources est accessibleen ligne sur le portail du Ministère. www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr(rubrique « Études, recherches etstatistiques »).

PARTENARIAT MEDEF/IUFMÀ compter de septembre 2008, le Medef va participer, en partenariat avec les IUFM,à la formation des enseignants à l’entreprise. Il s’agit là d’une « vraierévolution », a affirmé Michel Pébereau,président de l’Institut de l’entreprise, lors du Forum Éducation Entreprise, le 18 mars dernier. Les futurs professeursdevraient ainsi suivre, pendant une semaine, des stages en entreprise,assortis d’une formation à « la production,la gestion, et les relations clients ». Une journée bilan devrait leur permettrede faire le point sur leurs expériences.

N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 15

D.R

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Pour faire de votre établissement scolaire un« lieu d’expérimentation du développementdurable » : www.eco-ecole.org

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actus/éducation

16 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

L’humour et l’intelligencese sont donné rendez-vousdans un manuel au titreaustère : Les vraies diffi-

cultés de la langue française1. Au-cun d’entre nous, élève ou pro-fesseur, n’a très envie de seconfronter à ces difficultés-là, etpourtant… « La langue françai-se ressemble parfois à un cabinetde curiosités avec ses bizarreries,ses vieilleries, ses extravagancesqui lui donnent un je-ne-sais-quoid’exotique et de merveilleux », nousexplique avec gourmandise l’au-teur, Franck Evrard. Ce profes-seur de lettres modernes est aus-si animateur d’ateliers d’écritureet cela se sent. Au chapitre des« bizarreries », il écrit : « “Les ly-céennes étaient toutes surprises.” :si “toutes” est un adverbe, la sur-prise est totale et entière ; si “toutes”est un pronom indéfini, la surpriseest générale… » Des exercices permettent ausside tester ses connaissances… avecles réponses qui suivent. Ainsi

Les jeunes Espagnols onten moyenne deux annéesd’avance sur leurs cama-rades français, quant à la

maîtrise des langues étrangères.Pourquoi ? Parce que leur gou-vernement, via une subventionde 85 millions d’euros, aide les fa-milles à payer les séjours linguis-tiques. C’est du moins l’explica-tion donnée par l’Union nationa-le des organisations de séjourséducatifs, linguistiques et desécoles de langues1 (Unosel), lorsdu Salon international du touris-me : Le Monde à Paris2. En avril2007, les responsables de l’Uno-sel avaient d’ailleurs demandéaux candidats à l’élection prési-dentielle de s’engager dans lamême voie. Près d’un an après,rien n’a changé, mais JacquesMaillot, président de l’Unosel, a

est-on invité à améliorer desphrases qui comprennent des in-corrections. Parmi elles : « Ar-thur, l’amour c’est l’infini mis à laportée des caniches et j’ai ma di-gnité moi ! que je lui réponds ».Réponse : « On laissera intactecette maxime de Céline extraite duVoyage au bout de la nuit. » Puis,pour se reposer des accords duparticipe passé (« Ils se sont gratté

la tête »…), on lira avec bonheurun texte de François Cavannaqui souligne l’aspect logique dela syntaxe en démontrant com-ment « la dinde que j’AI mangée »équivaut à la « la dinde EST man-gée ». Enfin, pas question d’écri-re idiot : « en référence à l’Anti-quité où l’étude de la grammaireétait inséparable de l’enseigne-ment philosophique », l’ouvragerend compte des débats entrenorme arbitraire et relâchementlaxiste. Ainsi « La grammaire, l’aride gram-maire elle-même devient quelquechose comme une sorcellerie évo-catoire ; les mots ressuscitent revê-tus de chair et d’os, le substantif,dans sa majesté substantielle, l’ad-jectif, vêtement transparent qui l’ha-bille et le colore comme un glacis,et le verbe, ange du mouvement,qui donne le branle à la phrase. »Charles Baudelaire, quelle mer-veille ! SH

1. La maison du dictionnaire, 195 pages, 11€.

l’intention de relancer publique-ment le débat. En effet, partantdu fait que l’enseignement fran-çais ne permet guère d’évasionavant le baccalauréat mais que lamaîtrise d’au moins deux languesétrangères est un atout dans unCV, les stages linguistiques consti-tuent un passage quasiment obli-gé dans les parcours scolaires. Etun « marché » de 150 000 jeunes,en pleine expansion. Chiffre d’af-faires de l’ensemble : 300 millionsd’euros environ. Pour gagner laconfiance des parents, recruterdes enseignants solides et des fa-milles d’accueil suffisamment

« accueillantes », il faut veiller augrain. Ce que fait l’Unosel qui aréussi à faire élaborer une normeeuropéenne de qualité du séjourlinguistique, et qui prend encompte aussi bien le voyage queles cours ou la vie en famille. Mê-me si l’Unosel prend la peine degarantir le sérieux des 65 orga-nismes qu’elle répertorie, lepoids financier des séjours restelourd pour les familles et leur du-rée moyenne ne dépasse pasquinze jours : insuffisant pours’imprégner d’une langue3. « Nos cours sont performants »,a consta-té le responsable de l’Unosel, bien

Des séjours linguistiques à la qualité garantie

Une anti-sèche poétique

La DEPP1 a mis en ligne, le2 avril 2008, les indicateursde résultats des lycées gé-néraux, technologiques et

professionnels, publics et privéssous contrat. Ils sont établis à par-tir notamment des résultats desélèves à la session 2007 du bacca-lauréat et de données relatives à leur scolarité. Le ministère del’Éducation nationale souligne queces indicateurs ne se limitent pasau seul taux de réussite au bacca-lauréat. Deux autres indicateurssont en effet pris en compte : letaux d'accès de seconde et de pre-mière au baccalauréat, qui « per-met d'apprécier le caractère plus oumoins sélectif des établissements », etla proportion de bacheliers parmiles élèves sortants, qui « donne unebonne idée de la capacité des lycées àconduire leurs élèves jusqu'à l'obten-tion du baccalauréat, y compris grâ-ce à des redoublements efficaces ». LaDEPP précise que « seul un regardcroisé sur les trois indicateurs […] està même de donner une image de laréalité complexe que constituent lesrésultats d'un établissement ». SH

1. Direction de l’évaluation de la prospective etde la performance du MEN. Pour consulter les in-dicateurs 2008 des lycées : http://indicateurs.education.gouv.fr

décidé à ne pas baisser les bras enattendant que le gouvernements’empare du problème. « Pour uneFrance qui parle les langues étran-gères et relève le défi de la mondiali-sation ! » a souhaité Jacques Maillot.

MCJ

1. Sur internet : www.unosel.com - Un site quireçoit 30 000 visiteurs par mois !2. Le MAP s’est déroulé à Paris Expo-Porte deVersailles du 13 au 17 mars 2008. Sur internet :www.lemondeaparis.com3. La première destination reste le Royaume-Uni où un séjour de deux semaines coûte 500 eu-ros en moyenne. Mairies et comités d’entre-prise aident les familles. L’Unosel organise aussides séjours pour les jeunes professionnels dansle cadre de la formation continue.

Les résultatsdes lycées

sont en ligne

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Après les débats sur l’utilité des connexionsau réseau internet des établissementsscolaires, sur l’utilisation des technologiesinformatiques dans l’enseignement ou sur la validité des formations ouvertes et à distance, les blogs sont aujourd’huipassés au crible de l’utilité pédagogique et de l’influence des écrans sur l’avenir des jeunes.

Toutes les autorités pédagogiques et médiatiquesse sont mobilisées. Les études, colloques, rap-ports et conférences qui s’accumulent devraientpermettre de décider, enfin, si la pratique du

« blog » en classe à des vertus pédagogiques et, dansl’affirmative, quels usages pourront en attester. L’af-faire est d’importance et l’examen approfondi despropriétés de ces sites internetsimplifiés mérite bien les soinsd’entomologiste qui lui sontconsacrés. Du moins peut-onl’espérer. Les mêmes attentionssoupçonneuses, les mêmes ap-pels à la vigilance, les mêmescraintes concernant l’avenir dessciences, des arts et des lettresavaient, en effet, déjà été ex-primés dans les mêmes études,colloques, rapports et confé-rences après que..., en 1996,sous la houlette de Pierre Va-lade, leur instituteur, les élèvesdu cours moyen de l’école com-munale de Piquecos (305 ha-bitants à dix kilomètres au nord-ouest de Montauban), eurentmis en ligne leur site internet1

et commencé à échanger avecle monde entier. C’était une pre-mière en France et... le débutdes rapports d’experts.Certes, le mot ordinateur est ti-ré du vocabulaire de la théolo-gie2 mais Jacques Perret, son promoteur, était pro-fesseur de philologie latine à la Sorbonne, et internetou web sont de purs produits des milieux universi-taires et de la recherche3. Des origines qui auraientdû tenir lieu de passeport irréprochable pour le sys-tème éducatif en France, tant dans le primaire quedans le secondaire. Pourtant, il n’en a rien été. Cestechnologies qui, par ailleurs, ont bouleversé l’éco-nomie, les communications, les loisirs dans le restedu monde, et dont l’impact sur les rapports sociauxse fait de plus en plus prégnant, sont encore trop sou-vent qualifiées de « nouvelles » dans les premier etsecond degrés de notre système éducatif. Elles n’ysont introduites qu’au compte-gouttes au travers d’ex-

périmentations sans cesse renouvelées. Ainsi en va-t-il aujourd’hui des blogs et autres outils interactifs.Dans le même temps, Skyrock Network, le leader dessites communautaires français4, dont l’essentiel dupublic est issu de la tranche d’âge 12-25 ans, héber-ge à lui seul près de 15 millions de blogs où sont créésplus d’un million d’articles par jour.

Topologie en étoileAdopté massivement par les jeunes, le blog l’est aus-si par les femmes : plus de la moitié des blogueurssont des blogueuses. Et si fracture numérique il y a,elle n’est peut-être pas là où on l’attendait. Bien sûrla pauvreté est un facteur d’exclusion, et pour le nu-mérique aussi. À l’école comme ailleurs. Mais ce quifrappe surtout, c’est, dans nos institutions centrali-sées et nos organisations pyramidales, de voir les pé-riphéries s’inviter au banquet, et les pôles tradition-

nels de fabrication desnormes perdre le contrô-le sans partage qu’ils exer-çaient sur la vérité et ame-nés à défendre et àjustifier leur magistère.La topologie en étoile desréseaux de communica-tion numérique est enadéquation avec le mailla-ge naturel des réseauxsociaux. L’omnicentre ycède la place à l’interdé-pendance multipolaireoù fédération et collabo-ration prennent l’avan-tage. Il y a de la Girondedans ce monde-là.Plutôt que l’utilité ou l’ef-ficacité pédagogiquedes technologies numé-riques, ces débats quel’on se plaît en France àtoujours recommencermettent en évidence larésurgence d’une attitu-

de culturelle et d’un comportement social portés parl’émotion et l’immédiateté mais aussi par le partageet la gratuité.Diderot n’aurait sans doute pas désavoué Wikipédia, et L’Ère nouvelle5 aurait pu être le nom du blog d’Ozanam et Lacordaire.

JOSÉ GUILLEMAIN

1. Pour consulter ce journal électronique créé sur Macintosh Performa5300 : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/piquecos/piquecos.html2. Arnaud Schwartz, « Ordinateur, de la théologie à l’informatique »,La Croix, 13 août 2007.3. Histoire d’internet sur http://fr.wikipedia.org4. Adresse : www.skyrock.com/blog/5. Journal fondé en 1848 par Frédéric Ozanam, Lacordaire et l’abbéMouret.

Retour à Piquecos

en maths ! Après ceuxdes niveaux cinquième et quatrième, voici le manuel

Sésamath pour la troisième. Quatre-vingts auteurs ont participé à ce travailcoopératif sous licence libre. Commeles précédents, il est entièrement télé-chargeable et visualisable en ligne : nonseulement chacun peut le consulter,mais peut également récupérer lessources afin de les adapter à ses propresusages. La version papier coûte 11 eu-ros. Chaque collège peut réserver unspécimen gratuit.http://manuel.sesamath.net

LE CHIFFRE DU MOIS

3

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En brefTV NUMÉRIQUELa TNT, le satellite, le câble et la TV par ADSL seront les seulscanaux de réception des émissionsde télévision à compter du 30 novembre 2011. Les premièresextinctions d’émissions de télévisionanalogique pourraient intervenirdès le premier trimestre 2009. Le temps est donc compté pour les adaptations qui s’avéreraientnécessaires.

BONNES ADRESSESLe Centre national de ressourcestextuelles et lexicales (CNRTL)fédère au sein d’un portail unique,un ensemble de ressourceslinguistiques informatisées etd’outils de traitement de la langue.www.cnrtl.fr

TRAVAUX D’ÉLÈVES« Les travaux d’élèves sont-ilsconsidérés comme des œuvres pour lesquelles un droit d’auteurs’appliquerait ? » et « Que faut-ilfaire pour publier des travauxd’élèves ? » Les réponses à cesquestions, par Philippe Gauvin et Bernard Bailleul, sont sur le site « savoirs cdi » (rubrique « Questions juridiques » puis « Le coin du juriste »).http://savoirscdi.cndp.fr

E-EDUCATION 2008La journée européenne d’échangesur le numérique en éducation auralieu cette année le 14 mai à Pau.Près de soixante présentations sontau programme. Tous les niveaux ettoutes les disciplines sont concernés.www.14mai.org

D.R

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18 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus / religion

Alors que des personnes sedéplacent du monde entierpour fêter le 150e anniver-saire des apparitions, com-

ment, nous, qui sommes à deux pasde Lourdes et école catholique, au-rions-nous pu ignorer le Jubilé ? »,explique dans un sourire GillesValade, directeur de l’ensemblescolaire Pradeau-La Sède1, àTarbes. Avec Nadine Bardot,responsable du premier degré,et son équipe, ce dernier a réussiun vrai tour de force : réunir unjour durant à Lourdes tous lesélèves (de la maternelle au post-bac), les professeurs et le per-sonnel de service de l’établisse-ment, dans le respect des convic-tions de chacun. Le 18 marsdernier, trois parcours avaientété imaginés, pour les 1 180 par-ticipants. Le matin s’est ouvert

sur un chemin de foi, calqué surle chemin du Jubilé, avec des vi-sites des lieux qui ont marquél’histoire de Bernadette Soubi-rous. Le chemin culturel qui asuivi, comprenait des visites his-toriques et des rencontres avecdes professionnels du tourisme,du commerce et de la santé…Enfin, un chemin humaniste

Toutes les routes mènent à Lourdes

proposait des marches de dis-tances différentes, des ren-contres de personnes vivant unengagement à Lourdes, et, pourles étudiants, l’encadrement desélèves les plus jeunes. L’après-midi, après un pique-nique dans la prairie, les « pèle-rins » se sont retrouvés face à lagrotte pour présenter les actions

Les lieux en France où l’on célébrera en juillet pro-chain les Journées mondiales de la jeunesse, à l’unis-son avec Sydney, sont nombreux. Ainsi, cette liste,établie par l’équipe nationale des JMJ, n’est pas ex-

haustive1… L’on sait toutefois que le principal rassemblement se tiendraà Lourdes où plus de 5 000 personnes, venues de toute l’Europe, sontattendues.sAnnecy, province de Lyon, du 15 au 19 juillet 2008. Le concept : caté-chèses et célébrations le matin, festival de la jeunesse l’après-midi pourles jeunes des diocèses de Belley-Ars, Chambéry, Grenoble, Lyon, Saint-Étienne, Valence, Viviers, Clermont-Ferrand, Le Puy-en-Velay et Annecy.Internet : www.jeunes-annecy.fr sChâteauneuf-de-Galaure, du 14 au 20 juillet, près de Valence. Re-traite : « À fond, profond ! ». Blog officiel de la retraite des 18-30 ans or-ganisée par les Foyers de Charité : http://afondprofond2008.blogspot.comsLourdes, du 15 au 20 juillet 2008. Thème : « Témoins dans la Forcede l’Esprit ». Le programme s’articule autour de quatre axes : « Vivreles JMJ » ; « Célébrer le 150e anniversaire des apparitions à Lourdes » ;« Témoigner à travers l’art » ; une journée spéciale ouverte uniquementaux artistes et groupes de musique, le mardi 15 juillet. Internet :www.lourdes-france.org (rubrique « jeunes » puis « JMJ 2008 à Lour-des »)sMont Saint-Michel, du 17 au 20 juillet, diocèses de Coutances, Sées,Évreux et Le Havre. Festival « 13 siècles entre Ciel et Mer ». Internet :http://festival.mtstmichel.free.frsParay-le-Monial, du 15 au 20 juillet 2008. Forum international desjeunes « spécial JMJ » animé par la communauté de l’Emmanuel : avecJean Vanier, Mgr Dominique Rey, les Franciscains du Bronx, Père Dominique Humbrecht. Directs de Sydney en partenariat avec KTO.Internet : www.sanctuaires-paray.com (télécharger le tract pour les 18-30 ans).

sParc d’Arny, Bruyères-le-Châtel (Essonne), rassemblement Focolari,du 13 au 20 juillet. Thème : « Dieu, une expérience à vivre ensemble ».Les 18-30 ans du mouvement des Focolari (Jeunes pour un mondeuni - JPMU) organisent un camp de découverte et d'approfondissementde la vie chrétienne avec des théologiens du mouvement. Internet :www.jmj2008.frs Pontmain (Mayenne) du 18 au 20 juillet 2008, provinces de l’Ouest.Thème : « Un vent de jeunesse souffle pour louer Dieu ». Pour les 16-30 ans des 9 diocèses de Bretagne et des Pays de la Loire (Angers,Laval, Le Mans, Luçon, Nantes, Quimper et Léon, Saint-Brieuc et Tréguier, Rennes, Vannes). Internet : http://jmjpontmain2008.free.fr/Deux routes se rejoignent à Pontmain : – Saint-Cast, du 15 au 18 juillet « Made in Breizh ». Internet : www.yaka35.cef.fr (pastorale des jeunes de Rennes) ;– Sarthe, du 15 au 18 juillet. Internet : www.lekangourousarthois.org(pastorale des jeunes du Mans).sRassemblement à La Louvesc (Ardèche), du 18 au 22 juillet 2008. Thè-me : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint ». Une pro-position du Réseau jeunesse ignatien pour les 17-35 ans, animée par des jésuites, religieuses et laïcs de spiritualité ignatienne. Internet : http://lalouvesc.rji.fr sXonrupt, dans les Vosges, du 17 au 20 juillet 2008, les JMJ Grand-Est,au bord du lac de Longemer. Thème : « L’Esprit souffle aussi dans lesVosges ». Les JMJ Grand-Est sont organisées par les diocèses d’Alsace,de Franche-Comté et de Lorraine. Objectif : réfléchir avec d’autres etavec les évêques sur le thème des JMJ : « Vous allez recevoir une force,celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins ». Internet : www.jmjgrandest.com

1. Elle sera complétée au fil des semaines sur www.enseignement-catholique.fr (rubrique « Pastorale /JMJ 2008 »). Voir aussi les sites : www.jmj2008.fr et www.inxl6.org/jmj

De la maternelle au post-bac. Tous les élèves de Pradeau-La Sède étaient là.

JMJ de Sydney : partout en France !

entreprises, durant l’année, parclasse ou niveau. Ce fut l’occasiond’évoquer l’aide apportée auxpersonnes âgées par les CP, lesinitiatives des BTS2 en faveur dela lutte contre le sida et la séche-resse à Kabaa, en Afrique, ou en-core la collecte de jouets, le Télé-thon, les cartes postales de Noëlaux prisonniers et aux SDF. Unebelle façon de rendre visible lacommunauté éducative de Pra-deau-La Sède ! Sœur GenevièvePonneau, responsable de la com-munauté des Sœurs de Saint-Joseph, a conclu, sous les applau-dissements : « Vous êtes en train dechanger le monde, cela commenceainsi. Puisse cette expérience mar-quer à jamais vos vies ! » SH

1. Adresse : 14 rue Mesclin, 65912, Tarbes Ce-dex 09. Internet : www.pradeaulasede.cp.asso.fr2. Brevet de technicien supérieur.

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 19

Mais quelle est cette force ?

En ce dimanche de la Pentecôte, l’Évan-gile de Jean fait mémoire de la pa-role de Jésus à ses disciples : « Recevezl’Esprit Saint1. » Et les jeunes catho-

liques du monde sont actuellement invitésaux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ)par le Saint-Père qui leur redit les paroles duChrist : « Vous allez recevoir une force, celle del’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serezalors mes témoins2. » Mais quelle est donc cetteforce, et que nous donne-t-elle ?L’Esprit nous donne d’abord de rester ras-semblés. Comme les premiers disciples, nouspouvons aujourd’hui éprouver des peurs, face aux difficultés du monde, aux défis del’aujourd’hui, face à l’effacement des repèreschrétiens. Mais les disciples se sentant mena-cés ne restent pas isolés. « Quand arriva laPentecôte (le cinquantième jour après Pâques),ils se trouvaient réunis tous ensemble3 », fidèlesà la parole du maître : « Quand vous êtes deuxou trois réunis en mon nom, je suis là au milieude vous4. » Et le rassemblement des JMJ, àSydney, comme les nombreux rassemble-ments diocésains dans le monde et tout par-ticulièrement dans l’Église de France, aucreux de l’été 2008, montreront que le Christ appelle toujours à se rassembler.L’Esprit, quand les catholiques se retrouventminoritaires, nous donne la force de tou-jours faire Église, et de puiser, en Église, desforces nouvelles. L’Esprit nous fait entrer dans l’intelligence deDieu. L’intelligence, la sagesse et la connais-sance, dons de l’Esprit : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et de dis-cernement, esprit de conseil et de force, esprit deconnaissance et de crainte du Seigneur5. » Et Jésus dit à ses apôtres : « Le Paraclet, L’EspritSaint que le Père enverra en mon nom, lui, vousenseignera tout et vous rappellera tout ce que jevous ai dit6. » C’est par l’Esprit « qui a parlé parles prophètes » que nous entendons la languede Dieu : « Les paroles de Dieu [...] expriméesdans des langues humaines, se sont faites sem-blables au langage humain7 [...]. »

C’est bien là l’expérience fondatrice de l’évé-nement de la Pentecôte, que d’entendre,dans sa langue, la Parole de Dieu : « Les na-tions rassemblées autour du Cénacle de Pentecôten'ont pas entendu en leurs langues respectivesun discours sur leurs propres cultures humaines,mais se sont émerveillées d'entendre, chacunedans sa langue, les apôtres annoncer les mer-veilles de Dieu8. » Au sein même des cultures, dans leurs mul-tiples diversités, l’Esprit nous met en intelli-gence, capables d’écoute et de dialogue, ré-unis par la Parole qu’il nous transmet. Nouscroyons bien en une Église « une », mais pasuniforme. Les diversités sont légitimes si ellespermettent la rencontre. Lorsque noussommes déconcertés par la différence,lorsque aussi nous sommes déconcertés par laParole ou par l’enseignement de l’Église, sachons invoquer l’Esprit puisque « c’est l’Esprit Saint qui donne aux lecteurs et aux au-diteurs, selon les dispositions de leurs cœurs, l’in-telligence spirituelle de la Parole de Dieu9 ».

L’audace de risquerEt, au sein même de nos cultures d’aujour-d’hui, tournons-nous vers la force régénéra-trice de l’Esprit : « [Si] le message évangéliquen’est pas isolable purement et simplement de laculture dans laquelle il s’est d’abord inséré [...], nimême [de celles] où il s’est déjà exprimé, [sa] for-ce est partout transformatrice et régénératrice10. »L’Esprit de Pentecôte nous appelle à être mis-sionnaires : « Vous serez mes témoins. » Aprèsavoir chanté la litanie des saints, lors de la Vigile Pascale, l’Esprit de Pentecôte nouspousse aujourd’hui à étendre encore les fron-tières de l’Église : « La lumière de l'Esprit Saintfait irruption dès les premières paroles du Livre

des Actes des Apôtres... La marche impétueuse del'Esprit Divin précède et accompagne les évangé-lisateurs en pénétrant dans les âmes de ceux quiles écoutent et en amplifiant les frontières de l'Église catholique jusqu'aux confins de la terre,passant à travers tous les siècles de l'histoire11. » Ce travail d’évangélisation, par et dans l’Esprit, conduit à la joie, celle que donne laprésence du Seigneur : « Les disciples furentremplis de joie en voyant le Seigneur12 », nousdit l’Évangile du dimanche de Pentecôte. Letemps de Pentecôte est temps de jubilation,comme le chantent les hymnes nombreuses :« Mets en nous ta clarté, embrase-nous / En noscœurs, répands l’amour du Père / Viens fortifiernos corps dans leur faiblesse / Et donne-nous tavigueur éternelle13. » Nos communautés éducatives doivent donc,en ce temps de Pentecôte, invoquer l’EspritSaint, d’abord pour nous rassembler, au-delàde nos diversités, pour nous donner l’audacede risquer : « Risquer la communauté éducati-ve, risquer la différence, risquer l’inattendu dela personne. » Les chrétiens de nos communautés éduca-tives peuvent trouver dans l’Esprit Saint laforce de se faire témoins pour aujourd’hui, etl’audace de « s’exposer comme croyants14 ».Entrer dans l’Esprit de Pentecôte, c’est oser larencontre, et comme les disciples, oser ouvrirles portes du Cénacle. Pour la prochainejournée des communautés éducatives de dé-cembre 2008, nous inviterons à « grandir parla rencontre ».Ainsi, retrempés à la force de l’Esprit, nouspourrons trouver la joie : « Vivre la Pentecôte,dans un monde désenchanté, c’est l’émerveille-ment sans cesse renouvelé de la présence de Dieuen nous, frères ennemis réconciliés, différents etsemblables, ensemble responsables d’une belleplanète bleue, acteurs d’un avenir commun pourles prochaines générations15. »

CLAUDE BERRUER

1. Évangile selon saint Jean, 20,22.2. Actes des Apôtres, 1,8.3. Actes des Apôtres, 2,1.4. Évangile selon saint Matthieu, 18,20. 5. Isaïe, 11,2.6. Évangile selon saint Jean, 14,26.7. Dei Verbum, n° 13.8. Conseil pontifical de la Culture, Pour une pastorale de laculture, 1999.9. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1101.10. Jean-Paul II, Catechesi tradendae, n° 53.11. Jean XXIII, homélie de Pentecôte, 1960.12 Évangile selon saint Jean, 20,20.13. Veni Creator.14. Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France, p. 81.15. Michel Van Aerde, dominicain, Vivons la Pentecôte.

« La lumière descend dans la nuit ». La Pentecôte vue par lepeintre Kiroff.

Les écoles catholiques invoquerontl’Esprit Saint en ce temps dePentecôte. Tout d’abord pour se rassembler, au-delà de leursdifférences, mais aussi pour oser la rencontre. Elles seront d’ailleursinvitées à « grandir par la rencontre »,lors de la prochaine journée des communautés éducatives de décembre 2008.

D. R

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u L’illustration de cette page est extraite du DVD Agapé –scènes de la vie de Jésus, Toccata/Rejoyce, 2007.

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20 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

actus/revues express /agenda

Images de l’enseignant

La revue SciencesHumaines consacreun dossier1 à l’en-

seignement. Dans « Lemaître aux mille cas-quettes », MartineFournier propose auxlecteurs de relire lesdifférentes concep-tions de la pédagogie

qui se sont succédé et qui ont dessiné, sousl’influence des courants philosophiques,psychologiques et sociologiques, des fi-gures différentes de l’enseignant. Ainsi,explique-t-elle, au XIXe siècle, la forme sco-laire se généralisant, « l’instruction est dé-livrée par un maître devant une classe. Desprogrammes et des progressions voient le jour[…] et la méthode qui prévaut est celle del’enseignement magistral, du “par cœur” etde la répétition ». Ce modèle du maître quisait et qui délivre le savoir aux élèves vaêtre bousculé par l’émergence des péda-gogies nouvelles. Celles-ci « postulent l’édu-cabilité de tous les enfants qui doivent êtretraités en individus libres et autonomes […]à même de construire [leur] propre savoir »,l’enseignant étant là pour les y aider. Maiscette image va rapidement être bousculéepar celle de l’enseignant technicien ou in-génieur, liée au behaviorisme porteur « despédagogies par objectifs, de l’enseignementprogrammé, de la pédagogie de la maîtrise »dans lesquelles « chaque apprentissage estprogrammé par une progression fixée à l’avan-ce et évaluée à chaque étape ».Où en sommes-nous à l’aube du XXIe siècle,interroge Martine Fournier ? Les ensei-gnants d’aujourd’hui empruntent, dansleurs pratiques, à ces différents modèles.« La forme scolaire reste très prégnante :l’acquisition des connaissances ordonnées enprogrammes et en progression, l’usage ma-joritaire de l’enseignement magistral, où lesélèves sont regroupés par âge et par niveau,demeure la règle. » Mais dans le mêmetemps, « les “vieilles pédagogies nou-velles” sont entrées par la petite por-te », via la mise en place de dispositifs innovants2.Plus récemment encore, de nouvelles fi-gures de l’enseignant ont émergé. Et

Martine Fournier de citer celle du pro-fesseur tuteur, qui « accompagne l’élèvedans son parcours de formation » oucelle du “coach” qui « guide l’élève dans satrajectoire d’apprentissage et qui l’aide àacquérir les compétences nécessaires à saréussite ».Sciences Humaines s’est aussi intéressé àla notation et à l’évaluation3. De nom-breux travaux ont depuis longtempsmontré que la notation était relative, ar-bitraire et subjective. Vincent Trogerrappelle que le comportement de l’élève,l’ordre de correction des copies, le ni-veau global de la classe influencent la no-tation. Par ailleurs, les notes sont péda-gogiquement insuffisantes : « Elles ne per-mettent pas de distinguer ce que les élèvesont réellement appris de ce qu’ils n’ont pascompris. »Reste que les pratiques de notation per-durent. Cette situation tient d’abord à laprégnance de « la culture du classement etde la sélection » héritée de l’histoire et quiprévaut dans notre système éducatif. Elles’explique aussi par la demande des fa-milles. « Il est légitime, souligne VincentTroger, que les parents veuillent savoircomment leurs enfants se situent par rap-port aux exigences des programmes d’exa-mens, particulièrement aujourd’hui, alorsque la réussite scolaire détermine fortementl’avenir socioprofessionnel des individus. Ilsattendent donc des informations précises surle niveau scolaire de leurs enfants et se réfé-rèrent logiquement au système de notationqu’ils ont eux-mêmes connu. » Quant à l’évaluation formative quiconsiste à « intégrer les évaluations dans letravail d’apprentissage des élèves en classepour les aider à repérer et à comprendreleurs erreurs sans les sanctionner immédia-tement », elle peine à s’installer. Cette ré-sistance, explique Vincent Troger, tientau fait que la mise en place de ce typed’évaluation est en fait porteuse d’unetransformation du « paradigme initial denotre système scolaire, encore centré sur lacompétition entre les élèves ».

VÉRONIQUE GLINEURSciences Humaines,

BP 256 - 89004 Auxerre Cedex. Prix au numéro : 5,50€.

1. Sciences Humaines, n° 192, « Enseigner - l’invention au quotidien ».2. Cf. par exemple les travaux personnels encadrés, les itinérairesde découverte, les projets pluridisciplinaires à caractère profes-sionnel ou encore l’éducation civique juridique et sociale.3. Cf. « Pourquoi noter les élèves ? ».

STG : questions sur une rénovation

Alors que le minis-tère de l’Éduca-tion nationale

s’apprête à engagerune réforme du ly-cée, le dossier que lesCahiers pédagogiques1

consacrent à la filière« sciences et techno-logies de la gestion »

(STG), héritière des « sciences et techno-logies tertiaires » (STT) tombe à pointnommé. Plusieurs contributions reviennent sur laréforme engagée en 2005. Celle-ci visaità mieux préparer les élèves à la poursui-te d’études dans des domaines qui leurétaient pratiquement interdits (droit,économie et gestion) et à des niveauxquasi inaccessibles : classes préparatoiresaux grandes écoles et universités. Elledevait aussi permettre à la nouvelle filiè-re de se démarquer des filières profes-sionnelles. Or, soulignent Alain Legardezet Raoul Pantanella, dans leur éditorial,« la réussite de la “rénovation” STG n’estpas encore avérée ». Au nombre des expli-cations avancées : « le déficit d’image » dontsouffrent les filières professionnelles ouencore la prégnance de « la hiérarchieentre enseignement technologique et ensei-gnement général » qui conduisent encoreà orienter par défaut vers la filière STG,et plus largement vers les filières techno-logiques, comme le rappelle Gérard Barrère2.Les Cahiers pédagogiques se sont ensuitepenchés sur ce qui se vit au cœur desclasses et des disciplines. Françoise Bessette-Holland3 dresse le portrait desenseignants de STG et identifie trois pos-tures en fonction de la proximité qu’ilsentretiennent avec l’entreprise.Alain Legardez4, pour sa part, s’interro-ge sur le sens à donner à la réforme en-gagée en 2005 et à sa « fonction d’analy-seur des évolutions plus globales du systèmeéducatif ». VG

Cahiers pédagogiques, 10 rue Chevreul, 75011 Paris.

Prix au numéro : 7,50€.

1. Cahiers pédagogiques, n° 461 « STG, quelle rénovation ? » 2. Cf. « Changer de regard ? ».3. Cf. « Les professeurs au carrefour de plusieurs mondes ».4. Cf. « Rénovation des STG et démocratisation de l’école ».

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Page 21: Saad Khoury Enseignant : Vaux-le-Vicomte / Lecture pour ...€¦ · v e r s e s f a c u l t é s s ... Présentation de deux parcours très différents : celui du Centre pour l’intelligence

CycloparcDans 14 villesDu 4 avril au 4 juillet 2008Auray, Châteauroux, Toulouse, Paris…En 2007, le Tour de France, dans le cadre d’unpartenariat avec l’Éducation nationale, a lancéune vaste campagne d’information sur le cy-clisme. Un site internet dédié (cf. adresse ci-des-sous) propose, à l’intention des enseignants, unguide d’applications pédagogiques autour dedix disciplines et thèmes (anglais, mathéma-tiques, apprendre à porter secours…). Autantde ressources à mettre à profit, notammentpour préparer une visite du Cycloparc, pourpeu qu’il s’arrête dans votre ville ou votre ré-gion. Lieu de découverte et d’initiation itiné-rant, Cycloparc fera étape deux jours durant(vendredi et samedi) dans quatorze villes. Ilproposera des ateliers pratiques et théoriqueset la possibilité pour les 9-10 ans de se qualifierpour une course organisée le jour du passagedu Tour de France dans leur ville. Calendrier : www.achacunsontour.com

Les Routes de VézelayVers Vézelay (89)Du 2 au 4 mai 2008Marche, enseignements, célébrationsDestiné aux jeunes de 16 à 30 ans, le pèlerinageannuel des Routes de Vézelay, dont l’édition2008 marquera le dixième anniversaire, aurapour thème « Laissez-vous mener par l’Esprit ».Ces paroles de saint Paul (Ga 5,16) s’inscriventdans la dynamique des JMJ de Sydney. Elles se-ront mises en œuvre par Mgr Yves Patenôtre,archevêque de Sens-Auxerre et prélat de laMission de France, qui présidera le pèlerinage,et par Jean Vanier, fondateur de l’Arche, quienseignera les pèlerins. Programme détaillé des routes Nord, Sud, Estet Ouest,coordonnées des personnes àcontacter et formulaire d’inscription en ligne :http://routesdevezelay.cef.fr

La Nuit des musées4e édition17 mai 2008En France et en EuropeEn trois éditions, cette Nuit a su se faire une pla-ce au soleil ! En 2007, 956 musées de Franceparticipant à cette opération placée sous lesigne de la gratuité ont accueilli 1 300 000 visi-teurs. Et 960 musées répartis dans 41 paysd’Europe ont enregistré une affluence similai-re. Le cru 2008, avec son lot de créations inédites, d’installations éphémères... ne devrait

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pas faire mentir cette tendance. D’autant quel’Écosse, l’Irlande du Nord et Copenhague seront de la fête pour la première fois. Programme par pays, par régions, par villes ou par mots clefs sur internet, à l’adresse :www.nuitdesmusees.culture.fr

Salon des Solidarités Paris (75)Du 6 au 8 juin 2008Parc floralInformer et sensibiliser le grand public et offriraux professionnels un lieu de rencontre pourmutualiser leurs compétences et favoriserl’émergence de projets et de partenariats, telest le double objectif de ce Salon. Fort du succèsde sa première édition, en 2007, il devrait ré-unir 250 exposants cette année et accueillirplus de 20 000 visiteurs. Dont bon nombred’enfants auquel un espace « Éveil à la solidari-té » sera réservé. Site internet : www.salondessolidarites.org

Jeunes Accueil LérinsAbbaye de Lérins (06)Entre le 29 juin et le 11 septembre 2008Ile de Saint-HonoratLes moines de l’abbaye de Lérins s’adressentaux jeunes de 18 à 26 ans séduits par l’idée devivre avec de jeunes chrétiennes et chrétiens deleur âge dans la proximité d’une communautémonastique. Ils leur proposent d’intégrer du-rant 18 jours une équipe de 7 ou 8 mem-bres et d’effectuer un service bénévole d’aide àl’accueil des visiteurs.Dates des séjours : www.abbayedelerins.com(rubrique « Actualités »). Contact : Frère Gilles,Abbaye Notre-Dame-de-Lérins, BP 157 –06406 Cannes Cedex. Tél. : 04 92 99 54 05. E-mail : [email protected]

Sessions d’été Centre Angèle-Merici/IFHIMBayonne (64)Du 4 au 7 juillet 2008Du 9 au 11 juillet 2008Ensemble scolaire LargentéLe Centre Angèle-Merici est le lieu de forma-tion et d’animation du réseau des établisse-ments sous tutelle des Ursulines de l’Unionromaine. L’IFHIM, c’est l’Institut de forma-tion humaine intégrale de Montréal. Les sessions d’été qu’ils organisent conjointe-ment, ce sont les participants qui en parlentle mieux : « Ce n’est pas un mouvement NewAge, ce n’est pas une nouvelle religion […] C’esttout simplement une démarche qui éduque au re-gard sur soi et sur les autres », dit un respon-sable de niveau en lycée ; « Cette formation

m’a appris à être plus attentive à chaque élève età toute personne », ajoute une institutrice. Lapremière session, de niveau I, aura pourthème « L’actualisation des forces vitales hu-maines, un chemin pour mieux me découvriret mieux aimer ». La seconde, de niveau II,explorera la question suivante : « Commentaccueillir, déloger et gérer les frustrations etl'hostilité vécues en soi pour mieux vivre l'ou-verture à l'autre ? », et s’appuiera non pas surun cours théorique mais sur une démarchede transformation personnelle.Programme détaillé et formulaire d’inscription(possibilité de prise en charge Formiris ou em-ployeur) : http://centre-merici.org

Université d’été EscholiaNîmes (30)Du 7 au 11 juillet 2008Institution d’AlzonEscholia est un organisme de formation quipromeut la mise en place des classes-cycles.C’est aussi une association qui fédère des ensei-gnants voulant échanger sur leurs pratiques.Ils se retrouveront à Nîmes pour cinq jours deco-formation. Les travaux (élaboration d’outilsévaluatifs, recherche de situations-pro-blèmes…) devraient permettre à chacun de« repartir avec des outils construits à plusieurs et utili-sables en classe ».À savoir : cette co-formation reposant sur leprincipe du volontariat, tous les enseignantsen recherche y sont les bienvenus, sans autresfrais d’inscription que l’adhésion à l’associa-tion Escholia (5 euros par an). En contrepartie,les frais individuels (déplacement, repas, hé-bergement) sont à la charge des stagiaires.Mais des solutions « économiques » sont pro-posées pour l’hébergement (internat nîmoisou Maison diocésaine). E-mail : [email protected]él. : 06 14 75 54 92.

Halte salésienneSaint-Gervais-les-Bains (74)Du 17 au 22 août 2008Centre d’accueil Assomption-Fleur des NeigesC’est un extrait des Entretiens de saint Françoisde Sales qui guidera cette année les partici-pants à la Halte salésienne familiale : « Allezdonc, pleins de courage, faire ce à quoi vous êtes appe-lés, mais allez en simplicité. » Ils seront accompa-gnés dans ce temps de ressourcement et d’ac-cueil de la parole de Dieu par le père ClaudeGrimaud du diocèse de Valence. Commechaque année, les enfants sont les bienvenus.Contact : Dominique et Emmanuelle Alglave, 185 ruede Fleury, 92140 Clamart. Tél./fax : 01 46 44 22 66. E-mail : [email protected]

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Dossier

privilégié de cette prise en compte. Enfin, lessavoirs issus de la recherche sont régulière-ment mis en acte dans des formations.L’école est aujourd’hui confrontée à de nom-breux projets de réformes : formation initialedes enseignants, nouveaux programmes duprimaire, réforme des bacs pro, réforme dulycée… Leur mise en œuvre représente autantde défis pour les établissements. Pour y ré-pondre, on peut faire le pari que grâce à la pri-se de distance qu’elle favorise, aux éclairagesqu’elle apporte, aux connaissances qu’elle pro-duit et aux outils qu’elle permet de construi-re, la recherche enrichira la réflexion des équipeset renouvellera leurs actions. Cette posturecontribuera également à la formation d’un col-lectif d’acteurs qui fédérera les énergies, au

Les recherches présentées dans ce dossier se font l’écho

des préoccupations de l’école.

L’innovation et la recherche sont ins-crites dans les orientations de for-mation 2008-2011, votées par leConseil fédéral de Formiris1. Dansce cadre, Formiris développe une

stratégie en référence aux orientations de l’en-seignement catholique et du ministère de l’Éducation nationale et aux principes fonda-teurs de la Charte de la formation. Cette stra-tégie vise à rejoindre les établissements en pre-nant en compte leurs problématiques commethèmes de recherche et en diffusant les résul-tats trouvés – une dynamique qui participe àla professionnalisation des personnels. Sa mise en œuvre se fait en lien avec de mul-tiples acteurs. Les missions des services natio-naux et les associations territoriales de Formirisparticipent à la coordination, à l’instruction del’appel à projets et à la valorisation. Les insti-tuts missionnés, de leur côté, sont sollicités pourl’accompagnement des équipes d’établissementdans la conduite de projets innovants ou derecherches-actions. Quant aux chercheurs deslaboratoires de recherche des universités ca-tholiques, ils assurent l’accompagnement mé-thodologique des projets. Ce cadrage s’inscrit dans un continuum fondéen amont sur l’innovation et en aval sur la for-mation. En effet, fort de la conviction que lesoutien des actions innovantes est un préalableincontournable au développement de la re-cherche-action, ce nouveau cadrage triennalréserve une place à part entière aux projets in-novants émanant des établissements. Les asso-ciations territoriales de Formiris sont le relais

L’enseignement catholiqueinvestit depuis de longuesannées dans la recherche.Ainsi, partout en France,

Formiris finance des équipes,formées d’universitaires et depraticiens, qui travaillent sur

des thèmes divers. Leurrichesse est le reflet des

préoccupations des établissements scolaires.Comment accueillir les élèves

musulmans ? apprendre à lireet écrire autrement ? etc.Ces recherches-actionsvisent à enrichir la réflexiondes équipes éducatives,voire à faire évoluer lespratiques. Celles desenseignants et des cadreséducatifs, bien sûr,

mais aussi des formateurs qui les accompagnent tout au long de leur carrière.

développement d’une identité professionnelleet à la constitution d’un vivier de personnes res-sources. De façon plus générale, on peut faire l’hypo-thèse que le regard critique imposé par la re-cherche et l’exigence de qualité peut favoriserune vision qui dépasse le « aujourd’hui et main-tenant ». L’espace de liberté qui en résulte doitêtre réinterrogé à la lumière de la démarcheanthropologique des assises de l’enseignementcatholique qui privilégie un certain sens del’homme et propose en conséquence de chan-ger le regard sur chaque personne. Les recherches présentées dans ce dossier re-flètent ce cadrage et notamment les liens entreformation et recherche et la nécessité de chan-ger de regard. Leurs thématiques se font l’échodes préoccupations de l’école aujourd’hui enexplorant le socle commun, la diversité reli-gieuse ou encore la formation initiale des en-seignants.

BÉATRICE MAS

1. La Fédération Formiris est un organisme national de l’ensei-gnement catholique chargé de la mise en œuvre de la forma-tion initiale et continue des professeurs du premier et du seconddegré. Contact : Formiris, 35 rue Vaugelas, 75015 Paris.

Quand la recherchese fait action

L es équipes qui souhaitent s’engager dans un projet innovant ou une recherche-action peuvent se procurer un dossier auprès de la mission recherche de Formiris ou de l’association de leur territoire. Elles y trouveront toutes les indications nécessaires pour poser leur candidature :

procédure d’instruction, calendrier, grille budgétaire, axes prioritaires… Toutes les demandes seront soumises aux regards croisés de trois comités de lecture. Le comité externe, constitué de cher-cheurs issus du monde universitaire, se charge d’émettre un avis sur la rigueur méthodologique des dossiers. Le comité interne, regroupant des opérationnels de Formiris, examine la pertinence et la cohérence des projets, à la lumière des besoins et des attentes des terrains professionnels. Enfin, les directeurs des associations territoriales discernent l’impact sur leur territoire et le lien avec les orien-tations territoriales. Une fois les recherches achevées, leurs résultats sont communiqués lors de journées de valorisation, et publiés sur les sites internet du portail Formiris : www.formiris2.org Les rapports de ces travaux sont, par ailleurs, consultables au centre de ressources documentaires de Formiris. Contact : [email protected]

Recherche, mode d’emploi

uPistes de recherche pour l’appel à projets 2009 : « Comment accompagner la mise en œuvre du socle

commun de connaissances et de compétences ? », « Commentévaluer ? », « Quel lien entre le 1er et le 2d degré ? », « Commentformer les futurs enseignants ? », « Comment rendrel’établissement formateur ? », « Quelle place pour les parents ?pour les dimensions identitaires, affectives, institutionnelle,européennes, internationales ? pour les disciplines ? ».

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Lecture-écriture : une nouvelle approche

Cette recherche-action devrait inciter les enseignants à poser un autre regard sur leurs pratiques pour parvenir à un enseignement qui ne se ferait plus par étapes mais mènerait de front

un enseignement du « parler », du « lire » et de « l’écrire ».

Depuis 2003, Thierry Marot, an-cien enseignant spécialisé, au-jourd’hui maître de conférenceset coordinateur du groupe DYS1

et du groupe HELP (Handica-pé pour écrire, lire et parler) à l’Université catholique de l’Ouest, à Angers2, et BrigitteGuilhen, coordinatrice et responsable à l’Afarec3 et animatrice-formatrice à la direc-tion diocésaine de Paris, mènent une re-cherche-action sur l’enseignement de la lectu-re et de l’écriture en maternelle et primaire. À l’origine de ce travail, les sempiternels dé-bats autour des méthodes de lecture et desorientations ministérielles prônant une sortede retour à des méthodes pédagogiques tradi-tionnelles. Une approche qui, selon ThierryMarot, « ne prend pas suffisamment en compte ladiversité des profils des enfants et leurs prédispo-sitions à l’égard de la langue. Tous n’apprennentpas la langue de la même manière. Certains,dans une même classe, sont sensibles à la musica-lité (approche phonique), d’autres voient uneporte sur l’imaginaire et la création de contenusde sens (approche sémantique), d’autres encores’intéressent à la réalité alphabétique et gra-phique (approche scripturale). » Aucune de cesportes d’entrée ne permet cependant, à elleseule, l’appropriation de la complexité de lalangue. D’autre part, précise Brigitte Guilhen,« développer une approche simultanée du parler,du lire et de l’écrire, c’est aller dans le sens de ladifférenciation pédagogique comme y invitent lesderniers programmes de 2007 et le socle communde 2006 ». Car les résultats de l’enquête préalable surles pratiques pédagogiques utilisées, me-née auprès des écoles de cinq départe-ments d’Ile-de-France, le montrent : il y aprédominance du modèle à étapes dansl’enseignement du français. Au cycle I, l’ac-quisition du langage oral prime sur toutautre apprentissage. Au cycle II, ce sont lessons et les graphies qui dominent. Au

cycle III, on privilégie la production écrite.Or, l’approche systémique et développe-mentale4 prônée par nos chercheurs consi-dère que « la langue s’apparente à un objet mo-saïque, inséparablement son, sens et lettres, objetqu’il faut découvrir avec sa complexité ». Ce mo-dèle a donc pour objectif de mener de frontles trois découvertes, phonique, scripturale etsémantique, tout au long de la scolarité afind’obtenir de meilleurs résultats.

Des enjeux importantsComme il s’agit d’une recherche-action,pas question pour les chercheurs d’imposerdes directives. Il y a certes un cadre de re-cherche défini, mais il s’agit plutôt d’unpartenariat praticiens-chercheurs. Troisécoles parisiennes5 ont accepté de se lancerdans l’aventure. Les évaluations de troisécoles témoins seront mises en parallèle, cequi permettra de préciser ou non si le mo-dèle systémique et développemental per-met réellement une meilleure maîtrise dela langue (mécanismes et compréhension).Des activités pédagogiques diverses, en lien

avec la recherche-action, ont été proposéesaux professeurs des écoles et aux ensei-gnants spécialisés. De quoi déstabiliser unpeu les pratiques habituelles et aussi en-courager les enseignants à oser entre-prendre et explorer d’autres voies. Ensei-gnants qui sont, bien entendu, accompa-gnés dans cette construction pédagogique.Dès lors, le contexte de cette recherches’apparente aussi à un processus de forma-tion professionnelle, puisqu’il permet uneremise en cause d’habitudes pédagogiques,une volonté d’innovation, un regard cri-tique, une confrontation entre collègues.Des enjeux importants pour montrer lelien entre la recherche et la formation.Quant au chef d’établissement, il a toute saplace dans ce dispositif. « Il réactive, question-ne, fait avancer, commente Brigitte Guilhen.Il est le relais sur le terrain. » Le Québec, terre de prédilection de l’innova-tion pédagogique, s’est d’ores et déjà montréintéressé par cette démarche et cette ap-proche. Thierry Marot et Brigitte Guilheniront les présenter fin août lors d’un colloqueinternational sur l’enseignement privé.

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Groupe de recherche sur les troubles du « parler, lire, écrire »du Laboratoire de recherche en éducation et formation (Laref).2. Thierry Marot est également l’auteur d’une thèse « Conscien-ce phonographique et apprentissage du lire-écrire : vers unenseignement systémique et développemental ». 3. Association pour la formation, l’animation, la recherchedans l’enseignement catholique. Internet : www.afarec.com4. Le mot « systémique » renvoie à l’objet, c’est-à-dire au sys-tème de la langue (sa complexité) ; le mot « développemen-tal » se fixe sur l’apprenant, au regard de deux opérations cognitives essentielles : la compréhension (au sens de com-prendre les réalités sonore, scripturale et sémantique de lalangue) et la mémorisation des savoirs phoniques, scripturauxet sémantiques.5. Les trois écoles du diocèse de Paris impliquées dans la re-cherche-action sont : l’école Saint-Charles (Isabelle Hauville,chef d’établissement - tél. : 01 45 30 10 71), l’école Lamazou(Jacques Conan, chef d’établissement - tél. : 01 45 27 59 06)et l’école Sainte-Geneviève-du-Marais (Stéphanie Charles, chefd’établissement - tél. : 01 42 72 61 43).

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Dossier/Quand la recherche se fait action

Environ 10 % d’en-fants d’appartenancemusulmane fréquen-teraient les établisse-ments scolaires de

l’enseignement catholique. Orla loi Debré de 1959 stipuleque les établissements privéssous contrat doivent « être ac-cueillants à tous et respecter la li-berté de conscience de chacun2 ».Conséquence : une « situationparadoxale…, expose MichelSoëtard, professeur éméritede philosophie de l’éducationet d’histoire de la pensée pé-dagogique à l’Université ca-tholique de l’Ouest, à Angers,un caractère propre dans le carac-tère propre. » Par ailleurs, lesprincipes promulgués par leconcile Vatican II3 invitent lesétablissements de l’ensei-gnement catholique à nepas « se désintéresser de l’ap-partenance religieuse spéci-fique [de ces élèves] ». « On setrouve ainsi, écrit MichelSoëtard, devant un “nœud”à la fois philosophique, insti-tutionnel, et pédagogique qu’iln’est pas aisé de démêler dupoint de vue théorique. Et l’onpeut comprendre que ceux quis’affrontent au problème pra-tique soient hésitants sur lesréponses à lui apporter. »L’attitude des parents se ca-ractérise par « un grand res-pect de l’institution et de sa spé-cificité ». Ils y inscrivent leursenfants parce que l’on peut« y parler de Dieu » et parce

elle assure le comportement moral ;les aspects cultuels et dogmatiquesne sont pas essentiels à l’école […].Il s’agit d’être un bon élève sous leregard du Tout-Puissant ! »Chacun des trois collèges deRoubaix où les chercheurs ontenquêté suit le même cap : édu-quer dans le respect de la per-sonne, en lui permettant de tra-cer son chemin au sein d’uneculture ambiante, en « travaillantà l’avènement de cette liberté de lapersonne et en développant aumaximum ses capacités intellec-tuelles, son épanouissement moralet son désir spirituel ». Mais lesmanières dont les collèges ontchoisi de s’organiser pour tra-vailler avec des élèves musulmansparticulièrement nombreux4 va-rient. Michel Soëtard en dégage

trois qui peuvent constituer des« idéaux- types5 ».L’ouverture à une catholicité affirmée dans le respect des différences est la position du premier collège rencontré à Rou-baix. Il est situé au centre-ville,de tradition bourgeoise. Il comp-te 645 élèves de 36 nationalitéset deux enseignants d’originemarocaine. Les appartenancesreligieuses y sont multiples : chré-tiens catholiques, orthodoxes,protestants, musulmans, juifs,bouddhistes, témoins de Jého-vah. La majorité des jeunes y estpeu pratiquante et peu informéesur la religion. Le projet d’école est « de ne pasenfermer la personne dans une seu-le dimension, celle de la (supposée)religion. Il s’agit de voir en elle un

jeune dans toutes ses particula-rités et dans toutes ses compo-santes ». Se connaître, se res-pecter, communiquer etréussir : tels sont les élémentsdu challenge posé par l’éta-blissement, dont l’équipe estsoudée. La pastorale pro-pose de réfléchir et d’ap-profondir sa foi. Elle se vitdans le quotidien au traversdes programmes, des ren-contres conviviales avec lesadultes et des célébrations.En 6e et en 5e, le cours deculture religieuse est obli-gatoire pour les élèves nefréquentant pas la catéchè-se. Au moment des fêtes religieuses musulmanes, onpeut s’absenter, « mais dans

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Trois façons d’accueillir des élèves musulmans

Comment gérer, dans le cadre du caractère propre, la présence d’élèves de confession musulmane ? Michel Soëtard a mené une recherche-enquête1 à Roubaix

où trois collèges catholiques répondent à cette demande de façon très différente. que ces derniers sont censés yrecevoir « une bonne éducation »,garante d’une bonne insertionsociale. « Dans plus d’un cas, note Michel Soëtard, ce sontd’ailleurs des élèves musulmans quitiennent la tête de classe. »L’enseignement catholique bé-néficie donc, encore, de l’imaged’une école « ascenseur social »,souvent en panne ailleurs…

Et la motivationreligieuse ?« La motivation religieuse est se-conde mais elle n’est pas étrangèreà la perspective de promotion socia-le : la référence à un Dieu trans-cendant contribue à faire l’unité dela personne et à la porter en avant,

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le respect du règlement du col-lège ». Catholiques ou mu-sulmans, les adolescents ontainsi des repères stables. Michel Soëtard a mis en évi-dence les questions sui-vantes : – Jusqu’à quel point peut-on ignorer la culture reli-gieuse particulière (musul-mane, bouddhiste…) dansun environnement catho-lique ? – L’école n’amène-t-elle pasainsi, à « changer de peauculturelle » ? – La réalité musulmane nepourrait-elle être prise encompte au niveau de la pra-tique pédagogique des en-seignants pour aider les ado-lescents à se structurer sans faireabstraction de leur particulari-té culturelle et religieuse ?

Une pédagogie culturelle à vi-sée humaniste est mise en œuvrepar le deuxième collège : unétablissement de 815 élèves,dont 50 % sont d’origine magh-rébine, dans un quartier dé-gradé socialement. La directionest collégiale, deux enseignantssont musulmans, de même quela présidente et la secrétaire desApel6. Le cours de catéchèse estfacultatif et a lieu le samedi ma-tin. On met l’accent sur une« pastorale en actes » et le faitreligieux est pris en comptedans l’enseignement. On s’attache, dans ce collège,au bon fonctionnement des re-lations humaines avec un rôlecentral donné au professeurprincipal, une forte participa-tion des délégués de classe,que l’on prend la peine de for-mer. Et Dieu dans tout cela ?« Il est présent dans la communau-té chrétienne dans la mesure où elle se voit. » On accompagne

chaque enfant sur le cheminde la réussite. L’appartenanceconfessionnelle est considéréecomme une composante del’identité de l’enfant. Au-delàdes distinctions religieuses, onpartage un horizon humanistefait de valeurs et de savoirs.Michel Soëtard s’est posé deuxquestions :– L’apprentissage du vivre en-semble domine. La pastoraleest construite à partir d’une ré-flexion sur le vécu quotidien.Mais les enfants catholiques,comme les enfants musulmans,ont une très faible connaissan-ce de leur religion. Le collègeinvestit prioritairement dans ledéveloppement d’une actionpédagogique qui vise l’épa-nouissement de la personne.Un collège public, porté par unprojet pédagogique (de typeFreinet par exemple), procéde-rait-il autrement ? – La personne de l’adolescentne se situe-t-elle pas elle-mê-me par rapport à une apparte-nance confessionnelle qui mé-rite d’être prise en compte ?

Projet pastoral L’appel à une ouverture spiri-tuelle par le dialogue interreli-gieux est le choix du troisièmecollège, fidèle à la tradition la-sallienne : 431 élèves, 338 d’ori-gine maghrébine, et six ensei-

gnants d’origine maghrébine.Une mosquée, toute proche, et,dans le quartier – paupérisé –des bandes qui s’affrontent. Parson histoire, l’établissement esttrès sensibilisé au dialogue in-terculturel. Il n’existe pas de ca-téchèse mais un projet pastoral(pour les 4es et 3es), selon le pro-jet d’établissement, qui met enavant le spirituel inspiré à la foispar la Bible et le Coran. On ap-prend au collège à « s’imprégnerdes choses invisibles » et à « donnerdu sens aux activités ». Les ensei-gnants acceptent de témoignerde leur foi. On cherche à « tou-cher la racine spirituelle commune àtoutes les religions » et à privilégierle dialogue interreligieux : unatelier « Écoute et partage » alieu une fois par semaine à lapause de midi. Mais l’établisse-ment a, ces derniers temps, choi-si d’affirmer davantage son « ca-ractère propre » pour que chacunpuisse mieux y exprimer sapropre foi face à celle des autres.Michel Soëtard s’est posé ànouveau trois questions :– Un collège catholique peut-iltendre à devenir un collège « in-terconfessionnel » ?– L’évocation des réalités cultu-relles propres à chaque reli-gion ne doit-elle pas surtoutpermettre aux jeunes – flot-tants par rapport à leurs ra-cines – de se situer par rapportà elles ?

Au-delà des distinctionsreligieuses,

on partage un horizonhumaniste fait

de valeurs et de savoirs.

– Comment dégager le spi-rituel en soi, hors de ses incarnations culturelles etethniques, des pratiques rituelles ? Il y a du « suc » à butinerdans les réponses appor-tées par ces trois collèges.On relève à chaque fois unevéritable attention portée àla personne. Mais on peutse demander si la pédago-gie de l’enseignement ca-tholique n’est pas atteinted’une certaine « frilositélaïque » qui l’empêcheraitde se soucier davantage duspirituel… La présence desélèves musulmans a eu aumoins un avantage : faireréfléchir à la catholicité de

l’école !MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Avec la collaboration de Georges Diouf, titulaire d’un master recherche en sciences del’éducation, qui avait mené une étude sur Mar-seille et travaille maintenant au Sénégal, unpays où les écoles catholiques accueillent unepopulation majoritairement musulmane. 2. Cf. Bruno Poucet (dir.), La loi Debré. Para-doxes de l’État éducateur ?, Actes du colloqued’Amiens, 9-10 décembre 1999, Centre régional de documentation pédagogique de l’Académie d’Amiens, 2001. 3. Dans sa « Déclaration sur l’Église et les re-ligions non chrétiennes », le concile s’est net-tement prononcé pour le respect des diffé-rences religieuses, « fondement de la dignitémême de la personne humaine ». Et dans ledocument sur l’École catholique de mars 1977on lit : « L’école catholique […] prépare à larencontre et ne cesse de la promouvoir. Elles’efforce de développer l’ouverture aux autresdans la tolérance et le respect de leur modede penser et de vivre, dans la compréhensionde leurs préoccupations et de leurs espoirs,en partageant leurs conditions et en partici-pant à leur devenir. »4. Dans l’un des trois cas, leur pourcentageatteint 78 % de l’effectif, issus du Maghreb,de certains pays d’Afrique noire comme le Sénégal ou de Turquie.5. À partir d’un travail d’enquête long et dé-taillé auprès des chefs d’établissement, des en-seignants et des parents. Seuls les élèves n’ontpas pu être interrogés. La méthode de l’idéal-type dessinée par Max Weber a été utilisée : dé-gager une idée qui soit un instrument d’intelli-gibilité d’un ensemble de phénomènes observés,puis les analyser dans la logique de cette idée. 6. Association des parents d’élèves de l’en-seignement libre.

pLe texte de la recherche a été publié parle laboratoire de recherche en éducation

et formation – (Laref) en juin 2007. Il est consul-table au centre de ressources documentairesde Formiris, 35 rue Vaugelas, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 60 00.

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Dossier/Quand la recherche se fait action

Notre travail de re-cherche sur l’éta-blissement-forma-teur, explique

Nicole Priou1, vient encomplément de journéesd’étude sur ce concept, or-ganisées par l’Institut su-périeur de pédagogie. Ilnous avait paru nécessairede lever les ambiguïtés qu’ilgénère. Il nous semblait, eneffet, qu’un certain brouilla-ge sur les missions et les rôlesrespectifs d’un institut deformation et d’un établis-sement scolaire tenait à unedifficulté à cerner de quoi on parlait.Par ailleurs, l’actualité, avec la pu-blication du décret du 19 décembre2006 sur le nouveau cahier des chargesde la formation initiale2, rendait ur-gent un travail en profondeur sur cesujet. » En complément de ces journéesd’étude du printemps dernier,l’équipe de recherche s’est doncdonné pour objectif de mieuxidentifier ce qui contribue à laqualification et au développe-ment professionnel des person-nels d’un établissement scolaire.Autre objectif : dégager en quoiétablissement-formateur et éta-blissement de formation peuventêtre complémentaires dans la for-mation initiale et continue des ac-teurs du système éducatif. « Nous faisons l’hypothèse, expliqueNicole Priou, que la fonction for-matrice d’un établissement scolairene peut être véritablement opératoi-re que si elle est la résultante d’unprojet et d’une mise en œuvre à di-mension collective. Une dimensionqui va bien au-delà des seuls bons

conseils et ficelles du métier mis à ladisposition des débutants. Un col-lectif de travail peut contribuer à laqualification de ses personnels ou àleur déqualification ! Il n’est qu’àregarder de plus près l’organisationdu travail, le système de pilotage,l’association des personnels auxprises de décision, leur implicationdans la dimension collective du tra-vail, leur aptitude à s’autoréguler,etc., ces constituants essentiels quiparticipent d’une fonction formatricede l’établissement scolaire. »Dans un premier temps, lesmembres de l’équipe ont cherchéà explorer les représentations desacteurs de terrain. Ils ont rencon-tré et interrogé des chefs d’établis-sement, leurs adjoints, des ensei-gnants, des éducateurs, mais aussides personnels administratifs etde service. Un constat s’est impo-sé : les acteurs rencontrés, en par-ticulier les enseignants, ont unevision parcellaire du conceptd’établissement-formateur. Leplus souvent, ils l’associent à l’ac-cueil des stagiaires ou des nou-

veaux enseignants.Côté chefs d’établisse-ment, l’accent est missur le projet d’établis-sement et le collectifréuni autour de ceprojet, la politique deformation, une orga-nisation et un modede pilotage qui favori-sent le travail collectifet l’expérimentation,la mutualisation desressources et le travailen équipe, l’ouvertu-re aux autres établis-sements, l’importan-

ce du conseil d’établissement,l’appui sur une mémoire vivante.

Repérer, identifier,expliciter« Ce premier travail de recueil surles représentations nous a ouvert denouvelles pistes de travail », in-dique Nicole Priou. C’est ainsiqu’un membre de l’équipe vachercher à repérer quelles sont,dans la vie d’un établissementscolaire, les situations informellesqui ont un effet de formation. Ense centrant sur un établissementparticulier, un autre va essayerd’identifier ce qui a permis le dé-veloppement de l’expertise pro-fessionnelle des différents ac-teurs. Un autre axe de travail vaconsister à expliciter la notion demanagement éducatif et à re-chercher si l’on peut identifier unmode de pilotage de l’établisse-ment scolaire particulièrementporteur d’effets dans le champ dela formation… Nul doute que ces

Ce qu’ils en disent…Voici deux points de vue complémentaires surl’établissement-formateur, extraits des inter-views figurant dans le rapport de recherche…

«La mission formatrice d’un établissementrelève de la responsabilité conjointe de la

tutelle, de l’équipe de direction et de l’ensembledu personnel. Elle exige coopération, confian-ce, passage de l’implicite à l’explicite, cohéren-ce entre mission reçue et mise en œuvre. Dansl’histoire de l’établissement, un moment paraîtparticulièrement favorable : la (re)négociationdu projet d’établissement, à condition qu’il y aitune démarche collective. »

«Ce n’est pas parce qu’un établisse-ment va se décréter formateur qu’il

l’est. La dimension formatrice d’un établis-sement existe en premier lieu par la volontédu chef d’établissement. Elle existe ensuiteparce qu’une bonne partie des enseignantsest convaincue que, pour exercer ce métiercomplexe tout au long de sa carrière, il estnécessaire de se former. Elle existe aussiparce que des enseignants sont prêts àpartager leur expérience, leurs savoir-faire,mais aussi à […] travailler en équipe. »

L’établissement-formateur, un concept flou

Dans la vie d’un établissement, quelles sont les situations informelles qui ont un effet formateur sur les personnels ? L’Institut supérieur de pédagogie (ISP) a lancé une recherche-action sur ce thème

avec une hypothèse de départ : les bons conseils ne suffisent pas, il faut un projet !investigations seront riches d’en-seignements. La diversité despersonnes engagées dans la re-cherche, leur positionnementrespectif dans l’institution (chefd’établissement, directeur diocé-sain, membre du conseil de tutel-le, juriste, responsable de forma-tion) va y contribuer.

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Directrice de l’ISP-formation et responsablede la recherche « Un “établissement-forma-teur” ou “organisation apprenante” ? Pour-quoi ? Comment ? À quelles conditions ? ». 2. Voir BOEN du 4 janvier 2007. L’article 4-1du cahier des charges dispose en effet que« les écoles et les établissements d’accueil deprofesseurs stagiaires ou nouveaux titulairesont une mission de formation ».

Conseil de direction. L’implication des acteurs de terrain est essentielle.

D. R

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 27

Travaux en cours Zoom sur trois recherches financées par Formiris. Les sujets abordés sont d’importance : « Le socle commun

réussira-t-il à changer les pratiques ? », « Comment articuler la formation avec le projet d’établissement ? » et « Peut-on outiller les enseignants pour combattre le créationnisme ? ». Réponses dans un an ou deux.

Chefs d’établissement / OutilsQUELLES FORMATIONS POUR QUELS PROJETS ?

Pour recenser les besoins en formation de leur personnel, nombre dedirecteurs, faute de temps et d’outils, se contentent de remplir unformulaire à la va-vite. Du côté des comités d’entreprise, on tranche

en examinant des demandes individuelles tandis que les enseignants fontleur choix, eux, « sur catalogue » ! Mais aujourd’hui un nouveau cadre,avec la LOLF1 et la Charte de la formation, invite à changer ces pratiques.Une analyse des besoins bien faite consiste à traduire dans le champ de laformation, des objectifs fixés dans l’établissement pour trois ans. Il s’agiten fait de mesurer l’écart entre une situation de travail insatisfaisante et lasituation souhaitée ; cette dernière étant soutenue par un projet qui peutnécessiter de se former. Cette recherche a donc bien pour but d’aider lesétablissements à passer d’une analyse de la demande à une analyse des be-soins pour atteindre des objectifs communs. Comment ? En créant des ou-tils pour les chefs d’établissement afin qu’ils puissent conduire une ré-flexion sur le devenir de leur communauté éducative. Prendre un temps,tous les trois ans, pour redynamiser le projet de son établissement est eneffet devenu obligatoire. Il faut s’en réjouir.

1. Loi organique relative aux lois de finance.

u« Les besoins en formation dans les établissements. Un moyen pourdynamiser la communauté éducative autour de projets pluriannuels »,

recherche-action menée par le CNFETP, Lille. Contact :Centre national de formation de l’enseignementtechnique privé, 178 rue Sadi-Carnot, BP 93 -59482Haubourdin Cedex. Tél. : 03 20 10 31 90.

Collège / Socle communEFFICACES LES FORMATIONS ?

L ’introduction du socle commun de connaissances et decompétences au collège nécessite des transformations pro-fondes dans la pratique des enseignants. Ces changements

génèrent des angoisses et des résistances, comme ce fut le cas lorsdes précédentes réformes. La formation des professeurs en pos-te peut jouer un rôle important pour accompagner ces évolu-tions. Ce projet de recherche porte sur les journées pédago-giques dans les établissements ou les stages (de perfectionnementet d’adaptation). Avec une interrogation : dans quelle mesure cesformations qui n’excèdent pas trois jours, peuvent-elles déclen-cher une dynamique de changement ? Elles ne devraient pas, eneffet, se contenter de transmettre des informations sur le socle,son histoire, ses enjeux, accompagnées de quelques conseilstechniques. Mais est-il réaliste d’imaginer que les stagiaires, en sipeu de temps, puissent construire de nouvelles perspectives pro-fessionnelles ? C’est bien la question du contenu de la formationet de son efficience qui est ici posée par l’Institut de formation del’Université catholique de l’Ouest aux métiers de l’enseignement(Ifucome) d’Angers.

u« La formation des enseignants de collège dans laperspective du socle commun de connaissances et de

compétences », recherche-action en cours menée par l’Ifucome.Contact : Institut de formation de l’Universitécatholique de l’Ouest aux métiers del’enseignement, 3 place André-Leroy, BP 1080849008 Angers Cedex 01. Tél. : 02 41 81 66 18.

Fait religieux / SciencesCOMBATTRE L’OBSCURANTISME, COMMENT ?

F in janvier 2007, L’Atlas de la Création, édité à Ankara, est diffusé en France dans de nombreux établissements scolaires et universi-taires. Il répand l’idéologie créationniste qui semblait jusqu’alors être l’apanage de chrétiens fondamentalistes nord-américains. LaCréation y est présentée comme évidente, le Dieu du Coran envahit les raisonnements à prétention scientifique. En réaction à cette

attaque obscurantiste, cette recherche va présenter une étude critique de L’Atlas pour aider les enseignants à distinguer une approcheconfessionnelle (ici particulièrement malfaisante et source de confusions en tout genre) d’une formation à l’esprit critique. Il s’agira de re-visiter la très longue reconstitution scientifique du processus évolutionniste et de la situer par rapport à la vision du monde portée par lareligion. L’analyse se poursuivra avec l’étude des mythes de création et de recréation en rapport avec les découvertes des sciences, pourrejoindre les représentations internes aux sciences elles-mêmes et aux processus d’apprentissage.Ce travail devrait distinguer, sur un sujet complexe, ce qui relève des apports scientifiques de la paléontologie et des études de classificationdes être vivants ou ce qui relève des expressions mythologiques et de la réflexion sur le vécu collectif et personnel des grandes questions hu-maines. L’objectif est donc bien d’outiller les enseignants pour faire face aux mélanges des pseudo-théories, à partird’une distinction des niveaux de discours et d’une classification des enjeux.

u« Mythe, esprit scientifique et regards disciplinaires sur le fait religieux », recherche menée par l’Institut de formation à l’étudeet à l’enseignement des religions, Dijon. Contact : CUCDB-IFER, 69 avenue Aristide-Briand, 21000 Dijon. Tél. : 03 80 73 45 90.

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Dossier/Quand la recherche se fait action

Pourquoi vous êtes-vous intéressésà la question de la transmissiondes compétences, de l’expérience,et au-delà, des valeurs dans les établissements scolaires ?Pascale Pauphillat : Notre recherchetrouve son origine dans un doubleconstat. La moitié du corps ensei-gnant, des responsables – chefs d’éta-blissement, cadres intermédiai-res – et d’une bonne partie des per-sonnels éducatifs va se renouvelerdans les sept prochaines années.Les équipes sont fragilisées par cemouvement. Il a déjà commencéet suscite interrogations et inquié-tudes : dans les établissements, deséquipes stables depuis longtempsvont se recomposer complètementavec l’arrivée de jeunes enseignantset éducateurs. Ils ont des référencesdifférentes sur le monde scolaire.Leur passé scolaire récent, leurproximité d’âge avec leurs élèvesfont que ces « nouveaux » portentun autre regard sur les jeunes. Àcela s’ajoute le fait que les jeunesenseignants ont souvent un niveaude qualification supérieur à celuide leurs aînés. De nombreuses de-mandes d’intervention/formationen intra – en particulier autour duprojet d’établissement – sont ainsiparvenues à l’Ares, faisant état declivages, parfois de tensions, au seind’équipes recomposées : les anciensne comprennent pas les jeunes « quise comportent comme leurs élèves » etles jeunes trouvent les anciens « dé-calés et rigides ». Ces demandes di-sent la nécessité du maillage entreanciens et nouveaux. Il s’agit, au-delà, de faciliter l’adhésion à uneculture commune, de maintenirles valeurs que l’établissement tient

Comment articuler les savoirs des anciens et les compétences des nouveaux enseignants, dans unétablissement scolaire ? C’est la question posée par l’Ares1 dans une recherche-action2 conduite entre 2005

et 2007. Pascale Pauphillat3, qui a participé à ce travail, revient sur les enjeux de ce passage de témoin.

Anciens, nouveaux : assurer la transmission

de son histoire, deson appartenanceà une congréga-tion…

Sur quoi portecette transmis-sion entre « lesentrants » et « les sortants »,et quels canauxemprunte-t-elle ?P. P. : Les objets detransmission pos-sibles sont d’unegrande richesse.Nous l’avons cons-taté à l’occasion des entretiens in-dividuels que nous avons conduitsavec les enseignants. Ils vont dutémoignage de sa pratique à laconnaissance de la culture ou del’histoire de l’établissement via lesoutils, documents ou démarches.Il a d’ailleurs été intéressant d’ob-server que les apports des sortantssont plus spontanément nommésque ceux des entrants, mais quepeu à peu ces derniers étaientidentifiés et se situaient en com-plémentarité. Le jeune arriveavec des idées de projets, le plusancien met à sa disposition sesconnaissances et sa pratique d’ac-compagnement des projets. L’en-trant vient avec les acquis structu-rants de l’IUFM4, le sortant pro-pose les habiletés professionnellesconstruites avec l’expérience. Sinotre recherche a mis l’accent surla spécificité et l’importance de latransmission qui se fait par les sor-tants, et qui permet de « passer lamain », d’assurer la continuité,nous avons beaucoup insisté aussi

sur cette réciproci-té nécessaire, surl’importance dedonner une vraieplace aux connais-sances ou expé-riences particu-lières des entrants.Côté modalités det r a n s m i s s i o n ,nous avons repérédes dispositifs oudes situations quifacilitent la capita-lisation des com-pétences : le tu-torat, les temps

d’intégration, les journées pédago-giques qui peuvent permettre laconnaissance mutuelle et la coopération, tout ce qui relève dece que nous avons regroupé sousl’expression de « concertation institutionnalisée5 ». On peut aussiciter des entretiens menés avec lesentrants et les sortants pour les ai-der à identifier ce qu’ils ont à ap-porter, et envisager avec eux lesmodalités les plus adaptées detransmission. Sur ce dernier point,nous avons attiré l’attention sur lespossibilités qu’offrent l’internet etl’intranet comme supports de par-tages d’expériences ou d’outils, etcomme supports de création d’unebanque de données.

Vous insistez beaucoup sur le rôle et la responsabilité du chefd’établissement dans ce maillageentre anciens et nouveaux...P. P. : Les réponses que nous avonsrecueillies dans les entretiensconduits avec les enseignants nousont, en effet, montré que la trans-

mission des compétences, savoirset expériences supposait que cer-taines conditions soient réunies. Etces conditions renvoient au modede pilotage de l’établissement sco-laire : création d’un cadre qui au-torise l’énoncé des compétencesdes uns et des autres, sollicitationexplicite en direction des sortantsnotamment, souci concrétisé d’ac-cueil et de reconnaissance des nou-veaux ou encore de connaissancemutuelle des personnes via la miseen œuvre de situations adéquates,développement d’une culture del’entraide. Si la capitalisation et la transmis-sion constituent un véritable enjeupour l’établissement, elles ne peu-vent en aucune manière émaneruniquement d’initiatives indivi-duelles. Elles doivent être encou-ragées, légitimées et bien sûr aus-si organisées par les responsables,et en tout premier lieu par le chefd’établissement.

PROPOS RECUEILLIS PARVÉRONIQUE GLINEUR

1. Association pour la rénovation des établisse-ments scolaires. Cette recherche a fait l’objet d’unepublication disponible en s’adressant à : ARES, 65 rue Voltaire, 93100 Montreuil-sous-Bois. Tél. : 01 49 88 87 10. E-mail : [email protected]. « Articuler la capitalisation des savoirs desanciens et la valorisation des compétences desnouveaux : le passage de témoin, un enjeupour les établissements scolaires », Claudie Deman, responsable de la recherche, et Pascale Pauphillat, responsable pédagogique(toutes deux à la retraite à présent).3. Pascale Pauphillat, retraitée de l’Ares, exer-ce aujourd’hui une activité à temps partiel pourle Syndicat national des chefs d’établissementde l’enseignement libre (Snceel). Contact : [email protected]. Institut universitaire de formation des maîtres.5. Cf. par exemple des rencontres hebdoma-daires autour du professeur principal, des réunions par matières ou pôles disciplinaires.

D. R

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Pascale Pauphillat

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Mais sur quoi travaillent les chercheurs ?Les recherches-actions présentées ici aboutiront à la rédaction d’unrapport final en 2008 pour la première et 2010 pour les deux autres.Leur objectif : faire bouger les pratiques des enseignants. Les domaineschoisis – sciences, accueil des différences ou gestion de la classe –reflètent quelques-unes des priorités de l’enseignement catholique.

École / HandicapDEUX MAÎTRES

DANS LA CLASSE !

Les injonctions institutionnelles prônentune « école inclusive » accueillant tousles élèves, y compris ceux qui présen-

tent des troubles ou des handicaps. Lesélèves en difficulté passagère, repérés com-me tels (signalement puis diagnostic), fontl’objet d’une prise en charge par desmaîtres E (ayant obtenu le Capsais puis leCAPA-SH E). Traditionnellement, cette pri-se en charge s’effectue hors de la classe, enpetits groupes (parfois en individuel). Lestextes récents invitent à revoir cette organi-sation et à mettre en place une co-interven-tion entre maître E et maître de la classe,gardant ainsi l’élève parmi ses pairs. Deuxenseignants agissent donc simultanément etde concert dans une même classe. Cela n’est-il pas constitutif d’une transformation dumétier ? C’est à cette question que répon-dront les maîtres E et maîtres de classes vo-lontaires engagés dans cette recherche-action. Outre l’exploration de cette nou-velle réalité en termes de dispositifs péda-gogiques, il s’agira d’appréhender lesconditions d’une telle collaboration(cadre relationnel, institutionnel…).

u« La co-intervention maître-maître E en clas-se. Une évolution du métier d’enseignant

pour une meilleure prise en compte des diversi-tés ? », recherche-action menée parl’ICFP, Montpellier. Contact : Institutcatholique de formation des person-nels Saint-Joseph, 2808 avenue desMoulins, BP 3031 - 34034 MontpellierCedex. Tél. : 04 67 03 49 99.

Formation / EuropeENSEIGNER LES SCIENCES

AUTREMENT

Dans plusieurs pays d’Europe, onconstate une désaffection pour cer-taines filières scientifiques de l’ensei-

gnement supérieur. C’est le cas en France,alors que les effectifs du bac S sont stables. Lesjeunes soulignent la trop grande abstractionde ce type d’études pour expliquer leur désin-térêt. C’est pourquoi de multiples voix s’élè-vent pour que soit améliorée la présentationdes sciences à l’école. Se pose alors la questionde savoir comment accompagner les ensei-gnants vers une expertise dans ce domaine.Ce travail ouvre une voie : la production demodules de formation qui placent les ensei-gnants dans une dynamique de recherche-action. En participant à ce projet, ils acquer-ront des compétences qui leur permettrontde conduire en classe ce type de démarche. Laconfrontation des pratiques au niveau euro-péen devrait aussi les aider à interroger lesméthodes mises en œuvre. Sont engagés dansla recherche des enseignants du premier etdu second degré, des professeurs stagiaires,les formateurs de l’Ifucome, en partenariatavec quatre universités européennes (irlan-daise, tchèque, slovène et chypriote).

u« L’enseignement des sciences et son opti-misation dans les apprentissages. Comment

retrouver le chemin des filières scientifiques ? »,recherche-action menée par l’Ifucome, Angers.Contact : Institut de formation de l’Université catholique de l’Ouest aux métiers de l’enseigne-ment, 3 place André-Leroy, BP 10808 - Angers Cedex 01. Tél. : 02 41 81 66 18.

École / Gestion de la classeTENIR PROJET PERSONNEL

ET DIMENSIONCOLLECTIVE

P lus un groupe se distingue par une fortehétérogénéité, plus l’enseignant a tendancesoit à négliger les individualités en privi-

légiant l’avancée collective du groupe (en se ré-férant alors à un niveau moyen défini par lui),soit à individualiser fortement les parcours ennégligeant la dimension collective. La mise enœuvre du socle commun offre une belle occa-sion de repenser l’articulation individualité/col-lectivité. Il s’agit à la fois de permettre la construc-tion et l’inscription de chacun dans une culturecommune et d’envisager les modalités de par-cours personnalisés garantissant à tous l’ac-quisition du socle. Cette recherche fait l’hypo-thèse que l’émergence d’une vie collective,fédérée autour d’un projet, et l’introductionde pratiques collaboratives sont indispensablesà la mise en place d’une dynamique person-nelle d’apprentissage. La pertinence d’un pro-jet collectif s’évalue alors à la mobilisation qu’ilest capable de créer et à sa capacité à se trans-former en projet personnel pour chacun desacteurs. Les participants à cette recherche sontnombreux : des enseignants et chefs d’établis-sement du premier degré, des formateurs decentres de formation pédagogique (CFP) et desanimateurs-formateurs de directions diocé-saines. Ils travailleront à partir de grilles d’ob-servation, d’entretiens menés auprès d’élèveset d’enseignants en formation et de l’analysed’expérimentations menées en classe ou en for-mation. Le rapport final proposera des dispo-sitifs pédagogiques à introduire dans les classeset en formation.

u« L’importance du collectif dans la réus-site des parcours personnalisés d’appren-

tissage et de formation », recherche- action menée par leCFP Emmanuel-Mounier, Paris.Contact : Centre de formationpédagogique, 78A rue de Sèvres,75341 Paris Cedex 7. Tél. : 01 56 58 53 20.

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©So

dexo

Partenaires

– Le respect de la personne. L’être humain est aucœur de notre entreprise. Quels que soientleur race, leur origine, leur âge, leur sexe,leur croyance, leur re-ligion, leur choix devie, tous les collabora-teurs de Sodexo ontune égalité de chancesà compétences égales.Améliorer la qualitéde vie, c’est accorder àchacun respect, digni-té et considération.– La transparence.C’est un principemajeur de Sodexo etun comportementconstant de tous vis-à-vis des parties pre-nantes de l’entrepri-se : clients, consom-mateurs, collabora-teurs et actionnaires.– Le refus de la corruption et de la concurrence déloyale. Présents dans le monde entier, nouscondamnons toutes les pratiques qui ne reposent pas sur l’honnêteté, l’intégrité etl’équité.

Quelle est l’ambition de Sodexo dans le secteur scolaire ?

Pour construire leur capital santé, les jeunesdoivent apprendre à bien manger. Donneraux nouvelles générations le goût d’une ali-mentation variée et équilibrée est donc une

priorité pour Sodexo. De la maternelle au ly-cée, aux côtés d’experts, des éducateurs etdes parents, nous développons des solutions

pour les aider à mangermieux et pour bien les re-cevoir. Notre implicationaux côtés des éducateursau quotidien vise à les ac-compagner dans le projetde leurs établissements et àles aider à faire du repasun moment de plaisir. Àchaque âge correspondune formule de restau-ration. Sodexo proposedonc des solutions qui ré-pondent au mieux aux at-tentes des jeunes. Par uneinformation et une écouteattentive, Sodexo a mis enplace, autour de menuséquilibrés, de nombreux

outils d’information et des enquêtes qui nouspermettent de mieux connaître les enfants etde les impliquer dans le choix de nos menus.

Que révèlent vos dernières observationsauprès des adolescents ?

Une étude réalisée en 2007 par « Junium-Institut de l’enfant » a mis en exergue lesconstats suivants. Les adolescents sont trèssensibles à l’environnement de la « cantine »,et nous disent : « Je ne veux pas d’une cantine tris-te et terne. » Ils recherchent la gaieté et la cou-leur. Ils veulent un espace où la décoration

Le resto des ados « Signé Sodexo ! »Quelles sont les valeurs promues par Sodexo ?

Trois valeurs président à nos actions. – L’esprit de service. Pour bien servir nos clients,il nous faut chaque jour, à tous les niveaux,démontrer notre disponibilité, notre capacitéd’écoute, notre faculté à anticiper leurs attentes, notre sens de la convivialité, notrerapidité à réagir à leurs remarques, notrefierté à les satisfaire.– L’esprit d’équipe. Il doit exister dans tousnos sites, nos unités opérationnelles etfonctionnelles, comme dans nos comités dedirection. – L’esprit de progrès. Il se matérialise par la vo-lonté, mais aussi la croyance profonde quel’on peut toujours améliorer la situation pré-sente ; l’acceptation de l’évaluation ; le refusdes a priori et des faux alibis pour ne pas évo-luer ; la remise en cause, car l’analyse des suc-cès comme celle des échecs est la base d’uneréussite durable ; l’équilibre entre ambition ethumilité et l’optimisme ; la certitude quepour tout problème il existe une solution,une innovation, un progrès à réaliser.

Ces valeurs appellent un socle de principes éthiques. Quels sont-ils ?

– La loyauté. C’est la confiance partagéeentre Sodexo et ses clients, ses collabora-teurs, ses actionnaires, qui garantit desrapports loyaux entre eux. La confianceest un élément fondamental du fonction-nement de notre organisation.

La société Sodexo se définit comme une entreprisecitoyenne. Elle se veut à l’écoute de tous : clients,consommateurs, collaborateurs, fournisseurs,actionnaires. Ceci, dans le seul but d’agir pour améliorer la qualité de vie de chacun au quotidien.

Mais aussi de participer au développement économique et social, de lutter contre la malnutrition, de favoriser l’insertion par l’emploi et de contribuer au développement durable. Sa prise en compte desattentes des adolescents l’a conduite à proposer un nouveau « look »pour les restaurants collégiens/lycéens.

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ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS PACAUD,

DIRECTEUR DES VENTES

DE SODEXO ÉDUCATION

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crée une rupture avec l’univers scolaire, enreprésentant une « fenêtre ouverte sur l’exté-rieur ». Ils souhaitent être plus conseillés quecontrôlés. Ils sont très attentifs à la présenta-tion des plats et très « chatouilleux » sur l’hy-giène de la vaisselle.

Quelle est la conséquence de cette étude ?

Cette mesure des attentes et des besoins desadolescents a décidé Sodexo à lancer un nou-veau concept de restauration, un nouveaulook, « Signé Sodexo ! ». C’est la naissanced’un vrai style pour les restaurants scolaires,très attractif pour les élèves adolescents, car ila été développé pour eux et avec eux. C’estun « parcours consommateurs », de l’entrée àla sortie du restaurant pour :– guider les jeunes,– orienter sur les bons comportements,– conseiller sur l’équilibre nutritionnel,– re-décorer totalement le restaurant.

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre au travers de cette initiative ?

Nos objectifs sont de donner aux adolescentsl’envie de fréquenter le restaurant scolaire etde leur faire passer de l’information compor-tementale et nutritionnelle. Vis-à-vis des res-ponsables des établissements d’enseigne-ment, notre objectif est de donner un « air dejeunesse » au restaurant grâce à une nouvelledécoration à fort impact visuel, attractivepour les adolescents, simple à poser et à dépo-ser, sans intervention sur le bâtiment. Nousmettons ainsi à la disposition des restaurantsdes supports simples et changeants pourégayer et transformer régulièrement leur en-vironnement.

Comment se concrétise cette action d’information et de décoration ?

Plusieurs éléments signés Sodexo ont étéconçus dans cette optique. Nos « Mascottes » créées avec les jeunes, tour àtour drôles ou pédagogiques, animent le res-taurant par leur présence et leurs messages,de l’entrée à la zone de distribution. Elles sontprésentes sur l’ensemble de nos supports : – panneau « Bienvenue », qui présente l’équipe

Sodexo, le menu du jour, le menu « À fondl’équilibre » ;– panneaux « En direct », qui permettent l’affi-chage d’informations diverses, de Sodexo oude l’établissement ;– nombreuses signalétiques informatives,pour aider les adolescents à faire leur choixdans le menu et les inciter à un comportementresponsable ;– outils pour mieux communiquer, comme lepanneau de fin de service.Le programme « À fond l’équilibre », pouraider les jeunes à faire les bons choix et leurdonner de l’information nutritionnelle, sedécline au travers d’un affichage proposéchaque jour aux jeunes pour les orienter surles bons choix dans le menu ; d’une sélectionpar une diététicienne Sodexo des différentsitems composant un repas équilibré ; d’un af-fichage sur le panneau de bienvenue ; d’éti-quettes « stop-rayons », pour un repérageimmédiat sur la distribution ; et d’une com-munication de l’établissement versles familles, personnalisable aux logo et coordonnées de l’établisse-ment.Par ailleurs, les salles à manger béné-ficient de quatre décors différentsplébiscités par les jeunes. Nousconseillons également de faire choi-sir par les adolescents leurs décorspréférés. Chaque kit convient à une surface de30 à 50 m2 et comporte 9 éléments. Un pre-mier kit vient compléter ce dispositif. Il estcomposé de panneaux humoristiques, à po-sitionner où on le souhaite dans le restaurant(couloir, salle à manger, distribution, sortie…).Il comporte onze panneaux de 40 x 40 cm.Un second kit prévu pour un restaurant de250 passages est constitué d’éléments gais etcolorés de présentation de l’offre alimentai-re sur le linéaire : plateaux pour la présenta-tion des entrées et des desserts sur linéaires,corbeilles à pain, présentoirs/contenants àfruits, pompes à assaisonnements, présen-toirs de couverts, contenants pour les do-settes de sel, poivre, sucre, carafes colorées,horloge murale…

Comment comptez-vous promouvoir cette initiative ?

Une présence constante auprès des respon-sables des établissements est la clef de laréussite de cette action, ainsi que l’attention

sTrois questions à Louis Lacome,directeur de l’institution Robin -

Saint-Vincent-de-Paul, à Vienne (Isère).

Pourquoi avez-vous intégré dans votreanimation éducative, l’initiative « Le resto desados “Signé Sodexo !” » ?À la rentrée de septembre 2007, avec une certaine fierté,nous avons pris possession d’un nouvel ensemble scolai-re et du pôle restauration. Ces locaux, vastes, lumineux enraison de l’espace occupé par le verre, et fonctionnels,changent les comportements. Sodexo, partenaire de l’ins-titution depuis 20 ans, a apporté son aide et son conseil,en particulier par l’approche des services ingénierie et mar-keting. Nos élèves se sont prêtés, en amont, à des en-quêtes d’opinion, et ont participé à la mise en œuvre duprojet « Mascottes », signalétique qui ponctue le parcoursconsommateur. L’espace « restauration ados et cafétéria lycéens » se situe au cœur de l’établissement. Un espace agréable-ment aménagé en zones répondant aux attentes diffé-rentes des jeunes : zones convivialité, tonique, confortavec du mobilier coloré et très design.Par ses larges surfaces vitrées, cet espace restauration créeà la fois une rupture avec « l’ancienne cantine » et un lienavec l’extérieur où se déroulent entre midi et deux de nom-breuses activités culturelles et sportives.

Comment réagissent vos élèves ?Cette nouvelle salle à manger à fort impact visuel est tout à fait inattendue. Elle a provo-qué dès le début de l’année une hausse de7 % de la fréquentation qui n’a pas faibli de-puis : « C’est pour nous que vous avez faitça ! », « C’est superbe, de la couleur, unebelle signalétique, de l’éclairage original, dumobilier moderne »… Alors que l’équipe So-dexo est toujours la même, subitement les

élèves ont le sentiment que tout est nouveau et la nour-riture très… très bonne…

Et le personnel de votre établissement ?Il attendait beaucoup de ce changement de lieu et étaitprêt à déployer le nouveau concept. Il met beaucoup decœur et d’attention à aménager chaque jour la ligne dedistribution pour y créer de la nouveauté… Ce change-ment a créé une dynamique nouvelle et rapproché le per-sonnel des convives.

« Une dynamique nouvelle »

de nos équipes de restaura-tion. Une formation ausens et à l’utilisation desmoyens mis à disposition auprès denos équipes constitue également un gagede réussite de cette initiative.

PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN NOUZILLAC

uPour en savoir plus et retrouver la présentation de cetteinitiative : www.enseignement-catholique.fr (rubrique

« Partenaires »). Contact : [email protected]

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32 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

d’éditeur : rendre accessibles les chefs-d’œuvre littéraires mondiaux en les adaptanten bandes dessinées. Une sorte d’aboutisse-ment de sa réflexion sur le rôle de la culture,facteur d’intégration, et sur la nécessité de sou-tenir la francophonie.

« En 1974, les écoles libanaises ont fêté le centenairede la mort de la comtesse de Ségur ! Beaucoup depays pensent que le français est un butin de guerre.Au pays du Cèdre, nous le considérons comme le dond’une bonne fée, quelque chose qui nous a fait pro-gresser. C’est pour cette raison que la langue françai-se fait front contre la vague anglo-américaine. Pourse développer, un pays a besoin d’une langue ma-jeure. C’est une fenêtre ouverte sur le monde. Au

Liban, les sciences sont toujours enseignées enlangue française. Sans cette dernière, ni mon pèreni moi-même ne serions devenus médecins. » Et cegentleman qui manie le français avec éléganced’ajouter ce qui pourrait apparaître commeun paradoxe : « Mais sans la connaissance de lalangue anglaise, je n’aurais pu faire carrière com-me je l’ai fait. Avec le professeur Küss, maître réputéde l’urologie française dans le service duquel j’ai officié à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, nous avons étéparmi les premiers à faire connaître l’urologie auxÉtats-Unis et à organiser des colloques pour rap-procher nos points de vue. Pour diffuser l’espritfrançais, il faut passer par une langue étrangèrecomprise par le plus grand nombre. »Un saut dans le temps et dans une période ré-volue au Liban. En 1941, Saad Khoury voit lejour dans le petit village de Maghdouché. Unlieu chargé d’histoire qu’il aime évoquer. C’estlà que se trouvent la grotte et le sanctuaire de

Né dans un petit village au sud du Liban, Saad Khoury suit les traces de son père, devient médecin, se spécialiseen urologie, s’installe en France dans les premiers temps de la guerre, en 1975. Aujourd’hui, il se bat pourréconcilier les jeunes avec les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale en les adaptant en bandes dessinées.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Dans la vie, le hasard fait souvent mieuxles choses que toute planification, pour-vu que l’on sache garder l’esprit ouvertet une certaine disponibilité », lanced’emblée Saad Khoury, l’œil rieur.

Il a à peine eu le temps de commander son ca-puccino dans son QG du XVIe arrondissementde Paris, une brasserie à deux pas de son do-micile et de son bureau, que déjà ce professeurd’urologie réputé nous met dans l’ambiance.Avec lui, on va vite comprendre que la saveurde l’existence tient à ces hasards, ou bien à cet-te providence, qui font prendre à la vie des dé-tours inattendus, quitte parfois à la réorienter. Certes Saad Khoury n’a pas abandonné la mé-decine pour sa passion pour la littérature. De-puis deux ans, cependant, il s’est lancé dans unesingulière aventure afin de réaliser un rêve

« Comment rendre intelligiblece qui est intelligent ? »

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Saad Khoury Lecture pour tous

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vie, si l’on peut, il faut tenter de faire des choses quipuissent aboutir. Il n’y avait plus guère de chancesde pouvoir continuer au Liban. Il est vrai que là-bas, j’avais le sentiment d’être utile. En France, de-puis 30 ans, j’ai certes amélioré la qualité de vie demes patients, sans plus. Je pense qu’un certainnombre de médecins partent à un moment donnédans le tiers-monde pour ce besoin de retourner ausens premier de leur métier, sauver des gens d’unemort certaine s’ils n’avaient pas été là. » Évoquer avec lui le Liban d’aujourd’hui estdifficile. Saad Khoury n’y tient pas.Trop dou-loureux sans doute. La guerre de l’été 2006contre Israël a de nouveau fortement déstabi-lisé le pays et la région. Il ne cesse cependantd’y retourner. Dans la maison où est née safemme, à Beyrouth. Une maison avec un petitjardin, havre absolu dans un monde en guer-re. « Le fondamentalisme étouffe le Liban, finit-ilpar lâcher. Nietzsche était fou, mais il a dit dans sontraité visionnaire Ecce Homo, en 1888 : “Ce n’estpas le doute qui rend fou, mais la certitude.”L’Église catholique ne parle pas en terme de certitude,mais d’espérance. Mon éducation m’a appris cela. »

MécènesReste que Saad Khoury a une quasi-certitu-de. Que la culture, et plus spécifiquement lalittérature, est un facteur d’intégration.Puisque les enfants lisent moins, comment lesremettre à la lecture ? « Comment rendre intelli-gible ce qui est intelligent ? » Quand sa femmeMarie-Thérèse émettra l’hypothèse d’adap-ter les chefs-d’œuvre des grands écrivains enbandes dessinées, il applaudira. L’idée de lacollection « Romans de toujours » va naître.Encouragée par l’Unesco, cette initiatives’inscrit dans le projet Cadmos de l’« Associa-tion pour la sauvegarde et la diffusion du pa-trimoine littéraire mondial »1. L’Organisation internationale de la franco-phonie (OIF) et quatre grandes associationsd’enseignants y collaborent. En France, leséditions Glénat apportent leur soutien en pro-posant leurs meilleurs scénaristes et dessina-teurs et en assurant la diffusion. La maisond’édition Adonis, « du nom du dieu de la beauté etdu renouveau », voit le jour au Liban. D’ancienscondisciples de l’université Saint-Joseph deBeyrouth en seront les mécènes, signifiant ain-si leur attachement à la culture francophone.Car « il ne s’agit pas de faire de la BD pour faire dela BD, mais de la BD au service de la littérature, in-siste Saad Khoury, plus qu’enthousiaste. Nousne voulons pas laisser mourir ces grands classiques dela littérature mondiale. Ils font partie du patrimoinede l’humanité. Ils sont des éléments fédérateurs dansun monde de plus en plus fracturé. » Dix-neuf titres sont parus à ce jour sur les 50 prévus d’ici à 2009. Avec certes un objectifculturel, mais selon des concepts bien enphase avec les préoccupations actuelles (cf.

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Notre-Dame de l’Attente qui dominent Saïda.La tradition relate que la Vierge accompagnaitson fils dans ses voyages dans cette région. Or,il était connu que les femmes juives n’avaientpas le droit d’entrer dans les villes païennes.Saïda – alors nommée Sidon – étant une citécananéenne, Marie attendait donc Jésus danscette grotte, car la route romaine qui traversaitJérusalem, et allait jusqu’à la côte libanaise,passait par ce village. Elle « l’attendait » dans laprière. Les premiers chrétiens transformèrentcette grotte en lieu de culte où ils venaient vé-nérer la Vierge et solliciter ses grâces. À la suitedes périodes de troubles qu’a connues cette ré-gion, la grotte fut oubliée avant d’être redé-couverte par un berger en 1721. Depuis lors,le culte a repris et un sanctuaire a été érigé. À Saïda, Saad Khoury entrera chez les Frèresmaristes. Il finira son parcours scolaire àNotre-Dame de Jamhour, chez les Jésuites, surles hauteurs de Beyrouth. Sa vocation de mé-decin, il la doit probablement à son père, chi-rurgien, qui ouvrit le premier hôpital à Saïdaen 1930. Une voie que ce dernier avait choisieun peu à l’encontre de son propre père, vigne-ron, qui craignait de ne voir personne re-prendre les terres après lui. Notre interlocu-teur raconte avec humour la décision de sonpère. « Il avait demandé un cheval à mon grand-père, pour se déplacer. Celui-ci lui aurait proposéun âne. Mon père a répliqué que puisqu’il en étaitainsi, il ferait médecine ! » Ne voir là aucune lo-gique, mais plus sûrement la déterminationd’un jeune homme d’alors qui, ayant pu étu-dier, a choisi de sortir d’une certaine condi-tion sociale. « Il a envoyé son frère et ses deux sœursà l’école. Que s’est-il passé dans sa tête ? Les voies dela Providence sont impénétrables. Mes tantes étaientles seules à savoir lire et écrire au village. » Enfant, Saad accompagne son père dans sestournées. Le petit garçon est gratifié du titrede « docteur ». Prémonitoire ! « Mon père soi-gnait sans distinction les pauvres et les riches. Il asauvé tant de vies ! Un médecin, à l’époque, étaittrès respecté et vénéré. On mourait si facilementde la typhoïde, de pneumonie, et les femmes encouches. Ma mère, qui assistait souvent mon père,est devenue anesthésiste. “Madame Renée” ! C’estquelqu’un au village aujourd’hui encore, puis-qu’elle y habite toujours. » Études de médecine à la faculté française deBeyrouth, chef de clinique chirurgicale tou-jours à Beyrouth, à l’Hôtel-Dieu, le jeunehomme vient en France pour se spécialiser enurologie dans le service du professeur Küss, àla Pitié. Agrégé, il retourne sur sa terre nataleen 1973 et retrouve la faculté française, pour yenseigner cette fois. En travaillant au côté deson père. Avant que n’éclate la guerre. 1975, leSud-Liban est dans la tourmente. Les factionspalestiniennes contrôlent le secteur. À contre-cœur, Saad Khoury laisse l’hôpital au Crois-sant Rouge. Fait le choix de la France. « Dans la

Des concepts originaux

Les mangas, c’est un peu comme une barre cho-colatée ; nos albums sont plutôt une orangeou une pomme, fait remarquer Saad Khoury.

Aux parents, aux professeurs, à tous les francophilesde les faire vivre en les mettant dans les mains desjeunes qui seront peut-être tentés d’aller ensuitevers l’œuvre originale. » D’autant que les conceptsqui président à la réalisation des titres de la collec-tion « Romans de toujours » pourraient inciter àune lecture plus complexe. Regardons-les :Pédagogie : chaque album propose des annexesculturelles sur l’auteur, le contexte historique, éco-nomique et social du temps de l’auteur. Elles sontrédigées par des pédagogues et des enseignants.Linguistique : un premier lexique, en français, explique un grand nombre de mots rencontrés au-fil des pages ; un second, multilingue (français, an-glais, espagnol, italien, allemand, portugais), re-prend les termes les moins courants. Un outil utiledans le cadre de l’apprentissage du français langueétrangère.Multimédia : un cédérom quicontient le texte intégral du livreau format PDF et une versionaudio au format MP3, lue parun comédien (13 heures d’en-registrement pour Madame Bovary), donnera peut-être en-vie de relire un ouvrage dansson intégralité. Solidarité Nord/Sud : pourdeux albums vendus (13€ laBD), un album est offert à l’Or-ganisation internationale de la francophonie (OIF)ou à l’Unesco afin qu’ils les utilisent pour desprojets culturels dans des pays à faibles ressources.Développement durable : souci environnementaloblige, les albums sont imprimés sur papier recyclé,chez un imprimeur vert, labellisé « Imprim’Vert ». EDC

uPour en savoir plus, lire ECA 320 (p. 45) et consulterwww.romans-de-toujours.com

encadré). Le projet a d’ores et déjà évolué. Ils’agit désormais de faire naître un sentimentd’appartenance européenne, voire mondia-le. À travers l’œuvre de l’écrivain libanais leplus célèbre, par exemple : Khalil Gibran etson Prophète traduit dans toutes les langues.« Aux États-Unis et au Liban, on va fêter, en sep-tembre 2008, le 125e anniversaire de sa naissance.À titre exceptionnel et à la demande du comité inter-national Gibran, on va faire “La vie de Gibran ra-contée à travers Le Prophète”. » Également auprogramme : une histoire du Québec pourle 400e anniversaire du pays, toujours à l’au-tomne prochain, « afin qu’une fois les feux de larampe éteints, il reste un témoignage ». Une col-lection qui n’a pas fini de nous ébahir. k

1. Cf. ECA 320, p. 45.

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Depuis quelques années, le groupe scolaire Sainte-Anne - La Providence, à Valence, propose un repas le Jeudi Saint. Il commémore la Cène en révélant comment la Pâques chrétienne s’enracine dans la Pâque juive.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Une table immense, dressée pour centpersonnes. Un lieu, la chapelle ducollège Sainte-Anne - lycée profes-sionnel La Providence1, à Valence(Drôme). Une cloison cache l’autel.

Sur les nappes blanches, un plateau doré conte-nant un œuf dur (beitsa), un os d’agneau(zeroaa), des branches de persil et de céleri. Desbouquets de fleurs et des chandeliers à septbranches (menorah). Devant chaque convive,disposés dans une assiette, les herbes amères(maror) –, une rondelle de raifort, du persil –,du céleri (karpass). Un petit verre de vin, dupain azyme (matsoth), une coupelle d’eau salée,un pot de confiture de figues (harozeth), et descoupes d’eau purificatrice. On l’a compris. Nous allons vivre un momentinhabituel. L’assemblée a pris place pour parti-ciper fictivement au traditionnel repas (Seder)pris par les juifs, ouvrant leur fête de Pâque(Pessah) qui dure une semaine2. On ne s’arrê-tera pas là, cependant. Ce rituel bien codifiésera poursuivi par un repas. Ce que veut mon-trer Geneviève Pocheron, la responsable pas-torale du collège Sainte-Anne - lycée profes-sionnel La Providence, avec ce rite séfaradelancé il y a sept ans, c’est ce passage de la Pâquejuive à la Pâques chrétienne.

L’entrée dans la viePâque juive, Pâques chrétienne, tout le mon-de, y compris chez les catholiques, ne fait pastoujours le lien. Pourtant, la fête chrétienne dePâques trouve des racines dans la fête juive dela Pâque, la Pâque de l’Exode. Cette dernièrecommémore la libération du peuple hébreulorsque, avec Moïse à sa tête, il a obtenu dequitter l’Égypte où il était devenu esclave dePharaon. Au printemps, Pessah célèbre donc l’événe-ment fondateur du peuple d’Israël : la sortied’Égypte. C’est la traversée de la mer Rougequi sépare le pays de la servitude de la Terrepromise. C’est le passage de l’esclavage à la li-berté. C’est la naissance du peuple d’Israël.Les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc,Luc) racontent, quant à eux, que la veille desa mort, Jésus a mangé la Pâque avec ses dis-ciples. Pendant ce repas pascal, la Cène, il a

Initiatives /culture religieuse

tienne au caractère universel et définitif en etpar Jésus-Christ. Aujourd’hui encore, les juifs se réunissent en famille le premier soir de la fête de Pâque quidure sept jours, autour du Seder (repas pascal),pour raconter en détail le récit de la sortie d’Égypte et y associer un rituel. Le Seder est trèsprécis, la cérémonie se fait en quinze étapes, alterne bénédictions, chants et lecture de laHaggadah4 de Pâque. L’action de grâce est unaspect important de la cérémonie, et chaquemets a une signification symbolique. Si l’on nesacrifie plus l’agneau pascal, le pain azyme, sanslevain, et le vin occupent une place importante. Ce rituel pascal familial, Geneviève Pocheron avoulu le montrer. Elle s’est fait accompagnerpar une famille juive qui lui a fourni les explica-tions et la symbolique de chacun des gestes, ain-si que les textes et les paroles prononcées par lepère de famille à cette occasion. À la grandetable dressée dans la chapelle, ont donc présidé« le père » – Gérard de Tarlié, directeur de l’éta-blissement –, « la mère » – Geneviève Pocheron– et « trois enfants » qui demandent la significa-

tion des rites au fur et à mesure de leur déroulé.Puis prennent place tous ceux qui le veulent :jeunes, parents, professeurs, invités. Le grand intérêt de cette initiative tient au faitque Geneviève a tenu à faire le lien entre lePremier et le Second Testament, entre laPâque juive et la Pâques chrétienne ; et ce, englissant des textes d’Évangile lus par une tiercepersonne – Michel Bravais, le prêtre-référentde l’établissement. Ils permettent de faire l’ar-ticulation et de comprendre comment, en situant le repas d’adieu de Jésus ce soir-là,Matthieu, Marc et Luc donnent aux gestes et

Père et mère symboliques. Gérard Tarlié, chef d’établissement, etGeneviève Pocheron, responsable pastorale, ont présidé le repas.

Un repas ? Pas n’importe lequel.Pourquoi ne pas tenter

de reconstituer le dernier repas pris par Jésus ?

Pâque juive, Pâques chré tienne

institué l’Eucharistie3. Il a pris du pain et,après avoir prononcé la bénédiction, il l’arompu, le leur a donné en disant : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis il a pris une coupe etaprès avoir rendu grâce, il la leur a donnée etils en burent tous. Il leur a dit : « Ceci est monsang, le sang de l’alliance qui va être répandu pourune multitude. » Et les chrétiens ont reconnudans la mort et la résurrection de Jésus l’ac-complissement de ce que préfigurait la sortied’Égypte : la libération du mal et de la mort,et l’entrée dans la vie donnée par Dieu. S’il y acontinuité entre les deux Pâques, il faut aussisouligner la rupture qu’introduit la fête chré-

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 35

aux paroles de Jésus un autre sens. Unprêtre ? On comprendra la raison à la fin durituel. Celui-ci se termine sur l’ouverture engrand de la porte d’entrée, et l’assemblée quise lève pour saluer l’arrivée du prophète Élieen buvant la quatrième et dernière coupe deslies. Pendant ce temps, le prêtre part revêtirson aube. L’autel est alors dévoilé, et le prêtrelit l’épître aux Corinthiens (1 Co 11,23-26),celle-là même qui est lue le Jeudi Saint.Cette cérémonie fait aujourd’hui partie desmoments forts, attendus dans l’établissement.Comment l’idée est-elle née ? « Nous voulionsvivre un temps pas comme les autres au momentde Pâques, auquel l’ensemble de l’établissementpourrait participer, commente Geneviève.Choisir quelque chose de puissant qui amène àune meilleure compréhension de cette fête, la plusimportante pour un chrétien. » Propos en l’air,bons mots… L’idée d’un repas émerge. « Plu-tôt que d’expliquer cela par des discours, nousl’avons mis en acte, nous avons proposé une expé-rience vivante. » Un repas ? Pas n’importe le-quel. Pourquoi ne pas tenter de reconstituerle dernier repas pris par Jésus tel qu’il est ra-conté dans les Évangiles synoptiques, avectoute la difficulté que cela représente à causede l’aspect lacunaire et divergent des récits ? Une trentaine de personnes viennent la pre-mière année. Aujourd’hui, elles sont une cen-taine, capacité maximale d’accueil de la cha-pelle pour une telle opération. Au fil des ans,l’idée s’est affinée. Introduire un prêtre et lestextes d’Évangile pour saisir le lien entre laPâque juive et la Pâques chrétienne est deve-nu une évidence. L’intelligence a donc consis-té non pas à juxtaposer les deux fêtes, mais àfaire un maillage pour évoquer le passage dujudaïsme au christianisme. On « bascule »donc par moments dans les Évangiles. « On

aurait pu se pencher sur la Résurrection, un sym-bole fort, note Jocelyne Espiarol, professeurd’histoire, qui participe à ce rituel depuis soninstauration. Mais l’on comprend mieux le pas-sage du judaïsme au christianisme en ayant choi-si la Cène. À la base, il y a le Christ, personnagecentral. Dès lors, on s’interroge : que s’est-ilpassé ? À quel moment cela a-t-il basculé ? »

Quelque chose de fortQuant aux jeunes, difficile de savoir les rai-sons qui les amènent. « Pour être avec les copains », disent certains. « La première fois,j’étais en cinquième, j’ai voulu voir, car je préparaisma communion, lance Dominique, en classe deCAP5 petite enfance et qui vient depuis les dé-buts. J’avais du mal à comprendre tous les symboles.Mais cela m’interroge sur la manière dont j’agisdans mon quotidien. J’ai l’impression qu’autrefois, ily avait plus de solidarité. » Cédric comprend unpeu mieux la signification du pain et du vin,cette notion de partage. Quant à Camille, elle

Dans une assiette. Herbes amères (raifort, persil) et céleri.

Michel Bravais, le prêtre-référent.

De gauche à droite : eau versée dans une bassine ; pain azyme rompu. Le maître et la maîtresse de maison effectuent deux des rites sur lesquels les interroge l’une des enfants de la famille.

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Symboles de la Pâque juivepLe pain azyme est le pain qui n’a pas eu letemps de lever à cause du départ en hâte desJuifs, c’est le pain de la misère.oLe vin est le symbole de la joie de vivre.oLes herbes amères (persil, raifort) sont lesymbole de l’amertume et de la souffrance.oL’eau salée est le symbole des larmes, dessouffrances.oLe harozeth est le symbole de la douceurde vivre.oLe céleri est le symbole de l’affection.oL’os d’agneau est posé sur le plateau duSeder pour marquer le sacrifice que les juifs nefont plus (ce peut être aussi un cou de poulet).oL’œuf dur rappelle le deuil de la destructiondu Temple. oLes quatre coupes de vin qui seront buessont les quatre kossotes qui rappellent lesquatre types d’esclavages différents qui se sont exercés contre le peuple juif : celui d’Égypte, de Babylone, de Perse, de Rome. oLa menorah est le chandelier à septbranches des Hébreux.

dit ressentir intérieurement quelque chose defort, bien que difficile à exprimer. En attendant, l’idée a déjà été reprise dans plu-sieurs établissements du diocèse, dont le collè-ge Saint-Louis, à Crest. Et la paroisse s’interro-ge sur la manière dont elle pourrait mettre enplace cette représentation pédagogique. k

1. Adresse : 14-18 rue Henri-Chalamet, 26000 Valence. Tél. : 04 75 78 15 60. 2. En 2008, les fêtes de Pessah se dérouleront du 20 au 26 avril. 3. Les trois évangélistes ont fait coïncider le repas d’adieu deJésus avec le repas pascal pour des raisons théologiques, maison sait, avec une très grande probabilité, qu’il n’a pu avoir lieuhistoriquement ce jour-là – le Sanhédrin ne se réunissant paspendant cette période de fête. La chronologie de Jean est plusjuste : il parle simplement d’un dîner d’adieu. 4. La Haggadah est un genre littéraire. Celle de Pâques estl’une des plus connues.5. Certificat d’aptitude professionnelle.

uPour éviter les confusions, il est bon d’expliciter, en coursou dans le cadre de la catéchèse, ce repas pascal et la Cène.

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36 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

élèves sortant de son BTS infor-matique. « Dans le cadre de la ré-forme LMD 2, un partenariat avecl’IUP 3 de gestion de Paris-II leurpermet déjà de poursuivre leursétudes à bac + 5, tandis qu’un mo-dule complémentaire leur proposeune préparation aux concours desécoles de commerce ou d’ingénieurs.La formule de la licence profession-nelle, difficile à mettre en œuvre,aurait donc été redondante. Un titrenous permet aujourd’hui de varierl’offre post-BTS, en proposant unevoie d’accès plus rapide vers la vieactive », explique Jean-DanielCoustenoble, responsable dela nouvelle unité de formationd’apprentis, rattachée au Cerfal4,le centre d’apprentissage réfé-rent de l’enseignement catho-lique en Ile-de-France.La première tentative de rappro-

Le lycée Le Rebours, à Paris, a conçu une formation d’administrateur réseau pour les passionnésd’informatique : une année post-BTS en apprentissage avec embauche garantie.

VIRGINIE LERAY

Installer puis adminis-trer des réseaux infor-matiques, sécuriser dessystèmes, organiser etgérer la communication

entre des sites distants, le toutavec une connaissance poin-tue des trois principales tech-nologies – Cisco, Microsoft,Linux – et des compétencesde management en prime :le lycée Le Rebours1, à Paris,propose, depuis septembre2007, cette toute nouvelleformation post-BTS. Conçuesur mesure pour les pas-sionnés d’informatique, ellepermet d’obtenir un titre cer-tifié d’administrateur réseau,correspondant à un niveaud’études bac + 3, qui a étéélaboré en fonction des besoins desentreprises en matière de nouvellestechnologies. En effet, alors qu’undiplôme sanctionne un savoir plusacadémique, dans l’optique d’unepoursuite d’études ou d’un passa-ge de concours, un titre valide, surle plan national, une qualificationprécise qui peut être définie avecdes professionnels. « C’est un outilinnovant qui nous permet d’appro-fondir notre mission d’insertion pro-fessionnelle, puisqu’il se prépare sousle régime de l’apprentissage et réponddonc à un besoin de métier validé parla Région », se félicite EmmanuelVandroux, chef d’établissement.Pour Le Rebours, lycée généralet technologique spécialisé dansle tertiaire, c’est aussi l’aboutisse-ment de trois années de re-cherches pour proposer unepasserelle vers l’emploi aux

Initiatives /post-BTS / informatique

chement du lycée Le Reboursavec le monde de l’informatiqueremonte à 2001, date de la créa-tion de son BTS. À l’époque, leconcepteur de matériels Ciscopropose à l’établissement d’y inté-grer une « académie locale », à sa-voir une formation axée sur lesspécificités des produits Cisco.Mais celle-ci s’avère trop éloignéedu référentiel du BTS. Pourquoialors ne pas la transformer en cursus post-BTS ?

Feu vert de la RégionAvec l’aide de l’Institut supérieurde commerce et d’informatiqued’Orsay5 (ISCIO) qui dispensedes formations aux équipes péda-gogiques du lycée, le contenu estdonc retravaillé dans ce sens.Fruit de ces efforts, le titre ainsi

Les magiciens des réseaux

concocté, enrichi d’unetriple certification Cisco, Microsoft et Linux, est inscrit, à la demande de l’ISCIO, au Répertoire natio-nal des certifications profession-nelles6 en mars 2006. Enfin,après enquête sur les at-tentes des professionnels, laRégion a donné son feu vertet le titre d’administrateurde réseau proposé parl’UFA7 Le Rebours enrichitainsi l’offre des formationsen apprentissage du Cerfaldepuis septembre dernier.Sa première promotioncompte dix jeunes âgés de21 à 23 ans, dont la moitiésort pour l’instant du BTSinformatique du lycée. Par-mi eux, comme trois autresde ses camarades, Lionel est

passé par la case BEP8, parce que,en troisième, il ne jurait déjà quepar l’informatique et était « plutôtfâché avec le collège. Aujourd’hui, jefais un boulot de rêve, qui me permetde voyager, pour le Secrétariat généraldes affaires européennes : je prépare lesite internet qui sera lancé, en juin pro-chain, lorsque la France prendra laprésidence de l’Union européenne. » Pour Jean-Daniel Coustenoble,cette réussite « s’inscrit parfaite-ment dans notre démarche de promo-tion des élèves. Alors qu’il y a trèspeu de possibilités d’entrer dans lesecteur de l’informatique à l’issued’une troisième, certains peuventtout de même le rejoindre par desvoies détournées et accéder à des for-mations de haut niveau ». Appren-tis, ils ne s’en voient pas moinsinvestis de lourdes responsabili-tés au sein de leurs entreprises

Scénario commun. Travailler en groupe est idéal pour contrebalancer le caractère individuel des informaticiens.

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 37

tutrices. Ainsi Gaëtan se retrou-ve missionné pour conduire unaudit informatique, tandis queJulien assure seul l’administra-tion du réseau de la société quil’accueille.De l’immense firme de télécom-munications à la PME en déve-loppement, en passant par lesadministrations et collectivitésterritoriales, les employeurs nemanquent pas. Autre type de so-ciété susceptible de recruter : lespetites SS2I9 de niche, spéciali-sées dans le domaine de l’infor-matique médicale, par exemple.

Ainsi beaucoup d’apprentis ontune perspective d’embauche àla fin de la formation : « En sor-tant de BTS, avec seulement sixmois de stage, on n’a pas d’autre solution que de s’inscrire en intérimpour gagner en expérience. Le titre,lui, nous met déjà un pied dans lavie active », estime Romain quifait son apprentissage dans uneentreprise de recrutement parinternet. Au total, ils passeront cette annéeplus de 1 200 heures avec unecasquette de salarié pro des ré-seaux. Côté enseignement, ils sui-vront 630 heures de formationdont 240 axées sur les spécificitésdes technologies Cisco, Linux etMicrosoft. À partir de mai pro-chain, ils passeront les tests decertification pour chacun de ces

concepteurs. Gratui-tement, l’ensembledes frais d’inscription(environ mille eurospar élève) étant finan-cé par la taxe d’ap-prentissage perçuepar l’UFA Le Rebours(cf. encadré).Quant aux cours d’in-formatique générale,l’équipe pédagogique privilégieles études de cas concrets et le tra-vail en équipe : « Pour canaliserces profils de passionnés, les intéres-ser et les aider à synthétiser leurpensée, nous pratiquons des “labo-ratoires” tantôt dans nos locaux,tantôt à l’ISCIO, dans un environ-nement non familier. Il s’agit de si-muler une intervention sur un pro-blème réseau dans les mêmes condi-tions qu’en entreprise. Après unematinée de diagnostic, les jeunes,répartis en petits groupes, doiventexposer le scénario de solution qu’ilsont élaboré ensemble, avant de lemettre en œuvre. C’est idéal pour remédier au caractère plutôt indivi-duel des informaticiens », détailleJean-Daniel Coustenoble.

L’école autrementQualités relationnelles et aisancedans l’expression viennent ainsis’ajouter à la forte spécialisationprofessionnelle du titre. Donnantà ces magiciens des réseauxtoutes les chances de réussir leurintégration en entreprise. Pourpreuve, depuis septembre, undes apprentis a quitté la forma-tion… pour cause d’embauche !Enfin, l’opération profite à l’en-semble de l’établissement, comme

le souligne Emmanuel Vandroux :« L’arrivée du nouveau public desapprentis a offert aux personnelsune occasion de vivre l’école autre-ment et permet aux autres élèves,plus jeunes, de se représenter ce quesera l’aboutissement de leursefforts : l’entrée dans la vie active.À travers les apprentis, l’idée de laformation nécessaire tout au long dela vie fait son chemin. Ce serad’ailleurs la prochaine étape : nousespérons lancer, d’ici à deux ans,une offre de formation continue…en même temps que notre candida-ture au label “lycée des métiers”. »La dynamique pourrait mêmes’appuyer sur le réseau des an-ciens de l’établissement. Ils revien-draient au lycée Le Rebours pourréactualiser leurs connaissances.L’occasion aussi pour eux de pro-mouvoir l’apprentissage dansleurs environnements profession-nels. Tout un programme. k

1. Adresse : 44 boulevard Auguste-Blanqui,75013 Paris. Tél. : 01 55 43 28 88.E-mail : [email protected] - Contactpour l’UFA : [email protected] Internet : www.lerebours.org2. Licence-Master-Doctorat.3. Institut universitaire professionnalisé.4. Sur internet : http://cerfal.calitude.com5. Sur internet : www.iscio.com6. Pour consulter le Répertoire national descertifications professionnelles (RNCP) ou

Connexion. Après l’apprentissage, c’est l’emploi assuré.

« À travers les apprentis,l’idée de la formation

nécessaire tout au long de la vie fait son chemin. »

Le prix de la réussite

sLes apprentis ne débour-sent rien pour leur forma-

tion. Mieux, ils sont rémunéréspar les entreprises qui les ac-cueillent. Les frais pédago-giques des formations propo-sées en UFA, une fois reçu l’avalde la Région, sont financés parla taxe d’apprentissage, la Ré-gion apportant une subventiond’équilibre si nécessaire. Le coûtde fonctionnement par appren-ti, de l’ordre de 6 300 euros,permet également de financerles certifications profession-nelles des jeunes. Spécificité dutitre administrateur réseau duRebours : le partenariat qu’il im-plique avec les sociétés concep-trices de matériels et de logicielspermet aussi d’alléger les coûtsd’investissement en équipe-ment. Du fait des tarifs préféren-tiels proposés au lycée par Cisco,ils ne reviendraient « qu’à » 20 000 à 30 000 euros supplé-mentaires par rapport à une clas-se de BTS, ventilés sur plusieursannées.L’investissement reste important.Mais les équipes du Rebours neregardent à aucun sacrifice pourvaloriser leurs filières profession-nelles ou technologiques. Dansce même souci d’excellence, lelycée ouvrira à la prochaine ren-trée une section européenne enfilière STG* option « manage-ment européen », avec appren-tissage renforcé des langues etdécouvertes culturelles à la clef.Séjours à l’étranger, visite des ins-titutions européennes et forma-tion préalable des professeursont coûté quelque 10 000 eurosfinancés sur fonds propres.Mais la réussite des jeunes n’apas de prix ! VL

* Sciences et technologies de la gestion.

connaître le détail de la procédure d’homo-logation d’un titre, se renseigner auprès de la commission nationale de certificationprofessionnelle : CNCP, 1 avenue du Stade-de-France, 93210 Saint-Denis - La-Plaine. Tél. : 01 57 33 81 65. E-mail : [email protected] : www.cncp.gouv.fr7. Unité de formation par apprentissage.8. Brevet d’études professionnelles.9. Sociétés de services en ingénierie informa-tique.

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leur annonce de Jésus-Christ. N’ont-ils pas deschoses à dire aux enseignants et catéchètes d’au-jourd’hui ? » s’interroge Marguerite Léna,avec la ferme intention de poser des ques-tions difficiles à chacun de ces Pères. À l’au-teur de la lettre à Diognète, ce sera « Com-ment vivre en chrétien dans une société quine l’est pas ? ». À saint Augustin, « Qu’est-cequ’apprendre ? », mais aussi « Que faire en si-tuation de découragement dans la transmis-sion de la foi ? ». La découverte de ces textes favorise l’échanged’expériences professionnelles. « Les membresdu groupe interviennent dans des établissementsdifférents ; ils sont donc libres de dire ce qui ne vapas dans leur classe. Ces rencontres les aident àdécouvrir les ressources spirituelles qui se cachentdans leur travail ordinaire, en faisant un détourpar des auteurs. Mon rôle est de favoriser cetteprise de conscience ».

Autre proposition d’une nature différente,celle du Centre pour l’intelligence de la foi(CIF). « Depuis plus de 35 ans au service de l’Église en Ile-de-France », est-il affirmé dans labrochure du CIF. Trente-cinq ans et de l’éner-gie à revendre pour une équipe d’enseignantshors pair qui a déjà fait ses preuves dansd’autres lieux (pour la plupart à l’Institut catholique de Paris). À leur tête, BernardGoudey, curé de la paroisse parisienne Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Cet homme chaleu-reux a roulé sa bosse comme enseignant, duséminaire d’Issy-les-Moulineaux à l’École-Ca-thédrale, avec un charisme, « celui de la vulga-risation ». « J’ai vendu le Credo sous toutes lesformes », déclare-t-il malicieusement. Au CIF,il traite à présent de la Révélation : « Y a-t-ilune histoire de Dieu avec les hommes ? » ouencore « Qu’est-ce que la “Parole de Dieu” ? ». Ce qui stimule le père Goudey, tout comme

Connaître la foi chrétienne

ses collègues, « c’est d’aider les gens à entrerdans une relation vivante avec le Christ ». Com-ment ? « En rendant plus intelligibles les chosesde la foi. » Pour ce faire, un parcours cohérentde deux ans a été savamment construit. Il per-met « une meilleure connaissance d’une foi quidonne du sens à sa vie ».

TransformésQui fréquente le CIF ? Les trois quarts desétudiants, telle Servane de Courson (voir sonportrait page ci-contre), ont déjà des connais-sances et des engagements dans l’Église. Unquart d’entre eux veulent, en revanche, dé-couvrir les données de la foi – parmi eux, plu-sieurs « recommençants ». Chaque « promo »compte environ quatre-vingts étudiants quiviennent, pour la moitié d’entre eux, de labanlieue. Outre les cours magistraux, les étu-diants travaillent en petits groupes avec unanimateur, souvent un ancien du CIF, quiveille à ce que la parole circule. À l’issue des deux années de formation, lesétudiants sortent transformés. « Certains arri-vent avec une vision naïve de la foi », confie lepère Goudey. « Ce n’est pas Moïse qui a écrit lePentateuque ! » s’est étonné l’un d’eux. Il arri-ve même que tel ou tel ait peur de perdre lafoi en mettant à jour ses connaissances.D’autres, en revanche, issus du renouveaucharismatique, ont une approche très affecti-ve et sont déconcertés par une démarche plusréflexive. Enfin, des jeunes, brillants dans leurmétier, butent sur des termes ordinaires etn’ont aucune base de culture chrétienne. Laclef de la réussite, malgré ces diversités, résidedans la confiance qui est accordée aux forma-teurs. Elle permet à chacun de progresser àson rythme, comme le révèle les évaluationsfinales : « J’ai désormais une vie spirituelle plusnourrie », « J’ai plus de confiance dans mon acti-vité pastorale », peut-on y lire. Pari gagné. k

1. Marguerite Léna enseigne actuellement au Studium de la fa-culté Notre-Dame, à Paris, et en classes préparatoires à Sainte-Marie-de-Neuilly. Elle a écrit Le Passage du témoin (Parole etSilence, 2000) et L’Esprit de l’éducation (Parole et Silence,2004).

Formation

SYLVIE HORGUELIN

Avez-vous lu la lettre à Diognète ? C’estun texte admirable écrit au IIe siècle,sans doute à Alexandrie. L’auteur,anonyme, y explique avec empathie

qui sont les chrétiens : « […] ils se conformentaux usages locaux […], tout en manifestant leslois extraordinaires […] de leur république spiri-tuelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie,mais comme des étrangers domiciliés. […] Touteterre étrangère leur est une patrie et toute patrieune terre étrangère. » La plupart des personnes autour de la tableviennent de découvrir avec une pointed’émotion ce traité de la présence chrétienneau monde. Ce sont des professeurs du pre-mier et du second degré et des éducateurs,jeunes et moins jeunes, hommes et femmes,du privé et du public. Ils sont vingt-cinq àavoir répondu cette année à l’invitationde Marguerite Léna, professeur de philo-sophie et membre de la Communauté Saint-François-Xavier1. C’est à Neuilly-sur-Seine, au lycée Sainte-Marie que se tiennent ces réunions men-suelles. Tout a commencé, il y a douze ans.Marguerite Léna constate alors que ses an-ciens élèves, issus de prépas littéraires, se re-trouvent enseignants dans des lieux difficiles :« Il fallait les soutenir. Nous avons ainsi créé ceparcours intitulé “Professeurs portes ouvertes”qui est un lieu de ressourcement, explique-t-elle.Chaque année, je propose un thème et des textes :en 2006/2007, ce fut la question de l’enseigne-ment et l’éducation chez quelques philosophes duxxe siècle, de Bergson à Levinas ; depuis la ren-trée, nous traitons de l’éducation avec les Pères del’Église ». De Justin (IIe siècle), un converti qui ouvreune école de philosophie à Rome, jusqu’àsaint Augustin (Ve siècle), en passant par notreauteur anonyme. Un parcours étonnantdans les premiers siècles qui ressemblent fortau nôtre sous certains aspects. « Chrétiensdans des sociétés étrangères à l’Évangile, héri-tiers de la culture antique païenne, les Pères ontsu assumer cet héritage et en faire le terreau de

La clef de la réussite réside dans la confiance qui estaccordée aux formateurs.

Paradoxe de notre temps : la pratique religieuse baisse tandis que les formations sur la culture chrétiennese multiplient ! Ici deux parcours très différents : celui du Centre pour l’intelligence de la foi (CIF)

qui revisite les fondamentaux en deux ans, et celui, plus modeste mais remarquable, de Marguerite Léna,qui anime cette année un groupe de lecture sur les Pères de l’Église.

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Servane de Courson, étudiante de 2e année au CIF

Servane de Courson enseigne lefrançais, avec bonheur, au lycéeprofessionnel et technique Albert-de-Mun, à Paris. Par ailleurs, elle

est animatrice pastorale bénévole, de-puis plus de dix ans, au lycée parisienSaint-Louis-de-Gonzague où ses enfantsont été élèves. Maintenant qu’ils sont grands, Servaneest redevenue étudiante ! Il y a deuxans, elle a ressenti l’envie de suivre uneformation « qui balaie l’ensemble de la foichrétienne dans un parcours organisé ». ÀParis, les propositions sont nombreuses :elle hésite entre l’École-Cathédrale quidépend du diocèse, le Centre Sèvres,animé par les Jésuites, et le Centre pourl’intelligence de la foi (CIF). C’est le programme du CIF qui la sé-duit le plus : « La première année reprendles fondements de la foi ; la deuxième an-née, on examine comment la vivre dans lemonde d’aujourd’hui », explique-t-elle. Etpuis, elle apprend que « l’équipe d’ensei-gnants est remarquable » et « les tarifs trèsraisonnables ». Elle s’inscrit donc et ap-précie la souplesse de l’organisation :« On peut suivre la séance hebdomadaire lesoir ou l’après-midi, au choix chaque semai-ne. » Quant aux cours, « ils sont super-clairs et passionnants ». Parole d’ensei-gnante ! Qu’a-t-elle appris ? « Je me po-sais de nombreuses questions sur l’Église. Je

vois bien maintenant quel est son rôle et sonutilité. » Pour le reste, elle en savait déjàlong. Pourtant, elle confie : « J’avais desintuitions mais pas toujours les mots pourdire la Création, la place de l’homme, le Salut…» Autre point fort de la formation : le tra-vail en petits groupes, une fois par mois. « Cela nous permet de relire le cours, del’approfondir et de se l’approprier », appré-cie-t-elle. La composition des groupes –hommes et femmes de tous âges, étatsde vie et sensibilités religieuses – rend leséchanges très riches. « Certains ont toutremis en cause car la façon d’aborder lesquestions est très ouverte. Moi, je connais-sais Varillon1 par cœur. Je n’ai pas été bous-culée ! » explique Servane. Il n’empê-che : « Mieux comprendre sa foi, c’est mieuxaccueillir le mystère de Dieu pour Le louer etLe servir en servant les hommes», déclare-t-elle pour se résumer. Cette formation est donc importantetout d’abord pour soi ; elle permet aussià des enseignants d’aborder la dimen-sion religieuse dans leur discipline enconfiance. Sans prosélytisme, bien sûrcar dans la classe, « c’est par sa façon d’êtreque l’on fait passer quelque chose de l’amourde Dieu », conclut l’étudiante. SH

1. François Varillon, jésuite français (1905-1978), auteurde Joie de croire, joie de vivre (Bayard, 2000).

D.R

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Le point

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Deux propositions parmi d’autresCi-dessous deux propositions pour mieux connaître la culture chrétienne ouapprofondir sa foi. Il en existe de semblables dans toute la France, mises enplace par des établissements scolaires, des diocèses, des congrégations, des universités catholiques, des organismes de formation, des mouvementsd’Église… Se renseigner auprès de sa direction diocésaine ou de Formiris.

Se former au CIFl Des cours magistraux : sur la Révélation, le Christ, l’Église, les sacrements…Horaires : 2 heures par semaine (14 heures-16 heures ou 20 heures-22 heures) :le mardi en 1re année et le lundi en 2e année.l Une session Bible : une vue d’ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament, deux samedis en début d’année.l Un groupe d’échange : constitué de 7 à 10 personnes autour d’unaccompagnateur, il se réunit une fois par mois, pendant 2 h 30. Il permet defaire émerger une parole personnelle qui conduit à une plus grande libertédans la foi. C’est le lieu d’une authentique expérience d’Église.l Un travail personnel : compter 1 h 30 par semaine pour relire les cours,préparer le travail de groupe et lire quelques livres conseillés. À l’issue des deux années, un travail écrit d’environ 10 pages est demandé sur un sujet libre.l Calendrier des cours : d’octobre à juin, en dehors des vacances scolaires.l Tarif : 360 euros/an.l Contact (et lieu des cours) : CIF, 1 rue Montalembert, 75007 Paris. Tél. : 01 45 44 36 82. E-mail : [email protected] Internet : http://lecif.cef.fr

Se former avec la Communauté St-François-Xavierl Un groupe de lecture : ce groupe de libres échanges rassemble, autour de Marguerite Léna, des enseignant(e)s et éducateur(rices) de Sainte-Marie-de-Neuilly et d’autres établissements scolaires, publics ou privés.l Objectifs : nourrir sa pratique quotidienne par le détour de textes et d’auteurs qui aident à réfléchir sur ses fondements et enjeux, aux planssocial, culturel et spirituel ; échanger ses expériences et ses questions, encroisant ses différences d’âge (jeunes professeurs et éducateurs pluschevronnés), de disciplines (scientifiques, littéraires…),d’établissements (publics et privés).l Horaires : une fois par mois, de 17 heures à 18 h 30. La rencontre se prolonge, pour ceux qui le peuvent, par l’Eucharistie célébrée à 18 h 40 dans la chapelle.l Programme : il change chaque année et n’est pas encore déterminé pour 2008/2009. Thème de l’année en cours : « Des pionniers dansl’évangélisation de la culture : les Pères de l’Église ».l Calendrier : huit rencontres, de septembre à avril. l Lieu : groupe scolaire Sainte-Marie-de-Neuilly, 24 boulevard Victor-Hugo,92200 Neuilly-sur-Seine.l Tarif : 20 euros pour l’année.Tél. : 01 47 57 58 58 - E-mail : [email protected]

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Tous : Nous n’avons pas choisi de rester internes le week-end. Nos parents nous ontinscrits.Yvonne : Je suis là avec ma petite sœur Ettie-Kaly parce qu’en Guyane il y avait toujoursdes problèmes à l’école, des bagarres, lagendarmerie qui débarquait. En plus, onrentrait tard le soir et le niveau scolairen’était pas très bon. Ma mère cherchait unendroit où l’on puisse travailler.Astrelle : J’ai fini par accepter d’aller en in-ternat parce que je ne travaillais plus et queje séchais parfois des cours. Mais je voulaisrester libre le week-end !Ettie-Kaly : C’est difficile, parce qu’on nevoit pas nos parents, même aux petites vacances. On va chez des amis à eux en Ardèche, à Bordeaux, à Paris. Astrelle : On est en Creuse. On est enfermé.On ne voit plus nos proches, nos amis. Etpuis, il a fallu que je m’adapte au groupe. Jesuis arrivée en décembre. Je ne connaissaispersonne. On m’a bien accueillie, mais jen’avais pas envie de m’intégrer au départ.J’ai dû faire un effort.Samuel : Au début, le groupe a été difficile à

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maman de 24 ans préparant le concoursd’éducatrice. Seul Mathieu assure l’intégralitédu week-end. « Nous pensions n’avoir que desgarçons, poursuit Alain Desseauves. L’accueil defilles nous a poussés à jouer la mixité éducative. »Quant aux objectifs de cette « rupture », ilssont multiples. Il faut avant tout faire fonc-tionner une petite communauté de dix jeunes

Internes, même le week-end…

Notre-Dame, àGuéret, dansla Creuse,i m p o s a n -te bâtisse du

XIXe siècle sur une colli-ne dominant la ville. Là,dans cette « poche de ré-sistance » de l’enseigne-ment catholique – laCreuse est, en effet, l’undes départements lesmoins peuplés de Fran-ce et probablement leplus anticlérical –, oncompte 190 élèves. Cin-quante sont internes, etparmi eux, neuf restentles samedis et dimanchesdans le tout nouvel in-ternat du week-end oùle rythme des retours dans la famille est scan-dé par celui des petites vacances. Il y a la pe-tite Ettie-Kaly, 10 ans, la mascotte du groupe,qui vient de Guyane avec sa sœur Yvonne, 17 ans ; Hilary, 15 ans, de Strasbourg ; Hugues,13 ans, de Paris ; Astrelle, 14 ans, de Paris ; Samuel, 18 ans, de Grenoble ; Thibault, 18 ans,de Dijon ; Cédric, 17 ans, de Paris ; Kevin, 16 ans, de Guyane.

Pari osé, pari gagnéPenser un internat d’où les enfants ne sortentqu’aux petites vacances semble relever d’uneautre époque. Mais la demande existe. Depuisplusieurs années, des parents frappaient à laporte de Notre-Dame de Guéret pour savoir sileurs enfants ne pourraient y rester aussi lesfins de semaine. Alain Desseauves a pris la de-mande au sérieux. « L’établissement de Felletinavait lancé le projet, il y a quelques années. À safermeture, nous devions prendre le relais, maisnotre projet pédagogique n’était pas suffisammentélaboré pour faire un bon travail. » En septembre 2006, ce directeur et son jeuneadjoint, Gaétan Baures d’Augères, toujoursdésireux d’avancer sur des voies nouvelles,osent l’ouverture avec trois jeunes seulement.« Si nous n’avions pas amorcé la pompe, personne

Depuis l’an dernier, l’ensemble scolaire Notre-Dame1 de Guéretpropose un internat du week-end à des jeunes qui ont besoin de

rompre avec leur milieu pour retrouver un cadre de vie plus structuré.Un éloignement bénéfique, même s’il est difficilement accepté.

ne l’aurait fait. » Pariosé, mais pari gagnépuisqu’il accueille cet-te année neuf interneset pense remplir lastructure l’an pro-chain avec quinze ins-criptions. Enfants de parentstrop souvent absents,ces jeunes, pour laplupart, sont là contreleur gré. Plus occupéspar leur console dejeux, l’ordinateur oules copains, parfoisenclins à quelques pe-tites « bêtises », trop li-vrés à eux-mêmes, ilsont oublié la nécessitéde travailler, voire

d’aller en cours. La « mise au vert », l’éloigne-ment temporaire de la cité tentaculaire et deses dérives potentielles semble être alors la so-lution la plus adaptée à ces adolescents enmanque de cadre structurant. « Viennent ànous des familles qui se sentent débordées à unmoment donné de la croissance de leur enfant,commente Alain Desseauves. Les problèmes re-lationnels débouchent sur des conflits, mais les pa-rents restent soucieux de préserver une éducationde qualité pour leur progéniture. » Il ne s’agit ce-pendant pas de jeunes en difficulté scolaire,économique ou comportementale majeure.Certains ont bien demandé à être accueillispar l’établissement, mais ce dernier ne peutpas prendre trop de risques financiers ni celuide se trouver face à des jeunes en grosse rup-ture familiale ou scolaire. « Parfois, c’est un crève-cœur, enchaîne le directeur. Il nous fau-drait des financements extérieurs. Mais dansnotre région très anticléricale, c’est impensable.On parle beaucoup de mutualisation dans l’ensei-gnement catholique. J’y croyais. » Quant auxjeunes en échec scolaire patent, ils nécessite-raient un encadrement plus spécifique et pluslourd, donc des moyens supplémentaires. Deux surveillants ont été embauchés pour assurer le week-end à l’internat, Mathieu Slaghenauffi, 21 ans, et Camille Bulcourt, jeune

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souder. C’était assez animé. Maintenant, ons’entend bien. Thibault : Le week-end, c’était les copains.Maintenant, on fait pas grand-chose.Astrelle : Ça nous apprend la vie en société.On fait à manger, la vaisselle par exemple.Hugues : Ici, c’est plus difficile de faire des bêtises. Thibault : C’est sûr, on est là pour le boulot,pas pour les conneries.Samuel : Je n’ai peut-être plus de vie sociale,mais on bosse. Je suis bon en classe. J’ai apprisà m’autogérer.Astrelle : Le but, c’est une rupture, et çamarche pour le travail. J’allais carrément plusen cours.Thibault : Je fais pas la différence avec la se-maine. On a cinq heures d’étude le week-end.Kevin : On bosse, mais on a aussi des heuresde sortie. Le samedi, les lycéens, on sort seuls.On peut faire des courses, aller boire un café. Samuel : Sinon, toute sortie se fait en groupe,avec les surveillants. On va jouer au billard.On va au cinéma. Thibault : Mais le film doit plaire à tout lemonde. Et puis on a fait une grande sortie

bowling, à 80 kilomètres. Il a fallu louer unmini-car. Mais il y a peu de budget pour desactivités.Astrelle : Les pions sont sympas, cool. Ils nous compren-nent. On parle beaucoup.Ils s’occupent bien de nous.Quand on a des coups deblues, ils sont là. Samuel : Si ça ne tenait qu’àeux, on sortirait davantage. Cédric : Je sors souvent par-ce que je fais partie de l’équi-pe locale de basket. Le same-di, on joue à l’extérieur. J’yvais si j’ai bien travaillé.Thibault : C’est pareil pourl’heure de sortie le samedi ma-tin. Elle peut être remise si onn’a pas assez travaillé.Astrelle : Je ne resterai certai-nement pas l’an prochain. Ici,j’ai pris conscience du besoin debosser. J’ai pris des habitudes de travail.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH DU CLOSEL

Internes, même le week-end…d’origines différentes, d’âges différents, de mi-lieux sociaux différents, de croyances diffé-rentes. « Cela ne s’est pas fait sans mal, fait re-marquer Mathieu. Le groupe s’est soudé, petit àpetit. Chacun apprend à faire des concessions, ilsarrivent à s’accepter les uns les autres, ils sontplus ouverts. » La préparation des repas reste,avec la vaisselle, l’un des éléments fédérateurs.

« On s’en occupe ensemble, comme dans une petitefamille, dit de son côté Camille. Pour certains,c’était très nouveau. Ils ont appris, et ne rechi-gnent plus. La communauté permet des marges deliberté, l’apprentissage de l’autonomie. » Un desautres points forts est la remise à niveau scolai-re : cinq à six heures durant le week-end, cha-cun s’y consacre à son rythme, les surveillants

s’attachant davantage aux plus jeunes. Et sur-tout, il y a l’écoute, le dialogue, la présence at-tentive. « Nous avons un peu un rôle de confi-dent, concède Mathieu. Ils s’interrogent sur leurvie, leur avenir. C’est l’adolescence avec tous ses“pourquoi”. Il est important d’avoir cette relationde proximité avec eux. Nous cherchons à les remettre dans un système avec des règles, des limites. Par le biais du jeu, on fait passer bien desmessages. » « Parfois, il y a des coups de blues, unras-le-bol de tout, enchaîne Camille. On essaiede leur remonter le moral. Mais je marque la limi-te entre la copine et la surveillante. »Il reste important que le rythme soit cassépar rapport à celui de la semaine. Les in-ternes du week-end se lèvent en fonction deleur besoin de sommeil. Les plus grands ontune autorisation de sortie le samedi matin.

Le téléphone portable, lebaladeur MP3, l’accès àinternet, la cigarette sontgérés par les surveillants.Les activités à l’extérieurse pratiquent en grou-pe. À Guéret, elles sontplutôt rares. Faute debudget, les déplace-ments sont réduits.Quant aux jeunes,hormis Cédric qui faitpartie de l’équipe debasket locale, ils sem-blent avoir peu demotivation. L’idée dedépart était de mon-ter des activités enlien avec des entre-

prises locales ou des associa-tions. Mais les jeunes ne semblent pas mûrs,pas cette année du moins. Et puis, l’internatdu week-end est nouveau. Il n’est pas une

structure figée. L’inté-rêt est de pouvoirrester à l’écoute et des’adapter aux situa-tions. « On avance pasà pas, on se rode », re-connaît Alain Des-seauves. Il n’en de-meure pas moinsque cette rupture,en obligeant lesjeunes à se poser,les fait mûrir, gran-dir. Et les remet autravail.

EDC

1. Adresse : 5 avenueDocteur-Manouvrier,

23008 Guéret. Tél. : 05 55 52 00 75.

Internet : http://notredamegueret.free.fr

Kevin Yvonne Hugues

Thibault

D. R

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42 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

ÉTIENNE VERHACK1

Le Royaume de Bel-gique compte un peuplus de dix millions etdemi d’habitants. On yparle le néerlandais enFlandre (de 57 à 60 %de la population belge),le français en Wallonieet à Bruxelles (de 40 à

43 %) et l’allemand dans quelques cantons de l’Est(moins de 1 %). Bruxelles, la capitale, compte prèsde 90 % de francophones. Pays très complexe,la Belgique est, depuis 1993, un État fédéralqui comprend deux communautés (flamandeet française) et trois régions (Flandre, Wallo-nie, Bruxelles). Le pays évolue vers une auto-nomie toujours plus grande des régions et descommunautés ; cela surtout sous la pression dela communauté flamande, tandis que la régionde Bruxelles s’internationalise en accueillant laCommission européenne.

L’Église L’Église de Belgique compte huit évêchés dontcelui de Malines-Bruxelles est l’archidiocèse.C’est là qu’habite le Cardinal Danneels. L’évêque-référent des écoles catholiques flamandes estMgr Luc Van Looy, évêque de Gand. Son ho-mologue pour les écoles catholiques franco-phones et germanophones est Mgr Aloys Jous-ten, évêque de Liège. La liberté de religion estinscrite dans la Constitution. La Belgique sub-ventionne les Églises et les organisations phi-losophiques non confessionnelles reconnues.

L’enseignement catholiqueEn 1957, les évêques décident de créer un Se-crétariat national de l’enseignement catholique(Snec). Le premier Conseil central de l’ensei-gnement catholique primaire et la Fédérationnationale de l’enseignement catholique secon-daire ont été créés en 1911. Suivirent les Fé-dérations de l’enseignement catholique tech-

seront traités à égalité. Dorénavant, dans l’en-seignement ordinaire – et donc pas dans l’en-seignement spécial – les écoles seront financéesen partie sur la base du nombre d’élèves quirépondent aux critères suivants :– enfants de parents à faible niveau de for-mation ;– enfants ne parlant pas néerlandais à la mai-son ;– enfants de familles à bas revenus ;– enfants habitant les quartiers défavorisés.Autre critère, les « différences objectives » :– les écoles officielles2, obligées par la loi d’of-frir plusieurs cours de religion et d’éthique, re-çoivent, par élève, 4,5 % supplémentaires afinde couvrir les frais relatifs à ces disciplines. Lesmaternelles ne dispensant pas ce type de cours,elles ne recoivent pas ces sommes ; – l’enseignement public perçoit par élève 3 %de moyens de fonctionnement supplémentairespour pouvoir organiser l’accueil de tous garantipar le libre choix de l’école.Une part du budget est répartie selon les caractéristiques des élèves :– dans l’enseignement fondamental (maternelleet primaire), elle sera de 14 % en 2009. Ce pour-centage évoluera jusqu’en 2017 pour atteindre17 % ;– dans l’enseignement secondaire, cette partdu budget, de 10 % en 2009, atteindra 11 % en2017.La majorité des moyens sera répartie de façonlinéaire en fonction des critères des écoles. Ce« financement de base » répond à des critèresrelatifs aux niveaux et secteurs d’enseignementet aux domaines d’études : par exemple, l’en-seignement secondaire technique, exigeant desfrais d’équipement spécifiques, pèse plus lourdque l’enseignement secondaire général.

FormationFORMATION INITIALELes enseignants sont formés dans les universi-tés et les écoles supérieures. En matière d’amé-lioration de la qualité de la formation initiale,

En Belgique, l’enseignement catholique, à l’instar des autres grandes institutions, s’inscrit dans la logique communautaire qui préside à la vie du Royaume.

Il sera donc présenté en deux parties. La première est consacrée à la Flandre.nique en 1919, et de l’enseignement catholiquespécial en 1932. Le 9 décembre 1993, suite àla communautarisation de l’enseignement, lesecrétariat unitaire est scindé en deux entitésautonomes correspondant aux communautéslinguistiques : le Secrétariat de l’enseignementcatholique flamand (VSKO – Vlaams Secreta-riaat van het Katholiek Onderwijs) et le Secré-tariat général de l’enseignement catholique(Segec) qui regroupe les écoles catholiquesdes communautés francophone et germano-phone.CONSEIL PÉDAGOGIQUEEn Flandre, l’enseignement catholique dispo-se de conseillers pédagogiques payés par laCommunauté flamande. Ils assistent le per-sonnel enseignant dans la conception, la réali-sation et l’évaluation de stratégies pédagogiques.Leur rôle complète celui des inspecteurs de l’État qui ont plutôt une fonction de contrôle.QUELQUES CHIFFRESEn septembre 2007, l’enseignement catholiqueflamand comptait 725 268 élèves (67,7 % dutotal des enfants scolarisés en Flandre) dans 2 215 établissements : 128 319 en maternelle ;238 453 dans le primaire ; 330 838 dans le se-condaire. Les élèves restants se partagent entreles enseignements technique, professionnel etspécial. Quant aux internes, ils sont 8 418.FINANCEMENTLe nouveau mécanisme qui entrera en vigueurle 1er septembre 2008 ne tient plus compte dela différence entre réseaux d’enseignement.Chaque enfant ayant les mêmes besoins etchaque école étant dans la même situation

Il n’échappera pas au lecteurattentif que le pourcentage élevé

d’élèves dans les écolescatholiques flamandes

ne correspond pas au nombre de Flamands croyants.

L’école catholique en Belgique f lamande

FAIRE L’ÉCOLE EN EUROPE

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 43

la Commission européenne prône la désigna-tion de mentors (tuteurs) et le renforcement dela pratique. FORMATION CONTINUEQuelque 35 instituts de formation continue tra-vaillent en lien avec l’enseignement catholiqueflamand. Le gouvernement met des « chèquesde formation » à la disposition des professeurs. Quelques thèmes abordés en 2007 :– pour l’enseignement fondamental : l’inté-gration du plan de développement et du plande travail du cours de religion ; philosopheravec des enfants ; la professionnalisation deschefs d’établissement ; le tutorat ; l’éducationesthétique ;– pour l’enseignement secondaire : l’accent estmis sur des formations d’équipes, sans oublierles formations individuelles. Au programme :la religion, le projet éducatif et pastoral, les jour-nées de retraite ; croître en spiritualité profes-sionnelle ; le deuil à l’école. En projet : l’éva-luation, les nouveaux professeurs, la participationdes élèves, l’accueil de la diversité à l’école... – pour l’enseignement spécial : l’autisme, la législation, les objectifs éducatifs.FORMATION DES NOUVEAUX DIRECTEURSEn Flandre, il n’y a pas de concours pour leschefs d’établissement. Ceux-ci, après leur dé-signation par le pouvoir organisateur, suiventdurant trois ans (à raison de 33 jours par an)une formation dispensée par un centre relié àl’université d’Anvers.

Dimension européenneComme tout le monde en Belgique est d’ac-cord pour constater que l’influence de l’Unioneuropéenne devient de plus en plus grande,également pour l’enseignement, le VSKO dis-pose d’une équipe qui se consacre à la dimen-sion européenne, suit l’actualité de l’Union dansle domaine de l’éducation et participe auxgrands projets européens. Des experts conseillentles établissements scolaires voulant participerà des projets européens. L’équipe elle-mêmemonte de tels projets reconnus parmi lesmeilleurs par la Commission européenne. Citons le cycle annuel de conférences du réseau « The Treasure Within » et deux initiatives

internationales sur l’apprentissage des langues :Tabasco (Task-Based School Organisation for the Acquisition of Languages) et Formacom sur le développement de pédagogies innovantes del’enseignement du français langue étrangère.

PastoraleLe service de pastorale scolaire publie réguliè-rement des brochures sur les temps liturgiques,les retraites, l’identité de l’école catholique, descahiers d’animation (souvent dédiés à un thè-me annuel), des informations sur l’éducationà la solidarité, sur le cours de religion, sur laperte et le deuil… L’offre est complétée par lesfédérations de l’enseignement fondamental,spécial ou supérieur et par les diocèses deFlandre. Piet Raes gère un projet d’appro-fondissement de l’identité chrétienne desécoles, baptisé De traditie van de toekomst (Latradition de l’avenir).

Questions d’avenirIl n’échappera pas au lecteur attentif que lepourcentage élevé d’élèves dans les écoles ca-tholiques flamandes ne correspond pas au nom-bre de Flamands croyants, sans parler des catholiques pratiquants. D’une part, cela témoigne du fait que les écolescatholiques sont ouvertes à tous ceux qui sous-crivent à leur projet éducatif. L’école catholiqueest, en outre, pour beaucoup de jeunes, le seullieu où ils rencontrent encore l’Église. En Eu-rope, cela n’est pas toujours estimé à sa juste va-leur dans les milieux ecclésiaux. Précisémentcomme si l’on ne réalisait pas suffisamment com-bien notre population scolaire est plurielle. D’autre part, ce grand nombre d’élèves en-traîne aussi quelques problèmes. C’est la tran-sition rapide d’un réseau prospère, surtoutd’écoles secondaires diocésaines ainsi que d’écolescongréganistes, principalement pour filles, versdes établissements entièrement aux mains delaïcs. Entre-temps, à peu près toutes les écolessont devenues mixtes. La formation des laïcsse fait de façon intensive. Mais ce n’est pas tou-jours évident. Bon nombre d’écoles primaires étaient géréespar des petites congrégations religieuses fémi-nines qui ne disposaient pas des moyens suffi-sants pour former les laïcs appelés à reprendreleurs établissements tout en conservant le cha-risme propre aux fondatrices. De plus, de nom-breuses fusions ont été opérées ; ce qui a per-turbé la culture religieuse et pédagogique deces écoles. On peut également se demander si l’on par-vient à former les membres laïcs des pouvoirsorganisateurs de façon satisfaisante pour rem-plir leur tâche. Ce sont eux qui, en fin de comp-te, nomment les directeurs et les enseignants.Depuis des années, des efforts considérablessont fournis pour renforcer l’identité des écoles,

CONTACTSpDirection générale du VSKO : Mme Mieke Van Hecke, Guimardstraat 1, B – 1040 Brussel. Tél. : +32 2 507 06 81. E-mail :[email protected] - Internet : http://ond.vsko.bepDimension européenne de l’enseignement catholique flamand : M. Rudi Schollaert, VSKO, Guimardstraat 1, B – 1040Brussel, Tél. : +32 2 507 07 82. E-mail : [email protected] pPastorale scolaire : M. André Janssens. Tél. : +32 2 507 07 74.E-mail : [email protected] d’élèves : Vlaamse Confederatie van Ouders en Ouderverenigingen, Interleuvenlaan, 15 A, B – 3001 Heverlee.Tél. : +32 16 38 81 00. E-mail : [email protected]

Sint-Pieterscollege (Jette).

aussi bien par le Secrétariat de l’enseignementcatholique flamand que par les diocèses et lescongrégations. Il y a deux ans, une personnea été désignée pour aller d’école en école afind’assurer un accompagnement des équipes en-seignantes sur cette question. Le nombre d’enfants d’immigrés, surtout d’ori-gine marocaine, est important dans les écolesprimaires de Bruxelles, Gand, Anvers et Has-selt – dans certaines, ils peuvent représenterjusqu’à 90 % des élèves. « Dans vos écoles, vousparlez au moins de Dieu et beaucoup de vos va-leurs nous sont communes », disent les parentsmusulmans. Étant donné que, dans l’enseignement primaire,le programme inclut deux heures de cours dereligion catholique par semaine, des problèmespeuvent surgir si l’enseignant est musulman ous’il a, au fil des années, perdu la foi. Une ré-flexion s’impose. D’autant que certaines écolesprimaires catholiques ont proposé des cours dereligion coranique parce que les parents mu-sulmans qui en faisaient la demande étaient deplus en plus nombreux. Même si cette tendanceest en recul, la question reste posée. On ne peutpas oublier que dans l’enseignement officiel enBelgique, les élèves ont le choix entre des coursde toutes les religions reconnues, et qu’ils peu-vent, s’ils le souhaitent, opter pour un coursd’éthique. D’où cette question qui revient sou-vent dans le débat : « Si l’on offre des cours dereligion coranique dans les écoles catholiques, pour-quoi pas aussi des cours d’autres religions ? Etbientôt ne va-t-on pas aussi demander d’avoir deuxheures d’éthique ? »Terminons sur un aspect juridique avec le conflitassez rude entre la participation des étudiantsdans l’enseignement universitaire catholique etla liberté de l’enseignement. En effet, un arrêtrécent de la Cour d’arbitrage omet le libre choixdu personnel par les pouvoirs organisateurs maisréaffirme pourtant le principe de la liberté d’as-sociation. Affaire à suivre pour le secondaire etle primaire. k

1. Secrétaire général du Comité européen pour l’enseignementcatholique.2. En Flandre, comme dans les autres régions, l’enseignementofficiel est organisé soit par la Communauté, soit par les pro-vinces, soit par les communes. L’enseignement libre est confes-sionnel (essentiellement catholique) ou non. Quant aux écolesprivées, elles ne reçoivent aucune subvention.

D.R

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44 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

nombreux établissements et res-ponsables de l’Église de cetteterre des lieux saints ont ac-cueilli cette délégation avec au-thenticité et réalisme. Il n’y a eu,de part et d’autre, ni fiorituresni envolées grandiloquentes,mais l’expression d’un désir, ce-lui de dire qui nous sommes,comment nous écouter, com-ment nous parler et commentconstruire ensemble des passe-relles d’avenir. La présence deFatima Le Cour Grandmaison,attachée de coopération pour lefrançais au consulat général deFrance à Jérusalem, et de Séve-rine Laville, coopérante, fut es-sentielle pour apprécier les exi-gences éducatives et humainesdes établissements visités.

Diversité des appartenances reli-gieuses, Territoires palestiniens –« véritables prisons à ciel ouvert », nousdiront de nombreux jeunes –,communautés chrétiennes endéclin, émigration massive, isole-ment des établissements scolaireset difficultés de fonctionnement,recherche constante d’équilibrepolitique, social et économique,sentiment d’inquiétude et depeur, chacun se sentant le terro-riste de l’autre, notamment entreJuifs et Palestiniens... Au milieude cette situation d’une grandecomplexité, éducateurs et jeunesont tenu à exprimer la confiancequi les anime. Confiance dans une école quipropose de comprendre et deconnaître, l’école étant considé-

Comment lancer unedynamique qui lie lesécoles catholiques d’Israëlet des Territoirespalestiniens à celles de France ? Ce lien estd’abord celui de lafrancophonie, a constatéune délégation de l’enseignementcatholique, partie enfévrier 2008 visiter lesécoles du Réseau Barnabé.C’est aussi celui de laconfiance que les jeunes et les éducateurs rencontréssouhaitent partager avectous ceux qui portent uneespérance de paix.

GILLES DU RETAIL

Le 28 février 2008, à l’issue du voyage.

En lançant l’an dernier leRéseau Barnabé (cf. enca-dré, p. 45), la direction dio-césaine de Paris envisageait

de développer des actions de so-lidarité auprès des établissementschrétiens d’Israël et des Territoirespalestiniens avec le souci réel d’ysoutenir la francophonie. Un an après, du 21 au 29 février2008, vingt-cinq personnes(chefs d’établissement, membresde la direction diocésaine de Pa-ris, représentants des parentsd’élèves, et le secrétaire généralde l’enseignement catholique)sont partis à leur rencontre. De

rée comme un véritable soclede construction de la société etde la promotion sociale. « Ici ilfaut avoir de la patience. L’édu-cation, c’est l ’essentiel ! Oncherche à nous aider en politiqueou avec de l’argent, mais l’édu-cation est l’avenir de ce pays », arappelé le père Émile Shoufani,curé de l’église grecque-catho-lique melkite de Nazareth et fon-dateur de l’école Saint-Joseph.Pour Suleiman Rabadi, direc-teur du collège des Frères à Jérusalem : « Nous devonsconstruire des jeunes qui n’ontpas peur d’un avenir qu’ils doi-vent bâtir ensemble… La réussited’une personne, c’est la réussitede tous. » Confiance dans une école quiéduque dans le temps scolaire ethors de celui-ci. À la suite descours, donnés généralement de8 heures à 14 heures, de nom-breuses activités sportives et culturelles sont proposées auxélèves. « Notre collège est au cœurde son quartier. Il offre des activi-tés éducatives, sportives et cultu-relles complémentaires à son ac-tion scolaire pour toute la popula-tion environnante. Les parentseux-mêmes sont accueillis pources activités », a expliqué le frèreAlbert Alonzo devant une pisci-ne qui reste malheureusementen construction depuis plusieursannées.

Ramallah. Les élèves de l’école Saint-Joseph chantent sous le regard attentif de Gilles du Retail.

Bâtir des ponts et non des murs

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Impressions de voyageIsraël & Palestine

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Confiance dans une école quidonne à chacun des moyens decomprendre et d’accepter l’autretel qu’il est. Comment ne pas êtreinterpellé par cette volonté deprise en compte de la vie reli-gieuse des différentes commu-nautés, chrétiennes et musul-manes notamment ? Parmi les très nombreux propostenus sur ce sujet, nous citeronsceux du père Raed, curé de Tay-beh : « Nos écoles accueillent desmusulmans. C’est une manièred’être éduqué à la coexistence pa-cifique avec une même aspirationde paix et d’indépendance… Nosécoles assurent la catéchèse maisaussi un programme interreli-gieux pour permettre aux élèvesd’échanger. »Confiance dans une école qui ac-compagne une jeunesse qui estmarquée par les conflits, les bles-

sures, les ruptures mais sait aussiles dépasser pour exprimer avecforce sa détermination à penseret à construire une société qui ré-vèle l’humanité. « Pour nous lesoldat israélien, c’est l’ennemi,l’occupant ; pour lui nous sommestous des terroristes potentiels !Comment reconnaître notre hu-manité d’un côté comme del’autre. Cela passe par la ren-contre d’homme à homme ! Il n’ ya pas d’accord de paix possiblesans la réconciliation des cœurs !Il faut “s’apprivoiser” ! Pour cela, il faut du temps », a lancé lepère Raed.

Confiance dans une école quioffre aux jeunes la possibilité des’inscrire dans le temps et dansla durée. Leur dimension reli-gieuse – l’identité de chacun semanifeste en effet par l’apparte-nance religieuse –, les porte à sesituer comme des passeursd’une énergie qu’ils puisent auplus profond d’eux-mêmes. Elle leur donne l’occasion des’inscrire dans l’écriture dugrand livre de l’expérience spi-rituelle. « Nous vivons les fêtes ensemble,chrétiens et musulmans… Noussommes arabes, chrétiens ou mu-sulmans et citoyens d’Israël, cequi est un défi permanent. Il fautdonner aux jeunes le sens des ap-partenances plutôt qu’une identi-té fermée… Notre but : connaîtrel’autre. L’autre existe, il vientchez moi, on discute et on établitdes projets ensemble… Maischaque fois qu’on oublie quel’autre existe… ou qu’on négocieson existence, il y a barbarie etnégation de l’autre. C’est valablepour tous. On ne cherche pas àmesurer les résultats, c’est lecontact personnel et gratuit quicompte, la relation humaine quiest première. L’unité arrivera parle dialogue, pas par le dogme ; ledésir d’unité est déposé en chaquehomme, et il faut nous regarder àpartir de ce principe qui est unacte de foi ! » a souligné le pèreShoufani.C’est dans le tissu des relationsvécues entre les personnesqu’adultes et jeunes nous ontmontré le sens de leur appétitd’espoir. « Je rêve de liberté / Jerêve de voyager / Je veux la fin dela guerre / Je veux libérer ma ter-re / Je rêve de sécurité / Je rêve derecevoir les enfants du monde en-tier / Et que tous les souhaitssoient réalisés », ont chanté les

5.6. 7. 8.

Légendes1. Jérusalem : la Ville Sainte.2. Basilique de l’Annonciation à Nazareth.3. Mur des Lamentations. 4. Rencontre avec Mgr Michel Sabbah,patriarche de Jérusalem.5. Le monastère de la Quarantaine,accroché au mont de la Tentation.6. Le père Émile Shoufani à Nazareth. 7. Méditation au-dessus du lac de Tibériade.8. Le « mur de séparation » au check-pointde Béthléem : « [...] Même si le monde mesépare de toi, / Entends l’écho de ma voix, /Même si je dors sans te voir, / N’oublie pasnotre histoire [...] » (Habibi, chanson desélèves du collège des Sœurs de l’Apparitionde Bethléem).

tEn contact régulier avecle service de coopéra-

tion et d’action culturelle duconsulat général de France à Jéru-salem, le « Réseau Barnabé »,créé à l’initiative de la directiondiocésaine de l’enseignementcatholique de Paris, aide les éta-blissements catholiques de Fran-ce et de Terre Sainte à coopérer. Il a notamment pour objet :– de faire connaître la vie des éta-blissements scolaires de Terre Sain-te et leurs attentes en matière decoopération ;– d’établir des partenariats du-rables entre établissements au-tour de projets pédagogiques etéducatifs ;– de mutualiser les expériencesde coopération réussies et demieux faire connaître les parte-nariats existants ;– de mobiliser les communautéséducatives françaises pour desopérations de soutien excep-tionnelles ;– d’accompagner la coopérationà distance entre enseignants, laformation continue et les expé-riences d’expatriation.

Sur internet : www.reseaubarnabe.org

élèves du collège des Frères de laSalle à Jérusalem. Ainsi, pour le groupe venu deFrance, très rapidement la ques-tion ne fut plus quoi leur appor-ter mais comment se rencontrer ?Même si des actions de soutien oud’apport de moyens sont à imagi-ner et à mettre en œuvre1, elles nepeuvent se concrétiser qu’au tra-vers d’un souci de réciprocité. Auterme de ce voyage, il n’est pasvain de dire que les valeurs de lafrancophonie fondée sur la liber-té, l’égalité et la fraternité sontparticulièrement vécues par lesjeunes des établissements rencon-trés et sont une source de ré-flexion pour nos communautéséducatives.

Attitude éducativefondatrice Michel Sansour, directeur du col-lège des Frères à Bethléem, avoulu préciser le sens de la fran-cophonie : « Nous ne sommes plusdans une logique de défense de lalangue française mais de promo-tion de toutes les langues. Il fautmontrer que le français n’est passeulement la langue de la bour-geoisie mais qu’il est utile dans lemonde. Les élèves sont isolés et ilfaut les sortir de leur ghetto. Sivous êtes intéressés par l’enseigne-ment du français, il faut fairequelque chose sinon il n’y auraplus rien ! Le français c’est unehistoire, une culture, toute une ci-vilisation que nous ne voulons pasperdre. L’anglais est utile, certes,mais le français reste essentiel pourla formation humaine. La franco-phonie est un héritage de civilisa-tion au service d’une communautéfragilisée. » À l’issue de leur voyage, les visi-teurs ont été surpris par l’exem-

« On cherche à nousaider en politique

ou avec de l’argent, mais l’éducation

est l’avenir de ce pays. »

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46 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

Impressions de voyage

Sur la route

CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLETECHNIQUE, JÉRICHO

uLe Centre de formation de Jéricho a ouvert en 1952 avec pour but,

initialement, de former les jeunes Palestiniensréfugiés. Depuis lors, des milliers de réfugiés et de jeunes en difficulté ou défavorisés ont étéformés et diplômés grâce au Centre. Celui-cipropose des formations professionnelles pratiques adaptées à la demande du marchédu travail. En conséquence, 70 % des apprentis-étudiants trouvent un emploi dans leur domaine de spécialisation dans les six moissuivant la fin de leur formation.Le Centre forme aussi des futurs formateurs. Il fait figure de modèle dans les Territoirespalestiniens. C’est aussi le premier, et le seul,à offrir de telles formations pour les femmes.

ÉCOLE MATERNELLE DU PETIT PRINCE, BETHLÉEM

uSituée à l’entrée de Bethléem, l’écoledu Petit Prince est un projet pilote

qui vise à scolariser des enfants palestiniens dans le système scolaire français et à proposer des échanges pédagogiques sur les pédagogies nouvelles avec les professeurs palestiniens. Le Petit Prince propose une éducation nouvelle – par rapport au système éducatif palestinien –basée sur le partenariat avec l’enfant, le développement de ses potentiels, sa créativité, son estimede soi, sa confiance en ses capacités et la qualité relationnelle avec un adulte. L’école a pour projetla mise en place d’un centre de ressources francophones et de stages de formation continue destinés aux enseignants. Projet qui vise aussi à créer des échanges sur les pratiques des pédagogies nouvelles avec les enseignants du système éducatif palestinien.

COLLÈGE DES FRÈRESDE LA SALLE, BEIT HANINA

uL’établissement abesoin d’argent pour

construire un complexe sportif,dont une piscine en chantier,qui servirait aux élèves et à lacommunauté en dehors despériodes de cours. Mais aussiparce qu’il veut aider lesparents d’élèves qui n’ont paspu s’acquitter des frais de scolarité cette année, du fait de l’interruption du versement des salaires, de l’augmentation du chômage et de la crise de l’emploi.

ÉCOLE DES SŒURS DU ROSAIRE,BEIT HANINA

uL’école, située sur une zone du tracédu Mur israélien, a dû entamer une

action en justice pour que le tracé soit modifiéet passe derrière l’établissement. Les élèvesvenant de Jérusalem ont la carte d’identitéisraélienne, et d’autres venant d’Abus Dis, de Ramallah ou de Bethléem doivent obtenirdes autorisations de passage.Par ailleurs, la plupart des professeurs de français n’ont pas un niveau de formation égalà la licence (BA), en conséquence le ministèrede l’Éducation palestinien ne les considère pasau même niveau que leurs collègues…, d’oùle besoin de certifications officielles.

ÉCOLE LATINE, TAYBEH

uL’école accueille pour des missionsde deux ans des volontaires de

la Délégation catholique pour la coopération(DCC) enseignant le français. Elle organisechaque année une session d’été autour dufrançais pour les élèves de la paroisse etpour les élèves préparant le diplôme d’étudesen langue française (DELF). L’école a besoinde volontaires pour animer les camps et les activités ludiques et pédagogiques autour du français.Cette année, pour la première fois, un groupede 10 élèves va être reçu en France dans des familles d’accueil à Paris et Avignon et en camps de jeunes à Lourdes. Ce projet estfinancé par le consulat général de France. Des échanges de jeunes et des voyagesfrancophones comme celui-ci sont trèsimportants pour motiver les élèves et leurmontrer, ainsi qu’à leurs parents, l’utilitépratique du français. L’établissement souhaiteque cela se renouvelle. C’est aussi uneopportunité d’ouverture sur le monde et surd’autres cultures, francophones en particulier...

ÉCOLE LATINE DES SŒURS FRANCISCAINES,JÉRICHO

uÀ Jéricho, la population chrétiennese limite à une centaine de familles.

Depuis 1967, l’émigration a été forte.Le besoin d’un soutien financier en généralet d’un soutien des écoles françaises pourintroduire le français est plus que jamaisd’actualité.

Cette école, en crise financière, ne reçoitaucune aide publique. Elle a été « adoptée »par l’enseignement catholique de Paris pourlui venir en aide et engager une coopérationde longue durée. L’école souhaiterait recevoirdes volontaires régulièrement. Elle veut ouvrirdes classes de français, langue quiactuellement n’est pas enseignée faute de professeurs. Si l’établissement proposaitl’enseignement du français, cela ledistinguerait des écoles gouvernementales de la région, et l’ouvrirait à un public pluslarge. Ce serait un atout supplémentaire.

plarité de la tenue des établisse-ments du « Réseau Barnabé ».Dans ce domaine de nombreuxétablissements français auraientdes leçons à prendre ! Chacun apu apprécier l’accueil et la dispo-nibilité des éducateurs et desjeunes. Mais le groupe a été en-core plus ému par l’exigence deliberté, le désir de paix, le respectque les jeunes se portent, ainsique la confiance et la fraternitétémoignées. Plus qu’un réseau, « Barnabé »nous porte vers une attitude édu-cative fondatrice, à développerau cœur de chacune de nos com-munautés éducatives. Une attitude qui rejoint la ré-flexion des assises de l’enseigne-ment catholique de France consi-dérant chaque personne commeune histoire sacrée. Une attitude qui vise à permettreà chacun de relire son action àl’aune de la Terre Promise qui,malgré les conflits entre leshommes, révèle l’appel de Dieu àla reconnaissance, à la confianceet à l’espérance.

1. Expertise pour des lycées professionnelscomme celui de Jéricho, création de mé-thodologies d’apprentissage du français, en-voi de livres, dialogues entre jeunes via in-ternet, lancement de voyages culturels enFrance, recherche de financements…

uLe titre de ces quatre pages est inspiréde ces paroles du pape Jean-Paul II :

« La Terre Sainte n'a pas besoin de murs mais deponts ! » (Angélus du 16 novembre 2003).

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« Comment naissent les colombes »

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N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 47

Comment agir ?Parmi lesprojets decoopé ra -tion péda-gogique, lesp e r s p e c -tives envi-sageablessont les sui-vantes :– envoi ouaide à l’acquisition de livres illustrés, romans, publications jeunesse... ;– partage d’outils pédagogiques pourl’enseignement du français langueétrangère ;– réalisations pédagogiques sur un thè-me commun, permettant une meilleu-re connaissance de la diversité des deuxcultures, en s’inspirant par exemple desobjectifs des actions Comenius ;– échanges entre classes ou entreélèves dans le cadre de la classe, enparticulier sous la forme de partena-riats électroniques. Les établissements attendent égale-ment l’aide d’enseignants pour l’en-seignement du français… D’autresservices d’animation socioculturellesont aussi à rendre dans les établisse-ments et dans les paroisses. Certainesproposent, par exemple, des sessionset des camps d’été où les animateursfrançais sont bienvenus. Les besoinsde formation continue des ensei-gnants sont très importants. Le servicede coopération et d’action culturelledu consulat général de France met enœuvre un plan de formation continue,et un certain nombre de stages de for-mation en France sont proposés.La situation économique dans les Territoires palestiniens permet de moinsen moins aux familles de contribuer aufonctionnement des établissementsscolaires. Beaucoup ne peuvent pluss’acquitter des frais de scolarité. Le paie-ment des enseignants est parfois in-terrompu.

FATIMA LE COURGRANDMAISON, attachée

de coopération pour le français auconsulat général de France

à Jérusalem.

COLLÈGE DES FRÈRES DE LA SALLE, VIEILLE VILLE DE JÉRUSALEM

uLes élèves sont chrétiens et musulmans. 1 % d’entre eux habitent

hors du district de Jérusalem. Ils ont l’identitéisraélienne ou des permissions à moyen termeet à horaires limités. De même, pour certainsprofesseurs… Depuis 1989 et la première Intifada, les cours (de 8 heures à 14 h 30) se terminent plus tôt et se déroulent en continu sans pause déjeuner.

ÉCOLE SAINT-JOSEPHDES SŒURS DE L’APPARITION, BETHLÉEM

uÀ Noël 2007, dans le cadre d’uneaction du consulat général de France,

la classe de terminale a bénéficié d’un voyagefrancophone à Paris et dans le nord de la France, pour donner une série de concertsavec le chanteur Hervé Demon. Les élèves ont été accueillis dans les famillesd’élèves de Notre-Dame-de-Sion à Paris. Un temps d’échange en classe et des visitesculturelles ont réuni élèves français et palestiniens.

ÉCOLE LATINE, RAMALLAH

uLe Père Akhtam souligne les difficultésmatérielles auxquelles l’école fait face.

L’enseignement du français langue étrangère(FLE) est très dynamique grâce aux deux professeurs qui travaillent par projet, mais ils ne sont pas assez nombreux. Les enseignantessont demandeuses d’aide méthodologique et de ressources pédagogiques. Citons Lara Malki,très intéressée par un stage d’observation et un stage professionnel en France.

ÉCOLE SAINT-JOSEPH, NAPLOUSE

uDans cette école, un programmeintensif de français est dispensé

à raison de 5 périodes (de 45 minutes) parsemaine par deux professeurs de français etune documentaliste qui enseignent aussi aucentre culturel français de la ville. Le françaisest une matière obligatoire comme dans toutesles écoles du réseau de Saint-Joseph. L’établissement est en demande d’échangesscolaires avec ses élèves à partir de la classe de 6e (voyages ou correspondance par e-mails).L’idée de créer un blog commun est à exploiter.L’école dispose d’une salle avec ordinateurs et connexion internet, même si l’équipement est ancien et limité.L’école a aussi besoin de ressources pédago-giques : livres classiques jeunesse, imagiers,comptines (en livres ou en CD) pour les pluspetits et manuels de FLE.

ÉCOLE SAINT-JOSEPH, RAMALLAH

uL’école souligne que la participation à des journées de la francophonie est trèsimportante pour la motivation et la créativité des enfants, mais que cela a un

coût non négligeable pour l’établissement (costumes, CD, décors, etc.).

ÉCOLE ÉVANGÉLIQUE, RAMALLAH

uL’école encourage les activitésextrascolaires : chorale,

arts plastiques, lecture, dansetraditionnelle… La direction organisedes rencontres régulières avec lesparents d’élèves. Une majorité d’élèvesvont à l’université. Cependant, après lesquatre années d’études, les débouchéssont faibles sur le marché du travail etles familles n’hésitent pas à quitter larégion pour cette raison… Toutes les économies sont importantes : le chauffage est coupé ;des dépenses ordinaires prévues et pourtant nécessaires, tel le rafraîchissement des façadesdes locaux ou des travaux d’agrandissement, sont gelées. Le français s’enseigne en heuressupplémentaires. Pour les bons élèves, apprendre le français reste un atout majeur dans leur cursus. Pour les autres, ces heures s’ajoutent au volume horaire déjà chargé. La motivation est difficile à garder. Pour cette raison, les professeurs n’imposent pasd’examen ni ne demandent des devoirs conséquents à la maison, surtout pour les petitesclasses. Il y a un manque de professeurs de français et d’enseignants formés à la pédagogiepour les petites classes pour organiser des activités ludiques autour du français.

L’EXIL DES CHRÉTIENS D’ORIENT1

uLes jeunes chrétiens, très souvent, poursuivent leurs études supérieures à l’étranger face aux perspectives réduites d’accès au marché du travail et

au choix limité de filières universitaires accessible aux Palestiniens. Ils forment l’importante « diaspora » des Palestiniens en général et des chrétiens en particulier.Pour exemple, en 1950, Ramallah était 100 % chrétienne, et la commune proche, Al Bireh, 100 % musulmane. Aujourd’hui, la situation s’est inversée : Ramallah compte80 % de musulmans et seulement 20 % de chrétiens. La mixité des confessions dans une même famille se développe. Le modèle de la famille suit de plus en plus le modèle occidental. La famille est réduite…

1. Résumé de la conférence de Thomas Meyer, Père Blanc à Sainte-Anne, sur « les chrétiens d’Orient ».

ÉCOLE HERMANN GMEINER SCHOOL(SOS VILLAGE), BETHLÉEM

uL’école fait partie du réseau desécoles SOS Villages d’Enfants qui est

une des plus grandes institutions privéessociales de développement pour les enfantsorphelins ou abandonnés. À Bethléem, 370 enfants y sont accueillis.

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Les textes réunis sous le titre « Sur la route » sont extraits du compte

rendu sur la visite de la délégation de l’enseignement catholique de France

au réseau des écoles du patriarcat latin et desécoles chrétiennes des Territoires palestiniens,rédigé par Fatima Le Cour Grandmaison.

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48 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

Orthographe, à qui la faute ?

Réflexion

Avingt ans de distance, nous avonsmené une évaluation du niveau or-thographique des jeunes Français.Nous avons comparé celui de 1873à celui de 1987, puis dans le second

cas, l’évolution entre 1986-1987 et 2005.La bonne fortune à l’origine de la recherche1986-1987 fut la découverte, aux Archives na-tionales, d’un stock important d’une dictéeque nous appellerons « Les arbres3 ». Elle avaitété administrée par un inspecteur d’académiesur tout le territoire français d’alors. Nousavons à notre tour, avec de considérables pré-cautions méthodologiques, dicté ce même tex-te à 3 000 élèves d’un échantillon représentatifentre 1986 et 1987. Les résultats, et ce n’est pasfait pour étonner, avaient monté de manièresignificative. L’objectif de cette première recherche était departiciper au débat sur la baisse du niveau : dé-bat récurrent qui intervient toujours aprèsune étape dans la démocratisation (c’était alorscelle de la généralisation du collège unique).Mais notre intérêt était aussi de type linguis-tique : nous voulions savoir comment s’étaitfaite, entre 1873 et 1987, l’acculturation à lalangue française écrite, alors que dans le mê-me temps l’école avait considérablement ou-vert les objectifs de l’enseignement du françaisen un siècle (lecture autonome, rédaction) etconsacrait moins de temps aux apprentissagesformels. Nous voulions contribuer à la des-cription du système linguistique qu’est l’ortho-graphe, déterminer les zones de moindre ré-sistance de l’orthographe, celles que l’usage finirait pas imposer. Les erreurs ont donc étéanalysées dans une double perspective, quan-titative et qualitative. Puis vint la dictée « Les arbres », version 2005-2006. À la suite d’un travail mené en 2000-2003, avec une équipe de jeunes professeurs decollège sortant de l’IUFM4, j’ai fait un constataccablant sur l’état de la langue de nombred’élèves de collèges de zones d’éducation prio-

ritaire (ZEP). Je pensais qu’il fallait en témoi-gner, en raison des effets de dissimulation decette situation induits par le poids mineur ac-cordé aux aspects proprement linguistiquesdans les évaluations nationales (orthographe etponctuation, morphosyntaxe)5. Partant del’idée que la maîtrise de la langue est un conti-nuum ; que les difficultés connues des élèves deZEP ne sont que l’amplification des difficultésde tous les élèves, j’ai pensé utile de vérifier avecun étalon fiable ailleurs qu’en ZEP cette dégra-dation de l’orthographe, que je supposais.

Un révélateur et un outilLes critiques qu’on a pu faire sur le caractèredémesuré de l’intérêt attribué à l’orthographedans la tradition scolaire ne doivent pas mas-quer son rôle dans les activités de constructionde la langue écrite : l’orthographe est un révé-lateur et un outil des acquisitions scolaires depoints de vue multiples. Elle impose de penserla distance entre la langue orale et la langue

écrite ; dans l’orthographe se mesure la capaci-té à respecter des normes, celles évidemmentdu système de l’écrit, mais bien aussi une nor-me symbolique profondément valorisée dansle corps social. Et, quelles que soient les cri-tiques qu’on puisse porter sur sa complexitéinutile, eu égard à la fonction qu’elle doit assu-rer, l’orthographe oblige à mettre en œuvre dela part des élèves qui l’apprennent à l’école,des processus réflexifs, de nature métalinguis-tique, du type de ceux qui sont à l’œuvre dansla plupart des apprentissages scolaires…

En tant que telles, les activités orthogra-phiques à l’école, bien au-delà de l’acquisitiondu savoir orthographique, constituent un desaspects du rapport à la langue écrite, versantcomplémentaire de la lecture dans l’ensemblede compétences nommé souvent « littératie ».Cette position ne revient pas à donner à l’or-thographe un statut privilégié parmi les activi-tés et compétences en langue, mais celui d’unindicateur qui la dépasse. C’est ainsi que j’aiproposé de renouveler l’évaluation de l’ortho-graphe des adolescents scolarisés dans l’écoleobligatoire, en 2005, à l’identique de celle de1987, pour permettre la comparaison, cettefois en compagnie de Danièle Cogis, ensei-gnante en IUFM, et de Michèle Dorgans etChristine Tallet, professeurs des écoles. Nos résultats ? Les scores sont proportionnelsau nombre d’erreurs : un score de 24 pointscorrespond à 12 erreurs de 2 points (tous lestypes, sauf les erreurs de signes orthographiquesqui ne « pèsent » qu’un point). Chaque élève adonc obtenu un score ; le graphique qui suit pré-sente l’évolution des scores moyens par classe.Ces scores sont beaucoup plus lourds en 2005

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Danièle Manesse Professeur à l’université Paris-III - Sorbonne-Nouvelle

Danièle Manesse est professeur à l’université Paris-III - Sorbonne-Nouvelle. Le 10 mars dernier, elleprésentait à l’ISP1 les résultats de la recherche qu’elle a publiée sous le titre : Orthographe, à qui la faute ?2.

Voici un résumé de sa conférence sur le niveau orthographique des élèves du CM2 à la troisième.

La lecture est, en tout état de cause, la source active de l’orthographe d’usage.

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dont l’importance s’accroît avec l’avancée dansle cursus scolaire, est, en tout état de cause, lasource active de l’orthographe d’usage. Ce-pendant, quelque chose semble s’installerdans la pratique de l’orthographe lexicale : lerecours spontané à des formes ni normées nimonstrueuses, qui poussent à la régularisa-tion de l’orthographe dans ce qu’elle a deplus anarchique : les doubles consonnes, lesfinales muettes, certainement, avec les lettresd’origine grecques, les seules zones qui pour-raient, si une volonté y poussait, faire l’objetde simplifications6. Mais la société françaisen’en est pas là.

Des choix à faireComment comprendre la régression en vingtans ? Les facteurs sont divers. Le temps accor-dé à l’enseignement du français dans l’écoles’est réduit durant ces années. De plus, la natu-re du travail sur l’orthographe s’est modifiée :depuis 1995, les textes de l’enseignement pri-maire déconseillent les apprentissages systé-matiques, la mémorisation, les exercices répé-titifs. Dans le même temps, depuis 1996, lesprogrammes du collège ont été aspirés « versle haut », privilégiant les activités métatex-tuelles. Nous sommes présentement dans unmoment de turbulence, puisque de nouveauxprogrammes sont en discussion. Les profes-seurs de collège vivent ainsi dans une tension,pour l’heure irrésolue, entre la conception an-cienne et discréditée de l’étude de la langue« pour elle-même », et celle de l’entrée dans lalangue par les textes. L’orthographe, dans les vagues des réorga-nisations curriculaires, est ainsi une sorte de« patate chaude » : l’école compte sur le col-lège pour la stabiliser, et le collège, centrésur la maîtrise du discours, la suppose engros acquise dans ses grandes lignes quandles élèves entrent en sixième. Il y a des choix à faire : peut-on, en effet, rai-

sonnablement vouloir que les ado-lescents sachent autant d’ortho-graphe qu’autrefois, alors qu’ilsdisposent pour cet apprentissagedifficile de moins de temps au-jourd’hui pour la comprendre etla mémoriser, et qu’on ne cessede charger l’école de nouvellestâches ? Ces choix sont du res-sort de la société qui mandatel’école pour ce qu’elle considèreêtre les savoirs fondamentaux.On ne peut se dispenser derapprocher cette question decelle du socle commun : cesmissions que la société confie àl’école en matière de savoirsexigibles de tous représen-

qu’ils ne l’étaient en 1987, c’est-à-dire que lesélèves d’aujourd’hui font beaucoup plus defautes qu’il y a vingt ans, et ceci à chaque ni-veau de la scolarité. Le score moyen en 2005est de 27 points, soit 13,5 fautes « lourdes » ; il était de 16 points en 1987, soit huit fautes.Les élèves de 2005, comme leurs aînés de1987, progressent en moyenne à chaque ni-veau scolaire, mais la progression est moinsrapide qu’il y a vingt ans : entre le CM2 et latroisième les élèves de 1987 divisaient par troisleur nombre d’erreurs, ils ne le divisent plusque par deux en 2005.

Progression des moyennes de classes (du CM2 à la 3e)

Pour ce qui concerne la nature des erreurscommises par les élèves, il apparaît d’abordqu’entre 1987 et 2005, les comportementsorthographiques n’ont pas substantielle-ment changé : la hiérarchie dans la réparti-tion des fautes selon les divers types restegrosso modo la même. Si en 2005 les erreurs grammaticales pèsent leplus lourd, comme c’était déjà le cas en 1987,leur poids dans l’ensemble des erreurs a faitun bond important entre les deux enquêtes etce sont elles, beaucoup plus nombreuses dès leCM2, qui plombent les résultats de 2005. Ceserreurs diminuent certes de classe en classe,en 2005 comme en 1987. Mais, tandis que lesélèves d’il y a vingt ans divi-saient par quatre le tauxd’erreurs grammaticalesentre le CM2 et la troisième,ceux de 2005 le divisent àpeine par deux. L’ortho-graphe lexicale ne départageque fort peu les cohortes de1987 et 2005, puisque la diffé-rence se fait essentiellementsur l’orthographe grammati-cale. À la différence de l’ensei-gnement de l’orthographegrammaticale, celui de l’ortho-graphe lexicale ne peut se fairesous forme d’apprentissages ré-glés, progressifs. La lecture,

Une norme complexepL’orthographe est plus qu’une matièrescolaire ; elle est un symbole des savoirsde l’école, sorte de métonymie de l’éco-le républicaine, notamment du fait de laplace qu’elle a occupée dans le (récem-ment) défunt certificat d’études dont ladictée fut un des piliers. p L’orthographe française est très com-plexe. On sait expliquer comment s’estconstruit sur cinq siècles le système brouilléde la transcription graphique du français*.La complexité de l’orthographe a deuxeffets antagoniques. Elle lui confère sonstatut de savoir populaire car sa com-plexité en naturalise les difficultés : com-ment mettre en cause un système auxrègles souvent impénétrables, hérité, quetout le monde a appris à grands frais, àl’école obligatoire dès la jeune enfance ?Dans le même temps, elle suscite l’indif-férence des spécialistes du langage qui larenvoient, non sans quelque raison, ducôté de la prescription, de la norme écri-te, manipulée par des interventions au-toritaires, celles de l’Académie française,de l’école et de grammairiens, lesquellesont contribué à la constituer en normeavec tous les effets qu’elle induit (fonc-tion de sélection et d’exclusion, marquede distinction, etc.). L’orthographe resteincontestablement un signe de distinc-tion sociale. DM

* Claire Blanche-Benveniste, André Chervel, L’orthographe,Maspero, 1969 ; Vladimir Grigorievitch Gak, L’orthographedu français - essai de description théorique et pratique, SELAF, 1976 ; Nina Catach, L’orthographe, PUF, coll. « Quesais-je ? », 1978.

tent, selon François Dubet, un « impératif deculture commune, [un] choix de justice fonda-mental car il préserve les plus faibles d’une dégra-dation de leur situation ». L’orthographe enfait-elle partie ? À mon sens, oui. k

DANIÈLE MANESSE

1. L’Institut supérieur de pédagogie organise chaque année,entre octobre et avril, huit soirées-débats. Contact : ISP, 3 ruede l’Abbaye, 75006 Paris. Tél. : 01 44 39 60 23.2. Danièle Manesse, Danièle Cogis (postface d’André Chervel)Orthographe, à qui la faute ?, ESF, 2007, 250 p., 19,90 €.3. André Chervel, Danièle Manesse, La Dictée - les Français et l’or-thographe - 1873-1987, Calmann-Lévy,1989, 288 p., 15 €. Com-paraison de deux ensembles de dictées, 1873-1987 - méthodologieet résultats, INRP, coll. « Rapports de recherches », 1989, 179 p. 4. Institut de formation des maîtres.5. Danièle Manesse (coordonné par), Le Français en classes diffi-ciles - le collège entre langue et discours, INRP, 2003, 128 p., 14€.6. André Chervel, postface à Orthographe, à qui la faute ? (cf.note 2).

Fautes

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50 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

Quels obstacles au dialogueentre les cultures ?

Réflexion

Le préjugéLe préjugé est peut-être lepremier obstacle au dia-logue, celui qui façonne lafrilosité, génère les amal-games, les discriminations etruine la rencontre de l’autre.Jugement aveugle, il est l’en-fant de l’ignorance et le com-plice de la suffisance. Nourrid’idées reçues, il s’épanouitdans l’expression d’opinionsaux allures de certitudes dé-laissées par la raison. Mûridans sa cécité, il se fabriqueun confort qui le prémunitde tout risque de déstabilisa-tion. Le préjugé sait, et sur-tout il sait mieux que l’autre,du moins, il l’affirme.Le préjugé colle les éti-quettes, favorise la confusionet assène des sentences.L’autre est ce qu’il en décide,pas ce qu’il est. Force despersonnalités faibles, il nedoit sa survie qu’à la virulen-ce de ses intolérances et à sa perception sta-tique des choses et des êtres. Sa viscérale radi-calité est à l’image de l’histoire et du milieu quilui offre l’asile : fermée, tout en rejet, étroite.Le préjugé ni ne reconnaît ni ne connaît. Ildispose et indispose.Le préjugé fuit le dialogue comme un danger qui menace le poids de son vide et compromet le confort de sa relation à soi.

L’indifférenceJumelle du « je-m’en-foutisme » dans sa for-me la plus négligée, l’indifférence défile dans

la vie en star de la suffisance, portant hautson non-intérêt pour tout ce qui ne me res-semble pas et ne partage pas mes valeurs, etson acharnement à préférer l’isolement àl’empathie. Nourrie de la peur de l’inconnu,l’indifférence sillonne les couloirs de l’égo-centrisme jusqu’à risquer la scène du mépriset de l’orgueil. « Je ne veux pas savoir » est sonleitmotiv que toutes les langues traduisentpar manque d’ouverture et rejet.Apatride, elle s’accroche à des repèresdont elle craint d’être éloignée par les faitset finit par se trouver une identité de fortu-ne dans la peur de l’inconnu. L’isolement constitue sa communauté dont leslogan crisse de négation de l’autre.

Convaincue qu’il n’y a pasde solution aux malheursde l’autre, l’indifférenceparle le silence et s’entendchanter le refrain du « c’estmieux chez nous ». L’indivi-dualisme est son porte-dra-peau qui refuse de s’incli-ner devant un autre qui nel’intéresse pas. À sa déchar-ge, la pauvreté matériellepeut l’avoir dessinée, etdans ce cas, l’indifférencequi ne vaut guère surl’échelle des valeurs a uncoût exorbitant.Ses œuvres ont l’allured’assassinats.Elle supprime, avec froi-deur, ce qui risque de la dé-ranger. Son arme est le dénichargé des balles du replisur soi. Son gilet la préservede l’investissement affectif,intellectuel et culturel.Prompte à se mettre à l’abri,elle se protège de la lumièredes faits en fermant les yeux

et se donne le droit de passer à côté.L’indifférence est transparente de son vide et opaque de ses refus. Elle ne rend pas difficile le dialogue, elle l’ignore, elle l’oublie, elle le vomit.

L’ignoranceObstacle au dialogue entre les cultures, elles’illustre dans des situations d’apparence va-riée mais toutes fédérées au même dénomina-teur de violence. On la repère dans les formesde retrait et de gêne. Son action est la réten-tion, son refuge est l’exclusion, et sa parole estsouvent celle du refus. Parce qu’il a honte de

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Pour construire la paix, le dialogue entre les cultures est nécessaire. Les ONG présentes à l’Unesco, et parmi elles l’Office international de l’enseignement catholique (OIEC),

nous livrent leur réflexion sur les obstacles à cet échange.

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ceux auxquels elle ne propose aucun fau-teuil. Dans ses impératifs de résultats, l’éco-nomie n’a que faire du dialogue avec qui nelui rapporte rien, les laissés-pour-compte…Guerre économique, conquête, les mots del’économie sont belliqueux. Ils courent lestranchées de l’inégalité injuste et lâchent lesballes de la volonté de pouvoir.Un partenaire est souvent un concurrent :au premier, le langage de la coopération, ausecond la langue de l’exclusion.Capable de faire et de défaire, de servir etd’asservir, l’économique se range surtout ducôté du toujours plus, décodage insolentd’une parabole des talents qui évoqued’abord les valeurs qui échappent aux tran-sactions, richesses silencieuses des sans-voix,ceux qui supplient d’avoir un droit de parole.L’économie de marché ruine le dialogue lorsqu’elle choisit desacrifier l’être au nom du seul avoir.

La religion dans ses dérivesLorsqu’elle révèle la grandeur d’un idéalcommun à une communauté d’hommes, témoigne avec authenticité de l’histoire quila fonde, se donne à comprendre et à vivredans le respect éclairé des textes fondateurs,s’offre comme guide de vie individuel et col-lectif, donne corps et sens aux traditions culturelles et cultuelles, garantit l’expressionde valeurs de référence respectueuses de laliberté et promeut une universalité fédératri-ce de générosité et d’ouverture, alors la reli-gion est un solide partenaire du dialogueentre les cultures.En revanche, lorsqu’elle confond témoigna-ge et prosélytisme, engagement et embriga-dement, convictions lucides et certitudesaveugles, rites honorés et contraintes impo-sées, communauté et secte, lorsqu’elle nedistingue plus le temporel et le spirituel, as-simile le profane et le sacré, brouille la fron-tière entre l’abnégation et la destruction etse perd dans un extrémisme aux règles autoritaires et sentencieuses, lorsque la reli-gion décrète ce que doit être la bonne gou-vernance politique jusqu’à s’arroger tous lespouvoirs, s’érige en vérité totalisante, s’oc-troie d’incarner l’Universalité et n’accordeaucune place au questionnement, elle se faitdérive, déviance, dogmatisme et rend im-possible tout dialogue.Une religion qui n’interroge plus les données de sa croyance et considèrela laïcité ou toute autre religioncomme une impiété, transforme le dialogue pour la paix en une terrebrûlée de violence.

ne pas savoir, l’ignorant choisit l’enferme-ment, revêt la parure du repli et légitime sa cé-cité en décodant la vie en termes de nuit.L’ignorance habite les tribunes des guerres duhaut desquelles elle visionne toutes les formesdu conflit.Née de l’obstination, souvent fille de la paresseintellectuelle ou de la pauvreté, sœur de lacrainte, elle se nourrit au grain de certitudesperçues comme d’irréfutables preuves qui ca-chent une incapacité à construire sa pensée etsomme toute, une incompétence. Victimed’un incontestable déficit d’éducation, elle senourrit de frustrations, d’exclusion et de refusde connaître.C’est dans l’autosuffisance qu’elle trouve lesconditions de son identité.Elle n’a que l’avenir de son présent, c’est-à-dire l’enfermement.Ses œuvres constituent un florilège de mani-pulations et de dépendances à l’égard d’au-trui. Silencieuse ou bavarde, elle édifie les picsde l’intolérance, entretient les cécités, rend im-possible la vitale transmission des mémoires etne donne à respirer que l’air des refus. Parceque je ne veux pas faire ce que je ne sais pas,parce que je ne sais pas, je ne veux pas croire,martèle-t-elle comme un slogan. L’ignorance inhibe l’action, freine lacommunication et gomme l’appétenceau dialogue.

L’économie de marché dans ses excèsUnivers des ressources privées et collectives,l’économie est le nerf de la guerre des fonc-tionnements. Elle n’a pas d’odeur, dit-on,mais se présente souvent comme un rouleaucompresseur sous lequel pointe la recherchedes profits au risque des inégalités. Davanta-ge sujet de dialogue que facteur de dialogue,elle peut en être un sérieux obstacle.Lorsque l’économie se pervertit dans lesscandales financiers, hisse la bourse au ni-veau d’une religion, s’adonne aux abus sanscraindre de semer l’appauvrissement, ré-duit la mondialisation à n’être qu’une plate-forme d’échanges financiers, alors elle laissesur son passage ceux qui n’ont pas les motsdes chiffres.Voulue comme base du mieux vivre en-semble et regardée comme force de progrès,dans ses excès, l’économie peut être aussicelle qui bouleverse les droits de l’homme,compromet la santé, foule les règles de labiodiversité et n’hésite pas à gaspiller aunom du profit. Certes, l’économie façonneles conforts, mais elle peut planter égale-ment le décor des exclus, c’est-à-dire de tous

Une invitation au débat

L’Office international de l’enseigne-ment catholique (OIEC) est une asso-

ciation mondiale non gouvernementaledont l’enseignement catholique françaisest membre. Parmi ses différentes activi-tés, l’Office1 a notamment créé des repré-sentations auprès des instances interna-tionales, en particulier celles qui s’occu-pent d’éducation. Ainsi, le secrétaire général de l’enseigne-ment catholique français apporte sonsoutien constant à la Représentation per-manente de l’OIEC auprès de l’Unesco2. Une commissionprogrammatiquemixte3, « Dialogueentre les culturespour la paix », pré-sidée par CatherineDeremble4, repré-sentante de l’OIECdans cette instance,s’est interrogée surla question des obs-tacles au dialogue entre les cultures pourla paix.Cette commission comprend quatre-vingts ONG de toutes cultures et de toutesconfessions. Elle se situe à un niveau uni-versel et revendique la possibilité de rejoindre l’humanité dans ses difficultés. Un triple objectif a conduit les travaux : repérer cinq obstacles au dialogue, clari-fier la réflexion sur ce qui rend le dialogueimpossible et nommer implicitement cequi le permet.Le texte reproduit ci-contre n’a pas l’ambi-tion d’énoncer tout ce qu’il est possible dedire de chacun des obstacles. Il témoignemodestement d’une recherche en équipeet de la volonté de rester fidèle aux sensi-bilités d’ONG partenaires du projet. Il nefixe aucune ligne d’action, ne détermineaucune vérité mais se propose d’être,éventuellement, un outil de travail au ser-vice du dialogue entre les cultures pour lapaix. Il est invitation au débat.

1. Cf. ECA 301, pp. 25 à 32.2. Organisation des Nations unies pour l'éducation, lascience et la culture.3. La CPM est constituée de représentants des Organisa-tions non gouvernementales (ONG) et de représentantsde l’Unesco.4. Contact : [email protected]

D. R

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Catherine Deremble

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culture / Vaux-le-Vicomte

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ter les jeunes sur les planches ! » Un drôle de laquais dé-janté propose, par ailleurs, aux plus jeunes une visitefantaisiste et costumée du château tandis qu’Amé-dée, le jardinier, s’occupe de l’extérieur.

Art disparuDeux conteuses apprennent aussi à écouter pourmieux voir. « Je cherche à éveiller le désir, le plaisir etl’imagination des enfants qui, trop sollicités par le visuel,ne savent plus rêver », explique Geneviève Bayle-Labouré3. Celle-ci rend accessible à tous les fables les plus littéraires de La Fontaine et les contes de Perrault. Sabine Richard4, elle, a inventé une séried’explications « à l’envers » sur l’origine de certainsobjets du château, pour une leçon d’histoire insolite.Autre terrain de découverte, le musée des équipagesoù Didier Hervillard5, spécialiste en sellerie-bourrel-lerie, fait revivre l’art disparu des maîtres carrossierset retrace l’histoire de la locomotion. Dernière pro-position, une chasse au trésor6 que les enseignantsont la possibilité d’adapter aux contenus abordés enclasse avec leurs élèves.

VIRGINIE LERAY

1. Pour joindre les guides du château (numéros de téléphone person-nels) : 01 60 04 18 32 / 01 64 49 37 78 / 01 64 07 42 21.2. Tél. : 06 62 65 51 70. Internet : www.lesarlequins.fr - Pour les 3-18 ans,de 1 h à 1 h 30, de 180 à 225€ par classe.3. Tél. : 01 60 72 65 74. Internet : www.genevieve-bayle-laboure.comPour les 3-12 ans, 30 min à 1 h 30, de 60€ à 120 € par classe.4. Tél. : 06 88 58 15 16. Internet : www.sabine-richard.com - Pour les 6-11 ans, 1 heure, 200 € par classe.5. Association La poste aux chevaux. Tél. : 06 60 98 00 02. Pour les 6-12 ans, de 30 à 45 min, 60 € par classe pour le musée et 80€ pour lasellerie, du 26 mai au 28 juin 2008.6. Top Loisirs. Tél. : 01 60 74 08 50. Internet : www.toploisirs.fr/scolaire.aspPour les 7-11 ans, 2 h 30, 330€ par classe.

uDes visites scolaires libres avec documents pédagogiques ont lieu demars à novembre. Le matin : 7,40€/pers. pour les maternelles ;

7,90€/pers. pour les autres classes. L’après-midi : 9,90€/pers. pour tous,avec une entrée gratuite par tranche de 15 enfants. Renseignements : Château de Vaux-le-Vicomte, 77950 Maincy. Tél. : 01 64 14 41 90. Internet : www.vaux-le-vicomte.com

DE PÂQUES À NOËLPour faire vivre la culture et l’histoi-re, Vaux-le-Vicomte multiplie les ma-nifestations. Après ses illuminationsde Noël, le week-end de Pâques rem-plit ses jardins de 30 000 œufs. Pourl’occasion, l’offre de costume (loca-tion 4€) est renforcée par des ate-liers maquillage, origami, gravure, escrime et des promenades à dos deponey. Les 8 et 9 novembre prochain,le château qui accueille le Salon duchocolat, organisera aussi des ate-liers culinaires pour les petits gour-mands. Le dimanche 15 juin, la jour-née Grand Siècle propose cascadeséquestres, chasse à courre, feu d’ar-tifice, entre autres spectacles. Enfin,pour les noctambules, des visites auxchandelles ont lieu tous les samedisde mai à septembre. VL

ARCHITECTUREPAYSAGÈREPour les établissements scolaires de Seine-et-Marne, les archives départe-mentales organisent des ateliers-dé-couvertes d’architecture paysagère.Diaporamas et études de documentsy enrichissent une visite guidée qui passe, bien sûr, par Vaux-le-Vicomte,pour la présentation des jardins à lafrançaise. À noter enfin que le dimanche1er juin prochain, le cycle de confé-rences proposé aux particuliers à l’oc-casion de la manifestation La Seine-et-Marne - Couleur jardin fera aussi escaleà Vaux-le-Vicomte. VL

uDu CM1 au collège, de 2 heures à unejournée, 30€ par classe. Renseigne-

ments : 01 64 87 37 81.

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Habits d’époque (mais maquillages contemporains !) pour ces enfants qui remontent le temps jusqu’au XVIIe siècle, avant d’aller applaudir les comédiens de la compagnie Les Arlequins.

Au temps du Roi-Soleil

Quel meilleur décor pour découvrir la monar-chie absolue, que le château de Vaux-le-Vicomte, en Seine-et-Marne, ce temple de laculture classique, dont la splendeur déchaî-

na la jalousie du Roi-Soleil ? À l’extérieur, les brode-ries de buis et autres compositions paysagères de Le Nôtre, les sous-bois sauvages ou les bassins et fon-taines offrent aussi un immense laboratoire desciences à ciel ouvert.Lieu d’éveil pour les maternelles, Vaux-le-Vicomteest aussi en résonance avec les programmes scolairesdu primaire au lycée. Pour mieux faire connaîtrel’histoire du site aux jeunes, la famille de Vogüé, quile gère depuis plus d’un siècle, édite des brochurespédagogiques. Mieux encore, Vaux-le-Vicomte ac-cueille une troupe d’artistes chargée de ressusciter lesgrands personnages, les arts et la vie quotidienne àl’époque de Louis XIV. Le château renoue ainsi avecla tradition de mécénat de son fondateur, NicolasFouquet qui fut le protecteur, en autres, du peintreLe Brun, de Molière ou de Jean de La Fontaine.« Nous proposons toujours des visites guidées thématiques1

pour tous les niveaux scolai-res, mais, depuis quelques an-nées, enfants et enseignants demandent davantage d’inter-activité », explique Valérie Fourcade, responsable duservice pédagogique de Vaux-le-Vicomte. Parmi cette joyeuse équipe de saltimbanques, oncompte la compagnie Les Arlequins2. Elle est emme-née par Louis-François de Faucher, le Sganarelle deslieux, qui explique : « J’incarne le personnage favori deMolière, présent dans sept de ses pièces. Je fais beaucoup ri-re, mais j’aborde aussi le genre de la farce, décrypte le messa-ge de l’auteur et espère susciter des vocations en faisant mon-

Vaux-le-Vicomte, quelle splendeur ! De la maternelle à la terminale, des parcours très originaux font entrer petits et grands de plain-pied dans le Grand Siècle. Ces « cours »hors les murs se tiennent bien sûr dans le cadremagistral de son château et de ses jardins...

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culture / patrimoine religieux

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Sophie, 35 ans, enseignante dans uneClis1 de l’enseignement public du Val-de-Marne, a toujours aimé les voyages.Mais, un beau jour, les églises qu’elle visi-

tait ont pris un autre sens. Elles avaient été bâ-ties en hommage à un Dieu qui ne restait plusmuet pour elle. Elle a vu les choses autrement.Sur le site du diocèse de Paris, elle a trouvél’adresse des « Trésors de Paris », uneassociation bien utile pour concrétiserson envie d’emmener ses élèves, âgésde 7 à 10 ans, voir de vrais vitraux. Etce, après une préparation : travauxmanuels, recherche de photos sur in-ternet… La petite troupe, accompagnée d’uneanimatrice bénévole passionnée d’art, adonc découvert les vitraux de l’égliseSaint-Séverin, à deux pas de la Seine. « On nous a expliqué la symbolique descouleurs – le violet pour le pardon ; le blancpour la pureté – et mille autres choses encore, ra-conte Sophie. Les enfants étaient touchés et fai-saient des remarques très profondes. Le beau les attire. » C’est justement pour que « le beau » et le sens profond de notre patri-moine religieux puissent toucher les jeunes – et les moins jeunes –que s’est créée, en 1988, cette association loi 19012. « Une église n’est pas un édifice comme les autres. C’est une œuvre où lesarchitectes et les artistes essaient d’ouvrir les fidèles à ce qui les dépasse »,remarquait Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, à quil’association doit beaucoup. Depuis vingt ans, ses activités se sont di-versifiées afin de répondre à la soif de connaissances des élèves, desenseignants, des parents, des grands-parents… S’appuyant sur unedizaine de bénévoles, elle organise des journées de formation pourdes jeunes préparant leur BAFA3, ou de futurs enseignants. Cesderniers sont ensuite mieux armés pour découvrir avec leur classeles traces de la grande histoire dans leur ville, comme l’ont fait Anne-Sophie Houdry et ses élèves de l’école Sainte-Geneviève-du-Marais, dans le IIIe arrondissement de Paris. Ils ont suivi les pas de la

patronne de leur établissement, alors qu’ils étu-diaient les Grandes Invasions.L’association peut aussi, à la demande, monterdes parcours-découvertes dans des villes de

province, en adaptant les grilles, livretspédagogiques et jeux qu’elle a élabo-rés. « Le principal souci de l’accompa-

gnateur est de s’adapter aux besoins dechaque groupe », explique Marie-Claudede Beauvais, historienne d’art, membre

de l’association.

Œuvre de foiAu-delà des seuls édifices religieux, onpeut aussi, avec « Les Trésors de Paris »,rencontrer des sculpteurs, organistes,

peintres, comédiens et autres artistes im-pliqués dans une œuvre de foi, à l’instarde Goudji4, un orfèvre qui signe des ob-jets liturgiques. Il est encore possibled’explorer des quartiers parisiens en-

tiers, en suivant le chemin de Saint-Jacques (du métro Réaumur-Sébastopol àl’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas) ou enretrouvant « les débuts de la vie universitaire à

Paris » dans un Collège des Bernardins entiè-rement restauré qui sera inauguré en septembre prochain. Mais, retrouvons Sophie une dernière fois : en classe de neige, sur unchemin de montagne, passant devant une église, elle s’est sentie tiréepar la main : ses élèves voulaient, encore une fois, voir des vitraux…

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Classe d’intégration scolaire. 2. Adresse : « Les Trésors de Paris », 76 rue des Saints-Pères, 75343 Paris Cedex 07. Tél. : 01 45 49 63 75. Sur internet : www.lestresorsdeparis.com - L’association travaille en partena-riat avec : la Fédération des associations culturelles éducatives et de loisirs (Facel), Art Cultureet Foi, la Fondation Notre-Dame et le service audiovisuel du Service diocésain de catéchèse. 3. Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur de centre de vacances et de loisirs.4. Pour un premier aperçu de son travail : www.goudji.com

Comment faire parler les murs des églises ? les tableaux inscrits au patrimoine chrétien ? C’est la mission des « Trésors de Paris ». Cette association qui fête ses 20 ans,

met à la disposition des enseignants des guides bénévoles aguerris.

Trésors de Paris et d’ailleurs

Les visites et parcours-découvertes proposés par « Les Trésors de Paris » coûtent 3 euros par par-ticipant. Les livrets pédagogiques sont fournis et peuvent être envoyés aux enseignants avant les

visites. L’association peut organiser des visites sur mesure : « Découverte du Paris médiéval », par exemple. Elle a également édité un livretpour ceux qui veulent « visiter la cathédrale Notre-Dame de Paris en autonome » (4,50€ à l’entrée de la cathédrale ou en librairie. On entrouve une présentation sur internet : http://lestresorsdeparis.com/tdp/3.pdf). Soulignons que la cathédrale Notre-Dame de Paris a sespropres guides, seuls habilités pour les visites de groupes. Elle propose aux enseignants un parcours d'une heure gratuit, pendant les périodes scolaires. Il faut réserver plusieurs semaines à l'avance par mail ([email protected]), par fax (01 42 34 52 87) ou par courrier (Service accueil jeunes, Notre-Dame de Paris, 6 place du Parvis, 75004 Paris). Voir aussi www.notredamedeparis.fr - rubrique« Cathédrale d'art et d'histoire » / « Espace jeunesse » / « Comment visiter Notre-Dame » / « Pour les groupes scolaires ».

AVIS AUX VISITEURS…

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MERCI EN MOTSET EN IMAGESdPosés sur son cercueil,

sa canne et son béret. Pour l’accompagner vers sa dernièredemeure, des milliers de mots rédigés par des mains anonymes ou célèbres. Ce sont ces témoignagesémouvants que la Fondation Abbé Pierre a fidèlement retranscritset édités pour marquer le premieranniversaire de la disparition d’Henri Grouès, dit l’abbé Pierre. Remerciements, actes de foi,promesses d’engagement, les 365 messages réunis ici rendent compte de l’importance d’un homme dont la lutte contrela misère fut le combat de toute une vie. Accompagné dephotographies en noir et blanc, un album sobre comme le fut l’existence du roi des pauvres. MR

CollectifLe livre d’or de l’abbé PierreEmbrasure/Desclée de Brouwer157p., 19€

dDébuté le jeudi 15 mars, avec l’arrivée du pouillotvéloce, le premier des migrateurs, ce court ouvrage

s’achève le même jour l’année suivante dans les effluvesdes jacinthes tandis que bourdonnent les abeilles. Entre-temps, quotidiennement, l’auteur a rempli son carnet denotes à la façon d’un bonheur-du-jour, ce petit meubledans lequel on serre son courrier et les petits objets auxquels on tient. Réflexions, clins d’œil à la vie et aumonde, un bouquet de lignes sur le jardin, une rêveriephilosophique dans un train, quelques aphorismes, deplus longues observations… De La Cène vue à Milan, jus-qu’à l’éloge de la méditation menée dans une cellule de

Saint-Martin de Ligugé, en passant par l’hommage auxmoniales du monastère de Solan dans le Gard, ou la re-transcription de pensées zen, ce journal nous embarquepour trois cent soixante-cinq jours de lumière en compa-gnie d’un homme en paix avec lui-même à la veille de sadisparition à l’âge de quatre-vingt-six ans.

MATHILDE RAIVE

Jacques BrosseLe bonheur-du-jour

La Table Ronde174p., 13€

GENS DU TEMPSDE JÉSUSdD’Ézéchias, chef des vagabonds

de Galilée, à Quietus, gouverneurromain de Judée, en passant par le colérique Chammaï et le doux Hillel,deux influents maîtres pharisiens, ou Honi le Traceur-de-Cercles,charismatique prophète palestinien, ce dictionnaire dresse le panoramad’une époque à travers la biographiede deux cents personnalités qui ontvécu entre – 60 ans avant Jésus-Christet la fin du siècle qui a suivi sa mort.Bien entendu, Pompée, César, Néron ou Cléopâtre sont dignementreprésentés. Mais, ce sont les évocations de tous les autrespersonnages moins connus qui forment la richesse de cet ouvrageréalisé par l’un des spécialistesinternationaux des manuscrits de la mer Morte. MR

Geza VermesDictionnaire des contemporains de JésusBayard374p., 35€

SENS DU BÉNÉVOLATCHRÉTIENdOrganisée à Lourdes du 6 au

8 décembre 2007, la rencontreinternationale intitulée « L’Église enservice avec les bénévoles » a réuni de nombreux participants dont les deux tiers étaient français. Une présence significative, à la mesure de l’accroissement de ce type d’engagement. Jadistraditionnellement associé à l’Églisecatholique, le bénévolat a essaimédans la société civile pour palliercertaines défaillances administratives. Ce n’est pas une raison pour en négliger le sens au sein de l’Église.Basé sur des témoignages et des actesconcrets, ce colloque a fait le point sur la gratuité, l’aptitude à aider,l’expérience spirituelle. Des questionsau cœur de la Charte de Meauxretranscrite dans ces pages. MR

CollectifServir - l’Église en service avec lesbénévolesParoles et Silence/NDL Éditions174p., 15€

LANGUE DE FEUDU SIÈCLE D’ORdCette réédition des œuvres

complètes de saint Jean de la Croixreprend la traduction du XVIIe siècle du père Cyprien de la Nativité. Uneintroduction et des notices abondantesdu père Lucien-Marie de Saint-Joseph,carme déchaussé, aident à la lecture.Dans une langue de feu, le mystiquedécrit la profondeur des nuits spirituellestout en redisant avec optimisme la hauteur de l’idéal accessible par laseule force de l’Esprit. Dans le Siècle d’or,saint Jean de la Croix invite audépouillement permettant de s’élever. « L’oiseau qui repose dans la glus’engage à une double peine : l’une à sedétacher, l’autre à se purifier », dit-il. Destextes à découvrir progressivement, selonla recommandation donnée par Charlesde Foucauld : « Une page ou deux – unegoutte – de Saint Jean de la Croix chaquejour, vous reposerait un peu […]. » CB

Jean de la CroixŒuvres complètesDesclée de Brouwer2 t. (493p. et 1 230p.), 30€ et 35€

TROIS CENT SOIXANTE-CINQ JOURS DE LUMIÈRE

culture /livres

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DE TOUTE SA FOID’HOMME LIBREd« Au risque de paraître naïf,

écrit Georges Lauris dans cet ouvrage en forme de mémoiresintimes, je répéterais qu’à mon toutpremier jour, la foi s’identifiait à la lumière. » On est loin de penser à la naïveté, pourtant, quand on découvre la vie de ce philosophe et poète dominicain. Bien au contraire.Amateur du clair-obscur,il retrace son parcours entre douleurset joies. « Paysages de cimetièresmilitaires », amitiés littéraires,érudition. L’homme vit sa foi en touteliberté. On croise dans ces pages, le souvenir du romancier juif André Schwarz-Bart, une référence à l’œuvre de Rilke, une peinture de Chagall, les gémissements de Nietzche et un titre emprunté à Émile Zola. MR

Georges LaurisJe suis venu vivre tout haut -autobiographie de ma foiCerf196p., 23€

NAISSANCE D’UNHÉROS IMMORTELdDans la maison qu’occupait

jadis Consuelo de Saint-Exupéry,des malles entières de documents,d’archives et d’objets personnelsayant appartenu à son maritémoignent de la vie et des étatsd’âme de l’écrivain. C’est dans cetextraordinaire et très émouvant « matériau » inexploré que le biographe Alain Vircondelet puise ses informations. Il est le seul à y avoir accès, à pouvoir l’exploiter. Après la publication des Mémoires de la rose (Plon), rédigés par Consuelo, ce « spécialiste » de Saint-Ex exhume les documentsrelatifs à la création du Petit Prince.Photos d’objets et archives inédites complètent cette exploration de la genèse d’un chef-d’œuvre. MR

Alain VircondeletLa véritable histoire du Petit PrinceFlammarion221p., 18€

UN ÉVEILLEURDE CONSCIENCESdDans l’immédiat après-guerre,

une poignée de jeunes paysanssèment la « révolution silencieuse dans les campagnes de France ».Lucides quant à leurs conditions de viedéplorables et à leur manque d’avenir,ils veulent faire entendre leur voix.Rendre à l’homme sa dignité signifie,pour eux, bousculer l’ordre naturel des choses dans un monde ruralimmobile. À la tête de ces trublions, un leader de leur âge : Michel Debatisse,l’âme et le stratège de leur combat. Né pauvre en Auvergne, entre les montsdu Forez et de la Madeleine, cet homme réveillera les consciences.Muni de son seul certificat d’études, il milite à la Jeunesse agricolecatholique (JAC), avant de rejoindre le Centre national des jeunesagriculteurs (CNJA) puis la FNSEA. MR

Claude Goure (préface d’Edgard Pisani)Michel Debatisse ou la révolutionpaysanneDesclée de Brouwer262p., 20€

NUITDE LA FOIdUne nuit d’angoisse, le moine

orthodoxe saint Silouane (1866-1938) entend le Seigneur lui répondre : « Tiens ton esprit en enfer, et ne désespère pas. »C’est dans ce même lieu de « ténèbres » que Mère Teresa s’est tenue pendant cinquante ans.Ces écrits intimes, publiés contresa volonté, en témoignent, à la grande surprise de ceux qui l’ont côtoyée. « Priez pour moi – car en moi tout est d’un froid glacial –C’est seulement cette foi aveugle quime porte […] », écrit-elle. Avec cetémoignage émouvant, Mère Teresas’inscrit dans la lignée de grandsmystiques tourmentés comme sainte Thérèse de Lisieux ou saint Jean de la Croix. SH

Mère Teresa (édité et commenté par Brian Kolodiejchuk)Viens, sois ma lumière – les écritsintimes de « la sainte de Calcutta »Lethielleux446 p., 22,50 €

d« Je hais les succès préparés dans un salon, et je veux arriver devant le public tout botté », écrit le fondateur

des Conférences de Notre-Dame à madame Swetchine, sa protectrice, pour lui demander de garder le secret sur lemanuscrit qu’il lui a fait parvenir. Nous sommes au mois de juillet1840, le révérend père Henri-Dominique Lacordaire, de l’ordredes Frères Prêcheurs, vient d’achever sa Vie de saint Dominique,rédigée durant son noviciat à Rome. Elle paraît en décembre dela même année. Une publication controversée. Dans son intro-duction, André Duval, op, cite, en autres critiques de l’époque,celle du « curieux marquis Astolphe de Custine » pour lequel« ce livre renferme des pages sublimes » mais également « des

puérilités de religieuses ». Et le père Guidée, provincial de laCompagnie de Jésus, s’est « demandé comment [ce livre] quirenferme des choses si étranges, si crues qu’elles font baisserles yeux, a pu être approuvé à Rome ». Quant à Lacordaire lui-même, il a choisi de « placer […] sous la protection de l’opi-nion » cette « œuvre utile, mais hardie peut-être » dont cetteréédition respecte la typographie de 1841.

MATHILDE RAIVE

LacordaireVie de saint Dominique

CerfColl. « Trésors du christianisme », 340p., 24€

VIE DE SAINT DOMINIQUE ET DE SON BIOGRAPHE

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AGGIEET L’ÉTRANGE LEAHdNée à Londres, Patricia Elliott

semble s’être nourrie de ses « grandes » sœurs : Emily Brontë,Jane Austen, Daphné du Maurier… Lemanoir de Murkmere, avec ses cygneset ses corbeaux, ses feux de cheminéeet ses couloirs glacés, en rappelled’autres tout aussi inquiétants etromantiques. Parachutée dans uneincompréhensible atmosphère lourdede secrets et d’hostilité, Agnès Coster,dite Aggie, est embauchée commegouvernante pour la fille du maître des lieux. Une étrange Leah quidevient son amie… À mi-chemin entre le roman policier,le conte de fées et le romantisme leplus absolu, ce texte poétique, trèsbien traduit, captive et enchante. À recommander aux adolescents (à partir de douze ans) après l’avoirsoi-même dévoré. MCJ

Patricia Elliott, Antoine Pinchot (trad.)MurkmereCasterman 320p., 13€

d« La grande tente noire des maîtres est encore silencieu-se. Le vent furieux les a-t-il empêchés de dormir, eux

aussi ? Amsy les imagine, confortablement installés parmi lescoussins et les tapis moelleux. S’ils avaient eu le moindre pro-blème, se dit-il, ils auraient appelé leurs esclaves. » Depuis aus-si longtemps qu’il s’en souvienne, Amsy, 10 ans, ramasse desbrindilles pour allumer le feu de ses maîtres. Comme sa mère,son père et sa sœur, Amsy est un esclave. Une ombre silencieu-se au service des Touaregs, de leurs femmes à la peau claire. Au-jourd’hui, au cœur du désert du Niger, il existe encore, d’un côté,des captifs aux yeux creusés par la fatigue et les privations, quipréparent la nourriture, allument le feu, vont chercher l’eau au

puits, obéissent, et de l’autre, des hommes fiers, vêtus de bleuindigo, qui commandent. Pourtant, un beau jour, un étrangervient parler de liberté à Amsy… Grand reporter, spécialiste fran-çaise de la question de l’esclavage moderne, fondatrice de l’as-sociation Réagir dans le Monde, Dominique Torrès a choisi laforme romanesque pour sensibiliser les jeunes à la lutte contrel’esclavage. À partir de 10 ans.

MATHILDE RAIVE

Dominique Torrès Tu es libre !

Bayard Jeunesse165p., 9,90€ (dont 0,50€ reversé à Réagir dans le Monde)

BÊTESDE CALENDRIERdUn jour, en Chine,

le Grand Empereur du Ciel invite tous les animaux de la Création à lui rendre visite avant le lever du soleil. Le rendez-vousest fixé sur la montagne de Jade. Tous se précipitent : le rat, le buffle, le tigre, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, le mouton, le singe, le coq, le chien et le cochon. Par ordred’arrivée, le souverain leur confie la responsabilité d’une année du calendrier de tous les temps. Tous sont ainsi dotés, excepté le chat qui n’a pas été réveillé par le rat. Un magnifique album dont la maquette élancée donne libre cours aux ombreschinoises découpées sur un lavisrouge pétant.À partir de 6 ans. MR

Marie Sellier (texte) Catherine Louis et Wang Fei (ill.)Le rat m’a ditPicquier Jeunesse40p., 14,50€

LE COURAGEET LA PEURd« Sans la peur, on ne ressentirait

pas le danger, et on prendrait pleinde risques », dit Ambre, 10 ans. Mais, « c’est quand même rigolo de lire deshistoires qui font peur, surtout quand on sait qu’on peut refermer le livre quand on veut ! » ajoute Pearl.Angoisse, frayeur, trouille, crainte,terreur... S’il y a autant de mots pour parler de la peur, c’est qu’il s’agitd’une émotion complexe. Et quand la peur prend trop de place, elle nousempêche d’être libres. Pourquoi on a peur ? Et pourquoi on n’a pas tousles mêmes peurs ? Comment trouver un peu de courage en soi pour lesaffronter ? Filotéo, le magazine des 8-13 ans qui s’interrogent sur « Dieu,le monde et moi », donne un début de réponse ! Au sommaire de ce mêmenuméro : une BD Bible, Saint Paul, le voyageur, et une histoire vraie, JosephWresinski, en colère contre la misère. FR

Filotéo, n° 190 (avril-mai 2008)Bayard Jeunesse En kiosque, 7,30€

www.filoteo.fr

BOB EST BOB,ET C’EST BIENdBob l’éléphant voudrait être

quelqu’un de bien. Un lièvre par exemple, rapide et rusé. Ou unehyène, terrifiante mais fascinante. Un singe, malin et « heureux commec’est pas permis avec tous ses copains ».Bob aurait envie d’être une girafe, ou même un zèbre. Comment faire ? Il demande conseilau lion. C’est certain, le roi des animaux aura une solution. Mais la vie s’en charge. En sauvantses amis lors d’un incendie qui s’estdéclaré une nuit dans la savane, Bob se révèle. Changer Bob ? Certainement pas ! s’exclament ses camarades. Fine analyse du manque de confianceen soi, ce bel album dédicacé à un pompier porte haut les couleursdu dévouement et du courage. À partir de 4 ans. MR

Myriam Picard & Jérôme Peyrat Bob ? Bob le zèbre ? Bob le singe ?…Ricochet32p., 14€

QU’EST-CE QUE C’EST « VIVRE LIBRE » ?

culture /livres jeunesse

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BERCEUSESCHRÉTIENNESdAccompagnée à la guitare

acoustique et à la flûte à bec, cettesérie de prières inédites se décline sur les airs des comptines traditionnelles queles parents ont l’habitude de fredonner à leurs bébés pour les endormir. Ainsi,À la claire fontaine devient Sais-tucombien je t’aime. Frère Jacques se transforme en Petit enfant,Petit enfant, l’air de Meunier tu dors sertde thème musical à Marie, Marie… Et l’onchante Alléluia, Seigneur je te chante sur le refrain d’Alouette, gentille alouette.Au total, dix tendres berceuses à chanterprès du berceau des tout-petits en hommage au Bon Dieu, à Jésus et à la Vierge Marie. Les illustrations, elles aussi pleines de poésie, d’Éric Puybaret prolongent cette première invitation à la spiritualité. Une idée originale de cadeau de naissance ou de baptême. MR

Virginie Aladjidi et Caroline Pellissier(textes), Éric Puybaret (ill.)Prières à chanter pour mon bébéMame1 livre-CD, 24p., 14,90€

LAGARCE AU BAC,OPTION THÉÂTREdDe la même génération que Patrice

Chéreau et Ariane Mnouchkine,Jean-Luc Lagarce partage avec eux cecourage d’exprimer les choses sans fairede concessions. Pourtant, si de son vivant,son travail de metteur en scène étaitreconnu, son œuvre de dramaturge étaitnégligée. Ce n’est qu’en 1996, soit un anaprès la mort de son auteur, qu’Olivier Pymettra en scène Nous, les héros. Depuis,Lagarce est devenu un auteur culte avecvingt-cinq pièces à son actif dont J’étaisdans la maison et j’attendais que la pluievienne ou Juste la fin du monde (jusqu’au1er juillet 2008 à la Comédie-Française).Destiné aux lycéens qui découvrent son œuvre au programme dubaccalauréat, ce bel album accompagnéd’un DVD d’entretiens permet de se familiariser avec sa voix, si particulière. Un site internet complémentaire :www.lagarce.net MR

Bertrand Chauvet, Éric DuchâtelJuste la fin du monde ; Nous, les héros -Jean-Luc LagarceScérén-CNDP128p. (+ 1 DVD), 17,90€

PRÉSENCEDES MIRACLESdLe 18 mai, dans le cadre du Jour

du Seigneur, le magazine « Tout à la foi », animé par Agnès Vahramian(notre photo), sera consacré aux miracles.Un sujet en résonance avec l’actualité :selon un sondage paru dans Pèlerin enaoût 2006, un Français sur trois croit auxmiracles. Un chiffre à retenir avant de suivre le micro-trottoir sur le mêmethème. Également au sommaire de cetteémission : le témoignage du journalisteDominique Bromberger qui, après ungrave accident et plusieurs semaines de coma, a livré son récit de miraculédans Un aller- retour (Robert Laffont) ;une enquête au Bureau médical, àLourdes, seul sanctuaire au monde à s’être doté d’une structure complexechargée de l’examen rigoureux de toutesles guérisons déclarées par des pèlerins ;un entretien avec la théologienneVéronique Margron sur la place des guérisons dans la vie de Jésus ; la chronique de Jean-Pierre Denis sur L’Évangile au risque de la psychanalysede Françoise Dolto. MLS

www.lejourduseigneur.com

PORTRAITSEXCEPTIONNELSdMois de mai, mois des portraits

sur KTO, avec deux rendez-vousexceptionnels : – le jeudi 1er, à 20 h 50, dans la série« Grands Entretiens », Cardinal RogerEtchegaray, un documentaire de VéronickBeaulieu. Né à Espelette (Pyrénées-Atlantiques) en 1922, ordonné prêtreen 1947, cardinal depuis 1979, RogerEtchegaray a présidé le Conseil pontificalJustice et Paix de 1984 à 1998. Depuis1984, il s’est rendu, au nom du Pape,dans de nombreuses zones en crise. Il a notamment participé à Bethléem, en2002, aux négociations visant à mettre finau siège de la basilique de la Nativité.– Le mercredi 14, à 20 h 50, Le mystèreGlasberg (notre photo). Ce documentaire,de Julie Bertucelli, programmé à l’occasiondu 60e anniversaire de la création de l’Étatd’Israël, revient sur l’histoire d’AlexandreGlasberg (1902-1981). Ce prêtrecatholique d’origine juive, résistant de la première heure, a mené sa vie durantun combat toujours d’actualité aux côtésdes réprouvés et des sans-patrie. IDP

www.ktotv.com

dTémoignage sonore unique de la carrière d’Henri Salvador,Le premier rendez-vous (1941) était la chanson-titre de l’un

des films français les plus populaires sous l’Occupation. Il était donc naturel qu’en tant que « salvadorolâtre » averti, Daniel Nevers fasse débuter le premier volume de cette intégra-le consacrée à son idole par cette rareté. La période 1942-1948correspond aux années de travail avec Ray Ventura qui, ayant repéré Salvador à Cannes, lui propose un poste de guitariste,chanteur et comédien dans son orchestre prêt à s’embarquerpour une longue tournée en Amérique du Sud, juste à tempspour fuir les hostilités. Le musicien y gagnera ses galons d’hu-moriste avec une imitation de Popeye. Un succès médiatique qui

lui permettra de peaufiner ses effets scéniques. De retour enFrance, les tournées reprennent et les sketchs s’additionnent.Parmi les curiosités, on écoutera avec étonnement Le collabora-tionniste (1945), imitation unique et méconnue du créateur deMaladie d’amour qui imagine un dialogue entre Louis Jouvet,Raimu et Sacha Guitry, mettant en cause l’attitude de ce dernier durant l’Occupation.

MATHILDE RAIVE

Henri Salvador Intégrale, vol. 1 (1942-1948)

Frémeaux & Associés2 CD (41 titres) + 1 livret illustré (48p), 29,99€

SALVADOR MÉCONNU

culture /multimédia

N° 323, AVRIL 2008 Enseignement catholique actualités 57

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pratique /petites annonces

58 Enseignement catholique actualités N° 323, AVRIL 2008

DEMANDE D’EMPLOI

dProfesseur de mathématiques depuis8 ans (CLG, LGT et technique, prépa),actuellement dans un établissement lasal-lien à Saint-Denis (93), je prépare le mas-ter « Politiques publiques et changementsocial », spécialité « Développement etexpertise de l’économie sociale », option« Conduire des projets avec des acteursinternes et externes d’un établissementcatholique d’enseignement ». Adjoint dedirection à l’IEP de Grenoble dans le cadrede ma formation professionnelle. J’ai par-ticipé au stage « Adjoint de direction »de l’IFCEC en janvier 2007 et de l’ISPEC en2004. Je suis à la recherche d’un posted’adjoint de direction ou de chargé demission projet activité ou communica-tion.Contact : Martine Couty.E-mail : [email protected] Tél. : 01 30 32 65 89 ou 06 03 25 64 09.

OFFRES D’EMPLOI

dISP-Formation recrute un(e) respon-sable de formation, CDI temps plein, char-gé(e) formation/coordination/mise enœuvre dans le domaine pédagogie-édu-cation.Tél. : 01 44 39 52 79. E-mail : [email protected]

dInstitut catholique de Paris chercheun(e) secrétaire, CDI temps plein, char-gé(e) inscriptions universitaires, suivi, éla-boration brochures.Tél. : 01 44 39 52 79. E-mail : [email protected]

dFondation d'Auteuil à Meudon (92)recherche :– 1 adjoint de direction pour le collège,– 3 professeurs en électrotechnique,– 1 responsable informatique pédago-gique.Contact : Mme Cécile Lognoné, 1 rue du Père-Brottier, 92190 Meudon. Tél : 01 46 23 62 08. E-mail : [email protected]

FORMATION

dLe département de psychologie de lafaculté des lettres et sciences de l’univer-sité catholique de Lille ouvrira, à la ren-trée 2008, une « préparation au concoursd’orthophoniste ». Elle s’adresse, sauf casparticuliers, à des étudiants s’inscrivantsimultanément en première année de psy-chologie. Les modules porteront sur la

méthodologie, l’orthographe et la gram-maire, les tests psychotechniques et la culture générale. La formation inclut éga-lement des sessions d’entraînement à l’oral. Renseignements : 03 20 13 40 50.

dÀ la rentrée 2008, l’Institut catholiquede Paris proposera une « année de prépa-ration aux études supérieures ». Ce cursuss’adresse aux bacheliers des filières ES, Let S. Au cours du premier semestre, il sui-vront un enseignement pluridisciplinaireet bénéficieront de l’accompagnementd’un spécialiste de l’orientation. Quant ausecond semestre, ils le passeront dans uneuniversité étrangère. Ce qui ne manquerapas de constituer un atout sur un marchédu travail où la connaissance d’une ou plu-sieurs langues fait souvent la différence.Sur internet : www.icp.fr

DOCUMENTATION

dLe château du Clos Lucé, à Amboise(Indre-et-Loire), est la dernière demeurede Léonard de Vinci. Aujourd’hui, le lieuest consacré à la restitution de l’universdu père de la Joconde. Ou, plus exacte-ment, « des univers ». Car le peintre pro-tégé de François Ier était aussi ingénieur,architecte, botaniste et inventeur de génie. Une visite s’impose. Et pour qu’elle soitréussie, le service pédagogique du ClosLucé n’a rien négligé. L’enseignant a lechoix entre la « visite libre », la « visitecontée insolite » en compagnie de Mathu-rine, cuisinière et servante de Léonard,et la « visite libre avec supports pédago-giques ». Dans le cadre de cette derniè-re formule, le professeur reçoit, pourpréparer sa venue avec ses élèves, un kitincluant notamment un livret de l’élève.La nouvelle version de ce document,conçue en partenariat avec le rectoratd’Orléans-Tours, constitue, grâce à songraphisme attractif et à ses questionnairesà compléter, le support idéal pour unevisite interactive. Plus de détails sur www.vinci-closluce.com(rubriques « Nouveautés pédagogiques »et « Espace pédagogique »).

dÀ nouvelle année, nouvelle idée chezDe La Martinière Jeunesse. Après « Oxy-gène », « Hydrogène » et « Ados », lamaison d’édition qui sait parler aux 12-15 ans, lance « Help ! », une collectionde guides pratiques. Le titre anglais tra-duit parfaitement l’objectif poursuivi enfrançais : rassembler dans des volumes àla maquette colorée, faciles à consulteret à balader, une foultitude d’informa-

tions. Soit des heures de recherche éco-nomisées pour le collégien. Qui pourramettre tout ce temps gagné à profit pourchercher un petit boulot (à partir de 14ans), apprendre les gestes qui sauvent ous’engager dans une action solidaire...,trois des thèmes explorés dans les pre-miers titres publiés. Certaines proposi-tions peuvent d’ailleurs être exploitéesen classe : « Organiser un spectacle pourdes enfants malades», par exemple. Untel projet, avec les recherches de textes,l’appel à d’éventuels partenaires, lesdemandes d’autorisation, l’établissementd’un budget, le dessin d’affiches... qu’ilimplique, peut faire l’objet d’un travailtransversal.Anne-Marie Thomazeau, Aider les autres -quoi faire ? De La Martinière Jeunesse,coll. « Help ! », 2008, 253 p., 11 €. Pourles autres titres de la collection, cliquezsur www.lamartinierejeunesse.fr

dLes toits végétaux sont beaux. Ils sontaussi utiles. Ainsi, en Angleterre, où ils« sont conçus spécifiquement pour pro-curer un habitat, dans des zones très peu-plées, à des espèces d’oiseaux comme lesrouges-queues noirs ». Et ce n’est là quel’un des bienfaits environnementaux d’unepratique qui, si elle nous paraît nouvelle,n’en remonte pas moins « à des milliersd’années ». En témoignent « les célèbresjardins suspendus de Babylone plantés surdes toits en terrasse ». Passé un premierchapitre à l’érudition joyeuse, illustré dequelques toits du monde (photographiésen Suisse, en Islande, aux États-Unis...), lesauteurs invitent leurs lecteurs à concevoiret construire leurs propres toits végétaux.Choix des plantes, périodes de plantation,entretien... Voilà une mine d’idées qui nedemandent qu’à fleurir sur les toits des...écoles.Edmund C. Snodgrass, Lucie L. Snodgrass,Guide des plantes de toits végétaux, Édi-tions du Rouergue, 2008, 201 p. (nom-breuses ill.), 22 €.

À votre serviceCette page est à la disposition des chefsd’établissement et des responsables d’or-

ganisme de l’enseignement catholique, pourfaire connaître des offres d’emploi, des re-cherches de partenariat pour une initiativepédagogique, éducative, pastorale, des propo-sitions d’études et de réflexions... sans caractè-re commercial. La rédaction se réserve le droitde refuser une annonce.

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« Après avoir réfléchi sur la place des parents, des gestionnaires, puis des enseignants,

il n’est que légitime de vouloir reconnaître le rôle essentieltenu par les adjoints en pastorale scolaire pour la mise

en œuvre de la mission confiée aux établissementscatholiques d’enseignement. »

Un texte approuvépar le Comiténational del’enseignementcatholique le 9 novembre2007.

L’ADJOINT EN PASTORALE SCOLAIRE L’exemplaire : 2,00 €

Nom / Établissement : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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L’informationindispensable à tous les membres des communautés éducatives

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