protocole de travaux pratiques · propriétés physico-chimiques typiques des états gazeux,...
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[PROTOCOLE TP EXTRACTION AU CO2 SUPERCRITIQUE] 06 janvier 2017
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Manip n°5
EXTRACTION PAR CO2
SUPERCRITIQUE
PROTOCOLE DE TRAVAUX
PRATIQUES
[PROTOCOLE TP EXTRACTION AU CO2 SUPERCRITIQUE] 06 janvier 2017
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PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ : Vous allez utiliser un TP sous haute-pression ! Attention à :
- Porter des lunettes de sécurité lors des expérimentations - Porter le CO2-mètre portatif - Faire valider par vos encadrants que vous pouvez démarrer la mise sous pression - Ne pas tenter d’ouvrir l’extracteur ou le séparateur si la pression relative n’est pas nulle.
Une pression résiduelle de quelques bars peut être très dangereuse !
1. Généralités sur l’extraction par CO2 supercritique
1.1 Généralités sur l’extraction végétale
L’extraction végétale sert à isoler une molécule d’intérêt contenue initialement dans une plante. C’est une opération
fréquente dans l’industrie agro-alimentaire (fabrication du sucre de betterave, extraction des huiles végétales…) ou
pharmaceutique (production d’anti-cancéreux chez Pierre Fabre…).
C’est habituellement une opération solide-liquide où un solvant de la molécule d’intérêt est mis en contact avec la matrice
végétale, en général sous forme sèche et broyée, de façon à ce que le solvant imprègne le solide. A l’intérieur des particules
de solide la molécule d’intérêt (le soluté) se dissout dans le solvant et diffuse vers l’extérieur des particules pour s’accumuler
dans le solvant. A la fin de cette étape, le solvant est en général évaporé et on récupère le soluté extrait. Le solvant vaporisé
peut être alors condensé pour être recyclé vers l’opération d’extraction.
Quand le soluté à extraire est polaire on utilise l’eau comme solvant (exemple : extraction du sucre de betterave) ou des
solutions hydro-alcooliques. Quand le soluté est plutôt hydrophobe on utilise des solvants organiques, par exemple l’hexane
pour l’extraction des huiles de graines de plantes oléagineuses.
En général on choisit un solvant dans lequel le soluté est très soluble et le phénomène d’extraction est alors limité par le
transfert de matière de l‘intérieur des particules vers leur surface (diffusion interne) ou de la surface des particules vers le
cœur du solvant (transfert de matière externe).
Il y a habituellement trois modes opératoires :
- L’extraction discontinue par macération, infusion, décoction, etc… On laisse tremper les particules de solide
dans une cuve contenant le solvant (chaud ou froid) avec ou sans agitation
- L’extraction continue à contre-courant ou courants-croisés : le temps de contact correspond au temps de séjour
du solide dans l’appareil. La circulation du solvant à contre-courant évite sa saturation par le soluté.
- L’extraction discontinue avec régénération du solvant (type Soxlhet) : le solvant pur issu de l’évaporation est
condensé puis percole par gravité à travers le solide où il extrait le soluté qui s’accumule dans la solution riche
d’où a lieu l’évaporation.
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1.2 Cas étudié : l’extraction par CO2 supercritique
1.2.1. Intérêt du CO2 supercritique pour l’extraction
Un composé est en conditions supercritique lorsqu’il est porté à une température et à une pression
supérieures à sa température et sa pression critique (Tc et Pc), comme représenté sur la Figure 1. A titre
d’exemple les coordonnées critiques de quelques composés sont indiquées dans le Tableau 1.
Solvant Tc (°C) Pc (bar)
Eau 374 218
CO2 31 74
Propane 97 42
Ethane 32 48
Butane 152 38
Acétone 235 47
Ethanol 243 63
Pyridine 347 55
Figure 1. Diagramme de phases d’un corps
pur. Extrait de [1]
Tableau 1. Coordonnées critiques de quelques composés.
Extrait de [2]
Un fluide supercritique peut être considéré comme un gaz dense, possédant des propriétés physico-chimiques
intermédiaires entre celles de l'état liquide et de l'état gazeux. Pour illustrer ce propos, les valeurs typiques des
propriétés physiques du fluide aux états gazeux, liquide et supercritique (FSC) sont répertoriées dans le tableau
2. On peut y observer que la masse volumique est plutôt proche de celle des liquides alors que la viscosité sera
plutôt faible comme celle d’un gaz, la diffusivité étant intermédiaire entre celles des états gazeux et liquides (d’où
le terme de gaz dense). Il en résulte également que d’autres propriétés telles que la conductivité thermique, la
tension interfaciale ou la capacité calorifique ont un comportement singulier.
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Tableau 2. Propriétés physico-chimiques typiques des états gazeux, liquide et supercritique. Extrait de [1]
De par ses propriétés spécifiques, le dioxyde de carbone (CO2) est le composé le plus utilisé à l’état
supercritique : il possède un bon pouvoir solvant pour l'extraction de composés apolaires tels que les
molécules hydrophobes (alcanes, huiles) et peut dissoudre certaines molécules faiblement polaires et
volatiles telles que les alcools, les esters, les aldéhydes et les cétones. Par ailleurs, sa faible température
critique (31°C) rend son utilisation particulièrement pertinente pour l'extraction d'une large gamme de
composés naturels à partir de matière végétale sans crainte de dégradation thermique des produits.
Parmi les avantages de l’extraction au CO2 supercritique (CO2SC) par rapport aux procédés classiques, on
peut citer :
- Diffusivité facilitée dans les matières solides
- Pouvoir solvant « à géométrie variable » (élevé en conditions supercritiques et très faible à l’état
gazeux)
- Conditions douces de température
- Facilité de récupération et purification des extraits par dépressurisation
- Pas de réactions indésirables avec le solvant
- Minimisation voire élimination des solvants chimiques
- Extrapolation simple
Quelques inconvénients cependant :
- Pouvoir solvant souvent plus faible que solvants chimiques traditionnels
- Difficulté de traitement en cas de matières végétales humides
- Coût d’investissement plus élevé
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1.2.2. Mode opératoire et caractéristiques de l’extraction par CO2 supercritique
L’extraction par le CO2 supercritique utilise le mode Soxhlet où la régénération du solvant est réalisée
habituellement par changement de pression : en sortie d’extracteur, l’extrait est détendu ce qui provoque une
séparation des solutés et du CO2, puis le CO2 est re-comprimé, comme schématisé sur la Figure 3.
Figure 3. Schéma simplifié d’une opération d’extraction au CO2SC avec séparation par détente.
Ainsi, le cycle complet que subit le fluide comporte 3 zones :
i) la zone où le fluide est en état supercritique et où s’effectue l’opération d’extraction,
ii) la zone de séparation où l’on récupère le fluide quasi-pur
iii) la zone de recyclage où il est remis en état supercritique pour entamer un nouveau cycle.
Contrairement à l’extraction solide-liquide classique, il est fréquent de mettre en évidence une extraction
limitée par la solubilité du soluté car le CO2 supercritique n’est pas un très bon solvant. Les paramètres
thermodynamiques (pression, température) deviennent alors déterminants.
L’extraction au cours du temps comporte donc en général deux phases distinctes :
- Une partie où l’extraction est contrôlée par la solubilité du/des solutés dans le CO2 (contrôle
thermodynamique).
- Une seconde partie où l’extraction est contrôlée par la diffusion interne au sein des particules
(contrôle par le transfert). Une limitation par le transfert externe est beaucoup moins fréquente.
Ces phases sont visibles sur la courbe de la Figure 4 représentant schématiquement une cinétique d’extraction.
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Figure 4. Allure générale d’une cinétique d’extraction
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2. Présentation de l’installation
L’installation d’extraction supercritique (Top Industrie, France) est présentée ci-dessous.
L’installation comprend :
- une pompe à CO2 avec débitmètre intégré et écran tactile
- un réchauffeur
- un extracteur d’une contenance de 0,22L
- un séparateur d’une contenance de 0,22L
- 2 bains chauffant permettant de chauffer l’extracteur et le séparateur
- un système de refroidissement pour la pompe
- un coffret de commande avec écran tactile et port USB
- un crochet permettant de sortir la cellule d’extraction de l’extracteur
- 2 capteurs de pression (extracteur + séparateur)
- 2 manomètres (extracteur + séparateur)
- 3 soupapes de sécurité
- 10 vannes manuelles
- un déverseur manuel
- 3 entrées (CO2 + co-solvant + nettoyage)
- 6 capteurs de température
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Schéma général détaillé :
H1 Réchauffeur H2 Bain chauffant
E2 Extracteur MV Vanne manuelle
BPR Déverseur manuel C1 Système de refroidissement
S3 Séparateur Pt Capteur de pression
P1 Pompe PI Manomètre
TE Capteur de température SV Soupape de sécurité
Plages de fonctionnement :
- Débit de CO2 : de 0,5 à 140 g/min
- Pression d’utilisation : de 0 à 380 bar
- Température : de 40 à 70 °C
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Mise en service de l’installation et de la pompe :
� Mettre sous tension le coffret de commande, c’est-à-dire tourner le commutateur sur sa
position ON, et appuyer sur l’interrupteur vert.
Après chargement, l’interface suivante apparait :
� Allumer le groupe de froid (sous la pompe) et les deux bains chauffants (Mettre
sur ON l’interrupteur à l’arrière de chaque bain ET appuyer quelques secondes
sur le bouton on/off situé en façade du bain pour mettre en route la chauffe et
la circulation).
� Lorsque le groupe de froid et le bain ont atteint les températures de consigne,
mettre sous tension la pompe CO2 en appuyant sur le bouton situé à l’arrière :
L’interface de commande suivante apparait :
� Cliquer sur l’icône suivant pour lancer le mode utilisateur :
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Enregistrement des données :
� Pour enregistrer les données brancher une clé USB dans le
port prévu à cet effet sur le coffret de commande.
� Pour lancer l’enregistrement, cliquer sur la disquette grise.
Lancer / Arrêter l'enregistrement : (ou lorsque l'enregistrement est lancé)
Visualisation des courbes
� Cliquer sur l’icône « courbes » afin de visualiser en direct l’évolution des paramètres
Page Courbes :
Le panneau suivant devrait apparaitre :
Mise sous-pression de l’installation :
Remarque : il est conseillé de réaliser une expérimentation préliminaire sans matière à extraire afin de
prendre en main le pilote, vérifier l’absence de fuites et/ou pré-régler le déverseur à la pression
souhaitée pour l’extraction.
� Fermer l’extracteur et le séparateur en vissant complètement les bouchons puis en les dévissant
d’1/4 de tour.
� Vérifier que toutes les vannes de l’installation (vannes rouges ET noires MV1 et MV3 à MV9) sont
bien fermées (ATTENTION à ne pas serrer trop fort les vannes rouges à pointeau)
� Ouvrir la bouteille de CO2
� Connecter la bouteille de CO2 à la pompe en ouvrant MV1 (pointe de la vanne vers le bas)
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� Connecter l’extracteur à la pompe en ouvrant MV4. La pression augmente alors dans l’extracteur
jusqu’à la pression de la bouteille.
� Ouvrir MV7 et le déverseur pour connecter l’extracteur et le séparateur.
� La vanne est MV10 est bloquée en position toujours ouverte de façon à fonctionner en recyclage
du CO2. La pression dans le separateur est ainsi toujours égale à la pression de la bouteille (autour
de 50 bar).
� Isoler l’extracteur en fermant MV4 et MV7 et surveiller la pression pendant quelques minutes.
Vous pouvez surveiller l’évolution de la pression sur le graphe du tableau de contrôle. Si celle-ci
chute, appeler un technicien pour rechercher la fuite. Sinon ré-ouvrez MV4 et MV7 et passer à la
suite.
Pour tester la pompe et prérégler le déverseur :
� Rentrer la valeur souhaitée du débit de CO2 (en gr/min) sur l’interface de la pompe et la démarrer
en appuyant sur ON :
� Laisser la pression monter dans l’extracteur jusqu’à la pression souhaitée (la pression de
l’expérimentation que vous voulez réaliser) et la maintenir à une valeur constante en ouvrant le
déverseur. Quelques serrages/desserrages du déverseur vous permettront d’ajuster cette valeur.
Vous pouvez conserver ce réglage pour l’expérimentation qui va suivre.
� Arrêter la pompe en appuyant sur le bouton OFF et purger le système suivant le protocole ci-
dessous.
Purge de l’installation :
� Fermer la bouteille de CO2
� Fermer MV1
� Ouvrir progressivement MV6 et MV9 de façon à diminuer la pression dans l’installation.
� Ouvrir MV5 et MV8 (vannes de pied)
� Lorsque la pression dans l’extracteur et le séparateur est revenue à 0, ceux-ci peuvent être ouverts.
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Mise en œuvre de l’extraction :
Remplissage du panier d’extraction
� Si le panier d’extraction est dans l’extracteur, le sortir à l’aide du crochet prévu à cet effet.
� Dévisser le haut du panier, enlever le filtre.
� Broyer le plus finement possible la matière à traiter et l’insérer dans le panier. Peser ce dernier
avant et après remplissage.
� S’assurer de la propreté du joint et de la culasse.
� Mettre un filtre en papier en haut du panier puis remettre le filtre métallique et revisser le haut
du panier.
� Remettre le panier plein dans l’extracteur puis refermer en vissant jusqu’à la butée. Une fois la
butée atteinte, dévisser d’1/4 de tour.
Démarrage de l’extraction
� S’assurer que la température indiquée sur le système de refroidissement soit bien à 2°C ainsi
que les bains chauffants à la température souhaitée (40°C en général).
� Placer une fiole préalablement tarée sur la balance située sous le séparateur.
� Mettre le système sous pression en répétant la procédure « Mise sous pression de
l’installation ».
• Vérifier que toutes les vannes de l’installation (vannes rouges ET noires MV1 et MV3
à MV9) sont bien fermées (ATTENTION à ne pas serrer trop fort les vannes rouges à
pointeau)
• Ouvrir la bouteille de CO2
• Connecter la bouteille de CO2 à la pompe en ouvrant MV1 (pointe de la vanne vers
le bas)
• Connecter l’extracteur à la pompe en ouvrant MV4. La pression augmente alors dans
l’extracteur jusqu’à la pression de la bouteille.
• Ouvrir MV7 et le déverseur pour connecter l’extracteur et le séparateur.
• Mettre la pompe CO2 en route et régler la pression souhaitée avec le déverseur
� Lorsque la pression souhaitée est atteinte, il est recommandé d’arrêter la pompe et isoler
l’extracteur en fermant MV4 pendant 10 à 15 minutes pour « équilibrer » la matière
végétale et le CO2 (temps d’extraction « statique »).
� Après le temps statique, ouvrir MV4 et démarrer la pompe au débit souhaité puis démarrer le
chronomètre (t0 de l’extraction « dynamique »).
Filtre métallique
Filtre papier
Culasse
Joint
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� Recueillir à intervalles réguliers (5 à 10 minutes) l’extrait en ouvrant « délicatement » la
vanne de pied du séparateur MV8 (1/4 de tour suffit en collant le tube contre la paroi
à l’intérieur de la fiole). Attention à une dépressurisation trop brusque dans le
flacon qui pourrait entraîner une perte de matière!
Arrêt de l’extraction
� Arrêter la pompe CO2 en appuyant sur le bouton OFF
� Purger l’installation comme décrit précédemment (§ Purge de
l’installation)
Mode opératoire de mise à l’arrêt de l’installation à la fin du TP (après purge):
� Fermer l’arrivée de gaz
� Eteindre la pompe en appuyant sur le bouton rouge
� Eteindre le système de refroidissement et les bains chauffant en éteignant l’interrupteur
� Eteindre le coffret d’alimentation en appuyant sur le bouton rouge du coffret et en mettant le
commutateur sur la position OFF
RAPPELS DE SECURITE Les opérateurs, opératrices doivent être munis des vêtements de sécurité obligatoires :
- blouse en coton - lunettes de sécurité lors de toute manipulation ou réglage - chaussures appropriées - gants lors de toute manipulation ou réglage.
Il est interdit d’intervenir dans le coffret électrique ainsi que d’intervenir sur les raccords (même en cas de fuites).
Une personne devra rester en permanence devant l’installation en fonctionnement pour suivre le bon déroulement des opérations.
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3. Etudes à réaliser
L’étude portera sur l’extraction d’huile contenue dans des graines de tournesol broyées.
L’objectif du TP est de mettre en évidence l’influence des paramètres opératoires sur l’extraction. Une seconde
partie aura pour but d’effectuer un bilan énergétique global sur le procédé. Les paramètres influant sur
l’extraction et susceptibles d’être étudiés dans le cadre de ce TP sont :
- La pression d’extraction (maximum 350 bar)
- Le débit du CO2 (entre 5 à 120 g/min)
- La température d’extraction (maximum 70°C)
- La taille des particules
Proposition de travail sur ½ journée : parties 1,2 et 4
Proposition de travail sur 1 journée : parties 1,2, 3 et 4
3.1 Préparation de la matière première
Peser environ 150 g de graines et les broyer pour avoir un diamètre moyen de l’ordre de 0,5mm. Cette valeur
n’est pas à respecter impérativement mais il est important d‘utiliser le même lot broyé pour tout le TP.
3.2 Etude de l’influence de la pression
(150 et 250 bar, extraction à 40°C et 100 g/min)
Avec la pompe d’alimentation en CO2, monter en pression dans l’extracteur jusqu’à la valeur de pression désirée
(150 ou 250 bar) puis laisser un contact sans débit pendant 10 à 15 minutes (pour cela arrêter la pompe).
Au temps 0, re-démarrer la pompe et régler le débit à 100 g/min de CO2.
Réaliser une courbe d’extraction complète (c’est-à-dire jusqu’à ce que l’on ne recueille plus rien en pied du
séparateur) en vidangeant le séparateur et pesant l’extrait toutes les 5 à 10 minutes (durée habituelle d’une
extraction : 60 à 80 min)
Tracer sur un même graphe les résultats pour les différentes pressions testées (Mhuilecumulée/Msolide = f(temps)).
Conclure sur l’influence de la pression.
Tracer le graphe (Mhuilecumulée/Msolide initiale = f(MCO2
cumulée/Msolide initiale)) pour les différentes pressions testées.
Evaluer la valeur de la solubilité apparente de l’huile à partir de la pente de la partie quasi-linéaire de la courbe.
La masse de CO2 cumulée est soit directement lue sur la pompe (il est préférable de l’avoir réinitialisée avant de
démarrer au temps 0) soit obtenue par M = débit x temps.
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Comparer cette valeur avec la corrélation de Del Valle [3].
( ) ( )ρ
ρ 724,102
S
0,001 . T
2186840 T 18708 - 40,361 exp
C+
=
Cs en g d’huile/g de CO2, ρ (=ρCΟ2) en kg/m3, T en K.
On pourra chercher la valeur de la masse volumique du CO2 en fonction de la température et de la pression sur
la base de données NIST (http://webbook.nist.gov/chemistry/) ou la calculer avec un logiciel comme Prophy Plus
en utilisant l’équation d’état de Lee-Kesler-Plöcker.
3.3- Etude de l‘influence du débit de CO2
(80 g/min, 100 g/min, 120 g/min, extraction à 250 bar, 40°C)
Mettre en pression jusqu’à 250 bar puis laisser un contact sans débit pendant 10 à 15 minutes, comme
précédemment.
Au temps 0, démarrer la pompe et régler le débit à la valeur désirée.
Réaliser une courbe d’extraction complète en vidangeant le séparateur et pesant l’extrait toutes les 10 minutes.
Tracer sur un même graphe (Mhuilecumulée /Msolide= f(temps) les résultats pour les 4 débits testés.
Conclusion
Tracer sur un même graphe Mhuilecumulée/Msolide initiale = f(MCO2
cumulée/Msolide initiale) pour les différents débits testés.
Que remarquez-vous ? Conclusion
3.4 Tracé du cycle thermodynamique du CO2 (Travail à réaliser pendant la première expérience d’extraction).
Pour les conditions opératoires d’extraction correspondant à la première extraction (250 bar, 40°C, 100 g/min),
positionner les points expérimentaux (T et P) indiqués sur l’installation et indiquer l’état physique du CO2 en ces
points.
Tracer le cycle complet. Vérifier que la détente au déverseur est quasi-isenthalpique et la compression quasi-
isentropique.
Utiliser les valeurs d’enthalpies lues sur le diagramme pour évaluer les variations d’enthalpies au séparateur et
au condenseur. En déduire les puissances de pompage, de chauffage et de refroidissement nécessaires. On
rappelle Pfournie au CO2 = Débit x ∆H.
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Tracé du chemin thermodynamique du CO2 dans un procédé avec pompage liquide
L’influence d’autres paramètres, en particulier celles de la température d’extraction et de la taille des particules
solides, pourra être évaluée au cours de ce TP.
Références bibliographiques
[1] K. Benaissi. Le CO2 supercritique appliqué à l’extraction végétale. Technique de l’Ingénieur, 2013
[2] J.-S. Condoret, D. Barth, Les fluides supercritiques, dans Génie des Procédés Durables, Dunod, 2010
[3] Jose M. Del Valle, Jose M. Aguilera, An improved equation for predicting the solubility of vegetable oils in supercritical
carbon dioxide, Ind. Eng. Chem. Res., 1988, 27 (8), pp 1551–1553
A
B
Q
C
Q
DE
Q
-10 0 10 20 30 40 50 60
(%pd
s)C
once
ntra
tion
en n
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alèn
e
Température (°C)
70 atm
80
90
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120
150
300
30.0
10.0 -
1.0 -
0.1 -
Tem
péra
ture
(°C
)
Entr opie S (kcal/Kg.K)0,7 0,8 0,9 1
20
40
60
80
100
120
150 120 100 80 70
P =cte (bar)
H = cte
La séparation fluide-solutéest gênée par la présencede CO2 liquide
A
B
Q
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DE
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P =cte (bar)
H = cte
La séparation fluide-solutéest gênée par la présencede CO2 liquide
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ANNEXE 1
Schéma de l’installation
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ANNEXE 2
Diagramme Masse Volumique-Température du CO2
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Dioxyde de carbone
Fiche toxicologique n°238
Généralités
Edition 2005
Formule :
CO 2
Substance(s)
Formule Déta
CO 2
Nom
Dioxyde de carbone Numéro CAS 124-38-9
Numéro CE 204-696-9
Synonymes Anhydride carbonique , Neige carbonique , Carboglace
Caractéristiques
Le dioxyde de carbone est présent à l’état naturel dans l’atmosphère. Le taux
normal varie de 0,03 à 0,06 % en volume. Le dioxyde de carbone est utilisé
essentiellement dans :
l’industrie agroalimentaire (conservation et gazéification des boissons, refroidissement et congélation des denrées alimentaires, extraction de la caféine et du houblon par le dioxyde de carbone super-critique...) ;
le refroidissement (pour l’ébarbage ou le broyage) des caoutchoucs, matières plastiques. ;
l’extinction des feux [dioxyde de carbone liquéfié sous pression, seul (neige carbonique)
ou associé à d’autres gaz inertes (Inergen ® )] ; la synthèse de l’urée ;
la protection des soudures
(soudage TIG et MIG) ; le
traitement de l’eau ;
DIOXYDE DE CARBONE
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les cultures sous serres ;
des applications médicales (lasers, cryothérapie en dermatologie, réanimation en mélange avec de l’oxygène).
Par ailleurs, du dioxyde de carbone peut se former lors de combustions, de putréfactions (eaux résiduelles
: égouts, puits), de fermentations alcooliques et malolactiques (vinification).
Propriétés physiques
[2 à 4, 6 à 10]
À température et pression ordinaires, le dioxyde de carbone est un gaz incolore, inodore, à saveur
piquante, plus lourd que l’air. Il est soluble dans l’eau, à raison de 88 ml de dioxyde de carbone pour 100
ml d’eau à 20 °C, avec formation d’acide carbonique H 2 CO 3 .
Point de sublimation du dioxyde de carbonne : - 78,5 °C
Nom Substance Déta
Dioxyde de carbone
N° CAS
124-38-9 Masse molaire 44,01
Point de fusion - 56,6 °C à 526 kPa
Densité gaz / vapeur 1,53 (air = 1)
Pression de vapeur 5 860 kPa à 21 °C
Point critique 31,1 °C à 7 478 kPa
À 25 °C et 101 kPa, 1 ppm = 1,8 mg/m 3 .
Propriétés chimiques
[2, 5, 7, 8, 10]
À température ordinaire, le dioxyde de carbone est un produit très stable. Sa dissociation
ne devient appréciable qu’entre 1 000 et 2 000 °C. Le produit anhydre n’attaque pas les
métaux et alliages usuels.
Humide, par contre, le dioxyde de carbone est corrosif. Seuls les aciers inoxydables (type 316, 309, 310), les Hastelloy ® et le Monel ® sont alors utilisables.
À haute température, le dioxyde de carbone est incompatible avec le molybdène, le tungstène,
le fer, les aciers et alliages à base de nickel, qu’il oxyde. À température ordinaire, le produit est
compatible avec la plupart des élastomères et matières plastiques.
Récipients de stockage
Le stockage du dioxyde de carbone (liquéfié sous sa propre pression de vapeur saturante)
s’effectue dans des bouteilles en acier de couleur grise. La neige carbonique est obtenue par
détente du dioxyde de carbone liquéfié, la carboglace par compression de cette neige.
Des réservoirs à moyenne et basse pression simplement isolés avec, par exemple, du polyuréthane, ou avec
isolation sous vide à la perlite, sont utilisés pour stocker le dioxyde de carbone de - 20 °C (sous 2 000 kPa) à -
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40 °C (sous 1 000 kPa) pour les applications cryogéniques.
Valeurs Limites d'Exposition Professionnelle
Des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) dans l’air des lieux de travail ont été établies pour le dioxyde de carbonne.
Substance Pay VME (ppm) VME VLCT (ppm)
Dioxyde de
Etats-Unis (ACGIH)
5 000 (TLV-TWA)
-
30 000 (TLV-STEL)
Dioxyde de
Allemagne (valeurs MAK)
5 000
9 100
-
Méthodes de détection et de détermination dans l'air
[22 à 24]
Tubes détecteurs colorimétriques Draeger, MSA, Gastec couvrant des
concentrations en CO 2 de 100 ppm à 25 %. Appareils à lecture directe :
analyseurs infrarouges, capteurs électrochimiques ou à semi-conducteurs.
Prélèvement par pompage de l’atmosphère en sac type TEDLAR, dosage par chromatographie en phase gazeuse, détection par conductivité thermique.
Incendie - Explosion
[5 à 7, 10]
Le dioxyde de carbone est un composé ininflammable.
Pathologie - Toxicologie
Toxicocinétique - Métabolisme
[15, 16]
Le dioxyde de carbone pénètre et est éliminé par inhalation ; il diffuse librement à travers la membrane alvéolaire vers
le sang où il provoque une acidose respiratoire.
Chez l'animal
En plus de l’absorption pulmonaire, une pénétration percutanée est quelquefois observée.
Le libre échange pulmonaire fait qu’une augmentation de la pression de dioxyde de carbone (PCO 2 )
dans l’air inspiré provoque une augmentation de la PCO 2
dans les alvéoles qui se traduit par un accroissement immédiat de la PCO 2 dans le sang.
En conditions normales chez l’homme, la PCO 2 sanguine est maintenue à une valeur stable par la
ventilation alvéolaire, sous le contrôle des centres respiratoires ainsi que par des impulsions provenant du cortex cérébral. Des variations légères de la concentration en CO 2 s’accompagnent de modifications
correspondantes de la ventilation alvéolaire, qui aboutissent à une régulation de la PCO 2 sanguine.
L’hypercapnie aiguë (augmentation de la teneur en CO 2 du sang artériel) induit une acidose respiratoire
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(baisse du pH sanguin) due à un déséquilibre acide-base. Dans les minutes suivant une augmentation aiguë de la PCO 2 , il se produit une légère augmentation de la concentration plasmatique en
bicarbonates, liée au pouvoir tampon intracellulaire (essentiellement au niveau de l’os et du muscle qui captent environ 60 % de la charge acide) et à la perte cellulaire de bicarbonates.
Dans un deuxième temps, les protons acides sont éliminés principalement par une augmentation du
volume et de la fréquence respiratoire. Dans les heures qui suivent, le rein répond à l’accumulation
d’acide en augmentant la réabsorption de bicarbonates dans le tube contourné principal et la branche
ascendante de l’anse de Henlé, et en amplifiant la sécrétion des protons dans le tube distal et le tube
collecteur.
Lors de l’hypercapnie chronique ou acidose respiratoire chronique, la PCO 2 du liquide céphalorachidien
(LCR) se modifie rapidement pour égaler la PCO 2 artérielle. L’hypercapnie, persistant plusieurs heures,
induit, pour restaurer partiellement le pH du LCR, une augmentation de la concentration en bicarbonates qui atteint un maximum en 24 heures. Une hypercapnie prolongée stimule également au niveau du rein
la sécrétion d’acide et intensifie l’excrétion d’ions ammonium (NH 4 + ), jusqu’à un nouvel état
d’équilibre atteint après 3 à 5 jours.
La PCO 2 doit être réduite prudemment ; en effet, une correction brutale de l’hypercapnie alcalinise le
liquide céphalorachidien, ce qui peut provoquer des convulsions et induire une alcalose métabolique systémique aiguë, pouvant persister plusieurs jours.
Toxicité expérimentale
Le dioxyde de carbone est un gaz asphyxiant à partir de 30 % chez le rat ; sa diffusion très aisée à travers les
membranes tissulaires est responsable de la rapidité d’apparition des effets sur le pH sanguin, les poumons, le cœur et
le système nerveux central.
Aiguë et subchronique [16]
L’effet le plus important du CO 2 s’exerce sur l’équilibre acide/base et les électrolytes. La période d’acidose
non compensée est caractérisée, chez le cobaye (15 % CO 2
, 73 j), par une baisse du pH extracellulaire et urinaire, de la concentration plasmatique en phosphore
inorganique, de l’excrétion pulmonaire de CO 2 et de l’excrétion urinaire de bicarbonates, et par une
augmentation de la concentration plasmatique de calcium et de l’excrétion urinaire de phosphore.
Pendant la période de compensation, le pH extracellulaire retourne à la valeur normale, le taux de
calcium plasmatique reste élevé et le taux de phosphore inorganique reste faible pendant 20 jours. Cet
effet sur le calcium et le phosphore inorganique, associé à une calcification rénale, suggère une stimulation
de la parathyroïde. Chez le rat (15 %, 11 j), on observe une augmentation de l’excrétion urinaire d’ions NH
4 + et d’acides. À fortes concentrations, l’acidose respiratoire se développe plus rapidement et est
compensée plus vite par des mécanismes homéostatiques (tampons sanguins, modifications
respiratoires et compensation rénale) qu’à des concentrations plus faibles. Les conséquences d’une exposition au CO 2 sur le système nerveux central sont immédiates à forte concentration : excitation psychomotrice, inconscience et convulsions. Chez le singe, une stimulation de la zone corticale et subcorticale, accompagnée d’une augmentation de l’activité hypothalamique, a été montrée pour une exposition de 10 minutes à 30 % de CO 2 ; si la concentration augmente, il apparaît un effet dépressif mis en évidence par une élévation du seuil de stimulation du cortex moteur. Les effets pulmonaires semblent dus à l’acidose induite, plutôt qu’à une action directe du CO 2 . Ils sont immédiats et apparaissent à concentration plus faible que ceux sur le système nerveux central : accroissement de la ventilation minute, de la fréquence respiratoire, du volume courant et diminution de la conduction des voies respiratoires à partir d’une concentration de 5 %. La combinaison de ces effets peut entraîner une dyspnée, l’apparition d’une acidose respiratoire non compensée accompagnée d’œdème pulmonaire (rat, réversible en 7 j, et cobaye), de perte de surfactant entraînant une nécrose des cellules épithéliales bronchiolaires et d’atélectasie (affaissement des alvéoles pulmonaires, cobaye). Chez le singe, on note une stimulation de la fréquence respiratoire jusqu’à une concentration de 10 %, puis une dépression jusqu’à la mort de l’animal à un taux de CO 2 supérieur à 50 %. La survie à des concentrations élevées est possible si l’exposition est progressive (augmentation de 0,12 à
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0,5 % par min) et si le retour à l’air normal se fait par une diminution progressive de la concentration de CO 2 (1 à 2 % par min).
Une réponse biphasique du même type a été observée sur le système cardiovasculaire du singe et du
chien : augmentation de la fréquence cardiaque jusqu’à 10 % de CO 2 puis diminution jusqu’à 35 - 40 % et
arrêt cardiaque à des concentrations supérieures. Si la concentration de CO 2 est augmentée
progressivement, le singe survit jusqu’à 51 % de CO 2 . Le retour à l’air normal doit être progressif sous
peine de troubles du rythme cardiaque, qui peuvent être mortels en 2 à 10 minutes. Une étude similaire chez le rat révèle des arythmies pendant l’exposition (50 - 70 % de CO 2 ) qui s’amplifient si la correction de l’anomalie est trop rapide.
Une induction de l’activité des surrénales est mise en évidence par une excrétion augmentée
d’adrénaline, de noradrénaline, de 17-OH-corticostéroïdes et de catécholamines plasmatiques à des
concentrations de CO 2 supérieures à 6 %. Des concentrations narcotiques (30 % dans l’air, 10 min)
induisent chez le rat et le cobaye une baisse du cholestérol surrénalien et du nombre de lymphocytes et
une augmentation du nombre d’éosinophiles et du poids des surrénales. En cas d’hypercapnie
prolongée (cobaye, 15 %, 7 j), la stimulation corticale surrénalienne a lieu pendant la période d’acidose
non compensée et disparaît avec la compensation. Si l’exposition est intermittente, il n’y a pas de
compensation de l’acidose et pas de baisse de la réponse sympathosurrénalienne. La réponse de stress à
l’hypercapnie représenterait donc un effet non spécifique dépendant du pH sanguin.
Le développement d’une tolérance a été observé lors d’expositions prolongées ; celle-ci se manifeste par
une amplification de l’efficacité respiratoire, qui aboutit à une meilleure absorption d’oxygène et une
excrétion de dioxyde de carbone plus efficace, et une normalisation de la fréquence cardiaque après une
tachycardie initiale [16] .
Le dioxyde de carbone gazeux n’est pas irritant pour la peau ; sous forme solide (carboglace) ou liquide, il peut provoquer des gelures cutanées ou oculaires [17] .
Effets cancérogènes
[16]
Une seule étude suggère un effet cancérogène de la carboglace par voie cutanée chez
la souris.
La carboglace utilisée dans un test d’irritation chronique (déposée tous les jours sur la peau abrasée)
provoque une irritation locale avec épaississement de la peau au site d’exposition, des papillomes (87 %)
après 3 semaines et des carcinomes (7 %) après 240 jours. Les auteurs imputent ce développement à
l’effet non spécifique d’un irritant froid.
II n’y a pas d’étude par inhalation.
Effets sur la reproduction
[16]
Le dioxyde de carbone induit, chez le mâle, des modifications testiculaires sans effet sur la fertilité, et des modifications
cardiaques et squelettiques chez le fœtus.
Chez le rat, le dioxyde de carbone induit suivant la concentration (2,5 - 5 - 10 % CO 2 + 20 % O 2 + azote qsp 100 %) et de la durée de l’exposition (1 à 8 h), des modifications dégénératives des testicules. Les effets histologiques majeurs sont des perturbations tubulaires : desquamation et perte de netteté luminale à partir de 5 % pendant 4 heures, sillons et vacuolisation à partir de 10 % pendant 4 heures. Ces modifications sont réversibles 36 heures après l’arrêt de l’exposition. Chez la souris (35 %, 3 fois 2 h), il affecte la maturation des spermatozoïdes en diminuant la surface de la tête ; il n’y a pas de corrélation établie avec une baisse de la fertilit. Le dioxyde de carbone entraîne des malformations fœtales chez le rat (6 % CO 2 + 20 % O 2 + 74 % N 2 pendant 24 h entre le 5 e et le 21 e jour de gestation) et le lapin (10 - 13 % CO 2 , 4 à 10 h, pendant 2 ou 3 j entre le 7 e et le 12 e jour de gestation). Chez le rat, il augmente la mortalité
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postnatale, les malformations cardiaques et celles du squelette. La plus forte incidence est observée après exposition des mères pendant le 10 e jour de gestation. Chez le lapin, le dioxyde de carbone induit des malformations squelettiques assez diversifiées.
Toxicité sur l'Homme
L’exposition à de fortes concentrations est rapidement mortelle. Les effets sont d’abord une augmentation de
l’amplitude et de la fréquence respiratoire, puis cardiovasculaires et vasomoteurs pour évoluer vers des troubles
neurologiques graves (convulsion, coma). L’inhalation peut causer une bronchodilation chez l’asthmatique en crise. A
basse température, le contact avec le CO2 peut provoquer des brûlures (neige carbonique). Les expositions prolongées
peuvent provoquer des signes respiratoires, cardiovasculaires et neurologiques, sans modification des performances
psychomotrices. Il n'y a pas de données sur d'éventuels effets cancérogènes ou toxiques pour la reproduction.
Les effets sur l’homme du dioxyde de carbone ont été largement étudiés, du fait des nombreuses
circonstances d’intoxications par ce gaz, normalement présent en faible concentration dans l’atmosphère.
Toxicité aiguë
[4, 18]
À forte concentration, le dioxyde de carbone est principalement un gaz asphyxiant qui peut entraîner la
mort. L’importance des effets observés dépend de la concentration dans l’atmosphère et de nombreux
facteurs physiologiques (âge du sujet, état vasculaire...) ou climatiques (température extérieure, pression
en oxygène.).
Les premières manifestations apparaissent lors de l’inhalation d’une atmosphère contenant 2 % de CO 2 ;
elles se traduisent par une augmentation de l’amplitude respiratoire.
À partir de 4 %, la fréquence respiratoire s’accélère et la respiration peut devenir pénible chez certains sujets.
À partir de 5 %, s’y ajoutent des céphalées, une sensation de vertige ainsi que les premiers effets
cardiovasculaires et vasomoteurs (augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle,
vasodilatation périphérique).
À 10 %, on peut observer des troubles visuels (parfois associés à une dégénérescence rétinienne), des
tremblements, une hypersudation et une hypertension artérielle avec perte de connaissance, chez certains
sujets, si l’exposition dure une dizaine de minutes.
Lorsque l’on avoisine 20 %, des troubles graves d’apparition rapide peuvent survenir : dépression respiratoire, convulsion, coma et mort. Ces intoxications peuvent se compliquer d’une lyse musculaire. Il existe de nombreux cas de morts accidentelles brutales, liés à l’inhalation de fortes concentrations de CO 2 accumulé dans des lieux confinés (silos, caves) ou à des catastrophes
environnementales.
L’inhalation de concentrations comprises entre 2 et 10 % peut entraîner une bronchodilatation chez l’asthmatique en crise.
On n’oubliera pas que le contact avec du CO 2 à très basse température (neige carbonique) peut
provoquer des brûlures, avec phlyctènes sur la peau.
Toxicité chronique
[4, 19, 20]
Les effets d’une exposition prolongée au CO 2 ont été étudiés pour évaluer la tolérance des sujets à des
séjours en espace confiné (sous-marins, par exemple). Les données existantes concernent des expositions
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expérimentales de volontaires à des concentrations assez élevées : 0,5 à 4 % avec une pression partielle
d’oxygène normale.
Pour des concentrations inférieures à 1 %, les variations des paramètres biologiques ne sont pas significatives.
À partir de 1 %, on note une légère augmentation de la pression de CO 2 artérielle ainsi que de la
pression partielle en oxygène en raison d’une hyperventilation. À partir de 2 %, l’augmentation de la pression partielle de CO 2 dans le sang artériel et l’air expiré s’accentue ; elle est associée à une faible diminution du pH, sans autre anomalie notable.
À partir de 3 %, l’hyperventilation est marquée ainsi que la baisse du pH artériel (acidose respiratoire).
À 4 %, on constate de plus l’apparition de céphalées et de gastralgies au repos, d’asthénie et
d’extrasystoles à l’effort. Une augmentation du nombre d’hématies est également notée, peut-être en
relation avec une hémoconcentration liée à une polyurie hydrique au cours des 24 premières heures
d’exposition.
Au-delà, le seuil de tolérance est clairement dépassé.
Dans aucun de ces cas, des modifications des performances psychomotrices n’ont été mises en évidence. Des observations anciennes d’exposition dans des sous-marins de la Seconde Guerre mondiale dans lesquels la concentration en CO 2 était de l’ordre de 3 %, associée à un taux d’oxygène de 15 à 17 %, faisaient état de phases d’excitation et de dépression, d’une augmentation du flux sanguin cutané ainsi que d’une diminution de la température centrale et de la pression artérielle. Ces signes pouvaient s’associer à un ralentissement de la fréquence respiratoire et à des anomalies des fonctions mentales. Ces résultats, peut-être en relation avec d’autres polluants atmosphériques, n’ont pas été rapportés ultérieurement.
Dans une étude, on rapporte des altérations de la vision des couleurs (axe vert) qui n’ont jamais confirmés par la suite [21] .
Il n’y a pas de données concernant un effet cancérogène ou toxique pour la reproduction, lors d’expositions chroniques professionnelles à du dioxyde de carbone.
Réglementation
Rappel : La réglementation citée est celle en vigueur à la date d'édition de cette fiche : 2005
Les textes cités se rapportent essentiellement à la prévention du risque en milieu professionnel et sont
issus du Code du travail et du Code de la sécurité sociale. Les rubriques "Protection de la population" ,
"Protection de l'environnement" et "Transport" ne sont que très partiellement renseignées.
Sécurité et santé au travail
Mesures de prévention des risques chimiques (agents chimiques dangereux)
Articles R. 4412-1 à R. 4412-57 du
Code du travail. Circulaire DRT n° 12 du
24 mai 2006 (non parue au JO ).
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Aération et assainissement des locaux
Articles R. 4222-1 à R. 4222-26 du Code du travail.
Circulaire du ministère du Travail du 9 mai 1985 (non parue au JO).
Arrêtés des 8 et 9 octobre 1987 ( JO du 22 octobre 1987) et du 24 décembre 1993 ( JO du 29 décembre 1993) relatifs aux contrôles des installations.
Maladies à caractère professionnel
Articles L. 461-6 et D. 461-1 et annexe du Code de la sécurité sociale : déclaration médicale de ces affections.
Classification et étiquetage
Le règlement CLP (règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre
2008 (JOUE L 353 du 31 décembre 2008)) introduit dans l'Union européenne le système général harmonisé
de classification et d'étiquetage ou SGH. Le dioxyde de carbone n'est pas inscrit à l'annexe VI du règlement
CLP et ne possède pas d'étiquetages officiels harmonisés au niveau de l'Union européenne.
Cependant la majorité des industriels le classent : Gaz sous pression ; H280
Pour plus d'information, se reporter au site de l'ECHA ( http://echa.europa.eu/fr/ )
Protection de l'environnement
Les installations ayant des activités, ou utilisant des substances, présentant un risque pour
l'environnement peuvent être soumises au régime ICPE. Pour savoir si une installation est concernée, se
référer à la nomenclature ICPE en vigueur ; le ministère chargé de l’environnement édite une brochure
téléchargeable et mise à jour à chaque modification ( www.installationsclassees.developpement-
durable.gouv.fr/La-nomenclature-des-installations.html ). Pour plus d’information, consulter le
ministère ou ses services (DREAL (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du
Logement) ou les CCI (Chambres de Commerce et d’Industrie)).
Arrêté du 2 février 1998 modifié relatif aux prélèvements et à la consommation d’eau ainsi qu’aux
émissions de toute nature des installations classées pour la protection de l’environnement soumise à
autorisation (JO du 3 mars 1998).
Transport
Se reporter entre autre à l’Accord européen relatif au transport international des marchandises
dangereuses par route (dit "Accord ADR") en vigueur au 1er janvier 2011 ( www.developpement-
durable.gouv.fr/-Transport-des-marchandises-.html ).
Pour plus d’information, consulter les services du ministère chargé du transport.
Recommandations
Au point de vue technique
Stockage
Stocker le dioxyde de carbone dans des locaux frais et bien ventilés, à l’abri des rayonnements solaires et
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de toute source de chaleur ou d’ignition (flammes, étincelles...). En aucun cas, les bouteilles ne seront
exposées à des températures supérieures à 50 °C.
Placer les bouteilles verticalement, fermement maintenues pour éviter tout risque de chute ou de choc.
Les fermer soigneusement et les étiqueter correctement. Mettre le matériel électrique, éclairage
compris, en conformité avec la réglementation en vigueur.
Manipulation
Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le dioxyde de carbone. En outre :
Instruire le personnel des risques présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
Éviter l’inhalation massive de gaz. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s’y prête.
Prévoir une aspiration du produit à sa source d’émission, une ventilation générale des locaux ainsi
qu’une ventilation forcée des espaces confinés (fosses, zones basses) ou le dioxyde de carbone, plus
lourd que l’air, pourrait s’accumuler. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour
certains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel ou pour des interventions d’urgence.
Ne jamais pénétrer et travailler dans une enceinte où du dioxyde de carbone est susceptible de se
dégager, sans qu’une autre personne au moins, entraînée pour les secours et placée à l’extérieur, n’en
assure la surveillance. Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou
ayant contenu du dioxyde de carbone sans prendre les précautions d’usage [25] .
Éviter l’exposition de la peau et des yeux à la neige ou à la glace carbonique. Mettre à la disposition du
personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, gants imperméables et
lunettes de sécurité.
Pour la manipulation et l’utilisation des bouteilles contenant du dioxyde de carbone,
se conformer aux instructions du fabricant. Prévoir un contrôle en continu de la teneur
de l’atmosphère en dioxyde de carbone et une évacuation facile des locaux.
En cas de fuite, faire évacuer immédiatement les locaux en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d’un équipement de protection approprié.
Au point de vue médical
Éviter d’affecter à un poste comportant un risque d’exposition à de fortes concentrations (supérieures à
1 à 2 %) de dioxyde de carbone des sujets présentant des affections cardiaques ou pulmonaires mal
équilibrées. Lors des examens périodiques, rechercher des signes cliniques traduisant une forte
exposition.
En cas d’inhalation d’une concentration importante de dioxyde de carbone, retirer le sujet de la zone
polluée, après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants ; si la victime est
inconsciente, la maintenir au repos et en position latérale de sécurité. Mettre en œuvre, s’il y a lieu,
une assistance respiratoire et la faire transférer, dans les plus brefs délais, en milieu hospitalier.
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28
Bibliographie
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toxique en milieu de travail, 2 e éd. Éditions ESKA, 1998, pp.
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Sons, 2000, p. 717.
4 | LEIKAUF G.D., PROWS D.R. - Inorganic compounds of carbon, nitrogen and oxygen. In : Patty's Toxicology, 5 e éd., vol. 3, Ed Eula Bingham, Cohrssen Barbara, and Powell Charles P. New York, John Wiley and Sons, 2001, pp. 625-630.
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11 | Le gaz carbonique, l'autre produit de la vinification. Bulletin d'information de la
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carbone. Proceedings of a colloquium on « Space & Sea ». Marseille, France, 24-
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20 | RADZISZEWSKI E.- Effets physiologiques chez l'homme du confinement de
longue durée en atmosphère enrichie en dioxyde de carbone. Application à la
détermination des limites admissibles de CO 2 dans la vie en espace clos. Thèse Fac.
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21 | WEITZMAN D.O., KINNER J.S., LURIA S.M. - Effect on vision of repeated exposure to carbon dioxide. U.S. Naval Submarine Médical Center Report, 1969, pp. 1-6.
22 | NF 20-380 - Dosage du dioxyde de carbone. Guide pour le choix des méthodes de
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Consultable sur le site www.osha-slc.gov/dts/sltc/ methods 1.
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1 http://www.osha-slc.gov/dts/sltc/methods
Auteurs
N. Bonnard, M.-T. Brondeau, M. Falcy, D. Jargot, S. Miraval, J.-C. Protois, O. Schneider.