pression fiscale optimale et croissance economique en

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HAL Id: hal-03210477 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03210477 Preprint submitted on 28 Apr 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en République Démocratique du Congo : 1990 -2020 Elie Ndemba Tshilambu To cite this version: Elie Ndemba Tshilambu. Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en République Démocratique du Congo : 1990 -2020. 2021. hal-03210477

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Page 1: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

HAL Id: hal-03210477https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03210477

Preprint submitted on 28 Apr 2021

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique enRépublique Démocratique du Congo : 1990 -2020

Elie Ndemba Tshilambu

To cite this version:Elie Ndemba Tshilambu. Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en RépubliqueDémocratique du Congo : 1990 -2020. 2021. �hal-03210477�

Page 2: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en République

Démocratique du Congo : 1990 - 2020*

Elie Ndemba Tshilambu†‡

Résumé

L’objectif du présent article est d’analyser le rôle de la fiscalité et mesurer l’effet de celle-ci à travers son impact sur le capital public, dans la croissance économique en République Démocratique du Congo en s’appuyant sur le modèle de croissance endogène de Barro (1990) et à déterminer le taux optimal de pression fiscale à travers l’estimation du modèle de SCULLY. L’interaction entre la fiscalité et la croissance pourrait avoir une allure non linéaire, sous la forme d’une courbe de LAFFER, le test Hansen va servir à montrer l’effet de seuil dans la relation non linéaire entre la pression fiscale et la croissance économique. Un modèle ARDL a été estimé sur la période 1990-2020 pour analyser la dynamique de ces deux variables. Les résultats obtenus vont dans le sens d’une relation croissante entre la fiscalité et la croissance économique en RDC. Ainsi, à travers l’impôt, les ménages contribuent au financement du capital public qui conduit in fine à améliorer la croissance économique. Il en est ressorti de cette étude que les niveaux des composantes fiscales observés n’ont pas été efficients et optimaux par rapport aux taux de croissance économique observés en RDC durant la période 1990-2020. L’estimation du modèle de SCULLY révèle qu’avec un niveau de 24% de pression fiscale, on peut avoir une croissance économique soutenue.

Mots-clés : Politique Budgétaire, Croissance économique, Pression fiscale Classification JEL : E62, E22, O40, C11.

1. Introduction

Dans le contexte économique actuel, la question qui se pose souvent est la suivante : comment

hausser les revenus de l’État sans nuire, ou nuire le moins possible, à la croissance économique ?

Également, est-il possible de développer une politique fiscale qui favorise la croissance économique

?

En RDC, où le poids de l’imposition des revenus des particuliers en proportion du PIB est le plus

faible en Afrique, ces questions sont particulièrement indiquées et invitent par le fait même le

gouvernement Congolais à envisager de rééquilibrer son régime fiscal.

Depuis la moitié du XXème siècle, la politique budgétaire aussi bien que la politique monétaire est

parue comme une arme redoutable pour réguler de façon conjoncturelle l’activité économique et

rapprocher le PIB de son plein emploi. La politique budgétaire repose essentiellement sur la

politique fiscale qui consiste à financer les dépenses publiques par la taxation de l’économie et par

des emprunts. Pour améliorer le bien-être de ses populations, le gouvernement a besoin d’accroitre

ses services publics en investissant dans l’éducation, dans la santé, dans le commerce, dans les

infrastructures scolaires et sanitaires passant par la réhabilitation des infrastructures existantes et à

fournir le service public dans presque tous les secteurs de l’économie où le besoin se fait remarquer.

La performance d’un système de taxation est tributaire de sa capacité à mobiliser suffisamment de

* Les opinions et recommandations exprimées dans ce papier sont strictement celles de l’auteur.

† Université Protestante au Congo, RDC : Master en Sciences économiques, courriel : [email protected].

Page 3: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

ressources fiscales mais aussi il doit sa crédibilité de l’usage que les autorités gouvernementales en

font.

En effet, plus il y a une gestion rigoureuse et transparente des ressources fiscales que les effets de la

politique fiscale sont perceptibles et cela pourrait inciter les contribuables à payer leurs impôts ;

lorsque les opérateurs économiques observent la construction des routes et des chantiers de

réhabilitation des infrastructures publiques etc. Cela leur donne une bonne opinion de la gestion des

taxes qu’ils paient aux Etats et ainsi ils sont motivés à s’acquitter des impôts. Par conséquent pour

mieux collecter davantage les impôts, les autorités fiscales doivent utiliser de manière rationnelle

les deniers publics en privilégiant ou lésant un secteur économique par rapport à un autre selon le

poids des secteurs dans la croissance économique. Par ailleurs, nous notons que les taxes ne doivent

pas asphyxier l’activité économique décourageant ainsi la volonté d’entreprendre ou encourager

l’évasion fiscale.

Depuis les travaux de Laffer (1970) et de Barro (1990), l’on est conscient que les taxes ont un lien

avec l’activité économique. Pour Laffer, il existe un lien entre le taux d’imposition et les recettes

fiscales et pour Barro, un lien existe entre le taux d’imposition et le taux de croissance économique.

A partir des études théoriques faites par ces précédents auteurs, la question sur l’existence d’une

relation entre les composantes des taxes et le taux de croissance a manifesté beaucoup d’intérêts.

La République Démocratique du Congo caractérisée par des niveaux très bas de collecte des taxes

depuis les années de l’indépendance de ses pays membres, ont subi beaucoup de chocs

économiques exogènes dont les 2 chocs pétroliers des années 1973 et 1979, la crise financière

mondiale de 2008. Après la mise en place du programme d’ajustement structurel (PAS) instauré par

les FMI, le pays a fait de nombreuses réformes économiques et une harmonisation de la fiscalité

intérieure et la fiscalité extérieure pour favoriser la libre circulation des produits et améliorer la

compétitivité des entreprises locales. Les grands traits de ces grandes réformes fiscales sont la mise

en place une application uniforme de la TVA à 16 % et le taux d’imposition des bénéfices des

entreprises de 33% sur l’ensemble du territoire national. Par ailleurs, il convient de signaler le pays

a connu beaucoup d’instabilités politique durant les années 90 entrainant une détérioration

importante du cadre macroéconomique avec lui un effritement des performances économique. Cette

situation de crise politico-économique n’a pas laissé sans effet l’appareil fiscal qui s’est vu

s’effondre profondément. Ces chocs économiques, ces grandes réformes économiques et fiscales

ont entrainé une très grande volatilité du taux de croissance économique dans le pays.

Des études récentes telles que Engen et Skinner (1996) ont montré l’existence d’un lien entre la

pression fiscale, la structure des taxes et le taux croissance économique. En effet, la structure des

taxes peut affecter le taux de croissance économique via son impact sur les composantes du PIB

c’est-à-dire sur la Consommation finale et l’investissement. Les taxes ont également un impact sur

la compétitivité des entreprises. Ces auteurs ont montré que certaines taxes ont plus nuisance a la

croissance économique que d’autres et qu’une bonne structure des taxes est celle-là qui pondère

plus les taxes sur la consommation au détriment des taxes sur les revenus des ménages ou les

bénéfices des entreprises. Ce résultat a été encore prouvé dans Branson et Knox Lovell (2001). Une

remarque faite par les autorités fiscales des pays de l’UEMOA est que les taxes portant sur les

produits de la zone UEMOA constituent un frein au commerce des marchandises dans l’espace

communautaire et à la compétitivité des entreprises locales. La commission de l’UEMOA a mis en

place le programme de transition fiscale (PTF) en mars 2006 à Abidjan qui consiste à baisser ces

taxes collectées aux frontières des Etats et de les compenser par une hausse des taxes intérieures

dans l’objectif d’améliorer l’intégration sous régionale avec la compétitivité des entreprises en

favorisant la libre circulation des biens dans l’espace communautaire UEMOA. Un critère fixé par

le PTF est d’atteindre un niveau d’au moins 17% de pression fiscale (Ratio des recettes fiscales

totales rapportées au PIB) pour tous les États membres.

Page 4: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Au niveau théorique, la relation causale entre l’impôt et la croissance économique est souvent

appréhendée dans le sens d’une influence de la croissance des variables macro-économiques sur les

rentrées fiscales, et rares sont les modèles qui accordent une place importante à la variable fiscale

comme facteur déterminant de la croissance. Le rôle de l’impôt dans la détermination du taux de

croissance est de ce fait peu pris en considération.

Dépassant la simple technique de couverture des dépenses publiques, la fiscalité est un puissant

instrument de politique économique, capable de tendre vers l’optimum économique si elle est

correctement conçue. Dans le cas contraire, elle risque d’entraîner des pertes nettes de production,

de productivité et d’utilité sociale (RAJHI, 1993). L’intervention par l’impôt s’avère, de ce point de

vue et, en conséquence, nécessaire pour éviter les crises économiques, stimuler le processus de

croissance et réduire les inégalités sociales.

Cette liaison est-elle vérifiée pour le cas en RDC ? En vue de répondre à cette question, le présent

travail sera organisé de la manière suivante : dans une première section nous allons présenter le

soubassement théorique d’une telle liaison, puis, dans la deuxième section, un modèle à équations

simultanées sera estimé, pour tester empiriquement le lien entre les deux composantes.

Les résultats obtenus vont confirmer l’impact positif de la fiscalité sur la croissance économique du

Maroc. Les individus participent au financement du capital public par le biais de l’impôt. Ce capital

public contribue, à son tour, à la croissance économique.

2. Théorie

2.1.Revue théorique

Les études d’analyse des effets des taxes sur la croissance économique se sont pour la plupart

inspirées des modèles néo-classiques de Solow -Swan (1956) qui ont montré qu’à court terme les

politiques budgétaires ont un impact sur le taux de croissance économique, mais pas à long terme.

Cela s’explique par le fait que seuls les facteurs endogènes comme le taux de croissance

démographique ou le progrès technique pouvaient affecter de manière durable le taux de croissance

économique tandis que les politiques budgétaires avaient des effets limités à court terme. La théorie

de croissance endogène prônée par Romer (1986), Lucas (1988) et Barro (1990) a mis en exergue

que les investissements en capitaux physiques et humains ont des effets permanents sur le taux de

croissance économique et que la politique fiscale peut affecter négativement comme positivement le

taux de croissance économique. Avec les travaux de Mendoza et Al (1997), il s’en est suivi des

études où l’on s’est focalisé sur le lien entre les taxes et la croissance économique ; ils estiment que

les taxes favorisent la croissance parce qu’elles sont un moyen de financement des dépenses

publiques, qui elles-mêmes, sont un catalyseur de la relance économique. Cependant, d’autres

néoclassiques à l’instar de Ricardo (1821) ,Barro (1974) et Buchanan (1976) trouvent que les taxes

induisent un effet richesse négatif puisqu’elles induisent des effets négatifs à la fois sur le revenu, la

consommation et l’épargne tandis que certains pensent que les taxes ont un effet neutre dans

l’économie et donc le système de taxation peut affecter d’une manière positive ou négative le

comportement des agents dans leurs décisions de consommer, d’investir et de travailler.

La théorie de la taxation optimale étudie le système de taxation qui minimise les distorsions et

d’autres inefficiences économiques. L’optimisation des taxes devrait être faite en maximisant le

bien-être social sous un ensemble de contraintes budgétaires de l’État. Dans la théorie du bien-être,

deux approches ont été mises en exergue ; l’approche utilitariste et l’approche monétaire (Revenu).

La complexité de l’approche utilitariste, c’est de trouver une fonction objective reflétant le bien-être

social. Pour facilement définir une fonction utilitariste, l’on suppose que les agents économiques

ont les comportements similaires et donc on se permet de choisir un agent représentatif, avec lequel

Page 5: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

l’on mène l’analyse de simulation macroéconomique. C’est Ramsey (1927) qui utilise cette dernière

approche pour étudier les effets d’une hausse des taxes sur les denrées de première nécessité ; il

montre qu’une hausse de taxe devrait être inversement liée aux élasticités de la demande des biens

de consommation et donc les biens de demande inélastique devront être lourdement taxés.

Mirrless (1971) propose une approche de taxation optimale en suggérant que le planificateur central

doit prendre en compte l’hétérogénéité des contribuables ; dans sa forme basique, on considère que

les agents se diffèrent par leur habilité à gagner le revenu. Le planificateur observe le revenu (PIB)

et sait qu’il dépend de l’effort et de l’habileté des contribuables qu’il ne peut pas observer. Avec un

taux de taxation très élevé du revenu, cela pourrait décourager les contribuables à fournir beaucoup

d’efforts. Pour lui, le gouvernement fait face à un arbitrage entre l’équité et l’efficience puisque si la

taxation est uniforme cela n’est pas forcement équitable (cas du revenu) ; elle pourrait être de trop

pour des individus à faible habilité à gagner un revenu élevé. C’est dans ce sens que Mirrless (1971)

perçoit la taxe optimale comme un équilibre dans un jeu à information imparfaite entre le

planificateur central et les contribuables. Le planificateur central aimerait taxer ceux qui ont une

grande capacité d’avoir de gros revenus pour distribuer à ceux qui ont une capacité plus faible d’en

avoir, mais il doit s’assurer que les contribuables à haut revenu ne se font pas passer pour des agents

à faible revenu. Le planificateur doit donc mettre en place un système dans lequel les contribuables

révèlent leurs vraies caractéristiques ; il faut qu’il s’assure que les contribuables vont déclarer le

montant exact de leurs revenus et qu’ils payeront les impôts conformes à la règle.

D’autres auteurs à l’égard de Atkinson et Stiglitz (1976) se sont penchés sur l’épineuse question du

choix à opérer entre les taxes directes et les taxes indirectes5. Une difficulté à trouver une solution

parfaite à cette problématique est qu’une large confusion était faite entre les taxes directes et les

taxes indirectes.

L’analyse d’impact des taxes sur la croissance économique était aussi controversée à travers les

pays pour citer en exemple, on avait fait une remarque que dans les années 1980, les taxes

indirectes en particulier la TVA occupait une très grande proportion dans les recettes fiscales dans

les pays européens et que le degré de dépendance pouvait spectaculairement différer d’un État à un

autre. La principale différence qu’on pouvait faire entre les taxes directes et les taxes indirectes était

le principe du décalage et la prise en compte des caractéristiques individuelles ; on arrivait à

dissocier les taxes directes des taxes indirectes parce que les taxes directes sont ajustées en fonction

des caractéristiques intrinsèques des individus tandis que les taxes indirectes ne prenaient pas en

compte ces aspects. Les taxes indirectes étaient assises sur toutes les transactions impliquant un

acheteur et un vendeur. Ces mêmes auteurs prônent une non-taxation du capital ; cela repose sur

deux intuitions. La première intuition est que le capital peut être considéré comme un équipement

un bien intermédiaire entre la production et les intrants dans le système de production et la seconde

est la violation du principe de non-uniformité des taxes sur la consommation des biens, car le

capital courant est une consommation future.

Certains auteurs comme Henderson (1948) ont argumenté que les taxes sur le revenu sont à peu près

équivalentes aux taxes sur les biens ; la preuve qui soutient cette idée est que la plupart des gens

travaillent pour se procurer les biens et donc que la taxe soit portée sur le revenu ou qu’elle soit

portée sur le bien cela affecterait le choix des individus de la même manière.

2.2.Revue empirique

Parallèlement au débat théorique, porté par les nouvelles théories de la croissance, s’est développée

une importante littérature empirique visant à examiner les effets du capital public sur la croissance

Page 6: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

des nations. Les premières études (Ashauer, 1989 et Munnell, 1990)§

ont mis en évidence un effet

positif du capital public sur la production ou la productivité des entreprises, en estimant des

fonctions de production à trois facteurs.

Munnell (1992) a montré que le déclin de la productivité américaine dans les années 1970 était lié

en grande partie à la baisse du taux d’investissement en capital public. Son résultat a été obtenu

avec une fonction de production (Cobb Douglas, données en log) dont les facteurs sont le capital

privé, le capital public non militaire et l’emploi, auxquels il a ajouté un trend et le taux d’utilisation

des capacités de production, afin de prendre en compte les variations conjoncturelles. Les données

concernent les Etats-Unis de 1949-1985.

Munnell (1993) a montré –toujours dans le cas des Etats américains– que l’impact du capital public

est plus élevé dans l’industrie manufacturière et l’agriculture que dans les services. Conrad et Seitz

(1992)40 confirment ce résultat pour les régions allemandes (un travail précurseur de Mera,

197341, pour les régions japonaises va dans le même sens). Andersson et alii (1990)42, révèlent, de

leur côté, pour les régions suédoises que les infrastructures routières sont les plus productives. Ce

résultat est confirmé par Garcia-Mila et McGuire (1992)43 pour les Etats américains.

Ralle (1993) a étudié la relation entre productivité privée et investissement public. L’étude a été

réalisée à partir de données en coupe sur les régressions françaises, aux années 1970-1989. Il a

développé notamment un modèle de croissance endogène dans lequel le taux de croissance de la

productivité est relié à la part de l’investissement public (Etat et collectivités locales) dans le PIB.

L’objectif était de mesurer l’impact de capital public sur l’activité économique, à la fois dans ses

aspects positifs (productivité) et négatifs (financement). Il a montré que les régions dont le taux

d’investissement public est élevé sont aussi celles où la croissance de la productivité a été la plus

rapide. Pour les régions françaises, l’élasticité de la production au capital public est comprise entre

0.02 et 0.09. Ce résultat montre donc aussi un lien positif et significatif. Il a confirmé aussi si sa

diminution lorsque la zone étudiée se réduit.

Ces premiers résultats ont cependant donné lieu à une vive controverse quant à leur robustesse

statistique (Eberts, 1990 et Gramlich, 1994). Le débat a, d’une part, porté sur l’absence de mesure

des effets d’éviction qu’engendrent les investissements publics et sur le sens de relation observée

statistiquement. Il a, d’autre part, porté sur les méthodes économétriques mises en oeuvre, ces

discussions méthodologiques débouchant sur une révision à la baisse des résultats des premiers

travaux. Concernant le sens de causalité de la relation, si le capital public peut être productif, il est

financé par les contribuables via l’impôt, la dotation en infrastructures va donc dépendre du revenu

de ceux-ci et donc de la production. Il y a alors un effet en retour qu’il est nécessaire de prendre en

compte pour mesurer l’effet net du capital public sur la croissance. La correction d’un tel biais de

simultanéité s’effectue classiquement en ayant recours à des systèmes d’équations simultanées

(Duffy-Deno et Eberts, 1991; Ford et Poret, 1991).

Cette méthode a été appliquée pour le cas de la France, (Shmitt et Charlot; 1999) en mobilisant des

séries régionalisées de capital public et privé et l’économétrie des données de panel, sur la période

1982-1993 et pour les 22 régions françaises. L’introduction de la forme trans-log a permis de

calculer les élasticités propres à chaque région et a montré que l’effet positif du capital public est

d’autant plus important que la région concernée est riche. Ainsi, si le capital public, en France, était

un élément stimulant la croissance régionale, il n’a pas pu jouer un rôle dans la réduction des

disparités interrégionales.

§ Cité par CHARLOT.S et SCHMITT.B, 1999.

Page 7: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

En s’inspirant de ces nouvelles théories de croissance endogène, ainsi que de tous ces travaux

empiriques, surtout du modèle de Barro qui a intégré la variable fiscale, que nous voulons en tester

l’impact sur la croissance économique au Maroc et ce, via son impact sur le capital public, notre

modèle va introduire le capital public, le capital privé, le capital humain et la fiscalité.

Une étude empirique faite par Barro en 1989 puis reprise par lui-même en 1991 utilise les variables

fiscales et le taux de croissance économique dans un modèle de régression ; en prenant le ratio des

dépenses de consommation sur le PIB réel comme variable explicative, Barro trouve que cette

variable peut avoir une corrélation négative ou positive avec le taux de croissance économique.

L’explication est que lorsque les dépenses publiques sont plus orientées dans les prestations de

services, cela impacte négativement les consommateurs en termes d’utilité et nuit à la croissance

économique, car les taxes qui financent de tels types de dépenses publiques impactent négativement

le rendement du capital privé et nuit à l’épargne et à l’investissement (pas d’externalité positive).

Mais cependant, lorsque les dépenses publiques visent à créer par exemple les infrastructures

routières ou des investissements liés aux secteurs privés cela renchérit le rendement du capital privé

et entraine une hausse des investissements privés, de la consommation et du revenu. On note

également l’étude faite par Koester et Kormemdi (1989) qui analyse les effets des taxes marginales

(calculées à partir de la pression fiscale) sur la croissance de l’activité économique ; l’un des

résultats les plus importants de cette étude indique que c’est en prenant en compte l’endogénéité du

taux d’imposition moyen par habitant que les effets négatifs des taxes disparaissent sur la croissance

économique indiquant qu’il n’existe pas de relation entre la croissance économique et le revenu par

capital. Cependant, en tenant compte des taux d’imposition moyens, les augmentations des taux

d’imposition marginaux ont des effets négatifs sur le niveau de l’activité économique.

Une autre étude que l’on peut citer est celle de Kneller, Bleaney et Gemmell (1999) ; ces auteurs

utilisent un panel de 22 pays de l’OCDE observés de 1970 à 1995 pour mettre en évidence le

caractère nuisible des taxes sur le revenu et des taxes sur la propriété. Les résultats de l’étude sont

confirmés par celle de Gemell, Kneller et Sanz (2006), qui fournit de nouvelles données sur l'impact

à long terme des taxes génératrices de distorsion sur la croissance dans les pays de l'OCDE en

mettant à jour et en élargissant les ensembles de données pour couvrir la période 1970-2004.

Widmalm (2001) a utilisé des données transversales groupées provenant de 23 pays de l'OCDE de

1965 à 1990, et a montré que la proportion des recettes fiscales générée par l'imposition du revenu

des ménages avait une corrélation négative avec la croissance économique. La robustesse du

résultat est confirmée par une analyse de sensibilité, dans laquelle l'auteur a contrôlé

systématiquement les autres déterminants de la croissance plausible.

Arnold (2008) a intégré les indicateurs de la structure fiscale dans un ensemble de régressions en

panel pour un échantillon de 21 pays de l'OCDE sur la période 1971-2004 et a constaté que les

taxes sur la propriété sont les plus favorables à la croissance, suivies des taxes à la consommation,

puis des taxes personnelles7, les impôts sur le revenu. Dans le même temps, l’impôt sur les sociétés

semble avoir l’effet le plus négatif sur la croissance.

Szarowska (2013) a appliqué une analyse de régression aux données de panel annuelles pour les

États membres de l'UE-24 de 1995 à 2010 et a mis en évidence un effet positif statistiquement

significatif des taxes à la consommation sur la croissance du PIB.

On peut se référer aussi à l’étude faite par Jing (2011) qui étudie les effets neutres à long terme de la

structure des taxes sur la croissance économique des pays de l’OCDE. Cette étude cherche à tester

de façon empirique la classification des différents types de taxes en comparant leurs effets sur le

revenu par capital à long terme comme fait par Arnold et Al (2011). À partir d’un modèle à

correction d’erreurs en panel de 17 pays de l’OCDE, il trouve que les taxes sur le revenu, les taxes

Page 8: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

sur le bénéfice des entreprises, les taxes sur la consommation et les taxes sur la propriété privée

exercent toutes un effet négatif à long terme sur le revenu par tête, mais il n’obtient pas que les

taxes sur la consommation sont favorables à la croissance, ou que les taxes sur le revenu et les taxes

sur le revenu des ménages sont favorables à la croissance ou que les taxes sur le bénéfice des

entreprises sont nuisibles à la croissance économique comme cela avait été le résultat primordial de

l’étude de Arnold et Al (2011).

Jing (2012) reprend l’étude précédente cette fois-ci en analysant comment les différents types de

taxes que sont les TVA, les taxes sur le bénéfice des entreprises et les taxes sur le travail affectaient

la croissance économique des pays de l’OCDE. En utilisant une régression en panel de 34 pays, les

résultats de l’étude montrent que les impôts sur le bénéfice des entreprises impactent négativement

la croissance économique et les autres types de taxes n’ont pas d’effets significatifs sur le taux de

croissance économique.

Contrairement aux résultats de Szarowska (2013), Bernardi (2013) a réalisé une analyse des

tendances en matière de fiscalité des pays membres de la zone euro (ZE-17), ainsi qu'une analyse

pays par pays pour la période 2000-2014. Il a constaté que les gains d'un transfert fiscal (des impôts

directs aux impôts indirects) ne semblaient pas être aussi simples que le prétendaient les recherches

précédentes. Au contraire, il prédit que le maintien du système fiscal en cours pourrait exacerber le

marasme économique qui se propage dans l’Union européenne, notamment du fait de l’adoption

généralisée de politiques budgétaires restrictives par presque tous les pays membres.

Les auteurs Canavire-Bacarreza, Martinez-Vazquez et Vulovic (2013) ont évalué l'effet de

différents instruments fiscaux sur la croissance des pays d'Amérique latine à l'aide de techniques de

vecteurs autorégressifs et d'estimation de données de panel. Ils ont trouvé que l'impôt sur le revenu

des particuliers n'avait pas l'effet négatif attendu sur la croissance économique. En ce qui concerne

l’impôt sur le revenu des sociétés, leurs résultats suggèrent une réduction de l’évasion fiscale et une

plus grande dépendance à l’égard des recouvrements pourrait stimuler la croissance économique de

la région. Le recours aux taxes sur la consommation a eu des effets positifs importants sur la

croissance de l’Amérique latine en général, bien qu’ils aient eu de légers effets négatifs dans

certains des pays sélectionnés.

Saima Saqib, Tariq Ali, Muhammad Faraz Riaz, Sofia Anwar et Amir Aslam (2014) ont analysé les

effets des Taxes sur l’activité économique pakistanaise. L’activité économique est analysée à partir

des variables comme le PIB, l’investissement et la consommation ; à l’aide d’un modèle vectoriel

autorégressif à correction d’erreurs et en utilisant les variables comme le PIB réel, l’investissement

agrégé et la dépense totale de consommation des ménages comme variables dépendantes et en

prenant en compte la pression fiscale, les taxes sur les ventes et les taxes sur le revenu ; avec ses

données sérielles de 1973 à 2010, ils obtiennent que toutes les séries soient stationnaires, que la

pression fiscale exerce un effet négatif sur le PIB réel , que les taxes sur le revenu ont un effet

négatif sur l’investissement et que les taxes sur les ventes ont un effet également négatif sur la

consommation. En guise de conclusion, ces auteurs trouvent que le système de taxation en cours au

Pakistan a besoin d’être révisé minutieusement, car les éléments qui composent la structure des

taxes ont un effet négatif sur l’activité économique.

3. Etats des lieux

Dans la présente section, comme Katuala (2020), nous présentons la dynamique de l’économie

congolaise, soit pour une période de 1990-2018. Nous calculons les performances économiques

pour chaque sous-période correspondant à l’exercice du pouvoir de l’autorité budgétaire de la R.D.

Congo. Etant donné qu’en RDC le Premier ministre est le responsable de la conception et de la mise

en oeuvre des politique économique, nous établissons une correspondance entre chaque période et

Page 9: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

un Premier ministre. Les données disponibles renseignent une durée moyenne à la primature d’au

moins 2 ans. Dans certains cas, nous formons des périodes communes à un seul gouverneur comme

des gouverneurs à une seule période. Le tableau 12 associe chaque période à son chef du

gouvernement.

Nous analysons la dynamique macroéconomique en RD Congo sous les quatre (4) secteurs

macroéconomiques majeurs notamment : Le secteur de finances publiques, le secteur monétaire, le

secteur réel et le secteur extérieur. Pour le secteur de finances publiques, nous considérons les

variables ci-après : (i) le ratio de la dépense publique par rapport au PIB, (ii) le ratio du niveau de la

dette publique par rapport au PIB et (iii) le ratio de la recette fiscale par rapport au PIB, soit la

pression fiscale. Pour le secteur monétaire, nous scriptons la dynamique du (i) taux d’intérêt

nominal et du (ii) taux de change officiel (TCO). Quant au secteur réel, nous analysons (i) le PIB

per capita, (ii) la dynamique des prix et (iii) de la population. Enfin, dans le secteur extérieur, nous

analysons (i) le ratio de la Balance commerciale par rapport au PIB, et (ii) le terme de l’échange.

Nos analyses se basent sur (i) les moyennes, (ii) les volatilités et/ou (iii) la croissance en (%) pour

chaque variable retenue.

3.1.Secteur de Finances publiques

La dynamique du ratio dépenses publiques par rapport au PIB est synthétisée dans la Figure 1. La

moyenne du ratio dépenses-PIB se situe entre 22,6% (2002-2005) et 6,4% (1994-1997). Le ratio a

été moins volatile entre 2010-2013 (0) et plus volatile entre 2002-2005(7,3). Cette dynamique en

dent de scie montre la particularité de chaque période allant du début des années 90 caractérisées

par une politique budgétaire expansive couplée aux crises sociales (Pillages) ayant ainsi engendrer

des forte volatilité des prix ainsi que de la monnaie nationale, ensuite, la période allant de 2002 à

2009 caractérisée par des forts investissements publics notamment avec le programme de 5

chantiers lancé par le Président Joseph Kabila et, enfin, la dernière période allant de 2014 à 2018

caractérisée par des troubles politiques ainsi que l’organisation des élections ayant occasionné des

dépenses dont la plupart non contrôlée.

Figure 1 : Dynamique du ratio Dépenses publiques - PIB

Note : Les calculs et la figure sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

L’évolution du ratio de la dette publique-PIB est reprise dans la Figure 2. La moyenne du ratio dette

publique-PIB la plus élevée a été atteint entre 1994-1997 (199,63%) et la plus faible entre 2010-

2013 (10,9%). La moyenne de la volatilité de ce ratio se situe entre 0,23 (1994-1997) et 24,7 (1998-

2002). L’évolution de ce ratio accuse une pente négative, de ce fait, la forte réduction du niveau de

la dette publique a été possible grâce à la stratégie d’allégement de la dette multilatérale pour les

pays pauvres très endettés initié par le FMI et l’Association internationale de développent (IDA) de

la Banque mondiale**

** Url : https://www.imf.org/fr/News/Articles/2015/09/14/01/49/pr10274

0

5

10

15

20

25

1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

Moyenne Volatilité

Page 10: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Figure 2 : Dynamique du ratio Dettes publiques - PIB

Note : Les calculs et la figure sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

L’évolution du ratio de la pression fiscale est reprise dans Figure 3. La moyenne du ratio recette

publique-PIB la plus élevée a été atteint entre 2010-2013 (26,5%) et la plus faible entre 1990-1993

(1,4%). La moyenne de la volatilité de ce ratio se situe entre 0,012 (1990-1993) et 0,044 (2014-

2018). L’évolution de ce ratio accuse une pente positive, de ce fait, la hausse du niveau des recettes

publiques a été possible grâce à la conjugaison des efforts des gouvernements congolais. Par

ailleurs, l’amélioration du climat des affaires à partir des années 2000 constitue un atout majeur

dans l’amélioration de l’assiette fiscale.

Figure 3 : Dynamique de la Pression fiscale

Note : Les calculs et la figure sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

3.2. Secteur Monétaire

La dynamique du taux directeur est résumée dans le Tableau 1. La moyenne du taux d’intérêt

nominal se situe entre 12,0% (2010-2013) et 6,0% (2002-2005). Le taux d’intérêt nominal a

historiquement atteint son niveau le plus bas (soit 6,0%) entre 2002 et 2005 mises à part ses

réalisations négatives des années 90. Notons également que ce taux est resté stable entre 2013 et

2015. La moyenne de la volatilité de l’instrument principal de la politique monétaire se situe entre

1,9 (2002-2005) et 9,6 (2010-2013).

Tableau 1 : Dynamique du taux d’intérêt directeur de la BCC

Indicateur 1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

Moyenne 6,0 10,6 12,0 7,8

Volatilité 1,9 4,5 9,6 7,4

Note : Les cellules vides indiquent la non prise en compte des valeurs très négatives, à quatre (4) chiffres, du taux d’intérêt nominal

caractérisant l’épisode d’hyperinflation enregistré durant cette période en R.D. Congo. Les calculs sont élaborés par les auteurs à

partir des données de la BCC

0

50

100

150

200

250

1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

Moyenne Volatilité

0

0,05

0,1

0,15

0,2

0,25

0,3

1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

Moyenne Volatilité

Page 11: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

La dynamique du taux de change officiel est condensée dans le Tableau 2. La moyenne du TCO a

atteint son bas niveau entre 1998-2001 (92,3) et son plus haut niveau entre 2014-2018 (1259,2).

Une augmentation du TCO implique la dépréciation de la monnaie locale. Avec la dépréciation de

la monnaie locale, les produits exportés deviennent plus compétitifs que les produits importés. Cette

réalité est loin d’être une position de force pour l’économie congolaise dont plus de 70% de sa

production provient sur secteur minier à la valeur ajoutée souffre de non-inclusivité d’une part, et

une dépendance accrue aux importations en terme des biens et services. La moyenne de la volatilité

du TCO se situe entre 5,4 (2010-2013) et 308,6 (2014-2018). De par ces résultats, nous constatons

que la conduite de la politique monétaire et de taux de change été stable durant la période allant de

2010-2015.

Tableau 2: Dynamique du taux de chance officiel (TCO)

Indicateur 1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

Moyenne 92,3 407,5 637,1 916,7 1259,2

Volatilité 129,2 30,7 163,1 5,4 308,6

Note : Les cellules vides indiquent la non prise en compte des valeurs très élevées, à cinq (5) chiffres, du taux de change officiel

caractérisant l’épisode de la plus grande dépréciation de la monnaie locale enregistré durant cette période en R.D. Congo. Les

calculs sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

3.3. Secteur Réel

La dynamique du PIB per capita est synthétisée dans la Figure 4. La moyenne du PIB per capita la

plus élevée est de $ 574,9 et a été atteinte durant la période 1990-1993 tandis que la plus basse est

de $ 287,9 et a été réalisée durant la période 2002-2005. La croissance du PIB per capita la moins

élevée est négative de 14,1% et a été atteinte durant la période de 1990-1993. La croissance la plus

élevée du PIB per capita est de 3,9% et a été réalisée pendant la période 2010-2013. La moyenne de

la volatilité du PIB per capita se situe entre 6,9 (2006-2009) et 96,2 (1990-1993). En effet, la forte

décroissance du PIB per capita ainsi que la grande partie de la volatilité du PIB per capita durant la

période 1990-1993 est tributaire de l’incertitude politique qui a caractérisée cette période

occasionnant même l’hyperinflation couplée de la dépréciation monétaire comme démontré ci-haut.

Figure 4 : Dynamique de l’activité économique

Note : Les calculs et la figure sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

La dynamique de l’IPC est résumée dans la Figure 5. La moyenne du taux d’inflation la plus faible

est de 7,2% et a été atteinte durant la période 2010-2013 alors que la plus élevée est de 2879,9% et

a été réalisée durant la période 1990-1993. La moyenne de la volatilité du taux d’inflation se situe

entre 5,7 (2010-2013) et 4093,8 (1994-1997). Nous constatons que la maitrise du taux d’inflation a

été quasi parfaite durant la période 2010-2015. Par ailleurs, la même réalité sur les incertitudes

politiques au début des années 90 cause la forte volatilité des prix y observée.

-20

0

20

40

60

80

100

120

0

100

200

300

400

500

600

700

1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

MOYENNE VOLATILITE CROISSANCE

Page 12: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Figure 5 : Dynamique du taux d’inflation (Prix)

Note : Les calculs et la figure sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

L’évolution de la population est résumée dans le Tableau 3. On observe que la moyenne du taux de

croissance de la population se situe entre 2,6% (1998-2001) et 3,9% (1990-1993). On remarque que

la période d’incertitude économique et politique est aussi caractérisée par une forte croissance

démographique. La moyenne de la volatilité de la population, par millions d’habitants, se situe entre

1,3 (1998-2001) et 3,5 (2014-2018).

Tableau 3 : Dynamique de la Population

Indicateur 1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

MOYENNE 36398681,5 42087320,0 46872133,3 52664436,8 59884577,8 68129057,0 78550231,4

VOLATILITE 1562976,4 1466714,0 1358083,9 1861737,5 2169039,6 2433733,3 3466326,9

CROISSANCE 3,9 3,4 2,6 3,2 3,3 3,3 3,2

Note : Les calculs sont élaborés par les auteurs à partir des données de la BCC

4. Données et méthodologie

4.1.Données

Nos données sont extraites de bases des données de la Banque centrale du Congo (Rapports

annuels), Banque Mondiale (World Developpment Indicators) et du Fond Monétaire International

(FMI). Nous avons utilisé la procédure de désagrégation des chroniques suivant l’approche de

Denton (Denton, 1971), pour obtenir les séries trimestrielles couvrant la période 1990-2020. Nos

variables macroéconomiques d’intérêt sont : le capital privé (CapPr), le capital public (CapPp), le

PIB per capita (Pibh), le taux d’inflation (Infl), le taux de change nominal (Em) et le taux de

pression fiscale (PF). Le Tableau 4 résume nos variables et leurs sources.

-100,0

0,0

100,0

200,0

300,0

400,0

500,0

600,0

0,0

1000,0

2000,0

3000,0

4000,0

5000,0

1990-1993 1994-1997 1998-2001 2002-2005 2006-2009 2010-2013 2014-2018

MOYENNE VOLATILITE CROISSANCE

Page 13: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Tableau 4. Définition et mesure des variables

Définition Unité de mesure Sources

Variables de contrôle

Capital Physique Taux d’investissement % du PIB FMI

Recettes Fiscales Total des revenus fiscaux de l’Etat En USD WDI

Inflation

Taux de change nominal

Variation de l’indice des prix

Volatilité du taux de change

%

%

BCC

BCC

Pression fiscale

Pression fiscale Recettes fiscale rapporté au PIB % du PIB BCC

Croissance économique

Croissance du PIB par tête Variation relative du PIB réel/tête % WDI

4.2.Méthodologie

- Modèle de Scully

SCULLY (1996, 2003) a développé un modèle qui lui a permis de déterminer le seuil de pression

fiscale qui maximise la croissance économique. Il a supposé qu’il existe deux secteurs : un secteur

privé, et un secteur public qui produit les biens et services publics à partir des recettes des impôts et

taxes. Ce qui lui a permis de présenter une fonction de production globale, qui prend la forme

Cobb-Douglas :

Sachant que les dépenses publiques :

La transformation de la fonction (1) en logarithme donne :

Et à partir de son estimation, on déduit le taux de pression fiscal optimal :

- Fonction quadratique

Page 14: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Une autre méthode qui permet d’étudier la courbe en cloche, présentée ci-dessus, est l’estimation de

la fonction quadratique suivante :

Avec : est le taux de croissance économique et le taux de pression fiscale.

Pour que soit optimal, il faut que

- Test d’Hansen

L’une des ambitions de cet article est de vérifier l’existence d’un effet non linéaire dans la relation

entre la pression fiscale et la croissance économique en utilisant la méthode de détection du seuil

proposé par Hansen (1996,2000).

Il a formulé un modèle à seuil comme suit :

Où désigne le taux de pression fiscale qui divise l’échantillon en deux groupes, la variable

dépendante qui représente le taux de croissance économique, la variable explicative qui est le

taux de croissance économique, le terme d’erreur et la valeur de la variable de seuil.

La méthode de bootstrap développée par Hansen (2000) permet de tester l’hypothèse nulle

d’absence d’effet de seuil et de sélectionner parmi les variables de seuil candidates celle qui peut

être retenue comme variable de transition optimale. Si l’hypothèse nulle est rejetée, la relation entre

le taux de croissance et la pression fiscale admet une relation non linéaire, sous la forme d’une

courbe Laffer. A.D.

- Modèle ARDL :

Pour confirmer empiriquement les enseignements de notre modèle théorique et la perspective

historique de la RDC, il s’est avéré nécessaire d’utiliser un modèle ARDL et un test de causalité

compte tenu du profil des données collectées. Il faut toutefois noter que les modèles de cette nature

souffrent souvent d’une autocorrélation des erreurs, avec la présence de la variable endogène

Page 15: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

décalée comme explicative et de multi-colinéarité. Ceci complique leur estimation par les Moindres

carrés ordinaires (MCO). Ils requièrent par ailleurs que les variables retenues soient stationnaires

pour éviter des régressions fallacieuses (Johansen, 1992b). En considérant comme la variable

dépendante et comme le vecteur des variables explicatives, le modèle ARDL prend la forme

générale suivante :

(5)

Compte tenu de notre cadre d’analyse, le vecteur a été composé de huit variables explicatives, à

savoir : le taux d’inflation, le taux de change nominal (CDF contre USD), le capital physique (taux

d’investissement), le capital humain (taux de scolarisation), les variables financières (le crédit à

l’économie, le crédit à moyen et long terme et la capacité interne de financement) et la qualité

institutionnelle. Quant à la variable expliquée ou endogène du modèle , elle a été représentée par

le taux de croissance économique, mesurée exactement par le taux d’accroissement annuel du PIB

par tête d’habitant. De manière explicite, notre modèle d’analyse empirique a pris la forme :

(6)

Le terme d’erreur est supposé suivre une loi normale de moyenne zéro et de variance constante :

. Les paramètres renseignent sur les effets à court terme des composantes du

vecteur sur la variable expliquée , le taux de croissance du PIB par tête d’habitant. Dans le

long terme, c’est-à-dire en situation d’équilibre stationnaire, avec une formulation du modèle du

genre , les effets de long terme des variables indépendantes contenues

dans le vecteur sur la variable endogène , sont donnés ou mesurés à l’aide des paramètres .

Ces derniers sont déterminés par le ratio suivant :

(7)

5. Résultats des estimations

Il a été question dans cette section de procéder à une évaluation quantitative de nos données. Ce

faisant, nous avons tour à tour procéder à : (i) examiner la stationnarité et discuter des relations de

causalit醆

entre les variables sous études ; (ii) estimer un modèle ARDL ; (iii) effectuer un test de

cointégration‡‡

pour caractériser les dynamiques (effets de très court terme, de court terme, de

moyen terme et de long terme) ; (iv) estimer un modèle de Scully pour déterminer le taux optimal

de pression fiscale ; et (v) procéder à un test de Hansen pour vérifier l’existence d’un effet de seuil.

†† Etant donné que les variables sont intégrées à des ordres différents, nous avons utilisé le test de causalité de Toda – Yamamoto

(1995) qui se trouve être le mieux indiqué pour de tels cas. ‡‡ De même, le test de cointégration le plus adapté aux propriétés des variables en étude est celui de Pesaran et al. (2001).

Page 16: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Les résultats de ces différentes étapes ont servi pour statuer sur la nature de relations entre les

variables et répondre à la problématique soulevée.

5.1.Analyse exploratoire des données

- Bilan de la stationnarité

Avant d’utiliser les données, nous nous sommes préalablement assurés de leur stationnarité, c’est-à-

dire de leur distribution constante dans le temps. L’estimation directe sans se rassurer de la

stationnarité des séries pouvait nous conduire à des résultats fallacieux et donc ne pas renseigner

utilement sur la question sous-examen. Pour y parvenir, nous avons recouru au test de Dickey-

Fuller augmenté (ADF). Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau 5 à un seuil de 5 %.

Les valeurs des statistiques ADF et McKinnon sont toutes exprimées en valeurs absolues.

Après test, il s’observe que les séries statistiques que nous avons mobilisées pour mener notre

analyse empirique ne sont pas toutes stationnaires en niveau (ou à l’état brut). Nous remarquons que

3 séries ne sont pas stationnaires en niveau. Pour ce faire, nous les avons intégrées en prenant les

différences premières des données brutes. Par ailleurs, il s’établit clairement que les séries

statistiques utilisées ne sont pas toutes intégrées d’un même ordre et leur dynamique n’est pas

linéaire. De ce fait, se référant à la théorie, le choix a été porté sur un modèle ARDL.

Tableau 5. Bilan de la stationnarité des séries : 1990 – 2020

Variable Spécification Valeur ADF Valeur McKinnon Observations

Données

brutes

Données

différenciées

Données brutes Données

différenciées

Pression fiscale

Sans constante 0.06 5.33 195 2.97 Intégrée (1)

Avec constante 1.11 5.21 2.96 3.58 Intégrée (1)

Avec constante et tendance 3.20 5.18 3.57 1.95 Intégrée (1)

Inflation

Sans constante 2,14 - 1,95 - Intégrée (0)

Avec constante 19,16 - 2,99 - Intégrée (0)

Avec constante et tendance 17,91 - 3,62 - Intégrée (0)

Taux de change

Sans constante 5,01 - 1,95 - Intégrée (0)

Avec constante 5,24 - 1,96 - Intégrée (0)

Avec constante et tendance 3,61 - 3,57 - Intégrée (0)

Dépenses pub en Cap

Sans constante

Avec constante

Avec constante et tendance

-

2.14

90.6

-

-

-

-

2.96

4.29

-

-

-

Non Stationnaire

Non Stationnaire

Intégré (0)

Capital physique

Sans constante 0.55 5.44 1.95 1.95 Intégrée (1)

Avec constante 2.36 5.35 2.96 2.97 Intégrée (1)

Avec constante et tendance 3.06 3.20 3.57 3.62 Non Stationnaire

Croissance du PIB par

tête

Sans constante 1,71 4,87 1,95 1,95 Intégrée (1)

Avec constante 1,60 4,87 2,96 2,97 Intégrée (1)

Avec constante et tendance 2,36 3,48 3,57 3,62 Non Stationnaire

Note : La 3ème

spécification a été utilisée pour décider de la stationnarité. Les ADF-stat associé au signe (*) sont stationnaires à 10 %.

- Examen de la causalité

Page 17: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Le test de causalité de Toda – Yamamoto (1995) effectué sur les différentes variables d’analyse indique que

le taux de pression fiscale et le taux de croissance du PIB per capita entretiennent une causalité

bidirectionnelle au seuil de 10 et 5% respectivement pour la pression fiscale vers la croissance et la

croissance vers la pression fiscale. Par ailleurs, la pression fiscale cause au seuil de 10 et 1% le capital

physique et le niveau des dépenses publiques qui exerce une influencent sur la croissance économique.

Tableau 6. Degré de liaison Stabilité macroéconomique – Développement financier

(0) (1) (2) (3) (4) (5)

(0) Croissance

-

21,06**

(0,02)

0,33

(0,84)

0,22

(0,89)

1,32

(0,51)

0,88

(0,64)

(1) Pression fiscale 0,38***

(0,09) -

1,14

(0,56)

1,53

(0,46)

5,61***

(0,06)

8,25*

(0,01)

(2) Inflation 7,57**

(0,02)

0.12

(0,93) -

21,23*

(0,00)

0,41

(0,81)

0,21

(0,89)

(3) Taux de change 11,68**

(0,00)

0,38

(0,82)

135.5*

(0,00) -

0,18

(0,91)

0,88

(0,64)

(4) Capital physique 0,08***

(0,06)

2,50

(0,28)

1,48

(0,47)

2,72

(0,25) -

11,80*

(0,00)

(5) Dépense publique 3,04

(0,21)

0,09

(0,95)

13,40*

(0,00)

20,61*

(0,00)

1,31

(0,51)

-

Note : (*), (**) et (***) dénote la significativité aux seuils respectivement à 1 %, 5 % et 10 %.

Figure 7. Schéma de causalité

Taux d’inflation

Taux de Croissance

Pression Fiscale

Taux de change

Capital physique

Dépenses en capital

Page 18: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Il ressort de ce schéma que le taux de croissance est la variable la plus endogène et le capital

physique la variable la plus exogène. En outre, un schéma clair se dégage du niveau d’influence de

la pression fiscale sur la croissance économique ; en impactant premièrement le capital physique qui

à son tour cause les dépenses en capital et la boucle se ferme par la relation cause entre les dépenses

en capital et le taux de croissance. Ces relations valident ainsi le modèle théorique avancé par le

Professeur Barro, lequel modèle nous a servi de cadre théorique. Ainsi, 2 causalités

bidirectionnelles et 9 causalités unidirectionnelles parmi les 11 relations causales identifiées après le

test de Toda-Yamamoto.

5.2.Estimation du modèle ARDL

Il ressort après observation du tableau 13 que les variables retenues dans le modèle expliquent

essentiellement la croissance économique de la RDC durant la période sous étude. La pression fiscale exerce

une influence positive mais de faible portée et statistiquement significative sur la croissance. Ceci s’explique

notamment par la faiblesse du recouvrement des recettes fiscales et que l’amélioration du taux de pression

fiscale conduirait toute chose égale par ailleurs, à une amélioration du taux de croissance. Cependant, en

dehors de la pression fiscale ; il s’observe également que le cadre macroéconomique exerce des effets divers

sur la croissance et que la forte volatilité et instabilité de celui-ci mitige les effets de la fiscalité et des

dépenses en capital sur la croissance.

Tableau 7. Effets de toutes les variables du modèle sur la croissance économique

Variable endogène Taux de croissance économique

Variables exogènes Coefficients P-value

(1) Taux de croissance économique (-

1)

0,44**

0,027

(2) Taux de pression fiscale 0,14**

0,023

(3) Taux d’inflation -0,01*

0,008

(4) Taux de change (-1) 0,00*

0,005

(5) Capital physique (-1) -0,178**

0,045

(6) Dépenses en capital (-1) 0,09

0,17

Constante -0,53**

0,078

R-carré ajusté 0,87

Significativité globale (Fisher) 18,26

(0,00)

Meilleur modèle retenu (1, 0, 0, 1, 0, 1)

Critère de sélection Akaike (AIC)

Note : (*), (**) et (***) dénote la significativité aux seuils respectivement à 1 %, 5 % et 10 %.

5.3.Cointégration et dynamique de court et long terme

Il se dégage du tableau 8 ci-dessous que le coefficient d’ajustement ou force de rappel est

statistiquement significatif, il est négatif et est compris entre zéro et un en valeur absolue, ce qui

garantit un mécanisme de correction d’erreur, et donc l’existence d’une relation de long terme

(cointégration) entre variables. En outre, les observations suivantes également sont mises en

exergue :

Page 19: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

- La fiscalité exerce un effet positif sur la croissance à court terme. Il y a lieu de préciser

toutefois que cet effet reste très marginal dans le sens où un accroissement de 10% de la

fiscalité entraine une augmentation de 1.4% de la croissance. Cependant, ces effets

s’inversent plutôt dans le temps : la politique fiscale d’il y a un et deux ans est un frein à la

croissance économique en RDC, les agents économiques supposés avoir étudié et mis en

place des mécanismes de fraude et d’évasion fiscale ;

- Les autres variables de contrôle exercent des effets mitigés et divers à court terme,

constituant un frein à la croissance économique. Les variables captant le cadre

macroéconomique démontrent que ce dernier impacte très faiblement la dynamique de la

croissance mais négativement par l’inflation et quasiment neutre par le taux de change. Ces

observations renseignent donc sur les nuisances provoquées sur la croissance par l’instabilité

du cadre macroéconomique. Toutefois, la dimension temporelle est une variable importante

à ne pas ignorer ici. Dans le temps, les effets de ces variables sont mitigés : il faut laisser

passer au moins une année pour espérer voir les dépenses publiques en capital stimuler la

croissance économique, autant pour le capital physique dont les effets sur la croissance

deviennent significatifs après un (+) et deux ans (-).

Tableau 8. Effets de variables de contrôle sur la croissance économique

1990 - 2001

Délai Court terme Long terme

Variables exogènes Coefficients

(P-value)

Coefficients

(P-value)

Taux de croissance

économique (-1)

-0,55*

(0,00)

-

Pression fiscale 0,14**

(0,02)

0,26

(0,16)

Taux d’inflation -0,00*

(0,00)

-0,01**

(0,02)

Taux de change

réel (-1)

0,00*

(0,01)

0,00**

(0,03)

Capital physique -0,178

(0,45)

0,31

(0,36)

Dépenses

Publiques

0,414

(0,40)

0,02

(0,77)

Cointégration au sens de Pesaran

et al.

Statistique (Fisher) 5,56

Borne

inférieure

Borne

supérieure

Seuil de 10 % 2,08 3

Seuil de 5 % 2,79 3,38

Seuil de 2,5 % 2,7 3,73

Seuil de 1 % 3,06 4,15

Note : (*), (**) et (***) dénote la significativité aux seuils respectivement à 1%, 5% et 10%.

Le tableau 8 ci-dessus fournit également les coefficients ou élasticités de long terme estimées.

- Comme à court terme, les effets de la fiscalité sur la croissance économique en RDC restent

positifs à long terme et s’améliorent sensiblement à tel point qu’un accroissement des

recettes fiscales de 10% du PIB dans le long terme accélère la croissance de 2.6% à LT ;

- Par ailleurs, comme aux résultats à CT, les autres variables de contrôle affichent les effets

non escomptés à LT, s’érigeant toujours comme des freins des facteurs de croissance

économique.

Page 20: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

5.4.Pression fiscale optimale par la méthode de Scully

Le calcul du taux de pression fiscale optimal consiste, dans un premier temps, à estimer les

coefficients de l’équation suivante :

L’estimation en MCO a révélé un modèle globalement significatif, selon la statistique Fisher dont la

probabilité est largement inférieure à 1%.

MCO

Paramètres Coefficient Prob. a -2.34 0.01

b 0.12 0.00 c 0.41 0.00 R

2 Ajusté 0.99

Fisher calculé 1355.163

Probbilité 0.00

Et à partir de son estimation, on déduit le taux de pression fiscal optimal :

0.23

Alors que cette estimation relève un taux de pression fiscale optimale de 23%. Les données du taux

de pression fiscale de la RDC varient entre 1.25% et 24.3% durant la dernière la période sous étude,

avec une moyenne annuelle de 8.3%.

Considérant le grand écart entre le taux de pression fiscale optimal et le taux de pression fiscale

réalisé, le système fiscal Congolais est caractérisé par une complexité et une multiplicité des taux

qui s’applique à une assiette fiscale étroite ; c'est-à-dire que 80% de l’IS provient d’une petite partie

des sociétés, alors que la grande partie de l’impôt sur le revenu provient du revenu salarial. Et une

faiblesse du contrôle fiscal qui encourage des situations de fraude, évasion et évitement fiscal.

Même si le taux de pression fiscale est un indicateur significatif de la situation de la politique

fiscale, il reste limité, parce qu’il ne résulte pas des explications de la capacité de redistributive du

système fiscal.

Tenant compte de cette forte distorsion entre le taux optimal et la moyenne du pays, il est plus

évident que la RDC est appelée à améliorer sa capacité de recouvrement des impôts et entamer une

série des réformes pour stopper l’effondrement du système fiscal national et le rendre plus productif

tenant compte de son potentiel.

5.5.Test de Hansen

Page 21: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

1 vs 2 2 vs 3

LS test 22,86 36,78 P-value 0,00 0,00

Les probabilités des valeurs du test Hansen sont inférieures à 5%, que se soit dans le cas de deux

régimes (1vs2), c'est-à-dire lorsque la courbe change d’allure une seule fois, ou bien dans le cas de

trois régimes, c'est-à-dire lorsque la courbe change d’allure deux fois.

Puisque l’hypothèse nulle est rejetée, on conclut que la relation entre la croissance économique et la

pression fiscale suit un processus non linéaire avec un seuil de pression fiscale optimal.

La deuxième étape consiste à déterminer le nombre de seuil qu’existe dans la relation entre la

pression fiscale et la croissance économique en vérifiant les hypothèses suivantes :

Les résultats du test Hansen sont présentés comme suit :

(1)

LS test 16,86 P-value 0,00

Ils indiquent que la relation entre la croissance économique et la pression fiscale est caractérisée par

la présence de deux seuils parce que la probabilité du test Hansen est inférieure à 5%, c'est-à-dire

qu’est H0 rejetée au profit de H1.

Conclusion

L’entrée retenue ici pour traiter de la question du rôle de la fiscalité sur la croissance économique

est celle d’une modélisation ARDL pour capter la dynamique de court et long terme, d’un modèle

de Scully pour définir un taux optimal et d’un test de Hansen pour cerner l’existence d’un effet de

seuil.

Nos résultats mettent tout d’abord en évidence le rôle non négligeable joué par la fiscalité sur la

croissance. Autrement dit, les revenus fiscaux peuvent aider les pouvoirs publics à atteindre leurs

objectifs économiques et sociaux. Il leur faut, pour ce faire, trouver un juste équilibre pour

récompenser l’esprit d’entreprise, l’innovation et la prise de risque, tout en étant capable de financer

d’importantes dépenses publiques, notamment des programmes éducatifs et sociaux, ainsi que de

grands travaux publics. Toutefois, outre la croissance, le souci de l’équité ainsi que celui de la

réduction de la pauvreté doivent être toujours présents, surtout que la fiscalité risque d’entraîner des

pertes nettes de production, de productivité et d’utilité sociale.

Avec la méthode de Scully, le taux optimal de pression fiscale s’est situé à 23%. Il s’en dégage un

grand écart entre la moyenne et le taux optimal. Au regard de cette réalite, il s’en déduit que le

renforcement de la mobilisation des ressources nationales ne revient pas uniquement à augmenter

Page 22: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

les recettes ; il s’agit également de concevoir un système de prélèvement propre à favoriser la

cohésion et la bonne gouvernance, à améliorer la capacité des pouvoirs publics de rendre compte de

leurs décisions aux citoyens et à promouvoir la justice sociale. La conception et le fonctionnement

du système de prélèvements, et notamment les dimensions intéressant la transparence, la lutte

contre la corruption et l’équité, sont également des facteurs déterminants pour les décisions des

investisseurs nationaux et internationaux dans la mesure où ils constituent des paramètres de

l’amélioration des conditions d’ensemble pouvant permettre d’attirer davantage d’investissements

privés.

En outre, l’assiette fiscale en RDC est étroite vu que les taux d’imposition sont relativement élevés

alors qu’une grande partie des contribuables congolais sont arbitrairement exonérés d’impôt ou

recourent à la fraude fiscale. Ainsi, l’Etat devrait mettre en œuvre une politique fiscale basée sur

l’élargissement de l’assiette fiscale et favoriser la compétitivité des PME ou la réduction des taux

d’imposition pour assurer une grande équité. Il semble aussi évident que la réforme fiscale ne peut

se faire qu’à partir de la composante dépenses fiscales sans pouvoir agir sur le niveau des recettes

fiscales.

Par ailleurs, malgré l’apport et la contribution majeure du modèle Scully dans la conduite de la

politique fiscale. Roderick Hill (2008) considère que ce modèle reste limité, parce qu’il est dérivé

d’un modèle basique de croissance endogène. Dans lequel le capital est entièrement utilisé dans le

processus de la production annuelle. C’est-à-dire qu’il ignore la contribution de la participation du

capital des périodes antérieurs. En réponse à ces reproches Scully (2000) a expliqué la production

par le capital retardé dans la fonction de la production globale.

En définitive, au regard des résultats trouvés dans cette étude, les recommandes suivantes s’adressent aux autorités politiques du pays pour une RD Congo émergente d’ici à 2030 :

(i) L’investissement étant l’un de courroie de transmission des effets de la fiscalité à la croissance, mettre en place des politiques économiques réalistes (les politiques de l’offre), qui s’inscrivent dans le temps, de nature à encourager la classe moyenne d’affaires locales et la production des biens capitaux ;

(ii) Mettre en place des mécanismes de diversification (encourager l’initiative privée) qui aura pour effet de booster l’investissement national et obtenir des débouchés internationaux pour vendre nos produits finis, ce qui devra rendre bénéfique l’ouverture économique qui est l’un de courroie de transmission des effets de la fiscalité à la croissance ;

(iii) Encourager l’ouverture économique en améliorant le climat des affaires dans le pays (bonne gouvernance, lutte contre la corruption, etc.), ce qui va rendre celui-ci de plus en plus fréquentable ;

(iv) Revoir les stratégies dans la conduite de la politique fiscale, chaque année au moins, pour éviter la fraude ou les évasions fiscales qui ont pour effet de décélérer la croissance économique ;

(v) Lutter et veiller à la stabilité politique du pays, gage des politiques économiques efficaces qui durent dans le temps.

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Page 24: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Annexes

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3

Series: Residuals

Sample 1991 2020

Observations 30

Mean 5.03e-16

Median 0.129367

Maximum 2.997542

Minimum -5.477082

Std. Dev. 2.130120

Skewness -0.781702

Kurtosis 2.963447

Jarque-Bera 3.056964

Probability 0.216865

Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test: F-statistic 0.795449 Prob. F(2,19) 0.4658

Obs*R-squared 2.317867 Prob. Chi-Square(2) 0.3138

Test Equation:

Dependent Variable: RESID

Method: ARDL

Date: 04/27/21 Time: 22:27

Sample: 1991 2020

Included observations: 30

Presample missing value lagged residuals set to zero. Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob. PIBH(-1) -0.214780 0.316439 -0.678741 0.5055

PF 0.061377 0.137834 0.445299 0.6611

INFL -0.000876 0.002080 -0.421110 0.6784

EM 1.56E-05 7.86E-05 0.198129 0.8450

Page 25: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

EM(-1) 5.41E-05 0.000177 0.306120 0.7628

CAPPH 0.014462 0.238621 0.060607 0.9523

DEPPUB 1.82E-07 9.13E-07 0.199774 0.8438

DEPPUB(-1) 2.04E-08 8.10E-08 0.252419 0.8034

C -0.985039 2.395073 -0.411277 0.6855

RESID(-1) 0.418967 0.378609 1.106594 0.2823

RESID(-2) -0.067891 0.289951 -0.234147 0.8174 R-squared 0.077262 Mean dependent var 5.03E-16

Adjusted R-squared -0.408389 S.D. dependent var 2.130120

S.E. of regression 2.527933 Akaike info criterion 4.969256

Sum squared resid 121.4184 Schwarz criterion 5.483028

Log likelihood -63.53884 Hannan-Quinn criter. 5.133616

F-statistic 0.159090 Durbin-Watson stat 2.005103

Prob(F-statistic) 0.997466

Ramsey RESET Test

Equation: UNTITLED

Specification: PIBH PIBH(-1) PF INFL EM EM(-1) CAPPH DEPPUB

DEPPUB(-1) C

Omitted Variables: Squares of fitted values Value df Probability

t-statistic 0.004961 20 0.9961

F-statistic 2.46E-05 (1, 20) 0.9961 F-test summary:

Sum of Sq. df Mean

Squares

Test SSR 0.000162 1 0.000162

Restricted SSR 131.5850 21 6.265951

Unrestricted SSR 131.5848 20 6.579241

Unrestricted Test Equation:

Dependent Variable: PIBH

Method: ARDL

Date: 04/27/21 Time: 22:27

Sample: 1991 2020

Included observations: 30

Maximum dependent lags: 1 (Automatic selection)

Model selection method: Akaike info criterion (AIC)

Dynamic regressors (1 lag, automatic):

Fixed regressors: C Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.* PIBH(-1) 0.441875 0.199691 2.212797 0.0387

PF 0.146442 0.133078 1.100427 0.2842

INFL -0.005588 0.004354 -1.283460 0.2140

EM 0.000139 0.000104 1.338632 0.1957

EM(-1) 0.000527 0.000387 1.361833 0.1884

CAPPH -0.177887 0.255062 -0.697426 0.4936

DEPPUB 7.34E-07 8.93E-07 0.821980 0.4208

DEPPUB(-1) 1.08E-07 1.27E-07 0.853442 0.4035

C -0.538905 2.137212 -0.252153 0.8035

FITTED^2 -0.000187 0.037627 -0.004961 0.9961 R-squared 0.874463 Mean dependent var -1.479806

Adjusted R-squared 0.817972 S.D. dependent var 6.011995

S.E. of regression 2.565003 Akaike info criterion 4.982998

Sum squared resid 131.5848 Schwarz criterion 5.450064

Page 26: Pression Fiscale Optimale et Croissance Economique en

Log likelihood -64.74497 Hannan-Quinn criter. 5.132416

F-statistic 15.47956 Durbin-Watson stat 1.528306

Prob(F-statistic) 0.000000 *Note: p-values and any subsequent tests do not account for model

selection.