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113 GABRIELA SCURTU DANIELA DINCA Universitatea din Craiova POUR UN DICTIONNAIRE JURIDIQUE FRANÇAIS- ROUMAIN DES COLLOCATIONS VERBALES Abstract This paper starts on the assumption that learning and using N-V collo- cations represent a real challenge for students training in legal translation, professional translators with experience in other fields and also semi-expert legal translators. Turning to the French-Romanian language pair, a French- Romanian/Romanian-French collocation dictionary might complement other reference and information tools and thus help translators with their commu- nicative-oriented, translation and production needs. In this context, it is our purpose to report on the design and on-going compilation of such a diction- ary, from (i) corpus compilation and data selection, to (ii) a discussion of framework of analysis and methodology for grouping verbal collocations around the nominal base or verbal collocative and organizing collocations into lexical and conceptual units within the dictionary. Introduction Travaillant en milieu universitaire pour la formation des traducteurs juridiques 3 , nous avons pu observer que les difficultés de compréhension, d’analyse et d’interprétation du texte source, y compris les problèmes inhé- rents à sa transposition en langue cible, se situent à plusieurs paliers : ca- ractéristiques lexicales, sémantiques, stylistiques, mais également structures 3 Notre public est formé d’étudiants roumains de cycle master (Traduction et ter- minologie juridiques) avec une licence en langues modernes appliquées ou en droit. copia saggio riservata a Daniela Dinca [mailto:[email protected]] www.bulzoni.it | [email protected]

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GABRIELA SCURTU – DANIELA DINCA Universitatea din Craiova

POUR UN DICTIONNAIRE JURIDIQUE FRANÇAIS-ROUMAIN DES COLLOCATIONS VERBALES

Abstract

This paper starts on the assumption that learning and using N-V collo-cations represent a real challenge for students training in legal translation, professional translators with experience in other fields and also semi-expert legal translators. Turning to the French-Romanian language pair, a French-Romanian/Romanian-French collocation dictionary might complement other reference and information tools and thus help translators with their commu-nicative-oriented, translation and production needs. In this context, it is our purpose to report on the design and on-going compilation of such a diction-ary, from (i) corpus compilation and data selection, to (ii) a discussion of framework of analysis and methodology for grouping verbal collocations around the nominal base or verbal collocative and organizing collocations into lexical and conceptual units within the dictionary.

Introduction

Travaillant en milieu universitaire pour la formation des traducteurs juridiques3, nous avons pu observer que les difficultés de compréhension, d’analyse et d’interprétation du texte source, y compris les problèmes inhé-rents à sa transposition en langue cible, se situent à plusieurs paliers : ca-ractéristiques lexicales, sémantiques, stylistiques, mais également structures

3 Notre public est formé d’étudiants roumains de cycle master (Traduction et ter-minologie juridiques) avec une licence en langues modernes appliquées ou en droit.

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langagières spécifiques, porteuses des marques de l’énonciation juridique (Cornu 1990). Il faut spécifier que sur le plan lexical les défis du français juridique n’appartiennent pas uniquement aux niveaux de la terminologie (la charge notionnelle des mots) et du vocabulaire de soutien (Cornu 1990 ; Dar-belnet 1979 ; Gémar 1991), mais aussi à celui de « l’agencement des mots selon un schéma préétabli » (Scurtu 2008 : 894).

Les unités phraséologiques constituent en effet de véritables pièges pour l’appropriation et le maniement correct des structures langagières, les spécialistes parlant de l’existence d’une véritable « compétence phraséolo-gique » à acquérir par les futurs traducteurs (à côté de la compétence lexi-cale, syntaxique, discursive, stylistique). C’est ainsi que la problématique de la phraséologie est devenue l’une des plus vivement discutées et di-sputées en linguistique théorique et appliquée.

Dans ce contexte, il faut préciser d’emblée que les collocations ont fait et font l’objet d’un intérêt parfaitement justifié de la part des linguistes et des didacticiens, si l’on tient compte du fait que leur présence est un phénomène constant dans toute langue et donc, pour aboutir à une maîtrise parfaite d’une langue étrangère, l’acquisition des structures collocationnelles est une condi-tion indispensable. Et ce tant dans la langue générale que dans les langues spécialisées, car les collocations apparaissent fréquemment dans toutes les productions écrites, de même que dans la langue parlée, se situant, à côté des expressions idiomatiques et des parémies (González Rey 2002), dans le vaste champ de la combinatoire figée, i.e. les expressions « figées », « préfabri-quées » ou « liées » (selon la terminologie utilisée).

Dans une perspective comparatiste (confrontative ou contrastive), nous pouvons avancer l’idée que ces structures sont à même d’assurer deux types de spécificités des langues en contact, à savoir : (i) les spécificités idiosyncra-siques (visant le découpage de la réalité extralinguistique) ; (ii) les spécificités idiomatiques (s’appliquant aux unités dont le sens global est différent du sens cumulatif des constituants et qui ont, le plus souvent, des correspondants qui ne sont pas construits à partir des hétéronymes partiels). C’est ce qui explique d’ailleurs le fait que ces structures figées peuvent poser des difficultés au dé-codage (Thun 1975 : 54) mais, tout particulièrement, à l’encodage dans une autre langue.

À l’heure actuelle, en Roumanie, les intervenants du domaine juridique disposent encore de trop peu d’outils conceptuels issus des recherches et des réflexions menées dans ce domaine (principalement glossaires terminologi-ques, dictionnaires, outils informatiques, corpus, etc.). Or, la liste des collo-cations en langue juridique ne peut s’établir qu’à partir de corpus ou de glos-saires, car un dictionnaire bilingue de collocations verbales fait défaut, pour

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l’instant4. Ce dictionnaire serait donc un instrument de travail d’une grande utilité dont les principaux usagers5 seront autant les traducteurs – dans le domaine juridique ou les experts d’autres secteurs – que les étudiants en traduction juridique (c’est également ce qu’affirment de nombreux voca-bulaires juridiques français).

C’est ce qui nous autorise à fixer comme objectif de cet article la pro-position d’une démarche méthodologique pour la construction d’un dic-tionnaire de collocations verbales français-roumain (domaine juridique), en trois étapes : (i) constitution et analyse du corpus ; (ii) regroupement des collocations verbales autour de la base nominale ou du collocatif verbal ; (iii) structuration d’un dictionnaire bilingue de collocations lexicales ou conceptuelles6.

1. Constitution et analyse du corpus

La première étape de travail consiste, comme de juste, dans l’élaboration du corpus textuel7, qui sera formé d’un ensemble de textes : (i) bilingues –

4 Pour le français général, le Dictionnaire de collocations en ligne (www.tonitra-

duction.net) repose sur l’observation des combinaisons récurrentes de la langue française et présente les trois bases (substantif, adjectif et verbe) qui servent d’hyperliens pour que l’utilisateur (apprenant étranger, traducteur, lexicologue) puisse arriver aux collocatifs cherchés. Il y a aussi des dictionnaires sur papier : Grobelak (1990) ; Beauchesne (2001) ; Le Fur (2007).

5 Sur la nécessité de préciser les usagers lors de la confection d’un dictionnaire spécialisé, nous faisons référence, entre autres, aux ouvrages suivants : Bergenholtz, Tarp (1995) ; Bergenholtz, Tarp (2003) ; Šarčević (2000).

6 Le Dictionnaire juridique de collocations verbales (domaine français-roumain) fera l’objet d’une proposition de projet pour la future compétition annuelle de projets lan-cée par l’Université de Craiova. L’équipe élargie devra être formée, à côté des deux au-teurs, spécialistes en linguistique française, d’un spécialiste en droit et d’un informaticien.

7 Les textes dont on a puisé les exemples pour illustrer la démarche proposée dans cet article sont : AC1 = Arrêt de la cour du 23 avril 1986. – Parti écologiste « Les verts » contre Parlement Européen. – Recours en annulation – campagne d’information pour l’élection du Parlement Européen. – Affaire 294/83 ; AC2 = Arrêt de la Cour du 22 mai 1990. – Parle-ment Européen contre Conseil des Communautés européennes. – Qualité du Parlement Eu-ropéen pour agir en annulation. – Affaire C-70/88 ; CEDH = Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales telle qu’amendée par le Protocole n° 11 – Rome, 4 novembre1950 ; C. Civ. = Code Civil ; OMS = Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac ; MSS = Décision no 626/2008/ce du Parlement Européen et du Conseil du 30 juin 2008 concernant la sélection et l’autorisation de systèmes fournissant des services mobiles par satellite ; TFUE = Version consolidée du traité sur le fonctionnement de l’Union

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corpus parallèles et (ii) monolingues – corpus dits « comparables » (Maniez 2001), constitués de textes originaux partageant une similitude de style et de contenu (tels les Codes civils français et roumain), dans les domaines du droit civil et du droit communautaire, rassemblés au cours de notre activité didac-tique pour la formation des étudiants roumains en traduction juridique. Les structures collocationnelles ont été sélectionnées en fonction des différents cadres syntaxiques et conceptuels qui seront proposés infra en vue d’expliciter les démarches envisagées pour la structuration d’un dictionnaire bilingue de collocations verbales. Il ne s’agit donc pas, dans l’étape actuelle, d’un corpus complet, mais uniquement de structures retenues en vue de l’analyse et de l’établissement des principes à suivre.

Le relevé des collocations verbales dans le texte-source (français) a été réalisé manuellement, et non à l’aide d’un outil informatique, et ce pour deux considérants : d’abord parce qu’un tel outil, qui s’avérera absolument nécessaire pour l’élaboration proprement dite du dictionnaire (vu la grande quantité de données à traiter), ne l’est pas dans l’étape actuelle, qui consiste à discuter, d’un point de vue plutôt théorique, les démarches à suivre ; en-suite parce que nous considérons qu’un relevé manuel est à même d’assurer la correction, la rigueur et la cohérence de la démarche « éliminant […] tout le bruit » produit par les programmes informatiques (Dechamps 2013 : 11).

Sur l’ensemble des collocations, on ne retiendra que les collocations verbales formées d’un verbe suivi d’un déterminant nominal construit di-rectement (V+N), le verbe pouvant se trouver : à la voix active (forme ver-bale finie ou infinitif régi par un autre verbe), à la voix passive (avec ou sans agent exprimé) et avec l’emploi adjectival du participe passé (suite à la suppression de l’auxiliaire être). Les exemples ci-dessous illustrent toutes ces possibilités8 :

(1) les États membres exercent leur compétence dans la mesure où l’Union n’a pas exercé la sienne. (art. 2-2 TFUE)

(2) […] l’Union dispose d’une compétence pour mener des actions et une politique commune […]. (art 4-4 TFUE)

Européenne Journal officiel n° 115 du 09/05/2008 p. 0047 – 0388 ; TCE = Traité établis-sant une Constitution pour l’Europe, www.europnat. com/ce.pdf.

8 N’ont pas été retenues, pour des raisons méthodologiques, les structures résultant de nominalisations, quoique ce phénomène ne soit pas dépourvu d’un certain intérêt, mais leur place est plutôt dans un lexique de collocations nomi-nales (quel que soit le type de structure).

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(3) […] la décision de 1982 et la réglementation de 1983 ont été adoptées par des organes du Parlement Européen […]. (art. 20 AC1)

(4) […] une ordonnance rendue, conformément à la loi, par un tribunal […]. (art. 5-1b CEDH)

(5) toute personne arrêtée doit être informée […] de toute accusation por-tée contre elle. (art. 5-2 CEDH)

À partir des données du corpus bilingue, l’étape suivante devrait être consacrée à l’analyse du comportement collocationnel des termes juri-diques en français par rapport au roumain (ou inversement, en fonction du vecteur de transcodage). Pour une description complète des collocations verbales, le dictionnaire doit renfermer des indications conceptuelles, con-textuelles et traductologiques. Les verbes seront donc illustrés dans des contextes plus larges qui serviront à l’interprétation du sens et donc au dé-codage du message dans le texte source, permettant de la sorte l’encodage dans le texte cible. Plus exactement, le corpus interrogé permettra de dé-terminer les phénomènes de cooccurrence attestés autour des différents termes, car, et c’est une évidence, la plupart des dictionnaires « pèchent par leur manque d’information contextuelle » (Dechamps 2013 : 13). Cela re-vient à mettre en évidence les différents éléments de la structure prédica-tive, c’est-à-dire considérer la collocation comme un élément d’un en-semble plus vaste.

Afin de présenter les faits collocationnels dans un cadre textuel spé-cialisé, nous avons pris en compte l’environnement distributionnel du terme ou, selon Lerat (2000 : 88), son « mode d’emploi ». C’est toujours Lerat (2008 : 435-436) qui propose un modèle théorique appliquant à l’analyse des collocations conceptuelles les schémas d’arguments. Ce modèle est ca-pable d’expliciter « la syntagmatique des expressions prédicatives », les ar-guments et les rôles sémantiques, en l’occurrence Argument 1 (sujet) et Argument 2 (objet), se trouvant sous la dominance du verbe. Dans cette perspective, à part les classes d’objets (réalisées par les noms complé-ments), on peut s’intéresser à l’identification des actants sujets, dans le but d’en établir la classification sémantique.

Pour le domaine du droit, les actants sujets peuvent être classifiés dans différentes catégories : <source du droit>, <institution>, <humain>. Dans certains cas, il est nécessaire, pour des raisons de clarté, de sous-diviser ces classes ou de les préciser : <institution>, pour certaines collocations, est devenu <tribunal>, <conseil>, <parlement>. Quant au trait <humain>, ce-lui-ci réunit à son tour diverses étiquettes, comme <personne morale>, <personne physique>, <citoyen>, ou encore <magistrat> ou <autorité>,

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renvoyant à des citoyens qui jouissent d’une certaine fonction ou autorité, au niveau du pouvoir judiciaire, législatif ou exécutif (Deschamps 2013).

2. Regroupement des collocations verbales autour de la base nominale 2ou du collocatif verbal

En partant de la valeur globale des collocations et, en particulier, des collocations verbales, nous avons adopté la classification dichotomique en : collocations lexicales et collocations conceptuelles. Cette typologie s’avérera d’une certaine importance pour les démarches proposées pour un dictionnaire de collocations verbales, sensiblement différentes selon le type de dictionnaire visé (explicatif, donc monolingue vs. de transcodage, donc bilingue).

La première sous-classe de collocations verbales est formée de deux composantes lexicales d’importance plus ou moins égale (Benson et al. 1997 :xv). Par exemple, accepter / ajourner / annoncer / appliquer / ap-prouver /arrêter / formuler / honorer / imposer / infléchir / justifier / maintenir / mettre en œuvre / mettre en place / motiver / réclamer / retar-der une décision constituent des collocations lexicales formées à partir de la même base nominale (décision). En principe, ces collocations ne po-sent pas de problèmes en décodage, car elles sont transparentes pour les locuteurs allophones : faire une demande, prononcer une résolution, re-jeter un recours, plaider une affaire. La plupart des collocatifs verbaux font partie de la langue commune, du « vocabulaire général » (Gémar 1991), pouvant être des verbes à sémantisme plein, parfois avec une va-leur métaphorique, ou des verbes support, à sémantisme vide (Larivière 1998). L’essentiel c’est que ces verbes, dont le nombre varie d’une seule unité à plusieurs (comme c’est le cas de la base décision), ont acquis des sens spécialisés dans le contexte juridique.

En opposition avec les premières, ont été définies les collocations con-ceptuelles, posant des difficultés d’identification et de délimitation nette (cf. entre autres Bertrand 1998, L’Homme 2001, Lerat 2008). Les bases nomi-nales forment dans ce cas des classes d’objets, « qui entretiennent avec leurs prédicats des relations qui ne sont pas de l’ordre du figement mais de l’affinité » (Lerat 2008 : 435-436). L’Homme (2001 : 19) renforce, avec des exemples (80% des combinaisons recensées), l’idée que le « cooccurrent [c’est-à-dire le collocatif] sélectionne souvent des ensembles de mots clés (ou bases) sémantiquement apparentés ».

C’est, par exemple, le cas du verbe délivrer, sélecté par des bases no-minales appartenant à la classe conceptuelle <document authentique>, res- co

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pectivement : délivrer un certificat / un permis / une attestation / un brevet / une copie (d’acte juridique) / une expédition / un mandat (d’arrêt, d’amener) / un passeport.

Après la constitution du corpus, un choix évident s’impose : comment regrouper les structures sélectées : du mot base (nom) vers ses collocatifs verbaux ou du collocatif vers les mots base?

Peuvent ainsi être indiquées sous l’entrée peine les contextes où ce nom figure : à part les nombreuses structures nominales (telles peine capi-tale / d’emprisonnement / de mort / de travaux forcés), les structures ver-bales : commuer une peine, faire grâce d’une peine, subir / purger une peine. Par contre, sous l’entrée subir peuvent figurer les collocations subir une peine, subir un interrogatoire. La recherche est alors orientée du verbe vers les bases nominales avec lesquelles il entre en cooccurrence.

Il est sans conteste que les deux types d’informations présentent leur intérêt, étant également nécessaires pour bien décoder le contenu d’un mes-sage et l’encoder correctement dans la lange cible. Mais ces informations relèvent d’une conceptualisation différente de l’ensemble de la structure, représentent deux types de démarches distinctes, mais complémentaires, et se prêtent mieux à un certain type de lexique-dictionnaire (explicatif vs. de traduction).

3. Structuration d’un dictionnaire bilingue de collocations verbales

3.1 Dictionnaire de collocations lexicales

La première démarche part de la base nominale vers les verbes, ce qui revient à préciser la liste des collocatifs sous la base nominale qui les « ap-pelle », le collocatif étant « un mot […] que le locuteur sélectionne en fonction de la base parce qu’il n’est pas définissable, traduisible ou appre-nable sans la base » (Hausmann, Blumenthal 2006 : 4). En effet, une réalité psychologique observable en discours c’est la façon dont un locuteur étran-ger progresse : à partir de la base pour arriver au collocatif.

Cette perspective permet ainsi d’établir la liste des collocatifs dressée sous le terme juridique : sous tutelle on trouvera ouvrir, sous mariage on trouvera contracter et dissoudre, sous décision figureront adopter, appli-quer, approuver, arrêter, attaquer, formuler, modifier et ainsi de suite.

En se situant dans la perspective du sujet roumain qui doit transposer ces collocations verbales en français ou du sujet français qui doit aboutir à l’expression équivalente en roumain, les difficultés sont presque insur-montables, vu que les solutions auxquelles ont eu recours les langues sont, comme on l’a déjà précisé, imprévisibles, mais fixées dans l’usage en tant

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que norme. Ainsi il y a identité des solutions dans le cas de attaquer une décision / a ataca o decizie, adopter une décision / a adopta o decizie, dis-soudre une assemblée / a dizolva o adunare, par contre, les solutions diver-gent dans les cas de : ouvrir la tutelle / a institui tutela (litt. « instituer la tutelle »), dissoudre un mariage / a desface o căsătorie (litt. « défaire un mariage »), contracter un mariage / a încheia o căsătorie (litt. « conclure un mariage »), fait qui peut conduire à ce que Hausmann et Blumenthal (2006 :4) nomment de façon suggestive « détresse d’encodage ». Indiquer donc les verbes qui se combinent transitivement avec décision, assemblée, mariage, tutelle est une information rarement présente dans les diction-naires de spécialité (absente même dans le Vocabulaire juridique de Cornu 2005), alors qu’elle est d’une grande utilité pour le traducteur.

Pour exemplifier la démarche à suivre dans un dictionnaire bilingue de collocations lexicales, nous proposons pour l’entrée recours la configura-tion suivante :

- recours : connaître, former, introduire, intenter, maintenir, ouvrir, poursuivre ;

- acţiune : a judeca, a introduce, a menţine, a permite, a continua.

(6) <institution judiciaire> connaître [recours]9

Le Tribunal est compétent pour connaître des recours qui sont for-més contre les décisions des tribu-naux spécialisés. (art. 256-2 Tfue)

Tribunalul are competenţa să judece acţiunile formulate împo-triva deciziilor tribunalelor specializate.

(7) <institution législative> intenter [recours]

Il considère toutefois qu’une inter-prétation extensive de l’article 173 du traité […] devrait conduire à lui reconnaitre qualité pour intenter ce recours à l’encontre des actes du Conseil et de la Commission. (art. 22 ac1)

Cu toate acestea, Parlamentul consideră că o interpretare exten-sivă a art.173 din Tratat […] ar trebui să conducă la recunoaşterea calităţii sale de a introduce această acţiune în anulare împotriva ac-telor adoptate de Consiliu şi de Comisie.

9 Du point de vue de leur degré de figement, les collocations permettent des varia-

tions aux niveaux des actualisateurs (articles, démonstratifs, possessifs) ou du nombre (singulier/pluriel).

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(8) <institution> ouvrir [recours]

Le système du traité est toutefois d’ouvrir un recours direct contre toutes dispositions prises par les institutions et visant à produire un effet juridique. (art. 22 ac1)

Sistemul Tratatului este însă de a permite o acţiune directă împo-triva tuturor dispoziţiilor adoptate de instituţii şi care sunt destinate să producă un efect juridic.

(9) <institution législative> former [recours]

[…] la Cour ne saurait, certes, ranger le Parlement au nombre des institu-tions qui peuvent former un recours au titre de l’article 173 du traité CEE […]. (art. 24 AC2)

[…] Curtea nu poate, desigur, să considere Parlamentul printre in-stituţiile care pot introduce o acţiune în temeiul art. 173 din Tratatul CEE.

(10) <citoyen> maintenir/poursuivre/introduire [recours]

Dans ces conditions, la volonté de la nouvelle association de maintenir et de poursuivre le recours introduit par l’une des associations […]. (art. 9 ac1)

În aceste condiţii, voinţa noii aso-ciaţii de a menţine şi de a conti-nua acţiunea introdusă de una din asociaţiile […].

Dans ce corpus parallèle, les actants sujets font partie de deux classes : <institution> et <citoyen>. De plus, on pourrait sous-diviser ces deux classes afin de mieux en préciser le contenu notionnel, le schéma obtenu étant alors le suivant : pour <institution> : <tribunal>, <parlement>, <cour> et pour <citoyen>, l’occurrence enregistrée est <association (de citoyens)>.

Pour le traducteur juridique, l’utilité d’un tel dictionnaire de colloca-tions lexicales privilégiant la perspective de l’encodage reste indéniable, car il connaît la base et se trouve à la recherche des collocatifs dont l’usage, au-delà de son intuition, est souvent difficile de prédire.

3.2 Dictionnaire de collocations conceptuelles

Les deux types de démarches présentées dans la section 3. nous ont conduites à une appréhension plus large du phénomène collocatif, dépas-sant le cadre strict de la cooccurrence binaire (V+N), pour rendre compte des valences combinatoires sur le plan syntaxique et sémantique (et qui sont des traits conceptuels, cf. Gautier 2004), pratiquement inexistantes dans la majorité des ouvrages lexicographiques et dont le traducteur a be- co

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soin pour bien traduire. C’est une direction de description utile notamment en lexicographie monolingue et en terminographie, rendant compte des restrictions de sélection des collocatifs avec les différentes classes concep-tuelles de noms terminologiques. Cette démarche permet de contextualiser correctement la base (une tâche qui incombe surtout aux dictionnaires gé-néraux de la langue), facilitant prioritairement le décodage.

C’est ainsi que les verbes adopter et arrêter entrent dans le même cadre syntaxique, argumentatif et conceptuel, présentant le même type de restrictions sélectives à gauche et à droite : <organe habilité> adopter /arrêter <acte juridique>.

- Adopter : une décision / une réglementation / un règlement / une loi / une directive / une disposition / une ordonnance / une motion / un amendement ;

- A adopta : o decizie / o reglementare / un regulament / o lege / o di-rectivă / o dispoziţie / o ordonanţă / o moţiune / un amendament.

(11) <assemblée délibérante> adopter [acte juridique]10

Il [le Parlement] peut lui-même adopter des actes juridiques. (art. 22 ac1)

El poate să adopte el însuşi acte juridice.

(12) <assemblée délibérante> adopter [motion]

Le Parlement européen peut adopter une motion de censure de la Com-mission conformément à l’article III-340. (art. 1-26 Tce)

Parlamentul European poate adopta o moţiune de cenzură împotriva Comisiei, în conformi-tate cu articolul III-340.

(13) <assemblée délibérante> adopter [directive]

Le Conseil […] peut adopter des directives établissant les mesures de coordination et de coopération né-cessaires pour faciliter cette protec-tion. (art. 23 Tfue)

Consiliul […] poate adopta direc-tive care să stabilească măsurile de coordonare şi de cooperare nece-sare pentru a facilita această pro-tecţie.

10 Voir note 7.

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(14) <assemblée délibérante> adopter [règlement]

La conférence des parties adop-tera par consensus son propre règlement financier. (art. 23-4 Oms)

Conferinţa părților va adopta prin consens propriul regulament fi-nanciar.

(15) <actant Ø> adopter [loi]

Les lois et lois-cadres européennes adoptées conformément à la procé-dure législative ordinaire sont si-gnées par le président du Parlement européen et le président du Conseil. (art. 1-39 Tce)

Legile şi legile-cadru europene adoptate conform procedurii le-gislative ordinare se semnează de către preşedintele Parlamentului European şi de către preşedintele Consiliului.

Dans les exemples ci-dessus, le collocatif adopter accepte comme Ar-gument 1 (sujet) la classe <assemblée délibérante>, manifestée par les occur-rences <parlement>, <conseil>, <conférence> ou même par <actant Ø>11.

Pour le collocatif arrêter, le dictionnaire pourra avoir la structure suivante:

- arrêter : une directive / une disposition / une mesure /une position / un règlement / une règle;

- a adopta : un act / o decizie / o măsură / o poziţie / un regulament / o regulă

(16) <autorité législative> arrêter [règlement]

[…] le Conseil a arrêté le règle-ment n° 3954/87 sur la base de l’article 31 du traité CEEA. (art. 3 AC1)

Consiliul a adoptat Regulamentul nr. 3954/87 pe baza art. 31 din Tratatul CEEA.

(17) <autorité législative> arrêter [position]12

Le Parlement européen arrête sa position en première lecture et la transmet au Conseil. (art. 294 TCE)

Parlamentul European adoptă po-ziţia sa în primă lectură şi o tran-smite Consiliului.

11 Il s’agit d’un actant Ø dans le contexte de l’énoncé, mais décelable par une ana-

lyse contextuelle élargie, en amont du texte. 12 Dans ce cas, à la classe conceptuelle <acte juridique> s’ajoute l’idée de consensus,

d’attitude commune (ce qui n’exclut pas l’existence d’un texte écrit) : arrêter une position commune, des principes, etc.

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(18) <autorité législative> arrêter [règle]

L’Union arrête les règles applica-bles aux programmes complémen-taires, notamment en matière de diffusion des connaissances et d’accès d’autres États membres. (art 184 TCE)

Uniunea adoptă normele aplica-bile programelor suplimentare, în special în domeniul diseminării cunoştinţelor şi al accesului altor state membre.

(19) <actant Ø> arrêter [acte]

Les denrées alimentaires ou les ali-ments pour bétail […], fixés par un acte arrêté conformément aux dis-positions du règlement attaqué, ne peuvent pas être commercialisés. (art. 2 AC2)

Produsele alimentare sau furajele […], stabilite printr-un act adop-tat conform dispoziţiilor regula-mentului atacat, nu pot fi comer-cializate.

(20) <actant Ø> arrêter [mesure]

Il y a lieu d’arrêter les mesures né-cessaires à l’application de la pré-sente décision conformément à la décision 1999/468/CE du Conseil. (art. 4 MSS)

Măsurile necesare pentru punerea în aplicare a prezentei decizii ar trebui să fie adoptate în confor-mitate cu Decizia 1999/468/CE a Consiliului.

(21) <actant Ø> arrêter [décision]

Toute décision de la Commission relative à la non-recevabilité des candidatures est motivée et arrêtée conformément à la procédure de consultation visée à l’article 10, pa-ragraphe 2. (art. 4 MSS)

Orice decizie a Comisiei privind caracterul inadmisibil al candi-daturilor este motivată și se adoptă în conformitate cu proce-dura de consultare menționată la articolul 10 alineatul (2).

Le collocatif arrêter accepte donc comme Argument 1 (sujet) la classe conceptuelle <autorité législative>, qui se manifeste, dans les exemples in-diqués, par les occurrences : <conseil>, <parlement>, <État>, <Union Eu-ropéenne> ou Ø (voir note 9).

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En bref, après la présentation du contexte dans lequel les deux entrées lexicales (adopter et arrêter) peuvent figurer, on peut établir les points communs mais aussi les traits combinatoires qui les distinguent :

Argument 1 Verbe Argument 2 <organe habilité> adopter /arrêter <acte juridique> <assemblée délibé-rante>

adopter <acte juridique>

<autorité législative> arrêter <acte juridique>

4. Conclusions

Au terme de notre exposé, nous voulons souligner l’idée que l’intérêt des spécialistes pour la phraséologie, y compris collocationnelle, se justifie non seulement au niveau théorique, mais aussi au niveau des applications en linguistique contrastive, en traduction et en lexicographie.

Basée sur une approche contrastive, notre contribution vise à fournir une base de travail permettant de structurer les faits du domaine du droit normatif à partir de sa phraséologie collocationnelle. Le résultat des deux démarches proposées, complémentaires mais également nécessaires, privi-légiant, respectivement, la fonction sémasiologique, de décodage, et la fonction onomasiologique, d’encodage, représente un aperçu complet des collocations, quelle que soit la direction de recherche, le bénéficiaire d’un tel ouvrage ayant obtenu ce que Hausmann et Blumenthal (2006 :5) appel-lent « le profil combinatoire du mot », mis au service de la synonymie, de l’apprentissage du vocabulaire et de la traduction.

Il est évident que, dans l’élaboration d’un dictionnaire bilingue de collo-cations verbales, notre perspective privilégie une information linguistique détaillée sur les collocations qui permette au traducteur de les employer à bon escient et une démarche partant du mot base vers ses collocatifs, car le choix du verbe est une question de spécificité de chaque langue, ce qui se justifie notamment dans le cas des ouvrages de lexicographie bilingue.

Au contraire, un dictionnaire de collocations verbales allant du collo-catif vers ses bases n’est pas destiné en premier lieu au traducteur, car ce-lui-ci devrait vérifier toute la liste des verbes recensés dans le dictionnaire pour voir si le mot-base pourrait figurer parmi leurs occurrences. C’est pourquoi ce dictionnaire s’adresse plutôt au lexicologue ou au sémanticien qui se propose de réaliser une analyse sémantico-lexicale des champs con-ceptuels de chaque verbe qui, faisant partie du vocabulaire général, pré-sente, dans la plupart des cas, une grande polysémie. Pourtant ce dernier co

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aspect est un argument pour le traducteur aussi, qui pourrait trouver dans un tel dictionnaire des réponses pour des verbes comme : arrêter un règlement / a adopta un regulament, délivrer un certificat / a elibera un certificat, rendre un arrêt, un jugement / a pronunţa o hotărâre, o sentinţă, dresser un procès verbal / a întocmi un proces-verbal, l’interprétation du sens du verbe et, par voie de conséquence, le transcodage, lui posant des difficultés.

Mais, au-delà de la démarche utilisée, de la base vers le collocatif ou inversement, ce qui en ressort c’est la nécessité d’un dictionnaire bilingue français-roumain et roumain-français à utilité à la fois didactique et tra-ductologique, dans une version informatisée, construite sur le principe du changement de perspective (i.e. dictionnaire utilisable en double sens : res-pectivement de la base vers le collocatif ou inversement et du français vers le roumain ou inversement). Un tel ouvrage serait à même de fournir au traducteur une information complexe nécessaire à la compréhension du texte à traduire et à son réexpression en langue cible.

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