pÈlerinage À la ghriba · 2017. 9. 13. · les parfums arrosent régulièrement les pèlerins et...

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PÈLERINAGE À LA GHRIBA

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  • PÈLERINAGE À LA GHRIBA

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    Pèlerinage à la Ghriba (Félix ALLOUCHE – Annuaire sioniste 1931)

    « Par la Ghriba ! » Ce serment, qui, en Tunisie, ne l’a entendu au moins

    une fois ? Serment terrible qui cloue la bouche aux plus discuteurs…

    Car, en vérité, il ne peut venir à l’esprit de nos braves Juifs qu’on soit

    assez fou pour le prendre en vain. Les conséquences d’un tel

    blasphème seraient d’ailleurs terribles ! Pensez donc, la « Ghriba » de

    Djerba est si aimée de D-ieu… Ses miracles ne se comptent plus. Que

    de malades qui sont allés y prier en sont revenus guéris. Que de

    femmes sans enfants ont eu un garçon l’année même où elles l’ont

    visitée !

  • 2

    Lag Baomer à la Ghriba et à Tunis Robert/Meir/Blassin/Belhassen

    A Lag baomer, trente trois jours après Pessah, a lieu le pèlerinage de la Ghriba de Djerba, la belle île tunisienne.

    Du 14e au 18e jour de Iyyar, correspondant à la date du décès de Rebbi Meir et Rebbi Chimoon, figures ô ! Combien familières du judaïsme tunisien, se déroule cette visite.

    On y rencontre des Juifs du monde entier, tant la Ghriba a la réputation d’intercéder favorablement aux demandes des fidèles.

    Un caravansérail, de l’autre côté de la rue principale, va vivre des moments d’une intense émotion.

    La rue principale avec à gauche la Ghriba et à droite le caravansérail

  • 3

    Des boutiques éphémères vont servir des boissons, des grillades, des casse-croûtes divers, des objets-souvenirs et de culte.

    La fête commence la veille du 14 iyyar, par l’allumage de bougies par les femmes, tandis qu’un orchestre joue des airs qui accompagnent la récitation de piyoutim.

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    Dans la synagogue de la Ghriba, les hommes déjà couverts, se déchaussent, et les femmes se couvrent la tête et y entrant pour accomplir leurs vœux en allumant de bougies ou en se recueillant devant l’Ekhal.

    Sous cet Ekhal, en contre-bas se trouve la fameuse grotte. Une des légendes dit qu’à cet endroit, fut trouvé le corps de la jeune fille qui a laissé son nom à la synagogue.

    Les femmes y entrent à tour de rôle, munies d’un ou plusieurs œufs, sur chacun desquels est inscrit le nom de la jeune fille à marier, ou d’une femme soucieuse d’avoir un enfant.

    L’œuf sera déposé, les bougies allumées dans cette niche. Puis, le lendemain, l’œuf sera récupéré, et restitué à la personne pour être mangé. Cela marche, de nombreux témoignages l’attestent.

    Puis les pèlerins, se retrouvent dans le salon de la Ghriba, garni de bancs en bois, afin de célébrer une séouda, où des djerbiens, vont chanter Bar Youhaï, et conclure par la dégustation de Boukha et de fruits secs, précédées des prières adéquates.

    Ces précieux ingrédients seront rapportés à la famille et aux amis pour effectuer leurs vœux à distance.

  • 5

    Préparation de la séouda

    La séouda de Rebbi Shimoon commence le 17 au soir, par une veillée de prières, de lecture du Zohar et de chants.

    Le lendemain, en fin de matinée, commence une autre cérémonie au caravansérail.

    La foule est nombreuse et bigarrée, la musique orientale bat son plein, les gens affluent autour des boutiques, l’ambiance est extraordinaire de chaleur et de piété.

  • 6

    L’animation musicale

    La Ménara attend ses décorations. Cette pyramide hexagonale montée sur un tricycle, s’élève sur cinq étages.

    Le premier étage, et ses 12 divisions, se référant aux douze tribus, au-dessus, le nom des rabbins tunisiens.

    Au troisième niveau, celui des Patriarches et Matriarches et la dédicace : « ce chandelier est en l’honneur de Rebbi Meir Baal Haness et de Rebbi Chimoon Bar Yohai », que leurs mérites nous protègent; au-dessus, le Shaddaï, et enfin tout en haut, les tables de la loi.

    La vente aux enchères de tableaux et objets de culte, des plantes odoriférantes commence, ainsi que la vente de carrés de soie porteurs de vœux qui vont recouvir entièrement le Ménara.

  • 7

    L’ambiance est à son comble, les femmes et les jeunes filles sont vêtues typiquement et rivalisent de beauté. Les bijoux judéo-tunisiens scintillent au soleil, les visages irradient la joie, tandis que l’orchestre ponctue chaque vente par des chansons et des bénédictions, emmené par un maître de cérémonie digne d’un bateleur.

    Les parfums arrosent régulièrement les pèlerins et les joyeux youyous fusent à tout va.

    Puis, enfin, la procession va commencer vers Hara Sghira, petit village juif, à proximité. Le cortège bariolé accomplit lentement son trajet, ponctué d’arrêts programmés tandis que la musique et les youyous ne cessent pas. Arrivés au village, c’est l’heure de Minha et tout le monde se recueille.

    Le retour est non moins fervent et la collation et les échanges se multiplient à la Ghriba.

    Le lendemain, se déroule la même procession.

    À Tunis, les habitudes étaient différentes. La veille, nous nous munissions de grandes chandelles décorées de papier couleur, et après les avoir allumées, nous nous dirigions en procession et en famille vers la synagogue, pour les déposer, y accomplir nos vœux et assister aux nombreuses séoudotes, rythmées par Bar Yohaï.

    Le lendemain, était une journée particulière pour ceux qui organisaient la séouda chez eux.

    Mes parents en étaient, et la présence de Monsieur le Rabbin Chiche, ZaL, Achir Mizrahi, Doukha, donnait une ferveur particulière. Ils rivalisaient de chants et de dégustation de Boukha et de fruits secs : la g’ala.

  • 8

    L’après-midi, nous préparions la maison pour accueillir nos invités ; en fait, on n’invitait pas. Les convives savaient et venaient d’année en année honorer les deux tsadikim.

    Nous découpions des feuilles de couleur, en bandelettes pour former des anneaux entrelacés, collés à la colle farine-maison. Cela faisait de longues chaînes multicolores suspendues au plafond : typiquement Bar Yohaï.

    Les convives, tout en chantant, dégustaient le « Plat » ou Shann’

    Celui-ci, offert à chaque convive se composait invariablement de produits-maison. Une merveilleuse brik, croustillante, tirée de la friture, une tranche généreuse de minina, comme on en fait plus, des variantes ou torchi khel, des olives, pas n’importe lesquelles mais vertes !

    N’oublions surtout pas les fèves bouillies au cumin, sans lesquelles il n’y a pas de réjouissances chez les Tunisiens.

    Et les compliments, et les bénédictions fusaient dans tous les sens : tu te maries cette année, tu réussis tes examens, tu auras ben zakhar, un garçon cette année…

    Pour les plus patients, la fête se terminait par un plat de poisson hraïmi ou de bkaïla, suivi de fruits.

    En se quittant : kmara aam akhor ! Que l’on fasse la même chose l’an prochain, bli neder, sans que se soit un vœu !

    Voilà comment on vénérait nos tsadikim chez les Tunes !

    Avril 2014

  • Cla

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    Offert à la mémoire de :

    Ange Mordekhay BELHASSEN bar Mayra ז״ל (10 tamouz 5744 – 10 juillet 1984)

    Elise BELHASSEN bat Guemara ZANA ז״ל (20 chevat 5759 – 6 février 1999)

    Que leur souvenir soit une bénédiction

    Claude A

    RKI 06.60.69.26.00 C

    laudeArki@

    free.fr