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PANORAMA DE PRESSE 19/10/2017 08h22 CGT Panorama réalisé avec Pressedd

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Page 1: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

PANORAMA DE PRESSE

19/10/2017 08h22

CGT

Panorama réalisé avec Pressedd

Page 2: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

SOMMAIRE

ACTUALITE SOCIALE(9 articles)

jeudi 19 octobre 2017 Page 6

jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

Page 7

jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

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jeudi 19 octobre 2017 Page 15

jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

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Galeries Lafayette : quand la justice donne raison au CHSCT(602 mots)

Le verdict est tombé le 12 septembre dernier. Le tribunal de grande instance (TGI)de Paris a débouté les patrons des Galer…

(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offred'emploi et (1169 mots)

(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offre d'emploi etrecrutement) », Dares, 9 novembre 2007. Une act…

Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernementn'ait fait jouer l'option (1279 mots)

Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernement n'ait fait jouerl'option d'achat sur les actions d'Alstom qu…

Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », «Science et Vie », (334 mots)

Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », « Science et Vie », «Télé Star » ), le rapport est consternant : il…

(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*) Réformes (637 mots)

(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*)…

Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer uneactivité professionnelle fictive (787 mots)

Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer une activité profession…

Les scénarios de Terra Nova pour transformer l'assurance-chômage (791 mots)

Faut-il laisser les partenaires sociaux aux commandes de l'assurance-chômage ?C'est l'un des enjeux de la réforme engagée …

Un trésor livré aux spéculateurs (1639 mots)

Trois ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom, General Electricsupprime 345 emplois à Grenoble et semble vouloir sacrifier la très reconnue f…

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jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

Page 20

RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL(3 articles)

jeudi 19 octobre 2017 Page 23

jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

Page 25

jeudi 19 octobre 2017 Page 26

PROTECTION SOCIALE(1 article)

mercredi 18 octobre2017

Page 31

MOUVEMENTS SOCIAUX(3 articles)

jeudi 19 octobre 2017 Page 33

Un fiasco industriel (843 mots)

Le cas de General Electric révèle l’écrasante responsabilité de l’État dans ledépeçage des fleurons de l’industrie française, et le rôle clé d’un certai…

La santé des salariés sacrifiée sur l'autel des ordonnances(996 mots)

Les ordonnances sur le Code du travail prévoient notamment qu'à l'occasion de lafusion des instances représentatives du pe…

Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise àEmmanuel Macron, qui espérait (633 mots)

Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise à Emmanuel Macron, qui…

De quel travail avons-nous besoin ? (5) (2732 mots)

Le travail, qu'il soit manuel, intellectuel ou culturel, est indissociable de lacondition humaine, même si les progrès des…

Budget de la Sécurité sociale : la hausse de la CSG a été votée(625 mots)

L'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 acommencé mardi après-midi en commission des Affaires so…

L'automne social n'est pas terminé (443 mots)

Et de trois ! Après les 12 et 21 septembre, dans toute la France, des manifestationset actions sont prévues aujourd'hui, à…

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jeudi 19 octobre 2017

Page 34

jeudi 19 octobre 2017

Page 35

EUROPE ET INTERNATIONAL(2 articles)

jeudi 19 au mercredi 25octobre 2017

Page 38

jeudi 19 octobre 2017 Page 39

De l'amiante et des questions (424 mots)

J'ai arrêté de fumer, ce n'est pas pour mourir d'un cancer attrapé sur on lieu detravail. » Comme de nom-reux occup…

Vers un blocage de la plateforme Total du Havre ? (881 mots)

Les routiers avaient été les premiers à obtenir une dérogation, certains diront uneentorse, aux ordonnances Macron dès le …

Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA Legroupe automobile PSA annonce (268 mots)

Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA …

Vieillissement : aujourd'hui modérées, les inégalités socialesvont s'accroître (481 mots)

La France est un havre pour les personnes âgées. Mais cela pourrait ne pas durer.…

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ACTUALITE SOCIALE

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Galeries Lafayette : quand la justice donne raison au CHSCTLe tribunal a reconnu l'existence d'un « risque » pour les salariés dans les réserves du magasin,contre l'avis de la direction. Une victoire syndicale.

jeudi 19 octobre 2017Page 5

602 mots

L e verdict est tombé le 12

septembre dernier. Le tribunal

de grande instance (TGI) de Paris a

débouté les patrons des Galeries La-

fayette Haussmann qui contestaient

le bien-fondé d'une demande d'ex-

pertise du comité d'hygiène, de sécu-

rité et des conditions de travail

(CHSCT) de l'entreprise sur le «

risque grave » encouru par les sala-

riés dans les réserves du grand maga-

sin parisien. Le TGI a décidé que les

Galeries Lafayette devraient payer

l'enquête et les frais de justice. Dans

son avis rendu le 15 juin, le CHSCT

évoquait des « conditions de travail

très dégradées » avec des « risques

d'accident ». Et de lister le « risque de

chute de hauteur de marchandises »,

des « câbles électriques qui traînent

», des issues inaccessibles, etc.

Pour les élus au CHSCT de l'enseigne,

ce verdict fait la démonstration de

l'utilité de leur instance, mais aussi

de la gêne qu'elle représente pour les

dirigeants des Galeries. « Si le CHSCT

disparaît, c'est la porte ouverte à ce

que l'employeur fasse ce qu'il veut,

explique Alexandre Torgomian, se-

crétaire général du Syndicat du com-

merce indépendant et démocratique

(SCID), le syndicat majoritaire (ex-

CFDT) au CHSCT des Galeries La-

fayette Haussmann. L'employeur a

déjà le pouvoir de contester notre de-

mande devant la justice. Demain, ça

va être de la rigolade pour les entre-

prises : plus d'instance, plus d'exper-

tise », résume-t-il.

La direction des Galeries Lafayette a

d'ailleurs fait appel du jugement. Le

nouveau verdict pourrait intervenir

dans plusieurs mois. Ce n'est pas un

cas isolé : les patrons du magasin ont

également intenté une action, qu'ils

ont cette fois gagnée le 19 sep-

tembre, contre la demande d'exper-

tise du CHSCT concernant « le projet

d'absorption de Lafayette Gourmet

par les Galeries Lafayette Haussmann

», explique le SCID, les élus estimant

que la direction avait manqué à son

devoir de fournir une « réelle étude

d'impact sur l'emploi et les condi-

tions de travail ». « Ces confronta-

tions avec les directions sont cou-

rantes », poursuit le syndicat, qui es-

time que le CHSCT est dans son « rôle

» quand il rappelle « en permanence,

et s'il le faut en saisissant les tribu-

naux », les responsabilités des em-

ployeurs en matière de santé et de

sécurité. « Des accidents du travail,

dans le commerce, il y en a partout.

C'est un peu comme dans le bâti-

ment. Sans CHSCT, les patrons du

secteur pourront se contenter de

pseudo-enquêtes qui faciliteront la

sous-déclaration des accidents », re-

doute Alexandre Torgomian.

Entreprise de plus de 300 personnes,

les Galeries Lafayette Haussmann

devront garder une commission de

type CHSCT au sein du comité social

et économique (CSE), la future ins-

tance unique du personnel dont les

ordonnances Macron prévoient

qu'elle fusionnera les institutions du

personnel existantes à l'occasion du

renouvellement du mandat des élus,

à compter du 1er janvier 2019. « Par-

tout, les entreprises commencent à

proroger les mandats des élus actuels

pour tenir les élections au-delà de

cette date et pouvoir mettre en place

la fusion des instances dès le pro-

chain renouvellement. Chez nous, les

élections ont lieu dans un an. La di-

rection pourrait être tentée d'en pro-

fiter pour les repousser de quelques

mois pour entrer dans le nouveau

système comme ça se fait ailleurs »,

anticipe Alexandre Torgomian, dont

le syndicat envisage « la possibilité

de déposer des recours partout où on

le pourra pour contester les prescrip-

tions des ordonnances ». S. C.■

Tous droits réservés L'Humanité 2017

BA9A33CE81A07B0A95E01A907803D17C27008810D8D42FE734B77CE

Parution : Quotidienne

Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 6

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(1) « Les difficultés de recrutement dans l'enquête Ofer (offre d'emploi et

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 16

1169 mots

ECO-SOCIAL

(1) « Les difficultés de recrutement

dans l'enquête Ofer (offre d'emploi et

recrutement) », Dares, 9 novembre

2007. Une actualisation de l'enquête

vient d'être achevée et les résultats

devraient être publiés d'ici à la fin de

l'année.

Cette fois-ci, c'est la bonne. Fini les

petits arrangements et les rafisto-

lages à l'ancienne, place à « la »

grande réforme de la formation pro-

fessionnelle, celle qui va tout re-

mettre à plat et sortir la France du

chômage de masse Depuis un mois,

la petite musique est serinée par tous

les responsables du gouvernement.

Le calendrier est déjà connu, même

si les contours de la réforme restent

flous. Les « partenaires sociaux »

(syndicats et patronat) vont être

consultés à tour de rôle par l'élysée

puis par le gouvernement, avant la

présentation d'un projet de loi au

printemps prochain. Lors de la cam-

pagne présidentielle, le candidat Ma-

cron promettait une véritable « re-

fonte de la formation professionnelle

», afin de la rendre « plus transpa-

rente et plus efficace » ce qui ne

mange pas de pain.

Sur le principe, nul ne songerait à re-

mettre en cause l'intérêt d'une ré-

forme, tant le système cumule les ef-

fets pervers. Complexe, il représente

un coût relativement important pour

la collectivité (32 milliards d'euros),

pour des résultats très discutés. Les

plus critiques soulignent par

exemple la mauvaise répartition de

cette manne financière : en

moyenne, près de 70 % des cadres ont

accès à la formation tous les ans,

contre à peine 40 % des ouvriers. Par

ailleurs, moins de 15 % de l'enve-

loppe totale (les 32 milliards) sont

destinés à former les chômeurs, mal-

gré les promesses des gouverne-

ments successifs. Il faut dire que, jus-

qu'à présent, ces derniers ont sou-

vent préféré les effets de manche aux

politiques structurantes. On se sou-

vient du plan « 500 000 formations

» de François Hollande, dont le but

était moins de fournir des compé-

tences durables aux chômeurs que de

dégonfler artificiellement les statis-

tiques de Pôle emploi (un chômeur

en formation sort de la catégorie A,

la plus commentée, pour basculer en

catégorie D).

L'élysée a d'ores et déjà annoncé qu'il

comptait rectifier le tir, en mettant

sur la table un plan de formation de

15 milliards d'euros. Premiers ciblés

: les demandeurs d'emploi les « plus

éloignés du marché du travail » et les

jeunes décrocheurs du système sco-

laire. Précision de taille, cette enve-

loppe ne constitue pas un apport

d'argent « frais », mais un simple re-

déploiement budgétaire. « C'est juste

une réaffectation de lignes de crédit

existantes, recadre Michel Beaugas,

secrétaire confédéral FO en charge de

la formation professionnelle. Par

exemple, sur les 15 milliards d'euros

annoncés, 450 millions proviennent

des économies réalisées par la fin des

contrats aidés. »

Pour quelles finalités réelles ?

Autres pistes de réforme évoquées, le

renforcement du compte personnel

de formation, ainsi que la création

d'une agence nationale indépen-

dante chargée de faire le tri parmi les

66 000 organismes de formation (OF)

actuels. Les syndicats y voient là une

manœuvre destinée à court-circuiter

les Opca (organismes paritaires col-

lecteurs agréés), gérés par les syndi-

cats et le patronat, dont la mission

est précisément de mettre en relation

salariés et organismes de formation

(voir encadré).

Même si la réforme n'est pas encore

précisément connue, il y a fort à pa-

rier qu'elle évite de s'attaquer aux

vrais sujets. Au-delà des questions

liées à son financement, quelles sont

les finalités réelles de la formation

professionnelle ? S'agit-il de fournir

des compétences durables aux sala-

riés, ou bien de répondre, dans l'ur-

gence, aux demandes du patronat ?

« La question n'est jamais abordée,

pointe Carole Tuchszirer, chercheuse

au Centre d'études de l'emploi du

CNAM. Plutôt que de réfléchir sur le

long terme, en identifiant les métiers

d'avenir par exemple (transition nu-

mérique, emplois verts ), on se

contente trop souvent de former les

gens à des métiers dits en tension

(bâtiment, hôtellerie, restauration).

Avec le risque que, au premier re-

tournement conjoncturel venu, les

salariés se retrouvent licenciés sans

qualification utilisable sur le marché

du travail. »

Mais il y a autre chose, qui renvoie

directement à la philosophie même

d'Emmanuel Macron. Au fond, sa vo-

lonté d'ériger la formation profes-

sionnelle en panacée antichômage

trahit un présupposé vieux comme le

libéralisme : si les chômeurs n'ar-

rivent pas à trouver du boulot, ce

n'est pas que l'emploi manque, c'est

↑ 7

Page 8: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

parce qu'ils ne sont pas assez « em-

ployables ». Ou pour le dire autre-

ment, que leur profil ne colle pas aux

attentes des patrons. Ce n'est pas ce

que montrent les statistiques.

En effet, si la vulgate libérale disait

vrai, des millions de recrutements

échoueraient chaque année du fait de

la mauvaise qualification des candi-

dats. En réalité, à peine 200

000 offres d'emploi par an ne

trouvent pas preneur (190 000 en

2014, selon Pôle emploi). La Dares,

le service des statistiques du minis-

tère du Travail, s'est penchée il y a

quelques années sur les difficultés de

recrutement invoquées par les em-

ployeurs (1). Cette année-là, sur en-

viron 6,6 millions de recrutements

proposés, seuls 245 000 n'avaient pas

abouti, soit un taux d'échec de seule-

ment 3,7 %. Les motifs d'échec sont

nombreux : inadéquation du profil du

« candidat », pénurie de main-

d'œuvre (ces deux problèmes pour-

raient effectivement être solutionnés

par la formation), mais aussi dispari-

tion du besoin (perte du marché par

l'entreprise), abandon du candidat,

etc. A l'arrivée, la Dares estime que

seuls 2,6 % des recrutements ont

échoué en raison de « motifs inhé-

rents au processus », liés en partie

à un défaut de formation. Moralité :

jouer sur la seule formation profes-

sionnelle pour lutter contre le chô-

mage de masse revient à vider l'océan

à la petite cuillère !

Pour sortir de l'impasse, il y aurait

bien une solution : réfléchir enfin à

des politiques économiques suscep-

tibles de créer de l'emploi Pas vrai-

ment une priorité du gouvernement.

[email protected]

Formation professionnelleL'antidote

au chômage ? A d'autres !

Le gouvernement a lancé des discus-

sions avec les syndicats et le patronat

pour réformer

la formation professionnelle.

Il affiche un objectif vertueux : s'at-

taquer au chômage de masse. Mais ce

n'est pas

la formation des salariés

qui est insuffisante, c'est la création

d'emplois ! ■

par Cyprien Boganda

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

509D13FB8B603E0CE5EE16007502215F26B0511AC82125A69D6A5BD

Parution : Hebdomadaire

↑ 8

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Date butoir, le 17 octobre est passé sans que le gouvernement n'ait fait jouerl'option

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 14

1279 mots

ECO-SOCIAL

D ate butoir, le 17 octobre est

passé sans que le gouverne-

ment n'ait fait jouer l'option d'achat

sur les actions d'Alstom que l'état

louait au groupe Bouygues. S'il l'avait

fait, l'état aurait réalisé une belle

plus-value puisque le prix d'achat

était fixé à 35 euros l'action, alors

que le cours actuel est d'environ 36

euros et que, selon les spécialistes fi-

nanciers, il devrait rapidement at-

teindre 38 euros. Cette « bonne af-

faire » aurait fait de l'état, avec 20 %

du capital, un des actionnaires les

plus importants du groupe industriel

et lui aurait donc donné un moyen de

peser sur son avenir alors que se pro-

file une fusion avec Siemens. Emma-

nuel Macron, qui se vante de donner

naissance avec celle-ci à un « Airbus

du rail », refuse donc de monter à

bord. Peut-être craint-il le crash ? Ou

préfère-t-il laisser à Bouygues le soin

d'empocher la plus-value ? Dans

l'immédiat, ces 20 % auraient permis

au gouvernement d'intervenir,

comme le revendiquent les salariés et

l'intersyndicale CGT, CFE-CGC et

CFDT, pour préserver l'usine GE Hy-

dro-Alstom de Grenoble et ses

800 emplois.

Spécialisée dans la fabrication de tur-

bines hydroélectriques et reconnue

pour la qualité de ses productions et

le savoir-faire des salariés, l'usine de

Grenoble a équipé les plus grands

barrages, comme celui des Trois-

Gorges en Chine. Propriété à 100 %

d'Alstom jusqu'au rachat de sa

branche énergie par General Electric

(GE) en 2014, GE Hydro-Alstom est

devenue une coentreprise détenue à

50-50 par les deux groupes, mais est

intégrée à GE Renewable Energy. Le

4 juillet dernier, la direction de GE

Hydro, qui emploie 5 500 personnes

dans le monde, a annoncé la ferme-

ture du site de Bilbao, en Espagne, et

la suppression de 1 300 emplois dans

le monde, dont 345 à Grenoble. Pour

justifier cette saignée, elle a mis en

avant la chute de son chiffre d'af-

faires ces cinq dernières années de

1,6 milliard à 700 millions d'euros et

affirme aussi qu'elle aurait enregistré

une perte d'exploitation de 450 mil-

lions d'euros en 2016.

les carnets de commandes sont

pleins !

L'intersyndicale, qui s'appuie sur un

rapport d'expertise réalisé par le ca-

binet Syndex pour le comité d'entre-

prise, accuse la direction de noircir

le tableau pour justifier la casse de

l'emploi. « Notre industrie est une in-

dustrie cyclique. Il y a eu un passage

à vide ces deux dernières années,

mais les carnets de commandes sont

à nouveau pleins », assure la secré-

taire adjointe CFE-CGC du CE, Na-

dine Boux. L'élue du personnel

évoque les perspectives mondiales du

secteur, appelé à poursuivre son es-

sor grâce à la lutte contre le réchauf-

fement climatique. Le marché croît

de 2 à 3 % par an et l'International

Hydropower Association comme

l'Agence internationale de l'énergie

prévoient que cette croissance va se

poursuivre dans les prochaines dé-

cennies, « au plan mondial comme

européen ». Quant aux 450 millions

de pertes, l'intersyndicale accuse la

direction d'avoir alourdi la facture en

y incluant des provisions relatives à

des pertes occasionnées par d'autres

filiales.

Pour la CGT, la CFDT et la CFE-CGC,

les véritables raisons du plan de sup-

pression d'emplois sont à chercher

dans les clauses fixées lors du rachat

par GE. Le contrat de 2014 contraint

le groupe américain à racheter pour

un montant fixé d'avance à 2,5 mil-

liards d'euros les parts que conserve

Alstom dans les sociétés communes

au cas où ce dernier décide de les

vendre. Et c'est ce que précisément

Alstom a annoncé vouloir faire en

septembre 2018. Hors, ces entre-

prises vaudraient entre 2 à 3 fois

moins que ce qu'elles ont été valo-

risées en 2014. « Alstom vend pour

verser un dividende à ses action-

naires, et GE, en supprimant des em-

plois, fait payer aux salariés une par-

tie de la facture de 2,5 milliards d'eu-

ros », décrypte Nadine Boux. Les syn-

dicats estiment que GE agit aussi

sous la pression d'un de ses action-

naires, le fond activiste Trian, qui di-

gère mal le recul de 15 % du cours de

l'action du groupe américain.

pourquoi pas edf

comme repreneur ?

Le refus du gouvernement d'acquérir

20 % du capital n'a pas découragé les

salariés de Grenoble de se battre pour

le maintien des emplois. Une requête

devant le Conseil d'état « pour de-

mander des comptes » au ministère

de l'économie sur ce refus a été dé-

posée par l'intersyndicale le 12 oc-

tobre. Sur le terrain, ils multiplient

les actions. Le 17 octobre, ils ont à

↑ 9

Page 10: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

nouveau débrayé à l'occasion de la vi-

site de soutien du secrétaire national

du PCF, Pierre Laurent. Le 13, c'est

l'ancien candidat à la présidentielle

du NPA, Philippe Poutou, qui s'était

rendu sur place, tandis que le leader

de la France insoumise, Jean-Luc Mé-

lenchon, était à Grenoble le 11 oc-

tobre dernier. « Ces visites per-

mettent d'attirer l'attention des mé-

dias sur notre combat. Cela a obligé

le gouvernement à nous recevoir le

12 octobre dernier », explique Rosa

Mendes, élue CGT au CHSCT.

A cette occasion, les syndicats ont à

nouveau défendu leur proposition

d'une reprise de l'usine de Grenoble

par les acteurs de la filière hydroélec-

trique, comme EDF ou la Compagnie

nationale du Rhône. « On avait déjà

fait cette proposition lors d'une pre-

mière rencontre en août. On s'est

aperçu que le gouvernement ne l'a

même pas étudiée », poursuit la cégé-

tiste, qui fait part de « la déception »

de la délégation. Mais qu'importe, les

salariés n'entendent pas renoncer. «

La détermination est importante. Ils

sont attachés à leur outil de travail.

Ils n'acceptent pas de le voir casser

au profit des intérêts financiers des

actionnaires », poursuit Rosa

Mendes. Ce refus est alimenté aussi

par la conviction que « leur travail

a du sens », car il est « utile » à la

lutte contre le réchauffement clima-

tique. Signe que leur détermination

est profonde, les salariés ont bloqué

le site du 4 au 12 octobre. Cette ac-

tion a surpris bon nombre d'obser-

vateurs, parce que les salariés, des

cadres dans leur grande majorité,

n'étaient pas des habitués de ce type

d'initiative, mais aussi parce qu'elle

a été décidée spontanément. Cette

combativité s'explique aussi par une

unité syndicale sans faille. « Nous

nous accordons sur tout. Nous par-

tageons le même refus des suppres-

sions d'emplois et nous défendons les

mêmes solutions », témoignent Na-

dine Boux et Rosa Mendes. Et d'ajou-

ter : « Nous travaillons ensemble de-

puis de nombreuses années. Nous

nous connaissons bien et nous fai-

sons confiance. »

[email protected]

La politique industrielle fait figure de

tarte à la crème. Les formules sur les

fleurons et autres « Airbus du rail »

masquent mal un gouvernement qui

laisse les coudées franches aux ac-

tionnaires. Face à un plan de sup-

pression de 345 emplois, les salariés

de GE Hydro-Alstom, à Grenoble, en

font l'amère expérience : l'état a re-

fusé d'entrer au capital d'Alstom

pour empêcher la casse. Avec leur in-

tersyndicale CGT, CFDT et CGC, les

salariés défendent leur site et leurs

propositions.

GE Hydro-Alstom. Le go uvernement

laisse couler... ■

par Pierre-Henri Lab

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

859EE30B8600D30E35D31690D60C91AC20804F1CA83D2F3BB9444B5

Parution : Hebdomadaire

↑ 10

Page 11: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

Commandé par le CHSCT du groupe Mondadori (« Closer », « Science etVie »,

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 18

334 mots

ECO-SOCIAL

C ommandé par le CHSCT du

groupe Mondadori (« Closer », «

Science et Vie », « Télé Star » ), le rap-

port est consternant : il pointe l'ex-

plosion des arrêts maladie, l'épuise-

ment des équipes (un quart des sala-

riés concernés dans certains ser-

vices), la violence verbale des mana-

gers Pour les syndicats, cette situa-

tion est liée à la politique pratiquée

par la direction : plans d'économies

drastiques (un tiers des effectifs sup-

primé en trois ans), errances straté-

giques, brutalité managériale.

Quelques heures seulement après la

présentation du rapport du CHSCT,

la DRH du groupe a eu la bonne idée

d'envoyer par mail une blague dou-

teuse à une collègue, dans laquelle

elle semble comparer les salariés à

des rats : « Je suis outrée par le fait

que Mondadori s'attaque si lâche-

ment à ces petites bêtes si char-

mantes. Je vous envoie dès ce soir la

ligue de défense des rongeurs et sai-

sis le CHSR (comité hygiène et sécu-

rité des rongeurs). » Elle fait en réa-

lité une comparaison de très mauvais

goût entre les plaintes des salariés et

une opération de dératisation (réelle)

qui devait se dérouler dans les locaux

Pas de chance pour elle, une erreur

de manipulation a envoyé le mail à

l'ensemble du personnel ! A l'appel

d'une intersyndicale CFDT-CGC-

CGT-FO-SNJ, les salariés se sont

réunis en assemblée générale pour

adopter une motion dans laquelle ils

interpellent la direction. Voté à

l'unanimité (400 salariés présents sur

750), le texte dénonce la dégradation

des conditions de travail dans le

groupe et exige des réponses de la di-

rection.

Presse : Mondadori au bord de l'im-

plosion

Entre la dégradation des conditions

de travail et le mépris affiché par une

partie de la direction, rien ne va plus

dans le groupe de presse magazine. ■

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

AD90738784B0330355EE1A10A804E18D2E90521098EB24B01C97ADC

Parution : Hebdomadaire

↑ 11

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(*) économiste et syndicaliste. La chronique de Jean-Christophe Le Duigou (*)Réformes

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 11

637 mots

ECO-SOCIAL

(*) économiste et syndicaliste.

La chronique de Jean-Christophe Le

Duigou (*)

Réformes Macron : rien n'est joué

Emmanuel Macron prétend s'inspirer

« de la gauche et de la droite ». En

fait, en économie, il fait, sans beau-

coup de discernement, la part belle à

des théories libérales remises au goût

du jour. Ainsi en est-il de la loi tra-

vail, qui s'inspire d'analyses savantes

mais plus que discutables. En fait,

trois théories forment les murs por-

teurs du pacte pro-marché financier

que le nouveau président veut impo-

ser au salariat.

Tout d'abord, la théorie du « ruissel-

lement » mérite d'être évoquée car,

même récusée par le gouvernement,

elle justifie la suppression de l'ISF et

l'accroissement des allégements

d'impôts sur les revenus financiers.

Cette théorie avait prospéré sous Ro-

nald Reagan. « Multiplions les avan-

tages fiscaux aux plus riches, cette ri-

chesse se retrouvera dans l'économie

et irriguera l'ensemble des couches

laborieuses », estimait le directeur du

budget américain. En 2015, le FMI a

voulu en avoir le cœur net. Des éco-

nomistes du fonds, peu suspects

d'antilibéralisme, ont analysé les ef-

fets sur la croissance d'une augmen-

tation des revenus les plus élevés. Et

de conclure on ne peut plus nette-

ment : « Lorsque les riches s'enri-

chissent, les avantages ne se réper-

cutent pas sur le revenu des pauvres

et de la classe moyenne », tordant

ainsi le cou à la prétendue théorie du

« ruissellement ».

Ensuite figure, en bonne place, la

théorie de « la destruction créatrice

», sans arrêt brandie pour justifier la

priorité à la « nouvelle économie »

mais aussi la fermeture de sites tra-

ditionnels de production. Elle a été

élaborée par l'économiste américain

Joseph Schumpeter, qui a développé

l'idée que le capitalisme est « un pro-

cessus de mutation ( ) qui révolu-

tionne sans cesse la structure écono-

mique, en détruisant continuelle-

ment ses éléments vieillis et en

créant perpétuellement des éléments

neufs ». Il reste que cette approche

qui fait de la richesse une affaire non

pas de construction et d'édification,

mais une question de destruction

programmée et de table rase, est in-

tenable. Elle se paie au prix fort avec

des conséquences insupportables,

d'abord sociales mais aussi environ-

nementales, que l'économie néglige

le plus souvent de comptabiliser,

comme le coût du chômage ou la

perte de ressources productives

Enfin, la troisième théorie inspira-

trice, celle des bienfaits intrinsèques

du libre-échange, occupe une place

particulière. Avec application immé-

diate pour la mise en œuvre du Ceta

! Il y a tout juste deux siècles, David

Ricardo, le chantre des échanges sans

barrière, incitait les pays à ouvrir au

maximum leurs frontières et à se spé-

cialiser dans la production de biens

pour lesquels ils détenaient un avan-

tage comparatif. Il valait mieux im-

porter un bien moins cher si l'on pou-

vait vendre un autre en contrepartie.

Mais le contexte a changé. Nombre

de pays concurrents ont montré

qu'une politique industrielle et fi-

nancière sérieuse permettait de bâtir

des avantages comparatifs dont on

ne disposait pas à l'origine. Ils se

mettent à produire des mêmes biens

sophistiqués qu'ils achetaient aux

pays plus avancés. Il n'y a plus alors

de gains réciproques automatiques, a

démontré l'économiste américain

Paul Samuelson. Le consensus idéo-

logique sur les bienfaits spontanés de

l'ouverture commerciale n'est plus de

mise. Pourtant on continue.

Le président ne veut pas d'entraves à

ses réformes structurelles. Arrivera-

t-il à les mener dans les délais ? C'est

la partie qui se joue maintenant. ■

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

699C43AC8B50660E75721AB0D60E01F42CC0B51AA83F241FB8B98F9

Parution : Hebdomadaire

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Formation. Fausses boîtes pour vrais métiers Proposer une activitéprofessionnelle fictive

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 38

787 mots

EMPLOI

F ormation. Fausses boîtes pour

vrais métiers

Proposer une activité professionnelle

fictive mais dans les conditions du

réel pour former à de nouveaux mé-

tiers et rendre les personnes immé-

diatement opérationnelles, c'est le

pari des entreprises d'entraînement

pédagogique. Des EEP qui se multi-

plient en France.

Une dizaine de personnes s'activent

par petits groupes sur des ordina-

teurs portables dans les locaux de

Supply'Gen au centre de Gennevil-

liers. Accueil, services administratif

ou commercial, comptabilité, res-

sources humaines rien ne distingue

à première vue cette société spécia-

lisée dans le transport et les services

associés d'une autre. Elle a des four-

nisseurs, des clients A part que

toutes les transactions sont fictives.

Cette entreprise d'entraînement pé-

dagogique (EEP) a ouvert ses portes

le 27 mars dernier. Portée par le plan

local d'insertion économique (Plie),

elle a déjà accueilli 22 demandeuses

d'emploi. Son but, les mettre pen-

dant trois mois renouvelables dans

les conditions d'emploi de métiers du

tertiaire tout en leur permettant de

se former en fonction de leurs be-

soins. « La ville de Gennevilliers

connaît un taux de chômage de 18 %.

Sur le bassin d'emploi, nous avons de

très nombreuses entreprises mais il

existe une dichotomie entre les be-

soins des sociétés et les profils des

demandeurs d'emploi, avec une po-

pulation qui n'a pas toujours les for-

mations ou les postures profession-

nelles requises », explique Thérèse de

Waele, coordinatrice du Plie.

Un modèle qui essaime

Supply'Gen est la benjamine d'un ré-

seau qui compte 110 EEP dans toute

la France. La première est née au

tournant des années 1980 à Roanne,

dans un bassin d'emploi sinistré par

la fermeture des industries de bon-

neterie. « Des élus locaux et les pou-

voirs publics se sont demandé com-

ment transposer la dextérité ma-

nuelle acquise dans la bonneterie

dans des secteurs plus porteurs », se

souvient Pierre Troton, fondateur de

la première EEP et animateur du ré-

seau. Le choix s'est porté sur l'infor-

matique, alors en plein développe-

ment. « Nous avons opté pour former

par l'utilisation directe des machines.

Il ne s'agissait pas de proposer un di-

plôme mais un transfert de compé-

tences qui permette rapidement de

retrouver un emploi. » Les stagiaires

sont alors formées aux tâches de sai-

sie directement devant les machines,

en lien avec les besoins des entre-

prises. « L'idée était de transposer le

modèle de l'auto-école à la formation

aux métiers du tertiaire. » Rapide-

ment, les employeurs ont demandé à

la structure de diversifier les compé-

tences proposées. Les stagiaires ont

ainsi commencé à se former à la

comptabilité, à la prospection com-

merciale, à la gestion de paie

Le modèle fonctionnant à Roanne, il

essaime dans d'autres bassins d'em-

ploi dévastés. Des dizaines d'entre-

prises pédagogiques se développent.

Elles nouent entre elles des relations

commerciales fictives. Pas

d'échanges monétaires, mais des né-

gociations commerciales, des devis,

des factures Autant de possibilités de

s'exercer en situation, tout en ayant

le droit à l'erreur. Pour les stagiaires

nommées collaboratrices pour ac-

centuer la mise en situation profes-

sionnelle , le système fonctionne. Il

permet après une longue période de

chômage ou d'inactivité de renouer

sereinement avec le monde du travail

et d'ajouter des cordes à son arc. Seul

souci à Supply'Gen, l'EEP n'étant pas

située au sein d'un Greta mais d'un

Plie, les stagiaires ne sont pas rému-

nérées

Yamina a longtemps travaillé comme

« agent de courrier » avant d'avoir des

problèmes de santé. En poste au ser-

vice administratif, elle travaille sur la

création d'une base de données et

compte bien élargir sa recherche

d'emploi aux postes d'agent adminis-

tratif. Fatima, 44 ans, elle, a travaillé

quinze ans en Intérim comme secré-

taire avant de s'arrêter huit ans pour

s'occuper de ses enfants. Elle avait

besoin d'une petite remise à niveau.

Là, elle remplace une « collègue »,

partie en stage d'immersion trois se-

maines en entreprise, aux ressources

humaines. « J'ai dû réaliser des fiches

de paie. Comme je ne savais pas, je

me suis fait aider par le formateur.

C'est très efficace ! Je me verrais bien

chercher un poste d'assistante en

ressources humaines. » Le stage en

immersion qu'elle devra faire avant

la fin de son parcours devrait lui per-

mettre de vérifier si elle est opéra-

tionnelle. Peut-être d'ailleurs débou-

chera-t-il sur un emploi ■

↑ 13

Page 14: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

par Mélanie Mermoz

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

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Parution : Hebdomadaire

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Les scénarios de Terra Nova pour transformer l'assurance-chômage

Dans une étude, le think tank propose de laisser plus ou moins de latitude aux partenairessociaux, en écartant la piste de l'étatisation

jeudi 19 octobre 2017Page 9

791 mots

FRANCE

Faut-il laisser les partenaires sociaux

aux commandes de l'assurance-chô-

mage ? C'est l'un des enjeux de la ré-

forme engagée par le gouvernement.

Durant la campagne présidentielle,

Emmanuel Macron avait laissé en-

tendre que l'Etat reprendrait en main

le dispositif. Puis il avait infléchi son

discours et suggéré l'hypothèse d'une

gestion tripartite – par les pouvoirs

publics, le patronat et les syndicats.

Dans une note rendue publique mer-

credi 18 octobre, la fondation Terra

Nova propose deux scénarios de

transformation, qui laissent plus ou

moins de latitude aux organisations

d'employeurs et de salariés, tout en

écartant la piste de l'étatisation.

L'assurance-chômage est l'un des

rares compartiments de notre Etat-

providence où le patronat et les syn-

dicats détiennent des capacités de

décision très importantes. Ce sont

eux, par exemple, qui définissent les

règles d'indemnisation des deman-

deurs d'emplois, à travers des "

conventions " négociées tous les deux

ou trois ans. Le système est coiffé par

une association paritaire, l'Unédic,

dont la présidence revient alternati-

vement à un représentant des em-

ployeurs et des salariés. L'Etat, de

son côté, joue un rôle significatif : il

donne, de facto, force exécutoire aux

" conventions ", par le biais d'un agré-

ment.

Cette architecture est régulièrement

mise en cause, au motif que les orga-

nisations qui tiennent les manettes

de l'Unédic seraient peu représenta-

tives. Elles feraient, de surcroît,

preuve d'une incapacité à prendre les

mesures qui s'imposent alors que le

régime, dans le rouge depuis plu-

sieurs années, ploie sous une dette

estimée à 30 milliards d'euros, fin

2016.

De telles critiques évacuent " les réus-

sites du système actuel ", considèrent,

pour leur part, les deux signataires

de l'étude – Thomas Audigé et Pierre

Ramain, qui furent respectivement

directeur adjoint du cabinet de Fran-

çois Rebsamen, quand celui-ci était

ministre du travail (2014-2015), et

conseiller emploi à Matignon

(2014-2017). D'après eux, les parte-

naires sociaux ont su " surmonter

leurs désaccords pour aboutir à des dé-

cisions comportant des mesures d'éco-

nomies substan-tielles ". L'Unédic a

également prouvé qu'elle avait une "

vision stratégique - de ses - missions "

: choix d'un système qui " est l'un des

plus protecteurs d'Europe ", amorce

d'une réflexion sur " la responsabili-

sation des employeurs " (ceux, en par-

ticulier, qui abusent des CDD), etc.

" Tripartisme équilibré "

Mais il existe des marges de progres-

sion, notamment parce que l'" effica-

cité " du régime s'avère " plus contro-

versée quant à son effet sur l'emploi " :

le fait, par exemple, que l'assurance-

chômage couvre " des situations d'al-

ternance entre période de chômage et

d'emploi court (…) a contribué à l'essor

exceptionnel du recours aux -contrats

de très courte durée ".

Pour améliorer le fonctionnement du

dispositif, une première option

consisterait à " maintenir le rôle des

partenaires sociaux dans la définition

des règles " de prise en charge des de-

mandeurs d'emploi. L'Etat, de son

côté, cadrerait, au préalable, la négo-

ciation, en définissant les buts " ou les

grands principes " ; il serait, à cette

fin, assisté d'un " comité d'experts ",

qui veillerait au respect des objectifs.

L'autre schéma, esquissé par Terra

Nova, accorde plus de prérogatives

aux pouvoirs publics. Il s'agit d'ins-

tituer " un tripartisme équilibré ", où

l'Etat, le patronat et les syndicats dé-

termineraient plusieurs choses : le fi-

nancement du système, les disposi-

tions sur l'indemnisation des deman-

deurs d'emploi et l'allocation de so-

lidarité (versée aux chômeurs en fin

de droit), le contrôle de la recherche

d'une activité par les bénéficiaires…

Dans cette hypothèse, l'Unédic dis-

paraîtrait au profit d'une " commis-

sion " présidée par le ministre de

l'emploi et une " règle d'or " serait ins-

tituée afin d'obliger " les gestionnaires

à respecter un équilibre financier de

long terme ".

" Aucune des deux options (…) n'est

parfaite ", écrivent les auteurs de la

note, qui ne penchent en faveur ni

de l'une ni de l'autre. Ils plaident au

passage pour que la réforme à venir

soit l'occasion de " renforcer encore la

capacité " de l'assurance-chômage à

répondre aux modifications du mar-

ché du travail (parcours profession-

nels de plus en plus discontinus,

-augmentation du nombre de -tra-

↑ 15

Page 16: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

vailleurs " ubérisés "…). Bertrand Bissuel■ par Bertrand Bissuel

Tous droits réservés Le Monde 2017

1997835E87105202C5AB12F0320ED1312E408A1548A520CADEF7CFF

Parution : Quotidienne

Diffusion : 269 584 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 16

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Un trésor livré aux spéculateurs

INDUSTRIETrois ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom, General Electric supprime 345 emploisà Grenoble et semble vouloir sacrifier la très reconnue filière hydroélectrique française.

N° 1474jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017

Pages 4-61639 mots

General Electric est-il en train de

sacrifier un fleuron de l’industrie

française, pièce maîtresse du déve-

loppement des énergies renouve-

lables, au mépris de ses engagements

? C’est le constat amer qui se

confirme de jour en jour aux yeux des

salariés de l’usine de turbines hydro-

électriques de Grenoble.Ce site sécu-

laire niché au coeur des Alpes a vu

naître l’industrie hydraulique et

fournit aujourd’hui des turbines à des

barrages du monde entier. Il a été ra-

cheté en 2014 par le géant américain

General Electric (GE), avec la branche

énergie d’Alstom. Déjà, ce dépeçage

de l’industrie française dans un sec-

teur aussi stratégique pour « l’indé-

pendance énergétique » avait fait

naître des inquiétudes jusqu’au sein

du gouvernement socialiste. Car la

branche énergie d’Alstom fabrique

non seulement des turbines pour les

barrages, mais également celles qui

permettent aux éoliennes et aux cen-

trales nucléaires de fonctionner. Au

moment de l’achat, l’Américain s’en-

gageait à ne pas délocaliser et à créer

1 000 emplois en France.

Il a fallu moins de trois ans pour qu’il

s’assoie sur ses promesses et an-

nonce, pour le site grenoblois, la des-

truction de 345 emplois sur près de

800, s’ajoutant à 590 suppressions de

postes depuis 2016. La production est

délocalisée en Inde, au Brésil, en Tur-

quie, au Kenya et en Chine, où les

coûts de production seraient trois à

quatre moins élevés qu’en France.

La branche hydraulique de GE affiche

rarement des bénéfices dépassant 6 à

8 %. L’activité est cyclique, à raison

de projets étendus sur trois à cinq

ans, avec quelques creux, mais de

vraies perspectives de développe-

ment à long terme. Elle est loin des

standards exigés par les actionnaires

de la multinationale américaine, qui

attendent des taux de bénéfice à deux

chiffres et à court terme.

L’activité comporte surtout des

risques. Car chaque turbine est un

prototype et nécessite un trésor de

savoir-faire des ingénieurs greno-

blois et une logistique particulière-

ment lourde. « Nous faisons des mou-

tons à cinq pattes », résume Alfred

Piersantelli, délégué syndical CFDT

sur le site grenoblois. Ces colosses de

tôle d’une centaine de tonnes, cuits,

soudés et affinés dans les immenses

ateliers grenoblois semblent encom-

brer la direction de GE, qui aime les

produits en série, qui font un busi-

ness plus lucratif et moins risqué.

Les salariés ont bloqué l’usine pendantune semaine.

La direction de l’entreprise argue

d’une situation financière compli-

quée (130 millions de pertes nettes

de trésorerie en 2016), mais les sa-

lariés lui opposent une expertise,

confidentielle, pointant des artifices

de trésorerie destinés à plomber le

site grenoblois. Un classique du

genre : les risques financiers induits

par des projets en cours ont été ins-

crits en pertes nettes dans la comp-

tabilité et les surcoûts causés par des

malfaçons sur des turbines GE de fa-

brication chinoise, notamment, ont

été imputés à la trésorerie greno-

bloise. Les employés dénoncent aussi

un manque de transparence de GE et

de l’État, qui opposent le « secret des

affaires » pour ne pas publier certains

détails des comptes et l’accord

conclu au moment du rachat d’Al-

stom énergie.

Depuis ce « deal » adoubé par Emma-

nuel Macron, alors ministre de l’Éco-

nomie, la branche hydraulique a aus-

si été fragilisée par une pluie de «

procédures », une obsession du « re-

porting » et l’installation de logiciels

de gestion déconnectés de la réalité

du travail. Au nom de la « synergie

» planétaire du groupe, les processus

ont été standardisés, découpés par

tâches, pour que les ingénieurs fran-

çais, ››› p. 6 ne maîtrisant désormais

plus le processus de fabrication dans

son ensemble, soient interchan-

geables avec des ingénieurs indiens,

turcs ou kenyans. « C’est le savoir-

faire qui est attaqué, pour que la masse

salariale devienne une variable beau-

coup plus flexible. Puisque nous n’au-

rions plus besoin de gens formés à leur

poste, la direction pourrait embaucher

et débaucher au gré des commandes »,

détaille, dépité, l’élu CFE-CGC

Georges Beciu.

Campé avec un élu CGT à l’entrée du

↑ 17

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site, barrée par un engin de chantier

et les fumées d’un barbecue installé

pour nourrir les grévistes, Philippe

Massonnet, « cadre sup » depuis dix-

sept ans, qui occupe des fonctions

clés pour l’activité du groupe à l’in-

ternational, ne dresse pas un tableau

moins sombre. « Cette standardisa-

tion des process est catastrophique.

L’entreprise est saccagée par ce mana-

gement », s’attriste le dirigeant.

Les traits tirés par une semaine de

blocage et les allers-retours vers la

capitale, les 300 salariés qui tenaient

le piquet de grève la semaine der-

nière nourrissent une autre inquié-

tude. La destruction de la moitié des

emplois – précédée ces derniers mois

par une centaine de licenciements,

ruptures conventionnelles et démis-

sions – rendra le site inopérant. Le

service recherche et développement,

théoriquement sauvegardé, ne peut

pas fonctionner sans l’atelier qui va

être supprimé. Et le jeu de chaises

musicales imposé par le départ de

345 salariés paralysera des services. «

Il faut au moins deux ans, sur certains

postes, pour être opérationnel, insiste

Philippe Massonnet, et les meilleurs

soudeurs sont ici, leur licenciement se-

rait une grosse perte pour le groupe. »

Selon les salariés, General Electric

cache donc – une fois encore – ses

véritables projets pour le site isérois :

la vente. Il pourrait en effet intéres-

ser un concurrent chinois, comme le

pointait, selon eux, l’expertise éco-

nomique. Car il recèle des brevets in-

téressants, des décennies de savoir-

faire accumulé et des « modèles ré-

duits » servant aux essais. « Ils ha-

billent un peu la mariée en réduisant

la masse salariale », s’attriste Claude

Villani, secrétaire de section CGT, les

mains tremblantes et la voix ruinée

par le manque de sommeil. « Les in-

tentions de General Electric étaient très

claires, dès le rachat d’Alstom énergie.

Il fallait tuer un concurrent qui lui fai-

sait de l’ombre », tonne également

Georges Beciu. Cette issue serait ca-

tastrophique pour l’ensemble de la

filière hydroélectrique, qui dépend

encore largement des turbines fabri-

quées à Grenoble.

Ce serait également un bien mauvais

signal au regard des engagements

pris par la France en matière de tran-

sition énergétique. L’eau étant de

loin la première source d’énergie re-

nouvelable. « Nous sommes en train de

créer une situation de monopole qui se-

ra néfaste pour les usagers », regrette

Antoine Brescia, représentant CGT

des salariés d’Hydro Grenoble.

General Electric s’évertue de son côté

à marteler que Grenoble restera un

centre de développement mondial de

l’hydroélectricité, sans répondre plus

précisément aux inquiétudes.

Mais l’histoire de l’usine grenobloise

n’est pas seulement tragique pour

l’industrie française et la transition

énergétique. Elle jette aussi une lu-

mière crue sur les réformes succes-

sives du code du travail menées par

le gouvernement socialiste (« ANI »,

lois Rebsamen, Macron et El Khom-

ri). Les discussions entre les repré-

sentants du personnel et la direction

de General Electric apparaissent plus

déséquilibrées que jamais.

Le temps, premièrement, joue en fa-

veur de la direction. Car le calendrier

de négociation d’un plan social est

désormais serré. Les représentants

du personnel doivent rendre leur avis

avant le 19 novembre, soit quatre

mois après l’annonce du plan de sau-

vegarde de l’emploi (PSE). Les sala-

riés demandent donc un délai sup-

plémentaire, que la direction ne

semble pas disposée à leur accorder.

Car pour GE, l’affaire doit être soldée

avant la fin de l’année, afin que le

coût du plan social apparaisse dans

ses résultats financiers de 2017 et

que les comptes de 2018, redorés par

une baisse de 30 % de la masse sala-

riale, permettent au titre de rebondir

en Bourse. Pour rattraper une chute

d’un quart depuis le début de l’an-

née. La pression des actionnaires est

en effet particulièrement forte dans

le groupe états-unien, déconnecté de

la réalité du débat français et animé

par une frange particulièrement

agressive du capitalisme outre-At-

lantique. Les fonds dits « activistes »,

qui ciblent les entreprises faibles en

Bourse pour les « redresser » avec des

méthodes brutales, viennent en effet

d’intégrer le conseil d’administration

de GE.

Les efforts des salariés pour intensi-

fier le rapport de force pèsent donc

pour l’heure assez peu sur ce calen-

drier. Le blocage de l’usine du 4 au

12 octobre a permis la médiatisation

nationale et la politisation du dossier

(lire p. 5), mais n’a pas fait bouger

une virgule du projet de plan social

proposé par General Electric. Comme

seule compensation à la destruction

de leur emploi, la direction propose

aux salariés des garanties proches du

minimum légal et un congé de reclas-

sement de 12 mois, selon les syndi-

cats. Jeudi, une large majorité des

grévistes a donc décidé de lever le

blocage de l’usine. Éprouvés par une

semaine particulièrement intense et

déterminés à diversifier leurs ac-

tions. Cela commençait à se corser

aussi financièrement pour les sala-

riés, après huit jours de retenue sur

salaire. Une caisse de grève a été mise

en place par l’intersyndicale – CGT,

CFDT et CFE-CGC. Mais elle reste

modeste. Il faut dire que ce type de

lutte longue ne fait pas partie de la

culture du syndicat des cadres. Il

semble désormais s’y résoudre avec

un discours combatif. ■

par Erwan Manac’h

(1) Guerre fantôme : la vente d’Al-

stom à General Electric, Along

Production : www. guerrefan-

↑ 18

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ENCADRÉS DE L'ARTICLE

tome.com

« Les intentions de GE étaient claires. il fallait tuer un concurrent qui lui faisait de l’ombre. »

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Parution : Hebdomadaire

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Un fiasco industrielLe cas de General Electric révèle l’écrasante responsabilité de l’État dans le dépeçage des fleuronsde l’industrie française, et le rôle clé d’un certain Emmanuel Macron.

N° 1474jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017

Page 5843 mots

Même le porte-parole du

gouvernement, Christophe Castaner,

est forcé de le reconnaître : « La re-

structuration [de la branche hydro-

électrique de General Electric] n’est

pas conforme aux engagements pris. »

Nous sommes loin en effet de la pro-

messe de 1 000 créations nettes

d’emplois avant la fin 2018. Le gou-

vernement menace donc d’appliquer

une pénalité de 50 000 euros par em-

ploi manquant. Mais cette amende

semble dérisoire pour ce mastodonte

qui a réalisé 1,2 milliard de dollars de

bénéfices en 2016 et vient de signer

un chèque de 112 millions à son PDG,

Jeffrey Immelt, qui quittait ses fonc-

tions début août, soit plus du double

de la somme que GE risque dans cette

affaire.

L’État devrait donc trouver plus dis-

suasif. Notamment en jouant un rôle

actif en profitant des parts qu’il gé-

rait au sein de la « co-entreprise » is-

sue de la « fusion » entre la branche

énergie d’Alstom et General Electric.

Il a au contraire brillé par son silence

depuis trois ans. Rien pour empêcher

la destruction de 345 emplois à Gre-

noble (et 600 emplois indirects me-

nacés), alors que Jeffrey Immelt était

reçu à l’Élysée mi-juin, quelques

jours avant l’annonce du plan social.

Encore moins pour faciliter la reprise

de l’activité hydroélectrique par un

acteur plus ambitieux, comme l’État,

par exemple. « Le marché hydroélec-

trique est largement saturé, [il faut]

savoir s’adapter à la réalité du marché

», éludait sommairement Bruno Le

Maire, ministre de l’Économie, le 16

octobre.

Le gouvernement n’actionne pas non

plus le dernier levier qu’il avait en sa

possession : une « option d’achat »

portant sur 20 % des parts de l’ex-Al-

stom énergie. Il aurait pu faire ingé-

rence dans le démantèlement de ce

fleuron de l’industrie. « C’est le sens

de l’intérêt national parce que c’est vi-

tal de garder en France cette usine. [...]

S’il le veut, il le peut », insistait Jean-

Luc Mélenchon en déplacement à

Grenoble le 11 octobre. Mais l’accord

secret signé par l’État dans l’autre

dossier brûlant du moment, le rachat

de ce qu’il reste d’Alstom par l’Al-

lemand Siemens, était justement

conditionné à ce que la France ne

lève pas cette option d’achat, arrivée

à échéance ce mardi 17 octobre,

comme l’a révélé Christophe Casta-

ner devant le Sénat le 10 octobre.

Les affaires sont les affaires, l’État

est sommé de garder ses distances.

Avec cet attentisme, le tournant dé-

sastreux que prend la filière hydro-

électrique était prévisible, vu les

conditions dans lesquelles l’Améri-

cain General Electric a pris le

contrôle de la branche énergie d’Al-

stom. L’industriel français était me-

nacé d’une amende record pour de

nombreuses affaires de corruption

sur lesquelles enquêtait la justice

américaine, en raison de son « ex-

traterritorialité ». Une stratégie des-

tinée à affaiblir la bête afin de facili-

ter sa reprise par l’entreprise améri-

caine, déjà utilisée à cinq reprises par

General Electric pour absorber ses

concurrents étrangers, comme le re-

late un documentaire édifiant diffusé

sur la chaîne parlementaire (1).

Arnaud Montebourg, alors ministre

de l’Économie, dégaine un décret in-

terdisant la cession au nom de l’indé-

pendance énergétique nationale. Une

« alliance » et la création d’une « co-

entreprise » équilibrée sont finale-

ment préférées à une vente pure. Jus-

qu’à ce qu’on découvre, lors de la

mise en place effective de l’accord,

que GE s’empare en réalité du

contrôle de l’industriel français, avec

la complicité du nouveau ministre de

l’Économie français, Emmanuel Ma-

cron.

Les communistes, au nom desquels

Pierre Laurent s’est déplacé à Gre-

noble ce mardi, viennent de deman-

der une enquête parlementaire au

Sénat sur ce dossier, qui n’est pas

sans rappeler celui, tout aussi

bouillant, de la fusion Alstom-Sie-

mens ou même du rachat des chan-

tiers navals STX par leur concurrent

italien en mai.

Les inquiétudes sont maximales, car

l’usine GE de Grenoble n’est pas le

seul exemple de fiasco industriel. Il

y a eu Alcatel, entreprise télécom ra-

chetée en 2015 par Nokia, qui

connaît son deuxième plan social

cette année (600 postes supprimés)

malgré la promesse du Finlandais de

ne pas détruire l’entreprise. Ou Ar-

celor, attaqué par l’Indien Mittal en

2006, qui fermait l’usine de Gan-

drange (Moselle) en 2009 et une par-

tie de celle de Florange en 2013 au

nez et à la barbe du gouvernement

socialiste. Autre motif d’inquiétude,

c’est Airbus qui est désormais dans

le viseur, à travers des enquêtes pour

corruption, non dénuées d’arrière-

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ENCADRÉS DE L'ARTICLE

pensées, de la part de la justice amé- ricaine. ■ par Erwan Manac’h

Les communistes ont demandé une enquête parlementaire au Sénat.

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Parution : Hebdomadaire

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RÉFORME DU CODE DUTRAVAIL

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LOI TRAVAIL XXL

La santé des salariés sacrifiée sur l'autel des ordonnancesLa réforme du Code du travail prévoit la suppression du comité d'hygiène, de sécurité et desconditions de travail (CHSCT), une revendication du patronat qui voit dans cette instance une at-teinte insupportable à son pouvoir dans l'entreprise.

jeudi 19 octobre 2017Page 4

996 mots

L es ordonnances sur le Code du

travail prévoient notamment

qu'à l'occasion de la fusion des ins-

tances représentatives du personnel

dans le comité social et économique

(CSE), la nouvelle instance unique, le

pouvoir du CHSCT de faire financer

par l'entreprise des expertises sur les

effets sur les conditions de travail de

« projets importants », comme les ré-

organisations, est supprimé, ces ex-

pertises étant désormais à la charge

du budget des IRP.

Dans les faits, cela risque de créer «

une mise en concurrence des exper-

tises dans le budget du CSE, avec

l'objectif de nous diviser », explique

Judith Krivine, représentante du Syn-

dicat des avocats de France (SAF), qui

participait, le mois dernier, à une

rencontre d'acteurs de terrain orga-

nisée à Paris par l'Association des ex-

perts agréés et des intervenants au-

près des CHSCT (Adeaic). Dans ces

conditions, et avec un CHSCT réduit

à une commission du CSE, son poids

et son pouvoir de conviction seront

d'autant plus faibles dans les votes de

la nouvelle instance, redoute l'avo-

cate. « On nous dit que c'est aux IRP

de financer sur leur propre budget les

expertises, réagit Jean-Vincent Kos-

ter, responsable du pôle expertises

CHSCT au cabinet d'études Progexa,

à Paris. Mais ce droit à l'expertise a

été créé pour compenser l'inégalité

qui découle du fait que l'employeur

peut, lui, puiser dans les moyens de

l'entreprise pour financer ses études.

Il est donc normal que les expertises

du CHSCT soient financées par l'en-

treprise. L'entreprise, ce n'est pas

que l'employeur. »

Au-delà de la question des moyens fi-

nanciers pour les salariés qui siègent

dans les CHSCT, la fusion des institu-

tions du personnel va aussi entraîner

de facto une perte d'efficacité des fu-

turs élus de l'instance unique, avec la

baisse de leur nombre. « J'ai l'impres-

sion d'être dans un mauvais rêve, té-

moigne Frédéric Probel, élu CGT d'un

CHSCT dans le secteur de l'énergie.

S'il n'y a plus qu'une instance où l'on

fait tous le même boulot, on ne va

plus s'en sortir. » Et le syndicaliste

de rappeler comment les CHSCT ont

su démontrer leur utilité à l'occasion

d'accidents industriels qui ont fait la

une de l'actualité ces dernières an-

nées, comme l'affaire de l'effondre-

ment de la passerelle du paquebot

Queen Mary 2 sur les chantiers na-

vals de Saint-Nazaire qui avait fait

16 morts et 29 blessés, en 2003, ou

celle plus récente de la catastrophe

ferroviaire de Brétigny-sur-Orge à

l'origine du décès de 7 personnes, en

2013. « A chaque fois, on a pointé le

rôle des enquêtes du CHSCT » dans

la manifestation de la vérité sur les

causes du drame, relève Frédéric Pro-

bel. « En cas de gros accident du tra-

vail, on est légitime à être sur place

avec les forces de police, on est indé-

pendant et on recueille des éléments

qui permettent d'avancer et de pro-

duire des résultats », poursuit le sala-

rié. « Avec moins de moyens et moins

d'élus, les représentants des salariés

seront davantage dans l'accompa-

gnement des projets des directions »,

anticipe, quant à elle, Isabelle Jar-

dillier, élue CHSCT dans le secteur

des télécoms. « A qui fait-on peur ?

C'est clair, on les fait trembler, re-

prend Frédéric Probel en désignant

les employeurs. On est une instance

de pouvoir quand on utilise tous les

maillons de la chaîne : inspecteurs du

travail, experts, de manière coordon-

née. »

C'est précisément cette mise en

cause du pouvoir patronal qui est in-

supportable à ce dernier, estime la

sociologue du travail, Danièle Lin-

hart. « Non seulement les em-

ployeurs cherchent à s'approprier le

sens et la finalité sociale du travail,

mais ils veulent aussi s'arroger le

droit de produire seuls du savoir sur

les problématiques de santé au tra-

vail, lequel vient aujourd'hui en très

grande partie des démarches d'en-

quêtes des experts et des CHSCT, dé-

crypte la chercheuse au CNRS. On est

dans la continuité de la volonté pa-

tronale de disposer de la totalité des

pouvoirs et des décisions, c'est un

élément de la politique systématique

de domination, de contrôle et de

coercition à l'œuvre dans l'entre-

prise. Pour assurer la domination, il

faut exproprier les salariés de leur sa-

voir professionnel. »

Cette expropriation ne se fera pas

sans dommages sur la santé des sa-

lariés, alerte de son côté l'expert au-

près des CHSCT Jean-Vincent Koster.

« Ce qui est dramatique, c'est

qu'après avoir cassé la médecine du

travail avec la loi El Khomri, on rend

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Page 24: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

aveugles les acteurs de la prévention.

La préoccupation de la santé au tra-

vail ne s'exprimera que quand il y a

déjà péril en la demeure, analyse le

responsable chez Progexa. Ce qu'on

veut casser, c'est l'approche collec-

tive et préventive de la santé, pour ne

s'intéresser qu'au versant des consé-

quences et de la réparation, c'est-à-

dire une approche individuelle », où

chaque cas est « personnalisé ». Com-

binée à la facilitation des licencie-

ments pour inaptitude par la loi El

Khomri, la destruction des CHSCT

prend alors tout son sens pour Marie

Pascual, médecin du travail, qui dé-

plore que sa discipline « perde le seul

lieu où s'exprime sa dimension col-

lective, hors cabinet médical et col-

loque ». Et la docteure de mettre en

garde : « Il est absolument nécessaire

de passer de l'individuel au collectif

très en amont des maladies graves

qui éloignent des gens pendant des

mois de l'entreprise et se terminent

par une décision d'inaptitude. » ■

par Sébastien Crépel

Tous droits réservés L'Humanité 2017

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Parution : Quotidienne

Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 24

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Des brèches dans les ordonnances macron N'en déplaise à Emmanuel Macron,qui espérait

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 8

633 mots

ECO-SOCIAL

D es brèches dans les

ordonnances macron

N'en déplaise à Emmanuel Macron,

qui espérait tourner la page des or-

donnances sur le Code du travail en

lançant le 12 octobre dernier les

chantiers de la formation profession-

nelle et de l'assurance-chômage, la

bataille n'est pas finie. Une nouvelle

journée d'action interprofessionnelle

avec grève et manifestation a été

convoquée le 19 octobre par la CGT,

Solidaires et l'Unef (1), en attendant

la prochaine réunionde l'intersyndi-

cale le 24 octobre prochain. Décidée

le 10 octobre dernier, cette rencontre

pourrait déboucher sur un nouvel ap-

pel à manifester en novembre, au-

quel pourrait se joindre cette fois-ci

FO conformément à la résolution

adoptée par le comité confédéral na-

tional du 29 septembre dernier. Si tel

était le cas, la participation de FO

pourrait entraîner celle de la CFE-

CGC, partisane déclarée d'« une mo-

bilisation unitaire » mais qui condi-

tionnait jusqu'à présent sa propre

participation à celle des autres.

Seules les directions de la CFDT et de

la CFTC refusent obstinément d'ap-

peler à l'action malgré les demandes

de plus en plus pressantes de leur

base. Signe que le gouvernement lui-

même s'inquiète d'un possible re-

bond de la mobilisation, il a accepté

de faire une nouvelle entorse aux or-

donnances. Après l'accord arraché

par les routiers le 5 octobre dernier,

qui a redonné à la convention de

branche la primauté sur les accords

d'entreprise pour la fixation des

primes et du 13e mois, ce sont les sa-

lariés des ports et docks qui ont ob-

tenu le maintien de ce principe de fa-

veur, a fait savoir dans un communi-

qué la fédération CGT. La convention

collective nationale unifiée a même

fait l'objet d'une extension qui per-

mettra son application aux entre-

prises non signataires. En faisant

avaler son chapeau pour la deuxième

fois au gouvernement, la CGT des

ports et docks suscite des vocations.

Ainsi, la Fédération nationale des in-

dustries chimiques CGT exige à son

tour « l'ouverture immédiate d'une

négociation » afin que « les éléments

salariaux et les anticipations de dé-

part en retraite pour certaines caté-

gories de salariés » soient exclus du

champ des accords d'entreprises et

relèvent de la seule convention col-

lective. La fédération exige aussi que

le maintien du CHSCT y soit inscrit.

« En l'absence d'une réponse positive

», la CGT appellera à une grève re-

conductible à compter du 23 octobre

« dans le raffinage et la branche pé-

trole ». Dans la métallurgie, la CGT,

qui est parvenue à rassembler 4

000 salariés à Paris à l'occasion d'une

manifestation devant le siège de

l'UIMM le 13 octobre, afin de peser

sur la renégociation en cours de la

convention collective, entend bien

aussi s'engouffrer dans la brèche ou-

verte par les routiers. Confronté à

une nouvelle grève à France Télévi-

sions à l'appel de la CGT, le 17 oc-

tobre, contre la réduction de 50 mil-

lions d'euros du budget, le gouverne-

ment n'en a pas fini non plus avec les

fonctionnaires. Après le succès de la

journée d'action pour l'ouverture d'«

une véritable négociation salariale »

à l'appel des 9 fédérations (CGT, FO,

CFDT, FSU, CFTC, CFE-CGC, Fédéra-

tion autonome, Unsa et Solidaires),

celles-ci se réunissent également le

24 octobre et pourraient décider

d'une nouvelle mobilisation contre le

gel du point d'indice et la hausse de

la CSG.

(1) A Paris, la manifestation partira à

14 heures de la gare Montparnasse. ■

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

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Parution : Hebdomadaire

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QUELLES FINALITÉS ? POUR QUELLE SOCIÉTÉ ?

De quel travail avons-nous besoin ? (5)rappel des faits En pleine bataille contre la régression du droit du travail, l'Humanité poursuit saconfrontation d'idées autour du sens à donner aujourd'hui au travail.

jeudi 19 octobre 2017Page 12

2732 mots

TRIBUNE IDÉES

L e travail, qu'il soit manuel,

intellectuel ou culturel, est in-

dissociable de la condition humaine,

même si les progrès des connais-

sances et des technologies

conduisent à en redéfinir les

contours, le contenu et les conditions

de réalisation. En effet, c'est bien

l'activité le geste associé à la pensée

qui est créatrice de l'identité hu-

maine, de sa vie sociale et de son sta-

tut de citoyen. Cependant, si c'est

sous des formes de plus en plus va-

riées et problématiques, le travail

subsistera malgré la place croissante

des machines plus ou moins numé-

riques dans tous les domaines ; tou-

tefois la question doit être posée sur

la pertinence de certaines activités.

Je suis frappé de voir à quel point la

publicité, qui occupe désormais le

moindre espace médiatique, urbain

ou autre, a réussi à transformer nos

envies en besoins. Souci de confor-

misme social, culturel pour l'homme

contemporain à la fois individualiste

et grégaire.

Mais plus encore, « l'industrie finan-

cière » génère sans complexe des ac-

tivités dont l'utilité sociale est nulle,

voire négative : un trader qui spécule

sur un clavier est-il plus utile à la so-

ciété qu'un éboueur qui entretient la

propreté, la salubrité et l'agrément

de nos villes ? La grève montrera vite

la différence !

Se pose aussi la valeur « humaine »

du travail : le verre d'eau offert par

une hôtesse de l'air à un passager de

première classe a-t-il plus de valeur

que celui qu'une auxiliaire de vie pré-

sente à une malade d'Alzheimer ? Et

pourtant la rémunération et la consi-

dération portées à l'une et à l'autre

sont bien différentes. S'ajoutent aux

soins nécessaires à la vie des hommes

les besoins liés à l'environnement et

à la protection de nos biens com-

muns vitaux comme l'eau et l'air.

Je plaide pour qu'on sache transfor-

mer nos problèmes en emplois.

Notre société est devenue matéria-

liste, individualiste et impatiente ; le

poids et la peur du chômage contri-

buent à façonner un monde sans

autre boussole que l'argent appelé «

fric » chez les autres et « pouvoir

d'achat » pour soi. Désormais, nous

vivons, de l'entreprise aux nations,

sous la coupe d'une dérégulation

mondialisée à la sauce ultralibérale

conduisant à une mise en compéti-

tion forcenée et permanente des

hommes, des entreprises, des collec-

tivités locales et des nations.

Cette nouvelle forme de lutte pour

la vie, appelée par euphémisme «

concurrence », n'est « ni libre, ni

faussée », y compris dans l'Union eu-

ropéenne, où manquent cruellement,

comme dans les traités internatio-

naux, les exigences fondamentales

d'une harmonisation fiscale et so-

ciale, à tout le moins d'une conver-

gence progressive ! On peut regret-

ter, puisque toute entreprise com-

mence au client, le comportement du

consommateur dont le libre choix

s'appelle le marché , qui n'est pas

toujours très regardant sur les condi-

tions de production et de commercia-

lisation des biens achetés.

Cette concurrence brutale est or-

chestrée par des puissances d'argent

internationales de plus en plus ano-

nymes, apatrides et spéculatives. Les

politiques de coopération sont mar-

ginales, quant à la solidarité, elle est

plus « événementielle » que perma-

nente.

Les perspectives de progrès de la

gauche pour une autre société de-

vront intégrer cette dimension

éthique du « vouloir » d'achat. Au-

delà de la nécessaire, urgente et exi-

geante justice sociale, la gauche de-

vra s'identifier aussi par sa capacité

créatrice d'emplois et d'activités à

tous les niveaux pertinents et ne pas

se cantonner aux nationalisations.

L'économie sociale ne doit pas se li-

miter à des initiatives de réparation

des dégâts du capitalisme, elle doit

en devenir l'alternative fondamen-

tale d'une autre société. La Maif,

grande mutuelle d'assurance, n'a-t-

elle pas été créée par des instituteurs

militants et qui plus est à Niort, dans

une ville moyenne !

La gauche doit être porteuse d'une

société plus douce faite de coopéra-

tion, de créativité, de solidarité et dé-

mocratie, y compris dans la vie éco-

↑ 26

Page 27: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

nomique pour laquelle on devra, en-

fin, créer un « statut de l'entreprise »

où le poids des actionnaires soit égal

à celui des travailleurs.

Le travail devrait être « la façon d'être

au monde de l'homme » (Georges

Canguilhem, 1947) ou « l'activité hu-

maine qui vise à la réalisation et à

l'accomplissement de soi, à l'action

sur le monde et dans le monde pour

le changer et le transformer » (Robert

Salais, 2009). Alors, le travail est la

substance de l'expérience humaine.

Mais dans nos sociétés le travail

s'inscrit encore dans le « compromis

fordiste et keynésien » construit tout

au long du XXe siècle. Ce compromis

a consisté à échanger de la sécurité

économique contre de la dépendance

au travail. C'est l'état juridique de su-

bordination qui fonde ce que l'on ap-

pelle aujourd'hui « l'emploi » Le sa-

larié subordonné à l'employeur à

condition d'être « employable » !

Le travail se trouve alors d'emblée

aliéné par un rapport social à carac-

tère économique où la personne n'est

considérée que comme un paramètre

d'ajustement pour des calculs de pro-

fitabilité. Mais aujourd'hui le com-

promis fordiste est en crise profonde.

« L'emploi » qu'il a engendré ne s'en

remettra pas ! Cela ne veut pas dire

qu'il faudrait se débarrasser des em-

plois mais qu'il faut changer de lo-

gique.

Le patronat, les capitalistes l'ont bien

compris. Au bout de leur processus,

le droit du travail n'existera plus en

tant que tel. Il glissera vers le droit

civil et commercial en inventant une

forme modernisée des contrats de

louage de services ou d'ouvrages ins-

taurés par la loi du 17 mars 1804

(Code civil), il y a 213 ans !

Il n'y aura ni employeur ni salarié. Il

y aura simplement des parties consi-

dérées comme égales qui contracte-

ront entre elles. Exit les tribunaux de

prud'hommes. Exit les garanties col-

lectives. Exit la représentation des

salariés. Exit les organismes de sé-

curité sociale. Vive Uber et le droit

commercial ! Dit autrement : tous

égaux et que les gros mangent les pe-

tits ! Le rapport de subordination

tend ainsi vers un rapport de soumis-

sion.

Alors, cessons de confondre le travail

et l'emploi dont on voit la trajectoire.

C'est-à-dire l'humain et l'exploita-

tion des humains.

Si l'on veut radicalement s'en sortir,

il faut repartir du travail dans toute

l'ampleur que cela suppose, en lui

donnant la place centrale qu'il doit

avoir pour le développement durable

des sociétés : « l'humain d'abord » !

En d'autres termes, comme le pense

Alain Supiot, il faut aller « au-delà

de l'emploi » car « l'emploi ne fournit

plus un cadre normatif suffisant pour

assurer à tous, à l'échelle de la pla-

nète, un travail décent ».

D'ailleurs, parle-t-on bien de travail

lorsqu'on le confond avec l'emploi,

alors que les salariés, constatant sou-

vent la mauvaise qualité de ce qui est

produit, disent : « C'est pas du travail

» ?

Conséquence : l'emploi n'est-il pas

devenu le carcan du travail ? Dès lors,

avec cette hypothèse, mettons-nous

les yeux en face des trous ! Mener la «

bataille de l'emploi » place les prota-

gonistes sur le terrain du partage for-

diste, du partage du travail dans le «

marché des emplois » appelé injuste-

ment « marché du travail ». Rappe-

lons que la déclaration de Philadel-

phie du 10 mai 1944, refondant l'Or-

ganisation internationale du travail,

stipulait : « Le travail n'est pas une

marchandise »

Dans tous les cas nous restons confi-

nés à la déshumanisation et à l'as-

servissement de ce que devrait être

le travail comme genèse de l'humain,

de l'éthique, de la créativité, des va-

leurs et de la culture. Nous restons

enfermés dans le travail aliéné en re-

vendiquant moins d'aliénation.

Si l'humain veut s'émanciper, il doit

inventer la « civilisation du travail »,

alors qu'aujourd'hui nous sommes

dans celle de son exploitation Et ceci

depuis plusieurs millénaires !

Un tel objectif ne peut plus être mas-

qué, ignoré. Il est urgent d'en

prendre conscience et de placer les

enjeux politiques et les luttes so-

ciales à ce niveau-là.

Alors, avançons des pistes en défen-

dant les situations actuelles, les ga-

ranties et les droits et en cherchant

à les élargir. Un tel objectif demeure

tout à fait légitime et vital mais exige

de situer cette bataille en cohérence

avec une perspective libératrice clai-

rement affichée. Par exemple : le

nouveau statut du travail salarié et la

sécurité sociale professionnelle de la

CGT, la proposition de loi de sécuri-

té sociale du travail, de l'emploi et de

la formation du PCF. Ne faut-il pas

pousser plus loin et plus large que ce-

la ?

En créant une sécurité sociale du tra-

vail (SST) couvrant l'ensemble des

personnes sortant du système sco-

laire obligatoire, en leur conférant un

droit effectif à la création de ri-

chesses selon les capacités et les

goûts de chacune et de chacun. L'es-

sentiel des droits serait ainsi attaché

à la personne de façon inaliénable et

constitutionnelle, et non plus à la si-

tuation d'emploi qu'elle est suscep-

tible d'occuper ou de chômage dans

laquelle elle risque de tomber. Avec

cet objectif, ne pouvons-nous pas

nous passer d'« employeurs », alors

que nous avons besoin de bons entre-

preneurs, travailleurs et créateurs ? Il

faudrait dès lors imaginer une forme

socialisée de gestion et d'allocation

↑ 27

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des diverses activités de travail :

peut-être un nouveau service public

autogéré qui représenterait la socia-

lisation des fonctions d'employeur

élargies à toutes les activités (mar-

chandes, non marchandes mais aussi

personnelles ou collectives, etc.).

Il faut affirmer le travail comme cœur

d'une démarche de sortie de crise. Il

s'agirait d'instaurer et de développer

de véritables « dynamiques du travail

». Il faut prendre le risque de la créa-

tivité et de l'efficacité à libérer dans

le « travail réel ». émergeraient ainsi

des capacités nouvelles inconnues de

développement humain, d'objets et

modalités de production et de créa-

tion, de nouvelles cultures favorables

à l'émancipation et au remembre-

ment de la démocratie politique, éco-

nomique et sociale.

Il est temps d'engager un travail de

projet et de propositions pour

construire un nouvel état de droit ar-

ticulant les enjeux du travail humain

libéré de l'exploitation avec les mobi-

lisations sociales ou financières et les

avancées démocratiques.

Pourquoi le travail serait-il un pas-

sage obligé pour faire émerger les ré-

serves d'alternatives ? Est-on en train

de magnifier la « centralité du travail

» ? La « valeur du travail » ? Ce n'est

pas vraiment ainsi que je vois les

choses. Le « travail » n'est certaine-

ment pas le tout de la réflexion phi-

losophique, ergologique, politique.

Mais le travail ce qu'on entend au-

jourd'hui par travail est certaine-

ment dans le champ des activités hu-

maines traversé par des « débats de

normes » intenses et critiques. Du

fait du lien normes-valeurs (valeurs

du vivre-ensemble), c'est un champ

majeur où se pose la question des fi-

nalités de la vie sociale, pour chaque

humain (femme, homme), chaque

groupe humain, et pour l'humanité

entière, à chaque moment de son his-

toire. Pour parler du présent, au sein

de nos sociétés marchandes et de

droit, la reproduction de la vie sociale

par l'activité industrieuse s'opère

massivement sous la forme du travail

marchandise, avec la définition des «

temps de travail », des normes juri-

diques comme le contrat de travail,

les titres de propriété des moyens de

production, l'actionnariat

Nous affirmons que tout agir au tra-

vail est en permanence investi par

des choix très souvent microsco-

piques mais non sans enjeux sociaux,

humains, plus ou moins conscients,

plus ou moins verbalisés, traversé par

des séries de reconfigurations plus ou

moins perceptibles du milieu de tra-

vail qui témoignent localement de l'«

usage de soi par soi » du protago-

niste, en quoi chacun administre ici

et maintenant son aptitude à « faire

histoire » (et non pas seulement dé-

terminé par des conditions histo-

riques extérieures qu'il subirait pas-

sivement). Et de là peut-être le plus

important : s'il y a choix, et il n'est

pas en notre pouvoir de vivant hu-

main de s'exonérer de choix, il nous

faut jour après jour préférer. Tra-

vailler, c'est sans cesse trancher de

multiples débats, sous peine de rester

paralysés devant la tâche. Mais pré-

férer, c'est débattre avec nous-

mêmes, c'est argumenter en valeur,

que ce débat soit clair ou en pé-

nombre, quant à notre « usage de

nous par nous-mêmes ».

On arrive donc à ce résultat assez

percutant, à ce paradoxe de nos so-

ciétés marchandes (et de droit) : au

cœur même de ce travail payé comme

marchandise, de ce travail destiné à

produire des biens marchands (pro-

duits ou services), et donc évalué en

termes quantitatifs, des valeurs

échappant à toute métrique, ce que

nous appelons des « valeurs sans di-

mensions » s'incorporent comme aux

battements du cœur de cet agir in-

dustrieux : « solidarité », « justice », «

égalité », « santé collective », « désir

de savoirs » L'emballement mar-

chand, l'omnivalence du financier

peuvent altérer notre rapport à ce

monde des valeurs, mais cette respi-

ration est inévacuable, sinon aucune

tâche sociale ne serait accomplie.

étrange contradiction, donc au sein

de nos sociétés marchandes.

Cette exigence, à l'autre pôle macro-

scopique, dessine un vaste et essen-

tiel programme à multiples facettes,

où il faut faire preuve de beaucoup

d'inventivité, et travailler à articuler

ou renforcer des initiatives, des ex-

périences transformatrices, dont au-

cune seule ne peut être « la » solu-

tion. évoquons quelques exemples :

explorer plus avant les ressources, et

retravailler les limites de l'économie

sociale et solidaire ;

s'intéresser aux « tiers lieux », aux

essais de socialiser l'usage des ma-

trices de fabrication productive

(comme les « fab labs ») ;

repenser des politiques de « dévelop-

pement » pour les peuples en souf-

france. Ce qui suppose aussi d'autres

normes du commerce international ;

déplacer, au sein des entreprises,

progressivement le curseur de la gou-

vernance aux mains des seules oli-

garchies financières pour y intégrer

les autres parties prenantes, les pro-

ducteurs, professionnels, tra-

vailleurs, les territoires, et aussi les

consommateurs. Sortir ainsi du rela-

tif vide juridique sur la définition de

l'entreprise pour initier d'autres stra-

tégies de gestion, où les valeurs de

bien commun desserreraient leur su-

bordination vis-à-vis des ratios fi-

nanciers et rendraient envisageable

une autre démocratie industrieuse ;

repenser la maîtrise et les flux de la

circulation monétaire, la fonction

des banques, les usages de l'argent

dans l'axe d'une exigence politique se

↑ 28

Page 29: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

déployant sur divers niveaux de tem-

poralité pour définir et décliner les

biens communs. L'avenir de la pla-

nète doit toujours être présent dans

les projets de développement.

Entre ces deux pôles, le « micro » et le

« macro », la relation doit être stric-

tement dialectique. Il faut agir par les

deux bouts. Sinon, nous dogmatisons

sur ce que nous pouvons être, sur ce

que nous pouvons vouloir comme fi-

nalités émancipatrices. Si la sensibi-

lité généreuse au bien commun à

construire n'est pas crédible là où je

travaille et je vis, quel crédit ferais-

je à ceux qui en font des discours «

hors-sol » ?

Contre la tendance à la réification

mortifère de nos semblables, contre

« la fonte accélérée des valeurs hu-

maines » (Lucien Sève, Aliénation et

émancipation, la Dispute 2012), cette

posture d'humanisme énigmatique

donne chance aux réserves d'alterna-

tives que génèrent toute activité hu-

maine et, singulièrement, toute acti-

vité de travail.

Extrait d'une intervention prononcée

le 2 avril 2014 lors du séminaire orga-

nisé par la Fondation Gabriel-Péri. ■

Yves Schwartz

Philosophe du travail

Jean Auroux

Ancien ministre du Travail

Pierre Bachman

Ingénieur, ancien responsable

syndical, membre du PCF

Tous droits réservés L'Humanité 2017

F49493C28AF02404B5E71830600B314826A0CD16B88325FCDFD6469

Parution : Quotidienne

Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 29

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PROTECTION SOCIALE

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Budget de la Sécurité sociale : la hausse de la CSG a été votéeLes articles phares du projet de loi de financement de la Sécurité sociale ont été adoptés, sansnouveauté du côté des actions gratuites ou de la CSG des retraités.

N° 22553mercredi 18 octobre 2017

Page 6625 mots

FRANCE—BUDGET

L 'examen du projet de loi de

financement de la Sécurité so-

ciale pour 2018 a commencé mardi

après-midi en commission des Af-

faires sociales à l'Assemblée natio-

nale. Les députés de la majorité ont

défendu plusieurs grandes réformes

du quinquennat sans les amender, ou

alors à peine.

CSG des retraités

Ils ont ainsi voté l'augmentation de

1,7 point de la CSG, plus que com-

pensée par une baisse des cotisations

salariales. C'est la pièce maîtresse de

ce texte. Elle vise à redistribuer du

pouvoir d'achat aux actifs du secteur

privé. Les retraités seront mis à

contribution, à part les plus mo-

destes d'entre eux, qui sont déjà exo-

nérés partiellement ou totalement de

CSG et qui ne subiront pas la hausse.

De plus, 600.000 retraités parmi les 7

millions qui subiront la hausse de la

CSG seront intégralement compen-

sés grâce à la baisse d'un tiers de leur

taxe d'habitation dès l'année pro-

chaine.

Certains retraités modestes seront

néanmoins pénalisés. Le gouverne-

ment l'a reconnu et a ouvert la voie à

des améliorations pour les résidents

en maison de retraite, qui ne paient

déjà pas de taxe d'habitation, mais

qui vont voir leur CSG augmenter.

Des députés Modem demandent que

les retraités actuellement exonérés

de taxe d'habitation ne soient pas

soumis à l'augmentation de la CSG.

Ils proposent également une transi-

tion douce entre le taux réduit de

CSG (3,8 %) et le futur taux plein (8,3

%) en créant une nouvelle tranche à

6,6 % (l'actuel taux plein) pour les 10

% de retraités situés juste au-dessus

du seuil d'exonération. Cet amende-

ment a été retiré pour des raisons de

forme, comme plusieurs autres éma-

nant des alliés d'En Marche.

Actions gratuites

Des députés de la majorité à la com-

mission des Finances se sont joints

à ceux de la commission des Affaires

sociales pour légiférer sur les actions

gratuites. Mais cet amendement a été

retiré in extremis avant le début de la

discussion.

La contribution patronale versée en

cas d'attribution d'actions gratuites

avait été abaissée à 20 % par la loi

Macron de 2015, puis remontée à 30

% en 2017. La majorité souhaite «

dans un premier temps » ramener ce

taux à 25 %, afin de « renforcer le

message positif » à l'égard des entre-

prises, « tout en tenant compte des

impératifs budgétaires ». Par ailleurs,

ils proposent d'augmenter le seuil à

partir duquel une PME non cotée

n'ayant jamais distribué de divi-

dendes peut distribuer des actions

gratuites à ses salariés.

Cotisations des

indépendants

Alors que le régime social des indé-

pendants (RSI) va disparaître et

qu'un plan pour les indépendants a

été annoncé, le coordinateur du texte

à l'Assemblée, Thomas Mesnier, a

proposé un amendement de groupe

pour encourager une forme d'auto-

déclaration des revenus par ces tra-

vailleurs. Aujourd'hui, 10 % d'entre

eux seulement utilisent la possibilité

qui leur a été ouverte d'estimer leurs

revenus de l'année en cours, afin de

modifer leurs cotisations prévision-

nelles. Si l'écart entre le réel et la

projection est trop important, ils

paient une majoration de retard. Les

députés ont supprimé cette sanction

en 2018 et 2019. Le rapporteur géné-

ral du budget de la Sécurité sociale,

Olivier Véran, a quant à lui fait ral-

longer de six mois la période d'ex-

périmentation de modulation des

acomptes, jusqu'au 30 juin 2019. ■

par S. G.

Tous droits réservés Les Echos 2017

C99693708DE0300A651910D0870091DA20504313881C25226E1D1EA

Parution : Quotidienne

Diffusion : 127 389 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 31

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MOUVEMENTS SOCIAUX

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MOBILISATION

L'automne social n'est pas terminéLa CGT et Solidaires, rejoints par treize fédérations de la CFE-CGC, seront dans l'action au-jourd'hui.

jeudi 19 octobre 2017Page 6

443 mots

E t de trois ! Après les 12 et 21

septembre, dans toute la France,

des manifestations et actions sont

prévues aujourd'hui, à l'appel de la

CGT et de Solidaires. Si les autres

confédérations n'ont pas souhaité

participer à l'initiative, dans cer-

taines fédérations le mouvement

prend de l'ampleur. C'est le cas à la

CFE-CGC, dont le président, François

Hommeril, opposé aux ordonnances,

a laissé celles-ci « libres d'appeler à

rejoindre le mouvement du 19 oc-

tobre ». Le 21 septembre, onze fédé-

rations du syndicat des cadres

avaient rejoint l'appel interprofes-

sionnel, elles sont treize aujourd'hui.

Les fédérations banque, énergies,

Crédit agricole, chimie, Fieci, assu-

rances, ou encore commerce et ser-

vices, culture communication spec-

tacles, construction, Inova (hôtelle-

rie, restauration, sports, loisirs et ca-

sinos), transports, aérien et services

publics seront donc au rendez-vous.

Des actions « plus que jamais utiles »,

écrit notamment celle de la chimie.

Car, précise-t-elle, « si les ordon-

nances ont été adoptées en Conseil

des ministres, ( ) le plus important

reste à venir », en citant notamment

« les décrets d'application de ces or-

donnances » et les autres réformes

programmées.

La CGT ne vise pas à « battre un re-

cord », rappelle le secrétaire confé-

déral en charge des ordonnances, Fa-

brice Angei. L'objectif est de « pour-

suivre le travail d'information auprès

des salariés, dans les entreprises ou

encore de faire signer les cartes pé-

titions ». Idem pour Solidaires, qui y

voit une « date utile pour agir et in-

former la population sur les enjeux ».

En attendant, la prochaine réunion

intersyndicale, prévue lundi pro-

chain, pourrait se conclure par un ap-

pel unitaire à la mobilisation mi-no-

vembre. L'automne social n'est donc

pas terminé. Ce vendredi, dans de

nombreuses villes de France, les

transports urbains prendront aussi le

relais. 127 préavis ont été déposés

dans le secteur par l'intersyndicale

CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC et CFE-

CGC. Du jamais-vu depuis 1986. La

création d'un 13e mois dans la

branche, ainsi que la revalorisation

de la grille salariale ou encore un dis-

positif de fin de carrière figurent par-

mi les revendications. La CGT pé-

trole, après les accords obtenus par

leurs camarades des transports et des

ports et docks en octobre, a demandé

« l'ouverture d'une négociation im-

médiate » afin de maintenir le socle

de garanties que constitue sa

convention collective, remise en

cause par les ordonnances. Sans

quoi, précise le communiqué de la

Fnic CGT, elle entrera « en grève (re-

conductible) à partir du lundi 23 oc-

tobre ». ■

par Clotilde Mathieu

Tous droits réservés L'Humanité 2017

0D92338580F0800255A21B708405416A26203418086D2CC70C78C24

Parution : Quotidienne

Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 33

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UNE MANIFESTATION A LIEU DEVANT LA TOUR BRETAGNE, CE JEUDI MIDI

De l'amiante et des questions

ENCADRÉS DE L'ARTICLE

Pétition

Une pétition pour demander la transparence autour des éléments amiantés va être transmise aux propriétaires.

Les syndicats veulent aussi solliciter un rendez-vous à la préfète.

N° 3198jeudi 19 octobre 2017

Édition(s) : NantesPage 2

424 mots

GRAND NANTES —SANTÉ

J'ai arrêté de fumer, ce n'est pas pour

mourir d'un cancer attrapé sur on

lieu de travail. » Comme de nom-reux

occupants de la tour Bretagne, arie

(prénom d'emprunt) est « in-uiète ».

Ce jeudi, elle participera une mani-

festation devant le site, à 2 h 30, à

l'appel d'une intersyndicale. Les sa-

lariés souffrent, comme nous, u

manque de communication des

mployeurs », assure une représen-

ante du personnel CGT.

De premiers travaux

En février 2017, de la poudre

d'amiante avait été découverte dans

ce bâtiment hébergeant 800 salariés,

notamment des agents de Nantes

métropole, des Finances publiques et

de la Direccte. Après que certains

d'entre eux ont exercé leur droit de

retrait, puis ont été relogés pour

quelques semaines avant l'été, tous

ont réintégré les locaux. Depuis fin

août, le nettoyage et le surfactage

(un traitement pour neu-traliser les

fibres d'amiante) des trappes sont

menés, avant le remplacement des

volets de désenfumage, prévu à la

mi-2018. Mais les syndicats se disent

« dubitatifs » quant à l'efficacité des

travaux, et ont encore beau-coup de

questions. Si l'amiante est confiné, il

n'est pas dangereux. Il est toxique

dès qu'il se dégrade.

Quelque 800 salariés y tra-vaillent. Photo : J. Urbach/ 20

Minutes (archives)

« On veut savoir, avoir un état des

lieux honnête de la situation », es-

père Francis Judas, délégué CGT, qui

rappelle que « toute exposition à un

cancérogène, même minime, est

anormale ». Sollicité, le syndic des

copropriétaires n'a pas souhaité ré-

pondre à 20 Minutes. Selon les syndi-

cats, de plus grands travaux, qui né-

cessiteraient l'évacuation des lieux

pendant six mois, devraient être me-

nés d'ici « 3 à 5 ans ». « Certains em-

ployeurs ne sont pas pressés, avance

un représentant syndical. Ils traînent

des pieds parce qu'ils n'ont pas les

fonds. »W ■

par Julie Urbach

Tous droits réservés 2017 20 Minutes

e390e3eb89f0c600e57d19d0220001bb2230a617f84f2100fe39037

Parution : Quotidienne

Diffusion : 971 237 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2013/2014

Audience : 3 901 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 34

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Vers un blocage de la plateforme Total du Havre ?

Social.Après les dockers, les salariés du pétrole aimeraient protéger leur conventioncollective avant la mise en application des ordonnances.

jeudi 19 octobre 2017Édition(s) : Le Havre - Lillebonne - Bolbec, France-Normandie

Pages 3-17881 mots

LE HAVRE—RÉGION—SOCIAL

L es routiers avaient été les

premiers à obtenir une déroga-

tion, certains diront une entorse, aux

ordonnances Macron dès le 4 oc-

tobre. A savoir quelques jours après

une mobilisation lancée par la CGT et

FO et une semaine avant un second

appel lancé cette fois par la CFDT. Fi-

nalement, les majorations pour an-

cienneté et les indemnités pour les

dimanches et jours fériés seront inté-

grées dans les salaires minimums

fixés par la branche et « sanctuarisés

».

Les dockers ont ouvert la voie

La Fédération nationale des ports et

docks (FNPD-CGT) a obtenu, il y a

une semaine, la garantie de la pri-

mauté de la convention collective sur

les mêmes ordonnances. Elle a ainsi

mis fin, notamment au Havre, à un

mouvement de suspension des

heures supplémentaires et des «

shifts » exceptionnels dont le point

d’orgue aurait dû être une grève de

24 heures le 16 octobre.

«Le respect de la CCNU (Convention

collective nationale unifiée) comme

socle social minimal pour l’ensemble

des dockers et travailleurs portuaires

est une grande victoire syndicale»,

s’est félicité Laurent Delaporte, se-

crétaire du syndicat général des tra-

vailleurs portuaires du Havre.

Et si les salariés du pétrole étaient

les prochains ? Dans une lettre ou-

verte adressée à l’UFIP (Union fran-

çaise des industries pétrolières), la

Fédération nationale des industries

chimiques (FNIC-CGT) a exigé lundi

dernier «l’ouverture d’une négociation

immédiate» avec le ministère du Tra-

vail, faute de quoi elle entrerait le 23

octobre, dans un processus pouvant

amener à une grève reconductible.

Emmanuel Lépine, son secrétaire gé-

néral, a assuré que le secteur était

prêt à des blocages de raffineries ain-

si qu’à l’arrêt de toutes les installa-

tions. La convention collective consi-

dérée de « haut niveau » comporte

trois garanties dont la CGT exige le

maintien : les garanties salariales

(minimum conventionnel, primes

d’ancienneté allant jusqu’à 20 % du

salaire de base et de quart allant jus-

qu’à 18 % la nuit et 13 % le jour),

les anticipations au départ en retraite

pour certaines catégories, et le main-

tien du CHSCT (Comité d’hygiène sé-

curité et conditions de travail)

comme instance souveraine «compte

tenu de la dangerosité de nos activi-

tés».

Contacté hier après-midi, Thierry

Defresne, délégué syndical central

CGT Total Raffinage-Pétrochimie, a

appelé «à ne rien précipiter». Car si

certains ont eu vite fait d’annoncer la

grève dès le 23 octobre, l’ancien dé-

légué syndical de la plateforme Nor-

mandie rappelle que lundi marquera

la fin de l’ultimatum fixé à l’UFIP.

Mardi se rencontreront les confédé-

rations CGT, FO et CFE-CGC afin

d’annoncer une date d’action inter-

professionnelle, peut être le 7 no-

vembre.

Mercredi 25 octobre les syndicats du

pétrole seront en assemblée générale

au siège de la CGT à Montreuil pour

fixer un calendrier et des modalités.

Pour Thierry Defresne, le 23 octobrepourrait marquer le lancement d’un

processus vers la grève, notamment surla plateforme de Normandie Pho-to : Image bLOCUS hAVRE (4).jpg

(22801816)

La CGT est très mobilisée. Le syndi-

cat a été galvanisé après les garanties

obtenues par les dockers et por-

tuaires. «La mobilisation interprofes-

sionnelle n’est pas suffisante. Par

ailleurs, l’an passé, la grève par pro-

curation qu’ont menée les raffineurs au

profit d’autres salariés n’a pas suffi.

Mais la semaine dernière, l’obtention

d’un accord par la fédération des ports

et docks a été un véritable signal. Nous

aussi, nous avons des garanties à aller

chercher concernant notre convention

collective.»

D’autant que Thierry Defresne voit

au-delà des ordonnances. «Macron

est déjà passé à autre chose. Son pro-

chain dossier est la réforme des re-

traites. Chez nous, il marquerait la fin

du système d’anticipation à la re-

traite.» Particulièrement chez Total.

Selon la convention collecive natio-

nale de l’industrie du pétrole, un sa-

↑ 35

Page 36: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

larié peut partir quatre ans plus tôt

à taux plein pour 35 ans de quart.

Sur la plateforme de Normandie, il le

peut cinq ans plus tôt après 25 ans de

quart.

Christophe FREBOU

Les syndicats CGT, FSU, Solidaire

et UNEF appellent à un nouveau

rassemblement contre les ordon-

nances Macron ce matin à 10 h 30

au pied de la Chambre de com-

merce et d’industrie du Havre.

Un rassemblement et non une mani-

festation pour l’heure. «On avisera»,

indique Reynald Kubecki, secrétaire

de l’union locale CGT du Havre. Le 10

octobre, ils étaient entre 1 750 et 5

000 à avoir répondu à un appel lan-

cé aux agents de la fonction publique

auquel s’étaient joints des salariés du

privé. Mais l’union locale CGT aurait

rencontré quelques difficultés à mo-

biliser de nouveau.

Pour autant, un soutien est égale-

ment demandé par la même inter-

syndicale aux élèves des lycées Fran-

çois 1er et Siegfried dès 7 h.

La grève pourrait être suivie dans

plusieurs Ehpad, chez EDF, à la

SNCF, à la CIM, à la CPAM.

Malgré l’obtention de la sanctuarisa-

tion de sa convention collective, la

fédération des ports et docks a appelé

à 24 heures de grève dès ce matin

6 h. «L’action interprofessionnelle doit

s’amplifier» martèle Laurent Dela-

porte.■

par Christophe Frebou

Tous droits réservés Paris-Normandie 2017

5790E3888E107D0A95061D301F0F81E02080E21488352362816A772

Parution : Quotidienne

Diffusion : 44 906 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016

Audience : 231 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2015/2016

↑ 36

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EUROPE ET INTERNATIONAL

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Grande-Bretagne Plus de 400 emplois à la trappe chez PSA Le groupeautomobile PSA annonce

jeudi 19 au mercredi 25 octobre 2017Page 29

268 mots

MONDE

G rande-Bretagne

Plus de 400 emplois à la trappe chez

PSA

Le groupe automobile PSA annonce

la suppression de quelque 400 em-

plois dans son usine de Vauxhall

d'Ellesmere Port en Grande-Bre-

tagne, soit quasiment le quart de l'ef-

fectif total du site (1 667 personnes).

Le constructeur avance l'argument

classique de la « compétitivité ». A

l'image des compressions réalisées

dans ses usines françaises, il envi-

sage de passer de deux équipes de

production à une seule, tout en ayant

confiance dans « la capacité et le ta-

lent des salariés »

états-Unis

Tesla sans états d'âme

Le constructeur américain de voi-

tures électriques Tesla a licencié en-

viron 400 salariés en une seule se-

maine. Cette vague de suppressions

de postes serait intervenue après une

opération d'évaluation du personnel,

selon un ancien employé qui s'est

confié à la presse sous couvert d'ano-

nymat. Tesla, qui emploie plus de 33

000 personnes, évoque des « goulets

d'étranglement » dans les effectifs

pour la production d'un nouveau mo-

dèle.

Bangladesh

Les réfugiés rohingyas périssent aus-

si dans les eaux

Au moins dix personnes sont mortes

et des dizaines d'autres sont portées

disparues à la suite du naufrage d'un

bateau transportant des Rohingyas

au large du Bangladesh. Des milliers

d'entre eux continuent à fuir ce que

l'ONU qualifie d'épuration ethnique

en Birmanie. Ceux qui optent pour

la voie fluviale sur des embarcations

surchargées prennent de gros risques

en cette période de mousson. ■

Tous droits réservés L'Humanité Dimanche 2017

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Parution : Hebdomadaire

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Page 39: PANORAMA DE PRESSE - Syndicat National CGT Finances … · éloignés du marché du travail » et les jeunes décrocheurs du système sco-laire. Précision de taille, cette enve-loppe

Vieillissement : aujourd'hui modérées, les inégalités sociales vont s'accroîtreL'OCDE pointe un « risque sérieux » de décrochage du niveau de vie des personnes peu éduquéesnées après 1960, au moment de la retraite.

N° 22554jeudi 19 octobre 2017

Page 5481 mots

FRANCE—INÉGALITÉS

La France est un havre pour les

personnes âgées. Mais cela pourrait

ne pas durer. C'est ce qu'explique

l'Organisation de coopération et de

développement économiques

(OCDE), dans son rapport « Prévenir

les inégalités du vieillissement »,

rendu public mercredi. « Il existe un

risque sérieux que les personnes nées

à partir du milieu des années 1960

(générations post-baby-boom) et

ayant un faible niveau d'éducation

connaissent une vieillesse difficile »,

écrivent les auteurs. En cause, la dif-

ficulté à s'insérer sur le marché du

travail, qui aura des effets durables

et affectera leur condition sociale au

moment de la retraite. L'OCDE note

que l'emploi tout au long de la vie

était une richesse bien partagée en

France jusqu'à la fin des années 1950

- plus que dans les autres pays dé-

veloppés. Puis, soudain, la situation

de la France est devenue moins en-

viable, l'emploi s'y étant dégradé.

D'où ce grand gâchis pour la crois-

sance : « L'amélioration de l'emploi

féminin à travers les générations a

été presque totalement compensée

par les pertes d'emplois masculins en

France », souligne l'OCDE.

Baisse des pensions

futures

A cela s'ajoute le raccourcissement

des carrières, qui ne permet pas de

compenser les débuts heurtés dans la

vie professionnelle de certains. Pour

résoudre les problèmes rencontrés

par les jeunes et les travailleurs âgés

peu instruits, avant qu'ils ne dé-

teignent sur la retraite, l'organisation

préconise de s'attaquer aux inégali-

tés dans le système éducatif, de fa-

ciliter la transition entre l'école et le

travail. Elle recommande aussi de «

limiter l'impact de la perte d'emploi,

de lutter plus efficacement contre le

chômage de longue durée et d'élimi-

ner les obstacles à la rétention et à

l'embauche des travailleurs âgés ».

Jusqu'à présent, les personnes âgées

en France sont pourtant mieux loties

qu'ailleurs. Le revenu moyen des plus

de 65 ans est légèrement supérieur à

celui de l'ensemble de la population,

alors qu'il est de 12 % inférieur en

moyenne dans les pays membres de

l'OCDE. Malgré une sortie plus pré-

coce en France du marché du travail

(à 60,2 ans contre 64,2 ans), le revenu

moyen des 60-64 ans a augmenté de

31 % de plus que celui des 30-34 ans

depuis 1985. Dans l'OCDE, c'est 13 %

de plus. Attention toutefois, les ré-

formes des retraites successives vont

se traduire par une baisse des pen-

sions futures, avec des taux de rem-

placement en 2050 qui devraient être

inférieurs de 15 % à ceux d'au-

jourd'hui. ■

par Solveig Godeluck

Tous droits réservés Les Echos 2017

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