Méthodes et évolution de la certification de site de santé sur le Web à travers l’expérience du HONcode

Arnaud Gaudinat1, Celia Boyer, Vincent Baujard et Antoine Geissbühler1,2

1Fondation Health on the Net, Genève, Suisse 2Service d’Informatique Médicale, Hôpital universitaire de Genève, Suisse

Abstract

Today, the Web is a media with increasing pervasiveness and omnipresence around the world. Its use is constantly growing and the medical field is no exception. According to the Pew Internet & American Life Project [1], 80% of Internet users have searched for American medical information in 2006. However, the problem is no longer about finding information but assessing the credibility of the publishers as well as the relevance and accuracy of the documents retrieved from the web. This problem is particularly relevant in the medical area which has a direct impact on the well-being of citizens and in the Web 2.0 context where information publishing is easier than ever. To address the quality of the medical Internet, the HONcode certification is certainly the most successful globally [2]. The aims of this paper are to present certification activity through the HONcode experience and to show that certification is more complex than a simple code of conduct. Therefore, we first present the HONcode, its application and its current evolutions. Following that, we give some quantitative results and describe how the final user can access the certified information.

Patient safety, certification, natural language processing, internet, information retrieval, information quality

1 Introduction

Internet est devenu un des medias de communication le plus largement utilisé. Avec la démocratisation de la disponibilité de logiciel et de serveur Web, tout un chacun peut facilement publier tout type d’information qui sera alors disponible et accessible sur la planète toute entière. Ces dernières années cette facilité s’est encore accrue avec l’avènement du phénomène Web 2.0. Ainsi malgré la profusion de contenu disponible, la question n’est plus seulement de trouver l’information mais surtout de savoir si les rédacteurs d’information sont crédibles. Le problème est particulièrement critique en ce qui concerne le domaine médical où l’information trouvée (explication des maladies, traitements recommandés, type de médecine …) a un impact direct sur la santé du citoyen. Comme le démontre la dernière étude de Pew internet & American Life project [3] conduite en 2007 où les patients ayant une maladie chronique sont plus à même d’utiliser Internet pour prendre leur décision sur leur traitement (E-patients invalident ou souffrant de maladies chroniques) 53 % des personnes qui cherchent de l’information santé déclarent que l’information trouvée a un impact sur leur propre soin de santé ou la façon dont ils l’utilisent pour les autres [1]. En fait dans de nombreux cas, les sites de santé sur le Web

ne fournissent pas d’information idoine concernant la conception des études scientifiques ou même de références à des études pour confirmer leurs allégations médicales.

Pour répondre à l’insuffisance de clarté, de nombreuses initiatives pratiques et théoriques ont jalonné la courte histoire du Web. L’histoire de la qualité de l’information sur le Web est intimement liée à la recherche d’information, dans le sens pertinence de la réponse. En effet une réponse pertinente du point de vue sémantique n’a d’intérêt que si elle est « juste » (donc crédible, de qualité et adaptée). Les initiatives suivantes (non-exhaustives) représentent les méthodes et les courants les plus significatifs qui ont été appliqués au Web concernant la qualité de l’information (médicale ou non):

• La sélection (ou le référencement explicite) de pages dans des répertoires est certainement la première initiative qui a essayé de mettre en exergue les meilleures pages du Web (Yahoo). Dans le domaine médical, l’américain MedlinePlus [4] et le français CISMef [5] sont des références incontournables. En plus des répertoires, cette sélection peut être aussi mise à disposition dans des moteurs de recherche comme dans MedHunt [6] par exemple.

• L’auto-regulation des sites Web, pour les producteurs de contenus, consiste en leur propre certification en respectant une liste de critères de qualité bien établis [7].

• La popularité des pages Web, liée à la structure hypertextuelle du Web, peut être un bon indicateur de qualité [8][9]. La popularité est en fait corrélée avec le jugement implicite des producteurs d’information lorsqu’ils décident de mettre un lien vers un autre site Web. Google et son fameux PageRank [10] est certainement l’initiative la plus représentative.

• La certification de pages Web a pour but la promotion de la qualité de l’information. Les pages d’un site Web doivent se soumettre à l’évaluation d’une organisation tierce (à contrario de l’auto-régulation), tel que la Fondation HON avec sa charte le HONcode [11] et l’URAC [12], organisation Américaine. La certification est corrélative au respect d’une charte éthique et de qualité clairement définie.

• L’éducation des utilisateurs d’Internet consiste à les aider en leur donnant des règles de bonne pratique pour mieux sélectionner les sites visités [13][14][15].

• L’initiative collaborative, sociale ou encore nommée communautaire consiste en l’utilisation d’une grande quantité de jugements d’utilisateurs pour mieux caractériser le Web (Google Co-op [16]) et/ou en créant des réseaux sociaux de confiance, sur le principe « comme je te fais confiance, je fais confiance aux personnes à qui tu fais confiance »(Lijit[17]).

L’objectif de la Fondation HON est de donner accès à de l’information médicale de qualité sur le Web pour le citoyen qu’il soit patient ou professionnel de santé. Depuis 1995, HON s’est engagée dans la voie de la certification avec un certain succès. Pour aider à l’éducation des responsables de sites Web de santé et des cyber-citoyens, la Fondation Health On the Net a établi une charte de déontologie en huit points, le HONcode. La création du HONcode a été motivée par les responsables de sites réclamant des directives que tous pourraient respecter et qui garantiraient un comportement éthique et la qualité de l’information de santé présente sur ces sites.

Simple à première vue, la certification HONcode s’articule sur 4 éléments fondamentaux et indispensables. En effet, l’expérience nous a montré que 1/ la charte éthique bien qu’essentielle n’était qu’un des éléments visibles de la certification, d’autre éléments du HONcode sont tout aussi critiques. Ainsi 2/ les procédures d’évaluations selon le HONcode sont capitales car elles reflètent la mise en œuvre pratique et équitable du

HONcode dans le travail quotidien des collaborateurs de la Fondation. Ensuite, 3/ La tâche de certification apparait comme l’atout essentiel de la certification, en effet d’autres codes de santé n’ont pas fait long feu car peu de personnes étaient volontaires pour les appliquer. Et finalement, le dernier élément souvent sous-estimé est : 4/ les moyens mis en œuvre pour donner accès à cette information sur Internet.

Dans cet article nous présenterons le HONcode, et sa méthodologie d’implémentation. Ensuite nous indiquerons quelles sont les évolutions actuelles du HONcode. Dans un second temps nous exposerons quelques résultats quantitatifs ainsi que les initiatives réalisées dans le cadre de l’accès aux résultats de la certification HONcode.

2 Méthodes et évolution du HONcode

2.1 La certification

Le HONcode n’est pas le seul système basé sur l’évaluation de critères, ainsi d’autres initiatives importantes ont été proposées. Cependant leurs applications concrètes (auto-certification/tierce-partie-certification, simple/complexe, accessibilité du résultat, gratuite/payante…) peuvent être très différentes et ont déterminé leur pérennité. Il est possible de citer les initiatives les plus marquantes avec leurs caractéristiques les plus saillantes (voir aussi [18]) : Omni en 1995, HONcode (8 principes vérifiés annuellement) en 1996, Discern (auto-evaluation) en 1998, WebMedica en 1998 (pour l’espagnol), MedCertain (detailled meta-data system), Hi-ethics (third party certification) en 2000, eHealth Code of Ethics (self-assessment) en 2001, URAC en 2001 (très détaillé mais aussi couteux), European Guideline en 2002 (eq. aux principes du HONcode dont HON a participé à l’élaboration) et Afgis en 2003 (dédié aux sites allemands). Alors que certaines initiatives ont disparues ou d’autres en forte perte de candidats, le HONcode est quant à lui traduit dans 34 langues, dispose de plus de 6’500 sites certifiés en 2008, présent dans 118 pays, et a été sélectionné fin 2007 par la France comme organisme de certification officiel des sites de santé Français1. Sur le Web, la certification proposée par HON, n’est pas qu’un « simple » instrument de notation de qualité, elle a aussi pour effet de sensibiliser l’esprit critique de l’utilisateur ainsi que le producteur de l’information en leur donnant une méthode simple à mettre en œuvre dans le travail au quotidien.

2.2 Code éthique de bonne conduite HONcode

Le HONcode [19] est un ensemble de huit principes éthiques définis par la Fondation HON dans le but de proposer un standard de transparence des pratiques opérationnelles et visant à améliorer la qualité de l’information de santé sur le Web. Ces principes sont appliqués durant une évaluation des sites Web qui demandent la certification HONcode. Chaque principe existe en 2 versions, une courte pour l’internaute lecteur et une plus longue pour le professionnel de santé et/ou responsable de sites. Pour rappel, voir tableau 1.

Tableau 1: Version courte des principes du HONcode

Principes Version courte

Autorité Indiquer la qualification des rédacteurs

Complémentarité Compléter et non remplacer la relation patient-médecin

Confidentialité Préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les visiteurs du site.

1 http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_334538/la-certification-des-sites-internet-sante

Attribution et datation

Citer la/les source(s) des informations publiées et dater les pages de santé.

Justification Justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements.

Professionnalisme Rendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et fournir une adresse de contact.

Transparence du financement

Présenter les sources de financements.

Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale

Séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale.

La description longue des principes est plus explicite et enlève toute ambiguïté quant aux possibles mauvaises interprétations. Par exemple, la déclaration complète du premier principe d’autorité est : Tout avis médical fourni sur le site sera donné uniquement par du personnel spécialisé (diplômé) du domaine médical et des professionnels qualifiés, à moins qu'une déclaration explicite ne précise que certains avis proviennent de personnes ou d'organisations non médicales. Il indique que l’information médicale devra être fournie par des personnes formées dans le domaine médical. Les principes du HONcode peuvent être consultés en ligne dans 34 langues. De plus, la Fondation HON fournit un règlement du processus de certification.

2.3 Processus de certification

La certification étant un acte volontaire de la part des requérants, la première étape consiste en la soumission du formulaire de demande par Internet sur le site de HON (le volontarisme permet une plus grande implication du demandeur). Une pré-évaluation est proposée au webmestre dans le but d’identifier les principes manquant de façon autonome. Ensuite une fois la requête de certification soumise, des experts humains de la Fondation évaluent les sites Web qui en ont fait la demande. Chaque information éthique manquante est indiquée et doit être ajoutée au contenu des pages Web du site. Une fois les modifications réalisées, un sceau de certification et un identificateur unique sont délivrés. Tous les sites HONcode sont certifiés pour une période de 1 an et donc révisés annuellement et ceci de façon systématique. Si un site Web ne respecte plus les principes HONcode, le webmestre reçoit un avertissement et, si les modifications requises ne sont pas effectuées, le site peut alors perdre sa certification. Comme on peut le voir, le processus de certification est un processus interactif qui permet d’établir un contact constructif entre les réviseurs HONcode et le webmestre. En effet le but n’est pas seulement de séparer le bon grain de l’ivraie mais aussi d’aider au maximum à amener les sites à un certain niveau de qualité et de transparence.

2.4 Evolution du HONcode au sein du Web 2.0

Malgré l’utilisation des forums avant l’avènement du Web, ce n’est que récemment que HON a été confrontée à une demande croissante de certification de sites collaboratifs dont la nature même interroge sur l’efficacité du HONcode tel qu’il a été originellement défini. En effet que devient le principe d’autorité, dans le contexte du Web 2.0, lorsque tout un chacun peut contribuer à l’ajout de contenu sur un site. Par ailleurs un des avantages du HONcode est sa simplicité puisqu’il tient en huit principes. Ainsi, afin de répondre à l’évolution continue du Web, certains ajouts ont été effectués dans le règlement d’application des principes du HONcode pour répondre aux particularités du Web 2.0 tout en gardant la même ligne de conduite. Un site collaboratif désirant être certifié doit

respecter les directives ou règlements d’application du HONcode comme présenté dans le tableau 2.

Tableau 2: Spécificités Web 2.0 du HONcode

Principes Règlement d’application aux principes

Autorité Il doit être clairement établi si la plate-forme est modérée ou non. (…) Il doit être stipulé que par défaut, tous les utilisateurs de la plate-forme ne sont pas des professionnels de santé. S’il en est autrement, cela doit être précisé. Il doit être stipulé, que si un utilisateur de la plate-forme donne un avis médical en temps que professionnel de santé, son statut en temps que tel (professionnel de santé) doit être établi. Il doit être clairement stipulé que tous les utilisateurs de la plate-forme ainsi que les modérateurs doivent se comporter en tout temps avec respect et honnêteté. Les fonctions et les responsabilités des modérateurs doivent être clairement établies. La manière de bannir (mise en garde, notification) un utilisateur de la plate-forme doit également être clairement établie.

Complémentarité Une affirmation déclarant que les informations de la plate-forme n’ont pas pour but de remplacer la consultation d’un thérapeute doit figurer.

Confidentialité La plate-forme doit avoir une politique de confidentialité. Le fait que tout message peut être lu et utilisé par tous doit être souligné. La possibilité ou non d’effacer ou modifier ses propres messages en temps qu’utilisateur de la plate-forme doit être établi.

Attribution et datation

Une phrase demandant aux utilisateurs de la plate-forme d’indiquer les sources (références, liens, etc.) des données médicales diffusées doit figurer. Tous les messages ou contributions des utilisateurs doivent être automatiquement datés.

Justification Toute affirmation relative au bénéfice ou à la performance d'un traitement donné, d'un produit ou d'un service commercial est considérée comme une allégation. Une phrase demandant aux utilisateurs de la plate-forme d’indiquer les sources et des éléments de preuve (références, liens, articles scientifique, presse médicale, etc.) des allégations doit figurer. Il doit être stipulé que tous les utilisateurs de la plate-forme s’engagent à ne diffuser que des informations qui sont vraies et correctes au vu de leurs connaissances.

Professionnalisme Un formulaire de contact spécifique ou une adresse email doit être accessible aux utilisateurs de la plate-forme afin de contacter l’éditeur ou les modérateurs de la plate-forme. Les règles régissant la plate-forme doivent être accessibles à tous et depuis la page d’accueil.

Tr. Financement Il doit être stipulé si les modérateurs sont bénévoles ou pas.

Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale

La plate-forme doit avoir une politique éditoriale et publicitaire. Il doit être notamment établi si les utilisateurs de la plate-forme ont le droit de publier de la publicité, sous forme de contenu, bannière ou liens par exemples.

Ainsi le HONcode montre qu’il est totalement adapté à l’évolution du Web et utilisable dans le contexte du Web 2.0 voir en proposant des directives de transparence pour le Web 2.0. De plus il montre qu’il n’est pas figé et que les directives d’implémentations évoluent au fur et à mesure de l’évolution du Web afin de s’adapter aux nouvelles technologies du Web.

2.5 La certification des sites français

La France a été le pays précurseur dans le domaine de la eSanté en votant une loi en 2004 concernant la certification des sites informatiques dédiés à la santé. La Haute Autorité de

Santé a été mandatée pour mettre en œuvre cette loi. Après une période d’évaluation des différentes alternatives existantes dans le monde, le HONcode a été choisi comme modèle de certification. Ce n’est pas uniquement la certification HONcode qui a été approuvée, mais également les procédures d’application de la Fondation HON, son équipe ainsi que son infrastructure informatique. Enfin, suite à l’évaluation annuelle par des qualiticiens indépendants de la démarche qualité au sein de la Fondation, HON a été officiellement accréditée par la HAS pour la certification des sites français. Cette accréditation, renouvelée chaque année, a permis d’améliorer la pratique quotidienne de la certification afin de garantir un meilleur service. Cette démarche qualité garantie notamment une formation adéquate des réviseurs HONcode, une équité dans le traitement des demandes de certification, un service respectant des délais, une infrastructure fiable et la mise en place d’indicateurs pour de futures améliorations. Cette évolution fondamentale met bien en exergue l’idée que la certification n’est pas simplement qu’un code de bonne conduite et que la mise en œuvre concrète de ce dernier est tout aussi importante.

2.6 La détection automatique des principes

Au vue de la dynamique du Web, la certification peut s’apparenter de plus en plus, à la tâche des Danaïdes, condamnées à remplir sans fin un tonneau percé, qui ici serait de plus en plus grand. Ainsi, récemment, des initiatives basées sur des algorithmes de reconnaissance de critères basés sur des règles (originellement proposé par Price [20]) ou par apprentissage ont été présentées afin de donner automatiquement des indices de qualité et d’éthique aux pages du Web de santé. Alors que le modèle d’apprentissage supervisé de Aphinyanaphongs [21] est basé sur des exemples statiques de bonnes et mauvaises pages et donc dépendant du domaine traité, celui de HON [22] est quant à lui basé sur le modèle du HONcode. Actuellement le système de détection de HON obtient une micro-précision de 0.78 et 0.73 de F-mesure avec 0.06 d’erreur en moyenne sur tous les principes. Des principes tels que la confidentialité sont très facilement reconnus par le système automatique alors que d’autres comme le principe de justification sont difficiles à reconnaitre automatiquement. Dans notre cas les informations d’apprentissage proviennent des déclarations des principes identifiés par les réviseurs durant le processus de certification. Il a aussi été montré que l’utilisation des URLs permettait d’améliorer la détection des critères de qualité sur les sites Web [23] (e.g. www.nlm.nih.gov/medlineplus/privacy.html). Ce genre d’approche en plus d’être intéressante pour assister les réviseurs peut s’avérer utile pour caractériser automatiquement les sites web qui ne demandent pas forcément la certification.

3 Résultats de la certification et son accès

La certification est pertinente à condition que les utilisateurs d’Internet puissent y avoir accès. Cette section présente quelques résultats quantitatifs ainsi que les moyens d’accès mis en place par HON pour que l’utilisateur final puisse avoir accès aux informations certifiées de la manière la plus naturelle possible (c'est-à-dire dans son usage quotidien).

3.1 Base de données de sites certifiés HONcode

Actuellement, la base de données comporte plus de 6'500 sites Web certifiés HONcode à travers 118 pays qui représentent plus de 1 million de pages indexées dans Google. 52 % des sites certifiés sont en anglais et environ 11% en français, suivis par de nombreux sites en espagnol, italien, allemand et portugais. Pour chaque site évalué sont collectées les informations suivantes : 1/ respects des principes HONcode, 2/ extrait de texte correspondant aux 8 principes, 3/ URLs des principes sur le site, 4/ mots clés du site sélectionnés parmi les termes du MeSH [24] et 5/ étiquette sémantique générale (i.e., santé

pour les femmes/hommes, information pour les patients/professionnels de santé).

Tableau 3 : Nombre de demande d'inscriptions au HONcode de 2005 - 2008

Année Nombre d’inscriptions en France Nombre d’inscriptions au total

2005 57 895

2006 42 898

2007 217 1142

2008 442 1409

Le tableau 3 indique le nombre de demandes d’inscriptions pour la période allant de 2005 à 2008. La première colonne donne cette information pour les sites français alors que la seconde colonne est réservée à la totalité des demandes d’inscription (y compris les sites français). Ainsi, dans les deux cas on constate une croissance dans le nombre de demande ces 2 dernières années. La croissance est bien entendue beaucoup plus forte pour les sites français et cela est notamment le résultat de l’accréditation de HON en 2007 par la HAS qui a favorisée les nouvelles demandes pour ces sites. A noter aussi qu’en 2008, près d’1 site sur 3 qui fait la demande est un site français alors qu’en 2005 on avait seulement 1 site français sur 16.

La figure 1 présente le pourcentage de principes manquants sur les 1’231 sites ayant fait une demande de certification pendant la période du 1 janvier 2007 au 25 aout 2008.

Figure 1: Pourcentage des principes manquants pour les 1231 sites ayant demandé la certification du

1 janvier 2007 au 25 aout 2008

Une première lecture montre qu’il manque souvent des principes et que certains principes tels que la confidentialité, la date, le financement et la publicité sont fréquemment insuffisamment décrits sur le site. Cependant, de l’avis de l’équipe HONcode, cela n’indique pas forcément que le site ne respecte pas la confidentialité de ses utilisateurs mais qu’il n’a pas forcément jugé utile de faire une déclaration explicite. Par contre un principe tel que la date est plus objectif car il met en exergue un certain manque de rigueur et de transparence.

3.2 Les sceaux dynamiques

Au début en 1996, un simple logo, permettait aux internautes d’identifier un site certifié d’un site non-certifié. Cependant, le sceau HONcode est très vite devenu un moyen de

05

1015202530

11.29 12.354.47 5.69

27.13

10.7221.2

3.9 4.79

22.99 26.56

garantie supplémentaire pour l’internaute en obligeant les sites à lier le sceau HONcode de leur site vers le site HON et son certificat unique. L’idée étant de limiter toute utilisation abusive du logo HONcode, puisque la vérification ultime se fait sur le site de HON. A noter que ce genre d’abus est très rare et plutôt le fait de négligence que d’acte volontaire.

Figure 2: sceau HONcode dynamique suivant l'état courant du processus de certification

Cependant pour garantir une réactivité plus grande entre l’utilisateur, le webmestre et HON, les sceaux datés et dynamiques ont été proposés en 2006. Le principe de base est que HON garde au final le contrôle de l’affichage du HONcode (l’image unique générée pour un site donné est ainsi aussi hébergée chez HON). La figure 2 présente les différents états que peut afficher le sceau HONcode suivant son statut actuel, de gauche à droite, 1/ le site est certifié avec la date de dernière certification indiquée, 2/ le site est en cours de réévaluation lors de l’inspection annuelle ou lors d’un contrôle inopiné et 3/finalement la certification du site est retirée lorsque le site ne veut plus respecter le HONcode.

3.3 Google pour promouvoir la qualité de l’information

Google étant le moteur de recherche le plus utilisé par l’Internaute, il devient l’outil par excellence pour la promotion et la prise de conscience de la qualité de l’information médicale sur Internet. C’est en 2006 que Google a lancé sa plate-forme collaborative Google Co-op. En collaboration avec Google, HON a mise au point un ensemble de 60 labels permettant de mieux spécifier l’information de santé suivant les besoins de l’utilisateur. Un des principes du Google Co-op est de proposer 3 « topics » dont celui de la santé, où les principaux acteurs du domaine peuvent partager leurs informations afin de mieux qualifier les sites ou les pages. Ensuite, Google propose dans sa version par défaut (google.com seulement) des reformulations de requêtes plus pertinentes pour le domaine de la santé à condition que l’utilisateur soumette une requête liée à ce domaine. Concrètement dans notre cas, la procédure consiste à proposer à Google des annotations de pages Web par rapport à des labels prédéterminés tel que « traitement », type d’audience etc. Ainsi les dernières informations soumises à Google par HON étaient constituées de 83’243 annotations pour un total de 49305 URLs (ou patterns).

Figure 3 : Google Co-op pour la requête "asthma"

La figure 3 illustre cette fonctionnalité pour la requête « asthma » dans la version originale de Google.com. L’utilisateur se voit dans un premier temps proposé une liste de labels pour mieux spécifier sa requête (Treatment, Symptoms …). Toujours, dans la figure 3 l’utilisateur a sélectionné le label « Treatment », et donc obtenu les résultats en rapport avec le traitement de l’asthme. Ici, les organisations ayant fourni des labels sont mentionnées pour chaque résultat, dont HON pour les trois premiers résultats. Ce système, bien qu’intéressant pour mieux préciser sa requête, reste insuffisant pour identifier la totalité des sites de qualité, car les sites HONcode qui n’abordent pas les sujets des labels Google n’y apparaissent pas. De plus cette annotation et sélection n’influe aucunement sur le classement des résultats de Google.

3.4 La barre d’outils HON

La barre d’outil de HON [25] est certainement le moyen le plus intégré concernant l’accès aux sites certifiés HON. Elle est composée de 3 fonctionnalités qui sont 1/ l’identification en temps réel lors de la navigation de l’appartenance du site courant au HONcode. 2/ L’outil de recherche, HONcodeHunt exclusivement dédié aux sites certifiés HONcode et accessible depuis la barre de recherche du navigateur. 3/ La mise en exergue des sites certifiés dans des outils de recherche populaires tel que Google et Yahoo ou des plates-formes de santé incontournables tel que MedlinePlus.

Figure 4 : La barre d'outils de HON en action dans Google

La figure 4 illustre la fonctionnalité d’identification des sites certifiés pour la requête « asthme » dans Google. Ici, 2 sites ont été trouvés dans les 4 premiers résultats (ils sont identifiés par le logo HONcode rouge et bleu à gauche du résultat). L’utilisateur peut donc facilement d’un coup d’œil avoir une information sur la qualité des résultats en plus du classement usuel de Google.

A noter que le moteur de recherche HONcodeHunt intégré dans la barre d’outil est aussi accessible directement sur le site de HON. Dans les deux cas, il permet de rechercher uniquement dans les sites certifiés HONcode et de pouvoir mieux préciser sa recherche par rapport au profil recherché (homme/femme, professionnel/patient, nouveau né/enfant/adulte/sénior …). Cette recherche spécifique est rendue possible par le travail des réviseurs durant le processus de certification qui identifient le type d’audience sur les pages, les sections ou les sites.

4 Conclusion et perspectives

L’objectif de ce papier était de montrer les multiples facettes du HONcode à travers son histoire, ses évolutions, son implémentation et son utilisation. Durant ces 12 dernières années, la Fondation HON s’est efforcée de promouvoir la qualité de l‘information médicale sur le Web à une échelle mondiale. Pour répondre aux exigences quantitatives du Web, l’expertise humaine (nécessaire) est assistée par de nombreux systèmes automatiques permettant une évaluation systématique et plus rapide des sites Web. Le cybernaute a un accès à l’information de santé certifiée par l’utilisation d’une barre d’outils intégrée dans son navigateur Web, d’outil de recherche et de sceaux dynamiques.

Toutes les méthodes et outils développés par la Fondation HON peuvent être aussi utilisés dans d’autres domaines, où la qualité et la transparence sont des composantes essentielles (e.g. sécurité du Web pour les enfants).

Il est très important de multiplier les canaux de diffusion pour atteindre le plus d’utilisateurs possibles. Ainsi la réalisation de collaborations, pour partager nos informations, notre philosophie et notre vision, avec des acteurs majeurs tels que la National Library of Medicine (USA) ou Google est indispensable pour le plus grand bénéfice de l’Internaute.

L’approche conduite par la Fondation HON est globale et couvre plus de 34 langues de part le monde. Cependant, HON doit répondre aux besoins locaux, à la variété des langues, aux différences culturelles et aux différentes réglementations. La création de représentations locales dans différentes parties du monde, telles qu’initiées en Afrique ou en Espagne, devrait nous permettre de penser localement et d’agir globalement pour améliorer la qualité de l’information médicale sur Internet.

La France a été précurseur dans le domaine de la qualité eSanté en légiférant sur la problématique de la qualité des sites santé. Une approche similaire dans les autres pays Européens serait bienvenue pour continuer à promouvoir la qualité de l’information médicale sur Internet au bénéfice des utilisateurs finaux d’Internet.

Remerciements

L’activité de la Fondation Health On the Net est soutenue par l’État de Genève et plus particulièrement par le département de l’économie et de la santé de Genève (DES), par la commission Européenne à travers les projets de recherche WRAPIN (IST-2001-33260), ACTIVEHealth (IST-2001-37857) et PIPS (IST-2002-507019) ainsi que part la collaboration avec la Haute Autorité de Santé Française.

Références

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[24] National Library of Medicine, Bethesda, Maryland. Medical Subject Headings, 2001. http://www.nlm.nih.gov/mesh/meshhome.html.

[25] HON Toolbar: http://www.hon.ch/HONcode/Plugin/Plugins.html

Adresse de correspondance

Arnaud Gaudinat,

Health on the Net Foundation,

HUG/SIM 24, rue Micheli-du-Crest,

1211 Geneva 14 Switzerland

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