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A Saint-Cézaire-sur-Siagne, Michèle Nguyen & Sam Cannarozzi SÉS A M E 1 9 e F E S T I V A L D U C O N T E Lundi 20 juillet 2009 la gazette du Festival - 6 J a m b a g e Hou lala, déjà le Sésame numéro six ! Chaque année, c’est la même chose, au moment du festi- val, le temps perd les pédales, mouline à toute vitesse et l’on se retrouve hébété, fatigué, lessivé, mais heureux, c’est déjà fini. Si je dis « c’est déjà fini », c’est pour vous préparer à l’adieu immi- nent, car, rassurez-vous, il reste encore trois soirées avec celle de ce soir. Ce soir, justement, parlons-en. Qu’avons-nous au menu ? Tout d’abord Michèle Nguyen avec son spectacle M i g h e l i n a . Ensuite, en seconde partie, Sam Cannarozzi et son nouveau spectacle Peut-être, peut-être pas. D’où la une du Sésame, bien sûr, mais vous l’aurez compris. Que vous dire d’autre ? Michèle Nguyen est une jeune femme toute mince et ténue, apparemment fragile. Ne vous y fiez pas, c’est tout le contraire. Habitée par une grande force intérieure, elle met dans ses his- toires une énergie qui revitalise, un souffle qui transporte. On la quitte toujours à regret. Sam Cannarozzi, c’est autre chose. Il a de la bouteille et pas mal de ficelles à son arc. Ce soir, Sam nous promène aux quatre coins des contes du monde au son d’une per- cussion ourdou. Le Conte a ceci de bien qu’il fait une place à chacun et chacun peut y trouver sa place pour autant que sa parole soit sincère, authentique et belle. Franck Berthoux

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Page 1: Mise en page 1 SESAME 06.pdf · 2010. 6. 22. · A Saint-C ézaire- su r-Siagne, Michèle Nguyen & S am Cann arozzi SÉS A M E 1 9 e F E S T I V A L D U C O N T E Lundi 20 juillet

A S a i n t - C é z a i r e - s u r - S i a g n e , M i c h è l e N g u y e n & S a m C a n n a r o z z i

SÉS A M E1 9 e F E S T I V A L D U C O N T E

Lundi 20 juillet 2009 la gazette du Festival - n°6

J a m b a g eHou lala, déjà le Sésame

numéro six ! Chaque année, c’est lamême chose, au moment du festi-val, le temps perd les pédales,mouline à toute vitesse et l’on seretrouve hébété, fatigué, lessivé,mais heureux, c’est déjà fini.

Si je dis « c’est déjà fini », c’estpour vous préparer à l’adieu immi-nent, car, rassurez-vous, il resteencore trois soirées avec celle de cesoir.

Ce soir, justement, parlons-en.Qu’avons-nous au menu ? To u td’abord Michèle Nguyen avec sonspectacle M i g h e l i n a. Ensuite, enseconde partie, Sam Cannarozzi etson nouveau spectacle Peut-être,p e u t - ê t re pas. D’où la une duSésame, bien sûr, mais vous l’aurezcompris.

Que vous dire d’autre ?Michèle Nguyen est une jeunefemme toute mince et ténue,apparemment fragile. Ne vous yfiez pas, c’est tout le contraire.Habitée par une grande forceintérieure, elle met dans ses his-toires une énergie qui revitalise, unsouffle qui transporte. On la quittetoujours à regret.

Sam Cannarozzi, c’est autrechose. Il a de la bouteille et pas malde ficelles à son arc. Ce soir, Samnous promène aux quatre coins descontes du monde au son d’une per-cussion ourdou. Le Conte a ceci debien qu’il fait une place à chacun etchacun peut y trouver sa place pourautant que sa parole soit sincère,authentique et belle.

Franck Berthoux

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- Parlez-nous de votre répertoire.

Sam Cannarozzi : J'essaye de meconstituer un répertoire le plus variépossible, essentiellement à partir decontes traditionnels, soit entendusdirectement soit lus ; mais il faut quele conte me prenne, m'attire, parexemple j'en ai très peu sur la mer, cen'est pas un sujet qui me motive. Jefais en sorte aussi qu'ils correspondentà un grand éventail de publics, qu'ilssoient variés en thème, en longueur,en supports utilisés.

- Pourquoi utilisez-vous des objets ?

S.C. : Selon leur culture, les peu-ples transmettent leurs contes defaçons diverses : intervention de plusou moins de gestuelle par exemple, demusique, d'objetsº

Les Français ont l'obsession del'oralité pure alors qu'en Australie, parexemple, on trace des signes dans lesable tout en racontant. En Polynésie,ce sont les ficelles qui accompagnent leconte. Au Rajastan, on commente àpartir d'une tapisserie. En Afrique leconte s'accompagne toujours de musi-queº

Il ne s'agit pas d'accessoires ausens théâtral mais d'objets quis'inscrivent dans une histoire etprennent une fonction symboli-que ; ces objets permettent derenforcer l'écoute du public enstimulant d'autres canaux senso-riels.

Personnellement j'utilise les

origami, les ficelles, les couleursmême, en tant que langage propre. Lespectacle ∫ Peut-être peut-être pas ª queje vais donner ce soir est en cours decréation : il s'agit de contes imbriquésles uns dans les autres pour lesquels ilm'arrive d'utiliser des boîtes qui, s'im-briquant, vont refléter visuellement ceque je dis oralement.

- Quels sont vos secrets de fabrication ?

S.C. : En même temps que j'ac-quière un répertoire, je travaille sur lafaçon dont je vais le retransmettre,quels objets je vais y adjoindre. Jechoisis quels objets ou quelles techni-ques vont être les plus appropriées à ce

conte de façon à renforcer visuelle-ment les points-clés de l'histoire.

J'adore apprendre mes histoires àhaute voix en me promenant ! Ducoup les arbres autour de chez moi ontécouté beaucoup d'histoires ! Pu i squand ça commence à prendre formeje le propose à un public restreint, àdes amis, pour le tester.

- Avez-vous d»autres activités ?

S.C. : J'interviens en tant que for-mateur dans une école de théâtre deLyon, avec des éducateurs spécialisés,ainsi que dans une école d'architec-ture. Bien sûr je participe également àdes formations de conteurs, notam-ment à Limoges.

Pouvez-vous nous parler de vos perspecti-ves et de vos projets ?

S.C. : En 2010 je vais participer àun festival à La Réunion, j'irai peut-être aussi au Maroc et en Guyane fran-

çaise.Je ne vais pas pouvoir aller

comme prévu à Singapour à la foireinternationale britannique du livre

qui est annulée pour cause de crisemais j'espère quand même pouvoirfaire pas mal de voyages !

J'essaye de faire un nouveau pro-gramme tous les deux ans.

J'ai en préparation un livre enanglais sur les entrées et sorties decontes.

Interview Anne De Belleval

Ce soir, à St-C é z a i r e-s u r -Siagne - 22 heures 30 : Sam CANNAROZZI

Sésame a rencontré Sam Cannarozzi pour lui poser quelques questions sur son travail de conteur.

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A l'origine, Michèle Nguyen est comé-dienne. Il y a douze ans (déjà !), son direc-teur de théâtre lui dit : ∫ Toi, tu es uneconteuse. ª

Cette vérité pére m p t o i re assénéecomme une prophétie et, surtout, la mortrécente, brutale et douloureuse de sa mèrefont que la jeune femme prend son télé-phone appelle un responsable du festivaldu Conte de Chiny pour lui dire : ∫ Je suisconteuse ª.

Et la voilà qui se retrouve, assise surune chaise, devant un public nombreux,divers et varié. ∫ Je n'avais jamais conté dema vie. J'avais peur, j'avais une appréhen-sion. Je me disais qu'ils allaient rapidementse rendre compte que je ne suis pas conteuse.Ils allaient me lancer des tomates. ª

Et puis, miracle des contes, il y aeu le silence et l'écoute. Les gens, lebuste en avant, ne perdaient pasune miette de parole. Un senti-ment de responsabilité enva-hit la conteuse.∫ Qu'est-ce que je

vais dire ? Po u rquoi jesuis là ? Po u rquoi lespersonnes âgéesviennent m'écou-ter ?

Qu'est-ce que je peux bien leur appre n d re ?J ' a vais l'impression de ne rien connaître dela vie. Après je me suis dit : ce n'est pasmoi, c'est l'histoire qui est passée par moi,l ' h i s t o i re que je dois re t ra n s m e t t re. Et jedonne tout ce que j'ai. ª

Et quel que soit le spectacle qu'elleoffre au public, il est vrai que la conteusedonne tout ce qu'elle a. Elle arrive tou-jours à lui transmettre son énergie, sonsouffle. On se demande comment unetelle frêle et délicate jeune femme, plutôttimide, à la voix pas très forte, peut déga-ger autant de force et de chaleur. Sans

doute parc eq u ' e l l e

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À S t-C é z a i r e-s u r -Siagne : Mighelina NGUYEN sait, profondément, véritablement, pour-quoi elle raconte.

Donc, cela fait 12 ans qu'elle raconte,mais jamais encore pour les enfants. Sondernier spectacle dans lequel elle met enscène une juge pour enfants lui a fait pren-dre conscience qu'elle devait s'adresser auxenfants. C'est pourquoi elle a commencé àécrire un spectacle pour un jeune public.Et sa fille est sa première critique : ∫ Ma i smaman, tu te trompes, c'est encore pouradultes. Les enfants ne vont pas compre n-d re . ª Ce qui fait dire à la maman que lesenfants de conteurs ont un nive a ud'écoute qui n'est pas dans la moyenne.

Est-ce que sa fille est pour quelquechose dans le fait d'écrire pour les enfants ?Oui et non. ∫ J'ai vraiment envie d'aller àla rencontre des enfants que je ne connaispas. J'en ai peur. Heureusement que ma filleest venue dans ma vie pour me faire décou-vrir l'enfance. Un être qui te dit : tu es mamère, je me confie à toi, c'est le plus grandcadeau qu'un être puisse faire à un autre. ª

Ce soir, Michèle Nguyen nous proposeMighelina, un ensemble d'histoires puiséesdans le répertoire traditionnel mondial,d'autres écrites par la conteuse à partir deson vécu ou bien totalement extraites deson imaginaire.∫ Mighelina c'est surtout l'envie de re-

raconter des histoires proches du public. Jerassemble des histoires que j'aime. Pa rcontre, le spectacle change. Ce que je vaisjouer ce soir, ce n'est pas ce que j'ai joué il ya deux mois. Si je faisais le Mighelina dontj'ai envie, cela durerait plus de trois heures. ª

Son écriture, ses derniers spectaclesl'amènent à jouer sur des scènes de plusen plus grandes où le public est de plus en

plus loin. Pour les jouer, il faut une techni-que importante : les lumières, le son, l'es-paceº Il y a des histoires qu'elle neraconte plus, des histoires de ses débuts. LeFestival du Conte des Alpes-Maritimes,qui voyage de village en village, lui donnel'occasion de renouer avec ces histoires etun public plus imminent, plus proche,plus palpable. Nous aurons la chance dec ô t oyer de près contes et conteuse.Gageons que le courant qui va passer entreles protagonistes de cette belle soirée serad'une forte intensité et les picotements quien résulteront se feront toujours sentirbien après la fin de la veillée.

Franck Berthoux

S é s a m eLa Gazette du Fe s t iva l

D i recteur de la Publ i c at i o nJean Buat h i e r

Rédacteur en ch e fFra n ck Bert h o u x

R é d a c t r i c e sAnne de Belleval - V é ronique Sere rAu d rey Derrien - V é ronique Letitre

D e s s i n sCécile Berthoux & JA LMaquette et réalisat i o n

A s s o c i ation LACL ogo

A n t a s uImprimé par

Section Rep rographie du CG06

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H i e r s o i r, a u B a r - s u r - L o u p : D a n i e l L’ H O M O N D

A déguster sans modération

Au Bar-sur-Loup, hier soir, au lieu ditLa Papeterie, une clairière bordée de chê-nes et de la rivière en contrebas, la jeuneéquipe municipale se félicitait de recevoirla 5ème soirée du Festival. Trois cents per-sonnes rassemblées sont tout ouïes pouraccueillir et déguster, comme nous y inviteJihad Darwiche, le délicieux accent deDaniel L'Homond.

Aussitôt qu'il est installé sur sa chaisehaute une grande ombre portée se dessinesur le rideau noir derrière lui et Danielnous embarque chez des amis qui luiréclament une histoire. Une façon de nousfaire ses intimes nous aussi, puisqu'il va

nous la transmettre à notre tour, l'histoirede la Renarde.

L'univers est celui d'un internat degarçons, des lycéens en pleine décou-verte des filles ; pour régenter ce petitmonde, un pion à peine plus âgéqu'eux : Daniel à 20 ans. Le dortoir,l a b o ra t o i re à fantasmes p a rfumé ausent-bon ou l'after-shave, selon lesgénérations, le lundi soir, est le théâtrede beaucoup de frustrations, notam-

ment celle du narrateur, qui étudiesans conviction la thermodyna-

mique des fluides. Le récit est

é m a i l l éd'images etd ' e x p re s s i o n ss a vo u re u s e squi nous res-tent en mémoireet nous charmenttelle ∫ les sommiersdes dortoirs sontdes xylophonesqui n'ont pasréussi ª. La galeriede portraits est saisissante, du surveil-lant général aux élèves, au veilleur de nuit,

à cette mystérieuse Renarde à la rousse cri-nière qui se fait tant désirerºOn la VOITlittéralement s'introduire subrepticementdans le noirº

Le récit est plein de tendresse pour sesprotagonistes et empreint de vérité, onpense à Maupassant, au ≈Cr i p u re∆ deGuilloux.. L'Homond est un amoureux dela langue, il a un plaisir manifeste à ladéguster, à faire rouler les R, vibrer lesvoyelles, à en faire une vraie musique et ànous faire partager cet amour. Il s'autoriseaussi à pousser la chansonnette et on n'apas de mal à reconnaître les références del'époque : Brassens, Brel, Nougaro, et LeForestier. Le public est aux anges !

Suivent deux autres contes qui ravis-sent également nos oreilles. Il y est davan-tage question de gas-t ronomie, de

foies grasde canard

plutôt qued'oie etc. Ilnous tient en

haleine avec unerecette de cui-sine (d'une sigrande finesseque de l'ail dans

les haricots vertsqui l'accompa-gnent gâcherait

tout). Au passage, le conteur nous livremême, entre les lignes, un discours plutôtféministe où les hommes ne peuvent passe lever de table et aider à débarrasser, sousprétexte d'une conversation de la plushaute importance sur l'origine des motsen botanique. Avec Daniel L'Homond,tout passe par la langue et le gosier avec unvrai plaisir sensuel à faire sortir des motsde sa bouche pour nous chatouiller lesoreilles.

Et le bonhomme nous abandonne enlevant son verre au ciel craché d'étoiles !Mais nous savons où le retrouver !! (cfSésame n°5)

Anne De Belleval

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H i e r s o i r, a u B a r - s u r - L o u p : A ï n i I F T E N

Le feu était en elle...

Hemmer au Bar-sur-LoupHistoires de loups

Dix-sept heures, le Bar-sur-loup, àl’ombre, une centaine, voire plus, depersonnes attendent le conteur, Yv a nHemmer.

Sous le beau poirier de la place duValla, le conteur offre aux petits etgrands ses histoires de loups, decochons, de sorcières, d’ogre et de PetitChaperon Violet.

Pendant qu’il s’adresse aux enfants,il ponctue ses contes de jeux de mots endirection des adultes comme des clinsd’œil à notre enfance ainsi qu’à notrequotidien.

Tout le monde est captivé par les his-toires racontées d’une voix grave,intense et suave. Yvan invite les présentsà participer au dernier conte en jouant lerôle de l’écho, et pour finir, à choisirparmi les cinq histoires (non les 7 car ilen a rajouté 2 car le public en a rede-mandé) celle qu’ils ont préférée.

Merci Yvan ! Merci aussi de fairepartie de la mémoire du Festival. Tout lemonde, de 7 mois à 77 ans, est resté sus-pendu à tes lèvres, répondant à tes devi-nettes et poursuivant tes histoires...Après ton dernier conte randonnée, on aeu du mal à te quitter tant on était bienavec toi.

Et les enfants ont réclamé haut et fortune dernière histoire pour la route quinous a perché haut dans les nuages entrele soleil et la lune.

Audrey Derrien & Véronique Le t i t r e

Dans l'humidité tombante du parc,hier soir, au Bar-sur-Loup, une femmes'approche et monte sur scène. Elle porteune petite robe noire, et un boléro vert quidoit à peine lui réchauffer les épaules. Sachevelure rousse est retenue par un turban

rouge. Elle porte des sandales à hauttalons. On a froid pour elle.

Nous avons tort. Sa chaleur est à l'in-térieur et vient de ses origines. Il s'entenddans son accent kabyle, sitôt qu'elle évo-que l'histoire de son père, l'exilé, qui lui-même lui racontait des histoire s .Douloureuse mise en abyme.

Pour conjurer cette tristesse, Aini Iftenchante. Là encore sa voix chaude et puis-sante réchauffe l'atmosphère. C'est l'his-toire du prince Ali. Il faut la voir mimer labeauté de ce prince, c'est très drôle. Ellemêle savamment sa gestuelle à des nota-tions contemporainesº ∫ Il était beau !Costume cravate ª. Elle mime encoresavamment le vieux roi, joue avec les silen-ces, avec le chant toujours, se frappe lapoitrine en rythme pour évoquer le galopdu chevalº Et pour jouer la sorcière, elledéfait son turban et laisse apparaître unetignasse phénoménale. Cette sorcière-làest si effrayante que lorsqu'elle annoncequ'elle est ∫ d'humeur plutôt joye u s e

aujourd'hui ª, c'est encore plus terrifiant.Pourtant, les spectateurs du premier rangne se sauvent pas, happés par cette pré-sence. Le conte se termine sur cette jolieparole, qui conclut et l'histoire de la fian-cée du prince Ali et celle du père d'Aïni∫ Dieu fasse que votre soleil transperce lesnuagesº ª.

La seconde partie du spectacle d'Ainiest plus exigeante. La conteuse s'est miseau défi de raconter la naissance de l'art etdu langage au temps des australopithè-ques, à travers la confrontation des∫ Hommes Debout ª et des ∫ Grands hom-mes ª. Ainsi, nous apprenons que c'estdans la grotte de Lalla, la magicienne quia les mains bleues ∫ à force de triturer lemonde ª et trois esprits dans ses cheveux,que tout est né.

Faute de temps, Aïni s'est arrêté à ladécouverte du Feu. Mais aurait eu sansdoute beaucoup à dire sur la suite de l'his-toire !...

Véronique Serer

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Demain à Guillaumes, square du souvenir français, à 17h : Catherine MIRON

Je suis une conteuse récenteCes quinze dernières années,

Catherine Miron a fait du théâtreamateur. Avec des collègues detravail, elle a monté une troupequi s'est produite dans de nom-breux festivals de théâtre ama-teur.

Aujourd'hui, changement devie. æ Saint-Martin-Vésubie, oùelle habite maintenant, elle ren-contre Alain Grinda qui chercheà monter une de ses histoires :Lou pitchoun de la Gordolasque.Dans la vallée, tout le monde estbienvenu, ∫ qui pour jouer, qui pourchanter, qui pour danserº ª

Elle participe avec plaisir à cebeau projet. ∫ J'ai joué la ratapi-gnata (chauve-souris en nissar) etj'étais la seule adulte à avoir fait duthéâtre. Ce qui était sympathique,c'est que tous les enfants des écoles ontparticipé. On a tourné dans la vallée.Ça a été une belle expérience et l'oc-casion de faire beaucoup de rencon-tre. ª

Suite à cela, elle participe à unep re m i è re formation à l'art deconter. Après le stage, un noyau de6 participants ont formé un groupequi s'appelle Les Contheure u s e s.∫ On se voit tous les mois. On se

retrouve chez les unes chez les autres.Il y a de l'émulation. Cela nous per-

met de continuer. ªElle rencontre Simone Guérard

qui raconte dans les maisons deretraite du Haut Pays et qui luipropose de venir conter avec elle.∫ Au début, ça a été très dur mais

très formateur. Puis je me suis priseau jeu et je me suis régaléeº de fairedu bien. Je me suis rendu compte àquel point ce que nous faisions pou-vait aider, surtout des personnes end é t resse. Nous avons conté àRoquebillière, à Saint-Martinº ª

On la demande aussi dans lesécoles. Elle conte à Saint-Jean-la-Rivière pour des enfants de 3 à 6ans. ∫ Je suis venu conter une fois parquinzaine, du coup, mon répertoires'est agrandi, agrandi, agrandiº Cen'est pas parce qu'ils sont petits qu'ondoit leur raconter toujours la même

histoire. ªSur ces entrefaites, ave c

Georges Roux, un ami guitaristechanteur, elle a l'opportunité demonter les Contes pour enfantspas sages de Prévert. Un spectacleacheté par l'Institut français etjoué quatre fois à Saragosse, enEspagne ! ∫ Ce spectacle est un mélange

de contes, de chansons, de poè-mes. On a fait quelque chose dep a rticulier qui garde bien l'espritde Pr é ve rt, mais qui en sort

quand même un petit peu. ªElle a aussi présenté un specta-

cle à la maison de retraite de La-Tour-sur-Tinée : ∫ Il s'agit de contesqui parlent des défauts et des qualitésdu genre humain. ª

Je suis une conteuse récente, nousdit-elle, mais on ne le dirait pas àvoir tous les projets dans lesquelselle se lance avec bonheur et aviditéqui, peu à peu, débordent de laVallée de la Vésubie.

Demain, à Guillaumes, accom-pagnée par un harmoniciste, il estsûr qu'elle va enchanter sonpublic ! Catherine Miron, retenezbien son nom, sa route ne fait quec o m m e n c e r. Nous la re ve r ro n ssûrement très bientôt.

Franck Berthoux

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L e s d e s s i n s a u x q u e l s v o u s a v e z é c h a p p é . . .

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