micro finance côté face

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Koudougou Marcelline Ouagadougou Laure Saaba Halamata Bobo-Dioulasso Ablassé Kaniko Odjouma Bamako Maïmouna Koutiala Diakité Fana Abdoulaye Sikasso Adama micro finance côté face mali burkina faso

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Koudougou Marcelline Ouagadougou

Laure Saaba Halamata Bobo-Dioulasso Ablassé

K

aniko Odjouma B

amako Maïmouna

K

outiala Diakité Fana A

bdoulaye Sikasso Adama

microfinance côté face

mali burkina faso

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Page 3: micro finance côté face

microfinance côté face

Page 4: micro finance côté face

éditeurada

PhotographeGuy Wolff

TextesMarion Bur

Conception et réalisationBizart

ImpressionPrint Solutions

dépôt LégalSeptembre 2008

Nous tenons à remercier les partenaires d’ada au Burkina

Faso et au Mali sans qui le projet « Microfinance côté face »

n’aurait pu voir le jour : la Confédération des institutions

financières (CIF) , le Centre financier aux entrepreneurs (CFE),

la Fédération des Caisses populaires du Burkina Faso (FCPB),

ainsi que les réseaux d’institutions de microfinance Kafo

Jiginew, Nyèsigiso et Soro Yiriwaso. Merci également à alpha

Ouedraogo et Luc Vandeweerd pour avoir partagé leur

savoir et leur expérience en microfinance.

Page 5: micro finance côté face

La microfinance comme vous ne l’avez jamais vue...

Ce livre a été édité dans le cadre de l’exposition « Micro-

finance côté face », réalisée par Guy Wolff, photojournaliste

luxembourgeois et l’association ada (appui au développe-

ment autonome). Les 50 photographies de l’exposition ont

été présentées pour la première fois du 12 septembre au 22

octobre 2008 au Centre culturel de Rencontre abbaye de

Neumünster, à Luxembourg , avec le partenariat de l’associa-

tion des Banques et Banquiers Luxembourg (aBBL) et avec le

soutien de la Coopération luxembourgeoise.

Page 6: micro finance côté face

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Page 7: micro finance côté face

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La face d’une autre afrique, celle qui entreprend, celle qui

réussit, celle qui avance, nous est montrée par ce catalogue et

je remercie ada d’avoir pris cette initiative.

des facettes multiples de vie, des hommes et des femmes

ont pu enfin réaliser leur rêve grâce à ce formidable élan don-

né par le développement de la microfinance il y a une trentaine

d’années.

Ces images de la vie qui renaît, de la dignité retrouvée réa-

niment la promesse d’un monde meilleur. a travers ces pages,

la microfinance n’est plus seulement un alignement de chif-

fres et de pourcentages mais des visages que l’on découvre,

d’hommes et de femmes debout, fiers de créer, d’exister et de

partager.

« Microfinance côté face » illustre un monde où la lutte

contre la pauvreté n’est pas un vain mot mais s’inscrit durable-

ment dans les faits. Que ces visages porteurs de réussite puis-

sent se multiplier et peupler nos rêves d’avenir.

Maria Teresa de Luxembourg

mot de S.a .R. la Grande-duchesse

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L’exposition « Microfinance côté face » initiée par ada illustre

à quel point la microfinance peut transformer l’existence de

ceux et celles qui bénéficient de petits prêts. Elle montre que

Maïmouna, Yacouba et Marcelline ont réussi à s’en sortir. Leurs

histoires sont source d’inspiration et peuvent servir d’exemple.

avec l’association ada, la Coopération luxembourgeoise

continuera à s’investir dans le secteur de la microfinance.

Elle va œuvrer en particulier en faveur du dévelop-

pement de secteurs financiers inclusifs.

Pour que d’autres Maïmouna, Odjouma et Marcelline

puissent eux aussi voir l’avenir du côté face.

Jean-Louis Schiltz

mot du ministre de la Coopération et de l’action humanitaire

Page 9: micro finance côté face

Le présent ouvrage illustre l’existence d’une très grande

richesse sous-estimée de l’afrique : sa population. Même dans

les couches les plus modestes, le sens de l’initiative et l’esprit

d’entreprise constituent des facteurs conséquents de dévelop-

pement économique et social.

La microfinance n’est que l’un des rouages permettant de

valoriser ces atouts. En créant de la richesse, cet instrument de

lutte contre la pauvreté offre à des millions de gens la possibi-

lité d’améliorer leurs conditions de vie. La microfinance favorise

des activités destinées à une population locale : elle résulte

d’ailleurs souvent de la volonté d’associations de producteurs,

et les femmes ne sont pas les dernières à souscrire des em-

prunts ou gérer les finances de la famille, bien au contraire.

Les récits et illustrations contenus dans cet ouvrage

permettent aussi de recentrer l’objet de la microfinance.

On aurait tort de croire que cette dernière ne constitue qu’un

effet de mode dans le monde de la finance des pays occiden-

taux ; il s’agit d’un outil primordial, ayant pour vocation essen-

tielle de permettre à des micro-entrepreneurs de croire en

l’avenir. Oublier ce principe fondamental ne pourrait, à terme,

que nuire à l’ensemble de tous les acteurs de la chaîne de la

microfinance, qu’ils soient situés en Europe ou en afrique.

Je vous laisse savourer la beauté des images et partager

l’enthousiasme des héros de ce livre qui nous font l’honneur

de partager leur quotidien à l’occasion de ces quelques pages.…

Philippe Fitzpatrick-Onimus

avant-propos du président d’ada

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Page 10: micro finance côté face

Burkina Faso

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Page 11: micro finance côté face

Saaba

Bobo-DioulassoKoudougou

Ouagadougou

La bière de Marcelline Bougma

Halamata, une femme sur qui compter

Les caisses d’épargne et de crédit

La micro-assurance, un précieux bouclier

Laure Ouédraogo: le patron est une femme

ablassé Kabré, un marchand de glace devenu homme d’affaires

Le tremplin des success stories

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Page 12: micro finance côté face

Burkina Faso

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Page 13: micro finance côté face

Population en 200713,9 millions d’habitantsSuperficie274 200 km2

densité48 hab./km2

Forme de l’étatRépubliqueCapitaleOuagadougou 980 000 habitantsLangue officelleFrançaisMonnaieFranc CFaPIB par habitant en 2005 428 dollars USEspérance de vie47,5 ans

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Page 14: micro finance côté face

Introduction Burkina Faso

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Page 15: micro finance côté face

Burkina Faso

Classé 176ème pays le plus pauvre du monde sur les 177 figu-

rant sur la liste du Programme des Nations Unies pour le

développement (PNUd), le Burkina Faso compte 13,9 mil-

lions d’habitants, dont près de la moitié vivent sous le seuil de

pauvreté.

depuis plusieurs décennies, les Burkinabès ont adopté des

méthodes de survie basées sur la solidarité pour surmonter les

manques, les lacunes et les insuffisances : c’est le principe des

associations de développement, des groupements villageois,

masculins, féminins, de jeunes, de paysans, d’artisans, etc... Ce

principe de solidarité, pratiqué au sein des tontines est utilisé

pour le crédit. Un groupe contracte un crédit commun et

répartit l’argent selon les besoins de chaque membre. Si l’un

d’entre eux ne peut rembourser le prêt, c’est tout le groupe

qui rembourse pour lui. Ce système a pour effet de dévelop-

per la confiance en soi (oser emprunter) , mais également de

responsabiliser l’emprunteur par rapport aux autres membres

de la tontine.

L’apparition des coopératives d’épargne et de crédit dans

les années 1970 a structuré ces pratiques anciennes. Le con-

cept de microfinance, en tant qu’offre de services financiers

à des populations exclues du secteur bancaire classique, s’est

développé dans le sillage de ces coopératives.

Parmi elles, le Réseau des caisses populaires du Burkina

Faso (RCPB). Créé en 1972, le RCPB a connu une telle crois-

sance à la fin des années 1980, qu’il est devenu le leader na-

tional de la microfinance. Fort de 101 caisses et de 522.949

membres, le RCPB est présent dans 43 des 45 provinces que

compte le Burkina Faso.

L’objectif du réseau RCPB est de collecter de l’épargne

pour redistribuer les fonds sous forme de crédits octroyés

pour le financement des activités des membres, en vue du

développement individuel et collectif. Comme toute structure

mutualiste, les membres sont copropriétaires. Un mécanisme

qui a l’avantage de cultiver le réflexe du remboursement et

d’encourager la responsabilité collective et individuelle.

En 2007, le RCPB est devenu fédération. Son encours

d’épargne est de 41,5 milliards de francs CFa soit environ

63,2 millions d’euros pour un encours de crédit de 30 milliards

de francs CFa, environ 45,7 millions d’euros.

Le Burkina Faso est aussi le siège de la Confédération

des institutions financières (CIF) , une organisation faîtière re-

groupant six réseaux de Caisses d’épargne et de crédit implan-

tés au Burkina Faso, Bénin, Mali, Togo et Sénégal, et dont fait

partie le RCPB. En 2006, la confédération CIF comptait près de

deux millions de membres.

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Page 16: micro finance côté face

UN MICROCRédIT dE 30 EUROS a permis à Marcelline Bougma d’acquérir des jarres en inox pour la production de dolo, la bière locale artisanale. avant de pouvoir les acheter, la dolotière utilisait des récipients en argile qui se brisaient sous la chaleur du feu.

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Page 17: micro finance côté face

La bièrede MarcellineBougma

« Vous, avec vos usines vous pouvez produire beaucoup plus

et plus facilement que nous. » Vivant à l’écart de tout confort

moderne, sans eau courante ni électricité, Marcelline Bougma

est lucide : son quotidien dans un petit village du Burkina Faso,

n’a rien de commun avec celui des pays industrialisés. Chaque

jour, la jeune adolescente de 17 ans se consacre à la production

du dolo, la bière locale artisanale fabriquée à partir du mil, une

céréale très répandue au Burkina Faso. « On fait tout à la main »,

souligne-t-elle, comme pour signifier la pénibilité de la tâche

mais sans donner l’impression de se plaindre.

Marcelline vit dans la périphérie de la capitale Ouagadou-

gou. Elle est membre d’un groupement de femmes qui s’est

organisé pour obtenir des services d’épargne et de crédit auprès

d’une caisse villageoise. Marcelline a contracté un microcrédit

dans l’espoir d’améliorer ses conditions de travail et de dévelop-

per son activité de production.

20km de Ouagadougou

Saaba15

Page 18: micro finance côté face

LE SECRET dE FaBRICaTION dU dOLO se transmet de mère en fille. La production du « pain liquide », associé aux évènements sociaux tels que les mariages, baptêmes ou funérailles, procure de petits revenus à des milliers de femmes vivant en milieu rural.

« avant, on produisait notre bière dans des jarres en terre

cuite. Le dolo, avant fermentation, doit être bouilli durant

plusieurs jours. a cause de leur fragilité et de la chaleur des

flammes les jarres se brisaient et on perdait ainsi toute notre

production », explique-t-elle. Les morceaux de jarres brisées

entassés dans un coin témoignent des scènes répétées où

le dolo se répandait sur le sol sablonneux de la concession

familiale.

Un crédit de 30 euros a suffit pour acquérir des jarres

en inox, d’une solidité et d’une durée de vie incomparables

à celles des récipients en terre cuite. Finie l’angoisse de voir

le fruit de trois jours de labeur se perdre en une fraction de

seconde. « On produit de plus grandes quantités, du coup on

vend plus et on gagne plus d’argent », assure la jeune dolotière.

Une logique commerciale qui diffère finalement peu de celle

des producteurs industrialisés, dont les techniques de produc-

tion s’apparentent à celles qu’utilisent les dolotières africaines

depuis plusieurs générations.

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Page 19: micro finance côté face

Saaba

20km de Ouagadougou

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Page 20: micro finance côté face

HaLaMaTa OUédRaOGO SILLONNE LES PISTES SaBLONNEUSES à la rencontre des femmes vivant en zone rurale. Sa mission d’animatrice consiste à encadrer les bénéficiaires de microcrédits en les aidant, par exemple, à tenir un carnet de comptes.

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Page 21: micro finance côté face

L’animatrice Une femme sur qui compter

En cette chaude fin de matinée, Halamata Ouédraogo

s’apprête à chevaucher son engin motorisé. Sous un soleil de

plomb, elle part à l’assaut des pistes sablonneuses et creusées

d’ornières du village de Saaba. C’est ainsi, équipée de lunettes

de vue et d’une sacoche, qu’elle va une fois par mois à la ren-

contre des groupements de femmes des caisses villageoises

placées sous sa supervision. Objectif, éduquer les femmes et

les sensibiliser au crédit et à sa gestion, ou encore, les assister

lors des séances de remboursement du crédit .

« Le message est difficile à faire passer les premiers temps.

Elles ne savent pas comment s’y prendre. La plupart d’entre

elles n’ont jamais appris à lire, écrire ou calculer. Mais avec le

temps, elles comprennent les mécanismes et préparent bien

chaque séance de remboursement », explique Halamata.

arrivée sur les lieux, l ’animatrice est chaleureusement ac-

cueillie par les villageoises. Elle s’installe derrière une petite

table, y pose un cahier de compte, un stylo et une calculatrice

sortis de sa sacoche. La séance de remboursement peut com-

mencer.

Région d’Ouagadougou

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Page 22: micro finance côté face

L’aNIMaTRICE NOTE daNS UN CaRNET dE COMPTE les dépôts effectués par les femmes au cours de la séance de remboursement du crédit. Les 143 565 francs CFa (220 euros) recueillis seront ensuite déposés à la caisse du village par une femme désignée pour cette mission.

Installées sur un banc, les onze femmes du groupement sont

appelées chacune à leur tour et invitées à venir déposer

l’argent dû sur un pagne étalé à même le sol. accroupie près

du pagne, la trésorière élue par le groupe récolte et compte

la monnaie. L’animatrice inscrit au fur et à mesure les chiffres

correspondants aux sommes remboursées dans un cahier

de compte. Une fois l’argent des onze membres du groupe

remis, Halamata peut commencer le décompte. Pendant que

l’animatrice tape les montants sur sa calculatrice, un lourd

silence règne parmi les femmes.. .

« 143 565 francs CFa (220 euros) : le compte est bon ! »

Les femmes ne peuvent retenir leurs applaudissements. Elles

semblent fières d’avoir pu tenir leur engagement. « Si elles

réussissent bien, ça peut être un tremplin pour développer

des capacités et un jour, peut être négocier un crédit indivi-

duel », explique Halamata.

Si la présence de l’animatrice lors des séances de rem-

boursement est jugée précieuse, c’est aux femmes qu’il

revient de faire le déplacement pour apporter la somme

remboursée à la caisse populaire de Saaba.

< avec le temps,elles comprennent

les mécanismes et préparent bien chaque séance

de remboursement >

20

Page 23: micro finance côté face

E4V 0225

Région d’Ouagadougou

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Page 24: micro finance côté face

COMME daNS N’IMPORTE QUELLE BaNQUE, les clients des institutions de microfinance se rendent régulièrement auprès de leur caisse locale afin de retirer de l’argent, rembourser une échéance de crédit ou déposer de l’épargne.

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Page 25: micro finance côté face

Les caisses d’épargne et de crédit : le réseau RCPB

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Page 26: micro finance côté face

MêME daNS LES VILLaGES LES PLUS RECULéS, les caisses rurales du réseau RCPB bénéficient d’une haute protection. Et pour cause, derrière ces murs, repose l’épargne déposée par des centaines de clients.

Sécurité assuréeQue ce soit dans le plus petit village de la zone rurale ou au

cœur d’une capitale, la sécurité des caisses doit être assurée.

Les agents de sécurité, employés par une société de gardien-

nage, veillent devant l’entrée des bâtiments où vont et vien-

nent les clients. Un dispositif qui diminue fortement le risque

de vol ou de braquage et donne aux clients le sentiment que

leur épargne « dort » en toute sécurité.

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Page 27: micro finance côté face

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Page 28: micro finance côté face

a La SUITE dU déCèS dE SON PèRE, Soumaïla Sanfo est devenu le responsable d’une famille de onze enfants. La micro-assurance a couvert le solde du micro crédit de 1,5 million de francs CFa (2 300 euros) que le défunt patriarche avait contracté auprès d’une institution de microfinance.

La micro-assurance un précieux bouclier

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Page 29: micro finance côté face

a la suite du décès de son père, Soumaïla Sanfo est devenu le

responsable d’une famille de onze enfants. Le défunt venait

de contracter un prêt de 3 millions de francs CFa (4 600 eu-

ros) sur douze mois auprès de la caisse d’épargne et de crédit

de Cissin, appartenant à la Fédération des caisses populai-

res du Burkina Faso (FCPB). Le solde qui restait à payer était

de 1,5 million de francs CFa (2 300 euros). avec cet argent,

M. Lassané Sanfo comptait développer son activité d’élevage

et de vente de bétail. Mais le 12 juin 2007, un accident de la

route l’a emporté et laissé toute une famille en deuil avec une

dette à rembourser. Que faire ? Comment rembourser ?

« Nous n’avons finalement pas eu besoin de rembourser

la dette de mon père. La micro-assurance qu’il a contractée a

couvert tout le solde », explique Soumaïla. Monsieur Lassané

Sanfo avait en effet souscrit une micro-assurance obligatoire

auprès de la caisse de Cissin pour toute demande de prêt.

« Nous avons même reçu une aide de 100 000 francs CFa

(150 euros) pour financer les funérailles et acheter des biens de

première nécessité », ajoute Soumaïla.

agé d’une vingtaine d’années, sans emploi, l’aîné de la fa-

mille n’aurait jamais pu régler la note à l’institution de micro-

finance. « Cette aide nous fait du bien, nous nous sentons

soutenus, cela nous donne le courage d’aller de l’avant »,

assure-t-il.

C’est entre les mains du jeune homme que réside désor-

mais le sort de toute la famille. Ce dernier n’a pas encore dé-

cidé s’il prendrait la succession de son père. « Nous devons le

convaincre de poursuivre l’activité du défunt », affirme Zoré

Souleymane, manager en assurance au FCPB. « En afrique, il

n’y a pas de culture de l’assurance », ajoute-t-il, « notre travail

est de sensibiliser les populations pour éveiller les consciences

à l’importance de s’assurer ». Les explications de l’agent au-

ront finalement raison des hésitations du futur entrepreneur :

Soumaïla Sanfo ouvrira un compte à son nom à la caisse

de Cissin.

Périphérie d’Ouagadougou

Cissin

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Page 30: micro finance côté face

daNS SES dEUx BOUTIQUES dE VêTEMENTS à Ouagadougou, Laure Ouédraogo emploie six personnes. Grâce à un prêt de 3 millions de francs CFa (4 600 euros) accordé par le Centre financier aux entrepreneurs (CFE), elle a développé un commerce viable.

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Page 31: micro finance côté face

Laure Ouédraogole patron est une femme

Boubous et vêtements multicolores suspendus sur des portants,

bijoux artisanaux clinquants exposés dans une vitrine, produits

cosmétiques, parfums... la boutique Maty 2000 de Laure Oué-

draogo est une vraie caverne d’ali Baba de la femme burkinabè.

Cette commerçante de 46 ans s’est spécialisée dans la vente de

produits de luxe pour une clientèle-cible « plutôt aisée ». Il y a

une dizaine d’années pourtant, Mme Ouédraogo n’aurait pu

imaginer réussir à monter une affaire. Elle qui était hôtesse de

l’air, s’est retrouvée sans emploi lorsque la compagnie aérienne

qui l’employait fit faillite, dans un Burkina Faso gangréné par

le chômage.

Mme Ouédraogo a ouvert son premier magasin à Oua-

gadougou avec ses fonds propres, issus de l’argent épargné

Ouagadougou 29

Page 32: micro finance côté face

durant ses années d’activité professionnelle. « J’ai pu ouvrir une

boutique et obtenir un peu d’approvisionnement, mais cela ne

suffisait pas pour permettre de bien faire tourner le magasin »,

raconte-t-elle.

Il y a cinq ans, elle a frappé à la porte d’une institution de

microfinance dans l’espoir d’obtenir un prêt qui l’aiderait à aug-

menter sa capacité de stockage et d’approvisionnement. Le

montant du crédit à l’époque était de 3 millions de francs CFa,

soit environ 4 570 euros. La commerçante aurait pu s’adresser

à une banque, mais « les conditions de remboursement du prêt

de l’institution de microfinance étaient plus intéressantes et le

contact était plus humain », assure-t-elle, avant d’expliquer :

« Quand tu te lances dans un tel projet, tu joues ta vie, tu as

besoin d’avoir en face de toi quelqu’un qui t’écoute et qui traite

ton cas individuellement, pas comme un simple numéro de

dossier. »

Grâce à ce premier crédit, Mme Ouédraogo a pu consi-

dérablement développer son activité, jusqu’à pouvoir ouvrir

un deuxième magasin à Ouagadougou. En quelques années,

l’ancienne hôtesse de l’air est devenue une véritable femme

d’affaires. aujourd’hui, elle emploie six personnes et négocie

des importations de vêtements avec le Sénégal et l’asie. Son

projet pour l’avenir, élargir sa clientèle aux populations plus

modestes.

LaURE OUEdRaOGO éTaIT aU CHôMaGE lorsqu’elle a bénéficié du tremplin du RCPB pour développer son entreprise. a 46 ans, elle est devenue une femme d’affaires aguerrie, qui négocie avec l’asie l ’importation de stocks de marchandises.

< Je me sens privilégiée mais j’ai beaucoup travaillé >

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Page 33: micro finance côté face

Ouagadougou 31

Page 34: micro finance côté face

IL éTaIT MaRCHaNd dE GLaCE à L’âGE dE 17 aNS. C’est à force de travail et avec le coup de pouce d’une institution de micro-finance qui lui a prêté 1,5 million de francs CFa (2 300 euros), qu’ablassé Kabré a pu monter sa propre concession de motocycles.

Un marchand de glace devenu homme d’affairesablassé Kabré

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Page 35: micro finance côté face

Bien calé dans son fauteuil de patron, derrière un bureau en-

touré de motocyclettes, ablassé Kabré, 46 ans, joint fermement

ses grandes mains d’artisan comme s’il se préparait à une discus-

sion sérieuse : « J’ai commencé mon business à la fin des années

1970, en vendant des vélos... J’avais accolé un petit bureau à

part dans une concession de motocycles, ils avaient accepté

que je vende des vélos de mon côté, sans leur verser un cen-

time de commission. Je gagnais à peu près 3 000 francs CFa

(4,5 euros) par jour », se souvient-il.

a 17 ans, M. Kabré vendait des glaces dans les rues

d’Ouagadougou. C’est en recherchant un marché plus juteux,

qu’il eut l’idée de vendre des vélos. Son petit commerce

allait rapidement se développer. « Il fallait que je trouve un

moyen de sécuriser l’argent que je gagnais. alors, j’ai ouvert

un compte auprès d’une caisse populaire pour épargner. Plus

tard, grâce à cette épargne, j’ai pu ouvrir ma propre affaire. »

Le jeune entrepreneur contracta auprès de l’institution de

microfinance, un premier crédit d’un montant d’1,5 million de

francs CFa (2 290 euros). au fur et à mesure que l’entreprise

prospérait, il put rembourser l’emprunt et contracta plusieurs

Ouagadougou

33

Page 36: micro finance côté face

MOYEN dE TRaNSPORT TRèS POPULaIRE aU BURKINa FaSO, le deux-roues constitue un marché important , dont certains clients de la microfinance ont su profiter.

autres prêts pour faire encore grandir sa société. aujourd’hui,

M. Kabré emploie 16 personnes dans deux magasins. Il ne

dépend plus d’un concessionnaire, mais gère lui-même ses

stocks de motocycles qu’il importe du Japon et de Chine.

Le patron observe autour de lui les quelque cinquante

mobylettes et scooters symboles de sa réussite, tandis que

le souffle d’air du ventilateur brasse des odeurs de pneu

neuf dans l’atelier. « J’ai fait mon nid petit à petit ! », déclare-

t-il finalement, avant de conclure : « a Ouagadougou, tout le

monde roule à moto ou à vélo, c’était la meilleure opportunité

d’affaire ! »

Un moteur d’emploiEn soutenant des entreprises créatrices d’emploi, la micro-

finance peut répondre au besoin d’insertion sur le marché

du travail des jeunes. dans sa concession, ablassé Kabré offre

du travail à une dizaine d’employés.

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Page 37: micro finance côté face

Ouagadougou

35

Page 38: micro finance côté face

a TRaVERS dES ENTRETIENS RéGULIERS, l’agent de crédit du Centre financier aux entrepreneurs (CFE) s’assure que son client gère bien son entreprise et ne tombe pas dans le cercle vicieux de l’endettement.

Les projets de Laure Ouédraogo et d’ablassé Kabré ont pris

leur essor grâce au tremplin offert par le Réseau des caisses

populaires du Burkina Faso (RCPB), le plus important réseau

d’institutions de microfinance du pays des Hommes intègres.

Le réseau RCPB transmet au Centre financier aux entrepre-

neurs (CFE) tous les dossiers de prêts allant de 3 à 30 millions

de francs CFa (de 4 500 à 45 000 euros). L’objectif est de

répondre aux besoins spécialisés des petites et moyennes en-

treprises présentant un chiffre d’affaires d’au moins 10 millions

de francs CFa (plus de 15.000 euros). En effet, les besoins de

cette clientèle ne peuvent pas être couverts par le crédit ordi-

naire des caisses populaires.

Sur les 454 550 clients que comptent les 103 caisses

d’épargne et de crédit du réseau RCPB, 400 dossiers

d’emprunteurs sont traités au CFE *. « Parmi ces dossiers, 20

à 25 % sont déposés par des femmes. La durée moyenne du

crédit est d’un an, le taux d’intérêt est de 9 à 12% par an, et le

prêt moyen de 15 millions de FCFa, soit environ 23 000 euros »,

selon son directeur, Romain Tougma. « Notre objectif est de

promouvoir les petites et moyennes entreprises au sein du

RCPB pour les rendre performantes, compétitives, et pour

leur permettre de participer à l’essor du pays », explique le

directeur du Centre financier aux entrepreneurs .

* au 30 septembre 2007

Le tremplin des success stories

36

Page 39: micro finance côté face

Le tremplin des success stories

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Page 40: micro finance côté face

Mali

Page 41: micro finance côté face

Kaniko

FanaBamako

Sikasso

Koutiala

Odjouma Traoré sème l’épis d’or

Maïmouna Sanogo et le savon de Kaniko

diakité, une directrice au four et au moulin

Les femmes sur le devant de la scène

Un village célèbre son précieux grenier

Page 42: micro finance côté face

Mali

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Page 43: micro finance côté face

41

Population en 200712,3 millions d’habitantsSuperficie1 241 238 km2

densité9,2 hab./km2

Forme de l’étatRépubliqueCapitaleBamako 1,6 million d’habitantsLangue officelleFrançaisMonnaieFranc CFaPIB par habitant en 2005 498 dollars USEspérance de vie48 ans

Page 44: micro finance côté face

Introduction Mali

42

Page 45: micro finance côté face

Mali

43

Les portraits rapportés dans ce livre ne reflètent guère, il est

vrai, l’état de privation et de souffrance qu’on peut imaginer

en évoquant les populations les plus pauvres de la planète.

Labeur, courage, esprit d’initiative: tels sont les maîtres-mots

découlant des rencontres avec ces micro-entrepreneurs,

dont la motivation semble détenir le pouvoir de gommer le

cliché du « pauvre » tel qu’on se le représente parfois dans

les pays économiquement développés. Néanmoins, il ne

faut pas oublier la réalité qui se cache derrière ces visages.

Selon les facteurs de développement établis en 2006

par le Programme de développement des Nations Unies

(PNUd), la moitié de la population du Mali est consi-

dérée comme extrêmement pauvre. dans cet Etat, le plus

vaste de toute l’afrique de l’Ouest, plus de la moitié des

13,5 millions d’habitants vit avec moins de 156 000 francs

CFa, soit 240 euros, par an. En termes de développement

économique et humain, le Mali est classé 174ème sur la

liste du PNUd des 177 pays les plus pauvres de la planète.

C’est au cœur des populations les plus défavorisées

qu’il faut aller chercher la genèse de la microfinance au Mali.

Kafo Jiginew, le « grenier précieux », en langue bambara, en

est la pionnière. Né en 1987, ce réseau de caisses mutu-

alistes est le fruit d’une initiative locale qui s’était donné pour

but d’offrir un accès aux services financiers de base à des pay-

sans. depuis vingt ans, Kafo Jiginew demeure fidèle à cette

philosophie. Eu égard aux difficultés apparaissant avec la crise

du coton, qui amenuise encore les revenus des travailleurs

du secteur agricole, Kafo Jiginew avec plus de 235 000 socié-

taires, joue plus que jamais un rôle primordial dans la vie de

ses membres.

dans le sillage de Kafo Jiginew, Nyèsigiso (135 000 socié-

taires) a elle aussi un rôle important à jouer dans l’expansion

des services financiers aux populations les plus pauvres du

Mali. Ces deux institutions de microfinance dominent le

secteur : elles représentent la moitié du total des encours

de crédit sur une quarantaine d’institutions de microfi-

nance reconnues au Mali. Tout comme la jeune institu-

tion de microfinance Soro Yiriwaso (50 000 clients) , elles

ont été conçues pour apporter le souffle dont un micro-

entrepreneur a besoin pour prendre son envol. Elles

visent le même but : offrir un levier économique et social à

des individus motivés par un projet de groupe ou personnel.

Page 46: micro finance côté face

La CUEILLETTE dU COTON se fait à la main sous un soleil de plomb et durant dix heures par jour. adama abdoulaye et N’To Coulibaly perçoivent chacun 1 000 francs CaF de salaire (1,5 euro) par jour de récolte.

44

Page 47: micro finance côté face

Odjouma Traoré sème l’épis d’or

depuis huit heures du matin, Odjouma Traoré et ses hommes

travaillent d’arrache-pied dans les champs de coton de dafara,

petit village situé dans la zone rurale d’Ouélessébougou, à 80

kilomètres de Bamako. Sous un soleil de plomb, ils cueillent à

la main « l’or blanc », qui leur assure les rentrées d’argent indis-

pensables pour nourrir, vêtir et loger leur famille.

Cotonculteur expérimenté, âgé de 53 ans et père de

9 enfants, M. Traoré est propriétaire d’un champ de 7 hec-

tares. Cette surface serait nettement suffisante si, d’année en

année, les récoltes de coton ne s’amenuisaient pas de façon

aussi inquiétante. Cette année, la Compagnie malienne pour

le développement du textile (CMdT) va payer à M. Traoré 160

francs CFa (0,25 euro) par kilogramme de coton. « avec mon

champ de 7 hectares, je vais engranger 160 000 francs CFa

(250 euros) sur une récolte, en déduisant l’ensemble des prêts,

surtout pour l’engrais», explique le cotonculteur. Ses collabo-

rateurs adama abdoulaye et N’To Coulibaly sont payés 1 000

Dafara

80 km de Bamako

45

Page 48: micro finance côté face

francs CFa par jour (1 ,5 euro). Cette dépense, le propriétaire

du champ doit également la déduire de ses recettes.

deuxième producteur africain de coton, le Mali fait face

depuis plusieurs années à une crise au niveau mondial qui

affaiblit les revenus de ses cotonculteurs. Ces derniers sont

contraints de se recycler dans d’autres types de cultures, plus

rentables, comme le maïs.

Pour se lancer dans cette nouvelle production, M. Traoré

a contracté un prêt de 150 000 francs CFa (230 euros) au-

près de l’institution de microfinance Soro Yiriwaso. «Je vais

commencer avec 1,5 hectare de maïs. d’après mes calculs, si

je déduis les salaires des employés et l’achat des engrais, je

peux tabler sur un bénéfice de 60 000 francs CFa (92 euros)

pour une récolte d’un hectare», espère-t-il . Soit une produc-

tion nettement plus juteuse que le coton.

Bien décidé à sortir de la crise, le cotonculteur va investir

davantage avec l’appui de Soro Yiriwaso. «Je vais contracter

un nouveau prêt de 700 000 francs CFa (1 068 euros) pour

transformer mon champ de coton en un champ de 7 hec-

tares de maïs », annonce-t-il . Odjouma Traoré espère retirer

4 tonnes de maïs par hectare, soit une production totale de

28 tonnes (280 sacs de 100 kilos). Il estime pouvoir vendre un

sac de 100 kilos au prix de 10 000 FCFa (16 euros). Il lui faudra

vendre au minimum 90 sacs de 100 kilos pour rembourser

l’intégralité du prêt, intérêts compris.

« après remboursement du prêt, j’espère atteindre

un revenu brut d’ 1,9 million de francs CFa (2 900 euros) »,

confie-t-il . Selon ses prévisions, il lui restera encore du maïs

en quantité suffisante pour non seulement payer la main

d’œuvre, mais aussi répondre à la consommation de toute

la famille.

aVEC L’aPPUI dE L’INSTITUTION dE MICROFINaNCE Soro Yiriwaso, Odjouma Traoré va investir davantage dans le maïs, devenu plus rentable que le coton.

46

Page 49: micro finance côté face

47

Dafara

80 km de Bamako

Page 50: micro finance côté face

MaïMOUNa SaNOGO fabrique artisanalement le « savon Kaniko » vendu au prix de 200 francs CFa les trois pièces, soit 0,30 centimes d’euro. Elle apprécie l’indépendance financière que lui a offerte la microfinance.

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Page 51: micro finance côté face

Mali du sud

Kaniko

Maïmouna Sanogo le savon

de Kaniko

Maïmouna Sanogo vit à Kaniko, à une dizaine de kilomètres de

Koutiala, dans la zone rurale du sud du Mali. Cette mère de neuf

enfants est à la tête d’un groupement de femmes fort de 36

communes, pour une population d’environ 200 000 habitants.

depuis plusieurs années, elle bénéficie des produits d’épargne

et de crédit de la caisse de Kaniko, appartenant au réseau Kafo

Jiginew. Grâce aux services financiers de la caisse, elle peut

acheter de l’huile de coton, des noix de karité, du miel et de la

potasse de soude, les matières premières nécessaires à la fabri-

cation de savon, qu’elle revend sur le marché de Koutiala.

« Je fais tout à la main, je n’ai qu’un couteau pour découper

les carrés de savon. Si j’avais davantage de matériel, je pourrais

produire des quantités plus importantes », explique-t-elle sous

les regards approbateurs d’autres femmes clientes comme elle

de la caisse rurale. Même si leurs conditions de travail demeurent

très austères, toutes ont bénéficié d’un appréciable coup de

pouce à l’arrivée au village de Kafo Jiginew, il y a vingt ans.

« Kafo Jiginew est le seul organisme à s’être préoccupé des

femmes du milieu rural », atteste Maïmouna, avant d’expliquer :

« durant des années, personne ne s’est soucié de notre sort.

49

Page 52: micro finance côté face

Pour nous qui ne savons ni lire, ni écrire, l’existence de ces ser-

vices est un grand pas en avant ».

Pour un paysan situé en zone rurale, joindre une institution

financière, généralement située en ville, nécessite de parcourir

plusieurs kilomètres à pied, à vélo ou à motocyclette sur des

pistes défoncées et sablonneuses. C’est d’ailleurs sur une de ces

pistes que Maïmouna a été victime d’un accident de motocy-

clette : le pansement sur sa joue gauche et son bras en écharpe,

témoignent encore de la violence du choc. La caisse de Kaniko

se situe à deux pas du lieu d’habitation de Maïmouna. La proxi-

mité avec la population rurale, voilà ce qui fait la force de Kafo

Jiginew depuis ses débuts.

au-delà de l’augmentation de ses rentrées d’argent,

Maïmouna semble aussi apprécier le fait d’avoir pu s’éman-

ciper financièrement par rapport à son mari. « Cela nous a ou-

vert les yeux et nous a donné confiance en nous », dit-elle avec

aplomb, avant d’expliquer : « avant, une femme devait payer

1 250 francs CFa (1 ,9 euro) auprès de son mari pour louer une

charrette et un âne pendant une journée afin de se rendre

aux champs ou transporter du bois. désormais, nous pouvons

gérer notre propre compte, posséder notre propre charrette

et inscrire nos enfants à l’école même si notre mari n’a pas les

moyens de le faire ».

Maïmouna et ses amies ont de l’ambition. Si aujourd’hui,

la fabrication du savon se fait dans des bassines en plastique

posées à même le sol, progressivement, grâce à l’épargne

constituée, le travail se fera à l’abri des vapeurs de soude, dan-

gereuses pour les yeux, dans un atelier en brique tout juste sorti

de terre. Il faudra encore du temps et beaucoup de travail avant

de pouvoir y poser un toit et le terminer. Mais Maïmouna, poin-

tant du doigt la direction de la bâtisse située à quelques pas

de la concession, comme si l’avenir se jouait là-bas, s’en fait le

serment : « Un jour, nous disposerons de notre propre atelier

pour fabriquer notre savon. »

aVEC L’aPPORT dE La MICROFINaNCE, les femmes gagnent en autonomie financière et osent s’imposer.

50

< Kafo Jiginewnous a donné confiance en nous >

Page 53: micro finance côté face

51

Mali du sud

Kaniko

Page 54: micro finance côté face

dIRECTRICE dE Sa PROPRE IMPRIMERIE et d’une entreprise de restauration, Mme diop est une femme d’affaires accomplie. Le matériel de l’imprimerie est financé par le biais d’un crédit octroyé par l’institution de microfinance Nyèsigiso.

52

Gérante d’une imprimerie et d’une petite entreprise de

restauration à Bamako, diakité Habibatou Koudedia diop

est à la fois au four et au moulin. Comme de nombreux

micro-entrepreneurs, elle a diversifié ses activités pour per-

mettre des rentrées d’argent plus importantes. L’institution

de microfinance Nyèsigiso l’aide à financer le matériel de

production, et s’assure régulièrement de la bonne santé

financière de l’entreprise.

deux activités en une

diakitéune directrice au four et au moulin

Page 55: micro finance côté face

Bamako 53

Page 56: micro finance côté face

LES REVENUS dE MILLIERS dE FEMMES aU MaLI proviennent de la production du beurre de karité. Certaines institutions de microfinance offrent des prodruits de microfinancement ciblés sur les activités féminines.

54

Page 57: micro finance côté face

Les femmessur le devant de la scène

55

Page 58: micro finance côté face

L’aNNéE INTERNaTIONaLE dU MICROCRédIT de 1997 a fait de la femme une clientèle «cible » de la microfinance.

56

Les études sur la pauvreté et le genre menées à travers le

monde convergent toutes vers une même observation : au

sein des populations les plus défavorisées, les femmes sont

généralement plus pauvres que les hommes. Cette observation

est particulièrement vraie pour le secteur de la microfinance :

dans les institutions de microfinance, plus de 80% des clients

les plus pauvres sont des femmes*.

autres chiffres éloquents, en asie, 80% de la clientèle de

la microfinance serait féminine, cette proportion passant de

60 % en amérique latine à 40 % en afrique.

Face à l’ampleur de la pauvreté féminine, les organismes

de développement ciblent de plus en plus leurs programmes

sur les femmes. Ces dernières sont considérées comme un

vecteur privilégié de lutte contre la pauvreté, sans lequel on

ne pourra atteindre les Objectifs du Millénaire pour le dévelop-

pement (OMd), qui consistent à éradiquer de moitié la pau-

vreté dans le monde d’ici 2015. ainsi, l’année internationale

du microcrédit de 1997, a-t-elle fait de la femme une clientèle

«cible » de la microfinance.

Les femmes sont d’autant plus mises sur le devant de la

scène, que les acteurs de la microfinance les considèrent com-

me motivées et talentueuses pour ce qui est de la gestion de

leur petite entreprise. de plus, il s’agit d’une clientèle fiable, qui

rembourse bien ses emprunts.

Reste que le montant moyen des prêts accordés aux

clientes est généralement moins élevé que celui des hommes.

En effet, les hommes étant souvent les seuls propriétaires des

biens du ménage, ces derniers ont la possibilité de présenter des

garanties afin d’obtenir un prêt. de surcroît, les types d’activités

généralement réservés aux femmes (production de karité, de

bière, couture, tissage, petits commerces divers) ne génèrent

que de petites rentrées d’argent, liées à de petits prêts, contrai-

rement aux hommes qui se tournent vers des entreprises de

plus grande envergure (mécanique, cordonnerie, etc.)

Il n’est d’ailleurs pas rare que l’emprunt contracté par la

femme auprès d’une institution de microfinance, soit utilisé aux

fins productives de l’homme. Ce dernier a plutôt tendance à

investir l’argent dans des biens de consommation, tandis que

* Revue Dialogue, numéro 37, «Microfinance et genre»

Page 59: micro finance côté face

57

Page 60: micro finance côté face

LES FEMMES REPRéSENTENT ENVIRON 40% dE La CLIENTèLE de la microfinance en afrique de l’Ouest. Ces dernières sont souvent reconnues pour leur motivation et leur disposition au travail.

58

la femme accorde davantage la priorité au bien-être de la fa-

mille (alimentation, éducation des enfants, etc.) , participant

ainsi plus efficacement à la lutte contre la pauvreté.

a l’image de Maïmouna Sanogo, productrice de savon ar-

tisanal à Kaniko, les femmes bénéficiaires de microcrédits ont

la possibilité de s’émanciper financièrement. Elles apprennent

à prendre la parole lors des réunions de groupements, et déci-

dent seules d’inscrire leurs enfants à l’école, sans l’aval de leur

conjoint. Elles prennent confiance en elles.

Cette autonomie financière et sociale des femmes (appelée

aussi « empowerment », en anglais) , peut aussi entraîner son

lot d’effets négatifs, tel que le risque de conflit au sein du

ménage. C’est pourquoi, l’émancipation féminine doit

s’accompagner d’un changement des mentalités. Même si

les acteurs du secteur de la microfinance ont, en 1997, admis

la nécessité de devoir intégrer la notion de genre dans les pro-

grammes, beaucoup reste à faire. Les institutions de micro-

finance devront à l’avenir proposer des produits et services

adaptés selon les profils des clients. Elles devront focaliser

leurs efforts sur les femmes les plus motivées pour les aider à

passer du crédit de groupe au crédit individuel.

Page 61: micro finance côté face

59

Page 62: micro finance côté face

adaMa SaNOGO a OUVERT La CaISSE PIONNIèRE du réseau Kafo Jiginew. En vingt ans, l’institution de microfinance a octroyé une somme de crédits atteignant les 70 milliards de francs CFa (plus de 100 millions d’euros).

60

Page 63: micro finance côté face

Les champs de coton de Kaniko sont inhabituellement déserts

en cette fin octobre, époque des premières récoltes dans la

région du sud du Mali. Tous les habitants du village ont cessé

leurs activités. C’est un jour chômé : on célèbre le 20ème anni-

versaire de Kafo Jiginew.

En ce 22 octobre 2007, les hauts dignitaires de Kafo Jigi-

new attendent pas moins de 1 500 convives. Le gouverneur et

le préfet se sont déplacés spécialement pour l’occasion. a la

tribune dressée pour les orateurs et devant quelque 800 em-

ployés de l’institution de microfinance, vont se succéder les

discours élogieux à l’endroit de Kafo Jiginew et des pionniers

de l’institution de microfinance.

Surnommée affectueusement « la banque des pauvres »,

Kafo Jiginew est la plus importante institution mutualiste

d’épargne et de crédit du Mali. Celle que l’on nomme aussi

« Union des greniers » en langue bambara, permet à plus de

170 000 Maliens d’épargner et d’accéder au crédit pour dével-

opper une activité agricole.

Tout commence en octobre 1987. a cette époque, quatre

organisations non gouvernementales (ONG) d’Europe – SOS

Faim en Belgique, le CFSI en France, aaa en allemagne et Mani

Kaniko

Un villagecélèbreson précieux « grenier »

61

Page 64: micro finance côté face

Tese en Italie – décident d’unir leurs forces pour soutenir un

projet d’un genre complètement nouveau au Mali Sud. Les

quatre ONG créent le Consortium européen pour le Crédit

coopératif malien (CECCM). Objectif, soutenir un projet de

services financiers de proximité pour permettre aux coton-

culteurs d’avoir accès non seulement à l’épargne mais aussi,

au crédit.

Un important travail d’information et de sensibilisation

commence alors sur le terrain. Il est conduit par une petite

équipe, que dirigent les Français Claude Mouret et alain

Campos Hugueney. Le projet Kafo Jiginew est alors appuyé

par la Fondation du crédit coopératif et la Commission euro-

péenne. a l’époque, on pense qu’il ne réussira que si Europé-

ens et Maliens travaillent main dans la main. Pour mener à bien

leur mission, les pionniers de Kafo Jiginew peuvent compter

sur le courage et à la ténacité des autochtones, parmi lesquels,

adama Sanogo. Celui-ci fondera la caisse Jiginè, pionnière

du réseau, à Kaniko.

En octobre 1987 l’acte de naissance de Kafo Jiginew est

signé. Plus tard, adama Sanogo devient le premier président

du réseau.

Quelques minutes avant le lancement des festivités, le vil-

lage est en effervescence : les femmes et les enfants chantent

en chœur et exécutent les danses traditionnelles, tandis que

les chasseurs-guerriers dosso marquent le caractère popu-

laire de l’événement par des coups de feu tirés en l’air avec

des fusils chargés à blanc, comme le veut la tradition. Une

liesse populaire qui illustre la valeur pour les habitants du Mali

du « précieux grenier » Kafo Jiginew.

depuis ses débuts, le réseau de caisses d’épargne et de

crédit Kafo Jiginew est fidèle à sa philosophie : celle de donner

aux agriculteurs des régions pauvres du Sud du Mali l’accès à

des services financiers. « Kafo Jiginew a fait du paysan illettré

un banquier », résume ainsi le directeur général de l’institution

de microfinance, alou Sidibé.

IL N’ExISTE PaS dE SOLUTION MIRaCLE à la pauvreté. L’émergence et la croissance fulgurante des institutions de microfinance bénéficieront-elles aux générations futures ?

62

Page 65: micro finance côté face

Kaniko

63

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64

La FORCE dE L’INSTITUTION dE MICROFINaNCE Kafo Jiginew est d’avoir donné accès aux services financiers à des paysans.

Page 67: micro finance côté face

65

Partie de rien en 1987, Kafo Jiginew compte 113 caisses

de base, plus de 235 000 sociétaires, 13,5 milliards de francs

CFa (20,6 millions d’euros) de ressources internes et plus de

20 milliards de francs CFa (30,5 millions d’euros) de total de

bilan*. L’incroyable essor de l’institution de microfinance fut

menacé en 1994, année de crise qui conduisit Kafo Jiginew

à modifier sa stratégie de développement. Ce remaniement

fut un succès, puisque les crédits mis en place au cours des

vingt dernières années totalisaient en 2007 plus de 70 mil-

liards de francs CFa (108 millions d’euros) , avec un niveau

de ses fonds propres s’établissant à plus de quatre milliards

de francs CFa. Kafo Jiginew compte aujourd’hui 560 salariés

permanents. La « Banque des paysans » installera en 2008

son nouveau siège à Bamako, la capitale du Mali.

* statistiques d’octobre 2007

Kaniko

< Kafo Jiginew a fait du paysan illettré un banquier >

Page 68: micro finance côté face
Page 69: micro finance côté face
Page 70: micro finance côté face

CIF – Confédération des institutions

financières

Rue 3, 57 Secteur 12

06 B.P. 9324

Ouagadougou 06

Burkina Faso

Tél. (+226) 50 33 06 33

Fax (+226) 50 33 06 35

[email protected]

FCPB – Fédération des caisses populaires

du Burkina Faso

Immeuble «Zangré Ousmane dapoya»

01 B.P. 5382

Ouagadougou

Burkina Faso

Tél. (+226) 50 30 27 14

Fax (+226) 50 30 27 17

[email protected]

www.rcpb.bf

CFE – Centre financier aux entrepreneurs

avenue de la Révolution

01 B.P. 5382 Ouagadougou 01

Burkina Faso

Tél. (+226) 50 30 27 14/15

Fax (+226) 50 30 27 17

Soro Yiriwaso

Bougouni Faraba B.P. 3105

Mali

Tél. (+223) 646 12 11

Fax (+223) 265 12 22

[email protected]

Nyèsigiso

Quartier: dravéla Bolibana, Rue Cheik Zayed, Porte 346

B.P. 198 darsalam

Bamako

Mali

Tél. (+223) 223 31 95

Fax (+223) 222 96 40

[email protected]

Kafo Jiginew

Route de la CMdT

B.P. 47

Koutiala

Mali

Tél. (+223) 26 40 01 1

Fax (+223) 64 08 62

[email protected]

ada - appui au développement autonome

21, allée Scheffer

L-2520 Luxembourg

Luxembourg

Tél. (+352) 45 68 68 1

Fax (+352) 45 68 68 68

[email protected]

www.microfinance.lu

adresses etcontacts

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Burkina Faso Mali