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MEMOIRE C.A.F.I.P.E.M.F- OPTION LV
L’apprentissage de l’anglais
par les arts visuels
Pourquoi et comment l’apprentissage de l’anglais
est renforcé par l’interaction avec l’art ?
Jalila Menasseri-Ronchini
Session 2014
1
Thématique Pratique de l’Emile/ CLIL en classe internationale primaire
EMILE: enseignement d’une matière avec l’intégration d’une langue
étrangère.
Problématique Pourquoi et comment l’apprentissage de l’anglais est renforcé par
l’enseignement des arts visuels et la pratique des arts plastiques
dans la langue cible ?
En quoi l’interaction avec l’art, la rencontre avec des œuvres
d’art de la culture cible peut-elle améliorer l’apprentissage
d’une langue vivante à l’école primaire, en cycle 3 ?
Quelles situations d’apprentissage authentiques et efficaces
mettre en place pour soutenir la pratique de la LV en histoire
de l’art et en arts plastiques?
Hyphothèse de
recherche
[Je veux savoir si] la mise en place de situations d’apprentissage dans
le domaine des arts visuels et de séances d’art plastique en anglais
permettra d’améliorer les compétences langagières des élèves non
anglophones. grâce entre autre à l’immersion découlant de ce
dispositif.
Indicateurs Analyse des productions langagières des élèves non anglophones:
Orale: fréquence et durée de la prise de parole, richesse du
lexique et variations des structures, justesse de la syntaxe,
aisance dans le débit, réinvestissement du lexique et des
structures abordées en classe entière. Interactions entre
pairs, anglophones et francophones.
Ecrite: Longueur des productions, capacité à répondre à la
consigne.
Méthode Dispositif de productions langagières orales et écrites, ayant comme
point de départ la rencontre avec une œuvre visuelle.
2
Sommaire
Avant-propos p.3
Introduction p.5
1. l’EMILE/ CLIL : cadre institutionnel et apports p.8
1.1 Définition et cadre institutionnel p.9
1.2 Les apports de l’EMILE
2. L’intérêt des disciplines arts visuels pour la pratique de l’EMILE p10
2.1 Les programmes : la culture humaniste commune p.10
2.2 Le point de vue langagier p .11
2.2 L’approche holistique et créative p.12
2.4 L’authenticité des interactions p.13
3. Mise en pratique du dispositif p.15
3.1 Le contexte de la classe p.15
3.2 Présentation du projet p.15
3.2.1 Les objectifs de la démarche p.16
3.2.2 Déroulement synthétique d’une séquence p.17
3.2.3 L’évaluation p.18
3.3 Les activités centrées sur l’oral p.19
3.3.1 Séance « Shipwreck » : description et analyse p.20
3.3.2 Les outils pour mémoriser le lexique p.24
3.3.3 Séance « Toward Los Angeles » : description et analyse p.25
3.3.4 Autre piste de travail p.26
3.4 Activités centrées sur l’écrit p.27
3.4.1 « My Storm » : description et analyse p.27
3.4.2 « The End of the Story » : description et analyse p.28
Conclusion p.29
3
Avant- propos
En 1996, j’ai eu l’opportunité de quitter l’Hérault pour partir enseigner au Lycée Français de
New York. Cet établissement est privé mais homologué par l’Education Nationale. Je n’avais
par ailleurs jamais visité la ville de New York, ni les Etats-Unis.
J’étais très loin de parler anglais couramment mais cela n’a pas posé problème à mon
employeur puisque je devais enseigner exclusivement en français. Quelque temps après
mon arrivée j’ai vite réalisé que le niveau « correct » en anglais que je m’étais attribuée ne
me donnait que peu d’aisance et d’autonomie dans cette grande ville anglophone au rythme
trépidant. Evidemment, confrontée aux affres de la recherche de logement, des formalités
administratives diverses et autres complications pour ouvrir un compte en banque ou une
ligne téléphonique, j’ai vite été plongée dans la réalité de l’immersion avec toutes les
situations problèmes qu’elle peut présenter. Mon installation faite et la mise en route de la
classe lancée, j’ai voulu alors m’intégrer rapidement et nouer des liens plus concrets avec la
ville et ses habitants que ce que pouvait m’offrir mon expérience professionnelle à l’école.
C’est ainsi que (mais pas au même moment) j’ai suivi des cours de danse, de peinture, d’art
dramatique et de sport. Ces différentes expériences personnelles, en véritable situation
d’immersion, m’ont permis de progresser très vite , m’apportant chacune des compétences
langagières nouvelles : apprendre « en faisant » c’est-à-dire en situation actionnelle
authentique m’a permis de progresser très rapidement en intégrant des concepts nouveaux
dans une langue nouvelle. Pas de traduction, pas de production langagière impropre car
faisant intervenir des traductions « mot à mot ». Outre un enrichissement certain du
lexique, ces expériences m’ont apporté une ouverture de l’esprit et une construction
intellectuelle que je n’avais pas intégrée auparavant. L’acquisition de toutes ces nouvelles
compétences se faisant dans la langue seconde a d’autant plus fixé et solidifié le nouveau
lexique et les structures langagières que ces derniers étaient reliés à un vécu kinésique,
affectif et authentique.
4
Ce séjour que je pensais court au départ s’est prolongé 15 ans. En 2011, je suis revenue dans
l’académie de l’Hérault, avide de retrouver le précieux creuset pédagogique de la métropole
et heureuse de pouvoir partager mon expérience et mes compétences en anglais.
Quand j’étais partie, en 1996, l’enseignement des LV au primaire se faisait peu ou prou,
même si les programmes le préconisaient déjà. Je n’avais d’ailleurs bénéficié d’aucune
formation à l’IUFM dans ce domaine. Quand je suis revenue, la situation était tout autre :
l’enseignement des langues vivantes était vraiment à l’honneur au premier degré, la
formation solide et les enseignants motivés. Je me suis vite rendue compte que maîtriser
une langue et savoir l’enseigner sont deux choses bien distinctes.
En septembre 2012, j’ai rejoint l’équipe enseignante de la section internationale anglo-
américaine de l’Ecole Pottier-Sibelius, à Montpellier.
C’est forte de mon expérience personnelle et professionnelle à l’étranger que je me suis
intéressée à la pratique des disciplines non linguistiques dans la langue vivante
d’apprentissage, en l’occurrence l’anglais, en classe d’école élémentaire.
5
Introduction
J’enseigne dans une classe de CM1-CM2 de section internationale anglo-américaine depuis
septembre 2012. Ce dispositif en est à sa troisième année d’existence dans l’école
élémentaire d’application Eugène Pottier, à Montpellier.
Ce que dit le B.O
« Ce dispositif bilingue implanté en école primaire accueille dans une même section des
élèves français et étrangers. Les élèves suivent au moins trois heures d'enseignement en
une langue vivante étrangère. Les sections ont trois objectifs :
faciliter l'insertion d'élèves étrangers dans le système scolaire français et leur
éventuel retour dans leur système d'origine.
créer, grâce à la présence d'élèves étrangers, un cadre propice à l'apprentissage par
les élèves français d'une langue vivante étrangère à un haut niveau.
favoriser la transmission des patrimoines culturels des pays concernés. »1
Dans cette classe, il y a 22 élèves et on y trouve une grande hétérogénéité en termes de
compétences langagières en anglais, hétérogénéité voulue par le dispositif.
Comme les textes le préconisent, l’intérêt de cette hétérogénéité réside d’une part dans le
souhait de faciliter l’intégration des élèves anglophones dans le système scolaire français et
d’autre part dans le côtoiement quotidien de nos élèves francophones avec des élèves
anglophones natifs, créant ainsi une situation d’immersion pour les élèves anglophones
mais également pour les élèves francophones lors des enseignements de certaines matières
en langue vivante : « Des sections internationales scolarisant des élèves étrangers et des
élèves français peuvent être créées […] pour permettre à ces élèves d’acquérir ensemble une
formation impliquant l’utilisation progressive d’une langue étrangère dans certaines
disciplines. »2
1 Décret n°2008-263 du 14 mars 2008
2 Décret n° 2008-263 du 14 mars 2008
6
Dans cette section internationale, le volume horaire de l’enseignement LV est de quatre
heures par semaine. Avec l’équipe enseignante, nous avons choisi d’assurer ces
enseignements en décloisonnement par groupe de niveau (débutants, intermédiaires et
bilingues) à raison d’une heure par jour. Les enseignements sont regroupés autour de
thèmes communs aux 3 groupes de niveaux. Ainsi, il est facile de créer des ponts et des
activités communes aux trois groupes, de façon ponctuelle.
Mon bilan après une année de pratique dans cette classe et dans ce nouveau contexte est
que cette organisation se révèle certes très efficace et pertinente, les objectifs
d’apprentissage étant ciblés pour chaque niveau. Cependant ce décloisonnement quotidien
ne permet pas de créer des situations d’immersion puisque les anglophones ne sont pas
mélangés avec les enfants francophones lors des enseignements de langue vivante.
La nécessité de créer une dynamique de classe en anglais allant plus loin que les rituels mis
en place depuis le début de l’année m’est alors apparue essentielle.
C’est pour cela que j’ai cherché quelles situations d’apprentissages authentiques en anglais
construire afin d’atteindre ces divers objectifs :
créer cette fameuse dynamique de classe
améliorer l’apprentissage de l’anglais pour les élèves francophones
favoriser les échanges entre les élèves en anglais
Je me suis alors tournée vers la pratique des CLIL (Contents and Language Integrated
Learning) qui s’apparente à la pratique de l’EMILE (enseignement d’une matière intégrant
une langue étrangère). Il s’agit en fait d’enseigner une discipline dite non linguistique dans la
langue cible. Mon choix s’est porté sur les disciplines artistiques et plus particulièrement les
arts visuels. Je développerai les raisons de ce choix plus loin.
Mais je me suis alors posé la question suivante : si l’intérêt de la pratique des CLIL en classe
de langue a été abondamment démontré (j’exposerai plus loin ces intérêts en m’appuyant
sur les travaux de différents didacticiens de l’enseignement des langues)
7
Pourquoi et comment l’apprentissage de l’anglais serait soutenu par la pratique des
disciplines artistiques en anglais ?
Dans une première partie, après avoir défini et explicité les termes EMILE et CLIL, je
présenterai leur mise en œuvre dans notre système scolaire. Puis je m’intéresserai à ce que
cette pratique peut apporter à l’enseignement d’une langue vivante.
J’ai centré mon étude sur les arts visuels : histoire des arts et productions en arts plastiques.
Dans une seconde partie je justifierai ce choix, en m’appuyant sur des études effectuées en
Allemagne, pays où la pratique des CLIL est très développée, dès l’école élémentaire.
Puis dans une troisième partie, je présenterai des dispositifs mis en place dans ma classe
cette année dans le domaine de l’histoire des Arts, et je les analyserai à la lumière des
résultats obtenus (grille d’observation, verbatim, productions écrites)
8
1. l’EMILE/ CLIL et sa mise en pratique et ses apports :
1.1 Définition et cadre institutionnel
EMILE : enseignement d’une matière par l’intégration d’une langue étrangère.
« Cette dénomination désigne en fait une approche éducative pluri-bilingue où la langue
étrangère est utilisée comme outil pour apprendre une discipline scolaire et où la langue et la
discipline jouent simultanément un rôle complémentaire sans que l’une ait un ascendant sur
l’autre »-3 Cette approche selon les pays peut recouvrir des réalités très différentes. Dans les
années 90, la commission européenne encourage l’utilisation de deux dénominations
génériques en Europe :
Content and Language Integrated Learning (CLIL pour les anglophones) et EMILE pour les
francophones. Les deux dénominations ont souvent été accolées à la fois en anglais et en
français sous la forme CLIL/EMILE ou EMILE/CLIL.
Le rapport Eurydice (2006), commandé par la commission européenne et qui présente un
état des lieux détaillé de l’enseignement EMILE en Europe, donne une définition précise de
l’EMILE dans son introduction
« …l’EMILE véhicule une approche méthodologique innovante qui va bien au-delà de
l’enseignement des langues. En effet, (…) la langue et la matière non linguistique sont toutes
deux objets d’enseignement, sans qu’il n’y ait de préséance de l’une par rapport à l’autre. […]
l’apprentissage de la matière non linguistique se fait donc non pas dans une langue
étrangère mais avec et à travers une langue étrangère. Il implique donc une approche plus
intégrée de l’enseignement. »
En France les programmes institutionnalisent la pratique de l’Emile en section internationale
seulement à partir du deuxième degré (collège et lycée)
A partir de la classe de sixième, l’enseignement d’une partie du programme d’une discipline
non-linguistique est dispensé dans la langue de la section. La DNL retenue est l’histoire-
géographie, sauf dans les sections chinoises, où ce sont les mathématiques qui ont été
choisies »4
3 Guillaume Gravé-Rousseau, 2011, emiliangue.education.fr
4 Eduscol
9
En section internationale primaire, les textes préconisent un enseignement renforcé de la
langue vivante avec un volume horaire supérieur à celui du cursus classique (au moins 3h
hebdomadaires au lieu 1h30) Cela n’exclut pas l’enseignement d’autres matières dans la
langue cible, selon le projet de classe ou d’école. Ponctuellement les enseignants peuvent
choisir de travailler une discipline ou d’aborder un thème dans la langue cible, tout en
n’entravant pas les objectifs définis par les programmes des matières à enseigner autres que
l’anglais.
1.2 Les apports de l’EMILE :
Ajouté aux cours ¨traditionnels¨ de langue vivante, la pratique de l’EMILE permet
d’augmenter le temps d’exposition à la langue cible. Plus les élèves y seront exposés et
¨manipuleront¨ la langue, plus leurs compétences en LV seront améliorées.
« C’est en dispensant un enseignement bilingue, sous forme d’enseignement d’une matière
par l’intégration d’une langue étrangère EMILE que les apprenants pourront améliorer du
point de vue quantitatif et qualitatif leurs performances en LV. Utiliser la langue cible pour
enseigner une discipline signifie que la langue change de statut et devient active,
fonctionnelle, impliquée et impliquante […]elle devient progressivement outil
d’apprentissage »5
La langue devient un support donnant accès aux contenus de la discipline. L’apprenant est
actif puisqu’il a besoin de la langue pour parvenir aux enjeux de la discipline.
Outre les avantages linguistiques, l’EMILE a également un impact culturel. Travailler avec des
documents authentiques permet de dépasser virtuellement les frontières et d’approcher
d’autres réalités ou savoir vivre.
Enfin, non seulement il peut, dans de bonnes conditions de fonctionnement, améliorer chez
les élèves les constructions conceptuelles dans les disciplines où il est mis en œuvre, « mais il
5 Séfanie Witzigmann, ( 2008 pp 189-196)
10
est un facteur important et profond d’ouverture à l’inter culturalité, à cette précieuse
diversité culturelle qui paraît chaque jour plus essentielle à la survie de notre planète. »6
Le point de vue des neurosciences:
Les neurosciences apportent un éclairage très intéressant sur la question de l’apprentissage
du langage et d’une seconde langue. «Si on apprend une langue dans une situation
décontextualisée, comme on pourrait apprendre une leçon d’histoire par exemple en
apprenant des listes de mots comme des dates ou des évènements [ …]il faut envoyer au
cerveau des signaux indiquant clairement qu’on est dans un processus d’apprentissage
linguistique pour que les fonctions dévolues au langage se mettent en activité, processus peu
naturel et peu spontané. Une solution souvent citée pour maîtriser une langue étrangère est
celle de l’immersion »7. L’immersion qui trompe le cerveau et qui lui fait traiter la langue
seconde comme la langue maternelle. Mais alors, comment recréer un contexte
d’immersion en classe ? De nombreuses démarches existent (la simulation globale,
l’approche actionnelle…) elles ont toutes en commun le respect de ces 4 adages :
utiliser la langue cible pour accomplir la tâche
l’utiliser avec un but, ajouter un projet en parallèle qui justifie l’apprentissage.
avoir accès à du matériel authentique.
l’utiliser en interaction avec les autres.
La pratique de l’EMILE comme elle a été décrite plus haut s’inscrit complètement et
totalement dans cette démarche.
2. L’intérêt des disciplines arts visuels pour la pratique de l’EMILE :
2.1 Les programmes/ la culture humaniste commune
Les disciplines centrées sur les arts visuels (histoire des arts et pratique des arts plastiques)
participent au développement d’une culture commune humaniste, pilier 5 du socle commun
de l’école élémentaire.
Voici ce que disent les programmes 2008 :
6 Duverger, (2005, p.30)
7 Alexandre Roberge (2014, Thot Cursus)
11
« La culture humaniste des élèves dans ses dimensions historiques, géographiques,
artistiques et civiques se nourrit aussi des premiers éléments d’une initiation à l’histoire
des arts.[…] Les pratiques artistiques individuelles ou collectives développent le sens
esthétique, elles favorisent l’expression, la création réfléchie, la maîtrise du geste et
l’acquisition de méthodes de travail et de techniques. Elles sont éclairées, dans le cadre de
l’histoire des arts, par une rencontre sensible et raisonnée avec des œuvres considérées
dans un cadre chronologique. » 8
Ainsi le choix de mettre en place des séquences d’apprentissage en arts visuels en anglais
permettra aux élèves d’acquérir une expérience de cette langue à travers les arts. Ce
dispositif permettra d’apprendre à développer sa pensée, sa créativité tout en acquérant
une culture humaniste commune dans un contexte véritablement bilingue. L’expérience
artistique sera vécue dans une autre langue. On décentre les objectifs afin d’atteindre un
état de « lâcher-prise » tout à fait propice au développement des compétences langagières.
Ainsi liant l’enseignement des LV et des arts visuels, on se situe tout à fait dans la direction
des programmes 2008 préconisant l’enseignement des LV dans un contexte rassurant,
ludique, de plaisir et de joie.
2.2 Point de vue langagier :
Traditionnellement, ce sont les matières humanistes qui sont enseignées c’est-à-dire
l’histoire et la géographie en pratiquant l’EMILE. Le chercheur allemand Thurmann9 souligne
très justement que ces disciplines sont également celles qui exigent une solide base
linguistique. Au premier degré, ajoute-t-il, les compétences langagières en LV des élèves
n’étant pas assez développées, il peut être complexe et voire risqué d’envisager d’utiliser la
langue vivante comme support de travail pour des disciplines comme les sciences humaines
par exemple, disciplines pour lesquelles l’acquisition du lexique spécifique qui lui est
rattaché est un des enjeux de l’école. C’est pour cette raison que le choix des disciplines
artistiques pour la pratique des CLIL parait sans doute plus judicieux puisqu’elles
impliqueront l’utilisation d’un lexique travaillé très tôt dans l’apprentissage de la langue (les
8 B.O n°3, juin 2008
9 Thurmann, 2000
12
couleurs, les formes, la description des personnes, des objets, les actions…), transférable et
réutilisable dans les autres disciplines et la vie quotidienne. Et ceci tout particulièrement
dans la discipline des arts visuels (Histoire des arts visuels et production arts plastiques).
Je souhaite toutefois ajouter que dans un contexte de section internationale, compte tenu
de l’enseignement renforcé de la LV et du niveau général des élèves, la pratique de l’EMILE à
travers les disciplines histoire ou géographie est tout à fait envisageable.
Voici ce que nous disent les nouveaux programmes de 2008 au sujet de l’enseignement de la
LV au primaire :
«... Les connaissances culturelles, repères sur les modes de vie et sur la civilisation,
viennent favoriser la compréhension d’autres manières d’être et d’agir en relation étroite
avec les programmes d’histoire, de géographie, l’histoire des arts et les pratiques
artistiques »
Quoi de plus judicieux alors d’aborder les matières artistiques, matières « culturelles » par
excellence dans la langue cible !
2.3 L’approche holistique et créative:
L’enseignement des arts permet d’appréhender l’élève dans son ensemble puisque c’est sur
sa propre expérience de vie, sur ses compétences dans toutes les disciplines et celles de
savoir-faire et savoir être qu’il devra s’appuyer pour participer aux activités.
Dans des disciplines telles que les arts plastiques mais aussi le sport, la danse, la musique,
l’élève met en pratique les enjeux de la discipline à travers la langue cible. Il va employer la
langue pour décrire ses productions, donner ses impressions, commenter ses créations
artistiques.
« Les productions personnelles des apprenants servent plus facilement de ¨levier de paroles¨
et sollicitent par la même occasion le côté affectif des apprenants. »10
Lors des séances de rencontre avec les œuvres, le choix de l’art permettra de mobiliser tous
les élèves en faisant fi de l’hétérogénéité de compétences en anglais. L’enjeu des séances
10
Duverger, (1996,p.46)
13
ne sera pas tant de produire des phrases correctes mais d’exprimer sa pensée et ses
ressentis. C’est en cela que l’on peut parler d’approche holistique puisque l’enseignant
s’adresse à l’enfant et non plus exclusivement à l’élève. Dans le domaine de l’affect, l’esprit
est souvent davantage mobilisé et le désir de s’exprimer d’autant plus fort. De plus,
l’absence de possibilité de produire des réponses « fausses » ou non avenues apporte liberté
et par là même développe la créativité de la pensée, suscitant alors la production
langagière. Le développement de la clarté cognitive en est d’autant plus favorisé.
2.4 L’authenticité des interactions
Lors de l’apprentissage d’une langue étrangère, les interactions entre pairs doivent être
mises à l’honneur. L’utilisation de documents authentiques est également valorisée. Les
nouveaux programmes mettent l’accent sur l’approche communicative de l’enseignement
d’une langue étrangère : « Les activités menées en classe doivent mettre en œuvre les cinq
activités langagières dans la langue cible (« réagir et parler en interaction »,« comprendre à
l’oral », « parler en continu », « lire », « écrire »), pour rester dans l’immersion et
l’authenticité de la langue. Tous les éléments de culture, de phonologie, ou de grammaire
doivent être tissés autour de ces activités langagières dont ils ne doivent pas être dissociés,
pour que les élèves soient naturellement plongés dans la langue étudiée. »11
La discipline arts visuels regorge de matériaux authentiques. Leur utilisation, en mobilisant
l’affectivité des élèves, partie intégrante de la motivation permettra de créer naturellement
une communication authentique entre élèves. ¨…les actes de paroles se développent. Aussi
minimes que soient les capacités linguistiques des apprenants, de tels actes de paroles
(exprimer sa propre opinion, donner des signes d’accord et de désaccord, confirmer et
encourager les autres…) semblent toujours possibles autour des productions artistiques. Les
différentes approches de la discipline « art visuels » permettent de mettre facilement de
susciter des élocutions subjectives : l’individualité d’une œuvre permet à chaque apprenant
11
Eduscol, Progressions en LV pour le cours élémentaire deuxième année et le cours moyen, janvier 2012
14
d’y découvrir son propre accès. Se sentant ainsi touché, l’apprenant exprime son opinion
positive ou négative et aborde un haut degré d’authenticité dans son propos. » 12
Mon choix s’est donc porté sur les disciplines ayant trait aux arts visuels (histoire de l’art et
productions arts plastiques) car le pouvoir mobilisateur de ces disciplines est
particulièrement fort au niveau du langage.
J’émets l’hypothèse que l’expérience artistique (histoire de l’art et production art plastique)
peut améliorer/ soutenir l’apprentissage d’une langue seconde parce que :
elle favorise les interactions entre les enfants,
elle stimule la production langagière des élèves,
elle relie les acquisitions langagières (lexique et structures) à une situation
authentique en l’ancrant à un véritable vécu de classe.
elle décentre le point de vue des élèves.
Et tout ceci en en développant une culture commune humaniste (pilier 5 du socle commun)
Mon observation se porte surtout sur les progrès en anglais du groupe d’élèves
francophones tout en ne perdant pas de vue l’intérêt que doit présenter ce travail pour des
élèves bilingues et anglophones.
Voici les indicateurs que j’ai choisi d’observer:
Orale: fréquence et durée de la prise de parole, richesse du lexique et
réinvestissement des structures et du lexique vus.
Ecrite: Longueur des productions, capacité à exprimer une pensée abstraite, à
exprimer ce qu’on pense ce qu’on ressent, réinvestissement du lexique appris.
12
Stéfanie Witzigmann, (2008)
15
Je présenterai différents dispositifs mis en place cette année dans ma classe centrés sur les
arts visuels et la pratique des arts plastiques. Certaines séances s’inscrivent dans des
séquences complètes.
Cependant, par souci de clarté au niveau de leur analyse du point de vue des apprentissages
en anglais, je fais le choix de les regrouper par domaine de compétences langagières. Ainsi,
je présenterai d’abord les activités de production et compréhension orales. Puis j’exposerai
celles faisant intervenir les productions écrites. Je tenterai à chaque fois de faire une analyse
des productions présentées afin d’identifier ce qui a permis aux élèves de progresser dans
leur apprentissages et ce qui pourrait être mis en place ou être modifié.
Je présenterai les outils qui ont été construits au cours de ces activités, leur raison d’être
ainsi que les supports théoriques qui ont aidé à leur construction.
3- Mise en pratique du dispositif
3.1 : Le contexte de la classe :
Dans les descriptions de dispositifs qui vont suivre, je vais employer pour décrire le profil de
mes élèves les termes de francophones et d’anglophones. Pour bien comprendre les enjeux
des dispositifs et les observations qui en découlent, je souhaite tout d’abord clarifier la façon
dont j’utilise ces termes.
Dans le contexte de ma classe, les élèves que je désigne comme francophones sont les
élèves qui apprennent l’anglais comme langue étrangère depuis moins de deux ans.
Ils ont tous intégré la section internationale au niveau du CE2.
Pour reprendre le cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), je
décrirais ces élèves comme ayant un niveau A2 pour la production langagière orale et écrite
(utilisateur élémentaire ) et un niveau B1 ( utilisateur indépendant) pour la réception
(compréhension orale et écrite)
Les élèves que je désigne comme anglophones rassemblent en fait des élèves strictement
anglophones (primo-arrivants, ils sont au nombre de 3) et des élèves « bilingues » qui
maitrisent mieux le français que l’anglais mais qui parlent tout de même couramment
16
l’anglais. Le cadre du CECRL les décrit comme sortant du champ scolaire (niveau C1 et C2 :
utilisateur expérimenté)
Profil de la classe
Francophones Anglophones
10 élèves 12 élèves
3.2 : Présentation du projet :
Les activités décrites ci-dessous ont toutes comme point de départ la rencontre avec une
œuvre d’art. Il s’agit de séances hebdomadaires d’une durée de 40 minutes environ, ayant
pour thème l’histoire des arts visuels, menées en anglais. L’usage du français n’est pas
proscrit. Au besoin, les élèves peuvent y recourir mais l’enseignant aura soin de reformuler
ou faire reformuler en anglais tout ce qui est dit. Ces séances débutent à chaque fois par un
rituel précis destiné à enclencher la parole des élèves ainsi que la créativité de leur pensée.
Je me suis inspirée de la démarche du groupe de recherche de Harvard University : « Project
Zéro » qui vise à renforcer chez les élèves leur capacité de réflexion et d’interprétation.
3.2.1 : Objectifs de la démarche « Artful thinking »/ l’art de penser
Le Harvard « Project Zero » qui envisage les arts du point de vue cognitif est dense et riche ;
il propose un très grand nombre d’entrées diverses et variées pour la discipline de l’histoire
de l’Art. L’entrée « Artful Thinking »13 m’a paru tout à fait pertinente car elle lie ensemble
l’expression orale et la rencontre avec des œuvres d’art. Ce projet porte sur l’observation et
l’interprétation de l’art, et non sur la production d’art. Ses objectifs sont doubles : aider les
enseignants à établir des rapports fructueux entre les œuvres d’art et les thèmes qu’ils
enseignent tout en utilisant la « force de l’art » pour développer les dispositions cognitives
des élèves.
13
http://www.pzartfulthinking.org/index.php
17
Objectifs généraux :
Intégrer les arts dans le programme de la LV. Favoriser une approche EMILE en utilisant
l’anglais comme moyen de communication et comme langue d’apprentissage.
Objectifs spécifiques :
Encourager les élèves à décrire ce qu’ils voient et à l’expliquer. Encourager les élèves à
partager leurs interprétations de façon à ouvrir leurs perspectives.
Objectifs linguistiques
Acquérir, développer et utiliser le lexique relevant de la description, interprétation,
justification, appréciation et les structures de langue permettant d’exprimer sa pensée et de
la communiquer
Objectifs communicationnels
Savoir décrire, interpréter, justifier, apprécier ; savoir confronter sa pensée à celle de ses
pairs
Objectifs culturels
Découvrir et explorer des œuvres d’art en adoptant une démarche qui développe des
compétences intellectuelles : capacités à raisonner, à réfléchir dans une démarche inspirée
de « l’ Artful Thinking » et adaptée à de jeunes enfants
3.2.2 Déroulement synthétique d’une séquence :
Rencontre avec l’œuvre :
Expression orale
Recueil de lexique et de structure
Institutionnalisation : fiche descriptive de l’œuvre à compléter.
Activité de Production langagière écrite ou orale.
La séquence type débute donc par une séance consacrée à la rencontre avec l’œuvre d’art.
Durant cette séance, les activités sont essentiellement centrées sur l’oral et permettent de
faire émerger un lexique et des structures langagières propres à la description mais aussi à
l’argumentation, à la perception, à l’expression d’une opinion. La séance orale de
18
découverte de l’œuvre est toujours clôturée par une trace écrite institutionnalisant les
connaissances acquises en histoire de l’art à propos de cette œuvre (cf. Annexe 6). Afin de
conserver la cohérence de la pratique de l’EMILE, cette trace écrite a toujours été réalisée en
anglais, en s’appuyant sur des documents authentiques (sites internet britanniques ou
américains, livres d’art, posters…)
J’ai utilisé le protocole de questionnement ci-dessous pour déclencher la production orale
des élèves à partir de la rencontre avec une œuvre d’art et obtenir aussi un recueil de
lexique qu’ils auront à réinvestir par la suite lors de productions orales et écrites. Les
questions qui amènent d’abord à décrire l’image puis à réfléchir et interpréter sont les
suivantes :
Le choix des œuvres présentées aux élèves est fait selon le thème d’étude choisi (Le voyage,
l’enfance, le Street Art) et la possibilité de les mettre en réseau entre elles ou bien avec des
œuvres littéraires lues en classe. J’ai présenté ainsi aux élèves une dizaine d’œuvres
différentes sur une période de 12 semaines en utilisant à chaque fois la même approche et
le même questionnement : présentation de l’œuvre au vidéoprojecteur, sans préambule.
Puis les 3 questions étaient posées, une à une.
3.2.3 Les moyens pour évaluer
Les verbatim sont issus de prise de notes et également de retranscriptions
d’enregistrements audio effectués lors des séances. L’examen des productions des élèves a
posteriori me donne une première idée des résultats de cette démarche.
1- What do you see ?
2- What do you think ?
3- What do you
imagine ?
19
Une grille d’observation centrée sur les productions orales des élèves me permet aussi d’en
évaluer les effets et de pouvoir analyser la démarche employée. Dans cette grille très
succincte j’ai fait apparaître les deux compétences langagières mises en œuvre lors des
séances :
Réagit et parle en interaction
Parle en continu.
On peut trouver en annexe 4 un exemplaire de cette grille d’observation. Comme indicateur
de progrès dans les productions langagières des élèves, j’ai choisi de noter le nombre
d’interventions et sous quelles formes celles-ci se faisaient : mots isolés ou phrases
complètes. Le réinvestissement du lexique me permettait aussi d’évaluer l’efficacité du
dispositif.
3.3 Les activités centrées sur l’oral:
Comme je l’ai expliqué plus haut, c’est surtout sur des activités centrées sur l’oral que se
sont portées mes observations des productions langagières. En effet, c’est là que l’activité
des élèves est la plus visible. Or l’un de mes objectifs est de favoriser les échanges entre
élèves et la prise de parole. De ces activités ont découlé un recueil de lexique et de
structures. Elles se sont toujours prolongées par des séances de productions orales ou
écrites au cours desquelles le même lexique pouvait être réinvesti.
Les oeuvres sélectionnées, dans l’ordre chronologique de leur présentation
Thèmes Titre /auteur /année /pays Médium
Trav
el/L
e vo
yag
e
“The Shipwreck” ( Le naufrage)
Joseph W.Turner/ 1805/ Angleterre.
Peinture
"Toward Los Angeles”/ ( Vers Los Angeles) Dorothea
Lange/1937/ Etats-Unis
Photographie
20
« Consigne à vie »/ Arman 1985/ France
Sculpture / bronze
Ch
ildh
oo
d/
L’en
fan
ce
“The Thankful Poor”, (La gratitude du pauvre) Henry Ossawa
Tanner/ 1894
Peinture
« The Banjo Lesson »/ Henry Ossawa Tanner
“The problem we all live with” Tanner, 1935
“The basketball game” Norman Rockwell/USA
Peinture
“Kids screaming” / Elliot Erwitt/ USA
“Vacances en Italie”/ Henri Cartier Bresson/ France
Photographie
Stre
et a
rt
Art
or
Va
nd
aliz
m ?
“Flower Chucker”/ Banksy/Bristol, UK Pochoir et
acrylique/ Grafitti
3.3.1 Séance « The Shipwreck » : description et analyse
A la première séance, ( The Shipwreck » by Turner) on observe d’après le verbatim que 5
élèves non anglophones prennent la parole en anglais alors que les anglophones (bilingues
et non bilingues) sont très à l’aise et prennent la parole avec aisance et motivation. L’œuvre
de Turner était mise en réseau avec le texte littéraire lu en classe en lecture suivie
« Robinson Crusoë » d’après Daniel Defoe.
La séance démarre sans préambule, la pièce est plongée dans le noir pour un effet un peu
dramatique, dans le souci de mobiliser l’attention des élèves. Ils découvrent dans le silence
l’œuvre de Joseph William Turner « The Shipwreck » La question : What do you see ? est
écrite au tableau puis posée par la maîtresse. Les doigts se lèvent et la parole est distribuée,
en privilégiant les interventions des francophones au début, pour la partie description (
What do you see ?)
Dans le verbatim (cf. annexe 1) les francophones sont signalés en caractère gras.
L’enseignante est signalée par un T pour « teacher ». Les erreurs de syntaxe sont surlignées
en vert.
21
The Shipwreck, /Joseph W. Turner, 1805
Analyse de la séance :
Dans le souci de garder une trace écrite de la séance, je m’étais assignée la triple tâche de
distribuer la parole en la relançant, de verbaliser en corrigeant si nécessaire et de transcrire
au tableau les paroles des enfants. L’avantage de ce choix est que, immédiatement, la parole
est écrite et vue par les enfants. Bien évidemment, lors de la transcription pour les élèves,
les phrases ont été reformulées et écrites après correction quand celle-ci était nécessaire. Il
me semble plus facile de fixer et mémoriser du vocabulaire et des structures langagières qui
sont affichées. La trace écrite est immédiate.
A l’issue de cette séance, j’étais satisfaite car nous avions une trace écrite riche et solide sur
laquelle la classe pourrait s’appuyer pour les productions futures. Cependant, le procédé est
lourd et long. Il ralentit considérablement le rythme de la séance, entrave parfois la liberté
de parole et bride la créativité. Les enfants peuvent percevoir un enjeu puisque la maîtresse
note tout. Ce qui va à l’encontre de la démarche qui se voulait sécurisante. Pour ces raisons,
lors des séances suivantes, j’ai fait le choix de réduire la transcription à l’action de légender
au tableau l’image projetée au vidéoprojecteur. C’était un procédé plus « léger » et plus
22
rapide qui me permettait d’être plus disponible auprès des élèves. J’ai pris soin de faire un
enregistrement audio.
Analyse des productions langagières:
En relisant le verbatim (cf. annexe 1), on constate que les interventions des francophones se
limitent à des noms ou des groupes nominaux « a boat -big waves,-some people », ils ne
produisent pas de phrases complètes au début. Les anglophones, quant à eux, se lancent
tout de suite dans la production de phrases et mêmes des interprétations: « I don’t think
anybody would be fishing on a half sinking boat. “ Puis, les francophones se mettent à
produire des phrases. Leur participation se renforce (14 interventions sur un total de 32
interventions notées). Cependant, elles se répartissent entre 5 élèves seulement. L’un
d’entre eux (Arthur) est même l’auteur de la plupart des phrases complètes produites par le
groupe de francophones (4 phrases sur les 5 produites).
Vers la fin de la séance, un élève francophone, Elio, qui habituellement a beaucoup de
réticences à prendre la parole en anglais, s’enhardit à produire une phrase qui même si elle
comporte des erreurs, n’en est pas moins complexe et compréhensible de tous. Il est
d’ailleurs le premier à faire le lien entre la peinture de Turner et l’œuvre littéraire de D.
Defoë, Robinson Crusoë. Sa phrase sera retranscrite sous sa forme corrigée mais dans le
verbatim, elle apparaît telle que l’élève l’a produite. « It is the boat to Robinson
Crusoe? » (Est-ce que c’est le bateau de Robinson Crusoë ?) Phrase à laquelle un camarade
francophone réagit immédiatement pour donner une réponse élaborée, étayée d’arguments
descriptifs :
“No, it isn’t because there are many boats [in the painting]. Robinson has only one boat.”
(Non, ce n’est pas son bateau car il y a plusieurs bateaux. Robinson n’a qu’un seul bateau.)
Ce court échange permet de constater que les enfants entrent dans l’œuvre picturale avec
facilité et qu’ils tentent rapidement d’en donner une interprétation. D’ailleurs le reste des
interventions que l’on peut lire dans le verbatim complet témoignent de l’empathie avec
laquelle les élèves s’attachent aux personnages. Ils tentent de savoir ce qu’il leur arrive :
23
« Maybe he is fishing » ( Peut-être qu’il pêche.) « I think he is throwing up .»( Je crois qu’il
est en train de vomir.) “I don’t think anybody would be fishing on a half sinking boat”. (Je
ne crois pas que qui que ce soit serait en train de pêcher sur un bateau en train de couler)
Apprécions au passage l’efficacité de la langue anglaise !
Bien qu’il n’y ait pas encore eu de véritables échanges mais des interventions sur lesquelles
les élèves rebondissaient (des compléments d’informations, des traductions données…) les
élèves francophones ont pu bénéficier d’une imprégnation de structures et de lexique
fournis par les anglophones. Et surtout, grâce au support pictural, les interventions furent
comprises et le débat général accessible à tous. Ce fut, à mon sens, un vrai moment de
langage où la qualité d’écoute était grande car tous semblaient mobilisés par l’image qui est
saisissante et qui résonne avec l’œuvre lue en classe. De plus la dimension « Chef d’œuvre »
de l’œuvre de Turner impressionne les élèves et les interpelle, les « tire vers le haut ».
Pour mobiliser davantage les francophones encore un peu « frileux » pour intervenir en
groupe classe, une solution serait de faire observer l’image un certain temps dans le silence,
de leur demander , après observation de l’image, de noter les mots ou les phrases qui leur
viennent en tête pour ensuite les faire lire ou les lire. De cette façon, les idées de tous sont
entendues, francophones autant que anglophones. Ainsi les francophones ont un temps de
préparation et de réflexion pour préparer des réponses à apporter au débat collectif.
De la même façon, on peut faire varier le protocole du dispositif ainsi :
- Interroger d’abord les francophones
- fournir aux élèves francophones une liste de mots ou de phrases la tâche étant
d’entourer tout ce qui se rapporte à l’image.
- Donner des listes de mots d’où il faudrait repérer les intrus en jouant sur la quantité
des mots proposés et sur leur complexité.
24
3.3.2 Les outils construits :
La question des outils à construire pour aider les élèves à mémoriser le lexique et à le
réinvestir s’est vite posée, étant consciente que de réduire la trace écrite à une liste de mots
sans lien entre eux risquait de ne pas être très efficace.
Les travaux et propositions de Micheline Cellier14 m’ont beaucoup servi car elle propose un
outil simple et efficace pour mettre les mots du lexique en réseau entre eux en les situant
aussi par rapport à la situation de découverte. Le lexique étant un ensemble de mots
structurés, les élèves ne pourront le mémoriser que s’il est consigné également de façon
structurée, tout en étant relié à un contexte d’étude. C’est donc dans les fameuses fleurs de
Mme Cellier que le lexique a été consigné (cahier d’élève et affichage de classe).
« La figuration donne une récapitulation ordonnée des termes appris, chaque pétale correspondant à un
champ lexical ; les mots ne sont plus pris dans la gangue de la narration mais réunis et structurés suivant une
logique linguistique ; ’[…]La « fleur » avec les pétales reste une formalisation simple et compréhensible ; elle
permet aux élèves de prendre conscience des savoirs et aide au traitement de l’information à mémoriser. La
représentation offre ainsi une image structurée de ce qu’est la langue : des mots reliés entre eux par et dans
toutes sortes de réseaux .»
Pour chaque œuvre rencontrée, les séances de lecture d’image ont fait émerger un lexique
qui a pu s’enrichir par la suite lors des prolongements et qui a été consigné dans des
« fleurs ». Toutefois, la catégorisation des mots n’a pas été faite selon des critères
linguistiques (champ lexical, homonymie ou synonymie) mais plutôt selon des critères
descriptifs. Par exemple pour le tableau de Turner, on a isolé 4 grands domaines à décrire :
le navire, le ciel, la mer et la terre. C’est ainsi que les mots « a sailor, to sail, a sail, a boat, a
ship, a mast, to sink, sank, sunken » se sont retrouvés dans le même pétale. Ils se
rattachaient tous à la description du même élément de l’œuvre. ( cf. Annexe 5). Ce qui
reproduisait le processus oral pour faire émerger le lexique.
A la suite de cette séance, les élèves ont eu à réinvestir ce lexique en décrivant ou en
commentant les œuvres de la classe réalisées d’après la consigne : « Paint your Storm » ( cf.
Annexe 7 séance 3).On peut se rendre compte du réinvestissement du lexique vu
14
Micheline Cellier, EDUSCOL
25
précédemment en observant le verbatim recueilli. Le lexique qui a été vu en séance 1 est ici
surligné en jaune.
(cf. annexe 2 Verbatim « Paint your storm » )
A la lecture du verbatim, on peut constater que les productions des francophones sont plus
élaborées qu’auparavant. Il s’agit de phrases complètes, souvent complexes : « They are
from a previous shipwreck because[ there] is the grass .”( Ils viennent d’un naufrage
précédent car il y a de l’herbe). On peut supposer que connaissant le lexique approprié (9
mots réinvestis au total) les francophones avaient davantage d’outils pour s’exprimer. De
plus, le support de départ étant leur propre production artistique, leur motivation à prendre
la parole était importante. En effet, Elio intervient 5 fois au total, à chaque fois en proposant
des phrases complètes. Il est très motivé, utilise derechef l’anglais pour décrire son œuvre
sans vergogne aucune. Ainsi l’argument de Duverger avançant que les productions
personnelles des apprenants servent plus facilement de levier de paroles se vérifie
pleinement.
3.3.3 Séance “Toward Los Angeles”
“Toward Los Angeles”/ Dorothea Lange, 1937
26
La méthode est identique à celle mise en œuvre lors de la séance « The Shipwreck »
A la lumière du verbatim (cf. annexe 3), on peut observer une évolution dans les productions
langagières. Les interventions des francophones sont plus fréquentes et se font sous forme
de phrases entières. D’ailleurs, le « dialogue » de classe concernant l’interprétation de
l’image est plus développé et se passe de l’intervention de l’enseignante beaucoup plus
souvent.
Sur 42 interventions, 13 sont faites par des élèves francophones. A la différence de la
première séance « The Shipwreck » ces interventions sont le plus souvent faites sous forme
de phrases et non plus de mots. Cette image a abondamment stimulé la parole des élèves.
Outre le recueil de lexique fait comme à la séquence précédente, un recueil d’expressions et
de structures nouvelles a pu se faire pour venir enrichir le cahier outil des élèves.
Recueil de structures et expressions
Le gérondif: two men walking on the road.
To look like- it looks like- he looks like- they look like
In the middle of nowhere
They have no home. They have no house. They have no money.
Recueil de lexique : se reporter à l’annexe 5
3.2.2 Une autre piste de travail: “The Thankful Poor”, by Tanner
“The Thankful Poor”/ Tanner, 1894
27
Plus tard, pour la séance ayant pour support « the Thankful poor » de Henry Ossawa Tanner,
dans le souci de rendre tous les enfants actifs, la consigne était la suivante :
« I am going to show you an image. Then I will hide this image and your task is to write as
many words as you can to describe it. After, we will look again at the image to control your
work.” Je vais vous montrer une image pendant un certain temps. Puis je vais cacher cette
image. Vous devrez noter sur votre cahier toutes les éléments que vous avez vus sur cette
image. Vous avez 2 minutes. Puis on écrira au tableau ce que vos idées et on vérifiera
ensuite avec l’image.
C’est ainsi que s’est fait le recueil de lexique (cf. annexe 5). Délibérément, le lexique de
l’image était assez simple (La cuisine, le mobilier et les ustensiles) de façon à ce que chaque
enfant puisse participer. On peut faire ce genre d’activité avec tout type d’image (photos
personnelles, publicité, dessin,…) J’ai pu constater que le moment de langage s’est réduit à
une énumération de noms, de verbes en relation avec l’image mais qu’il n’y pas eu de
production de phrases. Après réflexion, je pense que cela vient du choix de la consigne qui
demandait de noter des mots. Il serait intéressant de réfléchir à la consigne à donner pour
inciter les élèves à produire des phrases, ce qui stimulerait les échanges entre pairs, objectifs
visés dans ces séances.
3.4:Les activités centrées sur l’écrit
3.4.1 My Storm :
Pour clore la séquence dont le point de départ était l’œuvre « The Shipwreck »de Turner, les
élèves ont eu pour consigne d’écrire un texte de quelques lignes pour accompagner leur
production d’arts plastiques. La consigne était délibérément très ouverte :
« Write a text to go with your painting »
Afin d’amorcer cette production écrite, les images ont d’abord été présentées à d’autres
élèves, en groupe de 4 qui avaient pour consigne d’écrire 4 questions au sujet de l’image
qu’ils voyaient. Ceci dans un souci de proposer une consigne plus fermée ensuite aux élèves
plus en difficulté. Ceux-là auraient pour tâche de produire un texte où apparaitraient les
réponses à ces questions.
28
Les élèves non francophones ont travaillé en binôme avec des élèves anglophones s’ils le
souhaitaient. Tous ont pu produire des textes, et les échanges entre élèves ont eu lieu à
propos de l’élaboration de leurs écrits. L’observation de ces textes (cf. annexe 8) permet
d’observer que là aussi, le lexique a été largement réinvesti dans un autre contexte que celui
de départ. Cependant, en dehors du réinvestissement du lexique, je choisis de ne pas utiliser
ces travaux comme outil d’évaluation du dispositif. En effet, j’avais pris le parti de faire
travailler les enfants en binômes hétérogènes. Les élèves francophones pouvaient alors
profiter des compétences langagières plus avancées des élèves anglophones et par
coopération produire des textes aboutis. Mon objectif étant ici de faire échanger les élèves
et les faire coopérer autour d’une même consigne. Les textes obtenus ne sont donc pas
indicateurs des progrès et acquisitions des francophones.
3.3.2 « The End of the story »
Cette activité d’expression écrite qui s’inscrivait dans une séquence ayant pour thème
l’enfance aux Etats Unis consistait à inventer et écrire une histoire en « pair work »/en
binôme hétérogène (un anglophone avec un francophone) dont la chute serait illustrée par
une photographie ou une peinture. Une fois les binômes composés, ceux-ci recevaient un
« dossier » de 4 images reliées entre elles par le thème de l’enfance. La consigne était la
suivante : « Choose one image . Then imagine a story that would end with the image. » C’est
une démarche qui s’apparente à la règle arbitraire de création de l’ OULIPO et qui permet
aux élèves de déployer leur imagination et par là-même de chercher les moyens langagiers
de mettre en mots leurs idées. La tâche ne repose pas sur un apprentissage de formes
grammaticales ou de lexique et les élèves ne sont pas évalués. La mise en commun peut
être très intéressante car tous les binômes recevaient le même assortiment d’images.
Certains binômes ont choisi sans le savoir au départ les mêmes images.
Lors de la mise en commun, j’ai pu constater que les élèves avaient énormément de plaisir à
partager leurs œuvres avec leurs camarades. Grâce à la collaboration des anglophones avec
leurs camarades francophones, tous les textes étaient de qualité et de longueur
satisfaisantes. (cf fiche de préparation annexe 7 et exemple de production écrite annexe 8).
Ce travail a permis une collaboration entre les élèves en anglais.
29
Conclusion
Un de mes objectifs dans ce projet d’étude était de créer une dynamique de classe entière
dans une classe mêlant des enfants anglophones et des enfants francophones. Je voulais
savoir si le choix du support artistique était pertinent et permettait de mobiliser les élèves
de tout niveau, de les faire échanger et produire ensemble. Ma conclusion à cet égard a été
très positive, les séances de langage ont été très riches Ce fut très intéressant de les voir
échanger leurs points de vue et leur ressentis à propos des œuvres, en anglais. Je peux dire
que la parole et les idées de chacun ont été écoutées, dans la langue seconde, sur des sujets
sérieux, traitant parfois même de philosophie. Ceci a été possible, selon moi, en raison du
fort pouvoir fédérateur que présente l’art pour chacun.
Afin de m’assurer que cette démarche fonctionne et permet effectivement de soutenir les
apprentissages et la pratique orale de l’anglais, j’ai élaboré une grille d’observation qui me
sert aussi d’évaluation continue auprès des élèves ( cf. annexe 2) Au regard des évaluations
faites pour 3 élèves francophones aux compétences langagières assez différentes mais
participant très activement à la vie de la classe en français, on voit clairement que d’une
séance à l’autre, les progrès sont déjà visibles. J’ai poursuivi ce dispositif tout au long de
l’année. Il est prévu aussi chaque élève présente individuellement avant la fin de l’année un
court exposé en anglais sur une œuvre visuelle à choisir parmi un catalogue proposé. Ce
travail tiendra lieu d’évaluation finale du dispositif pour cette année.
Est-ce que de tels dispositifs pourraient être transférables à un public dit « classique »?
Je le pense. Je souhaite vivement prolonger ce travail à l’avenir car je trouve la pratique des
de L’EMILE dans les disciplines artistiques très efficace quant à la mise en place de situations
d’immersion en section internationale. Les apports langagiers proviennent du contexte de
la classe c’est à dire des élèves anglophones. Mais cette démarche est aussi tout à fait
envisageable et transférable dans un contexte où le profil de classe serait « traditionnel. »
On pourrait imaginer que les apports langagiers pourraient venir de documents
authentiques type films documentaires en anglais pour enfants, sites internet interactifs de
30
musées en anglais ou bien lors d’échanges avec des classes anglophones centrés autour de
projets artistiques, ce qui apporterait une réelle authenticité à ce dispositif.
Et avec d’autres disciplines ? La pratique de l’Emile à travers d’autres disciplines que les arts
visuels est tout aussi bénéfique pour soutenir les apprentissages en anglais. Enseigner l’EPS
en anglais par exemple apporterait un vécu kinésique très fort, en s’appuyant également sur
un lexique et des structures transférables dans tous les autres domaines ;
J’émets plus de réserve pour les disciplines humanistes (histoire et géographie) ou
scientifiques qui font appel à un lexique de spécialité et pour lesquels les programmes
préconisent l’apprentissage en français.
Pour finir, je dirais que la réussite de la mise en œuvre de l’EMILE pour soutenir
l’apprentissage de l’anglais en classe de primaire ne peut être obtenue qu’en mettant en
place des stratégies d’apprentissages bien réfléchies et une méthodologie d’enseignement
soigneusement mise au point. Ceci afin d’atteindre un double objectif : la maîtrise des
connaissances liées au contenu et celles des compétences en langues. Le choix des
disciplines artistiques facilite ce type de démarche car leurs enjeux sont plus ouverts et
permettent de créer des échanges plus libres favorisant la créativité.
31
ANNEXES
32
Annexe 1
Verbatim/ The Shipwreck
T:What do you see?
Inès: I see an island in the back.
Malou: a boat.
Teacher: How many boats?
Malou: Six boats.
Elio: sea … ocean.
Luke: Some people.
Calum: I see a boat sinking.
Alanis: A big boat. Big waves.
T:What colours do you see?
Arthur: White, dark blue, black, grey,
Inès C. : red, it’s blood.
T:what is the white for?
Arthur: Sometimes the waves crash and splash and it’s white.
T:what’s the name for that?
Laura: C’est l’écume.
Lennon: foam
Malou: I see …un tourbillon
Amy: a whirlpool.
T: where?
Malou: Au milieu
Paolina: In the middle.
Malou: yes, the middle.
Amy: It looks like it’s very bad weather. May be it’s raining or there is lightning.
Arthur: it’s a storm.
T: What do you think?
Arthur: I think I see somebody is falling.
Zoé: I think he is throwing up.
Guillaume: I think he is dead.
Paolina: He is fishing.
Luke: I don’t think anybody would be fishing on a half sinking boat. Correction by Amy: Half sunken boat
Calum: I can see somebody holding the dead man.
33
Guillaume: I think they are close to the continent.
No it’s not a continent. It’s a big boat, in fire.
T: What kind of image is this?
Paolina :It’s a painting.
Elio: it is the boat to Robinson Crusoe?
Arthur: No, it isn’t [Robinson’s Boat] because there are many boats. Robinson have one boat.
Inès D: What is the title?
T:“ The shipwreck”
Inès D: Who did it?
T: William Turner, an English painter from the 18th
century.
Annexe 2
Verbatim/ Paint your Storm
Teacher: Now, everybody, listen. All the paintings are out now it’s your turn to express what
you think what you feel, what you see about your storms
Malou: “j’aime bien le dessin d’Alanis parce que on dirait un champignon d’eau.”
T: You like Alanis picture because it looks like a ….
Calum: a mushroom…a water mushroom
Elio: I like ..the fourth one because I see on the water …I see
Lennon: the foam, a tornado..
David: I like the one behind my mom, because it’s the only one that’s got grass and not sea…
Luke: I like the last one going from this way because usually when you look at a storm, you
would see a boat sinking but in this one, the boat is under water and already sank.
T: How do you know the boat is already sunken?
Luke: because there is a shark right next to it.
Angelica: The football field is the different one from all of them.
T: who made that one
Elio: Lennon
T: are all the storms the same? Do you see any difference?
Do you see storm that are very violent? Storms that are very quiet, prettier?
34
Arthur: the Eden’s one is very quiet because there was sun, there was a boat, it’s not
crashed on the rock,
T: you see a boat that is not sank.
Arthur: yes, a boat intact.
Luke: and you see birds that are flying .It’s more a happy storm
Calum: but there is still a tornado
Arthur: there was a storm here, it’s very violent, there was a boat sank…heu..it’s
…heu…very violent.
Luke: the sixth storm is very very very violent. You see a big tornado, you see a lot of black
clouds. I have a question: why is there all this green stuff on it?
Zoé: I wanted to make a sort of rain, to make it more violent…
Luke: it looks like a radioactive rain…
Amy: I like this one because the clouds aren’t just circles. Emiliano actually made swirls to
show the clouds and nobody else did that. He made swirly clouds.
Elio: I’m draw in my image a three squeletons. They are sailors.
T: you draw three squeletons.
Elio: Yes, one here, one here and one here.
T: Were they sailors on that boat or they are here from a previous shipwreck?
Elio: from a previous shipwreck because the …is the grass.
T: do you like your storms?
Inès D:The storms of Madame Ronchini’s Class…Tada!!!
Annexe 3
Verbatim/ Toward Los Angeles
T: What do you see?
Malou: Two men, I see two men.
David: We can’t see their faces
Inès: it’s a picture, black and white. It’s old.
Etienne: A tree, a forest. I see a … une affiche…
35
Calum: A poster, it’s a sign
Eden: I see a suitcase.
Mathilde: What it is…a suitcase?
Eden: it’s a travelling bag, or a box…
Luke: I can see a road, it leads to the forest.
Mathilde: I see electricity
T:Electric lines
Zoé: I think the road is leading to a train station.
T: Let’s take a look at the poster. What do you see?
Lucille: There is a train. It’s say “next time”
Luke: It’s quite funny because of the poster.
Paolina: it’s an advertisement;
T: Can you explain advertisement?
Paolina: c’est une publicité.
T: It’s the same word in English: a publicity. What is it for?
Guillaume: to make you want to do something or to buy something.
Lennon: it’s also on the television.
T: What is this poster/advertisement for?
Arthur:it’s for take the train. But the two men walk.
Emiliano: I think it is a coincidence.
T: What do you think?
Inès: May be it’s a movie because the frame is black.
T: Come and show the frame for everybody to understand what you are talking about.
T: Who do you think those two men are?
Arthur: May be they are cowboys because it’s wear the hat.
Elio: Maybe the cowboys attack them.
Elie: Maybe it’s Laurel and Hardy.
Alanis: No because one is big and they are thin.
Amy: They are lost. They look like they are in the middle of nowhere.
Mathilde: they are not have a home.
Elio: they walk and walk and walk to find a house.
T: What could be the title of this image?
Calum: No money, no train.
Inès D. Two solitary men walking on the road.
Arthur: The long road.
Luke: Lost in the west.
36
Annexe 4
Grille d’observation vierge Date : …………………………………. Titre de l’œuvre : ……………………………………
Prénom : ………………………………… Durée de la séance……………………………
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole
Intervient pour décrire
Intervient pour donner une interprétation
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
Produit surtout des phrases.
Réinvestit le lexique vu
Réinvestit les structures vues
Grille d’observation pour 3 élèves francophones, sur les séances « The ShipWreck » et
« Toward Los Angeles »
Prénom : Alanis
The Shipwreck
04/10/2014
Toward L.A
15/11/2014
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 1 /32
Intervient pour décrire oui
Intervient pour donner une interprétation
non
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
non
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
oui
Produit surtout des phrases. non
Réinvestit le lexique vu non
Réinvestit les structures vues non
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 1/42
Intervient pour décrire non
Intervient pour donner une interprétation
oui
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
oui
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
non
Produit surtout des phrases. oui
Réinvestit le lexique vu
Réinvestit les structures vues
37
Prénom : Mathilde
The Shipwreck
04/10/2014
Toward L.A
15/11/2014
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 0 /32
Intervient pour décrire non
Intervient pour donner une interprétation
non
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
non
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
non
Produit surtout des phrases. non
Réinvestit le lexique vu non
Réinvestit les structures vues non
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 3/42
Intervient pour décrire Oui/1
Intervient pour donner une interprétation
Oui/ 1
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
Oui/ 1
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
non
Produit surtout des phrases. oui
Réinvestit le lexique vu
Réinvestit les structures vues oui
Prénom : Elio
The Shipwreck
04/10/2014
Toward L.A
15/11/2014
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 2 /32
Intervient pour décrire oui
Intervient pour donner une interprétation
non
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
non
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
oui
Produit surtout des phrases. non
Réinvestit le lexique vu non
Réinvestit les structures vues non
REAGIT ET PARLE EN INTERACTION
Nombre total de prises de parole 2/42
Intervient pour décrire non
Intervient pour donner une interprétation
oui
Intervient pour réagir sur ce que vient de proposer un autre élève
oui
PARLE EN CONTINU Produit surtout des mots lors des interventions
non
Produit surtout des phrases. oui
Réinvestit le lexique vu oui
Réinvestit les structures vues
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Annexe 5
39
40
41
Annexe 6
42
Annexe 7
Ecrire à partir d’une image/ My Storm
Domaines : Langue Vivante/Anglais et arts visuels Activités: Lecture d’image Production artistique visuelle Production écrite à partir d’une œuvre personnelle Niveau: CM1-CM2, section internationale
Objectifs langagiers: Développer le lexique: Thèmes: la tempête, la navigation, la mer, les sentiments Parler en continu: S’exprimer à partir d’une image : décrire et dire ce qu’on pense ou imagine. Production écrite: Produire un questionnement à partir d’une image Produire un texte accompagnant une image.
Séances 1 et 2: Production orale /Lecture d’image
Support: The shipwreck / Turner
What do you see?
What do you think?
What do you imagine? Elaboration d’un lexique autour du thème étudié : le naufrage d’un bateau/ shipwreck un lexique des émotions que suscite l’œuvre de Turner: danger, scary, dark, sad, exciting, death, …. Recueil de lexique après séance 1 et 2: A boat, a ship, a sail, to sail, to sink, a sailor, to die, to throw up, to turn over, A wave; the sea, the ocean, the Atlantic Ocean, the foam, a whirlpool, a swirl The sky, the clouds, the black clouds, the lightning; the thunder, a tornado,
Séance 3: Production arts plastiques
Objectif: produire une œuvre représentant une tempête. Objectifs langagiers: Réinvestissement en production orale (parler en continu) du lexique vu lors de la lecture d’image + de la production art plastique: des structures type: can I have blue paint? Can I have a red paper? donner son opinion personnelle: I like it because….
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*Consigne: “Paint a storm.” Choose your background paper and the colors you will use. Ask for colors in English.” ( un poste de récupération du matériel est installé, les élèves y vont chercher leurs couleurs, un enfant anglophone les distribue) Medium: colored paper A3, acrylics and pastels. *Mise en commun: quand les productions sont terminées, affichage et observation. Question: “ Are all storms the same or are they different? Are some storm more violent than others?” S’ensuit une discussion collective. Puis consigne suivante: “Choose a painting and tell us why you like it or why you noticed it.” Production orale individuelle
Séance 4: Production écrite à partir d’une production visuelle
Objectif: Produire un texte pour illustrer une production visuelle personnelle à partir de questions produites par des camarades de classe. Objectifs spécifiques: Produire des phrases interrogatives +utiliser les temps le pretérit Utilisation de la structure : Why is there…? Why did you+ verb…” + réinvestissement à l’écrit du lexique vu. Echange entre élèves afin d’élaborer des questions Phase 1: Rebrassage du lexique étudié ( tempête/naufrage): Présenter les images en groupes et interroger: “What do you see? Phase 2 ( travail de groupe): travail par groupe de 4 ( hétérogène) Chaque groupe reçoit 4 images réalisées par d’autres camarades. Consigne: “Write 4 questions about this image that comes to your mind. It could be about details your see, it could be about the colors, it could be about the story.” Phase 3 ( travail individuel avec tutorat pour les élèves les moins avancés en anglais): Chaque élève reçoit son œuvre et les 4 questions que ses camarades ont préparées pour lui. *Consigne: “Write a paragraph to go with your image. Include in your text the answers to the questions given to you. Be careful, your text should make sense without the questions.”
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Annexe 8
The storm, by Arthur This story take place on a boat in the middle of the Atlantic Ocean. The boat is a three-mast, and he carries 86 people. he sky begins to turn grey,the waves become to look like hills .
Now,it's raining a lot. All the people shout ''Ahh a storm
''.The capitain said ''Be calm , I know how to stay
alive !'';But the capitain doesn't see a tsunami about to
destroy the boat !!!...
All the people are dead but we can see pieces of the boat
floating on the sea..
The shipwreck!, by Elio
Hello, my name is Calum and I am going with my boat “The flying
bird” in the Atlantic Ocean. I'm going to look for a sunken
boat ! I find the boat but one storm comes. The clouds are
brown. The sky is blue and dark brown . The blue because of
the rain. One big and violent wave comes in my boat and it's
sinking before I die. I can see 3 skeletons in the boat and one shark . The people are dead, it's the cemetery for boats... gloobs,
glou, glob,
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The end of the Story, by Laura
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47
Support visuel : The Banjo Lesson, By Tanner
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BIBLIOGRAPHIE Bablon, Frédéric, (2004), Enseigner une langue étrangère à l’école: Hachette Education “Profession enseignant” Julié Kathleen et Laurent Perrot, (2008) Enseigner l’anglais :Hachette Education « Profession enseignant Duverger, Jean (2005), L’enseignement en classe bilingue aujourd’hui :Albin Michel
Articles Witzigmann Stéfanie, (2008), Approche de la discipline non-linguistique arts plastiques dans l’enseignement secondaire du Blade-Wurtemberg :Synergies Pays Germanophones n°1 p.189-196 Muller, Catherine (2009) La créativité dans des commentaires de photographie en classe de français langue étrangère :Synergies Europe n°4 p. 89-104 Lampert, Nancy (2011) Stimuler la pensée créative au travers de l’éducation artistique : International Journal of Education through Art, Volume 7 Number 1 Roberge, Alexandre (2013) Comment le cerveau assimile une nouvelle langue : Thot Cursus
Sitographie
http://www.pzartfulthinking.org/index.php Gravé-Rousseau, Guillaume (2011) L’EMILE d’hier à aujourd’hui, une mise en perspective de l’apprentissage d’une discipline en langue étrangère : http://www.emilangues.education.fr
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