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Maxime Le Forestier Avec Sophie Delassein ne quelque part Excerpt of the full publication

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Maxime

Le ForestierAvec Sophie Delassein

ne quelque part

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Maxime Le Forestieravec Sophie Delassein

Né quelque part

Don Quichotte éditions

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www.donquichotte-editions.com

© Don Quichotte éditions, une marque des éditions du Seuil, 2011.

ISBN : 978-2-35949-0 9-

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisationcollective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé quece soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçonsanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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À la fille.

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Ce récit est fondé sur mes souvenirs,ma propre interprétation des faits.

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C’est une maison bleue…

IL SUFFIT d’ouvrir le Petit Littré pour lire la définitiondu mot « nostalgie » : « le mal du pays ». MaximeLe Forestier n’en est pas atteint, il l’affirme et je lecrois volontiers. De son enfance à Saint-Ouen, enSeine-Saint-Denis, il parle peu au quotidien ; de sonvoyage initiatique à San Francisco, en pleine périodehippie, pas davantage ; et de ses années de vie auBrésil, encore moins. J’en conclus que, définitive-ment, il ne souffre pas de ce mal du pays, tel quelu dans le dictionnaire. Je l’affirme, mais j’ai du malà l’accepter. Alors j’ai décidé de revêtir pour lui lalongue robe « en dentelle grise et noire » de « MadameNostalgie », chère à Georges Moustaki, qui, dans laballade écrite pour Serge Reggiani, s’autorisait avecelle le tutoiement : « Tu pleures sur un nom de ville / Ettu confonds, pauvre imbécile / L’amour et la géogra-phie. » Comment rester insensible au lyrisme decette chanson, plus précise que la trop courte défini-tion du Petit Littré ?

C’était au mois d’août 2010. Je publiais dansLe Nouvel Observateur un article sur « San Francisco »,l’une des premières chansons écrites par MaximeLe Forestier, à la faveur d’une série de l’été comme onen réalise régulièrement dans les hebdomadaires à lasaison chaude. Jamais personne n’aurait imaginé que

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MAXIME LE FORESTIER

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ces deux colonnes perdues dans les pages culturellesnous mèneraient si loin…

Je m’explique.Un matin, dans ma boîte mails, je reçus un message

de San Francisco. Après avoir pris connaissance demon article sur la célèbre chanson, un certain AlexisVenifleis me demandait si je savais où était situéela fameuse « maison bleue ». J’appelai MaximeLe Forestier sur-le-champ, qui d’emblée me réponditavec un brin de mauvaise humeur mêlée d’humourqu’elle se trouvait « adossée à la colline ». J’insistaiun peu, sans succès, puis répondis au mail de l’inconnuque le chanteur ne s’en souvenait plus. Un petitmoment plus tard, le nom de Maxime Le Forestiers’afficha sur mon Blackberry Curve 8 520. À cemoment-là (je m’autorise à dévoiler un peu de savie privée pour une fois), il se trouvait chez lui à lacampagne en train d’admirer la ruche qu’un ami etvoisin venait de lui donner. Il s’apprêtait à recueillirle miel pur et délicieux que les abeilles, en bonnestravailleuses, lui offraient. Au téléphone, le chanteur-apiculteur m’annonçait qu’il venait de fouiller sesarchives à la recherche d’un carnet d’adresses. Il avaitretrouvé celui des années soixante-dix, dans lequell’adresse de la maison bleue avait été inscrite. Faut-ilcroire aux miracles ?

J’en communiquai aussitôt les coordonnées à AlexisVenifleis, qui, dès le lendemain matin, décalagehoraire oblige, m’envoyait une photographie de lademeure haute de trois étages. Stupéfaction : lafaçade de la maison, d’un style typiquement victorien,était devenue verte. Infamie ! Maxime Le Forestieren rit de bon cœur et, entouré des siens, il se penchalonguement sur le vert en question pour voir si, parhasard, il ne tirait pas un peu sur le bleu. Les semainespassèrent, et nous nous trouvâmes finalement réunis

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NÉ QUELQUE PART

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dans un bureau chez Polydor, la maison de disqueshistorique de Maxime Le Forestier. Entre-temps,j’avais promis au chanteur de repeindre la maison.D’un simple pari, nous étions maintenant embarquésdans une folle épopée. Nous projetâmes, avec toutel’équipe qui entoure l’artiste, de repeindre la maisonen bleu, d’y apposer une plaque commémorative, deprogrammer un concert à San Francisco fin juin, etde tourner un documentaire sur le retour, quaranteans plus tard, de l’auteur-compositeur-interprète surles lieux. Tous ceux à qui nous exposâmes le projetfurent aussitôt emballés. Ainsi Polydor en profiterait-elle pour célébrer les quarante années de fidélitéde l’artiste dans la maison, en commercialisant ànouveau son premier album en intégralité, maisinterprété cette fois par les jeunes signatures del’écurie : Olivia Ruiz, Féfé, Ayo, La Grande Sophie,Juliette, sans oublier François Morel. La jeune généra-tion ne se fit pas prier : elle se précipita dans le studiod’enregistrement.

J’en profite pour rappeler que l’album de 1972, surlequel Maxime Le Forestier revient longuement dansce livre autobiographique, contenait des perles, dont« Mon frère », « Éducation sentimentale », « Para-chutiste », « Fontenay-aux-Roses », « Marie, Pierre etCharlemagne » et bien d’autres encore. Peut-on trou-ver plus bel hommage ?

Maxime Le Forestier débute son récit par sonenfance musicienne, entourée de femmes : sa mèreet ses deux sœurs aînées. Avec quelques sanglotsréprimés, il évoque l’absence du père et ce frère qu’iln’a jamais eu, jusqu’au jour où il découvrit que songéniteur avait un autre fils, Jérôme, d’une vingtained’années son cadet. Une bénédiction, puisqu’ils nese quitteront plus. Quelques pages plus loin, on se

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MAXIME LE FORESTIER

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souvient que le coup d’envoi de la carrière deMaxime Le Forestier fut donné par Georges Brassens.Quelques semaines avant Noël 1972, devant le publicde Brassens, son maître à chanter, le jeune Le Forestieravait interprété ses premières chansons pour descentaines d’oreilles réceptives. Ce soir-là, GeorgesBrassens débuta son récital, le visage en sueur, avec« La Ballade des gens qui sont nés quelque part ».

Maxime Le Forestier apprit beaucoup du Sétois,ainsi que du maître équestre portugais Nuno Oliveira.Les passionnés de dressage seront sensibles à cechapitre de sa vie, cette vie de chanteur, tout simple-ment, racontée avec la franchise qui caractérise sonauteur. Un parcours qui force le respect, bien qu’iln’ait pas été aussi linéaire qu’il n’y paraît – ce quenous apprenons ici.

Quand, naguère, j’ai proposé à Maxime Le Forestierde raconter ses souvenirs dans un livre, je ne leconnaissais pas, ou à peine. J’écrivis alors en intro-duction à notre ouvrage1 qu’il était « un paradoxevivant, à la fois drôle et mélancolique, sédentaire etvoyageur, ponctuel et rêveur, posé et délirant, intelloet populaire ». Sept années ont passé sans que monapproche de l’artiste ait varié. Sept ans, et pas l’ombred’une ombre au tableau. Pourtant, telle la mouchedu coche chère à Jean de La Fontaine, je me suisapprochée au plus près de l’artiste pour mieux épierses faits et gestes, sans gêne, sans retenue aucune.Est-ce en conscience, ou par inconscience, qu’il s’estlaissé observer ?

Quoi qu’il en soit, nous nous sommes retrouvéssept années plus tard, face à face, pour que ce texteexiste de nouveau, mais dans une forme augmen-tée et actualisée : je me suis effacée pour lui laisser

1. Né quelque part, Hachette Littérature, 2005.

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entièrement la parole afin qu’elle parvienne auxoreilles d’autrui avec plus d’intensité qu’à l’origine.Car qui n’aimerait pas converser avec cet homme-làen tête à tête, dans sa cuisine, comme de vieuxcopains ?

Depuis que je « fréquente » l’artiste, j’ai assisté àonze reprises à son récital consacré à Brassens, sansjamais me lasser. J’étais affalée dans le canapé dustudio au moment de l’enregistrement de Restonsamants, affalée de même dans un des fauteuilsrouges du Casino de Paris pour ce spectacle marquépar le grand retour du contrebassiste Patrice Caratinià ses côtés.

J’ai vu l’homme rester digne quand il a perdu samère et quand, peu de temps après, l’autre musiciende ses débuts, Alain Le Douarin, a quitté ce mondeheureux.

J’étais à ses côtés le soir où son fils Arthur estmonté sur la scène de l’Olympia pour interpréter sestoutes premières chansons. Au milieu de tous cesévénements, ces journées avec et ces journées sans,ces pleins et ces déliés, Maxime Le Forestier a, l’airde rien, passé le cap de la soixantaine (de même quele million d’individus de bon goût qui avaient aiméson premier album).

Bientôt, donc, nous nous envolerons pour SanFrancisco, afin de repeindre la façade de la maisonbleue. Un rêve, pour moi. J’y serai en tant que bio-graphe officielle de Maxime Le Forestier, en attendantde devenir son plus vieux copain, un jour, qui sait ?

Sophie Delassein

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Février de cette année-làC’est le début de mon histoire

Bien avant ma première guitareQuatre ans après Hiroshima

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L’enfance en la mineur

AVANT de découvrir la chanson à l’âge de quatorzeans par les partitions de Georges Brassens, monéducation musicale fut classique. C’est Anne qui aintroduit la musique dans la famille. Anne est l’aînéede mes sœurs, et Catherine la seconde. Je suis le cadet.Nous sommes tous les trois nés à trois ans d’inter-valle. Repérée à cinq ou six ans par une amie de magrand-mère pour avoir l’oreille absolue – c’est-à-direla mémoire des hauteurs de notes –, Anne a été tôtadmise au cours d’Yvonne Desportes, qui enseignaitdans un atelier près de la porte d’Orléans. Premiergrand prix de Rome, elle avait créé ce cours de solfègede très haut niveau pour les fils et filles de ses amis,avant de l’ouvrir à des jeunes particulièrement doués,dont par exemple Frédérique, Patrice et RenaudFontanarosa, les enfants du célèbre peintre, qu’elleavait rencontré à la villa Médicis. Ma sœur Catherineet moi-même avons suivi Anne chez Mme Desportes,qui aimait enseigner aux familles car cela lui permet-tait de former des trios. Anne était pianiste, Catherinevioloniste, et l’on m’avait destiné au violoncelle, nonsans réticence de ma part : j’aurais en effet préféré laflûte, mais on ne l’enseignait pas aux petits, parceque le travail sur le souffle leur donne du ventre. J’aifinalement appris le violon jusqu’à l’entrée en CM2,puis j’ai rangé mon instrument pour ne plus jamais

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y toucher. Néanmoins, je peux affirmer que le violonest un apprentissage formidable pour l’oreille, parcequ’on y fabrique sa note. Nous sommes trois à l’avoirétudié parmi les collègues que je fréquente : Zazie,Jean-Jacques Goldman et moi. Je n’oublie certespas Catherine Lara, mais elle, contrairement à nous,est une vraie violoniste.

Ma sœur Anne a bien sûr eu beaucoup d’influencesur moi, ce dont je ne me rendais pas compte àl’époque. Elle a aussi été très importante par la suite,et le reste encore aujourd’hui. Vers neuf ou dix ans,il m’a fallu choisir ma voie : entrer au collège etapprendre le latin, ou m’inscrire au conservatoiretout en poursuivant ma scolarité par correspon-dance, comme mes deux sœurs. Par pure fainéantise,j’ai abandonné la musique. Je dis bien par fainéan-tise, parce que mener de front le conservatoire et lesétudes revenait à travailler sans répit. En plus descours traditionnels, il fallait apprendre le solfègeet pratiquer l’instrument au moins six heures parjour. J’ai retrouvé dernièrement les emplois du tempsde Anne : il m’a semblé terrible de faire vivre un telrythme à une enfant.

Heureusement pour moi, Anne ne m’a jamaislâché avec la musique. Pendant quatre ans, toutes lessemaines, elle me faisait déchiffrer des partitions etchanter des airs comme L’Enfant et les Sortilèges, lafantaisie lyrique en deux parties de Ravel sur unlivret de Colette. À quatorze ans, j’ai acheté ma pre-mière guitare et je me suis dirigé vers la chanson,mais de tout temps Anne a mis un point d’honneurà me maintenir en contact avec le monde du classique.Grâce à elle, j’ai toujours été plus ou moins au faitde l’évolution de la musique contemporaine savante.Et j’ai pu remarquer, au gré de mes séances d’enre-gistrement de cordes, où systématiquement deux ou

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RÉALISATION : NORD COMPO À VILLENEUVE-D’ASCQ

IMPRESSION : CPI, FIRMIN-DIDOT

DÉPÔT LÉGAL : MAI 2011. N°105193 (00000)Imprimé en France

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