l'expression des émotions chez l'homme et les animaux

421
L ~j~r~s~ ~y ~o~ Darwin Ch. C. Reinwald Paris 1890

Upload: phungkhanh

Post on 05-Jan-2017

224 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

L ~j~r~s~ ~y ~o~

Darwin Ch.

C. Reinwald

Paris 1890

Page 2: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Symbole applicablepour tout, ou partie

des documents microfitmés

Ong'nat illisible

MF Z 43-120-10

Page 3: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Symbole applicablepour tout, ou partie

des documents microfitmés

Texte déténoré reliure défectueuse

MF 243-120-11

Page 4: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 5: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~tatt~~iS j~tHtMX~~

Page 6: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Ttpaa)tAwnKMMtx*Mow.–MtMSH.(ttC)ttt.)

Page 7: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~A:~Y/MA: ~/77<W~At'6'~~ï' COM/f~

(!fntne.tmtifaf;c).

AVKCV<S«TKT<'XKG)!AVt:)tt!<'at!ttM<tJtf l'

M c)n'ir t't.AxcttKtt t'ttMTtt'tHAfm~Ki-

L'EXPRESSION

~T\ ï~ 'Tf'n T'nW~JUJ~o Jt~MU11Ui\ oCMKXm)m!ËKTLHSA.\H!At

f.t«CHARLES DARWÏN

1

TKA)ttUrr DHf/AXniLAtS t'Att t.KS MOCTKLttS\

SAMUELPOZZIl'MftMMttoxrt~&laFMntmeMMtetM,

CtttM~Mt'te~tMpthtM~r~)!)'.An~Mt tntenx', m&M)tett'o~

:MMnhM<teh8oeMM<t'AnthM)Mh~<

PAtUS

!Œ!KWAt.&,LtBRAtKK.~nrfHUtt'8,t<UK(tHSSA)XT~-t')~)tt!<4,n!1;

<8&0

Tn)M<!<««!<ttten~

M.A-.F.H.S~ETC. I.

REN~: BENOIT

l~~tenr tM esrlenoenphyepcw

<)ot<t!tt<.)t)HJet~tt*,At)<'tcna)<tent'tMMt<M«!e,

~nr.:nt'tetaF<M'<!)M<!eM~te<Be'tcMn!tt)'c))tC)'.

Page 8: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

W) AVtS UE8 TRAPUCTBUMS.

point ~CM«*,~M~riC~C Dar~M MM~MC~'Î/<CMCM~

MMCfr<* MOMM~e~MM/'J~M~<'ofCla Jf~tC'MOM<C.

Les ~'<ï<~c~Mr~<'M~cxc/M~'eweM<<A~~t rcMofrc

<!M~~J~~ la penséedit ~A'~C.Ils M'O~pas C~M~0<r,à /'C~<'M~ ~M~MM-KtM /<*M~t)f<'MWCt<~<t<*COW-

~~cr de r~jctOM~ni de cowMCM/<t<rM.Ils ~<MCM~cette

/ttcA<:à la cW~~Me.Ï/M~MPMMM~~r<focc~~ de faire coM-M<î~rc<!H~~<f<!M~M cet~KJE'0~/<ÏM/OW~~C,ils ~ïrCM~

~Mf/<~Mrpersonnalité M<'MM<?.<M~~OMr moins ~OMt~Ce~'e le ~cc/cMret f~/M~rc naturaliste.

Page 9: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

TABLE

r~<t.Avt&n<!<T<ttfK:Tt!)j<t< V

P),AceME!(Ytt):S)'LA!tt:)tK)' V<

l!<TM(ttt)LCTtOtt. <

CHAP~KHf.

)'t)««:<pe< c~stiMAm BK KXt'nessxtt.

~taM!MenK*Mt'tea trob pf!tie!pe!!tbodatncntaux.– PfCtMterprinc~M'. Les

aetett utHeodeviotnent habUactsen s'associantà cettait)!!Mab d'eiipft),et sont accMnp<!t.que h' <M'Mtxs'en taMf <fntir on Mon,dana dm~uf cas

particunpf. r PubMnm df t'haHt«t!< iM)rM!te. MeMyetneats

asteci~ haMtMettdM-xt'tmMMtc. Aettens fOtetM. TntMstbrnMtten

<<c< haMtMdeaCHaetiotMtf~etea. Mouvemeo~aMoctës hab!tue~ chez

te)ta<t!tnaHx.–Cot)ett)<!Mn< M

OHAt'tTBKH.

<'ntXf:tP<!<6)5.<tjt~x fB )L'KXfOHafHos. (<tt;<TB.)

!'f!M!t<e<ieFanMtM'fte. KïetMptMchez te chien et te chat. ODgtnedu

pHadtM;. Stete~ cenvotHonncb. Le pfineipe de anthh&se n'a p<M)MMtcMgtne dMacUoM opt«M~eaaccotHpMeten coMnaiManeede caMeMM t'tnHMfMted'hnpnbh~oMWMees. 62x

Page 10: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

VMt TABLE.

CHAPiTHKtih

ftttttCU'MS Ct~ËHAtit ttt: t.'CH'neS)!)OS. (H!t.)

Troisième principe Actiondirecte ont t'oconontied<<i excitationdu syxU'tMC

reBce.

nerveux. indépendamment de ta volonté et, en partie, dp t habitude.

Changctncnts de coutMtr dn pai). TMmMehteHtdes muscles. Mttd«t<<attons des sécrétions. Supor. KxfrfMhtn d'une vivedoMteor,de ta

fureur. d<' la joie. df la terreur. DtfMreHeeentre lesexpre~ons qn!causent ou non dM tnoMvenMnt<!cxpre~ih. i':(pt8 d'Mpritqui excitent

ondepti)nent.– Msume. 60

CHAPtTKE IV.

MetKKS C')!XPHES<ttO?iOtEZ H!~ ANtX~OX.

Ë)<)tss!nnde wns. Som veeoHX. S«ns produits far divers mécanismes.

Her!MM)M«tdesappettdtces cutané. ]M)!)a.ptûMM.etc.. sous rMuenco

df la fureur ou de la t<*rrettr. HcnverMtnent en arrière deaorciUes

comme préparaUon att fotnbat ct comme~~tx*de coM'fe. TtedreMement

des oreMteitet <)<vat!ottde la t~te en signe d attention. M

CHAPtTRE V.

KXt'KEeXtONSfpëCttLEX OKf A'<tMAt:X.

MoMVcxx'ntscxprMsif)!diveri! chez le Chien. Chat. Chetai. KMMi-

nantit. Singes. ExpfPMion:de joie et tfaNifetiot).de snHMrancc.de

colère, d'étonnenx'nt et de terreur chM ces anhnau< «9

CttAPtTRB Vt.

KXfnKSStOSS S)'É<A<.t:8 nK t.'t)OMNB. SOffUtAKCt: KT Pt.Et!n<i.

Orh et ptcuMchez t'enhnt. Aspect des traHe. A«cauquel MtnmenMnt

les p!UM. K<r<*tfd'une r~'r<*M!oahuttitueUcdespleurs. Sanglot.CaMMde tacontractton des tnMMte~<tt)tentourent t'û'M,pendant <Mcfbt.

–CaniM'dcta s~erftion de< tarMea. <M

CHAPtTRE VH.

AnATTe«E~T.–A!fX)ËTë.–CMA6tU!<))~OUMA<!KMt!!<T.–ttÉt:<!<ifO)!t.

Etfets gënëraMxdu chagrin sur r<conotnie. OMiqMttédes Mttrctb MM9

t to~uencede la MMifrante. CauM de l'obliquité dMMMtrcHx. AtMh'

sement des coiM de la houchc. <«'

Page 11: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

TASt-iR. .X.

CHAPITRE ViH.

'<0'<K/fiÂtt:T~Marn7'S~Tt~ tïf~'tji;

B!re, cxpresstoMpnmHtve de ta Jote. tdces riftMes. Mouvements et

traMs du v!mt;<!pendant te r!re. Nature du <OM<tn!t!. Sécrétion de:)

t!)rmes<ttttacMtHpa);nentte fou rtre. –Oc~festnterMtedfaires entre te<ott

rire et. te sottrtw. ftaiete. ExprcMton de t'atnour. 8e)ttimct)t<t

tend f es. PMte. 2)t

CHAPITHE JX.

KÉ~H!<Ott. )tË<t<TAT<(t!f. HAUVAtOKXUHKHt. ttt'metX)!

nt5c<stoN.

Froncetncnt des <ourc!b. RettexhMtaecotM{M(;nc<!d'ei!<trtoa de la t'en'ep-tion d'une chose dMMcttfou desag~abte. –Méd!tattan abttratte. Ma)t.

va!M!)U)Menr.–Mef<Mitc.–Ob<Un)ttioM.–B<mdcrte,)mM<Deci<itcnou détermination. Oeetusion ener(;h{uede la bouche. 239

CHAPtmE X.

))*t!<E ET notant!.

Haine. Furet)f. <ie«'ft<'tssMr!'eco<!Otn}e. AcUonde montrer leu dents.

FMrear chez te« atiénés. Co!ere et ind!gnat!on. Leur expresstonchez tca dhCMeitraces humahtes. Ricanetnent et deM. Action de

dec(tMvrtr!a dent Mntnodun xcMteAté. 2&S

CHAPtTKK Xt.

e~ttAtw. wÉt'ms. n6e<n'T. <pAn~nT~. ttn<tt., ETC.

tMPOtSftAKCE. fATtBKCK. Aftt«MAT<OX6T K~CADOtt.

Méprts, hauteur et dédain variété de teur<;cxprMsioM. –Sourire Barcas-

Uque. Gottea qui expriment te meprX. M~goat. Cnipab'tite,

foMtrbcrie, or(;uei), etc. M<t(;nation, faiMt'ssc ou hmpttiNMmce.Pat!enc< ObstixaUon. MaM~sementdes ~pauteo, t<MtecoMMon &

ta plupart d<*sraces hutnaincs. Signe d'aMrmatton et de nf~

CMAPtTME Xt!.

<m<'HtSH. ÉTONNÈRENT. CBAtKTB. t)OnttKt-«.

SurpriM, etonnetnent. Sourctts etetes. ttcuchc OMwrte. LOvres

avancées. Gestes qui aceotnpnancnt la surprise. Adm!mt!on.

Crainic. Terreur. ttér!sf!ementdes cheveux. ContraeUon du

tnMSfte peaa<s!cr. D!!atat!oMdes pMp!«M. Horreur. CooctushMt.. 298

Page 12: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

n TAMt<H.

CttA)t'tTnKX!)t.

tTTt:!<T)M!<t'OKt~t! SUt «Nt MÈMK. ttOSTt:. TtMttUT~.

M(ttH:~TtK.–M<'t<.Kttt.

F<K~Mrede h fOMftCMr.Mer<~dtt< Parties du eo~nt qui ex Mnt te p!(t<

a<K'c!~<*)t. )<<tntugettr cttm: t~ <th'cmM racet h<tma!ne<. GMtteit

concootitaMts. CoxfMitioM. Ca)MM<t<'taMM);eMr. t.'attcothttt por~sur Mi.mtnte en <Mtt'~tenMtttt~mdatMentat. T!t)tM)M. H<!Mte,pr<~vc)t<mtde la vMitthw des to!e nwratex et dM f~teo cnMveattonnettes!.

Medc<Hc. TM<tf!<'de la rougcttr. KtcapitutaH<tH. 332

CHAt'!TME XtV.

cos(:t.t:<noXtt<:TK<<m6.

Les ttois prhte!)'MfondatMCtttaoxqui ont détcnntoe te~ princi~tn Mtoove.

tnents MpfMs!&. LeMrherMtte. <Mtede la totext~etde t'aUeMt!ondena FacqHisMiondes d~cMes expre&tbnfi. L'e~MM&!onse fecattno!t

dtnsOnct. PtrcMvefoMfniepar notre sujet &t'untt<'<t<ee!<i<ttcdM racM

hMMatncs. De tae<~h!Uoa SMeeeMtvetmr les aacOMsde HtomMedM

divctws exprM~otOt. ttt))'ortanMde t'e~fMtton. Cooetoston. 37:<

~nM. 395

Page 13: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLACEMENT DES PLAXCHËS

Ptonchctfnfaeedetapag' <&«

H .J* <02

Ut 2t6

tV :<?v ;!72

V! M4

YJt :).2<t

QM<!)<tUM.Mn<'i<<t<'ces MHograt'm'esont été n'~n'~Mite!!d'après d<Mphotu-graph!M, ait lieu de t'~rc avec )ettM négativesor));ttM)M;aussi h'Hf <*x~cMt!<tn

tatsse q)teh(Mechose a deaitrer; M sont {tOHrtantdes r''t)M(tMct!ot)<!cxacte<! <'t

bien sup~rtcHrei),tM)«)fle txtt de t auteur, &des({Nvureson de~inx de ta mcit*

teafe cMeMUott.

Page 14: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

1

L'EXPRESSION*

D~e

ËMOTÏCNS CHEZ L'HOMME

ET LES ANIMAUX

INTRODUCTION.

On ? beaucoup écrit sur l'expression, et plus encore sur

laphysiognomonie, c'est-à-dire sur l'art de connattre le ca-

ractère par l'étude de t'état habituel des traits. Ce dernier

sujet ne m'occupera pas ici. Les anciens traités que j'aiconsultés m'ont été d'une utilité médiocre ou nulle. Le meil-

leur d'entre eux est celui du peintre Le Brun, les fameuses

CoM/~wce~ publiées en i6$7, qui contiennent quelquesbonnes observations: Un autre essai quelque pou suranné,

<.J. Parsona (AppendiceauxPMMepMM!ï'raMaeMMM,i?46, p. 4t)donneune liste de quaranteet unanciensauteurequi ontécrit suri'expreMton.

2. CMt/J~MMsur t'c<qM'e<~oades<Nj}R~M<<MnMM<~despaM<OMs,Paria,in4<~ i6M. Je cite toujoursd'aprésla réimpressiondes Con~'feMMdans l'éditionde Lavater,par Moreau,parueen <MO,vol. tX,p.257.

Page 15: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3 tNTMO&MCTtOM.

les Discours(1774 à 1782) de Campera anatomiste hollan-

daiatMen conçut, ne peut ~uêve

MMconsidécé comme&yant~

fait avancer notablement la question. Lesœuvres que je vais

citer mentent, au contraire, la plus grande considération

En 18uC, parut la première édition de l'~M<OMKCet pM<o*.I

<opMede FE~prpMton,de Sh'Charles Bell; la troisième éditiondate de 184% On pent le dh'e avec justice, non seulement

l'illustre physiologiste posait lespremi&respierres d'un nouvd

6diMcc!!cientitique, mais il élevait déj& sur cette base une

œuvre vraiment magistrale. Son ouvrage présente, & tout

point de, vue, un haut intérêt on y trouve des descriptions

prises sur le vif des diverses émotions, et des illustrations

admirables. Son principal mérite est, commeon sait, d'avoir

montre la relation intime qui existe entre les mouvements de

l'expression et ceux de la respiration. L'un des points les

plus importants, quelque insignifiant qu'il puisse parattre au

premier abord, est celui-ci les muscles qui entourent les

yeux se contractent énergiquement durant les enbrts respira' ytoires, afin de protéger ces organes délicats contre les effets

de la pression sanguine. Le professeur Uonders, d'Utrecht, a ~Ibien voulu, sur ma demande, faire de ce phénomène une

étude complète, qui jette, comme nous le verrons plus loin.

une vive lumière sur les expressions principales de la phy-sionomie humaine.

L'important ouvrage de Sir CharlesBelln'a pas été appréciéou même est resté ignoré de beaucoup d'auteurs étrangers.

Quelques-uns cependant lui ont rendu justice, par exempleAi. Lemoine~ qui dit avec beaucoup de raison Le livre

3. DheoMMpafHorfeCaMpct'<<«'lamoycM<t' tcpn'tCHMks <Mce~MtMM<MM,etc.,n92.

4. C'Mtd'aprfs cette troisièmeudmen,qui a ét<5pubt~eatn'<)9lamortdeSirCh. Be!tet contientsesdernièrescorfMUoa~que~eciterattoujours;la premièreédiMon,de <806,estd'ancvaleurtfëa!ntêrie<tMetne contientpasquelques-unesdesesvuestesplusimportantes.

8. ~(f'A~~MmM'e<<<<la parolc,par AtbertLemoine,t8CS,p. i0t.

Page 16: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~THOPUCTtOK. a

de Charles BëH devrait être médité par quiconque essaye de

Ïatrcp&pïërÏëvï~gc~ rhomme, pat' les philosophes aussi

Mon que par les artistes; car, sous une apparence plus légère

et sous le prétexte de l'esthétique, c'est un des plus beaux

monuments de ta. science des rapports du physique et du

morat. ))

Sir Chartes Bett, pour des motifs que nous indiquerons,

n'essaya pas de poursuivre ses aperçus aussi loin qu'il aurait

pu te faire, tt ne tenta pas d'expliquer pourquoi des émotions

différentes mettent en jeu l'activité de muscles différents;

pourquoi, par exemple, on voit tes extrémités internes des

sourcils s'élever et les coins de la bouche s'abaisser chez une

personne que tourmentent le chagrin et l'anxiété.

En i80T, M. Moreau publiait une édition du traité de La-

vatersur taPAy~o~MOMOMte~ où it incorporait plusieurs deses propres essais, contenant d'excellentes descriptions des

mouvements des muscles faciaux, avec un grand nombre

6. L'AW<feeMMta«<f /MMMMM,e~c.,par (i. Lavater. La premièree(!!t!<mde cet ouvrage, &laquelle renvoie la préface de Md!t!onen dixvolumesde t8&o~comme contenant les observations do M. Moreau,auraitété publiée en 1807.Je ne doute pas de t'exacHtudede cette date.

Quelquestravaux btbMograpbtquesdonnentcepeadantcette de <MS.<8ea.Mais1806parait une date impossible&admettre. Ledocteur Duchenne

<a!t remarquerque M. Moreau <*a composepour sonouvfa~ un artictc

!mportant dans l'année <80S(~caM&meA' la p~<~tMM<<!AttM<t<nc,

~tn-8", édit. i862~ p. N, et ArcA<e<'<c~ médecine,janv. etMv. iM2); je trouve aussi dans le premier volumede l'éditionde i820des passagesportant tes dates des <2 décembre<80Set Bjanvier «K)6,outrecelledu i3 avril déjà mentionnée. Se fondant sur ce que certains

paMa~esont ainsi été <'OMpM<'<en <805, le docteurOuchonnedonne àM.Moreaula priorité sur Sir Ch. Bell, dont l'ouvrage a paru, commehoust'avonsdit, en <80o.C'est !& une manière bien inusitéede déter.miner la priorité des muvfea scientifiques; de paMiHcsquestionsontd'aiMMMpeu d'importance en comparaison du mérite retauf do cestravaux. Les passages de M. Moreau et de Le Brun citésci-dessussonttirés, ici comme toujours, de l'édition de lavater de t8~ tomeÏV,p.2M,ottoa!olX,p.2?9.

Page 17: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

4 iKTBOOUCTtON

de remarques judicieuses. Toutefois il ne faisait pas fou'e

8'M(nd progrès a~ eAté pMIosepMqMe(!a ta question. Par

exempte, parlant du froncement de sourcils, c'est-à-dire de

ta contraction du muscle appelé par les auteurs français le.

MMrM/(er(coffM~<t<ofMBef~t<),M.Moreau remarquait avec

justesse que « cette action des sourciliors est un des,symp-tômes les plus tranches de l'expression des auëctions péni-bles ou concentrées. Maisil ajoutait que « ces muscles,pat'leur attache et leur situattOM,août aptes Aresserrer, à con-

centrer les principaux traits de la /<ï<M,comme il convient

dans toutes ces passions vraiment oppressives ou profondes,dans ces affectionsdont le sentiment semMe porter l'organi-sation &revenir sur eUe-même, A ce contracter et &t'OMO~-

<<r comme pour onrir moins de prise et de surface à des

impressions redoutables ou importunes Siquoiqu'un trouve

que des remarques de cette nature éclairent la signincaiionou l'origine des diuerentes expressions, c'est qu'il com-

prend la question tout autrement que je ne le fais moi-même.

L'étude philosopinquede t'expression avait fait, onievoit. `.

peu de progrès depuis l'époque (t 067)où le peintre Le Brun.

décrivant l'expression de la frayeur, disait Le sourcil quiest abaissé d'un côté et élève de l'autre, fait voir que la.

partie élevée semble le vouloir joindre au cerveau pour le

garantir du mal que l'Ame aperçoit, et le côté qui est.

abaissé et qui parait enflé nous fait trouver dans cet état

par les esprits qui viennent du cerveau en abondance,comme pour couvrir l'Ame et la défendre du mal qu'elle

craint; la bouche fort ouverte fait voir le saisissementdu

cœur, par le &angqui se retire vers lui, ce qui l'oblige,voulant respirer, à faire un effort qui est cause que la bou-

che s'ouvre extrêmement, et qui, lorsqu'il passe par les or-

ganes de la voix, forme un son qui n'est point articulé; quesi

lesmusdes et les veines paraissent en<16s,ce n'est que par les

Page 18: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNTRMUCTtON 6

esprits que le cerveau envoie en ces pQrtMs-lA. ~'aicru qu'il

valait la peinede citer tesphrases précédentes comme exem-

pt (tex étranges insanités qui ont été écrites sur a question

fAy~c~te ou le Mt~canMmede la rougeur, par le docteur

Burgess, parut en iM9; je ferai de nombreux emprunts A

cet ouvrage dans mon treizième chapitM'.En i863, le docteur Ouchenne pubiia deux éditions, in-

folio et in-octavo, de son ~McanMMM physionomie~M-

MMttKe,ou UaïMtiyse au moyen do l'étectricHé et représente

par de magninquos photo~t'aphics les mouvementsdes mus-

cles de la face. Il m'a généreusement permis de reproduireautant de ces photographies qu'il me conviendrait. Ses tra-

vaux ont été traités légèrement ou mémo complètement né-

gligés par certains de sescompatriotes. Ledocteur Duchenne

a peut-Mre exagéré l'importance de la contraction isolée des

muMcIcspris individuellement dans la productionde l'expres-sion car, si l'on considère les connexions intimes doces mus-

cles, représentés par les dessins anatomiqucs de Menio~,les moilleurs, je crois, qui nient été jamais publiés, il est

difficile do croire qu'ils puissent agir isolément. Toutefois il

est certain que le docteur Duchenne s'est parfaitement rendu

compte de cette cause d'erifeur, aussi bien que de diverses

autres, et puisqu'on sait qu'il a parfaitement réussi A élu-

cider par l'électricité la physiologie des musclesde lit main,on peut croire aussi qu'il est généralement dans le vrai re-

lativement aux muscles de lu face. A mon avis, le travail du

docteur Duchenne représente un progrès considérable. Per-

sonne n'a plus soigneusement étudié la contraction de cha-

que muscle en particulier et le plissement de la peau qui en

résulte. 11 a montréen outre, et c'est là un service impor-tant, quels sont les muscles dont la volonté peut le moins

7. HondtMtJ~der s~<e<Ha«MA<ttAM<OMtedesM~Me~M,bandt, MtteAbtboilung,<NS8

Page 19: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t?!TKOMCT)tO<<..'0'

i~tolerl'action. Ma d'ailïours rarement abordé lesconsidéra.

tions théoriques et chercha A expliquer pourquoi certain)!

muscjles, ptuMtque d'aMtres~s<~ eontraptcntsous l'ïnnu~hcc

de certaines émotions.

tJn anatomiste français distingué, t'ierro Gratiolet, fit A la

Sorbonne une série de leçons sur l'expression. et ses notes

furent publiées âpres sa mort (tMS;) soatle titre De la PAy-«oMom~et des mouvementsd'~fM~tOM. C'est un ouvrage treN

intéressant, plein d'observations préciettMS.Sa théorie est assez

complexe. et, autant qu'on peut la formuler en une seule

phrase (p. 6&), la voici H résulte, dit-il, de tous les faits

que j'ai rappelés, que les sens, l'imagination et la pensée

cllf-mcme, si élevée, tti abstraite qu'on la suppose, ne peu-vent s'exercer sans éveiller un sentiment corrélatif, et quece sentiment se traduit directement, sympathiqucment,

symboliquement ou métaphoriquement, dans toutes les

tph&resdes organes extérieurs, qui le racontent tous, sui-

vant leur tnodc d'action propre, comme si chacun d'eux

avait été directement affecté. »

Gratiolct parait méconnaître l'habitude héréditaire, et

même jusqu'à un certain point l'habitude individuelle; il

en résulte, me sembic-t-il, qu'il est impuissant A donner

1 explication juste ou même une explication quelconque de

beaucoup de gestes et d'expressions. Comme exemple de ce

qu'il appelle les mouvements symboliques, je citerai les rc-

marques qu'il emprunte (p. 37) à M. Chevreul, Apropos de

l'homme qui joue au billard « Si une balle dé~ie légère-ment de la direction que le joueur prétend lui imprimer, ne

l'avez-vous pas vu cent fois la pousser du regard, de la têteet même des épaules, comme si ces mouvements, purement

symboliques, pouvaient rectifier son trajet Des mouvements

non moins significatifs se produisent quand la bille manqued'une impulsion suffisante et, chez les joueurs novices, ils

sont quelquetoM accusés au point d'éveiller le sourire sur les

Page 20: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~TMonucfio! ?

lèvres des spectateurs. Mme sembïe que des mouvements

de cette nature peuvent être attribués simplement&l'habi-

tude. 'foutes les fois qu'un homme a désiré mouvoir un

objet dans une certaine direction pour le faire avancer, il

t'<t pousséen Avant; pour J'arrêter, Mt'a tiré en arrière. Pat*

conséquent, quand un joueur voit sa bille router dans une

mauvaisedirection et qu'il désire vivement qu'elle en pfeancune autre, il ne peut s'onpcchef. par suite d'une tong'M*

hubitude, d'exécuter d'une façon inconsciente les mouve-

ments dont il <t éprouvé refHcaeité en d'aMtt'esoccasions.

Commeexempte de mouvements sympathiques, ~raiiotet

indique (p. 8i2) le fait suivant « Unjeune chien, à oreilles

droites, auquel son mattre présente de loin quelque viande

appétissante, Mxf avec ardeur ses yeux sur cet objet, dont

il suit tous les mouvements, et pendant que les yeux regar-dent, les deu~ oreilles se portent en avant, comme si cet

objet pouvait être entendu. Dans ce cas, au lieu de sup-

poser une sympathie entre les oreilles et les yeux, il me

parait plus simple d'admettre que, durant plusieursgénéra-

tions, lorsque les chiens ont regarde un objet avec une at-

tention soutenue, ils ont en même temps dressé les orciUes

ann de percevoir tout bruit (lui aurait pu en venir; réci-

proquement ils ont regardé attentivement dans la direction

de tous les bruits qu'ils écoutaient; les.mouvementsde ces

organes ont été ainsi déCnitivetnent associéspar une longuehabitude.

En i859, le docteur Piderit avait puMié sur l'expression

un ouvrage que je n'ai pas lu, mais ou il avait, prétend-iï,devancé Gratiolet dans beaucoup de ses aperçus. En 1867,il donna son ~«MM~t/M~M ~~m der~MM<&MM~jPAy~o-~tM<n<A.n'est guère possible de donner en quelques motsune notion complète de ses théories; les deux propositionssuivantes, que je lui emprunte, suffiront peut-êtreà en donnerune idée, autant qu'on puisse le iairc brièvement « Les

Page 21: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tKTnO)&UO'HON..8

mouvementsmusculaires d'expression sont en partie retatits

Ades otjjets imaginaircSt en partie Ades impressions sooso-

MeUesim~in&ires. Cette proposition remeMneta c!cf quF

permet de comprendre tous tes mouvements musculaires

expressifs. (P. 25.) Et aiHonr8 « t~esmouvements exprès*siis«e manifestent surtout dans lesmusctes nombreux et mo-

bilesde la face; d'une part parce que les nerfs qui les met-

tent en mouvement naissent dans le vutsinage le plus îtamô-

diat de l'organe de tu pensée, et d'autre pm't parce que ces

muscles sont annexes aux organes des sens. (P. M.) Si le

docteur PMeriteût étudié l'ouvra~' de8!t* Ch. Bell, it n'au-

Ktitprobabtemcnt pas dit (p. i0i ) qu'un rire violent cauxoun

fronccntcnt de sourcil parce qu'il tient de !a nature de !a

douleur; ni que chez les enfants (p. 103) les larmes irritent

les yeux et excitent ainsi lu contraction des muscles quiles entourent. Diverses lionnes remarques sont d'ailieurs

semées dans ce volume, et je les rappellerai en temps et

lieu.

Ontrouve dans divers ouvrages de courtes dissertations

sur l'expression, auxquelles il n'est pas besoin de nous ar.·

retcr ici. Citons cependant M. Bain, qui, dans deux do ses

livres, a traité lu question avec quelque développement.«Je regarde, dit-if, ce qu'on appelle l'expression comme

une simple partie de la sensation; c'est, je crois une loi

générale de t'entendement qu'il se produit toujours une ac-

tion dinuse ou excitation sur les organes extérieurs de réco-

nomie, en mctnc temps que s'opère la senMtion interne ou

conscience. Dans un autre passage, il ajoute « Un très

grand nombre de faits pourraient être ranges sous le prin-

cipe suivant tout otMtde plaisir répond à une augmen-

tation, tout état de douteura une dépression d'une partie ou.

8. TheSoMM<M~thefM~~ 2' cd!t.,<8<M,p. 96et 288.Laprëh<edela premiCrcéda!onde cetouvrageestdatéede Juin t8SS. Voyezaussilasecondeéditiondulivrede M.BainsurtesBMoM<Mt<<tM<<WfM.

Page 22: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNTRODUOTtON. a

do la totalité des fonctions vitales. L<tici précédente sur l'ae-

tton dWuM dcsjsenNatjtons p~t'ajLt.

jeter beaucoup de lumière sut' les expressionsen particu-Mer.

M.Herbert Spencer, traitant des sensationsdans ses ~<M-

c~Mde Psychologie (1M5), fait les remarques suivantes

« Une frayeur intense s'exprime par des cris, des eNbrt!:

pour se cacher ou s'échapper, par des palpitations et du

tremblement; or, c'est précisément ce que provoquerait la

présence du mal qui est redouté. Les passionsdestructives se

manifestent par une tension générale du systèmemusculaire,le grincement des dents, la saillie desgriffes, la dilatation

des yeux et des narines, les grognements; or, toutes ces ac-

tions reproduisent à un moindre degfé celles qui accompa-gnent l'immolation d'une proie. Voita, je crois, ht vraie

théorie d'un grand nombre d'expressions; mais le principals intérêt et la difficulté du sujet est de démêler ta prodigieuse

complexité des résultats. Je suppose quequelque auteur (sans

pouvoir préciser lequel) avait déjà exprimé une opinion A

peu près semblable, car Sir Ch. Bellavait écrit « Ona dit

que les signes extérieurs de la passion consistent simplementdans les phcnomônes accessoires qui accompagnent inévita-

blement nos mouvements volontaires par l'effet de noire or-

ganisation. M. Spencer'" a publié aussi une bonn e étude

sur la physiologie du rire, ou il insiste sur cette loi générale

que « lasensation qui dépasse un certain degré se transforme

habituellement en acte matériel et sur cette autre que «un

affluxde force nerveuse non dirigé prend manifestement tout

d'abord les vo!es les plus habituelles; si celles-ci ne suffisent

pas, il déborde ensuite vers les voies lesmoinsusitées Cette

C.ï~ AMo<<MM~o/' B~pMM&M,édit.,p. <3<.<0.&My<,Sc&nM/!e,P~<M~,<Md~ccM~cc, secondesérie, <803.

p. <it. Ontrouvedans ta pM<ni&reeehcdesËMa!sunedissertationsurlerire, quimeparaitd'unevaleurtr~smédiocre.

Page 23: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<0 tKTROUUOTtON.

loi est, je crois, de la plus haute importance par la clarté

qu'etlejettesurnotresujet'syr, :'1: .r: '¡,o. Un- '=' 'o.' 'ilTous les auteurs qui ont écrit sur l'expression~At'cxception

de M.Spencer, le grand interprète du principe de l'évolu-

tion, semblent avoir été fermement convaincus que l'es-

pèce, y compris bien entendu l'espèce humaine, est apparuedans son état actuel. Sir Ch. Bell, pénétré de cette conviction,soutient que beaucoup de nos musclesde la face sont "uni-

quement des instruments de l'expression ou « sontspéciale-ment disposés Mpour ce seul objet Cependant le simplefait que les singes anthropoïdes possèdent les mêmes muscles

faciaux que nous~ rend cette opinion très improbable; car

personne, je présume, ne sera disposé à admettre que les

singes ont été pourvus de muscles spéciaux uniquement pourexécuter leurs hideuses grimaces. Aussi bien, des usages

distincts, indépendants de l'expression, peuvent être assi~

gnés avec une grande vraisemblance à presque tous les mus-

cles de la face.

Sir Ch. Bel! avait manifestement le désir d'établir une

distinction aussi profonde que possible entre l'homme et

les animaux: « chez les créatures inférieures, dit-il, il

11.Depuisla publicationdel'Essaidontil est iciquestionM.Spenceren a écr)t unaatre sur les M~MMet les Sentiment.MMMtM~dans laFcWn~A<~J!c~<tp,<"avril<87t,p.MO.t)vienteaHndepubMerMtdef-nièresconclusionsdansle volumettde ta secondeéditiondesPt~Mc<p<e<«/'P<yeto~, t872,p. S39.Je doisconstater,at!ndonepasêtreaccusé

d'empiétersur le domainedo'M.Spencer,quej'avaisannoncédansmaJ!<'MeM<to<M<'<~rAcmM!equ'unepartieduprésentvolumeétaitdej&ecHtc;mespremièresnotesmanuscritessur l'expressiondatentdet'annee1838.

< AH<~OM~~jBaipMM~M,3"edit.,p. 98~21, <3!.<3.Le professeurOwenconstatecxprcssetneMt(P~c. Zoo~. Soc.,

t030~p. 28)qu'ilen est ainsichezl'orang,etil passeen revuetoustesmusclestesplus importantsdont le rôle, dans l'expression<tessenti-

ments,est bienconnu chezt'txtmmc.Voyezaussi une descriptiondesdiversmusclesde ia facedu chimpanx~par le professeurMacatister,dans~M<M~aMdJM«aat<Mco/~«<M~N~ory, vol. V!ï,mai<87t,p.342.

Page 24: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

JXTROMUCTtON. /.<),

n'y a pas d'antre expression que cellequ'on peut t'apporteravecnlus ou moins de certitude A leurs actes de voHUonouAleurs -instincts nécessaires M. Ktplus loin, leurs faces pa.raissent surtout capables d'exprimer la rage et la frayeur M.

JSt pourtant l'homme lui-même ne peut exprimer lit tendresse

et l'humilité par des signes extérieurs aussi parfaitement quele fait le chien, lorsqu'il vient au-devant de son mattre bien-

n!mé, les oreilles tombantes, les lèvres pendantes, le corpsondulant et en remuant la queue. tl est aussi impossible

d'expliquer ces mouvements chez le chien par les actes de

volition oula fatalité des instincts, qu'il le serait d'expliquerde la même manière le rayonnement du regard et le

sourire aux lèvres de l'homme qui rencontre un vieil ami.

Si l'on avait demandé A Sir Cb.BeIl comment il expliquait

l'expression de l'affection chez le chien, il aurait sans doutn

répondu que cet animal a été créé avec des instincts spé-ciaux le rendant propre A ~'associer Al'homme, et que toute

recherche ultérieure sur ce sujet serait superflue.Gratiolet, bien que niant expressément'~ qu'un muscle

quelconque ait été développé uniquement en vue de l'ex-

pression, ne semble pas avoir jamais pensé an principe de

l'évolution. 11 paralt regarder chaque espèce comme le

produit d'une création distincte. !1 en est de même des

autres auteurs qui ont écrit sur l'expression. Le docteur

Duchenne, par exemple, après avoir parlé des mouvementsdes membres, et venant A ceux qui donnent l'expression au

visage fait la remarque suivante « Le Créateur n'a

donc pas eu A se préoccuper ici des besoins de la méca-

nique il a pu, selon sa sagesse, ou, que l'onme pardonnecette manière de parler, –par une divine fantaisie, mettre

en action tel ou tel muscle, un seul ou plusieurs muscles A

<4.AnatM~~JEfpr<'M~M,p.<2t, 138.i3. De/aMj~tMt<MM~p. iS, 73.i6. j~MMtMMde ? pAj~MKM~ehumaine,~d!t.in'8",p. 3t.

Page 25: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tt tKTBODUCTtON.

la fois, lorsqu'il a voulu que les signes caractéristiques dett

passions, même les plus fugaces, fussent écrits passagèrementsur la face de l'homme. Ce tangage de la physiMiomîeune

foiecréé, il lui a sufn, pour le rendre universelet immuable,dé donner Atout être humain la faculté instinctive d'expri-mer toujours ses sentiments par la contraction des mômes

muscles. M

Beaucoup d'auteurs considèrent la théorie de l'expressioncommeentièrement impossible. Ainsi l'illustre physiologisteMuMer~dit « L'expression complètement diSërente des

traits dans les diverses passions est une preuve que des

groupes distincts de fibres du nerf facial sont impressionnessuivant la nature de la sensation produite. Quant a la cause

de ce fait, nous l'ignorons complètement. MAussilongtemps que l'homme et les autres animaux seront

considéréscomme des créations indépendantes, il est certain

qu'un obstacle invincible paralysera les efforts de notre cu-

riosité naturelle pour poursuivre aussi loin que possible la

recherche des causes de l'expression. Par cette doctrine, tout

pourrait et peut également être expliqué et son influence a

été aussi funeste relativement Al'expression que pour toutes

les autres branches de l'histoire naturelle. Certaines expres-sionsde l'espèce humaine, les cheveux qui se héritent sous

l'influence d'une terreur extrême, les dents qui sedécouvrent

dans l'emportement de In rage, sont presque inexplicablessi l'on n'admet pas que l'homme a vécu autrefois dans une

condition très inférieure et voisine de la bestialité. La com-

munauté de certaines expressions dans des espèces distinctes,

quoique voisines, par exemple les mouvements des mêmes

musclesde In face pendant le rire chez l'homme et chezdivers

singes, se comprend un peu mieux si l'on croit à la descen-

dance de ces espèces d'un ancêtre commun. Celui qui admet

<7.J~MPM~de~«o~e, traductionanglaise,vol.Vt!,p.M4.

Page 26: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

INTRODUCTION. M

d'une tnani~M) génératetc dévekppement gt'aduetde l'or~-

ais&~Qn ctdes t~~dex che~ta qaestton de rexprMs!on s'écttMrer d'un jour nouveau et

îotéreMant.

L'étude de l'expression est difficile, vu l'extrême délica-

tesse et la fugacité des mouvements. On peut parfois perce-

voir très nettement un changement dans une physionomie,sans pouvoir spécifier en quoi ce changement consiste. Quandnous sommes témoins d'une émotion profonde, notre sym-

pathie est si fortement excitée que l'observation rigoureuseest oubliée ou rendue presque impossible je possèdeplusieurs

preuves curieuses de ce fait. Notre imagination est une nou-

velle source d'erreurs encore plus graves sinous nous atten-

dons, dans une situation donnée, à voir une certaine expres-sion. nous nous imaginons sans peine qu'elle existe. Le

docteur Duchenne, malgré sa grande expérience, s'était long-

temps nguré, ,dit-il, que plusieurs muscles se contractaient

sous l'empire de certaines émotions, tandis qu'il s'est con-

vaincu plus tard que le mouvement était borné A un seul

muscle.

Voici les moyens d'étude que j'ai adoptés avec le plus de

profit, pour avoir un critérium aussi sûr que possible et pour

vériBer, sans tenir compte de l'opinion reçue, jusqu'à quel

point les divers changements des traits et des gestes tradui-

sent réellement certains états de l'esprit.i" J'ai observé les enfants, car ils expriment plusieurs

émotions, suivant la remarque de Sir Ch. Bell, « avec une

énergie extraordinaire en effet, à mesure que nous avan-

çons en âge, quelques-unes de nos expressions « ne provien-nent plus de la source pure et sans mélange d'oû elles jaillis-sent pendant l'enfance '«

iB. ~tM<<MM~O~JEzpfCM~3' ëdit.,p. <<?.

Page 27: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M !XTHOBUCT!ON

3°11 m'aparu qu'il serait bon d'étudier tes aliéhétt. car ils

sont soumis a«x passions les plus violentes et leur donnent

un I!brp cont~K'Mvant pas roccNsibnde fah'c cette étude pat'

moi.memc, je m'adr<<ai au docteur Maudsiey il me présentaan docteur. Ct'ichtonBrowne. qui est chargé d'un immense

asile prêt de Wakeficld, et qui, comme je le vis, s'était déjà

occupé de la question. Cet MXccUentobservateur, avec une

honM infatigable, m'a envoyé des notes <'tdes descriptions

étendues, avec des aperçus précieux sur plusieuESpoints, et

je ne saurais estimer attsez haut le prix de son concoure

Je snisaussi redcvaMe de nnts micressants sur deux ou trois

pointsAM.Patrick Nicot du ~tM<M~MM<!<<c~<«<M.3" Le docteur Uuchenne, comme nous t'avons déJA vu, a

galvanisé les muscles de la face chez Mn vieillard dont la

peau était peu sensible, et reproduit ainsi diverses expres-sions qui ont été photographiées a une grande échelle. J'ai

eu la bonne fortune de pouvoir montrer plusieurs des meil-

leures épreuves, sans unmot d'explication, a une vingtaine de

personnes instruites, d'Ages divers et des deux sexes; je leur

demandai)!,Achaque fois, par quelle émotion ou quelle son-

sation elles supposaient que le vieillard fût animé, et je re-

cueillais leur réponse dans les propres termes dont elles se

servaient. Parmi ces expressions, plusieurs furent immédiate-

ment reconnues de presque tout le monde, bien que chacun

ne les décrivit pas exactement par les mêmes mots; ces ex-

pressions peuvent, me semble-t-il, être tenues pour fidèles,et nous les décrirons plus loin. Quelques-unes, au contraire,furent l'objet de jugements très ditMrents. Cet examen mf

fut utile à un autre point de vue. en me démontrant la mci-

lité avec laquelle nous pouvons. nous laisser égarer par notre

imagination. Eu eSct, lorsque je regardai pour Ja premièrefois les photographies du docteur Duchenne, en lisant le

texte simultanément et m'instruisant ainsi de l'intention de

l'auteur, je fus, A de rares exceptions près, constamment

Page 28: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNTMOnuCTtON. là

frappé de leur inepveilleuse vérité. Et cependant, si je le~avais examinéessans aucune explication, j'am'ats été sansdoute aussi embarrassé, duos certains ca~, que l'ont été les

personnes que j'ai consultées.

4" J'avais espéré trouver un puissant secours chez les

grands maîtres en peinture et on sculpture, qui sont des ob-

servateurs si attentifs. Enconséquence, j'ai étudié les photo-

graphies et les gravures de beaucoup d'oeuvresbien connues;

mais, sauf quelques exceptions, je n'y ai trouvé aucun profit.La raison en est sa.n8 doute que, dans les œuvres d'art, ht

beauté est le but principal or, la violente contraction des

muscles de. la face est incompatible avec la beauté ~.L'idée

de la composition est généralement traduite avec une vi-

gueur et une vérité merveilleuses par des accessoires habile-

ment disposés.

5" 11m'a. semblé de la plus.haute importance de vérine)'

si les mornesexpressions et les mêmes gestes, ainsi qu'on l'a

souvent assuré sans preuves suffisantes, existent chez toutes

les races humaines, spécialement chez celles qui ont eu peude rapports avec les Européens. Si les mêmes mouvements

des traits ou du corps expriment les mêmes émotions dans

diverses races humaines distinctes, on peut en conclure avec

beaucoup de probabitité que ces expressions sont les vérita-

bles, c'est-à-dire sont innées ou instinctives. Desexpressionsou des gestes conventionnels acquis par l'individu au début

de sa vie seraient probablement différents chez les diverses

races, comme leurs langages. En conséquence, au commen-

cement de l'année <807, je lis imprimer et circuler une série

de questions, en demandant qu'on voulut bien y répondre

par des observations directes, et non point par des souve.

nirs. Ces questions furent écrites & un moment où mon

<9.Voyezdesrematrqucssurce sujetdans!c taococade Lessing,tra-duitpar W.HcM,)830, p. iC.

Page 29: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ÏNTRODUCTtON.tC

attention était depuis longtemps dirigée d'un autre côté,

et je reconnais au}ourd*hui qu'elles auratent pu être beau-

coup m!eux rédigées A quelques-uns des derniers exem-

plaires j'ajoutai, écrites Ala main, quelques remarques addi-

tionaelles

1. L'étonncments'oxprime-t-il en ouvrant largement les yeuxet la boucheet en élevant les sourcils?

3. Lahonte fait-ellerougir, quand la couleurdela peaupermetde reconna!trece changementde sa coloration?en particulier,

quelleest la limiteinférieurede ta rougeur?a. Un hommeindigné ou détiant fronce-t-ii les sourcils, re-

dresse-t-ille corpset la tête, ef!ace-t-il!esépaules et serre-t-il les

poings?4. Unhommequi rénéchit profondémentsur un sujet oucher-

che àrésoudre unproblèmefronce-t-illés sourcils ou la peauquiest au-dessousde !a paupièreintérieure?

S. Dansl'abattement, les coins de la bouche sont-ilsabaissé)!,et l'extrémité interne des sourcilsest-elle relevée par le muscle

que les Français appellent« musclede la douleur*a? Dans cet

état, le sourcildevientlégèrementoblique et se gonfle un peu &son extrémitéinterne; le front se plissetransversalementdans sa

partie moyenneet non dans toute sa largeur, comme lorsquelessourcths'élèvent sous l'innueuce de la surprise.

6. Dans la bonne humeur, tes yeux brillent-ils, la peau se

plMse't.el!elégèrementautour et au-dessousd'eux, la boucheest.elle unpeu tiréeen arrière aux commissures?

7. Quand un homme se moque d'un autre ou le gourmande,soulevc-t-ille coin de la lèvre supérieure au-dessusde la canineou dent de l'feil,du cûté qui fait face a l'individuauquel il s'a-dresse?

8. tteconnatt'onun air hargneux ou obstiné à ces signes prin*cipaux les lèvres serrées, un regard menaçant et un léger fron-cementde sourcil?

NomqueM.Duchenne(de Boulogne)donneau sourcilier.VoyezP~M~ed~BMMWMten~,p. 82S.

(NotedM<n!d«e<<?M'<t.)

Page 30: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNTKOMUCTiOK. t7

t

9 Lemeprisft'exprime't'iten avançant légèrement !esievrM

oHevant le nex avec une petite expiration?

"10. L~fM~t MMt ren~cMcr ht t&vr~tnM~~

légèrement la lèvre supérieure avec une expiration brusque, &peu

près comme dans la nausée ou dans l'acte de cracher?

it. La frayeur extrême est-elle exprimée de la manière habi-tueUe'aux Knropéens?

~2, Le rire est- jamais poussé au point d'amener des larmes

dans tes yeux?i3. Quand un homme désirc montrer qu'une chose ne peut se

faireou qu'il ne peut lui-même faire quelque chose, est-ce qu'ilhausse ïes opautcs, porte les coudes en dedans, étend en dehors la

paume des mains, et relève ses sourcil?

~4. Lorsque les enfants boudent, font-ils la moue ou avancent-

ils beaucoup les lèvres?13. Peut-on rcconnattre une expression criminelle, ou rusée, ou

jalouse? Je ne saurais dire du reste d'âpres quoi on pourrait dé-

terminer ces expressions.i6. Hoche-t-on la tête verticalementpouramrmer; la secoue-t-on

latëralement pour nier?

Les observations faites sur des naturels ayancba;pou de'c~~munications avec les Européens seraient sans~ttoute les plus pr~cieuses; toutefois celles qu'on fera sur n'importe quet~ indigëncs~auront beaucoup d'intérêt pour moi. Les générantes sur i'e~pres~sion ont relativement peu de valeur; et la

memairM~t si~aMot~?que je prie instamment mes correspondants d~ ~tc paas&~r A d~ysouvenirs. Une description précise de

ratutu~p~&<Ms~~fluence d'une émotion ou d'un état d'esprit quetcon'h~~cation descirconstanccsqni ont produit cet etatd'esprit~constitueraun renseignement de grande vatcur.

A ces questions, j'ai reçu trente-six réponses de différents

observateurs, dont plusieurs sont missionnaires ou protec-tours des indigènes; je leur suis &tous très reconnaissant do

k peine qu'ils ont prise et du concours précieux qu'ils m'ont

prêté. J'indiquerai leurs noms, etc., &la fin de ce chapitre,atïn de ne pas interrompre mon exposition. Ces réponses sont

Page 31: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt t~TRODUCTICN.

relatives à plusieurs des races humaines les plus tranchées

et les plussauvages. Plusieurs fois on a noté les circonstances

sous l'empire desqueucs t'haquo expression a ëté bitsërvéé, etl'on a décrit cette expression; on pareil cas tes réponsesméritent une pleine confiance. Quand les t'épouses ont été

simplement OMtet noMje lesai toujours reçues avec déMance.

Il résulte des renseignomonts qui m'ont été atnsi fournis

qu'un mêmeétat d'esprit est exprimé en tout pays avec une

remarquable uniformité; ce fait est par lui-même inté-

resMtnt,car il démontre une étroite simtiitude de structuM

physique et d'état intellectuel chez toutes les races de l'espècehumaine.

6" Enfin, j'ai observé d'aussi près que je l'ai pu l'expres-sion desdiverses passions chez quelques-uns de nos animaux

domestiques.Je crois que ce point est d'une importance ca-

pitale, nonpas sans doute pour décider jusqu'à qnel degrécertaines expressionssont, chez l'homme, caractéristiques de

certains états d'esprit, mais parce qu'il nous fournit la base

la plus.sûre pour établir d'une manière générale les causes

ou l'origine des divers mouvements de l'expression. En ob-

servant les animaux, nous sommes moins exposés & subir

t'innucnce do notre imagination, et nous n'avons pas à< craindre que leurs expressions soient conventionnelles.

Je viens de signaler des causes d'erreurs, entre autres la

nature fugitive (le certaines expressions (le changement des

traits étant souvent extrêmement léger); la facilité avec

laquelle notre sympathie s'éveille Ala vue d'une forte émo-

tion et la distraction qui en résulte; les illusions causées par

J'imagination lorsque nous savons vaguement ce que nousdevons attendre, quoique assurément peu d'entre nous

connaissent exactement le jeu de la physionomie je pour-rais même ajouter en dernier lieu la banale habitude quenous avons du sujet. Pour toutes ces raisons, l'observation

Page 32: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNtRbtUtCttOX. tO

de l'expression n'est nullement facile; plusieurs personnes

que j'avais priées d'obsct'ver t'ertains points s'en ttbnt bienvite aperçues, II est donc mataïsé de déterminer avec cer-

titude quels sont les mouvements des traits et les attitudes

qui caractérisent babitu<'Hetnent certains états do l'esprit.

Cependant j'espère que l'observation des enfants, des

aliénés, des diverses races humaines, des œuvres d'art, enfin

l'étude de l'action de l'électricité sur les museles de la face,tdte que l'a faite lu docteur Duchenno, nous auront permisde vaincre certaines difficultés et d'éclairer bien des pointsdouteux.

Reste une difficulté plus grande encore c'est de pénétrerta cause ou l'origine des diverses expressions et de juger s'i!

existe une expïication théorique qui soit digne de foi. Aussi

bien, lorsque nous avons do notre mieux applique notre rai-

son, sans l'aide d'aucune r&gte, a juger si parmi deux ou

trois explications il eh est une qui soit plus satisfaisante quetes autres ou si aucune ne l'est, je ne vois qu'un seul moyendo contrôler nos conclusions c'est d'observer si l'hypothèse

qui semble pouvoir expliquer une expression donnée est ap-

plicable à d'autres cas analogues, et en particulier si les

mêmes principes généraux peuvent s'appliquer d'une façonsatisfaisante et a l'homme et aux animaux. J'incline a penser

que cette dernière méthode est celle qui rond le plus de ser-

vices. La difficulté de vérifier une explication théorique quel-

conque et de la contrôler par une méthode de recherche dé-

terminée est ce qui trouble le plus l'intérêt que cette étude

paraît si propre à exciter.

Knnn, quant &mes propres observations, je dois constater

qu elles ont commencé des l'année 1838 depuis cette époque

jusqu'à ce jour, je me suis fréquemment occupé de la ques-tion. Acette date, j'incHnaïs dé)a a croire au principe de

l'évolution, c'est-A-diro & la production des espèces par d'au-tres formes inférieures. En conséquence, lorsque je lus le

Page 33: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M201, tKTROnUOTtO!

grand ouvrage de Sir Ch. Beu, je fus frappé de t'inaumsance

de sn ihepne, d'âpre iaqueûo l'homme &été créé avec cer-

taias musdesKpéct&letncutadaptés &t'expression de ses scn-

HtQeats. 11me parut probable querh&b!tudc d'exprimer nos

sentiments par certains mouvementsavait dû être d'une mn-

o~rt' quetcotKjMcacquise gradueMotïMnt, bien qu'eUe soit

maintctmnt devenae innée. Maisdécouvrir commentées habi-

tudes avaient été acquises n'était pas une tAche pou embarras-

sante. Il fallait eonsidérer toute la question à un nouveaupointde vue et donner de chaque expression une explication ration-

nelle, Tel est le désir qui m'a conduit & entreprendre cet

ouvrage, quoique intparfaite qu'en p&t être rexécution.

Je vais maintenant donner les noms des personnes qui ont

mérité ma reconnaissance en me fournissant des renscigt~-ments sur 1 expressionchez les diverses races humaines j'in-

diquerai en même temps quelques-unes desctrconstances <&ns

lesquelles chaque observation a éM faite. GrAcoA!&Menveit-

lance et &la ha~te influence de MM.Wilson, de Hayes, Pla~.

Kent, je tt'ai pas reçu d'Australie ïnoïos de tt'eMiesénés de

réponses ô mes questions. Je m'en suis p&rticuti&romentte-

licité car les indigènes australiens se placent parmi les races

humaines les plus tranchées. On verra que ces observations

ont été faites surtout dans le sud, on dehors des frontières de

la colonie de Victoria; toutefois quelques réponses excel-

lentes me sont aussi venues du nord.

M. Uyson t<acym'a fourni avec de grands détails quelquesobservations précieuses faites Aplusieurs centaines de milles

dans l'intérieur de Queensland. M. R. Brough Smyth, de Mel-

bourne. <n'a été fort utile par ses remarques personnelles et

par l'envoi qu'il m'a fait de plusieurs des lettres écrites par

Page 34: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tKTROBUCTtOK.v. M

les personnes suivantes le Rév M. Hagenauet', du tac Wel-

lington, missionnaire &Cippsiand (Victoria), qui a beaucoup

vécu avec Ïes naturels; M~S ~ilsar~y.hryp,riét~irr,~r~i=.dantA Langerenong, Wimmera (Victoria); h' R6v. Ccorj~cTa-

plin, directeur de l'Établissement industriel indigène a Port

Macieay; M. Archibald G. Lao~r, de Coranderik (Victoria),

processeur Al'école où sont réunis les naturels vieux et jeunesde toutes les parties de la colonie; M. Il. B. Laue, de Bctfast

(Victoria), fonctionnaire tte J'adntinistratioM Judiciaire, dont

lesobaor~'ationaméritent &coup sûr la plus entière confiance;

M. TempïetonBunnett, d'Enhuca, ~ui est étabti «uptes con-

nM de la colonie de Victoria~et a pu ainsi observer beaucoup

d'indigène!) qui avaient eu fort peu de t'appofts avec ie«

blancs U a comparé ses observations avec ceHes de deux

autres colons qui habitaient depuis longtemps dans !e voisi-

nag'e; enfin M. J. Buhner, missionnaire dans une tocatité

lointaine de Cippsïand (Victoria).Je suis aussi redevable au docteur Ferdinand MuHer,bota-

nistedistingué de Victoria, de quelques observations qu'il a

Mtes lui-même; il m'a en outre envoyé d'autres renseigne-ments dua &M. Crecn. ainsi que queiques-Mnes des lettres

précédemment citées.

Relativement aux Maoris de la Nouvetie-Xetaudo, !c noy.

J. W. ~tack n'a répondu qu'A une petite partie de meaques-tions; mais ses réponses ont été remarquaMctncnt compotes,c!aires et nettes, avec mention des circonstances dans les-

queHcs les observations ont été faites.

Le rajah Brooko m'a donné quelques renseignements re!a-

tiis aux Dyaks de Bornéo.

Relativement aux Malais, j'ai été très favorisé; en cMct,

M. F. Geach (auquel j'ai été présenté par M. Wallacc) a ob-

servé, pendant son séjour en quatité d'ingénieur des mines

dans l'intérieur de Matacca, beaucoup de n&tareïtt(pu n'a-

VHientça «nténeurcment «acun rapport avec les hht«cs;

Page 35: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

a< ~TMOPHCTtON.

m'a écrit deux longues lettres remplies d'oltser valions ad-

mirables et minutieuses sur leurs expressions. It a observé d<*

la m6me manière les Chinois qui cmigrent dans l'arclïipolShUais.

M. S~inhoe. coM~ -11t\tul'.dilit~_b¡e.~connu, a aussi observé pour moi tes Chinois dans leur pays

natal, et pris quelques informations anpr&s d'autres per-sonnes dignes de foi.

Dans l'Inde, pendant sa résidence A titt'c officiel dans le

district Ahmednugurdc la présidence de Bombay, M.H. Era.-

Mne xiporté son attention sur l'expression des habitants mais

il a rencontré de grandes difficultés pour arriver a des con-

clusions certaines, par suite de leur dissimulation habitueHc

de toute espèce d'émotion en présence des Kuropéens. En

outre, il a obtenu pour moi des renseignements de M.Wcst.

juge A Canara, et pris des informations sur certains points

auprès de pt't'sonnes intelligente! nées dans lu colonie. A Cal-

cutta, M.J. Scott, directeur dit Jardin botanique, a observa

avec soin ies diverses tribus auxquc!ies appartenaient les

hommes qui y ont été employés depuis un temps considc-

raMc; personne ne m'a envoyé des détails aussi complets t!t

aussi précieux l'habitude de l'observation attentive qu'ildoit a ses études botaniques a été mise & pront pour noire

sujet. Quant ACcytan, je dois beaucoup au Rév. S. 0. Gtcnu'.

qui a répondu à quetqucs-unes de mes questions.Pour l'Afrique, j'ai eu du malheur au sujet des nègres.

bien que M. Winwood Rcade m'ait aidé autant qu'il était en

son pouvoir. Il m'eut été relativement facile d'obtenir dt's

renseignt'ments sur les n&grcs esclaves en Amérique, mais

comme ils ont été depuis longtemps mêlés aux blancs, ces

observations auraient eu peu de valeur. Dans la partie méri-

dionale de ce continent, M. fiarbier a étudié les Cafres et tes

Fingoset m~aenvoyéplusieurs réponsesexplicites. M.J, P. Nan-

sel Weale a fait aussi quelques observations sur les naturels, et

Page 36: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

JXTMDUCTtON. m

m'a fourni un curieux document, & savoir l'opinion écrite en

anglais do Christian Gaika, frère du chef Sandilli, sur les

expressions de ses compatriotes. Pour les restons septentrio-nales de l'Afrique, le capitaine Speedy, qui a longtemps ha-

bité chez les Abyssins, a répondu &mes questions, en partie

d'aprÈs M8sôuvenh~,en pattie d'appès deae~Met'v&tionsMtes

sur le iUsdu roi Théodore, qui était alors sous sa g'att!c. L<'

professeur AsaCray et sa femme ont été frappés de quelques

particularités dans l'expression des naturels qu'ils ont observes

en remontant te Nil.

four le grand continent américain, St. Bridges, catechistf

qui réside chez les Fuegiens, a répondu à quelques questionssur teurs expressions, qui lui avaient été adressées il y a plu-sieurs années. Dans la moitié septentrionale du continent. !<'

docteur Rothrock a étudié les expressions des Atnah et dt's

Espyox, tribus sauvages de la rivière Nasse, qui coule vers ~o

nord-ouest de t'Amérique. M. Washington Matthcws, aide-

major de l'armée des États-Unis, apr~s avoir vu mes questions

imprimées dans le JS?mt<A<ontaKReport, a aussi observé avec

un soin particulier quelques-unes des tribus occidentales dt's

États-Unis, savoir les Tétons, Grosventres, Mandans et As-

sinaboines ses réponses sont de ta plus grande valeur.

Enfin, en outre de ces sources spéciales d'informations,

j'ai réuni quelques faits, d'ailleurs peunombreux, rapportésincidemment dans divers livres de voyages.

Page 37: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

2t IXTMNUCTtON.

Commej'aurai tiouventFoccMton,surtoutdans t&dernière

partie de ce w!utnc, de partot'des muscles de ~ce hu-

maine.

Hf~ne'iu d'âpre t)ct))f.

je ptotccici un dessin (fig. 1). copié et réduit d après

i'onvt'age de Sh*Ch. BeU, (nosi que deux autres, oAtes d6-

Page 38: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

iKTMPHUCTm~. M

hi!s sontplus soignes (Mg'.2 et 3), d'np~ !o Uvro bien connu

de Honte,FoM~Mc/td~~<~<etM<McAMt~M~ow<edM~MenM~M.

~M m~mcstcttt'es se t'apportent aux marnes tnnsctcMdans tes

Fis. Cesth) d'opft's ttettb

A.0t'c)pt<e'tf)))t<t))a, 't't tt)tMc)<' fmn-

ta).fn)lltalls, fais tiiitt;ele,

rron.

Il. C<HTMtahtrtitt)tcret)t!, «tt musctcMm'

cilier.

C. «fbfcMtartB pat)Mbraru<n, "M Mt'Mtc

<rbt<')tta)M<tcitpa)t('i''fci<.?. fyratnMaMtxaat, ou MMetc jtyMtMi.

<ta<du net.

B. t~Mtof tabti s«t)Cf)')r)< at~ttc tNtt.

)'.).evat')rtabii)'r«)'fit)x.< ZyftontattqMc.M.Matarts.t.h!t<t!!y<('MMatt<)UC.

K.Tdan<tu)ar!suf)!t,on<)e)')rM«tr!tM-

StUtori~.

t~QuttdfatusmcMtt.M. nttnriMe, fM'rOondu ptatyttM MtyoMef

(peaucfer).

trois figures, mais on n'a indiqué que tes noms des musctcs

tesplus importants auxquels j'«nt'ai ic fah'e aliusion. Lesmus-

cles de la face entt'ctnëtent beaucoup Ieu<f!Chres, et c'est A

peme, d'âpres ce que j'ai entendu dire, si sur une dissection

ib apparaissent aussi distincts qu'ils le sont sur ces dessins.

Page 39: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

INTRODUCTION.M

Quelquesauteur décrivent ces muscles pomme étant au nom-

bre de dix-neuf pairs et un impair~; pour d'autres, leur

nombre est beaucoup plusgrand; il va jusqu'à cinquante~einqsuivant Moroau. Tousceux qui ont écrit sur ce sujet t'ccon-

naissent~w tour steuctuM~très xat'jabie;Mo~ rc~OI~l'I!'qu'on tes trouve diHtcitfment identiques sur une dpmi-

douzaine de sujets Ils sont également variables par leurs

fonctions. Ainsi la faculté de découvrir la dent canine d'un

côté d!uërc i~eaucoMpsuivant les personnes. Le pouvoir de

rdevcr les aitcs du Mezest aussi, suivant le docteur t'iderit

d'un<*variabilité retïtarquah!e; d'autres exemptes pourraientêtre donnés.

Knilnj'a le ptaisi!'d'expruner mareconnaissance à M. Rej-hnder pour la peine qu'il a prise de. photographier pourmoi diverses expressionset diverses attitudes. .te suis é~tdc-ment rcdevabk ô M.Kindft'mann. de Hambourg', ~ui m'a

prête d'excellents ctiches d'eufants pieurants. Je dois «U!Mi

au docteur WHÎtichun t'harmant c!iché de petite nUe sou-

riante. J'ai déjà rcmcrciR le docteur Muchenne pour la pnr-tnissiongénéreuse qu'it m'adonnée de faire copier et réduira

qud~u<'s-t<nps(le sesgrandes photographies. Toutes ces pho-

tographies ont et~ reproduites par !e procédé de t'hétiotypic,

qui garantit h tidéuté de ta copie. Ces planches sont nu-

mérotées en chiffres romains.

Je suis également l'obligé de M. T. W. Wood~ qui a prisune peine extrême pour dessiner d'après nature les expres-sions de divers animaux, ~n artiste distingué, M. Rivicrc,

a eu la bonté de mo donner deux dessins de chiens, t'un

d'humcMp agressive, l'autre humble et caressant. M. A. May

20. M.!*artf!dge,<!ana~ctopOM~tc~ AMa~myaH(<M~~o~~ deTodd.,vol.II, p. 2:ï7.

'<. LoM~M~f, par G. Lavater,t82~,tome (V,p. a?t. Pour tpnombredesmusclesdelahcc, voyezvol.tv, p. 209,2«.

M. M<M<'<!undMy~MMtA,<??, p. Ct.

Page 40: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<NTMOM<"ft()K. !<7

m'a aussi donn~ deux croquis semMahïes d'âpre des chiens.

M.Cooper a grav6 les bois avec beaucoup de soin. Quetques-Hne«des photo~MpbtM et que!qttcs daMUM,savoh' t't'ux d<'

M. Mayetccux do M. Wo!f, rept'éspnta)tt!<' cynup!th6quc,1ont 6~ d'utMtfd,~t'Ace&M. Coop~r, Hxéftsm' )M)sau moyend<'ta photographie et graves ensuite: d'' ccttt' tnatti<'«' <m

peut &tt'cassuré d'une &détit<*presque absolue.

Page 41: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

(~Af!~B PRETER..

t'Mt!<C)t')!SCËS~MAUXMEt.'KXt'HKSSMX.

m:tM(aMtMen<tt0!<<m!f<pr!ttc<tM!'fMKtMMcntau't.fremierprtnctpe. les actMtttttexdovtenncMtbatthuehens'associant&certatttsëtatad'capftt,etMtHaccom-ptt<<)uelebesoino'ct)faMCsentirounon.da<Me<m()M«caspafUcMMet.PMh-MMeoth!t'tMhXutte.<hM<<)h!.MottMtncnMaitMch~hahttnottchext'hoMme.

AellonsrcAaxes.TransfurmaUondesbahitudeseu RelionsrúOes.s, )Jnu-AettomrëOoxe!.TfiumtOnnattM<<MhabttwtMenacttons

renexe~.Mnx-%<'<)tet't"af;Me)6shahttuehehextesanhtmux. ConcttMtons.

Je commencerai pat'<5tabUr les tro!a principes qui me pa-rai~cnt rend~' compte de la p!upMt'tdes expressions et des

gestes involontaires de l'homme et des animaux, tels qu'ilss<' produisent sous l'empire des émotions et des sensations

diverses Je ne suis pourtant arrivé a ces trois principes

qu'après avoir terminé mes observations. Ils seront discutes

el'une manière générale dans le présent chapitre et dans les

deux suivants. Les faits observés aussi bien sur l'homme quesur les animaux seront ici mis en usage mais ces derniers sont

préférabtes, comme moins sujets A nous tromper. Dans les

quatrième et cinquième chapitres, je décrirai les expressions

spéciales de quelques animaux, et dans les chapitres suivants

j'aborderai celles de l'homme. Chacun pourra ainsi juger parlui-même jusqu'à quel point mes trois principes éclairent

l'interprétation de la question. Les expressions ainsi expli-

t. M.HerbertSpencer(EMa~t,Mcondescrie, 1863p. <M)a ctaMinne<i!st!nctionnetteentre tesémotionset tes sensations,cesdernières<;tanta ewpcMtMM<f<msles t'MMr/sdeMMo~«Me< !t classedans lessentiments,et lesémottOMaet lessensations.

Page 42: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PBtNCtPf5!H!A8SOC<AT)ON~E8HAtHTUB'ESUTtLiîS.M

quées d'une manière très satisfaisante sont tellement nom-

breuses, qu'il mesemble probable qu'elles pourront, dans la

suite, être toutes ramonées &ces mêmes principes on &d'au-

tres très analogues. Il va sans dire que los mouvetnents ou

les ctmng'etnents d'une partie quelconque du corps, ï'agiia-

tioH de Ïtt queue chcx~chien, !c renversement en ~nArc

des oreilles chez le chcva!, le haussement des épaules chez

l'homme, la dilatation des capillaires de la peau, que tout

cela peut également servir à l'expression.Voiciquels sont les trois principes

1. ~WMOtpede <'<MMc«t<«Mtdeshabitudes utiles. Certains

actes complexes sont d'une utilité directe ou indirecte, dans

certains états de l'esprit, pour répondre ou pour satisfaire

à certaines sensations, certains désirs, etc.; or toutes les fois

que le même état d'esprit se reproduit, même à un faible

degré, la force do l'habitude et de l'association tend a donner

naissance aux mêmes actes, alors même qu'ils peuvent n'être

d'aucune utilité. Il peut se faire que des actes ordinairement

associés par l'habitude & certains états d'esprit soient en

partie réprimes par la volonté en pareil cas, les muscles.

surtout ceux qui sont le moins placés sous l'intlucnce directe

de la volonté, peuvent néanmoins se contracter et causer des

mouvementsqui nous paraissent expressifs. Dans d'autres cas,

pour réprimer un mouvement habituel, d'autres légers mou-

vementssont accomplis, et ils sont eux-mêmes expressifs.

H. Principe de ~'an(t~d«. Certains états d'esprit entrat-

nent certains actes habituels, qui sont utiles, comme l'établit

notre premier principe; puis. quand se produit un état

d'esprit directement inverse, on est fortement et involontai-

rement tenté d'accomplir des mouvements absolument op-

posés, quelque inutiles qu'ils soient d'ailleurs dans certain

cas ces mouvements sont très expressifs.

Page 43: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

}d t'HtXCtPKDR)L'Aa!;OCtATtON

H!. P~M< des OC<M(f<MÔla COn<ft<M<MM<~MSy~MMtMfMeu.r,epMp~f~eMt M~pen~OM~ t'o~Mfe j'M~M~«M

<'<~<tMtpoint (le <'A«M<M~< Quand le scnsoriutn est forte-

ment excité. la force nerveuse cat engendrée en exc~ <'t

U')nMtu!s~ (!m)sccrta!hMsdh'cctîdns ~tdrthh~M~pf'ndant ft'connexions des cetiuïcs nerveuses et en partie de rhabotudc;dans d'autres cas, t'aMux de la force nerveuse paratt, au

contraire, compt&temcnt interrompu, n en rèin!te des ciïcts

q<tenous Pouvons expressifs. Ce tfoistème principe pourrait,

pour plus de concision, être appelé principe de Faction

directe du système nerveux.

En ce <jjniconcerne notre premier pnMCtpe,ta puissancede l'habitude est un fait notoire. Les mouvements les pius

comptexes et les plus difficiles peuvent être accomplis Aroc-

casion!Mtns!<'tnoindt'e cSbrt et sans aucune conscience. On

n'' sait pas au just<*comment il se.fait querhabitudc soit

d'un ausiit grand secout's dans l'accomplissement des mouve-

ment complexes; l<'s physiologistes admettent~ Mue « !<'

pouvoir conductcut' des nl~'es nerveuses croît avec la fré-

quence d<' leur excitation Cecis'applique aux nerfs nMtcufS

<'taux ncrts scnsitifs aussi bien qu'aux Mbrcsa<R!cMcsau phe-notnenc d<' la pensée. On Mepeut guère douter qu'il ne se

produise quelque changement physique dans les cellules ou

t<'s<ibt'<'s nerveusesdont l'usage est le plus fréquent; sans

quoi on ne pourrait comprendre comment la prédispositionA certains mouvements acquis est héréditaire. Cette hérédité,

nous lit constatons chez les chevaux dans la transmission de

c<'rtain<"<allures qui ne leur sont point naturelles, comme le

2. Mutter,~meM~~ePA~M~te(traductionanglaise,vol. p.MM).Voyezaussi tesvuesintéressantesde M.M.Spencersur le mêmesujetet surla formationdesnerfs,danssesMw:tp~ o/JM(~<~vol.Il, p. 1H!;et dans ses ~wc~~ jt~e~ 2"édit.,p. Sn'S!!?.

Page 44: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MRS MARtTME!! UTHM. a<

galop déchusse ou rambtc; nous ta voyons encore guider

les jeunes chiens d'arrêt et les jeunes chiens couchants, et

certaines espècesde pigeons au vol particulier, etc. L'espècehumaine nous offre des exemples analogues dans l'hérédité

de cet'tatnes habitudes ou de certains gestes inusités; nous

allons bientôt y revenir. CeuxqutaJmottent l'ëvoluMon gra-duelte des espèces trouveront un exempte très frappant de la

perfection avec laquelle les mouvements associés les plusdifficiles peuvent se transmettre, dans le sphinx-épervier

(m<Mfo~<MM)peu de temps après qu'il est sorti du cocon

(comme l'indique l'éclat de ses ailes lorsqu'il est au repos),on peut voir ce papillon se maintenant immobile dans l'air,sa longue trompe filiforme déroulée et plongée dans les nec-

taires des fleurs; or personne, que je sache, n'a jamais vu ce

papillon faisant l'apprentissage de sa tache difficile, qui de-

mande une précision si parfaite.

Lorsqu'il existe une prédisposition héréditaire ou instinc-

tive à l'accomplissementd'un acte, ou un goût héréditaire

pour un certain genre de nourriture, il faut pourtant, dans la

plupart ou même dans la généralité des cas, qu'il s'y ajouteun certain degré d'habitude individuelle. C'est ce que nous

observons dans les allures du cheval, et jusqu'à un certain

point chex le chien d'arrêt; quelques jeunes chiens, quoi-

qu'ils arrêtent très bien la première fois qu'on les mène A la

chasse, n'en présentent pas moins fréquemment, unis à cette

qualité héréditaire, un ttair défectueux et même une mauvaise

vue. J'ai entendu affirmer que, si on laisse un veau teter une

scute fois sa mère, il est ensuite beaucoup plus difficile de

l'allaiter artificiellement3. On a vu des chenilles nourries

3.Uneremarqued'uneportéetrèsanaloguea été fa!tc depuislong-tempspar HippocMte,puispar t'tMMStMMarvcy;t'un et J'autreaffirmantqu'unjeuneanimaloublieau boutde quetquesjours l'art de teter etnupeut plust'acqaer!rde nouveauqu'assezd!mc!!cment.Je donotecesasscrtMMd'apresle !)'Darwin(ZoeMOM~,t79~vot. p. t H)).

Page 45: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t'KtXCtPK Ut!t/ASSOCtAttOX3ï

des feuilles d'un arbre d'une certaine espccose laissermourir

de faim plutôt que de manger les feuilles d'un autre arbre.

bien que ce dernier leur fourntt précisément leur nourriture

Mormate il en est de même dans beaucoup d'autres cas.

1.0 pouvoir dcl~ssociation est admis par tout la Mondc~~M. Mannremarque que Il des actions, des sensations ou des

états d'esprit, qui se produisent ensemble ou très près l'un

de l'autre, tendent à s'associer, a se relier; de telle sorte que.

lorsque l'un d'entre eux se présente ensuite il l'esprit, les au-

tres ne sont pas éloignés de la pensée~11est très important pour notre sujet de reconnattre la fa.

ciliié avec laquelle des actes s'associent A d'autres actes et A

des états d'esprit divers; j'en donnerai donc un certain nom-

bre d'exemples, les premiers relatifs A l'homme, les autres

aux animaux. Quelques-uns de ces exemplesse rapportent a

des actions d'une portée insignifiante, mais ils sont aussi bons

pour notre objet que des habitudes plus importantes. Tout

le monde sait combien il est difficile ou même impossible, a

moins d'efforts répétés, de mouvoir ses membres dans cer-

taines directions opposées auxquelles oune s'est jamaisexercé.

Pareil fait se produit & l'égard des sensations, comme dans

l'expérience bien connue qui consiste ii faire router une bille

sous les extrémités croisées de dfux doigts, ce qui donne exac-

tement la sensation de deux billes. Unhomme qui tombe parterre se protège en étendant les bras; suivant la remarquedu professeur Alison, peu de personnes peuvent s'empccher

4. Voyez, pour les indicationsbibtiographtqaeset pourdivers fehxanatogucs.De la VMn<t<h'ndes<M(tMM.cet (les~to~ MM<fac~ond<'domp~t«t<~ i8M,vol.Il, p. :<23(trad.françaisepar Mout!n!c).

S. TAcSnMMOH~~f fM~MM.2"édit., <8Ct,p.3M.L<'profesMurHux-loyfait cette remarqueïBlemrr~tnr,~Lcsxonxin Illaysiology,:i~édit" hi7!teyfait cette remarque(JE/~nm~ryrègle que,PA~Mo~, !edtt., sontp. 306) « Onpeut6tabt!rcommeW'gteque, e!deux<!<&?d'expritsontéveillésensembleoa SNCceMhcmeniavecaMCide fréquenceet de viwa.cité, l'apparitionde l'un deadeuxsuffiraa rappelcrl'autre, que nousle d<?sirionaounon.

Page 46: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

UËBHAnttTUnESUTtLH);

:t

d'en faire autant en se taissant tomber sur nn lit ntooneux.

Knsortant de chez lui, un homme mot sc!t~<mt<:d'uno tàçontout inconsciente; et, quelque simple que cette opération

puisse paraître, celui (lui a appris Aun enfant almettre ses

gants sait bien qu'ettc oo l'est nuMcmcnt.

Le troMb!ede notre esprit se cmnmun!qut' aux mbuvedK'M~

de notre corps; mais ici, ootrc rhabihtdc, un autre principeentre on jeu dans une certaine tnesun', ~voir t'atHux dé-

raté de ta force nerveuse. Norfotk ditot partant du cardinal

Wo!scy

fMNtraHgeconMaotion.1. _.u _1 t .M.U __a.u .IAgttoson cerveau; il se mord tes terres et tr<:as<n)te;tt s'arrête subitement, regarde&terre,Puis il poMMndoigt sur Mtemfe: il se dresse,S'etaneeet M met a marcherà grands pas; puis j) a'arfete encoreEtse frappe fortement la poitrine; bientôtaprès il Hxe

Son regardsur la lune tes attitudes tes plus étranges,Sous tcstui avons vu prendre.

;MfM.H~, act. lit, se. n.)

Onvoit souvent un homme du commun se gratter la t~te

torsqu'it est embarrassé. Je ct'oh tjtt'iÏ agit ainsi poussé par!'habitude qu'il a contractée sous FinuuencMdu léger ma-

!)<!<?auque! it est le plus exposé, savo!r la démange<Msou<!cta ~h'qu'U soulage par cette manœuvre. Tel autrp, loM-

<{M'itest perph'xc, se frotte les yeux, ou, lorsqu'il est cmtMtr-

tttssé,tousse tég&rcmcnt,agissant dans ces deux cas comme

ait ressentait un tégcr tnatttise dans !es yeux ou dans !a

gorge".Parsuite de l'usage continuct que nousfaisons de nos yeux,

<}.Gratiolet(Dela fA~MMw<c,f. M~, discutantce sujet,citeplu.'ieursexemptesanalogues.Voyezpage4), sur t'acte d'ouvWrel de tbr-mertesyoM<r.Ëngetestcit~(p.t23) pMpos <!cac!Mngcmen~deraMufechezt'homnMsoust'inaucnccdeschangementsde pensée.

Page 47: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M t'MtKCH'E DB ~'A88(~C~ATtO?f

ces organes donnent tout particulièrement prise A l'associM*

tion, qui les emploie dans divers états de l'esprit, quand bien

mème la vuen'y jouerait aucun rnle. Suivant !a remarque de

Gratiolet~ un homme qui rejette énergiquemeut une proposi-

tion fermera prMtqtM*A coupât'les yeux et détournera Jat&tc,S'il acquiesce au contraire il cette proposition, il inctinefa

anormattvcm<'ttt la i~tc <'nouvrant lar~ctuont les yeux. Dans

ce t!ot'tucrcMs,ttMg'!t commes'it voyait c!ah'etHentia chose

cUe-m~me, et, dans le premier CMS.conmnos'il ne !a voyait

pas ou ne voulait pa~ lavoir. J'ai vctnarque qu'en déct'ivant

un spttctach' hot'ribtc, certaines pct'sonncs fermaient souvent

h's yeux de temps &autre et avec force, on secouaient !a tête

commepottr ne pas voir ou repousser un objet désagréable;

je me suis pris tnoi-tuemc à fermer fortement h's yeux tandis

que je songeais dansi'obscuritë &unspectac!? effrayant. Lors-

qu'on tourne brusquement les regards vers un objet, ou qu'ontes promette «utour de soi. on élevé tou)otn's tes sourcils de

mantÈre !'t pouvoir ouvrir vite et grandement les yeux h'

docteur Duchennefait observer~ qu'une personne qui fait appelAsa mutnoire rel&vesouvent les soureils conuuc pour voir ce

qu'elle cherche. Un Hiudon a communique à M. Erskiue la

même remarque relative à ses compatriotes. J'ai observe une

jeune dame qui fai~it de grands eubrts pour se rappeler le

nom d'un peintre elle fixait ses regards sur l'un des anglesdu plafond, puis sur l'angtc oppose, en relevant le milieu

du sourcil correspondant, quoique, bien entendu, il n'y eut là

rien qui attirAt sa vue.

Oans la plupart des cas précédents, nous pouvons compren-dre comment les mouvements associés ont été acquis par

l'habitude mais chez quelques individus certains gestesbizarres et certains tics se sont montrés associés A certains

états de l'esprit par des causes tout & fait inexplicables~ et

7. Jtf<CaM<!<M'</<'f<tp~~M~M<<&!tm<«<M,<8S2,p. iT.

Page 48: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MSHABtTUPEatUTtt.KS. a!,

sont indubitabtemeni uér~dttatres. J'a! rapporte atHcurx, d'a-

près mon observation peMounoûe, l'exempte d'un g<!st<tcx-

tMtOKMnait'oet compUqué, associé à des scntïmcatsag't'éHh~tt,

qui s'est tt'an~mtsdu p&n' si ht << Les cris anatoguet" n<'

M.D<* t'aWfttK'Mdes aHWMMtcet < ~<tH~ <«M~<'<M/<!<m''<*(~la efomes-

~<M<«Mt,vol. Il, p. H(trad. frau~. par Moutinic).L'hérédité des gestes ha.bituels est pour nous un tait si important, que je m'empressede rap.

porter, avecla permissionde M.F. Cation, et enme servant de ses proprestermes, cette remarquable observation <t t~ récit suivant, relatif àttno habitudequi s'est rencontrée dans trois générations consécutives.

emprunte un intérêt particuticr a cette circonstance, que te geste se pro.doit seulementau milieu d'un protOndsommeil et que par conséquent ilne peut &trerapporté &l'imitation, mais doit être considère comme ab.

aotument naturel. Cesparticularités sont entièrement dignes de foi, car

j'ai pris à ce sujet des infonnations précises et je parte d'après des te-

moignages nombreux et mdepcndants. Un personnage occupant une

grande position était sujet, comme le découvrit sa femme, Ml'étrangehabitude que voici lorsqu'il était étendu sur le dos dans son lit et pro-tbndement endormi, il élevait le bras droit lentement au-dessus de son

visagejusqu'au niveau du tront, puis t'abaissait par une secousse, eu

sorte que le poignettombait pesamment sur te dos de son nez. Ce gestene se produisait pas chaque nuit, mais seulement de tempsen temps, et

il était indépendantde toute cause appréciable.Parfois il se répétaitcons-tamment pendantune heure ou plus. t.e nezde cet individuétait proemi'nont et fut souvent meurtri des coups qu'il recevait; chaque foisqu'unemeurtrissure était produite, elle était lente &guérir, parfe que les coupsqui t'avaient causéerecommençaient chaque nuit. Sa femmedut enleverle bouton de sa chemise de nuit, avec lequel il s'écorchait cruellement,et t'en cherchale moyen de lui attacher le bras.

a Plusieursannées après sa mort, son uts se maria avec une personnequin'avait jamaisentendu parler de cette particularité de tamitte.Cepen-dant elle nt précisémentla même observation sur son mari; mais te nexde celui-ci,n'étant pastW'stong, n'a jusqu'ici jamais souffert des coups.Le tic n'apparatt pas toroqu'it est dans le demi-sommeil, comme parexemplolorsqu'il s'assoupit sur son fauteuil, mais il peut commencerdesque le sujet est profondément endormi,tt est intermittent comme

chez son père; parfois il cesse pendant plusieurs nuits, parfois il est

presque continudurant une partie de chaquenuit. tt s'accomplit,comme

chezson père, avecla main droite.Unde ses enfants, une Htte, a hérité du m~tnc tic. Ellese sert aussi

de la main droite, mais d'une manière un peu différente; après avoir

Page 49: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

30 PHtNCn'HPKL'ASSOCtATtON

manquent pas. Fu autre exemplecurieux d'uu geste MxaM'e

h6t'6diiairt', associé&un désir, sera rapporté dans le cours de

c<' votume.

n est d'autres actes qui sont communément accomplis danscf]fttnnes circchstahct'x, ihdepMtdKmnt<t!tde t'habitude, ci

qui paraissent dus A l'imitatioMou Aune sorte de sympathie.Ainsi on peut voir certains individus Mmuer Icut' mAchoi~

ot môme temps que les httutchcs d'une p<nr<!de ciseaux.

torsqu'its s'en servent pour couper quelque chose. Quandles

enfants apprennent à écrire, ils tirent souvent !a langue c<

t~ contournent d'une manière risible en suivant les mouve-

tncnts de leurs doigts. Lorsque, dans un Heu puMic, un chan-

teur est pris soudain d'un teger enrouement, on peut entendre

plusieurs des auditeurs se gratter le gosier, ainsi que me l'a

assure une personne digne de foi; mais ici l'habitude entre

probablement en jeu, vu que nous nous grattons la gorgedons tes mêmes circonstances. On m'a aussi raconte que dans

tes parties de sauts, lorsque le joueur prend son étan, plu-sieurs des spectateurs, qui sont genératcment des hommesou

de jeunes garçons, remuent les pieds; mais 1&encore l'ha-

hitude joue son ro!e, car il est très douteux que des femmes

agiraient de même.

~c<MM<f~/fM'M. Lesactions ré(!exes, dans le sens strict

de ce mot, sont dues &l'excitation d'un nerf périphérique

qui transmet son inHuencc &certaines cellules nerveuses, les-

queHcs, i1 leur tour, provoquent l'action de muscies ou do

~tandes'détermines; toute cette série de phénomènes peut se

<cvcte bras,ellene laissepa:)te poignetrétombersur le dos duncl,maisavecla paum''de la maindemUenN~eettc frappeda haut en basfie petitscoupsrapidessursonnez.Cephénomènese produitaussichezcetteenfantd'unemanièretrès intermittente,taniOtcessantpendantdespériodesde plusieurs mois et tantôt reparaissant d'une manière presquecontïauc.

Page 50: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MB MABtT~M UT~KS 37

produire sana provotjucr aucune sensaiïpa, sans que nous en

ayoos conscience, au moins dans certains cas. i'iusieurs ac-

tions retlexcs étant très expressives, nous devons ici nous

ëteodre quelque peu sur ec sujet. Nous verrons on outre que

quc!~es-UHes d'eNtre eHes arrivent A Meconfondre avec les

actes produits par {'habitude et MeuventA peine en être dis-

tinguées". l~atoux et l'eternuement sont des exemples fami-

liors d'actions réflexes. Chexleti enfants, le premier acte

respiratoire est souvent un éternuetnent, bien quii cxïge les

m'tuvetnotts coordonna de muscles nombreux, la rospira*tion est en partie volontaire, maisottc est surtout rénexe, et

c'est sansl'intervention de la volonté qn'cUe s'accomplit de

ia fa~on ia plus natureHc'et la plus rémunère. !'n nombre

considcraMe de mouvements comptexcs 'ttont de nature r6-

Hexe.t!n des meilleurs exemples qu'on en puisse donner est

celui de la grenouille décapitée, qui ne peut évidemment

sentir ni aecontpnr aucun mouvement dont cU<!}«' rende

compte cependant, si l'on ptacc une goutte d'acide sur ta

face inférieure de lit. cuisse d'une grenouille dans cet état,<'Ut'essuiera la goutte avec la face snpét'icnrc du pied du

mcmccote; si on coupe le pied, elle ne pourra plus exécuter

ce mouvement; '<en conséquence, après quelques cuorts in-

fructueux, elle renonce ace moyenet parait inquiète, comme

si, dit Ptinger, elle est cherchait quelque autre; enfin elle se

sert de l'autre jambe et réussit Aessuyer l'acide. Certaine-

ment nous n'avons pas ici seulement de simples contrac-

tions musculaires, mais bien des contractions combinées el

LeprofesseurHttïtcy remarque(~aMcn~n'y~'A~M~y,5" edtt.,p. M~h'ad.par E. DaUy)que!c9actionsrcnexes pt'cprM&la moeth-''piniercsontMa<MMM<t;maisavect'aideducerveau,c'cs)-~d!reaumoyende t'tt&bHude,une inMnited'actionsrencxcs«W~M peuventêtre ac-f)U)8c$.Virchowadmet~«mm<<mc«'<<*A<t/Ï. ~<f~ <'?.<c~' dusK«c~<f«a<H'i<!7<,<s.24, 3t)<tuocertainesactions n'Mexcsne peuventguèreêtredistinguéesdes infuncta;ett'en neut ajouter<}ue,parmice!derniers,n enestqu'pnne peutdistinguerd'habitudesm'rOiitaircs.

Page 51: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PtnXCU'K OE L'AMOCiATtOS

arrangées dans un ordre déterminé pour un but spécwl.Rllesconstituent d<*«actes qui p«raissent entièrement guidés

par 1 intelligence et provoqués par ta volonté, chez un aninMl

auquel on a pourtant enlevé I'organ<'incontesté de l'inie!-

tt~encc et de la vuitiôïï 10. »

<tnvoitt fMsëmcntkdtBërence qui existe entre les mouve-

<nent!!réHexes et les mouvements volontaires chez les très

.{euncsenfants ils sont incapables, me dit Sir Henry liol-

hmd, d'acconiptir certains actes pins ou moins analogues &

t'eternuement et A ta toux; ils sont incapaMes, par exemple,de se moucher (c'est-à-dire de presser la nez et de soufner

violemment A travers l'orifice rétréci), ni de débarrasser

tour gorge des crachats. H faut leur apprendre A accomplircesactes, qui leur deviendront, lorsqu'ils seront un peu plus

Ages,presque aussi faciles que des nctions réiïexes. t/eternuc-

ment et la toux cependant ne sont guère ou point du tout

soumis A la volonté tandis que les actes de nous ~atter la

~orge et de nous moucher sont entièrement volontaires.

Quand nous avons conscience de ta présence d'une par-ticule irritante dans nos narines ou nos voies aériennes,conscience qui nous est transmise par l'excitation des mêmes

cellules nerveuses sensitives que dans le cas de l'étcrnuc-

ment ou de la toux, nous pouvons expulser volontairement

ce corps étranger en poussant de l'air avec force A travers

ces conduits; mais l'action de notre volonté n'a jamais A

beaucoup près autant d'énergie, de rapidité et de précision

que xi l'action réHcxe intervient. Dans ce dernier cas, appa-rejnmcnt, icscethues nerveuses sensitives excitentles ceUutes

nerveuses motrices, sans qu'il y ait eu dél)erdition de force

par tcLcommunication pfeaiaMc aux hémisph&rcscérébraux,

si~c de la conscience et de la volition. En tout cas, i!

semble exister un contraste profond entre des mouvements

10.Jeteur MautMcy,~o<~(u~3f«M~<870,p.t).

Page 52: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MRSitÀHtTUPRSUTttM, M

McntiquM, surent qu'tk sont régis par tu votùnië ou par

une cxcttaUon Fé<t<'xe, MhUvement A t'~ne~ic aveci<M}neHa

t!s sont accotnphs 6t A t& facUtté avec <a<~totk ils sont pro-

voques.« L'tnHMenct'du cerveau, dit Claude Mcrnard, tend

d<MM &, entca~Y~i'tea ttMUVcmeuts t'éHexcs, &i!mitet' teur force

et tour étendue".

Il sutïit parfois du désir raisonné d'accomplir un acte

réilexe pour arrêter on interrompre son accomplissement,

malgré l'excitation des nerfs sensitifs appropriés. Kn voici

un exempte il ya plusieurs années, je fisavec une douzaine

de jeunes gens une petite gageure; je pariai qu'ils priseraientsans étemuer, bien qu'ils m'eussent déclaré qu'en pareil cas

ils éternuaient toujours. En conséquence, ils prirent tous une

petite prise; mais comme iïs désiraient beaucoup réussir,aucun d'eux n'étornua, bien qu'ils eussent du tartnoionent,et tous, sans exception, durent me payer l'enjeu. Sir M.Mot-

land remarque~ que l'attention portée à l'acte d'avaler en

entrave les mouvements; ce qui explique sans doute, au

moinsen partie, la difficultéqu'éprouvent certaines personnesAavaler les pilules.

Un autre exemple familier d'action réucxe est l'occlusion

involontaire des paupières lorsque la surface de tœil vient

& ctm touchée. Un pareil clignement se produit lorsqu'un

coup est dirigé vers le visage; mais c'est la, A proprement

parler, un acte dérivant do l'habitude plutôt qu'une action

réttéxe; car le stimulus <"<ttransmis par t'intcrmédiaire de

l'organe pensant, et non par l'excitation du nerf périphé-

rique. La tête et le corps tout entier sont en tncme temps le

plus souvent brusquement rcjetés en arrière. Nous pouvons

cependant modincr ces derniers mouvements si le dangerne paratt pas trop imminent &notre imagination, mais il ne

t Voyezla très tnteressantediscussionde toutecette questionparClaudeBernard,?*fMMe<MH~<8<!C,p. 3S3-3KC.

i2. CA<tp<<r<!<Mt]ft'H<<t<PA~Mh~ tM8,p. 83.

Page 53: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

40 t'M~Cn'E OR L'AS80C!ATiON

sufrit pas que notre raison nousafnrme que ce danger n'existe

pas. Je puis citer'un petit fait qui vient Al'appui de ce que

j'avance, et qui ma fort amusé autrefois. J'appuyai un jourmon visage contra l'épaisse glace de la cage d'un serpent

~M~<<<M~),au .Mrditt xoologique, avec !a terme résototionde ne pas recuter si le serpent s'élançait vers mot mais A

peine avait~Hfrappé la glace, que ma résolution s'envola, et

que je Mutât fn arnèfe Aun nt&h'eou deux avec une rapiditéétonnante. Mavolonté et ma raison avaient été impuissantescontre mon imagination, qui me représentait un danger au-

quel je n'avais pourtant jamais été exposa.La violence tFun tressaillement parait dépendre en parti<'

de la vivacité do l'imagination, et en partie de l'état habi-

tuel ou momentané dusystèmenerveux. Qu'un cavalier étudie

le tressaillement de son cheval lorsqu'il est fatigué, ou lors-

qu'il sort frais et dispos de son écurie; et il reconnaîtra com-

bien est parfaite la gradation depuis le simple coup d'ceil

jeté sur un objet inattendu, accompagné d'une courte hési-

tation en face d'un danger présumé, jusqu'à un bond si rn-

pide et si viniMnt, que l'animal n'aurait pu probablementfaire volontairement un écart aussi prompt. Le système ner-

veux du cheval jeune et bien nourri envoie sesordres A l'ap"

parcU locomoteur avec tant de rapidité, qu'il n'a pas ic

temps de juger si le danger est réel on non. Aprfs un pre-mier tressaiUcfncnt violent, une fois qu'il est excité et que If

sang aMue librement Asoncerveau, l'animal est très disposé&tressaillir encore j'ai remarqué le m~me phénomène chcx

lesjt'um's enfants.

Le tressaillement produit par un bruit soudain, quand h'

stimulus est transmis par les nerfs auditifs, s'accompagna

toujours chez l'adulte du clignement des paupières J'ai

)3. Natterob~cne(JMfMM)~«/ My~otop~traduet.anglaise,vot. H,p. mt) quele trcMamemcn~eMtoujoursaccompagné<!el'occlusiondc~noM~rcs.

Page 54: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DE8HABtTUDE9UTtLM. 4t

remarqua nu contraire chezmes enfants que le tressaillement

aux bruits soudains, alors qu'ils n'avaient pas encore quinze

joara, ne s'accompagnant pas d'habitude, je dirais presquene s'accompagnait jamais, du clignement des yeux. Le

trcssaUlcmentd'un enfant, plus âge pat'aU répondre & un

vague besoin de prendre un point d'appui pour évïfer dew

tomber. Je secouât une botte de carton tout près des yeuxde l'un de mes enfants, âgé de tit jours, et il ne cligna pasIf moins du monde maisayant ptaco Huelques dragées dans

la boite, je !a misdans ia même pos!t!on, <'tj'ag'!ta! Ïos (tra-

ces; chaque fois rendant cligna des yeux cth'essatHit Jégè-fpmcnt. tï éta!t évidemment imposstbie qu'un enfant soi-

~ncuM'tnent garde'put avo!r appris pat* expérience qu'un

pat't'i! bruit près do sesyeux était un signe de danger poureux. Maiscette expériencea du s'acquérir lentement tl un Age

plus avance, durant une longue suite de générations; et, d'a-

près cf que noussavons de l'hérédité, il n'est nullement im-

probable que l'habitude se soit transmise et apparaisse chcx

les descendants à un plus jeune âge que celui où elle ? été

contractée par les ancêtres.

Les observations précédentes permettent de penser quecertains actes, d'abord accomplis d'une manière ratsonnée,ont été convertis en actes rénexes par 1 habitudeet par 1 as-

sociation et quils sont maintenant si bien fixés et acquis,

qu'ils se produisent, même sans aucun effet utile toutes

les fois que surgissent des causes semblables A cejlljc&tm,A t'oripine, en provoquaient chez nous l'acco~~t~~MNt~volontaire. En pareil cas, les cellules ncr~us~sen~ifhfc~~excitent les cellules nerveuses motrices, sa~comm~uquër~

1~4..v.i1

~4. LettocteurMauds)eyfait remarquer(Ne<~«M~'M~t P. ~c jlesmouvementst~HexesordhtatremcntproposésMu ut!tc P~ ~"7'avectesmodiftcaiiousqu'entrahtcnttesétatspathotogh~e~~rc t~s pu~s!hteaet n~medevenirl'occasiondovivesMMtfranccs

M~an~toCtIt~~duatoa~Hsc. *A(a!<~

Page 55: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M t'MtKCn't! MB t/ÀS80CtAT!OK

auparavant avec les cellules dont dépendent notre perceptionet notre volition. Il est probable que l'éternucment et I&toux

ont été originellement acquis par l'habitude d'expulser aussi

violemment que possible une particule quelconque Messaut

sëhsib)Ï!tc des ~oiës aérîcnnea. L<"t hahitndMt de ce g~nMont eu tout le temps de devenir innées ou de se convertir

t'u actions réflexes, car elles sont communes à tous ou pres-

que tous les grands quadrupèdes, et ont dû par conséquent

apparattre pour ta première fois à une époque très reculée.

Pourquoi l'acte de se gratter le gosier n'est-il pas une action

réilexe, et doit-il être appris par nos enfants? C'est ce que

je ne peux avoir la prétention de dire; on.peut comprendreau contraire pourquoi il a fallu apprendre à se moucher dans

un mouchoir.

Les mouvements d'une gt'enouiHe décapitée qui essuie

sur sa cuisse une goutte d'acide ou qui en chasse un autre

objet sont parfaitement coordonnés pour un but spécial;aussi il est difficile de se refuser à admettre que, d'abord

volontaires, ils sont ensuite devenus si faciles, par suite d'une

longue habitude, qu'ils peuvent finalement s'accomplu' d'un<;

façon inconsciente ou indépendante des hémisphères céré-

braux.

De même encoM il paraît probable que le tressaillement

a eu pour première origine l'habitude de sauter eu arrière

aussi vite que possible pour éviter le danger, chaque fois

que l'un de nos sens nous avertissait de sa présence. Ce tres-

<!aUlcmcnt,ainsi que nous l'avons vu, s'accompagne du cli-

gnement des paupières qui protègent les yeux, organes les

plus délicats et les plus sensibles du corps; il s'accompagne

toujours, je crois, en outre, d'une inspiration rapide et éncr-

giquo qui constitue une préparation naturelle à tout effort

violent. Mais lorsqu'un homme ou un cheval tressaille, les

mouvements de son cœur soulèvent violemment sa poitrine,et on peut dire que nous avons là, l'exemple d'un organe

Page 56: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PKSHAMTUDESUTtLBS, M

qui n'a jamais été sous J'influence de la volonté et qui

prend part aux mouvements réticxcsgénéraux de l'économie.

Nousaurons Arevenir sur ce point dans un des chapitres sui-

vants.

t<aooatcaotion de i'iris, lornque la rétine est excitée parune vive lumière, ne parait pas avoir été à l'origine unmou-

vement volontaire, qui aurait ensuite été fixé par l'habitude,car on ne connait pas d'animal chez lequel l'iris soit soumis

à l'action directe d<; la volonté. Pour ces cas-là, il reste à

découvrir une explication quelconque, assurément diffé-

rente de l'innuencc de l'habitude. C'est peut-être dans le

rayonnement de la force nerveuse de cellules fortement

excitées A d'autres cellulesunies aux premières, comme dans

le cas ou une vivo lumière frappant la rétine provoque l'é-

ternuement, qu'il faut chercher l'origine do certaines actions

réflexes. Si un rayonnement nerveux de cette espace amène

un mouvement qui tend a diminuer l'irritation primitive,comme dans le cas où la contraction de l'iris empêche un

excèsde lumière de tomber sur la rétine, il a pu par la suite

être utitisé <'tmodifiédans ce but spécial.On doit remarquer en outre que les actions réflexes sont,

suivant toute probabilité, sujettes a de légères variations,comme le sont tous les détails anatomiqucs et les instincts;et que toute variation qui était avantageuse et suffisamment

importante a d& se conserveret se transmettre par hérédité.

Ainsi les actions réflexes,une fois acquises pour un besoin

quelconque, peuvent ensuiteêtre modifiées, indépendammentde la volonté ou de l'habitude, pour être annotées & un be-

soin déterminé. Cesfaits sont du mémo ordre que ceux quise sont produits, nous avons tout lieu de le croire, pour beau-

coup d'instincts si certains instincts, en effet, doivent ètre

attribués simplement â une habitude longue et hérédi-

taire, il en est d'autres, très complexes, qui se sont déve-

loppés à l'aide de la fixation des variations produites dans

Page 57: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

44 PRtKCn'RU'ELAMOC~TtOS

les ;Mtincts préexistants, c'est'&'dire A t'otidede ta sélection

naturel.

J'ai traité avec qut'tque tott~neur, quoique d'u~c m<uU&f<'

bien imparfaite, je ie sens, te mode d'acquisition des ac-

tio~ ~êHexes, p~re~ ~M'eHes cntMtttMMventen~

casion des mouvements qui expriment nos émotions; il

était nécessaire de tnontrer que quelques-unes d'entre eltes,

tout au moins, ont pu s'acquérir d'abord volontairement,dans le but de satisfaire un désir ou d'éviter une sensation

désagréable.

JMOMtWNMM~liabituels a~W~ C~fZles<MM<MOtt.r.J ai déJA

donné, A propos de l'homme, plusieurs exemples de mou-

vements associes A divers états de l'et4prit ou du corps, quisont maintenant MUtSbut, mais qui avaient a l'origine unf

utilité et qui en ont une encore dans certaines circonstances.

Comme cette question est tr6s importante pour nous, je ci-

terai ici un nombre considérable de faits analogues se rap-

portant aux animaux, sans me laisser arrêter au caractère

humble et familier de certains de ces faits. Je me propose d<*

montrer que certains mouvements ont été accomplis A l'ori-

gine dans un but détermine, et que, dans des circonstances

à peu près identiques, ils continuent encore &se produitf

par l'effet d'une habitude invétérée, quoiqu'ils ne soient plusde la moindre ntinié. Le rôle de l'hérédité, dans la plupartdes cas suivants, nous est démontré par !<'fait que ces actes

sont accomplis de la même manière par tous les individus

de la même espèce, sans distinction d'âge. Nousverrons aussi

qu'ils sont amenés par lesassociations les plus diverses, sou-

vent indirectes et parfois méconnues.

~nand un chien veut se mettre a dormir sur un tapis ou

sur une autre surface dure, il tourne généralement en rond

et gratté le sol avec ses pattes de devant d'une manière in-

sensée, comme s'il voulait piétiner l'herbe et creuser un trou,

Page 58: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

BM MAOUTUMS UTtMBS. 4&

ainsi que !o faisaient sans doute sesancêtres sauvages, lors.

qu'i!s vivaient dans de vastes plaines couvertes d'herbe ou

clans les bois, <<eschacals, les fennecs et autres animaux

voisins, au Jardin xootogiquc, se comportent de Jn inemc

mant&rt:avec leur littère; mais c'est un fait assez singulier"manl,ç.I'lJt~e; mrris c'erctun fait assez smgu.c,'

que les gardiens, après une observation de phtsIout'smoM,n'ont jamais vu les loups en fain' autant. Un chien â moitié

idiot, et un animât doit être, dans cette condition, parti-culièrement apte à suivre une habitude insensée, a été vu

par un de mesamis faisant trente tours complets sur un tapisavant d'aller dûrmh'.

Beaucoup d'animaux carnassiers, lorsqu'il rampent vers

leur proie et se préparent &se précipiter ou à sauter dessus,baissent la tête et se courbent, autant, semble-t-il, pour se

cacher que pour se préparer à l'assaut c'est cette habitude

poussée A t'extrémc qui est devenue héréditaire chez nos

chiens d'arrct et nos chiens couchants. Or j'ai remarquénombre de fois qn<?,lorsque deux chiens étrangers l'un &

t'autre se rencontrent sur une grande rente, le premier quivoit l'autre, bien qu'A une distance de cent ou deux cents

mètres, abaisse aussitôt la tète, et le plus souvent se courbe

tégèretnent, ou même se couche tout Afait il prend, en un

mot, l'attitude qui convient le mieux pour se cacher et pour

prendre sa course ou son élan. Cependant la route est en-

tièrement libre et la distance est encore grande. Autre

exempte tes chiens de toutes sortes, lorsqu'ils guettent«rdemntent leur proie et s'en approchent peu à peu, gardentsouvent une de leurs pattes de devant reptiée et soulevée

pendant longtemps ils se préparent ainsi à s'avancer avec

prudence cette attitude est très caractéristique chez le chien

d'arrêt. Or, par l'effet de l'habitude, ils agissent exacte-

ment de m~me toutes les fois que leur attention est éveillée

(ng. ~). J'ai vu au pied d'un mur élevé un chien avec une

pntte en l'air, repliée, écoutant attentivement un bruit qui

Page 59: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

à~fi j)'B~~PEMt.'A890CtATtO?<

se passait du coté opposé; dans ce cas, il ae pouvait évi-

demment avoir l'intention do s'approcher avec prudence.Les chiens, après &voir fait leurs excréments, grattent

souvent le sol d'avant en arrière avec leurs qaa<M pattes,

n<~n)e t~Mqu'i~ Mwt Mf Mn pave toMt nu iL Mmbie~u*~aient t'intention de recouvrir d<' terre Jeurs excréments~ A

peu pr&i!comme les chats. On voit, au Jardin zoologique,t<*s!nHj{Mtet les chacals se comporter exactement de la m6w

manière et pourtant, d'après ce que m'ont assuré ieu)'s

gardiens, ni les loups, ni les chacals, ni tes renards ne

t'ecouvrent jamais tcurs excréments, pas plus d'ailleurs que

tt:.4.–t'e«t<'htt'MH"<an<u))''))atpt!trc<))f))t)t'<:tbh'.M')th*M)tMMpt«tt~(tM))h)et)<'M.th'Jtandcf.

tes chiens, lorsqu'ils auraient le moyen de le faire. Cepen-dant tous ces auim~ux enfouissent le surplus de leur

nourriture. Ceta nous permet de comprendre la vériiaMc

signification de l'habitude précédente, semblable Acelle des

chats. Kous ne pouvons guôt'e douter qu'il n'y ait là un

vcstig-esans utilité d'un mouvement habituel, qm avait un

but détermine chez un ancêtre éloigné du genre chien, ci

qui s'est conserve depuis une antiquité prodigieuse.Leschiens et les chacals~ prennent grand plaisir à se rou-

ler et a frotter leur cou et leur échine sur la charogne. !k

paraissent se délecter de son odeur, et cependant les chiens

i S.Voyezt'Mfttoired'un chacatappr!voisé,rapportéepar M. P. H.Salvin,dansLand<Ht<< octobre<M9'.

Page 60: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DES HABtTUHKS UTff.KS. 47

au moins n'en mangent pas. M.Barttett a fait pour moi des

observations sur les loups; il leur a donné de la charogne.et Mol<*sa jamais vus se rouler dessus. J'ai entendu faire ht

remarque, et je ta crois vraie, que les gros chiens, qui des.

cendent probablement des loups, ne se roulent pas aussi sou-

vent sur la charogne que les petits chiens, qm desccmîcNt

selon toute apparence des chacals. Lorsqu'on offre &un ter-

rier femelle, que je possède, un morceaude biscuit noir, et

que cette chienne n'a pas faim, elle le déchire et te tour-

mente comme si c'était tin rat on une autre proie ~j'aientendu

rapporter des faits semblables); puis elle se roule dessus <)

plusieurs reprises, tout &fait comme si c'était un morceau d''

charogne; il semble qu'il faille donner un goût imaginaire «

ce morceau peu appétissant, et dans ce but le chien se con-

duit suivant son habitude, comme si le biscuit était un ani-

mal vivant ou comme s'il avait l'odeur de la charogne, bien

qu'il sache mieux que nous qu'il n'en est rien. J'ai vu ce

même terrier agir dpmême apr~s avoir tue un petit oiseauou

unesouris.

Les chiens se grattent par un rapide mouvement de leurs

pattes de derrière et lorsqu'on leur frotte le dos avec un''

canne, si forte est l'habitude qu'ik no peuvent s'empêcher de

gratter vivement l'air ou le sol d'une façon absurde et qui

prête A rire. Le terrier dont je viens de parler exprimait par-fois sa satisfaction, lorsqu'on le grattait ainsi avec une canne,

par un autre mouvement habituel, c'est-à-dire en léchant

l'air comme il aurait pu lécher ma main.

Les chevaux se grattent en mordillant les parties de leur

corps qu'ils peuvent atteindre avec leurs dents; mais le plussouvent un cheval montre à un autre l'endroit ou il a besoin

d'être gratté et tous les deux se mordillent réciproquement.Un ami dont j'ai appelé l'attention sur ce sujet a observé

que, lorsqu'il caressait le cou de son cheval, l'animal avan-

çait la tête, découvrait les dents et remuait les mâchoires.

Page 61: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PRt?!CH*E CK L'ASSOCtAT'ON

exactement comme s'il mordillait le cou d'un autre cheval;car il va sans dire qu'il m'aurait pumordre son propre cou.

Si on cheval est fortement chatouillé, comme lorsqu'on l'e-

triHe, son désir de mordre devient si irrésistible. qu'il fait

c!aqucr se~ ~eMts !es uaes contre les aatfes~ et, sans 6tce

vicieux, peut mordre son palefrenier en m&metemps, par

habitude, il couche fortement ses oreilles, de manière à les

préserver des morsures, comme s il se battait avec un autre

cheval.

t'n cheval impatient de prendre sa coufse imite te ptuss

possible le mouvement habituel de la marche en piétinantla terre sur place. Lorsque ensuite, rentré dans sa stalle

d'écurie, il va recevoir sa nourriture et attend impatiemmentson avoine, il piétine encore le pavé ou sa litière. Deux

de mes chevaux agissent ainsi quand ils voient ou enten-

dent tju'on donne t'avoine a leurs voisins. Dans ce cas, il

est vrai, nous nous trouvons en présence d'une expression

proprement dite A peu près complète; car le piétinementdu sol est universeltement reconnu pour un signe d'impa-tience.

Les chats recouvrent (!e terre tous leurs excréments; mon

grand-père"~ a vu un petit chat amasser des cendres sur une

cuillerée d'eau pure renversée devant le foyer voilà donc

un acte habituel ou instinctif, provoqué à tort, non par un

acte préalable ou par une odeur, mais par la vue. C'est

un fait bien connu que les chats n'aiment pas &se mouiller

les pattes, ce qui tient probablement à ce qu'ils ont origi-nairement habité sous le climat sec de l'Egypte; lotsqu'Hsmouillent leurs pattes, ils les secouent vivement. Ma fille,

ayant vot'sé de l'eau dans un verre tout près de la tête

d'un petit chat, le vit aussitôt secouer s<*spattes à la manière

<< DocteurOarwin(ZoeMOMtt~<7M,vol. p. iCO).J'ai tmMvciefaitque les chatsétendenticur! pattestorsqu'Mséprouventdu plaisir,men-

uonnéegatetncntdanscetouvrage(p. <S<).

Page 62: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MSMAtUTUJ~SU'nt.Ea. 40

4

ordinaire voilà donc encore un mouvement habituel excité

~ns motif, non par le sens du toucher, mais par un son

associé.

J~ petits chats, les petits chiens, les petits cochons, et

pMbaMeme~ beaucoup d'&~res jeunes animaux, frappe~alternativement avec leurs pattes de devant contre les ma-

melles de leur mère, pour exciter la sécrétion da lait ou

pour en faciliter l'afflux. Or il est très commun de voir les

jeunes chats, et pas rare du tout de voirles vieux chats issus

de !a race commune et de la race persane (qui, suivant

quelques naturalistes, n'existerait plus à l'état de pureté),

alors qu'ils sont couchés commodément sur un châle bien

chaud ou sur un autre objet moelleux, le presser doucement

et alternativement de leurs pattes de devant; leurs doigtssont alors étendus et leurs griOes un peu saillantes, absolu-

ment comme lorsqu'ils tetaient leur mère. Ce qui prouvebien que c'est I&le même mouvement, c'est que souvent ils

prennent en même temps un bout du châle dans leur bouche

et se mettent à le sucer; ils ferment alors généralement les

yeux et font entendre un ronron de contentement. Cecurieux

mouvement n'est ordinairement excité que par association à

la sensation d'une surface chaude et moelleuse; j'ai pourtantvu un vieux chat qui, lorsqu'on lui faisait plaisir on lui grat-tant le dos, battait l'air de ses pattes de la même manière;

cet acte est donc Apeu près devenu l'expression d'une sensa-

tion agréaMe.

i'uisque j'ai parlé de l'action de téter, je puis ajouter quece mouvement complexe, aussi bien que l'extension alterna-

tive des pattes de devant, sont des actions réflexes en effet,on les voit se reproduire lorsqu'on place un doigt mouillé de

lait dans la bouche d'un petit chien auquel on a enlevé !a

partie antérieure du cerveau' Ona récemment constaté, en

17.Carpenter,Mndp!<'< comparativoM~oh~, <8S4,p. 460,etMOMer,~emcM~o/'M~ocy, trad.angtaiM,vol.Il, p, MC.

Page 63: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PtUNCttK DE LAMOCtATION

France, que facto de totcr est provoqué uniquement parl'intermédiaire du sens de l'odorat; s! l'on détruit les nerfs

olfactifs chez un petit chien, il ne tette plus. Do même, la

remarquable faculté que possède le poulet, quelques heures

Apeine après réclostôh, de becqueter d~peti~ miettes pourse nourrir, parait éveillée par !c sens de l'ouïe; car, chez (tes

poulets éclos par la chaleur artûicielle, un bon observateur

a pu, « en frappant avec l'ongle contre une planche, de ma-

nière &imiter le bruit que fait la mère, leur apprendM A

picorer leur nourriture 18

Je ne donnerai plus qu'un seul exemple d'un mouvement

habituel et sans but. Lecanard tadorne vit sm' les sables quela marée laisse Adécouvert, et quand il aperçoit la trace d'un

ver, « il se met Apiétiner te sol en dansant, pour ainsi dire,

au-dessus du trou ce qui fait sortir le ver. Or M.Saint-Sohn

rapporte que lorsque ses canards tadornes apprivoisés « ve-

naient demander leur nourriture, ils piétinaient le sol d'un

mouvement impatient et rapide' o. C'est donc la en quelque

sorte, chez ces animaux, une manière d'agir expressivede la

~im. M. Bartiett m'informe que le flamant et le kag'u (rhino-

c/teftMjM&~u<),lorsqu'il leur tarde de manger, battent lu

terre avec leurs pieds de la même façon bizarre. Demême

encore, quand les martin&-pechcurs prennent un poisson, ils!e frappent toujours jusqu'à ce qu'ils l'aient tué or au Jardin

zoologique ils frappent toujours la viande crue dont on les

nourrit, avant de la dévorer.

Nous avons, je pense, suffisamment démontré notre pre-mier principe, que je formule encore une fois quand une

sensation, un désir, une répugnance, etc., a provoqué durant

une longue série de génératioM un.certain mouvement vo-

is. Mowbray,/*oKM~,6*edUt.,t83C,p. St.<C.Voyezceque rapportecet excellentobservateurdans WM<iSp<~

o~Ae~&MK~ <8~ p. <4:.

Page 64: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DESMABfTUBMUT~KS. &t

tontajtre,une tendance &l'accomplissement de ce même mou-

vement est mise en jeu presque Acoup sur toutes les fois que

survient, mcmo &un faible degré, ta même sensation ou une

autre sensation analogue ou associée, alors mémo que ce

mouvementn'aurait plua, dans Je c~s actuel, aucune utttitc.Les mouvements habituels de cet ordre sont souvent, sinon

constamment hareditah'eg, et diu'erent peu des iors des actions

rôuexes. Quand nous parlerons des expression); spéciales de

l'homme, on rcconnaitt'a la justesse de la dernière partie de

notre premier principe, te! qu'ii a été donné au connnence-

HMntde ce chapitre savoir, quetorsqucdes mouvements aNSo.

eiés par t'habitndc A certains états d'esprit sont partiellement

réprimés par ht volonté, certains muscles entièrement ou

incomplètement indepoodanta de l'action de la volonté peu-vent néanmoins se contracter, et leur action est souvent très

expressive. Rccipronuonent, lorsque la volonté est auaiblic

d'une façon temporaire ou permanente, les muscles volon-

taires font défaut avant les muscles involontaires. C'est un

fait bien connu des patholog'istes, comme le remarque Sir

Ch. Beil~ « Lorsqu'une aKection du cerveau produit de la

faiblesse, son influence se fait sentir davantage sur les muscles

qui sont, a l'état normal, placés sous l'empire le plus immé-

diat de la volonté. Dans les chapitres suivants, nous nous

arrêterons sur une autre proposition oontenue aussi dans notre

premier principe savoir que, pour réprimer un mouvement

habituel, il faut parfois exécuter d'autres légers mouvements,

qui servent eux-mémes a ,1'exprcssion.

20. F~owpMca~Tt<tMMc<~n~<M~p.<3*

<

Page 65: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHÂMTRE IL

t'MNCn'ESGtMBHAUXt)B~BXPR!MStOM.

(St)!te.)

t'rtndpedet'aoMtMM.BiMmpteschezte chienetlechat. od~aeduprincipe.M~MconwMM<'M))ob.mprincipe<)ot'antttt~Mn'apaspouroWeh"e<te'!

act)otM<tpp<'<<ottace<t)ap)teseMconMa<aMneedeMUMMueftHOuenced'ttnput*rictianeappos~itaaceompltesencaaantesnncedor,duaaaaua1`induencod'iwpul·sionicppot&ee.

Passons Anotre second principe, le principe de rantHhèsc.

Certains états d'esprit, ainsi que nous t'avons vu dans le def-

mepchapitre, amènent cert&ms mouvements habituels, dont

rutUitë a été l'éelle primitivement et peut t'Atreencore; nous

aUonsvoir maintenant que, lorsqu'un état d'esprit tout à fait

inverse se produit, il se manifeste une tendance énefgique et

iKvoiontait'e & des mouvements également inverses, bien

<;u'i!s n'aient jamais été d'aucune utilité. Nous donnerons

quelques exemptes frappants d'antithèse quand nous traite-

rons des expressions spéciales à l'homme; mais c'est surtout

dans les cas de ce genre que nous sommes exposés à confon-

dre des attitudes et des expressions conventionnelles ou

artiticieHesavec celles qui sont innées ou universelles, et quiseules mentent d'être rangées parmi les expressions vérita-

bles c'est pourquoi, dans ce chapitpe-ci, je prendrai pres-

que exclusivement mes exemples dans les expressions des

animaux.

Lorsqu'un chien d'htuneaf farouche ou <~ressive rencon-

tre un chien étranger ou un homme, il marche droit et en

Page 66: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PMtNCtPt! DE t/ANTtTM~t!. 53

Page 67: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PntNOtPH

Page 68: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M L'AMTtTH~E. 6&

Page 69: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

w PRtNCH~

Us. ))w:)ne. con'MtUtt eot. mattre, t~r M. A. May

Page 70: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MitKL'A!<TtT!t~!H!.

se tenant très raide; sa t~ta est légèrement relevée ou un peu

abaissée ln queue se tient droite en l'air, les poils se héris-

sent, surtout le tong du cou et de l'éch!ne les oreilles dres-

sées se dirigent en avant, et les yeux regardent avec fixité

(voyezjcsijtg. &et ?). Cesparttculantés, ainsi qu'il sera expli-que ci-après, proviennent de l'intention qu'a Je chien d'atta-

quer son ennemi, et sont ainsi pouf la plupart faciles a com-

prendre. S'il se prépare &cancer surson adversaire avec un

grognement sauvage, les dents canines se découvrent et les

oreilles sonteomptetoment couchéesen arrière contre la Mte;nous n'avons pas à nous occuper pour le moment de ces der-

niers actes. Supposons maintenant que ce chien reconnaisse

tout a coup que l'homme dont il s'approche n'est pas un

étranger, mais son mattre; et observons comme tout son ~trc

se transforme d'unemaniere complèteet soudaine. Au lien de

marcher redresse, il se baisse ou même se couche en impri-mant à son corps des mouvements flexueux; sa queue, ait

lieu de se tenir droite en t'air, est abaissée et agitée d'un

côté ai antre; instantanément son poil devient lisse; ses orcit-

lessont renversées en arrière, mais sans~tre appliquées con-

tre la tète, et ses lèvres pendent librement. Par suite du ren-

versement dcsorciues en arrière, les paupières s'allongent, et

les yeux perdent leur aspect arrondi et nxe. Ondoit ajouter

qu'A ce moment l'animal est dans un transport de joie, et

qu'il y a production en excèsdo force nerveuse, ce qui duit

naturellement produire une activité quelconque. Pas un seul

des mouvements précédents, qui expriment l'auection avec

tant de clarté, n'est de la moindre utilité pour l'animal. tl"

s'expliquent, a ce qu'il me semble, simplement parce qu'ilssont en opposition complète ou en antithèse avec l'attitude

et les mouvements très intelligibles du chien qui se prêtreau combat, et qui expriment la colère. Je prie le lecteur de

jeter tes yeux sur les quatre croquis ci-joints, qui ont pourbut de rappeler d'une manière frappante l'aspert d'un chien

Page 71: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt PBtKCtPE

dans ces deux états d'esprit. tl n'est pas aisé du reste de

représenter l'aifection citex un chien qui caresse son maître

et remue la quelle, car ce (lui constitue surtout son expres-

sion, c'est l'ondulation eontinuiOllode sea mouvements.

t'arlons maintenant dtt chat. Lorsque cet animât est me-

nacé par nn chien, il courbe son échine d'une façon surpre-

nante, hérisse son poil, ouvre la bouche et crache; nous ne

nous occupons pas ici de cette attitude bien connue, qui ex-

prime ta terreur associée A la colère. Nous nous occuponsseulement de l'expression de la fureur ou de la colère, quel'on n'observe pas souvent, mais qui se manifeste cepen-dant quand deux chats se battent ensemble; je l'ai vue bien

marquée chez un chat sauvage que harcelait un jeune gar-con. L'attitude est presque identique A celle d'un tigre quel'on dérange pendant son repas et qui grogne, ainsi que cha-

cun a pu le voir dans les ménageries. L'animai prend une

position allongée, en étendant le corps, et la queue tout cn-

ticre ou son extrOnitc seule, repliée ou recourhee, se ported'ttn côté A l'autre. Les poils ne sont nullement hérisses. A

cela près. l'attitude et les mo~vetnents sontpresque les mêmes

que lorsque l'animal se prépare A s'élancer sur sa proie, et

clue sa férocité est assurément éveillée. Mais lorsqu'il seprë'

pare au combat, il y a cette diu'ércnce que les oreilles sont

fortement couchées en arrière la gueule est entr'ouverte et

laisse apercevoir les dents; !cs pattes de de vaut sont parfois

jetées en dehors, les griffes saillantes; parfois aussi, l'animal

pousse un grognement farouche (voyezBg. 9 et tO). Tousces

actes, ou A peu près tous, proviennent naturellement (ainsi

qu'il sera expliqué ci-apre~)de la manière dont le chat se pro-

pose d'attaquer son ennemi.

Examinons maintenant une chatte d'une humeur absolu-

ment inverse, au moment où elle exprime sonatïcction Ason

maître par des caresses, et remarquons quel contraste frap-

Page 72: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CEt.ANnTMÈSt!. M

!C

t!

ni1

C

1il

i

,11

i

rwJ

e!

:r

Page 73: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OC t'MtNCtftS

Fig. M. Chtt d'hunMHf aOffctttcuse, )MrM.WMtt

Page 74: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

0!ÏL'A!<rtTH&SK. Ot

pant existe dans son attitude. Elle se redresse, le dos légère-

ment recourbé, ce qui soul&veun peu ses poils, mais sans

tes hérisser; sa queue, au lieu d'être étendue et de fouetter

Sfs Canes, est tenue tout A fait raide et s'élève perpendicu-

jbumment.;sesonBHteaso et pointues; sa gueule est

fermée; elle se frotte contre son maître et le ronronremplacele grognement. Observons encore à quel point le chat, dans

la manière d'exprimer son affection, diSore par toute sa ma-

nière d'être du chien, qui caresse son maitre le corps courbé

et ondulant, la queue abaissée et mobile, et les oreilles tom-

!Mtntes.Un pareil contraste dans les attitudes et les mouve-

ments de ces deux carnassiers sons l'empire du même état

d'esprit agréable et tendre, ne peut trouver une explication,me semble-t-il, que dans l'antithèse complète de ces mou-

vements avec les mouvements naturels a ces animaux lors-

qu'ils sont irrités et se préparent à combattre ou à saisir leur

proie.Dans les cas précédents, relatifs au chien et au chat, il y a

tout lieu de croire que les gestes qui expriment l'hostilité et

l'affection sont les uns et les autres innés ou héréditaires; icar ils sontpresque identiquement les mêmes dans les dim!-

reutes races de ces deux espèces, et chez tous les individus,

vieux oujeunes, de la même race.

Je vais donner un nouvel exemple du rôle de l'antithèse

dans l'expression. J'ai possédé autrefois un gros chien, qui,comme tous les chiens, aimait beaucoup à aller a la prome-nade. H exprimait son plaisir en trottant gravement devant

moi, A pas comptés, la <Atetrès haute, les oreilles un peurelevées et la queue en l'air, mais sans raideur. Non loin de

ma maison, un sentier s'offre a droite, qui conduit a la serre:

j'avais l'habitude de la visiter souvent pendant quelques mo-

ments pour regarder mes plantes en expérience. C'était tou-

jours pour mon chien l'occasion d'un grand désappointement,parce qu'il ne savait pas si je continuerais ma promenade

Page 75: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PKtHPtPE

il était risibtû de voir le changement d'expression soudain

et radical qui se produisait chez lui des que j'inclinais le

moinsdu monde verft le sentier, ce que je fai~Mparfois uhî-

quem<!ntpour t'obsor~'er. Sonregard at~attu était connu de

t~ts !6smemhrc~ de ma~miHc, et on t'~serre.

Voici en quoi il consistait la t~te s'abaissait beaucoup;tout ie corps s'abaissait un pou et demeurait immobile; les

oreilles et la queue retombaient brusquement, sans que la

queue tût du reste agitée; cesoreittes basses, AcesmachoiMS

pendantes, s'ajoutait un grand changement dans l'aspect des

yeux, qui me paraissaient moins brillants. Sa mine piteuse

exprimait un profond désespoir; ét, comme je l'ai dit, elle

était risible, vu la cause insignifiante qui l'avait provoquée.

Chaque particutat'ité de MMattitude était en opposition com-

plète avec sa précédente allure, p!eine &la fois d'a!te~resseet de dignité; il me semble qtt'ctie ne pouvait s'expliquer au-

trement que par le principe de l'antithèse. Si le changementn'avait pas été aussi instaata~ne,j'aurais attribué cet~attitnde

&la réaction de son abattement sur les systèmes nerveux et

circulatoire, ainsi qu'on le voit chex t'homme, et par suite

sur lu tonicité de tout son apparei! muscutaire; il est même

possible que cette cause entrât pour quelque chose dans la

production du phénomène.

Nous allons voir maintenant quelle est l'origine du prin-

cipe de l'antithèse. Chez tes animaux qui vivent en société,il est de la plus haute importance de pouvoir communiquerentre membres d'une mcrne communauté; chez les autres

espèces, ce même besoin existe entre les animaux de sexes

diSerents, entre les jeunes et les vieux. Ce but est ordinaire-

ment atteint au moyen de la voix, mais il est certain que les

gestes et les signes expressifs servent aussi jusqu'à un cer-

tain point &se comprendre mutuellement. L'homme ne s'est

Page 76: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OELA~TttMÈSt!. M

pas borné Al'usage de cris inarticulés, (h*restes et de signes

expressifs; il a inventé le langage inartictué, si tant est qu'on

puisse appliquer lemotd'MK~MMtà unprogrès accompligrâce

a d'innombraMcspprfectionnemcntsa peineraisonnes. 1! suffit

d'avoir observ singes pour être convaincu qM'ibcompren-nent parfaUementles gestes et les signes tes uns df's autt'es.

et dans une large mesure ceux de l'hotnme, ainsi que l'af-

nrtne Heugger Quand un animal va en attaquer un autre,

on a peur d'un antre, il se donne souvent un air terrihte en

hérissant ses poils, ce qui le fait parattro plus gros, en

montrant ses dents, en brandissant ses cornes. ou en pous-sant des cris féroces.

Le pouvoir de communiquer entre eux est certainement

d'une très grande utilité &beaucoup d'animaux; aussi n'est-

Hpas a priori improbahte que des gestes manifestement op-

pose!!&ceuxqui exprimaient déj&certains sentiments aient1

pu à l'origine se produire naturellement sous l'empire d'un

sentiment opposé; le fait que ces gestes sont maintenant

innés ne suffit pas pour empêcher do croire clu'ils aient puêtre accomplis tout d'abord intentionne!!ement car ils ont

dû probaMement, après plusieurs générations, devenir héré-

ditaires. Quoi qu'il en soit, il est plus que douteux, comme

nous allons le voir, qu'aucun des cas auxquels va s'appliquerle principe de l'antithèse ait une pareille origine.

Dessignesconventionnels qui ne sontpas innés, tels que ceux

qu'emploient tes sourds-muetset les sauvages, ont en par-tie mis en œuvre le principe d'opposition ou d'antithèse. Les

moines de Ctteaux croyaient commettre un péché en par-

tant ils inventèrent un langage mimique ou le principe de

l'opposition paraît avoir été employé Le docteur Scott, de

t. JVa<M~<wA~eder So~tAfefcCM<Po~May,<MO,9.S5.X.M.Tylorparledutangagemimiquedesmo!ac9deCttcauxdansson

Page 77: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

(..

<M pKtNCtpe

l'institution des sourds-muets d'Ëxeter, m'écrit que « les

oppositions sont très usitées pour l'instruction des sourds-

muets, (lui les sentent très vivement Cependant j'en été

surpris du petit nombre d'exemples incontestables que l'on

peut en donner. Cela provient eMpartie <1&ce~M tona jte&

signes ont CMordinairement quelque origine naturelle, et

en partie de l'habitude prise par les sourds-muets et par les

sauvages d'abréger le plus possible ces signes pour tes rendre

plus rapides Oe vient que leur source ou leur origine est

souvent douteuse on même complôtetnent perdue, ainsi quecela se rencontre pour le langage artMMié.

Beaucoupde signes, d'ailleurs, qui sont évidemment oppo.sés les uns aux autres, paraissent avoir eu chacun de leur

côté une signification propre, A leur origine. semble qu'ilen ait été ainsi des signes qu~emploient les sourds-mue~

pour désigner la lumière et l'obscurité, la force et la fai-

hlesse, etc., etc. Dans un autre chapitre, je m'enbrcerai de

montrer que les gestes opposés d'afnrmation et de négation,

savoir, celui d'abaisser verticalement la tête et celui de la

secouer latéralement, ont été probablement tous les deux na-

turels au début. L'agitation de la main de droite &gauche,dont se servent quelques sauvages pour dire non, a peut'étreété inventée à l'imitation du mouvement de la tête; quant au

mouvement opposé, par lequel la mains'agite en ligne droite

en avant du visageen signe d'aHirmatioM, on ne saurait déci-

B«f~ H~fy afaat«M<(x*cdtt~ i8?0, p. 40) et fait quelques remar.

<tMMsur le princ!pede t'opposhtondans les gestes.3. Voyezsur ce sujet rtttt<-rMMntouvrage du docteur W. R. Scott,

yA<'DM/'«MdDMnt&cd)t.~<8?0tp. i2. CettemMiëro, dit-il, d'abré-

ger!e<gestesnaturels, et d'en faire des gestes plus conciaque ceuxqu'ex!-gerait l'expresittonnatureHc. est très commune parmi les sourds-muets.Ce geste abrège est parfois teUement tronqttc qu'il perd presque touteressemblance avec te geste naturel; mais pour le sourd-muet quit'emploie it n'en conserve pas moins l'énergie et l'expression origi-ncttes.a

Page 78: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DBL'AS'nTM~R. <!&

va.la

s

ders'it provient de l'antithèse ou s'il a pris naissance d'une

autre manière.

Si maintenant nousconsidérons lesgestes innésoucommuns

&tous les individus d'une mémo espèce, qui se rangent parmi

~ux que prqdutt l'anuth~e, nous trouvons qu'il est tr~s

douteux qu'aucun d'eux ait été d~uoi'dntVcnM dcpt'dpô!;délibéré et accompli en connaissance de cause. Dans l'espècehumaine, le meilleur exemple qu'on puisse citer de gestesdirectement opposés A d'autres mouvements, et survenant

naturellement dans un état d'esprit contraire, est te hausse-

ment des épaules. Il exprime l'impuissance ou le refus; il

signifie qu'une chose ne peut pas être faite ou être évitée. Ce

geste est parfois employé sciemment et volontairement: mais

il est très improbable qu'il ait été d'abord inventé de pro-

pas délibérée et fixé ensuite par l'habitude; car non seule-

ment le petit enfant hausse les épaules sous l'influence des

états d'esprit précités, mais encore ce mouvement est ac-

compagné, comme il sera montré dans un des chapitressuivants, de divers mouvements accessoires, dont pas un

homme sur mille n'a conscience à moinsde s'être spéciale-ment occupé de la question.

Quand un chien s'approche d'un chien étrangef, il peuttrouver utile de montrer par sesmouvements qu'il a des in-

tentions amicales et ne veut pas se battre. Lorsque deux

jeunes chiens, qui jouent, grognent et se mordent le museau

et les jambes, il estévident qu'ils comprennent mutuellement t

leurs gestes et leurs manières. !1semble vraiment qu'il yait chez les petits chiens et les petits chats une sorte de no-

tion instinctive qu'ils ne doivent pas se servir sans précau-

tions, en jouant, de leurs petites dents aigucs ou de leurs

griffes, bien que cela arrive parfois et provoque un cri; s'tl

n'en était pas ainsi, ils se blesseraient souvent les yeux. Quand

mon terrier mord mamain en jouant, s'il serre trop fort et que

je dise « DoMCMMMM,doM<etMM<,il continue â mordre, mais

Page 79: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<H PMtNCtPE

me répond par quelques frétillements de la queue (lui.sem..

Nentsi~niner « Kc faites pas attention, c'est pour m'a-

muser. MLeschiens expriment donc ou peuvent avoir le désir

d'exprimer Ad'autres chionset&l'lMMnme qu'ils sont dans des

disp(t!!itioaa amicales:H n'en est pas moinsdifficile de oroife "C.

qu'ils nient jamais pu penser délibérément à coucher en ar-

rière leurs oreilles, nu lieu de les tenir droites, Abaisser et à

agiter laqueue, au lieu de la garder dressée en l'air, etc., parsuite de h notion que ces mouvements étaient en oppositiondirecte avec ceux qui se produisent sous l'influence d'une

humeur contraire et hostile.

t)e mémo lorsqu'un chat, ou plutôt lorsqu'un ancêtre pri-mitit de l'espace, sous l'empire de sentiments atiectueux, a

pour la première fois fait un peu le gros dos, élevé la queueen l'air pcrpendicutait'ement et dressé les oreiller peut-oncroire que cet anima! eut le désir raisonné de manifester

ainsi une humeur directement inverse de celle qui, lorsqu'ilse prépare a combattre ou a s'élancer sur sa proie, lui fait

prendre une attitude rampante, agiter sa queue d'un côté à

l'autre, et renverser ses (n'ailles?Je puis encore moinscroire

que mon chien prit volontairement son attitude almttue et

son « air de Mtre qui faisait un contraste si complet avec

son attitude première et toute son allure pleine d'allégresse;on ne saurait supposer qu'il sut que je comprendrais son ex-

pression, et qu'il pourrait ainsi m'attendrie le cœur et me

faire renoncer & visiter la serre.

Donc, pour le développement des mouvements de cet ordre,

H a fallu l'intervention d'un autre principe, distinct de l'in-

flucncede la volonté et de la conscience. Ce principe parait~trc le suivant tout mouvement que nous uvons volontaire-

ment accompli durant notre existence a demandé l'action de

certains muscles; lorsque nous avons fait un mouvement ab-

solument opposé, un groupe opposé de muscles a été habituel-

lement mis en jeu, comme dans les actes de tournera droite

Page 80: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OB L'AMTjtTH&SK. 07

on &gauche, de repousser un objet oudol'attirer &nous, do

soulever un poids ou de l'abaisser. Si fort est le lien qui réunit

uos intentions et nos mouvement* que, sinoua désirons vive-

ment qu'un objet se meuvedansunedirection, nousnepouvons

gMArenonKjcnapeehordepen~phorlecq~ quelque

persuadés que nous puissions être de l'inutilité de ce geste.Une bonne démonstration de ce fait &dé}&été donnée, dans

l'introduction, A propos dos mouvements grotesques d'un

joueur de billard jeune et ardent, qui surveille le chemin

parcouru par sa bille. Lorsqu'un hoonne ou un enfant en

colère crie A que!qu un Il A!!ez-vous-en! te plus souvent

it étend les bras comme pour Je repousser, bien que son

<tdveMairepuisse être étoi~né de lui et bien qu'il puisse être

complètement inutile de confirmer sa parole par un geste.Au contraire, lorsque nousdésirons vivementqu'une personne

s'approche très près de nous, nous faisons le geste de l'attirer

A nous il on est de même dans une infinitéde cas.

L'accomplissement de mouvements ordinaires de nature

opposée, sous l'empire d'impulsions opposéesde la volonté,est devenu habituel chez nous et les animaux; il en résulte

que, lorsque des actions d'une espèce quelconque ont été

étroitement associées avec une sensation ou une émotion, il

semble naturel quedes actes d'une nature entièrement opposée,bien qu'absolument inutiles, soient accomplis d'une façon in-

consciente, par suite de l'habitude et de l'association, sous

l'influence d'une sensation ou d'une émotion directement

opposée. Ceprincipe me permet seul de concevoir comment

ont pris naissance les gestes et les expressionscompris sous eu

chef de l'antithèse. Assurément, s'ib sont de quelque utilité

A l'homme ou & quelque autre animal, pour aider les cris

inarticulés ou le langage, ils peuvent être aussi employésvolontairement, et l'habitude en est de la sorte fortifiée. Mais

qu'ils soient ou non utiles comme moyen de communiquer, il

suffirait, si nous pouvons raisonner par analogie, de la ten-

Page 81: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PKtXC<PKDEt,'ANT<THÈ8E.

danco accomplir dos mouvetnents opposés sous l'innucnce

de MïMattoMou d'émotions tnvoMcspour tes rendre hôt~di-taires apr&sun long usage; et t'on ne saurait tneth'e en doute

queptuffteut's Mouvementsexpressifs dus au principe de t'fw-

titbese xe soicat uerëdi~H'cs.

Page 82: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAPtTKE m.

fMXCtPESCÉXÉMAUX!)Ë L'KXt'RESStOX.

<Ptn.)

TrotBt&meprtBctpet ActiondirectesurMeottomiedet'exc)t«t!ottduaystëntener.Mut,IndépendammentdeIRvot<mt6et,eu ptrtto.doFhabMude.ChangementdecouleurdupeH. TfemMemoMtdesmuscles. Mod)Heatton!.de~aéc<rM<tns.

Suear. Expressiond'unovivedouteur,dolafureur,do lajeté.delaterreur.BMtefeneeentreteecxpre~~fonsquicnuMMtounondesmot)vemcttt<expressifs.·~tated'esprXquiexetteMtoudeprtmcHt.HeMtme.

Nous voici arrivé Anotre troisième princtpe certains actes

que nous reconnaissons comme expresse do tels ou tels états

d'esprit résultent directement de Ï& constitution même du

système nerveux, et ont été, dès le début, indépendants do

la volonté, et en grande partie aussi indépendants de l'habi-

tude. Lorsque le sensorium est fortement excité, la force ner-

veuse, engendrée en excès, se transmet dans des directions

qui dépendent des connexions des cellules nerveuses~ et, s'il

s'agit du système musculaire, de la nature des mouvements

qui sont habituels. Dans d'autres cas, l'afnucnce de !a force

nerveuse semble au contraire s'interrompre. Sans doute l'or-

ganisme n'exécute pas un mouvement qui ne soit déterminé

par la constitution du système nerveux; mais il ne s'agit ici

ni des actes accomplis sous l'empire de la volonté ou de l'ha*

bitude, ni de ceux qui dérivent du principe de l'antithèse.

Le sujet que nous abordons est plein d'obscurité toutefois,vu son importance, il doit être traité avec quelque étendue;

Page 83: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

70 PtUNCH'H MK L'ACTtON MtMCTK

il n'est d'ailleurs jamais inutile de se faire une juste idée Je

son ignorance.t<e cas le plus frappant que l'on puisse citer de cette

influence directe du systenM!nerveux, cas d'ailleurs rare

et anormal, esita décolprattpn deschcveux j~uc l'on a vue

quelquefois succéder & uue terreur ou Aune douleur exces-

sives. Ouest a rapporté un exemple authentique, relatif à un

homme que l'on conduisait au supplice, dans ~tude, et chez

lequel le changement s'opéra avec une teHe rapidité, querœii pouvait en suivre les progrès

Un autre bon exempte est ie tremblement musculaire quiest commun A l'homme et a un grand nombr<Rd'animaux,

sinon au plus grand nombre. Ce trembietnent n'est d'aucune

utilité, souvent mêmeil est tr~s nuisible; à coup snr~ce n'est

pas volontairement qu'il add se produire d'abord, sous rem-

pire d'une émotion quelconque, pour s'y associer ensuite parl'influence de 1 habitude. Dans des circonstances qui eussent

provoqué chez l'adulte un tremblement excessif, d'âpre un

témoignage digne de toute confiance, le jeuMo enfant ne

tremble pas, mais tombe en convulsions. Le tremblement se

produit, chez des individus divers, Ades degrés très différents

et parles causes lesplus variées le refroidissent ent; le début

des accès de ncvre, malgré l'élévation de la température du

corps au-dessus dudegré normal; l'empoisonnement du sang;le cf~tnMMt~M~M et certa!nes autres maladies l'auaiblissw-

ment général dans la vieillesse: l'épuisement après uoetati-

gue excessive; les affectious locales graves, telles que les brû-

lures; enfin, d'une manière toute particulière, le passage d'un

cathéh'r. Personne n'ignore que, de toutes les émotions, lu

plus propre a provoquer le tretnblemcttt est la frayeur; tou-

1. Voyezles faitsintéressantsréunispar G. t'ouchetdans la Jt<f«e<fMD«M!jtfoK<~<,1'" janvier<S72,p. 79. Uncmtreexemptea été<~m-

muttiqu~,il y a quetquesannëea,à t'AMoc!anonbritannique, a Bet-fast.

Page 84: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

i. ~i

OUS~BTÈMRNMVEUX. ?t

tcfoia unecolore violente, une vivejoie produisent quelquefoisle m6me effet, Je me rappelle avoir vu un jour un jeune

garçon qui venait d'abattre s<tpremi&re bécasse le plaisirfaisait trembler ses mains &un tel point qu'il dut attende

un moment pour recharger son fusil. Jt'aientendu rapporterun fait exactementsemblable,t~tatif A unmu~~ )nustMMen

auquel on avait pfèt~ un fusiL Chez certaines pt'monnes, la

belle musKjue, avec les émotions vagues qu'elle éveille, fait

courir un frisson da<Mle dos. Entre (les causes physiques ou

desémotions de nature aussi dtssctnblahles, comment trouver

un caractère commun qui puisse rendre compte de cet effet

commun, le tremblement? câpres Sir Jf. fagot, auquel je dois

plusieurs des observations qui précèdent, c'est !a une ques-tion des plus obscures. Puisque le tremblement accompagnetantôt la joie, tantôt la fureur longtemps avant la périodede l'épuisement, il semblerait que toute excitation énergiquedu système nerveux interrompe l'afflux régulier de la force

nerveuse au système musculaire2.

La manière dont les sécrétions du canal alimentaire et de

certaines glandes, foie, reins, mamelles, sont impres-sionnées par des émotions violentes, est encore un exempleexcellent de l'action directe du sensorium sur ces organes,en dehors de toute intervention de la volonté ou de quelquehabitude utile associée. Quant au choix des organes qui sont

ainsi affectés, et au degré de l'impression reçue, il existe à

cet égard, entre les divers individus, les din'érences les plustranchées.

Le c(fur, dont les battements se succèdent sans interrup-tion jour et nuit avec une régularité si merveilleuse, est

extrêmement sensible aux excitations extérieures. Claude

2. MaHerfait remarquer(A~WM~<Ays)oh~ trad.ang).,vot.tt,p. 934)que, soust'tnttucnccde sensationstrë9;ntcnM~'<touslesnerfs

spinauxreçoiventune impressionqui peut allerjusqu'àproduireune

paratysio!ncon)pt<!tcouàdéterminerun trentbtcntentgénéralM,

Page 85: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

72 t'tUKCtPE!)tî LACTiOKntMBCTK

Bernard, l'émincnt physiologiste, a montra à quel point cet

organe fessent le contre-coup de la plus faible excitation por-tée sut' un nerf «ensitif, d'un attouchement si léger qu'il n'a

certainement pu en résulter aucune souniranee. Il était des lors

nature! quuncexcitatton violente de l'espntdnt agirinstan-"y' .¡"tanément et directement sur lui c'est en effet ce que cha-

cun Mit par M propre expérience. tJn autre fait que je dois

rappeler et, sur lequel Claude Bernard a insisté & plusieurs

reprises, c'est que, lorsque le cœur est impressionné, il rea-

git sur le cerveau l'état du cerveau réagit & son tour sur

le cccur par l'intermédiaire du nerf pneumogastrique; en

sorte que, sotw J'influence d'une excitation quelconque, il

se produit des actions et des réactions réciproques multi-

pMées entre ces deux organes, les plus importants de l'éco-

nomie.

Le système vaso-moteur, qui r~de le calibre des petitesartères, subit aussi l'influence directe du sensorium, comme

le prouve la routeur de la honte toutefois, dans ce cas par-

ticulier, nous pourrons, je crois, trouver en partie dans l'ac.

tion de l'habitude une curieuse explication de cette brusque

suppression de l'influx nerveux, qui dilate les vaisseaux de la

face. 11noussera possible aussi, je pense, de jeter un peu de

lumière, bien peu malheureusement, sur le redressement

involontaire despoils qui accompagne les émotions de la rageet de la terreur. La sécrétion des larmes est encore un phé-nomène qui dépend certainement des connexions de certaines

cellules nerveuses; mais, pour celui-ci comme pour les pré-cédents, nous set'ons bien vite arrêtés quand nous voudrons

chercher quelles peuvent être les voies que l'habitude fait

parcourir à l'influx nerveux, sous l'influence d'émotions

déterminées.

t'n examen rapide des signes extérieurs de quelques-unes

3. Lt'~M~Mp~~d~~Ms~'oM's, <«60,p. 457*Ki(!.

Page 86: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OU8 y8TËMf:KERVKUX. 7~

des sensations et des émotions les plus fortes va nous montrer

bien mieux, quoique imparfaitement encore, la façon com-

plexe dont se combinent ces deux principes celui do l'ac-

tion directe surl'économte de l'excitation du système nerveux,actuellement en question, et celui de l'association des mouve-

ment utttes dueArhttbitxJc

Lorsqu'un animal est torture par la souffrance, il se roule

en g'énéral dans d'affreuses contorsions: s'il a 1'habKude de

se servir de ta voix, il pousse des cris perçants ou de sourds

gémissements. Presque tous les muscles du corps entrent

vigoureusement en action. Chez l'homme, la bouche se con-

tracte parfois fortement; plus souvent les lèvres se crispent,les dents se serrent ou frottent avec bruit les unes contre les

autres; il est dit qu'il y a en enfer des yroMMtMn~de ffen~.

Chez une vache ai!ectee d'une inflammation intestinale très

douloureuse, j~i parfaitement entendu ce frottement des

dents molaires. La femelle de )'hippopotame, observée au

Jardin zoologique, souffrit beaucoup iorsqu'eUe mit bas eUe

marchait au hasard, ou bien elle se roulait sur les flancs, en

ouvrant et fermant les mâchoires, et choquant ses dents avec

bruit~. Chez l'homme on voit tantôt les yeux s'ouvrir tout

grands, comme dans ta stupeur, tantôt les sourcils se contrac-

ter fortement; le corps est baigné de sueur, le visage ruis-

selle la circulation et la respiration sont profondément modi-

fiées aussi les narines sont-elles dilatées et souvent frémis-

santes d'autres fois la respiration s'arrête au point' d'amener

dans les vaisseaux de la face une stase sanguine qui la rend

pourpre. Lorsque la souffrance est très intense et prolongée,tous ces symptômes se transforment une prostration extrê-

me leur succède, accompajtmée de défaillance et de convul-

sions.

4.M.Barttctt,AW<*<Mf'~tM«~i:aHcc<fMA<p~<~<MH<Pfoc./<M~. S~"<87t,p. 2SS.

Page 87: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PMtSCtPE M t/ACTtON BtOBCTK74

Lorsqu'un nerf sensitif subit une excitation, il transmet

une impression A la cel!u!e nerveuse de laquelle il procède;celte-ci la transmet à son tour d'abord A iacetlute correspon-dante du côté oppose, et ensuite Ad'autres cellules placées le

!Mg' de l~HpérébM-spinal.aM.desNos et nu~desMUSd'elledans une étendue plus ou moins consiflérahte. suivant le degréde l'excitation de sorte qu'en nn de compte le système ner-

veux tout entier peut être impressionnée Cette transmission

involontaire de la force nerveuse peut être ou n'être pas cons-

ciente. Pourquoi l'irritation d'une cellule nerveuse, engendre-t-eHc ou met-elle en Mbertë de la force nerveuse? Nous ne

pouvons répondre Acette question; mais, si ta cause reste

inconnue, i&reaiiM du fait n'en paraît pas moins admise partous les plus grands physiologistes, MnUer, Virchow, Ber-

nard", etc. D'après ia remarque de M. Herbert Spencer, on

peut considérer comme « une vérité indiscutable que, Aun

moment quelconque, la quantité de force nerveuse libre qui

produit en nous, par un mystérieux mécanisme, l'état quenous appelons sensation, dois forcément se dépenser d'une

certaine manière, dois engendrer quelque part une manifes-

tation équivalente de force ainsi, lorsque sous i'ionuencc

d'une violenteexcitation du système cérébro-spinal, un excès

d'' force nerveuse se trouve mis en liberté, il peut se dépen-ser en sensations intenses, en pensées rapides, en mouvements

désordonnés, enfin en un surcrott d'activité glandulaire~.

S. VoyeïsurcesujetClaudeBernard,Tissusot<MM<s,1866,p. 3<6,337~388. Yirchows'oxpdnMd'une ~on presqueidentique dans seMmémoiret~r d<MB~cApnmat'cA(S<tmmt«~M?<MM«'~«/Vb)'Mc<*ts. 28).

e.Mûtter(J~~aM~~PAy~cpM',trad.angt.,vo!.t~ p. 932)dit,enpar-tantdesnerfs, quetout changcntcntbrusqued'état, d'un ordreqMetcen'que,met enjeu le principenerveux Voyezsur !o mêmesujetVir-chowet Bernard,passagescité&dansta noteprécédente.

7.H. Spencer,JEMM~,Se«'MM~<roMtca~,etc. Second Séries, 1803,p.i0&.m.

Page 88: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DUSYSTEMENERVEUX. ?&

M. Spencer soutient en outre, qu' « un aMux de force ner-

veuse, non difigé, suivra évidemment d'abord les voies les

plus habitueUes; si celles-ci ne suffisent pus, il débordera

dans les voies moins usitées en conséquence les muscles

faotauxet tes muscles respiratoires, qui sont ceux dont le jeuest le plus fréquent, seront au prctnier chef déposes à cntt'c~

immédiatement en action; viendront ensuite les muscles des

membressupérieurs, puis ceux des membres inférieurs, enfin

ceux du corps tout entier~.

Lorsqu'une émotion n'a pas été habituellement accompa-

gnée par un acte volontaire ayant pour objet le soulagementou la satisfaction qui répond &sa nature, elle a peu de ten-

dance, quelque forte qu'elle puisse être, à provoquer des

mouvements d'un ordre quelconque; lorsqu'il s en produit,au contraire, la nature de ces mouvements est, dans une large

mesure, déterminée par ceux que la volonté a fréquemment

dirigés, dans un but dénni, sous l'influence de l'émotion dont

il s'agit. Une douleur aiguë pousse l'animal, comme elle l'a

fait depuis des générations innombrables, & exécuter les

efforts les plus violents et les plus variés pour échapper a la

cause qui la produit. Quand une lésion porte sur unmembre,

sur une partie isolée du corps, on constate souvent chez l'a-

nimal une disposition à secouer cette partie. comme s'il pou-vait en même temps secouer le mal et s'en débarrasser. C'est

ainsi qu'a dû s'établir l'habitude de mettre énergiquement en

jeu tous les muscles, sous l'action d'une vive souffrance. Les

musclesde la poitrine et lesorganes de la voix, dont l'emploiest si fréquent, sont éminemment susceptibles d'entrer alor~

en action, et il en résulte des crisaigus, rauques, prolongés.Toutefoisle but utile que remplissent ces cris eux-mêmes a

8. Sir Il. liolland(Me~'«<JVe«saMdA'~OM~ <8M,p. 328)faitrc.

marquer,à proposde co curieuxétatde l'économieappâtect'jK~Mn.qu'ilparaitproduitpar a uneaccumu!at!onde que!quccaused'irritationqui cherche&se soulagerpar l'exereicedel'activitémusculairen.

Page 89: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PtUNCIPB DB t.ACT!0?! D~BCTB

du probablement jonerauMi un rôle important; nous voyonsen effet les petits d'un grand nombre d'animaux, dans ta

souiVranct;ou le danger, appeler bruyamment leurs parents aleur secours: ainsi font encore les divers membres d'une

memt!seeiéM.H est encore un principe qui a du contribuer pour M part,

quoique à un moindre dc~ré, Afortifier cette tendance à une

action violentesous rinf!uenco d'une souu'rance exccsMve jeveux parler de Ja conscience intime possédée par l'antmat

clue le pouvoir ou la capacité du système nerveux a des limi-

< tes. ~n homme ne peut en même temps rcnëchh' profondé-ment et mettre vigoureusement en jeu sa puissance muscu-

laire. Lorsque deux douteurs se font sentir simultanément,suivant une observation qui remonte &Hippocrate, la plus

t vivo émousse l'autre, bans le mvtssement de leurs extases

fetigiûuses, certains martyrs ont paru rester insensibles aux

plus horribles tortures. Onvoit ~t'fois des marins condamnes

au fouet saisir un fragment de p!omb entre leurs dents et le

mordre de toutes leurs forces, afin de supporter plus facile-ment l'exécution. La femme qui accouche apporte quelque

soulagement A ses doutenrs en contractant ses muscles avec

toute l'énergie dont eue est capable.

Ainsi, en rëcapitutant le rayonnement non dirigé de la

force nerveuse des cellules qui ont reçu la première impres-sion, la longue habitude d'une lutte péniblement soutenue

pour échapper ri!a causede la douleur, –ennn la conscience

que l'action musculaire en eHe-mémo est un soulagement,ces trois éléments ont probablement concouru, comme

nous venons de le voir, &produire cette tendance aux mou-

vementsviolents, presque convulsifs, que provoqueune extrê-

me souffrancejusque dans les organes de la voix, et qui en

sont, d'un consentement universel, la manifestation expres-sive la plus parfaite.

Puisqu'une légère provocation d'un nerf sensitif réagit

Page 90: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OU ~STÈME SERVKUX 77

1. .1.1.1. .1.adirectement sur !c c~ur, une vive douleur doit évidemment

réagir aussi sur lui, de la tn~'memanière. mais beaucoup plus

ënergiquement. Toutefois, dans ce cas, nous ne devons pasoublier les eu'ets indirect!!de l'habitude sur cet organe, ainsi

<{uenou~ï<&verrons lorsque nous étudierons tes signes de!a

fureur.

Lorsqu'un homme est torturé pur la douleur, la sueur ruis-

selle souvent sur son visage. Fn vétérinaire m'a affirmé avoir

vu fréquemment, en partit cas, chez leschevaux, des gouttescouler du ventre sur la partie interne des cuisses, et chex les

bestiaux le corps entier s'inonder de sueur. Ma observé ce

fait alors qu'aucun effort de l'animal no pouvait en fournir

l'explication. Le corps entier de l'hippopotame femelle dont

j'ai parlé plus haut était couvert d'une transpiration rou-

geatre pendant qu'elle mettait bas. Le même phénomène se

produit dans la frayeur extrême le vétérinaire déjà cité l'a

constaté fréquemment sur des chevaux: M.Barttett l'a observé

chez le rhinocéros; chez l'homme, c'est un symptôme univer-

sellement connu. La cause de la production de la sueur dans

ces circonstances est très obscure toutefois quelques physio-

logistes pensent qu'elle se lie à un affaiblissementde la circu-

lation capillaire or nous savons que le systèmevaso-moteur,

qui régit cette circulation, est sous l'influence immédiate df

l'esprit. Quant aux mouvements de certains muscles de ta

face, sous l'empire de la souffrance et de diverses autres émo-

ttons, leur étude viendra naturellement lorsque nous nous

occuperons des expressions spéciales de l'homme et des ani-

maux.

Passons maintenant aux symptômes cat'actérisitques de ht

fureur. Sous l'influence de cette puissante émotion, les batte-

ments du cceur s'accotèrent beaucoup", ou se troublent nota-

O.Jedoisdes remerciementsà M.A. H. Garrod,quim'afattconM!tre

Page 91: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

7<t t'tUKCIPBDEL'ACTtONBUMECTE

bloment. Laface rougit, devient pourpre, par suite de Far~t

de la circulation en ï'etocr; quelquefois elle prend an con-

tf&ït'eune pâleur cadavérique. LayespifationestIabot'ieMsc,ta poitrine se soulève, les narines ffômissantes se dilatent.

Souvent h; corps entier treniMc. La voix a'ntte~ "'la' dents

<?seront ou frottent les unescontre les autres, et le systèmemusculaire est généralement excité a quelque acte violent,

presque frénétique. Mais tes gestes de t'homme qui est dans

cet état difterent ordtnah'ement des contorsions desottionnées

et sans but de celui que torture la doMieuf; en effet ils ropt'e-sentent plus ou moins parfaitement l'acte de frapper on de

tuttet'contre un ennemi.

Tous ces symptûmes de t)t fureur sont probablement dus

en grande partie A l'action directe du seusorium excité;

quelques-uns paraissent metno ne devoir reconnaUre quecette seule cause. Cependant les animaux de toute espèce,ot leurs ancêtres avant eux, ont répondu A!a menace ou &

l'attaque d'un ennemi en déployant toute leur énergie pourcombattre et se défendre. Si un animal ne se met pas ainsi

en état de fondre sur son ennemi, s'il n'en a pas l'intention

ou tout au moius le désir, on ne peut dire, à proprement

parler, qu'il soit furieux. C'est ainsi qu'une habitude héré-

ditaire d'effort musculaire a dd s'associer a la fureur et

cette habitude affecte directement ou indirectement divers

organes, à peu pr~s de la même manière que le fait une

grande souffrance physique.Le cœur est sans aucun doute impressionne d'une manière

directe; mais il l'est aussi, suivant toute probabilité, parl'effet de l'habitude, d'autant mieux qu'il n'est pas soumis

au contrôle de la volonté. Tout exercice violent, exécute

unouvragedeM.Lorainsur te pouls,dans lequelon trouve !o tracésphygmographiqucd'uMfemmedansun accèsdofureur;cetracé duRrebeaucoup,parla fréquenceetpard'autrescaractères,de celuidela mcrnefemmedansaonétatordinaire.

Page 92: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MJ SÏST~MENKRVEOX. M

volontairement, impressionne cet organe, comme nous le

savons, par un mécanisme complexe dont nous n'avons

pas à nous occuper ici; d'autre part on a vu, dans le cha-

pitre que la force nerveuse se propage aisément par les

yoi~quiïui sont les plus ha~ c'cst-A-dire par les

nerfs de mouvement volontaire ou involontaire et par les

nerfs de sensibilité. Ainsi un exercice même modéré tendra

a agir sur le cœur; et en vertu du principe de l'associa-

tion dont nous avons donné tant d'exemples, nous pourronstenir comme &peu près certain que toute sensation ou

émotion, telle que lu souffrance ou la fureur, qui a. pro-

voqué habituellement des actes musculaires, devra in<luen-

cer immédiatement l'aMux do la force nerveuse vers le cœur.

alors même que ces actes ne se produiraient pas A ce mo-

ment.

Le cœur. ai-je dit. est d'autant plus facilement impres-sionne par des associations habituelles. qu'il n'est pas soumis

au contrôle de la volonté. L'homme, modérément irrité ou

même furieux, peut commander aux mouvements de son

corps, mais il ne peut empêcher les battements rapides de

son cœur. la poitrine se soulévt'm peut-être fort peu, les

narines trembleront &peine, parce que les mouvements de la

respiration tto !<ontqu'en pMrtie volontaires. De la même

manière, les muxcics de la face, qui obéissent moins a la

volonté, trahiront seuls quelquefois une émotion légère et

fugitive. Les glandes sont encore complètement indépen-dantes de~lavolonté, et l'homme qui souuro peut commander

à ses traits, mais il ne peut toujours empêcher les larmes de

remplir ses yeux. Un individu afiHmé. placé fn face d'une

nourriture appétissante, tte trahira peut~tre sa faim par au-cun geste, mais il n'empêchera pas la sécrétion de la sa-

live.

Dans un transport de joie ou de vif plaisir, il se mani-

festeune tendance très marquée A divers mouvements sans

Page 93: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M PKtNCtPEDEFACTIONDtRECTK

but, et & rémission de sons variés. C'est ce qu'on observe

chez les enfants, dans leur rire bruyant, leurs l~attemetits

de mains, leurs sauts de joie; dans tes gambades et tes

aboiements d'un chien que sonnmttre va mener A Ittprotue-

Wtdp dans te ptét!nemeMt «upaUentd' tMt cheval qn t ~<n~devant lui une ~arn~e onvertc. La joie préctpite la circM*

tntton,qui stnnute le cerveau, et ce dernierréagit &son tour

sur récouotnietottt entière. Ces mouvements Mansbnt et cette

activité exagérée du cceur doivent être attnbués pMncipate-tnent K rcxcttatton du sensorium 10,et a raMnx excessif et

non dirigé de force nerveuse qui eu résulte, suivant ta re-

marque (le M.Herbert Spencer. tt est digne de remarque (ptec'est surtout l'avant-goat d'un plaisir et non la jouissancfeUe-metne qui provoque ces monventcats extravagants et

sans but et ces sons variés. C'est ce que nous observons chez

nos enfants, quand ils attendent quelque grand plaisir ou

quelque fête; de même un chien, qui faisait des bonds

joyeux à ia vue d'une assiettée de nourriture, ne manifeste

plus sa satisfaction, quand il ta possCde, par aucun signe

extérieur, pas même CMremuant ta queue. Chez les animaux

<0.La puissanceavcctaquoitc la joie excite le cerveau,et avcc laquellecelui-ci réagit sur l'économie,se manifested'une façonremarquable dansles cas rares d'intoxication psychique. Le docteur J. Crichton BrowH

(Jf<*<~«!«~M'vo~ 186!i)rappellele cas d'un jeune homme,de tempéra-ment très nerveux,qui, apprenant par un te~gmmme qu'tt venatt d*he.

riter d'une grande fortune, pattt d'abord, puis se mit &rire, et de~tutd'une gaieté remuante et etattee. Pourse tranquilliser, itatta sepronte*neravecun ami; mais ses pas étaientchancelants. tt riait aox ectats,tout en manifestant une grande irritabilité de caractère il pariait ioces-samment et chantait &haute voix au milieudes rues. tt ëtait parfaite-ment certain qu'il n'avait touchaaucune liqueur spiritueuse, bien qu'ile)Hl'air de s'être griM; au bout d'an certain tempsil vomit; on examina

ie contenu à moitiédigéré de son estomac,sana y reconaattre la moindre

odeur alcoolique.iEnOnii s'endormit d'un lourd aomtnei~et quand il M

réveilla, it était &peu près remis; mais il soutirait encorede malde tête,de nausées, et d'une grande taibtcsse.

Page 94: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DU 8YHT&ME Nt~VBUX. s<

6

de toute espace, tous les plaisirs, si l'on excepte la chaleur

et le repos, sont tMMociéset l'ont été depuis longtemps Ados

mouvements HctiRt,comme on le voitdans la. chasse ou la

rechct'che d'une proie, ou dans leurs amours. Bien plus, le

sunptc exerctcc des muscles, aprèi) un repos prolongé ou

une longue reclunion, constitue par lui-m~tue uu phtisir,conMneno<Mte sM~ottspar nntt'e propre expértcnce et comnte

MOtMle constatous dans tes jenx des jeunes aunnanx. Ka

vertu de ce dernier principe seul, on pouvait peut-~tre s'at.

tendre, inversement, a ce qu'un vif plaisir put se manifester

par des mouvements musculaires.

Chez tous ou presque tous les animaux, chez les oiseaux

eux-mêmes, la terreur fait trembler le corps. La peau devient

paie, ta sueur ruissctic, le poil se hérisse. Les sécrétions du

canal alimentaire et des reins sont augmentées, et involon-

tairemcnt expulsées, par suite dn relâchement des rnusctcs

sphincters; c'est iAun fait bien connu chez l'homme, et dont

j'ai vudes exemples chez le hœuf, te chien, !echat et le singe.Larespiration se précipite. Le cœur bat vite, tumultueuse-

ment et avec violence; envoie-t-il pour ce!a le sang plus effi-

cacement dans toute l'économie? !1est permis d'eu douter,car la surface du corps parait exsangue, et la vigueur des

musctes fait rapidement défaut. Sur un cheval en'rayé, j'aisenti, à travers la selle, tes battements du cœur si distincte-

ment que je pouvais les compter. Les facultés intellectuelles

sont profondément troublées. Bientôt arrive une prostration

profonde qui va jusqu'à la défaillance. On a vu un serin

terrifié, non seulement trembler, et devenir blanc autour de

la base du bec, mais tomber en faiblesse Il j'attrapai an

jour, dans une chambre, un fougo-gw~e, qui s'évanouit si

complètement, que pendant un moment je le crus mort.

La plupart de ces symptômes sont probablement le résultat

H. DocteurDarwin,Z<KMM!MA!,<794,vol.tj p. 148.

Page 95: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

sa PntXCtPEDR~'ACTiOXDIRBCTt!

direct du trouble apporté dans l'état dusensorium, Indépen-damment de toute action de l'habitude; toutefois il est

douteux que cette explicationsufnt fien rendre compter Lors-

qu'un animal est atarmé, il reste presque toujours un mo-

ment htMnobMc pour rassembler ses sens et feconnaMMlasource du danger, quelquefois aussi pour éviter d'être dé-

couvert. Maisbientôt il se met &fuir impétueusement, sans

chercher &ménager ses forces comme pour une lutte; il

continue ainsi à courir, tant que dure Je danger jusqu'àce qu'une prostration complète, avecarr~t de la circulation

et de la respiration, avec un tremblement général de tous

les muscles et une sueur abondante, arrête sa course. Ce fait

semble autoriser a croire que le principe de l'association

habituelle peut expliquer en partie quelques-uns des symp-tômes caractéristiques de la terreur indiques ci-dessus, ou

tout au moins leur donner plus d'intensité.

Le rôle important qu a du jouer le principe de l'associa-

tion habituelle, dans l'acquisition des mouvements expressifsdes diverses émotionsou sensationsviolentes que nous venons

de passer en revue, me paraît bien démontre par deux or-

dres de considérations distinctes d'abord celle des émotions

vives dont la nature ne sollicite ait contraire ordinairement

aucun mouvement volontaire pour procurer le soulagementoula satisfaction qui leur correspond et en second lieu celle

du contraste essentiel qui existe entre les états de l'esprit

que l'on désigne par les termes généraux d'états M'e<«MM

et états <~r«KOM~.Quelle émotion est plus puissante quel'amour maternel? Kt pourtant cette tendresse profonde dont

une mcre entoure son faible entant peut ne se manifester

par aucun signe extérieur, ou seulement par de légers mou-

vements caressants, accompagnés d'un doux sourit'c et d'un

tendre regard. Maisqu'on fassevolontairement du mal à l'en-

fant, et voyez quelle transuguration chez la mère! Elle se

Page 96: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

nM9Y8TÈMEKERVBUX. )M

dresse d'un air menaçant, ses yeux brillent, son visage se

colore, son sein se soulève, ses narines se dilatent, son cœur

palpite. Cesont là des manifestations, non pas de l'amour

inaternel, mais de la colère, qui en a été en effetla véritable

eauM pMvoeatrica, L'amour réciproque des dtcux S!&xeane

ressemble en rien A l'amour maternel quand deux amants

sont en présence, nous le savons, leur cecur bat rapidement,leur respiration s'accélère, leur visage fougit; c'est qu'eneffet cet amour n'est pas inexpressif comme celui de la mère

pour son enfant.

Un homme peut avoir t'ame dévorée de soupçons ou de

haine, d'envie on de jalousie, sans que ces sentiments provo-

quent par eux-mêmes aucun acte, sans qu'ils se revêtent paraucun signe extérieur, bien que leur durée soit en générât

plus ou moins prolongée; tout ce qu'on peut dire, c'est quecet homme ne paralt, Acoup sur, ni gai ni d'humeur agréa-ble. S'i! arrive que ces sentiments éclatent enactes extérieurs,c'est que la fureur les a remplacés et se traduit dés lors parses modes d'expression ordinaires. La peinture ne représente

qu'avec peine le soupçon, la jalousie, l'envie, etc.,& moins

d'avoir recours à des accessoires qui aident à comprendre Ja

situation. La poésie ne sait trouver pour caractériser ces

mêmes expressions que des qualifications vagues et fantai-

sistes. C'est ainsi qu'on dit « la jalousie aux yeux fauves

Spencer, décrivant le soupçon, lui applique les épithètessuivantes « noir, hideux, renfrogné, au regard sombre et

oblique, » etc. Shaltespeare, parlant de l'envie, dit: « L'envie

au visage décharné sous son masque hideur, et dans un

autre endroit '<Aucunenoire envie ne creusera ma tombe,et ailleurs encore « Sous l'étreinte redoutable de la paleenvie. »

On a souvent distingué les émotions et les sensations en

deux catégories celles qui excitent, celles qui dépriment.

Lorsque toutes les fonctions du corps et de l'esprit, mou-

Page 97: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tt) PRtXCtPKDELACTtOKtUMK~TH

vemont volontaire et involontaire, perception, sensation, pen-

sée, etc., s'accomplisscntavec pins d'éne''gie et de rapi-dité qn'A t'étMtnonnat.on peut dire de i'honune on de l'ani-

mal qu'it est excité; dans la cas contraire~on peut dire qu'il

esrdéprmtc; patini tes éMbt!ons excitnn ..la 'eBIf\re.et..111

joie se placent on prenn~fo ligne, elles provoquent natutt~-

teillent, la prcmi&r~surtout, des mouvement éner~K;(tesqui

régissent sur le ctftn', et par son intertuédtatM sur le cer-

votut. Un môdcctn tue ftusatt pûtuarquer un jour, cottunc une

pt'cu~ede la nature excitante de la cotere~ <OM voit quel-

quefois un hotmnecxténn~ d'' fatigue s'in'tter d'offensesima-

giuaires, dans le but inconscientde ranimer ses foMps j'a! eu

depuis l'occasion do vérifier la parfaite justesse de cette ob-

servation.

Ptu~ieufs autres états d'esprit, qui scntbtcnt d'atMrd exci-

tants, deviennent bientôt déprimants au ptus haut degré.

Regardez une mft'c qui vient de perdre subitement son en.

tant; on peut certes la considérer connne étant dans un état

d'excitation voycz-ta, affotée de douleur, courir au hasard

devant pHc. s'arracher les cheveux, déchirer sesvêtements,se tofdM les mains. Ce dernier geste dérive peut-être du

principe de t antithèse,en trahissant un sentinx'nt intime du

faiblesse et do t'inanite de tout effort, Quant aux a~treft

gestes désordonnés, ibt peuvent s'cxptiquet' en partie par tu

soulagement que procure l'action musculaire en elle-même,

en partie par i'iMftucMCcde ta force nerveuse en excès et

sans direction qui émane du sensorann surexcite. Ajoutons

que l'une des pt'emi~res pensées qui se présentent très

communément Anotre <*spnt,en face de la perte imprévued'un être qui nous était cher, est cette.ci il était possible de

fain' quelque chose de ptus pour le sauvct'. Unde nos ro-

manciers, excettfnt «bsfrvateur décrivant ta conduite

t2. M* Oliphant,dans )Croman intitulé N<~ ~~t~t~ p. 3C2.

Page 98: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DUSVST~MEKBRVKUX. es

d'une jeune fille, dont le père vient de mourir subitement,

s'exprime de la maniôre suivante JRllc courait dans ta

maisoncomme une folle, se tordant tes mains et s'accusant

elle-même Oui, c'est ma faute, pourquoi !'ai-je jamais

quitté! Si seulennent je l'avais veillé! Sous l'empire de

telles penses fortement empreintes dans l'cspt'ît, il doit tf

produire, en vertu du principe de l'association ttabitucMe.

une tendance très marquée Aune action énergique de nature

<me!conque.Maisaussitôt que dans ï'ame désoMe s'est fait jour ta con-

viction intime qu'il n'y avait aucune ressource, cette douleur

frénétique fait place au desespoir ou Aune sombre tristesse.

Alors on s'assied, immobile, ou avec un léger balancement;la circulation se ralentit, la respiration est presque insen-

sible, et la poitrine exhale de profonds soupirs. Ce nouvel

état réagit sur le cerveau, et bientôt arrive la prostration;les muscles se relâchent, les paupières s'alourdissent. L'asso-

ciation, habituelle ne provoque plus aucun acte. C'est alors

que nos amis interviennent, et nous excitent & accomplir

quelque exercice volontaire, au lieu de nous absorber dans

une douleur muette et immobile. Cet exercice stimule !e

cœur, qui réagit sur le cerveau, et aide l'Amea supporte!'le triste fardeau qui lui est imposé.

Unevive souffrance amène très vite une dépression ou une

prostration extrême, cependant elle agit tout d'abord comme

un stimulant et excite à l'action; je rappellerai à cet égardl'effet bien connu du coup de fouet sur !e cheval, et aussi

les horribles tortures que l'on fait subir, dans certains pays

étrangers, aux bêtes de somme épuisées, pour les forcer A

exécuter une nouvelle tacite. La frayeur est ta plus dépres-sive de toutes les émotions; cite produit rapidement une

prostration complète, qu'on prendrait pour une consé-

quence d'efforts prolongés faits dans le but d'échapper au

danger, et qui peut en effet reconnaître cette cause, bien

Page 99: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

S6 Pt<tKCtPSOKt<'ACTtONntRKCTK

que ces efforts n'aient pas été exécutés par voie d'asso-

ciation. Cependant une frayeur extrême agit souvent d'a-

bord comme un puissant stimulant chacunsait que l'homme

ou l'animal poussé au désespoir par. la terreur acquiert

une fojfce prodigieuse, et.devient dangeceuxjm plus haut

degré.

Résumons et concluons. Dans la détermination d'un grandnombre d'expressions, il faut attribuer une haute influence

au principe d'une action directe du scnsorium sur l'écono-

mie, action duc uniquement à la constitution du système

nerveux, et dès !e début indépendante de la vôtonté. L<*

tremblement des muscles, ia transpiration de la peau, tes

modifications des sécrétions du canal atimcntairo et des

glandes, f~ui se manifestent sous l'influence des diverses

émotions ou sensations, nous ont fourni des exemples de

l'application de ce principe. Toutefois les phénomènes de

cet ordre se combinent souvent avec d'autres phénomènes,

qui dérivent du premier principe que nous avons établi et

que nous rappelons tout acte qui a été fréquemment d'une

utilité directe ou indirecte dans certains états d'esprit, pourse procurer certaines sensations, satisfaire certains dé-

sirs, etc., s'accomplit encore, dans des circonstances analo-

gues, par l'effet de la seule habitude, alors même qu'il est

devenu inutile, ~ous trouvons des combinaisonsdo ce genre,au moins en partie, dans les gestes frénétiques qu'inspire la

fureur, dans les contorsions que provoque l'extrême souf-

france, et peut-être aussi dans la suractivité du co&uret dos

organes respiratoires. Lorsque ces émotions ou sensations, ou

diverses autres, se produisent même à un degré très faible.il existe encore une tendance à des actes semblables, due &

la force de l'habitude longtemps associée, et ceux de ces

actes qui sont le moinssoumis au contrôle d<;la volonté sont

en général ceux qui persistent le plus longtemps, ~'oublions

Page 100: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

1 ¡ f~

Dt!SYSTÈMENBRVEt,'X. si

pas te rôle qu'a dû jouer aussi, dans certaine cas, noire se-

cond principe, celui de l'antitttèse.

Les trois principes que no<tsavons successivement étudiés

pcuyeatdéjà, j'esp&re le démontrer dans la suite de cet ou-

vrage, rendre compte d'un très grand nohbt'c de monve-ments exprcss!fs; un jour viendra, il nous est permis de le

croire, ou tous lesautres seront expliqués A tenr tour par ces

mêmes principes ou p~r d'autres très analogues. I! faut

pourtant l'avouer, il est souvent impossible de décider quelle

part revient, dans eh&que cas particulier, Atel ou tel de l'un

de nos principes, et bien des points demeurent encore incx-

pliquéf!dans la théorie de l'expression.

Page 101: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAHTRËtY.

MCYRKS M'EXPMESStOK KttKX LES AKtMAUX.

<;m)M)<Mttte MM". s«<)f v<xnu<. ~Ha pm<h)Hi far dhcrs m~cantMnm. tMfts-

sement <)c8tppoMdice:! <:M<ant's,tM<)a,t'))tn)cs, etc., iioMxt'f<)0t)en<:<'de ta fMfeMrnu <)<!la tcTeMf. Kcnvt'rM'no't <'Matrft&Mde)! oreilles totome pre()am«on nueotMbat et eomtxo <<<<'de cuM~ Me<)MaM'tMeMt<)esefetHex <'t éMMttoM de laMte en *iH"o tt'aMent(f)t.

Les deux chapitres qui vont suivre seront consacres à ta

description des mouvementsexp~ssifs que manifestent quel-

quesanitnaux bien connus, sous l'influence de différents états

de leur esprit; je me bornerai aux développement!!qui me

parath'ont strictement nécessaires pour mettre en htmiere

cette partie de mon sujet. Afin d'éviter d'inutiles répétitions.il convient, avant de passer en revue ces divers animaux

dans un ordre tonique, d'étudier tontd'abord certains moyens

d'expression qui sont communs A la plupart d'entre eux.

~MM;M<wde j~M. Chez un très grand nombre d'espècesanimales, et chez l'espèce humaine en particulier, les orga-nes de !a voix constituent un moyen d'expression d'une in-

comparnhte va!eu)\ Nousavons vu, dans un chapitre précè-

dent, que, lorsqu'une excitation intense agit sur le sensormm.

les muscles du corps entier entrent éncrgiquement en con-

traction. Alors, si muet qu'it soit d'ordinaire, l'animal laisse

échapper des cris violents, alors même que ces cris no

sauraient lui être d'aucune utilité. C'est ainsi que le lièvre

et le lapin ne font jamais usage, que je sache, de leurs

Page 102: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MoyEXsnKXPRESStONCMMt.KSA~MAUX. <t0

organes vocaux, si ce n'est poussés a bout par ~souf-

france te M~vre par cxcmph*, lorsque. déjà Messe, il est

achevé par le chasseur, et le lapin lorsquil tombe entre

les grincs du furet. F~eschevaux et les bestiaux endurent la

doMl<M<pen <;ilenec; répondantst elle dépassecertaines limites

et devient excessive, et surtout si elle s'asseoit! &1~terreur, ils

poussent des cris épouvantables. J'ai souvent reconnu de loin,dons les pampas, le dernier bctt~!entont des taureaux agoni-<«mtspris au lasso et dont on coupait tes jarrets. Lea che-

vaux attaqués par les loups poussent, dit-on, des cris de dé-

tresse facilement reconnaissables.

Il est possiMe que rémission de sons vocaux n'oit été pri-mitivement qu'une conséquence involontaire et sans hut des

contractions des muscles thoraciques et laryngiens, provo-

quées par ta douleur ou ta crainte. Toujours est-il qu'aujour-d'hui beaucoup d'animaux font usage de In voix dans des

buts raisonnes et divers, et aussi dans certaines circonstances

où l'habitude parait jouer k principal rôle. Les animaux quivivent en troupe, et chez lesquels la voixconstitue un moyende communication réciproque fréquemment employé, en font

aussi plus volontiers usage, en toute occasion, que ceux dont

les mœurs sont différentes. L'observation précédente faitepardivers naturalistes est, je crois, parfaitement juste. Cependantcette règle souffre des exceptions bien marquées par exem-

ple les lapins. Loprincipe de l'association, si fécond, si étendu

dans ses conséquences, a du sans aucun doute avoir aussi sa

part d'influence. En vertu de ce principe, la voix, d'abord

employée comme nn aide utile dans diverses circonstances

qui excitaient chez l'animal des impressions de plaisir, de

douleur, de rage, etc., est devenue plus tard d'un usage ha-

bituel, toutes les fois que ces mêmes sensations ou émotions

se sont reproduites, soit a un moindre degré, soit dans des

conditions entièrement dinerentes.

Chez un grand nombre d'espèces, les sexes s'appellent con-

Page 103: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

? MOYKNSD'BXPRRMtOM

tinuellement l'un l'autre pendant la saisondesamouM; il n'est

pas rare que le mate cherche ainsi à charmer ou A exciter

sa fcmcUe. Tel paraît, du reste, avoir éM l'usage primitif de

la voix et l'origine de son développement, ainsi que j'ai es-

sayé de le den~ntror dans ma J~~Md'aace~rAoMtMe;~

ploi des organes vocaux aurait donc été d'abord associe au

prélude de la plus vive jouissance que l'individu soit capablede ressentir. Les animaux qui vivent en société s'appellentsouvent l'un l'autre lorsqu'ils sont sépares, et éprouvent ma-

nifestement une grande joie Ase retrouver ensemble; obser-

vez par exemple un cheval au moment ait vous le rendez A

son compagnon, qu'il réclamait en hennissant. La mère ne

cesse d'appeler ses petits quelle a perdus; ainsi une vache

beugle après son veau. Inversement les petits de beaucoupd'animaux appellent leur mère. Lorsqu'un troupeau de mou-

tons est disperse, on entend les brebis bcler continuellement

pour réunir leurs agneaux, et l'on peut voir avec que!

plaisir ils se retrouvent. Malheur & l'homme qui s'aventure

ait milieu des petits des quadrupèdes sauvages de grandetaille si ceux-ci viennent a entendre un cri de détresse de leur

progénitureLa fureur met violemment en jeu tous les muscles. com-

pris ceux de la voix; aussi voit-ondivers animaux~ sous rem-

pire de ce sentiment, émettre des sons qu'ils s'efforcent de

rendre éclatants et rauques, sans doute pour frapper de crainte

leuM ennemis ainsi fait le lion par ses rugissements, le chiea

par ses hurlements, etc. En même temps le lion dresse sa cri-

nière, le chien hérisse le poil de son échine; ils s'enflent ainsi

et se donnent une apparence aussi formidable que possible.Les mâles rivaux se douent, se provoquent de la voix, et s'en-

gagent ainsi dans des luttes sanglantes, quelquefois mortelles.

C'est de cette manière que l'usage de la voixa du s'associer Il

l'émotion de la colère, et devenir un mode général d'expres-sion de ce sentiment, quelle que soit d'ailleurs la cause qui

Page 104: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMMLES ANIMAUX. 9<

puisse l'exciter. O'autre part, nous avons dé{avu qu'une vive

douleur pt'ovoquede même des cris violents, qui amènent paroux soûls une sorte de soulagement; c'est ainsi que l'usage do

la voix a du ~associer aussi Ala souffrance, de quelque na-

tUMqu'eUe puisse être.Pourquoi lesdiverses émotionset sensationsprovoquont-ellcs

l'émissionde sons extrêmement différents? La réponse à cette

question est bien difficile. Cette l'esté est d'ailleurs loin d'être

absolue: chez le chien, par exemple, l'aboiement de la colère

et celui de lu joie diNcrent assezpeu, bien qu'il soit pourtant

possible de lesdistinguer l'un de l'autre. Jamais probablementon n'expliquera d'une manière complète la cause oul'originede chaque son particulier Achaque état de l'esprit. Certains

animaux ont pris, comme nous le savons, en passant A l'état

de domesticité, l'habitude d'émettre certains sons, qui ne leurl'

étaient pas naturels C'est ainsi que leschiens domestiqueret

quelquefoismêmedes chacals apprivoisés, ont appris Aaboyerl'aboiement n'existe en effet chez aucune espèce du genre, si

ce n'est, dit-on, chez leCooM ~r<MMde l'Amérique septen-trionale. On a vu de même certaines races de pigeons ap-

prendre à roucouler d'une manière nouvelle et tout Afait par-ticulière.

Dans un intéressant ouvrage sur la musique, M. Herbert

Spencer 2 a étudié les caractères que revêt la voix humaine

sous l'influence des diverses émotions. 11a démontré claire-

ment que la voix se modifie beaucoup, suivant les circons-

tances, sous les divers rapports de la force et de la qualité,c'est-A'dire de l'intensité et du timbre, aussi bien que de la

hauteur et de l'étendue. Écoutez un orateur ou un prédicateur

i. VoyeztadëmMstrattondecefaitdansVa~o/tMdM«M<MO!Me<<<)t<<!M<<'<MMt'ac~'ott(lela d<KnM(<caffoM,trad. n'ançaise,par Moutin!c,t. p. 29. Surle t'oMc<M<h'tneM<des ~e~M, vol.t, p. iSUSS.

2. &Mj~,Scientific,M«<<~andSpMK<a<tM,t858.TheOrigineM<<RmetfoH<~MM~<p. 3S8.

Page 105: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M MOYEK8BiiXPBEBSJtOK

~toquent, écoutez MOhomme qui parte avec colère ou qui ex-

prime une vive surprise, et vous serez certainement frappéde la vérité de l'observation de M.Spencer. Il est curieux de

voir combien l'intonation de la voix devient expressive de

bonn~heure.Chezt*un de meseM'ant9,atot')tqu'it M'avait pa~encore deux ans, je savais distinguer nettement dans le t)é-

~aycmcnt &peine arUcnté qut composait tout son langage la

nuance très affirmative par laquelle il disait oni, de l'espècede plainte qui exprimait un refus obstiné. M. Spencer a dé-

montré en outre que le langage passionne a des rapports in-

times, A tous les points de vue que je viens d'indiquer~ avec

ta musique vocale, et par conséquent avec la musique instru-

mentale et il a essayé d'expliquer les qualités respectives quites caractérisent par des raisons physiologiques, c'eat-a-dire'<par cette loi générale que tout sentiment est uu stimutus

incitateur d'une action musculaire On peut certainement

admettre que la voixobéit à cette loi; toutefois cette explica-tion me parait trop générale et trop vague pour pouvoir jeter

beaucoup de lumière sur tes différences qui existent entre le

langage ordinaire et le langage passionné ou le chant, elle

n'explique guère que t'éctat plus grand de ce demier.

La remarque précédente reste vraie, quelte que soit l'opi-nion qu'on adopte; soit que les diverses qualités de la voix

aient pris naissance en parlant sous l'excitation de sentiments

violents et se soient uttéricurement transmises Ala musiquevocale; soit (connue c'est mon avis) que l'habitude démettre

des sons musicaux sesoit développée d'abord, comme moyende séduction, chezles ancêtres primitifs do l'homme, et se soit

associée ainsi aux émotions les plus énergiques qu'its pussentressentir. c'est-A-dire A l'amour, Ala rivatité, A ht victoire.

Certains animaux émettent dcf!sons musicaux, c'est un fait

bien connu et dont le citant des oiseaux est un exemple com-

mun et familier A tout le monde. Chose plus remarquableun sin~f, un des gibbons, produit une octave complète de

Page 106: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<.HtB!!t.B8At<tMÀUX. ?

sons musicaux, montant et descendantt'échette par demi-tons;<tUt<s!peut-on dire delui que, seul de tous lesanimaux mam-

Miforcs, Uchante <~efait et l'analogie m'ont conduit A

croire que tes ancêtres de l'homme ont probablement com-

.cMac~BMf6mettre des sons musicaux, avant d'acquérir in

facutié d'articuler te langage d'oujec6hc!usquc,ïors<][Metftvoix humaine est mise en jeu par quelque émotion violente,

elle doit tendreArcvèttr, <'nvertu du principe derassoc!atton,

un caractère musical. Chez te~ animaux, nous pouvons par-faitement comprendre que les tnaies fassent usage de ieut'

voix pour plaire a icurs femelles, et <jH~itstrouvent eux-

tn&<nesdu piaiitir dans leurs cxet'cices musicaux; mais il t'st

impossibte,jusqu'à pretwnt, d'expiiqucr poorquo! itsprodui-Mentcertains sons deternuMé~,et d'ou vient la sat~factton

qtt'iit;en retirent.

Hn'est pas douteux que lit !«mt<'ur de !a voix ne soit en

rapport aveccertains états dol'autc. Unepersan ne quise plaintdoucement d'un mauvais traitement ou d'uuc souifraucc të-

gère parle presque toujours dans un ton élevé. Lorsqu'unchien est un peu impatient, il pousse souvent par les narines

une sorte de sifnement ai~u, qui nous frappe hnmediate-

ment cotmne une plainte mais combien il est. difficilede

savoir si ceson est en elfet essentiellement plaintif, ou si seu-

lement il nous paraît tel parce que nous avons appris sa

sig-niRcationpar expérience! Kengger a constate que les

L«f)cMC!K<<!Mectic rAomm<,trad. ffansahe, parMouuntc,voh t)~p.MO.

Lesmotsc!tcssontdu professeurOwcn.Ona rfcemmcntmontrequecertainsquadrupèdes,des rongeurs, qui sont plusbas ptae~sdansta-chettequelessinges,sontcapablesde prudutredessonsuMMicautdéfinis.Voirl'histoired'un uesperomyschanteur,par le)Mv.S. Lockwocd,dansteAmeWe(tMjVa<MM~,vol.Y, décembreiMi, p. 761.

4. Danssonétudesurcettequestton,M.Taytorsignalecettep)a!atoduchien(Mm~MC~Mf~vol.~p. t66).

5. ~V<!<M~<'MA<c~c<<efS<fMye<Me!'eMMPof~uoy, 1830,s. 4C.

Page 107: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M MOYENSB'EXPMESt~ON

singes (<?&«<osaftc) qu'il possédait au Paraguay exprimaientl'étonnement par un bruit qui tenait le milieu entre !e sifCe-

ment et te grognement; la co~re ou l'impatience par ht répé-tition du son AcMAoMsur un ton plus bas, grondant; enfin la

crainte OM~douleur par des orispMçomtSt D'autre part,chez l'espëce humaine. de sourds gémissements et des cris

aigus expriment également l'angoissede la souffrance. Le rire

est tantôt haut, tantôt bas ainsi, suivant une ancienne ob-

servation due A HaIIer chez l'homme adulte, le son du rire

participe des caractères des voyelles0 etA(prononcées à t'aUe-

mandc); chez l'enfant et chez la femmeau contraire/il rap-

pelle plutôt les voyelles E et qui sont, comme Helmhoitz

l'a démontré, plus hautes que les précédentes; ma!g'ré cette

différence, il exprime également bien, dans l'un et l'autre

cas, la joie ou l'amusement. dEn étudiant la manière dont les émissions vocales expri-

ment les sentiments, nous sommes naturellement conduit A

rechercher la cause de ce qu'on appelle en musique l'M'/M'M-«<Mt.Sur cesujet, M.Litchneid, qui s'est si longtemps occupédes questions musicales, a eu 1&gracieuseté de me communi-

quer les observations suivantes « La nature de l'ea~M<OMmusicale est un problème auquel se rattachent un grandnombre de questions obscures, qui constituent jusqu'à pré-sent, a ma connaissance, autant d'énigmes irrésolues. Cepen-dant toute loi qui convient A l'expression des émotions pardes sons simples doit, jusqu'A un certain point, s'appliquerau mode d'expression plus développé du chant, celui-ci pou-vant être considéré commele type primitif de toute musique.Une grande partie de l'euet d'un chant sur l'Ame dépend du

caractère de l'action à l'aide de laquelle les sons se produi-sent. Bans les chants, par exemple, qui expriment une pas-sion véhémente, l'effet dépend souventsurtout du débit impé'

f). Cttcpar Gratiolet,Dela P/t~'enoMt~<8<H~a. «S.

Page 108: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMEK LES ANtMAUX M

tueux d'un ou deux passages caractéristiques, qui exigent un

vigoureux exercice de la force vocale on a souvent observé

qu'un chant de ce caract&re manque son effet lorsqu'il est

exécuté par une voix d'une puissance et d'une étendue

sufRsantes pour pouvoir donner sans effort cet; passages ca-

ractéristiques. Tel est, sansaucun doute, îo secretde !'{!moin-

drissement de l'effet que produit si souvent la transpo-sition d'un chant d'un ton dans un autre. On voit donc quel'effet ne dépend pas seulement des sons eux-mêmes, mais

de la nature de l'action qui les produit. Toutes les fois quenous sentons que l~.rpf~MoMd'une mélodie résulte de la ra-

pidité ou de la lenteur de son mouvement, de sa douceur ou

de son énergie, et ainsi de suite, n'est-il pas évident que nous

interprétons en réalité les actions musculaires qui produisentle son, comme nous interprétons eu général toute action mus-

culaire? Ces considérations toutefois sont impuissantes &

expliquer l'effet plus subtil et plus spécifique que nous ap-

pelons l'M~M~M«wtMMMcajfedu citant, le plaisir donnéparta mélodie, ou même par les sons séparés dont l'ensemble

compose cette mélodie. C'est 1Aun effet indénnissabte, que

personne n*estparvenu, que je sache, a analyser, et que tes

ingénieuses spéculations de M.Herbert Spencer sur l'originede la musique laissent entièrement inexpliqué. Il est eu effet

certain que l'effet Mtf~o~Med'une série de sons ne dépend

pas le moins du monde de leur force ou de leur douceur, ni

de leur hauteur <ï&«~<M.Unair donné reste toujours le même,

qu'il soit exécuté forte ou p<OMo,par la voix d'un homme ou

par celle d'un enfant, par une Hùte ou par un trombone.

L'effet purement musical d'un son quelconque dépend de la

place qu'il occupe dans ce qu'on appelle techniquement une

pcAeMe,un même son produisant sur l'oreille des effets com-

plètement différents, suivant qu'il lui arrive associé avec

telle ou telle série d'autres sons.

« C'est donc de cette association t'ej~tce des sons que dé-

Page 109: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<? MOYRNtt ~'KX t'BHSStON

pendent tous les effets essentiellement oafMtéristiquesqu'oM~sume p<n' le mot d'<M~*MMoa MtM«<'a~. Mata pourquoi ce~

tames associations de sotM ont-~Ues tels ou tois cffetf!? C'<*st

un pt'ob!~nM qui n'est point encore r~so!u. Ceseffets doivent& tu vérité se h'ouvet', d'une m&nt&M ou (runeaut~~port avec les relations arithmétiques bien connues existant

entt'o les vitesses de vibration des sotMqui constituent un<'

éclMile musicale. 11est possible, mais ce n'est encore qu'un*'

hypothèse, que la facilité mécanique plus ou moins grandeavec laquelle l'appareil vibrant du larynx humain passed'uu état de vibratton à un autre ait été primitivementune cause dMplaisir ptus ou moins HMtrquépt~duit -par di-

verses successtoMSde sons.

Laissant de côté ces questions complexes, et tic nous occu-

pant que des sons plus simples, nous pouvons reconnaître

au moins quelques-unes des faisons de l'association do cer-

tains genres de sons avec certains états d'esprit. Un cri, par

exemple, poussé par nn jeune animal ou par un des membres

d'une société, pouf appeler au secours, est naturellement

fort, prolonge et aigu, afin qu'il puisse être entendu au loin.

Eu effet, ~tar suite des dimensions de la cavité interne de

l'oreille et du pouvoir de résonance qui en résulte, les notes

élevées produisent, comme Hohnhoitz l'a démontré, chcx

l'homme une impression particulièrement violente. Un

animal mate qui voudra plaire ri sa femelle emploiera natu-

rellement Ics sons (lui sont agréables a i'oreiHe de son es-

pecc; il semble du reste que les mêmes sons plaisent sou-

vent a des animaux trcs dUterents, grâce il la ressemblance

de leur système nerveux; c'est ce que nous constatons sur

nous-mêmes en écoutant avec plaisir le gazouillement des

7.r~~pA~o~<~K<'(~~M<M~Mc, t'ans, <MH,p. tM. Dansce7. ouvrage~He!mhet<z(lela musique,comptùtemcnttearctationa ceaavantouvcage,Nelmhoitza aussiétmüécompt~tementlesrelations quiexistententre !a formedet&cavitéétudié et ta productiondesdi(!crentesexiàîtetitentre la formedelacavitébueeldeet laproductiondesdif1'~rentcsvoyelles.

Page 110: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHEK~A~tMAU~ M

i

oiseaux et même le chant de certaines painettes. Au con.

traire. tessons destinés Afrapper un ennemi de terreur sc-

ront natut'cHcment rauqucs et désagréables.Leprincipe de i'antith~ a-t-it joué un rote dans le dév<

toppcment des! sons commemoyen d'expression? On aurait

pu le supposer; c'cst cepMudantfot'tdont(Ut~/ t.M soM

cadés dit rire, émispar l'homme et par diverses espaces de

singes pour témoigner iephush'. !M)HtausMdUTérents que

possible des crMprolongés (lui exprtment chez eux la souf-

france. soaK! ~ro~netncnt d~ satisfaction du porc, alors

(jjM'Uest repu ne tfsoembk en rien tm cri strident qu'it

pou<isesous !'it!Muencede Itt doulenr ou de ht tet'rcttr. Chez

le chien, au contraire, comnu! je l'ai déjà fait remarquer,~aboiement do coter<!et t'aboiement de joie n'ont absolu-

ment rien d'opposé t'un A t'attire il en est de même dans

bien d'autres cas.

Voiciencore un autre point obscur les sons produits sous

!'in<!ttencede diversétats de l'esprit detcrmitMnt-its ia forme

de la bouche? ou bien est-ce an contraire la forme de lit

bouche qui, déterminée par des causes indépendantes, agitsur ces sonset tes modifie?Unjeune enfant qui pleure ouvre

largement ta bouche; ce qui est évidemment nécessaire pour,rcmisaioo d'un fort volume df son; mais en même temps!'oriMca bucca! prend une forme à peu près quddrnngit-

laire, par suite d'une cause comptetemcnt distincte, qui est,

comme on le verra plus loin, l'occlusion énergique des pau-

pières et l'élévation de la lèvre supérieure qui en est ta

conséquence. Jusqn'u quel point cette forme carrée de ta

boucnc modifie-t-elle le sonexpressif des pleurs? C'est ce que

je ne saurais dire; seulement nous savons, grâce aux irn-

vaux de Hetmhottz et de divers autres observateurs~ que lu

forme de la cavité buccale et celle des lèvres déterminent

la nature et la hauteur dessons-voyettcsqui sont produits.On verra encore, dans un chapitre ultérieur, que, sous

Page 111: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M MOYRNiïD'KXt'UKSStON

l'influence du mépris ou du dégoût, il existe une tendance.

dont les causes sont explicables, A sonfner par la tronche ou

les narines, et A produire qinsi un son analogue A peuAou

p~/(. Qu'il vous arrive d'être arrêté court ou subitement

étonna voua aufez tmm~diateM~tjme. dMpe~oa,à o~vrir largement ta bouche comme pour exécuter une inspi-ration profonde et rapide, sans doute parce que vous étiez

prépare à prolonger l'exercice que vous exécutiez. Pondant

lu profonde expiration qui suit, ta bouche se ferme Mgèrc-

ment, et les lèvres se portent un peu en avant, pour des rai-

sons qui seront étudiées plus tard; ccHe fonnode ta bouche

répond, d'après Metmhottz, au son de ta voyelle o. Il est

certain qu'une foule hisse échapper en cC'etun eAprotongé.

iorsqu'ctic vient d'assister & quelque spectacle étonnant. Si

la douleur se m6te il ~surprise, it se produit une tendance

à contracter tous lesmuscles du corps, y compris ceux de ta

face, et les lèvres se portent en an'ift'e; cela explique peut-<'irc pourquoi le sou devient alors plus etevé et prend le c&-

t'actere dcaA~ou ac/t! La crainte, (lui fait trembiet' tous les

muscles, amené naturellement du tremblement dans la voix;

cotie-ci devient en mêmetemps rauque. parsuite de la sëctte-

ressc de ta bouche que produit t arrêt du fonctionnement des

glandes salivaires. On ne peut expliquer pourquoi le rire

de l'homme et du singe est. un son rapidement saccade. Les

coins de ta bouche sont ators attirés en haut et en un'iére,ce qui l'allonge transversalement; nous essayeronsptus loin

de trouver tes causes de ce fait. Toutefois la question des dif.

férences des sons qui se produisent sous t'inuucuce des di-

vers états de l'Arneest dans son ensemble si obscur, quec'est a peine si j'ai pu Féctaircr d'un peu de lumière, et jene saurais me dissimuler tu faible valeur des observations

que j'ai réunies.

'tous les sons dont. il a été question jusqu'à présent sont

Page 112: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMt~BSA~MAMX. ?

HOM8la dépendance des organes reNph'&toh'es;!nn!sit en est

dont te mécanisme es~onM6fe(ncot déférent ptqmont aussi

leur vateat' comme moyens d'«xptfMMion,Les Ïapios s'avcr-

tMsont mutuoHement pa)' lo hmit qu'iis font en frappant te

M~du p~d; MJwm~e qut~ exactement ce hruit

peut, par one soh'ee tranqMiite, entend)' les iap!ns qu! Ïui

fig.0. Ct<tMtttM<Mt)Mes<t'!h<tM<'ue<)Mpof<e)<)<

répondent de divers côtés. Ces aui)Mnux, couuMebeaucoupd'antres d'aitteuM, frappent t'McorcJcso! io~<)n'on les met

<'ncolèt'e. t~ns cette tn~me situation trespt'tt, tes pot'cs-cpicsfontsonoe<' leurs piquants et agUcnt !ctH'<p«'ucavec bruit;

j'en ai vu nn se comporter de cette tnani~re qunnd on int)'o-

dutsait un serpent vivant dans sa ca~e. Les piquants de la

queue sont très différents de ceux du corps; ils xont couri<

creux, minces comme des ptumes d'oie; leur exh'emite est

Page 113: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<<? MOYENSO'EXPnBMiON

coupée transversalement et ouverte; ils sont attachés par wn

pédicule long, dette, étasttquc. Lorsque l'animal secoue rapi-dement sa queue, ces piquants s'ontre-citoqueut en produi-sant un son continu particulier. J'ai été témoin de ce fait en

pt~senc~ de M.Hai~lett. tl e~tpossibte, meaembte-t-ilt de

comprendre comment le porc-épic a été muni, grâce A une

modification de ses piquants protecteurs, de cet appareilsonore tout particulier. C'est en eSet un an!mat nocturne;or si, dans t'obscurité de la nuit, il vient &Han'er ou &en-

tendtt; un ennemi qui rôde autour de Jui, n est-ce pas pourlui un précieux avantage de pouvoir lui indiquer A qui il a

aûairp, et l'avertir qu'il est armé de formidables piquants?tl peut ainsi éviter une attaque. Je puis ajouter qn'U a si bien

conscience de la puissance de ses armes, que, lorsqu'on l'ir-

rite. il charge à reculons, ses piquants hérissés, quoique

toujours inclinés en arrière.Fn grand nombre d'oiseaux produisent pendant la saison

des amours des sons variés, à l'aide de plumes offrant une

disposition spéciale. Lorsqu'on la provoque, la cigogne fait

entendre un claquement bruyant de son bec. Certains ser-

pents produisent un bruit de frottement ou de raclement.

Heaucoupd'insectes bourdonnent en frottant les unes contre

les autres des parties spécialement modifiées de leur tégu-ment corné. Ce bourdonnement est en général employécomme un appel ou un moyen de séduction d'un sexe il

l'autre; mais il sert aussi à exprimer des émotions diffé-

rentes Tous ceux qui ont étudié les abeilles savent queleur bourdonnement change de caractère lorsqu'elles sont

irritées, ce qui peut mettre en garde contre le danger d'être

piqué. Certains auteurs ont tellement insistésur les organes

respiratoires et vocaux considérés comme moyens spéciaux

8. J'ai donnequelquesdétailssur ce sujetdans ma D~ccnffaMee<A'

/Mm<, trad. franç. par MoutinM,tome p. 3664<3.

Page 114: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

cMM~M~N~tA~. 'or

d'expression, que j'ai cru devoir taire cesquelques observa-

tions pour montrer que des sons produits par d'autres mé-

canismes servent également bien au même objet.

~M<tCM<~M<tpp<'M~«!~cM~OM~.Il n'est peut-être pas de

mouvement expressif qui soit aussi gëhér<tt qtif te héris~c-

ment involontaire des poils, des plumés et des autres appen-dices cutanés; il est en eCet commun & trois des grandesclasses de vertébrés. Ces appendices se hérissent sous l'in-

(tuenco de la colère ou de la terreur, et plus spécialement

torsque ces émotions s'associent ou succèdent rapidementi'une &l'autre. Cetteaction sert d'aiUeurs à donner <ïl'animal

une apparence plus imposante et plus terrible en présencede ses ennemis ou de ses rivaux; elle est généralement ac-

compagnée pur divers mouvements volontaires tondant au

même ol~et, et par l'émission de sons sauvages. M.Bartlett,

qui a acquis une si parfaite connaissance des animaux de

toute espèce, ne doute nullement de la vérité de cette inter-

prétation mais une tout autre question est de savoir si la pro-

priété de ce genre d'érection a été primitivement acquise

pour ce but spécial.Je commencerai par rappeler les faits, en nombre considé-

rable, qui montrent combien ce phénomène est général chez

les mammifères, les oiseaux et les reptiles; ce qui concerne

l'homme sera réservé pour un chapitre ultérieur.

M. Sutton, l'intelligent gardien du Jardin zoologique,

ayant observé avec soin, sur ma demande, le chimpanzé et

l'orang, a constaté que le poil de ces animaux se hérisse

toutes les fois qu'ils sonteu'rayésbrusquement, comme par un

coup de tonnerre, ou irrité! par d<*staquineries par exemple.J'ai vu moi-même un chimpanzé qu'alarmait l'aspect inso-

lite d'un charbonnier au visage noirci tout son poil était

hérissé; il faisait de petits mouvements en avant, comme

pouf fondro sur cet homme, sans aucune intention d'en rien

Page 115: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t MûYKK~tt'KXPRRSStOX

faire, utais, disait sou gardien, dans t* espoir tte FeftMtyot',

U'apr&s M. Ford", lorsque IcgonHa est en htreMr, « it dre~'

sa et'~tc do potk et !& pf~eUe en avant; ses naines ? dUa-

tent, s!tt&vt'e !nMr!eHrc «'abaisse. En nt&<ne temps H pon~e

spn hurtcmcNt carac~M~ J~e h'Mt dp

h'apper fies ennenus df terreur Cheis le babomo Annbis,

j'ai vu t'hot't'!pt!)ttion se prodmrc, so<ts l'innuence do !& cu-

t~'e, depuis te cou jusqM'Mnx lombes, mais non sur ht crfntpf

ttt sur les <mtt*cs parties du corps. Ayant p!ac6 un jour un

serpent empai!~ dans la eag'e des siM~es, je vis te poil se

h~ritijK'r instantanément sut' un grand nombre d'individus

appartenant a diverses espfces; ia queue surtout était te

siège du pMnom~n< et j'en ns particulièrement ta rcmar*

que sur te CMropMectMHtc~Mf. Brchm a console'<' que!e Midas aM<tpM<(qui appartient &la famille des singes amé-

ricains) érige sa crinière !ors<ju'on l'agace, pour se don-

ner, ajoute cet observateur, un aspect aussi effrayant que

possible M.

Chez les carnnores, le henssement d~potts paraû êtrenn cat'a<*tereA peu près unh'ersel il s'accompagne souvent

de mouvements menaçants t'annntti nK~tre les dents et

pousse des grondetnents sauvages. J'at ohsct'vé ce hôtisse-

ment chez ftehneumon, sur tout io corps, ta queue com-

prise. Chez t'hy~nc et !e proteic, la crète dorsate se dressa

d'une tnamère remarquable. Le lion en fureur hérisse sa

crinière. Tout le monde a vu le poil se hérisser, chez te

chien, sur le cou et le dos; chez le chat, sur ie corps entier

et particutieroment sur la queue. !)ans cette dernière espèce.ta frayeur seule paratt donner iicu à ce phénomène; chez le

chien, il est provoqué par la colère et parla frayeur; mais non

pourtant, d'après mes observations, par cette sorte de crainte

0.Citépar Httïtey~dans son ouvrage!nt)tu)éJ~MCt- <? jtf«M'<Plitre<M~«~t~, <M3,p. Sa.

<<).Illus.M«vM<'M,1864.h. t. s. <30.

Page 116: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHt!XLMA!<tMAUX. tM

servite qu'il ressent. par exemple. au moment où un garde-chasse irrité va lui administrer une correction; cependantsil'animal manifeste quelque velléité de résistance, c<'

qui arrive quelquetbis, «on poil se hérisse. H'apres une re.> maeque dont j'ai souvent vériné ta justesse, la circonstance

la plus favor<tb)eAl'horripitation, cïtez le d~en, estcct état

intermédiaire Ala colère et a l'effroi, dans lequel il se trouve,

pat'cxctnpte, torsqu'H observe un obj<'tqn'ii ne dtstinguc

qu'imparfaitement an milieu des teachres.

~n v~Mrinah'em'a affirmé avoir vu souvent le poil se hé-

ritHK'rchez les chevaux et les boeufs qui avaient déjà subi

des opérations et sut* lesquels il allait en pratiquer do nou-

velles. Ayant montré un serpent empaillé à un pécari, je vis

son poil se dresser d'une manière surprenante le long de

!!<méchine; pareil fait N'observechez le verrat lorsqu'il est

mis en fureur. Aux ïStats-Unis, un élan porta un jour un

coup de corne mortel &un homme; d'après la relation d<'

cet épisode, il brandit d'abord ses aadouillers, en bramant

avec rage et frappant le soi de ses pieds; ensuite on vit

son poil se hérissef M,ent!n it se précipita en avant pour

attaquer Pareille hon'ipitation se produit citez les chèvres;

et, d'après ce que j'ai entendu rapporter par M. Blytlt, chez

certaines antilopes des Indes. J'ai constaté le même phéno-mène chez le fourmilier velu, et chez l'agouti, un rongeur.Une chauve-souris fetuclle, qui élevait ses petits dans unf

cage, « hérissait sa fourrure le long de son dos, quand on re-

gardait dans la cage, et mordait avec fureur les doigts qu'onlui présentait

Les oiseaux appartenant a toutes les grosses espèces érigentleurs plumes lorsqu'ils sont irrités ou effrayés. Tout le monde

a vu deux coqs, des leur plusjt'une âge, se préparer à fondre

«. M.J.Caton,Académiedessciencesnaturellesd'Ottawa,mai<M8,p. 36-40. Surle C«))ni«'jt<tgn<f:tvoirtwt~aM<<WM<c~<8<n,p. :n.

f:. i<0!t<fandW<~r,Ojttittei<<??.p. 659.

Page 117: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt MOYMXStV'KXPMKSSÏON

ï'un sur l'autre, le cou hérissé; l'érection de ces ptoMiesn'est

cependant pas pom' eux un tnayon de défense~ ça!' t'expë-rtence <tprouve aux Mnmteut'sde combats de co~s qu'il. est

avantageux do les coupef. Le JMacAc~pM~tt<fmaie dresse

Hussr MMt cetMepdephnnMtot'M~~U Mbat; ~aand un ch!<!n

approche d'une poule commune accompagnée de ses pous-

sins, elle étend ses ailes, re!eve sa queue, hérisse toutes ses

Mx.)&–t'<'M)ct'ro<csea))t<!c<)'Mta<cttmMunchien.tt'atwèsMhtM',parM.Woo<t.

plumes, et, se donnant une mine aussi féroceque possible,cUese précipite sur t'importun. queue nc~pfenJ pas tou*

jours cxnctonent la n)etnc position; è!!c est quelquefois si

hérissée que ïes ptumescentrales touchent presque le <!os,connue dans le dessin ci-joint. Un cygne irrité dresse de

même ses ailes et sa queue, et hérisse s<Mptumes; it ouvre le

hec. et fait en nageant de petits bonds agressifs vers ceuxqui

approchent de trop près ic hord dct'cau. Certains oiseaux

Page 118: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHKXt/KHANIMAUX HKt

des troptques, toMtqu'on va !es déranger sur teurs nids, ne

s'envoient pas, tût-on, mais « se contentent de hôrisser teurs

piumcs en poussant des et'is'~ !.& chouette («Wa' ~OMt-

meo), lorsqu'on t'approche, '< enue !tMtant~n<hnent son plu-

iM~e, étMLd iss aUss eHa q~e, stMe <BtJh~t datjucr spn

hec avec force et rap!d!të'~ U'autn's espaces de hittoux

font de mémo. D'après les informations que tn'&-Mant!ës

M.Jenner Weir, te faucon erig'e aussi ses ptumt's et ~tatc ses

aUes et sa queue dans des ch'conatauces setnb!ub!es. Quel-

<tnesespèces de perroquets hensscut leurs plumes; j'ai vu

:)gh' de tncmc un casoar, effraya par la vue d'un fournuttef.

13.PA<t<'<eMfM~'«:(tM<f«:JM~vot.tt~ <8<H,p.<80.!4.Sur!cS<r<jc/!«tMmc«,voirAudubon,OFMt<~<x/tc<t<B~f«~Ay,<8«4,

vol. Il, p. 407. J'aiobservéd'autrescas souMabiesau Jardinxcotn-gique.

Page 119: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

«? MO'YRXSD'HXt'MM~OX

!<esjeunes coucous, dans leur nid, hérissent lémtt plumes, ou-

vrent largement leur hec, et se rendent aussi effrayants que

possible.Certains petits niscanx, m'a rapport M. Weir, tels quo di-

vers pinsons, LrManÏsMt~t~vcttès.

rissent toutes leurs plumes, on seulement celles du cou, ou

bien ils étalent leurs ailes et les plumes de leur queue. Uans

cet état, Us se lancent les uns contre tes antres, le bec ouvert

et. avec une attitude menaçante. M.Weirconclut de sa grande

expérience que le hérissement des plumesest provoqué beau-

coup plus par la colet'o que par la frayeur. U cite commp

exempte un chardonneret rn~tis, de l'humeur !a ptus irasci-

Me, qui, approché de trop près par un domestique, prenaitinstantanément l'apparence d'une boule de plumes hérissées.

H pense que, en thèse génératc, les oiseaux, sous l'influence

de la frayeur, resserrent au contraire étroitement toutes leurs

piumes la diminution de volume (luien résulte est souvent

étonnante. Aussitôt revenus de leur crainte ou de leur sur-

prise la première chose qu'ils font est de secouer leur plu-

mage. C'est chez la caille et chez certains perroquets queM. Weir a trouvé les meilleurs exemplesde ce rapprochementdes plumes et de cette diminution apparente du corps sous

l'action de'la frayeur. Cette habitude se comprend chez ces

oiseaux, parce qu'ils ont étéaccoutumés, en face d'un danger,soit à se blottir sur le sol, soit Ademeurer immobilessur une

branchf, pour éviter d'être découverts. Assurément il est

possible que la colèresoit ta causeprincipale et la plus com-

mune du hérissement des plumes; cependant il est probable

que les jeunes coucous, lorsqu'on les regarde dans leur nid.

et la poule avec ses poussins.lorsqu'un chien les approche, ne

sont pas tout Afait exempts de frayeur. Je tiens de M.Tcget-

< JMop~MM tMf/M~MK.Voir la descnptionde ses moeurs,parCoMtd,MtHdM!of BM' AM<~t/ <8M,vct. tt, p. 82.

Page 120: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CttR~LMA~tMAUX. t«7.11

moierqae, dans les combats de coqs, Je hérissement des

plutnes de la tête, chez l'un des champions, est regardé de-

puis longtemps comm~ un signe avéré de couardise.

Les mâles de quelquessauriens, lorsqu'ils se battent en-

setnble pendant jours ~m(mrs~dilatent leur pochepu sac la-

ryngien et érigent leur crête dorsale foutefois le docteur

GHnthorne pense pas qu'ils puissent dresset' isolément ietn's

épines on ecaitles.

Les exemples que nous venons de citer montrent combien

le hérissement des appendicescutanés, sous l'influence de ta

colère et de la frayeur, est général chex les vertèbres des

deux premières classes, et mémo chez certains reptiles. t~c

mécanisme de ce phénomène nous a été revête par une dé-

couverte intéressante due a M.Kôttiker, cette des petits mus-

cles lisses, involontaires, qui s'attachent aux follicules (les

poils, des plumes, etc., et qu'on désigne souvent sous te nom

de musclesarfM<orMp~t Par ta contraction de ces muscles,

les poils peuvent se-redresser instantanément, comme nous te

voyonschez te chien, en même temps qu'ils sont un peu at-

tirés hors do leurs follicules; immédiatement apr~s ils s'a-

baissent. Le nombre de ces petits muscles existant sur le corpsentier d'un quadrupède velu est véritablement prodigieux.Hans certains cas. on voit s'ajouter a leur action celle des

nbres striées et volontaires du panicute charnu sous-jaccnt:

par exemple, chez l'homme, quand les cheveux se hérissent

sur sa tète. C'est aussi par la contraction de cette dernière

couche musculaire que le hérisson dresse ses piquants. !t

<«.Voir,par exempte,la relationque j'ai donnée (DMc<*M</«t<c<'<~fAoMmc,traductionfrançaisepar Mou!in!~t~ Il, p. M au sujetd'unAMo~ietd'unDn!<*o.

i7. CesmusclesMntdécritsdanstes ouvragesbienconnu de Ke)-tlker.Je doisdesremerciementsa cetobservateurdistinguépourlescx-

plicationsqu'il a bienvoulumefournir,à cesujet, dansunelettre.

Page 121: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<<? MOYRXS KRXPHKSStÔX

t'ésuïte en ontt'e des recherches de ieydig et d'tmtre~ obser~

vateuM qMe des 6bMs stries <? portent do ce patUCutcA

<tMehju<'s-nns des poils tes plus grands, par exempte aux vt-

bptssM de cet't<nns qtMdrnpAdes. t~ contt'actMn des af<'ee<ot'M

Mesf' protTn!tpM!u~m

que nous avons indiquées, mais aussi par l'effet du refroidis-

sement. Je me rappelle avoir observé, le matin d'une nuit

glaciale passée au sommet de la Cofdillere, que mes mulets

et mes chiens, amenés d'une station inférieure et plus chaude,

avaient le poil aussi hérissé, sur toute la surface du corps.

qu'il peut l'être sous l'action de la plus profonde terreur.

Nous constatons le même phénomène dans la cltair de poule,

qui se produit chex nous pendant le frisson pt'ecurseur d'un

aec~'sde fièvre. N. Listera remarfnto~que le chatouiHement

provoque aussi le redressement des poi!sdans les parties voi-

sines du tégument.Desfaits quiprécèdent, il resuite évidemment que le héris-

sement des appendices cutanés est un acte reitexc, indépen-dant de la volonté lorsqu'il se produit sous l'inHuoncc de la

colf'rc ou de la frayeur, il faut le considérer, non comme une

faculté acquise dans un but utile, mais comme un phénomène

accessoire, résultant au moins est grande partie de l'action

directe du scnsorium impressionné. On peutle comparer, àcet égard, A la sueur abondante que provoquent l'excès de

soufft'ance ou la terreur. Il est cependant remarquable de

voir avec quelle faciuté il se manifeste souvent par l'euet de

la plus légère excitation c'est ainsi que se hérisse le poil de

deux chiens qui vont se jeter l'un sur l'autre en jouant. Nous

avons vu d'autre part. par un grand nombre d'exemples pris<!atMdes classes tt'~s ditl~rentes, que l'érection des poils ou

des plumes s'accompagiie presque toujours de mouvements

t)-t.f<~M<Ader MsMo~fdesJfotM~'M,<M7,s. 82.Je doisa ta gra*Hteusetëduprot~eur W.Turacrun résumédecet ouvrage.

<!)'.CM<M<eWyJoN~Mo~J~M~p~<t<McM'tOS~vol.t, f. 262.

Page 122: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OHMLRSA~tMA~X. <<?

volontaires variés: l'animal prend une attitude menaçante, il

ouvre la bouche et montre les dents; chez les oiseaux, les ailes

et la queue s'étaient enfin (les sons sauvages sont articulés;or il est impossible de méconnaître le but de ces mouvements

volontaires; ausMsetable-Hl peu croyable (~ue le hérMtSe-ment des appendices cutanés, qui se produit en m&metempset par lequel l'animal s'entle et se donne une apparence plusformidalde en face de sesennemis ou de ses rivaux, ne soit

qu'un phénomène entièrement accidente!, un résultat sans

objet de la perturbation du sensorium. !t serait presque aussi

vraMemMable de considérer comme autant d'actes sans but

le hérissement des piquants du hérisson, ou cehn des épinesdu porc-ëpic, ou bien encore le redressement des plumes

qui ornent divers oiseaux, pendant leurs amours.

Maisici surgit une sérieuse dtfucuHé. Comment la contrac-

tion (les otVM~fMpili, muscleslisses et involontaires, a-t-ette

pu s'associer A celle de tnuscks vo!ontaires variés pour un

même objet spécial? S'il était possU)!e d'admettre que les

affMMfM ont été primitivement des muscles volontaires, et

ont depuis perdu leurs striespour cesser d'être soumis à l'em-

pire de la volonté, la question se trouverait singulièrement

simplinée. Maisil n'existe, que je sache, aucune preuve est

faveur d'une pareille manière de voir. On peut croire cepen-dant que la transformation inverse n'aurait pas présenté de

bien grandes difficultés, puisque les muscles volontaires exis-

tent &l'état lisse dans les embryons des animaux les plus éle-

vés et dans les larves de certains crustacés. On sait aussi. d'a-

près Leydig que dans les couches les plus profondes (lu

derme, chez certains oiseaux adultes, le réseau musculaire est

dans une sorte de condition intermédiaire les fibres n'ont

que quelques rudiments de stries transversales.

Voiciune autre explication qui me parait acceptable. On

20.J~McA derHistologie,t8~, s. 82.

Page 123: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

no M<n'EXSMMt'MK88!0?!

peut supposer qu'au début, sous l'influence de lit rage et de

la terreur, Jcs orfM~rM pili ont été mis légèrement en ac-

tion, d'une manière directe, par la perturbation du système

ncrvonx, exactement comme its la sontchez nons dans la c/t«<r

p~M&qui pi~c~d~cun acc~sde n~vre:LM c~ïiittitih~vü~'lit w

rage et de la tot'i'eur Notant reproduites fréquemment, pen-dant une longue suite de ~énet'altons, cet oiEetdirect de la

perttu'b&tion du système nerveux sur les appendices depnM-

(ptpsa <tApresque certainement s'augmenter par l'habitude

et par la tendance qu'a la force nerveuse &passer facilement

par tes voies qui lui sont habituelles, Cette opinion sur le

t'Ateattribué &ta force de ~habitude sera bientôt confirmée

par t'élude des phénomènes que présentent tes aliénés; nous

verrons en euet, dans un chapitre suivant, que chez eux

t'unprc'Mionnabitito du systèmepiteux devient excessive, parsuite de ta fréquence de leurs accès de furout' oude terreur.

Une foif eettc propriété de 1'ttorripitation ainsi accrue ou

fortifiée, FaniMïat mAtca dû voir souvent ses rivaux furieux

ériger leurs poits ou IfU)")ptumes, et augmenter ainsi te

volume de leur corps. !t est pt'obahtc qu'alors il a eu lui-

même Je désir de se faire paraître plus gros et plus tormi-

dahte pour sesennemis, tout en prenant volontairement une

attitude menaçante et poussant des cris sauvages; au bout ·

d un certain temps, cette attitude et ces cris sont devenus ins-

tinctifs par l'effet de t habitude. Cest ainsi que les actes

accomplis par la. contraction des musctes volontaires ont puse combiner, pour un même but spécial, avec des actes cnec-

tués par des musctes involontaires, Il est même pô~ibtc

qu'un animal soumisil une excitation, et plus oumoins cons-

cient lie la modincation survenue dans l'état de son système

pileux, puisse agir sur celui-ci par un exercice répété de son

attention et de sa. volonté nous avons en effet des raisonsde croire que la volonté est susceptible d'influencer d'une

mumerc tHysiérieu!<el'action de certains muscles lisses ou

Page 124: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COJSX LRS A~tM~UX. («

involontaires je citerai comme exemple les mouvements pé-

ristaltiques de l'intestin et la contraction de la vessie. N'ou-

blions pas non plus le rôle qu'ont déjouer la variation et la

sélection naturelle les m&Iesqui ont réussi Ase donner i'Mp-

twpttnce J& phM~t~S!mi@,eti fa<cede l<;m's r~nuxutt dolou~ttutres ennemis, ont dtt ta!ss<*t'cn!noyettnc nnptus ~ran<tnombre de descendants, hettiiets de ieunf qualités CMmctôris-

ttques, anciennes ou nouvellement acquises.

6ott~e<M<H~du corps, et MM<fMMO~CH~ produire la CMt~e

<M «MeHMeMM.–Certains amphibies et c<!t'ta!nsreptiles, (jnine possèdent ni épines &herisset', ni muscles pour produirece mouvement. enflent leur corps en inspirant de l'air, sous

l'influence de iHcrainte ou de la colère. C'est i& un phéno-mène parfaitement connu chez tes crapauds et les grenouilles.

Qui ne se rappeUo!a chétive pécore mise en scène par Ésopedans sa fabtc intitulée ~wMy« la Grenouille, et qui, parenvie et vanité, s'cnMasi bien qn'<'H<'creva? t/obscrvatÏon (le

ce fait doit remonterAt'époque la pius reculée, puisque, d&-

près M. Honsipigh \cdgwood h* mot crapaud t'xprimc,dans plusieurs des tangues de i'HMrope, l'habitude de se

gonflor. Cette particuiarite a été constatée chez certaine es-

pèces exotiques, au Jardin zootogiqtn:; !c docteur Cûnther

pense fjn'eih' est ~oncrah' dans tout ce groupe. Kn nous lais-

sant guider par i analogie, nous adtnettt'ons que le but pri-tnitif de cegonflement aété probab!om<'ntdf donner au corpsun aspect aussi imposant et aussi t<'rrihte qu<' possibh', en

face d'un ennemi. Toutefois il t'n résutie encore un autre

avantage. plus important peut-être lorsqu'une ~renouith'<'stprise par un serpent, son principal ennenn, élit' s'fnttc

d'une manière prodigieuse; et. fl'apres it' docteur <:nt)t!)Rt',si le serpent est de petite taillf, il ne peut engloutir la

~t. DM:(~tMt'yO/M~M~<~M)0~,p. t'M.

Page 125: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t~ MOY~ttn~BXPMSStON

gfCHouute, qui échappe ainsi au danger d'être dévorée.

les caméléons et quelques auti'ps sauriens s'enflent aussi

lorsqu'ils sont irrités. Je citerai, par exemple, te ~jp<ty<<

fot<~<M«,espace qui habite l'Orégon. Klle est ~ntc dans ses

mouvements,<'t cHone mord pas. mais n n£tlt}1pn"lc".féroce i~orsquf cet animal est irrité, il s'étance d'un air

wnaçant snr tout ot~ct ptac<&devant lui; <'nm6nte temps il

ouvt'c hn'gcmcnt la pncutc, il stfne avec force, enfin Ucoilt'

son corps et manifeste sa colère par divors autres signesPtusi<*ut'sespaces de scfpcnts se ~onnent do mAmc sous

rinMHcnccde ta co~rf. Le C~o~toaW<~<tMaest particuii&rc-ment remarquable à ce point de vue; sctucîncnt je crois.a ta suite d'une oiMervation attentive de cet animal, qu'il

n'agit pas ainsi avec le deitscind'augmenter son volume ap-

parent, mais simplement dans le but d'inspirer une provisiond*air considérabte, (lui lui permette de produire son siffle-

ment bruyant, aigu et protong'é. Cu~a copeMo,irrité,se gonfle un pen et siffle doucement mais en même tempsil lève la tête, et, au moyen de ses longues eûtes antérieures,il dilate la peau de chaque côté de son cou, de manière A

former une sorte de disque large et aplati, désigné sous te

nom de capuchon. H prend alors, avec sa gueule largement

ouverte, un aspect enrayant. L'avantage qui en résulte pourlui doit évidemment cire considérable pour compenser Ja

diminution sensible que cette dilatation fait éprouver A ta

rapidité, très grande encore, il est vrai. de ses mouvements,1

lorsqu'il s'élance sur un ennemi ou sur une proie; c'est

ainsi qu'un morceau de bois large et mince ne peut fendre

l'air aussi vivement qu'un petit bâton cylindrique. Un ser-

pent inoffensif de l'Inde, le ?'foptdonof<MMtoerop~AahMtM.dilate son cou de la même manière lorsqu'il est irrité, ce qui

M.Voirla rctauondes«Meursde cetanimalpar te docteurCooper,citéedans~V<t<Mfc,27avril<8T<,p. Stï.

Page 126: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMHX ~BS AStMAUX. JtX

x

le fait prendre souvent pour son compatriote, le terrible

cobra' cette resMmbtance constitue peut-être une sauve-

garde pour lui. Uneautre espèce inoffensive, le D<Mypet<Mde

!'AMqueméridionale, se gonfle, distend son cou, siffle et se

ianee sur t'jtmpurtun quj) le dérange beaucoup d'antres

serpents sifnent dans des ch'constauces semblables. Ils dardent

aussi leur tangue et l'agitent avec rapidité, ce qui peut encore

contribuer à leur donner une apparence formidable.

Outre le sifflement, certains serpeuts pondent des moyensde produire des sons particuners. J'ai remar<}uë, il y a déjà

plusieurs années, dans l'Amérique du Sud, que lorsqu'ontroublait un yW~OMoce~A<~M<venimeux, il agitait vivement

l'extrémité de !<aqueue, qui, frappant sur l'herbe et ics

petites brancitcs sèches, produisait un bruit vif et rapide.entendu distinctement A ia distance de six pieds L'~cA~

MyttK~ode i'tnde~ espèce féroce et dont lu piqûre est mor-

<eUc,produit un son particutict', étrange, prolongé, pres-

que un siMetnent par un mécanisme tout différent, c'est-

)\-dire « en frottant les replis de sou corps les uns contre les

autres M,tandis que Ja tète reste & peu pr~s immobile. Les

écailles latérales, et celles-là seulement, sont fortement con-

vexes,et leur sniltie médiane est dentelée comme nnescie;

lorsque l'animal enroulé frotte ses replis, ces dents frottent

les unes contre lesautres Happelons enfin l'exemple bien

connu du serpent &sonnette. Celui qui s'est borné ii secouer

la MMneMed'un serpent mort ne peut se faire une idée justedu son produit par l'animal vivant. t)'apr6s le professeur

M. uoctcurCunther,~h'7cj!<B<'MsA/M<<t«,p. 2<!2.24.MJ. Ma<MctWea!c,JV~Ht'c,27avril <87t,p.MS.2S.JoMfMt'tor ~<'a<'<:Ac.tdm'~~c t~a~c o/' a BM~<' )tt~

p. M. J'a<compareh; br))<tauM)pfoduttH cetu!du serpent&900-HCtte.

i'6.Voirla relationdudocteurAndersen,Pfoc.Zo«<.S<!cfc<1871,p.100.

Page 127: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

XOYKNSO'KXPRHSStOX<t4

Shalor, ce son no peut se distinguer de celui que produit h*

mâle d'une grande cigale (insecte homopterc) qui habite t<'

même pays Au Jardin xootog-ique, j'ai été ft'appa de ta

ressemblance des sons émis par le serpent A sonnette et par te

< or~~M~, atom qu'oa les provoqnoit en même temps

et, bien que le bruit produit par le crotale fnt plus retentis-

sant et plus aigu que le sifflement du C~Ao, j'avais peine.&quelques métros de distance, à les distinguer l'un de l'au-

trc. Or, quelle que soit ta signification du bruit produit dans

l'une de ces espèces, je ne puis ffuére douter qu'i! no serve

au même but dans ta seconde et je conclus des mouvements

menaçants exécutes en m~ntc temps par beaucoup de ser-

pents, clue leur sifttcmcnt, !<'bruit de la sonnette du crotale

et de la queue du trigonocéphale, Ic t'actcmcnt des écailles

do l'ëchis. et la dilatation du capuchon du cobra, servent

tous au même objet, c'est-à-dire si les faire pat'aitro formida-

bles a leurs ennemis

27. ~iM~MMJV<t<Mtm<janvier <87~ p. 3~. ~e regrette de ne fou'voir partager l'opinion du professeur Shater, et croire comme lui quela sonnette du crotales'est développéepar t'ettetde la sélectionnaturelle,dans Jebut de produire des sons destinés & tromper les oiseaux, &lesattirer et à en faire ta proie de ce reptile. Sansvouloir nier que ces sons

puissentparfoisservir à cet usage, je crois plus probable la conclusion &

laquellejesuisarriv)', cKtuimefaitconsidérer ce bruitcotnmeuMavertis-.aemeotàl'adressedes ennemisquipourraicntetre tentes del'attaquer; cetteconclusionconcitiecncnetdesfaits dediversordres.Si 10serpentavait acquissa sonnettepar l'habitudede faire dubruit dans lebut d'attirer une proie,il ne serait pas probable qu'it f!t agir invariablementcet appareit toutesles foisqu'il est dérangé ou mis en colère. Quantau mode de développe-ment de la sonnette, !o professeur Shater est à peu près d'accord avec

moi; j'ai d'ailleurs constamment soutenu la tt~me opinion depuis quej'ai observele trigonocephatedans l'Amériquedu Sud.

~.U'aprfstcsrucibrefemmcntrecueittis par M*Barber, et publiésdans le JoMnt«<o~f/< I,<ttMcMKSoc«'<y,sur les ntopursdes serpents de

t'AMquc méridionale,et d'après des relations duos a divers auteurs, a

M.Lawsonentre autres, sur te serpenta sonnette de l'Amériquedu Nord,it ne parait pas improbable que l'aspect terrifiant que prennent certains

serpentset tes sons qu'ils émettent puissent servir à leur procurer une

Page 128: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHKK LKS AStMÀUX. t(S

On pourrait supposer que les serpents venimeux, tels que'ceux que nous venons de nommer, qui possèdent dans leurs

crochets un instrument de défense si redontable, ne doivent

pas être exposés à des attaques, et qu'ils n'ont par consé-

ttuemtauoMnbeMiMdemoyons propres A provoquer la craintechez leurs ennemis. 11n'en est rien cependant, et, dans tous

les pays du monde, on voit ces reptiles servir eux-mêmes de

proie Aun très ~rand nombre d'animaux. C'est un fait bien

connu qu'aux États-Unison emploie, pour purger les districts

infestés de serpents à sonnette, des porcs, qui s'acquittent

pafaitement de cette bcsogn<' En Angleterre, le hérisson

attaque et dévore !a vipère. J (ti entendu dire au docteur

Jcrdon que, dans l'Inde, plusieurs espèces de faucons et un

niamntifère au moins, Hchneumon, tuent tescobras et d'au-

tre,s serpents venimeux il en est de même dans le sud de

l'Afrique. Il est donc permis do croire que les sons ou les

signes de tout g'enre, par lesquels tes espèces venimeuses

peuvent se reconnaître immédiatement pour redoutables,leur sont au moinsaussi utiles qu'aux espècesinoffensives, quiseraient incapables, si elles étaient attaquées, de faire aucun

mal réel.

Puisque l'histoire des serpents m'a déjà entraîné à d'aussi

longs développements, je ne puis résister a la tentation d'a-

jouter quelques remarques sur le mécanisme qui a probable-ment présidé au dévcloppemt'ut de la sonnette du crotale.

proie,en paralysantou, commeoMle dit quetquctots.en fascinantdesanimauxde petitetaille.

20. Voir!e récit dodocteurR. Brown (ffoc. &M/.Socte~ <)M7~p. 30) a Aussitôt,dit-il,qu'un porcapcr~ottunserpent,il s'élanceMrtt)i; le serpent,au contraire,s'osqu!ve!mntcdiatement&l'aspect<t'uttporc.

30. Ledocteur Gunthcrstgnate(H''p<Mo~J!n(t<Aht<«, p. 340;la dcs-trucHondes cobras par t'ichncumon ou hcrpesics, et des cobras jeunespat' !Mj)MMc~b<p<(pouledes jung!c8~.ti est bien connu ~uu te paon fttitaussi aux serpents une chasseactive.

Page 129: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<t0 MOYMS M'KXPMBSStON

Uivet'8animaux, certains sauriens en particulier, reptient leur

queue ou l'agitent vivement, lorsqu'Hssontprovoqués c'est

ce qu'on observe chez un grand nombre d'espèces de ser-

penta~. On voit au Jardin zootogique uneespèce inoffensive,

te ~oroHeM~iSayt, qui fait t~MmoyepmqneMoait'apidement

que cette-ci devient presque invisible. Le trigonocéphale,dont j'ai déjà parle, a ta même habitude; l'extrémité do sa

queue est un peu renflée. Chez le ZacA~M~qui est si rapprochedu crotale que Linné les a placés dans le même genre, la

queue, pointue, se termine par une écaille unique, grande,en forme de lancette. Or, d'après les observationsdu profes-seur Shatcr, chez certains serpents, « la peau se détache plusdifficilement sur ta région caudale que sur les autres partiesdu corps Supposons dfs lors que, citez quelque ancienne

espèce américaine, la queue élurgie ait d'abord porté une

seule grande ecaitte; supposons qu'A l'époque de ta mue,cette écaille n'ait pu se détacher et soit restéedéfinitivement

fixéeau corps do t'animât; à chaque nouvellepériode du dé-

veloppement du rcptite, une nouvelle écaille, plus grande

que ta précédente, se sera formée au-dessus d'cttc, et aut'a

pu de même rester adhérente. Voiià le point de départ du

développement d'unn sonnette, dont l'emploisera habituel, si

l'espace avait coutume, comme tant d'autres, d'agiter sa

queue en présence d'une provocation. tt estdifficile de mettre

en doute que la sonnette ne se soit ensuite développée spécia-lement pour servir d'instrument sonore; car tes vertèbres

3<.LeprofesseurCopea cité«Mnombretrfs censidffabtcd'espèces,<!an!<sontravaitilethodo/'Cff«<~M~(~aK<cT~pM,lu devantthe~mt-<wwt/'A<7.~<<c.Jct:i décembre<87<,p. ~0. LottrofeMenrCopec~<!am~m<!avisquemoisur ~ctnpto!desm&utementsetdessonsproduits~r lesserpents.J'ai touchétegcrcmentcettequestiondansla dcrmen:fditionde n!on()W~t«c~<*<tMpëcM.Depuisl'impressiondes pagescides-j'ai cui&satisfactionde voir queM.MendcMonattribuaitaussi&lasonnette)c mêmeusage,(luiest «depréveniruneattaquee. <TAeAMfrt*'on ,V<~Mnt((~,mait872,p. 2<!0.;

Page 130: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CttRZLESA~tM~UX. <t7

oUes-mèmesde l'extrémité de lu queue ont éprouvé des modi-

Scationsdans leur forme et se sont soudées ensemble, Divers

appareils d'ailleurs, aussi bien que la sonnette du crotale,tes écailles latérales chez l'échis, les côtes cervicales chez te

eobfa, le eofpstoui. entterchez le cbttio, ont puéprouvercertaines modifications tendant A produire i'appréhf'nsion <'t

l'euroi chez un ennemi. Ne voyons-nous pas chez un oiseau,le bizarre sect'etah'e (~~o~erattM<), réconomic tout enHerc

spécialement adaptée à la chasse aux serpenta sans qu'il en

résulte aucun danger pour lui? Il est cxtt'emcmGnt probable,

d'après ce que nous avons déjà vu, que cet oiseau hérisse ses

plumes quand il se précipite sur un serpent; il est certain

que, au moment on l'ichneumon fond sur un reptile, il re-

dresse te poil de tout son corps et en particulier celui de

sa queue~. On sait de mémo que certains porcs-épics, irrités

ou alarmés par l'aspect d'un serpent, agitent rapidement leur

queue, produisant ainsi un son particulier qui t*ésu!tedu choc

de leurs piquants tubtttau'cs. Ainsi !'assaiUant et l'assailli

cherchent tous les deux A se rendre Fun pour l'autre aussi

enrayants que possible chacun d'eux possède &cet eSet des

moyens spéciaux, (lui, chose singnhere, se trouvent Atrepar-fois presque identiques. Knftn on voit que si, parmi les ser-

pents, les individus privilégiés qui étaient le plus capables

d'eHrayer leurs ennemis ont échappé le plus facilement à lit

mort; si d'autre part, parmi ces ennemis, ceux-là ont survécu

en plus grand nombre qui étaient le mieux doués pour leur

dangereuse lutte contre les serpents venimeux; les variations

utiles qui ont pu se produire de part et d'autre, il ce pointde vue, ont du se perpétuer et se développer parmi les des-

cendants des individus le plus heureusement constitues.

~tM~r~men~ des oreilles en ~nv<ere. Chez un grand

M. M.dcaVo'ux./'<w.Zool.Soc.,<87t, :L

Page 131: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

n« MOYEKSD'EXPBKSStOX

nombre d'animaux, les mouvements des oreilles constituent

un moyen expressif d'une grande valeur; dans certaines

espèces, par exemple chez l'homme, chez les singes supé-rieurs et chez beaucoup de ruminants, cesorganes n'ont au

contrairf aucune utilité au point de ~e de j'exprcsaion: Pflégers déplacements suffisent souvent pour accuser de la ma-

nière la plus évidente des états d'esprit différents, ainsi qu'onl'observe journellement chez le chien. Nousne nousoccupe-rons pour le moment que de ce mouvement spécial par le-

quel les oreilles se renversent complètement en arrière et

s'appliquent contre la surface de la tête. Ce mouvement in-

dique des dispositions hostiles, mais seulement dans le cas

où il s'agit d'animaux qui combattent à coups de dent; il

s'explique alors naturellement par la préoccupation qu'ontces animaux, dans une bataille, de garantir ces appendicessi exposés et d'empêcher leur adversaire de les saisir. L'in-

fluence de l'habitude et de l'association leur fait ensuite

exécuter le même mouvement toutes les fois qu'ils sont har-

gneux, ntcmc A un faible degré, ou qu'ils veulent s'en don-

ner l'air en jouant. Pour se convaincre que cette explicationest bien l'expression de la realité, il suffitde considérer la

relation qui existe, chez un très grand nombre d'espèces

animales, entre cette rétraction des oreilles et la manière

de combattre.

Tous les carnivores combattent avec les dents canines, et

tous aussi, au moins dans les limites des observations que

j'ai pu faire, renversent leurs oreilles pour exprimer des dis-

positions hostiles. C'est ce qu'on peut voir tous les jours chez

les dogues, lorsqu'ils se battent entre eux sérieusement, et

chez les petits chiens, quand ils luttent pour s'amuser. Ce

mouvement est bien distinct de l'abaissement des oreilles

accompagné d'un léger renversement en arrière, que l'on

observe sur un chien joyeux et caressé par son mattre. On

peut le constater encore chez les petits chats quand ils luttent

Page 132: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CttHX t.K« À~tMAUX. ttC

dans leurs jeux, aussi itien que ohex les chats adultes, lors-

qu'ils sont réellement d'humeur farouche. (Voyez ci-dessus,

iig. a, p. 50.) On le sait; hten que protégées efficacementjus-

qu'A un <'ertain point par la position qu'elles prennent alors,

lesnMtllesMCfMBteatpas toujours saines et aauves do la l~a-

taille, ot l'on voit souvent chez les vieux chats des décbu'urcs

plus ou moins profondes, traces de IcuM l~olliqueuses riva-

lités. Dans les ménageries, ce mcrnc mouvement est très ac-

cusé chezies tigres, icsieopards. etc., braqu'Hs s'nccroupis-sent en grondant sur leur pâture. Le lynx possède d<~oreiHes

d'une longueur t'emat'qnahtf; si l'on approche un de ces ani-

maux dans sa cage, il les rétracte avec énergie, d'une ma-

nière fpn est expressiveau plus haut deg're de ses dispositionshostitcs. Un pitoquc, l'OfHfta pusilla, qui a d<' tt'~s petites

~rcillcM, les renverse de même est arrière quand il s'élance

avec colère aux jambes th' son gardien.

Lorsque leschevaux tuttcnt entre eux, ils mordent avec les

incMvcs et frappent avec les jambes de devant, beaucoup

plus qu'ik ne ruent des jambes de derrière. Ces observations

ont été faites sur des datons échappés ceta résn!te d'aiUeurs

d'une manière évidente de la nature des btessures qu'its !«;

font tes uns aux autres. Tout ie monde connatt t'air vicieux

que donne Aun cheval ce renversement des oreHtcs, qui est

parfaitement distinct du mouvement par lequel il prête at-

tention Aun bruit produit derrière lui. Si un cheval de mau-

vais caractère, ptacé dans susta!!ed'écurie, a des dispositionsAruer, ses oreilles se rétractent, par habitude, bien qu'iln'ait pas rintention ou le pouvoir de mordre. Voyezau con-

tfaire un chevat qui s'étancc en plein champ ou qui reçoitun coup de fouet: il lance vigoureusement ses deux jambesde derrière, mais en général il ne renverse pas ses oreilles.

car il n'est pas alors en coierc. Lesguanacos se battent ou-

trance avec leurs dents ces batailles doivent même être fré-

fluentes, car j'ai trouvé souvent des déchirures profondes

Page 133: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M MOYKK8M'EXPREMtOK

dnns le cuir de ceux quej'ai tués en t'atagonie. Leschameaux

font de même. Or, dans ces deux espèces, tes oreilles se ren-

versent encore fortement en arrière, en signe d'hostilité. J'ai

remarqué que les guanacos rétractent aussi leurs orei!tes lors-

fm'ttst n'ont pa~Mntention de mordre, mais seutcmcnt d~

lancer de loin leur salive sur l'agresseur dont la présence lesirrite. L'hippopotame lui-même renverse ses petites oreilles,exactement comme le cheval, quand il s'avance menaçant,1la gueule largement ouverte, sur ttn animal de son espèce.

Quel contraste entre les animaux précédents et les bœufs,les moutons, les chèvres, qui n'usent jamais de leurs dents

pour combattre, et ne rétractent jamais leurs oreilles sous

l'influence de la colère Si pacifiques que paraissent les mou-

tons et les chèvres, leurs mates se livrent quelquefois des ha-

tailles acharnées. Les cerfs constituent une famille très voi-

sine des précédentes; ne sachant pas qu'ils combattissent

jamais avec tes dents, j'ai été unjour surpris do trouver dansun récit du major KossKing les détails suivants sur l'élan

d'Amérique, qu'il a observé au Canada Lorsqu'il arrive

A deux ma!es (le se rencontrer, dit-il, ils se précipitent l'un

sur l'autre avec une fureur efl'rayante, en renversant les

oreilles et en grinçant des dents Il J'ai appris depuis parM. liartlett que certaines espèces de cerfs se buttent avec fu-

reur A coups de dent, en sorte clue le renversement des

oreilles de l'élan est encore une confirmation de la regte g6-nerute. Plusieurs espècesde kangurous, conservées au Jardin

zootogique, combattent en égratignant avec les pieds de de-

vant et ruant avec les pattes de derrière; jamais ils ne se

mordent les uns les autres, et jamais leurs gardiens ne les

ont vus renverser leurs oreilles lorsqu'ils étaient irrités. Les

lapins se battent surtout à coups de pied et Acoups de griffe,mais ils se mordent aussimutuellement je connaisun exemple

;t:t.TheSjMt~MMKttM~~Mf<t~ ~tCOtM<f«,<MG,p.M.

Page 134: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CttKX M8 ÀKtMAUX. <

dans lequel t'un d'eux emporta d'un coup de dent h moitié

de la queue de son adversah'c. Au début de la lutte, ils ren-

versent leurs omiUes; mais ensuite, lorsqu'il se précipitentles uns sur ies autres et se frappent A coups de pied, Us les

gnpficntredMssée~~utes remuent vivement dans toustes sens.

M. Bartiett a été témoin d'un combat acharné entre un

sanglier et sa fcmoite; iun et l'autre avaient la gueule ou-

verte et les oreilles rcoversée'), (cependant il ne parât t pas

que cette attitude soit hahituette aux cochons domestiquesdans leurs querelles. Lessang'iiers combattent en frappant d~'

bas en haut avec iours défense)!;M. Bartiett doute qu'ils ren-

v<*M<entjamais leurs oreiites. Les étéphants, qui luttent aussi

avec leurs défenses, ne rétractent pas ces appendices, mais

au contraire les dressent, en se précipitant les uns sur les

autres ou sur un ennemi d'espèce étrangère.Les rhinocéros du Jardin zoologique se battent avec leur

corne nasale; on ne les a jamais vus essayer de se mordrt'

mutuellement. si ce n'est en jouant; et leurs gardiens affir-

nnn'ntqu'ils ne renversent jamais leurs orcitics, &la manière

des chevaux ou des chiens, pour manifester des dispositionshostiles. Aussi ne puis-je m'expliquer commentSir S. Baker,racontant qu'un rhinocéros, tué par lui, avait perdu ses

«rciMes,ajoute « Hticsavaient été emportées d'un coup do

dent, dans une hataille, par un autre anima! de la même

espèce; cette mutilation n'est d'aitteurs pas rarc~.

Pour terminct', un mot sur tt'x singes. Quctqucs espèces.

qui possèdentdes orciUosmohih's <'tqui se hottfnt Acoups d''

d<*nt, pMr exempt' ic C<t'cop«~ec<MfM~er, n'uversent leurs

orci!tes, exactement comme h's cincns, torsqu'its sont irrités

ils prennent alors un aspect remarquabh'ment farouche. Chcx

d'autres, tels quo !MM~ ~coM</o<<M,on ne voit rien dcsem-

hhthh'. D'autres enfin, et c'est IAune anoma!ic singuti~rc.

Nt. yAc~e M6M<w<Mo/ A~MfMM,t867,p. 44U.

Page 135: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M MOYENSDHXPRHSStOKRMKXtRSA~tMÂUX.

rét ractent les oreIHe! montrent tes dents et font entendre

un grognement de satisfaction, lorsqu'on les CtU'esso.J'ai fait

cette observation sut' deux ou trois espèces de maca<pt6!t,et

sur le C~MOp~AectMt«~r. A coup sur, si nous n'étions pré-vent), n Dous~ct-nit t!!fne!!< ~ht donne'' Th~tUtdcqufnous Mvonsdo la physionomie des chiens, de rcconn~Mrc

dans tes ou'actèt'es précédents t'cxprcssion de ta .}oi<:ou du

ptaish'.

~<'<<fMMmeMtdes oreilles. Nousavons peu de chose à dife

sm' cf mouvement. Tout animut qmpeut mouvoir librement

ses oreHh's ttMdirige, iorsqu'H est cH'rayeou qu'il regardeattentivement un otjjct, vers cet objet lui-même, ann (le

Muisir tout son qui ponrrMit en provenir. En même temps ilt'etèvo géttét'atetnent Jn tête; tous ses organes sensoriaux sont

tdors eu éveU; certnias auimaux de petite tnittc se dressent

même sur leurs pattes de derrière. Les espèceseUcs-memet;

qui M'accroupissent stn* le sol ou qui fuient immédiatementdevant le danger prennent en gencnu l'attitude précédente,au premier moment. dans le but de découvrir ta source et

la.nature du péril qui les menace. La tète relevée, les oreilles

dressées et le t'cgard dirigé en avant donnent tl un ammal

quelconque uu<'expression d'attention profonde qu'il est im-

possible de méconnattre.

Page 136: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CUAmŒV.

KX)'tUMSt(M<!<SfÈCtALESOESAStMACX.

MoMvemetttxotprcMth~t<rer'<cttM)«):hieM.Chat. 0<ctat. !HtH)hMH«.Ktngea.EtpreMtoMdejoieet d'a<tbc«ot),deMu~rfmcc.doe~)ef<d'<H~MM~-otcntet<tc(erreur)'hM<'Mantmem.

Chien. J'au dôjAdëct'it r<M!pectd'un chien qui en appro-ehc un autre avec des intentions hostiles (ug. 5 et 7); les

oreines se dressant, le regard se dirige fixement en avant, le

poil se hérisse sur le cou et le dos, l'allure est remarquable-ment raidc, la queue est !t:vce en l'air et rectiligne. t)e ces

divers caractères, deux seulement, la raideur de l'allure et

le redressement de ta queue, demandent encore quelques

développements. Sir Ch. Bell fait remarquer' que, lorsqu'un

tigre ou un loup, frappé par son gardien, entre subitement

en fureur, '<tous les musclcs sont tendus et les membres sont

dans une attitude de contraction forcée t'animat est prêt A

bondir Cette tension des muscleset la raideur de l'attitude

qui en rcsutte peuvent s'expliquer par le principe de l'asso-

ciation des habitudes: en effet, la colère a toujours poussé a

des eûbrts furieux et parconséquent &une mise en action vio-

lente de tous les muscles du corps. Or il existe des raisons de

supposer que !f!système musculaire exige en qnetqnc sorte

une rapide préparation, un certain degré d'innervation, avant

de pouvoir produire une action énergique. Mespropres sen-

sations contirment pour moi cette hypothèse, qui cependant

t. r<M'~Ma~OMy0/'JSittM'eM<OM,<t~, p. t<!0.

Page 137: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

W KXPKESStOXSSP~CtALKS.n'est pas, que je sache, admise par les physiologistes. Toute-

fois Sir J. Paget m'apprend que, lorsque les muscles se con-

tractent brusquement avec une très grande force, sans aucutt<*

préparation, ils sont susceptibles de se rompre; c'est ce qm'on

obsfrvc quelquefois chez un îtbmmc qui fait un fnux paset

glisse d'une façon inattendue une pareille rupture se pro-duit très rarement. au contraire, quand l'acte musculaire.

quelque violent qu'il puisse être, est accompli de propos déli-

béré et sous l'influence <lela volonté.

Quant A lit position relevée de la queue, elle semble dé-

pendre d'un excès de puissance des muscles élévateurs sur les

muscles abaisseurs excès qui aurait naturellement poureffetde placer cet organe dans la situation verticale, lorsque tous

les muscles de la partie postérieure du corps sont contractas.

Je ne puis toutefois affirmer que cette explication soit l'ex-

pression de lu vérité. Un chien joyeux, trottant devant son

maître avec une allure gaie et alerte, porte généralement la

queut! en l'air, mais avec beaucoup moins de raideur que

lorsqu'il est irrité. Cn chova! qu'on lance pour la premièrefois en plein champ trotte gracieusement et A longues en-

jambées, en levant la tête et laqueue. Lesvaches eUcs-mtmes,

lorsqu'elles gambadent av<'csatisfaction, lèvent leur queued'une maniert' grotesque. On peut faire la même observation,

au Jardin xoologiquc, sur divers animaux. Toutefois, dans

certains cas, la position de la queue est déterminée par des

circonstances spéciales: par exemple, aussitôt qu'un cheval

prend le grand galop, il abaisse invariablement sa queue, de

manière à présenter à la résistance de l'air aussi peu de prise

que possible.

Lorsqu'un chicu est sur le point de s'etanco' sur un ennemi,

il pousse un grognement sauvage; ses oreilles se renversent

complètement en arrière, et sa lèvre supérieure se rétracte

pour laisser agir les dents et spécialement lescanines (fi~. H).Ces marnes mouvements peuvent s'observer aussi chez les

Page 138: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CtHBN. <?

dogmeset les petits chiens quand Usjouent ensemble. Cepen-dant si, au miHcudujeu, t'animât se met sérieusement en co.

!~re,son expressionchange immédiatement; ccqui tieots!mpte*tneut à ceque les tevref!et les oreilles M rétractent avec beatt'

B'at'fetnature,(farM.W«<M(.

coup plus d'énergie. Si un chien grogne conh'c un outre, sn

~v<'ese r~h'actc ~énératcmcnt (rnn }!eutcôté, celui <jutt'e~tn'dcson ennemi.

fat dect'tt (tuns h}chapitre JI IcsmoMvcmenis d'un chien

<}u!manifcstf'son affection pout'son mottrc~. C et 8). bt

Mte et le corps en<!<;rs'nbtusscutet se contom'ncnt en tn<mvc-

tnchtsficxueux; la queue est étendue et se bH!nnccd'nn côté

à l'autre. Les ofetUcs sont abaissées et MMpeu portées en

Page 139: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t!Xt'!ŒSStO!<88!'<~<ALM.i26

arrière, attitude qui force les paupières As'aUonger et médi-

na l'apparence de la face tout entière. Les lèvres sont rda-

chées et pendantes; te pnit reste tisse. Tousces mouvementset

ces attendes peuveut s'expliquer, je crois, par io principe de

t'antith~: cnr Hs sont en oppewitMne<]mp!eie avec eeux

qu'exécute natureiïcment un chien irrité, c'est-à-dire soumis

à un état d'esprit précisément inverse.

Lorsqu'un ho<nmcparle simptemcnt &son chien ou qu'itlui donne une tnat'quc d'attention, on voit tes dpt'nicfs vesti-

ges dt*ces mouvements dans le balancement de la queue,

qui persiste seul et ne s'accoltpagne même pas de rabais-

sement des oreiMes. Le ehîen manifeste encore son affection

en se frottant contre son muttre; le même sentiment te

porte Adésirer aussi !e frottement ou les tapes amicales de la

tnaiu.

Gratiolet rend compte des manifestations affectueuses qufnous venons d'indiquer de la manière suivante; le lecteur

jugera par iui-mème de la valeur de ces explications, fartant

des animaux en général, y.compris le chien C'est toujours,

dit-il, la partie la plus sensible de leur corps qui recherche

les caresses ou les donne. Lorsque toute la longueur des t!aocs

et du corps est sensthie, l'animal serpente et rampe sous h's

caresses; et, ces ondulations se propageant le long des mus-

cles analogues des segments jusqu'aux extrémités de la

colonne vprtébratc,ta queue se ploie et s'agite~. Plus loin,il ajoute que le chien, dans l'expression de son affection.

abaisse ses oreilles, afin d'éliminer toute perception sonore,et de concentrer son attention entière sur lescaresses de son

mattrc!

Leschiens ont encore une manièrt} tr~s remarquaMc de

manifester leur affection pour leur maître: elle consiste a lui

techer les mains on le visage, Ils se lâchent a.ussiquelque-

n<! PA~MOtK«',<Sti;p. 2t)t.

Page 140: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t'ittKX. <?

fois entre eux, et toujours sur le museau. J'ai vu égalementdes chiens tcchor des cimts avec lesquels ils vivaient en honnf

intelligence. signe expressif dérive sans doute de l'habi-

tude qu'ont les fenteth's d'' poMt'~ch<;t'teut* peUts, ic plus

chep objet de totn' affection. dans le but d'' les nettoyft'.Souvent <msNton Jes vo!t donttft' A tcut*pt'o~ntttu'c, apn'sune coMrte absence, quetquct! coups d<! ian~uo rapides, f~t

paraissent simplement destines A <'xprimet' leur tendresse.

Cette habitude a du s'associer ainsi avec tonte émotion affec-

tueuse d'une origine quelconque. Aujourd'hui elle est si for-

tement acquise par hérédité ou innée, qu'c!te se transmet

également aux deux sexes. Dernièrement on tua chez moi les

petits d'une femelle de chien terrier, que je possède, et quii

s'est toujours montrée très affectueuse; j'ai été très frappe,en cette circonstance, de ta manière dont elle essaya de satis-

faire son amour maternel instinctif, en le reportant sur mo!

son desh' de me lécher les mains était passe A l'état de passioninsatiaMe.

Le même principe exptiqae probab!cment pourquoi Jtcs

chiens, pour exprimer leur affection. aiment A se frotter con-

tre leurs maUrcs et &être frottés ou tapés amicalement pat'

eux; en effet, pendant l'allaitement de leurs petits, !c contact

avec un objet aimé s'est associé fortement dans leur espritavec les émotions affectueuses.

L'affection qu'éprouve le chien pour son mattre se mélanged*un sentiment profond de soumission, qui tient un peu de

la crainte. Aussicertains chiens ne se bornent pas il abaisser

leurs oreilles et As'aplatir un peu en approchant leurs tna!-

mais s'allongent sur le sol, le ventre en l'air. C'est là un

mouvement aussi opposé quo possible toute démonstration

de résistance. J'ai possède jadis un gros chien qui ne redou-

tait nullement de se mesurer avec des adversaires de son

espèce; cependant il y avait dans le voisinage un chien de

berger, sorte de chien-loup, d'humeur pacinque et beaucoup

Page 141: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<9« KXPKR8SiON88MCtAM8.

moins fort, qui avait sur lui une étrange in&ueocc. LoHtntole hasard les mettait en présence, mon chien avait coutume

de courir &sa rencontre, la queue entre les jambes et le poil

lisse puis il s'allongeait à terre, le ventre onl'air. semblait

ninsi dire phMetmrement~qM&par tout~diMour&suis ton esclave.

Certains chiens expriment d'une manière très particulièreune disposition d'esprit agréable~gaie, en même temps qu'af-fectueuse je veux dire par une sorte de rictus. Somervillc

avait fait cette remarque, il y a déjà longtemps

ciAvecun rire ttattcHf,le chiencafessa~Tusaiuc;il s'accroupit;sesnarineaMditatenUargement;n ondule,et sesgrandsyeuxil lanoireprt)nc!!eS'humectentdedouccacaresseset d'humbtejoie.M

La~A<tMC,iiv.t.

!.e tameux iévrtet' écossais do Wa!icr Scott, Maïda, avait

cette habitude, qui est du reste communechez les terriers. Je

l'ai constatée aussi chez un roquet et chez un chien de berger.M. Itivière, qui a porM tout particulièrement son attention

sur cette expression, m'apprend qu'eHese manifesterarement

d'une manière complète, mais très communément au con-

traire. Aun faible degré. Laievre supérieure se rétracte alors,comme pour le grognement, de sorte que lescanines se décou-

vrent; en même temps les oreiucs seportent en arrière tou-

tefois l'aspect général de l'animal indique clairement qu'iln'est pas irrité. <'Le chien, dit Sir liell, pour exprimer la

tendresse, renverse légèrement les lèvres; il grimace et reni-

lie, en gambadant, d'une manière qui ressembleau rire~.

Certaines personnes considèrent en etiet cette grimace commu

un sourire; mais si c'était réellement un sourire, nous ver-

rions ce même mouvement des lèvres et desoreilles se repro-

y/teAHa<omyo/ Rept'eM<o~<8t4,p. t<0.

Page 142: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CtURK. ~9

urum< 9

').1

duire d'une manière plus accusée encore, quand ranimât

poussedes aboiementsdojoie or it n'enest rien; on voit sou-

lement l'aboiement de joie et la grimace en question se succé'

der fréquemment. D'autre part, les chiens, lorsqu'ils jouent

{M'ec~eurs compagnonson avec leurs maîtres, ont presque

tot~ours t'ait' de vouloir mordre, et alors ils rétractent, peu

energiqnemcnt il est vrai, leurs lèvres et leurs oreilles. Aussi

cxiste-t-it, je crois, chex certains chiens, lorsqu'ils éprouventun vif plaisir en même temps qu'un sentiment onctueux,une tendance à agir sur les mêmes muscles, par l'effet de

l'habitude et de l'association, comme s'ils voulaient encore

mordiHer quelque compagnon de jeu ou les mains de leurs

mattres.

J'ai décrit, dnns le chapitre H, l'attitude et la physionomiedu chien lorsqu'il est joyeux, et l'opposition bien marquée

qu'elles présentent quand il est abattu et désappointé dans

ce dernier cas il abaisse la tête. les oreilles, le corps, la queue,la mâchoire son regard devient terne. S'il attend au con-

traire un grand plaisir, il bondit et gambade d'une manière

extravagante, tout en aboyant de joie. La tendance à aboyer,dans cet étatd'esprit, a été acquise par hérédité; elle est entrée

dans. le sang. On sait que les lévriers aboient rarement;observez au contraire un roquet que son maître va mener

&la promenade ses aboiements continuels deviennent fati-

gants.

Une vivo douleur se manifeste chez le chien A peu pr<*scomme chez la plupart des animaux, c'cst-a-dire par des hur-

lements, des contorsions et des mouvements convulsiis du

corps entier.

L'attention est exprimée par l'élévation de la tctc, le

redressement des oreilles, le regard dirigé fixement sur l'ob-

jet ou le point qui la provoque. S'il s'agit d'un bruit dont

Page 143: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M KXPKKSStOMS8f6CtAhE8,

l'origine est inconnue, on voit souvent le chten tourner Ïa

tato ol~iquement d<*droite Agauche, de la manière ln pins

si~ittcfttive. prolMtI~ement pour juger plus exactement de

quel côté vient ce bruit. J'ai vu un chien, vivement surprit

d'entendu un son Mouwe&upouf lui, tourner ainsi 1&t6te, pMl'effet de l'habitude, bien qu'il en perçût clairement la source.

J'ai déjà fait remarquer qu'un chien, dont l'attention est éveil-

lée d'une manière quelconque, qui guette quoique objet, ou

qui prêta l'oreille à quelque hruit, lève souvent une patte

(Hg. ~) et la tient rcpiiéc, conunc s'il voulait se préparer A

approcher lentement et avec précaution.

Sous rinnucnce d'une terreur extrétne, le chien se route

à terre, hurle <'t laisse échapper ses excrétions; je ne pense

pas que son poil se hérisse jamais dans ces circonstances, ai

moins qn'it ne ressente est même temps de la colère A un de-

~ré plus ou moins marqué. J ai vu un chien terrifié Al'oute

d'une musique bruyante exécutée par uue troupe de musi-

ciens hors de la maison tous les musclesde son corps trem-

blaient: son cœur palpitait avec une telle rapidité qu'on

pouvait. difficilement compter tes battements; s<trespira-tion était haletante, et il ouvrait largement la gueule. Ces

symptômes sont aussi ceux qui caractérisent la terreur

chez l'homme. Mien entendu, ce chien n'avait fait aucun

exercice; il était en tfMin de se promener paisiblement et

avec lenteur dans !&chambre j'ajouterai qnc le temps était

froid.

La frayeur, même Aun très faible degré, se manifeste invar-

riablement par la position de luqueue, (pu se cache entre les

jambes. En mem<'temps les oreilles se portent en arrière.

mais sans s'appliquer exactement contre la tête, et sans s'a-

baisser, mouvements qui s<;produisent, le premier quand le

chien grogne, le second quand il est joyeux ou qu'il veut

Page 144: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMtEN. t3t

toKtoigncr son affection. Lorsque deux jeunes ctuens se pour-suivent en jouant, celui (lui fuit devant l'autre c<u;hetoujourss& queue entre ses jambes. La même attitude est prise par le

chien qui, au comble de la joif, tournoie comme un fou au-

tour de son ma~tr<~en décrivant des ctrconi'érences ou des

huit (le chiffre; it ag~italors comme s'i! ëhdt pout~ttivi pat'nn autre chien. Cette façon sinjtfutiëM'do jouet', htcn connue

de tous ceux (lui ont observe cet ammat, est pat'ttcnti~retncnt

fréquente torsqu'it &été nn peu s)t!'pr!sou effraye, pat' exctt)-

pto quand son tnattre se jette jjrusquemcnt sur ht! dans l'ohs-

cm'ite. Danscp cas. aussi btcn (ptchu'Sftue deuxjeunes chiens

se poursuivent t'un J'autt'e en jouant, il sonbto que le pout'-suivi craigne d'être saisi par lu queue; cependant, que je

sache, ces animaux ne se saisissent que trf's rarement les

uns les autres de cette manière. Unamateur, (lui avait gardédes chiens courants toute sa vie, m'u aftirtnc n'avoir jamaisvu un chien saisir un renard par In queue; cette observation

<t été confirmée par d'autres chasseurs expérimentés, t! sem-

b!e que le chien poursuivi, ou en danger d'être frappe parderrière, ou exposé a la chute d'un objet quelconque, veuille

retirer aussi rapidement que possible tout son arrière-trainet que par suite île quoique sympathie ou de que!que con-

nexion entre les muscles, la queue se retire alors complète-ment en dedans et se cache entre les jambes.

!!n mouvement analogue, intéressant &la fois l'nrrièrc-

train et la queue, peut se constater chez l'hyène. D'après les

observations de M.Hartictt, lorsque deux de ces animaux se

battent ensemble, chacun d'eux a parfaitement conscience de

la puissance de la mâchoire de son adversaire; aussi sont-ils

pleins de défiance et de précaution, tts savent bien que si

l'une de leurs jambes était prise, t'es serait immédiatement

bfoyé en morceaux; c'est pourquoi ils s'approchent, les g'c-noux néchis, les jambes repliées autant que possible en de-

dans, et le corps entier courbé, de manière à ne présenter

Page 145: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

i9) RXPRMStONS SPËCtALRS

aucun point saillant; en même temps la queue se dissimule

complètement entre les jambes. Dans cette attitude, Uss'a-

bordent par côté, et même un peu par derrière. Diverses

espèces de cerfs, dans leurs batailles, cachent aussi leur

qupKë de ta même marnera. Qnand un cheval essaye en

jouant de mordre l'arriére-train d'un autre cheval, quandun gamin Itrutal frappe un baudet par derrière, on voit

encore le train postérieur et la queue de l'animal se por-ter en bas ot en dedans; mais ce mouvement ne paraît

pas avoir simplement pour but de mettre la queue a l'abri

de toute lésion. Nous avons parlé plus haut du mouve-

ment inverse lorsqu'un animal trotte allègrement A lon-

gues enjambées, sa queue est presque toujours élevée en

l'air.

Comme on l'a vu, un chien poursuivi et fuyant dirige ses

oreines en arrière mais il les maintient ouvertes, évidem-

ment dans le but d'entendre les pas de celui qui le suit. Par

l'effet de l'habitude, les oreilles prennent souvent la même

position, en même temps que la queue se cache entre les

jambes, alors morneclue le danger est manifestementen face.

J'ai souvent remarque, cbex un terriercraintifqueje possède,

que, lorsqu'il est effrayé par quelque objet placé devant lui,dont il connait parfaitement la nature et qu'il n'a pas besoin

de rcconnaUrc, il garde cependant pendant longtemps la

queue et les oreilles dans cette situation, montrant un ma-

laise évident. La contrariété, sans frayeur, s'exprime de la

même manière; ainsi, je sortais un jour précisément au mo-

ment où ce même chien savait qu'on allait lui donner a

manger; je ne l'appelai pas; cependant il avait envie de

m'accompagner, mais en même temps il désirait son dmer;il restait immobile, regardant tantôt en avant, tantôt en ar-

rière, la queue entre les jambes et les oreilles basses, présen-tant une apparence d'indécision et de contrariété sur laquelleil était impossible de se méprendre.

Page 146: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMtES. <~

l'resque tous les mouvements décrits ci-dessus sont innés

ou instin~ifs; car ils sont communs & t~us les individus,

jeunes ou ~ioux, de toutes les espèces il faut excepter la

grimace rmnte qui exprime ta joie. La plupart de ces mou-

vement& sottt égalenient communsaux parents aborigènesdu chien, c'est-à-dire au !nup et au chacal, et quelques-uns

d'autres espèces du mémo groupe. Les loups et les chaca!s

apprivoisés, lorsqu'on les caresse, sautent de joie, remuent

la queue, abaissent les oreilles, lèchent les mains de tour

OMttrc, s'accroupissent, et même se roulent sur le sol, le

ventre en l'aire J'a! vu un chacat tl'Afri<tuc, originaire du

~abon, et ressemblant heaucoup a un renard, abaisser les

oreille:' quand on le caressait. Le toup et le chacal effrayésdissimulent certainement leur queue entre leurs jambes. J'ai

entendu raconter qu'un chacal appnvoisé tournait autour de

son maître en décrivant des cercles et des huit de chiffre,

tout comme un chien, et en cachant sa queue de la mémo

manière.

On n. prétendu que le renard, metne apprivoisé, n'exé-

cute jamais aucun des mouvements expressifs dont il vient

d'être question; cependant cela n'est pas rigoureusementvrai. J'ai observé, U y a déjà plusieurs années, au Jardin

Zoologtque, un renard anglais très privé qui, caresse par son

gardien, remuait la queue, abaissait lesoreiMes, puis se rou-

lait sur le sot le ventre eu l'air: j~ai publié ce fait A cette

époque. Le renard noir de l'Amérique septentrionale abaisse

aussi ses oreilles à un faible degré. Maisje crois que les re-

4.Guetdenstadtdonnediversdétailssurce sujetdansson travailsurlechacal(Yov.Camr».,rta~d.Sc.Imp.pc~trop.,t7i5, t. X~. ~i'i9~. "1'oye~ehaca!(JVoc.C<Mn<n.~Md. Se.JtMp.Pd<fop.,<'77~t.XX,p.H9).– Voyexencoreun artictecxccUcntsurks allureset lesjeux decet anhnatdanst<tH<<eMdWotcf,octobre<8M. Le ticutcnantAnncsiy,de t'annceanglaise,m'a aussicommuniquéquelquespat'ticutantcsrelativesau cha-eaL J'ai réuniun grand nombrede renseignementssur les toupaettes chacalsdu Jardin Zoologique,et je tesai observésntot-tneme.

S.Lan<ia)t<<Wa<t'<t!nov. )8M.

Page 147: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<3< MXt'KMSS!OK8 StPHCtALËS

-'1- 9- ..1. .I.nards ne techent jamais les mains f!c tcnrs mattt'es,etje me

suis assuré qu'ils ne cachent pas leur queue sous l'influence

de lu crainte. Si l'on admet l'explication que j'ai donnée de

t'expression des sentiments affectueux chez ie chien. il

nc'mt~e qwR des Mtttt~MtxqtM n'ont jamais passés A l'étatdf domestication. c'est-a-dirc le loup. tccbacat et même

te t'cnard, oot néanntohtSMcquM~pu vct'tndn princ!pe de

t'anttth~f, ce!'<f<nnsgestes expfesstfx en effet, il n'est p<M

pt'obahie que ces animaux, cmprisotm~ dans leurs cages,atcnt pu apprcndt'eces~cstcs en inutant des chiens,

Cliat. J't'i déjà décrit ia tnnn!6t'ed'être d'un chat qui est

irrité, sans frayeur (fig. !)'). !)s'accroupit et rampe sur le sol

que!tpefois il avance sa patte de devant, en faisant saiMirt'

ses ~t'Kt'es,pour ett'e pr~t a ft'appet'. La ~ueue est étendue.

et elle ondule ou frappe vivement d'un cAtë à i'autre. Le poilno se hérisse pas c'est du moins ce clue j'ai vu dans les

tjuelquescasquej'ait'u t'occasion d observer. L'animât ren-

verse fortement h's orcitic)! en an'iere <'t moah'c les dents,

pn poussant df sourds grondements. t'out'quoi t'attitude d'un

chat qui sf' prépare As<'hattr<*avec un autre ctiat, ou quiest viotcnMn<'nt irrité d'une tnaniere quetconque, diffère*

t-eih' si comptetenteut de coMcque pt'cnd le chien dans des

circonstances semhtabies? Unpeut le comprendre en se rap-

petant que le chat frappe avec les pattes de devant, ce quirend la position accroupie commode ou même nécessaire. Il a

aussi, beaucoup plus que le chien. l'habitude de se mettre

en embuscade pouf tomber brusquementsur sa proie. Quant

aux mouvements de ta queue, i! <*stimpossible de leur assi-

~ncf uue cause avec quetque certitude. lls se retrouvent chez

beaucoup d'autres espèces; citez !<' puma par excmpjf, au

moment ou il sf dispose a s'etancer" on ne les observe pas

6.Azara,()M«dfM~<M~«~M< <M)~1.1,p. <M.

Page 148: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CMAT. <at5

au contraire chcxio chien, ni chez te renard, d'après les

observations faites par M. Saint-John sur un renard aux

aguets et saisissant un lièvre. Nous avons d~A vu que cer-

taines cspect's de sauriens et divers scrpf'nts agitent rapide-menH'c&tr~jcmtc de lent' queue en signe décolère. semble

qu'il scprodnist', soust'mtinence d'une excitation cnet'g-ique,un iryésistthic hoscin de tnouvcmcnt d'.mt<*nMtm'f<;t«'!con-

que, hcsoin du a la surahondanM d<'fot'cRn<'rvpus<'émanée

dit. scu~finm; ntot*s!a ~ttcup, qui r<<<'iit~rc et dont les

mouvoncnts ne U'ouhtcnt point l'attitude g6n6t'atc du corps,st*hatanc*' ou fouette l'air de coté <'td'autre.

Lorsqu'un chat veut témoigner son affection,tous ses <nou-

vcmcntssont en complète antith~K* avec ceux que nous ve-

nons de décrire, 11a<'ti<'nt droit sur ses pattes, te dos iege-retncnt arqué, ta queue élevée verticalement~ tes oreilles

drcssëcs; en même temps il frotte son museau ou ses Canes

contr<' sott mettre ou sa mattressc. Ce dësir de se frotter

contre quelque chose est si intense chez les chats, qu'on les

voit souvent se frotter contre les pieds des chaises ou des

tahies, ou contre tes chambrantes des portes. Cette manière

d'exprimer l'affection dérive probablement, p<u*voie d'asso-

ciation comme chez le chien, des caresses que prodigue lit

mère a ses petits pendant rattaitement: peut-être aussi de

l'amitié que tes petits cux*tncmcsse portent mutuellement et

se témoignent dans leurs jeux. J'ai déjà décrit un autre geste,très ditferent, par lequel cet animât exprime le plaisir; jeveux partei' de Ja manière curieuse dont tes chats jeunes, et

même vieux, avancent alternativement les pattes de devant

en écartant tes doigts, comme s'Hs étaient encore suspendusa la mamelle maternelle. Cette habitude est si analogue a

celle de se frotter contre quelque chose, qu'elles doivent dé-

river, aussi bien l'une que l'ttutre, d'actes accomplis pen-dant la période de FaHaitement. t'ourquoi te chat mani-

Page 149: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M EXJPRMStONSSPt4C<AtK8.festo't-ilson affection en se frottant, beaucoup plus que le

chien, bien que ce dernier aime le contact de son mattro?

t'ourquoi le chat lèche-t-il rarement les mains de ceux qu'il

atme, tandis que le chien le fait continuellement? Je ne puis

.-répondre.A ces qMestions. Le chat tM netteté en léchant sa

fourrure beaucoup plus régulièrement que le chien; cepen-dant la langue du premier parattrait moins bien disposée

pour ce genre de travail que la langue bien plus longue et

plus flexible du second.

Sous l'influence de la terreur, le chat se dresse aussi haut

que possible. en arquant son dos d'une manière bien connue

et risible. Ucrache, soufHe ou ~ro~rnc. Son poil se hérisse

sur tout Je corps et particulièrement sur la queue. Dansles

exemples que j'ai observes, la queue etie-meme se t'o!evait

vers sa base, tandis que l'extrémité se portait d'un c~te: quel-

quefois (Hg. i5) cet appendice se sotdcvo seulement un peuet s'in(!cc!nt latéraicmeut presque à partir de sa racine. Les

oreilles se portent en arrière les dents se découvrent. fars-

que deux petits chats jouent ensemble, on les voit souvent

essayer de s'effrayer mutuellement par ces divers mouve-

ments. Si on se rappelle ce que nous avons vu dans les cha-

pitres précédents, tous i<*scaractères cxpressits ci-dessus

peuvent s'expliquer, un seul excepté, l'incurvation exagéréedu dos..J'incline a penser que<de même que beaucoup d'oi-

seaux hérissent leurs plumes et étateni tours aûes et leur

queue pour se faire paraître aussi gros que possihtc, de

même le chat se dresse de toute sa hauteur, arque son dos,étève souvent la base de sa queue, et hérisse son poil, le tout

dans le même but. On dit que le lynx arque aussi son dos

lorsqu'il est attaqué cest dans cette attitude que Brehm l'it

représenté. Cependant les gardiens du Jardin Zoologiquen'ont jamais constaté la moindre tendance a prendre cette

position chez les félins de grande taille, tigres, lions, etc., qui

Page 150: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OHAT. 137

ont, il est vr&i, peu do motifs pour être effrayés par ttucnn

Mttr~nnimaî.

Le ctmt etnptoie frëquetnment ta voix comme moyen d'ex-

t~. <& Chat c)ïra)e )*ar Mt)chic)!

&'a))re: nah'rc. par M. Wo<td.

pression; il émet, sous t'inHuence d'émotions ou de désirs

divers, au moins six ou sept sons différents. Le ronron de sa-

tisfaction, qu'it produit pendant t'inspiration et pendant

l'expiration, est un des plus curieux. Le puma, !c cheetah et

Page 151: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t!M KXt'RKS~OKS St'KCtALt!

l'ocelot font aussi le rouot; le ti~rc exprime le plaisir « parun reniHftneat t~t'eftout pat'ticntier, accompagné du rappfo*chôment des paupières t! paratt que le lion, te jaguar et.

te léopard ne font pas te rouet.

CAM'<t/. Lorsqu'il v<*utmanifester dt's intentions hostiles,!(' ch<;val renverse complètement s<*s oreiHea en arn&t'e,avance sa <~<' et découvre partiellement ses dents inci-

sh<'s, pour ~tt'c prêt & mordre. S'U a des d!spost!tions a

t'net', t'hnbUnde ht! fait encore renverser tes oretUes: de

plus, ses yeux se tournent en arrière d'une façon particu-Here". Pour esprimer ]e ptaMh'~par exemple quand on placedevant lui dans son écurie une pâture convoitée, il lève la

t~'tc et tn ramène en arnere; il dresse les oreilles; il suit

d'un t'e~nrd attentif j'ami qu! vient satisfaire son désir; soit-

vent il hennit. Hcxpritne l'impatience en frappant le sol du

pied.L'attitude d'un cheval subitement effrayé est expressive

au ptus haut degré. J'ai vu un jour mon cheval épouvanté

par ta vue d'un semoir mécanique couvet't d'une hache et

abandonné en plein champ. !t leva la tète si haut que son

cou devint presque vertical c'était évidemment un geste de

pure habitude: car, la machine étant ptacée sur un talus in-

férieur, il ne pouvait servir ni A la lui faire voir plus dis-

tinctement, ni a mieux entendre le hruit qu'elte aurait pu

produire. Ses yeux ':t ses oreUtes étaient fixement dirigésen avant. A travers la selle. je percevais les battements ra-

pides de son cœur. Il rcnit!ait vïo!cn)mcnt, tes narines

rouges et dilatées. Enfin, faisant un demi-tour, il serait parti

7. L<!H~<!H«fWa< <M7,p. <M7. V<Mraussi sur le Fa~M,AMMt,toc.c<<.

8. Sir C.Hett,~M<t(<<~j~cpn~oM,3"éd.,p. <23.VoiraMMtp. <M,sur la dilatationdesnarineschez )echeva!,etses rapports avecl'ab-sencede la respirationpar ta bouche.

Page 152: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MUMtKAXTS. <30

au grand galop si je ne l'avais maintenu. La ditatation des

marines n'a pas pour but de flairer ta source du danger; car,

lorsqu'un cheval naire avec soin un ottjet, sans être effrayé,cette dilatation ne se produit pas. (.race Ala présence d'une

valvtuepapttOttttèpedMMMt gorge, le cheval qui palptte oc

respire pas par la bouche ouverte. mais par tes narines, quiont du, par conséquent, acquérir un<*aptitude d'expansiontt~<!tnat'quée. (!ette expansion, aussi bien que le ronflement

et les palpitations du cœur, sont des actes qui ont dû s'asso-

<'iprfortement, pendant une longue suite de générations, a

l'émotion de la terreur; car la terreur a poussé habitueUe-

ment le cheval a l'exercice le plus viotent, pour fuir ventre a

terre la cause du danger.

Fï<MMtM<M<<.Les hœuts et les moutonssont remarquables

par !a pauvreté des moyens A l'aide desquels ils exprimenten général leurs émotions ou leurs sensations il faut en

excepter cependant t'cxtrcme souffrance. Un taureau furieux

ne manifeste sa fureur que par la mani&rc tient il baisse la

tcte. en dilatant sesnarines et en beuglant. Quelquefoisaussi

il frappe le sol du pied: mais ce mouvement doit être bien

différent de cctuid'un chevat impatient; car, lorsque le sol

est poudreux, il soulève des tourbiHons de poussière. Le

taureau se comporte de cette manière, je crois, quandil est

harcelé par les mouettes, dans le but de les chasser. Les

races sauvages de moutons et Jes chamois, lorsqu'ils sont

effrayés, frappent du pied et siu!cut par les narines; ils si-

gnalent ainsi le danger a leurs camarades. Le hœnf musquédes régions arctiques frappe de même !e sot, en présenced'un ennemi Quettc est l'origine de ce geste? Je ne puis ledeviner: car, d'après tes recherches que j'ai faites, il ne

H.taM~and W<~ i8CO,p. <M.

Page 153: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

«o BXPKESStQKSSP~CtALE~.

parait pas qu'aucun de ces animauxcombatte avec les jambesde devant.

Certaines espèces do cerfs manifestent leur colère d'une

manière beaucoup plus expressiveque les bœufs. tes moutons

et ch~M~. ~otts~vcns~ ~0' 'prrrt; ..CYI1P".Cf'M"'nui.maux rcnv'rsent tes oreilles en a mère, grincent des dents.

hérissent leur poil, poussent des cris, frappent te sol du piedet secouent leurs bois. ~n jour, nu Jardin Xoologiquc, te

cerf de Formosc (CervuspMMdaj!<a)s'approcha de moi dt)~

une attitude singuti~re. ta tet<mn peu oblique et le museau

levé en fuir, de manterc que ses cornes étaient renven~fs

sur son cou. L'expr~sioo df son t'cgard m'indiquait évidem-

ment des dispositions hostiles; il approcha lentement, puis,en arrivant contre ta grille, au ticu de baisser 1~ tète pourme frapper, il ramassa subitement son cou et vint heurter

avec force de ses cornes tes bafreaux de fer. M. BarUett

m'apprend que quelques autres espèces de cerfs prennent la

même attitude lorsqu'ils sont furieux.

~Mt~M. Lessin~ei! des diverses espèces et des divers

genres expriment iem's sentiments de manières très diffé-

rentes. Ce fuit est intéressant, car il touche jusqu'à un cer-

tain point à la question de suvoir si ics pretendnes l'aces

humaines doivent être considérccs comme des espèces o.t

comme des variétés en effet, nous le verrons bientôt, les di-

verses races humainfs expriment leurs émotions et leurs

sensations avec une remarquahte uniformité sur toute la sur-

face du glohe. Quelques-uns des actes expressifs des singessont intéressants encore Aun autre point de vue, je veux dire

parce qu'ils sont exactement analogues à ceux de l' homme.

Comme je n'ai eu l'occasion d'étudier aucune espèce du

groupe dans toutes les circonstances possibles, les observa-

tions éparses que j'ai pu faire seront mieux classées sous le

chef des différents états d'esprit.

Page 154: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

StKCKS. t4t

~OMtf, joie, <t/y«'<<on. M est impossible de distinguerchez les singes, au moins sans plus d'expérience que jen'en ni, l'expression du plaisit* ou (te lit joie do celle de

t'auection. Les jeunes chimpanzés font entendre une sorte

~bMeme&t pour exprimer Jteur joie du retour d'uno per-sonne a laquelle ils sont attachés. Ku produisant ce bru!t,

quêtes gardiens qualiuentdo rire, ils avancent les lèvres.

Cu mouvement est du reste commun A l'expression de di-

verses autres émotions; toutefois, d'aptes mes ohservauons,lit forme des tevres est un peu dittet'entc, suivant qu'elle

exprime le plaisir ou la colère. Lorsqu'on chatouine un

jeune chimpanzé (c'est, surtout t'aM~eUequi est sensible au

chatouillement, comme chez les enfants), il articule un

son joyeux ou un rire assez caractérisé; c'est cependant

quelquefois un rire muet. Les coins de la bouche sont alors

tirés en arrière, ce qui plisse parfois un peu les paupières

inférieures; toutefois ce plissement des paupières, qui est

un trait caractéristique du rire humain, s'observe mieux

chez d'autres singes. Les dents de la mâchoire supérieurene se découvrent pas, ce qui distingue le rire du chimpanzédu nôtre. railleurs ses yeux pétillent et deviennent plus

brillants, d'après les observations de M.W. L. Martin, qui a

étudié d'une manière toute spéciale J'expression chez les

singes

Quand on chatouille un jeune ornng, il fait une grimaceriante analogue et il produit un bruit de satisfaction; d'a-

près M. Martin, ses yeux deviennent en même temps plusbrillants. Aussitôt que ce rire cesse, on voit passer sur sa

face une expression qui, suivant une remarque de M.\Val-

lace, peut se comparer &un sourire. J'ai observé quelquechose d'analogue chez le chimpanzé. Le docteur t)uchcnnc.

)<t.JV«<Kf<t/Ms~~ o/dtNMN/M, f8~, vot. t, p. 383,HO,

Page 155: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ttX t~t'HKOatONa SPt~tALKS.

et je ne pourrais citer une moUteurc autorité, m'a ra-

conté fjju'itavait conservé chez lui pendant un nn un singe

parMtfMtcnt apprivoisé toMque, au moment du repas, il

lui donnait quelque friandise, il voyait tes coinsile sa bouche

M'At<%vertrès .té~èremeat; 4LdistinguaH abrs tr6s noAtcment

sur la face de cet animât une expression de satisfaction res-

sembtant A une ébauct:c de sourire, et rappelant celle quet'en observe souvent sur h; visage humain.

l.e CetM.as<!<'tP"cmctdc tnetnc un son particulier, une

sorte de ricanement (en allemand ~«'/«n~), pour exprimerle ptaisir qu'il éprouve A revoir une personne aimée. U

<M(primc«ussi des sensations ag't'ëables est tirant en arrière

les coins de sa bouche, sans produire aucun bruit. Renier

quatine ce mouvement de rire, mais on pourrait t'appeter

plus exactement un sourire. La forme de ta bouche est

toute dinercnte dans l'expression de la souMrance ou de la

terreur, (lui se manifestent en outre par des cris perçants.Au Jardin Zoologique, on voit une autre espèce de C<'&<M

(C. Aypo~tMw). qui témoigne sa satisfaction en poussantune note aiguc, perçante, répétée, et en attirant c~atcmenten arrière les commissures de ses lèvres, probablement

par ta contraction des mêmes niuscïcs que chez nous. Chez

!csmj!fe de Barbarie (~MMtM<'c«M~<Mft),ce tnouwMtent est

singuUerement prononce, et lit peau de ta paupière infé-

rieure se piisse. Kn même temps, l'animal remue rapide-ment la mâchoire intérieure ou les lèvres, d'une manière

spasmodiquc, et découvre ses dents; mais le bruit qu'i!

produit n<'st j~uerc plus distinct que celui que nous dé-

signons quelquefois suus le notn de rire muet. A t'époqueoù je n'avais encore aucune expérience des habitudes de

tf.Mengger (SefM~A~eMMPox~MO~,<tf:!0,s. M; a conserveen

cage des singesde cette espècependant ptustcurs années, au Paraguay,leur patrie.

Page 156: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

StKGKS. tt)

ces animaux, deux de leurs gardiens m'ayant auirmé un

jour que ce bruit A peine percoptibit: constituait en euct

leur manière de ru'e, j'expritnai quelque doute à cet égard

ils mirent alors l'uu d'eux en présence d'un singe En/~M<

qm vivait damsla même cage, et qu'il détestait; aussitôt

l'expression de h &ce de l'/MUMt changea compictfimcntil ouvrit la bouche beaucoup plus iargcment, dccouvt'it

plus comp~tctncnt ses dents canines et poussa une sorte

d'aboiement mu~ue.J'ai vu un gardien provoque!' d'abord un babouin /iMM-

6M (CyMocc~attMOMMt'M)et t'amener ainsi faci!em<'MtA un

état de rage vMcnto, puis Mure la paix avec lui et lui

tendre la main; au moment de cette recoMciliation, le ba-

!)onin remuait rapidement ses mâchoires et ses lèvres de

haut est bas. avec une expression de satisfaction marquée.

Lorsque nous rions aux ëciut~, nos mâchoires sont agitéesd'un mouvement ou d'un tremblement semh!ab!c plus ou

moins distinct; seulement, chez rhommc, les muscles de

ta poitrine sont plus particuncrcment mis en action chez

le babouin, au contraire, et chez divers autres singes,c'est sur les muscles des mâchoires et des lèvres que portece mouvement spasmodiquc.

J'ai déjà ou l'occasion de faire remarquer ta singulière

façon dont deux ou trois espèces de macaques et te C~no-

~MMM<Mt~er expriment la satisfaction que leur causent

des caresses, en rétractant leurs oreilles en arrière <'t fai-

sant entendre un léger son tout particulier. Chez le Ct//<o-

pt<AecM<(Hg. i7). les coins de la. bouche sont en mcmc

temps tirés en arrière et en haut, de manière t1laisser les

dents a découvert; si l'on n'était prévenu, il serait difficile

de reconnaître dans ces caractères une expression de plaisir.En même temps, l'aigrette de longs poils qui ome le front

s'aplatit, et les téguments de !a tête entière, panusscnt atti-

res en arrière; aussi les paupières s'ctcvent un peu, et le

Page 157: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

l4t KXPKKSStONSSPëCtALKS

regard prend un air étonné. Les paupières inférieures se

plissent légèrement; mais ce dernier caractère est peu vi-

Pijf.M. <(/)MpMc<'tMM~f,att r<*pmB'apMsnature.pafM.W«tf.

Mg.<7. Lemttxc.caresséetexprimantsaMtiafaction.

sibje, A cause des rides ({nisillonnent <raHsvcMa!cmenttM

face d'une façon permanente.

Page 158: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

StNOES. t~

!0

~MO~OtMet MtMO~OMt<<OM~MM!MM.L'expression d'UHC

soafR'ancc légère ou de toute émotion pénible, chagrin,

contrariété, jalousie, etc., se distingue difficilement. chez

les singes, de l'expression d'une colère modérée ces états

d'esprit d'aincurs se trattsfot'tucnt ifus~meht et rapidementtes uns dans tes autres. Cependant. dans certaines espèces,le chagrin se manifeste sans aucun doute pat' des pleurs.Une femme, propriétaire d'un singe (~acacM< M«tMrM<on

<MOft!<t<M<de <ay) suppose originaire de Uornéo, ra-

conta, en to vendant A ta SociétéXoobgiuuc, (jju'it ptcu-

rait fréquemment; en effet, M. !!arti(;tt et le gardienM. Satton ont vu depuis A maintes reprises cet animal ver-

ser des larmes abondantes, qui coulaient sur sesjoues, quandil était chagrine ott simplement attendri. Cefait est pour-tant assezsingulier; car le Jardin Zooto~ique a possédé plusrécemment deux autres individus, considères comme appar-tenant & la môme espèce, qui ont été soumis A une obser-

vation attentive par leur gardien et par moi-m<tnc. lors-

qu'ils étaient très affligés et poussaient des cris violents; er

on ne les a jamais vus pleurer, n'npr~'s Hengger'~ les yeuxdu Ce&<M<t~ar< se remplissent de larmes, mais pas assez

abondamment pour que celles-ci puissent couler, lorsqu'onl'etTraye beaucoup ou qu'on !'empeche de s'emparer d'un

objet vivement désiré. tiumbotdt prétend de tnème que l<'s

yeux du Ce~MrM' M<Mre<M« se remplissent instantanément

de larmes quand il est saisi de crainte cependant, lors-

que, au Jardin Zoologique, on taquinait ce petit singe, de

manière a le faire crier bruyamment, on n'observait rien

de semblable. Je ne veux pourtant pas révoquer en doute

le moins du monde l'exactitude de t'auirmation de !lum-

botdt.

<2.Hongger,SafM~c(A<~MHP<<~<My,<8M,s. M. Humbotttt,~)'-M«a!~ar~MM,tfad.angt., vct.tV,1).S27.

Page 159: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t46 HXPRKSSiONSSt'ËOALES.

L'apparence d'abattement, chez les orangs et les chim-

panzés jeunes, lorsqu'ils sont malades, est aussi manifeste

et presque aussi touchante que chex nos enfantât Cet état

de l'esprit et du corps s'exprime par la nonchalaHce des

mouvements, l'abattement de la physionomie, lItëlMtudu

du regard et l'altération du teint.

Ce/en'. Cotte émotion, souvent manifestée par les sin-

ges de diverses espèces, s'exprime do plusieurs manières

dinercntcs. Certaines espaces, dit M. Martin", avancent

tes tèvres, fixent un regard étincelant et farouche sur leur

ennemi, font de petits sauts répétés comme pour s'élancer

en avant, et émettent un son guttural et étoufl~. D'autres

manifestent leur colère en s'avançant brusquement, en exé-

cutant des sauts saccadés, en ouvrant la bouche et con-

tractant les livres de manière a cacher les dents, en fixant

hardiment les yeux sur leur ennemi, comme pour indiquerune farouche défiance. D'autres enfin, et principalementtes singes à longue queue ou guenons, montrent les dents

ft accompagnent leurs grimaces malicieuses d'un cri aigu,

saccade, répété. Il M. Sutton confirme le fait que certaines

espaces découvrent leurs dents en signe de fureur, tandis

que d'autres les cachent en avançant les lèvres. Citez d'au-

Ires, tes oreilles se renversent en arrière. Le Cynopt~MMN

niger, dont il a été déjà question, se comporte de cette

manière, en même temps qu'il abaisse l'aigrette de poils

qui orne son front et qu'il montre les dents; en sorte quela disposition des traits de sa face est A peu près la même

sous l'influence de la colère et sous l'influence du plaisir,et qu il est difficile de distinguer ces deux expressions l'une

de l'autre, si l'on n'a pas une grande expérience de la

physionomie de cet animal.

U. ~'«(.MM.o/jffMMMt~t8H, p. 3!!t.

Page 160: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

)47!?<C!

Lesbabouins témoignent souvent leur colère et menacent

tcurs ennemis d'une manière très bizarre ils ouvrent

largement h bouche comme pour bailler. M.BartIettavu

A plusieurs reprises deux babouins, placés pour la premièrefois dans la m<'mc cage, s'asseoit* eu face l'un de l'autre

et ouvrit' alternativement la bouche; cet acte parait d'ail-

leurs se terminer fréquemment par un bAUtemcnt vcritabte.

M. Btuftiett pense que les deux animaux veulent ainsi se

montrer mntueHoment f~u'its sont armés de fbrmidMbtcs

t'angôes de deats; cette interprétation est juste, sans aucun

(tonte. Comme j'avais quelque peine &ajouter foi A larea-

lité de ce mouvement, M. Harttett provoqua un jour en ma

présence un vieux babouin et l'amena A un état de fureur

extrême: presque immédiatement ranimai se mit à ouvrir

Ja bouche. Quelques espèces df macaques et de cercopi-

thèques~ se comportent de la même manière. Le babouin

manifeste également sa colore d'une autre façon, d'aprèsles observations faites par Brehtn sur ceux qu'il a gardesvivants en Abyssinie, je veux dire en frappant le sol d'une

main, « comm~ un homme irrité frappe du poing sur une

table placée devant lui ".J'ai constate en eHetce geste cl)ex

les babouins du Jardin Xoolog'iqac; mais il parait souvent

avoir plutôt pourbutde chercher une pierre ou quelque autre

objet dans leur litière de paille.M. Sution a souvent observé que la face d'un ~faeaeM<

fAMtMdevenait rouge lorsqu'il entrait dans une grande fu-

reur. Au moment même oit il tue signalait ce fait, un autre

singe attaqua un /tM, et je vis en effet la face de ce der-

nier rougir d'une manière aussi manifeste que le visage de

l'homme dans un accès de colerf violente. Apres la bataille,la face du singe reprit au bout de quelques minutes sa

14. Brehm,rM'Wc&cK,u. ), 5. 84. Sur t'attitudcdes baboMios,voirs. C).

Page 161: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tM EXt'KKSStONS SPÉCtALES.

coloration habituene. U me sembla quota partie postérieure,

glabre, du tronc, qui <*stnormalement rouge, devenait plus

rouge encore <*nmémo temps que la ~ce; cependant je he

ponfl'ais l'afhrmer. Ondit lorsque le mandritteest irrite

d'une manière quelconque, les pat'ttcs ~tMbfcsdc f:apcau,

qui ont des teintes viv<'s, prennent une cotoratton encore

plus échtante.

Chez plusieurs espèces de babouins, ta partie inférieure

du front dessine au-dessus des yeux un rebord très sai!!ant,ûfoé d'un petit nombfc de tongs poi!s, qui feprésentent nos

som'cik. <~etanimaux re~aKtent sans cesse de tous côtés, et

retevent ces sourcits quand Us voûtent regarder en haut;

c'est ainsi, selon toute apparence. qu'Usent du acquérir rtm-

bitade de les remuer fréquemment. Quoiqu'it en soit, beau-

coup d'espèces de singes, et particulièrement les babouins,sous t'inuuenco de ta cotere ou en présence d'une provoca-tion quelconque, agitent !eut's sourcHs rapidement et con*

tinueltemcnt de haut en bas en morne temps que le tégumentvelu de leur front'\ Comme nous avons pris l'habitude d'as-

socier, dans t'esp&cehumaine, ta position élevée ou abaissée

des sourcils avec certains états d'esprit, le mouvement pres-

que incessant de ces organes, chez les singes, leur prêteune physionomie tout &fait insensée. J'ai eu l'occasion d'ob-

server un individu aMigé d'un tic qui lui faisait lever conti-

nuellement les sonrcitssans aucune émotion correspondante.ce qui lui donnait l'air d'un imbécile; on pourrait en dire

autant de certaines personnes (lui ont perpoiueUemcnt les

coins de ta bouche un peu relevés et attirés en arrière,comme pour ébaucher un sourire, sans éprouver le moindre

sentiment de joie ou de gaieté qui justifie une pareille atti-

tude.

iX.Brehmfaitremarquer(TA«'r<e&M,s. C8)quct'J~«Mscc«M<~<Mre-muesouventsessourcilsde hauten bas,lorsqu'ilest !rnté.

Page 162: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

StiWKS. tw

Unjeune orang, jaloux de l'attention que son gardien ac-

cordait & un autre singe, découvrit légèrement les dents,

puis, faisant entendre un cri de mauvaise humeur analogueau son <MA-aA<il lui tourna le dos. Sous l'influence d'une

TRotere un pe~ plus intensCt les opangs et les chtmpanxesavancent fortement tes tevrcs et émettent un aboiement rau-

quc. Un jeune chimpanzé femelle offrait, dans un accès

do violente colère, une ressemblance curieuse avec un

enfant dans la même situation d'esprit il poussait des cris

retentissants, la bouche largement ouverte, les lèvres rétrac-

tées et les dents complètement découvertes; il lançait ses

bras de tous cotés, et les réunissait quetquefois au-dessus

de sa tète; il se routait &terre, tantôt sur le dos, tantôt sur

le ventre, et mordait tout ce qui se trouvait a sa portée. Un

jeune gibbon (Ny~atM ~M<!fM~<M<),dans un accès de co-

tere, se comporta, d'après une relation de M. Bennet"\ pres-

que exactement de la môme façon.Les orangs et chimpanzés jeunes avancent les tevres,

quctquefbts d\me manière étonnante, dans diverses circons-

tances. Ils agissent ainsi non seulement lorsqu'ils sont lé-

gèrement irrités, maussades ou désappointes, mais aussi

quand ils sont effrayés par un objet quelconque, par

exemple, dans un cas particulier, par ta vue d'une tor-

tue et aussi lorsqu'ils sont joyeux. Toutefois, je crois

que ni le degré de cette projection des lèvres ni la forme

de la bouche ne sont exactement identiques dans tous les

cas. De plus, les sons émis dans ces diverses circonstances

sont très ditl'érents. Le dessin ci-joint représente un chim-

panzé qu'on avait mis d<;mauvaise humeur en lui repre-nant une orange qu'on lui avait d'abord offerte. On peut

tO. G. Bennett, W<tM~'W~ fa JYcw Sou(/< W<t/M, etc.. vot. Il, i834,

p.<S3.U. W. C. Martin, ~<. ?«. o/MaMMM.AM(M<t~,<8H, p. 40S.

Page 163: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<SO KXPHKSSÏOKSSP~CtAt.KS

observer un mouvement (tca Mvres anatogucs, b!cn <ju<!

ntoins prononcé, chox les cofants maussades.

!t y M quetques anttéea, je pta~~t un jour sur te plan-

cher, an J<a'(UnXootogi({ue, un miroir devant de<M jeunes

oraB~s <(Mi n'avatent jamais Hen VMde pare! ~M fnoin~ A

t't~.te. ChiM)~<Me<)<;Mptx'tnMetdemnMva~ehttmext.

D'apn~nature,parM.Wnod.

ma connaissance. Ils comtncnc~rent par i« re~ardet' avec la

surprise la ptns manifeste, en changeant souvent de pointde vue. Puis ils s'approchèrent tout près, avancèrent les

lèvres vers leur image, comme pour lui donner un baiser,exactement comme ils l'avaient fait l'un pour t'autre, quel-

ques jours auparavant, ~rsqu'on les avait réunis pour !a pre-ïMicre fois dans la mtmc cage. Ensuite .i!sfirent toutes sortes

de grunaces et se placèrent dans les attitudes les plus variées

Page 164: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

8tPtRE8t <&t

en face du miroir; ils s'appuyaient sur sa surface et la frat-

taient; ils plaçaient leurs mains &diverses distances derrière

lui; ils regardaient derrière; enfin ils parurent presque ef-

frayes, se reculèrent un peu, devinrent de mauvaise humeur,et reftMerent d&re~tn'derpluslonstemps.

Quand nous essayons d'accomplir quelque acte <}uide-

mande peu do force, mais qm <'stminutieux et exi~e dt;

lit preciston, par exemple <t\'nf!ter une tn~'uHte, en gén6t'!dnous serfons éncrgxptetncnt tes tëvres. dans le but, je pré-sume, de ne pas troubter nos motnetnent~ par notre haternc.

\t'at \n un jeune orang se comporter d'une manit're scmb!a-

ble. La pauvre petite hetc ét~ut malade, et s'amasait en

essayant de tuer sur les carreaux de vitres, avec ses doigts,les mouches qui bourdonnaient Ai'eutour: ti chaque tenta-

tive, elle serrait exactement les lèvres et les avançait un

peu.Ainsi ta physionomie, et ptus encore l'attitude, sont rc-

tnarquahtement expressives, dans certaines circonstances,chex t'oran~ et le chimpanzé mais je croit! qu'eMesle sont

plus encore chez d'autres espèces de singes. On peut ex-

pliquer cette diu'ercnce, en partie par l'immobilité des

oreilles, chez ces anthropomorphes, nt en partie par la

nudité de leurs sourcils, dont les mouvements sont ainsi

moins apparents. Cependant, lorsqu'ils élèvent leurs sour-

cils, leur front se couvre de rides transversales comme

chez nous. Comparée à celle de l'homme, lenr face est

inexpressive; ce qui tient principalement a ce qu'aucuneémotion ne leur fait froncer le sourcil, autant dit moinsque

j'ai pu l'observer, et c'est un point sur lequel j'ai portétout particulièrement mon attention. Le froncement des

sourcils, qui constitue l'une des particularités les plus im-

portantes dans l'expression du visage humain, est d& A la

contraction des sourcitiers, qui abaissent les téguments et

les rapprochent de la racine du nez, de manière à pro-

Page 165: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tM KXPRESStOSS SPt!CtAM!8.

<Mre «uf te front des ptM verticaux. tt pat'Mtt'* que t'o.

mn~ et le chitnptmxé possèdent ce muscle l'un et t'autre.r r 1 m r

mais il semble aussi qu'ils le mettent rafetneut en ac-

tion, au moins d'une maniet'e bien visible. Ayant disposéwncamains de fneon A former une sorte d<*cape dans îa-

quelle j'avais enferme des fruits appétissants, je laissai

t'orang et le chimpanzé faire tous leurs eu'orts pour s'en em-

parer ils unirent pur prendre un peu de mauvaise humeur.

mais je n'observai pas trace de froncement de sourcils. Il n'yen avait pas non pins lorsqu'ils étaient en fureur. Deuxfois.

j'ai fait passer brusquement deux chimpanzés de l'obscurité

ï'elative de leur cage Ala tuntièrc éclatante du soleil, qui au-

rait à coup sûr fait froncer le sourcil à un homme; ils cligna-

taient; maisune fois seulement je pus observer un froncement

très léger. Dansune autre occasion, je chatouiUai le nez d'un

chimpanzé avec une paille, et, comme il contractait son vi-

sage~ je vis apparattre des rides vcrticaies peu marquéesentre les sourcils. Je n'ai jamais observé de froncement sur

le front de t'orang.

Lorsque le ~orittc est en fureur, il dresse, dit-on, sa crête

dcpoits; il abaisse sa l~vre inférieure. dUatc ses narines et

pottssedes hurtctncnts épouvantables. D'après MM.Savage et

\Vyman' le cuircbeveiu p<!tttse mouvoif librement d'arrière

fn avant, et, sous l'influence de la co~rc, il se contracte

fortement: je présume qu'ils veulent dh*e par cette dernière

expressionque le cuir chevelu s'abaisse; car, en parlaut du

jeune chimpauxé, ils disent aussi que, « lorsqu'il crie, il a tes

sourcils fortement contractes La grande mobilité du

18.Voirsur t'orangt'rof. Owen,Proc.Xoo/.Sof.,<MO,p. 28. Surte c!nmpa)He,voir!'rof. Macanstcr,jiMMH~HM~Jtfa~. JV<t<.HM.,vol. \U, i87<,li.3M;cet observateura constatéque te sourcilierne

peutêtreacparedet'orb!cuta)redespaMpi~rcs.)0. BostonJoMfM<!<o~A'<t~.Ms< <8~i-47,vol. V, p. 4M. Sur le

chimpanzéM., t8M- vol.!V,p,3t}a.

Page 166: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<tt!!GK8. <M

euh' chevelu chez le gorille, chez plusieurs babouins et

chez divers autres singes, mérite d'ctre signalée, &cause

de lit relation de ce ptiénom&neavec ta fucutté que pos-sèdent quelques hommes de le mouvoir aussi volontaire-

ment: pav un ''n~t soit de véveMion, soit de peMis-tance

J&«~M<'MMM~<erreMt'. .te fis placer un jour, au Jardin

Zoologique, une tortue d'eau douce vivante dans une <n6me

cage avec phtsicufs stnges; ils ntanifcsterent un étonnement

démesuré, en même temps qu'un peu de frayeur, tts restaient

immobiles, regardant fixement, les yeux largement ouverts,

et remuant fréquemment les paupières de haut en bas. Leur

visage semblait un peu allongé. Uc temps en temps ils se

soulevaient sur leurs jambes de derrière pour mieux voir.

Souvent ils reculaient de quelques pas. puis ils se remettaient

à regarder avec attention, <'ntournant la tête sur une épautc.Chose curieuse, ils étaient beaucoup moins curayés de la vue

de cette tortue que de celle d'un serpent vivant que j'a-vais antérieurement placé dans leur cage car, au bout

de quelques minutes, certains d'cntt'c euxse hasardèrent il

s'approcher et &toucher la tortue. Cependant quelques-unsdes plus grands babouins étaient terrines au plus haut

degré, et ils montraient les dents comme s'its eussent été

sur le point de pousser des cris. Je fis voir une petite poupéehabillée au CyMopMectMMt~r; il s'arrêta immobile, les yeux

largement ouverts et regardant fixement, et les oreilles un

peu portées en avant. Maislorsque la tortue fut placée dans

sa cage, ce singe se mit a remuer les lèvres d'une manière

singulière, rapide, bruyante, mouvement qui avait pourbut,au dire du gardien, d'amadouer ou de charmer ta tortue.

20. Voirsur cesujet ~Mc<w<<MM<:</cr/«tMme,trad.franc.{<arMoutini~vo). p.

'!<.M.,voU,p.4t.

Page 167: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt KXf'RESStONS St'~CtAtKS.

Je n'ai jamais pu observer nettement st, dans l'cxprcssipnde l'étonnement, chez le singe, tes sourcits demeurent rele-

vés d'une façon permanente, tandis que jo tesai vus souvent

!to mouvoir de haut en bas. Che!: l'homme, l'attention, qui

procède t'étonnement,~cxpr;mp par nnc M~re étévatxm

des sourcils. docteur Hucheune m'a raconté que, lorsqu'il

présentait au siugc dont j'ai déjà parte quelque friandise

nouvelle et iucotmuo, cet anima! t'etov&tt d'abord un peuses sourcits et se donnait ainsi t'au* profondément attentif;

il prenait ensuite t'objet entre ses doigts, et, tes sourcils

abaisses ou rectitig'nes, il le grattait, le Unirait, l'examinait:

il avait alors une expression rfnëchic. Par moments il ren-

versait un peu la tête en arrière, et recommençait son exa-

men en levant brusquement les sourcils cnnn il goûtait.Les singes n'ouvrent jamais la bouctte en signe d'étonne-

ment. 11. Sutton, qui a observé pour moi pendaut très long-

temps un jeune orang et un chimpanzé, ne tesa jamais vu~

ouvrir ta bouche, alors même qu'ils ehucnt très étonnes ou

quand ils prêtaient t'orcitte a quelque bruitinusité. Cefait est

curieux; car, cttcz l'homme, il n'est peut-ett'e pas de caractère

expressif plus généra! que lit bouche largement ouverte sous

l'impression de ta surprise. Autant que j'ai pu l'observer, le

singe respire plus librement que t'hottune par les narines,c<; qui peut-être explique ta contradiction précédente; nous

verrons en eNct, dans un chapitre suivant, que l'homme

ouvre probablement la bouche, quand il est frappé d'éton-

nement, d'abord pour réaliser une inspiration profonde, et

en second lieu pour respirer avec autnnt d'aisance que

possible.tJn grand nombre d'espèces de singes expriment la ter-

<'eur en poussant des cris percants; eu même temps les

lèvres se retirent en arrière, de manière A mettre les dents

A nu. Le poil se hérisse, surtout lorsqu'un peu de colère vient

se mètcrau sentiment précédent. M.Sutton a vu distinctement

Page 168: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MNCBS. t&5

la face du ~acoctMr~MM<devenir pAlesous l'innuence de la

frayeur La frayeur fait également trembler les singes;

quelquefois aussi ils laissent échapper leurs excrétions..t'en

ai vu un qui tombait presque en défaillance, par excès d<;

terreur, toutes les fois qu'on le ttatMMMMi.

En présence du nombre cons!d6rMht<'de fn!<s<;ncnous

avons cités relativement aux cxpresstons de divers animaux,il est impossiMe de partager 1 opinionde Sir C. Re!t, lorsqu'Hdit~ que « la facedes animaux paratt principalement capah~e

d'exprimer ta cotere et ttt frayeur et ailleurs, que toutes

leurs expressions peuvent être rapportées, plus ou moins

complètement, A leurs actes de volition ou A teurs instincts

nécessaires M.Si l'on veut bien observer un chien au motnent

où il se prépare A attaquer un autre chien ou un homme,

et !c même animal torsqu'U caresse son mattre; si l'on étu-

die la physionomie d'un singe quand il est agacé et quandil est caressé par son gardien, on sera forcé de reconnat-

tre que les mouvementsdes traits et les gestes sont presqueaussi expressifs chez ces animaux que chez t'homme. Hien

que certaines de ces expressions chez les anhnaux ne puis-sent encore recevoir d'explication satisfaisante, cependantle plus grand nombre peut s'expliquer déjà par les trois

principes énoncés au commencement du premier chapitre.

32..AtM~myu/'Rc~'t'MKMt,3'' etttt.,<8;~p. 08, t2h

Page 169: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAPtTMEVt.

EXt'MKSStOXSSt'~tALKSt)RL'ttMtMRSOL'HtAXKRKTt'LHUKS.

Ct~ft pleurs<hcxt'onfant. Aftp<'<'<<<<(tmUf. A~ea'")UetK<Mmnn)cem)t)<i)'h!)tn).Mt<!t!<<t'')Mfn)t'r<'M)otttmMtueMcd<'<ptt'ttrs. ~a)){(! Causedota<'<)tXract)'tn<tc'i))H)!!Octqx)<'n~Mn*)(tt'a'H)'et)da«tlesff!< <:at(M'<)<<laa~*<r)5tf'(ndeshum").

Uans ce chapitre et ceux qui suivront, je nie proposedp décrire et d'expliquer, autant que possible, les ex-

pressions <~tc tnauifeste la physionomie humaine sous l'in-

ttuenco des divers états de l'esprit. Jn disposerai mes

observations suivant t'ordr<' qui me paratt io plus torque,c'est-A-dire en faisant, d'utte tnaniëre ~énérate. succéder

ruMe &t'autrc des émotions ou des sensations de caractère

opposé.

~OM/yfaMcede cof~~ <Mpn<;p~M~. –J'ai déjà décrit,

avec des détails suffisants, dans le chapitre n~ comme si-

gnes d'une souffrance extrême, les cris ou gémissements, les

convulsions du corps entief, le resserrement des mâchoires

ou le grincement des dents. Ces signes sont souvent ac-

compagnés ou suivis par une sueur abondante, de la pateur,du tremblement, une prostration complète. ta perte de con-

naissance. Nullesouffrancen'est plus grande que celle qui nati

d'une crainte ou d'une horreur portées à leur dernière

limite; mais, dans ce cas, une émotion sp~ciate et distincte

entre en jeu, et nous aurons &y revenu'. )La souffrance pro-

Page 170: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t&7PLEURS.

longée, surtout celle de l'esprit, sa transforme en abattement,

tristesse, accablement, désespoir; ces divers états feront !c

sujet dn chapitre suivant. Pour le moment, je m'occupera! à

peu pt'es exclusivement des pleurs et des cris, en particu-licrchci! l*('nfanh

Lorst~'H est soumis un<*douleur même légère, A une

faim modérée, &un'' simple contrancté, le petit enfant poussedes CM8violents et p~on~ës. Pendant ce temps, ses yeux se

fermant énergiquement et s'entourent de plis; son front 8M

ride son sourcit se fronce. La bouche s'ouvre largement, et

tes tevres se t'étractent d'une tnamArnparttcult&t'c,qui donne

A cet ot'incc une forme <Ypeu près quadrangutaire les gen-cives ou les dents se découvrent plus on moins. La respira-tion se précipite et devient presque spasmodique. U n'est

pas difficile de faire ces observations sur un enfant pendant

qu'il crie mais on obtient, je crois. de meilleurs résultats en

ayant recours a des photographies instantanées, que l'on

peut étudier a loisir et sans distraction, .t'ai réuni une

douzaine do ces photographies, la plupart faites exprès pourmoi; elles présentent toutes les mêmes caractères généraux,

c'est pourquoij'en ai fait repredMire six (~<MeA<1) par la

gravure hétiographiqucL'occlusion énergique des paupières, qui constitue un élé-

ment de premier ordre dans diverses expressions de la phy-

sionotnic, et litcompression exercée sur les j~tobesoculaires.

qui en est la conséquence, protègent !<;syeux, comme il sera

expliqué tout & l'heure, contre les dangers d'un afflux san-

guin trop considérable. Quant l'ordre suivant lequel le&

différents muscles se contractent pour produire cette compres-

i. Lesmeilleuresphotographiesde maccttcc<<onsontduesà 3t. Hej*lander,de tendres (victoriaStrcet),et à M.Ktndennann,de Hambourg.LesBgMres3, t et 8 sontdu premier;tes «gurea2 etS, dudcux!eme.LaOgure6 représenteunenfantd'unâgeplusavancequi pteun*modé-rément.

Page 171: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M KXt'BBSStOSDELA(tOUPPttAKC~.

sion, il aété de la part du docteur LangstaM',de Southamp"

ton, l'objet de quelques observations qu'il a bien voulu me

communiquer et que j'ai vérinéps depuis. four s'en rendre

compte, le meiuour moyen consiste &prier une personned'élevcr d'abordles s«ut'ci!s de manière A sillonner ia front

de rides transversales, puis de contracter lentement tons les

muscles qui entourent les yeux, avec une énergie graduelle-ment croissante et enfin de toutes ses forces.. Je prie ici le

lecteur peu familiarisé avec les connaissances anatomiquesde revenir izla page 3~, et de jeter les yeux sur les figu-res i, 3 et 3. Les sourciliers (cotTM~o/ofM<perct~t)paraissent~trc les premiers muscles qui se contractent; ils attirent les

téguments en bas et en dedans vers la base du nez, en fai-

sant appaMutre tesplis verticanx qui constituent le froncement

de sourciis; en metne temps ils amènent l'effacement des

rides transversales du front. Presque simultanément, lesmus-

cles ofttCM~tfMentrent en action et plissent les téguments

qui entourent les yeux toutefois leur contraction paraît ac-

quérir une énergie plus grande aussitôt que celle dM sonr-

cilicrs tout' a donné un point d'appui. Enfin les pyramidauxdu nés entrent en jeu, abaissant encore les souroHs et la

peau du front, et produisant de courtes rides transversales sur

la racine du nez Pour abréger, nous désignerons souvent

l'ensemble de ces divers muscles par le terme général de

muscles orbieulaires ou peft-oeM~tfM.Une fois les musclesprécédents fortement contractés, ceux

qui vont se jeter dans la !&vre supérieure entrent en ac-

2. Hen)e(HoM~«c&AM~ <838,M.~s. 139}estd'accorda~ecM.Hucheancpourattribuerceteffet&ta contracuondu pyramidal.

3. Ces tnuMtesMnt: t'<«<cMfccm~MM &'cw<M~«'tM'<'c<<r<tMfdMMe:, t'<~M)<<'Mfp)~re d<'la MoreM~~eufe, te mahtfrc,et le t!e(<<:yc<<< Cederniermuscleest placé para!t(:!ementau~r<MM!:y~om<t<~Mcet M-dessousde tMi,et it t'attacheà la partieextontedeia tevrcsupMeuK.HestreprésenteHgure2. 1.(p. 24), ntaisnon ft.

Page 172: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 173: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<MPÎ<KUK8.

lion Aleur tour et t'élevent conséquence facile à prévoir. si

on se rnppfllc les connexions qui existent entre l'un d'entre

eux au moins, ic tMo~orM,et l'orbiculaire. Contractez gra-duellement lesmuscles péri-oculaires, presque toujours vous

schtirex, & mesure que Teffdrt dcvicnd]['!tpit~ êhpt'giqttc,votre lèvre supérieure se soulever uu peu, suivie par les ailes

du nez, qui sont en partie commandées par les m&mcsmus-

cles. Maintenez en m6me temps ln bouche exttctemfnt fermée,

puis abandonnez brusquement vos lèvres au même instant,vous sentirez ta pression qui s'exerce s<n'vos yeux s'exagérer.Examinez de même une personne qui, exposéea une lumière

ectatante et voulant fixer un objet éteigne, est forcée de clore

partieUement ses paupières presque toujours vous obser-

verez que sa lèvre supérieure remonte légèrement. Chez

certains sujets auxquels une forte myopie donne l'habitude,en regardant, de rétréctrTorince palpébrat, on voit la bouche

contracter Ala longue une expression gfhnaçaatc.L'élévation de la lèvre entramc la partie supérieure des

joues, et produit sur chacune d'elles un sillon très accusé,

le sillon naso-Iabial, qui, partant du voisinage de l'aile du

nez. se prolonge jusqu'au-dessous de la commissure. Cesillon

peut se voit*sur toutes mes photographies; il constitue un

trait très caractéristique de la physionomie de l'enfant qui

pleure; cependant il s'en dessine un presque pareil dans

l'acte du rire ou du sourire

gurest et 3. !.<:docteurDuehcnnca txontrcle premierl'importancedela contracUoodece muscledan:;l'expressiondes pleurs(3f<'<MM&HM<M~<<Mt<MM<<!~MM)a<Me,Album,tM2,p. 39). Henteconstttërelesmus-clesnomméaci-dessus(tema~n'~excepte)commedessubdivisionsd'unseulet tncmcmuscle,le ~MadM<<M~tM<.!«pen~t'

4. LedocteurUuchennca étudieavecun soinminutteuxta contrac-tiondes diMcrcntsmuscleset lespiis qui se produisentsur !cvisagependantles picuM;il mesembletoutefoisqu'ii restedansses résultats

quelqueimperfection,quetquelacune, qu'it meseraitd'ailleursimpos-sibledepréciserautrement.Ontrouve,en enct,danssonAibum((!g.48),

Page 174: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

«M KXPHESMON DE LA SOUF~MAXCE.

Taudis que la I~vre snpcricuro est ainsi uttirëc on haut,

pendant les ct'is, connnc on vient de t'exptifjttcr, les musciM

ahaisseurs des angtes de lit bouche (<!)!?.i et 2, K)sont forte-

ment contractés, pour maintenir celle-ci Jar~etnent ouverte

et JaiMRppassât* un <o)'t v~tumf df son. C<r*tt~!Mt!bh anta-

goniste des muscles supérieurs et inférieurs tend A donner A

Jt'onvcrture huccate une fonno ohtongue, A peu près carrée

c'est ce qu'on voit sur les photographies ci-jointes. Un ro-

tnancier, exceiïent observateur~ décrivant nn hahy qui crie

pendant qu'on le fait mander, dit « Sa bouche devenait

carrée, et la soupe s'cchappait par les quatre coins. .!e

pen!!f, nous reviendrons du reste sur ce point dans un

auhc chapitre, que les ahaisseurs des commissures sont

moins soumis au contrôle isolé de la volonté que les muscles

voisins; de sorte <{ue, lorsqu'un enfant se dispose ù picuret'

une planche (!:UMlaquelle on a, f&r la (;ahan!Mt!on <t<i;muscles ap-propries, (<titaounn: t'unc des Htoiti~sde la face, tandis ')ue FautretMoiticcomotCHMà pteurer. Or, sur vtn~t et une personnes a qui j'airnontré cette figure, presque toutes (dix-neuf) ont immédiatement re-connu t'exnressjon du cAtf riant. t'eut' t'autrc co<< an contraire, six

personnes seulementsont tombées juste ou à lieuprès, y trouvant encc-tivement l'expressionde /<t<<'M/< de ~«soM~MC', <tc/ft c<m<<'f<r<<tes

qM<nMautres «nt commisles méprises tes plus singulières, et ont cru

y voir les otprcssionsd'KHt'/'o//< gaieté,de ~«<«<~c<tOM,de lu ruse, du

</t~<M~,etc. On peut )'))concture qu'il y a quehptc chose de défectueuxdans l'expression.Ce qui peat avoir c~ntrihut' u induire en erreur, c'est

qu'on ne s'attend j~tëre a voir ptcun'r un vieillard, et qu'it n'y a pastrace de !armcs. Dansune autre n~ore du docteur thtchenne <ng.40),dan!<laquelle les musctcs d'une moitié de la face sont ga!vanMésal'effetde rcpn'senter un hommequi commence a pteurer, avec le sour-cil du m~mecôté rendu ohtiquc, ce qui est un signe caractéristiquedu chagrin, l'expressiona été reconnue par un notnhre de personnesproportionnettemcntplus grand. Sur vingt-trois, quatorze ont réponduexactement :cA<f~nM,<t~tC~M~oM/'My,p~'Mr.<t~w<fM<M<<<M~<wf',etc.les neuf autres ne purent pas se former un jugement un portèrent com-

plètement a tam, et répondirent <'K" a~M''<<<'&/oM~'m< f~b~ po<«'r<~<!f<~un objet~/of~M~,CtC.

H. M'(jaske!), JU«ry~H<<w,nouvelle édition, p. 8t.

Page 175: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLËPMa'. <<!t

tt

tMjMy être encore bien décidé, ces muscles sont en générâtles premiers à entrer en contraction, et les derniers A cesser

de se contracter. Lorsqu'un enfant d'un Age plus avancé

commence à pleurer, les musctes qui aboutissent à la lèvre

supéneure sont souvent tes pMnn!eMA agip; peut'étre par*ce que l'enfant plus âgé a moins de tendance à ptenrer

bruyamment, et par conséquent à tenir sa bouche large-ment ouverte, de sorte que les muscles abaisseurs ci'dessus

désignes n'entrent pas en action d'une manière aussi éner-

gique.Sur l'un de mes propres enfants, j'ai observé souvent, a

partir de son huitième jour et pendant quelque temps après,

que le premier signe d'un accès de cris, quand on pouvaiten saisir la première approche, était un léger froncement

de sourcils, do A la contraction des sourcitiers; en même

temps, les vaisseaux capiHan'es de la face et de la tête, dé-

pourvue de cheveux, se gorgeaient de sang. Aussitôt quel'accès commençait recHeMtcnt, tous les musctes péri-ocu-taires se contractaient avec force, et la bouche s'ouvrait lar-

gement de la manière décrite ci-dessus; de telle sorte que,dès cet Age très tendre, tes traits prenaient dé)Ala même

forme qu'A une période plus avancée.

Le docteur Piderit'' insiste beaucoup sur la contraction de

certains muscles qui attirent en bas le nez et rétrécissent les

narines, comme étant un trait éminemment caractéristiquede l'expression des pleurs. Les triangulaires (J~reMorMdn-

~<of(~) sont généralement contractés en même temps, comme

nous venons de le voir, et ils tendent indirectement, d'aprèsle docteur Duchenne, Aagir de la même manière sur le nez.

Onpeut remarquer cette même apparence pincée du nez chez

les enfants fortement enrhumés, apparence due en partie,

0. JftM~und PAy~tMNt~,<8$7,s. )?. Duchenne,JM~M~aMf~la PA~i!.humaine,Album,p. 34.

Page 176: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tM EXPnEMtONDELASOUFFMAKCK.

comme me t'a fait observer le docteur Langstaff, A!eur re.

ornement continuel, et A in pression do l'atmosphère quis'exerce par suite (le chaque côté. Le but de cette contraction

des narines, chcxics enfanta qui sont enrhumés ou qui pieu-

rcnt, parait Ah'e de s'opposer au ifh<x<ït!mucus on des

termes, et d'empêcher ces fluides de se répandre sur la lèvre

supérieure.

Apres un accès de cris prolongé et violent, !c cuirchcve!u,

le visage et les yeux sont rougis, Ac<msede ta gène produitedans la circulation en retour de la tête par les violents

efforts d'expiration; cependant Ja rottgent' des yeux irrités

est due principatemeot à l'abondante effusion des larmes.

Les divers muscles de la face, qui ont été fortement con-

tractes tiraillent encore un peu ics traits, et ta tèvrc supé-rieure est h'gerement rctevëc ou renversée?, tandis que les

cotnmMSttt'ess'abaissent encore )U!peu. J'ai senti moi-même,

et j'ai observé sur d'autres personnes aduttcs, que, torsqu'onMde la peine à réprimer M'slarmes, par exempte à ta lec-

turc d'un r~cit touchant, il est presque impossible d'empê-cher les différents muscles qui agissent si cncrgiqucmcntchez l'enfant, pendant s<'saccès de cris, de trcssaittir ou de

trembler tégercm''nt.Uans les premières semaines, l'enfant ne répand pas de

larmes, comme le savent bien les nourrices et les médecins.

Ce n'est pas que tes glandes lacrymales soient encore inca-

pables de sécréter; j'en ai fait pour ta première fois l'obser-

vation âpres avoir accidentellement effleuré du revers de

mon paletot l'teil ouvert d'un de mes enfants, âgé de soixante-

dix-sept jours; il en résulta un larmoiement abondant; mais,bien que l'enfant poussât des cris violents, l'autre oeit resta

sec, ou du moins ne s'humecta que très légèrement. J'avais

?. Le docteur t~chenne a fait cette obMn'at~n,Mécanisme(telaPhllsion./<Mma<fH<.4<tMM,p. 3e.

Page 177: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

FLEURS. <M

remarqué une faible effusion de inrmcs dans les deux yeux,dix jours auparavant, pendant un accès de cris. Les larmes

ne coulaient pas encore en dehors des paupières et ne des-

cendaient pas le long des joues, citez ce même enfant, à l'Agede cent vihgt-dHUxjnnrs; c'('st sentementdiy-~

tard, c'cst-A-dire A F Agede cent trente-neuf jours que j'ob-servai pour la première fois ce phénomène. J'ai fait étudier

quelques autres enfants a ce point de vue, et l'époque de l'ap-

parition véritable des larmes me paraît être très variable.

itans un cas, les yeux s'humectèrent légèrement a l'Age de

vingt jours seulement; dans un autre, A soixante-deux jours.Chez deux autres enfants, les larmes ne coulaient pas encore

~ur le visage à l'Age de quatre-vingt-quatre et de cent dix

jours; chez un troisième, elles coulaient A cent quatre jours.On m'a affirme avoir vu chez un enfant les larmes couler A

l'Age remarquablement précoce de quarante-deux jours. H

semble que les glandes lacrymales aient besoin d'nne cer-

taine habitude acquise avant de pouvoir entrer aisément en

action, de même, A peu près que les divers mouvements et

gonts consensuels transmis par l'hérédité reclament un cer-

tain exercice avant d'être fixés et amenés Aleur état définitif.

Cettehypothèse est surtout vraisemblable pour une habitude

comme celle des pleurs, qui a du s'acquérir postérieurementAl'époque où l'homme s'est séparé de l'origine commune du

genre homme et des singes anthropomorphes, qui ne pleu-rent pas.

Il est remarquable clue ni la douleur ni aucune autre

émotion ne provoque dans la première période de la vie la

sécrétion des larmes, qui devient plus tard le mode d'ex-

pression le plus général et le plus fortement accusé. Unefois

l'habitude acquise par l'enfant, elle exprime de la manière

la plus claire la souffrance de tout genre, la douleur cor-

porelle aussi bien que l'angoisse de l'Ame, même quand celle-

ci s'accompagne d'autres émotions, telles que la crainte ou la

Page 178: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

«M EXPNMStOKf PË LA SOUFfKANCR

colère. Cependant le caractère des pleurs se modifie de très

bonne heure, comme je l'ai observé sur mes propres en-

fants. et les pleurs de la colère dineroni de ceux de la dou-

leur. Une mère m'a raconté que sa petite fille, Agée de neuf

mois, cric avec violence. hmfssansplt'ttt'er,16t'<;qt<'<;llë est ou

colère; mais si on la punit, en tournant sa chaise le dos con-

tre la table, ses larmes commencent A couler. Cette diffé-

rence doit s'attribuer peut-être à ce que, en avançant en

Age, nous réprimons nos larmes dans la plupart des circons-

tances (le chagrin excepté), et A ce que l'influence de cette

répression habituelle se transmet par hérédité A une épo-

que de la vie plus précoce que celle ou elle s'est d'abord

exercée.

Chez l'adulte, et surtout dans le sexe masculin, la douleur

physique ne provoque plus l'effusion des larmes, et ce ca-

ractère expressif fuit défaut de bonne heure. Cela s'explique,si l'on songe que les nations civilisées aussi bien que les races

barbares considèrent comme une lâcheté indigne d'un homme

de manifester la souffrance corporelle par aucun signe exté-

rieur. A cette exception près, on sait que les sauvages ver-

sent d'abondantes larmes pour des causes extrêmement fu-

tiles. Sir J. Lubbock a réuni plusieurs observations de ce

fait s. Un chef de la Nouvelle-Zélande « se mit A pleurercomme un enfant, parce que les matelots avaient sali son

manteau préféré en le saupoudrant de farine M.J'ai vu, a la

Tcrre-de-Feu, un indigène qui venait de perdre uo frère, et

qui, passant alternativement de la douleur a la gaieté, pleu-rait avec une violence hystérique et riait aux éclats, un

instant après, de tout ce qui pouvait le distraire. Les nations

civilisées de l'Europe présentent du reste, au point de vue

de la fréquence des larmes, de très grandes différences.

L'Anglaisne pleure guère que sous la pression de la douleur

8. MeOH'~M<~C~'M~ott, 1870,p. 3SS.

Page 179: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

P~UNS. )M

momie h phts poignante; dans certaines parties du conti-

nent, au contraire, les hommes répandent des larmes avec

beaucoup plus de facilité et d'abondance.

Onsaitque lesaliénés N'abandonnentsans aucune contrainte,

ou à peu prë~s, A toutes ÎCMrs éntotiûns; Le symptome~k

caractéristique de la mélancolie simple, même dans le sexe

masculin, est, d'après les renseignements que je tiens du

docteur J. Crichton Browne, une tendance a pleurer pourles motifs les plus futiles, et même sans aucune cause, ou à

pleurer d'une manière tout à fait exagérée en présence d'un

véritable sujet de chagrin. La durée du temps pendant lequel

peuvent pleurer certains malades de cette catégorie est vé-

ritablement prodigieuse, aussi bien que la quanttté des lar-

mes qu'ils répandent. Unejeune Mlle,atteinte de mélancolie,

ayant larmoyé durant toute une journée, finit par avouer au

docteur Browne que c'était simplement parce qu'elle se rap-

pelait s'être un jour rasé les sourcils pour les faire pousser.Dans l'Asile,on voit parfois des malades qui restent des heures

entières A se balancer d'avant en arri&re « si on vient a

leur parler, ils s'arrêtent, plissent leurs yeux. abaissent les

coins de leur bouche et fondent en larmes Dans certains

cas, un mot, un salut bienveillant, semblent suffire pourleur inspirer quelque pensée fantasque et chagrine; d'au*

très fois, c'est un effort de nature quelconque qui provo-

que les pleurs, indépendamment de toute idée pénible. Les

sujets atteints de manie aiguë ont aussi, au milieu de leur dé

lire incohérent, de violents accès de pleurs. 11ne faut pastoutefois considérer ces effusionsabondantes de larmes, chez

les aliénés, comme dues simplement A l'absence de toute

contrainte; car certaines affections du cerveau, telles que l'hé-

miplégie, le ramollissement, et l'affaiblissement sénile, pré-sentent aussi une disposition spéciale &provoquer les larmes.

D'ailleurs, citez les aliénés, le larmoiement est encore fré-

quent alors même qu'ils ont atteint nn état decomplète imbé-

Page 180: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<<M KXPRESStOK DE LASOUFFHANCB

ciMité et perdu Ja faculté.de la parole. Les tdiots-nés pleu-rent également il paratt qu'il n'en est pas de même des

crétins.

D'après ce que nous voyons chez l'enfant, les pleurs pa-rtussent constituer j'cxprëssîon haturëlïée et prlm!t!vc t!ë ta

souffrance de toute nature, de la douleur morale, et de lit

douleur physique, quand celle-ci n'est pas portée à ses der-

nières limites. Toutefois tes faits qui précèdent, aussi bien

que l'expérience de tous les jours, nous montrent qu'un effort

souvent répété pour les réprimer, associéA certains états de

l'esprit, agit très efficacement, et nous donne &la longue Acet égard un grand empire sur nous-mêmes. H paraît, parcontre, que l'habitude a aussi le pouvoir d'accroître lu fa-

culté de pleurer; ainsi le Mévérend R. Taylor '< qui a long-

temps résidé a la Nouvelle-Zélande,affirme que les femmes

peuvent y répandre des larmes abondantes a volonté; elles se

réunissent pour gémir sur leurs morts, et se font une

gloire de pleurer A l'envi « de la manière la plus attendris-

sante M.

Un effort isolé dans le but de réprimer les larmes paraitexercer peu d'influence sur les glandes lacrymales, et souvent

même il semble avoir un effet contraire a celui (lu'on en at-

tend. Un vieux médecin, plein d'expérience, me disait qu'iln'avait jamais trouvé qu'un seul moyen de mettre un terme

aux accès de pleurs incoercibles qu'on voit parfois se pro-duire chez les femmes c'était de prier celles-ci avec instance

de ne point faire effort pour se contenir, et de les assurer querien ne les soulagerait autant qu'une longue et abondante

effusion de larmes.

Chez le petit enfant, lescris consistent en expirations prolon-

9. Voir,par cMMp!e,lesobservationsdeM.Marshattsurun idiotdans

PM<MopA.Tr<MMac~<86t.p. S2' Sur lescrétins,voirdocteurP)dcr!t,??? MMdPAy~tMm~,<8<!7,s. 61.

<0. JVe<c'Z~<tMdon(titsjM~aMaa~,<8S~p. t7S.

Page 181: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLEURA. <??

gëes, entrecoupéesd'inspirations courtes et rapides, prévue

spaamodique~ &un Ageplus avance, on voit apparattre le

sanglot. Suivant Gratiolct c'est la glotte qui joue le prin-

cipal rôle dans l'acte du sanglot, lequel s'entend « au moment

où Husph~t~n surmonte t~sMtanoe de ta glotte, ot ou l'Mrse précipite dans la poitt'iuo Toutefois la fonction tout en-

tière de la respiration devient également spasmodique et vio-

lente. En général, les épaules se soulèv<'nt. mouvement quirend ta respiration plus facHc. Chez l'un de mes enfants, les

inspirations étaient, &!'a~G de soixante.dix-sept jours, si ra-

pides et si fortes que leur caractère approchait de celui du

sanglot; c'est A l'Agede cent trente-huit jours seulement queje remarquai pour la première fois un sanglot distinct; &

partir de ce moment, chaque accès violent de pleurs était

!-tuivipar des sanglots. Les mouvementi: respiratoires sont,

comme on sait, en partie volontaires et en partie involon-

t)dt'es; et je présume que le sanglot est du, nu moins par-

tiellement, Ace que l'enfaut acquiert, peu de temps aprèssa naissance~ une certaine puissance pour commander à

ses organes vocaux et pour arrêter leurs cris, tandis qu'ila une puissance bien moindre sur les muscles respira-toires, qui continuent quelque temps encore à agir, d'une

manière involontaire on spasmodique, lorsqu'ils ont été

mis violemment en jeu. Le sanglot parait particulier A

l'espèce humaine; les gardiens du Jardin Zoologique m'ont

afMrmén'avoir jamaisrien observé de pareil chez aucune esp~ede singe, bien que les singes poussent souvent des cris aigus.

lorsqu'on les poursuit ou qu'on les saisit, et qu'ils restent

ensuite haletants pendant longtemps. Ainsi il existe cotre

le sanglot et l'émission abondante des larmes une étroite

analogie; comme les larmes, le sanglot ne commence pasdès la première enfance, mais apparaît postérieurement

«. 0<'<aMt~<Mt<tNt<t',t8<K:,p. <M.

Page 182: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M EXPHESStON Dtt LA SOUFfK~NCK.

et presque subitement, pour suivre dès lors chaque accèsde pleurs, jusqu'au moment ou, avec les progrèsde Fa~e, la

volonté intervient et réprime cette manifestation expressive.

C«M~<~e coMtrae/tOMdes mMM~~m<M<oMrcn<'~'a'<~peM-d~n<lescris. Nousavons vu que les enfants, dans la pre-mière aussi bien que dans h deuxième enfance, ferment

invariablement les yeux avec énergie, pendant qu'ils crient,

par la contraction des muscles environnants, de manière A

produire sur les téguments des plis caractéristiques. Chez

l'enfant plus Agéet même chez l'adulte, toutes les fois qu'il =,se produit quelque accès de larmesviolent et sans contrainte,

on peut observer aussi une tendance Ala contraction de ces

mêmes muscles; cependant la volonté met souvent obstacle

&cette contraction, afin que la visionne soit pas gênée.Sir C. BeMexpliquecefait de la manière suivante12: a Lors-

qu'il se produit un effort violent d'expiration, qu'il s'agissed'ailleurs de fourire, de larmes, de toux ou d'éternuement, le

gtobe de t'œit est fortement comprimé par les fibres de l'or*

bicutaire cette compression a pour objet de protéger le sys-tème vasculaire de l'intérieur de t'œii contre une impulsion

rétrograde communiquée A ce moment an sang veineux.

Quand nous contractons la poitrine pour expulser l'air, il se

produit un ralentissement de la circulation dans les veines du

cou et de ta tête: dans les eHorts très énergiques, le sang ne

se borne pas & distendre les vaisseaux, mais il reflue dans

les petits rameaux vasculaires. Si &cet instant, t'œil ne su-

bissait pas une compression convenable, formant résistance

au choc sanguin, il pourrait se produire des lésions irrépara-bles dans les tissussi délicats du globe ocutairc. » Etplus

12. TheAitatomyo/JBa~M~M),<8t4,p. <<?. Voiraussiunmémoiredu m~meauteur dans P/«VM<~nc<~TtWModtMM,i8M, p. 284; M.,<823,p. i 66et289. VoirencoreTAe~tn~MS~~Mo/ theM«tMMBody.3' ëd:~ <83e,p. t7S.

Page 183: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLEUaa. KKt

loin, !e même auteur tijoute « Si nous écartons les pau-

pières d'un enfant pour examiner ses yeux au moment où

il pleure et crie avec coMre, la conjonctives'injecte brusquc-ment de sang, et les paupières sont ropoussécs, parce que

oous 8uppt'!m6ns~ id'appni naturet <~ systèmevasculaire de l'œil et l'obstacle qui s'oppose A t'envabissc-

ment des vaisseauxpar le courant circulatoire.

D'aprèsla remarque de Sir C. Bett, souvent connrmée parmes propres observations, les muscles péri-ocutaires se

contractent avec énergie non,seulement pendant tes pleurs,le rire, la toux et l'éternuement, mais encore pendant di-

vers autres actes de nature analogue observez, par exem-

ple, un individu qui se mouche avec force. Je priai un jour un

de mes garçons de pousser un cri aussi violent que possible;immédiatement il commença par contracter énergiquementses muscles orbicutaires; je répétai à plusieurs reprises la

même expérience avec le même résultat; et, quand je lui de-

mandai pour quelle raison il fermait si bien les yeux à cha-

que fois,je reconnus qu'il ne s'en doutait en aucune façonil agissait ainsi d'une mnni&re instinctive et complètementinconsciente.

Pour que ces muscles entrent en action, il n'est pas indis-

pensable que l'air soiteffectivementcitasse hors dela poitrineil suffit que les muscles du thorax et de l'abdomen se con-

tractent. avec une grande force, pendant que t'occlusion de

ta glotte empêche l'air de s'échapper. Durant les vomisse-

ments et les nausées, t'ait' remplit les poumons et fait des-

cendre le diaphragme, qui est ensuite maintenu en position

par l'occlusion de la glotte, « aussi bien que par ta contrac-

tion de ses propres fibres Les muscles abdominaux se

contractent alors vigoureusement, en comprimant l'estomac,

<9.Voirla description,par le docteurBrinton,de l'acteduvomisse-ment,dans yb<M'<C!~op.<~~M~tomy<MMtP~Moay, <8S9,vol. V,iiupptemcnt,p. 3t8.

Page 184: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t70 EXPMMfHOK MH LA NOUFFRAKCS

dont les fibres agissent en même temps et dont le contenu

est ainsi expulsé. Pondant chaque effort de vomissement,« la tête se congestionne fortetnont, le visage devient rouge

et _enj[!é,et les grossesveines qui sillonnent lit face et tes tem-

pes se dilatent visiblement J ai constaté qu'en mêmes tempsles muscles qui entourent l'œil sont en état de contraction

forcée. 11en est de même lorsque les muscles de l'abdomen

agissent de haut en bas, avec plus d'énergie que d'habitude,

pour expulser le contenu du canal intestinal.

Une mise en jeu des muscles du corps, quelque éner-

gique qu'elle soit, ne provoque pas 1&contraction des mus-

cles péri-oculaires, si le thorax lui-même n'agit pas vi~nu-reusement pour expulser l'air ou le comprimer dnns les

poumons. J'ai observe mes fils au moment où ils faisaient

les efforts les plus violents dans leurs exercices gyntnastiques,

par exemple lorsqu'ils se soulevaient plusieurs fois de suite a

la force des bras, ou lorsqu'ils enlevaient des poids conside-

rabtes; je n'ai aperçu qu'une trace & peine appréciablede contraction dans les muscles péri-oculaires.

Comme la contraction de ces muscles, dans un but de pro-tection pour les yeux pendant une expiration violente, cons-

titue indirectement, ainsi que nous le verrons plus tard, un

élément fondamental de plusieurs de nos expressionsles plus

importantes, j'étais extrêmement désireux de savon' jusqu'à

quel point l'opinion de Sir C. Beti était susceptiblede démons-

tration. Le professeur Donders, d'Utrecht bien connu

comme l'une des autorités tes plus compétentes en Europesur toutes les questions qui se rapportent &la vision et Ala

structure de!'œil, a bien voulu entreprendre cette étude, A

<4.Je doisdes remerciementsà M.Howman~quim'a misen relationavec le professeurÛonders,et quim'a aidé&décidercegrandphysiolo-gisteil entreprendredesétudessurcesujet, Je sutségalementredevableàM. BowmMde diversrenseignementsqu'il m'a fournisavecla ptufMtremecomplaisancesurungrandnombrede points.

Page 185: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M~uao; <?<

ma demande, en s'aidant des procédés si ingénieux de ta

science moderne il a récemment publié les résultats qu'il a

obtenus Ua démontré que, pendant une expiration violente,les vaisseaux intra-ocnlaires, extra-oculaires et rétro-oculaires

sont tous affectés idedeux façons d'abord par l'accroissementdo la pression sanguine dans les artères, et en second lieu

par la gène de la circulation en retour dans les veines. Il

est par conséquent certain que les artères et les veines de

l'œil sont plus on moins distendues durant tout effort énergi-

que d'expiration. four te détail des preuves données par le

professeur Dondcrs, jo me borne A renvoyer u son remar-

quable mémoire. L'injection des veines de la tète se recon-

naît facilement à leur turgescence, et A la couleur pourpreque prend la face, chez un homme, par exemple, qui a failli

s'étrangler et qui tousse avec violence. Je puis ajouter, en

m'appuyant sur la même autorité, que le globe oculaire,dans son ensemble, proémine sans aucun doute un peu au

moment de chaque expiration violente. Ce phénomène est du

à la dilatation des vaisseaux rétro-oculaires, et pouvait ai-

sément se prévoir d'après les connexions intimes qui existent

entre l'œil et le cerveau; on a vu en effet, en enlevant um'

portion de la voûte crânienne, le cerveau se soulever et s'a-

baisser a chaque double mouvement respiratoire; ce même

mouvement peut se constater, chez les petits enfants, au ni-

veau des fontanelles non encore oblitérées. Telle est aussi,

je présume, la raison pour laquelle les yeux d'un hommr.

étranpié paraissent saillants et prêts Ajaillir hors de leurs or-

bites.

l'our ce qui concerne l'influence protectrice de la pression

<S.L':mémoirede M.Dondcrs&paru d'aborddans AMeWoa~M/tAt.

eleie/voor(~eaeesen~Vatuurhuncte,Decl i87t1.tt a vtëlraduitpar le dar,.c/M~MorGeMM<CMIV<t(M«WtuK<~Dec!Nt870.Ha été traduitpar te doc.tour W.-n. Moore,sous tetitre autant On<AeAct~ oy<A<'E~Mxd'~<<VM<na~cM<~jM<Md/1roMexpiralorye~M'~dans tes ~rcAf~< ?'-

dicine,pubtiëespar le docteurL-S. Beate~<870,vol.V,p. 20.

Page 186: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<7a ËXPBRSStONHELASOUPFRASCt!.

des paupières sur les yeux, pendant de violents cûbr~ d'ex-

piration, le professeur ttonders conclut d'observations va'

rides que cette pression limite sans aucun doute ou même en-

tr&yo compï~tement !u ditut&iion des vaisseaux Hans cet!

circonstances, ajoute-t-il, nous voyons assez souvent tes mains

se porter invo!ontairem<'nt au visage et rappliquer sur tes

paupières, comme pour ïeur venir en aide et protéger tes

yeux plus efficacement.

H faut reconnaître cependant que les faits sur lesquels on

peut s'appuyer, pour démontrer que les yeux peuvent en et-

iet souffrir plus ou moins de t'agence d'un point d'appui ré-

sistant pendant Jcs expirations violentes, ne sont pas jusqu'à

présent tr~s nombreux; on peut pourtant en citer quelques-uns. Il est certain que « des efforts d'expiration énergiques,

pendant la toux ou io vomissement, et en particulier pen-dant l'éternuement, produisent quelquefois des ruptures dans

les petits vaisseaux (extérieurs) de !'œi! Le docteur Gun-

Binp a rapporté récemment un cas de coqueluche, suivie

d'exophtalmie, en attribuant cette complication a !a rupture

des vaisseaux profonds de i'orbite on a observé un certain

i0. !.c professeur DondcMfait remarquer (.tn;M<!M<~ M<'<Mc<«e,pu-btices )tar)e docteur L.-S. Beate~<8?0.vol. V, p. 28) que, a après unet~ion de !'œit, apr~e des opérations, et dat)&quelquesformes d'inQatn-tnation interne, nous attachons une MtWtmeimportancea la compres-sion uniformeexercéepar rocciM~iondes jpaap'erea,et qMetqueMsnous

!'ausmen<o!Mpar J'appticationd'on bandage. Dans ifua les cas, nouatAchonsd'cvito- de grandscHortsd'expiration,dontles incon~nienta soutconnus M.Bowmanm'apprend que, dans les cas de photophobieex-ceMivcqui accompagnece qu'on appelle t'ophtatmiescrofuleuse chMles entants, a!oMque la tumicreest si difficilea supporterqtte pendantdet semaineset des mois entiers elle est constamment arrêtée par uneocclusion cn~rgique des paupières il a <;tt'souventfrappé, en entr'ou-vrantcelles-ci, detapateurdu globe oculaire, oupour mieuxdire de t'ab-scncc de cette rougeur qu'il pouvait s'attendre a trouveraur une surbc<;un peu ennammee; il est disposé&attribuer cette paieur a t'dectusion

enM-giqucdes paupières.<?. Uonders, id., p. 30.

Page 187: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLEUHS <?:t

Nombre de cas aualo~ucs. Maisun simple sentiment de gèneadùsufnre probablement pour conduire & l'habitude asso-

ciée de protéger les globes oculaires par tu contraction des

musciM qui les entourent. 11a même sufti, sans doute, de

l'attente d'uneté<<iott~Mde sa ~MMëubtMtécest niMsiqu'M

objet qui se meut trop p~sdes yeux provoque uu clignementinvolontaire des paupières. Par <'<)t(s<!(tuentnous pouvottsconchu'e en toute assurance des <~)sct'vut!onsde Sh' C. BeU,et phts encore des recherches p!us précises du protesseur

t)opdet's, que l'occlusion énergique des paupières pendant tes

cris, chez l'enfant, est un acte plein de sens et d'une reet!c

«titite.

Nous avons déjà vu que la contraction des muscles orbi-

cutatres cntt'atnc le sout&vcment de lit tên'e supérieure, et

par suite, si la bouche est maintenue largement ouverte, lit

dëpre~ion des commissure!!par ta contraction des muscles

abtu~tours. Lu formation du sillon natto-tahia! sm' les jouesest également une consequcnct;de t'etévution de ta t&vrcsu-

périeure. Ainsi les mouvements expres~fs principaux du vi-

sage pendant les pleurs paraissent tous résulter de la contrac-

tion des muscles qui entourent tes yeux. J~onsverrons bientôt

que fcuusioo des tannes dépend aussi de la contraction de

ces mêmes musctcs, ou du moins qu'ette a certaines relations

avec cite.

Dans quelqucs'uns des faits précédents, et en particulierdans l'éternuement et lit toux, il est possible quela contraction

des muscles orbiculaircs puisse servir accessoirement à pro-

téger les yeux contre l'ébranlement ou la vibration trop in-

tense produite par le bruit qui accompagne de pareils actes.

Je crois qu'il en est ainsi; car les chiens et les chats ferment

certainement leurs paupières, lorsqu'ils broient des os durs

.entre leurs dents, et quelquefois aussi lorsqu'ils éternuent;

cependant les chiens ne les ferment pas quand ils aboient

bruyamment.. M. Sutton. ayant observé avec soin, sur ma de-

Page 188: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<74 EXt'ntSS8tO!<DELASOUFFMA?(CE.

mande, un jeune orang et un chimpanzé, a constate que l'un

et l'antre fermaient toujours tes yeux en toussant et en éter-

nuant, jamais au contraire lorsqu'ils criaient avec violence.

~yant moi-même administré une petite prise de tabac &un

singe américain, un Cf&M<,je le vis clore ses paupièresen éternuant; dans une autre occasion, je le vis, au con-

traire, garder lesyeux ouverts pendant qu'il poussait des cris

aigus.

Cause de la <ccr~«owdes hH'MM. Dans toute théorie de

l'influence de t'état de l'esprit sur la sécrétion des larmes, il

est un fait important dont il est nécessaire de tenir comptec'est que, toutes les fois que les muscles péri-ocutaires se

contractent involontairement avec énergie pour protéger les

yeux en comprimant les vaisseaux sanguins, la sécrétion la-

crymale s'active, et souvent devient assez abondante pour (lueles larmes coulent le long' des joues. Cephénomène s'observe

sons 1 innuence des émotions les plus opposées, aussi bien

qu'en l'absence de toute émotion. L'unique exception, et

encore n'est-elle que partielle, que présente cette relation

entre la contraction énergique et involontaire de ces muscles

et la sécrétion des larmes, existe chez lespetits enfants, alors

qu'ils crient avec violence, les paupières exactement closes;on sait, en effet, que les pleurs n'apparaissent qu'a l'Agede

deux A trois ou quatre mois. Cependant on voit déjà, avant

cette époque, les yeux s~humecter légèrement. H semble,comme nous l'avons fait remarquer plus haut, que lesglandes

lacrymales ne possèdent pas toute leur activité fonctionnelle

dans la première période de la vie, par suite d'un défaut d'ha-

bitude ou pour quelque autre cause inconnue. lorsque l'en-

fant a atteint un âge un peu plus avancé, les cris ou les

plaintes qui expriment la souffrance s'accompagnent si régu-lièrement de l'effusion des larmes, que la langue anglaisea donné aux deux mots to <cefBet cf<y(pleurer et crier)

Page 189: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLEURS. t7&

unsens identique, et en a fait deux termes synonymesTant que le rire, (lui est une manKcs~tion des émotions

contraires aux précédentes, c'est-à-dire de h joie ou du

plaisir, peste modéré, il se produit A peine une légère con-

traction des tn<~c!Mp~-octttaiM's; d&oot~eqac lessoarcilane se froncent pas; mais lorsqu'il passe A l'état de fou rire,avec des expirations rapides, violentes, spasmodiques, le vi

sage se mouille de larmes. J'ai observe tt diverses reprises !a

ugore de certaines personnes, &lit suite de violents accès de

rire, et j'ai remarqué que les muscles des yeux et de la lèvre

supérieure étaient encore contractés en partie; les jouesétaient humectées de larmes, et ces deux circonstances don-

naient &la moitié supérieure de la face une expression qu'ileût été impossible de distinguer de celle qui caractérise la

figure d'un enfant encore agitée par les sanglots. L'effusion

des larmes sur le visage, sous l'influence du fou rire, est,comme nous le verrons plus tard, un phénomène commun a

toutes les races humaines.

Dans un acc<s de toux violente, et spécialement dans un

état de demi-ounbcation, la face devient pourpre, les veines

se distendent, les muscles orbiculaircs se contractent avec

énergie et les larmes coulent sur les joues. Mêmeaprès un

accèsdo toux ordinaire, on sent presque toujours le besoin de

s'essuyer les yeux. Dans les efforts violents de la nausée ou

dn vomissement, lesmuscles orbicutaires sont fortement con-

tractés, et quelquefois les larmes coulent avec abondance

sur le visage; j'ai fait ces observations sur Moi-même aussi

bien que sur d'autres. Ayant entendu avancer que ces phé-nomènes pouvaient être dus simplement à l'introduction dans

lesnarines de substances irntante~ dont la présence provo-

querait par action réflexe une suractivité de la sécrétion la-

t8. M.Mcmte:ghWcdgwood(Mc~c/'R~AJE~mo~~ i839,vot.t,p. 4i0)dit: a Leverbeto MWt'vientde !'an(fiMMon«'<~dontle sensorigine!est siMptemcntcri (<w<c~).a

Page 190: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t70 EXPKt~StON DE LA SOUFFRANCE.

crymale, je prtai un médecin, l'un de ceux qui ont bien

voulu m'aider dans ce travail, de porter son.attention sur

les effets des efforts de vomissement, alors que rien n'était

expulsé de l'etitomac; par une singulière coïncidence, ce mé-

decin fut pt'!s!m-n)ème le lendctnath de ntmscesviolentes, ettrois jours après il eut l'occasion d'observer une cliente dans

des circonstances semblables. Dans aucun des deux cas, il

n'y eut un atome de matière rejeté hors de l'estomac, et

cependant h's muscles orbicutturcs se contractèrent fortement

et des larmes coûtèrent avec abondance. Je puis être aussi très

afnrmatif au sujet de la contraction énergique des mêmes

muscles et de Iii sécrétion des larmes qui raccompagne,

lorsque les musclesabdominaux aguisent avec une force inu-

sitée de hant en bas sur le canal intestin:

Le bâillement commencepar une inspiration profonde, quesuit une expiration longue et énergique; en même temps

presque tous les muscles du corps sont fortement contractes,

y compris ceuxqui entourent lesyeux lasécrétion des larmes

s'active souvent, et quelquefois même on les voit couler sur

les joues.J'ai souvent observé que, lorsqu'on se gratte sous l'in-

Muencede démangeaisons insupportables, on ferme les pau-

pières avec force; mais je ne crois pas qu'on commence parfaire une inspiration profonde pour chasser ensuite l'air vi-

goureusement, et je n'at jamais remarqué que les yeux se

remplissent de larmes dans ces circonstances; toutefois je ne

puis affirmer qu'il n'en est jamais ainsi. L'occlusion éner~

gique des paupières se rattache peut-être alors simplement A

l'action générale qui raidit tous lesmusctesdu corps au même

moment. Elle est complètement différente de cette occlusion

très peu énergique des yeux qui, suivant une remarque de

Cratiolet 19,accompagne souvent la perception d'un parfum

<0.DehtM~tCMOM~.t8Miî,p. 2f?.

Page 191: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

!'f<EUn8. t77

12

suave peu' le. sens de l'odorat ou d'une saveur exquise pat'celui du goût, et (lui est duc sans doute originellement an

désir d'exclure toute impression étrangère.Le professeur Donders me signale le fait suivant « J'ai

oLserve, dît-il, (Quelquescas d'une affection ti'es curieuse

après un léger attouchement, par un vêtement par exemple,ne produisant ni lésion ni contusion, il se manifeste des

spasmes des muscles orbiculaires, accompagnés d'une effu-

sion très abondante de lannes, qui peut se pro!on~ct' pen-dant une heut*eenviron. Plus tard, et quetquefois après un

intervalle de plusieurs semaines, il se produit des spasmesvinjcnisdeces mêmesmusctes, accompagnés encore de larmes

et de rougeur primitive ou consécutive des yeux. » M. How-

nrnn a observé parfois des cas comptetement analogues dans

certains d'entre eux il n'y avait ni rougeur m innammation

des yeux.~'étais très curieux de savoir s'it existait, chez quelque

animât, un rapport analogue entre la contraction des mus-

ctcs orbicutaires, dans une expiration, et ta sécrétion des

tarmes; mathcureusetnent il n'y a que très peu d'animaux

qui contractent ces muscles d'une manicre prolongée, et ir&s

peu quipteurcnt. Le MacacusMonM,que l'on voyait autrefois

larmoyer si abondamment, au Jardin Zoologique, aurait été

un excellent sujet pour ces observations; mais les deux singesactuellement existants, et qu'on croit appartenir A la même

espèce, ne pleurent pas. Cependant ils ont été étudiés avec

soin par M.Bartiett et par moi-même, pendant qu'ils pous-sarientdes cris aigus, et ils nous ont paru contracter les mus-

cles en question mais ils gambadaient de coté et d'autre,dans leur cage. avec tant de rapidité qu'il était difficile de

faire des observation:!précises. Aucun autre singe, Il ma con-

naissance ne contracte ses muscles orbiculaires en criant.

On saitque l'oléphant indien pleure quelquefois. Sir It Ten-

nent, décrivant ceux qu'il a vus captures et prisonniers A

Page 192: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t7)t HXt'RESStON PBLA )t6UFFMAN<!K.

Ceyhn, s'exprime ainsi '<Qne!nues-una testent immobues,

accroupis sur le sot, sans manifester ~e~ souffrance autre-

ment que par tes larmes (lui baignaient !cnt's yeux et cou-

tait !ncessamnMnt,HKt padantd'un autre e!ephant '< Lors-

f;u'i! fut vaincu et attaché, sa douleur fut extrctne !n vioït'ncc

fit place il une compote prostration, et ii tomba par terre~

poussant des cris étouffés et ia face baignée de larmes~. M

Au Jardin Zoologique, le gardien des ét~pnants indiens m'a

affirma positivement avoir vu plusieurs fois des larmes eouÏM'

snr la face do lit vieille femeue to~qu'on ta séparait de son

petit. J'étais très désireux de constater «u fait venant &l'appui<!c !a rc!atton qui existe chez l'homme enti'e la contraction

des muscles orbieutaires et l'effusion des larmes, et de ve-

~iHer si les étéphants mettaient ces musctes eu action lors-

qu'ils criaient ou soufHaient bruyamment par tour trompe. A

la prière do M. Bartlett, te gardien ordonna aux deux éte-

pliants, jeune et vieux, de crier: et nous constatâmes, &

20. Cc~M, ~ed~. <8!M.vol. t!, p. 3' 370.–Jctnc su!"adressé hM.Thwa!tcs, &Ccy)an,p~n'avotr <t'autn:!trenseignementsrelativementaux pteur~ de t'ftephant; j'ui reçu, en réponse, une tcMrcdu RfvërcndM. Gtettio,qui a bien voulu obaeFtcrpour mot, avec quelques autres

peKonnc! une troope d'etfphitntitr''cc)t)tnent capturés. LorsqM'ontes

irritait, !ts poussaietrt des cr:< violents, tHais sans jamais contracterleurs musclespërMCutairc~et sans verser de tarmcs. Leschasseura in.

digëtx's aMrmcnt d'ailleurs <tu' n'ont jamais vu t'etcpbant pleurEr.,11me t)ara!tcependant itnpoMibtede mettre en doute les déta!!s circons-tancié!)donnes.pat Str K.Tennent, connnnesd'aittcurspartes an!rmation$

posittves des gardiens du Jardin Zoologique.Mest certain que tes deux

t'tephanta du jardin contractaient invariabtemcnt leurs musclesorbicu.tairc~ au moment où ils cotanMncaientà pousser des cris. Je ne puis<'onciM<'rces affirmationsopposées qu'en suppusautque tes ctéphantsr<:Cfmntcntcaptures de Ccy!an, furieuxou ctrfaycs, désiraient observerleurs persécuteurs, et par conséquentne contractaientpas icurs musclesorbiculaires, afin de ue pas gêner ta vision.<:euxque M.Tennent a vus

répandre des tar)n<'sétaient abattus, désespères, et avaient renonce &

la lutte. Les ctephants qui étaient au Jardin Zoologique,en obéissant &

un commandement,n'étaient evidenMncntni enrayes ni furieux.

Page 193: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t'LKURS. t7)t

plusieurs reprises, sur l'un et l'autre, clue les muscles péri-oculaiMtt, surtout les inférieurs, se contractaient bien nette-

ment au moment où ils commençaient Acrier. Mansune autre

occasion, le gardienayant fait crier l'éléphant lM*aucoupptusfort. nous vimes & chaque fois les mêmes muscles se con-

tracter énergiquement, les supérieurs aussi bien que les in-

férieurs: Chose singulière, l'étéphant d'Afrique, –qui, il faut

te dire, est si diuerent de l'étéphant des tndes que certains

naturaHstes le ctassphtdans un sous-~enro distinct, n'a pasmontré, dans deux circonstances où on a provoque ses cris,Ja moindre trace de contraction des muscles péri-ocutaires.

Si ï'on conclut des différents <empt<'s relatifs a l'espècehumaine que nousavons cités, on ne peut douter, scmbte-t-i!,

que lit contraction des musctes péri-ocutaires, pendant une

violente expiration ou une compression énergique du thorax

ditaté, aie soit, d'une manière ou d'une autre, en connexion

intime avec la sécrétion <~slarmes ces phénomènes s'obser-

vent d'ailleurs sous l'influence d'émotions complètement clif-

férentes, et même en l'absence de tootc émotion. Celan<'veut

pas dire certainement que ta sécrétion des larmes ne puissete produire sans la contraction de ces muscles tout le monde

sait, en effet, que les larmes coulent souvent avec abondance,sans que les paupières soient closes ni les sourcils fronces.

La contraction peut être a ta fois involontaire et prolongée,comme pendant un accfs de suffocation, on rapide et éner-

gique, comme pendant un éternuemeni. Le simple cligne-ment involontaire des paupières n'amené pas de tarmes dans

lesyeux, bien qu'il se répète fréquemment; il nesnfut même

pas de ta contraction volontaire et prolongée des nombreux

musclesenvironnants. Comme les glandes lacrymales entrent

facilement eu activité dans l'enfance, j'ai demandé quelque-fois &mes enfants et a plusieurs autre:! d'âges divers de con-

tracter ces musclesplusieurs fois de suite de toute tour force,aussi longtemps qu'ils pourraient continuer l'effet fut a peu

Page 194: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ttM EXPRESSES DE LASOUPFRANCK

près nul. J'ol~sorvai parfois seulement une légère humidité

des yeux, que pouvait partaitement expliquer la simple expul-sion des larmes qui existaient déj~ dans les glandes par suite

()*unc sécréttôn antérieuM.

Si l'on ne peut préciser exactement la nature de la relation

qui lie ta contraction involontaire et énergique dns muscles

péri-oculah'es &ta sécr6t!on des larmes, il est au moins permiadémettre une hypothe~ probable. La principale fonction de

!a sec~tion lacrymale constste tubt'i~cr, concurMmtnent

avec un peu de mucus, la surface de r~it; cUescr!en second

He'<,d'après l'opinion de certains phystotogistes, Ahumecter

constamment les narines, de mantëre A saturer d'humidité

l'air inhalé et favoriset' le fonctionnement du sens de re-

dorat. Mais une autre fonction des larmes, au moins aussi

importante que les précédentes, consisteAenu'atncr les par-ticules de poussière ou les corpuscules de toute nature (jut

peuvent tomber sur les yeux; l'importance de cette fonction

est démontrée par les cas dans lesquels la cornée s'ennatnme

et devient opaque, à la suite d'adhérences entre le globe ocu-

iMM'et la paupière, qui rendent celle-ci immobile, et empê-chent rentratnement de ces particules~. La sécrétion des

larmes sous l'inuuence de l'irritation produite par la pré~nccd'un corps étranger est un acte rétiexc ce corps irrite un

nerf périphérique qui envoie une impression à certaines cel-

lule! nerveuses sensitives, lesquelles la transmettent &d'autres

cellules ces dernières, A leur tour, réagissent sur la glande

lacrymale. L'impression transmise à la glande produit, ona du moins de. bonnes raisons pour le croire, le relâche-

ment de la tunique musculaire des petites artères; le sangtraverse alors le tissu glandulaire en plus grande quantité, et

H. Hergeott,citédans JoMfMt<~/ttt«(<MKytKdPA~<< nov. t)t7t,th 23S.

22. Voir,par exemple,un casrapportéparSir C. Het~PM'Mcp/tfMj!TranM<:<«MM,1823,p. <??.

Page 195: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

p~uns. tM

provoque une abondante sécrétion. Lorsque les petites artères

de lit face, en y comprenant celles de la rétine, M dilatent

sous t'influence de circonstances tr&sdiverses, en particulier

pendant une routeur intense, tes gtandcs lacrymales subis-

s~nt ~'tc!q<<éfbMnnet<np!WMionBemMabta et Lesyemxs'hn-mcctcnt de termes.

ti est difficile do se rendfc compte du mode d'origine de

certaines actions t'oMcxes; tontcfots, relativement Mucas <)<

tM~tde rimpressionnabUite des ~tandes htcryma!es pat' une

irritation portée sur ht surface tic FœH~itest peut-être utile

de remarquer que, aussitôt que certaines formes an!m!des

primitives ont acquis un mode d'existence A demi terrestre,et que les yeux ont pu par conséquent recevoir des parti-<;ntesde poussière, celles-ci auraient provoque, si cHesn'a-

vaient pas étéontratnée! une irritation intense; alors, en

vertu du simple principe de l'action de ia force nerveuse

t'ayonttant vers tes cellules avoisinantes, les glandes tacryma-les ont du être amenées &cntret' en action. Ce phénomènes'étant répète fréquemment, et ta force nerveuse ayant d<;!a

tendance a repasser aisément par les voies qu'cUc a suivies

habituctiement, une tég'cre irritation a dû, en fin de compte.suffire pour produire une abondante sécrétion de larmes.

t'ne fois cette action réttexe ëtaMic et devenue facile

par ce mécanisme ou par tout autre, des irritations de n«-

tures diverses portées sur la surface de t'œit, l'impressiond'un vent froid, une action inflammatoire lente, un conpsur les paupières, ont du provoquer une sécrétion abon-

dante die larmes; nous savons qu'i! en est en effet ainsi.

Les landes lacrymales entrent aussi en action à la suite

d'une excitation portée sur les organes voisins. C'est ainsi

clue, lorsque les narines sont irritées par des vapeurs acres,les larmes coulent, alors mémoque lespaupières restent exac-

tement formées; il en est do même A la suite d'un coup

vécu sur le nez, en boxant par exempte. J'ai vu un coup

Page 196: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<? HXPMKS8tONnKLA8<)UF!<BANCK.

de hndtne sur Ja vitMt~eproduh'o !o mùmo effet. Dansee<tdernioM cas, la sëcr~tion dcN tarmes est un phënom~neaccessoire et sans utUitc dh'ccto. Comme toutes les paritésde la face, y compp!s tes landes lacrymales, reposent !es

ram!<!cat!ohs tt'umttcmc tt'ohc nci'vcux, te ti'ijumcau ou hefff 1 1 v · n 1 1 m

de la cinquième paire, on peut comprendre jusqu'A un cer-

tain point que les encts de l'excitation de l'une do ses

branches puissent se propager aux ecttutes nerveuses quisont les origines des autres tn'ancttes.

Les parties intérieures du glotte oculaire agissent é~ate-

ment, dans certaines conditions, sur tes glandes ta<'ry(natos,

par action rénexe. Lesobservations suivantes m'ont été gra-cieusement communiquées par M. Bowman; ces questionssont du reste très complexes, à causedes connexions intimes

qui lient toutes tes parties de t'œit, et de leur extrême sen-

sibilité A toute excitation. Une lumière intense a ift's peu de

tendance a provoquer le larmoiement, si la rétine est dans

son état normal; mais dans certaines maladies, chez les en-

fants par exemple qui ont de petits ulcères chroniques sur

la cornée, la rétine devient extrêmement impressionnahte,et l'action de lit simple lumière diffuse provoque une occlu-

sion énergique et protouj~c des paupières, accompagnéed'une abondante effusion de larmes. Lorsqu'on commence A

faire usage de verres convexes, et qu'on force le pouvoir af-

faihli de l'accommodation, lit sécrétion tacrymatc s'exagèred'une manière souvent excessive, et la rétine devient d*uu<'

très grande sonsibitité à ta lumière. En générât, tcsMMcctions

morbides de la surface de l'œit pt des or~ratx's citiaircs qui

Mûrissentdans te phénomène de t'accommodation ont dos dis-

positions à s'accompagner d'une sécrétionanormatc <i<'larmes.

La dureté dn glotte de l'œit, qui ne va pas jusqu'A i'innam-

mation, mais qui est simplement un indice d'un défaut d'é-

quilibre entre ta circulation directe et la circulation en

retour dans tes vaisseaux intra-ocutaires, n'est pas ordinah'e-

Page 197: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PLHUHM. ta9

ment smvtc de !armoie<neHt celui-ci se produit ptutôt quandle défaut de t'equitiht'e est inverse et que i'a'U «<' ramoUit.

Enfin il est des états morbides nombreux et des atterations

orgoniqnes de t'a* et même des innammations très ~M~vos,

tjn! pcavcittH~ti!~ aoootnp!t~M d't~tmtte et msi~miitmt<

U faut ansst t'cmat'ftuct',comme ~yant nn rapport ittdh'cct

uv<'cla qnt'stiott (lui nous occttpf, (pt<'i'œtl et h's parties voi-

siMcasont sotnnis à un )tomht'<'conMdét'ahk de monvcm<'nts,de sctt~tious, d'actes hH!cx<?8<'t atisociÉs,indëpcndatnmcttt<t<!ccnx <tui mtcyosspttt la ~tandc tact'yntalc. Une hnn46t'c

ectatantp ffappc-t-cttc ta t'étinc d'ut) dos dt'ux ycnx. t'tt'ts se

contfactc mHts,apt'<~stttt int('t'vat!<;de tt'mps Mppt'éoabte,l'hts

d<'!'autn' a'H onh'<' en action à son totn'. L'if'!s cx~cntf nu~t

des monvcfnt'xt~dans !*n<'tt'de t'accutnmodatton A tondue cm

aicourte distance, et nnsst tot'squ'on fait convt't'~ft' tes deux

youx~. Toutle monde a épt'ouvë avec <p<cttcpnissan<'RitTësis-

tihic les sout'cik s'uhaisscnt sous t'aptiox d'une htmiét'c tt'~a

intcn<M'.Nousc!i~)t<)nsaussi invotontau'<'th''ut !os panpt~t'f's

<pMnd tm ohjct s'agite pt't'~ d'' nos ycn\, on <jnand ttous en-

tendons un tn'uit imp~vn. !<<'cas bien connu d'' reW'nnc-

ment pt'ovo<nté,chez t'crtainot pct'sonncs, p:n' t!nf vive lu-

mtet'c,cstphtSt'tn'i('))x;c!n'ictta fot't'e ncrvntMo rayonnedo certaines ceiudes <'nconnexion :tvcc !a t'<Kincaux ccHn-

!esscnsot'icUcsatÏt'cMcs Ala muqueuse nasale, eu y produi-sant un picotement, et de 1~aux ccihdes qui commandent

les divers muscles respiratoires (les orhiculairei; compris),

lesquels cxptdsent i'Mirde te!Jo njaniere t}u*Hsort seulement

par les narines.

Hovenons A notre sujet pourquoi y a-t-il sécrétion de

tat'mcs au moment d'un accès de cris ou pendant d'autres

23. Vo!r,sur ces <t!veHpoints, <)M(Af jiMom<tM<'<to/.tc''omm~«McM«M<«cMwtp/<A<< parte prof. n~nders, <8U4,p. 57:<.

Page 198: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

.<? EXPRKSStO~RLASOUPPHA~Ci!.

efforts respiratoires violents? Pui~t~ coup léger porté sur

les paupières provoque une abondante effusion de larmes,il est au moins possible que la contraction spasmodique (le

ces organes, en comprimant fortement le globe de l'œu,

agisse d'une manK'rosemblable. il est Mrta!ncepeHdahtquelit contraction volontaire des mêmes muscles ne produit au-

cun euet; mais ceci ne me parait pas une objection & lit

manière de voir précédente. Nous savons qu'un homme ne

peut volontairement ni éternues- ni tousser avec lit mémo

énergie qu'il déploie quand ces actes sont automatiques; il

en est de même pour la contraction des musctesorbicu!ait'cs.

Sir C. BcUa constaté, dans diverses expériences, qu'en fer-

mnnt brusquement et fortement les yeux dans l'obscurité, on

aperçoit des étincelles lumineuses (phosphènes) semblables

A celtes qu'on fait nattre en frappant légèrement les pau-

pi&rcs avec le bout des doigts; « mais dans l'éicrnuement,

dit-il, la compression est a la fois plus rapide et plus éner-

gique, et les étincelles sont plus briliantes Il est certain

d'auteurs que celles-ci sont produites par la contraction des

paupières, car « si on les maintient ouvertes pendant l'acte

de t'éternucmcnt, toute sensation lumineuse disparatt M.Nous

avons dc~Avu, dans tes cas particuliers cités par le profes-seur Uondcrs et par M. Bowman. qn'il survenait, quelquessemaines après une légère lésion de l'ceit, des contractions

spasmodiques des paupières, accompagnées d'un larmoiement

abondant. Les larmes (lui accompagnent le bâillement pa-raissent dues seulement à la contraction spasmodique des

muscles péri-oculaircs. Malgré ces derniers exemples, il pa-rait difficilement croyable que lit pression exercée par les

paupières sur la surface do l'œil puisse suffire, quoique

spasmodique et par conséquent plus énergique que si elle

était volontaire, pour provoquer par action réflexe la sé-

crétion des larmes, dans beaucoup de cas où celle-ci se pro-duit pendant de violents efforts expiratoires.

Page 199: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

pLKuns. t«&

Une autre cause peut aM8Mintervenir. Nous avons vu quetes parties profondes de !'œit agissent, dans certaines condi-

tions, sur !M glandes iacryma!es par action r~t!exe. Nous

savons, d'autre part, que, pendant des eHbrts d'expiration

éhoi'gi(llics;la .1iï;és.~Î(jïidü~tiiig-"arti!t'¡'Cl"cIltnslmf..VRmælttl'"énergiques, ta pressfoh du sah~artériel ftans tcx vaisseaux

oculaires augmente, tandis que la circulation en retour parles veinesest gênée. Il semble par consé<tuent probable quela distension des vaisseaux oculaires ainsi produite puisse

agir par action réflexesur les landes lacrymales, et ajouterd~s lors ses effets Aceux qui sont dus à ia compression de

!a aurfacede t'œit par les paupiërfs.

Pourjugerde la probahitito de cette hypothèse, rappetons-notM <{ucles yeux des enfants ont fonctionné de ces deux

maniÈt'es pendant d'innombrahtes génëfations, toutes les

fois (jH'itspoussaient descris; et, comme la force nerveuse

a de ln tendance ri passer par tes voies qu'elle tt déjà sui-vies habitueMemont. il a dA suftire, en dernier lieu, d'une

compression mornepeu considérable des globes ocutairc<; et

d'une distension modérée de jeurs vaisseaux pour agir sur

les landes lacrymales. Noustrouvons un phénomène analo-

gue dans la contraction légère des muscles peri-ocutait'es,contraction qui se produit ntômc pendant un accès de ptcursmodet'e, alors qu'il ne peut y avoir de distension des vais-

seaux ni de sensation de gène dans les yeux.Knoutre, lorsque des actesou des mouvements complexes,

après avoir oie accompliset ctroitcment associés les uns aux

autres, viennent plus tard, pour une cause quelconque, à

être empêchés d'abord par la votonMet ensuite par l'hnhi-

tudc, si tesconditions excitatrices convenables se présentent,ta pnt'tiede l'acte ou du mouvement qui est le moins soumise

au contrôle de la volonté est souvent encore accomplie in-

votontairement. La sécrétion glandulaire est en général re-

marquublement indépendante de l'influence de ta volonté;

aussi, lorsque les propres de l'a~e dans l'individu, ou de la

Page 200: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tM KXt'RBMtOX PK ~A SOtJKfRANCE.

civilisation dans la race, ont réprimé et fait disparattre !'ha-

Intnde des pleurs et des cris, lorsque, par Mnte, il ne se

produit plus de distension des vaisseaux sanguins (te l'œil,

ta~&créHQndcs iMmes peut cependantjpersister encore. Ouvoit, comme nous l'avons dé{&remarqué, tes muscles péri-oculau'es d'un individu qui lit une histoire touchante, trem-

bloter et tirailler les traits d'une manière si légère que lout'

contraction est peine perceptible. Uans ce cas, il n'y a eu

ni cris ni ditataticm des vaisseaux iMn~uins: cependant, ptu*t'etfet de rhaJntude, certaines ce!hues nerveuses ont envoyéune petite nuantité de force nerveuse aux cellules qui gou-vernent les muscles pét'i-oputaifes, et elles en ont envoyé e~a'-

lement aux cellules des~uettes dépendent les glandes tacryma.-

les, car les yeux ft'humectcnt souvent de larmes précisëmentau même montent. Si le tiraillement des musctes p6ri-ocu-!aires et la sécrétion lacrymate avaient été conp~tement

réprimes, il est presque certain qu'i) aurait existé néanmoins

une tendance de la force nerveuse A se tf&usmettrc dans

ces mêmes directions; or. comme les landes !acryma!essont renteu'qMah!cmcnt indépendantes du contrite de ia. vo-

lonté, elles doivent ett'c Otninemmontsusceptitttes d'entret'

encore en action, trahissant ainsi, en l'absence de tout autre

si~ne extérieur, les pensées attendrissantes qut traversent

t't'sprit du t<'pteur.

Comme confirmation de l'hypothèse émise ci-dessus,je puisfaire une remarque si, pendant !a pretniérc période de la

vie, alors que des habitudes de toute nature peuvent s'é-

tablir facilement, nos enfants avaient cté accoutumés a

exprimer leur joie par de bruyants éclats de rire (pendant

lesquels les vaisseaux oculaires sont distendus) aussi souvent

et aussi continuellement qu'ils ont pris l'habitude d'exprimerleur chagrin par des accès de cris, il est probable qu'ulté-rieurement on aurait vu se produire une sécrétion lacrymaleaussi abondante et aussi régulière dans l'un de ces états que

Page 201: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PhBCBS. )<?

dtnns rentre. t~n rire modéré, un sourire, souvent même une

idée gaie aurait, en pareit cas, pu suffire pour provoquerune légère effusion de larmes. Kt pat' le fait il existe une

teadanfe évidente dans ce sens, comme nous le verrons quandnous nous dc('<q<c)~MS des ~f' Che~ tes ind~

~ènes des lies Sandwich, d'après Freycinet~, les tannes sontt.

réeUeïnMnteonsMtérëcst'otnme nnsi~nc de honheut';tcutcfu!sil seruit iton d'avoir de ce fait une theinem'c preuve que t'Mf-

Snnation d'un voya~cm' qui n'tt fait que pusser. De mente

encore si nos enfants, considéras soit en htoc pendant pto-tneursgénérations, soit isotëtnt'nt pcndaot plusieurs années.

ont éprouvé prfsquc jout'nenctncnt des acc~s de suffocation

pt'otong'ée, pendant lesquels les vaisseaux de rceit se distf~t-

dent et les larmes coulent en abondance, il est probable,tant est puissante la force de t'association des habitudes, quedans la suite il aura suffi de lu idée d'un de ces accès

pour amener des hu'tnes dans les yeux, sansqu'it y ait pourtes jnstincr autrement aucune tristesse <tans l'cspt'it.

Pour résumer ce chapitre, nous dirons que tes pleurs ré-

suttent en somme probahiement d'une succession de phéno-mènes plus ou moins analogue A htsuivante l'enfant, récht-

mantsn nourriture ou éprouvant une souttrttncpquetconque,n d'abord poussé des cris <n~us,comme les petits de la pht-

part des animaux, eu partie pour appeler ses parents il son

aide, et en partie aussi parce que ces cris constituent par eux-

mêmes un soulagement. !)cs cris prolongés ont amené iné-

vitablement Ï'en~ot'~emcnt des vaisseaux sanguins de rmH,

en~rgement qui a du provoquer, d'Huor<i d'une manière

consciente et plus tard par le sitnptc effet de l'habitude, jn

contraction des muscles q~i entourent les yeux, pour pro-

téger ces organes. Eu même temps, ia pression spasmodiqueexercée sur in surntce des yeux, aussi bien que ht distension

·24.Citépar Sir J. l.ubbock,~'<'A~~)'f<!r<M<<«0~,p. 4S)t.

Page 202: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<? KXPHKStUON!)Kf<A80UFF&AXCE.

des vaisseaux intra-ocutaires. a dû. sans éTeillerncccsMurc-

mentpour cela aucune sen~tion consciente, mais par unsim-

pt<!effet d'acuon rénexc, itnpressionner les landes tat'ryma-

!es. Entin, en vet'tn (te t'action combinéede tt'o!s principes,savoir h' {Mtsso~ef<tciic de la J'm'e<'nerveuse pat' tesvoies qu'eUe Mht'tMtHeHemcntparcoum~, t'tUMocitttion,

dont ht puissance est si étendue, la diifet'encc qui existe

e)ttt'e des actes divers retativouent At'empiro qu'exerce sureux ta votoute. il est an'iv6 que ta souB'fHXceprovoqueaisément ia sécrétion tics tarnifs, sans que ccHos-ci s'Mccon-

pa~nent ttécessairement d'aucune autre manifestation.

D'après cette théorie, les pleurs ne seraient qu'un phéno-mène accessoire, sans plus d'utilité appréciable que les lar-

mes provoquées par une contusion (lui n'intéresse pas l'ceii

ou que l'éternuement pt-oduit par l'cctat d'une vivo lumière;i

toutefois cela n'empêche nntlement de comprendre comment

la sécrétion des larmes peut servir de soulagement &la souf-

france. l'lus i'acct's de pleurs est violent et nerveux, plus le

soulagement éprouvé sera grand, exactement pour la même

raison qui fait que les contorsions dit corps, le grincementdes dents et l'émission de cris perçants diminuent l'intensité

d'une douleur physique.

Page 203: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAMTnEVH

ABATTEMENT,A?<X)ÉT~,CUA(t)t)X,t~KOKHACHMEXT,HËSËSt'0)tt.

Ktrcte dufbatf)"surt'<*t"ttt)m)<(tbti<tuh6desMmrcttasoust'inttuetM'ede laMuO~ancc.Cauaedet'~htiqui))'desoont'Ht. AbaisscMxntth'ocotnsdeta houeho.

Après une violente crise de sonCft'anccmorale et lorsquela cause de ces souffrances subsiste encore, nous tombons

dans un état d'abattement; !'aMa}sscmentettedécouragementsont même quctquefois absnhts. La souffrance physique pro-

longée, quand elle n'atteint pas l'intensité d'une torture

extrême, amène geocratement ce même état d'esprit. Quand

nous nous attendons &soutMr, nous sommes inquiets; quandnous n'avons aucun espoir d'être soulagés, nous tombons dans

le désespoir.On voit souvent, comme nous l'avons déjà dit dans un

chapitre précédent, des malheureux en proie à un chagrinexcessif chercher du souiaj.rement dans des mouvements

violents et presque frénétiques. Mais torsque leur souurance,bien que durant encore, s'est un peu apaisée, cette activité

fébrile disparaît ils restent alors au contraire immobiles

et passifs, ou quetquefbis se balancent d'un côté a l'autre.

!jB circutation s'alanguit, le visage pa!it, les muscles se dé-

tendent, tes paupières s'abaissent, la tête se penche sur la

poitrine oppressée, les lèvres, les joues et la mâchoire infé-

rieure s'affaissent sous leur propre poids. !t en résulte quetous les traits s'allongent; aussi dit-on d'une personne qui

apprend une mauvaise nouvelle, qu'elle a la figure longue.

Page 204: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KXpnesstONDu cttAnm~«m

Des indigènes de la Terre.de'Feu, voulant un jour nous

faire comprendre que le capitaine d'un vaisseau à voiles.leur ami, était complètement abattu, se mirent A étirer leurs

joues des deux mains, do manière Arendre leur visage aussi

long' que possible. !c tiens de M. Bunnet que, !o~ue les

aborigènes australiens sont accablés, ils ont foref~e &«?.

Unesouffrance prolongée rend les yeux ternes, inexpressifset souvent humides de larmes. Les sourcils prennent par-fois une position obtique, résultant de l'élévation de leur

extrémité interne. U se forme alors sur le front des rides

particuU&rcs qui diuerent beaucoup du simple froncement

des sourcils; dans certains cas cependant, c'est le fronce-

tnent ordinaîrc qu'on oLserve. Lescoins de la bouche s'abais-

sent ce dernier trait est si universellement reconnu comme

le signe de l'abattement, qu'il est presque devenu prover-bial.

La respiration devient lente et faible, et s interrompt sou-vent de profonds soupirs. Cratiolet avait déjà remarque que,toutes les fois que notre attention est longtemps concentrée

sur quelque sujet, nous oublions de respirer, et il vient un

moment où une profonde inspiration nous soulage; mais les

soupirs d'une personne aHtigec, liés a sa respiration lente et

à sa circulation languissante, sont éminemment caractéristi-

ques'. Quelquefois la douleur rcnatt par accèset se transforme

en un vérita.btt! paroxysme d'affliction il en resuite alors

des contractions spasmodiques des muscles respiratoires, et

quelque chose d'analogue & ce qu'ou a appelé le globus

hystericus monte a.'la g'orge. Ces mouvements spasmodiques

t. Lesdescriptionsprécédentessont tiréesen partiede mespropresobservations,maissurtoutdcCratio!ct(D< PA~tOMOMM~p.S3,337;sur !esoupir,232).Cetauteura bientraitece sujetdanstoutessespar-ties. \'o~ezaussiUUScllkc!,ëtirnirex~~ihl~~siopnomices,Pm~menr:rnlrhy-tics. Voyezaussi MuM'htn',Hf<m<ce<''< M~<~noM~c<Fnt~MCH<MnMy..Ma~cMtM,<82<,p.2t. –Sur t'Mprcssionterneduregard,voirD'Pi-derit,~m~ MMdF'A~<o0HMn<t,i8!t7,s. 63.

Page 205: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OttMQUtT~bESSOUhCtLS. t(t)

sont manifestement de même nature que les sanglots des

enfanta et sont des vestiges desspasmes plus sérieux qui font

dire d'une personne qu'elle su~que de douleur~.

OMif~Mt~<fM Mttr~. MeMXpotots seulemfM~ dana ta

description qui précède, exigent encore quelques dévelop-pements, et ces deux points sont très curieux je Vfux

parler de l'élévation de l'extrémité interne des sourcils, et

de l'abaissement des commissures labiales. Occupons-nousd'abord des sourcils. On leur voit, disons-nous, prendre

quelquefois une direction oblique chez les personnes quisont eu proie A un profond abattement ou A une grande

inquiétude; j'ai observé, par exempt' ce mouvement chez

une mère qui parlait de son n!s ma!ade. Quelquefois aussi

il peut être occasionné par des causes peu sérieuses ou pas-

sagères de chagrin réel ou supposé. Cettedirection obliquedes sourcils est due à ce que la contraction des muscles

orbiculaires, sourcilicrs et pyramidaux du nez, dont l'action

commune est d'abaisser et de froncer les sourcils, est par-tiellement entravée par ta contraction plus puissante des

faisceaux médians du muscle frontal. Ceux-ci élèvent seu-

lement les extrémités internes des sourcils, et comme en

même temps les sourcitiers tes rapprochent, ces extrémités

se ramassent en se fronçant ou se gonflant. Les plis ainsi

formés constituent un trait fort caractéristique dans l'expres-sion que nous étudions, comme on peut te voir dans les Heu-res 2 et 5, p~oncAe!t. En même temps les sourcils se héris-

sent légèrement, parce que les poils sont pro}etés en avant.

Le docteur J. Crtchton Browne a souvent remarqué aussi.

chez les aliénés mélancoliques, dont les sourcils se main-

tiennent constamment dans une position oblique. « une

2. Pour l'actionduchagrinsur lesorganesde larcspirauon,voirsur.toutSir C.Rctt,~H<t(«M<y<~~.Fptv~oH,J"ed!t.,<8H~f. ~:t.

Page 206: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t!Xt'HESStO!< DU CMAttRtN.t93

coMfhure tf&s partioMUère de !a pauptere SMpérïetn'o M. On

observera une trace de cette n~me parttcuhmtë. «! ron

compare les paupières <h'o!i<! et gauche dM jeune homme

repr~enM dans la photog't'aphio figure 2. p~tMcAf <! cet ia-

dnidu, en eBet, no pouvait pas n~ir ë~temcnt sut' sesde~

sourcils, ce qui est démontré d'ailleurs par t'iné~atiié des

rides produites sur les deux eûtes de son front. L'exagérationde la courbe patpebrate se lie, je crois, à l'élévation isolde

de l'extrémité intet*no seule des sourci!);; car; lorsque le

sourcit se retève et se recourtto d«ns son ensemble, ia

pauptere supérieure suit A un ïaibin degré le m&tne mon-

vettient.

<j(Hoiqu'il en soit, le résultat le plus. retntU'quabtc de lu

contraction en sens inve~e des musctcs précédents se mani-

feste dons les rides ptn'ticu!ièn's <~)i se fonnpnt aur la

pe<mdu front; pour plus de concision, nous pourrons de*

Mg'nert'ensemMe de ces muscles, quand ils agissent ainsi

d'une manière Nmuttanëc et antagoniste, par le terme géné-cal de musclesde la douleur. Si Honsrelevons nos sourcil en

contractant la totalité des musctcs frontaux, des rides tt'ans-

versales se produisent sur toute ta largeur du front; dans

le cas dont il s'agit, au contraire, les faisceaux moyens se

contractent seuls, et pat' suite tes plis transversaux n'ap-

paraissent que sur la partie médiane. Kn même temps,ht peau qui surmonte ia, partie externe des deux sourcHs

est attirée en bas et rendue lisse par la contraction des

portionscorrespondantes des muscles orbicutah'es. Ënnn tes

sourcita sont rapprochés par ta contraction simuitunée des

sourciiiers~; et cette dernière action donne naissance aldes

3. !)anscetteétudedumecan!stncqui produitl'obliquitédessourcils,j'ai adopt<ear la physiologiedesmusclesct~c~sttsmentionnco,lesopi.nionsqui m'ont parule plus géndratemcotreçuMpar les ahatontiatei!dontj'ai tu les travauxou que j'tncoMuttés&ce sujet.Je conservera!donc,danstout!e coursdecet ouvragecettemêmemanièredevoirrcta.

Page 207: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 208: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OBt.mUtTËMSSOURCtLS. toa

t:t

rides verticales, intermédiaires &la partie externe et at)ais-

sée de h peau (tu front et & ta parité centrale, qui est re-

levée. L'union de ces rides verticales avec les rides mé-

dianes et transversates déjà décrites (voyez les ug. et 3)

ppodtttt sur te fron~~ une &goreqm a été comparée A MMfer & cheval; mais il est plus exact de dire que ces piisforment les trois cAtés d'un quadrilatère. On les voit sou-

vent très nettement sur le front des individus adultes ou

presque adultes, lorsque tours sourcils prennent une posi-tion oblique; chez les jeunes enfants, an contraire, dont

ta peau ne se plisse pas aisément, on les voit rarement,

ou bien t'en n'en peut découvrir que de simples traces.

Ces rides particulières sont très bien représentées dans

la figure 3, pfaac&e H, sur le front d'une jeune femme

qui possède à un degré extraordinaire la faculté de mettre

en mouvement tes muscles en question. Pendant qu'on ta

tivement &l'action des muscles cooM~«<«<'~Mpn'cM',o<MsM~K't')!,p~-Mttd'aftaMM<et frontalis. Cependant le u*uucheone croit ~et chacune<!esconclusions auxquelles itarrive mérite une sérieuse considération)quec'est !cewM~<M', nommé par lui MMrcMK'r,qui retevet'cxtremite in-terne des aourcib et est l'antagonistede ~a partie supérieure et internedu muscle orbiculaire, aussi biea que du pyr<tMM«/~naxi (voyctJtfcft-MtsMcd!<'<«PAy~onoMteAMtHatMf,i))62. in-folio, art. v, texte et figures;~(titton it)-8" de <8t!9,p. t3, texte;. Cet auteur admet pourtant que té

con'M~a~rrapproche les sourcils, en donnant naiMance aux rides verti-

cales, au-dessus de la raonc du nez, qui constituent le froncementdesourcils. Il croit aussique, relativement aux deux tiers externes dusour-

cil, te coffM~a~ragit synergiquement avec la partie supérieure de l'or-

hieutaire, et que ces deux muscles sont en cela antagonistes du frontal.Il m'est impossiblede comprendre, d'après tes dessins de Mente(Mg.3,

p.25), contmenttccon'Mc«<M'peut agir de la manière indiquéepar M.Uu-cttcnne. Voyezaussi sur ce sujet tes remarques du professeurDondcrs,dans Archives o/' If<'dMHc, <~«, vol.V, p. 34. M.J.Wood, si connu

par ses études minutieuses sur tes muscles du corps humain, me faitsavoir qu'il croit exacte la théorie que j'ai donnée de l'actiondu sour-cilier. Cettethéorie, du reste, n'a aucune importance relativement&t'e~'

pression produite par t'obtiquité des sourcil et elle n'en a guère pourexpliquer l'originede cette cxpressiot:.

Page 209: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<M HXPtŒStHHK DU CMAGMtK.

photographiait, elle songeait &la réussite de l'opémtion, et

l'expression de son visage n'avait rien do triste; c'est pour-

quoi je n'a! repréiMntéque le front. LAfigure 1 de la m&me

planche, coptée dans l'ouvrage du docteur Duchenne~, repré-

sente, a une ëchMiie ~Jtute/ le v!sagë d'tm j~MMfictéui*

de grand talent, dans son état natm'eh Dans la figure 2,

on voit le m&me acteur !mnu!ant la douleur; seutement,ainsi que nous l'avotMfaH observer prudemment, les deux.

sourcib ne sont pas ëgratement contractés, La vente de

t'expresston est frappante; car, sur quinze personnes aux-

(jueJtcs j'at montfé ta photog't'aphie or!nate sans les préve-nir en aucune façon de ce qn'eUe représentait, quatorze ont

reconnu immédiatement un chagrin <~Mj~r< !a MM/~MM,la tM~~OMcoKe,et ainsi de suite. L'histoire de ta figure 5 est

assez curieuse; je vis cette figure dans la vitrine d'un ma-

gasin et je la portai A M.Kc~ander pour tacher d'en décou-

vrir l'auteur; je lui fis remarquer combien les traits en

étaient expressifs. « C'est moi qui l'ai faite, me répondit-il,et elle doit en effet être expressive, car quelques instants

après cet enfant fondit en larmes. Il Il me montra alors une

photographie du m&tnegarçon, avec son expression ordi-

naire je l'ai fait reproduhf (fig. 4). Sur la figure Mon

peut distinguer une trace d'obliquité dans les sourcils; mais

elle a surtout pour but, comme la figure 7, de montrer la

dépression des coins de la bouche, dont je parlerai tout a

l'heure.

Il est assez rare qu'on puisse, sans une certaine étude,

agir volontairement sur les muscles de la douleur; bien des

personnes y réussissent apr&s des eubrts répétés; d'autres

4. Je sn:s trèsobligéau docteurt)uchenncpour la permissionqM'ttm'a accordéede fairereproduirepar t'hëHotypieces deuxphotographies(f!g.t et 2), prisesdans sonouvrage)n-fo!!o.Plusieursdes remarquesprécédentessur te pMssumcntde la peau,quandlessourcilsdétonnent«biques,sontetaprantécsà sonexcellantchapitreaur cesujet.

Page 210: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OMt<K)UtT~ PRSSOUMCtLS.

n'y arrivent jamais. Le degré d'obliquité des sourcils, quecotte obliquité soit d'aiilours volontaire ou inconsciente, dif-

fere beaucoup suivant les individus. Chez certains sujets,dont~les muscles pyramidaux sont apparemment d'une force

plus qu'ordinah'c/la contraction des Utiscëaux mcd!an': du

muscle frontal, quoique énergique, comme le prouventles rides quadrangulaircs du front, ne soulève pas les ex-

trémités internes des sourcils, mais les empêche seulement

d'être aussi abaissées qu'elles l'eussent été sans cette con-

traction.

D'après mes observations, les muscles de la douleur en-

trent en action beaucoup plus fréquemment chez l'enfant

et la femme que chez l'homme. !ts août mis en jeu rare-

ment, du moins chez l'adulte, par ta souffrance physique,mais presque exclusivement par l'angoisse morale. Deux

individus qui, après quoique temps d'étude, étaient parve-nus à gouverner leurs muscles de la douleur, remarquèrent,en se regardant dans un miroir, que, lorsqu'ils rendaient

leurs sourcils obliques, ils abaissaient en même temps, sans

!e vouloir, les coins de leur bouche; c'est ce qu'on voit aussi

quand l'expression est naturctte et spontanée.La faculté d'agir facilement sur les muscles de la doit-

leur parait être héréditaire, comme presque toutes les autres

facultés humaines. Une femme, appartenant A une famille

célèbre par le nombre considérable d'acteurs et d'actrices re-

nommés qu'elle a produits, et qui sait rendre elle-même

l'expression qui nous occupe « avec une précision singu-ti&re», a raconté au docteur Crichton Browne que tous ses

aïeux avaient possédé cette m~me faculté à un degré re-

marcluable. tl paratt aussi que le dernier descendant de la

famille dont l'histoire a inspiré le roman de \Yalter Scott

intitulé ~d~aMn~, a hérité de cette même tendance de

race; je tiens ce fait du docteur Brownc: seulement le ro-

mancier représente son héros comme couvrant son front

Page 211: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MM ËX~MKOStOSnUCttACMtN.

de rides en fer A chevet cttaque fois qu'il ressentait une

émotion viotcnte quelconque, J'ai connu aussi une jeunefemme dont Je front était ainsi ptissé d'une manière presque

b&bitueUet tHdépcndammentde toute émotion.Lesmusctt's de la douleur M'entrent pas en jeu tr&s fré-

quemment; et comme leur action n'est souvent que momen-

tanée, elle échnppc facilement A l'observation. Quoiqu'onreconnaisse toujours et immédiatement cette expression pourcelle du chagrin ou de t'anxicté, il n'est pourtant pas une

personne sur mille qui, a moins d'avoir étudia ta question,

pourrait indiquer avec précision te changement qui s'opèresur !c visage a ce moment. He t& vient probablement qu'itn'est fait mention de cette expression dans aucun ouvragée

d'imagination, autant du moins que j'ai cru le remarquer,

<cept<! dans ~M~o«M< et dans un autre roman dont

fauteur, m'a-t-on dit, est une dame qui appartient précisé-ment Ala fameuse famille d'acteurs dont je parlais tout à

t'heure: en sorte que sou attention a pu être tout particu-lièrement attirée sur ce sujet.

Cette expression était familière aux anciens sctûpteurs

jurées, ainsi que nous le voyons par les statues de Laocoon

et d'Aretino: mais, comme le remarque M. Duchcnnc, ils

commettaient uneerreur anatomiquc ~rave en faisant traver-

ser toute la largeur du front par des t'ides transversales on

en peut dire autant de certaines statues modernes. U est plusvraisemblable de croire, cependant, que des artistes d'une

perspicacité si mervciUeuse n'ont pas péché par ignorance.mais ont sacrifie volontairement ta vérité A ta béante, car il

est certain que des rides rectangulaires au milieu du front

n'auraient pas fait grand eu'et sur le marbre. Cette expres-sion étevée Ason plus haut degré n'est pas souvent repré-sentée dans les tableaux des anciens mattres, dit moins à

ma connaissance, probablement pour la même raison; cepen-dant une femme, qui ia connaît parfaitement, m'a dit que,

Page 212: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

cm.KJUtTÉMESSOURCES. t97

dans la JD~tMMte~cfOMcdeFr& Angelico, à Florence, on ht

distingue nettement sut' l'une des figures de droite; je pour-rais citer encore quelques autt'es exemples.

Sur ma demande, le docteur Crichton Browne s'est soi-

gnousemeht ëtûd!é !lLsurpTpndre cette expression ehe:: tesnombreux aliénés confiés à ses soins, dans l'Asile de West

iUding; il connaît d'ailleurs parfaitement les photographiesde M. Huchcnne relatives A l'action des muscles de ta dou-

leur. U m'informe qu'on pent voir ces muscles agir cons-

tamment avec énergie dans certains cas de mélancolie et

sm'tout d'hypocondrie, et que les lignes ou t'!des persistantes

qui sont dues &!eut' contraction habitueHe sont des signes

caractéristiques de la physionomie des atiénes appartenanta ces deux classes. Le docteur Mrowne a bien voutu observer

avec soin, durant une période considérable, trois cas d'hypo-condrie dans lesquels les muscles de la douleur demeuraient

continuellement contractés. Hans l'un de ces cas, il s'agis-sait d'une veuve âgée de cinquante et un ans. qui se ligu-rait avoir perdu tous ses viscf'res et croyait que son corpsétait entièrement vide: elle avait une expression de profondedétresse, et frappait Futte contre t autre ses mains A demi

fermées par un mouvement rythmique qui durait des heu-

res entières; les muscles cle tu douteur étaient contractés

d'une manière permanente, et les paupières supérieuresétaient arquées. Cet état dura plusieurs mois, après quoi la

malade se rétablit et reprit son expression naturette. t'n

secondmalade présentai peu près les mêmes particularités,aveccette seule différence qu'il y avait en plus chez lui une

dépression des coins de la bouche.

M. Patrick Nicol a eu également la bonté d'étudier pourmoi plusieurs cas, dans l'Asite des aliénas de Susscx. tl

m'a communiqué d'amples détails sur trois d'entre eux,mais leur place ne se trouve pas ici. A la suite de ses obser-

vations sur les malades mélancoliques, M. Nicol arrive A

Page 213: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ttMt HXt'tŒMtOKMUCHACM~.

cette conclusion, que les extrémités internes des sourcils

Montchez eux presque coustammott relevées plus eu mohtt<

<'t le front plus ou moins plissé. Chcx une jeune femme, on

remarqua que ces rides du front étaient perpétneuemcntettjtnouvement. Uans quelques cas, les coins cleht bouche sont

déprimés, mais le plus souvent d'une manière a peine sen-

stbte. Pt'<'s<p<etoujours, d'ailleurs, il exista cct'tainesdiffé-

t'cnces dans l'expression des divers më!anco!i<pt<*<En ~ne-

ra!, tes paupières sont tombantes, il se forme des ptis sur la

peau ait voisinage et <'n dessous de tours angles externes.

f~esillon nasc-tabia!. qui va des ailes du nez aux coins de

la bouche, et qui est si visibtc chez l'enfant qui p!e«t'< <Mi

souvent trùs fortement accusé chez ces tnatadcs.

Ainsi, chez les a!iënés. tes muscles de la douleur se con-

tractent fréquemment avec persistance chez les personnesbien portantes, on observe aussi des contractions fugaces de

ces musctcs. provoquées par des motifs d'une insig'ninance

dérisoire~ et tout à fait inconscients. Fn monsieur fait A<un'

jeune femme un présent d'une valeur infime; ettc se pré-tend pu~nsec, et, pendant qu'eUc lui reproche sa conduite,ses sourcils deviennent extrêmement obliques et son front s''

ride. rnc autre jeune femme et un j<'un<'homme, tons deux

de très bonne humeur, t'uusent vivement ensemble, avec

une votuhilite extraordinaire: je remarque que. chaque fois

que la jt'une femme est vaincue dans cette luttr. et lie peut

pas trouver ses mots assez vite, sessourcitssc relèvent obli-

qut'ment et des rides rectangulaires s<'forment sur son front.

C<*signt* est cotnnK' un si~na! de détresse qu'elle arbore

unMdt'nn'donzaiw de fois dans ~espacedequc!ques minutes.Je nt'xprime A ce moment aucune observation a ce sujet;tnais. dans une autre occasion, je la prie de mettre on

tnouvfm«ntsps musclesde la douleur, tandis qu'une autre

jctnx' fille, qui <'stprésente et qui peut le faire A votonté,lui montre ce que j'enteuds parla; elle essaye diverses

Page 214: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OMHQUtTKUMSOUMCn.8. <<?

reprises, maiséchoue complètement; il avait sufti cependantd'une contrariété bien légère, celle de ne pouvoir parlerr

MiMMvite, pour tnettre ces musctes eu jeu cottp sur coupd'une manière énergique.

L'expression du chagrin. due!'i !a foott'nction dea mM~

ctp!<de la douleur. nappartieut pas exclusivement aux

Européens, mais paraît être commune A toutes les races

humaine. J'ai (lu moin!' reçu des t~no~na~cs (Hgnes de

Fot en (~ tpn <;ottCft'n<'l<'sHtndous, les t)ttau~at's (une des

ifthus Kboritf~n<'sde t'tndc. qu! hahtio les montagnes, et

appartient A une t'acc tout& fait tHstinetc de!! Hindous), les

Matais, les nègres et les Austrati~n! Quant a ces dcrnieMtdeux observateurs nu' donnent nne réponse afnrntMtive,mait! n'entreot dano aucun détail cependant, M. Tapnn

ajoute A ta description abrégée d<' mon qucstiônnnire ces

simples tuots « Ceta est exact. Il Pouf tes nègres, la tn&mc

da<n<'qui m'a si~naic le tahtcau de Fra An~otico a observe,sur un nègre qui remot'fjuait un t)ateau sm' le Kit, (pt'A

chaque otMtacte il se produisait nne contraction énergiquedes nmsctcsde lu douleur et que le mitif'u du front se plis-sait notablement. M. (.cach a ot)servé A Mataeca, sur un

Matais, une forte dépression d< roins de ta bouche, t'obli-

quité des sourcils et un plissement du frout formé par des

rides courtes et profoudos. Cette expression fut de très

courte durée; M. Geach «joute « qu'ctte était très étrangeet ressemMait Acelle d'une personne qui est sur le point de

ptt'urcr, au moment où elle fait une grande perteM. Il. Erskiue a constaté que la mOne oxpression est

familière aux indigènes det'tndf; et M.J. Scott, du Jardin

Hotauiqnc de Calcutta, m'a envoyu fort ohtigeamnu'nt une

description détaillée de <t''ux cas dans lesquels il l'a ren-

contrée. it a observé pendant quelque temps, sans être vu,une très jeune femme Uban~ar de Nagporc, mariée A l'un

(les jardiniers, tandis qu'elle donnait te sein à son enfant

Page 215: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MO KXt'MKSSION 'DU CMÀGUtN.

qui allait mourir; il vit tr~s distinctement que ses sourcils

étaient relevés aux extrémités internes, ses paupières tom-

bantes. son front plisse dans le milieu, et sa bouche entr'ou-

verte avec les coins fortement déprimés; au bout d'un

moment, il sortit cle dcrrict'e un massif de plantes qui le

cacbaicnt, et paria A la matheureuse femme, qui tressaillit,

fondit en tannes et le supplia de guérir son enfant. Dans

le second cas, il s'agit d'un Hindou obligé par la pauvretéet la matadic de vendre sa chèvre favorite. Après en avoir

reçu te prix, it regarda A plusieurs reprises la chèvre et

t'argcnt qu'il tenait A ln main comme s'iî était tenté de io

rendM il s'approcha de la chèvre, qui était liée et prêteActrc emmenée; aussitôt t'animat se mit A se cabrer et A

lui techer les mains. Les regards du pauvre homme errèrent

ators de côté et d'autre; « il avait la bouche A demi fermée;tes coins en étaient fortement abaissés Enfin il parut

prendre son parti de se séparer de sa chèvre, et, A ce mo-

ment, M. Scott remarqua que ses sourcils devenaient légère-ment obliques et vit se produire ie plissement ou gonnement

caractéristique des extrémités internes, sans qu'il y eût sur

te front aucune ride. L'Hindou demeura ainsi environ une

minute; puis, poussant un profond soupir, il fondit en

larmes, leva ses deux mains, bénit la chèvre et, se détour-

nant, s'éloigna sans regarder en arrière.

Cause de l'obliquité afM <oM~c<~MM<r~Mte de la MM/-

/r<MM. Pendant hien des années, aucune expression ne

m'a semblé aussi difficile à expliquer que celle que nous

examinons en ce moment. Pourquoi le chagrin ou l'anxiété

provoquent-ils la contraction des seuls faisceaux médians

da muscle fronta!, en même temps que celle des muscles

qui entourent les yenx? tt semble que nous ayons là un

mouvement complexe uniquement destiné A exprimer le

chagrin, et cependant cette expression est rehttivemcnt rare,

Page 216: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OMHQU!T~ DKS SOUKC~S. 2'))

et passe souvent inaperçue. Je croîs pourtant que l'explicationn'est pas aussi difficile A trouver qu'on pourrait le croire au

premier abord. Le docteur Duchenlie donne une photographie

du jeune homme nuque! il a dé}&été fait allusion, prise au

moment où H contractait mvoïohtaircmcht ses musctesde 1ti.

douleur d'une manière très prononcée, tandis qu'il mainte-

nait son regard levé sur un objet fortement ectaïré. J'avaM

totalement oublié cette photographie, iot'sque, par un beau

jour, étant &chevttt et ayant le soleil a dos, je rencontrai

une jeune fille qui leva les yeux sur moi; ses sourcils de-

vinrent aussitôt obliques, et, par suite, son front se couvrit

de rides. Depuis, j'ai observé souvent ce même mouvement

dans des circonstances analogues. A mon retour chez moi,sans leur expiiquer en aucune façon quel était mon but, je

priai trois de mes enfants de regarder aussi longtemps et

aussi fixement que possible le so<nmet d'un grand arbre quise détachait sur uu ciel extrêmement brillant. Chez tous tes

trois, les muscles orbicutaires, sourciliers et pyramidaux se

contractèrent énergiqucment, par suite d'une action réflexe

succédant A t'excitât ion de la rétine et ayant pour but de

protéger leurs yeux contre l'éctat de la tumierc. Los enfants

faisaient tout teur possible pour regarder eu haut; ils me

donnaient ainsi le spectacle d'une lutte curieuse, pleined'efforts spasmodiques, étabne entre le muscle frontal, dans

sa totatité ou seulement dans sa partie médiane, et les divers

muscles qui servent A abaisser les sourcils et à fermer les

paupières. La contraction involontaire des muscles pyrami-daux donnait naissance il des rides profondes <;t transver-

sales sur ta racine du ucz. Chez un des trois enfants, les

sourcils étaient tour A tour élevés et abaissés par ta con-

traction alternative de l'ensemble du muscle froutat et des

muscles péri.ocutaires, de sorte que la surface du front se

trouvait tantôt couverte de rides, et tantôt parfaitement unie.

Le front des deux autres enfants se plissait dans le milieu

Page 217: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tM EXPKKStttONDUCMAGtHN.

seulement, ce qui produisait des rides rectangulaires; et les

sourcils étaient obliques, tandis que leurs extrémités internes

se plissaient et se gouttaient. Ce pttenonéne se produisaitd'une manicre très légère chez t'un des enfants, et A MM

de~t'e tt'cs marqué chez t'autre. Cette différence dans i'ot)ti-

quité des sourcils dépendait probahtement d'une différence

corrélative dans leur tnobinte générale et dans Ja force des

mu<<c!cspyramidanx. Dans les cas que je viens de citer, les

Murcits et le front étaient mis en mouvement, sons l'in-

nuonce d'une forte lumière, absolument de la même ma-

nière et avec les metnes particutantés caractéristiques quesous l'influence du chagrin ou de l'anxiété.

M. Huchenne a constaté que le muscle pyramidal du nez

est moins immédiatement placé sous le contrôle do lu vo-

lonté que les autres muscles péri-ocutaircs. U fait retaar-

quer que le jeune homme précédemment cité, qui avait un

empire aussi grand snrsesmnsctcs du chagrin que sur ta

plupart des autres muscles faciaux, ne pouvait pourtant pascontracter ses muscles pyramidaux Cette faculté, cepen-dant, offre sans doute des degrés suivant les individus. Le

muscle pyramidal attire en bas la peau du front intermé-

diaire aux sourcils, ainsi que tes extrémités internes de

ceux-ci, t~s fibres médianes du frontal sont antagonistesdu pyramidal; et, pour faire équilibre A ta contraction de

ce dernier, il faut que ces fibres médianes se raccourcissent.

H en résulte que, chez les personnes douées de puissantsmuscles pyramidaux, s'il se produit un désir inconscient

d'empêcher rabaissement des sourcils, pendant qu'ettessont exposées A ta lumière éclatante, tes fibres médianes

du frontal doivent être mises en jeu, et leur contraction, si

elle est assez forte pour maîtriser les pyramidaux, unie avec

celle des muscles sourcitiers et orbicutaires, agira précisé-

.Mf'MMWMt'~C /Mt!M«tH'~MMt,p. <S.

Page 218: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

onHQUiTËnKSSOUKCtt.8. M 1

tuent de ht manière que nous venons de décrire sur les

sourcils et sur le front.

Lorsque les enfants crient ou pleurent, ils contractent,

comme nous l'avons d6)<Yvn, les muscl~sorbiculaircs. sour-

cilters et pyramidaux, en prOttHer lien pour compfunerleurs yeux et les oupèchcr de se gorgcr de sang, et secon-

dairetnent par l'effet de l'habitude. J'en avais concht que.

lorsque les enfants cherchent soit a prévenir un accès de

pleurs, soit A l'arrêter, ils devaient tenir on échec la cou-

n'action des muscles ci-dessus nommés, de la mémo manière

que lorsqu'ils regardent une lumière brillante; je pensai!'en conséquence que les faisceaux médians du muscle frontal

devaient souvent entrer en jeu. Jo me mis donc à étudier

des enfants placés dans ces conditions, et je priai d'autres

personnes, en particulier des médecins, d'eu faire autant de

leur coté. Cet examen demande une grande attention en

effet, chez l'enfant, l'action antagoniste particulière desmus-

cles eu question n'est pas Abeaucoup près aussi nettement

définie que chez l'adulte, parce f~ue son front ne se ride pasfacilement. Cependant je reconnus bientôt que les nutsctes

de la douleur, dans ces occasions, entraient très souvent

en jen de la manière ta plus évidente. 11 serait oiseux de

rapporter ici tous les cas qui ont été observés; je n'eu citerai

que quelques-uns, t'ae petite nUe d'un an et denn était ta-

quinée par d'autres enfants: ses sourcils devinrent notable-

ment obliques avant qu'elle éclatât en pleurs. Chez une

petite fille plus âgée. on observa cette tnôme obliquité des

sourcils; on remarqua en outre que leurs extrémités internes

étaient sensiblement pliss~es, et que les coins de la boucbc

s'abaissaient en même temps. Ms qu'elle commença i1pleurer.ses traits se modifièrent pomplôtetuont et cette expression

particulière s'évanouit. Autre exemple un petit garçon quel'on venait de vacciner criait et. pleurait avec violence; le

chtrurgien, pour Fapaisct', lui donna une ot'aogf quH

Page 219: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M4 EXPRESStONMUC<tACK!t<.

nvuit apportée dans cette intention ce présent plut beau-

coup à l'enfant, qui ccssttde pleurer; on put observer Acet

instant tous les mouvementscaractét'istiques dont nous avons

parlé, y compris même ta formation dus rides rechtn~ulaircsau milieu du front. Enfin je rencontrai sur une route une

petite fille de trois A quatre ans qui venait d'être effrayée

par un cbien; quand je lui demandai ce qu'elle avait, elle

cesstt de pleurer, et ses sourcils prirent immédiatement une

obtiquitë singunere.Nousavotts donc là, sans aucun doute, la clef du problème

que nous présente t'anta~onistne entre ia contraction des

fibres centrales du frontal et celle des muscles péri-oculaires,sons l'influence de la donteur, que cette contraction soit d'ait-

leurs protongee, comme chez les anenés m<Hanco!iques,ou

clti'elle soit momentanée et suscitée par une contrariété insi-

gnifiante. Kousavons tous, dans notre enfance, contracté

maintes fois nos musclesorbicntait'es, sourcniers et pyrami-daux, ann de protéger nos ycnx, tout en poussant des cris;

nos ancêtres ont agi de même avant nous, pendant de lon-

gues générations; et quoique, cil avançant en âge, il nous

devienne facile de retenir nos cris lorsque nous éprouvons

quoique douleur, nousne pouvonstoujours vaincre t'en'et d'une

tondue habitude et empêcher une tëgëre contraction des mus-

cles indiqués plus haut; si cette contraction est très faible,nous ne la remarquons même pas et nous n'essayons pas de

lu réprimer. Maisles pyramidaux paraissent être moins direc-

tement placés sous l'influence de ia volonté que tes autres

muscles dont nous venons de parler, et quand ils sont bien

développés, leur contraction ne peut être arrêtée que parla contraction antagoniste des faisceauxmédians du frontal.

H en résutte nécessairement, si ces derniers faisceaux se con-

tractent avec énergie, une ascension oblique des sourcils,un plissement de !em's extrémités internes, et la formation

de rides rectangulaires au tniiieu du front. Comme les en-

Page 220: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

AMAt8!!KM<!XTnH!;c6tK!!Ot:t.A nouent!

fants et tes femmes pleurent beaucoup plus facilement que tes

hommes, et que les adultes des deux sexes ne pleurent guère

quesous t'innuenco dela douleur morale, on peut comprendrecomment il se fait, ainsi que je l'ai observé, que les muscles

f!cla dotncnr fntrcnt ptMt fréqoommen~<mjeu cke&l'enfantet la femme que chez l'homme, et ne se contractent en gé-nérât chez l'adulte que sous l'action de ta souffrance de t'es-

prit. Dans quelques-uns des cas déjà mentionnés, par exem-

ple dans ceux (le 1~ pauvre femme Uhangar et de l'Hindou,la contraction des muscles de la douleur fut promptementsuivie de retFusiondes larmes. Dans toute contrariété, grandeou petite, notre cerveau a, par suite d'une longue habitude,

une tendance à envoyer &certains muscles Fordre de se con-

tracter, comme si nous étions encore des enfants, prêts A

fondre en larmes. Mais ~rAcc au merveUteux pouvoir de ta

votonté, grâce aussi aux effets de l'habitude, nous pouvonsrésister en partie a cet ordre, sans avoir pourtant conscience

de cette résistance, ou tout au moins du mécanisme par le-

quet elle agit.

~&aM«MfH<des coins de la &OMC/ Cet abaissement est

produit par les <~pfM<orMan~ttMoris (triang~tnaires du men-

ton, fig. 1 et 2, page 2~ K). tes nbrcs de ce muscle diver-

gent vers la partie inférieure; leurs cxtréuntés supérieures,

convergentes, s'attachent aux commissures, et dans une pe-tite étendue A ta partie externe de ta tôvre inférieure Quct-

ques-unes de ces fibres scmtttent ctro antagonistes de celle

du grand zygomatique et des divers muscles qui s'attachent

&lu partie externe de la tevre supérieure. La contraction du

triangulaire attire en bas et en dehors tes coins de lit bouche,en entramant la partie externe de la tevre supérieure. et

C. Mente,H~McA <tM«t.dt!! jff'Mc/~H,t8~ H. p. <M,fig.68et 60.

Page 221: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mtt HXMES~ON~CnAOMtN.

même, Aun faihte degré, tes ailes du nez. f<«rsquo.!<t bouche

étant formée, ce muscle entre en action, la ligne de jonctiondes deux t~vrcsforme une cout'be Aconcavité inférieure~ et

les tt~vres eHes-mOncs sont quoique peu portée:! en avant,

sm'tbht ceuc d'en bas. Cette disposition d<*ta bouche est b!on

représentée dans les deux photographies de M. Kej!ander

(p<OMc/MIl, ng.t! et 7). Hans ta ii~ure < on voit un jeune

garçon qui a reçu sur io visage une tape d'un de ses cama-

rades, et <jMtcesse &peine (!<'p!eurcr; c'est le moment pré-cis qu'on a chcMt pour le photographier.

L'expression dochagrin ou d'abattement, due A!a contrac-

lion des triangulaires, a été si~naMe par tous ceux qui se

sont occupés de cesquestions. Knanglais, dire qu'un individu

a /ft &<tMcA<a6atM~e(~ JeM'Mnt ~te MtOM<Atéquivaut &dire

quH est de mauvaise humeur. La dépression des coins de

ta houchc s'observe souvent, conune je l'ai déjà dit, d'aprèsle témoignage du docteur Crichton Brttwne et de M. Nicol,

chez les aHénés m6tanco!iqnps on ia voit très nettement sur

des photographies de quelques malades ayant de fortes dis.

positions au suicide, qui m'ont été envoyées par M. Browne.

Ou Fa constatée d'aiUeurs chez des hommes appartenant A

diverses races, chez les llindous, chez les tribus neg'res des

mont~nes de l'tnde, chez les Matais, enuu, d'après le témoi-

gnage du Révérend M. Ma~t'nuu<*r.chez les aiiorigenes de

t'Austratie.

L'enfant qui crie contracte cnpt'~iquetncntses tnusdcspé<'i-

oculaires, ce (lui soulève sa tevrc supét'ieure; comme il doit

en m~mc temps maintenir sa bouche largement ouverte, les

muscles ahaisseurs qui aboutissent aux commissures entrent

aussi vigoureusement en action. !t en résulte généralement,mais pas toujours cependant, une !éj<!('t'ccourbure anguleuse

7. V"!rl'étudedofaction ttocemnsek,par te docteurnnchennc~N<MMtftMC</<hPAystMKMH~cAMMatHC..t~tUM()8<;H!,VtH,)!.3t.

Page 222: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ÀBAtMBMENT DES COtKS DE M MOUCMK. M?

de chaque coté do la l&vre inférieure, dans le voisinage dn

ces commissures. Le résultat des mouvements combinés des

deux lèvres est de donnât' &l'orifice buccal une forme qua-

drangulaire. Lacontraction du muscle triangulaire s'aperçoittr~ bien chez t'enfanta bfsqu.'U crie sans trop de violence,et mieux encore ait montent ou il va commencer et ou it fiait

de crier. Son lietit visageprend alors une expression cxtr~tne*

ment piteuse, que j'ai observée bien des fois sur mes pro-

pres enfants, depuis l'Age de six semaines environ jusqu'àcelui de deux ou t)'ois moia. Quelquefois, ttuand l'enfant lutte

contre tin accès de pleurs, l'inHexion de 1~ bouche s oxagAretellement que celle-ci prend la forme d'un fer à cheval;i

l'expression de désolation profonde que prend alors son vi-

sage constitue vét'itahlentent une caricature risible.

La contraction du triangulaire, sous l'influence de l'abatte-

ment, s'explique probablement par les mêmes principes gé-néraux dont nous avons vu l'application à propos de l'obli-

quité des sourcils. Ledocteur Duchenae conclut de ses obser-

vations, prolongées pendant un ~rand nombre d'années, quece muscle est, parmi tous ceux de la face, l'un des moins

soumisau contrôle de la volonté. A lapptii de cette opinion,

nous pouvonsrappeler la remarque que nous avons déjà faite

à propos d'un enfant qui va se mettre à. pleurer, mais quihésite encore, ou qui s'ci!orce de réprimer ses larmes dans

ces circonstances, sa volonté agit généra!c<n<;Dtsur tous les

muscles du visage plus efficacement que sur les abaisscurs

descommissures labiales. Deuxexcellents observateurs, dont

l'un était médecin, ont bien voulu. & ma demande, étudier

avec soin et sans aucune idée préconçue, des femmes et des

enfants d'ajire divers, au moment ou, malgré leurs efforts

pour se contenir, ils étaient sur le point de fondre en larmes;i

ces deux observateurs aMrmeut que les triangulaires entrent

en action avant tous les autres muscles. tM~slors, comme pen-dant FenfMnceces muscles ont été souvent mis en jeu, du-

Page 223: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

XM EXMES<!tÛ~OUCHAM)K.

rant une longue suite de générations, lit force nerveuse doit

tendre en vertu du principe de l'association des habitudes &

se porter vers ces musctes, nussi bien que vers les titres

musses de la face, tontes les fois que par la suite on épfonvoïni sentiment mcnîeté~r de tristM~ 'mRi", 'comme-Ie8"trian-

gutaires sont no peu moins soumis au contrôle de la volonté

que la plupart des antres muscles, on cloit s attendre à les

voir se coutractor téj~ercment, alors que les autres restent

incrics. 11est curieux de constater quel faible degré d'abais-

hctncnt des angtcs do !a bonchc suf(!t &donner Ata physiono-mie Mnc expression de mauvaise humour ou d'abattement,

en sort<' qu'une contraction très légère des triangulairestrahit A elle seule ces états de l'esprit.

Je terminerai en racontant une petite anecdote qui ser-

vira &résumer ça <p)i'!<{u<'sorte tout ce qui précède. Je me

trouvais un jour assis dans un compartiment de wagon, en

face d'une vieinc dam<' dont h*visage avait une expression

sereine, quoique absorbée. Kn !a regardant, je remarquai

que ses muscles trian~uiaires se contractaient très tc~ère-

ment, mais nettement. Cependant commf sa physionomieconservait toujours la même apparence de calme, je me prisApcn)MTque cette contraction ne devait avoir aucune espècede sens, bien qn'U ont été facile de s'y tromper. Cette idée

m'était &peine venue que je vis ses yeux se moniiter subi-

tement de larmes, qni paraissaient prêtes a conter sur son

visage, tandis que sa H~ut'o exprimait rabattement, tl est

certain que quelque triste souvenir, peut-être celui d'nn en-

fant autrefois perdu, avait A ce moment traverse son esprit.Aussitôt que chez elle le sensorinm avait été ainsi impres-sionné. certaines cellules nerveuses avaient transmis instan-

tanément, par suite d'une habitude invétérée, leur ordre

à tous les muscles respiratoires, aussi bien qu'à ceux du vi-

sage, afin de les disposer pour un accès de pleurs. Mais la

Page 224: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ABAtSSKMKNT CES COtKS Di! t.A BOHCMB. aea

14

volonté, on plutôt une habitude postérieurement acquise, in-

tervenant alors, avait oontremandé cet ordre; et tous les

muscles avaient obéi &cotte dernière injonction, excepte les

triangulaires, qui seuls étaient entrés légèrement en action

en abaissant un peu les eommisauM~des lèvres, tht reste, tabouche ne s'était môme pas entr'onverto, et la respirationétait restée calme comme &l'état normal.

Au motncntoù la bouche de cette dame avait commencé

à prendre, involontairement et d'une manière inconsciente,

la fot'me cat'actéristiqtte d'un accès de pleurs, une impres-sion nerveuse avait dn se transmettre, sans doute pat*les voies

dès longtemps accoutumées, &tous les muscles t'cspiratoit'es,ausfMbien qu'aux muscles péri-oculaires et au centre vaso-

moteur qui rëg~ Ja circulation sangnino dans tes j~tandcs

~crymatcs. Cedernier fait était bien nettement démontré pat*la présence sobite des tarmcs qui humectaient les yeux, pré-sence facile à comprendre, puisque les glandes lacrymalessont,beaucoup moins soumises&l'influence de la volonté queles musctes du visage. Sansaucun doute, il devait fxistot' en

même temps dans les muscles peri-oculairps une dispositionAentrer oncontraction, comme pour protéger tes yeux contre

les dangers d'un engorgement sanguin; mais elle avait été

contrariée et compictcmcnt surmontée par ta volonté, en

sorte que le sourcil resta immobile. Si le pyramidal, le sour-

ciller et les orbicnlaircs avaient été, comme citez bien des

personnes, moins obéissants &l'action de In volonté, ils se-

raient entrés légèrement en action alors les nbres moyennesdu frontal se seraient aussi contractées en sens inverse, et

tes sourcils auraient pris une direction oblique, en même

temps que le front ?' serait sillonné de ptis t'cctaugutoires.Alors aussi la physionomie ont revêtu, d'une manière bien

plus nette encore, l'expression de l'abattement ou plutôt du

chagrin.C'est en procédant ainsi que nous pouvons comprendre

Page 225: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M KXPMMStOK I)U CnACHt!<

comment, lorsque quelque pousse mélancolique traverse te

cerveau, il «e produit un abaissement A peine perceptibledes coins de ht bouche, ou une légère élévation des èxtré-

nntés internes dcssottMits, ou encore ces deux mouvements

<U<tfois, aussitAt smvis d'une légère ctKtMon~ë!arme~

force nerveuse, transmise pat' ses voies habituelles, produitdes cfFets dans tous les points où la volonté n'a pas acquis,

par une longue habitude, une puissance suffisante pour s'y

opposer. Les phénomènes ci-dessus peuvent donc 6tre cooM-

dôrés comme (les vestiges t'odimentaires des accès de cris quisont si frëtjuents et si prolongés pendant l'enfance. Dans ce

cas, comme dans bien d'autres, les liens qui lient la cauftea

t'effet, pouf donner naissance à diverses expressions de la

physionomie humaine, sont vëritabtemcnt merveiHenx, et

ils nous donnent l'explication d<' certains mouvements quenous accomptissons tnvo!ontait'omentettnconsciemment toutes

les fois que certaines émotions passagères viennent traverser

notre esprit.

Page 226: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

€HAP!THEVH!

JO~,GAtHT~,AMOCM.SE!<TtMEKf!Tt{!<MMM,)'tt:T~.

M)n'.f)t)))'«M<«t)ttrttntttvcf)etajttie. )<)é<MrituM~. Mouvemomet trattst)ut )'fiat{Bt'Gxdatttterire. Kat)wdoM)))6m)s. S<'<'n;ti<t))defttttftn<'<t')ttta<'<'<«))*

pa~nctn fourthi.– Oe){n:!t)«<ertm'dfairexentretefottrisette Martre.–Ca!et<i.Ettt'MKto))'te)'a)MOur.ScMH)nettt!(tetxtfea. Ph'te.

Unejoie très vive provoque divers mouvements sans but:

on danse, on bat des moins, on frappe du pied, etc.; en

môme temps on rit bruyamment. Le rire paraît ~tre l'expres-sion primitive de !a joie proprement dite on du bonheur.

C'est ce qu'on voit clairement chez les enfantaqui rient pres-

que sans cesse en jouant. Dans ta jeunesse, la gaieté se ma-

nifeste aussi fréquemment par des éclats de rire à propos de

rien. Homère appelle le rire (les dieux '< l'exubérance de

leur joie céleste & la suite de leur banquet quotidien On

sourit, et nous verrons que le sourire passe graduellementau rire, lorsqu'on rencontre un vieil ami dans la rue; on.

sourit aussi sous l'influence du plus léger plaisir, par exemple

lorsqu'on flaire un parfum suave Laura Brid~man, aveugleet sourde, nepouvait avoir accluisaucune expression par imi-

tation; lorsqu'on lui communiquait, a l'aide de certains signes,

.une lettre de quelque ami, '<elle riait et battait des mains, et

joues se coloraient Dans d'autres occasions, on l'a vue

pper despieds en signe de joie

'?<. HerbertSpencer,JE~f Se<M<<<,etc., t8i!8,p. MO.a. F. Hcber,sur lessonsvocauxde L. Hndgman,S'M'<A.<~K«KCM-

tt-~MtMM~i8j<.V<tt.Il, p.6.

Page 227: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

9<2 KXPMK)~!0'<nBt.AJOH!.

Les idiots et tes tmbéoiles nous fournissentégalement de

bonnes preuves & l'appui do cette opinion, que le rire ou

le sourire expriment ori~incllemeMtla joie ou le bonheur.

doet«Uf Crichton BrowtM, qm a bien youlu mp communi-

quer, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, les résul-

tats de sa vaste expérience, m'apprend que chez les idiots

le rire est de tontes les expressions ta plus générale et la

plus fréquente. Certains idiots cependant sont moroses, iras-

cibles, turbuients, tristes, ou bien comptètentent stupideaccux-t&ne rient jamais. D'autres rient «cuventde ta manière

lu plus inepte. C'est ainsi que, dans t'Asuc, un jeune idiot,

qui n'avait pas i'usa~o de la parole, se plaignait un jour par

signes au docteur Browne d'avoir reçu sur r<Bitun coup d'un

de ses camarades; ces plaintes étaient entrecoupées d'ex-

ptosions de rire, et son visage s'iUutninait de larges sou-

rires U est une autre classe d'idiots, très nombreuse, quisont constamment joyeux et iooffensifs, et qui ne cessent de

ru'f ou de sourire Leur physionomie s'empreint souvent

d'un sourire stéréotype; lorsqu'on place devant eux un mets

quelconque, lorsqu'on les caresse, lorsqu'on leur montre des

couleur!!brillantes ou qu'on leur fait entendre de la musique,leur gaieté augmente, et alors ils s épanouissent,ils rient, ik

poussent des éclats étouffés. Quelques-uns rient plus qued'habitude lorsqu'ils se promènent ou exécutent un exercice

musculaire quelconque. La gaieté de la plupart de ces idiots,suivant la remarque du docteur lïrowne, n'est certainementassociéea aucune idée déterminée ils éprouvent simplementun plaisir, et l'expriment en riant ou souriant. Chexies imbé-

ciles, qui sont placés un peu moins bas dans l'échelle des

atiénés, la vanité personnelle paratt être la cause la pluscommune du rire, et, après elle, le plaisir produit par l'ap-

probation donnée à leur conduite.

:t. VotfaussiM.Marshatt,M~wmp/H<:<t/'r<'on)t«e<t<M~<M~p. !!M.

Page 228: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

nmK. an

Chez l'adulte, le rire est provoqua par des causes tr~s dif.

férentes de celles qui suffisent à le produire pendant l'enfanceil n'en est pas de mémo toutefois du sourira. A cet égard, Itt

rire ressemble aux larmes. qui ne coûtent chez l'adulte quesuUs Ï'innnnnce de la donbw morale, tandis que chez i'cn-

fant elles sont excitéespar toute souffrance, physiqm' ou nn-

tre, aussi bien que par la frayeur ou Jn colère. Biendes au-

teurs ont cupiousementdiscuté tes causes du rire chez raduttc<*ettequeotion est extrentement complexe. Une chose incon-

grue ou bizarre, produisant la surprise et un sentiment plusou moins marqué de supériorité, l'esprit étant d'ailleurs

dans une disposition heureuse, paratt être, dans !a ptu-

part des cas, la cause provocatrice du rire Lescirconstances

qui le produisent ne doivent pas être d'une nature impor-tante c'est ainsi qu'un pauvre diable n'aura envie ni de rire

ni de sourire en apprenant subitement qu'il vient d'hérit<'r

d'une grande fortune. Si, l'esprit étant fortement excité pardes sentiments agréables, il vient a se produire quelque petitévénement inattendu, si une idée imprévue surgit tout A

coup, alors, d'après)1. lierbert Spencer <'la force nerveuse

en quantité considérable, qui allait se dépenser en produi-sant une quantité équivalente de pensées et d'émotions nou-

velles, se trouve suintement dévoyée. tl faut que cet excès

se décharge dans quelque autre direction, ft il en résulte un

flux qui se précipite, par les nerfs moteurs, jusqu'aux diver-

ses classes de muscles, et qui provoque l'ensemble des actes

demi-convulsifs quenous désignons sous le nom de rire

Un correspondant a fait, pendant le dernier siège de Paris,une observation (lui a sa valeur au point de vue (lui nous

4. Ontrouvedansl'ouvragedcM.Mn (TheBNM~Mand the WtM,<8<!8,p. iH?)unelongueet intéressantediscussionMfrJeristbtc. Lac!-tationtran9cntcp!ushaut sur le rire desdtomcest ttfëede cet ou-vrage. VoiraussiMandeviue,TheFableof theBeM,vol.!t, p. t<}s.

McM~~o~L«M~<cr, BM<ty<,a"série, tWM,p. i~.

Page 229: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

2t< EX<'Mt!8!HO!<<~LAJOtt!.

occupe lorsqne les soldai allemands avaient été profondé-ment impressionnés par une situation tr~s périlleuse A la-

quelle ils venaient d'échapper, ils étaient tout particulière-ment disposés à éclater en bruyants éclats de rire a propos

de la plus itMigniuautc facétie. Hc uiëthc, lorsqueI~pe~Ïsenfants vont commencer A pleurer, H suffit parfois d'une t')n'-

constance inattendue survenant bt'usfpiomcnt pour tett taire

passer des larmes au rire: il semble que ces deux manifes-

tations puissent servir également hi<*na dépenser l'excès de

force nerveuse nnso en jeu Ann moment donne.

On dit quelquefois que t'imajtrinati~n est cAa<OMtM~parune idée risible ce chtttoniUoment intellectuel présente de

curieuses analogies avec ic chatouillement physique. Tout le

monde connatt les éclats de rire immodérés, les convulsions

générales que le chatouillement provoque chez les enfants.

Nousavons vu que les singes anthropoïdes émettent aussi un

son entrecoupé comparMbte &notre rire, quand on les cha-

touille, surtout dans le creux de Faisselle. Unjour, je frétai

avec un morceau do papier la plante du pied de l'un de mes

enfants, âgé seulement de sept jours; it retira aussitôt la

jambe, avec un brusque mouvement, en néchissant les or-

tpiis, comme eut pu le faire un enfant plus a~é. Ces mouve-

ments. aussi bien que le rire provoqué par le chatouillement,sont manifestement des actes réflexes; il en est de même de

la contraction des petits muscles lisses qui hérissent les poils,dans le voisinage d'un point cles téguments qu'on chatouiller

Mais le rire qui est provoqué par une idée risible, quoiqueinvolontaire, ne peut pourtant pas s'appeler un acte réitexe

dans la stricte acception du mot. En pareil cas, comme dans

celui où c'e"t le chatouillement qui cause le rire, il faut, pour

que celui-ci se produise, que l'esprit snit dans un état agréa-

<t.J. Lister,clansOM<M'r/yJoMt-aa~o/' ~eroMop)fM<Sc~Mf, <?'vol.1, 1).260.

Page 230: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

RtHt!: 3<&

Me.C'est ainsi qu'un jeune enfant chatouillé par une per-sonne inconnue poussedescris de frayeur. Il faut aussi que le

contact soit léger, et que l'idée ou l'événement qui doit pro-

voquer le rire n'ait pas d'importance sérieuse. Lesparties du

coï-pS"(iui'ïioÍîflcs'plfurKettsmte!t(tuohatooUlement..son.t,cel1es..corps qui sont les pins sensibles au ohatouHlemen~~ontcelles

qui ne supportent pas habituellement le contact de surfaces

étrangères, par exempte les aissellesou les parties intérieures

des doigts, ou bien encore celtes qui subissent le contact

d'une surface large et uniforme, comme la plante des pieds;toutefois ta surface qui nous porte dans la station assisecons-

titue une exception marquée a~cette règle. D'après Gra-

tiolet certains nerfs sontbeaucoup plus sensibles que d'au-

tres au chatouillement. Un enfant pcnt difficilement se cha-

touiller lui'méme, ou du moinsla sensation qu'il se procureA lui-même est beaucoup moins intense que lorsqu'elle est

produite par une autre personne; il semble résulter de ce

fait que, pour que la sensation de chatouillement existe, il

est nécessaire que le point sur lequel vu porter le contact

reste imprévu; de même, s'il s'agit de l'esprit, une chose

inattendue, une idée soudaine ou bizarre qui vient se jeterau travers d'une suite normale de pensées, parait constituer

un élément considérable dans le risible.

Le bruit qui accompagnele rire est produit par une inspira-tion profonde, suivie d'une contraction courte, saccadée,spas-

modique des muscles thoraciques et surtout du diaphragmeC'est de la due dérive l'expression ttfe « «MMlese~M. Par

suite des secousses imprimées au corps, la tête estagitée d'un

côté à l'autre. La mâchoire inférieure tremblote souvent de

haut en bas; ce dernier mouvement se remarque égalementchez quelques espèces de babouins, lorsqu'ils sont sous l'em-

pire d'une vive joie.

7. DefaPAî~MXMM't',p. <M.8. SirC.Bett(/ina<.o/'K.cpf<'M<oH,p. i 47)faHquctquMobservationssur

!c mouvementdudiaphragmependanttorire.

Page 231: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3<<t KXPMESStOKnKtfAJOtK.

Pendant le rire, la bouche s'ouvre ptus ou moins large-

ment tes commissures sont fortement Urées en. arrière et un

peu en haut; la l&vro supérieure se soulève légèrement. C'est

dans unrire modéré ou dans un large sourire que la rétrac-

tion en arrière des commissures s~aperçoit le mieux Tcp!Ïh&tc

appliquée au mot sourire indique d'ailleurs que la bouche

s'ouvre largement. Dans lap~onc/M H!, on voit (ng. 1-3) des

photographies représentant le sourire et divers degrés du

rire. ha ngure de Ja petite Mlle couverted'un chapeau est du

docteur Wattich; l'expression est très naturelle; les deux

antres iïgures sont de M. Rejlander. Le docteur Ouchenne

insiste A plusieurs reprises sur ce fait que, sous l'influence

d'une émotion joyeuse, la bouche suint l'action d'un seul

muscle, le grand xygomatiquo, qui en attire les coinsen haut

et en arrière; cependant, si j'en juge d'après la manière

dont les dents supérieures se découvrent constamment pen-dant le rire on le large sourire, et si je m'en rapporte de plusau témoignage de mes sensations petsonhellcs, je ne puisdouter que quelques-uns des muscles qui s'insèrent sur la

lèvre supérieure n'entrent aussi légèrement en action. Les

portions supérieure et inférieure des muscles orbicnlaircs se

contractent en même temps plus ou moins; et il existe, comme

nous l'avons vu A propos des pleurs, une connexion intime

entre ces muscles, surent les inférieurs, et quelques-uns de

ceux qui aboutissent a la lèvre supérieure. Henle fait remar-

quer a cepropos que, lorsqu'un hommeferme exactement

l'un des deux yeux, il ne peut s'empêcher de rétracter la

lèvre supérieure du même côté; réciproquement, si. aprèsavoir placé son doigt sur la paupière inférieure, on essayede découvrir autant que possible les incisives supérieures, on

9. Jtf<'<'«Mtsm<:d'<*~<tM~tCttOtMteAMm<tf<M,<UtM<M,légendeV).

<0. ~tMt&McA<&'fS~'m. ~M~.JeOfeMtc/Mrt, <8!:8,B.s. <44.Yotr la figure 2, H.

Page 232: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 233: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

mas *H7

sent, A mesure que ia lèvre se son!eve énergtquement, quetesmuscles de la paupière entrent en contraction. Dans te

dessin de Menle,reproduit figure 2, on peut voir que le nnts-

c!e<MataW<(H),quiMjette dans h lèvre supérieure, appar-

tient pt~sqncintégralempht A impartie ht~culaire.

Le docteur Duchennea publié deux grandes photographies.dont les figures 4 et S de ia planche Ht sont des réductions.

et qui rcpréseateatte visagedun v!ciHard, d'abord dans son

état normal, impassible, et en second !ieo i!0t!ria))tnatu-

reUcment; t'expressiox de cette dermère a été immédtate-

taent reconnue par tous ceux qui l'ont vue. ï! a donne on

même temps, comme exemple d'un sourire produit artifi-

cieUemcnt, une autre photographie (fig. ?) du monte ~iei!-

tard avec les coins de la bouche fortement rétractas par t&

galvanisation des muscles grands zygomatiques, Or il est

évident que cette expressionn'est pasnaturene; car, survin~t-

quatre personnes auxqueMcsj'ai montré taphoto~raptne en

question trois n'ont su lui assigner une expression quelcon-

que et les autres, tout en reconnaissant qu'il s'agissait dp

quelque choi<cp!usoumoins analogue à un sourire, ont pro-

posé lestitres suivants: <naMMtM~oMan«'ne;nt'~orc<~f~e~r(-

Ma(?aM<;f<rc~~m<~<MtMe;ctc.Le docteur !)uchennc attrihu<'

la fausseté de l'expression A la contraction insuffisantedes or-

Mcutaires au niveau des paupières inférieures, et il attacht'

avec raison une grande importance à l'action de ces muscles

dans l'expression de lajoie. Il y a certainement du vrai dans

cette mantère de voir, mais elle n'exprime pas encore A mes

yeux tonte la vérité. La contraction de la partie inférieure des

orbiculaires est toujours accompagnée, connue nous l'avons

vu, d'un mouvement d'étévation de la lèvre supérieure. Si,dans la figure i, on avnit ainsi relevé légèrement la lèvre, la

courbure serait devenue beaucoup moins brusque, le sinon

naso-labiai aurait un peu changé de forme, et l'ensemble

Page 234: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

2<« KXt'MESStON HE LA JOtK.

.1- 1.&~ _& -1.1 -_u. ~1_ -u_1de l'expression eût été, je cwis, plus naturel, indépendam-ment de ce qu'y aurait ajouté une contraction plus énergt-

que des paupières inférieures. De plus, dans la B~ure 1, le

sourcilier est contracté au point de provoquer le froncement

des sourcil: or ce muscla n'agit jamais sous l'inuuoncc de

la joie, si ce n'est pendant 1<:rire très accentue ou vio-

lent.

Par suite de la rétraction en arrière et de l'élévation des

commissures par la contraction du grand zygomatique, et

de l'élévation de la lèvre supérieure, les joues sont aussi

entrainées en haut. Il se forme des plis au-dessous des

yeux, et, chez les vieillards Il leur extrémité externe; ces

plis sont éminemment caractéristiques du rire ou du sourire.

Lorsqu'un individu passe d'un léger sourire & un sourire

bien marqué ou Aun rire franc, s'il fait attention &ses pro-

pres sensations et qu'il se regarde dans un miroir, il peutconstater que, A mesure que la lèvre supérieure se soulève

et que tes orbiculaircs inférieurs se contractent, les rides

qui sillonnent la paupière iuféneure et le pourtour des yeuxs'accentuent de plus en plus. En même temps, d'après une

observation que j'ai souvent répétée, les sourcils s'abaissent

légèrement, ce qui prouve que les orbiculaires supérieursentrent en contraction aussi bien que les inférieurs, au

moins jusqu'à un certain degré, bien que ce dernier phé-nomène ne nous soit pas révélé par nos sensations. Si l'oa

compare les deux photographies qui représentent le vieillard

en question dans son état habituel (fig. 4) et souriant natu-

rellemeni (fig. 5), on rcconnattra que dans cette dernière

les sourcils sont un peu abaissés. C'est là, je présume, un

effet de la tendance qu'ont les muscles orbicutaires supé-rieurs, par l'iniluence d'une haijitude longtemps associée,

à entrer plus ou moins en action dé concert avec les orbi-

culaircs inférieurs, qui se contractent lorsque la lèvre supé-rieure s'élève.

Page 235: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<URR. a<C

La disposition qu'ont les musctes zygomatiques A se con-

tracter sous l'influence des émotionsagréables est démontrée

par un fait curieux, qui m'a été communiqué parte docteur

Browne, relatif anx malades atteints de ta pef«~<~ géné-~7<' ~Mo?~M&" '< Ch~~c~MatadM; on constate pr~sqtteinvariablement de l'optimisme. des illusions de santé, de

position, de grandeur, un« gaieté insensée, de la bien-

vemance, de !a prodigaHté; d'autre part, le symptôme

physique primitif de cette affection consiste dans !<;trom-

b!emcnt des commissures des lèvres et des angles oxternt's

des yeux. C'est la un fait bien constaté. L'agitation conti-

nueHc de la paupière inférieure, !e tremblement des muscles

grands zygomatiques, sont des signes pathognomoniques de

la première période de la paralysie genéraie. La physiono-mie offre d'ailleurs une expressionde satisfactionet de bien-

veiMance.A mesure que la maladie fait des progrès, d'autres

muscles sont affectés à leur tour; mais. jusqu'au moment

ou arrive l'imbécillité complète, l'expression dominante reste

celle d'une bienveillance niaise.

Par suite de l'élévation des joues et de lit tèvro supérieuredans le rire et le sourire bien accentué, le nez semble se

raccourcir; la peau de sa partie moyennese couvre de fines

rides transversales, et tes parties latérales de plis longitudi-naux on obliques. Les incisives supérieures se découvrent

habituellement. U se forme unsillon naso-iabiat bien marqué,

qui, partant de l'aite du nez, aboutit aux coius de la bouche

ce sillon est souvent double cb<*xtes vieillards.

La satisfaction ou l'amusement se caractérisent encore

par le brillant et par t'éctat du regard, aussi bien que par ta

rétraction des commissures et de la Mvrc supérieure et les

H. Voir aussi les observations du docteur i. CrichtonBrowne, re*latives au m~me sujet, dans le J~«~w/ c/cM~</ ~CMW<avri! )87<,

p.<49..

Page 236: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MO BXt'HRSfttONMBLA~0<<!

plis qui l'accompa~ot'nt. Chez les idiots microcéphaleseux-

mêmes, qui sont s! dégradés qu'ils n'apprennent jamais &

parler, les yeux brillent lé~êMtnent sous i'iM<!uencedu phu-sir' Dans ïe ru'o vjtolent, i<*syeux se remplissent trop do

larmes pour pouvoir bri!te< dans le rire modère bu ïc

sourire, au contraire, ta couche humide sécrétée par les

glandes lacrymales peut aider à !eur donner de Féctat; ce-

pendant cette circonstance doit n'avoir qu'une importancetout a fait secondaire, puisque sous l'influence du chagrin,les yeux deviennent ternes, bien qu'ils soienten même tempssouvent remplis de tarmes. Leur éclat parait dd principa!<ment à leur tension intérieure due à la contMCtion d<'s

tnusctes orbiculaires et à la pression des joues relevées. Toute-

fois, suivant le docteur Piderit, qui a étudié ce point plus

complètement que tout autre écrivain cette tension peutêtre attribuée en grande partie A l'engorgement des globesoculaires par !e san~ et les autres fluides, qui résulte de

!'accetération de la circulation due à l'excitation du plaisir.Cet auteur fait remarquer !e contraste qui existe entre l'as-

pect des yeux d'un malade hectique dont la circulation est

rapide, et cotui des yeux d'un individu atteint de choléra

et dont presque tous les fluides sont épuisés. Toute cause

qui ralentit la circulation amortit ie regard. Je me rappelleavoir vu un homme complètement épaisé par un exercice

violent et prolonge, pendant une journée très chaude un

voisin comparait ses yeux A ceux d'une MMrM~~CMt~M.

nevenons aux sons qui accompagnent le rire. Nouspou-vons t'omprendre a peu près comment l'émission de sons

d'une espèce quelconque a dAs'associer naturellement &un

état d'esprit agré~bie en effet, dans une grande partie du

i2. C.Vo~t,JMm(~<'<uf ~Kro<;<'pA<t&fM7,p. 21.

i3.S)rCtt.Bet~M<t<omyo/'J&BpfM</cM,p.<3?.it. JKm)&MM~Mysfo~ftoM~,tS'!?, &S3-67.

Page 237: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tUttt! 2~

règne animal, tessons vocaux ou instrumentaux sont mis

en usage soit comme appel, soit comme tnoyen de séduction

d\m sexe A l'autre. Ils sont aussi employés comme signe de

joie dans des réunions entre les parents et leur progenitut'c,ou chtt'cdt's membre!:d'une m~Mt~contmunauté. Mais poutf-

quoi les sons que l'homme émet sous l'influence de la joieont-ils ce caractère spécial de répétition qui caractérise les

nre? C'est ce que nous ne pouvons expliquer. CepcndsMton peut admettre que ces sons ont dn natMMttentettt revêtir

une forme aussi différente quf possib!e de celle des cris qu!

expriment la douleur; et puisque, dans ta production de

ceux-ci, les expirations sont ion~aes et continues, les inspira-tions brèves et interrompues, on devait sans doute s'attendre

a trouve!' dans les sons provoqHés pat' ta joie des expira-tions courtes et saccadées avec des inspirations prolongéesc'est en effet ce qui arrive.

Voici une question dont la solution n'est pas moins dif-

ficile Pourquoi tes coins de ta bouche se rétractent-iis, et

pourquoi la lèvre supérieure se soutëve-t-ctte pendant le

rire ordinaire? t~ bouche ne peut pas s'ouvrir autant que

possible, car. lorsque cela arrive pendant un paroxysme de

fou rire, il sort &peine un son appréciable, ou bien c<*son

émis change de hauteur et parait sortir du phts profond de

la gorge. Les muscles qui président à ta respiration et

ceux des membres eux-mêmes sont <'n memt' temps mis en

action et exécutent des mouvements vibratoires rapides. La

mâchoire inférieure participa souvent a ces mouvements, ce

qui empêche la boucbc de s'ouvrir largement. Toutefois,

comme il faut émettrp un fort volume de son, l'ouverture

buccale doit ctrc suffisante et c'est peut-être pour remplirce but que les commissures se rétractent et que la lèvre

supéneure se soulevé. Si nous pouvons ditncilemcnt expli-

quer la forme que prend la bouche pendant le rire et qui

provoque la formation de rides au-dessous des yeux, ainsi

Page 238: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M EXt'HESStONtmLAJtHK.

que le caractère saccadé du son qui l'accompagne et le

tremblotement de la mActtoire, nous pouvons au moins

supposer que tous ces fS'cts dérivent d'une mémo cause. En

<stM, itSt capaetérispnt tous l'expression du plaisir chez di-verses espaces de singes.

Il existe une gradation non interrompue depuis le fou

rire jusque ht simple expression de ta gaieté, eu passant

par le rire modère, le ttn'ge sourire et le sourire tégcr. Pen-

dant le fou rire, la corps entier se renverse «cuvent en

arrière et se secoue, ou tombe presque en convulsions;In respiration Mi tre~ troublée, la tcte et lu face se ~ofgcntde sang, les veines se distendent, les muscles péri-oculairesse contractent spasmodiquement pour protéger les yeux.Les larmes coulent abondamment; aussi, comme je t'ai

dejA fait remarqupr, il est A peine possible de reconuattre

une différence quelconque sur le visage humide de larmes

après un accès de rir<' ou après un accès de pteurs~ C'est

probablement par suite de la ressemblance exacte qui existe

entre les mouvements spasmodiques causés par des émo-

tions si différentes, que les malades hystériques passentalternativement des pleurs au rire violent, et que les petitsenfants font quelquefois de même. M. Swinhoc m'apprend

qu'il a souvent vu des Chinois, affectés d'un profond cha-

grin, éclater en accès de rire hystériques.J'étais désireux de savoir si le fou rire provoque ainsi

une abondante effusion de larmes, dans ta plupart des races

humaines les réponses que j'ai reçues de mes correspon-dants. sur cette question, permettent d'y répondre par l'affir-mative. L'un des exemples cités se rapporte à des Hindous,

<5.VoirlesobaervaUMtsde Sir J. Meynoh~(DtMMow!,XH,p.<(?).a Uestcurieuxd'obMrver,di~-U,ce fait certain, que tMMH'~meadespayionscontraires s'exprimentpar tesm&mesactes,avecdesdifféren.ces trèsh'geres. Commeexemple,il citeteplaisirn'cnéuqMcd'unebac*chanteet la douleurd'une Marie-Maddeine.

Page 239: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

RtMK. M9

chez lesquels d'ailleurs, d'âpre leur 'propre témoignage,te fait n'est pas rare. Il en est (le. m~me pour les Chinois.

Chez uni! tribu sauvage de Malais, dans la presqtt'lle de

Matacca, on voit quetquetois, assez rarement il est vrai, les

femmes veTser des larmet tout <~nriant è ~opg<;déployée.Le fait doit ctre au contraire fréquent chez les Uyaks de

Bornéo, au moins parmi les femmes; ça" j'at appris du

rajah C.Krooke qu'ils emploienthahUueUement i'efxprcss!onWre~<M~M'<!M.~onMM.Les aborigènes australiens donnent

carri&t'e sans contrainte A l'expression de leurs émotions;

d'après mes correspondante its sautent et frappent des

mains en signe de joie, et poussent souvent en riant de vrais

rugissements; selon le témoignage de quatre de ces obser-

vateurs, leurs yeux s'humectent dans ces circonstances,et m~me. dans l'un des cas cités, les larmes étaient assex

abondantes pour couler le tong des joues. M. Butmet', quia parcouru comme missionnaire les régions reculées de

Victoria, remarque que « les naturels ont le sentiment

très vif du riuicute; ce sont d'excellents mimes, et quandl'un d'eux s'amuse A contrefaire les originaUtés de quelquemembre absent de la tribu, on entend souvent le camp tout

entier rire jusqu'aux convulsions Nous savons que chez

les Européens l'imitation t'st aussi t une des choses qui

provoquent le ptus aisément le rire il est assez curieux de

rencontrct* la mente particularité chez les sauvages austra-

liens, qui constituent une des races les mieux dénnies du

globe.Dans l'Afrique méridionale, chez deux tribus de Cafres.

tes yeux se remplissent souvent de larmes au milieu du

rire, surtout chez les femmes. Gaika, frère du chef San-

dtUi, répond à ma question sur ce point « Oui, c'est gé-néralement leur habitude. Sir Andrew Smith a vu le

visage tatoué d'une femme hottentote sillonné de larmes

après un accès de rire. La même observation a été faite

Page 240: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

?4 BXPMBM!ONBI!LAJrOtE.

chez les Abyssins de l'Afrique septentrionale. En&u te ftit

il été constaté, dans l'Amérique du Nord, dans une tri-

bu remarquabtetncnt sauvage et isolée, surtout chez tes

femmes; da<M une autre tribu on l'& observa une seale

fois.

Du fou rire, comme nous t'avons déjà dit, on passe pardes transitions insensibles au rire modéré. Dans celui-ci,

les musclés péri-oculaircs se contractent beaucoup moins et

le froncement des sourcils est peu marqué ou nul. Entre

un rire modéré et un large sourire il n'y n presque pas de

différence; seulement le dernier ne s'accompagne d'aucune

émission du son. Cependant on entend souvent, au début

d'un sourire, une expiration plus forte, un léger hruit, une

sorte cle rudiment du rire. Sur un visage qui sourit modéré-

ment, la contraction des muscles orbiculaircs supérieurs se

manifeste encore quelquefois par un léger abaissement des

sourcils. Celle des muscles orbiculair<*s inférieurs et paipé-hraux est plus visible; elle est indiquée par le froncement

des paupières inférieures et des téguments placés au-dessous,en même temps que par une légère élévation de la lèvre

supérieure Du plus large sourire on passe au plus léger

par une série de gradations insensibles. A l'extrême limite,

les traits se déforment trèspeu, beaucoup plus lentement,et la bouche reste fermée. Lacourbe du sillon naso-labial so

modifie aussi légèrement. Ainsi il est impossible d'établir,au point de vue des mouvemohs des traits du visage, une

ligne de démarcation tranchée quelconque entre le rire le

plus violent et le plus léger sourire

On pourrait donc croire que le sourire constitue la pre-mière phase du développement du rire. Toutefois on peutadmettre le point de vue inverse, qui est probablement plusfxact l'habitude de traduire une sensation agréable par

< te docteurt'MentMtarriveaux m~mcsconctuaions.Id., p. M.

Page 241: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MUtH.

<!t

t'émisston de sons bruyants et saccadés a primitivement

provoqué la rétraction des coins de la bouche ot de la lèvre

supérieure, ainsi que la contraction des musclesorbiculaires;dès lors, gr&ce A l'association et A l'habitude prolongée,

!<'s mêmesmusch' x doivent hnjhnrd'hn! entrer tégèremeoten action quand une cause quelconque excite en nous un

sentiment qui, plus intense, aut'ait amené le rire de là

résulte le sourire.

Soit que nous considérions le rire comme le complet

développement du sourire; soit (ce qui est plus probable)

qu'un faible sourire représente le dernier vestige de l'habi-

tude fortement invétérée pendant de longues générations de

témoigner notre joie par le rire, nous pouvons suivre chez

nos enfants le passage graduel du premier de ces phéno-mènes au second. Ceux qui soignent des enfants jeunessavent bien qu'il estdifficile de reconnaître sûrement si cer~

tains mouvements de leur bouche expriment quelque chose,c'est-a-dirc de rceonnattre s'ils sourient réeHement. J'ai

soumis mes propres enfants A une observation attentive.

L'un d'eux, se trouvant dans une heureuse disposition d'es-

prit, sourit d l'âge de, quarante-cinq jours, c'esi-a-dirc queles coins de sa bouche se rétractèrent, et en n~me tempsses yeux devinrent très brillants. Je remarquai le m~ne

phénomène le lendemain; mais le troisième jour, t'enfant

étant indisposé, il n'y eut plus trace de sourire, fait qui rend

probabto la réalité des précédents, fendant les quinze jours

qui suivirent, ses yeux brillaient d'une manière remarquable

chaque fois qu'il souriait, et son nez se ridait transversale-

ment. Ce mouvement était accompagné d'une sorte de petit

bèlement, qui représentait pcut-ctrc un rire. Al'âge de cent

treize jours, ces légers bruits, qui se produisaient toujours

pendant l'expiration, changèrent un peu de caractère; ils

devinrent plus brisés ou saccadés, comme dans le sanglotc'était certainement le commencement du rire. Cette medi-

Page 242: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

aM ËXt'MHS8)UN t~KLACAtBTM.

fication du son n<op<trut liée A l'accroissement de t'extco-

sion latérale de la bouche, qui se produisait à ntoaure que

lesom'ires'élargissait.

Chez un second cufant, j'observai pour k pretni&ro fois

un véritubtc sourire &quaran{c-chtqjô(trs,C*cst~-f!h'eaun Agepeu din'ércnt, et chez un trois<c<ncUMpeu plus tAt.

A sotx!tnte-cin<jjours, te sourire du dcux~mo ouf&nt ëtent

bien plus net, btt'n p!us large t~e celui du prcnner au

nt&tne Age; il cotnnmnoatt mente A ce moment & émettre

des sons très analogues. A un v~t'Uabtc nre. Nous trouvons

dtma ce devdoppctncnt gMtdnet du t'!re chez t'en~nt quet-

<j[uechose de con)p&t'&bte,jusqu'à un certain point, & ce

(lui se passe pour les pteuM. Il semble que, dans t'un et

t'outre cas, un certain exercice soit ttécessaire, aussi bien

que pour l'acquisition des mouvements ordinaires du corps,tels que ceux de lit nmMhe. ~u contraire, rhabitude de

crier, dont r<)ti!itëpour !'cnf«nt est évidente, se développe

parfaitement dCsles premiers jont's.

~oHMC/tMw<M~~~c~. Un bofume de bonne humeur

a généralement de la tendance, sans sourire précisément, arétracter les coins de sa bouche. L'excitation du plaisiraccctère la circulation; les yeux deviennent ptus brillants,

!a figure pius colorée. Le cerveau, sthnuié par un aMux

sanguin plus abondant, réagit sur les facultés intellectuelles;des idées riantes traversent l'esprit avec rapidité, les senti-

ments ait'ectucuxdeviennent plus expansé, .t'ai entendu un

enfant d'un peu moins de quatre ans, auquel on demandait

ce que signifiait d~'c ~o~ne /n«MeMf,répondre « C'est

rire, parler et embrasser. !1 serait difficile de trouver une

dénnition plus vraie et plus pra-tique. Dans cette situation

d'esprit, l'homme se tient droit, la tête haute et les yeuxouverts. !1 n'y a ni nfRussentent des traits ni contraction

des sourcils. Au contraire, d'après une remarque de Mo-

Page 243: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

EXPMfBSStON DE LA HAtKT~ 927

rean~, te muscto frontal tend A se contracter tég&rement, et

cotte contraction tisse le front, artjue un peu les sourcits et

relevé tes paupières. De !à le mot latin Mpofft~efe frontem.<Mr< fMOOMrct~,qui signinc être gai ou joyeux. La physio-

hbmtë de l'homme (Ïcïjdnnc ttuntéttr est exact~nteht t'in-

verse de cette de l'homme qu'un chagrin at!ecte. Selon Sir

C. !<< « dans toutes les émotions joyeuses, les sourcils, les

paupières, les narines et les angles de la bouche sont relevés.

C'est tout le contraire dans les émotions déprimantes. » Sous

l'influence de ces dernières, te front se déprime; les pau-

pi&res, ÏMjoues. la boucite et la tête entière s'abaissentles yeux sont ternes, te teint pAïeet la respiration tonte. Le

visage s'élargit dans ta joie, et s'allonge dans le chagrin. Je

ne veux pourtant pas affirmer que le principe de l'antithèse

ait joué un r6!e dans t'ac~uisition de ces expressions oppo-

sées, de concert avec tes causes directes dont j'ni déjà parléet qui sont suffisamment évidentes.

Dans toutes les races humaines, l'expression detahonm*

humeur paraM être la même et se reconnaît aisément. C'est

ce qui résulte des réponses que mes correspondants m'ont

envoyées des diverses parties de l'ancien et du nouveau

monde. J'ai reçu quelques détails particuliers sur les Ilin-

doits, tes Mataiset tes habitants de !a Nouvettc-Xétandc.L'é-

clat des yeux des Australiens a frappé quatre observateurs,

et te même fait & été noté chez les Hindous, les Dyaks de

Bornéo et les Nouvcaux-Xétandais.

Les sauvages expriment quelquefois leur satisfaction non

seulement par le sourire, mais par des gestes dérivés du

plaisir de mander. Ainsi. M. Wcdgwood raconte, d'après

t7.I<t P~<«H<MM<<par G.L~atcr, édit.de <MO,vol. IV,p. 324.Voiraussi Sir C.BeU~~Ma~omy<~&?pMM(~p. n~ pourla citattonsuçante.

t8. D<c<<oM«<'y(~ EM~<MAJMymc~t 2' éditiot),«}?2.Introduction,p. xm'.

Page 244: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

i.1.

aM KXPKR88)pt<OELAOA!ET!t

t'ethorick, que tes nègres du NU supérieur se mirent tous

& se frotter le ventre lorsque celui-ci exhiba ses colliers.

Letohhardt dit que les Austratiens faisaient claquer leurs

l&wres&1&v<tede ses chevaux~ de ses boeufs et surtout de

ses chiens. Les Groenlandais, « quand Us afnrmcnt quelque '>

chose avec plaisir, aspirent tait' avec un bruit particulier M,mouvement qui constitue peut-être une imitation do celui

que produit la déglutition d'un mets savoureux.

On réprime le rire en contractant énergiquement le mus-

cle orbiculaire de la bouche, lequel s'oppose a l'action du

grand zygomatique et des autres muscles qui auraient poureffet d'attirer les lôvt'Gseu haut et en arrière. La lèvre in-

férieure est aussi quelquefois retenue entre les dents, ce quidonne i1la physionomie une expression malicieuse, ainsi quecela a été observé chez l'aveugle et sourde Laura Brid-

~man Le grand zygomatiqnc est du reste sujet a certaines

variatiotM, et .t'a! vu ct~ex une jeune femme les depre<M<M'M

on~M~ofM contribuer puissamment &la répression du sou-

rire toutefois, grâce Al'éclat des yeux, la contraction de ces

musclesne donnait nullement à sa physionomie une expres-sion mélancolique.

Ona fréquemment recotu's & un rire force pour dissimuler

quelqnc état de l'esprit, la colère même. Certaines personness'en servent souvent pour cacher leur honte ou leur timidité.

Quandon fronce les livres, comme pour prévenir un sourire,

alors qu'il n'yarien qui puissesoit l'exciter.soitempecher qu'onn<'s'y abandonne librement, il en résulte une expression anec-

tée, solennelle ou pédante; il est inutile de nous étendre sur

ces expressions hybrides. Le rire ou le sourire de moquerie.

.qu'il soit réel ou forcé, se mélange souvent de l'expression spé-cialedn dédain, qui peut se transformer en colère méprisante

19.Crantz,c!tépar Tytor,PrimitiveCMMMre,187~vol. p. iW.20.F. Uebcr,Stn)fA~M<«MCMMMMMM,<8!it, \ot. n, p. ?.

Page 245: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

EXPKEStHOKDRL'AMOUM.EtO. Mtt

<men simple mépris. Dans ces circonstances, le t'tre on le

sourire est destiné A montrer A t'oSeoseuf qu'il ne parvient

qu'A nous amuser.

~Mo<M%MM~tM~~~n<fr~; iftc: –~Rtpnqtwt'émotionde

l'amour, par exemple de l'amour d'un? mère pour son enfant,

sott une des plus puissantes que le ctour soit capable de res-

sentir, il est difficile de lui aas!~ner nn tnoyen propre ou

spéciat quelconque d'expfcsstott ce f<ut s'expliqueparce quecesentiment ne provoque pas ongênera! d'actes d'une nature

pon'ttcutiet'c et déterminée. <!est certain cependant que t'af-

fection, qui est un sentiment a~rcabtc. se manifeste opinai-

rcment par un faibte sourire et par un léger accroissement

de l'éclat des yeux. On ressent vivement le désir du contact

de la personne aintée c'est ta le moyen expressif le plus

complet de l'amour~ C'est pourquoi nous aspirons Aseprer

dans nos bras les étres que nous chérissons tendrement. Nous

devons probablement ce désir a l'habitude héréditaire, s'as-

sociant aux en'cts de l'allaitement et des seins que nous don-

nous a nos enfants, ainsi qu' t'innuen<'<'des caresses mutuel-

les des amants.

Chez les animaux, nous voyons aussi le ptaisir dérivé du

contact s'associer avec t'anection et lui servir de moyen ex-

pressif. Les chiens et tes chats éprouvent manifestement de

ta jouissance a se frotter contre leur maître ou tour maMrcssf, J

ainsi qu'a étfc frottés ou tapés doucement de ta main pareux. Les gardiens du Jardin Xootogiquem'ont affirmé que

plusieurs espèces de singes aiment a se caresser tes uns tes

autres, aussi bien qu'à être caressés par les personnes

pour tesqueUcs its ont de t'aB'cction. M. Martiett m'a

2t. M. MaMtfait remarquer(?'«<«<«M~M~St~MCt',<M8.p. 230)que a ta tendresseest unedmotionagccabte,provoquéede diversesma*que. «Iiitcndressecstuneémotionagréable,provoquéede divl'l'Scsma..nières,et dont t'eftetestdepousserles~s humainsdansdes etnhraa-Mmentsréciproquesa.

Page 246: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

930 EXPMESStONBBL'AMOUR/BTC.

rapporté la conduite que tinrent deux chimpanzés, un peu

phtsa~és que ceux que l'on transporte d'habitude dans notre

pays, lorsqu'on les mit ensemble pour ta première fois ibt

s'assirent en face l'un do l'autre, amou&rcntau contact leurs

tèvres fortement avancées, et chacun d'eux plaça sa main sur

l'épauto de son compagnon; puis ils se serr&rent mutuelle-

ment dans leurs bras; enfin Us se levèrent, les bras enlacés

sur les épaules, tcvant la t&te, ouvrant ta tronche et hurlant

de plaisir.Nousautres Européens, nous sommes si habitués &mani-

fester i'au'ection par le baiser. qu'on pourrait supposer quec'est IAun signe expressif inné dans 1 csp&cehumaine, tt n'en

est rien cependant, et Steetc s'est trompé quand il adit: La

nature futson autour, et ilnaquit avec teprcmieranMur. Un

habitant de ta Terre-dc-t'cu, Jfmnty Huttou, m'a dit que t<*

haiscr est inconnu dans ce pays. 11est ég'alctnent inconnu

chex les indigènes de ta Nouvotte-Xéiandc'. tco Tahitiens,tles Papous, les Australiens, les Somitulis d'Afrique, et les

Esquimaux Il est cependant si naturel qu'il résulte pro-babtotnent du plaisir qui nutt du contact intime d'une per-sonne aimée, et dans diverses parties du monde il est

remplacé par certains gestes qui paraissent avoir ta même

origine. Uanstn Nouvctte-X<HandeeHaLaponie, ait se frotte

le nez; aith'urs oa se frotte ou on se tape amicatottent sur les

bras, la poitrine, t'épi~astre, ou bien encore onse frappe le

visageavec tes mains ou les pieds de son interlocuteur. L'ha-

bitude de souMt'r, en signe détection, sur diverses par-tics du corps dérive peut-être auss) du même principe~.

2X.Untromctta<MS:rJ. Lubboek~'fcAtMot'M:ï'tmM,T:"édition,t86!),p. SSa)lesautorité quijusMMOttces affirmations,Lacitationde Stcc!eMtt<r<5odecetouvrage.

3~.Voirune étude comptëtede cettequestion,avectousrenseigMC-ntcnta,dansE. B.Tytor,Ft''«'oreAM<M~the B«f~ MH<ot'yc~Mf<w~M<~2'edit.70,f).S).

Page 247: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KXt'MKSStON DK L'AMCH!M KTC 9?t

Los sentîmenis qu'on quatre de tendres sont difSciles A

~t~yscr; ils paraissent composésd'an'ection, de joie et spécia-lenient de sympathie. Ils sont en eux-mêmes d'une nature

agréable, Itormitt pourtant la pitié, quand elle dépasse cer-

taines ï!mites, et Qu'elfe est remplacée, par exemple, parl'hot'reur qu'on éprouve au récit de tortures innigées &un

homme ou &un animal. Un fait à retnarquet', c'est que ces

setttunents provoquent très facilement l'effusion des larmes.

Il n'est pas rare, on etfet, de voir un père et on fils pleureren M retrouvant ensemble après une longue séparation, sur-

tout si leur rencontre se fait d'une façon inattendue. On a

constaté qu'une jo!e très vive tend par eUe-meme & agir sur

les glandes lucrymales; mais il est probahte aussi que, dansdes circonatances semblables à celles dont nous venons de

parler, il passe dans l'esprit du p~re et du Sts comme une

idée vague de la doutcur qu'ils eussent éprouvée s'ils ne s'é-

taient plus jamais rencontrés, et cette pensée triste active

naturellement la sécrétion des larmes. Ainsi, au retour d'U-

lysse«T~tem~uo

Se)&ve~et sejetteenMagt<'tantdanslosbrasde sonpère;Le chagrintesoppresse,et faitcouterleurspteurs.i · 1AiMi lesdeux héroshissenteehappt'fdetcurapaupièresdestor-

rentsde larmes,Htla lumièredu soleilaurait disparuavantqueleurspteHMeua.

sent cessé,S! Tétémaquen'avaitenfinretrouvela parolepourdire.

Odyssée,tiv.XVt,st.Ï7.

Et plus loin, quand Pénélope reconnaU enfin son

époux

« Soudainteslarmess'échappentoa abondancede sespaupièresEttes'étancede sa place,et,jetantSesbrasautourducoud't,'Iysse,ellecouvreSa têtede baisersardents,et, 6'ccrie.

~<<)iv. XXtu.st.2T.

Page 248: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M2 KXPKE<!K!tCKt)Ë):AMOUM.ETC.

Le souvenir (h*la demeure où s'est écoulée notre enfance,

ou celui de jours heureux depuis longtemps disparus, se

présentant vivement A notre esprit, rend fréqacnunentnos yeux humides do tarmes: ici encore il i~ttervicnt une

pensée tristf. celle quec<'sjoufs m't'<i<L'hdroutj)uha!s. On

peut dire que, dans ces circonstances, nous compatissons avec

nous-mêmes, en comparant notre présent avec ce passé. La

sympathie pour hts mathcurs des autres provoque aisément

nos laines, m~m<'s'il s'agtt df t'héroïne infortunée de quel-

que épisode attendrissant, pcfsonnagt' imaginaire pour le-

quel nous ne saurions ressentir de raH'cction. U on est de

même d<'la sympathif qui s'adresse au bonheur d'autrui, par

exemple &celui de l'amoureux mis en scène par un habile

romancier, et dont les voeux sont comblés après des cuorts

et des obstaclessans nombre.

La sympathie paratt constituer une émotion séparée ou

distincte, particulièrement apte à agir sur les landes lacry-

males, aussi bien chez celui qui l'éprouve que chez celui quila provoque. Tout le monde a remarqué avec quelle facilité les

enfants éclatent en sanglots lorsqu'on les plaint pour quelquemal insignifiant. Chez tes aliénés mélancoliques, d'après les

renseignements que je tiens dit docteur (Irichton Browne, un

simple mot aimable provoque des accès de pleurs incoerci-

bles. Lorsquenous exprimons notre pitié pour le chagrin d'un

ami, nos yeuxse mouillent souvent de larnac~. On expliquehabituellement le sentiment de 1&sympathie, en supposant

que, en voyant ou entendant soutMr autrui, l'idée de la sout-

frances'empare assez fortf'mcntde notre esprit pournousfah'esouffrir nous-mêmes. Toutefois cette explication ne me parait

pas suffisante, car <'Ilcne rend pas compte du lien intime quilie la sympathie il l'affection; nous sympathisons sans aucun

doute beaucoup plus vivement avec unepoMonnc aimée qu'a-vec une personne indifférente; et nous apprécions aussi beau-

coup plus les témoiguagcs de sympathie qui nousviennent

Page 249: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KXPHESStON M JLAMOUn, etc. Mi)

d'unanu. TouteiMHnous pouvons certaim'tuent compatir aux

malheurs de quoiqu'un pour qui nous ne ressentons pas d'af-

fection.

Nous avons vu, dans un précédent chapitre, pourquoi htsouNrance, uuntomcnt ou nous t'éprouvons, provoque tes

larmes. Or, l'expression naturelle et universelle de ta joie est

le rire, et, chez toutesles races humaines, le fou rire excite la

sécrétion hM:rym<deplus enet'giqucmcnt <pt<!toute autre

cause, la souffrance exceptée. H nte semble que, si ta joierend les yeux humides d<'larmes alors m~e que ie rire

n'existe pas, ce phénomène peut t'expliquer, <'nvertu de l'ha-

bitude et de l'association, exactement comme nous avons ex-

ptiqueTcu'uston des pi«urs sous t'innuence du chagrin, alors

mémo qu'il n'y a pas décris. Cependant il est très remar-

quaMe que la sympathie pour les douteurs des autres pro-

voque les tarmes plus aitoudammpnt que nos propres dou-

leurs c'est i&un faitclui n'est pas douteux. Qui n'a vu par-ibis un homme, des yeux duquel ses propres souBrauces ne

sauraient faire jaillir une larme, pleurer sur tes souffrances

d'un ami bicn-aime? Chose plus remarquahie encore la

sympathie pour le bonheur ou la bonne fortune de ceux

que nous chérissons tendrement provoque nos tannes, tan-

(lis qu'un bonheur semblable laisse nos yeux secs quand c'est

nous-mûtncsqu'it intéresse. On pourrait par conséquent sup-

poser que si nous pouvons~ grâce A une habitude depuis

longtemps invétérée, résister ofncaccmcnt aux pleurs sous

l'influence de la douleur physique, cette puissance de ré-

pression n'a jamais été nusc en jeu, au contraire, pour em-

pêcher la légère effusion de larmes que provoque la sym-

puthie pour le malheur ou le bonheur d'autrui.

La musique a un pouvoir merveilleux, comme j'ai essayede tedemontrer aiMeurs pouriairerenaitrH, d'une manière

~t. DMMw&MceJe~MMt',trad.frança!scp<u'Mon!in!c,vc).tt,p.3<!0.

Page 250: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M4 ËX!'KK88tOKDt!<.AW~1"H.

vague et indcnnio. ces émotions puisantes qui ont été rM.

sentica, dans to lointain des âges, par nos prctmers ancêtres,alors probabtoment qu'ils employaient les sens vocaux comme

Moy~ d~~netiond'un~sexeàl~tM. CowtHo ptusteurs denos émotions les plus puisiMmtes, cl~grin, joie vive,

amour, sympathie, absent sur la sëcrction lacrymale,il n'ostpas étonnant que la musique puisse aussi amener dM

hu'mcsdans nos yeux, surtout quand nous sontmes déjà amot-

lis par quetqMt'sentiment tendre. La musique produit oou-

vent un autre d<Mtsingulier. Nous savons que les émotions

ou excitations violenter, douleur extrèmt~ rage, tefreat'.

joie, passion amoureuse. –ont toutes une tendance spécialà produire du trenib!ement dans les musctes; or la musique

produit, chex les personnes qui eu ressentent puissamment

l'impression, une sorte de frisson ou de frémissement dans

rapine dorsatc et dans les tnembres. Ce phénomène parattavoir avec tctrentbtMun'ntdu corps dont nous partions tout

A l'heure jcs mêmes rchttions que la légère cn'usion de

larmes produite par la musique avec les pleurs que provoquetoute émotion reetie et vioicnte.

~fe~. La pieté se rapproche jusqu'A un certain point de

l'affection, tnen que son essence soit avant tout le respect,souvent mélange de crainte; aussi n'aurons-nous que quel-

dues mots &dire sur l'expression de cet état d'esprit. Certai-

nes M'êtes, tant anciennes que modernes, ont étrangement

mctangé ta religion et l'amour, et on a mctno soutenu, quel-

que regrettable que soit te fait, que te saint baiser de paix(tinere Apeine de celui qu'un homme dounc A une femme ou

une femme a un homme La piété s'exprime principale-ment en levant le visage vers le ciel, et tournant les yeux

2j. Voirt'ctudcdeceMt dansBodyo~ M~, par tedocteurMauds.

)ey,<8?0,p.8S.

Page 251: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KXPOMStOK MK LA t'~TÉ 93S

en haut. Sir Charles Mettfait remarquer que, Al'approohe du

sommeit, ou d'une dôfaittance, ou de la mort, tes pupities

se dirigent en haut et en dedans; et it penseque, '<lorsquenous sommesabsorbes dans des sentiment pieux, nous ievons

les yeux par un acte inné ou instinctif qui doit être attri-

bué a la même cause que dans les cas ci-dessus t) aprèsle

pfotessenrttonders, il est certain que les yeux se tournent en

haut pendant le sommeit. Lot~qu'un petit enfant tcttc le sein

de sa nïere, ce ntonvemcnt des globes wulaires donne Mu-

vont &sa physionomie une expression stupide dn ptaisir exta-

tique, et dans ce cas on peut très bien voir que Fenfant lutte

contre une position qui est mtureite pendant te sommeil. Sir

Chartes Hett rend compte de ce tait en supposant que certains

muscles sont plus que d'autres soumis au contrôle de la vo-

lonté. D'âpres le professeur Uonders, cette explication fMt

inexacte. Puisque les yeux se rctevcnt fréquemment, dans lu

prière, sans que l'esprit soit assez absorbé dans ses pensées

pour approcher de l'état de non-consciouce qui caractérise le

sommei!, il est probable que tour mouvement est purementconventionnel et resutte de la vut~airc croyance que le ciel,demeure de la puissance divine &laquelle s'adressa ta prière,est ptac~ au-dessus de nous.

Une posture humble, ag'cnouittec, les br&s retcves et les

mainsjointes, nous paraissent, par l'effet d'une longue habi-

tude, s'approprier s! parfnitoncnt t'Mpt'e~ion de Ja pieté,

(pt'oti pourMUt ct'oir<' cette attitude intlae; toutefoisJHM'eu

rencontre aucune tt'acc dans diverses races hutuuincs t'xtKt-

cMropécntMS.H ne pnt'att pas non plus (}ucles Romains, pen-dant t& période c!assiquc de !cm' histoire, eussent t'htthitudt'

de joindre les mains pour priet' je m'appuie ici sur

UtM'autorité pat'faitoncnt compétente. M. Henstei~h \Ved~-

a< T/M;~Mf<<om~<Rept'e<MMM,p. t0~ et MtA~Mc~ ï'f«MMc(~M,<823,p. <82.

Page 252: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

2M ËXP~RMtON OB LA t'tÉTE.

wood a donné probabtcment i'expncation vt'aiCtt'n auppo-

sant que t'attitudc CMquestion et eeHc d'une stonmi~tton <wp-

vHe « Lût~ue le ~uppHnnt, dH<H, s'agenottUte, t&ve Ïes

bM~~jwntt~ m&inH.tt représente MH&~,~n~tpr.9~Y~

«oanusaton absotne en Uvraot ses mains & !ier <tn vatnquem'.

C'est ta r<'pr6sentaHon <h) mot i<tt<n ~re maMMs, qui sijs'nMte

se somnettre. Ainsi n! les yeux ievés vers te eiet ni les

Mxuns jointes sous t'iuNHoucc df's sentiment pteux ne sont

protMtbiHtncnt des actes innés on \6rH(tb!emcnt exprcssih;

dn t'cste U devait en ôtre <t!nsi, cari! est très douteux qncles

hommes noK civitiscs des anciens Ages aient été suseeptiMes

d'éprouver de!! sentiments analogue*! A t'eux <~te nousc!<Mt-

sons dans cette catégorie.

37. T~ Ot'tow <~ LoMgM'~e,<MO, p. tt6. M.Ty!or(Eaf~ H<!t<~

of JM«Mt)Md,2' 6dK., 1870, p. t8) attribue une origine p<M&comptoxe à !a

post«on des matna pendant ta pntre.

Page 253: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CftAMTRElX

M~ft-KKtOK. MÈC<TAT<OX.MAUVAtSHttUMHCH. KOUt)HMK.

tt~MStOK.

FrullCUQllIlI1.dossourcil., pëpextoul'u:eOllll13gnéed'elrortau dESla 1!OI'C811UOIIFMMcementdoaMurcUs.R6Neïtm<a<!eo)M)M!!tt6ed'etfortoud<:h ))eroepUottd'axeehOMdtMetteou dëMgrdabtc. ~MdttattMtaMtratte. MauvatMht).

moue. MoMttM.ObtMaaUon.tMwtorte.moue. néctaiottoud~erMttxatton. ()cctt<a)ot)éner~Medela)M*u<'h'

La contraction des sonrci!icrs abaiss<' les sourcus et !cs

rappt'ochc l'un (te tantrc, en produisant sur te front les rides

verttcaîes qu'on désigne sous te nom dp ~rcMc~meM~des~oureth.

Sir C, Ben, qui ct'oynit A tort que le som'ctuc'r est particunerà l'espèce humaine, le considérait comme « le ptus remar-

quable des mnsch's du visage humain, Il contracte tes sourcils

avec un enort énct'p'ique, qui cxprituc ta t~ttexion, d'une ma-

nière inexplicable, mais frappante Et aittcurs it ajoute« Lorsque les sourcils sont fronces~ l'énergie intellectuelle

est rendue apparente, et itse produit abr~ une expression où

se peignent &la fois la pcnscf et l'émotion humaines et la bru-

talité farouche de t'animai'. Il y a beaucoup de vrai dans

<. Aî«t<<MM~o/J~pn'MtOM,p. <a7-t3H.Il n'eat pas étonnantque lesMure!)!erBse soientdcve!oppesbeaucouppluschezt'honxnequechezles

singosanthrepoldes,car il les fa!tag!rmeessammentet danslesotcons-tancestcsptusvarices;aussiont<i!sdit sefortincrpar t'UMgc,etcecarac-tërca dû setransmettrepar t'hér~dite.Kousavonsvut'tntportanceduWMequ'ttsjouent,deconcertaveclesmusclesorbicutaires,et)protégeanttesyeuxcontre les dangersd'un aMu<sanguintropconi'Merabtepen-dantdeviolentsmouvementsd'etpiration.Lorsquetesyeuxse fermentavectouteta vitesseet la force possibles,parexemptepouresquiveruncoup,lessourcilierssecontractent.CtMïtes sauvageset en générâtchez tes

Page 254: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

'M)< KRPLEX!~N.

ces remarques, mais non toute la vérité. Ledocteur MMchenne

et appelé le sourcitier le muscle de la rénexKM~ mais cette

quahucation ne peut être considérée comme exacte qu'aveccertaines restrictions.

Supposotts un homme absorbé dans !es pensées ïfs plus

protondes son sourci! peut rester immobile jnsqu'tm mo-

tNent oit il rencontrp ~p<ci<ptcobttacto datM la suito de son

t'aisonttctncnt, ou jusqu'à cf ~u't! soit tfouMé par une intcf-

t'ttption; Acet instant, Mnfroncement passecomtnc une ombre

sur son front. Un homme affame réfléchit pt'ofondetnfnt at~

moyens do se procurer A manget'; mais, en ~neral, il ne

fronce !c ttOHt'cH(lue s'il se trouve eu présence de que!<p<cdit-

Ncutté, soit dans le pt'q)et, soit dans t'cxecution. ou s'il h'ouvc

mauvaise la nout'rHurRqu'i! Mobtenue. J'ai t'emarqué, chez

pfesque tout ïc monde, qu'on fronce instantanément les sour-

cils, si Fon vient A t'cncontrcr. <'n mangeant, quelque saveur

<;tt'ang'con désagréable. Je priai un jour ptusienrs personnes,sans Icuf cxptiquer dans quel but, de prêter l'oreille A un

bt'uit tr~sh'~ct', dont Ja nature et ta source leur étaient par-faitement connues; aucune d'cttps ne fronça !c sourcil mais

un individuqui arrivasur cest'nh'efaites, et qui ne pouvait con-

cevoir ce que nous faisions tous dans Icplus profond silence,

prié a son tour d'écouter, fronça énergiquement ses sourcils,bien qu'il ne fut pas de mauvaise humeur, en disant qu'il ne

comprenait pas ce qoe nous cherchions. t~edocteur Pidcrit~,

honuMesdont la (ctc reste hab!tue!tcmentdccouvfrtc, )es sourcils sontcontinuellementabatMes et contracta pour abriter les yeux contre unelumière trop \!ve; ce mouvement,cf~ctue cf partie par les soMrcincM,adA devenirparHcuHcMn~otutile auxancêtres primitifs de l'hommelors.

'tu'H8ontcommcncc&at!bctcr)astat!on vcrucate.Le protcsseMrDondersa émis )'<!cemmentt'optnionque les soutcHiersag!Ment pour pousser le

globe de !'a!Hon avant dans t'accommodaHonpour la vision rapprochée.(ArcA.o~ JMc~c.,éd. de L. Béate, <~ vol.V, p. 94.)

2. afëMM~taede la P/t~fûMcmteA«tMatMe,Album,te~ende Ht.3. Jft'HttX<M<!PAy~Mcm!A,s. t6.

Page 255: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

n~LEXtON

>

a:w

qui a pubhédes ob~rvationsMur le même phénomène, ajoute

que les bcgues froncent généralement les sourcHsen parlant,et qu'on en fait autant d'ordinair*' en tirant ses bottes, si f'elles-

ci sont trop serrées. Quelques personnes ont cette habitude si

invë~ce quelc s!mptt' ef~rt<~ !ap~

jours pour provoquer chez elles ce mouvement.

D'après les réponses que j'ai reçues & mes questions, les

hommes detoutes races froncent lessourcils quand ils ont l'es-

prit perplexe pour une cause quelconque mais je dois avouer

que ces questions étaient mol rédigées, car j'avais confondu

la simple méditation avec la perplexité. Néanmoins il est cer-

tain que les Australiens~ les Matais,les Hindous et les Cafres

du sudde l'Afrique froncent les sourcils lorsqu'ils sont embar-

rassés. DobritxhoOerfait remarquer que les (iuarinis de l'A-

mérique du Sud agissent de même dans les mêmes circons-

tances~.

Desconsidérations précédentes nous pouvons conclure quele froncement des sourcils n'exprime pas la simple réflexion

ni l'attention, quelque profondes ou soutenues qu'elles soient,mais bien une difficulté ou uu obstacle rencontré dans la suite

des pensées ou dans l'action. Cependant, comme il est rare

qu'une méditation profonde puisse être poursuivie longtempssans quelque difficulté, elle s'accompagne en général du fron-

cementdes sourcils. C'estpourquoi ce froncement donne habi-

tuellement A la physionomie, suivant la remarque de Sir C.

Bell, une expression d'énergie intellectuelle. Mais,pour quecet effet puisse se produire, le regard doit être clair et fixe,ou bien dirigé en bas, ce (lui a lieu en elfel souvent dans la

réflexionprofonde. La physionomie ne doit pas être troublée

par autre chose, comme dans le cas d'un homme de mauvaise

humeur ou chagrin, ou d'un homme qui manifeste les effets

4. ~<<<M'~o~the.AAtpMM,trad. angl.,vol.M,p. 59,citépar Lubboctt,Of~H< C~tM~ca, 1870,p. 3SS.

Page 256: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~0 MKFLEXtO~

d'une souffrance protongee, le regan! éteint et la mâchoire

pendante, nu qui Mncontre uae saveur désagréable dams sa

nourriture, ou enfin qui trouve quelque difnculté à accomplir

Mnacte mnmtieux, par à enfiler une aiguille. DatM

les conditions ci-dessus. on voit souvent paraître un froo-

cement d<' sourcils; mais il est accompagné par quelqueautre expression qui écarte entièrement de la physionomietoute apparence d'énergie inteUectu~tt; ou de réflexion pro-fonde.

Nouspouvons maintenant nousdetnandercotnment il se fait

qu'un froncenx'ht de sourctts puisMexprimer idée de quelque.chose de difnctic ou de dosagreahte, pensée ou action. Dans

l'étude <!esmouvementsde l'expression, il convientd'adopter,autant que possible, la méthode des naturalistes, qui jugentnécessaire de suivre le développement emhryonnait'c d'un

organe afin d'en comprendre parfaitement !a structure. La

première expression,!« seule Apfu pr<*squi soit visible pen-dant les pt'enueMJoHrsde l'enfance, ou elle apparaH souvent,est celle qui se manifeste pendant les cris. Or, dans le premier

Ageet quelque temps après, lescris sont excités par toute sen-

sation. toute émotion douloureuse ou déplaisante, comme la

faim, la souffrance, la colère, la jalousie, la crainte, etc. Mans

ces moments-la, lesmuscles qui entourent les yeux sont forte-

ment contractes, et ce fait explique, je crois, en grande partiele froncement des sourcils (lui persiste pendant le reste de

notre vie. J'ai observé à plusieurs reprises mes propres en-

fants, & partir de huit jours jusqu'à l'âge de deux ou trois

mois. ci j'ai remarqua que, lorsqu'une crise de pleurs surve-

nait g'raducUentfnt, le premier signe visible était la contrac.

tion des sourciliers, qui produisait un léger froncement,

promptement suivi de la contraction des autres muscles qui"ntourent les yeux. Lorsqu'un enfant est inquiet ou souffrant,

j'ai constaté que de légers froncements de sourcils passentconstammentsur son visage comme des ombres. Ils sont d'or-

Page 257: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~KFt.t!XiON. Mt

tC

dinaire suivis tôt ou tard d'une crise de pleurs; cela n'arrive

pourtant pas toujours. Par exemple, j'ai souvent observéun

baby de'sept &huit semâmes, pendant qu'il suçait du lait

froid, qui devait évidemment lui déplâtre. Pendant tout ce

temps, un froncement de sourcils te~cr, mais bien caracté-`:

risé, ne quittait pas son visage; je ne l'ai pourtant pas vu dé-

générer en une crise de pleurs, bien qu'on pût remarquer

par moments les diverses phases qui en annonçaient l'ap-

proche.Cettehabitude decontracter les sourcils, au conuncoccment

de chaque crise de pleurs et de cris, s'étant maintenue citez

les petits enfants pendant des générations innombrables, a

fini pars'associer fortcmenta la sensation naissante de quelquechose de douloureux et de désagréable, tte 1Avient que,dans les circonstances analogues, cette habitude peut se con-

server pendant Fag-emût', bien qu'elle ne dégénère alors ja-mais en crise de pleurs. Oncommence de bonne heure dans

la vie A retenir lescris et lespleurs, tandis qu'on noréprime

i~uère le froncement des sourcils aiaucun a~re.!1est peut-êtrebon de remarquer que, chez les enfants qui ont les pleurs ta-

ciles, la moindre inquiétude provoque immédiatement les

larmes, tandis que cette inquiétude n'occasionnerait qu'un

simple froncement de sourcils chez la plupart des autres en-

tants. Il en est de même dans certaines formes d'aliénation

mentale le moindre effort d'esprit donne lieu Ades pleursincoercibles, tandis qu'il n'amènerait qu'un simple froncement

de sourcils chez un sujet ordinaire. Si l'habitude de contrac-

ter nos sourcils, quand nous nous trouvons brusquementen face d'une. impression pénible quelconque, bien que prisedans l'enfance, se conserve pendant le reste de notre vie, il

n'y a rien là qui doive nous étonner particulif renient; ne

voyons-nous pas beaucoup d'autres habitudes associées, ac-

quises dans le jeune a~e, persister d'une manière permanente,chez l'homme et lesanimaux ? Onvoit souvent, par exemple,

'I!

Page 258: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

9<3 H~EXtOK.

les chats adultes, lorsftu'ils éprouvent une sensation de bien-

être et de chaleur, étendre ettcofe leurs pattes de devant

en faisant saillir leurs griffes, habitude A laquelle ils se ti-

rpa~nt dans nnbnt dé(;mlorsqa'ils tet&MntiLem'm~i'e.Une cause d'un autre ordre a probablement fot'tiné encore

l'habitude do froncer les sourcils toutes les fois que l'esprit

s'applique à quelque sujet on se trouve en face de quelquedifneulté. Detous les sens, la vue est le plus Important aux

époques primitivet, l<tplus grande attention dut ôtt'o sans

cesse dirigée vers les objets éloignes, soit dans le but do <M*

procurer une proie, soit dans celui d'évitef un danger. Je

me rappeHe nvoif été frappe, pondant mes voyagea dans cer-

taines parties de l'Amérique du Sud que la présence d'Indiens

rendait dangereuses, do la persistance avec laquelle les

Gauchos, demi-sauvages, examinaient attentivement tous les

points de l'horizon, instinctivement en quelque sorte et sans

paraître en avoir conscience. Or, lorsqu'un individu ayant la

tête découverte (ce qui a dit être la condition primitive de

l'homme) s'en'orce de distinguer en plein jour, surtout si teciel est brillant, un objet éloigné, il contracte presque invari&-

blement ses sourcils, pour empêcher l'accès d'une lumière

excessive; en même temps la paupière inférieure, les joues et

la lèvre supérieure se soulèvent de manière A amoindrir l'ou-

verture des paupières. J'ai demandé, avec intention, à plu-sieurs personnes, jeunes et Agées, de t'e~rat'dcr, dans les cir-

constances mentionnées ci*dcssus, des o!~e<s éloignés, en

leur laissant croire que mon but était uniquement d'éprouverleur vue toutes se sont comportées comme je viens de l'indi-

quer. Quelques-unes se sont servies aussi de leur mainouverte

pour abriter leurs yeux contre un excès de lumière. Cratiolet.

après avoir rapporte quelques observations du même ~enro

s;.1k&tP6yaio~aom~c,p. f f:ii, 14~i. â!.tfcrbertSNeaceretpliqualoS. Det<tPAy<~MM!Mt<p.<S,tH, )4C. M.HetbertSpenceretphqueteconcernentdes sourcilseMtUHVcntcntpar t'habttudeque nousavons

Page 259: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

B<t~RX«)K M~

ajoute «Cesont ta des attitudes de vision diHicite. Hconclut

que tes muscles péri~ocntaires se contractent en partie pourexclure t'exc&sde lumière (ce qui me parait on effet le point

toptus~mpo~~)~ .eup~d¡e. p-ou~'p~l'mettro,aux,soQlsl'aYQl)s.

provenantdirectemcntde l'objet examiné de frapper ta rétine.

M.Bowman. que j'ai consulté Ace sujet, pense que ia contrac-

tion de ces muscles « peut en outre venir plus ou moins <'n

aide aux mouvements synergiques des deux yeux, en leur

donnant un point d'appui plus fixe, tandis que tes muscles de

l'orbite mettent les globes en position pour la vision binocu-

laire

Comme c'est un effort Ala fois difficile et pénible que de

re~aMter attentivement, en pleine tumiere, un objet étoi~né,comme cet effort s'est, habituel temcnt accompagné pendantune suite de générations innombrables de la contraction des

sourcits, cette contraction a dA passer A l'état d'habitude

fortement enracinée; et cependant son origine est dans des

phénomènes d'un tout autre ordre c'est dans l'enfance qu'Hfaut la chercher, et elle a constitue d'abord un premier

moyen de protection pour les organes de ta vision pendant tes

cris. Il existeaaremcnt une grande analogie, au point de vue

de Fêtât de l'esprit, entre i examenattentif d'unobjet éteigne,la suite d'un enchaînement compliqué de pensées, et l'exécu-

tion de quelque travail mécanique minutieux et difficile. L'o-

pinion que l'habitude de contracter les sourcil se perpétuealors n~me qu'il n'est plus besoin d'exclure un excès de lu-

mière est confirmée par certains cas que nous avons cités plus

haut, et dans lesquels tessourcits ou les paupières sont mis en

mouvement, sans nécessité, en vertu de cette seule cause queces organes ont été mis antérieurement en jeu, dans des cir-

constances analogues, dans un but utile. t'ar exempte, nous

detescontracterafinde faire ombreaux yeuxet de les protégercontreune lumièretrop ectatante.VoirPrttMtpfMof~cAo~y.~edtt., <8?~p.SM.

Page 260: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt MKt)tTAT)0~.

fermons volontairement les yeux quand nous voulons ne paavoir un objet, et nons sommes enctins Ates fermer aussi quandnous rejetons une proposition, comme si nous ne pouvions ou

ne voM~onspa~ ht Vôn'nM~ encore quand Mous pensonsAquelque chose qui nous fait horreur. De m<~mcnous élevons

nos sourcils quand nousvoulons regarder rapidement tout an-

tour de nous, et nous exécutonssouvent Jemême mouvement

quand nous faisons effort pour rappeh't' nos souvenirs; nous

agissons alors comme si notre recard pouvait les chercher et

!es découvrir.

~M<fac~MM,tMpJ«a<tOM. t~orsquenotre esprit distrait est

absorbé dans ses pensées, lorsque nous sommes, comme on

le dit quelquefois, «perdus dans une. sombre rêverie ~oossourcils ne se froncent pas. mais notre regard semble errer

dans te vide; les paupières infërieures se retient en ~rén~'al<'t se rident, comme chez un individu myope qui fait eBbt't

pour distinguer un objet cïoignc; en même tctnps la partie

supérieure des nutsc!es orbicuiaircs se contracte légèrement.Le plissement des paupières inférieures dans ces circonstan-

ces a <'t6observe chcx certnins sauvages M. Dysontjacy t'a

constaté chez les Austratiens de Que<*ns!and,et M.'*each ra

souvent remarqué chez !csMa!ais de !'intérieurdc MaJacca.

Ucst impossible jusqu'à présent d'en déterminer la cause ou

la signification; remarquons seulement que nous trouvons là

un nouvel exempte d'un mouvement des muscles péri-ocu-laires ayant un rapport déterminé avec un état spécial de

l'esprit.

~expression vide du regard <'sttrès particulière; cUe in-

dique immédiatement qu'un homme est absorbé dans ses

pensées. Le professeur Uonders, Ama demande, a bien voulu,

avec sa gracieuseté habtiuct!e, étudier soigneusement cettr

question il a examiné c<'itoexpression chez un certain nom-

bre de personnes, et il s'est soumistui-mcmcaux observations

Page 261: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MentT~Tt~. ~s

du professeur Kngcimann.tlparaît queles yeux, an lieu de se

fixer sur unobjet éloigné, comme je l'avais cru, no régalentalor!)aucun point précis. Souvent même les axes visuels des

doux globes deviennent légèrement divergents cette diver-

gence pcutaÙer. la tête étant tenue vcrt!ëa!t'th6ht et te p!nnde tftvMon étant horizontal,jusqu'à un angle maximum de 2".

(ht s'en est assuré en otjservant qu'un objet éloigné donne

alors une image doub!o et croisée. h arrive h'dquemtnent que,

lorsqu'un homme est ntMOt'bédans sespensées, sa tctc M; pen-che en avant par suite de la résolution générale des muscles

dans ce cas, site plan visuel reste encore horizontal, tes yeuxsont nécessairement un peu tournes eu haut, et alors la di-

vergence atteint 3*'ou :)*5~;si l'Élévation des yeux est en-

core plus considérable, la divergence va de 6'*à *f*.Le pro-fesseur Donders attribue cette divergence au relâchement

presque complet de certains des muscles doit yeux, lequelrésulterait de la contention excessive de l'esprit~. En etfet,

lorsque les muscles de l'œil agissent, les globes sont conver-

gents. Le professeur ttonders fait remarquer, a propos de

leur divergent e dans le cas particuticr qui nous occupe,

qu'un oeil devenu aveugle se dévie presque toujours en

dehors au bout de peu de temps en eIFft, les muscles

(lui servent normalement à ramener le globe en dedans

pour permettre la vision binoculaire ne sont plus em-

ployés.La réflexion perplexe s'accompagne souvent de certains

mouvements, de certains gestes. C'est ainsi, par exemple, quela main se porte soit au front, soit a ta bouche, soit au men-

ton. Je n'ai jamais rien observé d'analogue, au contraire,

lorsqu'on est simplement plongé dans une profonde médita-

)}.Gratioletremarque(JW«f'Ay<p. 3~ que, « toMquol'attentionest()MCsurquelqueimage!ntericurc,t'a!ttregardedansle videet s'associeautomatiquement&la contemplationde l'esprit C'està peine,a vrai<t!rc,sicetteremarqueméritele nomd'Mptication.

Page 262: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M MAUVAtSKMUMKUM.

lion, sans rencontreraucune difMcutté.t'tautc, décrivant dans

une de scscomédtes~ un homme embarrasse, dit « VoyoK*le donc, le menton appuyé sut*sa main. Cemême gcst<si

t~Ot P9UMigntHcattfen apparence, qutco a porterla main au visage, a étc retrouvé chez certains sauvages.M..t. Mansci Wctttc l'a observé ctK'xtes Cafres du sud de J'A-

frique, et le chef indigène Caïka raconte que, « dans co$cir-

constances, Usse tirent quelquefois la barbe M.WashingtonMatthcws, (lui a étudia quelques-unes des tribus indiennes

h's plus sauvages <!cs régions occidentatps des États-Unis,fait rentat'qMet'qu'H a vu ces Indiens mettr'" !<*urmain, et le

plus oKtinah'emont to pouce et l'index, en contact avec quel-

que partie de b'm' visage, le plus souvent avec la Icvrc supé-

rieure, alors qu'ils s'absot'baient dans tours pensées. Si l'on

peut comprendre pourquoi l'on se comprime ou l'on se frotte

le front, tandis qu'une pensée profonde travaille le cerveau,il est beaucoup moins ïacitc d'cxp!iquer pourquoi on portela main A ia bouche ou au visage.

~ftMMW /tuMMMr. Nousavons vu que !e froncement des

sourcils est le mouvement expressif qui se produit naturcuc-

ment lorsque se rencontre quctquc difficulté, lorsqu'il sur-

vient que!qne pensée ou quelque sensation désagréable; une

personne (lui est souvent exposée à des impressions de ce

genre et qui s'y iivrc tacitement sera prédisposée Aêtre de

mauvaise humeur, irritabte. malgracieuse, et manifestera

cet état de son esprit par un froncementdessourcils habitue!.

Cependant !'expressionmausMdequi resutte de ce froncement

peut ôtn' ucutratisec par la douce expressiond'une bouche ha-

bitueUcmcnt souriante et par des yeux brillants et cloués.Il. en est de m<&)wsi le regard est clair et résoh), ta physiono-mie sérieuse et renéchie. !~efroncement des soureik. accom-

7. M~MC~r~Mt act.Il, se. «.

Page 263: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MAUVA!8BMUMBUM. M?

pagne de ta déprcsston des coinsdû la Louche, sij~nedu cha-

grin, donne un ah*bourru. t~orsqu'unenfant (voir ~OMcAe!V,

fig. 3) fronce énergiqucment ses soutfik en pleurant, san'<

contracter fortement, comme d'habitude, tes muscles orbi-

f'utau'es. sa n~urf premî nue expression Mcn tnafqnce deootÈMet même de rage, metée de souH'rancc.

Qnandle soMK'Use fronce et s'abaisse en mctn<;tetnps for-

tetnont, paf~coatrncHca d<?stnusctespyramidaux du Mz,ce qui produit d<~rides ou plis tfaoavcrstHtx A base de cet

organe, rexpre~ion traduit une hnmcut' morose. t<e doc-

feMfDuchenne pense que lit contraction de ces musctcs donne

une expression marquée de dureté a~rossive~. alors mente

<ju*cMen'est pas accompagnée dit ft'oncemcnt des sourcil.

Maî~je doulo beaucoup que ce soit là une expression vraie

ou naturelle. J'ai montré A onze personnes, dont ({uctquesurttstcs, une photographie de M. nuchcnne ropréMatant Mn

,jeune homme chez lequel i<'s pyramidaux étaient fortement

contractes par l'action de !'6tectricit6 aucune ne put se ren-

dre compte de ce quecette expK'~ion«i~rniSait, AJ'cxcepfioM

d'une jeune fille, <;uiy découvrit avec sagacité une médi-

tation chagrine t~rsque je vis moi-même cette photo-

graphM pour ia première fois, sachant ce qu'cHc signifiait,tnon imagination y ajouta, je crois, ce qui lui manquait,c'est-A-dirc le plissement du front, et d~s lors rexpression tMe

parut vraie et extrêmement morose.

Hes lèvres serrées, en même temps que des sourcils abaisses

<'tfroncëft,pr&tentAta physionomie un air de décisionet par-fois ausst la rendent renfrognée et maussade. Pourquoi l'oc-

clusion énergique de la bouche donne-t-elle cette expression

H.la photographieoriginale,par M.Kin<iern<ann,est beaucoupptusexpressivequecettecop!e,parce qu'on y dMtingueptuonettementleplissementdufront.

!t. JM~MM~mede laPhysionomieAMMaMM,~t&MM,légendetV,fig. <«-<8.

Page 264: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~a MOUMKtK.

d'obstïnation? Nousdiscuterons cette question tout &l'heMpc

!/exp!~ssion de !'obstination chagrine a été Ma nettement

reconnue par mes correspondants chez les naturels de six ré-

gions dtBMrcniesde i'AustHdic. Mt'aprcsM.Scott, eHeest bien

marquet' chez les Hindous. On i arencootrée chez !cs Motets.

t<*sChinois, les Cafres, tes AbyMtos,et on la tfouve a un de~ré

remarquable chez les stmvM~esde rAmert~ue du Nord,d'u-

pr~s le docteur Hotht'ock,ainsi que chez les Aymat'as do Bo-

livi~t~,cl'uiyrus1t. 1). 1;r"orlres.dc l'nï bgaloment olysc~rv~sQchextivijc, d'après M.D. Forhes. Je t'<u egatotnent obset'véc chez

tes Arancaniens du ChUi ntéridtonat. M. !)vson Lacya re-

m)Mt;H)5que les {ndi~èncs australiens, sous l'influence de cette

d!sp<t~!t!oMd'esprit, cfoisent fptctquefois tout"}bt'as sur leur

poitrine, attitude que l'on voit aussi parfois chez nous. Une

forme détct'tninatioM, allant jus~n'A rent&tetMGnt,s'oxpnmeaussi dans certains cas par l'e~vation pe<'sistantedes deux

«pautes, ~este dont nous cxpïifptcroas la signification daBHh*

chapitre suivant.

t~'sjcnnes enfants i~moig'nentnnehtttneut'boudeuse eM

/<!«OM~famoue.Quand lescoins de la bouche sont trèsabaissés.

ïa lèvre infot'ifuro $6fenverse et s'avance un peu cette dis-

positionconstitue cgatemcnt une sorte de moue.Mais!a vati6t6

de moue duatjc veux parler ici consistedans l'avancement des

deux lèvres en forme de tube, avancement (pu leur fait attein-

dre partbM le niveau du bout dn nex, torsque cehM-d est

petit. Cettemoue s'accotnpagne ordinairement du froncenM;nt

des soaMik, et quelquefois de l'ëmissioM d'un bruit particu-lier. Cettf expression est remarquahte en ce qu'elle est a peu

pf~ ta setde. à nia connais~ncc, qui se manifeste plus nette-

ment pendant L'enfanceque pendant l'âge mur, nu moins

t'hez !es Européens. Uans toutes les races cependant,les adul-

tes ont quelque tendance a avancer les lèvres quand ils sont

sous l'influence d'une grande eotere. Certains enfants font

la moue par timidité; mais on ne peut guère appliquer Ace

casparticnticr ta qualiticationde bouderie.

Page 265: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUOKtKK. Z4C

D'âpre les infot'm'dions que j'ai prisesdans diverses famU-

les très nombreuses, ta moue ne paraît pas chose fort commune

citez les enfants européens; mais ette existe dans le monde

entier, et il est probable qu'ettc est très répandue et très

marquée chez ta phtpart Jt's races sauvages, car cttc a frapparattention d un g~randnombre d'observateurs. On l'a remar-

quée da<Mhuit districts différents de l'Austratie, et la per-sonne de qui je tiens ces renseignements me disait qu'ette a

éM frappée de J'aHong~ntentdont jet) lèvres dos enfants sont

susceptiMes dans cesoccasions. Henxobservateurs ont retrouvé

la moue enfantine chez tes Hindous; trois, chcx les Cafres, les

Fingos dn sud de l'Afrique et les Mottentots; deux, chez les

tndicns sauvages de rAmëriqnc septentrionale. <ht i'a aussi

ottservee chez iesChinois, les Abyssins,les Matais de Matacca,

les Dyaksde Bornéo, et souvent chez les indigènes de la Nou-

vcUe-Xétande.M.MansetWeale m'apprend qu'il a vu un al-

ton~ement très prononcé des lèvres chez les Catrcs, non scn.

tctMcntsur les enfants, mais encore sur les adultes des deux

sexes. lorsqu'ils étaient de mauvaise humeur. M. Stactta fait

quciqnefois ta même ot)scrvaiu)Mchez les hotmnes et tr~s

fréquemment chez les femmes de la Nouvetic-Xetande. Knnn,chez l'adulte européen tui-mcme, on reconnait parfois des

traces de cette même expression.Ainsi on voit que t'attongcment des lèvres, chez l'enfant

~n particulier, est un signe caractéristique de ia mauvaise

humeur, commun à ta plupart des races humaines. Ce mou-

vement résulte apparemment, surtout pendant tajeuncsse~ du

souvenir d'une habitude primilive ou d'un retour momentané

vers cette habitude. Lesjcum's orangs-outangs et les jeunes

chimpanzés attendent extrêmement leurs lèvres, comme nous

l'avons vu précédemment, lorsqu'ils sont mécontents. légère-ment irrités ou de mauvaise humeur; une surprise un peud'etfroietmctnc une légère satisfaction les font agir de même.

Usattongeutators la t<'vr< sans doute afiu de pouvoir émettre

Page 266: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

-!M ROUDMUK.

lesdivers sonspMtpres & ces différents états de l'esprit. La

lortuede la bouche, comnteje l'ai dit, diuerc tr&s pell clwxle chimpanzé, qu'il s'hisse de cris de plaisir ou de cris de co-

lère. Maisaussit~ que~anitHM~entMeafureur, la. for~e~sa houch<*change entièrement, et !es dents sont mises à dé-

couvert. Il parait que lorsque l'orang-outang adulte est blessé,Il il pousse un cri singulier, qui con~ncnce pM des notes

aigufsct se tcrMine en un mug!ssement sourd; pendant qu'i!émet les notes étcvécs, it avance les lèvres en forme d'en-

tonnoir, mais quand il arrive aux sons graves, il tiantla

houche grande ouverte'" t! parait quetaievre infërieufe

du poMUc est susccptiMe d'un très gr&nd aUongement. Si

noMsadmettons que nos ancêtres senu-Itumains avançaientleurs lèvres, quand ils étaient maussades ou un peu irrites~comme h'!font actucllenumt les singes anthropoïdes, il n'y a

rien d'inoxpucabte &ce que nos enfants, sous l'influence

d'itupressions analogues, nous présentent des traces de la

tneme expression, en tnéutc temps qu'une tendance Aémet-

tre certains sons; cela n'est plus qu'un fait curieux. Il n'est

pas rare, en effet, de voir tes animaux retenir d'une manière

plus ou moins parfaite pendant leur jeune Age, pour les per-dre plus tard, certains caractères qui ont originairement ap-

partenu A leurs nucëtres adultes, et qu'on retrouve encore

dans d'autres espfecs distinctes, leurs proches parentes.tt es~naturel aussi que les enfants des sauvages manifestent

une tendance plus forte A allonger leurs. tevres. lorsqu'ilsboudent, que les enfants des Européens civilisés; car la ca-

ractéristique de létat sauvage semble résider précisémentdans cette conservation d'un état primitif, conservation quise manifeste tnAme parfois dans les qualités physiques". On

pourrait pourtant oh}ectcr A cette manière de voir snr l'ori-

tO.MaUer,citeparMux!ey,jf«M'aMaccM<~a<K~,<8< p.M.H. J'en ai donnéplusieursexemplesdans maDeM~xtccdefAeMme

(~$L chap.IV).

Page 267: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

DJÈCtStON. :&<

gine de la moue, que les singes anthropoïdes allongent égn-jement leurs lèvres sous !'inHU<!necdo Ï'atonnement et m&Mo

d'une légère satisfaction; chez l'homme an contraire, cette

cxpresMon n'apparaH en générât que Iors<p)'itestde mauvaisehumeur. Mais nous verruas, dans un dos chapitres suivante

que, daas certaines races hnntmues. ia surprise amëttc quel-fois uaié~r avancement des lèvres; cependant une vivesur-

prise, tan profond étonnement, se manifestent.plus commu-

nément en laissant la bouche toute grande ouverte. Un reste,conuMCnous retirons en arrière, dans l'acte durire et du sou-

rire, les coins de notre bouche, nous avons dtl perttre toute

tendance A avaNcer les tevres aous t'inMucuccdu plaisir, A

supposer que nos ancêtres pt'hnnifs aient pu vraiment expri-mer ainsi leur satisfaction.

Unpetit mouvement qui se rencontre chcx!<"<enfants maus-

sades doit encore être mentionne*. Legeste dont je parle a~jt"

crois, une auttf'M~nincation que !ehaussement de«deux epau-

les. voici en quoi il consiste un enfant qui est de mauvaise

humeur, assis sur ïes genoux de son p<'reou de sa m~rc, élève

t'épaule la plus rapprochée de celui qui ie tient, puis la re-

tire brusquement comme pour se soustraire a une caresse, et

donne ensuite une secousseen arriére, comme pour repous-ser quelqu'un. J'ai vu un enfant, qui était pourtant assez

éloigné de toute autre personne, exprimer clairement sesscn-

timenb: en levant une de ses épaules, lui imprimant ensuite

«a lé~er mouvem<!nt en arrière, et cnnn détournant tonh's~

pcttte personne.

JOMMtOMCM~cnMtn<r~<oM. L'occlusion énergique d<!i<t

L'Mpressionangiaise cmptoyeeici, ~«xp «coM<AoM<~<'r,!tttera!c-ntent MOM<<w)WM<~aM~/'t~<J< n'a pas d'éqttivaknt en françah. Tu<Mnt<Aec<~<ttAoMMcfan «MyOMecorrespond a pcMprfs & la tocutiott

&<t«n'/hM'd<)gM~M'MM,qui ne reproduit pas la mêmeimage.

'yofe <<<'<;~'<t~M<(e«M.)

Page 268: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M t~C~tOS.

bouche tend a donner &ht physionomie une expressionde dé<

terminationou de décision. Onn'a probablement jamais VMttn

homme d'un caractère rcsotu garder habituettemcnt m tMu-

ch~ OMvert~ Ana~i eonsid~p~t-on ~Mé~cmeat ~MM~indice de faiblesse tnorato une mâchoire infërieun' petite et

faible qui semble indtquw que la bouche n'est pns ordinaire-.

ment bien ctosc. Uneffort pMton~< cJe<jue!qttenatnt'e qK'itsoit, phystquo ou intcttcctuot, intptique une détet'tn!natton

prëataMe; si donc il est d~nontréque ta houche se ferme

énct'gtquetncQ~avantct pcndantunexcrctce vtotentct cont!nu

du systëmpmu<!cuta!pt!,en vertu du prihc!pf de l'associationt

cite doit presque à coMpsar~ fennerég'a!cmentà!t moment

oùl'on prend une résolution 6nerg!quc. Or un grand nombt'e

d'observateurs ont remarqué que, lorsqu'un homme entre-

prend quct<tucexercice tnuscutairc violent, il commence inva-

riablement par gonftct' d'air ses poumons, qu'i! comprimeensuite en contractantvigoureusement sfs tnusctes thoraciqueset en maintenant sa bouche exactement fermée. En outre,

quand cet homme est forcé de reprendre hah'ine, il n'en

maintientpas moins sa poitrine aussi dilatée que possible.On a donne de cette manière d'agir diverses explications.

Sir C. Met!soutient que, dans ces circonstances, on ~onHeta

poitrine et on !a maintient distendue pour fournir nn point

d'appui solide aux muscles qui s'y attachent. Uetà vient, re-

mar<;ue-t-it. (ptc iorsque deux hommes sont engages dans âne

lutté Aoutrance. il règne entre eux un silence terrible, inter-

rompu seulement par teur respiration pénible et étouttee. Cet

silenceprovient de ce que, en chassant t'ait' pour donner pas-

safff à quelque son, itsatmibtiraient le point d'appui desmus-

ctesdcs bras. Si ta lutte a licu aumitieu des ténèbres, et quel'on entende un cri, on est aussitôt averti que l'un des deux

antagonistes a perdu l'espoir de vaincre.

ta. ~tM'omyc~J~/H'cMton.p.<9C.

Page 269: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

oectstox. M

i~nl..1 1:1 l'I.nn.m.. rrrû ,u. InU. ,h,n-D'aprèsGfatiolet l'homme qui veut lutter rioutrance con-

tre un autre homme, ou qui doit supporter un lourd fardeau,ou bien conserver pendant longtemps une même attitude for-

cée, doit eM'cctivemcntfaire d'abord une forte inspiration, puiscesser do rospirer; tuais, suivant lu!, l'explication donhëcparSir C. itell serait erronée. Il fait remarquct' qué tout arrêt de

la respiration agit sur la circulation du sang et la ralentit (c'est,

je crois, un fait sur lequel il ne peut subsister aucun doute);et il invoque cct'tatnes preuves très curieuses, tirées de l'orga-nisation des animaux inférieurs pour démontrer que le ralen-

tissementde la circulation est nécessaire au prolongement de

l'action musculaire, tandis nue l'exécution de mouvements

rapides exige au contraire une suractivité de cette fonction.

D'après cette manière de voir, quand nous nous disposons à

faire un grand effort nous fermons la bouche et nous cessons

de respirer pour ralentir la circulation du sang. Gratiolet

résume ta question en disant « C'est là la vraie théorie de

Tett'ortcontinu; j'ignore toutefois jusqu'à quel point cette

théorie est admise par les autres physiologistes.Le docteur l'iderit Il, a son tour, explique l'occlusion éner-

gique de la bouche pendant tout enort musculaire violent de

la manière suivante l'influence de la volonté s'étend Ad'au-

ttes muscles que ceux qui sont nécessairement mis en ac-

tion par un effort particulier quelconque il est donc naturel

que les muscles qui servent à la respiration, et ceux de la

bouche, qui sontsi usuellement mis en jeu, soient plus spé-cialement exposés à subir cette inûuence. !I me semble

qu'il doit y avoir quelque chose de vrai dans cette manière de

voir; car nous avons de la tendance, en accomplissant un

exercice violent, à serrer les dents avec force, ce qui n'est

pas utile pour empêcher l'expiration, –pendant que les mus-

cles de la poitrine se contractent vigoureusement.

13.D<« Physionomie,p. <i8-t2i.t4, AftM~MMdf'A~MyHOM~P.7$.

Page 270: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mt Ï~C!S10N.

Knfin,lorsqu'un homme doit exécuter une opération déli-

cate, difficile, mais qui n'exige aucune dépense de forces, it

ferme cependant généralement h bouche et cesse de respirer

pendant u~nMmentTm~aMiin'agttd~cette maniaque pOMf

empêcher les mouvements de sa poitrine d'entraver ceux de

sesbras. C'est ainsiqu'on voit, par exempte, une personne quienfile une aiguille serrer ses lèvres, et même suspendre ?

respiration ou respirer aussi doucement que p~bte. La même

observation !t été Mte, comme nousi'avousdit précédemment,sur un jeune chimpanzé matade, pendant qu'it s'amusaita tuer

avec sesdoigts les mouchesqui bourdonnaient sur lescarreaux

de la fenêtre. Kaeffet, tout acte, quelque insignifiant qu'ilsoit. nécessite toujours jusqu'à uu certain point, s'il présenteune certaine dinieutté, une décision preatabte.

En résumé, il n'y a rien d'improbable ace que lesdiverses

causes mentionnées ci-dessus aient pu intervenir a différents

degrés, soitconjointemont, soit séparément, dau&differentes

occasions. a dû en résulter une habitude invétérée, deve-

nue aujourd'hui dénnitivement héréditaire, de fermer forte-

ment ta bouche au début et pendant toute ta durée de tout

effortviolent et profonde ou de toute opération délicate. Grâce

au principe de t association, cette habitude doit avoir une

forte tendance &se reproduire lorsque l'esprit vient de pren-dre une résolution relative Aquelque acte particulier, Aquel-

que ligne de conduite Asuivre; et cette tendance peut se ma-

nifester sans qu unacte physique quelconque ait été ou même

doiveêtre accompli. C'est ainsi sans doute que l'occlusionéner-

gique habituelle de !a bouche a fini par indiquer la décision

du caMetere; et l'on sait avec quelle facilité la décision dé-

génère en obstination.

Page 271: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAl'Ï'fhKX.

t)A<SHHT<:<t~K.

Mit))M.tureuf.sesetfetssurt'6<:<Mwt)))e.Acttondetnontrer)MdeuU. fUK'Mrchezlesa)ieM<e.CoMrcet<ttd!«HaMon.leurct(tre9!<t'))<chetles<)fveMe<M*ceah))<naf)K)o.ttteaxetMettet dé< Aethmdedfcou~rladeutcantMed'unseuleMe.

Quand MHimHvidn nous a causé votoutnit'ctnent(juchpn:

tort, Mousaoffensé frutte nKuu~t'equelconque, OHquand nous

lui attribuons des!ntcnt!ons hostiles Anotre cgard, nouséprou-vons pourlui de i'antipathtc, qui degén~t'eaisëtneat en haine.

Ccsst'ntimemts, ressentis A un faibtc degré, ne s'exprimentdistinctement par aucun mouvement particulier du corpsOMdes traits, si ce n'est peut-être par une certaine raideur

dans l'attitude ou par les caractères d'une mauvaisehumeur

~ége~'e.Peu de gens cependant peuvent arrêter longtempsleur

pensée sur une personne hâte sans éprouver et sans laisser

percer au dehors des signes d'indignation ou de eotere.Toute-

fois, si t'oMcnseurest tout A fait infirme, on ne ressent (ptcde*dain et mépris. Si, au contraire, l'offenseur est tout-puissant.la haine se transforme en terreur c'est ce dernier sentiment.

par exempte, qu'éprouve un esclave qui pense & un mattrc

cruel, ou un sauvage qui se représente une divinité matfai-

sante et sangumaire*. La plupart de nos émotionssontsi étroi-

tement liées à leur expression qu'elles ne peuventguère exis-

<. Voirà ce sujet lesobservationsdeM.Ma!o,dansTheEtHotwtM«t~tAeWïK,2"~dit.,t~S, p. H7.

Page 272: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MC COh&BK.

ter tant que notre organisme demeure inerte et passif, puisquela nature de l'expression dépend avant tout précisément de ta

nature des actes que nous avons habituellement accomplissous!'inf!<Mne~dotet ou têt état partieati~p deFespri~ Far c~em-

pt< un hotnmc peut savoir que sa vieest exposéeau plus grand

danger et désirer ardemment ta sauver, et dire cependant,commeLouis XVJentouré d'une populace furieuse <' Ai-je

peur? tatez mon pouls. Il Ue mctne un homme peut en bair

ardemment un autre mais, jusqu'au moment oùson sysMnae

physitjuc s'aticetc et réagit extérieuretnont d'une manière

quelconque, on ne saurait dire que cet hom<neest furieux.

~reMf. Jt'aidéjà eu t'occasionde parler de cette émotion

dans le chapitre tu, eu montrant l'influence directe de l'exci-

tation du scnfM'iuttt surTecooomie contbinécavecÏeseNets

d'actes habituellement associés. fureur se manifeste des fa-

cons les plus diverses. Le ctfur et la circntation sont toujours

impressionnés; Je visage devient roug'cou pourpre, et tesvei-

nes du front et du cou se gonflent. Cette rougeur de la peau a

été observée chez les tndicns cuivrés de t'Amérique du Sud~,et môme, pat'att-it, sur les cicatrices biattcttes laissées sur ta

peau des nègres par d'anciennes blessures Les singes rou-

gissent aussi de cotere. J'ai ot~servéAplusieurs reprises chez

un de mes enfants, Agéde moinsde quatre mois, que l'afflux

du sang, qui rougissait son petit crânechauve, était le premier

présage d un accès décolère. Quelquefois, au contraire, ta fu-

reur entrave te fonctionnement du cu*ur, au point que le vi-

sage devient pâte et tivide~; on a vu souvent des individus at-

2. Rengger, ~««t~~tA. fftf SoM~t~fCMt~aro~Moy, i<KM),s. 3.:)'.Sir C. Bet~ .~tM<<'myof Rtpn'sttOM,p. OC. Le docteurBargeM

(P~oto~ e~ Bh~A~, i839, p. 3<)signale la rougeur qui, chez une

nëgreMc,se produisait sur une cicatrice sous l'empire de causes mo.rales.

4. Moreauet Gratiolet ont discuté la couleurdu ~iMgesousi'ihBMencc

Page 273: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OOLÈM. aM

17

feinta de maladies du cœur tomber morts sous le coup de cette

puiaaante émotion.

La respiration est également a~ectée; la poitrine se soulève

et lea narines se diltatent et frémissent~. Tennysonadit « Le

souffle violent de la colore gonuait ses narines de fumée. » <)e

là viennent les expressions respirer la vengeance et fumer de

coMr~.

L'excitation du cerveau communique de la vigueur aux

muscles~ et en même temps affermit la volonté. Le corps est

habituellement maintenu tout droit, prêt Aagir: parfois pour-

tant il est courbé vers l'agresseur, et les membres sont plus ou

moins raidis. Ordinairement la bouche, exactement fermée,

exprime une détermination arrêtée et les dents sont serrées ou

frottent les unes contre les autres. Fréquemment les bras se

soulèvent et les poings se ferment, comme pour frapper un

agresseur. Lorsqu'on est très irrité et que l'on somme quel-

qu'un de sortir, on peut rarement s'empêcher de faire le geste

de le frapper ou de le pousser dehors avec violence. Bien plus,

d'une colère intense. Voir t'édition de <?? de Lavater, vol. tv, p. 282et 300, et Gratiolet,De &tF&y«<MMm~,p.346.

B. Sir C. Bâti(AtM~oMy(~BpreMtM, p. 9t*<0?)a longuement traité

cette. question. Moreau fait remarquer (dans l'édition de <MOde la

PA~Mont<e, par G. Lavater, voLtv, p. 237), en s'appuyant aur t'aato-rité de Portal, que les asthmatiques 6n!sent par présenter une dilatation

permanente de~ narines par suitede la contraction habituellodes mus-cles éMvateuMde l'aile du nez. Le docteur Piderit (M<m<AMM<t

PAjy<<ogtMm)f~s. 82)explique la dilatationdes narines en disant qu'ellea pour but de permettre la reaptration,tandis que la boucheest ferméeet les dents serrées; cette explicationne me parait pas aussi bonne quecelle de Sir C. Bell, qui attribue cet état ta sympathie(c'est'a.dife &une synergie babitueMe)de tous les muscles respiratoires.On peut voirun homme en colère dilater ses narines, quoiqu'il ait la bouche ou-

verte.6. M.Wedgwood(On <A<Or~<no/ Language, <M~ p. 76) fait egate-

ment observer que le son produit par une expiration brusque est rendu

par tes syMabespM~At~ wAt~ or le motanglais AM~signineprecisëmontun accès de cotere.

Page 274: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

9M CULËRB.

ce désir de donner des coups devient souvent si impérieux,t

qu'on frappe ou qu'on jette par terre des objets inanimés les

gestes deviennent, du reste, souvent complètement désordon-

nés etf~nét~uM.Oua~d les jeunes on~ su fureur,:ils se roulent par terre sur le dos et sur le ventre, criant, don-

nant des coups de pied, égratignaut, et frappant sur tout ce

qui est &leur portée. tl en est do même, d'après les rensei.

gnements de M.Scott, des entants hindous; nous avons vu queles jeunes singes anthropomorphes n'agissent pas diScrem-

ment.

Cependant le système musculaire peut être impressionnéd'une manière toute din~rente en effet, la conséquence d'unefureur excessiveest fréquemment le tremblement. Alors les lè-

vres, paralysées, refusent d'obéir aux ordresdela volonté, «et

la voix s'arrête dans la gorge 7»;d'autres fois elle s'élève, de-

vient rauque et discordante si on parle longtemps et avec vo-

lubilité, la bouche se remplit d'écume. Parfois les cheveuxse

hérissent; mais je reviendrai sur ce point dans un autre cha-

pitre, quand je traiterai de l'émotion mixte composée déco-

lore et de terreur. Dans la plupart des cas, il se produit un

froncement des sourcils très prononcé, signe caractéristiquede la contention de l'esprit placé en. face de quelque désagré-ment ou de quelque difËculté. Quelquefois, au contraire, la

peau du front, au lieu d'être contractée et abaissée, reste lisse,et les yeux étincelants demeurent grands ouverts. Lesyeuxsont toujours brillants, et, suivant l'expression d'Homère, rem-

plis de Nammes. Dans certains cas, ils s'injectent de sang, et

sortent, comme on dit, de leur orbite, ce qui est évidemment

une conséquencede la congestion générale de la tète, conges-tion manifestée, du reste, par la distension des veines. D'aprèsGratiolet 8, les pupilles sont constamment contractées chez les

7. SirC.Bell(~)M~M~<~Ba!pfeM<~t,p. 9S)a faitd'exceHeate<remap.quessurl'expressiondela fureur.

8. De~PA~MM~ iM~ p. M6.

Page 275: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COL&RE. 9M

gens furieux; le docteur Crichton Browne m'a dit qu'il en est

de même dans le détiro violent de la méningite il faut avouer

pourtant que tes mouvements de l'iris, sous l'influence des

diverses émotions, MOteincoMtrèapeuoonnws~

Shakespeare résume ainsi les caractères principaux de la

fureur

En tempsde paix, rien ne aied mieuxà l'homme

Qu'une douce tranquillité, qu'une aitare medcate;Maisquand le vent de ta guerre soutne à nosoreilles,Alors il faut faire comme le tigreRaidir ses tendons, exciter son sang,Donner à M9yeuxun aspect terrible,A<!erm!rses deats, dilater ses narines~

Respirerà pleinepoitrine et tendre à la fois

Tous les ressorts de son être Sus~sus, nobles Anglais1

N<'HWV,act.H~sc.<.

Les lèvres sont quelquefois portées en avant, sous l'influence

de Ï& fureup; je ne puis comprendre la signification de ce

mouvement, à moins qu'il ne soit do A ce que nous descendons

de quelque animal analogue au singe. On en a observé des

exemples non seulement chez les Européens, mais aussi chez

les Australiens et les Hindous. Le plus souvent, au contraire,

les lèvres sont rétractées, et laissent à découvert les dents ser-

rées les unes contre les autres; c'est ce qu'ont indiqué pres.

que tous les auteurs qui ont écrit sur l'expression". Il semble

U. Sir C. Ben, AtM<cm~e/B!!BpreMfot!,p. n?. Gratiolet (De la P~y-~a<mM<,p. 369) dit « Les dents se découvrent et imitent symbolique-ment l'actionde déchireret de mordre, wSi Gratiolet,au lieu d'employerle mot vague de syMto~Mcmen~avait dit quo cet acte est le vestiged'une habitude acquise autrefois, lorsque nos ancêtres à demi humainsse battaient à coups de dent, comme le font actuellement tes gorilles ettes orange it eat été plus faclle de le comprendre. Le docteur Piderit

(Mfm~,etc~ s. ?) parle aussi de la rétraction de la lèvre supérieure du-rant un accès de fureur. Sur une gravure d'une des merveilleuses

Page 276: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COt~BE.9M

qu'on mette ainsi les dents A nu afin de les tenir prêtes A

saisir ou à déchirer un adversaire, bien qu'on n'ait peut-êtreen réalité aucune intention de ce genre. M. Dyson t~cy a

observe cette exprc~on grinçante ehe~les AmttMdietM~ioM-

qu'ils se disputent, et Gaika chez les Cafres du sud de l'Afri'

que. Charles Dickens'~ racontant l'arrestation d'un bandit,décrit la populace furieuse qui l'entourait, <' se précipitant,

grinçant des dents, et poussant des hurlements de hétes féro-

ces Tous ceux qui ont l'habitude des petits enfants.savent

queMesdispositions ils ont a mordre, lorsqu'ils sont en colère.

Cet acte est, chex eux, aussi naturel, il parait, aussi instinctif

que chez les jeunes crocodiles, qui font claquer leurs petitesm&ehoireaa peine sortis de l'o'uf.

On voit quelquefois se produire une sorte de rire grimaçant,en m&tnctemps que les lèvresse portent en avant. Un bon ob-

servateur raconte qu'il a été souvent a môme d'étudier la

haine (qui se confond presque avec la fureur plus ou moins

dissimulée) sur les Orientaux, et une fois sur une femme an-

glaise assez âgée dans tous ces cas, il existait, « non un fron-

cement de sourcils, mais un rire grimaçant; les lèvres étaient

avancées, les joues pendantes, les yeux demi-clos, le front

était parfaitement calme et immobile"

Cemouvement, qui rétracte les lèvres et découvre les dents,durant lesaccès de fureur, comme pour mordre un adversaire,est tr~s remarquable, eu égard a la rareté des cas dans les-

quels, chez l'espèce humaine, les dents sont mises en usage

pour combattre; aussi me suis-je adressé au docteur G. Crich-

ton Browne pour savoir si cette habitude est commune chez

les aliénés, qui s'abandonnent sans contrainte A la fougue de

peinturesde Hogarth,on voit l'expressionde la colèrereprésente d'unemanièrefrappantepar lesyeux brillantset grandsouverte to front

ptiM~et tesdentsdécouvertes.<0.OliterT~xM,w). iU, p.2St.«. fAc~cM~, « juMtetiM~p. 8i9.

Page 277: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COt~RE. Mt

leur colère. 11me lait savoir qu'il l'a observée en euet, Adi-

verses reprises, chez les aliénés et chez les idiots, et il m'en

cite les exemples suivants..

Aumoment o& il recevait ma lettre, il venait d'être témoin

d'un accès de colère égrenée et de jalousie sans motif, chez

une femme folle. Celle-ci,l'écume &la bouche, commençaparaccabler son mari de reproches; puis elle s'approcha de lui,les lèvres serrées et les sourcils énergiquement contractés.

Enfin elle rétracta ses lèvres, surtout les extrémités latérales

de la lèvre supérieure, et montra les dents, tout en envoyantun vigoureux coup de poing. Second exemple un vieuxsol-

dat, invite A se conformer aux règles de l'établissement,donne carrière a son mécontentement, qui dégénère bientôt

en fureur. D'habitude, il commence par demander au docteur

Browne s'il n'a pas honte de le traiter de la sorte. Hse met

alors Ajurer et à blasphémer, se promène à grands pas, jettesesbras de côté et d'autre, et invective tous ceux qui l'entou-

rent. Enfin, lorsqu'il est au comble de l'exaspération, il se

précipite sur le docteur Browne par un mouvement oblique

particulier, en faisant claquer ses mâchoires et proférant des

menaces de mort. A ce moment, on peut voir que sa lèvre

supérieure est soulevée, surtout vers les coins, cequi découvre

ses énormes canines. Il vocifère des malédictions, les dents

serrées. et tout l'ensemble de son expressionrevêt uneextrême

férocité. la même description conviendrait également à un

troisième individu, Acette exception près qu'il écume et cra-

che le plus souvent, tout en se livrant aux gambades et aux

sauts les plus étranges, et criant ses malédictions d'une voix

de fausset très aiguë.docteur Browne me communique encore l'observation

d'un idiot épileptique, incapable de mouvements raisonnes,et qui passe habituellement sa journée entière As'amuser avec

des jouets; cependant son humeur est morose et devient fa-

cilement farouche. Si quelqu'un vient Atoucher ses jouets, il

Page 278: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M< OOt~RE.

relève lentement sa tète, qu'il tient baisséed'ordinaire, at nxo

ses yeux sur l'intrus avec un froncement de sourcils lent, mais

irrité. Si on le contrarie encore, il rétracte ses lèvres épaisses,

~t met a nu une ta,ngée sa-tU&ntcde crocsrepoussants, parnan

lesquels se distinguent surtout les canines, puis il avance sa

main ouverte vers celui qui t'ennuie par on mouvement

brusque et sauvage. La rapidité de ce geste, dit le docteur

Browne, contraste d'une manière frappante avec sa torpeur

ordinaire, qui est telle qu'il met ordinairetncnt quinze se-

condes pour tourner la tète d'un côté Al'autre, quand son

attention est éveillée par quelque bruit. Quand il est dans cet

état d'exaspération, si un objet quelconque, un mouchoir, un

livre, lui tombe sous la main, il le porte Ala bouche et le mord.

M. Nicolm'a fait un récit analogue concernant deux aliénés,

dont les lèvres se rétractent aussi pendant leurs accès de fu-

reur.

Le docteur Maudsiey,après avoir rapporté divers actes qui

rapprochent l'idiot de la brute, se demande s'il ne faut pas

y voir le retour d'instincts primitifs, « un écho affaibli d'un

passé lointain, qui témoigne d'une parenté dont l'homme s'est

presque entièrement atîranchi Il rappelle que le cerveau

humain passe, dans le cours de son développement, par di-

vers états identiques Aceuxqu'il offre chez les autres verté-

brés et, comme l'état du cerveau de l'idiot constitue un ar-

rèt de développement, il est permis de supposer « qu'il doit

présenter le fonctionnement qu'il avait A l'origine, au lieu

du fonctionnement supérieur du cerveau do l'homme sain M.

Suivant le docteur Maudsiey,la même manière de voir peut

s'appliquer à l'état où les fonctions cérébrales sont tombées

chez certains aliénés; '<d'ou viennent chez eux~se demande-

t-il, le grognement sauvage, le désir de détruire, les propos

obscènes, leshurlements farouches, les habitudes de violence?

Comment un être humain, par cela seul qu'il est privé de

sa raison, deviendrait-il d'une humeur aussi brutale, sinon

Page 279: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COLÈRE. aM

parce qu'il existe chez lui une véritable nature de brute's?

Msemble qu'on doive résoudre cette question affirmative-

ment.

~o~e, tnd~M~tOM.Ces états d'esprit ne différent do la

fureur que par le degré, et il n'existe pas de distinction mar-

quée entre lessignes qui lescaractérisent. Sous l'empire d'une

colère médiocrement intense, l'action do cceur se surexcite lé-

gèrement, le visage se colore et les yeux brillent. La respi-ration est aussi un peu accélérée, et, comme tous les muscles

qui servent &cette fonction agissent synergiquemcnt, les ailes

du nez s'élèvent un peu, de manière a laisser un libre accès

&l'air c'est IAun signe très caractéristique de l'indignation.La bouche est le plus souvent fermée, et les sourcils sont pres-

que toujours contracMs. Point de gestes frénétiques comme

dans l'extrême fureur; l'homme qui est en proie A l'indi-

gnation se place seulement, sans en avoir conscience, dans

une attitude convenable pour attaquer ou frapper son adver-

saire. qu'il toise parfois de la tète aux pieds d'un air de dén.

La tète est droite, la poitrine effacée, les pieds s'appuient soli-

dement sur le sol. Les bras prennent des positions diverses;

tantôt ils restent étendus raides et immobiles le long du

corps, tantôt l'un des coudes ou les deux coudes sont Oéchis.

Chez les Européens, on voit ordinairement les poings se

fermer 13.Les figures t et 2 de la planche VI représententtrès bien deshommes qui simulent l'indignation. Chacun peutfaire l'expérience suivante se placer devant un miroir et s'ef-

forcer de s'imaginer qu'on a reçu une insulte et qu'on en de-

i2. B<~<M<fiM«M<.1870,p. ot-53.<3.Danssonnvto bienconnu,Con/WN sur fezprcM~M(<aPhysio-

MOMte,par La~r, édit. de i8'M,vol.IX,p. 268), Lebrunfaitremar-

querque lacolères'exprimeen fermantles poings. Voiraussi, surcesujet,Hoschke,Mfmù!Me<Physiognomices,FfacMte~MMtPA~M~CMtK,«M~p. 20;etencoreSirC. Bell,Anatomyo/ J~BpMM~n,p. 2i9.

Page 280: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M4 COi~B

mande raison d'une voix irritée; on M piacera aussitôt, MM

s'en rendre compte, dans une attitude semblable Acelle quenous venons de décrire.

La fureur, la colère et l'indignation s'expriment dans ifLa fureur, la colère et rindignation s'expriment daDs Jf!

monde entier d'une façon presque identique; les descriptions

qui suivent ne seront pas inutiles pour le démontrer et pour

appuyer par des exemples les remarques qui précèdent. Il ya pourtant une exception elle est relative au geste qui con-

mste à fermer les poings, et qui paratt spécial aux hommes

qui combattent a coups de poing. Chez les Australiens, par

exemple, un seul de mes correspondants a pu l'observer. Tous

s'accordent, du reste, à dire que le corps est tenu droit, ettous aussi, à deux exceptions près, constatent le froncement

marqué des sourcils. Quelques-uns d'entre eux font mention

de l'exacte occlusion des lèvres, de la dilatation des narines,de l'éclat du regard. D'après le Rev. At. Taplin, la fureur

s'exprime, chez les Australiens, en avançant les lèvres, les

yeux étant grands ouverts; les femmes courent de côté et

d'autre et jettent en l'air de la poussière. Unautre observa-

teur dit que les indigènes, lorsqu'ils sontfuricux, jettent leursbras de coté et d'autre.

J'ai recueilli des récits identiques, sauf en ce qui concerne

les poings, relativement auxMalaisde la presqu'ile de Malacca,aux Abyssins et aux naturels du sud de l'Afrique. Je puis citer

encore les Indiens Dakota de l'Amérique du Nord; suivant

M. Matthews, ils tiennent la tête droite, les sourcils froncés,et souvent marchent A grands pas. M. Bridges a noté queles habitants de la Terre-de-Feu, sous l'influence de la fureur,

frappent souvent la terre du pied, se promènent de-ci dé-là,et parfois.pleurent et pâtissent. Le Rév. M.Stach a observé un

homme et une femme de la Nouvelle-Zélande, pendant qu'ilsse querellaient, et relève les notes suivantes sur son porte-feuille « OEil grand ouvert, corps porté violemment en ar.

Page 281: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COt.&RB. M5

rière et en avant, tète inclinée en avant, poings serrés, tantôt

rejetés derrière le dos, tantôt mis mutuellement Musle nez. M

M.Swinhoo dit que ma description concorde avec ce qu'il a

observa aw les Chmots; tt fautpourtant ajouter ce détail

c'est qu'un hommeen colère se penche ordinairement vers

son antagoniste et l'accable d'une grêle de sottises.

M.JLScott m'a envoyé dernièrement, au sujet des indigènesde l'Inde, une description détaillée de leurs gestes et de leurs

expressions lorsqu'ils sont en fureur. Deux Bengalais de la

basse classe se disputaient à propos d'un prêt. Au début ils

étaient calmes; maisbientôt ilsdevinrent furieux et s'accablè-

rent mutuellement des plus grossières injures, A propos de

leurs amis et de leurs ancêtres depuis plusieurs générations.Leursgestes étaient très différents de ceux des Ëuropéeus; en

effet,bien qu'ils eussent la poitrine dilatée et les épaules effa-

cées, leurs bras étaient fléchis et demeuraient raides, les

coudesportés en dedans, s'ouvraient et se fermaient alternati-

vement ils levaient et baissaient les épaules a diverses repri-ses. Ils fixaient l'un sur l'autre des yeux farouches, qu'ombra-

geaient leurs sourcilsabaisses et énergiquement froncés; ils

avançaient et serraient fortement les lèvres. Ils s'approchèrentl'un de l'autre, la tète et le cou en avant, et se mirent Ase

bousculer, a s'égratigncr et Ase secouer mutuellement. Cette

attitude de la tête et du corps paraît être générale chez les

gens en fureur; je l'ai remarquée en Angleterre chez Ifs

femmes de la dernière condition, lorsqu'elles se querellentdans tes rues. En pareil cas on peut supposer qu'aucun des

deux adversaires ne s'attend 8 être frappé par l'autre.

UnBengalais, employé au Jardin Botanique, était accusé

par le surveillant indigène, en présence de M. Scott, d'avoir

volé une plante rare. JI écouta l'accusation sans proférer une

parole et avec mépris, le corps droit, la poitrine dilatée, la

bouche fermée, tes lèvres avancées, le regard fixe et péné-trant. jl protesta ensuite avec hardiesse de son innocence, les

Page 282: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M<t MCANEMBNT.OtFt.

bras levés et les mains fermées, la tète portée en avant, tes

yeux largement ouverts et les sourcils relevés. M. Scott a

observé aussi deux Mcchis, &Sikhim, tandis qu'ils se dispu-

taient A propos du partage deLleucaoMe;ib entrent dans

une violente fureur, et &ce moment leur corps se courba un

peu~ et leur tète se pencha en avant; ils se faisaient des

grimaces, ils avaient les épaules lovées, les bras fléchis avec

raideur et le coude eh dedans, lés mains fermées convulsi-

vement, sans toutefois qu'A proprement parler ils eussent les

poings serrés. Ha avançaient et reculaient «ans cesse, et sou-

vent levaient les bras commepour donner des coups, mais

ils gardaient alors la main ouverte et ne frappaient pas.M. Scott a fait des observations analogues sur les Lopchas,

qu'il a vus souvent se quereller, et il a remarqué qu'ils te-

naient leurs bras raides et étendus le long du corps, presque

parallèlement, tandis que leurs mains étaient un peu portéesderrière le dos et à moitié fermées, mais sans que les pointsfussent serrés.

~«'OtMMMnt,air de défi, acte de découvrir la <~M<canine d'un

côté. –L'expression que nous allons étudier maintenant dif-

fère très peu de celles qui ont déjà été décrites, et dans

lesquelles les lèvres sont rétractées et les dents serrées mi-

ses à découvert. La seule différence tient au mode d'éiéva-

tion de la lèvre aupérieure, qui ne laisse apercevoir que la

canine d'un seul coté; en mêmetemps, le visage regarde d'or-

dinaire un peu en haut, et se détourne Il demi de l'auteur

de l'offense. Les autres symptômes caractéristiques de la fu-

reur peuvent faire défaut. Onobserve parfois cette expressionchez un individu qui se moque d'un autre ou qui le dé6e,

alors même qu'il n'est pas, Aproprement parler, en colère;on la voit, par exemple, sur le visage d'une personne qui

est, par plaisanterie, accusée de quelque chose, et qui ré-

pond « Ces imputations sont au-dessous de moi je les

Page 283: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 284: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MtCANEMBNT. O~t. M?

méprise. MCette expression n'est pas fréquente; je t'ai ob-

servée pourtant très nettement sur une dame qu'on persMait.Parsons en a fait une description qui remonte A i7M; elle

est accompagnée d'une Hgure sur laquelle on. voit la dent

canine découverte d'un seul côté' M. Rejlander. avant que

je lui en eusseparlé, m'a demandé si je n'avais jamais observé

cotte expression, qui l'avait lui-même beaucoup frappé. tl

a photographie pour moi (planche !V,ng.i} une femme qui,sans y faire attention, découvre parfois ta canine d'un côté,et qui peut reproduire ce mouvement expressif volontaire-

ment, avec une précision exceptionnelle.L'air a moitié enjoué d'une personne qui ricane peut dé-

générer par des transitions successives en une expressionextrêmement féroce, si en même temps que les sourcils se

contractent fortement et que les yeux brillent, la dent canine

vient &être mise A découvert. Unenfant bengalais était ac-

cusé d'un méfait en présence de M.Scott; le petit coupablen'osait pas exhaler son courroux en paroles, mais ce senti-

ment perçait dans son attitude, et se révélait tantôt par un

froncement de sourcils hautain, tantôt par « un mouvement

particulier qui découvrait sa canine du cûté tourné vers son

accusateur; il soulevait Ace moment le coin do la lèvre quirecouvre cette canine, laquelle était chez lui grande et très

saillante M.Sir C. Bell rapporte que le grand acteur Cooke

savait exprimer la haine la plus violente, « en regardant

obliquement, et en soulevant la partie externe de la lèvre

supérieure, de manière A découvrir une dent tranchante et

pointue »

Cetteapparition de la dent canine, sous l'influence de cer-

tains états de l'esprit, est le résultat d'un double mouvement.

<4. ï~<.PA~<M.SM.MMM<H~ nM,tt.M.!G. Ata~tomyotEscprcseïan,p. l3G.SïrG,tiell appelle(p. t3!) le mns-iS. AMMtny<B!epMM~K,p.136.SirC.BeUgrognement131)teMUM-

ctequt découvreles canineste « moade du grognementc (MMr~MMM~<).

Page 285: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Ma tUOANKMENT.D~Ftt

L'angle casla commissure de la bouche est un pou attirée en

arrière, et en même temps un muscle voisindu nez et parallèl)'Asa direction attire en haut !a partie externe do la lèvre su.

pérMure, et découvre la canine du coté correspondant. La

contraction de c<'muscle produit un sillon très apparent surla joue, et des rides bien accusées au-dessous de l'œil, princi-

palement près de son angle interne. Cephénomène est identi-

que Acelui que l'on observe chez un chien qui grogne un

cbien qui a envie de se battre soulève souvent sa lèvre du

côté qui regarde son adversaire. Le mot anglais <nMf(rica-

nement) est au fond identique au mot snaW(grognement),

qui était primitivement <n<tf la lettre qui y a été ajoutée,« indique simplement la continuité d'un acte

Je suppose que ce qu'on appcUe le sourire sardonique ou

moqueur est un vestige de cette même expression, Ici la bou-

che reste fermée ou a peu près~ mais un de sescoins est ré-

tracté du coté de la personne dont on se moque; or ce mou-

vement en arrière du coin de la bouche constitue un des élé-

ments du ricanement proprement dit. Onvoit, il est vrai, des

gens qui sourient d'un coté du visage pins que de t'autre,

cependant il n'est pas facile de comprendre pourquoi le sou-

rire, si c'en était un en euet, se localiserait si fréquemmentd'un seul côté, dans l'expression de la raillerie. J'ai observé

en outre un léger tressaillement du muscle qui relève la la-

vre supérieure or ce mouvement, mieux accusé, aurait dé-

couvert la canine et aurait amené la véritable expression du

ricanement.

M. Bulmcr, missionnaire dans un district reculé de Gipp's!~and(Australie), répond a celle de mes questions qui est re-

lative au mouvement qui découvre la canine d'un seul côté:« J'ai remarqué que, lorsque les indigènes grognent les uns

16.HctMtetghWedgwood,Mett~a~ <~JEM~E~mo~, t86S,vol.Ut,p. 2t0.243.

Page 286: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

RICANEMENT, D~Ft. :<M

contre les autres, HBparlent les dents serrées, la lèvre supé-rieure tirée d'un côté, et l'ensemble des traits exprimant la

colère; mais ils regardent en face leur interlocuteur. Trois

aotres personnes qui ont ohsoryo en Australie, une autre

en Abyssinie,et une autre en Chine, répondent à ma ques-tion par l'affirmative; mais, comme cette expression est

rare et qu'elles n'entrent dans aucun détail, je n'ose

ajouter a leur tutinnation une foi entière. Il n'y a toutefois

rien d'improbaMe à ce que cette expression semi-bestiale

soit plus fréquente chez les sauvages que chez les races

civilisées. M.Geach, qui est un observateur digne d'une en-

tière confiance,Fa constatée une fois sur un Malais, dans l'in-

térieur de Malacca. Le Rév. S. 0. Ctenieme répond « Nous

avons observé cette expression chez les indigènes de Ccyian,mais assezpeu fréquemment. nornieremeut, dans l'Améri-

que du Nord, le docteur Rothrock l'a rencontrée chez cer-

tains Indiens sauvages, et souvent dans une tribu voisine

des Atnahs.

Ainsi, lorsqu'on gronde ou qu'on déue quelqu'un, la lèvre

supérieure se relève parfois d'un seul coté; mais je ne puis

pourtant affirmer que cesoit Ja un fait constant; car le visageest d'habitude &moitié détourné, et 1 expressionest souvent

fugace. 11est possible que la limitation du mouvement à un

seul côté de la face ne soit pas une particularité essentielle de

~expression, mais dépende de ce que les muscles appropriéssont incapables de se contracter simultanément desdeux côtés.

Pour m'en rendre compte, je priai quatre personnesd'essayerd'exécuter le mouvement en question volontairement; deux

d'entre elles ne purent découvrir la dent canine que du coté

gauche, une seulement du côtédroit, et la quatrième ne putle faire ni d'un côté ni de l'autre. Maisil n'est nullement cer-

tain que ces mêmes personnes, si elles avaient sérieusement

déné quelqu'un, n'auraient pas inconsciemment découvert

leur canine du côté, quel qu'il fat d'ailleurs, où se fut trouvé

Page 287: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

a?c MtCANKMENT. B!~M.

leur adversaire. Nous avons vu, en effet, que certaines per-

sonnes, qui no peuvent pas rendre volontairement leurs sour-

cils obliques, leur donnent pourtant cette positiondès qu'elles

sont aSectées nMu~ejM~ca~dôté jréelk, qjttctque matgnMant,du reste, qu'en soit le motif. Si la faculté de découvrir vo-

lontairement la canine d'un seul côté est ainsi parfois entiè-

rement perdue, c'est qu'eue est rarement mise & profit et

constitue un geste avorte. H est, du reste, surprenant quel'homme possède cette faculté ou manifeste quelque tendance

&en faire usage. En effet, M.Sutton n'a jamais observé, au

Jardin Zoologique, rien d'analogue sur nos parents tes plus

proches, je veux dire les singes, et il est certain que les ba-

bouins, bien que munis de fortes canines, n'agissent jamaisde cette manière, mais découvrent toutes leurs dents &la fois,

lorsqu'ils sont d'humcup farouche et se disposent A attaquer.On ignore si les ma!es des singes anthropomorphes adultes,dont lescanines sont beaucoup plus grandes que celles des

femelles, les découvrent au moment de combattre.

L'expression que nous étudions ici, qu'il s'agisse d'un rica-

nement enjoué ou d'un grognement féroce, est l'une des

plus curieuses que présente l'homme. Elle révèle son origineanimale; ca r il n'est personne qui, sedébattant par terre dans

une mortelle étreinte, et essayant de mordre son ennemi,

pensât à se servir de ses canines plutôt que des autres dents.

Nouspouvons supposer avec grande probabilité, d'après notre

ressemblance avec les singes anthropomorphes, que, parminos ancêtres semi-humains, les n)a!es possédaient de fortes

canines; encore aujourd'hui il naît quelquefoi~des hommes

doués de canines de dimensions inusitées, avec des espaces

disposés pour leur réception sur la mâchoire opposée En-

fin nous pouvons admettre, quoique toute preuve nous fasse

t7. la DesccndaMMde l'homme,traductionfrançaiseparMou!tn!e,vot.p.135.

Page 288: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tUCASEMiSNT. t~Ft. t7t

te! detaut, que ces ancêtres semt-humaiM d6eouvr<Mentleurs

caJMaesen se Réparant A combattre, comme nous Je faisons

encore maintenant, quand nous sommes d'humeur farouche,

pu simplement braque nous grondons ou dëConsqucïqu'un,sauxavoir pour cela en aucune façon l'intention de l'attaquerA coups de dent.

Page 289: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAPITREXt.

MÈMtN. MËPMS. CÉCOUT. CULPAMUTÉ. OROMBtL, ETC.

tMPUtSSAKCt!. PAtMSCE. At~tRMATMK n K&6AT<0!<.

M~rts. hauteur et <tMa)t) Mh6M de loura o)tpM«)<M<. sourire M)reM)h)M.

Gestes qui etprtmont )e mépfh. Mgott. CuttMM)M. foufbMto, «tgwwtt.

ctf. –Mttgnathto.fatMMMOu tmpMttMOM. paUenee.-ObxUnatton. –Maut<

sement d'MfMmtM,ee<te commun t taptupttrt des races hum~tte*. t!<a"M <*af

Cnnttt<m c< de négation.

Lahauteur et le dédata ne se distinguent guère du mépris

que par l'irritation ptus grande qu'ils traduisent. On ne peutMonplus les séparer nettement des sentiments étudies dans le

chapitre précédent sousle nom de ricanement et d'air de déâ.

Le dégoût est une impression d'une nature un peu mieux dé-

finie, provoquée originellement par un olqet qui répugnedans le domaine du sens du goût, puis, par extension, partout ce qui peut donner Meua une impression analogue, parl'intermédiaire de l'odorat, du toucher et même de la vue.

~uoi qu*Hen soit, il y a peu de différence entre le dégoût et

le mépris poussé Ason plus haut degré, qui est parfois appelé

réputaion. Ces divers états de l'esprit sont donc très voisins,et chacun d'eux peut se manifester de façons très diverses.

Lesdifférents auteurs se sont tour à tour particulièrement

appesantis sur tel ou tel des modes expressifs qu'Us com-

portent M. Lemoine est parti de là*pour soutenir que leurs

descriptions n'avaient rien de tonde. Maisnous allons voir

L De~<PA~OMOMtee<de laParole,<MS,p.80.

Page 290: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 291: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MÈPtUS. M

X

combien il est oatui'ct que tes sentiments dont nous partons

pu~at s'exppttRcr de ptua!eursmantôresdMMrcntes,on voftti

du principe de t'association, pu!sque des actes habituels di-

vers "Ó,g~,I,), P1.'Pp~(L,Jq'"m",u¡te.a&Qr.La. hauteur et le dédain~ comme le ricanement et l'air de

dén, peuvent «'exprimer en découvrant légèrement la dent

canine d'un seul coté, et ce mouvement semble dégénéreren une sorte de sourire. D'autres fois, la raillerie se manifeste

par un sourire ou un rire véritable; c'est lorsque l'auteur

do l'offense est si intime qu'il ne peut éveiller tjue de la

gaieté; celle-ci pourtant n'est guère jamais de bon aloi.

t!aika, répondant à mes questions, fait remarquer que les

Cafres, ses compatriotes, expriment ordinairement le mépris

par un sourire; le rajah Brookefait la même observation re-

lativement aux Dyahs de Bornéo. Le rire étant Fexprcsston

primitive de la joie proprement dite. je ne crois pas que les

très jeunes enfants rient jamais en signe de moquerie.L'occlusion parttello des paupières, ainsi que t'aHtrme

M. Ouchenno~, ou encore l'action de détourner les yeux etle corps tout entier, expriment aussi très nettement le dédain.

Ces actes semblent signifier que la personne méprisée n'est

pas digne d'être regardée, ou que sa vue est désagréable. La

photographie ci-jointe (planche V, fig. i), faite par M. Rej-

lander, montre cette forme de dédain; elle représente une

jeune femme déchirant !a photographie d'un amoureux

qu'elle dédaigne.La manière lit plus ordinaire de manifester le mépris con-

siste dans certains mouvements des régions nasale et buccale;

ces derniers pourtant, lorsqu'ils sont très prononcés, annon-

cent le dégoût. Le nez se relève parfois un peu, ce qui pro-vient sans doute de l'ascension de la lèvre supérieure d'au-

2. PhysionomieAHm<tïtM,A~MM~!~cnde Vm,p. 3! Gratiolot(D<*la PAy<tMtMt<c,iSM,p. M)parleaussidel'actequi consiste&détournertes yeux et le corps.

Page 292: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M~PKiS.9?4

tres Censte mouvement se réduit. Aun simple plissement de

la peau du nez. Souvent les narines sont légèrement contre.

tées, comme pour resserrer leur orince et il se produit en

m&metentpft uupetit ceniHemcnt. une ~ve exptfaUon. Tousces actes sont les mêmes que ceuxque provoque !a perceptiond'une odeur désagréable, que t!ous désirons éviter ou dont

nous voûtons nousdébu.rrafMier.Itans lescas oùces phénomènessont le plus marqués, suivant le docteur Piderit~, nousavan-

çons et nous élevons nos deux lèvres, on la lèvre supérieure

seulement, de manier'; à fermer les narines par une sorte de

soupape en même tfmps le nox s<:relevé. Nous avons l'air

de donner ainsi Aentendre Al'individu que nous dédaignons

qu'il sent mauvais de même, &peu près, que nous lui signi-fionsqu'il n'est pas digne d'attirer nos regards, lorsque nous

fermons A demiles yeux ou que nous détournons la tête. Tou-

tefois, il ne faudrait pus croire que de pareils raisonnements

traversent notre esprit au moment même ou nous manifestons

notre mépris. Toutes les fois que nous avons été exposéssentir ou &voir un objet désagréable, des acte de ce j~enre

3. Le docteurW.Ogte, dans un memo!rcintéressantsur lesens de!'o<!orat(JM~'e~t'M~tC~ !~HM<!C~OM~,vol.Un, p. 268),montreque,lorsquenousvoulonssavourerunparfum,au lieu de rairepar le nezuneprofondeinspiration,nousaspironsl'air par de petitsrcnntomcntsrapideset rcpetes.Si &pendant ce tempson observeles narines, onverra que, loinde se flilater,cite~éprouventunecontraction&cha-

queaspiration.CettecontractionM'apaspoursièget'ouvertureentièredes narines, maisseulementsa nortiot)postérieure Cetauteur ex-pliqueensuitela causede cemouvement. Aucontraire,toriquenousvouionséviteruneodeur, la contraction,mesembte-t'i),u'interessequela partieantérieuredes narines.

4. Jft<M~MM~P~t~noM~, s. 8t.M. Gratiolet(<tM.,p. tSS)estil peuprès d'accordavecte docteurPideritretattventent&t'Mpressiondu mépriset du dégoût.

3. la hauteurimpliqueunefortedosede mépris;et t'uncdesracinesdumotMorM(/t<t«<eMr)veut dire, d'aprèsM.Wedgwood(Dict.ofJSn~AEtymology,vot.t!t, p. t2S),ordureouboue.Unepersonnequet'ontmitoavecnauteurestregardéecommede la boue.

Page 293: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

OÉGOUT. ~!?S

ont été accomplis; ils sont ainsi devenus habituels. se sont

fortement nxcs, et its prenn<'nt maintenant naissance sous

t'empirc de tout état dit l'esprit analogue.

Mvcrs petits geste}! singuliers exprimont egaiameMt ie

mépris; je citerai cehti qui consiste à faire claquer ses doigts.Suivant la remarque de M.Tylor ce geste, <'tel que nous

l'observons d'ordinaire, n'est pas très tacite a comprendre;mais réfléchissons que ce mémo mouvement, exécuté tout

doucement, comme s'il s'agissait de rouler quoique menu

o~iet entre le pouce et l'index, où de le lancer au loin A

l'aide des mêmes doigts, constitue pour les sourds-muets

un geste très habituel et parfaitement compris, indiquant

quelque chose de petit, d'insignifiant, de méprisable; il

semble, par conséquent, que nous ayons simplement exagéraet rendu conventionnel un acte parfaitement naturel, au

point de perdre entièrement de vue sa signincation primi-tive. On trouve une mention curieuse de ce geste dansStra-

bon M.Washington Matthews m'apprend que les Indiens

Dakota, de t'Amërique septentrionale, expriment le méprisnon seulement par des mouvements du visage, mais encore

« conventionnellement, en rapprochant d'abord la main

fermée de la poitrine, puis étendant brusquement l'avant-

bras, ouvrant la main et écartant les doigts les uns des

autres. Si l'individu aux dépens duquel ce geste est exécuté

est présent, ta main se porte vers lui, et en même tempsla tête s'éloigne quelquefois de lui Cette manifrc de lancer

vivement le bras en ouvrant la main indique peut-être l'idée

de laisser tomber ou de rejeter quelque objet sans valeur.

Le mot J<~OM~dans son acception ta plus simple, s'ap-

plique à toute sensation qui ouense le sens du goût. Mest

curieux de voir combien ce sentiment est provoqué avec

facilité par tout ce qui sort de nos habitudes, dans l'aspect,

6. J&tWyMM<or~3faHtM,2' édiL,1870,p. 45.

Page 294: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MC DEGOUT.

l'odeur, la nature de notre nourriture. A la Terre-de-Feu,un indigène, ayant touché du doigt un f t'armentde viande

froide conservée que j'étais en train de manger & notre bi-

voMac~mam~ta le plus profond deg~At en constatant samottessc de mon côte, je ressentais no vif dégoût en voyantun sauvage nu porter tes mains sur ma nourriture, bien queses mains ne me parassent pas malpropres. Une hartM*bar-

bouillée de soupe nous parait dégoûtante, quoiqu'il n'y ait

évidemment rien de dégoûtant dans !asoupe en eÏte-méme. Je

présume que ce phonon~ne résulte de la puissante association

qm existe dans notre esprit entre la vue de la nourriture,en toute circonstance, et l'idée de mander cette nourriture.

Puisque la sensation de dég'ont d&rive primitivement de

l'acte de manger ou de go<Uct\ il est naturel que son expres-sion consiste principatemMnt en mouvements de la houche.

Mais comme le dégoût cause aussi de !a contrarMM, ces

mouvements s'accompagnent en gênera! du froncement des

sourcils, et souvent de gestes destinés A repousser l'objet.

qui le provoque ou Ase préserver de son contact. Dans les

deux photographies représentées planche V (ng. 2 et 3),M. Kcjhtnder a essayé, avec quelque succès, de reproduirecette expression. Sur le vtsage, le dégoût se manifeste, quandil est modéré, de diverses mamèt'es on ouvre hrgemont ta

bouche, comme pour laisser tomber le morceau qui a offensé

le goût; on crache, on souffle en avançant les lèvres; on

produit une sorte de rauïcment de ta gorge comme pourt'éctaircir. Ce son guttm'at peut s'ccriro ec/< ou eugh. Son

émission est quelquefois accompagnée d'un frissonnement,en même temps que les bras se serrent contre le tronc et

que Ie~épaules se soulèvent, comme dans l'expression de

t'horreur Un dégoût extrême s'exprime par des mouve-

7. YM)~sur cephcnom&ncj,HenateighWedgwood,~tcM~Mfyo~Eo-~Mit/tJE<yMtO<c~introduction,2"édit., t872,p. xMvt).

Page 295: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

t~OOUT. 277

ments de ta, bouche semblables A ceux qui pr~pafont l'acte

(ht votnMMtneot. La bouche s'ouvcf t~ttc grnnde, ht !Avre

snp~ricuro se r<!tfach' ~nprgiqucnK'nt,les parties iatônth's (ht

ne:! septissfnt, hti~VMmfdt'icupcs'abaisse otserentveMcau-4~nrW rrun w~acil'YIü riwnninn ~rv»rvuenoW ,ÍOIIn In r.nnEunn_tant que possible. Ce dernier )nouv<'m''nt exige la contrac-

tion des muscles qui attirent en bas !cs coins de !a bouche".

M est remarquabto do voir avec qucHc facilité, chez cer-

taines pers<*nnes,la sitnpte idée de prendre une nourriture

jtnusttéc, -par exempte, de manger litclmir d'un anima! quine sert pas hahitueth'tnent A notre atuncntation, pt'ovo-

que instantanément des natts~e*)ou des vomissements, a!ort!

nt&meque cette nourriture ne contient d'aitieurs rien qui

puisse forcer t'estotnac la rejeter. t~orsqueio vomissentent

résutte, en tant qu'acte reftexc. de qnetque cause mate-

rieHc, un excès de table, l'ingestion d'une viande gâtée,d'un em~tique, il se produit, non pas immédiatement,

mais en ~én~m! après un intcrva!!c de temps notaMe.

Aussi, pour expliquer que les nauséesau même le vomisse-

ment puissent suivre d<*si près la simple perception d'une

idée, il est permis de supposer que nos ancêtres primitifs ont

dil posséder, comme les ruminants et divers autres animaux,la faculté de rejeter volontairement la nourriture qui les

incommodait. Aujourd'hui cette factuté n disparu, en tant

que soumise A faction de ht votonte; mais cUe est mise

involontairement en jeu, par l'effet d'une habitude invé-

térée de longue date, toutes les fois que l'esprit se révolte

contre l'idée de prendre tel ou t<'t aliment, ou plus géné-ralement toutes les fois qu'il se trouve en présence d<'

quelque otjjet qui inspire le dégoût. Cette opinion est con-

firmée par un fait qui m'a été certifié par M. Sutton les

8. te docteurUuchennecroitque,dans!o rctncrsentcntde ta lèvre

infencnrc~lescommissuressontabaisséespar tes (riangutaircs.tteotccroitau contraireque c'est le cane dumenton<)uiagit(H«~~«'A<<.An< (&-<!~M~M, <tt::8,M.h s. <<).

Page 296: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

a?a c~GOUT.

singesdu Jardin Xoologique vomissent souvent,quoiqueeu

parfaite santé. exactement commesi cet acte dépendaitdeleur volonté. On comprend d'ailleurs que l'homme,pouvantCMumuniquer,par le langage, &ses ornants et A ses sem-blables ta connaiss<mec des genres de nourriture qu'ils doi-

vent éviter, il aurait peu d'occasions de mettre a profit cette

faculté d'expulsion volontaire; aussi a-t-clle du tendre il

disparaître par le défaut d'usage.Le sens de l'odorat a des relations intimes avec celui du

goot. Aussi n'est-il pas surprenant de voir une odeur tr~s

mauvaise provoquer (les nausées ou le vomissement aussi

aisément, chez certaines personnes, que la pensée d'un a!i-

ment répugnant; et, par suite, une odeur modérément desa-

gréabtc susciter les diverses manifestations expressive!) du

degoot. La disposition aux nausées provoquée par une

odeur fétide s'accrott d'atMrd d'une façon curieuse par un

certain degré d'habitude mais elle s'effaceensuite par une

plus longue accoututuance, et aussi par Finnuence répressivede la volonté. Par exemple, je me t'appelle avoir voulu un

jour nettoyer un squelette d'oiseau qui n'avait pas suffi-

samment macéré; t'odeur qu'il répandait nous donna, A

l'aide qui m'assistait et a moi-même, assez peu habitués A

de telles opérations, des nausées si violentes, que nous

fûmes obligés de quitter la place. Les jours précédents,

j'avais examiné quelques autres squelettes, dont la légèreodeur ne m'avait impressionné en aucune façon; mais, &

partir de ce moment, je ne pus, pendant plusieurs jours,manier ces mêmes squelettes sans sentir mon estomac se

soulever immédiatement.

D'après les renseignetnents que m'ont transmis mes cor-

respondants, il paratt que les divers mouvements que jeviens de décrire comme expressifs du mépris et du dégoûtse retrouvent identiques dans une grande partie du monde.

Par exemple, le docteur Rothrock répond par une affirmative

Page 297: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ï~OOUT. 27<t

très nette & mes questions sur ce point, retativcment à cer-

taines tribus indiennes sauvages de l'Amérique du Nord.

Crantz raconte que, lorsqu'un Groentandais refuse quelquechose avec mépris ou horreur, il relève son nez et en fait

sortir un léger son' )t. ~cdtt m'a envoyé une Jcscripttbh

pittoresque de la physionomie d un jeune Hindou en voyantde l'huile de castor qu'on !<' poussait Aavaler. M. Scott a

vu aussi la même expressionsur le visage d'indigènes d'une

classe ctevee, ioMqn'its approchaient de quelque objet mal-

propre. M. Bridges dit que les naturels de la 'fet're-dc-reu

« expriment le mépris en avançant leurs lèvres, en sifflant,et en relevant leur nez Plusieurs de mes correspondants

signalent la tendance &souMer par le nez, ou Aémettre un

son plus ou moins analogue à <M~Aou ~cA.

Le mépris et le dégoût paraissent s'exprimer aussi pres-

que ttnivM'scttemcnt pat' l'acte de cracher, qui représenteévidemment l'expulsion de quelque objet répugnant hors do

la cavité buccale. Shakespeare fait dire au duc de ?<orfolk

« Je crache sur lui; cest un lâche et misérable calomnia-

teur. Ailleurs~ Faistan*dit Quoique je te dise, Haï, si

je te dis un mensonge, crache-moi au visage. ') Lcichhardt

fait remarquer que les Australiens « interrompaient leurs

harangues en crachant et émettant un son analogue &po«Af

jMMA~probablement pour exprimer leur dégoût ".Le capi-taine Burton parle de certains nègres qui « crachaient sur

le sol avec dégoût Le capitaine Speedy m'apprend

que le même fait s'observe chez les Abyssins. D'aprèsM.Ceach, chez les Mataisde Malacca. le dégoût '<s'exprimeen crachant et chez les indigènes de la Tcrre-de-Feu,« le signe le plus caractéristique du mépris pour un indi-

vidu consiste à cracher sur luit-~

&.CiteparTy!ot',i*nm<Mc<'CMHt<rt,t87<,p. t<M.10.Cesdeux citationssont reproduitespar M.H. Wedgwood,Onthe

Or~Mor i<nt~MNe,t806,p. 7S.

Page 298: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MO CU~'ABtUT~.

Je natjamats vu texprcsston du dégoût mieux peintesur une figure que chez un de mes entants, lorsqu'on lui

mit pour la première fois dans la bouche, A t'Agede cinq

mois, un peu d'eau froide. et, un mois ptus tard, unfragmentdo cerise mûre. Les Ïen'es et ta bouche entière prirent uneforme qui devait permettre au contenu de couler ou de tom-

ber immédiatement au dehors; en metne temps h langue se

portait en avant. Ces mouvt'monts étaient accompagnésd'un Mgcr frctnissemcnt. C'était d'autant plus comique que

je doute que l'enfant rcssontM réettement du dégoût, car les

yeux et le front expnmatent A un haut degré de la surprisecidotarcMexion. L'avancement de ta tangue pour laisser

tomber un objet répugnant hors de la bouche peut expl!"

quer comment on tire universellement la langue en signede

mépris et de haine

Ainsi, d'après ce que nous venons de voir, le dédain, le

mépris et le dégoût s'expriment de bien des manières, pardes mouvements spéciaux des traits du visage et par divers

gestes; ces mouvements et ces gestes sont tes mêmes dans

toutes les parties du monde. !!s consistent tous en actes

représentant l'expulsion ou le rejet de quelque objet maté-

riel qui nous répugnerait, sans exciter d'ailleurs en nous

d'autre émotion énergique, telle que la rage ou la terreur;en vertu de la force de FbabitMdc et de FnMocmtion,ces

actes s'exécutent toutes les fois que quelque impression de

ce ~enrc prend naissance dans notre esprit.

Jalousie, CMCte,«tKtrtC~MMCMM~MM~pOM,pCf~tC, ruse,

culpabilité, vanité, am6t«oM. orgueil, &um< etc. II est

«. Cefait estétablipar M. Tylor (&tWy ~~y ~JM(M~<n<2"édit,t870,p. M), aOnnevoitpasctairemcnt,ajoule-t-il,quelleestl'originede cemouvementv

Page 299: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CULPAtttUT)!. M<

douteux que le plus grand nombre des états d'esprit com-

plexes cités ci-dessus se révèle par aucune expression déter-

minée, assez distincte pour être décrite ou dessinée. Quand

Shakespeare a dit J/M<w au motjfc visage ~« M'rc p~

p~e ~Wt~ la ~<~otM<f,mcM~trea«.r yeux w~< quand

Spencer a appliqué nu soupçon !<'sépithctes de difforme,

laid, refrogné, ils ont d~ l'un et l'autre avou' conscience

de cette difficulté. Cependant ces sentiments peuvent, au

moins pour la plupart, se trahir par le regard; mais dans

bien des cas nous nous laissons guider avant tout, et beau-

coup plus que nous ne le pensons, par notre connaissance

antérieure des personnes ou des circonstances.

L'expression de la cutpabttiM et de la perfidie peut-ellese reconnaître dans les diverses races humaines? Mescor-

respondants répondent presque unanimement par l'affirma-

tiveu cette question; j'ai d'autant plus de confiance dans

ces témoignages qu'its s'accordent en général Areconnaître

que ta jalousie ne se manifeste au contraire par aucun signevisible. Lorsque les observations sont données avec quoiquedétail, il y est presque constamment question des yeux.L'homme coupable évite le regard de son accusateur; lui-

même lance des regards furtifs. Les yeux sont dirigés

« obtiquement ou bien « ils errent d'un côté A l'autre

ou bien encore « les paupières sont abaissées et mi-closeso.

Cette dernière remarque a été faite par M.Hagen«uer sur

des Australiens, et par Gailta sur les Cafres. Les mouve-

ments incessants des yeux résultent probablement, comme

on le verra quand il sera question de la rougeur, de ce quel'homme coupable ne peut supporter de rencontrer le regardde son accusateur. Je puis ajouter que j'ai observé l'expres-sion de la culpabilité, sans ombre de crainte, citez quelques-uns de mes enfants dès un âge très précoce. t'ar exemple,

j'ai vu une fois cette expression parfaitement nette sur l'un

d*eux, âgé de deux ans et sept mois, et elle me conduisit a

Page 300: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

'i'

Mï ORCUKtL.

la découverte de son petit crime. Elle se ntamfestait, d'aprèsles indications que jo retrouve clans mes notes do cette

époque, par un éclat inaccoutumé du regard et par une

a,t<Atudto étrange~ auectéc~ qu'!t est imposable de décrire.

La ruse s'exprime aussi priucipalemt'nt, je crois, par des

mouvements des yeux ou des tégument qui les ~voisinenten effet, ces mouvements sont moins soumis que ceux du

corps au contrôle de ta volonté, grâce A l'influence de l'ha-

bitude longtemps prolongée. « Quand noua avons envie, dit

M.Herbert Spencer de regnttler quelque chose, sans en

avoir rair, dans une partie donnée du champ visuel, nous

avons de la tendance à supprimer l'inclinaison de la iëtc,

qui pourrait nous trahir, et a exécuter le mouvement néces-

saire avec les yeux scntement, qui doivent prendre par con-

séquent une direction latérale fortement accusée. Aussi,

lorsque nos yeux se tournent par c6t<~ tandis que la face

n'accompagne pas leu)' mouvement, notre physionomie

prend l'expression de la ruse.

De toutes les émotions complexes nommées ci-dessus,

l'orgueil est peut-être celle qui s'exprime de la façon la

plus nette. Vn orgueilleux manifeste son sentiment de supé-riorité sur autrui en redressant la tête et le corps tout entier.

!1 est Aa< et se fait paraMrc aussi grand que possible;aussi dit-on métaphoriquement qu'il est entle ou bouffi d'or-

gueil. Unpaon ou un dindon, se pavanant de coté et d'autre,les plumes hët'issécs, est cons~lere quelquefois comme l'em-

Mètno de l'orgueil L'homme arrogant toise les autres de

haut et, les paupières abaissées, condescend a peine à les

voir; ou bien il témoigne son mépris par de légers mou-

<2.PWMCt~Mc/'J~yc/Mt~,2' edtt., i872~p. 3S2.0. Grattokt (De &<M~oMemfc,p. ?<) tàH ceue remarque,et

donne<tuc!qucsbonnesobservationssur t'eïpressionde t'orgMeit. Vo!rSirC. Bell(AMa<<!Myey .E.qMtMMM,;). itt), à proposde l'actionduM<M*CM~<MpCf~MO.

Page 301: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

UA~SSEMRKTDESÉPAULES. 98;

vements dco narines on des lèvres, analogues & ceux quenous avons décrits plus haut. Aussi lo muscle qui ren-

verse la lèvre inférienrc a reçu le nom de MKMCM/tMsuper-~M<t.Sur quelques pitotographies de malades ailectéa Je

délire des grandeurs, que je dois au docteur Cricbton

Browne, on voit la tête et le corps raidcs et ht bouche fer-

mée énergiquement. Ce dernier geste, expressifde la déci-

sion, ré8utie,j<' présume, de l'entière confianceque l'orgueil.!eux possède eu lui-même, L'enscmbtc de l'expression de

l'orgueil est en antithèse complète avec celle de l'humilité;nussi n'avons-nous pas besoin de nous occuper ici de. ce

dernier état de l'esprit.

A<~M<t<MM,impuissance, AaMMMt~Htdes épaules. QuandMnhomme veut indiquer qu'i! ne peut faire quelque chose,

ou empêcher quelque chose d'être, il haussesouvent les deux

épnutes d'un mouvement rapide. En mctne temps, pour com-

pléter l'attitude, il tourne ses coudes en dedans, les bras

fléchis; il lèveses mains ouvertes, en Jes tournant en dehors

et écartant les doigts. La tête se penche souvantun peu d'un

cote; les sourcils se soulèvent, ce (lui produit des rides trans-

versales sur le front; en général la bouche couvre. Ces di-

vers mouvements des traits sont complètement inconscients;il m'était arrivé souvent de hausser les épaules volontaire-

ment, pour observer la position de mes bras, sans me douter

que mes sourcils se soulevaient et que ma bouches'ouvrait en

même temps; je ne m'en aperçus qu'en me regardant dans

un miroir; depuis lorsj'ai observéces mêmesmouvements sur

le visage des autres. Dans lay~McApYl(Sg. 3 et 4), M. Rej-lander a reproduit heureusement le geste qui consiste a haus-

ser les épaules.Les Anglais sont bien moins démonstratifs que la plupart

des autres nations européennes, et ils haussent les épaules

beaucoup moins souvent et moins énergiqucmpnt que les

Page 302: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

9M Mt~tGNATtON.

Français ou tes MalienM.Ce geste varie d'ailleurs depuis te

mouvement complexedécrit ci-dessus jusqu'à une élévation

rapide et A peine perceptible des deux épaules; ou bien,

Mmtnoje r~Te~Mq~~ M~ dans un fauteuil,

jnst;u'a un simple mouvementest dehors, tr~s léger, desmainsw.

ouvertes avec les doigts séparés. Je n'ai jamais vu le hausse-ment des &pMtte&chez des enMnts anglais très jeunes. Ce-

pendant le cas suivant a oté noté avec soin par un professcm'de médecine, excoHent otMCt'vatcMf,~mïnc t'a co)mmnniqué.

Le p&t'c du ~ûnUcman en question était PariMen, et sa mère

Écossaise.Sa femme est issue do parents! anptais, et mon cor-

respondant ne pense pas qu'cUe ait jamais haussé les épaulesde sa vie. Se~ enfants ont été éicvés en Ang'!cterre, et la

nourrice <'stnn<' Angtaise pur sang que t'on n'a jamais vue

lever les cpautes. Or on observa ce geste chez sa fillealnée,

entre seizeet dix-huit mois; ce qui provoquacettc exclamation

deïamoro MVoyezdonccette petite Française, qui hausse les

épaules! » U se répéta d'abord fréquemment; en même tempsl'enfant renversait quelquefois un peu la téte en arrière et sur

un côté; mais on ne s'aperçut jamais qu'etic remuât tes cou-

des et les mains A la façon ordinaire. Cette habitude disparut

graduellement, et la fillette, qui a aujourd'hui un peu phtsde quatre ans, l'a complément perdue. Le père haussait

quelquefois tes épaules, particuti&rement quand il discutait

avec quelqu'un; mais H est extrêmement improbable que sa

ntte, Aun âge aussi précoce, eut agi par imitation, car elle

n'avait pu le voir bien souvent taira ce geste. En outre, si elle

avait eneffet.acquis cette habitude par imitation il n'est pas

probable qu*cUel'e&t bientôt perdue spontanément, alors quole père continuait Avivre avec sa famille. Je puis ajouter quecette petite (!Horeproduit les traits de son grand-père parisiend'une manière presque invraisemblable. EUeprésente aussi

aveclui une autre ressemblance très curieuse, qui consiste en

un tic comtnun quand eue désire impatiemment quelque

Page 303: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux
Page 304: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HAUMEMBNT MRS RPAULK8. zat

chose, cite tourne sa petite main en dehors, et frotte avec

rapidiM son pouce contre l'index et le médius; son grand-

père exécutait souvent te même geste dans des circonstances

sembiabtes.Ltt deuxième RUedu tneme gentleman haussait aussi les

épaules, avant d'avoir atteint l'Age de huit mois; par la suite

elle perdit de mémo cette habitude, n se peut sans doute quecelle-ci ait imiM sa sceuratnée cependant elle continua après

que l'autre eut cesse. Elle rc'<semhlait moins a son grand-

père parisien que sascour an mcm':agc; mais aujourd'huiellc lui ressemble davantage. Elle possède égatement !'nabi-

tude pat'iicuUèro de frotter son pouce contre deux des doigta

opposa, pour manifester son impatience.Nous trouvons dans ce cas un bon exempte, analogue à

ceuxdonnés dans un chapitre précèdent, de la transmission

héréditaire d'un tic ou d'un geste car personne, je suppose,n'attribuera A une simple coïncidence la communauté d'une

habitude si particulière Aun grand-père et Ilsea deux pctites-filles,lesquelles ne l'avaient jamais vu.

Si l'on considère toutes les circonstances de l'observation

précédente, on ne peut douter que ces enfants ne tinssent,

par hérédité, l'habitude de hausser les épaules de leurs pa-rents français, bien qu'elles n'eussent qu'un quart de sang

français dans les veines et, aussi, bien que ce geste ne fat pastrès fréquent chez leur grand-père. C'est un fait à coup sur

intéressant, mais non très extraordinaire, que de voir des

enfants garder ainsi quelque temps A un Agetrès tendre une

habitude acquise par hérédité, pour la perdre ensuite; on

sait en effet que, dans un grand nombre d'espèces anima-

les, les jeunes conservent pendant une période plus ou moins

longue certains caractères qui disparaissent ultérieurement.

Il me paraissait extrêmement peu probable qu'un gesteaussi complexe que le haussement des épaules, avec les di-

vers mouvements qui l'accompagnent, pût être inné. C'est

Page 305: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

RÉS!G?:ATt(t!t.MO

pourquoij'avais un vifdésir de savoirs! t~auraBndgman, qni,

aveugle et sout~e, ne pouvait l'avoir appris par voie d'imi-

tation, l'exécutait. Or, j'ai, par l'intermédiaire du docteur

tnnw, appris, d'une fcmm<tqui nvait eu récomment A~KM~oefcette infortunée, qu'elle haussait Ifs épaules, tournait les

coudesen dedans, et otcwit ses soutftts. de ht même maniëro

que tout le monde et dans !ps marnes circonstances. Jo dësi-

rois aussi savoir si ce geste existe chez les diverses races ku-

maiocs, et en particulier c)tci! cellcs qui n'ont jamais eu de

relations avec lcs Européens. Nous aUcns voir qu'il en est ainsi

<'n effet; scntement, il paraM qu'il se réduit quelquefois &

une simple élévation des épaules, sans i'accontpagnement des

autres mouvements décrits ci-dessus.

A Mcutta, M.Scott a constaté fréquemment le haussement

des épauteschez tes Ben~ataMet les ~hangars (ces derniers

appartiennent a nnc race distincte) qui sont employés au Jar-

din Botaniqtie par exempte, torsquils dcctaraient qu*Utcurétait impossiblc d'exécuter quelque travail, de soulever quet-

que fardeau trop lourd. n donnait un jour l'ordre de grim-

per sur un arbre éteve à un Hengaia!~ qui, haussant tes

épaules et inclinant brusquement la tète par cote~ répontut

qu'il ne pourrait; et, comme M. Scott, persuade que c'était

seulement une défaite inspirée par la paresse, insistait pour

qn'it essayât, son visage paut, ses bras tombèrent le long do

ses côtés, sa bouche et sesyeux s'ouvrirent largement; tout en

examinant l'arbre, il jeta un coup d'œit oblique sur M.Scott,<haussa lesépaules, renversa ses coudes, étendit ses mains ou-

vertes, fit quelques petits mouvements latéraux de la tête,et déclara qu'il était incapable d'obéir. M. Il. Krskinc a vu

de même les indigènes indiens hausser les épaules; mais

il ne les a jamais vus tourner les coudes en dedans d'une

manière aussi marquée que nous; en exécutant ce ~este, ils

applicluent quelquefois les mains sur leur poitrine, sans les

croiser.

Page 306: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HAUSSEMENTDES.t;<'A<'LKB. ?7

M. Geach a absent souvent le geste qui nous occupechez tesMatais sauvages de l'intérieur do Matacca,et chez tes

Bugis, qui sont de véritables Matais, bien qu'ils parlent une

tanguo diitMMKte.Je présxnr~qM'it~ttttd'atM<*ttM comptercar, dans sa réponse A mes questions et A mes descriptionsdes mouvement!!des épaules, des bras, des mains <'tdu vi-

sage, M.Geachconstate que ces mouvements « s'accompHssentd'une manière remarquable J'ai c~ar~ un extrait d'un

voyage sctcntiHqMedans lequel le haussement des cpautesétait parfaitement décrit, a propos de certains indigènes (Mi-

cronesicns) de l'archipel des Carotincs, dans l'océan Pacifique.Le capitaine Speedy m'apprend que les Abyssins haussent

les épaules, mais sans entrer dans aucun détail. M* AsaCt'nya vu AAtcxandrieun drogman arabe se comporter exactement

suivant ta descriptionque j'avais faite dans monquestionnaire,au moment où un vieux gentleman qu'il accompagnait refusa

de marcher dans la direction précise qu'il lui indiquait.M. Washington Matthcws, partant des tribus indiennes

sauvages des régions occidentales d<'si~tats-Unis,me répond« Dans un petit nombre d'occasions, j'ai vu certains indivi-

dus exécuter un léger haussement des épaules, en signe d'im-

puissance; mais je n'ai jamais rien constaté qui répondit au

reste de votre description. » Fritz MQticrm'apprend qu'il a

vu, au Brésil, les nègres hausser les épaules; mais il est pos-stMe qu'ils aient appris ce geste par imitation des Portugais.M"' Barber n'a observé rien de scmbtabtc chez les Cafres du

sud de l'Afrique; et <!aika.,&en juger par sa réponse, n'~

pas môme compris ce que voulait dire ma description.M.Swinho* reste aussi dans l'incertitude A l'égard des Chi-

nois mais il tesa vus, dans les circonstances qui nous eussent

fait hausser les épaules, presser leur coude droit contre leur

côté, élever tours sourcils, lever tem's mains en tournant ta

face palmaire vers leur interlocuteur, et la secouer de droite

à gauche. Enfin, relativement aux Australiens, quatre de mes

Page 307: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KÊ8tGNAT!ON.9M

correspondants me répondent par une simple négation, et

un seul par une simpleaffirmation. M. Hunnott, qui a eu d'ex-

cellentes occasions d'observations sur les connus de ht colonie

.doYtctor~~répoMda~~t MûMtM.~eMajoutant toute&ttsqnc le

geste en question s'exécute « d'une manière plus indécise et

moins démonstrative qu<;chez les nations civilisées M.Cette

circonstance explique peut-être pourquoi quatre de mes cor-

respondants ne l'ont pas remarque.Les documents précédents, relatifs aux Européens, aux

Hindous, aux tribus montagnardes (le l'tnde, aux Alalais, aux

Micronésiens,aux Abyssins, aux Ambes, aux nègres, aux !n-

diens de 1 Amériqueseptentrionale, et prohnhtement aux

Australiens. races dont la plupart n'ont eu a peu près au-

cune relation avec les Européens, ces documents, dis-je,sont suffisantspour détnontrerque le haussement des épautcs~

accompagne dans certains cas par d'autres mouvements

spéciaux, estun geste nature! &l'espèce humaine.

Cegeste exprime la constatation d'un fait que nous n'avons

pas voulu, que nous n'avons pu éviter, ou bien de notre tm-

puissance A accomplir un acte donné ou à empêcher une

autre personne de l'accomplir. tt accompagne des phrasestet!cs que celles-ci « Ce n'est pas ma faute; il m'est UM-

possibtcd'accorder cette faveur; qu'il suive son chemin; jene puis t'arrêter. Lehaussement des épaules exprime aussi

ta patience, ou l'absence de toute idée de résistance. C'est

pourquoi les muscles qui étevcnt les épaules sont quelque-fois désignés~ d'après ce que m'a dit un artiste, sous le

nom de « musclesde la patience M.LejuifShytock dit.:

SeigneurAntonio,&ouvt'ntet souvent,AilK!a!to,voosm'atez injuriéA cauMde taon argent et de mon usure;Je t'ai supporte avecun patient haussementd'cpautea.

Le~f<trcA«Kdde r<?M~c,act. t, ac. ut.

Page 308: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

InMAUMRMËNT ?88 ~PAU~R~. j axo

<9

Sir Chartes Me!t? pnMié'~ une figure frappante de venté,

représentant un homme qui fccuto devant quelque périlten'ihtOt et qui est sur le point de pousser !achement desc~ de t~rrenf; hes ëpautGs so reT&vehtpt'esquc Jusqu'auxoreilles, ce qui indique immédiatement l'absence de toute

pensée de résistance.

St. en générât, Je haussement des épaules signifie « Je

no puis faire ceci ou cela, avec une tég~re modincation i!

sîgnine « Je ne veux pas le faire. Le mouvement indiquealors une détermination arrôtee de aie point agir. Oimsted

t'acoMte~qu'un Indien du Tesas hauss<t vigottM'uscmcnttes

épaules en apprenant qu'une h'oupc d'hommes était composéed'AUemands et non d'Amét'icaius, exprimant ainsi sa pensée

qu'il n'aurait rien a faire avef eux. Chexun enfant maussade

et obstiné, on peut voir les deux épaules fortement rcieveet!;

mais ce geste n'est pas associé aux autres mouvements qui

accompagnent gëneratement !c haussement verhaMc. Un ro-

mancier, très bon observateur" décrivant un jeune homme

déterminé a sicpas accéder aux désirs de son përe, dit Jack

enfonça vigoureusement ses mains dans ses poches, et haussa

!es épautes jusqu'aux oreilles, excellente manière d'indiquer

que, a tort ou &raison, il ne céderait que lorsque le rocher

tomberait de sa base solide, et que toute remontrance à

cet égard serait inutile. Aussitôtque le fils marcha Asongré,« il ramenases épaules Aleur situation naiureîte

La résignation s'exprime quelquefois en p!acant les mains

ouvertes, l'une sur l'autre, sur lu partie inférieure du corps.Je n'aurais pas même cru nécessaire de signaicr ce geste peu

important, si !e docteur W. Ogte ne m'avait dit qu'it t'avaitobservé deux ou trois fois che~ tes malades qa<*t'en attoit

<4.A'M~Myo/' Rppt'eM~M.p.)<!C.<S.JoKfM~~MKgAr<'t<M,p. 3Si!.<N.M'"Ot)phaM(~TheBr~n/ctos,vo!. t!, p.2<W.

Page 309: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MC Mt;Stt;!<ATIO!<.

ancsthesierpar !e ctuoro~rme avant de !esopérer. Ils mani-

festaient peu de crainte, et semblaient déctarcf, par cette

position de leurs mains, qu'Us avaient aiternu leur esprit et

étaient résignés A suMr ce qu'Us n&poMvaientévitée.

On peut se demander maintenant pourquoi, dans toutes

les parties du monde. l'homme (lui sent qu'il ne peut ou ne

veut pas faire une chose, ou s'opposer à une chose faite

par un autre, qu'il veuille d'aitteurs on nevcuntc pas ma-

nifester extérieurement son sentiment, hausse ics épaules,

plie les coudes en dedans, présente ia paume des mains,étend tes doigts, penche souvent un peu la tête d'un cote.el~vc les sources et ouvre la bouche. Parm! les étais de

l'esprit qui s'expriment par cet ensemble de restes, les uns

sent simplement passifs; tes autres impliquent tm contraire

une détermination de ne pas agir. Aucun des mouvements

enumeres ci-dessus n'est de la plus tég'erc utitité. !t faut

en chercher l'explication, sans aucun doute, dans te principede l'antithèse inconsciente. Ce principe paratt entrer ici en

jeu d'une maMict'eaussi évidente que dans te cas d'un chien

qui. hargneux, se place dans l'attitude convcnahtc pour atta-

quer et pour se donner une appnrcnct' ptus redoutable, et,soumis etauectucux, imprime Ason corps entier une attitude

opposée de tout point, bien qu'elle no lui soit d'aucune uti-

tite.

Observez comment un homme courrouce, qui ressent vive-

ment une injure et ne t'accepte pas. redresse sa tète, carre ses

épaules et dilate sa poitrine. Souvent il serre tes poings, et.

contractant tous ses musch's. il plncc un bras ou les deux

bras dans ta positionrequise pour attaquer ou se défendre. Il

froncelessourcils, c'est-à-dire qu'il tescontracte et les abaisse;

enfin il serre les tfvres, indice d'uuo résolution arrêtée. Les

restes et l'attitude d'un homme impuissant et résigné sont, a

tout point de vue, rigoureusement inverses. Dansla p~ne~eV!,

Page 310: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MAUNSRMEST OKt< ËPAULBS. -Mt

w il w. .rion peut supposer que Faoc des R~tMs du cAM gauchevient dpdire « Que prétendez-vous en m'insu!tMt?

tandtNque l'une des ft~m'os du cAt~droit dirait « Knvérité,

je n'y pouvait! nen. t/hotntne intpMhMaMtcontt~ctc, sahs çaavoir conscience, les muscle'! du front antagonistes de ceux

qui produisent le froncement des sourcils, et par suite élève

ces organes; en m~mc temps il relâche tes muscles qui entou-

rent la bouche, de sorte que la mâchoire inférieure s'abaisse.

L'antithèse estcomplète dans chaque détail, et non seulement

dans les mouvements des traits, mais encore dans la positiondes membreset l'attitude du corps entier: c'est ce qu'on peutconstater sur ta planche ci'jointe. Comme l'homme qui se

désespèreou qui s'excuse désire souvent manifester l'état de

son esprit, il se comporte alors d'une manière démonstra-

tive.

De mémo que l'écartement des coudes et le crispement des

poings, en signe d'indignation ou d'agression, ne se reucon-

trent pas universellement chez tes hommes de toutes races,de même on voit, dans diverses parties du monde, la rési-

gnation ou le découragement se manifester par un simplehaussement des épaules, sans que les mains s'ouvrent et quelescoudes se tournent en dedans. L'homme ou l'enfant en-

tête, aussi bien que celui qui se résigne A quelque grandmalheur, n'a, dans aucun cas, la pensée de résister active-

ment et il exprime cet état de son esprit en gardant simple-ment ses épaules élevées; d'autres fois aussi il croise ses bras

sur sa poitrine.

Signes <<'o/~rma~o'MCM«T«ppro&n~oM,de négation OM

AMmeactesde pencher ou de secouerla ~~p. J'étais curieux

de savoir jusque quel point les signes que nous employonsordinairement pour indiquer l'affirmation et la négation se

retrouvent dans les diverses parties du monde. Ces signes

sont, jusque un certain point, expressifs de nos sentiments

Page 311: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M: StGKM PAtTtMATtON

devant nos enfants nous faisons une inclinaison de ht tète de

haut en bas, en souriant, quand nous approuvons teureon-

dmte; nous secouons la tête latéralement quand nous h MA-

mens. Chez fenMmt.le premiûfacte do <dLénégattoncoaststeA refuser !a nourriture qu'on lui présente, ce qu'il tait en

écartant latéralement son visage du sein ou do ta cuillère

dans laquelle on lui offre un aliment quelconque; s'il accepte,au contraire, et reçoit lesaliments dans sa bouche, il penchela tête en avant. J'ai fait bien souvent ces observations sur

mes propres enfants, et depuis tors j'ai appris que tes mêmes

faits avaient frappé Charma et lui avaient suggéré les mêmes

conclusions'~ Remarquons que, si l'enfant accepte ou prendlit nourriture, il se produit un mouvement unique en avant.

et que l'amrmation s'exprime aussi par unesimple inclinaison

de tête; si an contraire l'enfant refuse, et surtout si on insiste,

on le voit souvent secouer sa tête plusieurs fois d'un côté a

Vautre, ce qui estexactement le geste que nous faisons nous-

mêmes en signe de dénégation. Le refus s'exprimeaussi assez

souvent en rejetant la tête en arrière, ou encore en fermant

énergiquement la bouche, de sorte que ces mouvements peu-vent également arriver Aservir comme signes de négation.M.Wedgwood fait remarquer &ce sujet, que « la mise en

jeu des organes vocaux, lorsque les dents ou les lèvres sont

serrées, produit le son des lettres Mou m; ce fait peut

expliquer l'emploi de la particule M<*pour indiquer !n néga-

tion, et peut-être aussi celui du grec, dans le même

but

Ces signes sont innés ou instinctifs, au moins chez les

AngIo-Saxons; cela parait du moins &peu près démontré

par l'exempte de l'aveugle et sourde Laura Bridgman,

<7.BMf~M!' I~M~a~2' cdtt., <M<).Jc<to;s<!esrcmerc!ement9&M!s&Wedgwood,quim'adonnécedétail,enm~netempsqu'uneanalysedel'ouvrageCMquestion.

!8. On<~eOt'<s<tt«f La~Masc.<M6,p. 9t.

Page 312: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KT Ot5 KBGATtON. N9

« qui accompagne constamment son ûMtde l'inclinaison de

tète affirmative ordinaire, et son non du mouvement répétédo la tète qui caractérise chez nous la négation Si

M. Mehcr M'avait démontre le contraire ~j~

qu'elle avait pu acquérir ces gestes ou les apprendre, en

considérant la prodigieuse perfection avec laquelle elle

appréciait par le toucher tes mouvement!; des autres. Lea

idiots microcéphates sont, connue on sait. si dégradée qu'ils

n'apprennent jamais a parler; or Vogt raconte que l'un

d'eux, lorsqu'on lui demandait s'il voulait encore mangerou boire, répondait en inclinant la t&te ou en la Mcouant.

Dans sa remarquable dissertation sur l'éducation des ~ourtis-

muets et des enfants & peu près idiots, Schmatz affirme (luetes uns et les autres peuvent toujours comprendre et exé-

cuter les signes ordinaires d'affirmation et de négationSi maintenant nous considérons les diverses races hu-

mnines, nous reconnaissons que ces modes expressifsne sont

pas aussi universeMement employés que nous aurions pu le

croire; cependant ils paraissent trop génératement répandus

pour qu'on puisse les considérer comme entièrement con-

vontionnels ou artincie!s. Mes correspondants afurment queles deux signes ci-dessus sont usités chez les Ilalais, les in.

digeocs de Ceylan, les Chinois, les nègres de la cote de

Humée; Gaika les a observés chez les Cafres du sud de

l'Afrique; cependant M"" Barber n'a jamais vu chez ce

dernier peuple le mouvement latéral répété de la tête em-

ployé comme signe de négation. Quant aux Australiens,

sept observateurs s'accordent a dire qu'ils se servent de

l'inclinaison pour affirmer; cinq d'entre eux sont d'accord

«'. CM</<etoco<~ut)~û/ BfM~MaM,Smithsonian Contributions,iMi,vo).H,p.«.

20. If~<t/M<Mf~M~)~c<ipA<t~, <M7,p. 27.2<. Cité par Tyto~ JSa~ NM<o~ MoHM~, 2' édit., t8' p. 38.

Page 313: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

SËOKJKSMAPF!RMATtOKM4

aussi au sujet du mouvement do négation, accompagné ou

non de h parole; mais M. Oyson t~cy n'a jamais observé

ce dernier signe à Ouceo~od, et M.llulmer dit que~

,~M~ La'tdt Ui&gatMms'exprime $n penvema~t !~êr<ment la tête en arrièr<! et tirant la langue. A !'extr6mit6

septentrionale du continent, pr~s dit détKHtde Tonnes, les

indt~&nes« ne secouent pas la tète, en at'ticutaut une néga-

lion OMusils f~ventJt<tmain <ttwt<*et t'agitent en la faisant

totH'm't' t'it'culait'etnent deux ou h'ois fois Il paraKqucles (~'ccs modernes et les Turcs expriment la négation en

renversant !a tûte en anncre et tMisactclaquer !n langue;

et que les Turcs rendent l'affirmation par un mouvement

nnaiogne A celui que nous exécutons quand nous secouons

la tête Le capitaine Speedy m'infonne que les Aby~ins

expriment la négation en jettmt IlLtête sur l'épaule droite

et faisant ctaqucr iépèrement !a !anpue, la bouche étant

fpt'mëe; et la négation en t'enversantiat6te en arrière et

élevant rapidement tes soureHs. Les Ta~ak de Lucon, dans

rafebipel des t'hitippines, renversent é~a~ment la tête en

disant oui, suivant ce que j'ai entendu dire un docteur Adoif

Mcyer. n'après le témoignage du ra}ah Brooke, les Dyaksde Bornéo expriment rafnrmation en étevant les sout~tts,et la négation en les contractant !é~èrement, tout en regar-dant d'une façon particulière. le professeur Asa Crny et sa

femme disent que les Arabes du Kit emploient rarement

l'inclinaison afurmativc, et jamais le mouvement tatcrat de

négation, dont i!s ne comprpnnent mame pas la sijpninca-tion. Cttez les Esquimaux ~Mt s'exprime par une incnnai''

son de tète, et non, par un clignement. Les indigènes de la

22. M. ~-B. JtukM,Lf~f~ <!M<<Re~KK;~etc.~<87~ p.948.

M. F. Lieber, 0" the M<xt~Sounds, etc., p. «. Tytor, ~oe.c<<

p.S3.24. Docteur King.jE~H&Mt'~rA)!LJoMt-Ma~,<M4!),p. 313.

Page 314: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KTOKNtÎGAHÛK. 29&

KoaveMe-Xolandc« lèvent ta iAte et Io menton, au lieu de

tes abaisser, en signe d'acquiescementM. Il. Erskino conclut des études faites par divers Eu'

copéena, aasst bMnque pap de~obsepvatMtrs mdtg~ne~ <f<n'les Mindons, que chez eux tes signes d'afnrmation et de

négation sont variables. Quelquefois ils sont identiques A

ceux que Mousemployons: mais la négation s'exprime pinsordinairement en renveesant brusquement la totc pM(n'nere

<!t un peu de côté, et faisant ctaquer la tangue; jf ne pni!!deviner quetto est ta signification de ce ctaquoment de ta

!aoj~uc, qui a et6 (lu reste observé citez divcfs peuples. Un

observateuf indigène prétend que Fanh'mation s'exprimeaouvont CMportant la tAte à gauche. M. Scott, que J'nvaix

prié de pot'ter particutierement son attention sur ce point.

pense, après un grand nombre d'observations, t~uc tes in(li-

gènes n'<'tnpt<ticntpas habituellement une inclinaison ver-

ticale pow anirmcr, mais t'onversont d'abord ht tête, soit

vent ht dt'oth', ~oitvers la gauche, t't puis. lu jettent oblique-ment en avant une !!cut<*fois. Un observatom'moins atten-

tif aMt'aitpeut-être décrit ce mouvement comme une simplesecousse latérale. M. Scott établit aussi qu< dans ta néga-

tion, tn tête est tenue ordinairement A peu près droite, et

secouée plusieurs fois de suite.

M. Mridgcs m'informe qu<*tes natun'ts de !<t Terre-de-

rcu inclinent, commenous, ta tête de haut en bns en signe

(t'af<it'tnat!on~et la secouent de dt'oitc a gauche en signe de

négation. D'après M. Washington Matthews, les Indiens

sauvages de l'Amérique septentrionale ont appris des Euro-

péens ces deux mouvements, qui n'existent pas naturelle-

ment chez eux. Ils expriment < t'ufSrmation en décrivant

avec la main. tous tct doigts étant fléchis, l'index excepté,une ligne courbe en bus et en dehors a partir du corps; et

~N.Tytot',&tWy~(ory o/jf«H&tM<~tijit.~t~O, p. S~.

Page 315: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

8!6KBSn'AFPiXMAttOK!iM

la négation en portant la main ouverte en dehors, la paume

regardant en dedans Suivant d'autres observateurs, le

signe de J'affirmation, chez ces tndiens, consiste &lever le

doigt indicateur. puis Al'abaisser vers le spl~ ou Men& ba~

ïn~ccr h itnh!n cnî)~ au du visage; et le

signe de lit négation consiste Asecouer de droite &gauchele doigt ou la main tout entière Ce dernier mouvement

supplée et représente probablement notre mouvement itérât

de la tète. On dit que les Italiens lèvent de même le doiptet le secouent pour indiquer ta négation; ce j~estes'observe,du reste, aussi quelquefois chez les An~tais.

Kn somme, notM constatons une diversité considéraMe

dans les signes du l'affirmation et de la négation, smvaut

les difterentes races humaines. Cependant, pour ce qui con-

cerne la négation, si nous supposons que tes secousses im-

priMées de droite A gauche au doigt ou A ta main sont

~ymbotiqut's du mouvement latéral de la tête, et si nous

udmettons que ce mouvement brusque de la tôte représentelui-même l'un des actes accomplis souvent par l'entant quirefuse de manger, nous devons reconnattre une grande uni-

formité dans expression de la négation dans le monde

entiRt', et nous pouvons en même temps comprendre quelleest l'origine de cette expression. Les exceptions les plus

marquées nous sont présentées par les Arabes, les Esqui-maux, certaines tribus australiennes et les Dyaks. Chez ces

derniers, la négation s'indique par le frouccmeut des sour-

cils, qui, citez nous, accompagne fréquemment le mouve-

ment latéral de la tète.

Quant à rinclinaisoa de ta t~te comme signe d'afnrtna-

26. Lubboch,TheCh'~Mo/C'cWM~oM,<870,p. 2~. Tytor«'«L.p. 38. Lieberfait (~ p. H)quetqMesobser<auoMeurtessignesde

négationcheztes ttattcm.

Page 316: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

iîTOef~OATtOK. ??

Mon, les exceptions, un peu plus nombrenscs, se Mncontrent

chez certains Hindous, les Turcs, les Abyssins, tes

Oy<d<8, ics Taga!s et les NouveaMX-XdtandaM. Quet~uofots '4

i'a~Mnatien ~«Tpftm~ CM dtëvaht Ï<'s sourctk comtne une

personne MjcraKÏe natoreHement. tout en port~ut ia t~tf en

avant et en bas, l'interlocuteur auquc! eiïe s'<n!t'esM'. elle

est atom oMig~ée d'ëiever ses sourcUs, ce qui peut avoh' amené

ce nouveau signe expressif, dans uu but d'abrev!ation. Df

tn&tne, chez tes naturel de ta Nouvctte-Xotattd< t'étévation

du menton et de- !a tête on signe d'affirmation rept'osentc

peut-être, sous une forme abrégée, te mouvement de rctouf

de ta tMe après qu'ette a 6tc in''tiaee en bas et en avant.

Page 317: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ctiÀpmŒxn.

~MMtSE. ÉTOX~ËMEXT. CMAtSTK. HOttKECH.

i!utt')<).<~tonncmettt.S«<o'e!tst')< ttoochoouverte. t~fcs avaxct'M.Mettes<)uta<'c<)tHt)aft"Ctttfittmr)tr!-ie.At)n)tra«oo.CratMh'.Terreur.

H<'H!'t<'tne))tdf'scttMct~. (~)t'ra<:<fo))dunntMte fcaMKior.<H)atat)uttdes)'t)ttttt<"<.MotTCMr.-C"t)''tMsiM).

t~M'squel'attention est provoquée subttoncttt et vive-

ment, clle se trunsfot'mc en Stn'pr!:tc c<;Ue-ctpasse à Fëton-

MCtHent,(lui conduit iut-mëme Alit stupétacUon et & l'effroi.

Ce derniet*t~iat d'esprit tottchf de hien pt~s A la terrent'.

L attention, nous i'avous vu, se manifeste par une !é~'crcélévation de sout'cik; quand <'Hepasse à l'état de sm'pt'ise,ceux-ci s'ë!<:ventbeaucoup plus énergiquenteat, et les yeuxs'ouvreot laf~rcment, aittsi que lu hanche. Cette élévation

dessourcits, nécessaire pout'pei'ntottn' aux yeux:de s'ouvrir

tat'f.femeat et rapidement, amené la formation de rides

transversales sur le front. Le de~fe auquel s'ouvrent les

yeux et lu bouche correspond A l'intensité de la surpfise

ressentie; ces deux mouvements doivent d'aiUeuM s'exécu-

ter simultunétncnt en enet, tarbouche largement ouverte,avec les sourcUs légèrement élevés, produit une grimacesans si~niHcation, comme l'a montré le docteur Jhtchenne

dans l'une de ses photographies On voit souvent, au

contraire, simuler la surprise seulement en élevant les

sourcils.

t..Mt'c«MtM)e(/e <«~<~MOM)~A~MM,i862,p. 42.

Page 318: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~TONKMtENT. MM

L'une des photographies du docteur l~ucheuna repré-sente un viei!!ard dont j[os sourcits sont relevés et arquaspar la jBfatvnnisation(h) muscle frontat, ht bouche étant

d'aineurs onvcrte voïohtairMn M~urc exprime lu

surprise avec une vërité saisissante. Je la montrai Avin~t-

quah'e personnes, sans un mot d'explication, et sur ce

nombre une seute ne put découvrit' que!!e en était la si~fni-

~cation; une autre l'intitula terreur, ce qui n'était pas s*6cat'*

top beaucoup de la vét'Hé; enfin quelques-unes, au mot sur*

prise ou étonnement, ajoutërent les épithotcs suivantes

pleine d'horreur, de desotation, mcJce de tristesse, de d<}-

~oot.Ainsi Jtcsyeux et Ja bouche tar~ement ouverts constituent

une expression universellement recoanue comme celle de la

«urprMe ou de l'étonnement. Shakespeare dit '<J~aperçu!!un forgeron debout, la bouche grande ouvct'te, a~aJuntavec

avidité les histoires d'un iaiUeur. (J~<M~JoAM, acte tV,scène o. ) Et aiMcurs tis se regardaient les uns les autres,et leurs yeux semblaient presque prêts il jaillir de tcurs or-

bites leur silence parlait, leurs gestes étaient pleins d'eio-

quencc; on eut <tit <~u'itsapprenaient la fin du monde.

(M~n~ ?~ acte V, scène n.)Mescorrespond&ntarépondent avec une remarquable uni-

formité &mes questions sur l'expression de lu snrprisM chez

les diuercntes races humaines: seuiement les mouvements

des traits indiques ci-dessus s'accompagnent souvent de

certains gestes ou de l'émission de sons que je decrirat tout

à l'heure. Douze observateurs, dans ditTérentes parties de

l'Australie, son.td'accord sur ce point. M. Winwood Heade

a constaté cette expression citez ies nègres de la côte de

Guinée. Le ehef~ai~aet d'autres répondent aturmativement

A mes demandes sur les Uafrcs du sud de l'Afrique divers

autres observateurs ne sont pas moins explicites au sujetdes Abyssins, des Ceylanais, des Chinois, des indigènes de

Page 319: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M SURPRtSE.

la Terre-dc-FeM. de certaines tribus de l'Amérique septen-

trionale, et des naturels de la Nouvelle-Zélande. Parmi ces

derniers, d'après M. Stack, l'exp~ssion est plus nette chez

certains individus quechex 4'nMtN's. tMcnqM'HsN'oSbreenttous de dissimuler autant que possible leurs sentiments.

Suivant le rajah; Itrooh, tes Ih'akct de Bornéo ouvrent lar-

gement la bouche quand ils sont étonnés; en même temps,ils balancent ta i~tc d'un côté ù l'autre et se frappent la

poitrine. M. Scott me t'acontc qu'il est formellement intet'-

dMaux ouvriers du Jardin Botanique, &Calcutta, de fumer;

mais ils bravent fréquemment l'interdiction, et lorsqu'ilssont surpris en narrant dëtit, leur premier mouvoment est

d'ouvrir largement les yeux et ia bouche. Puis, quand ils

reconnaissent qu'its ne peuvent éviter d'être pris sur te fait,ils haussent souvent les épaules, ou bien ih froncent les

sourcils et frappent le sol du pied avec dépit. Ils reviennent

bientôt de leur surprise, et la crainte servile qui les saisit

alors se manifeste parte relâchement de tous leurs muscles;

leur tête semble s'enfoncer entre leurs épaules, leur re-

gard terne erre de c6té et d'autre, et' ils balbutient des

excuses.

M. Stuart, l'explorateur bien connu de l'Australie, a

donné une relation frappante de l'enroi stupenë, melô de

terreur, que ressentit en l'apercevant un indigène qui n'avait

jamais vu nn homme à cheval. M. Stuart s'étant approchéde lui sans être aperçu et l'ayant appelé d'une petite dis-

tance Il se retourna, dit-il, et m'aperçut. Je ne sais ce

qu'il supposa que je pouvais bien être; toujours est-il que

je n'ai jamais vu une personnification plus saisissante de la

crainte et de l'étonnement. u s'arrêta, incapable de remuer

un membre, cloué sur place, la bouche ouverte et les yeuxfixes. 11resta immobile jusqu'à ce que je fusse arrivé à

3. ThePo~o< JVMtx~et-,Metbourne.dec.i8S8,p. 2.

Page 320: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ËTONNKMBNT. Mt

quelques mètres de tut alors, jetant bas son fardeau, il

sauta par-dessus un buisson aussi haut qu'il put atteindre.

Il ne pouvait parler, et no répondait pas un mot aux ques-

tion qne I&.n~Mlui adressait maia, tremblant de la tête

aux pieds, il a~tait ses mains pour nous Poignet'.L'élévation des sourcils, soMsl'influence de la surprise,

doit être un acte inné ou instinctif; on peut le conclure de

ce §Mt que Laura Bridgntan les <U&veinvanabiem~nt quandelle est etonnce, d'âpre ce que m'a afnftné la femme qui a

été en dernier lieu chargée de la soigner. La surprise étant

pt'ovoquéc par que!que chose d'inattendu ou d'inconnu, il

est naturel que nous désirions reconualtre aussi rapidement

que possiMela cause qui t'a fait nattre; c'est pourquoi nous

ouvrons. iMt'gcment les yeux, de manière &augmenter le

champ de la vision et Apouvoir tacitement diriger te regardvers une direction quelconque. Toutefois cette interprétation

n'explique guère t'étovation si prononcée des sourcils, non

plus que la nxiié sauvage des yeux grands ouverts. !I faut

cherchct', je crois, l'explication do ces phénomènes dans

l'impossibilité d'ouvrir les yeux tr~s rapidement par un

simple mouvement des paupières supérieures on n'y par-vient qu'en relevant énergiqncntent les sourcils. Essayezd'ouvrir vos yeux aussi vivement qu<:possible, en face d'un

miroir; et vous constaterez que vous exécutez en effet ce

mouvement; cette élévation énergique des sourcils ouvre

les yeux si largemeut qu'ils prennent une expression de nxité

pai'ticuliére. due A l'apparition tic la sclérotique blanche,

qui se montfc tout autour de l'iris. Cette position des sour-

cils constitue en outre un avantage pour regarder en hautcar tant qu'ils restent abaissés, ils interceptent ta vision

dans cette direction. Sir C. Bel! donne une preuve curieuse

du rôle que les som'cils jouent dans l'ouverture des pau-

a. The~Ka~myc/'jE~M'MsfM~p.tOC.

Page 321: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

SURPHtSK.~t

piercs. Chex l'hotnme abrnti par l'ivresse. tous les musoies

se relâchent, et par suite tes paupières s'abaissent exactement

comme chez t hommequi tombe do sommeil; pour lutter

t'outre cette ttisposHion, t'iyro~ne eiève ses spnrc~s, ce qu~!ui donne ce regard embarrasM*.bcte, que t onvoit parfai-tement bi<*My<'pt'Mhtit(!ana un dessin de Ho~u'th. L'habi-

tude d'~tfvet' tes sourcits une foisacquise dans te but de voir

Mussii'apittctnent qm' pos<i.i!)tctout autour de nous, ce tnou-

vcntent a dA subir comme ttUit d'autt*e8 l'influence de !a

fnM<'d'ussodattoo, et H doit aujourd'hui se jpt'oduh'etoutes

les fois <;uc nous t'essentons de t'etonnement pat*suite d'une

cause nuctconquf, tneme par l'effet d'un son bfUM)ue ou

d'une idée inattendue.

Chez t bommeaduttc, torsque les sourcits s'étèvent, le

front tout entier se sillonne de rides transversales; cttex

t'enfani, et; phénomène ne se produit qu un faible de~re.Ces rides s<*disposent en !!{fnesconcentriques, pavaU&lesa

chaque sourcil, et se confondant en partie sur la ligne.médiane. EUes sont expressives ait premier chef de !a sur-

prise ot) de i'étonnement. (chacun <!cs soufeits devient,

<'omnM<le fait rcntarqucr M. nuchennc plus arqné en

s'ctevant.

Pom'qttoi la bouche s'onvre-t-eue sous rinMucncc de l'é-

tonnetMcnt? (~ctt<:question est des p!us comptexes. t'!u-

sieurs causes paraissent concourir A produire ce mouve-

ment. «n a &diverses reprises émis l'opinion~ que cette

attitude favorise i'cxercice du sens de Fouïe; j'ai cependantt

observe des personnes qui prêtaient une oreiUe attentive a

un té~cr bruit, dont elles connaissaient parfaitement !a

4..M~M~MtC~< M~S'OHMNfe..t~'MtM,p. ?.S. Voir,jtar exempte,t'cxceuentcétudedudocteurPiderit<N<m~KM~

M~to~Mm~,s. 8tt)sur l'exprcssionde la surpnsc.

Page 322: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~TONNHMKNT. :?:)

~nfce et la nature, et je n'ai jamais vu ïa boucho s*ouvrir

dans ces conditions, C'est p«ur<{uoij'avais supposé que i'ou-

verture du ht bouche pouvait St~rvirA reconnunro de que!!cdtreetic'n p~v~~h (m Mn/cn pt'nn~ftHnf~ntxvn~Mt!~ (1.

pénétrer jusqu'à t'ordttp paria trompe d'Kustache. Mais if

docteur W. Ogle qui a en la (ft'acieuscté de consuUft'

pour moi les tneHtem'cs antorités coot''mpontinps sur les

fonctions do !a trompe d'Kttstachc, ~t'apprend qu'il est A

peu pt'ës dëmonir<!q<)'e!tcne s'ouvre qu'au moment de t'xctt'

de ta déglutition; et que. chcx tMpct'sonncschcz lesquoUeseHe reste anMtnatemfnt béante, t'aud~tion des Mons exte-

neurs n'est nntlcment perfectionna euf est au contrait'e

MMaibucpar i<*sbruits df la respiration, qui deviennent

plus distincts. Pta<*Mune montre dans votre honche, sans

lui permettre d'en toucher les parois. vous entendre:! le tic-

tac beaucoup moins nettement que si vons la teniez en

dehors; citez les personnes qui ont. par suite d'un rhunu*

o~ de toute autre affection, la trempe d'Kustach<*obstruée

d'une façon permanente ou momentanée, !<' sens de t'aud)-

tion est a8aib!i; mais cela peut s'expliquer paria présencedu muct)!t accumuié dans lit trompe et qui otnpccbe le

passade de !'air. Ainsi nous pouvons conclure que, si h<

itouchc s'ouvre sous !'inMuence do l'étonnement, ce n'est

pns pour permettre d'entendre plus distinctemoat; il est

certain cependant que hien des sotutts gardent d'habitude

la bouche ouverte.

Toute émotion soudaine, et rétonuement en particulier,accétcre les !)attements du cœur, et en mcrne temps les

mouvements de la respiration. Or nous pouvons respirer.comme Cratiotet le fa*t remat~uer et comme je le crois

(t. LedocteurMûriem'a aussicommuniquédiversrenseignements<tuicoaduiMntà la mêmeconchtaion,et quisont<burn!aen partiepar !'a*natonttocomparée.

7. De/«M~oMom<<t86~p.Mt.

Page 323: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

90t ËTOXKËMMNT.

avec lui, bien plus librement & travers la bouche ouverte

qu'à travers tes narines. Aussi. lorsque nous voulons prê-ter une oreille attentive Aquelque son, ou bien nous arrêtons

noire respiraiton, ou Men respirons aus~ tt'anqMUle~ment que possible en ouvrant la bouche, tout en maintenant

notre corps entier en repos. Un de mes fils fut réveille au

milieu de h nuit par un bruit particulier, dans des circon-

stances qui stimulaient vivement son attention il s'aperçutait bout de quelques minutes qu'il avait la bouche large-ment ouverte; il eut alors conscience de .t'avoirouverte dans

le but de respirer aussi silencieusement que possible. Cette

manière de voir est confirmée par le fait inverse qui se pro-duit chez les chiens lorsqu'un chien est essoufflé, aprèsun exercice violent, ou bien par une journée très chaude,il respire bruyamment mais si son attention est subitement

éveillée, il dresse immédiatement les oreilles pour entendre,ferme la bouche et respire silencieusement par les narines,

ce que son organisation lui permet de faire sans difficulté.

Lorsque l'attention reste concentrée pendant longtempssur quelque ol~et ou sujet, sans s'en détourner, tous les

organes du corps sont oubliés et ne~Ii~es et, comme la

somme de t'energ-ic nerveuse, chex un individu donné, est

limitée, il ne s'en transmet qu'une faible proportion a toutes

les parties du système, sauf a celle qui actuellement est

mise énergiquement en action c*cstpourquoi la plupart des

muscles tendent &se relâcher, et la mâchoire tombe par son

propre poids. Ainsi s'expliquent la mâchoire abaissée et la

bouche ouverte de l'homme qui est stupéfie ou effraye, ou

mcme qui ne subit ces impressions qu'A un faible deg-ré.J'ai remarque en effet cette manière d'être, d'après les

indications que je retrouve dans mes notes, chez des enfants

très jeunes, sous l'influence d'une surprise modërcc.

8. Voir,sur cesujet,Gratiofct,Dc/«M~«MMMt!<i8< p.Mt.

Page 324: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

'1', -~i

jÉTOXXEM~NT. jto&

20

Mexiste encore une cause, très importante, qui pro-

voque l'ouverture de la bouche, Nousl'influence de l'étonne-

ment et.plus spécialement d'une surprise soudaine. H nous

est b~MMUpph~ &eite <FMéM~une ïnspît'attdn vigou-reuse et profonde à travers ta bouche ouverte qu'à travers

les narines. Or, lorsque nous tressaillons, à l'onre de quel-que son brusque, A l'aspect de quelque objet inattendu,

promue tous nos muscles entrent momentanément et in-

volontairement en action avec énergie, pour nous mettre

en état de repousser ou de fuir un danger, dont nous asso-

cions d'ordinaire t'idée &toute chose imprévue. Mais,comme

nous l'avons déjà vu, nous nous préparons toujours a un

acte énergique quelconque sans en avoir conscience, en

exécutant d'abord une profonde inspiration, et par consé-

quent nous commençons par ouvrir largement la bouche.

Si aucun acte ne se produit et si notre étonnement dure,nous cessons un instant de respirer, on bien nous respironsaussi doucement que possible, afin d'entendre distinctement

tout son qui pourra venir frapper nos oreilles. Ennn, si

notre attention se prolonge longtemps et que notre espritsoit entièrement absorbe, tous nos muscles se relâchent, et

la mâchoire, qui s'était d'abord abaissée brusquement, con-

serve cette position. Ainsi plusieurs causes concourent à

produire ce même mouvement, toutes les fois que nous

éprouvons de la surprise, de rétonncmcnt, de la stupé-faction.

Bien que les précédentes émotions se manifestent le plusjErénéralement en ouvrant la bouche, elles s'expriment sou-vent aussi en portant les lèvres un peu en avant; ce fait

nous rappelle le mouvement, beaucoup plus marqué cepen-

dant, qui indique l'étonnement chez le chimpanzé et l'orang.Les divers sons qui complotent d'ordinaire l'expression de

la surprise peuvent probablement s'expliquer par l'expira-tion énergique qui succède naturellement A la profonde

Page 325: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M ~TOK!tKMKKT.

inspiration dn début, et par la position des Icvrcs qu~ noua

venons d'indiquer. QuelqaefoM on n'entend qu'une forto

expiration ainsi t~ura Bridgnmn, surprise, arrondit et

avance les l&vfes,les cntr'ouvre et respire énergiquementL'un des sons les plus communs est un profond, quirésMtte natMt'eHement, cotn~e Uctmhottz l'a expUqué, de

la forme que prennent la bottche modérément ouverte et

les lèvres avancées. AumitioMd'une nuit tranquille, on tira

&bord du ~a~, mouillé dans une petite crique do Tatti,

quelques fusées, pour amuser les indigènes; à chtMjuefusée

qui pt~'hut, le silence, d'abord absolu, était bientôt suivi

par une sorte de grognement, un o~ qui retentissait tout

autour de lu baie. M. Washington Mattbews dit que les

Indiens de l'Amérique septentrionale expriment l'etonne-

ment par un g'rogncment; d'après M. Winwood Reade, les

ne~rfesde la cote occidentale d'Afrique avancent les lèvres

et font entendre un son analogue &Hïe, aie. Si la bouche

ne s'ouvre pas beaucoup, tandis que les lèvres s'avancent

considérablement, il se produit un bruit de souffle on de

sifflement. M. H. Bt'ouj~hSnnth m'a raconte qu'un Austra-

lien de l'intérieur, conduit au théâtre pour voir un acro-

bate qui exécutait de rapides cabrioles~ « fut profondémentétonné; il avançait les lèvres, en émettant avec la boucheun bruit analogue à celui qu~onproduit quand oit soufue

une allumette D'après M. !tutmer, quand les Australienssont surpris, ils font entendre l'exclamation &o~t, « qui se

produit en allongeant la bouche comme pour siffler Les

Européens, du reste, sifflent souvent en signe de surprise.Ainsi, dans un roman récemment publié on lit Il icil'homme exprima son étonnemcnt et sa désapprobation parnn sifflement prolongé. M. Mansel Weale m'a raconté

9. Lieber,Oa~A<'t'<tM/8oMM<~o~LaMfaJM<~<M«H,SmithsonianCon-tUbutions,i8&i.~fot.M,p. 7.

io. Wcndc~/mc.vol,M.p. !)t.

Page 326: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HTOKXKMRNT. :M7

qu'une jeune fille eafro, apprenant ic prix e!evé d'une

motrctMmdiso, !eva les souroits et situa exactement comme

eat fait un Knropéen M. Wedgwood fait remarquer que

!~MnsdeM~hrc s~cnvctit~ wAetc, et qu'onles emploie comme inh'tjectionn expressives de la surprise.

Suivant trois autres ottset~'ateuM,ks AustKttienNMmoi-

~nent souvent MtunnetneRt par une sorte de gtoussement.

Les! Eupopëensexpriment aussi qMe!<;uetbMune M~èt'c stn'-

pr!se par un petit bruit m~taHique &peu pr6s sembiabie.

Lorsque nous tt'M8<nt!oïMde sut'pMsc,nous l'avons vu, Motre

bouche s'ouvre subitement; et si la tangue est &ce moment

omcten~nt applicluée contre !&voAtep~tatmo. son éioig'ac-ment subit doit produife un scn de ce genr<\ qui peut ainsi

Mfe considère comme tin si~m' expressif de i'étonnctncnt.

Arrivons A Fattitudf du ct'fps. Une pct~onne sarpfisetèvMsouvent ses niains ouvertes au-dessusde sa iûte; ou bien,

croisant ses brus, eiic les porte A k hauteur de son visage.La face patmairf des mains se dirige vers ht personne qui

provoque i'eionncment; les doigts sont étendus et sépa-res. Ce geste ai été représente par M. Rcjiander, dans la

~OM~e V!t, ngore i. Haus !n C~e, de t~ooard de Vinci.

on voit deux des apôtres qui. les bras é!evé!<,manifestent

très clairement leur surprise. ~n o!Mervat<*urdiji?ne de foi.

me racontant qu'U ~'ctatt trouve dernièrement en présencede sa femme dans les circonstances les plus inattendues.

ajoute .t EUetressainit, ouvrit largement ta bouche et les

yeux, et porta ses deux bras sur sa tête. Il y a quctquf's

années, je fus surpris de voir quetqocs-uns de mes enfants

(lui, accroupis sur le soi, paraissaient portrr une attention

profonde à quelque occup&tion ht distancequi me séparaitd'eux étant trop grande pour me pcrmcttt'e de demander ce

dont il s'agissait, je plarai mes moins ouvertes, les doigts

étendus, au-dessus de ma tôte ce geste était a peine fait

Page 327: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3)M ÉTOKNEM!!KT.

que je reconnus ce qui tes occupait ? fort; mais j'nttcndiasans dire un mot, pour voir s'ils avaient compris mon mou-

vement, et en ciFetje les vis accourir vers moi en criant<t MousavotM t!M que voua étiez surpria* J'i~noM si ce

geste est commun aux dinercnies races ttumaim's, et j'ai

négligé de faire des recherches sur ce point. On peut con-

clure qu'il <*stinné on naturel (tec<'fait, que LanreMr!d~ntan,

lorsqu'eUe est stupéfaite, « ctcnd les bras et lève les mains

Moétendant les dotgts il n'est pas prohahk, fn p<Ïat,si l'on considère t{u<'la surprise est un sentiment générale-tnent très court, que cette pnuvtw MUeait pu apprendre ce

geste par te sens du toucher, quelque parfait qu'il «oit chez

elle.

Huschhe décrit nn geste un peu dinërent, mais pour-tant de nature analogue, qui. dit-it, accompagne chez cer-

tains individus t'expK'ssion de t'étonucment. ~s individus

en question se tiennent droits, les traits du visage tels quitsont été décrits ci-dessus, mais en étendant tes hras en arrière

et séparant tes doigts les uns des autres. Je n'ai jamais,

pour mon compte, observé ce geste; cependant Muschtte a

probablement raison car, un de mes amis ayant demandé

a un nutre homme comment it exproncrait un grand étonne-

ment, cedernier se plaça Hnméd)atent<'ntdanscette attitude.

Les différents gestes qui précèdent peuvent s'expliquer,

je crois. par le principe de l'antithèse. Nousavons vu quel'homme indigné levé h tête. carre ses épaules, tourne ses

coudes au dehors, serre souvent le poing, fronce h; sourcil

U. Licbcr,Oa~e eoca~SoMM'ctc.~vol.I1, p. 7.<a.ttuschke,JM'M~cMet Mt~ogwtMMM.iM), p. <8. Gratiot~

(Dela PA~M., p. 2SS)donneunefigurereprëseotantun hommedanscetteattitude,quimeparaitcependantexprimerla craintemetëe&t'é-tonncmcnt. Le Brunsignaleaussi(Lavater,vol.tX,p.M9)les maiattouvertesd'unhommeétonné.

Page 328: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ë'fON!<E~8!fT. 3M

et terme la houchc, tandis que l'attitude de l'homme Mi-

puissant et résigné est en tout point l'inverse de la précé-doMte. Ici nous rencontrons «ne nouvelle application du

ménM~pp!ncîpc. t?n hoïttme dans ~n ë{at d~ ordinaire,ne faisant rien et ne pensant A rien particulièrement, laisse

ordinairement ses deux bras pendre librf~cnt &son coté,

tes mains étant à demi fennecs et les doigts rapprochés les

uns des autres. Lcvef brusquement les hras OMles avant-

hfas, ouvrir les mains, séparer les doigts, ou bien encore

raidir les bras en les étendant en arrière avec les doij~tt

separeN, constituent des mouvements en complète antithèse

avec ceux qui caractéMsent cet état d'esprit indifférent, et

ils doivent pat' conséquent s'imposer inconsciennncnt à un

homme étonne. Souvent aussi la surprise s'accompagnedu désir de lit témoigner d'une manière manifeste; les atti-

tudes ci-dessus sont tr&spropres à remplir ce but. Onpour-rait demander pourquoi la surprise et quelques autres états

d'esprit, en petit nombre, seraient seuls exprimés par des

mouvements antithétiques. Je répondrai que ce principe n'a

évidemment pas du jouer un rôle important dans ïe cas des

émotions qui, comme ta terreur, la joie, ta souffrance, ta

ra~e, conduisent naturellement A certains types d'actes et

produisent certains enets déterminés sur l'organisme tout

le système étant affecté par avance d'une manière spéciale,ces émotions se troMVCNtdéjA exprimées ainsi avec la plus

grandtenetteté.

!t existe un autre petit geste expressif de J'étonnement,

duquel je ne puis proposer aucune explication; je veux par-ler de celui par lequel les mains se portent A ia bouche ou

sur une partie quelconque de la tête. On l'a pourtantobservé dans un si grand nombre de races humaines qu'ildoit avoir quelque origine naturelle. Un sauvage australien,

nyant été introduit dans une grande pièce remplie de papiersofficiels qui le Méprirent considérablement, se mit à crier

Page 329: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~C FMAYE~R.

C~McA,<<Me~c~Mc&fen phçant le dos do sa main devant

livres. M""Barbet'<Htf~uotes Cafrca et les~mgos expr!-ment t'etonnetncntpar ttn regard sm'teuxet en ptacant teur

tu&'ndt'oite sur tem'~ou~ic; en m&n~ te~Hcent ie mot M«t«'e.qm st~nttic<ner<'f<<~tf;y.Upat'att queles Bushmenportent i<'<u'tHain droite A leur cou, en ren-

vcMantleur tête en ~rnèfe. M. WinwoodReade a nhserve

des n&~resde h cMc ocfidcntntcd'Afnque qu! exprimaientta surprise en frappant de ta main sur !cur bouche, et it a

entendudhf que c'est ia te ~estc par tequetils manifestentd'hahttttde cette émotton. Le capitaïne Speedy m'informe

que les Ahyss!nsplacent teur main droite sor tout front, ta

pauma dirig'ccen dehofs. Kntm M. Washington MaMhew$

rapporte que le signe conventionné! de l'étonnement, chez

les tribus sauvages des t'étions occidentales des États-~nis,Ilconsiste A porter ht main &demi fermée sur la bouche; en

m~me-temps, ta tète se penche souvent en avant, et que!quesfois des mots on de sourds gtrognements sont articu!és

Cattin signale aussi ce m~me geste chez les Mandans et

diverses autres tribus indiennes.

~<<Mt<r<!<MM.J'ai peu de chose A dire sur ce point.L'admiration pHratt consister en un mélange de surprise,de plnisir et d'approbation. Lorsqu'ei!e est vive, les sourcils

s'étcvent, les yeux s'ouvrent et deviennent brillants, tandis

que datts le simple etnnncment ils restent ternes; enfin la

bouche, au lieu de s'ouvrir toute grande, s'étargit !ë~ere-ment et dessine un sourire.

Cnt<M<~terreur. Le mot fear (frayeur, crainte) paraitdériver ëtymologiquetncnt dics termes qui repondent aux

)3. Huschkc,Jf<m<«'set~A;j/~wMM<<'M,p. <8.14.A'of~~MCf/MMfMdt«tM,3' édit.,<842,vol.t, p. <OS.

Page 330: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

pnAYtsun. ait

notions de soudaineté et de périt celui do terreur a eude même pour origine le tremblement des cordes vocales et

desmembres. J'emploie le mot terreur comme synonyme de

frayeur cxtt'omc ccpeudaht quelques écrivains pensent qu'ondevrait le réserver pour h' cas où l'imagination intervient

plus particulièrement. La crainte est souvent précédée d'é-

tonnement; elle est d'aiiienrsM voisine de ce dernier senti-

mentqu'ils éveillent instantanément, l'un comme l'autre, les

sens de la vue et de t'outc. Dans les deux cas, les yeux et la

bouche s'ouvrent largement, et les sourcils se roievent.

L'homme eQ'rayéreste d'abord immobile comme une statue,retenant son souffle, ou bien il se blottit instinctivement

comme pour éviter d'être aperçu.Le cfKurbat avec rapidité et violence, et soulevé la poi-

trine mais il est très douteux qu'il travaille plus ou mieux

qu'à l'état normal, c'est-à-dire qu'il envoie une pins grande

quantité de san~r dans toutes les parties de l'organisme

en effet, la peau devient pâte instantanément comme au

début d'une syncope. Cependant cette pâleur de la sur-

face cutanée est (tue probablement, en grande partie sinonexclusivement, à t'impression reçue par le centre vaso-

moteur, qui provoque la contraction des petites artères des

téguments. L'impressionnabitiié de la peau par la frayeurintense se manifeste encore par la manière prodigieuse et

inexplicable dont cette émotion provoque immédiatement la

transpiration. Ce phénomène est d'autant plus remarquable

que, a ce moment, la snrtace cutanée est froide; d'où le

terme vulgaire de <M<Mr/r<M<ieordinairement, en en'et, les

glandes sudoripares fonctionnent surtout quand cette surface

est chaude. Les poils se hérissent, et les muscles superficielsfrétniiMont. En même temps que la circulation se trouble,

<&.M.WedgWMd,OM.efJï~<<~t/;(~~w, tM*~vo!.ï!,p. 3S.Voir aussi GraUotet(De~ft PAy<tMtwH<e,p. 03)

sur l'originedes motsVoir aussiGratiolel(Dela PA"'Ío,u,mit,p. t3S}surl'originedesmotsterror,<t<n'<w,n~tdM,/M&MM~etc.

Page 331: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

312 FBAYEUK.

la respiration se précipite. Les landes salivaïres a~isMMt

imparfaitement; la bouche devient sècho elle s'ouvre et

se ferme fréquemment. J'ai observé aussi qu'une crainte

légère- produit un&fopia diftpositioa A b&illM~~'Ma des C'

symptômes tes plus caractéristique de la frayeur est le

tremblement qui s'empare de tous Jes muscles du corps, et

qui s'aperçoit souvent en premier lieu sur les lèvres. Ce

tremblement, aussi bien que la sécheresse de la bouche,altère la voix, qui devient rauqua ou indistincte, ou dispa-ratt complètement « CM~MpMt.<M<rMM~«ecoMM*,et c<M:

/OMe<&u<On trouve dans le livre de Joh une description remar-

quable et bien ronnue de la frayeur vague « Dans les

penséps issues des visions de la nuit, lorsqu'un sommeil pro-fond est tombé sur les hommes, la peur vint sur moi, et un

tremblement qui fusait ctaquer tous mes os. Alors un esprit

passa devant ma face; le poil de ma chair se hérissa. Je

m'arrêtai, mais je ne pus distinguer sa forme une imageétait devant mes yeux, et au milieu du silence, j'entendisune voix disant L'homme mortel sora-t-it plus juste queDieu? un homme sent-t-il plus pur que son Créateur?

(Job, tv, i3.)

Lorsque ta crainte croit graduellement jusqu'à l'angoissede la terreur, nous rencontrons, comme pour toutes les

émotions violentes, des phénomènes multiples. Le cœur bat

tumultueusement; d'autres fois il cesse de se contracter, et

la défaillance survient.; la pâleur est cadavérique, la respi-ration est tourmentée; les ailes du nez sont largement

<< M.Bain(r~cJ~onMs and the W(~ <MS~p.S4) expliquede lamanièresuivantela coutume« desoumettrelescriminel dansnndc,&t't'pfeHeedM L'aecMscdoitremplirsa bouchede rizet le recracherau boutd'un courtinstant.S'it est restetout a fait sec, onconclutà laeutpabiiitede t'accuse,dont ta mauvaiseconsciencea dû paralyserles

organessalaires, n

Page 332: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

St9FRAYRUK.

ditatées; '<U se prodtutun mouvement convu!sifdes!èvrcs,MMtremblement des joues qui se creusent, une constriction

doutoureuse de ta prorj6re les yeux découverts et sait-

iants sont ~xës sur t'ohjët qn! provoque ÏMterreur, ou ~ieu

ils roulent incessa mrncut d'un côté A l'autre « ~Mc <~MC

oo~~M ocMtoa<o<«tM~Me~~rM< M!~es pupiUM sont, pu-FSH-ii,pMdij~teuttcment dilatées. tous tes mnscies du corpsdeviennent rigides, ou sont pris de convulsions. Les mains

se ferment et s'ouvrent alternativement, 'souvent avec des

mouvements braques. Lesbras se portent parfois en avant,comme ponr écarter quelque horrible danger; ou bien ils

M lèvent tumultueusement au-dessus de la tête. Le Mcve-

rend M. Ma~enauer a observé ce dernier ffeste chex un

Austraiien terriMë. Dans d'autres cas, il se produit une ten-

dance subite et invincible A fuir a toutes jambes; cette ten-

dance est si forte qu'on voit les meilleurs soldats y céder et

se laisser emporter par une panique soudaine.

Quand ta frayeur atteint une intensité extrême, l'épou-vantabto cri de la terreur se fait entendre. Ue grosses

gouttes de sueur pertent sur la peau. Tous les muscles du

corps se rc!achcnt. t~neprostration complète survient rapi-dement, et les (acuités montâtes sont suspendues. Les in-

testins sont impressioïmés. Les sphincters cessent d'agir et

laissent échapper les excrétions.

Le docteur J. Crichton Brownc m'a communiqué une

relation si frappante d'une frayeur intense ressentie parune femme aliénée a~ée de trente-cinq ans, que je ne puis

m'empêcher de la reproduire. Quand ses accès la saisissent,elle s'écrie Voi!& i'enfer! YoitA une femme noire! !m-

i7. VoirSir C.liell,~«M«c<~Mo/< MM.Sac.,<M2,p. 308.AMa<omyo/'J~pt~M~)tj,p. 88et pp. <6~6)).

<8.Voir,sur te routcmentdesyeux,Moteau,dansl'édit. de i820deLavater,tome tv~p. 2C3. Voir aussi<!ratiotet,Pc ~«oMom~p. i?.<

Page 333: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3t< PBAYËUM.

possible de fuir! Il et autres exclamations du même ~enre.Hn même temps, elle passe alternativement d'un tremble-

ment jarénéral &des convulsions. Un !nstaut, elle ferme les

mahM. tend tes braadetnt-ftéchM devant ett<dKnt nnc a~"

titude raid< puis elle se courbe brusquement en avant;elle se penche rapidement A droite et A gauche, elle passeses doigts dans ses cheveux, porte les mains Msou cou et

essaye de déchirer cesvêtements, Los muscles sterno-cteido-

mastotdiens (qui ihclinent h tet<*sur la poitrine) deviennent ,`tr~s saillants, cotame tumcués. et la peau dit !a région anto-

Meure du cou se smonnode rides profondes. La chevelure,

qui est coupée ras derrière ta tête et est iMseà t'etat nor-

mal, se hérisse, tandis que ics mains cmmetent celle quicouvre la région antérieure. La physionomie exprime une

angoisse extrême de l'esprit. La peau rougit sur te visageet

le cou, jusqu'aux clavicules. et les veines du front et du cou

font saillie comme de gros cordons, t<atevre inférieure s'a-

baisse, et quelquefois se renverse. la houchc reste a demi

ouverte; la mâchoire inférieure se porte en avant. Lesjouesse creusent et sont profondément sittonnëes de tignes cotir-

bcs (lui s'étendent desailes du nez aux coins de la bouche.

Les narines ettes-tnemcs se soulèvent et se dilatent. Lesyeuxs'ouvrent iarg'cment, et au-dessous d'eux la peau semble

tumcnee; les pupilles sont dilatées. Le front est couvert de

nombreuses rides transversates; vers l'extrémité interne des

sourcils, il présente des sillons profonds et divergents, dus

A ta contraction énergique et persistunte des muscles sour-

citiers.

M. Bett a décrit aussi 19 une scène d'angoisse, de ter-reur et de désespoir, dont il a été témoin A Turin, chez un

meurtrier que l'on conduisait au supplice. « tte chaque côté

)&.(Mwn~tMMw<f~y, <M5,p. M, ctt~dansThe~M~ontyo/'J!.e-t<t'fM<'OM,p. <(?.

Page 334: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

PRAYEUn. 9t9

de charM-tte étaient assis te« prêtres ofRciants, et au

milieu le criminel tui-méme. tt était impossible de content-

pler Fêtât de ce misérable sans cn'e saisi do terreut', et

pourtttnh commf st on f'ntob~r a quelque cmvrf'ment

étrange, on ne pouvait détourner les yeux de cet horrible

spectacle. tt paraissait avo!r trente-cinq ans environ; i!

était grand, tnuscn!eux; ïestNHts tic son viNt~e étaient ac-

centués et ftn'ouch<*s;A denu nu, pAle comnM la mort. to)'-

tut'ôparia ten'cnr, les ntombt'os tordus d'angoisse, les mains

serrées convut~ivement, le visage inondé de sueur, te sour-

cil coMrhéet froncé, il cmbt'assait continuellement la u~urede notre Sauvem', peinte sur la banni&t'e (jui était suspenduedevant lui, mais avec une angoisse de sauvagerie et de dé-

sespoir dont nul mot ne peut donner la plus légère idée. M

Je ne citerai plus qu'un seul cas, relatif & un homme

complètement abattu par la terreur. Un scélérat, meurtrier

de deux personnes, fut porté dans un hôpital, parce qu'oncrut à tort qu'il s'était empoisonné. Le docteur W. Oglel'examina avec soin le lendemain matin, au moment ou ta

police vint t'arrêter et s'emparer de lui. Sa pateur était

extrême, et sa prostration si grande qu'il avait peine il

mettre ses vêtements. Sa peau transpirait; ses paupièresétaient si bien baissées et sa tête si fortement penchée, qu'ilétait impoli h!c do jeter un seul regard sur ses yeux. Sa

mâchoire inférieure pendait. Aucun muscle de la face n'était

contracté, et t<;docteur Ogtc est à près sur que ses cheveux

n étaient pas hérissés; car, en t'observant de près, il recon-

nut qu'ils paraissaient avoir été teints, probablement dans

un but de déguisement.

Arrivons A l'expression de la crainte chez tes diverses

races humaines. Mes correspondante s'accordent a dire quelessignes de cette émotion sont partout tes mêmes que chez

tes Européens. Ils se manifestent d'une mcon excessivechez

Page 335: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HÉtUMEMJEKTM8 CMKYRUX.at6

les Hindous et les indigènes de Ceytan. M. (!each a vu des

Malaisterrines devenir pAles et trembler; M.Brough Smythraconte qu'un naturel australien, '< étant un jour extrême-

menteffraya, chftMjSfadcK'ontenretprtt une teinte analogueA la p&Ieur, autant que nous pouvons la comprendre chez

un homme noir. M.Hyson Lacy a vu une extrême frayent')nan!fosté<!chez un AustraHen pat' un tremblement ner-

veux des mains, des pieds et des lèvres, par l'appari-tion de gouttes de sueur sur la peau. Un grand nombre de

peuples sauvages ne répriment pas les signes de la crainte

autant que le font les Européens, et souvent on les voit

trembler violemment. « Chez les Cafres, dit Gaika, ie

tremblement du corps est très marqué, et les yeux s'ou-

vrent largement. Chez tes sauvages, les muscles sphinc-ters se rct&chent souvent. On peut observer ce même symp-tôme chez les chiens, lorsqu'ils sont très effrayes, et je l'ai

constaté également chez les singes terrifiés auxquels on fai-

sait ta chasse.

~efMMmM~des c&~eM.r. Quetques-uns des signes de la

frayeur méritent une étude un peu plus approfondie. Les

poètes parlent continuellement des cheveux hérisses sur la

tète; Brutus dit à t'omht'c de César « Tu glaces mon sanget fais dresser mes cheveux. Il Après le meurtre de Cto-

cester, le cardinal Meauforts'écrie « Peigne donc ses che-

veux vois, vois, ils se dressent sur sa tète. MComme jen'étais pas sur que les auteurs de fictions n'eussent pas

applique à l'homme ce qu'ils avaient fréquemment o!)-

serv<5chez les animaux/je demandai au docteur Crichton

Browne quelques renseignements sur tes aliénés. 11me ré-

pondit qu'il avait vu très fréquemment, chez ceux-ci, les

cheveux se hérisser sous l'influence d'une terreur extrême

et subite. Par exemple, un<*femme folle, & laquelle on est

parfois obligé de pratiquer des injections sous-cutanëes

Page 336: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M~MMBMBNTOM CHEVEUX. 3t7

de morphine, redouté extrêmement cette opération, très`

:pou douloureuse d'aiMeurs, parce qu'elle est persuadée qu'onintroduit dans «on système un poison qui va ramollir ses os

et taico tomber ae~chaicaen poussière. Rite devient pat<fcomme la mort; ses membres sont secoues par une sorte

de spasme tétanique, et sa chevelure se hérisse en partiesur le devant de la tête.

Le docteur Browne fait remarquer en outre que le héris-

sement des cheveux, qui est si commun chez les atiénés, n'est

pas toujours associé à la terreur. Ce phénomène se voit

surtout chez les individus affectés de tuante chronique, qui

extravag'uent au hasard et ont des pensées de suicide; c'est

surtout pendant le paroxysme de leurs accès que ce héris-

sement est remarquable, Le fait du hérissement des cheveux

sous la double intluence de la rage et de la frayeur s'accorde

parfaitement avec ce que nous avons vu A propos des ani-

maux. Ledocteur Browne cite plusieurs exemples Al'appuiainsi, chez un individu qui est actuellement à l'Asile, avant

le retour de chaque accès de manie, « les cheveux se

dressent sur son front comme la crinière d'un poney des

Shetland tl m'a envoyé les photographies de deux

femmes, prises dans les intervalles de leurs accès; et, rela-

tivement A l'une de ces deux femmes, il ajoute que « l'état

de sa chevelure est une démonstration convaincante et sufn-

sante de l'état do son esprit M.J'ai fait copier l'une de ces

photographies; ai une petite distance, la gravure donne

exactement la sensation de l'original, si ce n'est que les

cheveux paraissent un peu trop grossiers et trop crépus.L'état extraordinaire de ta chevelure, chez les aliénés, est

dû non seulement à son hérissement, mais aussi &sa séchr.-

resso et à sa dureté, qui sont liées au défaut d'action des

glandes sous-cutanées. Le docteur BucknUl a dit 20 qu'un

20.Citépar ledocteurMtmdstcy,Body«M<<Jf~, 1870,p. 4i.

Page 337: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mtt PRAVBUtt.

lunatique « est tuoatique ju~u'aM bout des doigts ;(

tmt'Mt pu ajouter qu'H r<~ souvent jus~n'A P<*xt)~m!<~de

ch&ctm de ses cheveux.

Le dateur BrowMQcUo te Jf<ntsujvaut, comtnc ~aCt'-

nmtton cmph'ique du rapport qm existe chex tes <dienës

<!ntt'«t'<H&tde la chevelure et i'~tat de t'espt'H. Cn médecm

so!g<mHune malacleatteinte de n~ttutcolie ai~uc et aMocMe

d'une pem' tcrpibte d<'ht mot't pour eUc-memo, pour son

fijt.t!<. Étatdf lachcvOxn*che):unefemmeatien~!d'apteeuneptMtcaMt~

mari et pour ses enfants. Ot', la ve!Uem6nte du jour oft ma

lettre lui parvint, la fetamc de ce médecin lui avait dtt« Je crois que M' ~Mérira bientôt, caf sa chevelure de-

vient douce; j'ai constamment observé que nos malades vont

mieux lorsque leurs cheveuxcessent d'êtres rudes et rebelles

au pet~ne.Le docteur Browne attribue l'état persistant de rudesse

des cheveux, chez beaucoup d'aliénés, en partie au trouble

qui affecte constamment plus ou moins leur esprit, et en

partie à l'influence de l'habitude, c'e~t-A-direau hérissement

qui se produit souvent et avec force pendant leurs fréquents

Page 338: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CONMACDOSf PU P~AU~tEH. ~t0

accès. Chez les malades dans lesquels ce symptôme est très

marque, la maladie <?stganératement incurable et mortelle;chez ceux dans lesquels il est modère, ta chevelure revient

a sa douceur normale au~ttôt~tto l'affecUon iMentaleest

gUét'ie.Nous avons vu dans un précèdent chapitre que le poil

esthérissé, chez les animaux, par la contraction des petilsmuscles lisses, involontaires, qui s'attachent A chacun dct)

follicules. ïndcpendamment de cette action, chez 1 honun<

d'âpre tes expériences tr&s concluantes que M. Wood mo

communique, tes cheveux de la partie antérieure de ta tête

.qui N'implantent d'arrière en avant, et ceux de ia nuque

qui s'implantent d'avant en arrière, sont entrainés en sens

inverse par la contraction de roccipito-frontal ou muscledu

cuir choveht. Ainsi ce tnusctc paraît contribuer à produirele hérissefnent de ia cheveturo chez l'homme, de même quele muscle analogue paHMtCM~ cantMM, aide à l'érection

des piquants sur le dos de certains animaux, ou mêmejoncle principal rôle dans ce phénomène.

CoM<Mc<<onJ<t musclepeftMMMr. Ce muscle s'étend sur

les parties latérales du cou il descend un peu au-dessous

des clavicules, et remonte jusqu'à la partie inférieure des

joues. Dans la figure 2, on en voit une portion (M),connue

sous le nom de rMcrMM;la contraction de ce muscle attire

tes coins de la bouche et la partie inférieure des joues en

bas et en arrière. En même temps apparaissent, sur les

sujets jeunes, des saitUes divergentes longitudinales, bien

marquées sur les côtés du cou; citez tes vieillards amaigris,il se produit de nues rides transversales. On a dit quelque-fois que le peaussier n'est pas soumis a t'entpire de la vo-

tonté; cependant demandez au, premier venu de tirer les

coins de sa bouche en bns et en arrière avec une grande

force, presque toujours it fera agir ce muscle. J'ai entendu

Page 339: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M FRAYKMK<

parler d'un individu qui pouvait &volonté le mettre en action

d'unseulcoté.

Sir C. BeM et d'autres auteurs ont établi que le peaussier se coutfactMfortoment sous l'influence de la frayeur;te docteur BuchcnM! 1mattribue tant d'importance dans

l'expression de cette émotion,qu'il l'appelé le <nM<efede la

frayeur H admet cependant que sa contraction est com-

I)lètement.mexpre!<s!ve,si elle n'est pas associée A celle des

muscles qm ouvrent largement les ycax et bouche. Il a

pubMé une photogmpMe (ot-desspus copiée avec réduction)du même vieMhn'dque noMSavons déjà vu apparaître A di-

veMCMreprises, avec les sourcHsfortement relevés, la bouche

ouverte, et le peaussier contracté, le tout au moyen de i'élec-

tricité.J'ai montré la photographie originale A vingt-quatre

personnes, en leur demandant, sans aucune explication,

quelle expression eiie paraissait rendre: vingt ont réponduimmédiatement frayeur intenseou Aot~M~ trois ont dit

e~rMt, et une malaise ~~me. Le docteur Duchenne..a

donné une autre photographie du mème vieillard, avec le

peaussier contracte, la boucheet les yeux ouverts et les sour-

cils rendus obliques &u moyen du galvanisme, t/cxpressionainsi produite est frappante de vérité (voir pl. \'tt, fig. 2)

l'obliquité des sourcils ajoute l'apparence d'une grande dou-

leur intellectuelle. L'original ayant été montré A quinze

personne, douze ont répondu terreur ou A<MTMtr,ettrois

<M~oM«!ou grande MM/aMce. D'après ces exemples et d'a-

près l'étude des autres photographies publiées par le doc-

teur Duchenne, avec les remarques qui les accompagnent,on ne peut douter, je crois, que la contraction du peaussier

n'ajoute puissamment à 1 expressionde la frayeur. Cependantil n'est guère possible d'accepter pour lui la dénomination

2t. AHatMt~RzpMMtOM,p. i68.92. M<!MM<~m<'(lela f~s~rn~ humaine,~6MM~légendeXt.

Page 340: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~.tM.t.M tft~t,~&t

Page 341: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

1

OOXTHACTtON OM PBA~MtM. a~

1"" ""Ç

2t

<!c muMtode la frayeur, car ? contraction n'est certaioe-

mentpaa Mëcessiurcmanti!<;o &cet état de l'ostpnt.Uneexterne tcrpeMfpeut se manifester de ta manière !a

t~ae nette par nncpA~~m~rMto,~ !a M'ansptt'atiou t!e

M(T.<M. TeMeur.u'apW~unet'hoto~raphtedadocteurttuchenae.

la peau, et par une prostration complète, tous tes muscles

du corps, y compris le peaussier. étant completonent retA-

chë~ Le docteur Browne, qui a vu souvent chez tes aliénés

ce muscle trembler et se contracter, n'a pu cependant reKct'

son action à aucune émotion éprouvée par eux; il a potu'-tant étudié avec un soin particulier tes mn!ades aiïcctéa

Page 342: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

~M FRATfBUn.

d'une grande crainte. M. Nicol a observé, au contraire,

trois cas dans lesquels ce muscle paraissait contracté d'une

manière plus ou moins permanente sous l'innuence de la mé-

tancolh!, as~eié~ &une pour intense; maisr~~n~l~nt de ces

cas, divers autres muscles du cou et de la t6te étaient sujetsaussi à des contractions spasmodiques.

Le docteur W. Ogle a observé, a mon intention, dans

l'un des hôpitaux de Londres, une vingtaine de malades,au moment ou on allait les soumettre A l'anesthésie' par le

chloroforme pour les opérer. Us avaient un peu de tremble-

ment, mais ne manifestaient cependant pas une grande ter-

reur. Dans quatre cas seulement, le peaussier se contracta

visiblement; et il ne commençait &se contracter que lorsqueles malades commençaient a crier. Cette contraction parais-sait se produire au moment de chaque inspiration profondeen sorte qu'il est tt'&sdouteux qu'elle dépendit en aucune

façon d'un sentiment de crainte. Mans un cinquième cas,le malade, qui n'était pas chlorbformisé, était très euirayé;son peaussier se contractait avec plus de force et de persis-tance que chez les autres. Mais ici même il y a lien de

douter; car M.Ogle vit ce muscle, qui paraissait d'aMIeurs

anormalement développé, se contracter au moment o& le

patient leva la tête de dessus l'oreiller, une fois ropérationterminée.

Étant très embarrassé do décider comment la crainte

pouvait avoir une action, dans bien des cas, sur un muscle

supornciel du cou, je m'adressai a mes nombreux et obli-

geants correspondants pour obtenir des renseignements sur

ta contraction de ce muscle se manifestant dans d'autres

circonstances. Il serait superflu de reproduire toutes les ré-

ponses que j'ai reçues. Elles démontrent que le peaussier

agit souvent d'une manière différente et &des degrés divers,dans des circonstances nombreuses et variées. Il se contracte

violemment dans l'bydrophobie, et avec un peu moins d'é*

Page 343: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COMTHACTtONPU t't!AUB8!M. 3M

nergie dans !o trismus; quelquefois aussi, d'une manière

marquée, pendant l'im<ensibilitéproduite par le chloroforme.

Le docteur W. Ogle a observé deux malades du sexe mas-

CMnn.aoM~rant d'une t~Mo diMcotté do retirer qtt'ï! fallutlettr ouvrir la trachée; chez l'un et l'autre, le peaussier étttit

fortement contracté. L'un de ces individus entendit h con-

versatijundes chîrargteas qui l'entouraient, et, quand il put

parler, il (tëctant qu'il n'avait pM eu peur. Dans d'autres

cas do gêne très grande de Ja respiration, dans lesquels on

n'eut pas recours A la trachéotomie, cas observés par les

docteurs Ogle et ~an~stan*. le peaussier n'était pas con-

tracte.

M. J. ~'ood, qui a étudié avec tant de soin, comme on le

voit par ses diverses publications, ies muscles du corps. hu

main, a vu souvent le peaussier agir dans le vomissement,les nausées, le défont; il l'a vu se contracter aussi, chez

des enfants et des adultes, sous l'inlluenco de la fureur, par

exemple chez des femmes irlandaises qui se querellaient et

tic provoquaient avec des gestes de cotère. Le phénomènetenait peut-être, dans ce cas, au ton ai~u et criard de leur

voix irritée; je connais en effet une dame, excellente musi-

cienne, qui contracte constamment son muscle peaussierdans l'émission de certaines notes élevées. J'ai constaté le

même fait chez un jeune homme, quand il tire certaines

notes de sa uùte. M.J. Wood m'apprend qu'il a trouvé le

peaussier plus développé chez les personnes qui ont le cou

mince et les épaules larges; et que, dans les familles où

.ces caractères sont héréditaires, son développement se lie

habituellement avec une puissance plus grande de la vo-

lonté sur son analogue l'occipito.frontal, qui fait mouvoir

le cuir chevelu.

Aucun des faits précédents ne parait jeter un jour quel-

.conque sur l'action de la frayeur sur le peaussier; mais il

~n est autrement, il me semble, de ceux que je vais main-

Page 344: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

FBAY~H.M4

tenant rapporter. L'individu dont j'a! déjà parlé, et qui peut

agir A volonté sur oc muscle, d'uu coté seulement, ie con-

tracte bien certainement des deux côtés toutes les fois qu'iltpessaiU&de surprise~ J'at déjà démont~papdtv~HtespMuvea

que ce muscle agit quelquefois, peut-être dans le but d'ou

vrir targcment la bouche, lorsque la respiration est rendue

difficile par quelque maladie, ou encore pendant la profonde

inspiration des accès de ct'm, avant une opération. Oi', tot's-

qM'nno personne tressaiHe Aquelque aspect imprévu, ou à

quelque bruit subit, elle exécute tout d'abord une respira-tion profonde; c'est ainsi que la contraction du peaussier a

pu s'associer «u sentiment de la frayeur. Toutefois il y a, jecrois, un lien plus efficace eutre les deux phénomènes. L'in-

vasion d'une sensation de crainte ou la pensée d'une chose

effrayante provoque ordinairement un frisson. Je me suis

surpris moi-même éprouvant un léger frémissement Aquel-

que pensée pénible, et je percevais nettement alors quemon peaussier se contractait; il se contracte également si jesimute un frisson. J'ai prié diverses personnes d'en faire au-

tant. et j'ai vu ce muscle agir chez les unes, et non chez

les autres. L'un de mes lits. sautant un jour du lit, frisson-

natt de froid, et, ayant porté par hasard ta main à son cou,il sentit clairement que son peaussier était fortement con-

tracté. 11 frissonna volontairement, comme il t'avait fait

dans d'autres occasions; mais le peaussier ne fut plusaffecté.M. J. Wood a aussi observé plusieurs ibis ïa contraction de

ce muscle chez des malades que l'on déshabUhut pour les

examiner, et qui n'étaient pas effrayés, mais frissonnaient

un peu de froid. Malheureusement je n'ai pu vériner s'il

entre en action lorsque le corps entier tremble, comme dans

la périodealgide d'un accès de nèvre. Ainsi, puisque le

peaussier se contracte fréquemment pendant le frisson, et

putsqu'un frisson ou un frémissement accompagne souvent

le début d'une sensation de frayeur, il y a là, je crois, un

Page 345: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

UtLATATtON DK8 PUPtLbKS. 3M

enchaînement de phonomcnett guipent nous expliquée la

contraction de ce muscle sous rinflueuce de ce dernier sen-

timent Cependant cette contraction n'accpmpagno pasUtvariaMcmëht crtnnte~M~~ e!lc tic se produit probable-ment jamais sous l'influence de l'extrême terreut qui amené

une complète prostration.

~t~ftOM des pupilles. Cratiolct insiste & plusieurs re-

prises 21 sur ce fait, que les pupilles se dilatent énormé-

ment sous l'influence de la terreur. Je n'ni aucune raison do

douter de l'exactitude de cette affirmation j cependant jen'ai pu on trouver de preuve confirmative que dans le seul

cas, déjà cité, d'une femme tbnc, aScctëe d'une grande

frayeur. Lorsque tes romanciers parient des yeux largement

dilatés, je présume qu'ils veulent parler des paupières. Chez

tes perroquets, d'après Muuro t'iris est impressionné partes sentiments,indépendamment de nnMucnee de la lumière;mais te professeur Donders m'informe qu'il a constaté sou-

vent dans la pupille de ces oiseaux des mouvements qn*itcroit devoir rapporter aux euets de l'accommodation à di-

verses distances; c'est ainsi que, chez nous, les pupilles se

contractent quand nos yeux convergent pour voir de près.<!ratiolct tait reMarqucr que les pupilles dilatées donnent

à l'œil la même apparence qu'il présente dans une profondeobscurité; or il est certain que la frayeur a été souvent

provoquée chez l'homme dans l'obscurité pas assez souvent

cependant, ni assezexclusivement, pour que ce fait puisse

23. Le docteurt~chenneadoptecette manièrede voir (htcoe<Mc,p. 45),puM~u'))attribuelacontractiondu peaussieraufrisson</<'la peMr,toMtefoisi!compareaMtcuracephénomèneavecceluiffu!pMduitle hé-rtsaemcntdu)wttchezunquadrupèdeeffrayé,assimUatioMqo'Hestd!<-<!e!kd'admettrecommeparfaitementlégitime.

2t. De/<tPA~tOHM)«',pp.8~ 2SO,346.25.CitédansWhite,Ct~aMomM~o, p. :}?.

Page 346: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOKREUM.M«

expliquer ta naissance et la persistance d'unt? habitude.

associée de ce genre. !t semble plus probable, en sup-

posant que l'afnrmation do Cratiolet soit exacte que ic

aetwcaH ~st direcicm~NLtunpMsst~ par la pu~anto émo-tion de la crainte, et qu'il réagit sur la pupille; toutefoin

le professeur Monders ïMe prévient que c'est ta une ques-tion extrêmement complexe. Je puis ajouter, comme pouvant

jeter pcnt-~trc nn peu de lumière sur ce sujet, que le doc-

teur Fytte, de l'hôpital ~cttey, a observe, sur deux tnatades,

que les pupilles étaient nettement ditatées pendant ta pério-de algide d'un accès de Mevre. t~e professent Donders a

coostaté souvent au«~i ia dilatation de la pupittc au début

de l'évanouisitetnent.

~otveMf. L'état d esprit exprimé par ce mot supposede la terreur, et, dans certains cas, ces deux termes sont

presque synonymes. Bien des malheureux ont du ressentir,a vaut la merveilleuse découverte du chloroforme, une ho)~

reur profonde A la pensée d'une opération chirurgicate

qu'ils devaient subir. Quand on craint, quand on hait un

individu, on ressent, suivant t'exprcssion de Mittou, de l'hor-

reur pour lui. La vue de quelqu'un, d'un enfant par exempte,

exposé A un danger pressant, nous inspire de l'horreur. !1

est aujourd'hui bien peu de personne!! chez lesquelles ce

sentiment ne se manifestât avec ta plus grande intensité, sielles voyaient un homme mis A la torture ousur le point do

la subir. Uans des cas de ce genre, nous ne courons évi-

demment aucun danger; mais, par la puissance de l'imagi-nation et de la sympathie, nous nous mettons a la placedu patient, et nous ressentons quelque chose qui ressemble

A de la crainte.

Sir C. B<*Mremarque que « l'horreur est un sentiment

S6. ~M<t<(W/0/ JE.qM'CMK~p. t69.

Page 347: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOMK~B. 337

très ~ne~ique k corps eat dans ttn état do tension externe,

que n'a<ssc ~M~s!& f~yeur M. On doit par conséquent s'at-

tendre & voir l'hon'ctu* s'accompagnet' d<' ht contraction

~ncf~iquc des tiourcUti; mais en môme temps, comme ta

ft~. M. Herrcuf et wO~aoce <'xh~t)tc. M'apnM<met'h<'t<~M)'t'iedu<)<M:t<!Uft«t<;heMt)C<

eraunte est Fun des ëMmcnts de cette émotion, tes yeux et¡

ia bouche doivent s'ouvrir et les sourcils se retever, autant

que !e permet l'action antagoniste des aourcUiers. Une pho-

tographie du docteur Dnchenne (S~. 21) nous montre le

27. JM~M~BM~C~« PAy<t«)HMM<~~~KW, pi. 0: pp. 44-~S.

Page 348: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Ma MOMBKUn.

vieillard dont il a déjà été question, tes yeux fixes, tes sour-

cils un pou relevés, et très froncés en même temps, abou-

che ouverte, ft le peaussier contracté, le tout par ta galva-nisation. L'expression ainsi obtenue exprime, selon M. Du-

chcnhc, une extrême terreur, accompagnée d'une douleur

horrible, d'une véritable torture. Un malheureux mis A la

question, par exemple, ofh'irait sans doute l'expression d'une

horreur cxtrcMe tant que ses souMrances, laissant encore

ttattre la crainte dans son esprit, lui permettraient de songerA l'aggravation imminente de ses angoisses actuelles. J'ai

montré l'éprouve de la photographie on question à vingt-trois personnes des deux sexes et do divers Ages; treize

d'entre elles ont immédiatement prononcé les mots d'Ao~teMr,de grande MM/yranM,de <o~Mreou d'a~oMM;trois pensèrenta une grande frayenr en tout seize avis, qui concordaient à

peu près avec la manière de voir de M. Duchenne. Il y en

eut six ou contraire qui crurent reconnaître une expressionde colère, frappées sans doute par la forte contraction des

sourcils et négligeant l'ouverture particulière de la bouche.

Une autre crut y découvrir le dégoût. En somme, il est évi-

dent que nous avons iA une excellente représentation de

l'horreur et de l'angoisse. La photographie mentionnée plus

haut(p<. VH, ng. 3) exprime également l'horreur; mais la

position oblique des sourcils que l'on y remarque indique,<mlieu d'énergie, une détresse morale profonde.

~'horreur s'accompagne ordinairement de divers gestes,variables avec les individus. Si l'on s'en rapporte à certains

tableaux, le corps entier se détourne ou tremble, ou bien

les bras sont violemment projetés en avant, comme pour

repousser quelque objet en'rayant. Le geste qui se produitle plus souvent, si on en juge par la manière d'agir ordi-

naire de ceux qui s'eubrccnt de représenter d'une manière

frappante une scène d'horreur, c'est l'élévation des épaules,tandis que les bras sont étroitement serrés sur les côtés ou

Page 349: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CONCLUStOX. 3M

au devant de lit ppitrîno. Ces mouvements sont &peu prèsles mômes que ceux que provoque, en général, une extrême

sensation de froid; ils s'accompagnent urdinairemeut d'un

~Msspn,~nst que d'une pKtbB<te Mpicatton o<tttMp!ntttcn,suivant que ta poitrine se trouve être &ce moment duatée

ou contractée, Les sons qui se produisent dans ces circon-

stances peuvent se représenter plus ou moins exactement parles consonances euh ou eugh !ï n'est d'ai!!eurs pas facile

d'expliquer pourquoi une sensation de froid et l'expressiond'un sentiment d'horreur nous font ëgaïcment serrer les bras

contre notre corps, lever les épaules et frit~onaer.

Co<Mh<M<Mt.Je viens d'essayer de décrire les diverses

expressions de la peur dans lesgradations qu'elle suit, depuisla simple attention et le tressaillement de la surprise jusquela terreur extrême et l'horreur. On peut expliquer quelques-uns des modes expressifsqui Ja revêtent au moyen des prin-

eipesderhabitude, dcrassocï<ttionetde !'hôt'edite; il en est

ainsi, par exempte, de l'acte qui consiste A ouvrir tout grandsles yeux et liebouche, en relevant les sourcits de façon &

jeter le plus rapidement possible nos regards autour de nous,et à entendre distinctement te moindre son qui puisse frap-

per nos oreittes; c'est en euoi ainsi que nous nous sommes

mis ordinairement en étut de reconnattre ou d'affronter un

danger quelconque. Quetques-uns des nutres signes de la

frayeur peuvent encore s'expliquer, en partie du moins,

par les mêmes principes. t~'puis des générations innombra-

bles, par exemple, l'homme a cherché a se soustraire à ses

ennemis ou à un péri! quelconque, soit par une fuite préci-

pitée, soit par une lutte « outrance; or de pareils enoris ont

du avoir pour euct de faire battre te coeur avec rapidité,

28. VoyM!,à ce sujet,)csremarquesde M.Wedgwooddans l'intro.duct'ondesonMc~Mo~o/j~a~A ~mo~jy, ~c<t!t., <8?3,p. xxxvtt.

Page 350: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

Mo COXCLUStON.

d'accélérer la respiration, de soulever la poitrine et de dilaterles narines. Comm<*ces effort ont été souvent prolongés jus-

qu'à tout<; extrémité, te résultat nnal a du être une prostra"

iioncomplûle, do lit pâleur. de ht transph'attpn, ta tremble-ment de tous les muscles ou km* complet relâchement.

Maintenant encore, chaque fois que l'on fessent vivement

un sentiment de frayeur, alors metne que ce sentiment n<'

doit provoquer aucun effort, les mêmes phénomènes ten-

dent A reparattre, en vortMdu pouvoir de l'hérédité et de

t'associa tion.

Néanmoins il est proJMtbte que, sinon pres<jue tous, MU

moins un ~t'and nombre des symptômes de terreur indiques

plus haut, tels que le battement du cœur, ie tremMetnent

des muscles, !a sueur froide, etc., sont en grande partie dux

directement a des perturbations survenues dans ta transmis-

sion de la force nerveuse que le système cerebr«-spinat dis-

tribue aux diverses parties du corps, ou même a son in-

terruption totale, par suite de l'impression profonde faite sur

l'esprit de l'individu. Nous pouvons rapporter sdrement A

cette cause, entièrement indépendante de l'habitude et de

l'association, les exemples dans lesquels les sëcrétipna du

canal intestinal sont modifiées, et ceux où les fonctions de

certaines glandes sont abolies. Quant & l'érection involon-

taire des poils, chez tes animaux, nous avons de bonnes rai-

sons de croire que ce phénomène, quelle qu'ait été d'ailleurs

son origine, concourt avec certains mouvements volontaires.

A leur donner un aspect formidable pour leurs ennemis; or,

comme les mêmes mouvements, involontaires et volontaires,

sont accomplis par des animaux très voisins de l'homme,nous sommes conduit A croire que celui-ci en a conservé,

par voie héréditaire, des vestiges devenus maintenant inu-

tiles. C'est assurément un fait bien remarquable que la per-manence jusqu'à l'époque actuelle des petits muscles lisses

qui redressent les poils si clairsemés sur le corps presque

Page 351: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COSCf.~StO'}!. 3:n

ont!<*m<'nt~tahrc de l'homme;Hn'estpas moinstnMt'<"<sMttd'ohaerverque ces masc~s se contractent cncot'esous !'ht-

<!uonce<tcsmêmes émotions (t&terrem' et ta t'ag'e~parpxe~ph~ q~L~t hémMt' te<t ~HadManimmtxptacèt !m\

dernipt'séche!onsde t*'trdrc<mquctt'homme appartient.

Page 352: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CHAPtTREXHL

ATTHSTtOXt'OHTt!t!SCttSOt'M~ME.))ONTK.T<M<MT~.NOUESTtE.KOUCKUM.

Xaf'fcdola rougeuf. MérAdtht.PartiesducorftquiensontleplusafceMes.ta rougeurcheztesdt~cfaexraceshumaines. Gestesc<tneomttanta.Con-

fusion. Causesdela rtjmgCMr.t/attenMott~tt<!eeurfi0)*m6moen estt'eté*maMtfondameatat.–ThntdH6.–Monte,prenant deta~t")attondetMsmont!esoudesrèglesdocon~ntion.–M<M<estte.TMoftodota Mugeut. H<cat')tu-tati'Mt.

t.a rougeur est la plus spôctatc et la plus humatMe de

toutes les expressïons. les singes deviennent rouges de

coïfre, mais il nous faudrait une évidence bien irrésistible

pour nous faire croire qu'aucun animal puisse rougir, dans

le sens de ce mot qui s'applique a l'homme. La coloration

du visage qui se produit alors est due au relâchement des

parois musculaires des petites artères, qui permet aux capil-lait'es de se remplir de san~r; cette expansion vasculaire

dépend cllc-mcme de l'excitation des centres vaso-moteurs

appropriés, Il n'est pas douteux que, si ce phénomène se

produisait sous l'influence d'une grande agitation de l'esprit,la circulation générale serait troublée; mais quand le réseau

de petits vaisseaux qui couvrent le visage se gorge de sangsous une impression de honte, le cœur n'est pour rien dans

le phonom&ne. On provoque le rire en chatouillant la peau,les pleurs on le froncement des sourcils en donnant un coup,le tremblement par l'appréhension d'une douleur corpo-

Page 353: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOUOËUM. 33~

relie, etc.; au contraire, suivant une remarque du docteur

Burgess i! n'est pas de moyen physique, c'est-A-dn'e d'ac<

t!on portée sur le corps, qui puisse donner naissance à ht

rougeur. Ette est cxch~yome~t MMS~ d~penda~

pressionnabilité de l'esprit. Non seulement. d'aineurs, la

rougeur est involontaire, mais encore le désir que nous

avons de la réprimer, en attirant notre attention sur notre

personne, nous y dispose de plus belle.

La jeunesse rougit beaucoup plus tacitement que l<tvieil-

lettsc; on ne peut en dire autant de l'enfance 2; particularité

remaK{uaMe, puis<{uenous savonsque tes enfants en bas âgedeviennent rouges de colère. J'ai appris pourtant de source

très certaine que deux petites lilles rougissaient a i'ajtfede

deux et trois ans; je pourrais citer encore l'exemple d'un

autre enfant très i)npressionnah!e, d'un an plus a~e, et qui

rou~is'Mtit lorsqu'on le reprenait de quelque faute. Beaucoupd'enfants rougissent d'une maniërt* extrénicmcotmarfptéc.

lorsqu'ils ont atteint MMâge un peu plus avance, Il semble

que tes facultés intellectuelles des jeunes enfants ne soient

pas encore sufnMunmcnt développées pour leur permettrede rougir. t)e td vient aussi que tes idiots rougissent rare-

ment. Le docteur Crichton Browne a entrepris pour moi des

observations sur ceux qui étaient confiés & sef soins; il

ne les a jamais vus rougir, à proprement parler; il a seu-

lement vu leur visage se colorer, de plaisir apparemment, à

l'aspect de leurs aliments, et parfois aussi de colère. Néan-

moins. ceux qui ne sont pas entièrement abrutis sont ça"

pabtes de rougir. C'est ainsi qu'un idiot microcephato, âgede treize ans, dont le regard s'éclairait un pets lorsqu'il était

i Thel'hyriola~~orhlecha~~ismn/Nlmhïnr~,839,p.UO.J'aurai souventt. rA<* M~o~ycetouvrage"~M~M~,1830, cechapitre.

souveatt'occaa!oMdec!tercetoMWMgedaa&tecourant<!ecechapitre.

2. DocteurMurgess,tt~ p. SO.Ala pageM, il remarqueégatcmottque les temmMroMgtMcntplusaisémentque teshommes,commenousteverronsplusloin.

Page 354: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUGEUR.334

content ou qu'il s'amusait, se mit A rougir et dcto<trn&1«

visage, au dire du docteur Bchn lorsqu'on Je déshabilla

pour lui faire subir un examen médical.

La femme t'ouvrit beaucoup plas que l'homme. J!t estrare d<<voh'r'tùgtr un vieiHard II t'est beaucoup moins de

voir rougir une vieille femme. Les aveugles même ne font

pas exception A cette règle. La pauvre Laum Mridgman,

aveugle de naissaMcc et complément soufde, fou~it le

ttévérend tt. H. «tair, principal du collège de Worccstor,

m'informe (pc, pnt'mi !<?sept ou huit enfants avcHgtes-nés

qui w trouvent dans cet asile, trois rougissent trea A~ci-

k'ment. !.cs avenues n'ont pas immédiatement con~ience

qu'on les observe, et une partie très importante de leur

éducation, nte dit encore M. Bhur, consiste à leur inculquercette notion l'impression qu'ils en ressentent accrolt beau-

coup chez eux la tendance ta rougir, en augmentant l'habi-

tude de faire «tiôn~ion A leur personne.La tendance à rougir est héréditaire. Le docteur Burgess

cite, par exempte, une famille composée du père, de la

mère et de dix cnûtnts, et dont tous les membres saos cxcep-tion étaient portes a rougir Aun degré véritablement péniMe.

Lorsque les entants furent grands, « on <'nenvoya quelques-uns faire des voyages afin de les débarrasser, si possible,de cette sensibilité maladive; mais rien n'y Ht Onpeutm~me Itériter de certaines particularités dans la manière de

rougir. Sir James t'aget. examinant un jour le dos d'une

jeune fille, fut frappé de sn singulière manière de rougirune large plaque rou~c apparaissait d'abord sur une joue

puis venaient d'autres plaques éparscs sur le visage et sur

Citépar Vogl,Ah'mott'csur lesJMtcroc~pAa~!K67,p. a«. doc-teurBurgcss(~M.,p. S6;doutequeles idiotsrougissentjamais.

t. Lieber,On twa~SoKM</<,etc., SmithMnianContributions,t85<,vot. Il, p. s.

S. ~M.,p. tM.

Page 355: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROMKUB. M5

le COQ.Avant demandé peu après Alit mère si Hafille rou-

gissaithabituellement de cette singulière façon « Oui, lui

fut-il répondu elle tient cette singularité de moi. » Sir

James ~u~s*a,pQr~t~~quac&t~<;neNtioR venait de M~

rougir la mère elle-même, et qu'elle présentoit exactement

la même particularité que sa fille.

En général, le visage, les oreilles et le cou se colorent

seuls; cependant diverses personnes, braqu'eUes rougissent

beaucoup, sentent tout leur corps s'échautTep et frémir; ce

qui prouve que tout le tégument doit être plus ou moins

impressionné. On commence quelquefois, parait-il, à rougir

par le front, mais c'est plus ordinairement par les joues, et

!a cotor&tiongagne ensuite les oreilles et le cou Chez deux

albinos examines par le docteur Burgess, !« rongeur com-

mençait par une petite taclie circonscrite sur les joues, au

niveau des anastomoses nerveuses qui existent dans la ré-

gion parotidienne, et s'élargissait ensuite en cercle; entre

ce cercle et la rougeur du cou se trouvait une tigne de dé-

marcation très apparente, bien que la coloration de ces deux

parties eût paru simultanément. La rétine, qui, chez les

albinos, est naturellement rouge, le devenait constamment

davantage au moment oA ils rougissaient. Tout le monde

a remarqué avec quelle facilite to rougeur disparatt et re-

paratt sur le visage. Elle estprécédée d'une sensation parti-culi&reAla peau. n'aprcs le docteur Burgess, elle estordi-

nairement suivie d'une légère pâleur, ce qui prouve queles vaisseaux capillaires se contractent après s'être dilatés 7.

tl arrive quelquefois, bien que très rarement, que la pateurse produit lorsque tout, au contraire, semblerait devoir

porter &rougir. Une jeune femme me racontait, par exemple,

que, se trouvant un jour en compagnie très nombreuse

6.Moreau,danst'cdtt. deLavaterde <?(),vol.tV, p. 3M.7. Bargess,<Md.,p. 38; sur la pateur qui aucccdc&la roH~otr,

p. m.

Page 356: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MO HOUCEUM.

et un peu pressée dans la foule, ses cheveux s'accrool~rent

Mhien au bouton d'un domestique qui passait près d'elle,

qu'il lui fallut un b<tu moment avant de pouvoir les dé-

broMiHcr; d après la sensation qu'elle avait ressentie, elle

pCMatutavo!r rougi extr~ mem~ht mais une amie l'assura

que tout au contraire otte étatt deveMuctr&s pAle.J'avais un vif d~sir de savoir jusqu'A quelle limite la

rougeur du corps pouvait s'étendre; pour y répondre, Sir

J. Pag'et, qui a nécessairement de fréquentes occMMn~

d'obscrvet' ce phënom&ne, a bien voulu y faiM ~ttentMU

pendant deux ou trois ans. U a reconnu que, che&les fonunes

dont le visage, les oreiUes et la nuque se couvrent d'une

rougeur mtcnse, elle ne descend, en générât, po~splus bas.

n est rat'e de !a voir s'étendre jusqu'à~ clavicule et A l'omo-

plate ce chirurgien n'a jamais, pour M part, vu la roug'eufs'étendt'c pins Ijas que lit partie supérieure de lit poitrine.Ma remarque également que la rougeur s'atfaiMit quelque-fois à mesure qu'on descend, non pas d'une tnaniere gra-duei!e et insensihtc, mais par taches routes et irrég'uti&rt's.

docteur t~n~statT a également, sur ma demande, rf!-

cucHH des observations sur plusieurs femmes dont le corpsne se colorait pas te moins du monde, tandis que tour vMu~eétait pourpre. Chezles aliénés, parmi lesquels quetques-unssemblent particulièrement enclins à rougir, le docteur Cri-

chton Mrowne a souvent vu la rougeur s'étendre jusqu'à la

clavicule, et môme, en deux occasions, jusqu'aux seins. Il

me cite le cas d'une femme mariée, a~ee de trente-SRptans,

qui était atteinte d'épilepsie. Le lendemain matin de son

arrivée & l'Asile, le docteur Hrowne et ses aides l'examinè-

rent pendant qu'etle était encore au lit; au moment où ils

approchercut, s<'s joueset ses tempes se colorèrent vivement,et la rougeur s'étendit rapidement jusqu'aux oreilles. Elle

était extrêmement agitée et tremblante. M. Brow~e ayantdéfait le col de sa chemise pour examiner l'état des pou-

Page 357: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

aOUOEUB 3~

M

mons, une vive rougeur «' répandit sur sapoitfine, décri-

vant une lignf courbe au-dessusde chaque soin, et descen-

dant entre les sems, pr<Mtquejusqu'au cartilage cnsitorme

Mtiéressant, ett c~ que la rougeurne se propagea vers la partie inférieurf qu'au ntouent ou

l'attcntioo de la attente se porta sur cette partM de sa

peMonnf;. fendant le com~ de i'pxanten ntëdica!, la matade

se cahna et. )a roogeur d!spat'ut;utajs les tnemes pMntt-m&oesse repmd~istfcnt dans mainte autre occasion.,

D'après ce q«i précède, nous pouvons établir, comme

règle génerate, que chez tes fêtante anglaises la rougeurne s'étend pas an doiAdu cou <'tde la partie supéncafe de

ia poîtrim?. Néanmoins je tiens de S!r Paget un fait clu'onlui a cM6 <h'rni&t'emcntet dont rauthentictte lui ptn*attcef-

taine il s'agit d'une petite fille qui, choquée d'un acte

qu'eUe s'imaginait être une inconvenance, se couvrit do

rougeur sur toute la surface de l'abdomen et sur ia partie

supérieure des jambes. Moreau 8 raconte aussi, sur la foi

d'un peintre ccièhre,f que la poitrine, tes épaules, les

bras et tout le corps d'une jeune fille, qui ne consentit A

lui servir de modèle qu'avec répugnance, rougirent lors-

que pour la première fois elle fut dépouillée de ses vête-

ments.

!t serait curieux de savoir d'où vient que, dans la plu-

part des cas, it n'y a que t<*visage, les oreilles et le cou quirougissent, bien que souvent la surface du corps tout entière

frissonne et s'échauffe. Cela parait dcpeNdre surtout de ce

que le visage et les régions voisines sont hnhitueUonent ex-

posés A l'air, a la lumière et aux variations de la tempéra-ture par suite lesarterioics ont non seulement acquis l'ha-

bitude do se dilater et de se contracter facilement, mais elles

semblent métne avoir pris un développement plus conside-

N.VoirLavater,édit.de <MO,vol.tV~p. 3M.

Page 358: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUOKUK.m

râblé que dans d'autres parties de la sur~ce cutanée C'es~

probaMement A ta mêmecause, ainsi que l'ont remarquéM. Morcau et le docteur Burgess, qu'il faut attribuer la

facilité avec laquelle le visage rougit sous t'influence de cir-

constanct's diwiws, tct!ës q~*un acc~s de n~vrc, une cna-leur modérée, un exercice violent, un accès d<'co!pre, un cou?t~er, etc.; la mëtnc raison explique comment il est, au con-

train', prédisposé Ap&tirpat' !'en<"tdufroid ou de la frayeur,et rend compte de sa décoloration pendant l'accouchement.

Le visage est aufMipat'ticuJi~t'cment disposé il subir l'atteinte

des affections cutanées, telles que la variole, !'érysipMe, etc.

Ce qui vient encore A l'appui de cette opinion, c'est que les

hommes de certaines races, qui ont l'habitude d'aUer près*

que nus, rougissent souvent jusque sur les bras, ta poitrine,et quelquefois mcrne jusqu'à la ceinture. Une dame, qui

<rougtttrès facilement, a dit au docteur Crîchton Browne que,

lorsqu'elle est confuse ou a~itce, son visage, son cou, ses

poignets et ses mains, en un tnot toutes les parties de sa

peau exposées A l'air, se couvrent de rougeur, Il est néan-

moins permis de douter que l'exposition habituette de la

peau du visage et du cou, et ta puissance de réaction sous

l'influence de toutes sortes de stimulants qui en est ta suite,rendent un compte suffisant de ta tendance de ces partiesdu corps à rougir plutôt que les autres, comme on t'observe

chez les femmes anglaises. En etTet, les mains sont ample-ment pourvues de nerfs et de petits vaisseaux, et ont été

exposéesA l'air tout autant que le visage ou !e cou; cepen-dant tes mains rougissent rafement. Nous verrons tout A

l'heure que ce qui fournit probablement une explication suf-

fisante de ce fait, c'est que l'attention de l'esprit a été di-

rigée plus souvent et plus sérieusement sur le visage quesur toute autre partie du corps.

U.Burgess,!M., pp.«4-<M. Moreau.dansLavater,!M'A,vo!.!v,p.293.

Page 359: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUGEUR. 330

jEofOM~wcAM ~M~tMMMMCMAMMOtMM. L'ômotion

de !a hoMtegorge de sang tes petits vaisseaux du visage,chez pt'esque toutes les races humaines; aucun changement t

de couleur bien distinct n'ë'!t cependant visibte chez les

races au teint très foncé. La rougeur est manifeste dans

toutes les nations aryennes de l'Europe, et, jusqu'à un cer-

tain point, dans celles de t'!nde. M. Erskine ne l'a pourtant

jamais vue descendre incontestablement jusqu'au cou chez

tes Hindous. M.Scott a souvent observé chez les Lepchas de

Sikhim uue légère rougeur sur les joues, à ta naissance

des oreittes, et sur les côtés du cou, en même temps que les

yeux étaient mornes et la tête baissée. Cette expression ap-

paraissait lorsqu'il tes surprenait en flagrant détit de mon.

songe, ou leur reprochait leur ingratitude. Le teint pâte et

Mômede ces hommes rend chez eux la rougeur beaucoup plus

apparente que chez la plupart des autres indigènes de l'tnde.

Ces derniers, d'après M.Scott, trahissent la honte, peut-êtreun peu mélangée de frayeur, en baissant ou détournant la

tête et en regardant de côté et d'autre avec inquiétude,bien ptus que par un changement de coloration quelconquede la peau.

Les races sémitiques rougissent aisément, comme on de-

vait s'y attendre d'après leur ressemblance générale avec

les races aryennes. Aussi est-il dit des Juifsdans le livre de

Jérémie (chap. v<, i5) « Ils n'en ont eu aucune honte, et

ils ne savent ce que c'est que rougir! M"' Asa Gray a vu

un Arabe qui conduisait maladroitement un bateau sur le

Nit, « rougir jusque par derrière le cou M,aux faitteMesde

ses camarades. Lady DutTCordon a noté aussi qu'un jeuneArabe rougit en se présentant devant elle '<

M. Swinhoe a vu rougir des Chinois; mais il croit que

<0.ic~M/'MM J~Mpt,IM5~p. ce. lady GordonM trompeen disantque lesMalaiset tes tnutAtresnerougbseatjamais.

Page 360: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

NM MOUGEUR.

la chose est rare; leur langue possède cependant l'expres-sion '<rougir de honte ?. M. Coach me fait savoir que les.

Chinois établis A Malacca et les Matais indigènes sont sus-

ceptibles de rougir. Quelques-unes de ces populations vont

A peu pr6s hues. et cet observateur "a. surtout porte son at-

tention sur la limite inférieure de la rougeur. Sans parlerdes cas où le visage seul se coterait, il a vu la routeur de

la honte se répandre sur le visage, les bras et la poitrined'un Chinois Age de vingt-quatre ans. Même fait chez un

autre Chinois, dont tout le corps se couvrit de rougeur lors-

qu'on lui demanda pourquoi son ouvra~' n'était pas mieux

fait. Chez doux Matais", il a vu se colorer Je visag< le cou,la poitrine et !<'sbras; <*tchez un troisième Matais(un Bugis),la rougeur s'étendit jusqu'à la ceinture.

Les Polynésiens rougissent facilement. Le Bev. M. Stack

a observe des centaines d'cxcmptfs d<'ce phénomène chez

les habitants de la NouveHc-Zéiandf. Le fait suivant m<~

rite d*ctr<' cite, parce qu'il se rapporte A un vieillard. an

teint remarquablement foncée (?t qui était en partie tatoué.

Apres avoir loué pour une pftïtf rente annuelle sa terr<'

à un Anglais, il fut saisi d'une violente envie d'acheter une

voiture tcgét'Mqui était depuis peu fort a lit mode chez tes

Maoris. Pour cela, il désirait' que son fermier lui payât

quatre ans d'avance, et il vint consulter M. Stach pour sa-

voir si la chos(! était faisable. Cet homme était vieux, gau-che, pauvre, déguenillé, t't M. Stack fut tellement diverti

A l'idée de le voir s'étaler dans une voiture, qu'il n<*put

s'empêcher d'éclater de rire. Le vieillard Il rougit alors

jusqu'à la racine des cheveux JI est fréquent, dit

Forster, de voir la rougeur sur les joues des plus belles

femmes de Tahiti On a également vu rougir les in-

«. LecapitaineO~born(OKcdaA,p. «?) dit, en parlant d'un Mataisauquelil reprochaitsa cruauté,qu'il fut satisfaitde te voirrougir.

i2. J. R. Forster (0&Mfc<~<WMt&tWMy« Vcy<t~<'MM«<<~e WofM,

Page 361: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

nOUOEUN. M<

dignes de ptusicuM autres Mrchipcïsde l'océan PacxSquc.

JH. Washington Matthows Mvu souvent rougir les jeunes

~<MMM(femmes) appartenant aux diverses tribus indiennesde rAmeriquc du Nord. I~s indigènes doha T~i'e-dc~t'cu~Al'extrémité opposée du continent, « rougissent beaucoup,dit M.Bridges, surtout quand il s'agit de femmes; mais ils rou-

gissent certainement aussiau'sujet de leur propre personnaCotte dernière assertion s'accorde avec mes propres souve-

nirs au sujet d'un indigène de la'ferre-de-Feu, Jemmy But-

ton, qui rougissait quand on le raillait sur le soin qu'il pre-nait à cirer ses souliers et a se parer do toute autre manière.

Ouant aux Indiens Aymara des plateaux étevcs de Bolivie,M.Forbes dit que, vn la couleur de ieurpcaa, il est impos-sible que la rougeur soit aussi nettement visible citM eux quechez tcxraces btanches; toutefois, dans les circonstances quinous feraient rougir, on voit toujours chez eux la mctne

expression de pudeur ou de confusion; et. tnemc, dans l'obs-

curité, on peut sentir sur la peau de leur viM~c une étéva-

tion de température, comme chez les Européens". Chez tes

Indiens qui habitent certaines parties de l'Amérique du Sud,

oAle climat est chaud, égal et humide, litpeau ne paraît pastraduire aussi aisément l'excitation morale que chez les peu-

in-t*,~778,p. 239). Dansun ouvrageintitulétM<M~McMoMAM<Aw-po~ (traductionanglaisede <863~vol.t, p. i3S),WaitzdonnedesMn-seignementssurd'autres lies de l'océanPacmque. VoiraussiDam-pier (4n tl~e~ftrshing01'~nguincsr~,vol.Il, 1).40);je n'ai pasconsultécetouvrage.MMttMH~o~Ï\<M~MfHM<,voi. H,p. lesKalmouksne rou-cetouwage. Waitïdit, d'âpresBergmann,que tesKaimouksne rou-gissentpas; mais,aprèsceque nousavonsvudesChinois,il est per-miad'en douter,tt cite aussiKoth,quirefuseauxAbyssinsia facultéde rougir. Le capitaineSpecdy.quia si longtempsvécu chexles

Abyssins,n'a malheureusementpasrépondua mesquestionssur cepoint.Je doisajouter enfinque le rajahBrochen'ajamais remarquela

moindreapparencede rougeurcheztesDyaksdeBornée; cesderniersprétendentau contraire,dans des circonstancesqui amèneraientcheznousta rougeur, qu'ils sententle sangabandonnerleur visagew.

<3.Tr<M!M«.f~<AcRAtM/<~tc<t<Soc.,<8?e,vol.Il, p. iO.

Page 362: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M MUCEÙM.

ples des parties septentrionales et méridionales du continent,

qui ont été longtemps exposés adcgmndcs variations dotem-

pérature; liuml)oldt cite, en effet, sans In démentir aucune-

ment, cette parole méprisante de l'Espagnol « Comment

Se neynceny<pn n&savën~~p~ n'?'ij'o!f 'gl)ifc(~riij~

tius, parlantdes aborigènes du Brésil, assurent qu'on no peut

pas, à proprement parler, dire qu'ils rougissent. Ce n'est

que lorsqu'ilt!eurent été longtemps en relation avec lesMânes,et qu'ils curent reçu quelque éducation, que nous pûmes

apercevoir chez les Indiens un changetnent de couleur ex-

primant les émotions de leur esprit' » On ne peut cepen-dant pas croire <jnetelle ait été chez eux l'origine de ta fa-

culté df rougir; mais sans doute l'habitude de s'occuper de

leur personne, qui résultait de leur éducation et de leur nou-

veau genre de vie, augmenta beaucoup une tendance quidevait d'ailleurs être innée.

Plusieurs observateurs dignes de foi m'ont assuré avoir vu

sur le visage des nègres quelque chose qui ressemblait il la

rougeur, sous l'influence de circonstances qui l'auraient ex-

citée chez les blancs; leur peau était pourtant d'un noir d'e-

bène. Quelques-uns décrivent ce phénomène en disant quechez eux la rougeur est brune; le pins souvent oo dit queleur teinte foncéedevient alors plus intense. H semble qu'une

plus grande quantité desang dans la peau larende plus noire;c'est ainsi qu'on voit certains exanthèmes, chez les nègres,rendre les parties malades plus foncées, nu lieu de tes faire

rougir, comme ilarrive chez nous" La peau, devenant plus

<4.Humbotdt,PcM<M<a<~(t~M'c, traduct. anglaise,vol. t!t,p. 92M.iH.Cttepar Prichard,Mys.A~. <~3faHJMM<<,4' édit., <85~vol. l,

p. 27i.i< VoirsurcesujetBurgess,(Md.,p. 32. Yoira<MS)Waitï,Mro~M.

<MM<o~M<A<~po~,<!<ttt.angt.,vot.1, p. i3S. Moreaudonneunedes.c)r!pttondët<utMe(Lava(cr,<?«, tome IV,p. 302) de la rougeurd'uneesclavenègredeMadagascar,forcéeparun maltrebrutala montrersonsoinnu.

Page 363: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUGEUR. 3M

tendue lorsque lescapillaires se remplissent, revêt peut-être

par cciam~me une te!nt<!diuerentc de cette qu'elle avait pré~cédemment. Nous pouvons être snrs que tes capittait'cs du

visage des negrc« s'injectent de sang ~uamdils ôptanveatun sentimentde honte car, chez unenégt'esseatbinosparMite-ment caractérisée, décrite par BuKbn". on voyait unct~~reteinte cr<tmoiMcs'<5ten<!r<'sur sesjoues tcn'squ'e!!cse montrait

nue. Loscicatricesde Ja peau demeurent Manches très !ottg-

temps chez les nègres, et le docteur Burgess, <}Utettt do JM.

quentes occasions d'observer une hatafro de ce g'enre sur k

visaged'une nëgrcsse, !a vit distinctement « devenir rouge,

chaque fois qu'on lui parlait sans quctie s'y attendit, ou

qu'on l'injuriait d'une façon grossière~ on pouvait voir

la fougeur s'ëtcndre du pourtour de la cicatrice vers son mi*

lieu, mais sans atteindre tout à fait le centre. Les mutatres

rougissent souvent avec une grande facilité, et la rougeur

parait et (tisparatt successivement sur !cnt*visage. O'aprcs ces

faits, on ne peut mettre en doute que les nègres fOM~<M<*n~bien qu'à proprement parler, aucune coloration rougene soit

visiblesur leur peau.Gaikact M"~Barber m'assurent que h's Cafres de l'Afrique

méridionale ne rougissent jamais mais cela peut simplement

signifier qu'on uc peut distinguer chez eux aucun changementde couleur. Caikaajoute que, sous l'innnencedc circonstances

qui feraient rougir un Européen, ses compatriotes « n'osent,

dans leur confusion, lever la tête

Quatre de mes correspondants m'assurent que les Austra-

liens, lesquels sont presque aussi noirs que des nègres, ne

rougissent jamais. tJn cinquième me répond dubitativement,

<?.Citépar Mchard, <'A~. M/'JM«MMM<~4*édit., <85t,vol.p. MS.

iN. Burgess,<&M.,p. 3<. Sur la rougeurchezles mulâtres,voyezp. 33. J'a! reçudivers renscignementsanaloguesrejativementà cesderniers.

Page 364: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3« BOUCEUH.

en faisant remarquer qu'une très vive rougeur sente pont être

aperçue, par suite de h teinte foncée de ia.peau. Trois ob-

servateurs affirment qu'ils rougissent' mais, d'après M.S.

Wnson,on ne peut s'en apercevoir que lorsque t'émotionest

t~ forte; ~toFs~~rnb~nc~ dp v~t<'meh~`.:

propreté n'a pas permis & lu peau d<*prendre une couleur

trop foncée. M.Lang me fait cette réponse J'ai remarqué.

que presque toujours lit honte nmèae chez les indigènes une

roMgcurqui peut parfois s'étendre jusqu'au cou. MHajoute

qu'ils cxprinx'nt la honte « en tournant les yeux de côté. et

d'autre M.Lang a été prfjfesseur dans une école indigène;il estdonc probable qu'il a surtout observé des enfants; et

nous savons que ceux-ci rougissent plus aisément que les

adultes. M.G. Taplin a vu rougir des métis, et il ajoute quelesaborigènes ont un mot pour exprimer la honte. M.Mag'c-nauer, l'un des observatfursr qui n'ont jamais vu rougirles Austrahens, dit « qu'il les a vus, sous t'empirc de la

honte, baisser les yeux vers la terre Un missionnaire,M. Bu!mcr, écrit « Bien qu'il ne m'ait pas été possib!cde découvrir chez les indigènes adultes rien qui ressemblât a

de la honte, j'ai remarqué chez les enfants, lorsqu'ils sont

honteux, que le regard devient inquiet ot humide, et qu'Ussemblent ne savoir où h' reposer.

Les faits qui précèdent prouvent surabondamment que la

fOM~M~qu'elle ait ou non pour effet d'amener une colora-tion de la face, est un caractère commun A la majorité et pro-haMemcnt même At'universatitë des races humaines.

J!fOMt'<MeHMgestes qui accompagnent la ~OM~CM~. Un

vif sentiment de honte amène un irrésistible désir de se ca-

cher" Onse détourne; on détourne surtoutte visage, que i'on

<<B&rr!ngtond4tegttcmentque tesAMStratiensdela Nouvelle-GallesduSudrougissent;ciMpfu'Waitï,<tM.,p. <3!i.

M. M.Wedgwoodprétend(Wet.oy& ~y"~y, vol. i865,

Page 365: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HOU6BUM.

tache de soustraire &la vue d'autt'ui. Un individu qui a honte

Mepeut guèit'e soutenirie regard dt'« assistant aussi prévue

toujouM il baisse les yeux ou regarde de coté. Mais,comme

il a en m&metemps un vtf désir ~c cacher son trou~~il ,fait""

de vains c~oftspourre~ardt't' en faceJa pcrsonuc qui i'intpt'es-

stonne;MenrésuiteuneJu<tequi nousdonnetactefdeiasingu-M~remobilité du re~afd J'ai remat'qM<S,chez deux femmesq<ti

fou~ssaicttt sou vent, la bizarre habitude, pMbabtcmentcon-tfactée de cette tnanièM*, de cligner des paupi~'es avec une

extraordinaire rapidité. Parfois une rougeur intense s'accont-

pagne d'une légère effusionde larmes~; ce phénomcnept'o-

vioht, je présutne, de la participation des glandes lacrymalesA l'afflux sanguin exagéré qui envahit alors, comme on le

sait, !escapiUah'cs des parties voisines, y compris ceuxde !a

rétine.

Beaucoup d'autcuM, anciens et modems, ont ))'cmar({uéles

tnoMvetnentsprécédents. En outre, nous avons déjà vu que,eh<'zles indigènes de diverses contrées, iu honte se traduit

par le regard baisse ou oMique. et par la mobilité des yeux.Esdras s'ëct'ie (cb. tx, verset 6) « 0 mon Dieu,j'aï honte,et je rougis trop pour oser élever, ô mon Dieu. ma face vers

toi! MOnlit dans !saïc (ch. t., verset C) « Je n'ai point caché

nton visage par confosMn! Senèque fait remarquer (CpMH.

xt, 5) que « tes acteurs de Home, lorsqu'ils veulent exprimer

p. ~:) quefemotanglais<A<ïMc(honte) a pent-~treeu son or:ginedansl'idéede se mettredans l'ombre,de se cacher,et ~u'cnpeut le

rapprocherdubasallemand<!cA<:m<qui ?ign!<!eombreouombragee.Gratiotot(De~'tjf'A~ pp. 3S7-302étudieavecsagacitétesgestesquiaccompagnentta honte;toxhttbtaquetqucs-unesde ses remarquesmeparaissentun peu fantaisistes. Voir aussiBurgcss(~M., pp.<;C-<34)sur le mêmesujet.

Xi.Burgess,~M, pp. <8i.t82. Boerhaavea egatementpignab'(citeparGratiotc),fM~ f. ~t) la tendanceau larmoiementpendantune

rougeurintense. M. ttuhncr,commenoust'avonsvuptuahaut~partedes«yeuxhumidesdes enfantsaustraliensquandils sontcontus.

Page 366: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MC ROUGMH.

lit honte, baissent lit tête, et tiennent leurs regards fixés sur

ta terre, mais sont incapables de rougir ». M'aprcs Macrobe,

qui vivait au v''siecte(~o<ufMaM<H. VU, c. H), « les philo.

sophesnaturatistes prétendent que la nature, sous l'empirede la honte, étend devant ctte comme un voile de sang~,de

mëmpqup !'on peut voir souvent quctqM'nn qui rougit se

couvrir la facede ses mains M.Shakespeare (y~<M~tM~'oH«;«<,

act. Il, se. v) fait dire par Mu~usA sa nièce « Ah! mainte-

nant la confusion te fait détourner le visage. Unedame m'a

raconté l'anecdote suivante. Elle retrouva a Lock Hospitalune jeune fille qu'elle avait cnmmo précédemment, et qui

depuis était tombée au dernier deg'ré do la misère et do l'a-

bandon ta pauvre créature, &son approche, se cacha la tête

sous les couvertures, et on ne put parvenir A la découvrir. On

voit souvent lespetits entants, timides ou confus, se détour-

ner. et, sans se baisser, cacher teur n~urf dans le jupon de

leur mère; on bien encore on tes voit se précipiter sur ses

genoux, la tAtelit première.

CoM/tMtOM. t<aplupart des gens, torsqu'iis rougissent,

éprouvent un<'certaine confusion dans tours facultés intettec-

tuelles. Nous trouvons la trace de ce fait dans des locutions

usuelles du genre de cette-ci « Elle fut couverte de confu-

sion. Dansces circonstances, on perd parfois toute présence

d'esprit, et on prononce des paroles dépourvues de sens. Sou-

vent on est embarrassé, on hathutie, on est, gaucho dans ses

mouvements, les traits sont grimaçants. Dans certains cas,il se produit des trcssaincmenis dans les muscles de ]a face.

Une jeune femme, fjuiest sujette A rougir excessivement, tn'&

con~e qu'en pareil cas et!c ne !Mntmême pas ce qu'eue dit.

Rt comme je lui demandais si cela ne tenait pas à l'embarras

causé par le sentiment de t'attention dont sa rougeur était

t'ohjet, elle répondit qu'il n'en pouvait ~tre ainsi, <'car elle

s'était parfois sentie tout aussi troublée lorsque, seute dans sa

Page 367: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOUGKUB. !M7

chambre, elle Mugissait A une pensée qui lui traversait !'es-

pnt".Voiciun exempte du trouble d'esprit <«cess!fauquel sont

exposes certaines peraonnes imprcsaionnabtes. Unami, q~cje pourrais citer, m'a assuré avoir été le tétnoin ocotaired';

la scène suivante, t'n petit dlner était donné en l'honneur

d'un homme très timide, qui, tofsqn'H <e leva pour remer-

cicr, se récita à lui-même !c discours qu'il avait visiblement

appris par cœuf, sans articuler un seul mot; ce faisant, toute-

fois, il gesticutait avec emphase. Ses amis, comprenant ce

dont il s'agissait, applaudissaient bruyamment ce prétendumorceau d'éloquence chaque fois que son attitude marquaitun temps de repos; aussi l'orateur ne s'aperçut n «Moment

qu'il n'avait pas un seul instant rompu le sUencc. An con-

traire. il se félicita ensuite auprès de m~n ami d'avoir ob-

tenu ce succès exceptionnet.

Lorsqu'une pcrsonuc confuse ou très timide rougit beau-

coup, son caour se met à battre rapidement, sa respirationest troubtee. Ces phénomènes ne peuvent guère manquefd'auecter la circulation sanguine du cerveau, et peut-être en

morne temps les facultés intellectuelles. Toutefois, si t'en se re-

porte à l'influence, encore plus grande sur la circulation, de

!acolore et de ïa crainte, il est douteux que cette explication

puisse s'appliquer au trouble de l'esprit qu'amène une ron-

geur intense.La clef du proMème réside probablement dans la sympa-

thie intime qui relie la circulation capillaire superficielle de

la face et du crâne avec celle du cerveau~ Je me suis adressé

tl ceaujetau docteur J. Chrichtou Browne, et il m'a commu-

niqué plusieurs faits qui s'y rapportent. Lorsque le nerf

grand sympathique est sectionné d'un côté de la tête. les ca-

piMa!resde ce côté se retachent et scgorgent de sang, !apeau

rougit, s'échauue, et en même temps ia température s'élève

de co même côté dans l'intérieur de la cavité crânienne.

Page 368: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3~ BOUURUB.

L'inflammation des membranes qui enveloppent le cor-

veau amène la congestion de la face, des oreilles et des

yeux. Dans la première période d'une crise d'épilepsie, il

paraît exister «ne contraction des vaisseaux cérébraux,

et le synq~me inttiai est une cxtr&mepâleur des traits.

L'érysipdc de la tète se complique fréquemment de dé-

lire. !i n'est pas jusqu'au soulagement d'une forte nngraioe,

qu'amène ta rubéfaction de la peau par une lotion ex

citante, qui no puisse, me semble-t-il, être considéré comme

un phénomène du mêmeordre.

La docteur Browne a souvent administré à ses malades la

vapeur de nitrate d'amylc qui possède lit singulière pro-

priété de provoquer une vive rougeur de la face au bout de

trente à soixante secondes. Cette congestion ressembte pres-

que en tous points à la rougeur amenée par la confusion; elle

comtncnee sur desparties diverses de la face, et s'étend jus-

qu'Acequ'elle ait envahi toute ia surfacede la tète, le cou et le

devant de la poitrine on ne l'a vue qu'une seule fois s'étendre

jusqu'à t'abdomeu. Lesartères de la rétine se dilatent tes yeux

étincellent, et, dans un cas, on a constaté un peu de larmoïe-

ment. Les sujets se sentent d'abord agréablement excités,mais a mesure que la congestion augmente, Us sont troubles

et comme égares. Unefemme Aqui la vapeur avait été sou-

vent administrée afnrmait qu'aussitôt qu'ettc commençait à

avoir chaud, elle devenait hébétée. Lorsque la rougeur de la

honte apparaît sur le visage, il semble d'abord, Aen juger

par l'éclat des yeux et la vivacité de la physionomie, qu'il yait une certaine excitation de l'activité intellectuelle. Co n'est

que lorsque la rougeur est portée à un degré excessif qu'ap-

paraît le trouble de l'esprit. Il semble donc que, dans la rou-

geur spontanée, aussi bien (luedans celle provoquée par l'in-

?. Voirsurcesujetle mémoiredudocteurJ. CrichtonBrownedansW~ N«<tMOL<ma<«:~j~MtM~MtM~~f~ <M<,p. 9S.98.

Page 369: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KOUOBUB. StO

hatation du nitrate d'amyie, les capillaires de ta face sont

atfecMs avant <jju'itftos<Mtr!cnpas~ dans !e<!parties du cer-

veau qui agissent tes facuttés intcHectucUes. Mciproqnc-

mt'n~ tpt'sque le cM'vfnn~pEU~tttysme~ affecté, ~e~tatioM de la peau l'est. ensuite s<'conda!rement. L<'docteur

Browne a fréquemment observé, me dit-il, des taches et des

marbrures rouges disséminées sur la poitrine de sujets épitep-

tiques. Chez ces malades, Ml'on vient à frotter doucement la

peau dn thorax ou de l'abdomen avec un emyonou un autre

objet, ou même, dans les cas les plus accusés, si seutemcnt

on la touche avec le tloigt, il se formeà sa surface, en moins

d'une demi-minute, des taches d'un rouge vif, qui s'étaient

~quelque distance autour du point qui a été touché et qni

persistent plusieurs minutes. ce que Trousseauappelait les

MOCM/Mc~6f~<; elles indiquent, comme le rcmarquoie doc-

tcurBrowno,unc modincationprofbndcdu systèmevasculaire

de !&peau.nonc, c'a résumé,s'itexistc, ainsi que cctane peutgUHroôtrcmisen dout< un<*étroite sotidarité entre la circuta-

tion capillairc des parties du cerveau qui régissent !'intc!ti-

gonceetct'Uc de la peau de la face, itn'<'st point surprenant

que les causes morales qui amènent une forte rougeur produi-sent du même coup uu trouble intellectuel profond, indépen-damment même de leur propre influence perturbatrice.

Nature des ~~< l'esprit ~nt NMc~~ la fou~eMt'. Ces

états d'esprit sont la timidité, la honte, la pudeur, dont l'é-

lément essentiel est toujours l'attention portée sur soi-tneme.

Il y a bien des raisons de croire, en effet, que la causedéter-

minante de la rougeur a été primitivement i'nmcur-propre,le souci de l'opinion d'autrui rclativetnent à notre extérieur

physique; !c même phénotnénc s'est ensuite reproduit, grâce& l'association, par l'effet de J'omour-propre éveitté a t'en-

droit de la moralité de notre conduite. Cen'est pas la simpleaction de reporter notre attention sur nous-mêmes, mais l'in-

Page 370: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

:jtM' MOUGEUB.

quiétude de ce que les autres peuvent penser do noua qui

provoque notre rougeur; dans une complète solitude, l'indi-

vidu le plus sensible n'a aucun souci de son apparence exté-

rieure. Nousressentonsle htamcou la désapprobation ptus yi-vetncnt,que l'éloge; aussi des remarques défavorables ou ma-

licieusas sut' notre personne ounotre conduite nous font rougir

beaucoup plus facilement qu'une louange. n'est cependant

pas douteux que l'éloge et, l'admiration n'aient anfsl un

grand pouvoir; une jolie fille rougit lorsqu'un homme la re-

~rardeavec insistance, bien qu'elle sache parfaitement que cette

attention n'a rien de malveillant. Beaucoup d'enfanttt, aussi

bien que certaines personnes âgées et sensibles, rougissent

lorsqu'on les comble de louanges. Nousdiscuterons plus loin

la question de savoir comment la pensée que l'on s'occupede notre personne a pu agir sur nos capillaires, en particuliersur ceux de la face, de manière à y faire subitement affluer

le samr.

Je vais indiquer maintenant pour quelles raisons je pense

que l'élément fondamental, dans l'acquisition de l'habitude

de rougir, a été primitivement l'attention portée sur l'état

extérieur de l'individu, et non pas sur sa conduite morale.

Isolées, elles ont peu de poids; mais si on les rappro-che, elles me paraissent en acquérir beaucoup. C'est un fait

notoire que rien ne fait autant rougir une personne timide

que d'entendre une remarque quelconque ait sujet de son as-

pect extérieur. On ne peut même pas avoir l'air de remar-

quer la toilette d'une femme qui rougit facilement, sans queson visage devienne cramoisi. H sufnt, comme l'a remarqué

Coleridge, de regarder fixement certaines personnes pour les

faire rougir; « explique cela qui pourra

23. Dansunedissertationsur le prétendumagnetiemeanimal,dansTable!'«?, vot. 1.

Page 371: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

JtOUCEUtt. 9Rt

Les deux albinos dont il adëjâ été question, observas parle docteur BurgesM,rougissaient vivement « toutes tes fois

qu'on faisait la moindre tentative pour examiner leurs

caractères pat'tteulMrs w ~<Les&m!n'S soat beaucoup pl<M

impt'essionnaltlesque les hommes A l'endroit de leur per-sonne, surtout si t'en fait ta comparaison entre des femmes

et des hommes d'un Age avancé, et elles rougissent avec

beaucoup plus de facilité. LesjcunM gens des deux sexes

sont bien ph)s sensibles sur ce point qno les adultes, et ils

rougissent aussi beaucoup ptus facilement. Le! enfants en

bas âge Merougissent pas; ils ne manifestent pas non pluslesautres signes do eonscience de sa personnalité qui accom-

pagnent ordinairement la rougeur; c'est même un de tours

principaux charmes que cette indifférence absolue du juge-ment qu'ils inspirent. A cet âge tendre, ils peuvent regarderfixementun étranger, sans sourciUer, comme si celui-ci était

un objet inanimé; c'est !Aune chose dont nous, leurs atnes,serions incapables.

Tout le monde sait que les jeunes hommes ut tes jeunesfemmes sont très sensibles à tours jugements réciproques,relativement aux qualités extérieures: et tem' rougeur en pré-sence du sexe opposé est incomparablement plus prononcée

que lorsqu'elle est provoquée par des individus du même

sexe Un jeune homme, même peu sujet a roogir, rougit

jusqu'au btanc des yeux s'il croit que sa tenue peut parattrcridicule à une jeune fille dont te jugement, sur un point, de

quelque importance, lui serait absolument indiQ'ërcnt. Dotout

temps sans doute, tes couples anioureux, aux yeux desquelsl'admiration et t'amour mutucts constituent le premier des

biens,ont maintes fois t'ougi durant leurs entretiens. H n'est

24.?<< p. 4$.ZS.M.MM(TAc~MM~otM"Md<AeWfM,<86S,p. (! parteade!a timi*

dttequeprovoquedanslesdeuxsexes. l'intluonced'unregardéchange,la craintemutuelledesed~httre

Page 372: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

369 ttOUCEMB.

pan jusqu'aux habitants barbares de ta Terre-de-Feu qui, d'a-

près M. Bridges, ne rougissent, « surtout sous les regardsdes femmes, mais aussi par suite d'un simple retour sur

l'ëtat extérieur de leur peittonne M.De toutes le~iparties du corps, c'est te visage tju! est

h' plus en vue et le plus exposé aux regards chose bien na-

turelle, puisque c'csUf M~c principal dcr<'xpr<KMK)nct<jURta se fait i'éMMsstoude !Hvoix. <t'st aufMisur le visttgc <Mt'-

tout que «c !oMMsc'la i<c<tMtéou!a iaidew; aussi, dans !e

tnonde cnti<'r, est-ce !a pattic dit co~ que l'on pare de pré-ïércnce Il en résHhc que te visage doit avoir 6M Fot~et,

pendant dp notnbreuses générations, d'une attention beaucoup

p!us suivie et plus sérieuse qu'aucune autre partie du corpset nous pouvons par conséquent comprendre.qu'il soit tout

spécialement pr~dispos~ a rougir. L'exposition aux variations

de température, etc., a du à coup sor augmenter la diiatabi-

nt6 et la contrapti)it6 des capiMairesde ta face et des partiesvoisines; toutefois ce fait sctd serait impulsant A cxpïiquerla facilité particulière qu'ont ces parties &se couvrir de rou-

geur; car alors on ne comprendrait pas pourquoi tes mains

rougissent très rarement. Chez tes Européens, torsque le

visage se couvre d unvif incarnat, !e corps tout entier ressentun léger frénnssewnt; et dans les races humaines qni vont

ôrdinairo'tnent presque nnes, la rougeur s'étend bien plusloin que chez nous. Ces faits sont, jusqu'à un certain pointafaciles Acomprendre, si l'on songe que chez rhomme primi-

tif, aussi bien que chez les races actuelles qui ont conservé

l'habitude d'aller nues, l'attention ne s'est pas arrêtée seule-

ment sur le visage, comme chez les peuples qui portent des

vêtements.

Nous avons vu que, dana toutes les parties du monde,

26. Voir,&l'appuide cetteoptnion, Dt'M~ane'' <h'~mmë, trad.

frans. parMouMnic,t. )t, p. 71, 3S8.

Page 373: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KOUCEUM. 3M

23

~hommehonteux de quelque faute connnisf a de la tcndftnof

&~e détourner, Aacbaisser, ou &se la Sgttre, sans qu'il

éprouve d'aitleurs a ce moment aucune préoccupation retati-

venMnt à son apparence oxténHure.Le b~t de ces divers g~s'où attitudes ne peut guère 6tredt' cachet' la rougeur, puisqu'on

tes voit se produire dans des circoostancf qui excluent pareltcs-mémcs tout désir de dissimuler la honi<~quand par

exemple le couj<ab!<?se t'cpf'nt de sa faute et la confesse fran-

chement. U est prohabtc qn*avant d'avoh' acquis beaucoupdedéHcatesse <not'a!c,l'hom<n<'pt'nnitifa du être tt'Cssen-

sible & l'état extérieur (!c sa personne, ou tout au moins A

l'impression qu'il pouvait faire sm' l'autre sexe; par suite,toute remarque fâcheuse relativement A ses qualités physi-

ques devait lui Gire dcsa~rëahic, et j)roduirc chez lui FuMe

des variétés de la honte. Or, le visage étant la partie du corpsla plus exposée aux regards, on comprend qu'un individu

honteux de sa personne, ait dtt songer d'abord &cacher cette

partie. L'habitude une fois acquise de cette manière, ses eH'ets

ont du par la suite se reproduire natureMemcnt, sous l'in-

fluence d'une confusion provenant de causes toutes morates.

Il me paranrait difficile d'expliquer autrement pourquoi la

honte ferait nattre te désir de cacher la Cgure plutôt qu'une

partie quctconquf du corps.

Quant &l'habitude si commune, lorsqu'on se sent hon-

teux, de baisser les yeux ou de les tournt'r sans cc~sc de côté

et d'autre, eltf' vient probablement de ce que, à chaque

regard dirigé vers tes assistants, on croit s'apercevoir qu'onest l'objet de l'attention générate en évitant de regarder tes

personnes présentes et surtout de rencontrer tes regards, on

s'cIR~rced'échapper un moment a ce pénib!<' sentiment.

~MMM. Cet étrange ctat d esprit, qu'on appctic aussi

parfois mauvaiseAe~e (<AoMM/oe«~M~ /«/<!<N/KfMc),paraitêtre une des causes les plus efficacesd<'la rougeur. la tiuu-

Page 374: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

304 ROUCEUR.

arat ~p_a.. -II_& .1.

dite se manifesta csscnticUementpM une ~upe fou~ïss~Mtc,le rc~AVdfixésn)' tosol ott dirigéoMiquetnent, dcsg'cstes gan-chcs et succtM~s. t'oup une foisqu'eUc rougit peur f~tpc ren-

due coupable d'une f<uttequiten'ond vraiment honteuse, une

{pnonn MM~!tpc~-Mrc cpttt o~ mitte Mss~M t'etnpi!~ dnsentiment en qucs<")n. Latimidité semble dépendre de notre

crainte du jugement bon ou mauvais d'autrui, surtout

on ce qui regarde nos qualités physiques, Un étrangerne sait rien de notre conduite ou de notre caractère; il ne

s'en inquiète pas; mais ilpeut. cela se voit tons !esjouM,

critiquer notre extérieur; c'est pourquoi ics personnes tinudcssont particulièrement sujettes & devenir rouges et confuses

en présence des étrangers. Hsuffit, pour porter A son comble

le trouble d'un individu timide, de la pensée que sa mise pré-sente quelque chose de particulier ou d'inusité, ou de la

conscience d'un dëfnut insignifiant dans sa personne et sur-

tout dans son visage, toutesehoscsquUuipar<usscnt propresAattirer le regard des étrangers. Au contraire, quand il s'a-

git non plus de notre aspect extérieur, nmis do notre conduite,nous sommes bien plus disposés Ala confusion en présencede nos connaissances, au jugement desquelles nous attachons

quelque prix. Un médecin m'a raconté qu'un jeune duc très

riche, qu'il avait accompagné dans ses voyages en qualité de

docteur, rougissait comme une jeune fille lorsqu'il lui payaitseshonoraires; il est probable cependant que ce jeune homme

n'eut pas manifesté une pareille timidité en acquittant le

compte d un commerçant. Certaines personnes pourtantsont tellement impressionnables qu'il leur suftit d'adresser la

parole A quelqu'un pour éveiller leur timidité et amener

une légère coloration sur leur visage.La critique ou le ridicule nous trouvent toujours très

sensibles, et provoquent notre rougeur et notre confu-

sion bien plus facilement que l'éloge; il faut reconnam'o

pourtant que celui-ci a beaucoup de prise sur certains intM-

Page 375: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HOUGEUM, 9M

vidus. Les fats so~t rarement timides, car ils s'estiment &

trop haut prix pour s'attendre &être critiqués. Comment se

<ait-M que ï'org~ueiïpuisse au contraire s'allier à la timidité,

eommeo~ i'obstcrvo aouveat? ne fant-î! pas adniettt'c que,

ma~ré toute sa suffisance, l'orgueilleux s'inqui&te en réaiite

beaucoup do l'opinion ~'autrui, tout en ia dédaignant? Los

personnes d'une excessive timidité la manifestent rarement

en présence de ceux avec lesquels ils sont familiers, et dont

Us connaissent bien l'opinion favorable et la sympathie telle

par exemple une fille devant sa mère.

J'ai omis, dans ma circulaire imprimée, de demander si

Fon pouvait reconnattre la timidité chez les diverses races

humaines; mais un Hindou a afnrme a M.Frskine que ce sen-

timent est reconnaissttbic chez ses compatriotes.La timidité, Fétymologio n~me du mot l'indique dans

plusieurs tangues, a d'étroites relations avec la peur;eÏ!c est cependant hion distincte du sentiment qu'on désigned'ordinaire par ce mot. Assurément l'homme timide craint ie

regard des étrang'ers, mais on ne saurait dire qu'H a peurd'eux; il peut avoir l'audace d'un héros A la guerre, et ce-

pendant se sentir intimide par des niaiseries en présence d'au-

truL U est peu de personnes qui puissent prendre la paroleen public pour !a première fois sans éprouver une violente

émotion, et bien des orateurs ne parviennent morne jamais A

la surmonter complètement; mais cette impression paraitdevoir être attribuée A l'appréhension de ia lourde tache

qu'on entreprend, accompagnée de sa réaction oblig'ée sur

toute rcconomio, plutôt qu'Alu timidité proprement dite

27. Il. Wedgwood,HM. ~~A .B~n<~<~ vol. lit, i86~ 1). t8t.JIenestainsidumot tath)M)~eMM</M~.

M. M.Bain(TheJ&MO~M<HK<the W~, p.M) s'estoccupede« l'ahu.riMemeot oùt'«Mest en pareilleoccasion,ainsique de la p~ dela«~wdesactcuMnovices.M.Bainparaitn'attribuercessentimentsqu'àtasimpleappréhensionoua lacrainte.

Page 376: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M HOUGELH:

il est certain pourtant qu'un homme timide souffre onpa-reille occasion infiniment plus qu'un autre. Chez les très

jeunes enfants, il est difficilede distinguer h peur de la timi-

dité; mais il m'a souvent paru que, chez eux, cedermersentiment a quelque chose de lnS!mvageried'un animal non

apprivoise. La timidité apparatt de très bonne heure. Chez nn

de mes enfants, Al'âge de deux ans et trois mois, je reconnus

des signes non équivoques de timidité vis-a-vis de moi-

même, après une absence de huit jonrsapcme; il cxprimncette émotion, non en renaissant, mais en détournant légère-ment son regard d<*moi pondant quelques minutes. J'ai re-

marque du reste, dans d'antres occasions, que la timidité ou

fausse honte, aussi hicn que lit honte véritable, peuvent être

exprimées par le regard d'un jeune enfant, avant qu'il ait

acquis la faculté de rougit:.

Puisque la timidité paraît reconnaître pour origine pre.miere l'attention portée sur soi-même, il est très certain qu'en

réprimandant les enfants qui y sont sujets, loin de leur être

utile, on ne fait qu'augmenter leur déthut en donnant une

force nouvelle pt la cause m~me qui l'a fait nattre. On l'a dit

avec raison « Kicnn'est funeste&l'entance comme de sentir

ses sentiments continuellement observes, de voir un a'il scru-

tateur surveiller ses divers mouvements et poursuivre sans

pitié l'expression changeante de ses émotions intérieures.

Sons le poids d'un pareil examen, l'enfant ne peut avoir

qu'une pensée, celle de l'attention qui le poursuit, et qu'unsentiment, lit confusion et !a crainte

Ca!MMmorales, cM~oM/t/f. Si nous considérons la rou-

geur qui dépend exclusivement de moti!s moraux, nous nous

trouvons en présence des mêmes causes fondamentales

2C. E~aysCMPM~tM JMMca<<oM,par Mariaet H. L. Edgeworth,nouv.cd!t~vol. H, <M2,p. 38. t.e docteurBurgess(?«< p. iM,insistebeaucoupsur !cM~rnppoint.

Page 377: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

as?MOUCKUR.

que nous avons déjà rencontrées, en particulier le souci de

l'opinion d'autrui. €e n'est pat ta conscience qui force &rou-

gir car, si sincères que soient ses regrets d'une peccadilte

commise sans témoms, stcu~sa~ts qu~s~~ ekà

la suite d'un crime inconnu, un homme ne rougit pas. « Je

rougis, dit le docteur Hurgess en présence de mes accusa-

teurs. » Ce n'est. pas le sentiment de la culpabilité. mais la

pensée qu'autrui la soupçonne ou la connaît, qui fait monter

la rougeur au visage. Un homme peut, «ans rougir, etM

pénètre de honte d'avoir dit un petit mensonge; mais vient-

M supposer f{Mesa tromperie est découverte, il rougit aussi-

tôt, surtout si elle est démasquée par une personne qu')!estime.

D'autre part, un homme peut ctre convaincu que Dieu

connait toutes ses actions, <~trepénétré de ses fautes et en

demander le pardon dans ses priAres, sans que cette penséele fasse jamais rougir, quoi qu'en pense une dame de ma

connaissance qui rougit très facilement. Cette diH'érence

que nous établissons entre la connaissance de nos actes parDieu ou par les hommes s'explique, me semble-t-it, par ce

fait que le blâme porté par tes hommes sur notre conduite

frise de bien près le dénigrement de notre individu; en

vertu de l'analogie que notre pensée établit entre ces deux

actes, ils produisent sur nous une même impression. t~adé-

sapprobation divine au contraire ne saurait amener une

semblable association d'idées.

On rougit souvent quand on est accusé de quelque faute

dont on est parfaitement innocent. L'idée seule que l'on

attribue a l'une de nos paroles un sens désobligeant ou dé-

placé suffit pour nous faire rougir, malgré la conscience

que nous avons d'être victime d'un malentendu; qu'un acte

soit louable ou insignifiant, une personne impressionnable

30. E~M~sCM~r<M<M<t<JMtMo«OM,~o!.H, p. !?.

Page 378: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUOKua.3M

n'en rougira pa~ moins si elle suppose que d'autres peuvent

l'interpréter autrement. Ainsi, une femme fait Faumonc &un mendiant sans ïa plus tég&re rougeut'; mais le fait-elle

devant des assistants, et peut-ene douter de leur btenveH-

tance ou penser qM'ihïtt taxent d'ostcntatiun, ausatitot etie

rougira. !t en sera de mémf si elle offre des secours & une

femme d'une situation jadis é!cveo tombée dans la miséfc,surtout si elle l'a connue dans des temps plus heureux car

en pareil cas eue peut concevoit' des craintes sur la manière

dont on jugera sa conduite. Mais les faits de cet ordre pour-raient aussi bien être rangés sous Je chef de la timidité.

/M/f<Mf<OMd r~MeMe. Les r~ios de J'ëtiquetto ont

toujours pour objet la maniêrf de se conduire en présencedes autres ou A leur é~ard. Elles sont sans relation néces-

saire avec les régies de la morale, et parfois tout A <ait

insi~ninantes. Quoi qu'il en soit, comme elles sont le résul-

tat d'usages ëtabtis entre égaux et supérieufs, dont i'opinxona pour nous beaucoup de prix, elles sont considérées comme

aussi impérieuses que les lois de l'honneur pour un gentil-homme. Aussile manquement auxtoisdc l'étiquette, c'eat-

a-dir<! une impolitesse on une gaucherie, un acte déplacé,un propos inconvenant, même accidentel et involontaire,fait rougir au suprême degré. Le simple souvenir d'un acte

de ce genre, au bout de plusieurs années, provoque une sorte

de frissonnement dans le corps entier. Tcttc est aussi la

puissance de la sympathie, qu'une personne itnpresaonnaMe

(une femme me l'a assuré) rougit parfois en voyant com-

mettre par un inconnu une infraction Il l'étiquette, quelque

étrangère qu'elle soit cttc-mcme A cet acte.

Ilodestie. Voici encore une cause très efficacede la

rougeur; seulement on comprend sous ce nom de modestie

des états d'esprit très différents, tt signifie d'abord humilité,

Page 379: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

BOUCRUa. 3M

et nous quatinons da m~cato l'individu qui t'ouït d'aiao au

moindre compliment, ou qui s'o~usque d'une louante qui lui

ptn'&Mdépasser l'humble mesure de sa vateur porsonnelle.

1~ )C<ou~MB,en parait cas. s'expHqucde ta n~mc façon que

iorsqu'ette est provoquée par ic souct de t'optnton d'~utrut.

Souvent aussi le mot modosUese rapport A des questionstic tMenséance; or, le coM~MtaMeou t'uMOMMMaMfsont pureaC~ttft!d'étiquette, comme ccht nous est bien démonh'~ ~r

rexempte des peuples (jui vont nus ou presque nus. Si une

YtfFSonncmodeste rou~tt facilement en f<Mcd'actes incon-

venants, c'est parce que ces actes violent les !ois sa~cset impérieuses de l'étiquette. Nousen tt'ouvons d'aiitcuM la

preuve dans rëtymo!ojpic du mot MtodM/c.qui dérive de

MM?M~,mesure, règtf' de conduite. La fondent' qui est due <)<

cette sorte de mode~tte est n'equcmment très vive, parce

qu'cMc se tMuve ordinairement influencée par ta ditfércnce

des sexes; or nous avons vu combien cette partictuarité

augmente duns tons les cas notre tendance A rougir. Si

nous appliquons cette même qualification de modeste à

rhomme qui a une très humbtc id<*cde hu-tnêtnc et A

l'homme qui est tr~s impressionné par un mot ou un acte

inconvenant, c'est simptcment, scmbte-t-i!, parce que dans

les deux cas la roulent* apparatt facilement; car, à partcette particuiarité, ces deux états d'esprit n'ont absolument

rien de commun. On confond de même souvent !a timidité,

pour ta m~me raison, avec lit modestie prise dans te sens

d'Jhunutité.

D'après mes propres observations et divers témoignages

~ue j'td recuciMis, certaines personnes sentent t~ chateufleur montet' au visage quand il tettr revient hfusquctncntqueïquo souvenir désagrëab!c. CepMnotn&tx' p~'att se pro-dutre surtout io~u'Ott s<' sonvicnt tout à coup que l'on n'a

pas fait pour qttehpt'MMune chose qn'ott lui av<utpromMc.Dttns ce cas. il est possible que t'csprit soit traverse, sans

Page 380: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3<M nOMCKUB.

h'op en avoir conscience, par cette pensée que pen«era-t-il de moi? S'il en est ainsi, cette bouCeo de chaleur serait

quelque chose d'analogue A lit rongent' proprement dite. Il

est très douteux «'pendant que cette sensation soit due

dttns ïa phtpart t~c motUticàtiou de la ctrcula-

tion cttpillaire. Kn eoct, nous ne devons pas oublier que

presque toutes les émotions violentes, comme la colère ou

l'extrême joie, agissent sur le cœur et font rougir le visage.La rougeur peut survenir dans la solitude absolue; co

fait parait contredire l'opinion que je viens de développer et

d'après laquelle In cause originelle de cette habitude a été

la préoccupation de l'opinion que les autres se font de nous.

Plusieurs femmes qui rougissent facilement sont cependantunanimes sur ce point quelques-unes pensent même avoir

rougi dans l'obscurité. D'après les observations sur les

Aymaras de M. Fotbes et d'après mon expérience person-

nelle, je ne doute pas de l'exactitude de ce dernier fait.

Shakespeare s'est donc trompé quand il a fait dire A Roméo

par Juliette (acte se. n)

Tusais que le masquedela nuitcouvremonvisage;Sanscela,une rougeurvirgiaatecoloreraitmajoueApresce que tuas entenduces<t!fde ma bouche.

Toutefois tt' motif de la rougeur, quand elle se produitdans la solitude, se rattache presque, toujours au souci de

l'opinion d'autrui, c'cst-A-dirca l'idée d'actes commis en pré-sence d'autres personnes ou soupçonnes par elles, ou encore

a la préoccupation de l'opinion qu'elles auraient pu avoir

de nous si cites avaient connu notre conduite. Unou deux de

mes correspondants pensent pourtant avoir rougi de honte à

propos de faits qui n étaient justiciables en rien de l'appré-ciation de qui que ce fut. S'il en est ainsi, nous devons at-

tribuer ce phénomène A l'influence d'une habitude invété-

rée, et &la force de l'association mise en jeu par un état

Page 381: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MtttOUCKUM.

d'esprit très voisin de celui qui atnen<' ordinairement la

fougfur. Cela ne doit pas nous surprendre, puisque la seule

sympatlue éprouvée pour une personne qui se rond coupa.

blé d'une YÏqlat!<m Hagrmtodea bienséances peu~ parais

provoquer la rougeur, ainsi que nous l'avons vu tout A

l'heure.

Je conclus donc, en résumé, que la rougcut', duc à la

timidit6, A !n honte causée par une infraction aux lois de

t'ét!quottc, &la modestie provenant d'un sentiment d'hunn-

Jité, A la modestie oS~usquécpar une inconvenance, dé-

pend dans toM!!les cas d'un même principe, c'est-à-dire

d'un souci inquiet de l'opinion et plus purticunerctnent de

la critique d'autt'ui; d'abord en ce qui touche &notre aspectextérieur et particulièrement à notre visage et, en second

iicw, par la force de i associationet de l'habitude, en ce quiconcerne notre conduite.

TJ~r«' de /<t fo«~Mf. Nous utJons tttaiutunant cttcr-

cher ponKjUoi la pensée que d'autres s'occupent de nous

apit sur notre circulation capillaire. U'après Sir C. HctP', la

rougeur «est spécialement destinée A l'expression ce qui le

prouve, dit-il, c'est que la coloration s'étend seulement au

visage, au cou et al la poitrine, qui sont les parties les

plus exposées aux regards. Ce n'est pas un phénomène nc-

quM il a existé dO! l'origine. Le docteur Murgcss pense

que « la rougeur a été destinée par le Créateur ù donner A

l'Ame le souverain pouvoir de manifester sur nos joues nos

diverses émotions intérieures ou nos sentiments moraux

en sorte qu'elle fut pour nous-mêmes un frein, et pourles autres un témoignage visible, si nous venons à violer

des règles qui devraient nousctre sacrées. Gratiolet se borne

3i. MeH,~M«tMMyof ~.cprco~oH,p. 93. Burgess,?«< p. 49.

GMtiotc~De<« F~<M~p. 94.

Page 382: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

382 ROUGEUM.

A dire « Or, comme il est d~us l'ordre de lit nature quel'être social le plus intelligent suit aussi le plus inteltigible.cette faculté do rougeur et de pateur qui distingue l'homme

est un signe naturel de sa haute perfection. Mest

un

signé,I

naturel

'l

de k

1'Ï<t) cfoyaucc que ta MUgoura été préposée par te Créa-

teur A un but ~c<<~ est CMcontradiction avec tu théorie

génërate de t'6vohtt!on, qui est aujourd'hui g~ndement

occeptéR; mais il serait hors do propos de discute!' ici ta

question dans son ensemble. Mot'nons-notM&remn~uër qu'i!serait difSci!e d'expliquer. pour ceux qui croient A ce but

préëtaMi, comment la timidité est la cause la plus fréquenteet la plus efficace de ta rougeur; en effet, <*ttcincommode

{ celui qui la subit, et embarra~tc celui qui en est témoin, sans

être de la moindre utilité à l'un ni a l'autre, tt ne serait pas

ptus aisé d'expliquer la rougeur qui su manif<~te chez les

nègres et autres races de coutcur. citez qui le changementde coloration de la peau <Mtinvisibh' ou ê peu pr&s.

Il n't'st pas douteux qu'une légère rougetu' ne vienne

ajouter encore ait charme d'un jeune visage; tes Circassienne*:

qui sont capables de rougir atteignent invariabtcment, dans

le sérail du sultan, un prix supérieur & celui des femmes

moins impressionnables Toutefois, quelque convaincu quel'on puisse être d<;la puissance de la sétection sexuettc. on

supposera ditno tentent que la rougeur ait étoacquisf comme

un ornement sexuel. Cette manière de voir serait égalementinRrtnéc par ce qui vient d'être dit au sujet des races de

couleur, dont ta rougeur n'est pas perceptible.

L'hypothèse qui me parait ta plus acceptable, bien qu'ttt

première vue elle puisse paraMt'c un peu forcée, c'est quel'attention concentrée sut une partie quelconque du corpstend à modiner la tonicité anormale des artérioles de la

région. Par suite, ces vaisseaux sont alors plus ou moins

32.D'aprésLadyMaryWortteyMontage; voirBurgess,ibid.,p. 4~.

Page 383: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KOL'OKUR. M:t

ret~hés et se forgent nua-sitAtde san~ artériet. Cette ten-

dance a dA se ibrtitier considorabtement pour peu que !a

même pat'tie du corps ait ~t6 Fohjct d'une attention soutenue

pendant ptu~eurs ~énét'MtiQns:on sait, en en!&t~que la iow~horvcust' se porte bien plus aisément dans les voic~les ptus

fréquemment }Mtrcom'M<'s,et l'on connatt Ot outre le pouvoirde rh~fëdttd. 'routes tes fois que nous ct'oyons que notre

personnf est t'c~et de ia frMiquc ou sctucmcnt df rexanten

d'autrui, notre attention so porte vtve«)ent sur les partiesde uotf<*corps exposées aux regards; o)', de toutes, la plus

MnpressM'nnahte est le visuge, et ceta «ans doute depuisbien des g'onëraitons. En conséquence, si l'on veut admettre

n~uence d'une attention soutenue sur Jes vaisseaux capit-I<Mres,on comprend que ceux de la face soient devenus

extrêmement sensihtes. Ko vertu du pouvoir de l'association~

les meutes eMctsdoivent avoir une tendance à se reproduiretoutes les fois que nous pensons que i'ou examine ou quel'on déprécie notre conduite on notre caractère.

Cette théorie repose tout entière sur cette affirmation qm'l'attention peut modiner ta circutation t'apittairp; il est donc

néce!<sah'ed'accumuler ici des faits en nombre suHi~nt, qui

puissent lui servir plus ou moins d'appui. Mvers ottserva-

teurs~ dont t'opinion emprunte &leur vasteexpérience, Aleur

M. EnAngteterr~c'estSir Il. Mo!!andqui a lepremier,je crois,étudiét'innuenec de l'attentionsur les diversespartiesdu corp~ dans ses3f< A'c~Mand ~c/!ee<«!'M~<8:t9,p. <!4.Cettectudc, augmentéedenombreuxtiMvetoppcmetua,a ctercimprimeeparSirH. HoHanddatMMO<*A«p<c<'<CMJM<'H<o~PA{/<M~j~,ttM~p. ?&,d'oujetire toujoursmescita-t!ons. A peu pr&sit lit tnemcEpoque,et plustardencore,le profcs*seur laycok a traitéle mcrnesujet; voirJM~M~AjMfe<t<«M(<S<«'afea<~Mn<a<,juillet t83~ p. n-2: VotrcNcorc,du M)0))t!auteur, T~at~eonthe :crvuusDisef,selCof 'tVomen,tM;U,p. 110 et û(inctuncdltmir:,vol. JI,~c~cn:MMD)~e«se!<opinions<«tu, p. t tO;etjfh«~sur le mesmérisme)<«?,p. ai!?. peu t.es opinionsduconséquences. Lete mesmerismcconduiaent&peu prèsaut mêmesconséquences. Legrandphyswto.~ish!MitHers'eat occupM(~<*wea~o~'Ay~o~, trad.anglaise,vol.Il,p. 897.i08! de t'innuencede t'attentionsur tessens. Sir J. Pagel

Page 384: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

aM MOUGRUH.

savoir étendu, une autoriié toute particxHore, se déc!areMt

convaincusque l'attention ou la MMMtMM(expression queSir H. MoHandpréiere comme ptus exacte), concentrée sur

une partie qwkonquc du corps, amène directement en elle

tn~m~t~ation phy~t~; Cette mn~ 'dc':vÕrrs'iip"pliëJuê"aux contractions des muscles in~oiontaires, et des muscles

volontaires quand ils agissent, en dchofs de l'influence de

la votante, aux secrëttOM ~landtdmres, à l'acuité des sens

et de !a sensihHite, enftn Ala nutf!t!on des tissus eMe-mcrnc.

C'estun fait bien connu que Fon agit sur les mouvement

involontaires du cœur en nxant sur eux une attention soute-

nue. (ïmtiotet rapporte t'observatton d'utt homme qui, &

force de surveiUer sans cesse et de compter son pouls, avait

fini par présenter une intermittence sur six hattements.

D'autre part, mon père m'a raconté !'histoirc d'un otMerva-

teur consciencieux qui était à ce montent, &n'en pas douter,

déjà atteint d'une affection cardiaque, dont il mourut plus

tard; il constatait d'une manière positive l'extrême irrégu-larité habituelle de son pou!s; et cf pendant, à sa grande

contrariété, cetui-ci recouvrait sa ré~utarite des que mon

père outrait dans sa chambre. Sir H. Mottand fait remar'

quer~' que t'dfct produit sur tacircutation (!'unc partie du

corps, lorsque !a conscience se dirige brusquement et se fixe

sur clic, est souvent évidente et immédiate Le professeur

Laycock, qui a spécialement étudié les phénomènes de cet

ordre affirme que, « torsqnc l'attention est dirigée vers

une partie quelconque du corps, l'innervation et la circula-

(t:MMtc)'!t)t!uencede t'c~tntsurtanMtntiondesorganesdanssesMM~«MSM~MO~<t<A<tf<i853,vol.l, p. M.Je cited'aprèsla 3' édittoare-vueparleprof.Turner, <X70,p. 28. VoiraussiGrat!otet,Pc~«f~<Mt.,p. 2M.M7.

M. Be<a~<OM.,p.2H:t.35.CA<tj!~<OltAfM~i''Ay«o/o()ty,<8:it<,p. «t.30.JfM and BtWM~val.H, <8M,p. 337.

Page 385: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ROUCBUR MS

tion sont ïocatemcnt surexcitées, et l'activité fonctionnelle de

ta région est accrue

On admet génératement que les mouvements péristatti-

(ju<'s de riutestm sont tnuuenc~spar rattctttiQnq~'o& portesur eux, A iiitervalles re~uners; ces mouvements sont dusA.la contraction de muscles U&scset involontaires. L'action

anormale des muscles volontaires dans Tépitcpsie, ht. chorée

et t'hystéric est, comme on Mit, innupnc6e par l'attente d'une

attaque et par la vue d'autres sujets atteints des mêmes

auectioos tt en est de tneme du !MU!tementet du rire, quisont des actes invoio))ia!fM.

Le ibncticnnetncnt (le cttrtMnM;gtandes suhit, d'une

façon bien manifeste, rinHuence dont nous parlons ici,

iors<ja'on porte sa pensée sur ottt's ou snr les circonstances

qui le provoquent d'habitude. C'estun fait familier a tout le

monde que la sécrétion saUvaire se surexcite quand on

vient A penser, par exempte, A un fruit acide Ou a vu,

dans Hotre stxième chapitre, l'efficacité d'un désir intense

et persistant soit pour réprimer, soit pour uug'mcntcr la

sécrétion des glandes lacrymales. On a cite quelques cas

curieux rotatifs à des femtncs, touchant l'empire do l'ima-

gination sur les glandes mammaires; et d'autres faits encore

ptus retnarquahics relativement aux fonctions (le l'utérus

a?. CA«p<<f<oMJtcM~~~&)~. p. <o4-<Ct:.38. Vo:r~ur ce sujet,Gfat!o)et,Df/«f~OM., p. 287.38. Voir,sur ce sujet,Gratiolet,Delit lhysiota.,l" 28i,3!hLedocteurJ. Crichtonurowneestconvaincu,d'aprèsse~ehserva-

UMMaurtesauénes,qu'en dirigeantlonguementson aMentionsu)'une

partiedu corps ou sur un organe(quelconque,onpeutarriver a agirsur !acirculationcapiitaireet la nutritiondecettepartieou de cet or-gane. Cet observateurm'a rapportequelquestaits surprenants;t'und'eux,que je ne puisdonner icidans teufsesdéfaits,est relatifà unetemmemariée,agcede 50an", qui était depuislongtempstourmentée

par la convictionillusoirequ'ellecta!t enceinte.L~rsqu'ettearriva autermeattendu par ettc~ellese conduisitabsotumentcommesi elleavaiten euetaccoucttc,et parut ressentird'atrocesdouleurs,si bienquesonfrontétaitbaignede sueur.Enfinde compte,la menstruation,qui avait

Page 386: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

!t<M RouoEcn.

Quand nous fixons notre, attention tout entière sur Fnh

de nos sens, «on acuité en Mt augmentée et si cette con-

tention d'esprit est habituelle, il se produit, sonïMe-t-i!, une

sorte de perfectionnoment du sens ainsi exercé; il en est

ainsid&fente citez tes ~veup'tea, dntonehcrch~x les aveu-

~tes-sourds. On peut reconnattre en outre, eu considérant

les aptitudes df diverses races humaines, que les qualitésainsi acquises sont héréditaires. Pont*ce qui est des sensa-

tions ordinaires, on sait parfaitement que la souffrance est

accrue par l'attention que l'on y porte; Sir B.. Brodtc va

jusqu'à dire que l'on peut ressentir la douleur dans une

région quelconque du corps en nxaut fortement l'attention

sur elle Sir M. Mottand fait e~atemcnt remarquer qu'ensoumettant à une attention soutenue une partie quelconquede notre individu, non seulement nons acquérons nettement

la conscience de son existence, mais encore nous y ressen-

tons diverses sensations anormales, de la pesanteur, de la

chaleur, du froid, du fourmillement, des démangeaisons~.Enfin certains physiologistes soutiennent que l'imagina-

tion peut agir sur la nutrition des tissus. Sir J. Pa~-cta rap-

porté un curieux exempte du pouvoir qu~asur la couleur des

cessédepuissixans, reparut et durapendanttrois jours. M.Uraid,danssonHvt'cinittut~.Wo~c,~pH<~&M~etc. (<8S~p. M},et danssesautrcsoutrageB,citedestattsanatogoo),et aussidiversesobservationsquidémontrentta grande toMuenecde la volontésur tes glandesmam.maireset nx~mesur un seulde cesorganes.

M. LedocteurMaudstoya rapporte(TheMy~o~y «s~ f<t<Ao~o/'.UtN~2*édit., iM8, p. <?:), d'aprèsdes témoignagesdignesde roi,'tueiquesfaits intéressantsrelatifsau perfectionnementdu sensdutou-cherparl'exerciceet !'attention.Ilest remarquableque,lorsquecesensa ainsiété aiguiseen un pointquelconquede ta surhce du corps,parexempledans un doigt,u se trouveavoir subi uneaugmentationana-loguedansle pointsymétriquedol'autrecote.

H. TAcJ,'Mtce<,tM8, p. ~-M~cite par le prof.Layeoc~<VerccM~c<M<'<o/~tt~m''M,t8tO,p.HO.

M. CA<tj)~MM~eH~~FA~M~, 1868,p. a<)'3.

Page 387: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOUGEUM :??

cheveux, non pas, A 1&vérité, rima~inatiou, mais tout au

moins !e système nerveux. Une femme, sujette A ce qu'on

appeMe la nu~t'aine nerveuse, constate toujours, io matin

qmsuit un de ses acccft, que ~uc~u~m~cNdeMaehe-_ett,at .-liiüriclii.ütiet~~ëniarlerrthuudr6ex. Le clrari~ementveMX oot M&ncM1- <~ semblent poudrées. Le chan~etnents'est produit en unenuit; quelquesjours après,leschcvcnxreprennent ~t'adu'emcnt leur codeur hrun''

Autsi nous voyons qu'une attention soutenue agit tndu-

bititMenteot sur div~fses pt~'Hes <incorps et. sMrd!vors or-

~aaes qui ne sont pas ptac~s, A proprement parler, sous ta

dépendance de la volonté. t':u' quel mécan!sme se produit

t'att~ntioo, ce phénomène inteUcct«p! qui constitue peut-~re une des facultés les plus mefveineuses d<*l'esprit? C'est

J&une question très otMcm'e.U'apres MuMor les cellules

WtMith'csdu cerveau deviendraient, sous rinNucnce de la

volouté, aptes A recevoir des intptfssions plus profondes et

plus nettes, en vertu d'un phénomène tt'cs anab~rue A celui

qui se produit torsque les cellules tnotnces sontappMÏccs A

envoyer aux musctcs t'utHnx Hcrven\. tt cxtste ct!('ctivctncn<,sous b!cn des pohtts, ulle analogie marquée entre Faction

dps ccuuïcs scnsitivcs et ccUcdcsceUuics uu)tr!ccs;je citerai

comme exetnpic ce fait bien connu qu'une attention soutenue

portée sur l'un quelconque de nos sens amené de la fatigue,tout cotnmo i'cxepcMc proioogé de n'importe quel muscle

Par conséquent, lorsque nous concentrons volontairement

notre attention sut' une partie de notre corps, les cc!h)!es

ccrebrates qui reçoivent les impressions ou les sensations

de cette partie entrent probablement en activité, par un

M. LecturesCM~Mt'N<e(t<f(!(Aeh~, e<th.,rc~uepar !epro!~Tm'Me~<a?e,p.28~<.

H. ~cMc~ha/'P~Mc~. trad.anglaise,vol.H, p. 938.4S. t~cprofesseurLaycocka traitécette <tUMtiun<t'unctnanteretrès

intéressante.Voir~ertoMSD~«)j!Mo/W~mc~)«<<p. <fO.

Page 388: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

:M8 HOUCKUH

mécanisme d'ailleurs inconnu. Cela peut pormottrc de com-

prendre comment, sans aucun changement local dansïa

partie eu question, la souttrance ou tonte antre sensation

anorntalc peut apparattre on ce point, ou accuser plus for-

tementsreM<~y Mutaitdé~

Toutefois, si in région est pourvue de muscles, ou lie peutêtro sAr, ainsi que me l'a fait remarquer M. MichaelFoster,

qnc ces musclesne reçoivent pas quelque ieg<*Mexcitation

inconsciente, qui doit prohabtetncnt éveiUer en ce pointune vague sensation.

Dans un grand nombre de cas, par exempte lorsqu'il

s'agit des landes lacrymales, du canal intestinal, etc., t'in-

t!uence de l'attention pat'aM, au moins pour Mne large part,

dépendre du système vaso-moteur, (lui est impressionne de

manière A permettre un aMux sanguin plus considérable

dans les capillaires de la région. Quelquefois cette suracti-

vité des capillaires se combine avec la suractivité concomi.

tante du sensorium.

Le mode d'action de l'esprit sur le système vaso-moteur

peut se concevoir de la manière suivante. Au moment, par

exemple, of) nous goûtons un fruit acide, une impression est

transmise par les nerfs du goût A une certaine partie du

sensorium; celui-ci renvoie l'intiMXnerveux ait centre Vaso-

moteur, lequel permet aux tuniques musculaires des arté-

rioles qui se distribuent aux glandes saïïvaires de se relâcher.

11en resutte qu'une plus grande quantité de sang traverse

ces glandes, et qu'elles sécrètent une abondante quantitéde salive. Cela posé, n'est-on pas autorisé A admettre que,

lorsque nous réfléchissons profondément sur une sensation

déterminée, cette mcme partie du sensorium, ou une partietrès voisine, se trouve mise en activité, et que tout se passecomme au moment ou nous percevions la sensation? S'il en

est ainsi, les mêmes cellules cérébrales seront excitées de la

m&memanière, quoique &un moindre degré peut-être dans

Page 389: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

JtOMGtSUM. M9

2t

te. premier cas, et par la vive représentation idéale d'un

~ont acide, et par sa perception réelle; dans les deux cas

ces collutes transmettront l'agent nerveux M centre vaso-

moteur, et les résultats seront identiques.Voiot Mna~utre exempte~ qui~ & quelques cst

encore plus démonstratif, i~orsqu'nn homme se tient devant

un feu ardent, son visage rougit. Ce phéno)t*cne paraM

du, me dtt M. Michael Poster, on partie à l'action locale

de ia chaleur, en partie A un phénomène réflexe dépendantdes centres vaso-moteurs l<:tchaleur atl'ectc les nerfs de

ta iace; ceux-ci transmettent une impression aux cellules

sensitivesdu cerveau, qui Njiritsur le centre vaso-moteur;ce dernier ennn réagit "tur !es artértoles de la face, les re-

lacho~,et permet au san~ de les remplir. L&encore, il est

permis de croire que, en fixant notre attention très forte-

ment et Adiverses reprises sur le souvenir de la chaleur

ressentie par notre visage, il peut se produire une certaine

excitation de cette même partie du sensoriutn à laquellenous devons le sentiment d'une chaleur présente; par «Mite

une certaine quantité de force nerveuse peut être transmise

aux centres vaso-moteurs; d'où dilatation des capillaires de

!a face. Or, comme depuis un nombre incalcnlable de gé-nérations les hommes ont dirigé fortement leur attention

sur l'aspect extérieur de leur personne, en particulier sur

leur visage, la disposition qu'avaient des le début les ar-

térioles faciales a se laisser impressionner de cette manière

a pu, daus la suite des temps, se fortifier considérablement

et devenir héréditaire, en vertu des principes précédemmentibrmulés, et en particulier en vertu de la grande facinté

avec laquelle la force nerveuse s'engage dans les voies ac-

40. Consulteraussi, sur raeuoMdu système~aso-moteur,une leçonde M. MichaelFoster &t'tnsututtonHoya!c,tfadu!tedansta AccMc</e<C~MM~<«/!?M< 2Ksept.<8<!9,p. 6M.

nt

Page 390: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3W ttOUGJRUR.

coutume. TeUe est, me semMe-t-H, l'explication p!aMs!odes phénom&ncsprincipaux l'ei~ti!~ la foogeur.

~capttM~~on. A toutes les époques, hommes et femmes

<m~&MMh6, tturtout pendant jeunesse, wn~gfandeim-

portance Il l'aspect extérieur de leurs personnes; ils ont

également porté une attention toute spéciale sur l'apparencede leurs semblal~les.Le visage a été le principal objet de

cet examen, excepté dans la période primitive, où, l'homme

allant tout nu, la surface entière du corps était exposée aux

regards. Si nousportons notre attention sur notre personne,c'est presque uniquement par appréhension de l'opinion d'au-

trui car un homme vivant entièrement seul ne prendrait

guère souci de son aspect extérieur. Nous sommes tous plussensibles nu Marne qu'à la louange. Or, toutes les fois quenous savons ou soupçonnons que l'on critique notre per-

sonne, notre attention se porte fortement sur nous-mêmes,et surtout sur notre visage. Cela doit avoir très prohable-

mentpour effet, ainsi quenous l'avons expliqué tout &l'heure,de mettre en jeu la portion du sensorium qui reçoit les nerfs

sensitifs de la face, et ce dernier réagit ensuite sur les

capillaires faciaux par l'intermédiaire du système vaso-mo-

teur. t'ar suite de sa répétition incessante durant un nombre

immense de générations, ce mécanisme a du devenir telle-

ment habituel et s'associer si étroitement à l'idée que nous

sommes l'objet de l'attention d'autrui, qu'il nous suffitmain-

tenant d'appréhender une critique pour que nos capillairesse relâchent, sans que nous ayons du reste conscience d'une

préoccupation quelconque relative à notre visage. Avec

certaines personnes impressionnables, il suffit même de re-

garder leur costume pour produire un semblable résultat.

C'est encore en vertu de la force de l'association et de l'hé-

rédité que nos capillaires se relâchent quand nous savons

uu nous supposons que nos actions, nos pensées ou notre

Page 391: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

noUGBUM. 371

caractère sont l'omet d'une critique, même muette; il en est

do mémo enfin lorsqu'on nous comble de louanges.

L'hypothèse précédente nous permet de comprendre com-

ment il se fait que la face rougit beaucoup plus qu'aucuneauh'ë ttîcn "que ? snrMcc cutanée tout

entière s'anecte quelquefois, en particulier chez les hommes

qui vont encore A peu près nus. Elle explique comment ln

rougeur peut exister chez les races de couleur, bien qu'aucun

chaudement de coloration ne soit visible sur leur tégument;et aussi chez tes aveugles-nés, en faisant intervenir le prin-

cipe dé t'heredite. On peut comprendre également pourquoi

les jeunessont plus facilement impressionnés que les vieux,les femmes plus que tes hommes; pourquoi les sexes dif-

férents provoquent si aisément leur mutueite rou~rcut' on

voit pourquoi lit rougeur est surtout provoquée par des ob-

servations personnelles et a pour cause déterminante la

plus efncaec la timidité: en euet, la timidité est miseenjeu

par ta présence ou l'opinion d'autrui, et les gens timides

ont toujours plus ou moins conscience de leur faiblesse. S'it

s'agit de la veritttUo honte qui provient de fautes morales~nous comprenons pourquoi ce qui fait rougir n'est pas tant

le sentiment de ht culpabilité elle-même que l'idée quecelle-ci est connue de nos semblables. L'homme qui pense& un crime qu'il n commis mns témoins, quoique bourrelé

de remords qu'il puisse être. ne rougit pas; mais il rougitau souvenir poignant d'un crime découvert ou commis de-

vant des témoins, et t'intcnsité de sa rougeur est en rapportdirect avec le cas qu'il peut faire de ceux qui ont décou-

vert, vu, ou soupçonné S& conduite. Les infractions aux

règles de convention, quand nos égaux ou nos supérieurs

y attachent de l'importance, provoquent souvent une rou-

geur plus grande chez celui qui s'en est rendu coupableque la découverte d'un crime. Au contraire, si un acte véri-

tablement criminel n'excite pas la réprobation de nos égaux,

Page 392: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MOUGHUH.

c'est apeuM si uns joncs se colorent tegeremcnt. Ennn

modestie, dans ies deux sens de ce terme que nous avon~

signâtes, excite une vive routeur dans les deux cas, H

s'agit ou da .tttgetucnt des autres ou d<'s coutume qu'itsont ~aMi<*<%

t'ar suite de i~h'f)!te sympathie qnt existe cnh'c ctr-

cutatton capUhurc de lu sm'fmccde la tète et cette du t'et'-

vctm, toutes tes fois que se produit uue rougeur intcuse, il

se tnanifcstt'cn t))cm<'temps un troHhtc, parfois h'ès grand,dans h's idées. Ce phen~m~nc s'accompagne ft'e<;uemmentd'une ceftatue gaucherie des mouvetnents, t;t p<n'fMs de

tt'e<t<MnHetncntsinvotonhures dans quelques musctes.

Puisque ta fouffeut', d'après notre hypothèse, est un t'e-

snttat indh'oct de l'attention qui, dans l'origine, Mëte uni-

quement dit'i~réesu:' notre aspect extérieur, c'cst-a'dire sur

lu surface du corps et en purticnhpr sur lit fa<'e,nous pou-vons nous t'cndre <'otnptcde ta signification des gestes qui,dans le monde entier, accompagnent lit routeur, et qui con-

sistent &se cacher te visage, &t'abaisser vers la terre ou &

le porter de <'&<e.Le plus souvent les regards sont détournes

ou mohites; en effet, lorsqu'on regarde en face un homme

devant tcqnct on est confus ou timide, on est aussitôt pos-itede par le sentiment insupportable que ses yeux sont nxës

sur vous. En vertu du principe de t'ussociation des habitudes,les metnes mouvements de ta face et des yeux s'accomplis-

sent, d'une manière presque irrësMtihte, chaque fois que nousavons la certitude on te soupçon que tn moralité de notre

<'onduitcest, de la part d'autrui, l'objet de htames ou d'élogesexcessifs.

Page 393: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

<:HAM'FMRXtV.

(~NCt.~)OKSETH~t)!tÈ.

t~iftroisprinc)pe!tfoottamcHtaux<t<t)"ot <)<'t''nMinn<<'s~fhttipammouvcmonti)<pr<"t<i!f!t.t~'nrhct~<ti«'.Mtc<(ela M'entécid<'t'att~iowttatMt'~x-~M!).))~))desdt*etMtt<')tph'M)<MM.t/fx~n'~siotttwfeconxattt)'it)it(itx;t.pr<'tti'<!fottrntcparn<'t)'<'sujut&t't<n<M'H)M'c!(i~t)e<!<'N)':)<'<homaitto..th*)'ae<)))isi)t<ttt)itte''t')t-<t!Mparhttan~tn'td<'t'homMMde*'tht'n)~«~prt-~iont. ttOftofOtnttde)'<"<.pf'SsifXt.COttCt'~t'ttt.

J'at maintenant achevé de décrire, (h* mon mieux, tes

principaux actes expressifs chez l'homme et chez <ptc!-

ques anitnaHx..t'ai aussi cssay; tt'cxptiquer rori{?ine ou

te ~vetoppement de ces actes, A raM!e (h's trois prin-

cipes développes dans le premier chapitre, Je vais les rap.

peler encore une fois. Le premier de ces principes est !e vi-

vant Les mouvements utiles il l'accomplissement d'un désir

ou au souta~emcnt d'une sensation penibtc MnisocHt,s'ik

se rëp&tent fréquemment, par devenir si hahituets qu'ils !?

t'eprodutsent tout<'sles fo!squ'apparaisscat ce dcsir ou cette

sensation, même à un très faibte degré, et alors même queteur uti!ite devient ou nulle ou très contestahte.

Notre second principe est celui de i'nntith~c. l'n usa~econstant, durant notre vieentière, a aHermien nous t'habitude

d'exécuter volontairement des mouvements opposessous l'in.

nuence d'impulsions qui sont cttes-metnes opposées. En con-

iféquence, par ceta seul que certains actes ont été accomplis

ré~uH&rement.en vertu do notre premier principe, dans tinétat

d'esprit détermine, une tendance involontaire, irresisuhic. Il

t'accomptisscment d'actes absolument contraires doit se pro-

Page 394: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

37< COKCLU8!ONS

duirc sous l'onpire d'un état d'esprit inverse, indépendammentd'aiJUcurs du plus ou moins d'utilité qui peut en résulter pourl'individu.

Enfin le troisième principe est celui de l'action directe sm'

1' éeenomicdes MCttatiohs du sjt'stethë" nerveux, action toutà fait indépendante de l'habitude. L'expérience montre qu'unecertaine quantité de force nerveuse est engendrée et mise en

liberté toutes les fois que le système cerébro-spinai est excité.

La voie que suit cette force est nécessairement déterminée parla sét'ie des connexions qui renent les cellules nerveuses, soit

ontr'! eHes,soïtavcc tesautrespartiesducorps. Maiscette direc-

tion est aussi tbt'tetnent influencée par l'habitude cela revient

à dire que la force nerveuse prend volontiers les voiesqu'ellea déjà fréquemment parcourues.

Les restes frénétiques et insensés d'un homme en fureur

peuvent être attribués en partie au manque de direction de la

force nervcttse produite, en partie aux effets de l'habitude;

car ces gestes représentent souvent vaguement l'action do

frapper. Ils rentrent ainsi dans notre premier principe. Même

observation pour un homme indigné qui se place, sans en

avoir conscience, dans l'attitude qui serait convenable pour

attaquer son adversaire, bien qu'il n'ait nullement l'intention

de l'attaquer en euct. Nousvoyonsencore Finnuence de l'ha-

bitude dans toutes les émotions et sensations qualinées d'ex-

citantes; elles ont revêtu ce caractère par suite de ce fait

qu'elles ont habituellement eu pour conséquence quelqueaction énergique. Or cette action auccte indirectement les

systèmes de !a respiration et de la circulation; ceux-ci réa-

gissent ensuite sur le cerveau; mais, alors même que ces

sensations sont ressentiesAun faible degré et qu'elles ne pro-

voquent aucun acte extérieur, notre économie tout entière

n'en est pas moins ébranlée, par la force de l'habitude et de

l'association. On qualifie de déprimantes d'autres émotions et

sensations, parce qu'elles ne donnent généralement pas lieu &

Page 395: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ETR~SUMË. 9?B

un mouvement énergique (si l'on en excepte celui qui peut

survenir, par exempte, au premier moment dans une douleur

vive, la frayeur ou le chagrin); en outre, parce que ces émo-

tions finissentpar amener un épuisement complet aussi s'expri-ment-eucs surtout par des signes itôgati~ et par ta prostm-tion. Enfin il est d'autres émotions, comme l'an'ection, quin'amènent d'ordinaire aucune espèce d'acte, et qui par suite

ne se révèlent pas par des signes extérieurs bien marqués.L'aneciion pourtant, cela va sans dire, en tant que sensation

agréable, excite les signes ordinaires du plaisir.JUn certain nombre d'effets dus & l'excitation du système

nerveux paraissent être, au contraire~ entièrement indépen-dants de l'afflux de la force nerveuse dans les voies dont

l'exercice antérieur de la votonté lui avait donné l'habitude.

Les effetsde cet ordre, qui révèlent souvent l'état d'esprit de

l'individu, demeurent jusqu'ici inexpliqués. Je citerai comme

exemples le changement de couleur des cheveux produit parun sentiment excessif de terreur ou de souffrance, la sueur

froide et le tremblement musculaire que provoque la crainte,les modifications des sécrétions digestives, et l'arrêt du fonc-

tionnement do certaines glandes.

Assurément, tout n'est pas ainsi expliqué; toutefois les trois

principes précédents rendent compte suffisamment d'un si

grand nombre de mouvements et d'actes expressifs, que l'on

peut concevoir l'espérance de voir plus tard tous les phéno-mènes de cet ordre expliqués par ces principes ou par d'au-

tres très analogues.Toutacte, quelle que soit sa nature, qui accompagne cons-

tamment un état déterminé de l'esprit, devient aussitôt ex-

pressif. C'est, par exemple, l'agitation de la queue chez le

chien, le haussement des épaules chez l'homme, le hérisse-

ment des poils, la sécrétion de la sueur, les modifications de

la circulation capillaire, ladiniculté de la respiration, la pro-

Page 396: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CONCtUStO~??

duction de sons divers par Forgane de la voix ou pat' d'autres

mëcattismes. t! n'est pas jusqu'aux insectes qui n'expriment

!acot6re, la terreur, la jalousie et l'amour par ïcnr bour"

donnetnent. Chcxt'hotnmo, les organes respi~toires jouent

da~s i'cxnrcs&tonjHn ~e eap~ par tcHrac-

tion directe, mais encore <'t b!pn plus d'une tMtuu~rc indi-

recte.

Le tujetdcees études présente peu depoints plus intéressants

que la série protligicusGtncnt complexe des pMnom&nes dont

t<'dcrttu'r terme est la production do certains mouvements

exprcssits. Pt'oMons,par exemple, robti~uiM des sourcits chex

un homme qui M)uih'e ou qui se tourmente. ~uand i'enfantt

pousse les hauts cris. sou~rinHuencc de ta faim ou de ta dou-

teur, ia circutanon est entravëc, et lesyeuxont de la tendance

a se congestionner; par suite, les muscles qui les entourent

se contractent encrg'iqucmont pour protéger ces organes.Cet acte. dans !<'cours de nombreuses générations, s'est forte-

ment enracine et a éto transmis par t'herëdité. Par la suite,

lorsque, avec le temps et les propres de la civilisation, Fha-

bitud~ de pousser des cris s'est presque entièrement éteinte,il n'en est pas moins resté une tendance &la contraction des

musctes pcri-ocutaircs sous t'empire d'une contrariété m~me

Mgero. Or, parmi ces muscles, tes pyramidaux du nez sont

moins immédiatement places que les autres sous rempire deja volonté, et leur contraction ne peut être tenue en échec

que par ceUedt's faisceaux du frontal les plus rapproches de

la ligne tnédiane: ceux-ci aith'f'nt en haut les extrémités in-

ternes des sourcils, et plissent Je front d'une manière parti-

culière; nous reconnaissons immédiatement l'expression quien résuite pour celle de la douleur ou de t'anxiété. Ue petitsmouvetnents, tels quecelui qui vientde nousservird'exemptf,ou cncot'f rabaissement presque imperceptiine des coins de la

bouche, constituent le dernier vestige ou i'ébanche de mou-

vementt énergiquement accentués et si~nincatifs. t!s ont

Page 397: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HTKt&SUMË. 377

antaot d'importance pour nous, nu point de vue de t'ex-

f pMfNiou,qu'on ont pour le naturaliste it's organes rudimen-

taircs ait point de vue de la ctassincation et de ta filiation

des êtres organisés.Les principaux actes de l'expression, chez thomtne et les

animaux, sont innés ou héréditaires, c'est-a.dire quils ne

sont pasun produit de l'individu, c'est t& une vérité univer-

sellement reconnue. Le t'Aiede l'éducation ou de l'imitation.

est teUementrestreint, pour henueoup de ces actes, qu'ils sont

entièrement soustraits A notre contrôle &partir des premiefs

jours de notre vie et pendant tonte sa durco te!s sont, parexemple, le retAchement des parois at'tërieUcs de la ~eaudans ia rougeur, racceiération des battements du cœur dans

Mnaccèsde colère. On peut voir des enfants A peine âgés de

deux à trois ans, ceux-là tncmes qui sont aveulies de nais.

sance, rougir de confusion; le crâne dépourvu de cheveux

d'un enfant nouveau-né devient ronge quand il se met en

coMre. Les petits enfants poussent des cris de douteur

aussitôtaprès qu'ils sont nés, et tous leurs traits revotent alors

l'aspect qu'iis doivent offrir par lit suite. Ces seuls faits suf-

fisent pour montrer qu'un grand nombre de nos expressionsles plus importantes n'ont pas eu besoin d'être apprises; il

est toutefoisdigne de remarque que certaines d'entre eUes,bien qu'assurément innées, réclament de chaque individu un

long exerciceavant d'en être arrivées a toute !cur perfection;il en estainsi, par exemple, des pleurs et du rire. L'héré-

dité de la plupart de nos actes expressifs explique comment t

les avcugteis-nés,d'après les renseignements que je tiens

du Rév. R.-H. Blair, peuvent les accomplir tout aussi bien

que les personnes douée): de la vue. Cette hérédité expli-

que aussi comment jeunes et vieux, chez les races les plus

diverses, aussi bien chez l'homme que chez les animaux,

expriment les mômes états de l'esprit par des mouvements

tdentiques.

Page 398: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CONCLUMOKS3M

Nous avons tellement l'habitMdede voir les animaux, jeuneset vieux, exprimer leurs sentiments do la même mantère,

que nous pouvons difficilement comprendre tout ce qu'il y a

de remarquable dans certains faits vulgaires qu'un jeune

cMcn. ptu* ëxcïN~ë, Hg~~couteut, et

abaisse ses oreilles et découvre ses canines lorsqu'il veut se

donner un air farouche, tout comme un vieux dogue ou bien

encore qu'un petit chat courbe son échine et hérisse son

poil lorsqu'il est eu'rayé ou en colère, exactement comme

ferait un vieux matou. Cependant, sidans notre propre espècenous considérons certains gestes, moins communs que les

précédents, et que nous sommes accoutume:! a regardercomme des actes non instinctifs mais résultant d'une conven-

tion, nous reconnaissons avec une surprise peut-être excessive

qu'ils sont innés tel est l'acte de hausser les épaules en

signe d'impuissance, ou de lever les bras, en ouvrant les

mains et en étendant les doigts, en signe d'étonnement. Nous

pouvons conclure &l'hérédité de ces gestes et d'autres encore,en les voyant exécuter par des enfants en bas Age, par des

aveugles-néa et par les races humaines les plus diverses. H

faut encore se rappeler que Fou a vu se produire chez certains

individus, et se transmettre ensuite à leurs descendants, par-fois en sautant sur une ou plusieurs générations, certains

ticsd'une nature nouvcUe et tout à fait particulière, associés

à certains états d'esprit déterminés.

l~ncertain nombre d'autres gestes, qui nous semblent telle-

lement naturels que nous pourrions aisément nous imaginer

qu'ils sont innés, paraissent pourtant avoir été appris comme

les mots du langage. Je citerai, par exemple, celui qui con-

siste A élever les mains jointes et à porter les yeux au ciel

lorsqu'on esteu prière il en est de mémo de l'acte d'embrasser

quelqu'un en signe (l'affection; toutefois ce dernier acte peutêtre regardé comme inné, en tant que résultant uniquementdu plaisir que fait éprouver le contact d'une personne aimée.

Page 399: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ETN~SUM~. aM

tt n'est pas parfaitement certain que FhaMtndc d'incliner

ou de hocher la t&te,en signe d'affirmation ou de négation,soit hérédituiro; car elle n'est pas universellement répandue;

ecpeadant elle est trop générale pour qu~'oapui~

qu'eUe ait été acquise isolétnent par chacun des individus

d'un si grand nombre de races.

Kous allons maintenant nous demander jusqu'A quel pointla volonté et la conscience ont pris part an développementdes divers mouvements de l'expression. Autant que nous pou-vons eBJug<'r,il n'y a qu'nn tr&spetit nombre de mouvements,tek que ceux dont nous venons de parier en dernier lieu, quiaient été appris individuellement, c'est-à-dire qui aient été

accomplis d'une manière consciente et volontaire pendant tes

premières années de la vie, dans un but déterminé ou parl'imitation de nos semblables, et qui soient ensuite devenus

nanituc! L'immense majorité des mouvements expressifs, et

les plus importants, sont, comme nous l'avons dit, innés ou

héréditaires; on ne peut donc pas dire qu'ils sont sous I&

dépendance de la volonté de chaque individu. Cependant tousceux qui dérivent de notre premier principe ont d'abord été

accomplis volontairement dans un but déterminé, soit pour

échapper &quelque danger, soit pour soulager quelque dou-

leur ou poursatisfairc quelque désir. Par exemple, on ne peut

guère mettre en doute que les animaux qui se défendent

avec leurs dents et qui ont l'habitude de coucher leurs oreilles

en arrière lorsqu'ils sont irrités, ne tiennent ce geste de leurs

ancêtres, qui se comportaient ainsi volontairement pour pré-server ces organes des coups de leors antagonistes en euet,

ie~animaux qui ne se battent pas à coups de dent n'expriment

pas leur irritation de cette manière, tl est de même très pro-bable que nous tenons de nos ancêtres l'habitude de contracter

nos muscles pén'oculaircs lorsque nous pleurons doucement,c'esi-a-dirc s«ns pousser des cris; et cela parce que nosan-

Page 400: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

axa COXC<<U8tOXS

nnrnmi iIu ftln"1.n; onn~lrrm/cotres ont éprouve, quand ils pleuraient, surtout pendant leurenfance, une sensation désagréable dans leurs gtobM dca-

laires. CortahMmouvements extrêmementexpressif résultentaussi quelquefois des onorts que l'on fait pour en côprunef.

hupourenpr~ t'obliquité des souMil~

et l'ahaissemeut des coins de la bouche sont ta suite deset 1'til)nissemeiit des coin.%de la bouctie çont la suite des

eiibrts tentas pour prévenir un acc~s de pleurs, ou pourl'arrêter s'ii dcjAcommencé, Il est évident qu'~to~ ta.cons-

c!encc de Facte accompli et la votontésont tout d'abord mises

en jeu, ce qui ne veut pas dire que. dans ces cas ni dans d'au-

tres analogues, nous SHûtnonsquelssont les muscles qui sont

mis en action, pas plus que quand nous accomptissons voton-

hnretnenttes mouvements usufts.

(~uant aux ntouvement~expre'Mifsduitau principe de t'an-

tithesc, il est clair que pour eux ja votontë est intervenue,

quoique d'une façon éloignée et indirecte. H cu est de mcmc`.

des mouvements qui rësuttent de notre troisième principe

par ce!a mémo qu'ils sont sous !a dépendance de la facilite

plus j~t'andc qu'a la force nerveuse passer dans des voies

dont elle a t'htthihtdc, ces mouvomcnisont été déterminés part'excrcice antcrh'nr et répété de ia volonté. Les cuets dus

indirectement A cette dernière force '.ont souvent combinés

d'une manière comptcxc, par Ja fo'ce de l'habitude et de

l'association, avec ceux qui réstutent directement do l'excita-

tion du système cér6l)M'-spmal.tl scmhte qu'il en est ainsi

lorsque l'action du cœur s'accroît sous l'empire d'une forte

émotion. (~uand un animal hérisse son poil, quand il prendune attitude menaçante et jette <iescris perçants pour effrayerun ennemi, nous sommes témoins d'une intéressante combi-

naison de mouvements originellement volontaires et d<' mou-

vements involontaires. Il est possiblecependant que des actes

même absolument involontaires, comme l'érecHon des poils,nient pu subir jusqu'à un certain de~ré la mystérieuse in-fluence de la volonté.

Page 401: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

HTMÉSUMÉ. Wt

Certains mouvements expresses se sont peut-~tre produtts

spontanétnent, sous l'innucnce de divers ôtats d'esprit, comme

les t!cs dont nous avons parlé préeédemntent, pour devenir

ensuite horéditaires. Mais je ne commis aucune preuve &

Fappui de cette ttvpothesc.La faculté d'échanger ses idées au moyen du langue

entre membres d'une même tribu a joué un t'été capitaldans le développement de l'humanité; mais les mouvements

expressifs du visage et du corps viennent singulièrement en

aide au langage. On s'en aperçoit bien vite quand on pariede quelque sujet important avec une personne dont le visageest cache. Il n'existe pourtant pas de bonne raison, autant

que j'ai pu m'en assurer, pour supposer qu'aucun muscle

ait été développé ou metnc modifié exclusivement en vue de

l'expression. Lesorganes vocaux seuls, et les autres organesA l'aide desquels se produisent divers sons expressifs, sem-

blent faire exception, en partie au moins, à cette règle: mais

je me suis efTorceailtcucs de démontrer que ces organes se

sont développés & l'origine pour des raisons relatives au

sexe, afin que l'un des deux sexes pût appeler ou charmer

l'autre. Je ne voisnon plus aucun motif d'admettre qu'aucundes mouvements héréditaires qui servent aujourd'hui connue

moyens d'expression ait été A l'origine accompli d'une ma-

mere volontaire et consciente, dans ce but spécial, à l'ins-

tar de certains gestes employés par les sourds-muets et de

leur tangage figuré a l'aide des doigts. Au contraire, cha-

que mouvement inné on héréditaire de l'expression paraitavoir eu quelque origine indépendante et naturelle. Mais,uue fois acquis, ces mouvements peuvent tr6s bien être ont-

ployés d'une manière consciente et volontaire comme

moyens de rendre la pensée. Si l'on observe attentivement

des enfants, même très jeunes, on constatera qu'ils s aper-

çoivent de très bonne heure que les cris les soulagent, et

qu'ils agissent bientôt eu conséquence volontau'cmcnt. Il

Page 402: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M CMttCLUStONS

n'cat pas t'arc do voir une pefsonnerotcvefMloMta!rehteMt

ses soufcHftpour expritMerde J[<tsupptise,ou sourire pourMmotj~nerunesatisfactton et une approbationfeintes. DatM

telle c!rconstance dounée, noua déshonsIl iaire certaMM

gestes ,do~trexnMS8ion80ttmanifeste,~é~ 'r.$t'.i,ii'rJèi'i.:

que nous élevons au-dessus de ta tête nos bras étendus, les

doigts étant fortement heurtés, si nous voulons indiquer de

la surprise; que nous haussons les épaules jusqu'aux oreilles

si nous désirons montrer que nous ne pouvons ou ne voû-

Ions pas faire quelque chose. La tendance & accomplir ces

mouvements s'aCërmira et s'augmentera d'autant plus.qu'on

s'y exercera plus freqMcmnMntd'une munière volontaire, et

ses effets pourront devenir héréditaires.

Il serait peut-être intéressant de chercher si certains

mouvements, qui étaient dans Fori~tne particuliers & un

seul ou a un petit nombre de sujets pour exprimer un état

d'esprit déterminé, n'ont pas pu se transmettre A d'autres

individus, et devenir finalement univcrseis par l'effet de

l'imitation raisonnée ou inconsciente, it est certain qu'il existe

chez l'homme, indépendamment de lu volonté consciente,

une forte tendance a l'imitation. 0)t la constate A un degréextraordinaire dans certaines annotions cérébrnies, en par-ticuHer au commencement du ramollissement inuammaioire

du cerveau c'est ce qu'on a nommé le <yMp<dme~e ~eAo.

Les matadcs atteints de ces aifections imitent, sans les com-

prendre, !es gestes les plus absurdes exécutés on leur pré-

sence, et répètent chaque parole prononcée près d'eux,

même dans une langue étrangère Cette tendance se re-

trouve chez les animaux le chacal et le loup ont appris A

imiter l'aboiement du chien, sous l'innuence de la domes-

tication. Comment s'est produit l'aboiement du chien lui-

<. Voirtes faitsintéressant!'rapportespar le docteurBatemaa,~a,t8?0,p. HC.

Page 403: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ET RÉSUMÉ. 3M

même, qui exprime tout &la fois des émotions et des désirs

différents, et qui est si remarquable en ce qu'il n'a été ac-

quis que depuis que cet animal vit & l'état domestique,et non moins remarquable par su transmission héréditaire A

"des degrés inégtntx (tans les difïerentës races? ~ousngno-

rons; mais ne nous est-il paspermis de supposer que t'uni-

tauo~ entre pour quelque chose dans l'acquisition de cette

taculté, et la longue et étroite familiarité du chien avec lui

animal aussi loquace que l'homme ne nous en rend-elle pas

compte?Dans les remarques qui précèdent et dans te cours de

ce volume, j'ai souvent éprouvé une grande difficulté pourfaire une application exacte des mois volonté, conscience,intention. Certains actes d'abord volontaires deviennent

bientôt habituels, finissent par devenir héréditaires, et même

peuvent alors se produire malgré l'opposition de ht volonté.

Bien qu'ils revotent souvent l'état de l'esprit, un pareil résultat

n'était, en tout cas, à l'origine, ni désiré ni prévu. !1 n'est

pas jusqu'à certaines phrases, comme celle-ci par exemple« Certains mouvements servent comme moyens d'expres-

sion, qui ne prêtent &la confusion, en ce qu/eHes semblent

signifier que tel était a l'origine le but de ces mouvements.

Or il n'en est rien probablement, au moins dans la très

grande majorité des cas; les mouvements en questionont toujours été, au début, ou des actes directement utiles,

ou les résultats indirects de l'excitation du sensorium. t~n

petit enfant peut crier, soit avec intention, soit instinctive-

ment, pour montrer qu'il a besoin de nourriture; mais il

n'a pas le moindre désir ni la moindre intention de don-

ner à ses traits l'expression particulière qui indique si clai-

rement le besoin; cependant quelques-unes des formes les

plus caractéristiques de l'expression, chez rhomme, déri-

vent de l'action de crier, ainsi qu'il a été expliqué précé-demment.

Page 404: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M CONC~Utm~S

font le monde admet que la plupart de nos actes expres-sifs sont innés ou instinctifs; maisc'Mtt une autre questionde savoir si nouspossédonsht facutté instiMcthede nseonnattre

ces actes. On le croit ~ëneratemcnt; cependant cette opt-

nM& 4t& &nMSMiM~M~~e< p~M temotno't-¡<

D'après les affirmations d'un observateur dij~nc de toute

confiance les singes apprennent bien vite Adist!ngMet'non

seulement les !ntonattot)!! de !&vo!x de leurs mattt'cs, mais

encore Fexpt'cssion de leur visage. Les chiots distinguentMt)S!fth'ës bien lit différence qui exMt<;entre des gestes ou

des intonations caressantes et des restes ou des mtonatKMM

tnenac«ntes ils st'mbient même reconnattt'e des aeeentit

compatissants; mais, autant (lue j'ai pu m'en Mndre compte

après des épreuves répétées, ils ne comprennent aucun des

mouvements dn visage, Al'exception du sourire et du rir~t

qu'ils m ont pnru distinjBruerdans quelques cas an moins.

Cette science particUe des singes et des chiens n'est assure"

tneni pas instinctive, mais provient pt'obahtetuent de rasso-

ciationquc ces animaux ont du otabHt'entre nos mouvements

et le traitement bon ou mauvais que nous leur faisonss

subir. Ue n~me. it est <:ertainque les enfants peuvent ap-

pt'endre de bonne heure A distinguer les mouvements de

rexpression chez leurs atncs, comtne les animanx te font

chez les hommes. Lorsque l'enfant, d'aitteurs, plcure ou rit,il se rend compte, d'une manière ~cnerait', de ce qu'il fait

et de ce qu'i! éprouve; de sorte qu'U ne lui faut qu'un très

petit effort de raison pour cotnprendt'e ce que les pleurs et

le rire signifient chez les autres. Mais il s'agit de savoir si

l'enfant apprend à connaUre l'expression uniquement par

t'experience, )?rAcea la puissance d<' t'associa! ion et de la

raison.

2. ~<~<eM~<t~< <M6,pp.<(~.«8.3. Ménager,~«~McA~'Atc<~&iiM~/tMf<!voitPaf«y<My,<83C,s. aS.

Page 405: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ETM~UM~. :M5

M

St l'on admet que la plupart des mouvements de l'ex-

pression ont été acquis graduellement et sontensuite devenus.

instinetits, il semble jns<m'A un certain point probable A

priori que la faculté de les rcconnaKrè est devenue institM-

<f!vc par un mécanismeidohtiquc. Mn'est pas du motus plusdifncile de le croire que d'admettre qu'une femelle de qua-

drupède qui porte pour la première fois reconnait la cri de

détresse de ses petits, ou d'admettre qu'un grand nombre

d'animaux devinent et craignent instinctivement leurs en-

nemis or, sur ces deux faits on ne peut élever raisonnable-

ment aucun doute. Quoi qu'it en soit, il est extrêmement

difncite de prouver que nos enfanta reconnaissent instincti-

vement une expression quelconque. J'ai pourtant observé.

dans ce but mon premier-né, qui n'avait par conséquentrien pu apprendre par la société d'autres enfants, et je fus

bientôt convaincu qu'il comprenait un sourire et éprouvaitdu plaisir A le voir; il y répondait en souriant lui-même

torsqu'it était encore d'un a~e beaucoup trop tendre pouravoir rien appris par l'expérience. Lorsque cet enfant fut

âgé d'environ quatre mois, je poussai en sa présence plu-sieurs cris étranges, je fis des grimaces et je m'cHorcai de

prendre un air terrible; mais ces cris, lorsqu'ils n'étaient

pas trop bruyants, ainM que les grimaces, ne faisaient quel'amuser, ce que j'attribuai Ace qu'its étaient précédés ou

suivis de sourires. A cinq mois, il parut comprendre l'into-

nation compatissante de ta voix. 11était âgé de six mois et

quelques jours, lorsque sa nourrice fit semblant do pleurer,

et je remarquai que son visage prit immédiatement une

expression mélancolique et que les coins de sa bouche se

déprimèrent fortement; cependant cet enfant n'avait pu quetrès rarement en voir pleurer d'autres, jamais une grande

personne, et je doute qu'A un Age aussi peu avancé il fat

capable de raisonnement. H me semble donc clue c'est en

vertu d'un sentiment inné qu'il comprit que les larmes do

Page 406: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M~ COXCLUStONS

sa ttourriccexprimaientle chag'rin, ce qui, par une sym-

pathtc !nsHncttve,hn causait du chagrin a !ut-m6me.Lemoine répond à cela que, st l'homme avaHune

connaissanceinnée de l'expression, tes auteMMeUesartistes

n'aaraieHtpa<! t~tt~é m dif<!cit~ de décore et de poindreles signes caractéristiques de chaque état particulier do

l'esprit. Maiscet «tournent ne me parait pas convaincant.

Nous pouvons, par exempte, voir l'expression changer d'une

manière incontestable chez un homme ou chez un animal,et cependant être parfaitement incapables (je le sais par ex-

périence) d'analyser ta nature de ce changement. En regar-dant les deux photographies que M. Duchenne a données

du même vieillard (p~MC~ IV, ng. 5 et 6), presque tout

le monde comprit que l'une représentait un véritable sourire,

et l'autre, un sourh'e artinciel; it m'a pourtant été très

difficile de déterminer en quoi consiste la dinerence. J'ai

souvent été frappé, comme d'un fait très curieux, de ce qu'unsi grand nombre de nuances d'expressions soient reconnues

instantanément, sans que nous ayons la conscience d'un

enort d'analyse de notre part..te ne crois pas que personne

puisse décrire nettement une expression maussade on ma"

ligne cependant des observateurs on grand nombre décla-

rent unanimement que ces expressions sont reconnaissables

chez les diverses races humaines. Presque tous ceux A qutÎ

j'ai montré la photographie de M.Duchcnnc représentant le

jeune homme aux sourcils obliques (p~McAcIl, fig. 3),ont déclaré immédiatement qu'elle exprimait le chagrin ou

un sentiment analogue; il est probable pourtant que pas une

de ces personnes, une sur mille peut-être, n'aurait pud'avance donner unesignification précise &l'obliquitédessour-

cils accompagnée du froncement de tears extrémités internes,non plus qu'aux rides rectangulaires du front. Men est de

même d'un grand nombre d'autres expressions, qui m'ont

fourni l'occasion d'éprouver combien il faut se donner do

Page 407: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

EtBttSUMË. 387

peine pour montrer aux antres quels sont les points qu'il~nt observer. Si donc une grande !gnoMnce des détails nenous empêche pas de reconnaître avec certitude et rapiditédiverses expressions, je ne vois pas comment cette ignorance

pont'M~ 'prortvC'l'qiU,."notr'"e t 11;6,aë

reeonnaltre l'expression, quoique vague et pouprécise à la

vérité, n'est pas innée chez nous.

Jt'ai beaucoup insisté sur ce fait que les principales ex-

pressions humaines sont les mêmes dans le monde entier;

j'ai essayédo le démontrer. Ce fait est intéressant il fournit

un nouvel argument en faveur de l'opinion d'après laquelleles diverses races humaines descendent d'une seute et même

souche, d'un ancêtre primitif qui devait avoir des organes A

pea près semblables à ceux de l'homme, et une intelligence

presque aussi grande, antérieurement à l'époque oit ces

diverses races commencèrent &se constituer. Sans doute des

particularités organiques semblables, adaptées aux mômes

fonctions, ont souvent été acquises par des espècesdifférentes,

grâce à la variation et à la sélection naturelle. Mais cette

considération ne sufSt pas à expliquer la ressemblance par-faite qui existe, pour une foule de détails insignifiants, dans

des espèces distinctes. Considérons d'une part les nombreux

détails anatomiques qui n'ont aucun rapport avecl'expression,

et pour lesquels toutes les races humaines offrent une étroite

ressemblance rappelons-nous d'autre part les particularitésde structure non moins nombreuses, parmi lesquelles quel-

ques-unes sont de la plus haute importance et beaucoupd'autres très iusigoiuantes, desquelles les mouvementsexprès*sus dépendent directement ou indirectement; et demandons-

nous si une aussi grande ressemblance ou, pour mieux dire,

une telle identité d'organisation a pu être acquise par des

moyens indépendants les uns des autres. Cela me paraitr singulièrement peu probable. C'est pourtant ce qui devrait

Page 408: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

CONCUÏStONS3M

être Mles diversesraces d'homme descendaientde p!u-sieuMespècesdisUnctes&rorigine. !t estbien plut probaMe<tuetes points nombreux d'étroite fessemManceque ron

l'cmafqucchezlesdifférentesespèce:)humainesproviennent,par voied'!]jërëdit6;d*uhcsouche t'nîque, d~OET~v~t~cd<!acaractèresde l'humnnitc.

11serait curieux, quoique oiseux peut-être, de rccitcr-

cher Atravers la longue sorte de nos ancêtres &quoMeépoquesont apparus successivement les divers mouvements de l'ex-

pression que l'homme offre actuellement. l~esremarques quisuivent serviront du moins A rappeler quelques-uns des

points principaux traités dans ce volume. Nous pouvons v..avancer hardiment due 1<*ripe, en tant que signe de plaisir,fut connu de nos ancêtres longtemps avant qu'ils fussent

dignes du nom d'hommes; en effet, un grand nombre d'es-

pèces de singes font entendre, lorsqu'ils sont contents, un

son saccadé évidemment analogue &notre rire, et souvent

accompagné du claquement de leurs mâchoires ou de leurs

lèvres; en même temps les coins de leur l~onchcsont retirés

en arrière et en haut, leurs joues se plissent et leurs yeuxbrillent.

De morne, nous pouvons croire que, des les temps les

plus reculés, la frayeur fut exprimée d'une manière presque

identique A celle que nous connaissons encore aujourd'huichez l'homme; je veux dire par le tremblement, les cheveux

hérissés, la sueur froide, la pAlcur. les yeux démesurément

ouverts, le relâchement d'un grand nombre de muscles, et

la tendance qu'éprouve le corps a se blottir ou Arester im-

mobile.

D~'sl'origine aussi, on a dû, sous l'ictiuence d'une grande

SQUurance,pousser des cris ou des gémissements, se tordre,et serrer les dents. Mais les mouvements si expressifs qui ac-

compagnent les cris et les pleurs n'ont du se montrer, chez

Page 409: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ËTHÉSUMË. 3fW

nos ancêtres, qu'au momentoù les organes de la circulationet de ht respiration, ainsiquo les musclespéri'oculaires, ontut-

teint retat de développement qu'ils ont actuellement. L'habi-

tude do rejpandre des tarmesparatt avotr été le résultat d'une,}. :,0..,J.=. ,l, o,action réflexe, due Aune contraction çpasmodiqui».de', pau-

pières, et pcut'étre aussi &leur injection par l'afflux sttnguinau moment des cris. 11estdonc probable que nos ancêtres ne

conmenccrent qu'assez tard A pleurer; et cette conclusion

s'accorde avec le fait que nos plus proches parents, les sin-

ges anthropomorphes, ne pleurent pas. Cependant nous de-

vons ici user do quelque réserve; car, puisque certains singes,

qui ne sont pas extrêmement rapprochés de l'homme, pleu-rent, il se peut que cette habitude ait été depuis longtemps

développée dans quelque sous'branche du groupe dont

l'homme est dérivé. Nos premicM ancêtres ne durent h'oncef

les soui'ci!s et retirer les coins de leur houchc, quand ils

étaient chagrins ou inquiets, que lorsqu'its eurent pris l'ha-

bttude de.chercher A retenir leurs cris. L'expression du cha-

grin et de l'inquiétude est donc éminemment humaine.

La rage a dû être exprimée de bonne heure par des gestes

menaçants ou forcenés, par la coloration de la peau et parl'éclat des yeux, mais non par i<*froncement des sourcils.Caf

l'habitude de froncer les sourcils semble provenir surtout de ce

que les sourcilierssont les premiers musclesqui se contractent

autour des yeux, toutes les fois que l'enfant éprouve dela dou-

leur, de la colère ou du chagrin, et est sur le point de pleurer.Cette même habitude semble aussi venir en partie de ce quele froncement des sourcils sert & protéger les yeux dans les

cas où la vision est difficile et ires attentive. Il est probable

que cette action protectrice n'est devenue habituelle que

lorsque l'homme a pris une attitude tout à fait verticale car

les«inges ne froncent pas les sourcils lorsqu'ils sont exposésa une lumifre éblouissante. Sans doute, sous l'empire de ta

fureur, nos ancêtres primitifs montraient les dents beaucoup

Page 410: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M CO!<CLU8tOXS8

plus fréquemment que t'bomme actuel, m&mclorsqu'il donne

tm Kbrecours &su passion, comme cela arrive chez les ali6-

nés. Nous pouvons aussi regarder cotnme A peu près certain

qu'Usavançaient beaucoup p!u~ leurs lèvres, loMqu'Hsétaient `.1. "i'I'1' \I,i.¡,t,

maussades ou désappoîntos, que ne le font nos enfants, ou

méme les enfants des races sauvages actuellement existantes.

Nospremiers ancêtres ne durent tenir la tète haute, euacer

ta poitrine, carrer leurs épaules et former !espc!ngH,eh

signe d'indignation ou d'irritation, que iorsqu'it:; eurent Mt-

teint le port et l'attitude droite de l'homme, et qu'ils eurent

appris à combattre avec leurs poings ou à coups de bâton;

jusqu'A cette époque, le geste antithétique qui consiste&haus-

ser les épautes en si~ne d'impuissance ou de résignation, nedevait pas nonplus avoir pris naissance. Par la même raison,

Fétonnement ne devait pas s'exprimer alors en levant lesbras,ouvrant les mains et étendant les doigts; et pas davantage,si l'on onjuge par ce que l'on voit chez lessinges, en ouvrant

la bouche toute grande les yeux seulement devaient &trc

ouverts et arqués. te dégoût dut aussi se manifester, des les

temps !es plus reçûtes, Al'aide de mouvements dans la régionde !a bouche, analogues Aceux qui accompagnent le vomis-

sement; il en devait être ainsi, si l'interprétation quej'ai pro-

posée de l'origine de cette expression est juste, c'est-à-dire

si l'on admet que nos ancêtres aient eu la faculté et l'habitude

de rejeter volontairement et rapidement toute nourriture

qni leur déplaisait. !1est probable, au contraire, que la ma-

nière la plus raffinéede témoigner !e mépris oute dédain, en

baissant les paupières ou en détournant les yeux et le visagecomme si la personne que nous méprisons ne valait pas la

peine de fixer notre regard, n'a été acquise qu'à une époque

beaucoup plus récente.

Detoutes les expressions. la rougeur est celle qui paraît !a

pluséminemment humaine; aussi est-elle commune u toutes

les races d'hommes, que le changement de coloration soit ou

Page 411: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

KTB~SUMe. Mt

non visiMe aur leur peau. Le relâchement des petites avères

du tégument, d'où dépend la rougeur, scntMc avoir été pro-duit tout d'abord par une forte attention portée sur l'extérieur

dj~ nofre personne et de~jMtMvtatage on particMliet'. A cette

cause sont venus s'ajouter l'habitude, l'hérédité et 1 afnax

facile de la force nerveuse dans des voies accoutumées; ce

phénomèmes'est ensuite étendu, on vertu du pouvoir de l'as-

sociation, au cas où l'attention de l'individu était dirigée vers

ta moralité de sa conduite. Onne peut mettre en doute qu'un

grand nombre d'animaux soient capables d'apprécier de

belles couleurs ou mente de belles formes;cela nous est démoo-

tre par la peine que se donnent les individus de l'un des

deux sexes pour étaler tous leurs avantages devant ceux du

sexe opposé. Mais il me paraît impossible qu'un animal,

avant d'être parvenu à un état intellectuel égal ou à peu

près égal A celui de l'homme, ait porté son attention

sur son extérieur et en ait (ait !c sujet de ses préoccu-

pations. Nous pouvons donc conclure de là que la rougeurn'est apparue chez nos ancêtres que très tard, et après une

longue suite de générations.Desfaits que nous venonsde rappeler et que nous avonscités

dans le cout'sdc ce volume, il résulteque, sinos organes circu-

latoires et respiratoires avaientété un peu différentsde ce qu'ilssont maintenant, il en fût résultépour la majorité de nos cx-

pressionsdes modincationsprodigieuscs. tiaurait probablementt

sufli d'un très petit changement dans le trajet des artères et

des veines qui se distribuent à la tête pour empêcher l'accu-

mulation du sang dans les globes oculaires pendant une expi-ration violente; en cuet, ce phénomène ne se montre quechez un petit nombre de quadrupèdes. S'il en ent été ainsi,

quelques-unes de nos expressions les plus caractéristiquesn'auraient pu se produire. Si l'homme avait respiré dans l'eau!

à l'aide de branchies extérieures, qu'on nous passe Ï'étfan-

geté d'une telle supposition, au lieu d'inspirer l'air par la

Page 412: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

SM COXCLUStO~S

bouche <it pan*les uariMS, ses traits n'&urtneutpaspluscx-"

prim6 ses sentiments que ne le font ses mains ou ses mem-

bres. Néanmoins, !a ra~e et, le défont auraient continué& se

montrer par des mouvements de ta région labiale oubuc<C'

~tc. <:t ï~s yeux semtcnt chcorc~d brillants outernes,

suivant l'état de la circulation. Si nos oreilles étaient restées

mobitct~ teuKimouvements auraient été cxtc~mcmcnt expfcs-

sifs, comme ils le sont chez les nnimaux <jMse battent acoupsde dent; or, ce qm nous autorise A croiM que nospremiëMancctfcs se battaient de la sorte, c'est que tofsquc nousraillons ou défions quotqu'un, nous découvrons encore lit

canine d'un côté de !n bouche, et aussi que nous décou-

vrons toutes nos dents lorsque nous sommes dans uneviolente

fureur.

Les mouvements expressifsdu visage et du corps, queUe

que soit d'ailleurs leur origine, sont en eux-m&mesd'une

utilité très grande. Ils sont les premiers moyens de commu-

nication entre la mère et l'enfant; cite sourit en signed'ap-

probation et encourage de cette manière son enfant Amarcher

dans la bonne voie; elle fronce le sourcil en signe de dé-

sapprobation. Nousdécouvrons bien vite la sympathie de ceux

qui nous entourent, ~racc ri leur expression; nos souffrances

en sont adoucies, nos plaisirs augmentés, et c'est ainsi que se

fortifient les bons sentiments mutuels. Les mouvementsde

l'expression donnent de la vie et de l'énergie au discours, Ils-

révèlent parfois les pensées et les intentions d'une manière

plus vraie que les paroles, qui peuvent être menteuses.

La part de vérité qui existedaos la prétendue sciencede la

pbysio~nomonic parait dépendre, ainsi que Mallcren afait la

remarque il y a longtemps de ce que chaque individu con-

4. Citépar Mofcaudans son èdition de J~n«<c<,t820, tomeIV,p. ':H. °

Page 413: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ETRRSUM~. 303

tracte de préférence certains muscles de son visage suivant

aes disposition!!personnelles; !e développement decestnuselës

pottt en être augmenté, et par suite les lignes ou rides du

vtaage dues & leur.coj~tracMpn~plus profondes et plus appaMntes. La libre expression d'une

émotion quelconque par des signes extérieurs ht rend plusintense. tovcMûtuent, leseubrts faits pour réprimer toute

manifestation extérieure modèrent l'émotion eûe-m&me~.

L'homme qui se laisse aller Ades gestes violents augmente sa

fureur; c<!tuiqui n'exerce aucun contrôtc sur les mart~uesde sa frayeur ressent une frayeur bien plus grande; celui

qui reste inerte sous le coup d'une grande douleur perd sa

meilleure chance de pouvoir réagir contre elle. Ces résultats

viennent, en partie, de la rotation intime qui existe entre

presque toutes les émotions et leur manifestation extérieure;

v en partie, dcl'innuence directe de rcubrtmuscutah'e surÏe

ccpur, et par conséquent sur Ïc cerveau. Le simple acte de

simuler une émotion tend &ta faire nattrc dansnotre esprit.

Shakespeare, que sa merveilleuse connaiss<~nccde l'esprithumain avait du rendre excellent juge en pareiMcmatière, dit

N'est- pasmonstrueuxde voircecotnedien,Parune simplenctton,unr~vcpassionné,Puerson Ameauxexigencesdesonimagination,Acepoint<tue,&sonappel,la pAteura couvertson visage,` LesttteursMMtvenusà sesyeuï, letroubleagagnésonmaintien,Sa vohs'estéteinte,et toutannêtreestmodeléSurseseoncept!onsimagtRa!res?Et toutcelapourrien!

H.tMt.eT,acte Il, scèneo.

Nous avons vu que l'étude de la théorie de l'expressionconfirme dans une certaine mesure la conception qui fait

dériver l'homme de quoique animât inférieur, et vient A t'ap-

8. 6rat!otet(De ~{~oMOM~,!M! p. MO)inststcsur !a v~ruédecetteconetui'~n.

Page 414: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

COXCLU8tO!:<; ET RÉSUMÉ39)

puide FopMMmJet'unKé speoMque OMsoua-spéctRqMedes

diverse~ mecs; du reste,. autant que je puis en juger, une

telle conth'mation ~tait A peine nécessaire. Nous av(MMvu

e~atemcnt qu'en eMe-mcrne rexpresstON~ou jte iangage deaembuons, ainsi qu'on t'a quelquefois nommée, u certaine-

ment son importance pour le bien de JThumanité. Chercher

à découvrir, autant qu'il est possible, la source ou rorigioodes expressionsdiverses qui peuvent se voir A toute heuresur

le visage des hommes qui nous entourent, sans parier de n<M:

animaux domestiques, voilà certes. une étude qui devrait

avoir pour nous un grand intérêt. Nous pouvons donc con-

clure de ces diverses considérations que l'étude philosophi-

que de notre sujet méritait bien l'attention que lui ont déjàaccordée plusieurs cxccilcnts observateurs, et qu'elle serait

digne encore d'exercer la sagacité de tous et en particulierde quoique savant physiologiste.

Page 415: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

ACTMN!!t~fLMtM.M; tout. etefttUC-tUMt. 37; ttMMvemenbtdM Museteo

<NMe(;rctW)tH!a<t~tap!tpe,37!oee<M'ebn des pauptèfes. 39 ethot, « con.ttMtten de l'iris, 49.

ÂMtXMATMS.3)0.

Afnx!<ATto!t(Stf;nead' Mt.AMMOtt(Rougeurchez <<M),Ma, 35<.

AUMM(PM'fM!!eMr),32.A<to<Tt<t«.MO.

Axace. matento!. a<! entre les deux

MM<. 83; MpremtoM de t'tmMf.

tMi le bttiMr cemme marque d'a-

mour, MO: tatnoHfpmve~Me !'<?<-

<!ottdes tannée, 23<.AKAtoMMBT wttKtMWMBde t'eïffeo'

a!en, 2.

AMMMOf<(D').t<3. MteM.

AMNtt:x, expMfMionsparticulières desanimaux, tM; <'«y.&re.MtCM.

AN)M~<;ï.<nouMmMtahaMtue~aMadMchez te< animaux tnferieuM. 4t à <!t;chez les loupset )<<ehafatft, 40 ehe!!

tc9chevaoit,47 chah, 48 poutet«,60eana<rd<t,M;<!amant<. tagus et mar-

ttn~t'<c))6MM.M.

AtMMMT(Uca)eaant). t33. note 4.

AtmTHÈM!(Mnetpe Je t'}, 52; ch!<t, )63 à M; chat. M &6< signes con-

Mxttonnets, 63. )

AMMSTÉ,Mcot a t':e!t~T, 189. <

A)'fB!<MCM<:<TA!<!e«r ~<!t!nn, <e<cite, let.bhnpalJzé eU'orang.IOI¡t.bezche< teehttntMBzéettomn~.

<0< ;che.:¡Mon, <M te chten et te chat. «Ht t

les chevaux et tebetatt. <03; eh<'z)'ë* t

!an,t03;teven'a~t<M;iaetMNve-s<tM- <

He.tM:te<oi<caMt. )03;<o)Mt'!MpMa- t<!ond<'eet6feoMde pear, <M,<(?, t)M. t

AMtMTMM:MM.t07. <M. tiAMceMTt~ (PaiManecde t'). 32: eïem*

picscttés a t'appat. 3:. 3!, 34. C

At)nmo!<(.)<?.note <4. j e

A~*MMt!,MO. C

ATB<!CL)ss.tf«f tendance Amug!f faettc- CC

ment. 3M. }AZAM.t3t. note e; oa. nete7. C

MAMUtt-txcntx.t02. tt.t.it7.

MttU.HWK'VT.ne.

<tAM(St.),8. 32. 9t3.note4j3t9.nohtt6;3St. note 25.

B.~MEn,tnmnnMaux Fu~!cM. Me.

M~)tM{~<'Samuet).<2<.

<tAttMtt(M'"),2t, tt4. tWtteM;M7,3tO.t!AtmETT(M.),4?.50,)'!0.)3<.BRt)?<(t)~. 334.

B<(Si)- Charte~, 2. 9,&<.tM.<:a, tM.

)a<.M7,M!t. 237.3M.3Ct.

B<!U.(M.).3t%.BtMNKtï~G.).149.note IG.

BEM!tco!<,<M.t«)te2t.

Bt!t)!<tf(Ctau<te),30. 7t. 74. note a.

Bmn(Lcn~.it.-M.).~4.377.Bt.tTH(M.), itxi.Mo<<!<t!ome~, GAM. M6: dfaMiMoo

de ce mot par un pcUt en~ot. N!M.

MoOMntB.2t7. 248.R'wx (M.).t7o, note <t <72.note tO{

tM.~3.MBM«(M.).102.130, t47.

BntBCM(M.}.M. 264. ''79.34t.

H<t«M:W~(t~MM),9n, '!M. 2M, 202.

90!. 334.

HnMTO!<(t<et)').«M.nt'tt<MnoMB<Str 8.). 370.

!<«on)m(t<<'Rajah).9t. tM.ttMHWM(LeD'H.). <t5.Mot)!29.

~new«!(D'J. Cr!<-hton;.X.tM).noteto;

t<M.<97.atO, '!<!0.3<3.3t7. 33C, 3<!t.note M.

tK:)i«)u.(D').3t7.)ttt.w<:M(M. 2t. 233. M8.3M. 344.

~~KTT (M. Tempteton). ït, t90. 2M.tc<M:M<t(D') &.33:). 3t3. n<ttetC; 3M.

knTex {Leca)'ita!t)f). 27M.tt;TT<t!<(Jetnmy). 230. Mt.

~«<!t~0!t.tt9.~Mpen(Mètre), 2,et oo« 3.

!.t!<m' TAtMniWB.M.

AttfsxTKtt. Pftncit'es d<' physMoj~e

ee<HtMt~<*t4C,note t7.

ATt.M<.3tO.

INDEX.

Page 416: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

MO tK&EX.

CAW!<(The))<tn.).to:),notett.CMMAx~K.tM.

C)tAR«t~,«?' ,expr«s)onduchagftn, !<?:obtt<tutt<'dt'< MMfeHi!.<9< abahMe'MM'ntdt's<!<)<??d&ta bouche, 90&;chfï

t~«t)tt!<t&.CtMtM m!t'Mt.)t, t<ta,4M;

CttAT.4a, t:t&:iiettfepafant<mcomtmt.&)t)eorcsMMtton Mettre, Mi rot~rfatttSMoreittc~ fn arriÈM. <t8 remMant

saquetM. t35; moMTcmentt dtaftee*

Hon. <3<t;MtOMtoxent!)de frayettr.t3C redfMMmtM<queue, M6; fthant

~eM-t«M,t37.

Ct)*TOHM.KMt:'<T.3t4.CmitAt.,<tMmt)ttaotc~ptaftant. t?.4N;H

erie tor~o'tt <:<tten dim~ef. ?; M

toan~rfdccotnt'attre. t tU Mmanière

d'MprtmcrtapcMf.tet'taMr.etc.,t3&.

CMmEt'x (DecotoMUondfi), h~rt~se

XMtttdca cheveux. tO?, 3tC.CMMnc~~(M<).e.

CMtt! tnouvoncn~ syntpathiqucs. 7;¡toornant en rond «Tantttcsa CMX'her.44 i chiot!dar~t. )&; chtett gmUaMtta h'm'.ctc.. <C; difMrcMtttCMteiiet

mouvetnent~ ?&; abo!empnt cemme

tMoycn<) eïprcMion.Vt chiense ptai-ttnant. M; rc)n''rNHtttcsar<'i))p<:en

aïrifn*. tt7; ttiffétfnttMtoa~etMenta

du chten. <;M:meuvctuenk daffec.

<!on, <M: rire. t'!<! frt"d<*doutcur.r~ A'aUeutttn).t~ de terMNr.tM

<nûtnet<)cntsdcj''uetdnnwM<!J:«.CMt!)t'*M<tôt, <n.

CMTt!MC<M<)<HMotnesde CtteM)t}. leur

tangage par signes, <!3.

Ct.~<;6« fUStMK.Ts.!!?'CmTMMAMMTAX&.ttT!

CoMnA-M-Ctt't:t.L<tt'

CcHt;t<.)t<'n!iiM<'aMX<'Mitat)MftG<t<

rteMFes~~t;il Ma~t sur tecer~Mu.

73: affM-h'par ta c<t)tn',77.

Co~nc. XM;chez )ps stnxa'. «C.CownAT,<Mt)!&re<<dccombaHMcht'xtcs

anhnaMX, 07; tom teit carnhorM

combatte~ avec !eur<tdentxcantnes.

ttN:chieM~ctchats.<«t;eheMtt!t,<toaMaco!i.<'tc..n9:~a". <«!p'"<

tM;M<t(;H<'r,t'~<:<'M)<ha<)t.m!r!)tt)oceros. t'!t :<«?'.<

C<MtXt.!<tMTt<t!<(PoM~r de) cNtfe ant*

maxx Thant CMMcM~,Ct dM Mun!~

tntte«, <M;dM chteM et dM chat$, 6t.C~TttACTMNtdu HtMMhtpMtUttetef.SM.

CMttK (t/Mteur),CMM''t!tt(D~U2,M<tte2!

t C<« <Pnt~M<'tt~. <M.nfttest;

Cn*CMEtt,cïpreMtonde dé~ùt. 37~.

Cn~SM, 97U.

CK~'H'tt.ttt.

CMs,appet au scMMra.90.

C'~u'AtMt.nt Mo: fa!Mntrougir. 35C.

D*<x. te eerMahM, HO.DuwM (D'). at. note: ~8, KOte<<

MÉMt~CMKKT.?,<(?.

Mo t~, 372;ctaqMCtMentdes detg<<,ï7S<

Mu (Air <!<}.:<?.t))5<:<tt;T.x?&; cracher en <~<M4e d<

H<"U.979.

~XT<t!<K(Acte <ie<!<!coMvrirta).a<!7<

MaMMttt, <a<t.DMstts AMToo~nisde ttente. &.2S.

UËT<tT«t!<(R!tpre!t4!o))deta), 23t. 2!M.

t)tAC)tA)tMMde<)HUsc)Mdeïaface.9<,25.!)t<~E!<!)(Otfrte~, *!M.

D<LATATtOS'tMt'M)'MtM.M&.

DtMMtUTtOS.Mt.M~TOACTh't!.Stt.t)«?:CKn!'(ProfeMfM~.t70. t77,2M.3M.

t)f'< nsm. iiignM«xt~rteMrs de (touteuf

j < hH!te~ antMaux, 7a chez t'hoMMe,t 73; chez rhip~tohme. 73: h dou.

t ienr a<n<'no)a traa~:fatton. ??! Mti <:Xiviod<'p)'os<rat!ott.«5.

DMttE~B tLc D'). 5. tt. tt, <4<,<5<t.

Hote<:)!n.

KttCt!WOMK(Marhtet K..L.),3M,ce(e` ?.

) ~H!<. t;!0.

~.ëPMA!tT, t~t; ~ettrant, t77.

K'MMtfM dessonN.M: < Af<M<«.HwtSTft. tett'nMsion chez tM t~K<

enfants. ):<; cns. t&7i)t)et)n!. tCt.

H\OEmjt!<'<(t'MfeMcur), M5.

KK~E, 'MO.

HocMtof dM apjtCttdicescutanés, tOt &

Ht.RR9M'«!C!t .M M.at. <M. tM. M&.

KM'ntT. confMstonde t <'<(<)ritqu! accom-

t1

pa);n<'In romccur, 346.

ËT<q<!KTTe,3M.

Page 417: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNMEX. 397

ÉMtNMKaT, 2M; chez !e&aingee. <S9.

f!xMMMKMt(AnatoMteet phttoMt~hiedo

t').:t! prtMctpet~nefaKi dct'etpre&'ttcn.MihaMtMdet MtitM. M;ant)-

theM.M acttan d« av<t«!MteneneMt.

?.

(MayeM <<'j <'4'!<)tMt<x,N8 eMhMhM)<ic~M<)tt. fft'c-lion t!~ ajtpettdtieeaentant, tôt;

);onM«n<!ntdu corps, tHj n'nvcrfte-Meat des oreilles en arrit'rp. «7 rc'dressement<!<?oreXtes, t'!9.

E]tt'ee<tMe!«t<t~c~<.esd<MaHhnaux.<99chien, <M: ctM~ <34: chevat. t3$:des mmtnatttt. tse stages. babouinset ehtmt'aMes, t<o.

EtfMMMMK:8f~ct.~)!sdetitommc, tSit:

ttooffrance.tS<t;p)eMMchez t'eMfhnt,<!t7{contraction des mx~M quientourent ta't! )<eMd<otles <'ft&et

les pleurs, «M; sécrétion d<'t larmes,

<7< Mp)reM!onde ta Muttrance, tM

eMh~ite des sourcils, t9t <t(HM)<t

de la douleur, tM; abaissement des

coins de la bouche, 205: expreMtoMde la joie. :t t de l'allégresse et de

la bonne humeur. 3M; de l'amour etdes sentiments tendfes. :'M de la dé-

votion et de ta piété. 2:M.

P«ttnes (M.D.), 24a, 341,:MO.

PoBB(M.}.i<'M!.

FMMTBt<(Jt..K.).3<0.F(tM)!tt(M.Ntchaet), SM, M9.F<tt'tUXE.222.

FMMfn. St.Mietf'z les singes. t5~:¡ehM une temme ath'née. at3; dilata.

t!ande< pupittM, 325; dese'<t't!on de

la frayeur pafJob,:H3.Ftt~cMtUT,<87.FNOftCeXEftTttCftMOMMt. 4; chM !M

hotnmetde inutex les races, 297; ehex

l'enfant. 2 tu: froncement ~nraMerla vMon, 2i2;tta iMmieroecta)at)h'.2t:<.

Pottcm. ??; tfonbtement Mt Mne

Mme<t)i<'ncede la fureur. 25C, 2C3:

dMertptien de la cotcre ~ar ShahM.

PMM.2SO;grincementdes dents, *!<M.

FtffB~).a26.

GA))tA(Christian).M. 923.27:t, ~tC. :H3.

G*t.TO!t(M.P.),M,nc<eS.

(tjmaoa (M.A..M.), 77.nott 0.

ÛA~~(M""),tM,tMtM&.

Getnx(M.t~.). a <,<<?. MO.27U.M7.9M.

CetTE. M MrédH~ dexgM<MMtttMeh.9t; ~ates qM<accoMttM~eMtla MM.

j;eMf, :Mi.

t!t.E~j(Left~, ~-9J, <7~ M«fo ?;-}<?.

<!«'<f).ENe'<TBCMm'a,)11 c~z !a gré'

1n<M)!ttectle crapand. ttt; te catn~*

Mon,etc., H' !e<M)'tte))t<,ttx.

(:onnn?t (Ladyttoff), ??.

CoMu.c.tM.(:«)jm (M.), <<?, Mete<&.

G))At)<n.t:T(Pierfe;,0.7.3t.tM.at'MS. note 6; 9&3.M, note 9; 30t.

CttAt (t~ pfofeMeur et M*" AM), 23,'~7. 3M.

CO)!t!X<M.),Xt.

¡

Gnw.r.n(~L), 2t.

CnKMnMU.H.:<7. ttt, note t.

GH!tJt)!MTÏ«T.t:M,

Go!<'<wc(n').t7'G<!t<THKn(U~.tM7.)H, 05. nuteW.

MAMTLOB(PubMnc<'dct').:M.HM)E?t.UM(L<'Rev.), ~M.Mt.3ii.

HAM<Fm<!m.~M,Mf:;c<'t''r<'<'ti))-

di~nathm,'!<!t r!<'anetncMt.aif dedett,

1

2<M.26' rir.anelnellt.ulr de,Iéll,

HAH.t:)t,94.

thnvt:v,t, note:t.

j tt*t;MEME!<T<tM~pautei!.;'«:

tt):t.M))uLTZ(Pmfe<i!!enr),9&,«7.

HMnEMs<~(M..t,Ht!. n"t<«.

He~n. &,note 7 j taa, not<' M5. note

c;ta.tt~nttMTÉde e<ttes haMtMctx,M de ta

nm);<!Mr.:Mt.

Mt!HfMTBt(t!hMeMmon;.05. t<7.

!H)pt'ocMte.3t,Hotc3;7C.

jMMt.t.tso(8<r Henry),30, ao.75. note 8:

} M<.n<tte3~.

tta~ne,Mdc!er!ptiondMr)rc.«.i H«MK(K]tp)'Msieo)t)tpët!ateo<!et'). t5C.f H«tTe. (;e!t)e, ~it; d<*i)Cfit'Httnde ta

honte chez !Mte. JMraa. etc.. :<M.

t)o!tr<:tMaMVtiM),3M.ttCM~StT~(/t(e<rc ~r<Mt«<'<'</f!<*),

1

parTytor, 27S. nete <

Hmhou'T. ti5,!ti!tttOBOtt(Hnone). '!M.

HtM<:m(.Ma)tv<ttse).<a9,2M:M)teï'

Page 418: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

3M tNOMX.t'reMiett cetWMherMMe,2M;chez <M

ft))~, )4a:Jean<M<M-a«g<.et<Ma.

MfMH~,9M.KMMMM,3<M.

H<fx<.Bv(Le praCfMOMr),3X,n«te & 37,Hbte«.

Htfixe, <:«.

tM< ctj'rcssion de ta Joie, ~<2;h's!<Mot6roH~SM'ntrarement, 333.

t!t<'OMaA!«;E.a«3.

<fttH6!<ATtM~.M3.

tftNM(P'). M6.

jAK~sM, «a, aao.

JMpM(D~.)t5.J<tB.sa deseripUott.de la frayMur,:<)9.

J<nc (EtffMhtnde ta). 7a, ÏtOi chez

!'<'a<ant,<? etxt te chien.e!<eMt,60

t)i)));e!i.)4o; rife,~tt:tMnae huttK'Mf,2M; ~tt~. ~M; amour et <e)ttimet)t<!

tendpM, MC.J<tMCt)tt«Kn)t.t.*ttM.teuMt(e<t<s,&

Jt:ttE!<(M. J..«.), xet. note M.

KtMHBot),tM.

K~MEnMA?t!<(M.).26. fsy.note t.

KtNM(Major Ro~, t'tO.

K'H.miB)t(Prof. «fn). t(t7.

LACV(Hywn~. 90. Mt, 9~ MO.

L*ttt!(M. X..M.). !!t.

LANCtM.ArcMbaM). !!t.LtMo~cepar ge<tes,M par s!((nes,M.

L~StitiTAf~(U~, tS<, tM, 3M.

LAMK,89.

LmMM.aécréUoapar te rire eHat<MM,t7&: par te b)t)t<e«)<'nt,t76i acHonsré<h)M! tXt.

UnaM KT<!ts<:MT!i,<M: chez te~ en.

faMttt, tM; chez h's MOwa~M.ttti; )tjhez tM a~e<t<'s.t<i:! cheztMfeM'

tHM.<<?.

L~~KK (G.}, 3. anto0.LAtCMti(ProfeMMtr).3M.

L~Bn~it. t, 4. *!M,ttote ta.

LemMMAMnT.279.

LE))ettB(M.Atbcrt~.9«:.L6M)?t<te Laocoon.<5. note <

LKtcte. tos. t<M.

LËZAttMqui s'cnttant. tt!

LtEom(<<.P.),'<«, note ?:<.

~(:< Me.M.

LMTM(L.). <ca. ï«,nete e.

~TcaHM.c(M.},0<.LoMwewa{<<cNev S.), 93, Mte 9.

~)t*M{~eD'J'ant),77,noteC.

).ucMM:)t(Si)'Mt~. tM.~ao, neto M.

MAMMMM.(MJ. t<M.Mate9; 212, Mute4.M.t.KTM{W..L.),Ht. «G. «<t, note t7.

MtMMM,3~; =-MAtntuwit (M. WMhtanton), a). 9~e,

M&.M7,M5,8tO.MA(:eat.M(Le C*). M, noie te; 4<.

MOtet4;M'a<M.Mte40.M*t'v*;Mnumstn, M~. ~MmeMf.MA~vAMetMKTe.PA<j8<eMartre,3M.

MAt(M.A.).27.MëMOM~Rde la phystonemte humaine,

M.note7.MÉMTATMM.2M<sèment aeeempo~t~e

docerta!na){<es,Z4&.MÉ)'«M,BËMtK.27!.

MMM())'A(<otf).aM.M<tPMTM,NM.

)tMME.n(M.).3. 337.Mo~MB~TS 6y)))b<tUq«<M',Ci aympa-

<htque<,7.MootMesTa habituels ait«)cté< chez les

animMX.4< chien, 4 htMpet cha*

eal, <e! <:heM<,M; chat, 40; twa*tet.M;c<M)a~<a(hM'K<M.

M')wea~t. < ~OM/ &o, note t«.

M)tn~(D'terd)nand), 21.

Mmen (Ffitt). M. 30, note 71, note

2: 7<,n<ttc<ZS7.M<MMsdo la docteur, <09.

Mm~e,a t. 2:M.

KÉCATM~(SttjnM<tc), 29t.

NM<M.(M.Patfidf/,M.<07,:M:

0<:t.<!(t~W.).74, ootes ;M. 3t&OKBÀM.ér~aat leurs plumes !ofs*

qt) <)<Mnt irWtes,«M; ils les M&<ef-

rcntpr~ du cortMdaMS la frayeur,«Mt.

Ot.M'MAffffM').«t. note MO.note ta.

Ou.MSTcn.M9.

OnEtu~e. teuf renteMMncNten arrièredans le coMbat chtem, ettat, ttgfe,etc.. t)8. OOjchevat. <tC;gMat)ace,etc., 110; e)an, 120; taptu. tM: «m*«Mer. <2< singes, )2< MdMMcmentdes orcmes. t2*

0)M:M:M.,Mtt.

Page 419: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

tNDEX. SM

OwfMt(PHtf.), t(t, note t3! M. )mto3;

<M.H<Me<«.

'10, note 13; 93, no'" 3;,

'1

i: PAOBT(Mt-JJ.7t.M<.9<Mt,.7, PAKe«N<(~),),Metet. 1.

PtMHM~MO.1Pnv<«tMcm<tat!)re,a.

9,~yw~

pd'expteit~M, ~f UmH~c~, 6.

FttHitttt(D*).7. 2M,tOt, 2W. 239. M3.W.

PtAOTK.MO.

IPMCtm, tM: t'ê~~uf d« teur pre-m~re appar!Hon chM t'entant <'et

waftaMc,«!3; tm Muv<~e<tpleurent,

t0<; aHen~a, !<?. aM({<netttat<OMOM

<t!mtxut!oM<!<*la <hcuh<'de pleurertMrt'J)tbitude,t<M!:et'!<etptaeM<tesoM~att. t<M.

t'«MMcntpte;t's AdctratMte& serpette&<OMOeHc.<6.

P<mc')f:wc,Mt.i'ttCcncT(M. C.). ?o. oote t.

P~aMfHMïtMXhpf~dttatM oMinsttne-

tive.at.

PNOSTtttTtOM,N5.

pMCt)ot.<K:M(Pr!ae!t'e<do. ptf Spett-cer.a.

P~nu-KS (UttataHondea). 32it.

QuasT«tXMt)'t:concernant tM<cxprcs-~<mt,t6.

M.MCt:t<6,V<{?teEA)!R6,'Me.

R)!*M(M. Wtowuod}, ~2, 2W, 3<0.

Mft.<!inox,37; profonde trette~on.ac-

coMtpagttee(~tx'ratcment du fmncc-

tneHtde~aa«)rcit8.2N?,M.w

K)MH!tt)B)t(M.).f;.tM.)t<!t<'):t«).Xt0.xe'?.

Bes*M,<M.BtMMM. M, M, <M, note « t<5.

MtMftTtOX. t)tPC<im!<Ct!.Mit.

M~MMTMxou D~<:M)M?t.a etfrhoe ~rt'oectuaton <!«to ttottebe. XSt.

tM:MM)!,a73.

BBïKo<.o);(S!rJ.).M2. note <5.

Mt)M<M:Ëno!77,t'!<.

MMASMEM,AMt)KfËCt. 2t!<t.

tHBM.'!26.RtaK, t;t, t77! rire ehex t<M«tnges,

m!JoieetfeateMtemet)te)[ttf))n&t

tw le t!n', ~tt: h'rttrechei: tcM-

f)tMt.an;<:ttei:tMM)ote.M2!chez t'adxtte. x<3 MtMépar te eha'

toMUtetttMtt,!!)<! ~:tat du retint,

2<M;JarMeaauxymtï,M't!)'eche)!)ea ii!M't(t<M,tM Mahts, été.. !!M:

r!n* pour<:achef<e«et)t!m<'nta, 9X8!

appadtitm du rire thez t enfant, 326.

't<f~ttW{N'j;M.<R<tT~)o<:K(D').2:<.248.<i?,7<t.«accKm. In teodanee à tott~tr acqutM

par rhMdtM. 33) ehettte<dtf~fett-

tot facM hutoatnm,339 ttMuvftnen~

ctgestM<(uit'ac<!etnpa);n<'<tt,34~;c<tn*·

fudon, KM;naître des ëtats d'csprtt

qttt la pm~Ment. 940i UMMité.356MMee toorates.fatttescoH)MtM<.356infracttoas &t'ét~Mette, ?6; mode~.Me.35a Ut~rie do ta WM)!fMr,3'!<

ph~totot;i<' CMtMeean!tt)tede la fou.

(;GMr,&M:<totet.KuMtKASTtt.h'MMetnoUonaou Mn<a-

t!oM,t:M.Mt<B,XSu.

SAMT-Jon.f(M.).M~SAmx (M. t' )<t.n~tf t3.

SA*<MMt<:M(th'ti). h'ars habUanti:. !!<?.

M~<;min. <Xt.

SA'w.MTit. )'articu)iefs & t'e~ee hu-

toatne, )C7.

S~CMxxs.Lt:i:jmtts.<tX.S*y*<!BM WtMA!<(MM.\ t5ï.

SCMMUJ!,'!93.

8coTT(Sit'WaHcr).<2)!.SMït !M. ~.). ta, MO.M?,979.MS.

8<:oTTfn'W.K.i).not<<.S~cntÈTtHtt.t,!)Mpf<ss!ctttt<'<!spar les

~mot)OMvMenteit. 7t.

S)M:M:TA<MB(H})Mgemnus),H 7.

8B~<(t.e<) et t'hTt!t.UMEXcE,8. Mote~.SKXTMEMTstoxifet: et do sytMt'a<))!c,

~i'.

SKat'EXTS.ttX.

8attt'K<TSAM}t}tCTTt:,t)3. <t6.

8MAMn(t'ref.),«4,)tC.S«i!<Mt~tST)M(TH)~St!t.!i,03.

8«:XM B *HHtMAT«tSETM SÉCATtW!.Mt.

StNCM.<)3; leur fMahe decenmmMi-

'taor entn' OMXet h'af manîem d<'

s'exprimer. M. 9t, tôt ptaisir, joie,ttUf~resM, etc., <t«; ~MotionsdM-

Page 420: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

4M ~BX.

teaKX'MH.tt&;eo!&re, «<t,de<'ien*«eut T«)t);~décati, tt7!WtMtceMmc daft fnfax~, «9; maMv~se

humtHr. <M; thtncemfnt <tMfrontet det «Hfeth. <&<;etonnetMent:

f)f)tye)tf,tM.SM~NtMtt~. jt~utM~dctMMMM.

StMHH.M.SfHTH(SifAottn'M). 2M.

SwtTX(M.Brough), 20. 306.at6.

8Me«T)~B. <aa.

Soxs. leur etni~tott cotnme )ttoye<t<<tt'OtpresMtot).<B entre les MM~ 89

entre des antnMHx~tm~s. Of):sonsde cotèrn. Co; atMh'mext <tuchien,Ht <tMchafatt appt'h~f). 9< MM.coutonent d<*apigeons, 9i vott bu-

nM!nc, f): soo9 MM~ay~ cooMMe

moym de séduction d'un sexeà raM.

tM.M: M<t<t<tM<MAM: eWadet'CM.

tant. sa MM de surprise. Aem~pt!s.Je d~<~t. ?: mm rhez les !ap)ns.M; les ttorcs.épit~, 9&; les tnMctes.

t00; les oiseaux, t<M.

S<M'FFNMt<:<!de corpt et <t'<Npfh,tM.

S<n;<'<f<'s.?. 2)t0.

!)MCnc)t.s.)curubti')uité,i9).ScunM'XMTS ttMtrutta ttarant!th~e.

M, Ot, Mute3.

SoM~xE, ~t7. Mt; fhpzt'cnfant, 2'chcztfs tama~. :!27.

St'EMT(le citpttaitte).M, ~TC,M7.

SM:!«:cn(M.Mcfber().a. «), tw~ H M.note t 91. 'nat, ~M, tMt«&;'WJ'.

8fti!<sett.«3.SMtMX~)'t!<)~tCn.:«.

8p<x(Von).3t).

arAC)t(Lettev.J.-W.).~t,t9,2M.3to.

STCtHTtHJ.aw.

BtEenj'roda)t<'pa)f)a<)ou)ear, ??.Stm'XtM. ëM~tfKtRXT.399.

S~Tt~fM.), tO), tt7, t5!, t?3, 277.I.

Swt!<t)<'E(M.).M. TM.205. :<:?. iS~MMÏME.~t M~T)~, 3~.

SMTt~ESBMËH!.<?«acttott <Urect<C9. É7M; <Me<!toMthM<tM cheMMx. y<t:tremM<:Mpat dMnmst)ca. 70,8); te

1ey<«'m<'oefveMXtffecte~s)!ecn'Hont:.

Ti; tratMpiratbn. 77;fHMMr, ta~c, i

?7!J<t)e,~errMr, <(; MtMmr.Mt

~!<tUnte,M;e~i<t.M.8mT<!MBV.Wt-MMTEm,72.

TAt-HK(t~eMv. Ceo''t!6),!<, <<?, 9M,~M..

TAVMtt()L<tMy.),t<t<t,tt!<:):TNMEM(M.tt"i.

TEX?H!ST(SifJ.Et)M!fMn),)77TEnneM, 8t, ?8; <')tp<Mne femme

a)M<!<<30{c!<M't<eon<!a<nn~è A

tMoft, at4 dttataHondespepHtei!.32&.T(tw~TE9~.jt. <7ft.tw(e'!o.

TtW)MT<tM.

Tnm.t?!

TnA<tspMMto!<oe<:aetoaN&'t<a<'ta dou-!<'))f.77.

T<tK<HH.M<<Tp!roduttpa~tapM)',?0;~r te phtstf. 7t; ta mu~e,7) far ta eot<'rc.?< tMf la ~aycMf.(tt.

T<M~n<P<'of.W.).t«s.<toto<a.

TYt~n(M.).e:not<i':7!t.~o.notoC:2<M.no<p«.

VABttTMxs<te<at~ntam et des ptaateai;ot« !'t))<!Meneede h 'tMnMttMthm,;!S.ne<<'<

VK?t<:M'(f:t!,M~'<Ct"<H,MO.V)nctt«w(ProfJ, 37. note 9.

Y«!~(M.<!M).t)7.Motc3'YwT(t'Mf. Cart'. x~M.note )2 993.V"n t)m<nftE,9).

YoMtMEWMT,<CO.

Wu.ucM(C'),M.ate.Wt:ALE(M. J..P.Man<et), aa.2to.3M.

:«?.

WEMWooM(M.Hens)eigh),ttt,t76,nMh'«:M,&7,noh:e!M2.

WE)<t(M.J<'Nner/,<o&.Wesï (M.),22.

WttMx (M.?.M.

Wtu<'X(M.8atNnet).2t,3U.W< (M.). 27.

tWoott{M.J.).t92.no(e9:~t9,3M.WMun(M.T..W.).M.

YEct. eon<)netion<!eimo<c!e<tqu! en'·

touteat roiH. t<Mt.

Page 421: L'expression des émotions chez l'homme et les animaux

M

t'agc M. tignc :m )icH<te M.Marbio' )iscï M"" Rarbcr.Kt ~i Spencer. SpcniKT.

–2~ t't Staeka. Stitk.

EtUtATA.