les points fondamentaux de la philosophie thomiste

8/3/2019 Les points fondamentaux de la philosophie thomiste

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OHAPITRE XIV.

D I E U , E T R E S U P R E M E

THESIS XXIV. -Ipsa igitur puritate sai esse, a flnitis omnibusrebus secernitur Deus. Inde infertur primo, mundum nonnisi per crea-tionem a Deo procedere potuisse; deinde virtutem creativam, qua

per se primo attingitur ens inquantum ens, nec miraculose ulli finitaenaturae esse communicabilem; nullum denique creatum agens in essecujuscumque effectus influere, nisi motione accepta a prima causa i 1).

SOMMAIRE: A) DIEU CRATEUR:la cration ignore des anciens, p. 340le concept de Dieu en est diminu, p. 340; Platon et Aristote posent que les principes, p. 341; panthisme contemporain, p. 3ncessit du monde admise par Platon et Aristote, p. 342; ncsit d'admettre la cration, p. 343; preuve de la cration, p. 34proportion entre l'existence et l'opration, p. 345; la cration ncontredit pas l'immutabilit divine, p. 345; l'existence des naturdistinctes de Dieu prouve la cration, p. 346; la gnration n'epas une cration, p. 348; la crature ne peut pas cooprer lcration, p. 348.

B) TRANSCENDANCE DE L'EXISTENCE ET DE L'OPRATION DIVINEle monde n'est pas ncessairement ternel, p. 349; ce qui est ncessaire en Dieu, p. 350; Dieu n'est pas chang par la suite dvnements temporels, p. 351; Dieu est spar de toutes les chofinies, p. 351; Dieu, raison premire de toute ncessit et de toupossibilit, p. 352; dpendance perptuelle de la crature, p. 35ubiquit de Dieu, p. 354; critique des adversaires, p. 355.

C) MOTION DIVINE NCESSAIRE AUX CAUSES SECONDES:Universalit de la motion divine, p. 356; 1E preuve: mutation de l'agentcr, p. 357; doctrine d'Albert le Grand et de S. Thomas, p. 35

(i) Thse XXIV. - Dieu donc se distingue par la puret mme de son exitence de toutes les choses cres. On en conclut: lo le monde n'a pu tre proque par cration; 2o la vertu de crer qui atteint par elle-mme en premier lil'tre en tant qu'tre, ne peut tre communique, mme par miracle, une natu

finie quelle qu'elle soit; 3o aucun agent cre ne peut influer sur l'existence deffet quel qu'il soit, sans avoir reu une motion de la cause premire.


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2 preuve: l'ordre des agents, p. 359; 3e preuve: l'tre, effet commun de toutes les causes cres, n'est l'effet propre d'aucunp. 360; insistance de S. Thomas sur cette considration, p. 36pense authentique de S. Thomas, p. 363; citation de S. Thomp. 363; objections, p. 366; accord de la foi et de la .raison, p. 3

A) - DIEU CRATEUR.

La cration ignore des anciens. Quelque noble qu'aitt le concept du premier moteur, tre un, souverain bienauquel les meilleurs phi losophes grecs ont pu russir s'lever, ils n'atteignirent cependant pas la plus haute idaccessible, absolument parlant, la raison humaine; ils nsurent pas concevoir ou ils n'osrent pas affirmer la production des choses du nant. Ils supposrent donc la matiexistant par elle-mme; ils admirent l'ternit des esprits omoteurs des astres qui habitaient jadis dans ces rgiontheres et qui en sont descendus dans les corps humains;

crurent qu'il existe un tre second, appel Logos, verbmanant de l'tre premier; de ce verbe, procde encore utre troisime, appel Dmiurge; puis d'autres ons encortrois par trois ou neuf parneuf, qui auraient ordonn la nature; ils ne pouvaient mieux faire, sans courir le risque ds'garer dans leurs penses et de marcher l'aveuglette, cails ne connurent jamais la vrit trs simple nonce apremier verset de la Gense:in principio creavit Deus caelumet terram, au dbut, Dieu cra le ciel et la terre.

Le concept de Dieu en est diminu. Si l'on ignore lacration, Dieu est en lui-mme diminu de beaucoup et sempire sur l'univers, en bonne logique, s'vanouit. De fait, ncessit de l'existence n'est plus rserve Dieu seul; il

a plus de raison pour lui attribuer une transcendance infiniau dessus de toutes les choses qui diffrent de lui: cettediffrence mme entre Dieu et les choses n'est plus claire: effet, celles-ci doivent maner ncessairement de lui, non pune production l'extrieur, mais par une communication intrinsque de la substance premire; communication d'ailleurfort obscure et, qui plus est, absurde. On ne comprend plla perfection absolue de l'actualit implique par l'existen


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XIV. DIEU, TRE SUPRME 341non produite, dtermine par elle-mme; cette perfectiperd sa plus grande valeur puisque la matire la plus indtermine existe aussi par elle-mme. Ensuite, quel empire le monde peut bien rester Dieu? Certes, l'existence prmire des choses lui chappe, et comme Dieu ne s'oppose aux corps par des qualits contraires, il n'y a plus aucunraison vritable de lui attribuer un pouvoir effectif sur nature, sinon peut-tre quant au mouvement local. Ce termdsir, suppos par Aristote, est une influence bien faibPlaton ne dit rien de plus quand il admet au sommet dmonde le Bien absolu, dont toute chose tend participer. une autre dpendance des choses l'gard de Dieu eparfois indique, elle reste toujours vague et incertaine elle ne sufft pas affirmer le plein domaine de Dieu sur tres finis.

Platon et Aristote ne posent que les principes. Il estvrai que ces deux philosophes, posrent les principes qui, bicompris, conduisent affirmer la cration. Tout ce qui ediminu dpend d'un tre premier absolu et complet, a dPlaton; ce qui est le plus grand dans un genre est cause dreste, a dit Aristote. Ce sont d'excellentes vrits, et avec ulogique parfaite, S. Thomas en dduit que, par consquenl'existence subsistante ou encore Celui qui est, est cause l'existence de toutes les choses; il montra avec raison l'accode ces deux philosophes dans une mme vrit 0). Mais ne surent pas tirer des prmisses qu'ils avaient poses la coclusion logique, et ils demeurrent toujours hsitants, danune espce de panthisme nbuleux; la preuve en est la mtaphysique d'Averrhos qui raille ses corrligionnaires musulmans, ainsi que les juifs et les chrtiens, parce qu'i

admettent la production partir du nant; les noplatoniciens d'Alexandrie en donnent encore la preuve; ils prsentaient cependant leur erreur sous des formes varies, aveles diverses sortes d'manation de l'tre un et inaccessibl

Panthisme contemporain. Aussi, leur panthismetait-il en quelque sorte diminu, en comparaison des thori

0) Somme contre les gentils, 1. II, chap. 15;S. Th., I p., q. 44, art. I.


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panthistiques plus rcentes; pour leurs partisans, il n'y a pad'tre premier parfait, il n'y a pas mme une forme ncessaire du monde. Il existe une fatalit aveugle qui par essenvolue: d'une puissance existant par elle-mme, d'une natur

toujours imparfaite, elle fait sortir des formes nouvelledes espces toujours meilleures, elle rend l'univers ncesaire et absolu, sans qu'il y ait de cause plus leve et terme fixe; le monde entier est un perptueldevenir. Cettethorie attribue ainsi la puissance passive la priorit et ncessit qui doivent au contraire se trouver dans l'acfe puContre un panthisme aussi grossier, dont relvent et lthorie du transformisme des espces vivantes, et surtout l'volutionnisme cher aux naturalistesC), se dresse l'inbranlable sentence d'Aristote, qu'on croirait crite pour rfuter leerreurs modernes: dans un sujet, la puissance peut tre lpremire; absolument parlant, l'acte est le premier, et pacausalit et par perfection, dans la ralit comme selon

raison. Il rpugne que le principe potentiel existe d'abord par lui-mme, absolument, car il contiendrait l'acte dernieet suprme qui est l'existence; et puis, il est radicalement icapable de se procurer par lui-mme l'acte qu'il n'avait pasune perfection suprieure celle qu'il avait. Le principe dcausalit serait ruin ainsi que celui de raison suffisante qest requis pour dire ou admettre quelque chose. Ce qui ecompos n'est pas un acte pur et n'est pas l'tre premier; ola nature est compose; elle n'est donc pas par elle-mmen acte, et elle n'est pas premire; elle est potentielle et eest dpendante.

Ncessit du monde admise par Platon et Aristote. Ladoctrine de l'Ecole socratique avait encore une autre erreu

panthiste: l'univers, d'aprs elle, serait ncessaire en mmtemps que Dieu, et il manerait de lui. Ce n'tait pas le pathisme intgral qui ne reconnat pas d'acte suprieur. Pouelle, l'acte suprieur n'tait pas sans influer sur le dvelopement et le mouvement de la nature. D'ailleurs, les individseuls,voluaient d'aprs cette doctrine; le monde tait terne

0) Nous avons refut le transformisme au chap. VII, p. 139 et su


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c'est--dire sans commencement; les moteurs clestes, corps incorruptibles, les lments et les corps mixtes faisaiun ensemble ncessaire, agit de mouvements divers dans soif perptuelle de participer la bont suprme. C'tait fau

mais beaucoup moins contradictoire que la thorie de l'vlution: selon celle-ci, la nature, sans aucune raison, a comenc voluer; elle est arrive au degr de develeppemeque nous constatons; elle tend dpasser ce stade, sans aucbut. Ici, tout est informe, au hasard, sans aucune raison. Poles Grecs d'esprit plus pntrant, il y avait un ordre stablune perfection dtermine, une cause, bien qu'insuffisante. leur manqua la force de concevoir la production partir dnant. Ils n'arrivrent pas cette puissante conception poudeux raisons principales: d'abord si Dieu, croyaient-ils, prduisait quelche chose de nouveau, il changerait lui-mme il ne serait plus le moteur immobile; ensuite, la nature ne lesuggrait aucune image de la production entire d'une sub

tance; elle leur mettait sous les yeux les mutations des sujprexistants; ils en concluaient videmment que rien ne fait du nant.

Ncessit d'admettre la cration. Or, il y a parit entrenotre conception de l'essence divine et celle de son action. raison humaine ne peut pas arriver un concept adquat dl'essence divine; elle doit se contenter de dterminer un sujqu'elle distingue de toutes les autres choses, et cela, par voie de l'analogie et par la ngation des imperfections et dlimites; de mme, on doit attribuer cet tre premier unvertu et une action qu'on ne peut se reprsenter par un concept adquat, mais qu'on doit cependant affirmer ncessairement et bien distinguer de toutes les vertus et de toutes l

actions de la nature corporelle et des choses finies.Toutes les mutations naturelles sont des transformationd'un sujet; elles ont pour rsultat la possession d'un acte paune ralit potentielle qui en tait prive et qui pouvait l'avoMais s'il en est ainsi pour chacune des actions qui font movoir l'univers, ce n'est plus l le cas de cette action qui faque l'ensemble mme des choses dpende de l'tre premieCar, si on suppose pour cette action un sujet prexistant,


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n'y aurait plus un seul tre premier et existant par lui-mmeil y aurait aussi la puissance premire qui existerait par ellmme. Celle-ci ne peut exister sans acte, puisqu'elle est upuissance pure: elle aurait donc ses actes propres ncessares. C'est la ruine de toutes les preuves de l'existence d'uDieu transcendant; sa dmonstration devient une chimrencessairement on aboutit une forme du panthisme, donous venons de montrer les contradictions et les incosquences.

Preuve de la cration. Aussi, voici comment S. Thomaprouve directement la cration; il est ncessaire, conclut-d'admettre que tout tre vient de Dieu, de quelque sorte qusoit cet tre, et mme la matire, qui est une entit relle un une forme quelconque, car si une forme est participe daun sujet, elle doit lui avoir t communique par un autrauquel elle convient par lui-mme: le fer par exemple eincandescent cause du feu. Or, on a dmontr que Dieu e

l'existence mme, subsistant par elle-mme; on a encore dmontr que cette exis tence subsistante est unique, commserait unique la blancheur subsistant sans sujet: il y a en effplusieurs blancheurs parce qu'il y a beaucoup de choses blaches o la blancheur est restreinte. Donc, tout ce qui edistinct de Dieu participe l'existence; donc, toute chose doitrecevoir de cet tre premier qui existe par nature, et en qurside toute la perfection de l'existence (*). Or, il est manistement impossible que toutes les choses distinctes de Disoient produites, et cependant tires d'un sujet prexistant

(*) S. Th., I p., q. 44, art. 1; de mme,Somme contre les gentils,1. II, chap. 15. Il est bon de rapporter ici ces mots duQuodlib. II,art. 3, que nous avons dj cits chap. III, p. 53:Quandocumquealiquid praedicatur de altero per participationem, oportet ibi essealiquid praeter id quod participatur; et ideo in quolibet creatura est aliad ipsa creatura quae habet esse et ipsum esse ejus, toutes les fois,qu'une chose est attribue un sujet par participation, il faut qu'il ait dans le sujet quelque chose d'autre que ce qui lui est attribuaussi dans toute crature, la crature qui a l'existence ne se confonpas avec sa propre existence. - Il insiste, dans ce passage sur ce

pense que l'acte d'existence est un acte rel comme les autres formque trs certainement S. Thomas suppose distinctes rellement du suet faisant avec lui composition relle.


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admis la ncessite de l'ternit du monde. A ce sujet , plsieurs pensrent que si le monde est l'effet d'un Dieu ternet immuable, ce monde a d toujours exister et donc il prcde de Dieu sans commencement dans le temps. D'autr

dirent que si la cration est l'uvre propre de Dieu, le mond aucun moment, n'a pas pu ne pas procder de lui, par celmme que Dieu est. Mais c'est avoir un concept bien lointade la transcendance infinie de l'existence absolue au dessde toute participation de l'existence; pour parler ainsi, il nfaut pas se rendre compte de la disproportion totale d'entitentre Dieu d'une part et tout ce qui n'est pas Dieu d'autre partIl n'y a rien de chang dans l'acte premier, au moment o svertu fait exister l'univers.

Ce qui est ncessaire en Dieu. L'opration qui ne peutfaire dfaut en Dieu est celle par laquelle il est intimement d'intelligence et d'amour; c'est celle par laquelle le Fils prcde du Pre, et le S. Esprit de tous les deux, comme la

nous l'enseigne. Cette opration est en lui une vie bienhereuse. De plus, les choses possibles, en nombre infini, imtions dficientes de l'essence premire, sont ncessairemeprsentes distinctement l'esprit divin. En elles aussi la bondivine est aimable, car elles l'imitent et manifestent d'uncertaine faon les attributs divins. Mais sans ces choses posibles la bont premire demeure galement parfaite en ellmme; elles ne lui ajoutent rien; aussi Dieu est entiremelibre ou bien de ne rien vouloir en dehors de lui; ou de voultel ou tel monde parmi la quantit infinie de ceux qui sopossibles. Et comme tous sont galement loin de lui, il n'ypas de raison objective pour laquelle il veut l'un plutt qul'autre. Voici de nouveau cette vrit dj dcouverte plu

haut i1

) que la cause premire doit agir comme l'artiste et nopas comme une cause naturelle. La nature infinie donnerait ueffet sans mesure, qui, dans la potentialit des choses seconddemeurerait informe et indtermin. L'art, avec l'intelligencet la volont, met dans son effet l'ordre, la spcificatiole mode.

Voir chap. XII, p. 312.


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sorte que la premire nie ce qu'affirme la seconde, de mme potentialit passive et changeante de la crature se distingude l'actualit trs pure divine et s'y oppose.

Et puis, le Dieu unique a une simplicit absolue en mmtemps que la subsistance la plus complte, qui est infinimeplus ferme, immobile en elle-mme et indpendante que pourrait l'tre aucune autre substance finie. Au contrairepartout ailleurs dans le monde des corps, on trouve les pricipes de l'tre; ils sont simples et non pas composs letour; mais ils sont imparfaits par rapport l'existence; ils onbesoin pour participer chacun sa faon l'existence commund'entrer en composition l'un avec l'autre. Et puis, la substancelle-mme serait-elle simple, elle se distinguerait encore rlement de sa subsistance, qu'elle aurait par participation enon pas par essence; l'tre cr est compos dans l'ordre dl'existence. Donc, par la simplicit qu'est la puret de l'extence, Dieu s'oppose toute autre nature.

Enfin, sa nature est l'existence: c'est--dire que la forcinfinie de cet acte n'est pas dtermine ou limite en lui pune autre raison formelle, mais elle subsiste en elle-mmAussi ya-t-il une distance infinie .entre la crature o l'actualit de l'existence est en dehors de la raison formelle de l'sence et celui qui existe selon la raison formelle mme l'existence sans concrtion ni restriction.

En dfinitive, il y a trois raisons pour lesquelles Dieu espar de toutes, absolument toutes les cratures par la puremme de son existence, point culminant de la spiritualit de l'intelligence: son actualit trs pure dans la suprme fomalit l'gard de laquelle toute forme est en puissance; simplicit subsistante oppose la composition universelle;

constitution par nature dans l'acte qui est exclu de toutes lnatures finies. Dieu, raison premire de toute ncessit et de toute p

bilit. Mais n'aurait-il pas, par hasard, la perfection dechoses distinctes de lui? A la vrit, il ne serait plus un parfait, mais un je ne sais quoi de trs imparfait, un chaoinforme, s'il runissait en lui matr ie llement les entits finiincapables d'tre actues sans dfauts et sans la ngation i


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354 XIV. DIEU, TRE SUPRMEveinent local d'un instrument, marteau, lime ou autre, paexemple, ou bien illumination de l'air.

Or l'existence ne devient jamais la nature propre d'aucuneessence qui s'en distingue, c'est--dire d'aucune essence autque celle de Dieu. En effet, l'existence est un acte universqui, par lui-mme, n'est pas l'effet propre d'un agent naturedtermin; celui-ci altre ce qu'il trouve contraire sa dispostion, il change les sujets en leur donnant une forme semblab la sienne propre. Mais l'existence est un acte dont la raisoformelle est bien suprieure; elle est l'effet propre du premiagent. Celui-ci, par consquent, doit toujours et universelement influer sur tout, non seulement pour qu'une chose sotelle ou telle, mais pour qu'existe absolument ce qui existe. cette conservation perptuelle n'tait pas obligatoire, l'exitence des choses ne dpendrait plus de Dieu; le monde ufois fait deviendrait ncessaire; et alors, comment Dieu pourait-il l'anantir? Il n'y a pas d'action qui ait pour terme le

nant; toute action a toujours une forme qui parfois s'oppos la forme prcdente du sujet. L'effet propre de la causpremire, ce n'est pas la mutation des choses, mais c'est Textence qui se trouve d'une certaine faon mme dans la mtation: si son influence tait supprime, l'existence contingenn'existerait plus. Les choses existent parce qu'elles sont peptuellement soutenues par Dieu; s'il voulait les annihiler, n'aurait qu' ne plus vouloir les conserver. Tout est ainsi dansa main.

Ubiquit de Dieu. Cette action intime sur toute chospermet S. Thomas de conclure la prsence ncessaire Dieu dans l'univers entier:quod Deus est ubique,que Dieuest partout. Partout o il y a une crature, se trouve comm

raison de son existence, la vertu divine et par le fait Dieu lmme. In ipso enim vivimus et movemur et sumus(*), en luien effet nous vivons, nous nous mouvons, nous existons. -voici comment on doit comprendre l'immensit divine: touteextension de l'espace, toute masse des corps est hors de touproportion l'gard de la toute-puissance divine, qui peu

(3) Actes des Aptres, chap. XVII, v. 28.


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trouvent en dehors de tout ce qui appartient au lieu, l'extension ou la mesure, et alors on ne dit rien du tout avcette formule, soit que l'une d'elles seulement n'appartiennpas l'ordre de la quantit, et alors on entend par l que Tunpeut devenir prsente l'autre sans avoir franchir une distance: un ange par exemple peut appliquer sa vertu un corpsur le champ, sans venir d'aucun lieu. Mais si Ton veut comprendre cette expression dans un senspositif, on voudraitdire que chacune des deux entits est dtermine un espacet qu'elles conviennent toutes deux dans le mme lieu; dace cas, on est le jouet de son imagination, qui, elle, ne dpapas l'ordre du continu, si l'on se reprsente tout ce qui existmme ce qui se trouve par soi en dehors du genre corporel dimensif comme situ ici ou l. Dieu infini, plus rel, psubstantiel que l'univers entier, mais aussi plus spirituel plus simple que la pense la plus abstraite, n'a certainemerien de commun avec les dterminations conscutives l'e

tension; or le lieu est une de celles-ci. Cependant la ver tu Dieu, et donc Dieu lui-mme, est partout, car sans lui, rin'existe.

C) - MOTION DIVINE NCESSAIRE AU X CAUSES SECONDES.

Universalit de la motion divine. La doctrine que nousavons expose a une contre-partie; nous avons vu que l'tpremier, dont la nature est l'existence, est par lui-mme cauefficiente de l'tre; lui seul produit son effet selon cette raisformelle; il nous reste maintenant voir qu'en consquenctoute autre cause n'a par elle-mme aucune influence sur l'tren tant que tel, mais seulement par la vertu de Celui qui esC'est le sujet de la dernire phrase de notre dernire thse

nullum creatum agens in esse cujuscumque effectus infl nis motione accepta a prima causa,aucun agent cr n'influesur l'existence d'aucun effet, sans avoir reu une motion de cause premire. - C'est l un principe universel; il repose sune ncessit mtaphysique; si nous faisons abstraction dapplications particulires, o des difficults venant* du sujpeuvent en voiler la clart, il s'tend toutes les causes ettoutes, les actions; il doit paratre vident dans sa simplici


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propre ou quand elle produit son action en acte et obtient ueffet. Une diffrence de relation ne sufft pas expliquer changement, car la relation suit la causalit actuelle, elle ne prcde pas. La prsence nouvelle de l'objet n'est pas non pl

suffisante, car celui-ci, en qualit d'objet, appartient l'ordrde la cause finale, et non pas celui de la cause efficiente.Or, quelle que soit la mutation, le principe dont S. Thom

se sert pour dmontrer l'existence de Dieu par la premirvoie, trouve toujours son application:omne quod movetur b alio movetur, tout ce qui se meut, est m par un autre tre. Donc, la cause finie ne vient pas l'exercice actuel de sa vesans recevoir d'une cause suprieure une motion spciale:res- pondeo dicendum quod secundum quod voluntas movetur objeclo, manifestum est quod moveri potest ab allquo riori, je rponds que si la volont est mue par un objet, il evident qu'elle peut tre mise en mouvement par un tre extrieur (c'est l une motion dans l'ordre de la cause finale);sed

eo modo quo movetur quantum ad exercitium actus, adh necesse est ponere voluntatem ab aliquo principio ext moverL Omne enim quod quandoque est agens in actu et q doque in potentia, indiget moveri ab aliquo movente (%maisquant la faon dont elle est mise en mouvement dans l'execice de son acte (et ici, nous sommes bien dans l'ordre de cause efficiente), il est encore ncessaire d'admettre que la vlont est mise en mouvement par un principe extrieur. Eeffet, tout agent qui est tantt en acte et tantt en puissancdemande tre mis en mouvement par un moteur.

Doctrine d'Albert le Grand et de S. Thomas. Le bienheureux Albert le Grand l'avait dj compris; dans son commentaire des Sentences, il avait crit:quia moderni viderunt quod

perfectius est agere quam esse, viderunt quod id quod est a se nec potesi a se matire in esse, multo minus po agere a seipso(2), les modernes constatrent qu'il est pluparfait d'agir que d'exister; aussi ils ont constat que ce qun'existe pas par soi, ne peut pas non plus par soi persvr

(l

) S. Th., la II*, q . 9, art. 4.(a) In (I Sent, dist. XXXV, art. 7.


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XIV. DI EU , TRE SUPRME 367

vertu de l'art y devint en quelque sorte permanente et propresans lui donner une intelligence, de mme les substances nturelles ont pu recevoir en propre les qualits convenablemais non pas cette vertu par laquelle elles agissent comm

instruments de la cause premire . Accord de la foi et de la raison. La doctrine indiquepar la dernire phrase de la thse est ainsi dveloppe suffsamment par ces citations du saint docteur. C'est d'ailleurcelle du catchisme romain dit par ordre de S. Pie V, conformment au vu du concile de Trente; on y trouve en effces mots: non solum autem universa quae sunt providenti sua tuetur aique administrt, verum etiam quae moventur aiiquid agunt intima virtute ad motum aique actionem impellit ut, quamvis causarum secundarum efficientiam nimpediat, preveniat tamen, cum ejus occultissima vis ad s gula pertineai. Quare ab Apostolo dicium est: In ipso evivimus et movemur et sumus i1 ). En effet, non seulement

Dieu protge et administre par sa providence tout ce qui esmais encore il pousse, par sa vertu intime, au mouvement l'action tout ce qui se meut et opre quelque chose, de tesorte que, sans empcher l'efficacit des cause secondes, il prvient, puisque sa force trs cache s'tend toute chosaussi, l'Aptre a dit: en lui en effet, nous vivons, nous nomouvons, nous existons(Act. Ap. XVII, 28). - Cette doctrine,remarquons-le, ne contient en aucune faon ce que certaiprtendent; selon eux, Dieu dterminerait la volont choisun des termes de l'alternative; ou encore, la raison qui dtermine le libre arbitre tel choix plutt qu' tel autre rs

couleurs dans l'air sont quelque chose de rel et de physique: en efs'il n'y avait pas un changement vritable dans le milieu interposentre l'objet et l'il, l'image ne serait pas transmise celui-ci. MS. Thomas nous apprend ce qu'il entend par le motintention employcomme ici (sur le IV livre desSentences,: Dist. I, q. 1, art. 4, sol. 2):hujusmodi entia consuevernnt intentiones nominari, et habent aiiquid simile cum ente quod est in anima, quod est ens dminulum, les tresde cette sorte sont appels ordinairementintentions; ils ont avecl'tre qui existe dans l'Ame, ce trait commun d'tre un tre diminu

(*) Pars I, c. II, n. 22/


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370 CONCLUSION

c'est--dire que ce principe est ordonn lui de toute soentit; le sujet ainsi trouve une cause intrinsque sa limtation en perfection. Aussi, cet acte est unique s'il ne rede la puissance la division et la multiplication: soit qu'il s

reu en des sujets divers; soit que la raison formelle de l'accontienne une raison formelle impliquant potentialit. C'eainsi que sont distinctes et multiplies les intelligences anliques non pas au sein d'une mme espce, mais dans le cocept gnrique de substance spirituelle.

Gradation des tres. En consquence, si l'acte est absolument pur, la perfection est absolument infinie; mais on trouve cette puret de l'acte, cette infinit de perfection qlorsque la raison formelle mme d'tre subsiste sans se dtinguer de l'actualit de son existence. Partout ailleurs, forme implique une potentiali t quelconque dans la faodont elle est ordonne l'existence. On pourra mme en dscendant encore plus bas dans l'chelle de perfection d

tres, arriver au point o l'essence elle-mme est constitupar des principes ordonns entre eux comme puissance et acdans l'ordre de la substance; c'est ainsi que nous descendodes esprits aux corps. L'homme prend place la limite qdivise ces deux mondes; son me subsiste par un acte propd'existence, mais elle communique sa nature et son existen la matire.

Compositions conscutives celle de l'essence et de l'e tence. Mais, du fait que le sujet est en puissance soexistence, il est en puissance encore par rapport son opration qui est encore, un autre point de vue, son actualiultime. D'o la capacit qu'il a de recevoir les diverses pefections qui le compltent secondairement. D'o la comp

sition de substance et d'accident, universelle tout tre finElle ne pourrait pas avoir lieu si l'essence s'identifiait aveson acte d'existence. Car cet acte est certainement le dernieil n'est en puissance aucun autre, il ne peut, comme sujerecevoir en lui aucune forme ultrieure. Donc, dans une mmsubstance, l'actualit de la subsistance et les actes accidenteavec l'existence qu'ils apportent peuvent se trouver unis; itrouvent dans la substance leur unit subjective; mais ils n


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372 CONCLUSION

On ne peut les concevoir simples, car elles se confondraieavec lui; elles sont donc composes. Elles sont composesl'acte par lequel elles sont et du sujet qui le reoit.

Panthisme. Certains trouvrent difficile d'admettreque quelque chose puisse se distinguer de l'tre unique; toen effet doit convenir dans la raison formelle d'tre; l'unitne peut par elle-mme tre conue comme cause de la divsit; il ne semble pas que la multiplicit puisse procder l'unit. Il ne suffit pas de rpondre que cet tre un est virtuelement multiple, car prcisment le panthiste nie la raisoformelle de multiplicit. Aussi on a abouti en tout tempsl'erreur du panthisme, chez les Hindous, chez les Grecs, chles Italiens de la Renaissance et chez les Al lemands d'a jourd'hui.

Rponse au panthisme. La difficult serait insurmontable si les tres finis taient par eux-mmes des actes puou libres, .constitus par eux-mmes dans leur raison formel

trangre celle de l'tre premier. Supposons par exemplece qui d'ailleurs est une hypothse absurde, qu'au plus haudegr il existe une sagesse infinie, et que les autres choaient des raisons formelles absolument diffrentes, qui ne sraient pas coiprises dans celle de sagesse. Mais il n'en epas ainsi: l'tre premier au contraire est l'existence absolueles choses finies ont toutes un rapport quelconque l'extence, et elles expriment toutes une raison formelle ordonn l'existence. Aussi, l'tre premier comprend tous les modpossibles de l'existence, qui sont ses participations et ses imtations. II demeure absolument distinct de tout le reste pala puret de son actualit trs simple; nous avons ainsi unraison formelle unique, dans laquelle les effets s'unissent

leur cause dont ils gardent une certaine ressemblance. Mail y a encore une raison suffisante de multiplicit dans la cpacit diverse des sujets participer la perfection premirdans la puissance qui est contenue diffremment dans lactes essentiels imitant l'tre premier.

Action divine. D'autre part, la vertu active correspond l'actualit de la forme qu'elle accompagne. Celui qui exispar nature, possde en propre la vertu active sur tout ce qu


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CONCLUSION 373

peut exister, sur tout ce qui participe la raison formelle d'trQue cette vertu se termine des effets prenant place rellemedans le monde physique, cela dpend de la libre volont Dieu, car rien en dehors de lui n'est ncessaire, et il est en

seul parfaitement et ternellement heureux; et puis, si cetvertu infinie tait cause efficiente ncessaire, son effet seri'indfni, l'informe, le chaos; ce n'est donc pas par natumais par art, par un acte de volont que la cause premirproduit ses effets.

La puissance explique la multiplication. Et ainsi, ladiversit des tres multiples provient de la cause premire unique. Il y a dans ces tres un principe oppos Pacauquel il est cependant intrinsquement ordonn; c'est l'existence qu'il s'ordonne surtout; ce principe, c'est la puisance rceptrice; en tant qu'elle est ordonne la forme etl'existence, elle dsigne une nature, elle participe la raison fmelle d'tre et garde quelque chose de l'unit propre Die

Mais en tant qu'elle est oppose l'acte dans sa raison fomelle de puissance, en tant qu'elle est une capacit de la pfection qu'elle ne possde pas par elle-mme, mais qu'elle tiendra par la vertu de la cause efficiente, en la limitant sa faon, elle est principe de la multiplication et de la divsit. Elle est la premire chose diffrente de l'acte, elle estqui en premier lieu se distingue de l'existence. Et commdans tout genre, ce qui est premier est cause des autres chosqui viennent ensuite dans cet ordre, la puissance capable l'acte est le principe de toute la diversit qui se rencontre dehors de Dieu (*).

La puissance explique le mouvement. C'est la puissance qui cause la diversi t consistant dans le mou ve me nt:

effet, ce qui se meut, devient en quelque sorte ce qu'il n'tpas; il acquiert ce qu'il n'avait pas, il tend la diversit. O

(*) Nous rsumons la doctrine enseigne au chap. V de l'opuscde ente et essentia (de l'tre et de l'essence); il n'y a pas d'oppositioentre elle et le chapitre du rsum de thologie intitul:quod ma-teriae diversitas non est causa diversitatis in rbus, la diversit de lamatire n'est pas cause de la diversit dans les choses(Compendiumtheologiae, c. LXXI). S. Thomas enseigne dans ce chapitre que la mati


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376 CONCLUSION

Dieu se manifeste elle comme celui qui existe, et comcelui qui est tout bien, dans l'actualit trs simple de son extence, sans aucune distinction relle d'attributs:qui est, omne bonum:et tlors, ce ne sera plus un mystre qu'en scomprenant lui-mme il ait un verbe procdant de Dieu sasortir de Dieu, qu'il respire un amour, embrassement trheureux des deux premires Personnes, et qu'en Dieu uniquil y ait trois Personnes, Pre, Fils et S. Esprit

A lui, qui est tre, vrit et bont infinis, gloire dal'ternit.

F I N


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378 APPENDICE

sarum, esse ordinem effcctuura, quod ne ce ss e est propter similitudineffectus et causae. Nec causa secunda potest in effe et um causae primper virtutem propriam, quamvis sit instrumentum causae primae repecta illius effectus. Instrumentum enim est causa quodaminoeffectus principalis causae, non per formam vel virtutem propriased inquantum participt aliquid de virtute principalis causae pmotum ejus, sicut dolabra non est causa rei artifciatac per formavel virtutem propriam, sed per virtutem "artifcis a quo movetur eam quoquomodo participt. Unde quarto modo unum est causa actnis alterius, sicut principale agens est causa actionis instrumenti; hoc modo etiam oportet elicere quodDeus est causa omnis actionisrei naturalis. Quanto enim aliqua causaest altior, tanto est communior

et eficacior, et quanto est effcacior, tanto profundius ingreditur effectum, et de remotiori potentia ipsum reducit in actum. In qualibautem re naturali invenimus quod est ens et quod est res naturalet quod est talis vel talis naturae. Quorum primum est commune ombus entibus; secundum omnibus rebus naturalibus; tertium in unspecie, et quartum, si addamus accidentia, est proprium huic indviduo. Hoc ergo individuum agendo non potest constitucre aliud simili specie nisi prout est instrumentum illius causae, quae resp

totam specicm et ulterius totum esse naturae inferioris. Et propt, hoc, nihil agit ad speciem in istis inferioribus nisi per virtutem cporis caelestis, nec aliquid agit ad esse nisi per virtutem Dei. Ipsenim esse est communissimus effectus primus et intimior omnibus aleffectibus; et ideo, soli Deo competit secundum virtutem propritalis effectus: unde etiam, ut dicitur in libro de Causis(propos. IX),intelligentia non dat esse, nisi prout est in ea virtus divina. Sic eDeus est causa omnis actionis, prout quodlibet agens est instrumtum divinae virtutis operantis... (Hic inveniuntur aliqua de virtudivina) ...Sic ergo Deus est causa actionis cujuslibet inquantudat virtutem agendi, et inquantum conservt eam, et inquantum applicat actioni, et inquantum ejus virtute omnis alia virtus agit. oum conjunxerimus his, quod Deus sit sua virtus, et quod sit inrem quamlibet non sicut pars essentiae, sed sicut tenens rem in essequetur quod ipse in quolibet operante immediate operetur, no

exclusa operatione voluntatis et naturae. /// objectio. Si Deus operatur in qualibet operatione naturaeaut una et eadem operatione operatur Deus et natura, aut diversisSed non una et eadem: unitas enim operationis atlcstatur unitati nturae: unde quia in Christo sunt duae naturae, sunt etiam ibi duaoperationes: creaturae autem et Dei constat non esse unam naturamSimiliter nec est possibile quod sint operationes diversae: nam versae operationes non videntur ad idem factum terminari, cum mot

et operationes penes terminos distinguantur. Ergo nullo modo est posibile quod Deus in natura operetur.


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APPENDICE 379

Si Dieu opre dans toute opration de la nature, ou bien Dieuet la nature n'ont qu'une seule et mme opration, ou bien chacuna la sienne. Or, ils n'oprent pas avec une seule et mme opration:l'unit d'opration prouve en effet l'unit de nature; aussi il y a deuxnatures dans le Christ parce qu'il y a deux oprations; or il est tablique les cratures et Dieu n'ont pas une seule nature. De mme, il n'est

pas possible qu'il y ait des oprations diverses (de Dieu et des craturesdans toute opration naturelle), car on ne voit pas que des oprationsdiverses se terminent au mme fait, puisque les mouvements et leoprations se distinguent par leur fin. Donc il est absolument impossible que Dieu opre dans la nature*

Ad tertium dicendum quod in operatione qua Deus operatur m

vendo naturam, non operatur natura; sed ipsa naturae operatio esetiain operatio virtutis divinae, sicut operatio instrumenti est per vtutem agentis principali^. Nec impeditur quin natura et Deus ad ideoperentur, propter ordinem qui est inter Deum et naturam.

VII objectio. Praeterea si Deus in natura operante operatur,oportet quod operando aliquid rei naturali tribuat, nam agens, agendaliuid actu facit. Aut ergo illud sufficit ad hoc quod natura posper se operari, aut non. Si sufficit, cum etiam virtutem naturalem Denaturae tribuerit, cadam ratione potest dici quod et virtus naturalisuificiebat ad agen du m: nec oportebit quod Deus, postquam virtutnaturae contulit, ulterius ad ejus operationem aliquid operetur. Sautem non sufficit, oportet quod ibi aliquid aliud iterum faciat; et illud non sufficit, iterum aliud et sic in infnitum, quod est impsibile. Nam unus effeclus non potest dependere ab actionibus infnquia cun infinita non sit pertransire, numquam compierete. Ergstandum est in primo, dicendo quod virtus naturalis sufficit ad actnem naturalem, sine hoc quod Deus in ca ulterius operetur.

En outre, si Dieu opre dans l'opration de la nature, il faut qu'ilapporte quelque chose la chose naturelle par son opration, car l'tre actif, en agissant fait quelque chose actuellement. Donc ou bien ceque Dieu lui attribue suffit pour que la nature puisse oprer par elle-mme, ou bien cela ne suffit pas. Si cela suffit, puisque Dieu a donn,aussi l vertu naturelle la nature, on peut dire que la vertu naturelle

suffisait, pour agir, et il ne convient pas que Dieu, aprs avoir donn lavertu la nature, ajoute encore une opration propre pour lui per-mettre d'oprer. Si cela'ne suffit pas, il faut donc qu'il fasse encorequelque chos d'autre; et si cette nouvelle intervention ne suffit pas, ilen faut encore une autre, et ainsi de suite, sans fin, ce qui est impossible. Car an seul effet ne peut pas dpendre d'un nombre infini d'actions, car il ne serait jamais comvlet, puisqu*on ne peut puiser c quiest sans fin. Il faut donc s'en tenir au premier terme de l'alternative

et dire que la vertu naturelle suffit l'action naturelle, sans que Dieuopre nouveau en elle.


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380 AP P E NDICE

Ad septimum dicendum, quod virtus naturalis quae est rebusnaturalibus in sua institutione collata, inest eis ut quae dam formahabens esse ratum et firmum in natura. Sed id quod a Deo t in renaturali, quo actualiter agat, est ut intentio sola, habens esse quoddamincompletum, per mo dum quo colores sunt in aerc, et virtus artis ininstrumento artificis. Sicul ergo securi per artem dari potuit acumen,ut esset forma in ea permanens, non autem dari ei potuit quod visartis esset in ea quasi quaedam forma permanens, nisi haberet intel-lectum; ita rei naturali potuit conferri virtus propria ut forma in ipsapermanens, non autem vis qua agit ad esse ut instrumentum primaecausae


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382 TABLE DES MATIRES

CHAPITRE IL Acte infini par lui-mme, puissance limittrice pag. 19-36

THESIS II. - Actus, utpote perfectio, non limitatnr nisi per po-tentiam, quae est capacitas perfectionis. Proinde in quo ordine actusest purus, in eodem nonnisi illmitatus et unicus exsisiit; ubi vero est

flnitus ac multiplex, in veram incidit cum potentia compositionem.

SOMMAIRE: A) PRLIMINAIRES:Ordre rel et ordre logique, p.20;assertions procdant des concepts dj expliqus, p. 2 1 ; prcessus de notre connaissance, p.2 1 ; l'exprience sensible ne doit

. pas fausser notre connaissance, p. 2 2 ; thorie de Boce et

S. Thomas, p.2 3 ; vue d'ensemble sur la doctrine thomiste, p. 24 B) DMONSTRATION DE LA THSE:Formes pures dans l'ordre

logique et rel, p. 24 ; la forme pure est illimite, p. 2 5 ; formreues en un sujet, p. 2 6 ; formes reues limites, p. 2 7 ; la forreue en un sujet implique dpendance d'une cause extrinsqup. 2 7 ; la cause intrinsque de la limitation de la forme reue ela puissance, p. 27 .

C) OBJECTIONS ET CONCLUSION:Acte limit par la toute-puissancede Dieu, p. 28 ; limitation de Pacte par lui-mme, p. 2 9 ; erredont il faut se garder, p. 30 ; la limitation de l'acte est due ucause intrinsque, p. 3 1 ; l'acte pur est unique, p. 3 1 ; infini ptentiel et infini actuel, p.31 ; l'acte n'est infini que dans son ordre,p. 3 2 ; autorit de S. Thomas, p. 3 2 ; accord des grands philsophes, p. 33.

CHAPITRE III. Essence et existence, acte et puissance danTordre suprme pag. 37-60

THESIS III. - Quapropter in absoluta ipsius esse ratione unus subsista Deus, unus est simplicissimus; cetera cuncta, qnae ipsum esse

participant, naturam habent qua esse coarctatur, ac, tamquam distinctisrealiter principiis, essehtia et esse constant.

THESIS IV. - Ens, quod denominatur ab esse, non uniuoce de Deoac de creaturis dicitur; ne tamen prorsus aequivoce, sed analogice,analogia tum atiributionis, lum proportionalitatis.

SOMMAIRE: A) ETAT DE LA QUESTION:Premire application de la thoriede l'acte et de la puissance: l'essence et l'existence, p. 3 8 ; raisonement de S. Thomas, p. 3 9 ; objections des adversaires, p. 4 0 ;

que les objections contiennent de vrit, p. 4 2 ; ce que les objtions contiennent d'erreur, p. 44 .


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TABLE DES MATIRES 383

B) ETABLISSEMENT DE LA DOCTRINE VRAIE:Difficult de concevoirl'essence et l'existence, p. 45; la thorie adverse ruine la notivraie de composition, p. 45; la contingence est lie la comsition, p. 46; ncessit d'avoir de l'essence et de l'existence concepts justes, p. 47; ne pas confondre la copule verbale avle verbe tre signifiant exister, p. 47; argument tir de la dtinction adquate de concepts adquats, p. 48; argument dl'actualit de l'existence, p. 49; le raisonnement de S. Thoms'applique l'ordre rel, p. 50; confirmation apporte par la SaintEcriture, p. 51; fcondit et profondeur de la doctrine de la ditinction relle entre essence et existence, p. 52; cette doctrine le fondement de toute la mtaphysique, p. 53.

C) L'ANALOGIE DE L'TRE EXPLIQUE PAR LA DISTINCTION RELLDE L'ESSENCE ET DE L'EXISTENCE:Connexion de la doctrine del'analogie avec celle de la distinction relle de l'essence et l'extence, p. 54; diffrence essentielle entre l'existence de Diet celle des cratures, p. 54; l'tre n'est cependant pas un atribut quivoque de Dieu et des cratures, p. 56; l'analogie l'tre s'explique par la distinction de l'essence et de l'existencp. 56; analogie d'attribution, p. 57; analogie de proportionnalitp. 57; l'univocation de l'tre est une thse spcieuse, p. 58; l'uvocation de l'tre aboutit logiquement au panthisme, p. 5excellence de la doctrine de S. Thomas, p. 59.

CHAPITRE IV. Substance et accident . . . pag. 61-77THESIS V. - Est praeterea in omni creatura realis compositio sub-

jecti subsistentis cum formis secundario additis sive accidentibus; eavero, nisi esse realiter in essentia distincta reciperetur, intelligi non

posset.

THESIS VI. - Praeter absoluta accidentia est etianr relativum sivead aliquid. Quamvis enim ad aliquid non significet secundum pro-

priant rationem aliquid alicui inhaerens, saepe tamen causant in rbushabet, et ideo realem entitatem distinctam a subjecto.

SOMMAIRE:A) ETAT DE LA QUESTION:La composition d'essence et d'existence et celle de substance et d'accident sont insparables, p. 6vrit de sens commun, p. 63; thorie de Descartes, p. 63; thode Locke, p. 63; thorie des modernistes, p. 64; origine kantiende cette thorie, p. 64; doctrine d'Aristote, p. 65; brve rfutatidu Cartsianisme, p. 65; accord de la philosophie catholique sle fait.de la distinction relle entre substance et accident, p. 6

B) PREUVES DES THSES - DOCTRINE VRAIE DES. THOMAS: Causeprofonde de cette distinction selon S. Thomas, p. 66; connexi
http://fait.de/http://fait.de/http://fait.de/


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388 TABLE DES MATIRES

C) L'ME HUMAINE FORME SUBSTANTIELLE:Doctrine infaillible del'Eglise, p. 164; preuves philosophiques, p. 165; rfutation de Scot,p. 166; l'me humaine, seule substance incomplte, p. 168; unionde l'me au corps, p. 168; sens courant des mots me et corps , p. 169.

D) CONCLUSION:Perfection croissante des formes, p. 170.

CHAPITRE IX. Facults d'opration . . . pag. 173-187THESIS XVII. - DupUcis ordinis facilittes, organicae et inorga-

nicae, ex anima humana per naturalem resultantiam manant: priores,ad quas sensus pertnet, in composito subjectantur, posteriores in

anima sola. Est igitur intellectus facultas ab organo intrinsece n-dependens.

SOMMAIRE: A) ETAT DE LA QUESTION: But du prsent chapitre, p. 173. B) DISTINCTIONRELLE ENTRE L'ME ET SES FACULTS: Doctrine

de S. Thomas, p. 175; puissance active premire connue, p. 175;analogie entre la puissance active et la puissance passive, p. 176;supriorit de la puissance active, p. 176; brve critique des modernes, p. 177; l'me est rellement distincte de ses facults d'opration, p. 178; critique du systme de Scot, p. 179; la diversitformelle des oprations prouve la distinction de l'me et de sesfacults, p. 181.

C) DISTINCTIONDES FACULTS ENTRE ELLES: Raison de leur multiplicit, p. 181; les facults se spcifient par leur objet, p. 182;facults vgtatives, p. 182; facults sensibles, p. 182; consquencesde la doctrine de S. Thomas, p. 183; ordre de dpendance desfacults, p. 184.

D) RAPPORTS DE L'ME ET DE SES FACULTS: L'me, principeformel de toutes les facults, p. 185; facults de l'me spare,p. 186.

CHAPITRE X. Intelligence humaine . . pag. 189-235THESIS XVLII.- mmateriaiitatem necessario sequitur intelleciua*

Utas, et ita quidem ut secundum gradas etongationis a materia sint quoque gradus intellectualitatis. Adaequatum intellectionis objectumest communiter ipsum eus; proprium vero intellectus humani in prae-senti statu unionis, quiddiiatibus abstractis a conditionibus materia-libus continetur.

THESIS XIX. - Cognitionen! ergo accipimus a rebus sensibilibus.Cum autem sensibile non sit intelligibile in actu, praeter intellectum


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TABLE DES MATIRES 391p. 249; la conscience de la libert n'est pas le fruit d'une longutude, p. 250; elle n'est pas le fruit de l'analyse de nos motifs dtermination, p. 251; objection, p. 251; rponse en forme au phisme prcdent, p. 252; la libert est une relation transcendntale, p. 253; pourquoi S. Thomas nes'est pas servi de l'argumentde la conscience de notre libert, p. 253.

C) ACTIVIT VOLONTAIRE:caractre distinctif de la doctrine deS. Thomas, p. 254; 1) le libre arbitre relve de l'intelligence, p. 22) la volont tend ncessairement au bien absolu, p. 256; ce qest naturellement ncessaire dans la volont, p. 258; 3) accord-

jugement et de la dtermination volontaire, p. 259; la volontdtermine quand l'intelligence reste en suspens, p. 260; les mot

attirent sans dterminer la volont, p. 262; 4) correspondanentre considration intellectuelle et lection volontaire, p. 26apparence du contraire, p. 264; objection de Lombroso, p. 26comment la passion diminue la libert, p. 265; thorie S. Thomas, p. 266; part des -nerfs dans les actions. volontairp. 267; 5) l'lection est conforme au dernier jugement pratiqup. 269; quand a lieu l'lection, p. 269; le jugement pratique, p. 27ce qu'est l'lection, p.271; la volont dtermine le dernier jugement

pratique, p. 272; la dtermination tout bien cr appartient laseule volont, p. 273; le principe de causalit est sauvegard, p. 2causalit efficiente de la volont, p. 275; difficults claircies, p.

CHAPITREXII. Connaissance de l'existence de Dieupag. 279-316

THESIS XXII. - Deum esse, neque immediata intuitione percipimus,neque a priori demonstramus, sed utique a posteriori, hoc est per caquae facta sunt argumenlo ducto ab effectibus ad causam: videlicet,a rebus quae moveiitur et sui motus principium adaequatum esse non

possunt, ad primum motorem immobilem; a processu rerum manda-narum e cousis inter se subordinatis, ad primam causam incausatam;a corruptibilibus quae aequaliter se habent ad esse et non esse, ad ens absolute necessarium; ab iis quae secuhdum minoratas perfe-ctiones essendi, vivendi, intelligendi, plus et minus sunt, vivunt t in-telligunt, ad eum qui est maxime intelligens, maxime vvens, maximeens; denique ab ordine universi ad intellectum separatum qui resordinavit, disposait et dirigit ad finem.

SOMMAIRE: INTRODUCTION L'TUDE DE DIEU, p. 280.

A) COMMENT PROUVER L'EXISTENCE DEDIEU?: Existence de Dieureconnue par tous, p. 282; pourquoi certains nient Dieu; matri


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les points fondamentaux de la philosophie thomiste

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