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NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Elections législatives Analyses Résultats par judets Nouveau gouvernement Actualité Politique Economie Social Moldavie Vie internationale Société Evénements Faits divers Vie quotidienne Insolite Santé, Enseignement Environnement Minorités, Religion Sports Page photos Connaissance et découverte Littérature Cinéma Mémoire, Histoire Echanges Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 75 - janvier - février 2013 Lettre d’information bimestrielle Les de L es Roumains ont donc choisi de donner une majorité parlementaire massi- ve au Premier ministre sortant, Victor Ponta, en place depuis le printemps dernier, et à son alliance socialo-libérale. Par là, ils ont infligé un véritable camouflet à leur Président, rejetant massivement la brutale politique de rigueur que ses gouvernements successifs leur avaient imposée depuis le début de la crise. Le ras de marée des élections législatives, assurant désormais une majorité des deux tiers des élus dans les deux chambres aux adversaires de Traian Basescu, leur permet même de modifier la constitution et, cette fois-ci, de se débarrasser sans coup férir d'un chef de l'Etat honni, mais encore en place pour deux ans. Ce serait cependant aller vite en besogne. Dès le lendemain de son investiture, le nouveau gouvernement, oubliant ses promesses électorales, à appeler les Roumains à continuer à se serrer la ceinture, entendant poursuivre, voire accentuer, sa politique d'austérité, et se conformer aux exigences du FMI, concédant quelques modestes amé- nagements. Dès lors on peut penser qu'il aura d'autres chats à fouetter que de s'enga- ger dans une nouvelle bataille au sommet de l'Etat, dévastatrice pour l'image du pays et la confiance de ses administrés. Car l'année qui vient de s'achever restera dans les mémoires comme la pire que le pays ait vécue depuis la chute de Ceausescu. Commencée avec des émeutes provo- quées par les privations, les injustices et la corruption ambiante, poursuivie, fin avril, par un changement de majorité dû au spectacle navrant de politiciens ambitieux, elle a culminé à l'été avec le coup de force institutionnel tenté par les nouveaux dirigeants, dont l'exercice du pouvoir était monté à la tête. Menacée directement, la frêle démo- cratie roumaine était alors au bord du gouffre. Pour quel résultat ? Celui que les der- nières élections viennent justement de donner, dont le verdict était hautement prévisi- ble dès la prise de fonction du nouveau gouvernement, en avril, son impatience le conduisant à déclencher une épreuve de force inutile, déchirant le pays. La victoire écrasante des adversaires de Traian Basescu va-t-elle leur inspirer un peu plus de sagesse ? On peut l'espérer, le Président et le Premier ministre Ponta ayant signé, sous l'égide de Bruxelles, un pacte de coexistence pacifique, les engageant à redonner une dignité au débat politique et à la conduite des affaires. Mais elle pourrait aussi fort bien les amener à ne tenir aucun compte des leçons et avertissement passés, et retomber ainsi dans leurs travers. Parmi les nouveaux élus et ministres se retrouvent trop de noms de justiciables qui laissent douter de la volonté réelle des autorités de continuer la lutte contre la corruption. Des relents nationalistes s'élèvent aussi des rangs de la nouvelle majorité. Chassez le naturel… il revient au galop diront les mauvais augures. Henri Gillet Un ras de marée attendu 2 à 9 10 à 15 16 et 17 18 à 20 21 à 27 28 à 31 32 et 33 34 à 36 37 38 à 40 41 45 42 43 44 et 45 46 à 51 52 à 55 56 à 57 58 59 60 An nou fericit! Bonne année 2013 !

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NOUVELLEs

ROUMANIESOMMAIRE

A la Une

Elections législatives Analyses Résultats par judetsNouveau gouvernement

Actualité

PolitiqueEconomieSocialMoldavieVie internationale

Société

Evénements Faits divers Vie quotidienneInsoliteSanté, EnseignementEnvironnementMinorités, ReligionSports Page photos

Connaissance et découverte

LittératureCinémaMémoire, HistoireEchanges HumourAbonnementCoup de coeur

Numéro 75 - janvier - février 2013

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Les Roumains ont donc choisi de donner une majorité parlementaire massi-ve au Premier ministre sortant, Victor Ponta, en place depuis le printempsdernier, et à son alliance socialo-libérale. Par là, ils ont infligé un véritable

camouflet à leur Président, rejetant massivement la brutale politique de rigueur que sesgouvernements successifs leur avaient imposée depuis le début de la crise. Le ras demarée des élections législatives, assurant désormais une majorité des deux tiers desélus dans les deux chambres aux adversaires de Traian Basescu, leur permet même demodifier la constitution et, cette fois-ci, de se débarrasser sans coup férir d'un chef del'Etat honni, mais encore en place pour deux ans.

Ce serait cependant aller vite en besogne. Dès le lendemain de son investiture, lenouveau gouvernement, oubliant ses promesses électorales, à appeler les Roumains àcontinuer à se serrer la ceinture, entendant poursuivre, voire accentuer, sa politiqued'austérité, et se conformer aux exigences du FMI, concédant quelques modestes amé-nagements. Dès lors on peut penser qu'il aura d'autres chats à fouetter que de s'enga-ger dans une nouvelle bataille au sommet de l'Etat, dévastatrice pour l'image du payset la confiance de ses administrés.

Car l'année qui vient de s'achever restera dans les mémoires comme la pire que lepays ait vécue depuis la chute de Ceausescu. Commencée avec des émeutes provo-quées par les privations, les injustices et la corruption ambiante, poursuivie, fin avril,par un changement de majorité dû au spectacle navrant de politiciens ambitieux, ellea culminé à l'été avec le coup de force institutionnel tenté par les nouveaux dirigeants,dont l'exercice du pouvoir était monté à la tête. Menacée directement, la frêle démo-cratie roumaine était alors au bord du gouffre. Pour quel résultat ? Celui que les der-nières élections viennent justement de donner, dont le verdict était hautement prévisi-ble dès la prise de fonction du nouveau gouvernement, en avril, son impatience leconduisant à déclencher une épreuve de force inutile, déchirant le pays.

La victoire écrasante des adversaires de Traian Basescu va-t-elle leur inspirer unpeu plus de sagesse ? On peut l'espérer, le Président et le Premier ministre Ponta ayantsigné, sous l'égide de Bruxelles, un pacte de coexistence pacifique, les engageant àredonner une dignité au débat politique et à la conduite des affaires.

Mais elle pourrait aussi fort bien les amener à ne tenir aucun compte des leçons etavertissement passés, et retomber ainsi dans leurs travers. Parmi les nouveaux élus etministres se retrouvent trop de noms de justiciables qui laissent douter de la volontéréelle des autorités de continuer la lutte contre la corruption. Des relents nationalistess'élèvent aussi des rangs de la nouvelle majorité. Chassez le naturel… il revient augalop diront les mauvais augures. Henri Gillet

Un ras de marée attendu2 à 9

10 à 1516 et 1718 à 20

21 à 27

28 à 31 32 et 3334 à 36

3738 à 40

41454243

44 et 4546 à 5152 à 55 56 à 57

58 59 60

An nou fericit!Bonne année

2013 !

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

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Au total, hors les 18 partis représentant les minori-tés nationales, 19 partis politiques ou alliancesélectorales présentaient des candidats. Il leur fal-

lait obtenir au moins 5 % du nombre des votants pour entrer auParlement. Seuls quatre d'entre eux ont réussi à franchir ceseuil:

USL : Union Sociale LibéraleCoalition regroupant le PSD (Parti Social-Démocrate,

héritier direct de l'ancienne nomenklatura communiste, créépar Ion Iliescu et dirigé par le Premier ministre Victor Ponta)et du Parti Conservateur) et le PNL (Parti National Libéral,présidé par Crin Antonescu, président du Sénat, qui ambition-ne de devenir Président de la République).

L'USL, qui dispose d'une majorité au Parlement depuisavril 2012, est renforcée par deux autres petits partis, le PC(Parti Conservateur), formation créée de toutes pièces par lemagnat des médias Dan Voiculescu (réélu sénateur) pour sonusage personnel, afin de bénéficier de l'immunité parlementai-re et l'UNPR (Union Nationale pour le Progrès de laRoumanie) qui navigue dans le sens du vent entre majorité etopposition.

ARD : Alliance Roumaine de DroiteAlliance électorale chargée de soutenir le Président

Basescu et l'ancienne majorité, reposant entièrement sur lePD-L (Parti Démocrate Libéral), longtemps dirigé par l'ancienPremier ministre Emil Boc, aujourd'hui dans l'opposition etconduite par Vasile Blaga. L'ARD compte deux alliés crou-pions: le FC (Forum civique), parti créé pour promouvoir lesambitions du dernier et éphémère Premier ministre de TraianBasescu, que beaucoup voient comme son successeur, MihaiRazvan Ungureanu et le PNTCD (Parti National Paysan

Chrétien Démocrate), formation chère au cœur de DoinaCornea qui n'a pratiquement plus d'existence.

PPDD (Parti Populaire Dan Diaconescu)Parti populiste du millionnaire Dan Diaconescu, proprié-

taire de la chaine de télévision à scandale OTV, qui s'efforcede surfer sur le mécontentement populaire, notamment parmiles classes les plus défavorisés, à coup de slogans et proposi-tions simplistes. Son fond de commerce repose également surla dénonciation des politiciens et de leurs mœurs corrompues.

UDMR (Union Démocratique des Magyars deRoumanie)

Parti regroupant le vote de la communauté hongroise etdont le score se situe invariablement entre 6 et 7 % - soit qua-siment la population magyare de Roumanie -, ce qui lui per-met d'avoir des élus au Parlement, de jouer les partis charniè-res et de participer pratiquement à tous les gouvernementsdepuis 1996. Une scission est intervenue voici quelquesannées en son sein, donnant naissance à une formation plusradicale dans ses revendications identitaires, conduite par l'an-cien pasteur réformiste Lazlo Tokes, à l'origine du soulève-ment de Timisoara, en décembre 1989. Son émanation, lePPTM (Parti Populaire Magyar de Transylvanie) n'a obtenucette fois-ci que 0,7 % des voix.

Les battus

PRM (Parti de laGrande Roumanie)

En chute libre(1,35 %), ce partiultra-nationaliste etxénophobe (surtout àl'égard des Hongrois),laminé par le PPDDde Dian Diconescu,avait causé une énor-me surprise aux présidentielles de 2000, son leader, le déma-gogue Corneliu Vadim Tudor, étant présent au second tour del'élection (30 % des voix), amenant les électeurs démocrates àvoter la mort dans l'âme pour Iliescu, qui sera élu. Un scéna-rio que la France connaîtra avec le duel Le Pen-Chirac en2002.

A noter que les écologistes n'ont jamais réussi à percer enRoumanie, obtenant toujours moins de 1 % des voix.

19 partis ou alliances au départ… 4 à l'arrivée

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

lPITESTI

l

CHISINAU

CLUJ

l La victoire de l'Union Sociale Libérale (USL) aux élections législatives du9 décembre a confiné au ras de marée. Cette alliance du Parti SocialDémocrate (PSD) et du Parti National Libéral (PNL) a obtenu les suffra-

ges de près de 60 % des votants. Elle dispose désormais d'une majorité des 2/3 desélus dans chacune des deux assemblées, la Chambre des députés et le Sénat, ce qui luipermet de modifier la constitution et d'avoir les mains libres pour les quatre années àvenir. Jamais le Parlement roumain n'avait disposé d'une majorité aussi écrasante,depuis la chute de Ceausescu et la main mise de Ion Iliescu sur le nouveau pouvoir.

L'USL l'a emporté haut la main dans tous les judets, hormis en contrée magyare.Son score varie entre 40-45 % dans les régions qui lui sont traditionnellement défa-vorables, comme en Transylvanie, jusqu'à 70 % dans ses terres acquises de longuedate, la Moldavie, la Dobroudja, à l'est, la Munténie et l'Olténie, au sud. Ses adversai-res - l'Alliance Roumaine de Droite, cache-misère du PDL, au service de TraianBasescu - y sont pulvérisés. Ils perdent les trois quarts de leurs électeurs à Botosani,70 % à Hunedoara, mais aussi près de la moitié à Arad et Timisoara, leurs fiefs. Leursmeilleurs scores ne dépassent pas les 20 %, les partisans du Président n'étant créditésà l'arrivée que d'un piteux 16 % au plan national.

Difficile d'imaginer un désaveu plus cinglant de la violente politique de rigueurmenée sans discernement depuis le début de la crise, pendant 4 années, par le gouver-nement Boc. Pour autant, l'USL aurait tort d'imaginer qu'elle a reçu un blanc-seing desélecteurs. Seulement 40 % d'entre eux se sont déplacés et elle n'obtenant finalementl'aval que d'un quart des Roumains. Près de 15 % ont choisi de s'en remettre au déma-gogue Dan Diaconescu (PP-DD), qui remplace désormais dans les classes populaires,le xénophobe Vadim Tudor, en chute libre, l'UDMR des Magyars sauvant de justessesa place au Parlement (5,5 %).

A la différence de Ion Iliescuqui, en 1990, disposait d'une majori-té monocolore, Victor Ponta, leaderet héritier du PSD, nommé chef dugouvernement, va devoir diriger unattelage que beaucoup estimentcontre nature, en pleine tourmenteéconomique et sociale. Voilà sans-doute de quoi le dissuader d'engagerune nouvelle bataille frontale pourchasser Train Basescu de laPrésidence et qui est en place enco-re pour deux ans, bien que son allié du PNL, Crin Antonescu, qui vise le poste, l'yengage encore fortement, le poussant à la faute.

A Bruxelles, sous l'égide de l'UE, le Président et son Premier ministre ontd'ailleurs signé un pacte de non agression et de coexistence pacifique… s'engageantà ne plus s'injurier en public, comprenant que cela était du plus mauvais effet pour l'i-mage de la Roumanie et pour leurs compatriotes.

Inscrits : 18 423 066, Votants : 7 409

626 (41,76 %), abstentions : 58,24 %

(Votants aux élections législatives de2000 : 65,31 %, de 2004 : 58,93 %, de2008 : 39,26 %)

Chambre des députés : 412 sièges(56 femmes, 13,6 %) dont 18 siègespour les minorités*

Majorité: 206 voix, Majorité 2/3: 274

USL : 4 344 288 voix (58,6%), 273 élus(dont PSD: 149 (19 femmes), PNL: 101

(14 femmes), PC: 13 (2 femmes),

UNPR: 10)

ARD : 1 223 189 (16,50%), 56 élus

(dont PDL : 52 (9 femmes), FC : 3,

PNTCD : 1)

PPDD : 1 036 730 (13,99%), 47 élus

(11 femmes)UDMR : 380 656 (5,13%), 18 élus

(1 femme)

*Les 18 minorités disposant d'officed'un siège de député : Roms,Allemands, Juifs, Slovaques etTchèques, Bulgares du Banat,Arméniens, Tatars turco-musulmans,Macédoniens, Serbes, Italiens, Turcs,Ukrainiens, Russes-Lipovènes, Croates,Grecs, Albanais, Polonais et Ruthènes.

Sénat : 176 sièges (12 femmes, 6,8 %)

Majorité : 89 voix, Majorité 2/3 : 117

USL : 4 457 526 (60,10%), 122 élus

(dont PSD: 58 (5 femmes), PNL: 51

(3 femmes), PC: 8 (1 femme), UNPR: 5)

ARD : 1 239 318 (16,70%), 24 élus

(dont PDL : 22 (1 femme), FC : 1,

PNTCD : 1)

PPDD : 1 086 822 (14,65%), 21 élus

(1 femme)

UDMR : 388 528 (5,23%), 9 élus

(1 femme)

19 partis éliminés (moins de 5 % des

votants) : dont le PRM (1,35 %), autres

(moins de 1 % et au total : 4,6 %).

Les résultats à la loupe

Une victoire haut la main

l

Législatives

La revanche éclatante du Premier ministre Victor Ponta après son échec du référendum de l’été

Le nouveau Parlement roumain a gonflé à l'issue des élections législatives et comptera 588 sénateurs et députés au lieude 470 prévus initialement, une hausse qui fait grincer des dents dans le deuxième pays le plus pauvre de l'UE. LaChambre basse comptera 412 députés (+79) et le Sénat 176 sénateurs (+39). Le premier ministre Victor Ponta a toute-

fois indiqué que le "budget” (du parlement) pour 2013 restera identique à celui de 2012. La hausse du nombre de parlementairess'explique par un système complexe de redistribution des voix prévu par la loi électorale. La Roumanie compte davantage de parle-mentaires par habitant que la France ou l’Italie. Les parlementaires roumains gagnent environ 1500 € par mois, selon la coalitiond'ONG "Alliance pour une Roumanie propre" quand le salaire moyen est de 350 € par mois et le salaire minimum 150 €.

118 parlementaires supplémentaires

Législatives

Traian Basescu présente le pacte de non agression

Les heures glorieuses de Corneliu Vadim Tudor sont loin derrière lui.

Le tandem Antonescu-Ponta: “Je te tiens... tu me tiens par la barbichette”. Que est le premier qui rira et recevra une tapette ?

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Sénateurs et députés élus ou réélus par judet

ALBA(Alba Iulia)

ARAD

ARGES(Pitesti)

BACAU

BIHOR(Oradea)

BISTRITA -NASAUD

BOTOSANI

BRASOV

BRAILA

BUZAU

CARASSEVERIN(Resita)

CALARASI

USL : Atanasiu Teodor*(PNL)ARD : Peres Alexandru*

USL : Cristina Ioan (PNL)ARD : Ungureanu Mihai Razvan, IgasTraian*

USL: Valeca Constantin*, TamagaConstantin* (PSD), Popa Ion, Zisu Ionut(PNL)PP-DD : Cristache Iulian

USL : Tataru Dan (PSD), Luchian Dragos(PNL), Nistor Vasile*(PC), DraghiciDamian (UNPR)PP-DD : Bujor Dumitru

USL : Bodea Cristian, Boeriu Valeriu,Bodog Dorin (PNL)ARD : Ghilea Gavrila UDMR : Biro Rozalia

PD-L: Ioan ZbarciuUSL : Dobra Dorin,Denes Ioan (PNL); ARD : Florian Daniel

USL : Federovici Doina (PSD), GrigorasViorel (PNL), Mihailescu Petru (UNPR)PP-DD : Popescu Corneliu

USL: Chiriac Viorel (PSD), Grapa Sebas-tian, Ghise Ioan*, Neculoiu Marius (PNL)ARD : Popa Nicolae PP-DD : Coste Marius

USL : Rotaru Ion*(PSD), Boboc Catalin(PNL)PP-DD : Mihai Cristian

USL: Teodorovici Eugen, MocanuVictor*(PSD), Tudor Doina (PNL)PP-DD : Popa Constantin

USL : Durut Aurel (PSD), Secasean Iosif*(PNL)PP-DD : Purec Ion

USL : Tomoiaga Stefan, Dumitrescu Iulian(PNL)

USL : Dîrzu Ioan (PSD), Potor Calin*, Simedru Dan (PNL)ARD : Negrut Clement*; PP-DD: Comsa Cornel

USL : Caprar Dorel, Maduta Flavius (PSD), Calimente Mihaita*(PNL)ARD : Boghicevici Claudia*, Pistru Popa EusebiuPP-DD: Scheau Ion, Dolca Stefan

USL : Marin Gheorghe, Draghici Mircea*, Bucura OprescuSimona, Niculescu Duvaz Bogdan*, Vasilica Radu*, RadulescuCatalin (PSD), Nicolescu Theodor, Gerea Andrei* (PNL),Constantin Daniel (PC)ARD: Teodorescu Catalin; PP-DD: Dumitru Ioana, Deaconu Mihai

USL : Sova Lucian, Iancu Iulian*, Viorel Hrebenciuc*, VlasePetru* (PSD), Marcu Nicu, Necula Cosmin, Ciubotaru Lucian,Marcu Viorica, Palar Ionel (PNL), Avram Constantin (PC)ARD : Vreme ValerianPP-DD: Melinte Ion, Smarandache Miron

USL : Roman Ioan, Draghici Sonia* (PSD), Varga Lucia*, CostinGheorghe, Cupsa Ioan, Chereches Florica (PNL)ARD : Laza Matiuta, Bogdan Gheorghe; PP-DD: Hulea IoanUDMR : Cseke Attila, Szabo Odon

USL : Pana Adriana, Suciu Vasile (PSD), Dolha Nechita (PNL)ARD : Oltean Ioan*

USL : Balta Mihai, Dolineaschi Andrei*, Ciofu Tamara (PSD),Anusca Roxana, Soptica Costel, Cireada Dumitru (PNL)ARD : Roman Cristian (FC); PP-DD: Munca Liliana

USL : Ochi Ion, Nita Constantin, Nita Emil, Adam Ioan (PSD),Zamfir Daniel, Dontu Mihai* (PNL), Petre Roman (PNL), DinitaIon (PC); PP-DD: Grecea MariaARD : Andronache Gabriel*, Ialomitianu Gheorghe*

USL : Dragomir Viorel, Tudose Mihai*, Rizea Cristian* (PSD),Varga Vasile (PNL), Petrea Dorin (UNPR)ARD : Nazare Alexandru, PP-DD: Nistor Marioara

USL: Mocanu Adrian*, Ciolacu Ion, Ghiveciu Marian* (PSD),Scutaru Adrian*, Holban Titi*, Cocei Erland (PNL), NicoliceaEugen (UNPR)ARD : Preda Cezar*; PP-DD: Nicolicea Eugen

USL : Benga Ioan, Mocioalca Ion* (PSD), Rusu Valentin*, TocutDan (PNL), Tabugan Ion* (UNPR)ARD : Schelean Valeria; PP-DD: Blanariu Valentin

USL : Florea Daniel (PSD), Motreanu Dan Stefan*, Nicuale Aurel,Surdu Raluca (PNL), Steriu Valeriu (UNPR)ARD : Iliuta Vasile; PP-DD: Dragomir Maria

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS

*: Marqués d’un astérisque, les sénateurs et députés réelus.CLUJ

CONSTANTA

COVASNA(Sf. Gheorghe)

DÂMBOVITA(Târgoviste)

DOLJ(Craiova)

GALATI

GIURGIU

GORJ(Târgu Jiu)

HARGHITA(Mierc. Ciuc)

HUNEDOARA(Deva)

IALOMITA(Slobozia)

IASI

USL: Cordos Alexandru* (PSD),Nicoara Marius*(PNL)ARD : Tise AlinUDMR : Lazslo Attila

USL: Moga Nicolae*, MazareAlexandru* (PSD), Hasotti Puiu*(PNL), Banias Mircea*(PC)ARD : Chiru GigiPP-DD : Vasiliev Marian

USL : Obreja Marius (PNL)UDMR: Klarik Laszlo, Olosz Gergely*

PD-L: Mircea Andrei, Gigel CalcanUSL: Badea Leonardo, Calcan Valen-tin (PSD), Rosca Stanescu Sorin (PNL)ARD : Isaila Marius

USL : Fifor Mihai, Geoana Mircea*,Voinea Florea PSD), OpreaMario*(PNL), Anghel Cristiana (PC)ARD : Dinca MarinicaPP-DD : Solomon Antonie

USL : Butunoi Ionel, SaghianGheorghe* (PSD), Ichim Paul* (PNL),Durbaca Eugen (PC)PP-DD : Marin Nicolae

PD-L: Marius NeculaUSL : BadalauNiculae (PSD), Iliescu Lucian - USL(PNL)

USL : Grebla Toni* (PSD), PopescuDumitru* (PNL)PP-DD : Barbu Tudor

UDMR : Tanczos Barna, VerestoyAttila*

USL : Nicula Vasile*(PSD), ParanDorin*, Campeanu Mariana (PNL)PP-DD: Vochitoiu Haralmabie

USL : Pavel Marian (PSD), Toma Ion(UNPR)PP-DD : Stoica Stefan

USL : Lazar Sorin*, ConstantinescuFlorin*(PSD), Vosganian Varujan*(PNL), Popa Mihaela*, Burlea Marin(PNL)ARD : Oprea Dumitru*PP-DC : Agrigoroaei Ionel

USL : Cristea Aurelia, Itu Cornel* (PSD), Oros Nechita, CataniciuSteluta, Zlati Radu, Uioreanu Elena* (PNL)ARD : Gurzau Adrian*, Irimie VicentiuUDMR: Mate Andras*; PP-DD: Moldovan Ioan

USL : Dumitrache Iuliana*, Babus Radu, Martin Eduard, DobreMircea, Mitrea Manuela*, Cernea Remus, Voicu Madalin (PSD),Dragomir Gheorghe*, Lupu Mihai*, Manea Victor (PNL)ARD : Gheorghe Florin (PDL), Culetu Danut (FC)PP-DD: Tarache Mihai, Condurateanu Andrei

USL : Grama Horia* (PSD)UDMR : Marko Attila, Marton Arpad*, Fejer Laszlo

USL : Rovana Plumb, Stan Ion*, Stanciu Zisu, Savoiu Ionut,Moldovan Carmen (PSD), Horga Vasile, Pârgaru Ion (PNL) DumitruGeorgica* (PC)ARD : Popescu Aurelian, Vladu Iulian*, PP-DD: Popa Radu

USL : Vasilescu Nicolae, Gust Balosin*, Petrescu Petre*, MandaIulian*, Zgonea Valeriu*, Calin Ion* (PSD), Enea Constantin, StroeIonut, Voicu Mihai*, Iane Daniel (PNL)ARD : Dascalu Constantin*, Stoica StefanPP-DD : Netoiu Gheorghe

USL : Stefan Viorel*, Nica Dan*, Pâslaru Florin*, Rosca Lucretia*,Nechita Aurel (PSD), Dobre Victor*, Scarlat George (PNL), CiucaLiviu* (PC), Chirvasuta Laurentiu (UNPR)ARD : Toader Mircea*; PP-DD : Chebac Eugen

USL : Nicolae Florian (PSD), Anton Marin, Teodorescu Ioan, ChitoiuDaniel* (PNL)PP-DD : Ciobanu Liliana

USL : Weber Mihai, Iriza Scarlat, Khraibani Camelia, PopeangaVasile*, Ponta Victor (PSD)ARD : Cupa IonPP-DD : Rotaru Razvan, Mocioi Niculina

USL : Dusa Mircea* (PSD), UDMR : Korodi Attila*, KelemenHunor*, Antal Istvan*, Moldovan Iosif

USL : Nistor Laurentiu*, Intotero Natalia, Resmerita Cornel* (PSD),Rusanu Dan, Tîmpau Radu*, Harau Eleonora (PNL)ARD : Muntean MirciaPP-DD: Iacob-Ridzi Monica*

USL : Neacsu Marian*, Gaina Mihaita (PSD), Pocora Cristiana*(PNL), Ionescu Aurelian (PC)ARD : Gheorghe Tinel*; PP-DD: Caloianu Mario

USL: Adascalitei Constantin, Mocanu Vasile*, Ratoi Neculai*, StanciuAnghel*, Nichita Cristina, Iacoban Sorin (PSD), Craciunescu Grigore,Dobos Anton, Cozmanciuc Corneliu, Fenechiu Relu*, Alexe Costel(PNL), Emacu Gheorghe (UNPR)ARD : Movila Petru*, Bogdanici CameliaPP-DD : Oajdea Vasile, Blajut Viorel

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS

A la UneLes NOUVELLES de ROUMANIE

76

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

ILFOV(Banlieue Buc.)

MARAMURES(Baia Mare)

MEHEDINTI(Turnu Severin)

MURES(Târgu Mures)

NEAMT(Piatra Neamt)

OLT(Slatina)

PRAHOVA(Ploiesti)

SATU MARE

SALAJ(Zalau)

SIBIU

SUCEAVA

TELEORMAN(Alexandria)

USL : Firea Gabriela (PSD), NastaNicolae (PNL)

USL : Bota Marius*, Pop Liviu (PSD),Pasca Liviu*(PNL)ARD : Rogojan Mihai

USL : Nicolae Serban (PSD), ChiuariuTudor (PNL)ARD : Balu Marius

USL : Fratean Petru (PSD), Mora Akos(PNL)ARD : Pascan Emil UDMR : Marko Bela*

USL: Chelaru Ioan* (PSD), TapuNazare (PNL), Bumbu Octavian(UNPR)ARD : Cadâr Leonard

USL : Vîlcov Darius, Sova Dan*(PSD), Nita Mihai* (PC)PP-DD : Paunescu Teiu

USL : Severin Georgica*, SavuDaniel*, Oprea Stefan, Mitu Augustin(PSD), Luchian Ion (PNL)ARD : Bolosevici AndreiPP-DD : Ionita Dan

USL : Marian Valer*(PSD)UDMR : Pataki Csaba

USL : Pop Gheorghe*(PSD)UDMR :Vegh Alexandru

USL : Arcas Viorel*(PSD), NeaguNicolae, Iliesiu Sorin (PNL)ARD : Ariton Ion*

USL : Dontu Ovidiu, Bereanu Neculai(PSD, Mihai Neagu (PC)ARD : Flutur GheorghePP-DD : Miron Vasilica

USL : Mohanu Nicolae, StuparuTimotei (PSD), Antonescu George(PNL); PP-DC : Dumitrescu Florinel

USL : Peia Ninel (PSD), Stroe Radu, Thuma Hubert, Hellvig Eduard(PNL)PP-DD : Burlacu Stefan

USL : Tataru Florin, Matei Calin, Simon Gheorghe (PSD), BerciVasile*, Dolha Mircea (PNL), Negrut Cornelia (PC)ARD : Man MirceaPP-DD : Fonta NutuUDMR : Bonis Istvan

USL : Traicu Rodin, Daea Petre, Manolache Marius (PSD), PalascaViorel* (PNL)ARD : Stanisoara Mihai

USL : Buicu Corneliu, Gliga Vasile* (PSD), Chirtes Ioan (PNL)ARD : Urcan IonasPP-DD : Sever Cristian UDMR : Kerekes Karoly*, Kelemen Attila*, Borbely Laszlo*

USL : Marcoci Vlad, Harbuz Liviu, Munteanu Ioan*, Arsene Ionel(PSD), Ursarescu Dorinel (PNL), Dragusanu Vasile (PC), EnacheMarian (UNPR)ARD : Stoica Mihaela*, Udrea Elena* (PDL)PP-DD : Moisii Constantin

USL : Mot Constantin, Barbulescu Daniel*, Iordache Florin*,Delureanu Virgil, Ciocan Dan, Stanescu Alexandru (PSD), StirbuGigel* (PNL); PP-DD : Niculescu Dumitru, Adam Luminita

USL : Ghita Sebastian, Cosma Vlad, Eparu Ion, Sava Andrei* (PSD),Rosca Mircea, Guran Virgil, Gavrilescu Gratiela*, Teju Sorin, NicolaeAlexandri, Dumbrava Vanu (PNL)ARD : Gunia Dragos, Ionescu George, Anastase Roberta*PP-DD : Tanase Razvan, Anghel Gabriela

USL : Petric Octavian (PSD), Silaghi Ovidiu (PNL)ARD : Paul MariaUDMR : Erdei-Doloczki Istvan*, Kereskényi Gabor

USL : Nosa Iuliu* (PSD), Talos Gheorghe* (PNL)ARD : Bode Lucian*PP-DD : Seres Denes*

USL: Roman Gheorghe*, Axente Ioan, Fraticiu Gheorghe (PSD),Cazan Mircea*, Tamâian Ioan (PNL)ARD : Turcan Raluca*PP-DD: Puscas Iacob

USL : Mîrza Gavril, Uricec Eugen*, Stan Ioan*, Iane Ovidiu, BejinariuEugen* (PSD), Baisanu Stefan, Galan Constantin, Pardau Dumitru*,Surugiu Iulian (PNL)ARD : Ardeleanu Sanda*, Balan Ioan*PP-DD : Cioata Cezar

USL : Stefanescu Elena, Simionescu Adrian, Dragnea Nicolae, BobocValentin (PSD), Calota Florica, Almajanu Marin* (PNL)ARD : Militaru Lucian; PP-DD : Bucur Constantin

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS

TIMIS(Timisoara)

TULCEA

VASLUI

VÂLCEA(Râmn.Vâlcea)

VRANCEA(Focsani)

BUCURESTI

DIASPORA

USL : Suciu Matei, Sîrbu Ilie*(PSD),Ardeleanu Benoni, Ehegartner Petru(PNL)ARD : Blaga VasilePP-DD : Iovescu Ioan

USL : Belacurencu Trifon*(PSD),Motoc Octavian (PNL)

USL : Silistru Doina*, Cretu Gabriela(PSD), Tataru Nelu (PNL)ARD : Marian Dan*

USL : Coca Laurentiu*(PSD), NitiuRemus, Cotescu Marin (PNL)

USL: Filip Petre, DumitrescuCristian* (PSD)

USL : Corlatean Titus, Mutu Gabriel*,Andronescu Ecaterina* CroitoruCatalin*, Popa Florian (PSD),Popescu Tariceanu Calin*, ConstantinAnton, Barbu Daniel, Ciorbea Victor,Dobritoiu Corneliu (PNL), PelicanDumitru, Voiculescu Dan* (PC),Oprea Gabriel (UNPR)ARD: Boagiu Anca* Daniela,Radulescu Cristian*(PDL), TodirascuValeriu (PNTCD)PP-DD : Jipa Florin

USL : Anghel Adrian (PSD)ARD : Badea Viorel*

USL : Grindeanu Sorin, Tiuch Catalin, Stragea Sorin*, Andea Petreu,Covaci Dorel*, Ciobanu Gheorghe* (PSD), Cristian Horia* (PNL),Grapini Maria (PC), Raducanu Ion (UNPR)ARD : Samartinean Cornel, Popoviciu Alin*PP-DD : Diaconu Adrian UDMR : Molnar Zsolt

USL: Zaharcu Neviser, Avram Marian*, Balan Ion (PSD), PopaOctavian* (PNL)ARD : Gudu VasilePP-DD : Codirla Liviu

USL : Cristea Victor*, Solomon Adrian, Birchall Ana, Dima Toader,Stativa Irinel (PSD), Bordeianu Dan*, Ciurariu Florin (PNL)ARD : Vizitiu SergiuPP-DD : Ciuhodariu Tudor

USL : Radulescu Constantin, Bleotu Vasile*, Vladoiu Aurel* (PSD)Dobrinescu Traian, Buican Cristian* (PNL), Mazilu Constantin*(UNPR)ARD : Radulescu Romeo; PP-DD : Marian Ion

USL : Nica Nicolae*, Tîlvar Angel*, Mitrea Miron, Roman Victor(PSD), Sapunaru Nini*, Tigaeru Rosca (PNL)ARD : Secara FlorinPP-DD : Murgu Neagu

USL : Tudorache Daniel, Nassar Rodica*, Tudorie Violeta, VulpescuIoan, Podasca Gabriela, Petrache Adrian, Diaconu Mihai, BanicioiuNicolae, Chirita Dumitru*, Pop Georgian*, Oana Niculescu Mizil*,Stefanescu Tohme, Sturzu Mihai, Mihailescu Bogdan (PSD),Nicolaescu Gheorghe, Ispir Raluca, Nistor Gheorghe, Tusa Adriana,Ludovic Orban*, Bot Octavian, Budurescu Daniel*, Alexe Florin,Gorghiu Alina*, George Becali, Mironescu Razvan (PNL), GiurescuDinu, Florea Damian*, Tanasescu Claudiu (PC), Popescu Dumitru(UNPR)ARD : Canacheu Costica*, Theodor Paleologu*, Geanta Florian*,Udriste Gheorghe (PDL), Popescu Dan (FC), Mihaila Ion (PNTCD)

USL : Raetchi Ovidiu (PC)ARD : Tomac Eugen, Lubanovici Mircea*PPDD : Mihai Aurelian

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS

Pour sa dernière intervention médiatique avant la finde son mandat, l'ambassadeur américain à Bucarest,Mark Gitenstein, a appelé les Roms de Roumanie à

mieux s'organiser politiquement, comme l'ont fait les noirs auxEtats-Unis, afin de mettre fin aux discriminations dont ils fontl'objet. "Il est très décourageant de voir la situation des Roms.J'ai grandi dans le sud des Etats-Unis et j'ai vu exactement lesmêmes choses subies par les Afro-américains qui étaient mar-ginalisés et discriminés" par la population majoritaire, a-t-il

déclaré dans une interview à l'Agence France-Presse. LaRoumanie compte 620 000 Roms, selon le recensement offi-ciel, deux millions selon les ONG. Si des progrès ont été faitsen termes de scolarisation, ils continuent de subir des discrimi-nations notamment pour l'emploi et le logement. D'ailleurs, l'a-mélioration de la situation des Roms a été quasiment absentede la dernière campagne électorale. Pourtant, "c'est un des plusgrand défis auxquels la Roumanie doit faire face", a ajoutéMark Gitenstein.

L’ambassadeur US prône l’exemple noir-américainpour l’intégration des Tsiganes roumains

A la UneLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

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TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

VASLUI

l

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ll

l

l

l

MANGALIA

BRAILA

SUCEAVA

lPITESTI

l l

CHISINAUSATU MARE

l ministre socialiste… de droite ?Si les Roumains ont choisi de donner une majorité parlementaire écrasante à la

coalition de "centre-gauche" lors des élections du 9 décembre, il semble que l'austé-rité devrait rester de mise. Et même si Victor Ponta prône une politique plus socia-le que ses prédécesseurs, il y a peu de chances qu'il contredise les plans qu'ont pourla Roumanie le FMI, la Banque mondiale et l'UE.

Victor Ponta, qui aété nommé sanssurprise à la tête

du futur gouvernement par leprésident Traian Basescu, a lemérite d'avoir été clair. Troisjours seulement après la vic-toire de la coalition de "cen-tre-gauche" (Union socialelibérale, USL) qui l'a porté aupouvoir, il a affirmé sansdétour: "Nous avons tenunotre parole et avons ramenéles salaires au niveau d'avantla crise, mais nous n'avons jamais promis de nouvelles augmentations". Il a égalementannoncé une hausse des impôts locaux jusqu'à 16%. Pourtant, la campagne électoralemenée par l'USL, quand elle n'a pas été parasitée par les chamailleries virulentes entre leprésident et le Premier ministre, s'est concentrée sur des messages populistes promettantaux Roumains la fin de la période d'austérité menée par les anciens gouvernements decentre-droit. "Toutes les primes qui ont été coupées par le gouvernement Boc lorsque lePIB baissait et le déficit augmentait, ne seront pas rétablies", a ajouté Victor Ponta, lais-sant entendre que des changements auraient lieu seulement si le budget le permettait. Enclair, le gouvernement va tenir le cap de la rigueur imposé par les bailleurs de fonds de laRoumanie. "Quand il a pris le pouvoir il y a six mois, Victor Ponta a assumé le program-me du FMI, note l'économiste Ilie Serbanescu. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il restele Premier ministre du FMI… De toute façon, il n'a pas d'argent pour faire autre chose".

La politique imposée par le FMI sera poursuivie

Convalescente après une sévère cure d'austérité administrée par le Fonds monétaireinternational (FMI) et l'UE, la Roumanie va devoir réussir un numéro d'équilibriste entremaîtrise des dépenses et mesures de relance de l'économie pour renouer avec une crois-sance durable, estiment les analystes. Depuis mai dernier, le gouvernement du Premierministre Victor Ponta n'a cessé de critiquer le programme de rigueur adopté par l'exécu-tif de centre-droit en 2010, avec des réductions de 25% des salaires et une hausse de5 points de la TVA à 24%. Mais le secrétaire d'Etat aux Finances Liviu Voinea a récem-ment déclaré que son pays allait devoir poursuivre l'ajustement de ses finances publiqueslancé sous l'égide du FMI, en "éliminant notamment les dépenses inutiles (…) LaRoumanie a réussi une performance dont on parle très peu, en ramenant son déficit de7,4% fin 2009 à 2,2% en 2012", soulignait-il avant les élections.

Parmi les premiers pays de l'UE à avoir bénéficié d'une aide du FMI et de Bruxelles,avant la Grèce ou l'Irlande, la Roumanie est d'ailleurs vue comme un exemple de succès,même si la croissance devra être la nouvelle priorité de Bucarest, selon le FMI. "La poli-tique de Victor Ponta est difficile à encadrer mais je dirais qu'elle est de centre avec unetendance de droite, estime l'analyste financier Laurentiu Rosoiu. Il a d'ailleurs récemmentparlé d'un nouvel accord avec le FMI pour maîtriser les dépenses publiques, ce qui lais-se penser qu'il n'y aura pas de dérapages populistes", conclut-il.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Un méga gouvernement Gouvernement

Rosia Montanaet gaz de schiste: référendums invalidés

TÂRGOVISTEl

Deux référendums concernant

l'exploitation de Rosia Montana et

des gaz de schiste ont eu lieu en

parallèle des élections législatives

de dimanche. Le taux de participa-

tion requis n'a pas été atteint, ces

deux référendums ont donc été

invalidés.

Dans 35 municipalités du dépar-

tement d'Alba, 72 877 habitants

étaient appelés à répondre à la

question suivante : "Êtes-vous d'ac-cord pour redémarrer l'exploitationminière dans les monts Apuseni età Rosia Montana ?". 62,4% des

votants ont répondu "Oui", tandis

que 35% d'entre eux ont répondu

"Non". Mais la présence requise

aux urnes était de 50% plus une

voix, le référendum a donc été

annulé car le taux de participation

n'a été que de 42%. A Rosia

Montana même, la participation a

été de 66%, 78 % des votants

répondant oui, privilégiant les pro-

messes d'emploi à la préservation

de leur environnement.

En Dobrogea, les habitants de

Costinesti, Limanu et Mangalia

étaient appelés à répondre à cette

autre question: "Etes-vous d'accordpour exploiter des gaz de schistedans le littoral sud ?" A Mangalia,

86% des votants ont répondu

"Non", redoutant des conséquences

négatives sur le tourisme qui fait

vivre cette zone côtière.

Cependant, là encore la participa-

tion n'a pas atteint le taux minimal

requis. A Costinesti, la participation

fut de 49,8%, à Limanu, de 39%, et

à Mangalia, de 43%. Ce référen-

dum a également été invalidé.

Victor Ponta, Premier

9

Titus Corlatean(PSD)

Affaires étrangères44 ans, Medgidia

(Constantsa)

Radu Stroe(PNL)

Intérieur63 ans, Iasi

Gabriel Oprea(UNPR), Vice

Premier ministre 52 ans, Calarasi

Rovana Plumb(PSD)

Environnement52 ans, Bucarest

Mircea Dusa (PSD), Défense57 ans, Toplita

(Harghita)

Relu Fenechiu(PNL)

Transports47 ans, Bacau

Varujan Vosganian(PNL), Industrie et

commerce 54 ans, Craiova

Eugen Nicolaescu(PNL) Santé

45 ans, Giurgiu

Nicolae Banicioiu(PSD)

Jeunesse et Sports33 ans, Râmnicu

Vâlcea

Cristian David (PNL)Roumains

de l'étranger44 ans, Vaslui

Mihai Voicu, (PNL)Relations avec le

Parlement, 44 ans, Bucarest

Liviu Voinea(PSD),Budget

37 ans, Brasov

Daniel Barbu (PNL)Culture

55 ans, Bucarest

Daniel Constantin(PC), Agriculture 34 ans, Bucarest

Mona PivniceruJustice,

54 ans, Husi (Vaslui)

Doina Pana,(PSD)Relations sociales

55 ans, Bistrita

L'électeur roumain avant les élections : "Super… des vacancesen Autriche"… Après les élections : "Austérité au programme".

Caricature de Terente (Evenimentul Zilei)

Eugen Teodorovici(PSD)

Fonds européens42 ans, Buzau

Remus Pricopie(PSD)

Enseignement42 ans

Ceahlau (Neamt)

Luviu Dragnea (PSD) Vice Premier

ministre Dév. régional

Alexandria, 50 ans

Mariana Campeanu(PNL), Travail

64 ans, Alexandria(Teleorman)

Dan Nica (PSD)Communication

52 ans Panciu (Vrancea)

Daniel Chitoiu, (PNL)Vice Premier

ministre, Finances45 ans, Râmnicu

Valcea

Constantin Nita,(PSD)

Energie57 ans, Iasi

Lucia Varga,(PNL)

Eau et forêts45 ans, Oradea

Mihnea Costoiu(PSD)

Recherche 40 ans, Târgu Jiu

Dan Sova(PSD), Grandstravaux publics

39 ans,Bucarest

Le nouvel exécutif est composé de 27 ministres, etest conduit par le Premier ministre, Victor Ponta(PSD). Ce "méga gouvernement", comme l'a sur-

nommé la presse, compte 3 Vice Premiers ministres et septministres de plus que le précédent, et dix de plus que le gou-vernement de centre droit de Mihai Razvan Ungureanu, tombéen avril 2012 à la suite d'une motion de censure. Il est forméde 13 PSD, 10 PNL, 2 PC, 1 UNPR, 1 non inscrit et comprend6 femmes.

Maria Grappini (PC)Tourisme-Affaires58 ans, Timisoara

ROSIA M.

l

Actualité

Que ceux qui pensent que, dans environ deux ans, ily aura moins de resquillage en Roumanie, parceque des dizaines de contrôleurs de train corrom-

pus ont récemment été arrêtés, lèvent la main. Vous, là, avecles mains levées, pensez-vous également que les recettes doua-nières ont augmenté parce qu'en février 2011, des arrestationsont eu lieu parmi les agents des douanes et les gardes-frontiè-res ? Eh bien vous avez tort. La seule chose qui est sûre, c'estqu'on a dépensé une petite fortune en enquêtes, en infiltrationde policiers etc... Il y a même eu des arrestations spectaculai-res au milieu de la nuit, suivies de libérations le lendemain parles tribunaux. D'innombrables dossiers pénaux ont été ouverts,certains allant jusqu'au procès, dont nous ne verrons l'(in)utili-té que dans plusieurs années. Mais au fond, rien n'a changé.

Certes, il n'y a aucun doute sur le fait que les douaniers etles contrôleurs des chemins de fer se conduisaient de manièreincorrecte. Mais la manière dont nous combattons la corrup-tion systémique est totalement inefficace.

"Du temps de Ceausescu çà ne marchait pas non plus"

La corruption systémique n'apparait que lorsqu'il y a unécart majeur entre ce que l'Etat prétend faire (ou offrir) et cequ'il fait réellement. Par exemple, l'Etat prétend offrir dessoins de santé au tarif de l'Assurance maladie, mais en réalitécette dernière est doublement insuffisante. D'abord parce que,si c'était vrai et que tout le monde se mettait à demander cesservices (analyses, interventions chirurgicales), les fonds del'Assurance maladie ne couvriraient même pas le quart desdépenses. Ensuite, parce que l'Etat feint de croire que lesmédecins et les infirmières peuvent faire leur travail en étantpayés ce qu'ils sont payés, ce qui est impossible.

Ce manque à gagner dans le coût des services et du travailest donc compensé (par les pots-de-vin) par ceux qui ontrecours à ces services respectifs, en plus du coût de l'assuran-ce. De cette manière, l'offre et la demande s'équilibrent, et onatteint un prix plus réaliste. Les arrestations n'y changent rien- d'ailleurs la technique ne marchait déjà pas du temps deNicolae Ceausescu, qui faisait arrêter divers gestionnairesdans l'espoir d'augmenter la productivité, qui s'obstinait pour-tant à rester au ras des pâquerettes.

"Resquilleurs dans les trains et contrebandes de cigarettes explosent avec la hausse des tarifs"

Le problème ne peut être résolu qu'en corrigeant l'échec de

cette politique publique de santé. De même, dans le domainedes chemins de fer roumains (CFR), où le resquillage a explo-sé après la mise en place presquesimultanée de l'intelligent conseil duFMI d'augmenter le prix des billets,et de la non moins brillante idéeautochtone de réduire de 25% lessalaires des contrôleurs.

Même chose du côté des doua-nes, où le sommet historique de lacontrebande de cigarettes a étéatteint en janvier 2010, après que legouvernement a augmenté le droitd'accise (l'impôt perçu, indirecte-ment, sur la consommation de tabac). Entre temps, laCommission européenne a émis des rapports positifs sur le tra-vail de la DNA (Direction nationale anti-corruption), maisdeux tiers des Roumains considèrent - et je veux bien les croi-re - que la corruption n'a fait qu'augmenter.

"Pour une politique de modernisation, il faudrait des modernistes"

Pour avoir un quelconque succès dans la construction d'unEtat moderne, notre politique publique doit cesser de générerun terreau fertile pour cette corruption systémique, que la poli-tique répressive (de la DNA) ne peut enrayer. Cette dernièrepeut combattre, avec succès, la grande corruption - combatpour lequel elle a par ailleurs été créée. Mais la majeure partiede notre corruption, celle générée par de mauvaises politiques,ne peut pas être déracinée par des procureurs. Elle peut l'êtreen éliminant les déséquilibres introduits par l'Etat, en réparantces dissonances. Et cela n'a rien à voir avec la répression. Maisce genre de correctifs ne sont jamais appliqués, alors que lesarrestations à répétition, qui ne changent rien, sont devenuesmonnaie courante. Pourquoi ?

La réponse est très simple. Pour une politique de moderni-sation, il faut des modernistes, en commençant par un chefd'Etat ou de gouvernement qui comprenne et veuille changerl'état de fait, comme Saakachvili en Géorgie - un réformateurde système. Je suis au regret de vous dire que nous n'en avonspas : ni l'ex-président Emil Constantinescu, ni l'actuel TraianBasescu n'ont voulu changer le système. Sans parler du prési-dent Ion Iliescu, qui a délibérément laissé ce système se mett-re en place, en pensant que plus de contrôle de l'Etat signifiaitmoins de corruption, alors que c'est exactement l'inverse.

(suite page 12)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1110

Les NOUVELLES de ROUMANIEActualité

Ils sont poursuivis pour des faits de corruption, crime organisé ou diversesescroqueries. Et ce sont eux qui feront la loi en Roumanie. Parmi les 588 nouveauxsénateurs et députés, deux ont reçu des condamnations définitives, quinze sont misen examen et cinq se trouvent sous enquête pénale. Les quotidiens EvenimentulZilei et Adevarul présentent ce bilan accablant.que Le Courrier des Balkans a inti-tulé "Le palmarès des élus ripous".

Ces élus mis en accusation ou même condamnés se trouvent dans tous les par-tis, avec tout de même un net avantage à la coalition de l'Union sociale-libé-rale (USL) du Premier ministre Victor Ponta, grand vainqueur des élections

du 9 décembre...Relu Fenechiu (USL) vient d'obtenir un mandat de député a Iasi. Elu dans un col-

lège uninominal par 64% des voix, il est poursuivi en justice, après enquête duDépartement National Anticorruption (DNA) pour complicité d'abus de fonction, qua-lifiée et poursuivie.

Marian Ghiveciu (USL), élu avec 71,2% des voix à Buzau, est poursuivi pourinstigation d'abus de fonction sous forme qualifiée.

Dan Voiculescu (USL) a été élu avec 70% des voix dans un collège électoral de lacapitale. Le sénateur est mis en examen dans un dossier de privatisation frauduleuse.

Olosz Gergely (UDMR) a été élu avec 67% des voix à Sfântu Gheroghe(Covasna). Ce sénateur représentant la minorité hongroise a été mis en examen pour tra-fic d'influence. Il aurait reçu un pot de vin de près de 100 000 euros pour intervenir enfaveur d'une compagnie privée. Du même parti et de la même région provient aussi lesénateur Marko Attila, élu avec 52% des voix. L'ancien secrétaire d'État a reçu unecondamnation, pas encore définitive, à trois ans de prison ferme pour abus de fonction.

Tudor Chiuariu (USL, photo) a obtenu près de 70% desvoix dans un collège électoral de Turnu Severin (Mehedinti). Ilest sous enquête pour abus de fonction dans le célèbre "dossierde la poste". Il aurait facilité l'acquisition d'un immeuble faisantpartie du patrimoine de la poste publique par une compagnie pri-vée. Le préjudice subi par l'État s'élève à 8 millions d'euros.

Sebastian Ghita (USL) fait l'objet d'un procès pour évasionfiscale depuis dix ans déjà. Accusé d'escroquerie et faussesdéclarations, cet entrepreneur, propriétaire d'une chaine de télé-vision, a été acquitté par la justice, mais le Parquet a fait appel.Il a été élu député de Ploiesti (Prahova) avec 69% des voix.

George Gigi Becali (USL) est un homme d'affaires véreux, propriétaire du club defoot Steaua, jugé pour plusieurs faits de corruption dans l'immobilier et le football.

Mircea Banias (USL) a été élu sénateur de Constantsa, avec près de 59% des voix.Il est poursuivi pour plusieurs faits de corruption dans un dossier lié au port deConstantsa.

Antonie Solomon (PP-DD) n'a obtenu que 24% des voix, mais il a obtenu, par lesystème de redistribution, un siège de sénateur à Craiova (Dolj). Ancien maire, il estpoursuivi pour des faits de corruption. Il aurait reçu des commissions de la part d'unhomme d'affaires local.

Gigi Netoiu (PP-DD) a obtenu moins de 20% des voix dans son collège électoral,mais la loterie de la redistribution le renvoie au Parlement. Il est mis en examen dans lecélèbre "dossier des transferts" de joueurs de foot pour corruption, évasion fiscale,blanchissement d'argent.

Sorin Rosca Stanescu (USL) a été élu sénateur de Târgoviste (Dâmbovita), avecplus de 56% des voix. Il est poursuivi dans le dossier Rompetrol: à l'heure de la priva-tisation du géant pétrolier, il aurait bénéficié d'informations privilégiées et aurait passéun pacte occulte avec certains actionnaires.

Matei Martin (Le Courrier des Balkans)

Liviu Dragnea (USL) est l'un des

"poids lourds" du Parti social-démo-

crate au pouvoir depuis mai dernier. Il

est poursuivi pour manipulation élec-

torale. Réélu député du Teleorman, il

a été nommé vice-Premier ministre.

Par ailleurs, Adevarul a dévoilé

les réseaux de relations familiales au

sein du Parle-ment. Pas moins de 17

cas sont décrits: des parrains, des

époux, des

parents siè-

gent au

Parlement.

Des respon-

sables poli-

tiques sans

expérience

notoire ont

reçu des

places éligi-

bles dans

des collè-

ges électoraux.

Verginel Gireada (USL) a été

condamné à trois ans de prison avec

sursis pour abus de fonction. Il est

désormais député de Botosani, élu

par plus de 60% des voix.

La politologue Alina Mungiu-Pippidi:

"La répression n'est pas la bonne méthode pour venir à bout de la corruption"

Le hit-parade de la corruptionau Parlement et au Sénat

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILAl

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l

l

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SUCEAVA

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TÂRGOVISTE

l

PLOIESTI

l

VASLUISF. GHEORGHE

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Politique Tribune

Lors de la présentation du pro-

gramme électoral de l'USL (Ponta-

Antonescu), les militants ont été invi-

tés à entonner l'hymne national. Est-

ce pour gagner du temps, le congrès

ayant pris du retard ? La version

qu'ils ont été invités à interpréter

avait été amputée d'une strophe…

celle qui chante la gloire de l'empe-

reur romain Trajan (Traian en rou-

main), conquérant et civilisateur de la

Roumanie: "Et gardons avec fiertédans nos poitrines un nom, celui duvainqueur de notre grande lutte… lenom de Traian" ! Un nom qui restait

évidemment coincé dans les gorges.

Traian non grata

La politique anti-corruption mise en place par les différents gouvernements, avec le soutien de l'UE, est non seulementinefficace, mais elle aggrave le problème, estime une éditorialiste roumaine. La solution est une réforme de l'ensemble del'Etat. Mais pour cela, il faudrait que les politiques prennent leurs responsabilités, soutient l'éditorialiste Alina Mungiu-Pippidi, dans une tribune publiée par Romania Libera.

Liviu Dragnea nommé vice Premier ministre

“Iliescu a instauré ce système”.

BOTOSANIl

T. SEVERIN

l BUZAU

l

Actualité

Le 25ème anniversaire du soulèvement des ouvriersde Brasov (contre le régime de Ceausescu, le 14novembre 1987, après lequel 300 manifestants

furent arrêtés), annonciateur de la "Révolution" de décembre1989, est passé presque inaper-çu, alors que la réalité socialede la Roumanie d'aujourd'huiaurait dû amplifier la symbo-lique de cette célébration.Certes, on peut trouver beau-coup de raisons à ce manqued'intérêt pour l'un des momentsles plus importants de notrehistoire récente. Mais je vou-drais montrer à quel point cetoubli quasi-total est révélateurde la direction prise par lasociété roumaine.

Les 25 ans d'un soulèvement ouvrier aurait été une bonneoccasion pour une action de la part des syndicats. Mais cesderniers, une fois de plus, se sont montrés indifférents et sen-sibles à d'autres intérêts que ceux des "salariés". Les autoritésde Bucarest ont elles aussi ignoré l'événement alors qu'ellesavaient marqué le coup il y a 5 ans (pour le 20ème anniversai-re) et qu'elles ont montré un intérêt soudain pour l'histoire dupays en célébrant, il y a quelques semaines, l'anniversaire duroi Michel qui a fêté l'âge, impressionnant mais moins rond, de91 ans. Ce contraste montre à quel point cet oubli est caracté-ristique de l'identité de ceux qui nous dirigent.

Manque d'exemples pour résister à la manipulation

La révolte de 1987 est celle qui, mieux que les évènementsde 1989 noyés sous les complots, pourrait être présentée à lajeune génération comme le symbole des soulèvements et desrépressions caractéristiques du régime communiste. Et puisquequ'elle n'est pas présentée ainsi, on est en droit de supposer quel'actuelle classe politique se sent plus proche de l'anciennenomenklatura que des ouvriers de Brasov, révoltés en 1987 etlicenciés après 1990. Aujourd'hui, les médias regorgent desales affaires et les plus jeunes qui ne connaissent que ça de lapolitique sont plus faciles à manipuler puisqu'il leur manque laclé enfouie dans l'histoire récente pour comprendre. Dans unpays sans identité politique, où tout semble provisoire, seulel'expérience des événements historiques peut offrir les repèrespour résister à la manipulation.

Quel que soit le prisme à travers lequel on peut lire cesévénements, ils nous enseignent que la Roumanie n'a pas d'au-

tre option que l'Europe. La génération qui a grandi pendant latransition est toutefois différente. Cette année, lors du scrutinlégislatif du 9 décembre, ceux qui sont nés jusqu'en 1994 ontvoté. On devrait essayer de se remémorer les événements qui

ont pu les marquer. Chronologi-quement, le référendum dejuillet 2012 sur la destitution duprésident Basescu et les mani-festations dans les rues de nom-breuses villes en janvier etfévrier ont été les événementsles plus importants de l'année.Nous pouvons également souli-gner qu'en décembre 2011, leprésident Traian Basescu aégalé l'ex-président Ion Iliescuen nombre d'années à la tête del'Etat roumain, et que cette

année est la huitième de son mandat présidentiel.

Comment s'exprimera la révolte de demain des jeunes ?

D'un point de vue politique, les plus jeunes sont nés dansun climat caractérisé par des médias partisans, particulière-ment marqués par le clivage entre pro et anti-Basescu, et quiont influencé l'interprétation des événements politiques. Mêmes'il est conjoncturel, ce clivage est d'autant plus important pourcette nouvelle génération qu'il a profondément touché le systè-me d'éducation. Des écoles primaires aux lycées et jusqu'auxuniversités publiques ou privées, la grande majorité des ensei-gnants se sont dits "victimes" des politiques soutenues directe-ment ou indirectement par le président.

Certes, les généralisations sont dangereuses, et il y a tou-jours des exceptions. Mais, historiquement parlant, on peutdire que la génération grandie pendant la transition est la pre-mière née - toujours d'un point de vue politique - dans la révol-te contre des politiques qui, aussi condamnables soient leursdéfauts, peuvent être qualifiées de réformistes.

La génération anti-Basescu veut aussi le changement maissa détermination a été détournée au profit de ceux qui s'yopposent. Elle veut aussi "l'Europe" mais son énergie a étéabusée par ceux qui martèlent un discours national-populiste.Ce n'est donc qu'après ce 9 décembre que le choc de la réalitédéchirera les mailles du filet des perceptions dans lesquellescette génération, profondément marquée par l'anarchie de latransition, s'est retrouvée empêtrée. Et personne ne peut savoircomment s'exprimera sa révolte de demain.

Alexandru Gussi (Revista 22)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Native de Iasi, Alina Mungiu-Pippidi, 49 ans, est l'une des plus importantespolitologues roumaines. Après avoir terminé ses études de médecinecomme chef de promotion, elle s'est dirigée vers le journalisme et la cri-

tique littéraire. Correspondante du Monde et de l'Express dans les années 92-95, colla-boratrice de la revue intellectuelle Revista 22, elle fut aussi directrice de l'informationà la Radio-Télévision Roumaine.

En 1996, la jeune femme a fondé la Société Académique Roumaine qui seraà la base de plusieurs lois sur la liberté de l'information et la marche vers l'inté-gration dans l'union Européenne. Professeur à l'école de Sciences politiques deBucarest, Alina Mungiu-Pippidi a publié des études et articles en roumain, fran-çais et anglais, donné des conférences à Harvard, Stanford, Princeton, Oxford.Elle s'est surtout singularisée par son fort engagement en faveur de la démocra-tie, organisant des manifestations de soutien à l'ancienne ministre de la JusticeMonica Macovei dans sa lutte contre la corruption, contribuant au rapportannuel de Freedom House, menant la coalition pour un Parlement propreconduisant à l'élimination de 98 candidats aux élections parlementaires de 2004,sur des critères d'intégrité morale. Son action la fera distinguer par le presti-gieux groupe de réflexion du Conseil Européen pour les Relations étrangères

qui la cooptera comme membre à part entière.Alina Mungiu-Pippidi s'était faite remarquée en 1992, en écrivant la pièce de théâ-

tre "Les Evangélistes", prix Uniter 1993, déclenchant de violentes critiques des égli-ses chrétiennes qui la considéraient comme blasphématoire.

Sur l'insistance de l'Union

Européenne, quelques agences anti-

corruption, partiellement autonomes

par rapport au monde politique, ont

été créées. De là est née une ano-

malie: les politiciens ne font pas ce

qu'il faut, voire font ce qu'il ne faut

pas, ils se battent contre les agen-

ces anti-corruption.

Par contre, les agences anti-cor-

ruption, habituées à rendre des rap-

ports à Bruxelles, essaient de faire

ce qu'elles peuvent, et même ce

qu'elles ne peuvent pas, c'est-à-dire

qu'au lieu de combattre la corruption,

elles combattent aussi les mauvai-

ses politiques, à moins qu'elles ne

soient engagées dans quelque exer-

cice destiné à impressionner

Bruxelles.

Cette stratégie prévoit-elle que

ceux qui sont arrêtés soient rempla-

cés par d'autres qui font la même

chose pendant que l'Etat s'enlise

dans des procès qui durent des

années? Les procureurs tentent de

résoudre par la répression des ineffi-

cacités structurelles dans le domaine

des douanes ou des chemins de fer,

que seul le facteur politique pourrait

résoudre - si celui-ci le voulait.

Alina Mungiu-Pippidi

(suite de la page 11)

Le 25ème anniversaire du soulèvement des ouvriers de Brasov est passé aux oubliettes

Alina Mungiu-Pippidi: une démocrate activiste Une jeunesse sans repères démocratiques

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Politique Politique

Où en est l'économie de laRoumanie, après les derniè-res élections ? Le débat sur

les questions économiques n'a guère inté-ressé les foules. Touché lui aussi par lacrise économique et financière, le pays asu éviter un scénario à la grecque en mis-ant dès 2009 sur une politique d'austérité.Pour le maintenir sur les rails, le gouver-nement Boc de centre droit avait emprun-té 20 milliards d'euros auprès du Fondsmonétaire international (FMI), de l'UE etde la Banque mondiale.

En mars 2011, Bucarest avait signéun nouvel accord pour un prêt de5 milliards d'euros. En contrepartie, lesautorités roumaines s'engageaient à mett-re en œuvre une politique de réductiondrastique des dépenses publiques. Plus de200 000 emplois publics ont été suppri-més, les salaires des fonctionnaires ontété amputés d'un quart et la TVA augmen-tée de 19 % à 24 %.

Ces sacrifices ont permis au paysd'afficher en 2011 une croissance de2,5 %, mais la grogne sociale a freiné unprocessus appliqué sans discernement et

creusant les injustices. A la suite d'unesérie de manifestations explosives à partirde janvier 2012, le président Basescu acédé à la pression. Le 7 mai, il a confié auchef de l'opposition, le socialiste VictorPonta, la tâche de former un nouveaugouvernement.

Deux mois plus tard, en juillet, lenouveau premier ministre plongeait laRoumanie dans une grave crise politiqueen tentant par tous les moyens de desti-tuer le président. Cette tentative a échoué,mais la crise politique a eu un effet néfas-te sur l'activité économique. Le taux decroissance de 2,5 % prévu pour 2012 estdescendu à 0,8 %.

Autre question, concernant l'état de laRoumanie, celle-ci a-t-elle su profiter desfonds européens ? La Commission euro-péenne lui avait octroyé un budget de 32milliards d'euros de fonds structurels àdépenser entre 2007 et 2013, à conditionde proposer des projets fiables visant àmoderniser le pays. Mais Bucarest n'adépensé qu'environ 15 % de cette manne,et même moins de 5 % dans des secteursessentiels.

Scénario à la grecque évitémais croissance plombée par la crise

Une nouvelle génération d'électeurs roumains a participé aux élections législatives du 9 décembre. Peu avant le vote, lechroniqueur Alexandru Gussi se demandait dans la revue intellectuelle Revista 22, quelle voie, allaient choisir ces jeunes,plus familiers du côté sombre de la politique actuelle que des révoltes contre le régime de Ceausescu.

"Ceux qui sont arrêtés

sont remplacés par d'autres"

Actualité

Un an après la chute du communisme, le Parlementroumain votait une loi accordant aux blessés etdescendants des morts de la "Révolution" une

indemnité mensuelle comprise entre 30 et 160 % du salairemoyen brut de l'époque. Les familles des tués recevaient, d'au-tre part et en une seule fois, 60 000 lei, soit 12 mois de salairemoyen et celles des blessés 40 000 lei (9 mois). En outre, lespersonnes concernées avaient la priorité pour louer ou acheterdes maisons rendues par l'Etat qui avaient été nationalisés sousle régime précédent, bénéficiaient de la gratuité de l'acquisi-tion des lieux d'inhumation, des traitements médicaux et desmédicaments, des transports publics, de l'exemption desimpôts sur le foncier bâti et non bâti, et d'un droit à la retraiteanticipée de cinq ans.

De 5000 au début jusqu'à 30 000… à 2000 dollars pièce, les faux

Au début, 5000 personnes étaient éligibles à ce statut, unnombre qui normalement devait bais-ser au fil du temps, avec les décès, lesdéparts à l'étranger et l'âge des enfantsbénéficiaires, concernés uniquementjusqu'à leur majorité. Mais en 2004, onen comptait 30 000 ! Sous le gouver-nement Nastase, le trafic de l'attribu-tion des certificats délivré par leSecrétariat d'Etat pour les Problèmesdes Révolutionnaires (SPPR), conduitpar Bebe Ivanovici, avait explosé. Il encoûtait 2000 dollars de bakchich pouren obtenir un.

La dérive avait commencé dèsaoût 1992, la notion de victime de la "Révolution" étant élar-gie à celle de "Combattant pour la Victoire de la Révolutionroumaine", ce qui permit d'ailleurs à Iliescu d'en bénéficier. Enoutre, était introduite la possibilité de recevoir des terrains gra-tuits de l'Etat, de louer ou préempter à des prix dérisoires desplendides villas remises dans le domaine public. Ioan N., unretraité de la fabrique de pneus Danubiana d'Ilfov, confessequ'un quart de ses collègues avaient obtenu illégalement leprécieux certificat… leur héroïsme s'étant limité à se rendresur la place du Palais, le 22 décembre, à l'heure de la pausedéjeuner, comme des milliers d'autres Bucarestois.

Sous Nastase, le phénomène s'amplifiera avec l'extensionde la définition de combattant ordinaire à celle de "Combattants'étant distingué par des agissements exceptionnels".

Aux avantages déjà existants s'ajoutaient la possibilité d'a-cheter ou louer en priorité des espaces commerciaux ou de ser-vice jusqu'à 100 m2, appartenant aux Fonds d'Etat, d'obtenirgratuitement un hectare de terrain en dehors des villes et500 m2 dans leur périmètre ou l'équivalent sous forme d'in-demnités. Les nouveaux "Révolutionnaires" ont reçu ainsi5000 hectares et une indemnisation d'un montant total supé-rieur à 100 millions d'euros.

Mouchards de la Securitate, miliciens ayant tiré sur la foule, activistes du PCR

Sous Basescu, depuis 2004 jusqu'à 2011 (gouvernementsTariceanu et PDL-PSD), 16 000 de ces derniers certificats ontété distribués. Parmi les récipiendaires, des anciens membresde la Securitate qui ont mouchardé leurs concitoyens, de lamilice et de l'Armée qui ont tiré sur les manifestants, faisant1200 morts, des activistes du Parti communiste d'alors… maisaussi des "Révolutionnaires" issus de judets où pas un seul

coup de feu n'a été tiré, comme celuide Teleorman (Alexandria) où ondénombre 378 ! Au cours de cette der-nière période, 600 millions d'eurosd'indemnisation étaient dus par l'Etat,480 millions versés effectivement aurythme annuel de 90-100 millionsd'euros (0,1 % du PNB roumain).

Sous l'effet de la crise et l'insistan-ce du FMI, le gouvernement Boc adécidé l'an passé de suspendre à partirde 2012, les versements aux"Révolutionnaires exceptionnels", cequi devait amener une économie

annuelle de 75 millions d'euros… Une décision qui a contribuéfortement à sa chute, en février dernier. La mesure a été rap-portée immédiatement par la nouvelle coalition gouvernemen-tale USL (PSD Ponta -PNL Antonescu) qui avait en vue la des-titution de Basescu et les élections législatives à venir. Lasituation économique s'aggravant, le nouveau gouvernementa cependant dû réduire de 10 % le montant des prestations ver-sées et étaler dans le temps le paiement des 120 M€ qu'il doitencore aux "Révolutionnaires".

Ces derniers - ils seraient 16 337 encore à posséder lefameux certificat - ont joué la carte USL aux dernières élec-tions, mais cette échéance étant passée, il serait étonnant qu'en2013 ils continuent à bénéficier des mêmes avantages, le FMI,la Banque Mondiale et l'UE veillant au grain.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Au cours des dernières années, de nombreux détenus fortunés trouvaient unmoyen de retrouver la liberté en invoquant des raisons médicales. Il suffisait decompter sur des médecins complaisants et de convaincre une administration péni-tentiaire ainsi que des juges prêts à fermer les yeux… pour peu qu'on ait le gestequi les y encouragerait. Le motif le plus souvent invoqué était "ne supporte pasl'enfermement, souffre de claustrophobie" !

Si ce genre d'argument fonctionne moins aujourd'hui, les avocats ont trouvéune autre combine, tout à fait légale celle-là, pour obtenir le raccourcisse-ment de la peine de leurs clients. Ils doivent prouver que ces derniers utili-

sent leur emprisonnement pour se livrer à des activités intellectuelles de recherche,enrichissant la communauté et montrant leur volonté de rédemption… C'est ainsi queSorin Ovidiu Vântu, l'escroc le plus en vue du pays, sous les verrous pour un an à lasuite d'une condamnation pour chantage, devrait sortir incessamment. Devenu subite-ment économiste pendant son incarcération, il a publié une étude comparative portantsur l'évolution de la Roumanie du communisme à nos jours, obtenant ainsi une réduc-tion de sa peine de 33 jours, lui permettant de demander une libération conditionnelle.

SOV a trouvé un éditeur compréhensif qui a fait imprimer 200 exemplaires à 4 €de son ouvrage, en achetant lui-même 160, 10 étant destinés à la bibliothèque centralepour dépôt, et 30 mis en vente dans des librairies. La liberté pour 800 €… c'est unebonne affaire. Cette courte étude est préfacée par Octavian Dragomir Jora, lecteur uni-versitaire à la chaire de Relations économiques internationales de l'Académie desSciences économiques, qui s'est déclaré "impressionné par la démarche scientifique"de son auteur. On peut penser que ce dernier ne se sera pas montré ingrat.

Autre bénéficiaire de ce dispositif et aussi désireux de prouver à la société sonsouci de s'amender, Adrian Nastase, derrière les barreaux pour deux ans. Agé de plusde 60 ans, l'ancien Premier ministre, considéré comme le politicien le plus véreux dupays, a déjà le droit à une réduction automatique de peine de moitié, en raison de sonâge. Docteur en droit, il se dépêchait de publier un ouvrage avant Noël pour être libé-ré au plus vite, et avait aussi donnédes conférences juridiques devantses co-détenus, prises en comptedans son dossier.

Pas de plagiat pour unPremier ministre-docteur

A défaut, Adrian Nastase pou-vait compter sur la compréhensionde son protégé, le Premier minist-re Victor Ponta, dont il a dirigé lathèse de doctorat, les échéancesélectorales étant passées. Lesaccusations de plagiat dont ce dernier est l'objet, confirmées par l'Université deBucarest, ont été rejetées par la ministre de l'Education nationale, EcaterinaAndronescu, qui a déclaré qu'on ne pouvait pas annuler la thèse d'un Premier ministreou ministre docteur…car le cas n'était pas prévu dans les textes. Voilà qui arrange toutle monde… la ministre ayant été elle-même montrée du doigt par le journal FrankfurterAllgemeine pour avoir plagié sa propre thèse et différents travaux.

Elena Ceausescu doit se retourner dans sa tombe. Cette "chimiste à la réputationmondiale", n'a bénéficié d'aucune clémence pour ses "travaux ayant contribué à l'a-vancement de la science". C'était avant l'instauration de la démocratie.

Remise de peines pour SOV et Adrian Nastase... grâce

à leurs contributions scientifiques

Miron Cozma, l'ancien leader des

mineurs de la vallée de Jiu (Târgu Jiu,

Gorj) est revenu à Petrosani le 1er

décembre dernier, à l'occasion de la

Fête nationale roumaine, pour la pre-

mière fois depuis 16 ans, le jour même

de l'expiration de son interdiction de

séjour

dans

cette

commu-

ne d'où

étaient

parties

les

minériades des années 1990-2000,

que lui avait signifiée la Justice, et qui

était aussi valable pour Bucarest.

Agé de 58 ans, l'ancien ingénieur

des mines avait été condamné au total

à 18 ans de prison à la suite de son

implication dans les minériades de

1991, conduisant à la chute du gou-

vernement de Petre Roman - avec

sans-doute l'assentiment du président

Iliescu- et à la mort de dizaines de

Bucarestois, puis de celle de 1999 qui

avait failli faire tomber le gouverne-

ment de Radu Vasile sous la présiden-

ce d'Emil Constantinescu. Les deux

peines avaient été confondues et fina-

lement Cozma n'a effectué que dix ans

de prison, étant libéré en décembre

2007. Ion Iliescu avait décidé de le

gracier en décembre 2004, 48 heures

avant la fin de son dernier mandat de

Président, mais la mesure avait provo-

qué un tel tollé aussi bien en Rouma-

nie que sur le plan international, qu'il

avait dû la rapporter précipitamment.

Depuis sa libération, Miron Cozma a

créé son propre parti politique, le Parti

Social Démocrate des Travailleurs.

Miron Cozma de retour dans sa vallée des mineurs

Ils sont 378 dans le Teleorman, où on n'a pas tiré un seul coup de fusil...Politique

Les certificats de "Révolutionaire"ont coûté un milliard d'euros à l'EtatDes détenus devenus savants !

Depuis sa cellule, Sorin Ovidiu Vântu a écrit un traitéd'économie. Au mur, les portraits de deux plagieurs

célèbres : l’ex ministre de l'Enseignement, EcaterinaAndronescu et le Premier ministre, Victor Ponta.

Une progression géométrique du nombre de “révolutionnaires” arcboutés sur leurs privilèges.

Politique

De 1990 à nos jours, le certificat de "Révolutionnaire" a coûté à l'état roumain un milliard d'euros. Ce qui était à l'o-rigine une forme de reconnaissance des actes courageux menés au péril de leur vie par une poignée de citoyens se révoltantcontre le régime de Ceausescu en décembre 1989, ou pour leurs descendants s'ils avaient péri, leur attribuant pensions etavantages, est devenu une rente à but électoral au fil des ans.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Ala suite de la visite de délégations du Fonds monétaire international (FMI),de la Commission européenne et de la Banque mondiale mi-novembre àBucarest, il a été décidé que la Roumanie bénéficierait d'un nouvel accord

au printemps 2013, mais seulement sous certaines conditions.Les trois institutions lui demandent de respecter les engagements qu'elle a pris avec

ses créditeurs, "plusieurs réformes structurelles attendant d'être mises en place confor-mément à l'actuel contrat". Il s'agit de certaines privatisations intégrales ou partiellesqui n'ont pas été réalisées, notamment dans le secteur énergétique (Romgaz,Hidrolectrica), mais aussi concernant la poste, et la branche marchandises des cheminsde fer (CFR Marfa). La réforme du système de santé est elle aussi vivement attendue,tout comme la mise en place rapide de managers privés à la tête des sociétés publiques.Le président Traian Basescu a affirmé que "les réformes structurelles seraient reprisesaprès les élections législatives du 9 décembre". Le Premier ministre Victor Ponta avait,quant à lui, l'intention d'augmenter les retraites des militaires grâce à ce nouvel accordavec le FMI, mais le Fonds a considéré que l'Etat roumain ne pouvait pas se permettrepour l'instant - et en pleine période électorale - un tel effort qui s'élevait à environ 9millions d'euros.

Auchan rachète l'allemand Real et détient désormais 30 hypermarchés en Roumanie

Le nouveau terminal de départ de

l'aéroport international Henri Coanda

de Bucarest a été inauguré le 6

novembre, 17 mois après le lance-

ment de ses travaux. D'un coût de

52 millions d'euros et d'une superfi-

cie de 2 ha, il est équipé des techno-

logies de dernière génération, facili-

tant les procédures d'embarquement

- le nombre de guichets a doublé

passant à 104, 8 permettant l'auto-

enregistrement - et correspondant

aux exigences de Schengen ainsi

qu'à celles de la sécurité.

Cette opération porte sur 91 hypermarchés enPologne, Russie, Roumanie et Ukraine, ainsi quesur 13 galeries commerciales en Russie et en

Roumanie. Dans ces quatre pays, Real a réalisé un chiffre d'af-faires de plus de 2,6 milliards d'euros en 2011 et emploie20 000 personnes. Avec cette acquisition, Auchan se renforceen Europe de l'Est, où il compte déjà 98 hypermarchés et plusde 65 000 collaborateurs et devient le numéro 1 en Russie oùil compte 48 hypers et supermarchés Atak.

Le groupe Auchan, qui a réalisé l'an passé 55% de sonchiffre d'affaires total (44,4 milliards d'euros) hors del'Hexagone, dont 29% en Europe de l'Est et en Asie, mène plu-sieurs offensives de front pour réduire sa dépendance au mar-ché français, où ses grands hypermarchés sont à la peine faceà la concurrence de Leclerc, Carrefour et Système U.

Auchan a fait son entrée en Roumanie en 2006, en ouvrantson premier hypermarché à Timisoara, qui sera suivi de 9 aut-res, tous sous son enseigne, et compte 3300 employés. Avecl'acquisition de 20 des 24 grandes surfaces détenues par Real(les magasins d'Arad, Oradea, Suceava, Constantsa, jugés pasassez rentables sont exclus de la transaction), le groupeMulliez porte leur nombre à 30 et deviendra ainsi la deuxièmechaîne de distribution du pays, derrière l'allemand Kaufland,et le premier distributeur français, devant Carrefour et Cora.

Tous deux arrivés en 2006 en Roumanie, Real et Auchanont toutefois suivi des stratégies d'implantation différentes,Real ayant opté pour une expansion beaucoup plus agressivequ'Auchan dans le pays. Mais entre 2010 et 2011, les ventes deReal en Roumanie ont chuté de 694 à 627 millions d'euros,tandis que les dix magasins Auchan ont réalisé un chiffre d'af-faires de 411 millions d'euros en 2011.

Auchan figure au 12ème rang mondial de la distribution,avec 655 hypermarchés, 767supermarchés, 1700 magasinsfranchisés, répartis dans 12 pays, employant 269 000 person-nes. Real appartient au groupe allemand Metro qui détient316 hypermarchés Outre-Rhin et emploie 70 000 personnespour un chiffre d'affaires annuel de 11,3 milliards d'euros.

Carrefour mise sur les petites et moyennes surfaces

Autre tendance de ces derniers mois, les trois leaders des

petites et moyennes surfaces, Billa, Carrefour et Mega Image,sont passés à la vitesse supérieure dans leur conquête desvilles roumaines. A Bucarest notamment, Mega Image et Billamultiplient les nouveaux magasins. Fin novembre, pas moinsde cinq magasins du nouveau concept de Mega Image "Shop& Go" ont été inaugurés. L'enseigne roumaine, propriété dugroupe belge Delhaize depuis 2000, est aujourd'hui incontour-nable, comptant 169 magasins au total.

Son principal concurrent, l'autrichien Billa implanté enRoumanie depuis 1999, rivalise tant bien que mal en s'orien-tant également vers la multiplication des petites surfaces. Billacompte aujourd'hui 68 magasins en Roumanie, soit 8 de plusqu'en mars dernier. Carrefour se lance lui aussi dans la bataille,avec 13 nouvelles ouvertures de supermarchés en 2012, soitun nombre total de 65 Carrefour Market, et 8 nouveauxCarrefour Express (soit 13 au total), en partenariat avec le dis-tributeur roumano-suisse Angst.

Cette nouvelle concurrence dans le commerce de proximi-té pourrait jouer en faveur des consommateurs qui peuventcomparer les prix, la qualité et la diversité des produits distri-bués par les différentes enseignes. Une concurrence qui chan-ge les habitudes de consommation, certainement devenuesplus occidentales, mais qui laisse forcément moins de place aupetit commerce traditionnel roumain. Nombre de petites fran-chises roumaines, telles que Mic.ro par exemple, sont en trainde disparaître.

François Gaillard(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Prêt FMI sous conditions

Nouveau terminal à l’aéroport d’Otopeni

Economie

Le Conseil d'administration de la

compagnie aérienne nationale Tarom

a nommé un nouveau directeur géné-

ral. Il s'agit du Belge Christian

Edouard Heinzmann, qui est l'ancien

président des transports aériens

luxembourgeois Luxair, et dispose

d'une expérience de 25 ans dans le

secteur aérien.

Il a pris ses fonctions le 19 novem-

bre dans un contexte quelque peu

tendu. Un premier directeur étranger

issu du secteur privé avait déjà été

nommé à cette même fonction le 17

octobre dernier. L'Autrichien Heinrich

Vystoupil, ancien responsable de la

compagnie Austrian Airlines en

Roumanie et en république de

Moldavie, avait rapidement renoncé

au poste, parlant de "détails contrac-

tuels" avec lesquels il n'était pas d'ac-

cord. La nomination d'un directeur

issu du secteur privé à la tête de la

Tarom est l'une des conditions impo-

sées à la Roumanie par le Fonds

monétaire international (FMI).

Un Belge directeur de Tarom

La guerre des enseignes fait rage

L'Etat roumain va prendre des mesures pour limiterl'achat de terrains agricoles par des étrangers, adéclaré le ministre de l'Agriculture, Daniel

Constantin. Ces mesures doivent contrecarrer la libéralisationdu marché qui aura lieu le 1er janvier 2014, et "qui effraienombre d'entre nous", selon le ministre. "Actuellement, lesétrangers ne peuvent pas détenir sur leur nom propre de ter-rain agricole en Roumanie, mais le marché foncier va s'ouvrirtotalement dans deux ans conformément au traité d'adhésionque nous avons signé", a-t-il rappelé.

Pour contrôler une éventuelle "invasion" d'acheteursétrangers, le ministre a pensé créer une agence des domainesde l'Etat qui puisse approuver ou refuser l'acquisition de ter-rain par des personnes physiques selon des critères qui serontdécidés.

Contrer l'invasion d'agriculteurs étrangers

Economie

Accord de surveillance avec la BERD

Selon un accord signé le 21 novemb-re entre Léonard Orban, ministre roumaindélégué aux Affaires européennes, et laBanque européenne de reconstruction etde développement (BERD), l'institutionfinancière offrira une assistance tech-nique à la Roumanie afin que le payspuisse mieux absorber les fonds euro-péens dont il bénéficie.

La BERD assistera notamment dessecteurs stratégiques, tels que l'efficacitéénergétique, le développement des pro-jets des autorités locales, et l'exploitationcommerciale privée des infrastructures.L'aide portera sur l'utilisation des fondsstructurels et de cohésion de la périodeactuelle (2007 - 2013), mais aussi surceux du prochain budget européen (2014- 2020).

La Roumanie veut exporter son gazvers la Hongrie

La Roumanie pourra exporter du gazvers la Hongrie dès 2015. Actuellement,le pays consomme entre 14 et 17milliards de mètres cubes de gaz par an,sa propre production lui permet de subve-nir à 80% de ses besoins.

Le pays dispose des troisièmes plusgrandes réserves de gaz naturel en Europederrière les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

Elles sont estimées à 630 milliards demètres cubes, principalement enTransylvanie et en Mer Noire.

Début 2012, le président TraianBasescu avait annoncé que son payspourrait devenir exportateur net de gazd'ici trois à cinq ans. En février, ExxonMobil et la compagnie roumaine Petromavaient découvert un gisement dont lesressources sont estimées entre 42 et 84milliards de mètres cubes de gaz en MerNoire. Son exploitation devrait démarreren 2015.

Un gazoduc relie déjà, depuis 2010,l'ouest de la Roumanie au sud-est de laHongrie et peut transporter jusqu'à 4,5milliards de mètres cubes de gaz par an.Mais cette infrastructure ne fonctionneque dans le sens Hongrie-Roumanie. Legouvernement roumain a assuré, finnovembre, disposer des moyens tech-niques et financiers pour inverser les fluxgaziers.

Inflation à 5,1 % en 2012prévue à 3,5 % en 2013

Arguant des effets de la dure et per-sistante sécheresse de l’été sur l'économieet de la raréfaction des produits alimen-taires en découlant, le gouverneur de laBanque nationale, Mugur Isarescu, a revuses prévisions sur le taux d'inflationannuel à la hausse.

Il devrait être de 5,1 % pour 2012 aulieu des 3,2 % annoncés (+ 1,9 point) etde 3,5 % en 2013 (+ 0,5 %).

A savoir

Auchan poursuit son offensive internationale. Le groupe de dis-tribution nordiste, contrôlé par la famille Mulliez, a annoncé le 30novembre le rachat, pour 1,1 milliard d'euros, de l'activité de sonconcurrent allemand Real (filiale du groupe Metro) en Europe cen-trale et de l'Est.

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Actualité

Pour mémoire, en Roumanie lesfemmes qui travaillent bénéfi-cient d'un congé maternité de

maximum 126 jours calendaires (4 mois),pour moitié en "congé prénatal" (2 mois)et l'autre en congé d'allaitement (2 mois).Pendant ce congé, elles perçoivent uneindemnité de maternité égale à 85 % durevenu mensuel, supportée totalement parl'Etat à travers le Fonds national uniqued'assurances santé.

Après le congé maternité, l'un desparents peut bénéficier d'un congé pourélever son enfant (congé d'un an ou de 2ans et qui peut aller jusqu'à 3 ans si l'en-fant est handicapé). Ce type de congépeut être sollicité par la mère ou par lepère auprès de leurs employeurs respec-tifs, qui ne peuvent pas le refuser.

Pendant celui-ci, le parent qui reste àla maison bénéficie d'une indemnité men-suelle égale à 85% de la moyenne desrevenus mensuels nets réalisés au coursdes 12 derniers mois, indemnités payéespar l'Etat. Toutefois, l'indemnité mensuel-le ne peut pas dépasser 3400 ron (environ

750 €) pour un congé de 2 ans, et 1200ron (environ 260 €) pour un congé d'unan. Il convient de noter que le congématernité pour élever son enfant suspendle contrat individuel de travail, le licen-ciement du salarié étant interdit pendantla durée de ce congé. L'employeur nepeut embaucher sur le poste du salarié encongé maternité ou parental que des sala-riés en contrat à durée déterminée.

Congés supplémentaires pour les pères qui suivent des cours de puériculture

En vue d'assurer la participationeffective du père au bien-être de sonenfant, le législateur roumain a prévudeux types de congés: un congé de pater-nité et un congé parental.

Lors de la naissance d'un enfant, qu'ilsoit légitime, hors mariage ou adopté, lepère peut demander à son employeur debénéficier d'un congé dit "de paternité"indemnisé. Sa durée est de 5 jours ouvrés.Toutefois, celui-ci peut être prolongé de10 jours ouvrés pour atteindre 15 jours

ouvrés, si le père justifie auprès de sonemployeur d'avoir suivi un cours de pué-riculture, cours tenu en général par lemédecin traitant de la famille.L'indemnisation que perçoit le père cor-respond à son salaire et lui est payée parson employeur.

Par ailleurs, le congé pour élever sonenfant (congé parental) peut être pris danssa totalité par le père en lieu et place de lamère (voir plus haut). Plus de 13 000papas roumains avaient choisi cettevariante, d'après le dernier pointage desservices sociaux.

Toutefois, si c'est la mère qui reste àla maison avec l'enfant, il a droit pendantcette période à un congé d'un mois, pen-dant lequel il bénéficie d'une indemnitéégale à 85% de la moyenne des revenusmensuels nets qu'il a obtenus au cours des12 derniers mois, indemnité payée parl'Etat, le droit à l'indemnité mensuelle del'autre parent étant suspendu. De même,si le père ne sollicite pas ce congé, lapériode de congé de la mère sera réduiteà un mois.

Dana Gruia Dufaut

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

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BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

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HUNEDOARA

ZALAUARAD

l IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEA

TIMISOARA

SUCEAVA

lPITESTI

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Lundi 5 novembre. Levés à l'aube, des centaines d'habitants de Timisoara sontallés faire la queue pendant des heures, certains ont même déclaré n'avoir pasdormi afin d'être parmi les premiers de la file. Car ce jour-là, commençait une dis-tribution de denrées alimentaires provenant des stocks de l'Union Européenne avecl'impression, pour les anciens, de revenir 25 ans en arrière, à l'époque révolue de ladictature.

Pour être parmi les premiers, ils sont venus dès le dimanche soir ou à minuit et,munis d'un pliant, se sont assis dans la queue de la Halle Tico de la CaleaCircumvalatiunii, un entrepôt privé où la nouvelle municipalité de Timisoara

distribue les aides alimentaires provenant des stocks d'intervention de l'UnionEuropéenne. Dès le premier jour, des centaines personnes, en majorité des retraités per-cevant moins de 400 lei par mois (90 euros), des chômeurs, des handicapés ou leursayants-droits, des "révolutionnaires", d'anciens détenus politiques, sont restés dans lafile. Pourtant, il y en aura pour tout le monde. La distribution des denrées alimentairesest prévue chaque semaine, du lundi au vendredi, jusqu'à la fin du mois de mars 2013.

"Je suis venu à minuit et j'ai attendu. Le problème, c'est que certains produits ontune durée d'utilisation de trois mois et leur date d'expiration arrivera bientôt à terme. Ily en a en grande quantité. L'huile n'est pas encore arrivée, on nous la promet pour lasemaine prochaine. Il faudra revenir", raconte une femme repartie avec ses sacs pleins,vers 9 heures, après une nuit passée dans le froid en face du centre de distribution.

Des bénéficiaires sont venus avec des carrioles pour pouvoir transporter les aliments,pendant que d'autres remplissent les sacoches de leurs vélos ou repartent en voiture, aidépar un parent ou un ami.Certains appellent un taxi.

18 500 bénéficiaires

Il faut prendre un ticketavec un numéro d'ordre pourêtre servi. "J'étais là à 3 heureset demie ce matin, mais cela envaut la peine. Ma retraite estpetite, c'est difficile de sedébrouiller" explique un heu-reux bénéficiaire en montrantson ticket. "Moi, je ne me suis pas couché et à 4 heures du matin, je suis venu ici parceque je savais que la distribution est organisée avec un numéro d'ordre. J'ai pu en avoirun, c'est le numéro 94", raconte un jeune handicapé qui, à 10h, fait encore la queue.

"Nous avons donné les numéros d'ordre justement pour pouvoir fluidifier la distri-bution. Les gens entrent dans l'entrepôt suivant leur numéro d'appel. La liste des bénéfi-ciaires est établie sur décision gouvernementale. A Timisoara, il y a 18 480 bénéficiai-res dont deux nouvelles catégories par rapport à l'année dernière. Jusqu'à présent, l'ai-de était remise aux seules personnes qui recevaient des prestations.Ce n'est plus le casaujourd'hui. Par exemple, les chômeurs non indemnisés sont désormais attributaires. Lelieu de distribution a aussi changé en raison d'un nombre de produits proposés plusimportant que l'année dernière. Nous avons en stock environ 900 à 1000 tonnes d'ali-ments", déclare Cosmin Dumitrescu. Il s'occupe de la coordination du programme pourla mairie de Timisoara.

Ce jour-là, seuls 200 numéros ont été attribués et beaucoup ont été contraints derebrousser chemin. Ils reviendront pour recevoir leur ration d'huile, de farine, de sucre,de pois ou de haricots. La queue n'est pas prête de disparaître Calea Circumvalatiunii, àTimisoara.

Yves Lelong

CHISINAU

BACAUl

l

40 % de Roumainsmenacés par la pauvreté

700 enfants adoptés en 2012 et 1200 familles adoptantes agréées

Globalement, la nouvelle loi n'a pas vraiment chan-gé le sort des enfants abandonnés", a déclaré leprésident de l'ORA, Bogdan Panait. Selon l'insti-

tution, la réforme aurait surtout apporté plus de justice, notam-ment en réduisant les pratiques abusives dans le processusd'autorisation des familles candidates à l'adoption. En 2012,700 enfants ont été adoptés et quelque 1200 nouvelles famillesont été autorisées à adopter en Roumanie.

"Depuis la loi, les adoptions ont augmenté, mais peu. Celanous permet d'affirmer que les adoptions se font de façon pluscorrecte globalement. Néanmoins, même si le nombre de cou-ples agréés et le nombre d'enfants adoptables sont équivalents,ce qui tombe plutôt bien, la plupart des familles ne veulent quede très jeunes enfants", a expliqué M. Panait. Depuis le mois

de janvier, les enfants à adopter âgés de 9 à 11 ans sont déjà180. Ils représentent la catégorie d'âge la plus nombreuse. Lesmoins de 2 ans ne sont que 158, les 3-5 ans sont 176 et les6-8 ans sont 175. 95 ont plus de 12 ans et plus les enfants sontgrands, moins ils ont de chances d'être adoptés.

La nouvelle loi sur l'adoption a réduit à un an le délai à l'is-sue duquel un enfant est déclaré adoptable. En outre, elle per-met non seulement aux couples roumains vivant en Roumaniemais également à ceux vivant à l'étranger et dont l'un desconjoints est Roumain d'adopter un enfant, à condition quecelui-ci n'ait pas trouvé de famille adoptive en Roumanie pen-dant deux ans. Le moratoire sur les adoptions internationalesreste toutefois en vigueur.

lepetitjournal.com/Bucarest

Selon un rapport d'Eurostat, la

Roumanie reste le deuxième pays de

l'Union européenne avec le taux le

plus élevé de personnes menacées

par la pauvreté et l'exclusion sociale.

Ce pourcentage a toutefois légère-

ment baissé, passant de 41,4% en

2010 à 40,3% de la population rou-

maine en 2011.

Ce rapport montre également que

l'écart s'est creusé entre la

Roumanie et la Bulgarie. Cette der-

nière voit son pourcentage augmen-

ter de 41,6% en 2010, à 49,1% en

2011. Par ailleurs, la Roumanie fait

partie des 5 pays de l'UE qui voient

ce pourcentage décroître. La moyen-

ne européenne a augmenté de

23,4% en 2010 à 24,2% en 2011,

environ un quart des Européens

étant menacés par la pauvreté et

l'exclusion sociale.

Ceci étant, dans le détail, certains

chiffres roumains sont encore trop

élevés pour pouvoir se réjouir: par

exemple, environ 30% de la popula-

tion roumaine souffre de privations

matérielles (la moyenne européenne

étant à 8,8%). La Roumanie fait tou-

tefois bonne figure dans certains aut-

res secteurs: seulement 6,7% des

Roumains vivent dans des foyers à

très faible intensité de travail, contre

10% en moyenne dans l'UE.

Outre la Roumanie et la Bulgarie,

les pays les plus mal classés du rap-

port sont la Lettonie (40% de person-

nes menacées par la pauvreté et

l'exclusion sociale), la Lituanie (33%),

la Grèce et la Hongrie (31%). Ces

pourcentages sont calculés selon

trois critères : la faible intensité de

travail, la privation et la pauvreté.

A Timisoara, on fait la queuepour recevoir l'aide de l'UE

Social

Congés maternité : un statut incitatif pour les pères

Social

L'Office roumain pour les adoptions (ORA) a présenté les premiers effets de la loi 273/2004 sur l'adoption, sept moisaprès sa mise en application. Les procédures pour les couples roumains sont certes facilitées, mais les autorités font face àun problème récurrent: trop de familles ne souhaitent adopter que de très jeunes enfants.

Les effets négatifs de la crise économique se font ressentir au plan social enRoumanie par la diminution des revenus de plusieurs catégories sociales, maisaussi par la baisse de l'aide sociale, suite à la décision de l'Etat de limiter ses dépen-ses. En 2010, l'indemnité pour congé parental avait été diminuée de 15% par legouvernement de l'époque, toutefois celle-ci a été revalorisée à la mi-octobre.

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

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BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

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CONSTANTA

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BRAILAl

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SUCEAVA

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PITESTI

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TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

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GIURGIU l

Social

Outre les tickets restaurant, l'employeur peut accorder à ses salariés des tic-kets cadeaux ou des tickets de crèche. Chaque année, le ministère duTravail, de la Famille et de la Protection sociale décide quelle sera la

valeur de ces tickets pour le 1er et 2ème semestre. Le 31 octobre (un peu tard…), legouvernement a décidé que la valeur des tickets pour le 2ème semestre 2012 resterala même que pour le 1er semestre 2012 (crise oblige…), à savoir 9 lei (environ 2euros) par jour travaillé pour les tickets restaurant, et 400 lei (environ 90 €) par moispour les tickets de crèche.

Pour chaque jour travaillé, l'em-ployeur peut remettre à ses salariés unticket restaurant qui permet en théorieau salarié de payer une partie de sonrepas pris sur le lieu de travail; même sidans la pratique, le ticket restaurant sertà acheter des produits alimentaires pourla maison et pas forcément pour man-ger au restaurant, du moment que lescommerçants acceptent ce moyen depaiement. Il est interdit au salarié d'acheter des produits non alimentaires, ainsi quede recevoir le solde du ticket si le prix du produit qu'il achète est inférieur au mon-tant du ticket.

La décision d'octroyer ou non des tickets restaurant relève de la seule volonté del'employeur, aucune disposition de la législation n'imposant une obligation en ce sens.Toutefois, si l'employeur décide de mettre en place pour son personnel un système detickets restaurant, il doit se les procurer auprès d'une société spécialisée opérant surle marché national. Pour les parents qui ne prennent pas de congé parental et qui nebénéficient pas d'indemnités pour élever leur enfant, l'employeur peut leur octroyerdes tickets de crèche afin de payer la garde des enfants. Les dépenses de l'employeurqui offre des tickets de crèche ou des tickets restaurant ont une déductibilité limitée,conformément aux dispositions du Code fiscal. Par contre, ces tickets sont exonérésdes contributions sociales obligatoires.

D'un côté, communistes, paysans, vieux et minorités, pro-russes...de l'autre, démocrates, citadins, jeunes et intellectuels, pro-UE

Moldavie

Le débat public sur la Moldavie est traversé par unelutte permanente entre deux visions opposant, d'uncôté, des "Moldovénistes" qui affirment que les

Moldaves forment un peuple à l'histoire et à la culture propreset, de l'autre, des "Roumanistes" qui estiment que lesMoldaves sont des Roumains qui ont été séparés artificielle-ment de la Mère-Patrie. Schématiquement, la première visionest partagée par le Parti des communistes de République deMoldavie (PCRM, au pouvoir entre 2001 et 2009), les popula-tions moldaves rurales et plus âgées ainsi que les minorités,tandis que la seconde rassemble les partis qui formentl'Alliance pour l'intégration européenne (AIE), coalitionactuellement au pouvoir, les populations moldaves citadines,les intellectuels et les jeunes.Alors que l'on considère géné-ralement que cette questionidentitaire a toujours constituéune "valeur refuge" de la poli-tique locale, les récents déve-loppements montrent que, au-delà du champ politique, c'estl'ensemble de la société quisemble s'embraser autour de laquestion.

Trois ans sans Président

L'opposition entre cesdeux visions radicalement dif-férentes de l'identité moldave aatteint son paroxysme lors des élections législatives d'avril2009: après la victoire du PCRM - avec un score inattendu depresque 50 % -, des manifestations sont organisées, mêlant desslogans contre la fraude présumée du parti vainqueur, desdemandes de démocratie et des revendications pro-roumainesde réunification et de retour à la Mère-Patrie. Les protestationstournent à la "révolution" le 7 avril, lorsque le Parlement et laPrésidence sont mis à sac et des drapeaux roumain et européensont déployés sur le bâtiment du premier. Le calme est rapide-ment rétabli mais le PCRM accuse alors les partis de l'opposi-tion d'avoir tenté un coup d'État, avec l'aide des autorités rou-maines tandis que, de leur côté, ces derniers soupçonnent leparti communiste d'avoir organisé les violences afin de renfor-

cer sa mainmise sur le pays.Incapable d'atteindre le "vote d'or" (4) qui, seul, permet-

trait d'élire un Président, le Parlement doit se résoudre à orga-niser de nouvelles élections législatives, en juillet 2009. Ellesinaugurent une nouvelle donne politique puisque le PCRMperd alors la majorité face à une coalition des partis d'opposi-tion aux communistes, alliés au Parti démocrate moldave(PDM) qui, grâce à une dissidence communiste, vient alorsd'acquérir un poids électoral significatif. Pour autant, la nou-velle coalition n'en parvient pas plus à élire un Président.Après un nouveau scrutin en juillet 2009, remporté par lacoalition au pouvoir, et un référendum en faveur de l'électiondu chef de l'État au suffrage universel - ce dernier, organisé en

septembre 2010, est invalidéfaute d'un nombre suffisantd'électeurs -, ce n'est qu'enmars 2012 qu'un Président estélu: ancien juge non affiliéqui s'engage aussitôt à respec-ter une voie "neutre" en poli-tique tant intérieure qu'exté-rieure, Nicolae Timofti appa-raît aussitôt comme un per-sonnage consensuel.

Si la crise politique sem-ble maintenant résolue, lacrise identitaire, elle, va crois-sant. Alors que les communis-tes au pouvoir avaient engagéla "moldovénisation" du pays,

tant dans les domaines de la langue et de l'histoire que de laculture, les nouvelles autorités s'attachent à mettre en avantleur propre définition de l'identité moldave, dans un désordrequi révèle bien les divergences entre les membres de cettecoalition.

La question linguistique est emblématique de ces difficul-tés à trouver un accord au sein de l'AIE: suite à une interpella-tion, en septembre 2009, du Premier ministre Vlad Filat par undéputé européen roumain au sujet du statut de la langue d'Étaten Moldavie, le Président par intérim, Mihai Ghimpu, a pro-posé de modifier l'article 13 de la Constitution, qui, depuis1994, accorde au "moldave" le statut de langue officielle.

(suite page 22)

l

l

60 % des Roumains qui travaillent

ont une activité manuelle (72 % ont

une qualification), contre 33 % en

moyenne dans l'UE (63 % ont une

qualification). Des 40 % restants, 23 %

exercent un travail qualifié, au lieu de

39 % dans l'UE, 43-44 % en France et

en Allemagne. Sur les 4,3 millions de

salariés roumains, un peu moins d'un

million sont employés dans une multi-

nationale, 900 000 sont fonctionnaires,

2,3 millions travaillent dans des entre-

prises faiblement capitalisées ayant

une productivité faible. Roumanie et

Bulgarie ont les salaires les plus bas

de l'UE.

60 % des Roumainsont une activitémanuelle

Les 1904 travailleurs de l'usine

Nokia de Jucu, près de Cluj, se verront

accordés la somme de 2,92 millions

d'euros, dans le but d'être réintégrés

dans le monde du travail. Le Parlement

européen a en effet accepté la deman-

de déposée par la Roumanie il y a un

an pour l'utilisation du Fonds européen

d'ajustement à la mondialisation.

Concrètement, les bénéficiaires seront

informés et conseillés, pourront bénéfi-

cier de formations professionnelles ou

d'allocations qui devraient leur permett-

re de trouver un nouveau travail.

Ballon d'oxygènepour les licenciés de Nokia

Tickets restaurant et de crèche

Eugenia Pop est secrétaire dansune société de marketing. Ellegagne 350 € par mois, et son

patron lui a bien fait comprendre qu'au-cune augmentation n'était à prévoir. "Leprix du chauffage urbain, lui, augmentetous les ans. Celui de l'essence, c'est pra-tiquement tous les mois. Je ne sais pascomment je m'en sortirai cet hiver, maisau moins je sais que j'aurais quelquechose à manger", conclut-elle.

La crise a fait renaître de vieuxréflexes que les Roumains pensaientavoir laissés derrière eux. Aujourd'hui,même si le gouvernement promet uneaugmentation des salaires dans la fonc-tion publique et le retour de la croissan-ce, les Roumains n'ont plus confiance.

Alors, prévoyante, Eugenia Pop astocké des provisions pour l'hiver. Son

balcon est plein à craquer. Des dizainesde bocaux en verre de tailles différentessont empilés les uns sur les autres.Cornichons, poivrons, tomates et choux-fleurs y sont préparés dans du vinaigre oude l'eau salée pour être conservés. "Jen'en avais plus fait autant depuis desannées mais on annonce un long hiver",explique cette quinquagénaire.

Au marché, Eugenia a acheté sespoivrons et ses cornichons à 50 centimesd'euros et des tomates à peine plus chè-res. "C'était le bon moment !" ajoute-t-elle. Pour la viande, elle a également faitdes provisions. "Je suis allée à la campa-gne et j'en ai profité pour acheter du porcchez un paysan, viande que j'ai congelée.C'est un quart moins cher qu'au super-marché".

Jonas Mercier

Les provisions d'Eugenia

Main dans la main à Balti avec le drapeau roumain.

La crise politique moldave en cache une autreLa crise politique et identitaire moldave plonge ses racines dans une histoire tourmentée, faite d'une oscillation perma-

nente entre Est et Ouest - entre Russie et Roumanie - et marquée par les occupations successives du territoire de laBessarabie (1) ottomane d'abord, puis tsariste en 1812, roumaine dans l'entre-deux-guerres et soviétique après la SecondeGuerre mondiale. Indépendante depuis 1991, la République de Moldavie compte, à côté d'une majorité de Moldaves(75,8 % de la population), diverses minorités : notamment ukrainienne (8,4 %), russe (5,9 %), gagaouze (4.4 %) (2) et bul-gare (1,9 %) (3). Cette composition ethnique détermine en partie la question qui se pose depuis l'indépendance: qui sont les"Moldaves"? Mais aussi, quelle est leur histoire et quel est leur projet commun ? Surtout, les Moldaves existent-ils en tantque nation distincte des Roumains ? Chercheur au Cevipol de Bruxelles, Julien Danero Iglesias fait le point. Un rappel bien-venu qui éclaire les évènements survenus dans la petite République depuis trois ans.

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

"Un État qui ne connaît pas la vérité sur le régime communiste totalitaire qu'il a subi"

Mihai Ghimpu, de son côté, a signé le 14 janvier 2010 un décret portant créationd'une Commission pour l'étude et l'appréciation du régime communiste totalitaire de laRépublique de Moldavie. Le décret mentionne que, depuis l'indépendance, la Moldavie"demeure (…) un État qui ne connaît pas la vérité sur le régime communiste totalitai-re de son histoire".

Les conclusions de la Commission ont été rendues publiques en juin 2010 dans unrapport qui estime que "le régime totalitaire communiste a été dès le début et jusqu'audernier moment de son existence un régime criminel et répressif, abusif et inhumain,sans aucune légitimité. (…) Il a représenté un régime d'occupation étrangère soviétique(…). La Commission propose la condamnation officielle du régime totalitaire commu-niste (…), responsable d'actes de génocide et de crimes contre l'humanité, de terreurde masse, de répression politique, de famine organisée, de déportations, de violationde la dignité humaine et des droits humains fondamentaux".

Simultanément au rendu des conclusions de la Commission, Mihai Ghimpu a signéun décret instituant le 28 juin comme Journée nationale des victimes de l'occupationsoviétique et du régime totalitaire communiste. Enfin, une décision du Parlement priseen juillet 2012 interdit d'arborer "à des fins politiques" les symboles communistes,comme la faucille et le marteau.

On comprend bien qu'au-delà de leur finalité affichée, qui vise à participer à la défi-nition de l'identité moldave dans son rapport au passé, ces mesures tentent égalementde décrédibiliser le parti communiste anciennement au pouvoir (le PCRM) et de toutfaire pour l'éliminer politiquement.

La statue de Lénine décapitée

C'est en fait dans l'ensemble du pays et à tous les niveaux de pouvoir qu'a lieu lalutte pour la mise en avant de symboles nationaux attachés à l'un ou l'autre camp. Entémoigne le démontage récent de la statue de Lénine à Cotova, petit village du nord dupays, faisant suite à la décisionunanime du conseil municipal,proche de l'AIE : "Notre pays aeu des seigneurs qui ont montréleur amour de la patrie. Ce qu'afait Lénine, ce n'est pas de l'his-toire, c'est du poison", a préciséle conseiller à l'origine du votequi a permis d'envoyer la statuede "l'idole bolchévique" aumusée local. C'était sans comp-ter avec la réprobation de cer-tains villageois qui, réunisdevant le socle vide, ont crié àl'"illégalité" de cette décision etréclamé le retour de Lénine.

À Donduseni, autre village septentrional, la statue du leader bolchévique a étédécapitée en mars 2012, sans décision préalable des autorités locales. Les vandales cou-rent toujours mais ils ne risquent qu'une amende, l'œuvre n'étant pas répertoriée auRegistre national des monuments protégés par l'État. Si Lénine a disparu de Cotova, iltrône encore dans le parc des expositions de la banlieue de Chisinau ; pourtant, en avril2012, un groupe de vétérans de la guerre avec la Transnistrie (5) a annoncé sa fermeintention, dans les dix jours, de "creuser un trou, d'amener du ciment, du sable, de fairedu béton, de le mettre en terre et de refermer" afin qu'il soit clair que "c'est là que gîtIlitch". Depuis, sympathisants du PCRM et forces de l'ordre protègent la statue de celuique les vétérans qualifient de "terroriste numéro un".

Créée en décembre 2009, une

Commission pour la Réforme consti-

tutionnelle a proposé de retirer l'ap-

pellation "langue moldave" et de la

remplacer par "roumaine", et de pri-

ver la langue russe de son statut de

langue de communication intereth-

nique. Le président du Parlement,

Marian Lupu, craignant que cette

mesure ne contribue à diviser la

société a proposé de maintenir la

dénomination "langue moldave", à

laquelle viendrait s'ajouter, entre

parenthèses, la dénomination "rou-maine". Les membres de l'alliance ne

sont pas, depuis, parvenus à un

accord et la modification de la

Constitution a été reportée sine die.

L'enseignement de l'histoire, lui

aussi, fait débat. Ainsi, l'annonce en

août 2011 d'une réforme à venir de

l'enseignement de l'histoire dans le

secondaire a déclenché une série de

critiques: le nouveau cours se divise-

rait en "trois sections - histoire univer-selle (50 %), histoire nationale (45 %)et histoire locale ou régionale (5 %),c'est-à-dire l'histoire de la localité"dans laquelle se situe l'établissement

scolaire. La suppression du cours inti-

tulé "Histoire des Roumains" a provo-

qué la colère de certains, qui se sont

élevés contre "un attentat envers laconscience nationale des Roumainsbessarabes que seul le régime com-muniste de Vladimir Voronine avaitosé mettre en pratique". Pour faire

taire les protestations, le ministre a

finalement préféré requalifier les trois

sections du nouveau cours en "espa-ce universel (50 %), espace roumain(45 %) et espace local (5 %)".

(suite de la page 21)

Des réactions à fleur de peau

Propagande des minorités sexuelles interdite

La lutte passe également par l'utilisation de symbolesidentitaires plus inattendus, qui se font concurrence: ainsi, ilest courant de voir à Chisinau des membres de la Ligue de lajeunesse russe distribuer des rubans tricolores de Saint-Georges, symboles de la lutte contre le fascisme, à l'occasiondu 9 mai, date anniversaire de la fin de la Seconde Guerremondiale en Union soviétique, puis en Russie. Au mêmemoment, des membres de l'association Démocratie à la maisondistribuent d'autres rubans, aux couleurs du drapeau roumain.

Autre exemple, certains districts tenus par les communis-tes aiment à arborer ce que ces derniers considèrent comme le"drapeau historique de la Moldavie" indépendante, qui rep-rend le blason moldave sur fond d'une bande rouge et d'unebande bleue, couleurs qui auraient été utilisées par le hérosnational, Étienne leGrand, au Moyen Âge.Dénué de toute valeur his-torique pour les autoritéscentrales, ce drapeau per-met aux communistesd'exprimer leur "désobéis-sance ci-vique" face à unpouvoir dont ils contestentla légitimité et de reveniraux valeurs qui, selon eux,ont toujours caractérisé laMoldavie.

Elena Bodnarenco, lamaire communiste deSoroca, ville historique dunord du pays, a ainsidéclaré en mars 2012 que sa municipalité est une "zone danslaquelle l'Église orthodoxe moldave est soutenue et où la pro-pagande des minorités sexuelles est interdite", en référence,notamment, à la loi sur la non-discrimination des minorités,notamment sexuelles, adopté dans la douleur en mai 2012.

Coups de poing, jets de pierres d'œufs et de tomates à Balti

Ce nouveau drapeau bicolore est arboré à Balti, deuxièmeville du pays et capitale du nord, qui, dernièrement, a vu secristalliser cette opposition entre deux visions. Le 5 août 2012,la plateforme civique Action 2012, composée d'associationsroumaines et moldaves auxquelles participent principalementdes jeunes qui militent pour la réunification de la Roumanie etde la Bessarabie et qui dénoncent l'"occupation" russe de1812, a organisé une Marche de l'Union dans cette ville tradi-tionnellement russophone et proche du Parti des communistes.Accueillis par des jets de pierres, d'œufs et de tomates par desreprésentants du PCRM, des Patriotes de la Moldavie et de laLigue de la jeunesse russe, les manifestants ont finalement dûrenoncer à leur projet.

Comme le précise Mihai Formuzal, gouverneur de larégion autonome de Gagaouzie qui avait fait le déplacementafin de contrer les "Unionistes" de l'Action 2012: "C'est notre

pays. Nous, nous sommes venus pour soutenir les habitants dela ville de Balti. Nous, nous aimons notre pays et nous levoyons comme un État souverain, indépendant, démocratiqueet puissant. Ceux qui voient en la République de Moldavie unprojet temporaire peuvent prendre leur billet à la gare routiè-re et partir où ils veulent".

Alors qu'une journaliste et un policier ont été blessés aucours de ces altercations, le chef du gouvernement, Vlad Filat,a déclaré: "C'est absolument regrettable, j'ai vu beaucoup dedrapeaux et de banderoles, en tout genre, sauf celui de laRépublique de Moldavie. Je m'étonne que beaucoup de ceuxqui participent à de telles actions se nomment patriotes, alorsque par leurs visions, ils sont si loin des intérêts de laRépublique de Moldavie. Ces manifestations (…) ont pourobjectif de déstabiliser le pays. Beaucoup sont dérangés par leparcours européen de notre pays". Et le Premier Ministre de

réclamer une modifica-tion du cadre législatif,afin de punir ceux qui"portent atteinte à laMoldavie en tant qu'É-tat".

Dès lors, la questionde savoir qui sont lesvéritables patriotes appa-raît comme essentielle,rejoignant celle de ladéfinition identitaire dupays tout entier. À l'heureoù l'Union européenne etles partenaires occiden-taux de la Moldavie semontrent soulagés de la

fin de la crise politique, les événements récents révèlent entout cas que la lutte pour la définition de l'identité desMoldaves n'est pas terminée. Ils montrent aussi combien cettelutte est liée à des jeux politiques et de pouvoir, qui pourraientprendre un tour nouveau si les communistes devaient reveniraux commandes, si d'aventure, les résultats de prochainesélections leur étaient favorables.

Julien Danero Iglesias (La Documentation française)

Notes(1) La Bessarabie forme une région délimitée par la riviè-

re Prut à l'ouest, le Dniestr à l'est et le Danube et la mer Noireau sud.

(2) Population d'origine turque convertie à l'orthodoxiechrétienne.

(3) Recensement de 2004.(4) Pour être élu par le Parlement, le candidat à la prési-

dence doit obtenir le vote d'au moins 61 des 101 députés quicomposent le Parlement. Or, lors des élections d'avril 2009,les Communistes ont obtenu 60 sièges au Parlement. Une voixleur manquait donc pour élire le Président, ce fameux "voted'or " (Votul de Aur), tel que désigné par la presse moldave.

(5) Au début des années 1990, cette guerre a opposé lepouvoir moldave à la république sécessionniste de Transnis-trie, dont le statut n'est toujours pas réglé à ce jour.

Défilé dans les rues d'une ville de province: “Pour la Grande Roumanie, pour les vieilles frontières”.

Les prêtres orthodoxes s'engagent aussi.

Actualité

Mi-novembre, le Kremlin a dépêché pour une visi-te de deux jours en Moldavie un poids lourd,Dmitri Rogozine, représentant spécial du prési-

dent russe sur la Transnistrie et ex-ambassadeur de Russie àl'OTAN, pour négocier l'ouverture d'un consulat à Tiraspol, lacapitale de la région sécession-niste russophone.

Le but était connu. Comme ill'avait lui-même mentionné surson compte Twitter à maintesreprises, Dmitri Rogozine sou-haitait s'entretenir avec l'exécutifmoldave sur l'ouverture de deuxconsulats russes, l'un dans la villemoldave de Balti, l'autre àTiraspol, capitale de la répu-blique sécessionniste russophoneautoproclamée.

Vue de Moscou, la logiquede l'ouverture de consulats estcompréhensible - il s'agit de faciliter à la population russopho-ne, là où elle est majoritaire, l'accès aux instances russes. Maisce souhait ne convient guère aux autorités moldaves. PourChisinau, l'ouverture d'un tel consulat à Tiraspol signifierait lareconnaissance de fait de l'indépendance de la Transnistrie,ainsi que l'abandon de l'intégrité territoriale du pays.

"Le consulat réclamé par Moscou n'est pas un jeu inno-

cent, a écrit Jurnalul de Chisinau. Le Kremlin a besoin dereprésentations légales afin d'ancrer sa présence dans larégion séparatiste. C'est pourquoi les Russes déploient desefforts soutenus afin de légaliser la Banque de la Transnistrieou d'obtenir des autorités moldaves de valider le projet de

modernisation de l'aéroport deTiraspol. Sans parler de l'his-toire déjà ancienne du chan-tage exercé par Gazpromconcernant le prix du gaz".

Pour la presse moldave, lavisite de Rogozine, égalementvice-Premier ministre deRussie, avait un autre butcaché: "assombrir et empoison-ner la visite du président de laCommission européenne, JoséManuel Barroso, le 29 novem-bre".

Son confrère, le quotidienTimpul, remarquait que "si les Moldaves méditent encore laproposition russe, les Roumains attendent avec intérêt la déci-sion de Chisinau. Le ministre roumain des Affaires étrangères,Titus Corlatean, a affirmé récemment que, vu qu'aucun autreEtat n'a reconnu cette région auto-proclamée en plus de 20ans, la Russie n'avait pas de motif valable pour ouvrir unconsulat à Tiraspol".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

José Manuel Barroso s'est rendu fin novembre à Chisinau. Une visite de seu-lement 18 heures mais très attendue, voire "historique". Pour les autoritésmoldaves, le déplacement du président de la Commission de Bruxelles,

témoigne de l'avancée européenne de leur pays, ex-république soviétique qui aspireà l'intégration. Membre du Partenariat Oriental (signé avec l'UE en 2009), mais enco-re tributaire de Moscou, ne serait-ce que pour son gaz, dont elle est dépendante à 100%, théâtre d'un long conflit avec la région séparatiste de Transnistrie, la Moldavieespèrait de bonnes nouvelles de la part de son illustre invité: par exemple, une dateferme pour l'ouverture des frontières avec l'UE... Car les Moldaves, voisins de l'UE,ont besoin de visas pour y entrer.

Si la visite de José Manuel Barroso a été boycottée par les élus communistes, ellea répondu en grande partie auxattentes des autorités pro-euro-péennes de Chisinau et duPremier ministre Vlad Filat."Ma venue est un signe dereconnaissance de tous lesefforts de réforme que vousentreprenez " a-t-il déclaré dèsson arrivée, promettant que sile pays continuait dans cettevoie, trois accords importantspourraient être signés en 2013,portant sur la reconnaissancedu statut d'Etat associé de laMoldavie à l'UE, de l'établis-sement d'une zone de libreéchange et de la suppressiondes visas obligatoires pour lescitoyens moldaves voyageant au sein de l'espace Schengen.

José Manuel Barroso a également signé deux accords financiers d'un montanttotal de 122 millions d'euros, le plus important jamais accordé à la petite République,destinés à aider des projets dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Il a égale-ment indiqué que l'UE comptait s'impliquer davantage dans le processus de négocia-tion visant à régler avec Moscou la question de la Transnistrie. Avant de quitter seshôtes, le Président de la Commission s'est exclamé: "La place de la Moldavie est ausein de l'Union Européenne".

"Je voudrais pouvoir aller voir mes enfants"

Avant sa visite, un journaliste du quotidien roumain Adevarul s'était rendu dansun village du fin fond du pays, Fundul Galbenei, où personne n'avait entendu parlerde cette haute personnalité. "S'il vient chez nous, c'est que c'est quelqu'un de bien",lui avait confié Toader, un retraité de 66 ans. "Qu'il vienne et qu'il fasse quelquechose pour nous aider à nous en sortir... Qui nous recevra en Europe avec notre pau-vreté " se demandait-il.

Une autre habitante, elle, aurait aimé qu'il annonce l'abolition du régime "injus-te" des visas... lui permettant ainsi d'aller voir ses quatre enfants, "tous partis tra-vailler à l'étranger" (plus d'un million de Moldaves sur 4 millions d'habitants ontquitté le pays). Le village de Fundul Galbenei est partagé en deux: la zone des mai-sons en bois, où la pauvreté règne, et celle des maisons à deux étages, construitesavec l'argent gagné en Europe.

Fin de carrière pour le“Moldave” Liberman

Les manœuvres de Moscou en TransnistrieJosé Manuel Barrosoentrouvre la porte

de l'UE à la Moldavie

Moldavie

D'origine moldave, Avigdor Liberman,

54 ans, ministre des affaires étrangères

et vice-premier-ministre d'Israël a

démissionné de ses fonctions, poursuivi

pour abus de confiance et fraude.

D'extrême-droite et violemment anti-

Palestinien, il ambitionnait de devenir

Premier ministre. Liberman est né dans

une famille juive de Chisinau, où il a fait

des études d'agriculture, et parle cou-

ramment roumain. Son père, né en

1940 avait alors la nationalité roumaine.

Emigré en Israël en 1978, à l'âge de

20 ans, Liberman a exercé plusieurs

métiers, notamment comme videur dans

une boîte de nuit, avant de passer un

diplôme en relations internationales et

en sciences politiques. Marié, père de

trois enfants, il habite la petite colonie

de peuplement Nokdim en Cisjordanie.

Si la capitale moldave dispose d'un

PIB très faible (0,34), inférieur de près

de moitié à celui de New-Delhi, ses indi-

ces portant sur la qualité de vie (0,85),

les infrastructures (0,895), l'environne-

ment (0,894), sont comparables à ceux

de Auckland, Bruxelles, Londres ou

New-York. C'est ce qu'indique le dernier

rapport de l'ONU qui souligne qu'en

dépit de ses ressources modestes,

Chisinau a su développer un certain

confort de vie pour ses habitants. Le

document chiffre la po-pulation urbaine

moldave à 1 680 000 personnes, en

forte baisse par rapport à 1990

(2 040 000), mais qui devrait se redres-

ser d'ici 2030 (1 940 000), passant de

47 % aujourd'hui à 61 %.

Chisinau pauvre…mais on y vit bien

Moldavie

José-Manel Barroso accueilli suivant la tradition moldave à Chisinau. Les procureurs du département de lutte anticorruption ont

mené plusieurs perquisitions aux sièges de Blue Air etRomstrade, deux sociétés contrôlées par l'homme d'affaires

Nelu Iordache. Connu pour être l'un des "rois de l'asphalte", Iordache estsoupçonné d'avoir détourné six millions d'euros de fonds européens avecsa compagnie Romstrade, destinés à la construction de l'autorouteNadlac-Arad (Ouest) pour acheter un Boeing 737 et des terrains dans lalocalité d'Adunatii-Copaceni (sud) où le nouvel aéroport de Bucarestdoit être construit. La Compagnie nationale des autoroutes et des routesnationales de Roumanie (CNADNR) avait déjà résilié fin novembre soncontrat avec la société Romstrade pour la construction de l'autorouteNadlac-Arad pour cause de retards trop importants. Un mois plus tôt, lesfonds européens destinés aux infrastructures avaient été pré suspenduspar Bruxelles qui soupçonnait des actes de corruption.

Détournement roumain de fonds européens

Le nouveau chef de l'espionnage allemand (BND,Bundesnachrichtendienst), Gerhard Schindler, 60 ans, est d'o-rigine roumaine, sasi (allemande) plus exactement. Sa mère

est née en Moldavie et son père en Transylvanie. Depuis son entrée enfonction, à la fin de l'année dernière, il a développé l'action de ses servi-ces vers la Syrie et l'Afghanistan. Auparavant, il avait dirigé la lutte cont-re le terrorisme en Allemagne, puis avait été nommé directeur général dela Sécurité publique.

Le chef des espions allemandsest Moldavo-Roumain

Selon l'ONG Transparency International, laRoumanie enregistre un léger mieux en cequi concerne le degré de corruption, remon-

tant de 9 places pour occuper le 66ème rang dans leclassement mondial 2012 avec 44 points sur 100 (notethéorique attribuée à un état sans corruption), à égali-té avec l'Arabie Saoudite et le Koweit, mais devantl'Italie (72ème) et la Grèce (94ème), cette dernière àégalité avec la Moldavie (36 points). La France seclasse 22ème, la Belgique 16ème et la Suisse, 6ème.

Sans surprise, les premières places sont occupéespar les pays scandinaves, les dernières, à égalité, parl'Afghanistan, la Corée du Nord et la Somalie.

Au sein de l'UE, la Roumanie se situe à la 26èmeplace sur 27, devançant seulement la Bulgarie (75èmeau niveau mondial). La France est 9ème.

Le classement: 1ers Danemark, Finlande,Nouvelle Zélande (90 pts), 4ème Suède (88), 5èmeSingapour (87), 6ème Suisse (86),7èmes Australie,Norvège (85), 9èmes Canada, Pays Bas (84), 11èmeIslande (82), 12ème Luxembourg (80), 13èmeAllemagne (79), 14ème Hong Kong (77), 15èmeBarbades (76), 16ème Belgique (75)… 22èmeFrance (71)… 66ème Roumanie (44)… 94èmeMoldavie (36)… 174èmes et derniers Afghanistan,Corée du Nord, Somalie (8).

Corruption : léger mieux

Dmitri Rogozine, représentant spécial de Poutine pour la Transnistrie et ex-ambassadeur de Russie à l'OTAN, ne

s'embarrasse pas de précautions pour mettre en garde Chisinau.

ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Un tiers des habitants de Transnistrie sont de langue roumaine, le reste de lapopulation parlant le russe. Après avoir été menée d'une main de fer par IgorSmirnov depuis la proclamation de sa sécession en 1992 avec la Moldavie, suivied'une guerre-éclair, la région, où stationnent toujours des troupes russes, est dirigéedepuis un an par Evgheni Sevciuk, un jeune apparatchik qui, après quelques pasprometteurs en direction de Chisinau, a déclaré sur son compte Facebook (!) que ladémocratie moldave ne lui plaisait pas du tout.

Va multumesc pentru primirea calduorasa" (Je vous remercie pour votreaccueil chaleureux) a déclaré José Manuel Barroso, lors de sa récente visite àChisinau, les 29 et 30 novembre. Loin d'une formule de politesse, exprimé à

ses hôtes dans leur langue (le roumain est la langue maternelle de deux tiers desMoldaves), le propos était emprunt d'une forte symbolique. Le chef de l'exécutif européenenfonçait d'ailleurs tout de suite le clou, non sans diplomatie, évitant de préciser s'il par-

lait roumain ou moldave et d'en-trer dans cette querelle byzanti-ne, les deux langues étant simi-laires : "Faptul ca am spus astaintr-o-limba latina, iar voi atiinteles, inseamna ca ceva neuneste" ("Le fait que je m'expri-me en une langue latine, vousl'aurez compris, signifie quequelque chose nous unit").

Intimidations et menaces

Si, aujourd'hui, l'emploi duroumain, écrit voici encore 25

ans en caractères cyrilliques, n'est plus discriminatoire en Moldavie où, sous le régimesoviétique il caractérisait les classes rurales, le russe étant la langue des élites dirigeantesde la capitale, il n'en va pas de même en Transnistrie, où les mentalités sont restées figées:"Si on parle de l'OTAN ou de l'Occident, on a le sentiment d'évoquer le Diable" rapporteTatania Andries, professeur de roumain au lycée Lucian Blaga de Tiraspol, la capitale dela province sécessionniste, qui se désespère de voir le nombre de ses élèves diminuer irré-médiablement depuis deux décennies. Les effectifs des écoles où on enseigne en roumainsont passés de 5000 enfants en 1992 à 1900 aujourd'hui et on ne compte plus que 235 pro-fesseurs en cette langue.

A l'éclatement de l'URSS, la Transnistrie a entamé un processus de russification inten-se, basé sur l'intimidation et les menaces auprès des familles. Vitres des écoles cassées,avertissements téléphoniques anonymes la nuit, des coups et jusqu'à des arrestations!Cette campagne a culminé en 2004 avec la tentative de fermer les écoles roumaines. Parun coup de force, le lycée Lucian Blaga a été dévasté, des professeurs ont été arrêtés, lesbâtiments mis sous séquestre. Pendant six mois, les élèves ont dû franchir chaque jour lafrontière pour aller suivre leurs cours dans des écoles de villages dépendant de Chisinau.

Moscou condamné par la Cour de Strasbourg

A l'époque, rejetant les pressions, quelques professeurs et parents ont décidé de por-ter plainte contre Moscou à la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDO), les auto-rités de Tiraspol ayant interdit l'usage de l'alphabet latin. Après un procès de huit ans,Strasbourg vient de leur donner raison, condamnant la Russie - et non la Transnistrie quin'est reconnue par personne…ni même par le Kremlin - à payer un million d'euros dedommages et intérêts aux 170 plaignants, soit 6000 € chacun.

Directrice du lycée Evrika de

Rabnita, Eugenia Halus a eu la

chance, l'année dernière, de pou-

voir s'évader quelques jours de

Transnistrie avec 16 de ses élè-

ves, pour visiter les institutions

européennes de Bruxelles, à l'invi-

tation de l'euro-parlementaire et

ancienne ministre de la Justice

roumaine, Monica Macovei.

Le groupe a savouré le bon-

heur de pouvoir parler librement

dans sa langue, de ne pas être

obligé d'écrire en cyrillique sous le

portait de Che Guevara ou Marx,

enviant cette émancipation que

les Roumains connaissent depuis

1860 sous l'influence de Titu

Maiorescu.

"Parler roumain était une fiertépour nous et plus une honte"confie-t-elle.

S'amusant à l'idée du dossier

que la "Securitate" de Tiraspol ne

manquera pas de faire à son

retour, l'enseignante, qui voit la

langue roumaine s'éteindre en

Transnistrie, est revenue cepen-

dant de Bruxelles plus déterminée

que jamais: "Là-bas, un Français m'a

ouvert les yeux. Il m'a dit: on nepeut faire la paix qu'avec sesennemis, on n'en a pas besoinavec ses amis. J'ai pensé à mes234 collègues qui, comme moi,continuent envers et contre tout àfaire aimer le roumain. Je m'ensuis sentie toute ragaillardie"…

"Parler roumain était

une fierté pour nous

non plus une honte"

Le directeur du lycée, Ion Iovcev, est consterné par le casd'Alexandru Bejan, un élève de 17 ans, de langue roumaine,"enlevé" dans la cour de l'établisse-ment par des agents du KGB local, etaccusé de terrorisme pour vouloirrépandre du mercure dans les jardinsde Tiraspol, sur la foi d'une lettre ano-nyme qu'il aurait envoyée. Effrayé,battu pendant 6 heures, menacé de 16ans de prison, le gamin a reconnu lesfaits avant de revenir sur ses déclara-tions. Il est toujours sous le coupd'une grave condamnation. Pour IonIovcec, il s'agit de déconsidérer lelycée et d'adresser un avertissement àtous ceux qui refusent de fréquenterles écoles russes.

Les professeurs obligés de passerles manuels comme des trafiquants de drogue

Les huit écoles roumaines subsistantes sont fournies enouvrages scolaires par Chisinau, où les professeurs doiventaller les récupérer. Même si la capitale moldave n'est distanteque d'une cinquantaine de kilomètres, chaque passage de ladouane ou contrôle policier est un moment de frayeur. Il fautcacher les manuels comme de la drogue, sous ses vêtements,sous les sièges. Les salles de classes sont confinées aux

anciennes maternelles et jardins d'enfants. "Nous voulons seu-lement l'égalité avec les écoles russes et ukrainiennes et ne

plus être traités comme des chiensenragés" s'indigne EleonoraCercavschi, présidente de l'associa-tion "Lumina" qui regroupe les pro-fesseurs de roumain de la province.

Elle constate tous les jours que siun jeune parle roumain, lesTransnistréens le dévisagent de tra-vers, se poussent du coude: "Regarde,c'est un Moldave"… qualificatif quin'a rien à envier à "C'est un boche".

Tiraspol a d'autres argumentspour faire valoir sa politique de russi-fication… sonnants et trébuchants.

"Si vos enfants vont dans nosécoles, ils auront une place à la faculté, un travail près de chezvous, vous aurez une maison d'état, des tarifs privilégiés pourle gaz et l'électricité" font miroiter les autorités aux familles.Dans le cas contraire, le jeune aura beaucoup de difficulté àrentrer à l'université, ne trouvera pas de boulot, devra s'exilerou traînera dans les rues jusqu'à ce que la police mette la maindessus et sera enrôlé de force dans l'armée. En un an et demion lui apprendra ce que c'est d'être mis au pas et de faire sondevoir en apprenant "cette langue qui est notre trésor national,enraciné dans les profondeurs de notre peuple".

Cristian Delcea (Adevarul)

Moins de 2000 élèves apprennent en Moldavie

"Regarde…

Alexandru Bejan, lycéen roumanophone de 17 ans, malmené pour faire un exemple,suit aujourd'hui un traitement psychiatrique.

Roumain en Transnistrie, soumise à une russification intense

c'est un Moldave !"

Dans un pays où les bonnespratiques environnementalessont rares, un jeune informa-

ticien collecte des accumulateurs usagés.Depuis quelques années, un jeune spécia-liste des technologies de l'informationcollecte des piles usagées.

Alexandru Ciornîi, sait que les pilessont toxiques, mais il n'a pas (encore)trouvé de solution pour les recycler.Qu'importe… En cherchant une réponse àce problème, il a appris l'existence d'unprojet de recyclage de piles mis en œuvrepar la ville toute proche de Iasi, enRoumanie, et s'est demandé pourquoi iln'existait pas d'initiative de ce genre enMoldavie. En moins d'un an, il a réussi àen mettre une sur pied.

Persuadé que l'un des problèmes lesplus graves de notre société est la dégra-dation de l'environnement, Alexandru a

décidé d'être un citoyen responsable. Iltrie ses déchets, les dépose dans des lieuxspécialement aménagés et stocke séparé-ment les appareils portant l'indication "nepas jeter aux ordures ménagères" (réfri-gérateurs, téléviseurs ou ordinateurs),même si la plupart du temps il ne sait pasqu'en faire.

"Très peu de gens prêtent attention àl'inscription figurant sur les batteries, quispécifie qu'il est interdit de les mettre à lapoubelle", constate Alexandru. Il a com-mencé à rassembler dans une boîte enplastique les piles usagées de son foyer.En Moldavie, peu de personnes saventque chacune de ces piles abandonnéesdans la nature peut polluer 1 mètre carréde terre ou 50 litres d'eau. "Elles sontcomposées à 30 % de mercure, une sub-stance hautement toxique", expliqueAlexandru.

Le jeune homme a réussi à obtenir duFonds écologique de Moldavie le finan-cement d'un projet: l'installation de dizai-nes de conteneurs-collecteurs, des boîtesvertes en forme de tube, dans plusieurslieux publics. Pour commencer, ils serontmis en place à Chisinau, la capitale, dansles supermarchés, les établissements rele-vant du ministère de l'Environnement etcertains lycées. Alexandru espère quedans quelques années, avant que les capa-cités de stockage de piles et d'accumula-teurs usagés ne soient dépassées, le gou-vernement aura trouvé une solution auproblème du recyclage. La Moldavie,contrairement à ses voisins européens, n'aaucune structure de retraitement despiles. Dans tous les Etats de l'UE, la col-lecte et le recyclage des accumulateurscontenant des substances dangereusessont obligatoires depuis 2006.

En Moldavie, le traitement des déchets n'est pas une priorité

Un jeune Moldave montre l'exemple en recyclant les piles

Les élèves fréquentant les écoles roumaines sont de moins en moins nombreux.

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Pendant plusieurs jours, fin octobre, la télévision et le web roumains ont étéinondés de vidéos montrant des pots-de-vin versés à des contrôleurs de train. Lescandale de corruption qui éclabousse le personnel du service voyageurs de lacompagnie ferroviaire nationale (CFRCalatori) se poursuit.

Lundi 29 octobre, encore 45 personnes ont été interrogées. Au total, 81employés de la CFR ont été entendus par le parquet de Brasov et 70 ont étéplacés en garde à vue. Le tribunal de Brasov a toutefois rejeté la demande

de mise en détention provisoire des 70 prévenus déposée par les procureurs qui diri-gent l'enquête. Accusés de corruption et d'abus de pouvoir, on leur a notifié l'interdic-tion de quitter le territoire roumain. Selon un communiqué de presse du parquet, "lestémoignages recueillis jusqu'à maintenant prouvent que les personnes interrogées sontsuspectées d'appartenir à un réseau organisé d'agents corrompus".

Ce réseau serait composé de conducteurs, de chefs de train, de contrôleurs de tit-res de transport et d'inspecteursinternes à la CFR. Le rôle de ces der-niers était de prévenir les agents d'é-ventuelles inspections dans leurstrains, tandis que les contrôleursempochaient les sommes payées parles fraudeurs sans les déclarer.

Le préjudice financier pour laCFR dans cette affaire est estimé à200 millions de lei au moins, soitprès de 45 millions d'euros. Commebeaucoup de Roumains, StefanRoseanu, le PDG de CFR, décrit lafraude dans les transports ferroviai-res comme une pratique ancienne et

courante en Roumanie. "On estime à 30% le nombre de voyageurs qui prennent le trainsans payer. Nous nous concentrons sur la répression des fraudes pour pouvoir assurerdes salaires corrects au sein de la compagnie et pour garantir la circulation des trainsdans tout le pays", déclarait-il, lorsque le scandale a été rendu public.

Les magouilles à grandeéchelle des contrôleurs de trains

Evénements

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARADSIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l BUZAU

SUCEAVA

l

PITESTI

l

l

l

l

CHISINAU

FOCSANI

l

T. SEVERINl

TG. JIUl

Les vols et les dégradations surle réseau autoroutier roumainprennent une ampleur et une

importance de plus en plus inquiétantes.Les voleurs s'attaquent aux éléments d'in-frastructures et aux équipements: clôturesgrillagées, signalisation verticale, para-pets métalliques, bornes kilométriques,panneaux de direction, barrières de sécu-rité, équipements de surveillance et d'in-formation du trafic, etc.

Pour faire face à ce fléau, la compa-gnie nationale exploitante des autorouteset des routes nationales en Roumanie, adécidé d'avoir recours aux services d'en-treprises de gardiennage et a lancé unappel d'offre.

Les entreprises intéressées sont sou-mises à un strict cahier des charges. Enpremier lieu, pour assurer la bonne sur-veillance du patrimoine immobilier desautoroutes A1, A2 et A3, les missionsdevront être effectuées par des patrouillesd'intervention rapide composées de deuxpersonnes en uniforme et armées.

Les vigiles seront en parfaite condi-tion physique. Il est ainsi exigé des entre-prises soumissionnaires qu'elles mettentà disposition de leur personnel une sallede sport, une salle de réunion pour la for-mation professionnelle et un stand de tirpour l'entraînement.

Les véhicules seront équipés de GPSet de projecteurs orientés vers la droite

afin de ne pas éblouir les automobilistesvenant en face. D'une manière générale,les déplacements devront s'effectuer defaçon à ne pas gêner les autres usagers dela route.

Les contrats passés avec les entrepri-ses retenues sont conclus pour une duréede deux ans. La surveillance s'effectuera24 heures sur 24. Le dispositif ainsi misen place représente une dépense de25 millions de lei (environ 5,5 millionsd'euros) pour la durée des contrats, soit13 600 euros pour un kilomètre d'auto-route.

Cet investissement est inférieur aucoût des préjudices subis, ce qui donneune idée de leur importance.

Les autoroutes roumaines gardées l'arme à la main

Selon un nouveau projet gouver-

nemental, les passagers qui ne

paient pas leur amende sous 30

jours devront effectuer des travaux

d'intérêts généraux. La CFR s'essaie

à cette solution

inédite afin de

décourager les

voyageurs de cir-

culer sans billet.

Ce projet gouver-

nemental intervient

alors que la

Compagnie traver-

se une situation

financière difficile,

à cause notam-

ment d'un nombre

de voyageurs

moins important

d'année en année.

En 2004, 100 millions de passagers

voyageaient avec la CFR, alors

qu'en 2011, il n'était plus que 60

millions.

Resquilleurs punis

Sur Internet, les propositions de mères porteuses fleurissent

Rendez-vous est pris dans le parc Cismigiu, àBucarest. Il fait très chaud et des dizaines deparents, grands-parents ou nounous sont assis à

l'ombre avec des enfants de tous âges. J'ai appelé une femmedont l'annonce sur Internet disait: "Jeune, sans vices, je désireêtre mère porteuse". Je l'aperçois sur un banc, je sais tout desuite que c'est elle. "Je suis Ioana", se présente la jeune femmetout en me regardant d'un air suspicieux. A 36 ans, elle estinfirmière à l'hôpital Floreasca de Bucarest. Après quelquesbanalités, elle commence son argumentation. Il est évidentqu'elle n'en est pas à sa première négociation. En quelquesmots, elle essaie de me convaincre qu'elle a une famille heu-reuse et sans problèmes de santé, mais avec quelques problè-mes pour joindre les deux bouts.

"J'ai deux enfants en bonne santé. Je ne fume pas, je nesuis pas alcoolique. J'ai déjà essayé avec une famille à l'étran-ger, mais ils m'avaient demandé d'habiter avec eux enAmérique. Je ne pouvais pas parce que j'ai ma famille ici",raconte Ioana. "Les Américains ont accep-té ce que je demandais, 10 000 euros, plus300 euros par mois pendant la grossesse".

La famille qui veut l'enfant doit prend-re en charge tous les frais médicaux, esti-me-t-elle. Une partie de l'argent, 2 à 3000euros, devra être versée au troisième moisde grossesse, le reste à la fin. "Je ne veuxpas l'argent avant. Mais au moins une par-tie après trois mois de grossesse, pourm'assurer que la famille est sérieuse. Si,après six-sept mois ils se mettaient à dire:'Tiens, je ne veux plus le faire', qu'est-ceque je ferais, moi, de l'enfant? Je ne vaispas m'en débarrasser, ni me retrouver avecun troisième enfant", ajoute Ioana.

Les personnes impliquées dans ces tractations demandentune totale discrétion et cachent même à leurs familles que l'en-fant de leurs entrailles appartient à un autre couple. "Je ne veuxpas que mes frères, ou qui que ce soit d'autre le sachent, parceque beaucoup de gens condamnent cet acte", reconnaît lajeune femme dans le parc.

Mère porteuse traditionnelle ou gestationnelle

Elle est prête à prendre un congé sans solde de son travail,mais recherche "une famille qui rende l'enfant vraiment heu-reux". Le cas de Ioana cas n'est pas unique. Elle n'était pas laseule que notre journal ait contactée par les petites annonces.J'ai aussi reçu une réponse du mari d'une personne prête àaccepter de porter un enfant. Il m'a expliqué au téléphone quesa femme a seulement 24 ans, et deux enfants. "Comment vou-lez-vous qu'on procède? Vous avez besoin d'une mère porteuse

traditionnelle ou d'une mère porteuse gestationnelle? Pour lamère porteuse traditionnelle, son ovule est fécondé par lesperme d'un donneur, alors qu'une mère porteuse gestationnel-le doit recevoir des embryons fécondés", m'explique en détaill'homme. Je lui ai demandé s'ils avaient déjà fait cela et il arépondu que oui, mais que les choses ne se sont pas dérouléescomme il fallait.

"Ma femme était enceinte pour un couple, mais le couplea changé d'avis et n'ont plus voulu de l'enfant. Nous avons dûinterrompre la grossesse à nos frais", dit l'homme. Il ne regret-tait pas l'avortement, mais l'argent dépensé. La conversation sepoursuit dans la même veine: "Nous en sommes arrivés là parmanque d'argent. Nous demandons 15 000 euros, mais c'estnégociable. Vous ne devez pas nous donner l'argent avant.Nous nous entendrons au fur et à mesure!".

"Nous faisons tous cela pour de l'argent"

Bien qu'il m'ait assuré qu'il attendraitmon coup de fil, le lendemain le télépho-ne portable montrait deux appels manquésprovenant de son numéro. C'était pourm'informer qu'il avait reçu une autre offred'un citoyen anglais, célibataire. "Lasituation de la personne est plus étrange,parce que l'homme n'est impliqué dansaucune relation. Nous préférerions le fairepour une famille. En tant que parent, jepense que la vie du petit serait assez diffi-cile sans mère", m'assure le père.

Je lui demande son opinion surl'aspect légal de cette activité. Avec unelégère hésitation, il lâche: "Je ne suis pasen mesure de critiquer la loi. Mais nomb-

reux sont ceux qui disent que les mères porteuses devraienttoucher de l'argent, que c'est une erreur de l'interdire*. Nousdevons tenir compte du fait qu'une personne - la femme - subitdes changements pendant et après une grossesse". Les expli-cations continuent. "Nous ne faisons cela ni par plaisir ni parsolidarité ni par esprit civique. Nous le faisons tous pour l'ar-gent. Pour pouvoir survivre de manière décente".

Ramona Dragomir (Adevarul)*Une loi non promulguée La loi roumaine autorise la gestation pour autrui, mais

elle ne permet pas la compensation financière. Mais alors quele projet de loi sur la médecine de la reproduction et sur laprocréation médicalement assistée a été adopté par la chamb-re des députés, le texte n'est jamais arrivé sur la table du pré-sident, qui doit le promulguer. Cette ambiguïté nourrit donc un"marché" de la gestation à peine discret, puisque les annoncescirculent sur le Net.

Evénements

Quinze mille euros pour un enfant La loi roumaine interdit en principe toute transaction financière entre mères-porteuses et futurs parents, mais il en va

autrement dans les faits. Une journaliste d'Adevarul a suivi une piste sur Internet où fleurissent des annonces. Reportage.

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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CONSTANTACRAIOVA

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GALATI

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l BUZAU

SUCEAVA

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PITESTI

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Les cérémonies militaires du 1er décembre en Roumanie ont été d'une forteportée symbolique puisqu'elles ont marqué dix années d'engagement de l'arméeroumaine en Afghanistan et le cent-cinquantième anniversaire de la fondation duministère de la Défense. Ses préparatifs ont été un peu ternis par la rétrograda-tion de nombreuses personnalités des forces de réserve, promues un peu vite parle passé du grade de caporal à parfois… colonel.

Àla suite de la chute du régime de Ceaucescu, les biens des forces arméesavaient servi à diverses opérations. Des terrains convoités par des promo-teurs privés avaient été cédés pour une bouchée de pain, des appartements

luxueux redistribués à d'improbables bénéficiaires. Si l'immeuble dit des généraux(Ceausescu tenait à les avoir regroupés à proximité du Parlement, à Bucarest, histoirede faciliter une éventuelle purge) avait été cédé à un grand groupe hôtelier de manièreà peu près transparente, diverses malversations avaient aussi été dénoncées.

Le dernier scandale se rapporte à la Réserve. Discrètement, au fil des années, diver-ses personnalités de premier plan, proches des gouvernements successifs, avaient étépromues de manière étonnante. Un simple soldat devenait capitaine ou commandant,des sous-lieutenants passaient directement commandants, des lieutenants devenaientcolonels, tout comme un simple caporal. Les promotions surprise de 2010 à 2012 ontété fortement révisées, et cela touche denombreux élus régionaux ou locaux,d'anciens premiers ministres, des réali-sateurs de télévision ou des sportifs envue.

Il n'est pas tout à fait anormal quedes personnalités ayant exercé de hau-tes fonctions soient plus rapidementpromues dans la réserve. Après tout,avoir été maire d'une grande ville et seretrouver en corvée de pluches ne cons-titue pas une très bonne utilisation descompétences. Mais, par exemple, unréalisateur de la télévision, RobertTurcescu, qui n'avait pas effectué sonservice national, s'était retrouvé bom-bardé lieutenant-colonel. Il avait faitétat publiquement d'une "regrettable erreur" et décliné cette surprenante promotion.

Un peu comme les distributions de Légions d'honneur

Divers avantages sont liés à l'appartenance au corps des officiers de la réserve.L'implication de militaires ou assimilés, en service actif ou versés dans la réserve, dansle monde des affaires en Roumanie, reste ou non discrète. Eurocopter est présente enRoumanie, pays membre de l'Otan qui fait l'objet d'une attention toute particulière dela Russie voisine.

On peut se demander si ces promotions dans le corps de réserve visaient à offrirdes opportunités de rencontres entre des membres de la société civile et divers milieuxd'affaires liés à l'industrie des armements. Mais, dans le cas de sportifs, ou d'autres per-sonnes, il devait surtout s'agir de récompenses symboliques destinées à s'assurer leurbienveillance. Un peu comme les distributions de Légions d'honneur en France…

Au total, près de 800 personnes ont été rétrogradées, ou ont vu leurs nominationsrévoquées (en particulier pour l'année 2011, qui précéda le changement de gouverne-ment). Ces nominations politiques avaient aussi suscité la grogne chez les anciens offi-ciers d'active dont l'avancement dans la réserve stagnait. Jef Tombeur

Une conductrice de poids lourd

d'origine roumaine, travaillant pour

un transporteur espagnol, a empê-

ché une catastrophe sur l'autoroute

proche de Perpignan, mais au prix

de sa vie. Prise d'un malaise car-

diaque, la femme, âgée de 40 ans, a

réussi à conduire son camion de 30

tonnes sur quelques kilomètres, jus-

qu'à une aire de stationnement, évi-

tant un accident qui aurait pu avoir

de très graves conséquences. Mais

l'effort lui a été fatal. Retrouvée

inconsciente à son volant, elle a été

évacuée d'urgence vers l'hôpital le

plus proche où elle est finalement

décédée.

l

l

Les activistes appartien-nent à une organisationnon-gouvernementale

appelée la Milice spirituelle(Militia spirituala), destinée àmobiliser la conscience civique etl'esprit de solidarité des citoyensroumains en partant de valeurscomme la liberté de conscience, lemilitantisme et la déterminationpour consolider l'esprit civique, lasolidarité, la dignité de la person-ne humaine et le courage d'assu-mer une opinion et de la soutenir par des actions concrètes.Dans le cas présent, l'objectif est de faire démolir le mur d'en-ceinte du Parlement et de donner aux citoyens un libre accès àl'espace entourant le palais.

"Prison de la conscience des Roumains"

Le Palais du Parlement est le plus grand bâtiment adminis-tratif à usage civil du monde en termes de surface. C'est aussile bâtiment administratif le plus cher et le plus lourd dumonde. Commencé au début de années 1980 d'après les projetsmégalomanes de Nicolae Ceausescu, la "Maison du Peuple"semble être, jusqu'à aujourd'hui et selon les activistes, "uneenclave bizarre et manquant de transparence (physique ousymbolique), un lieu quasiment ésotérique".

Le mur d'enceinte doit, seloneux, être éliminé car la Milice spi-rituelle ne voit pas pourquoi "desgens normaux ne pourraient pas ylire tranquillement ou y faire ducerf-volant". Alors que les députésroumains estiment que le mur doitêtre gardé pour des questions desécurité nationale, les activistesestiment que la "paranoïa" n'estpas de mise et que la Maison duPeuple doit réellement appartenirau peuple. Le mur est donc dénon-

cé comme "prison", ou "camp de concentration" de la cons-cience des citoyens roumains, parce qu'il incarne un complexeque les citoyens entretiennent eux-mêmes, responsables de lamanière dont ceux protégés par le mur - à savoir les députés -se comportent avec ces citoyens qui les ont choisis, naïvement.

Le bâtiment est vu comme l'incarnation de la dictaturecommuniste roumaine, dont certaines habitudes se perpétue-raient aujourd'hui encore. Or les activistes estiment qu'il fauten finir avec la pratique totalitaire: "Entre nous (les citoyens)et vous (les députés), il n'y a qu'un vote, et pas du béton.L'Europe ne nous a jamais mis de mur, elle nous a seulementdemandé des tickets de civilisation. Comportez-vous commedes Européens et des démocrates pimpants, et non comme desoligarques. Démolissez le mur!".

Julien Danero Iglesias

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CHISINAU

FOCSANI

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T. SEVERINl

Evénements De caporal, promu directement colonel

Au prix de sa vie

Un tag sur les murs du palais de CeausescuL'armée (de réserve) moins mexicaine

Evénements

Le mur d'enceinte du Palais de Ceausescu, devenu Palais du parlement, trônant au centre-ville de la capitale roumai-ne, a récemment été tagué. Malgré les mesures de sécurité, malgré l'ensemble des gardes postés aux entrées et aux alen-tours, malgré les caméras de surveillance, une équipe d'activistes a réussi à inscrire "La prison de notre conscience"(Lagarul constiintei noastre) entouré d'un fil barbelé, sur le mur du bâtiment. Le tag a été retiré après trois heures.

Pour casser la hausse des prixavant les fêtes de l'Aïd, finoctobre, le gouvernement tuni-

sien a importé 100 000 ovins deRoumanie. Qui sont vite apparussuspects.

Les histoires de moutons roumainsont empêché bien de Tunisiens de dormir,en octobre dernier. En important quelque100 000 ovins des Carpates, le gouverne-ment de Tunis cherchait à casser la haus-se sur les prix de ce ruminant tradition-nellement consommé en famille lors de lafête de l'Aïd, qui débutait le vendredi 26octobre. Mais la mort de plusieurs bêtesimportées a suscité des craintes que leministère de l'Agriculture a tardé à dissi-per.

Le mouton roumain se vend entre280 et 350 dinars, alors que le tunisien

s'échange entre 350 et 500 dinars.Revendeurs et intermédiaires ont été lespremiers à expliquer que l'ovin desCarpates ne valait pas celui de laMéditerranée. Puis une rumeur a enflésur les réseaux sociaux, particulièrementactifs en Tunisie, après la découverte deplusieurs moutons roumains morts.Quinze carcasses ont été retrouvéesquelques jours auparavant par des prome-neurs sur les plages d'Hammamet.

Un chargé de communication duministère de l'Agriculture, croyant noyerle poisson, a imprudemment expliquéqu'il ne s'agissait point de moutons maisde phoques. Cette bévue n'a eu pour effetque de relancer les suspicions.

Sur la Toile, il était dit depuis plu-sieurs jours que la viande de ces ovinsdes Carpates était impropre à la consom-

mation, car ils avaient été vaccinés justeavant leur départ de Roumanie. Les effetsnocifs des médicaments ne pourraient enconséquence disparaître qu'en novembre.

Le directeur général des servicesvétérinaires dépendant du ministère del'Agriculture a finalement fait toute lalumière sur ces histoires de moutons rou-mains. Il a certifié que ces ovins avaientété vaccinés début septembre, ce qui lesrend comestibles "trois semaines après letraitement, soit après le 29 septembre".

Il a ensuite reconnu, mais tardive-ment, qu'un bateau transportant bien10 000 moutons de Roumanie avait eneffet récemment passé 35 d'entre euxpar-dessus bord. "Le capitaine, a expli-qué le fonctionnaire tunisien, a été obligéde les jeter à la mer, afin de préserver lasanté du reste du troupeau".

Une vive inquiétude régnait dans

les collèges et lycées de Constantsa,

fin octobre, une dizaine d'élèves

étant diagnostiqués comme atteints

de tuberculose, une trentaine d'aut-

res étant suspectés de l'avoir

contractée.

Les parents se montraient parti-

culièrement mécontents, estimant

que les tests d e dépistage et la dés-

infection des établissements s'étaient

effectuées à la va-vite, les médecins

rétorquant que les élèves ne leur

étaient pas présentés, taxant les

parents d'inconscience, en refusant

de faire interner ceux qui étaient

malades.

Les autorités ont affirmé que la

situation était sous contrôle, alors

que l'entrée des cours étaient interdi-

te aux élèves s'étant soustraits aux

contrôles médicaux.

Alerte à la tuberculosedans les lycées de Constantsa

Le général d'aviation Ion Aurel Stanciu a la particularité d'avoir commencé son ascension

dans la hiérarchie militaire sans avoir piloté uneseule minute. L'an passé, il a été promu général

quatre étoiles, ainsi 24 autres collègues, simples officiers en 1990.

Quand les moutons roumains sont pris pour des phoques

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Faits divers

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lURZICENI

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68 000 cartes bancaires clonées par le biais d'un "magasin virtuel"

Deux descentes visant des groupes criminels spécialisés dans le clonage decartes bancaires, menées par le parquet antiterroriste (DIICOT), ont eu lieu le 27novembre. Le combat contre ce phénomène très profitable qui ne cesse de sedévelopper continue.

Un réseau roumain de 16 personnes soupçonnées d'avoir récupéré des infor-mations confidentielles de quelque 500 000 cartes de crédit, pour un pré-judice de plus de 25 millions de dollars a été démantelé fin novembre,

selon le parquet de lutte contre la criminalité organisée (DIICOT). Il interceptait desdonnées informatiques lors de leur transfert pour la réalisation et l'authentification depaiements. Elles étaient ensuite utilisées pour effectuer des retraits et des paiementsfrauduleux, ou bien vendues sur Internet.

Entre décembre 2011 et octobre 2012, ce réseau aurait vendu 68 000 cartes ban-caires clonées à quatre dollars la pièce pour un profit de 270 000 dollars. Deux autresréseaux de moindre importance, toujours spécialisés dans le clonage de cartes de cré-dit, ont aussi été démantelés. Ils opéraient en Australie, en Malaisie et en Grande-Bretagne. Le préjudice total généré par ces deux organisations serait d'environ150 000 euros. Pour le hacker Robet Butyka, 26 ans, l'une des figures du hackingmade in Romania, notamment connu pour avoir déjoué la surveillance de 25 serveursde la Nasa l'année dernière, il n'y a rien de plus facile que de se mettre au hacking."Des modes d'emploi de hacking, on en trouve des centaines sur Internet, dit-il.Ensuite, il suffit simplement de suivre la méthode".

La criminalité informatique n'est pas une nouveauté en Roumanie. Des journalis-tes américains ont même baptisé la ville de Râmnicu Vâlcea, d'où le phénomène desfraudes sur Internet a débuté dans les années 2000, "Hackerville" ou la capitale mon-diale des hackers. Car la majorité des arnaques sur la toile faites à partir de laRoumanie sont dirigées vers les Etats-Unis. "Chaque année, les hackers roumainsvolent un milliard de dollars aux citoyens américains, détaille l'ambassadeur desEtats-Unis en Roumanie, Mark Gitenstein. Nous avons mis en place un nouveau trai-té avec Bucarest pour extrader les criminels ainsi qu'un accord de coopération quifonctionne très bien et nous permet d'échanger des informations, ou d'engager despoursuites en Roumanie".

Florin Talpes, patron de la société roumaine d'antivirus Bitdefender qui sertaujourd'hui plus de 400 millions de clients dans le monde, se souvient des débuts duphénomène. "Quand nous avons démarré notre affaire il y a 15 ans, le vol sur Internetétait une sorte de sport individuel. Il y avait surtout des jeunes qui cherchaient à bous-culer l'ordre établi, explique-t-il. Mais aujourd'hui, on a désormais à faire à de véri-tables organisations criminelles qui fonctionnent de la même manière que des grossessociétés commerciales."

Jonas Mercier

Le démantèlement d'un vaste

réseau de fraude bancaire, début

novembre, impliquant de hauts fonc-

tionnaires et le directeur adjoint de la

deuxième banque du pays, a secoué

le milieu de la finance roumaine. Le

parquet parle d'un préjudice de 22

millions d'euros. Les banques ont

encaissé sans sourciller, assurant ne

pas être affectées.?

Le système était bien rôdé. Les

malfaiteurs réussissaient à obtenir

des prêts auprès de banques com-

merciales en présentant de fausses

garanties dont certaines provenaient

du ministère de l'Economie. Les som-

mes empruntées étaient importantes

mais n'étaient jamais remboursées.

Les bénéficiaires réels de ces finan-

cements, eux, restaient hors d'attein-

te. Au total, une cinquantaine de per-

sonnes seraient impliquées dans

cette affaire, dont le chef du Fonds de

garantie des crédits pour les PME -

l'organisme d'Etat censé faciliter l'ac-

cès des petites et moyennes entrepri-

ses aux financements bancaires - et

le vice-président de la BRD, filiale du

groupe français Société Générale.

"Entre 2010 et 2012, les membres decette bande organisée ont obtenu ouessayé d'obtenir 40 prêts dans 16unités bancaires différentes deRoumanie par le biais de documentsfalsifiés", a précisé le communiqué du

parquet spécialisé dans la criminalité

organisée (DIICOT), en charge du

dossier. Les 48 inculpés sont égale-

ment soupçonnés d'avoir obtenu illé-

galement du ministère de l'Economie

le financement de plusieurs projets

destinés à acquérir des équipements

agricoles.

Démantèlement d'un réseau de fraude bancaire

Sorcières et crédulité sans frontières

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Après avoir repéré plusieurs petites annonces van-tant les mérites et bienfaits des voyantes et diseu-ses de bonne aventure dans un journal national de

la République moldave, une journaliste de Constantsa a vouluen avoir le cœur net, se faisant passer pour une cliente poten-tielle. Représentées en noir, une bible à la main, elles affir-maient pouvoir conjurer le mauvais sort, guérir des maladiesincurables, apporter fortune et amour… tout çà simplement partéléphone.

Elena, s'est donc tout d'abord plainte qu'à 30 ans, elle netrouvait pas de mari. "Pas de soucisma fille, je vais ouvrir mon livre saintet çà c'est gratuit; ensuite j'allumeraisdes cierges et je réciterais des prières.Tu m'envoies simplement 80 € surmon compte". L'aide venait du BonDieu et la facture arrivait enMoldavie…

Continuant son investigation,Elena a feuilleté les pages jaunes del'annuaire roumain et y a trouvé desdizaines d'adresses de voyantes dispo-sées à aider leurs prochains. Evoquantun prétendu mari ivrogne, après avoirprécisé son année de naissance et son signe astral, une carto-mancienne de Buzau lui a demandé de la rappeler un quartd'heure plus tard, le temps de consulter son jeu de tarot et saboule. Le délai passé, sur un ton catastrophé, elle lui annoncéqu'elle était maudite par le sort, qu'elle allait perdre le sommeil

et l'appétit et ne trouverait pas le repos de l'âme avant ses72 ans… à moins qu'elle ne lui envoie 50 € immédiatementpar Western Union. Entêtée, la journaliste a tenté sa chanceauprès d'une autre de ses collègues de Buzau qui lui a réclamé150 € pour ramener son mari volage à la maison.

Au cours de son enquête, Elena est tombée sur le cas d'uneMoldave de Ialoveni, près de Chisinau, entrée en contact avec"Mère Sofia" de Ploiesti qui lui a assuré pouvoir la guérir duglaucome la rendant aveugle, avec ses prières. .. demandant delui verser 500 € et de patienter quelques semaines. Deux mois

plus tard, aucune amélioration ne s'é-tant manifestée, la pauvre femme aretéléphoné, se faisant envoyer sur lesroses pour son manque de confianceet de patience, ainsi que pour le déran-gement qu'elle causait.

La police roumaine n'intervientpas dans ce genre d'escroqueries, quine touchent pas seulement de simplesgens mais aussi des personnes en vuecomme l'a montré, l'an dernier, lescandale Vanessa et Melissa, deux"sorcières" qui ont soustrait à l'actriceOana Zavoranu deux maisons et sa

voiture. L'ancien candidat à la présidentielle Mircea Geoana,l'entraîneur de football Mircea Lucescu, l'international AdrianMutu, ont été également victimes de leurs pratiques… dou-blées du chantage de se taire, pour ne pas paraître plus idiotque nature.

l

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VASLUI

SF. GHEORGHE

Râmnicu Vâlcea ou "Hackerville"

Le samedi 10 novembre plu-sieurs hommes armés etaccompagnés de chiens de

chasse ont fait irruption dans les commu-nes de Vorcineni et Harvana (Botosani),ouvrant le feu sur tous les chiens errants(maidanezi) qu'ils trouvaient. Puis ils ontpris la direction de la localité voisine deStiubeni, s'arrêtant à hauteur d'un trou-peau de vaches derrière lesquelles des

jeunes chiots effrayés s'étaient refugiés.Dans sa folie meurtrière, le commando ena abattu cinq, touchant trois vaches aupassage et blessant grièvement à l'œil unejument, menaçant de leurs fusils levacher qui tentait de s'interposer.

Interpelés par le maire, ces hommesont déclaré posséder une licence de chas-se leur permettant de tuer les animauxqu'ils rencontraient, ce qui n'existe pas.

Commando de la mort contre les "maidanezi"

Faits divers

Quatre médecins israéliens ont été condamnés mi-novembre à cinq ans de pri-son ferme chacun par un tribunal de Bucarest pour trafic d'ovules, dans lecadre d'une affaire remontant à 2009. Trois Roumains dont un ancien président

de l'Agence nationale pour les transplantations (ANT), ont également été condamnés. Lesquatre Israéliens - le chef d'une clinique bucarestoise, Sabyc, spécialisée dans les féconda-tions in vitro (FIV), son fils et deux autres gynécologues - étaient accusés de trafic d'ovu-les, de participation à un groupement criminel et d'avoir exercé sans en avoir le droit la pro-fession de médecin. Les médecins n'avaient pas obtenu l'autorisation requise pour prati-quer en Roumanie.

Selon les procureurs, le chef de la clinique Harry Mironescu et son fils Yair Mironavaient repéré des couples d'étrangers qui souhaitaient bénéficier des techniques de pro-création médicalement assistée et recruté des donatrices roumaines, des femmes en diffi-culté âgées de 18 à 30 ans, payée environ 200 euros, en violation de la loi qui prévoit quele don d'organes ou de cellules n'est pas rémunéré. La clinique avait en outre effectué plusde 1200 FIV durant plusieurs années alors qu'elle n'a reçu une autorisation pour ce typed'intervention qu'en juillet 2009, une semaine avant l'éclatement du scandale.

Les responsables de la clinique étaient également accusés d'avoir falsifié les dossiersde donatrices, qui par ailleurs n'étaient pas informées des risques auxquels elles s'expo-saient. Selon les médias, les bénéficiaires, des Israéliennes pour la plupart, payaient entre12 000 et 15 000 € pour une FIV. La secrétaire de la clinique a été condamnée à cinq ansde prison et une responsable régionale de l'ANT à six mois de prison ferme. L'ancien chefde l'ANT, Victor Zota, s'est vu infliger la peine la plus légère, soit trois mois de prison avecsursis. Les sept accusés ont fait appel de ce verdict.

Prison pour des médecins israéliens coupables de trafic d'ovules

Trop crédule, l'actrice Oana Zavoranu s'est faitdépouiller de deux maisons et sa voiture.

La police est intervenuepour effectuer une per-quisition au domicile de

deux anciens prêtres orthodoxes dela commune de Reviga, à lademande de l'évêché de Sloboziaet Calarasi, pour récupérer des can-délabres, icônes, livres religieuxd'une valeur de 10 000 euros, queles deux hommes avaient emportésavec eux. Gheorghe Pandelica,63 ans, et son fils Casian, 34 ans,se servaient de ces objets pour offi-cier des messes noires, où ils selivraient à des prédictions et assu-raient délivrer leurs ouaille dessortilèges et maléfices.

La petite église de Reviga étaitdevenue célèbre attirant des fidèlesbien au-delà de la commune, lesparoissiens restant réservés. Lepère et le fils ont disparu… et leSaint esprit avec eux.

Le Père, le fils… et le Saint Esprit

R. VÂLCEA l

BOTOSANIl

Société

RPG Security, BGS, Elite Guard, SSG, TigerProtector, Compact Guard Security, AlistarSecurity… Ces noms - et il en existe des centaines

d'autres - sont bien visibles sur les tenues quasi-militairesqu'affichent les gardiens privés que l'on rencontre partout enRoumanie: dans les banques, lesécoles, les centres commerciaux,les hôtels, les sièges d'immeublesde bureaux, et même dans les phar-macies.

Les dimensions réelles decette industrie sont difficiles à cer-ner. En février 2009, on dénom-brait 380 sociétés de sécurité rienqu'à Bucarest, employant 20 000agents. Ce nombre est passé à 428aujourd'hui, si on en croit les pagesjaunes. Pour la ConfédérationEuropéenne des services de sécuri-té, le chiffre d'affaires de ce secteurs'élevait à 643 M€ en 2010, en Roumanie, recensant 1282compagnies de gardiennage et sécurité, employant 107 000personnes, dont 35 000 avec droit de port d'armes. Il fautcependant observer que beaucoup de sociétés sont spécialiséesuniquement dans l'installation et la vente de systèmes d'alarmeet de vidéosurveillance.

Sur l'ensemble du pays, qui est pourtant considéré commeétant plutôt sûr, il y avait un gardien privé pour 229 habi-tants… et un policier pour 1050 habitants. En Autriche, parexemple, ce ratio est d'un policier pour 380 habitants. EnRoumanie, le secteur privé comblerait donc une carence de lapuissance publique.

Selon le sociologue Cornel Codita, l'omniprésence dessociétés de sécurité est due à plusieurs facteurs : "d'abord leslicenciements dans les troupes spéciales et la police, après1989, ont entraîné un déficit en termes de sécurité. Certainsanciens policiers ont donc créé des compagnies qui ont offert

leurs services aux institutions etentreprises d'Etat. Dans unedeuxième étape, à cause de lamontée relative de la criminalité,ce sont les investisseurs privés quiont eu besoin de services sécurité.Enfin, la concurrence économiquea encouragé l'espionnage indus-triel que certaines compagniespratiquent, à la demande du client,sous la couverture de services desécurité". En général, ces compa-gnies s'en sortent bien car leurspatrons, après s'être reconvertisdans le privé, ont conservé les

contacts avec les institutions publiques.

35 ans et 300 euros mensuels en moyenne

Quant aux tarifs pratiqués, ils sont très variables. Cela va de30 lei (7 €) l'heure pour un gardien travaillant dans des condi-tions normales à 160 lei (35 €), voire davantage à l'occasiond'évènements privés. Le salaire de début de carrière pour unargent non armé était de 160 € brut par mois, le salaire moyende 300 € brut. La moyenne d'âge de la profession est de35 ans, les hommes représentant 85 % des effectifs, les fem-mes 15 %.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SUCEAVA

TOPLITA

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lR. VÂLCEA

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Ces Italiens qui roulentavec des plaques

roumaines et bulgaresPour éviter de payer amendes et taxes locales, de plus en plus d'Italiens imma-

triculent leur voiture en Bulgarie ou en Roumanie. Et les sites spécialisés pour lesaider dans leur petite filouterie se multiplient.

La Bentley immatriculée à Sofia aperçue dans le centre de Milan n'est pas for-cément celle d'un nouveau riche bulgare en goguette. Ni le coupé BMW deBuzau qui roule à 160 km/h sur le périphérique de Rome. Et pas davantage

l'Audi de Bucarest garée en bas d'un immeuble et qui accumule les procès-verbaux.Selon le quotidien bulgare 24 Tchassa (24 Heures), de plus en plus d'Italiens ont com-pris les avantages de posséder une voiture de luxe immatriculée en Roumanie ou enBulgarie. Ne serait-ce que pour échapper complètement aux taxes et impôts locaux quis'appliquent aux fortes cylindrées. Pour cela, écrit le journal, il suffit de regarder dansles rues de Rome et de Milan - de préférence dans le centre-ville où l'accès est désor-mais limité -, pour s'apercevoir que ces voitures sont légion. "Et que leurs propriétai-res ne sont visiblement ni Bulgares ni Roumains, mais des petits malins locaux qui secontrefichent des règles de la circulation", ajoute 24 Tchassa.

Des compagnies de leasing locales se prêtent à ce petit jeu

Grâce aux plaques d'immatriculation bulgares ou roumaines, la dolce vita est enco-re possible. Les radars? Aux dires de tous, les amendes et autres PV n'arrivent jamaisjusqu'en Bulgarie où selon l'expression consacrée "il vaut mieux attendre une lettre d'unmort". À la différence des autres propriétaires de voitures transalpins, les auteurs de cesinfractions ne risquent pas non plus de perdre des points sur leur permis. À moins queleur forfait ne soit physiquement constaté par un agent, ce qui est de plus en plus raregrâce à la multiplication des radars et autres systèmes de surveillance virtuels.

Des sites spécialisés regorgent de conseils et d'astuces pour obtenir ce sésame ; àl'instar de cette "Audi A6 targa bulgara" on trouve même des voitures déjà immatricu-lées en Bulgarie en vente directe en Italie. Les avantages de cette acquisition sont clai-rement indiqués sur l'annonce. Selon les resquilleurs, le must serait d'immatriculer sonvéhicule au nom d'une petite amie bulgare ou d'une de ses connaissances au pays.Sinon, des réseaux existent et, contre quelques euros sonnants et trébuchants, on trou-ve toujours quelqu'un en Bulgarie pour donner un coup de main, précise 24 Tchassa.Parfois ce sont même des compagnies de leasing locales qui se prêtent à ce petit jeu.Selon la législation italienne, les propriétaires de voitures immatriculées à l'étranger ontun an pour enregistrer leur véhicule sur place; au delà de cette période, ils risquent entre80 et 318 euros d'amende. Mais au vu les avantages, tous préféreraient prendre cerisque, selon le journal bulgare. "Il n'y a pas photo", écrit même 24 Tchassa. Ou s'il yen a une, elle n'arrive jamais en Bulgarie ou Roumanie…

Nicolae Tifrea est un procureur à la

retraite particulier. L'été, on peut le

voir à la gare de

Costinesti, sur la

côte, agitant une

pancarte au-des-

sus de sa tête et

criant "Cazare,Cazare"

("Chambre, chambre") à l'adresse des

touristes qui débarquent dans cette

station balnéaire de la Mer Noire, pro-

posant de les loger pour 70 lei (15

euros) dans sa méga-pension de 47

chambres, la Vila Ana. L'hiver, sur les

marchés de Toplita (Harghita), il vend

les fromages des brebis qu'il élève

dans sa ferme et des arbres de Noël

coupés par son frère, sans autorisa-

tion, dans la forêt qu'il exploite.

Une belle réussite pour celui qui

était justement le chef du parquet de

Toplita et avait l'habitude de négocier

les peines des justiciables contre des

coups de main "bénévoles" à ses

entreprises. C'est ainsi que la

condamnation d'Anton Brucatu s'est

transformée en "travail d'intérêt per-sonnel"… c'est-à-dire l'installation du

chauffage et de la plomberie de la Vila

Ana. Nagy Ludovic, lui, est devenu

bûcheron, coupant les sapins de Noël

du procureur qui a regardé d'un œil

favorable son dossier. Et si un impor-

tun avait l'indélicatesse de vouloir

mettre le nez dans ses affaires, sa

réponse était toute prête: "Bah, t'asvraiment envie qu'un procureur s'oc-cupe de toi?".

Quand il a compris que, malgré ses

accointances dans son milieu profes-

sionnel, il était dans l'œil de la Justice

pour ses malversations, Nicolae Tifrea

a pris opportunément sa retraite.

Cinq fois plus d'agents de sécurité que de policiers

Travaux… d'intérêt personnel

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l A. IULIA

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BUZAU l

Vie quotidienne

L'inénarrable Gigi Becali et ses gardes du corps.

Une jeune Française a terminéson séjour à Arad à l'hôpital,à la suite d'un accident qui

est monnaie courante en Roumanie… sion se promène sans regarder où on metles pieds. Cette touriste de 23 ans, quiétait accompagnée de deux enfants, esttombée dans une bouche d'égout grande

ouverte, se blessant à la poitrine et auxjambes. Des passants l'ont aidée à sortirde sa fâcheuse situation, appelant égale-ment une ambulance qui l'a conduite àl'hôpital d'urgence de la ville où elle areçu les premiers soins. La bouche d'é-gout se trouvait dans cet état depuis plu-sieurs semaines, sans que l'administration

locale n'ait réagi. Chaque mois, une qua-rantaine de couvercles sont ainsi dérobésdans les rues d'Arad (phénomène quiexiste aussi dans de nombreuses autresvilles du pays) pour être revendus à desferrailleurs… la police restant les brascroisés. Outre les accidents provoqués, lepréjudice annuel est estimé à 70 000 €.

Bouches d'égout funestes

Vie quotidienne

Un Bucarestois de 55 ans n'a pas été mené en bateau… mais en train par une prétendue agente immobilière qui lui avendu 5,5 hectares de terrains incluant la gare de Snagov (banlieue chic de Bucarest), affirmant qu'elle était l'intermé-diaire des propriétaires, empochant 150 000 € au passage, plus la soi-disante facture fiscale de 10 000 €, concluant

l'affaire, avant de disparaître. Madalina Ionescu, 39 ans, recherchée par la police, n'a plus donné de nouvelles d'elle depuis. Elle avait aussi assuré au "pigeon" que la transaction, comprenant également l'acquisition d'un train stationnant sur les lieux,

avec une locomotive et douze wagons, se chiffrait normalement à plus de 200 000 €, mais qu'elle avait réussi à négocier le prix.Pour convaincre son client, elle l'avait emmené au ministère des Transports, à Bucarest, afin de rencontrer un responsable. Elle l'a-vait planté sur le trottoir, lui demandant d'attendre, était ressortie presque immédiatement, indiquant que l'homme était en réunionmais lui avait fait passer un message indiquant que tout était réglé.

Le nouveau parking souterrainde la place de l'Université a étéinauguré mi-novembre par le

maire de Bucarest, Sorin Oprescu. Il a unecapacité de 425 places, et s'étale sur troisniveaux.

L'entrée se fait par les rues Academieiet Caragiu. Gratuit les deux premièressemaines, puis le mois suivant, les deuxpremières heures, il en coûte maintenant

2,5 lei (0,6 €) pour une heure de station-nement et 25 lei pour une journée. Lefinancement du parking réalisé par le biaisd'un partenariat public/privé s'élève à 10millions d'euros.

Le maire de Bucarest a égalementannoncé la construction de deux autresparkings, l'un au sud du centre historique,près de la Dâmbovita, et l'autre relié auparking de l'hôtel Intercontinental.

Parkings souterrains

Un pigeon… mené en train

COSTINESTIl

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Cohue pourle "vendredi noir"

Le Black Friday (vendredi noir), journée intense de soldes qui marque ledébut des emplettes avant les fêtes de fin d'année, s'est tenu le vendredi 23novembre. Originaire des Etats-Unis, ce concept commercial est arrivé en

Roumanie il y a deux ans. Cette fois-ci, les principaux détaillants roumains, en maga-sin comme sur Internet, se sont préparés à faire face aux demandes de plusieurs millionsde clients. Selon une étude du cabinet de consultants en marketing Daedalus MillwardBrown, basé en Roumanie, plus de 4,1 millions de consommateurs roumain ce jour là.

En ce dernier jour de soldes de l'année, le spécialiste roumain de la vente en ligneeMAG s'attendait quant à lui à recevoir 2 millions de visiteurs à la recherche de labonne affaire sur son site. La fièvre du Black Friday ne touche plus seulement les dés-ormais traditionnels vendeurs d'équipements informatiques et audiovisuels, les librai-res, disquaires et billetteries en ligne, il a aussi gagné des secteurs plus inattendus surle web, tels que les agences de voyages, la vente d'électroménager, ou encore les agen-ces immobilières.

Selon le rapport "Migration etDéveloppement" de la Banque mon-

diale publié fin novembre, les trans-

ferts d'argent vers la Roumanie effec-

tués par les migrants roumains

auraient de nouveau diminué en

2012, notamment en raison de la

crise économique en Europe, qui a

freiné les flux de manière globale.

Depuis le début de la crise écono-

mique en 2008, les travailleurs rou-

mains de l'étranger envoient en

moyenne moins d'argent à leurs

familles. En 2009, les envois de

fonds avaient chuté de 60%, avant

de stagner les deux années suivan-

tes, puis de diminuer à nouveau en

2012 - la somme totale de ces trans-

ferts, difficile à calculer avec exactitu-

de, tournerait autour de 3 milliards

d'euros.

Le rapport note également qu'avec

le resserrement du marché de l'em-

ploi dans les pays de l'UE entrés en

récession (l'Espagne et l'Italie notam-

ment), de plus en plus de Roumains

expatriés en Europe reviennent au

pays. La Banque mondiale critique

au passage le coût des transferts de

fonds dans le monde, globalement

trop élevé selon l'institution.

Au niveau mondial, et contraire-

ment à ce qui se passe en

Roumanie, les transferts d'argent des

migrants vers les pays en développe-

ment devaient être plus élevés que

prévus en 2012, et atteindre 406

milliards de dollars. Par rapport à

2011, ces transferts devaient aug-

menter au niveau mondial de 6,5%

avant de continuer à croître dans les

prochaines années (+7,9% en 2013,

+10,1% en 2014...).

Moins d'argenttransféré à leursfamilles par les émigrés

Dallas au service de Ceausescu

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Outre-Atlantique, dans les jours qui ont suivi ledécès de J.R., plusieurs journaux se sont fait échod'une rumeur insistante selon laquelle le célèbre

héros de Dallas aurait confié qu'il avait été payé parCeausescu, demandant cependant que cette information ne soitrévélée qu'après sa mort. Grand amateur du feuilleton, l'unedes rares productions occidentales à être diffusée sur le petitécran en Roumanie à cette époque et immensément populaire,le dictateur aurait demandé à Larry Hagman, lors d'une de sesvisites à Bucarest, en 1980, de pouvoir placarder son portraiten grand sur la façade d'un immeuble de la capitale.

Surpris, l'acteur aurait donné son accord, moyennant unbon paquet de dollars empaqueté dans une pochette brune quesa femme serait allée récupérer les jours suivants dans les toi-

lettes d'un office gouvernemental. Le couple aurait très vitedépensé cet argent, J.R. ne cachant pas sa surprise de voir unserveur de l'hôtel où il se trouvait refuser les 10 000 dollarsqu'il lui offrait, suspectant que ce bakchich ne soit un piège dela Securitate.

Larry Hagman estimait que Ceausescu voulait par soninitiative illustrer aux yeux de ses compatriotes, l'univers decorruption et de décadence régnant dans le monde capitaliste."En fait, le résultat fut inverse. Les Roumains ne rêvaient qued'Amérique et Dallas a contribué à déclencher la Révolutionde décembre 1989, tout comme le feuilleton a accéléré la chutedu communisme dans les autres pays de l'Est" s'enorgueillis-sait J.R… tout content de faire figurer cet exploit sur sa cartede visite.

La France va-t-elle ouvrir la chas-se aux loups? C'est ce que sou-haitent deux propositions de loi

déposées dernièrement afin de créer deszones d'exclusion pour les loups et autoriserles éleveurs à abattre les prédateurs mena-çant leurs élevages. Des textes qui relancentla polémique au moment où se met en place

un nouveau groupe national loup, censé plancher sur l'épineuse question de la cohabi-tation entre les prédateurs et leurs proies, les brebis. On dénombre aujourd'hui 250loups gris en France, répartis sur douze départements (Alpes, Vosges, Lozère, Pyrénéesorientales), contre seulement deux spécimens il y a vingt ans, lorsqu'ils avaient été réin-troduits dans l'Hexagone. Une meute de loups, c'est-à-dire entre cinq et huit individus,vit sur un territoire de 300 km2.

On a enregistré 4 910 ovins, tués l'année dernière (en augmentation de 10 % sur unan) sur un cheptel national de 7 500 000 têtes, soit 0,06 %. Les éleveurs concernés ontreçu 1,5 million d'euros de dédommagement (300 € par tête). Alors, la cohabitationentre l'espèce et l'homme est-elle impossible? En Roumanie, où vivent 2 500 loups, enEspagne (2 000 spécimens) et en Italie (entre 500 et 800), les attaques de cheptel sonttrès rares et celles d'hommes inexistantes. La clé: la présence humaine. Le berger doitsurveiller son troupeau chaque nuit, avec l'aide de plusieurs chiens, pour effaroucher lesloups et éviter toute attaque. Mais il est vrai que la main-d'œuvre roumaine est davan-tage bon marché que la française. Les troupeaux de brebis sont souvent gardés jour etnuit par dix bergers et dix chiens de protection.

Insolite

L'Institut National roumain de la Météo et de l'Hydrologie a déposé une plainteen diffamation auprès de la CNA (Commission Nationale de l'Audiovisuel) s'es-timant injustement moqué par une chanson d'Andra et du groupe What's Up, "K

la meteo" ("Comme à la météo"). Le refrain repris sur les ondes et les chaines de télévisionsusurre "Intre noi e furtuna iar/ Devastam tot ca un uragan/ Ne mintim K la meteo/O fisoare, da' la radio!" (Entre nous, c'est de nouveau la tempête/ Dévastant tout comme unouragan/ Nous mentant comme la météo/ Il y a peut-être le soleil...mais à la radio). Lamétéo a demandé que la chanson ne soit plus diffusée tant que les paroles n'auront pas étéchangées, alors que sur son blog, l'interprète a répliqué qu'elle avait toute confiance en elle,s'habillant toujours en fonction de ses prévisions… mais n'oubliant jamais de se munir d'unparapluie. Et de conclure: "Si vous voulez vous venger de moi/dites moi que le printempsarrive dès demain/ mais ce n’est pas sûr que je vous crois!".

Susceptible !

Vie quotidienne

Le gouvernement a décidé derendre fériés les jours du 24 etdu 31 décembre pour les fonc-

tionnaires, "cette décision pouvant êtreappliquée aux salariés du secteur privédans la mesure où elle est négociée entreles partenaires sociaux". Ces deux jourssupplémentaires permettaient de bénéfi-cier d'un congé de deux semaines complè-tes (16 jours), en y rajoutant un reliquat de

quatre jours de repos non pris, les 27,28décembre, et les 3 et 4 janvier, les lende-mains de Noël et du 1er de l'An étant éga-lement chômés. La Roumanie devait doncs'arrêter pratiquement de fonctionnerentre le vendredi soir 21 décembre et lelundi matin 7 janvier. Les deux journéesoctroyées par le gouvernement devaienttoutefois être récupérées les samedis 12 et19 janvier 2013.

Loups: l'exemple roumain

Un pont de deux semaines en fin d'année

Référence

Aleksandr Torsin, premier vice-président de ladouma russe, a proposé à ses collègues parle-mentaires que les citoyens de son pays puissent

désormais disposer de révolver à court canon afin de pou-voir se défendre en cas d'agression. Pour justifier son pro-jet de loi, il s'est appuyé sur l'exemple de la Moldavie où ceport d'arme est autorisé depuis une quinzaine d'années, cequi a fait baisser le nombre de victimes d'homicides de 8,39pour cent mille personnes en 1995 à 5,9 en 2007. Il a éga-lement insisté sur les ressemblances frappantes des com-portements des deux populations. Argument massue, il aconclu en s'exclamant: "Et pourtant il y a encore plus d'i-vrognes en Moldavie que chez nous ".

L'archevêque de Tomiss'est fâché, non pascontre la multiplication

des petits pains mais de celles desreliques douteuses à travers lepays, qui en compterait plus de2600, devant lesquels des centai-nes de milliers de fidèles viennents'agenouiller et prier… sansoublier de donner leur offrande.

Il a exigé que les églises etmonastères les détenant lesauthentifient désormais en présen-tant les documents prouvant leurorigine. Il s'est indigné qu'uneéglise de Suceava présente undoigt d'un apôtre du Christ sansqu'on n'ait jamais retrouvé decorps dans le secteur, que des moi-nes de Iasi exhibent aussi un doigt,cette fois-ci de Saint Jean Baptiste,acheté voici cinq ans dans un autrelieu de culte.

C'est la goutte de vodka qui a fait déborder le vase. Dorin Chirtoaca, le maire deChisinau, a mis à la porte trois hauts fonctionnaires, dont l'architecte de la capi-tale moldave, surpris en train de vider une bouteille de vodka pendant leurs heu-

res de service. En fait, les trois hommes étaient dans le collimateur du jeune édile qui leurreprochait leur corruption, incompétence et fainéantise, et était à l'affût du moindre prétex-te pour s'en débarrasser. La vodka a pourtant certaines vertus: un journal russe affirmequ’un bain de pied chaque soir dans une bassine de vodka chasse les mauvaises odeurs dela transpiration.

La goutte de vodkaReliques douteuses

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Traitements inadaptés,

Peu de Roumains ont vu le film de Cristi Puiu "La mort de MonsieurLazarescu", racontant les tribulations d'un des leurs compatriotes trimbalé d'unhôpital à l'autre sans être pris en charge et finalement laissé mourir. Pourtant, l'é-tat de leur médecine et la qualité des soins qu'ils en attendent les préoccupent auplus haut point. Les journaux débordent d'articles rapportant des cas de traite-ments inadaptés, de négligences et erreurs de diagnostic. En cas de grave affectionou d'intervention chirurgicale, les patients les plus fortunés préfèrent aller se fairesoigner à l'étranger, notamment à Vienne ou en Hongrie. Des familles, plus modes-tes, se cotisent pour y envoyer leurs malades.

Les Roumains ont perdu confiance dans leur système de santé. Il est courantde les entendre dire que les meilleurs médecins sont partis à l'étranger, queles examens universitaires leur permettant d'exercer sont arrangés, les bak-

chichs, une pratique quasi obligatoire pour être bien soigné, les meilleurs médicamentsinaccessibles… Mais ils sont encore plus horrifiés quand ils découvrent dans les médiasles "mal praxis" auxquels ils redoutent d'être eux-mêmes exposés. Un sentiment sans-doute injuste à l'égard d'une profession dont nombre de membres s'acquittent avec cons-cience de leur tâche, malgré des salaires dérisoires. Ces mauvaises pratiques concernentessentiellement les hôpitaux comme le relève la revue de presse ci-dessous, effectuée aucours du seul mois d'octobre et qui donne froid dans le dos. Ces cinq dernières années,986 médecins ont été accusés de mal praxis, 198 ont été sanctionnés et 11 congédiés.

Roumanie-Pays Bas à la télé plus important qu'un malade victime d'un infarctus

Ressentant de fortes douleurs à la tête, un habitant de Tecuci, 41 ans, s'est présentéà l'hôpital de la ville, le médecin lui conseillant d'avoir recours à la physiothérapie (mas-sages, exercices physiques, etc.). Il est revenu deux jours plus tard, avec le même pro-blème. Il a été interné puis envoyé à l'hôpital de Focsani pour subir des examens com-plémentaires. Revenu à Tecuci, il s'est présenté à nouveau à l'hôpital, ses résultats à lamain et ses maux de tête étant devenus insupportables. Les médecins ont refusé de s'oc-cuper de lui, car ils regardaient à la télévision le match de football Roumanie-Pays Bas.Sur ces entrefaites, le malheureux a été victime d'une crise cardiaque. Les médecins l'onfait transférer alors à l'hôpital de Galati. Après avoir été promené pendant trois jours d'unétablissement à l'autre, il est mort dans l'ambulance.

A Ploiesti, appendicite au lieu de méningite

Souffrant de douleurs persistantes à l'estomac, Giovanni Stana, 34 ans, s'est rendu àl'hôpital d'urgence de Ploiesti. Le médecin lui a donné quelques pilules et dit qu'il pou-vait rentrer chez lui. Les douleurs s'aggravant, il est revenu. Après quelques investiga-tions supplémentaires, le praticien l'a à nouveau renvoyé chez lui. Son état empirant, lemalade est retourné à l'hôpital une troisième fois. Les praticiens ont décidé alors de l'o-pérer de l'appendicite. Quelques jours plus tard, les symptômes n'avaient pas changé.Giovanni Stana a été transféré vers un établissement de Bucarest où on a détecté uneméningite. Aux dernières nouvelles, il était dans le coma.

Six mois de chimiothérapie pour rien

Ayant des difficultés respiratoires, Georgeta Teodorescu, 74 ans, diagnostiquéeinitialement avec une bronchite et de légers problèmes cardiaques, s'est présentée à l'hô-pital Saint Jean de Bucarest où on lui a fait passer des radiographies. Les médecins ontdécouvert qu'elle souffrait d'une grave affection du cœur et des poumons, la soumettantà un nouveau traitement.

Face à ces graves dysfonctionne-

ments, le président du collège des

médecins de Roumanie, Vasile

Astarastoae (notre photo) a indiqué

que "les erreurs médicales étaienthabituelles à travers le monde".Selon ses dires, on en compterait

500 000 chaque année, rien qu'aux

USA "dont 80 jambes coupées parerreur". Il a aussi rappelé le cas

d'Erica, une Roumaine de 38 ans,

qui a subi un curetage dans un hôpi-

tal de Bruxelles en septembre der-

nier alors qu'elle y était venue pour

réparer un tendon de la main. La

jeune femme, qui parlait mal fran-

çais, risque de rester stérile. Le pré-

sident du collège des médecins a

oublié toutefois de préciser que l'hô-

pital belge avait réagi immédiate-

ment, indiquant qu'il allait accorder

des réparations à la patiente.

En Roumanie, les intérêts des

victimes de mal praxis sont très mal

pris en compte. Les plaignants doi-

vent prendre à leur charge tous les

frais de procédure, les procès durant

plus de cinq ans, ce qui en découra-

ge beaucoup. Ces dix dernières

années, seulement cinq d'entre eux,

dont les cas avaient été abondam-

ment médiatisés, ont obtenu gain de

cause.

Cinq cas d'indemnisation endix ans seulement

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En observant attentivement les clichés, sa fille s'est renduecompte… qu'ils concernaient une autre malade. En outre appa-raissaient dessus une chainette et une croix en or, alors qu'il estinterdit d'effectuer des radiogra-phies avec des bijoux ou objetsmétalliques qui peuvent emmaga-siner les radiations.

Depuis qu'elle s'est plainte, laseptuagénaire, qui est toujourshospitalisée, est montrée du doigtpar le personnel. Elle a confié à safille que le service de radiogra-phie fonctionnait dans le chaos.Les patients ses bousculaient,attendant debout des heures, alorsque les employés semblaient sedésintéresser de ce qu'ils fai-saient, plaisantant entre eux.

Voici deux ans, un cas sem-blable avait été relevé dans le même service, une patienteayant été diagnostiquée et soignée pour un cancer avancé, surla base d'analyses appartenant à une autre personne. AdinaStan a subi ainsi six mois de chimiothérapie, ce qui l'a plongéedans une profonde dépression et a aussi entrainé la chute de sescheveux.

L'hôpital a tenté de se justifier en invoquant le manque depersonnel, indiquant que les assistants devaient pratiquer cha-cun jusqu'à 70 clichés par jour, bien au-dessus de la norme, leresponsable du service affirmant même "que l'inversion desclichés était une chose assez courante, mais vite réparée et neportant préjudice à personne".

Opéré de l'oreille gauche… alors qu'il souffrait de la droite

Après son opération à la clinique ORL de l'hôpital Colteade Bucarest, un habitant de la capitale, âgé de 79 ans, était sur-pris d'entendre moins bien qu'avant. Il y était entré pour subirune intervention sur son oreille droite, de laquelle il n'enten-dait pratiquement plus depuis son enfance, à la suite d'uneotite. Une tumeur y avait été détectée, le spécialiste préconi-sant son ablation.

Depuis plus de 50 ans, le Bucarestois s'en remettait à sonoreille gauche. Mais dans son lit d'hôpital, il avait le sentimentd'être devenu sourd et ne pouvait plus communiquer que parécrit. Il avait aussi l'impression d'avoir été opéré de sa seuleoreille valide. Comble du burlesque de la situation : il pouvaitparler mais n'entendait rien, alors que ses voisins de chambre,alimentés artificiellement, entendaient bien mais ne pouvaientpas parler !

Le Bucarestois fut convaincu de la tragique erreur dont ilavait été victime quand on lui a retiré son bandage, son oreillegauche saignant. Pour se justifier, le chirurgien, qui refuse dereconnaître son erreur, a indiqué qu'il avait découvert pendant

l'anesthésie une autre tumeur, plus importante, celle-ci à l'o-reille gauche, soulignant que le patient entendait aussi très malde cette oreille. "Ils me prennent pour un vieux gâteux!" s'est

indigné l'opéré. Interrogé surl'absence du consentement obli-gatoire donné par le malade, lepraticien se défend en soutenantqu'il avait son accord pour uneopération des oreilles d'un pointde vue général… sans qu'il soitprécisé laquelle.

Le Bucarestois qui se trouvedans un état de choc qui pourraitlui être fatal, n'a pu remplir lesdocuments lui permettant depoursuivre le chirurgien, la cli-nique ayant refusé de lui donneralors que c'est réglementaire.

Test de grossesse pourune adolescente morte de méningite

Dans la même clinique, un jeune homme de 24 ans, venuà la suite d'une sinusite, pour un curetage des sinus et mettreun terme à un foyer d'infection situé dans l'os maxillaire, s'estréveillé avec 14 dents en moins, alors que seulement 3 dentspeuvent être retirés au cours d'une telle intervention.

Le cas de Talida Varga (photo), 15 ans, lycéenne dePopesti (Oradea)est encore plusdramatique.

L'adolescentese plaignant demaux de tête, auretour d'une excur-sion avec sa classe,sa mère l'a condui-te chez le médecinqui a prescrit del'agocalmine, refusant d'appeler une ambulance alors que lessymptômes d'une méningite, exigeant une intervention immé-diate pour stopper l'évolution du virus, étaient déjà en place.La mère a alors appelé le 112, mais aucune ambulance n'étantdisponible, elle empruntait la voiture d'un voisin pour condui-re sa fille à l'hôpital de Marghita où on diagnostiqua un dys-fonctionnement biliaire.

Trois jours plus tard, l'état de la malade s'aggravant, lesmédecins suspectèrent enfin un cas de méningite et la pro-grammèrent pour un examen IRM… dix jours plus tard. Entretemps, Talida s'étant mis à vomir, ils soupçonnèrent égalementune grossesse et firent pratiquer un test. La lycéenne entraitdans un état comateux peu après. Sa mère a appris à la télévi-sion que les médecins avaient décidé de la débrancher car il n'yavait plus d'espoir. Elle a été enterrée le 19 octobre.

négligences et erreurs de diagnostic…

Les Roumains

Diagnostiquée avec une grave maladie du cœur et des poumons, Georgeta Teodorescu a mieux respiré quand

sa fille a découvert que ses radios n’étaient pas les siennes.

ont peur de leur hôpital

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Fraude à la sécurité sociale

Deux nouvelles personnes ont été arrêtées fin octobre dans une affaire defraude à la caisse roumaine d'assurance maladie. Elles sont accusées, auxcôtés d'une autre dizaine de pharmaciens, médecins et chefs d'entreprises,

d'avoir mis en place un système d'arnaque à la Caisse nationale d'assurance de santé(CNAS), la sécurité sociale de Roumanie. Les médecins concernés, parmi lesquelsfigure un psychiatre, prescrivaient de fausses ordonnances avant de les envoyer à despharmaciens qui falsifiaient à leur tour la signature du patient qui n'avait pas étéconsulté pour demander les remboursements auprès de l'Etat.

Les traitements prescrits étaient souvent très coûteux et les remboursementsconséquents. Au total, 4000 fausses ordonnances auraient été envoyées pour un pré-judice estimé à plus de 350 000 €. Depuis le mois de mars dernier, les procureurs ontentendu environ 700 personnes sur le nom desquelles ont été émises ces faussesordonnances sans qu'elles soient au courant.

La Commission nationale roumaine

de lutte contre le Sida a publié ses

dernières statistiques datées d'octobre

2012. Il y aurait 11 399 cas de séropo-

sitivité au VIH détectés en Roumanie,

dont 9475 malades du Sida, parmi les-

quels 237 enfants et un nombre parti-

culièrement élevé de consommateurs

de drogues par voie intraveineuse.

Parmi les malades, 7652 reçoivent un

traitement antirétroviral. En 2012, 543

nouveaux cas de VIH-Sida ont été

dépistés et 115 personnes sont décé-

dées de la maladie.

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Canettes de bière, bouteilles en verre…les "récupérateurs" ont chacun leur spécialité

Ala périphérie du secteur 6 de la capitale, Costel afait du ramassage de déchets son travail quotidien."Je récupère seulement des bouteilles en plas-

tique, elles sont mieux payées au centre de tri, 0,8 lei le kilo"(18 centimes d'euro), explique-t-il. Il s'est même fabriqué unepetite charrette qu'il remplit à ras bord. "Si les bouteilles sontbien pressées, le tout doit peser autour de 50 kilos", préciseCostel. Un seul transport lui rapporte environ 40 lei (8-9 €), etcertains jours, il réussit à en faire trois. Mais le travail n'est pasfacile - notamment à cause des chiens qui le suivent et lemenacent à chaque coin de rue. "Je vais chercher les bouteillesdans les poubelles ou chez les petits commerçants. Parfois, ily a même des personnes qui viennent m'en apporter".

Les poubelles de recyclage souvent vandalisées

Comme Costel, d'autres se sont spécialisés dans l'alumi-nium des canettes de bière, ou le fer et les bouteilles en verre,récupérés surtout par les Roms. Une fois ces "promenades" dequartier terminées, tout ce petit monde se retrouve à la sortieouest de la ville, dans un centre de tri privé, situé boulevardPreciziei. C'est là qu'ils transforment leur effort en argent."Jusqu'à 50 personnes viennent nous livrer des déchets recy-clables chaque jour. Nous prenons toutes les quantités. Maisnous avons également des contrats avec 400 entreprises"explique Ghita Silitra, responsable de cet énorme dépôt de2000 mètres carrés. I1 ne finit pas sa phrase qu'une voitures'arrête devant l'entrée. Vasile Savut, la soixantaine, ramène88 kilos de papier. Ce retraité recycle depuis tout jeune.

Pas pour l'argent - il ne percevra que 15 lei - mais pourl'environnement. "Je préfère apporter mes déchets ici au lieude les déposer dans les containers mis à disposition par lamairie. Une fois, j'ai vu un camion tout mélanger, je ne leurfais pas confiance", lance-t-il. Dans tous les secteurs de lacapitale, ces containers pour le papier, le verre et le plastiquesont mis à la disposition des habitants. Rien que dans le sec-teur 6, on en compte 350. "Les coûts pour vider les containers

au moins une fois par semaine sont très élevés. Or, ces der-niers temps, nous les retrouvons souvent vides", déplore AdelaGiubega, cadre chez Urban SA, la société qui s'occupe du sec-teur 6. "En plus du vol, les poubelles de recyclage sont souventvandalisées. Les remplacer nous coûte 500 euros par unité,c’est démotivant”.

Dans le secteur 3, une partie de ces containers ont été rem-placés par d'autres plus solides, mais la concurrence reste toutaussi dure. "Nous faisons la même chose que ces personnes,c'est-à-dire que nous vendons les déchets générés par la popu-lation aux centres de tri. Tout tourne autour de l'argent",explique Alexandru Apostol responsable du département recy-clage à Rosal Grup, la société en charge du secteur 3.

"Une fois le tri terminé, les déchets sont ballottés et ven-dus partout dans le pays, ou à l'étranger. Dans les usines deRoumanie, on traite notamment tout type d'emballages enplastique, mais il y a également un grand intérêt pour le verrequi est recyclable à 100%" précise-t-il.

Seulement 1 % des déchets ménagers recyclés

A cause du ramassage "non officiel", les pertes pour cessociétés sont très nettes: si Urban collecte 45 tonnes de cartonet papier en un mois, près de 1000 tonnes arrivent dans le cen-tre de tri. "En 2002, nous traitions seulement 40 tonnes dedéchets recyclables par mois, aujourd'hui nous en sommes àl500 tonnes", souligne Ghità Silitra. Soigneusement sélection-nés et ballotées, presque tous ces déchets partent pourl'Autriche, l'Allemagne, la Grèce, la Turquie ou même laChine, afin d'être recyclés. "C'est mieux payé et ils sont plusponctuels qu'ici. Nous avons un seul contrat en Roumanie,avec une usine de Calarasi", conclut Ghità Silitrà.

En Roumanie, la moitié des déchets ménagers sont recy-clables. Or, selon un rapport Eurostat de 2009, seul 1 % de cesdéchets sont effectivement recyclés. A l'horizon 2020, le paysdevra recycler la moitié des déchets ménagers, quel que soitleur matière. Mihaela Carbunaru

Conçue par l'architecte Ileana Mavrodin, une construction écolo-gique du village de Sasca, dans le Banat, a été classée dans letop 10 des plus belles réussites mondiales des maisons COB,

aux côtés d'autres habitations du Canada, des USA, de Grande Bretagne,d'Ukraine et d'Afrique du Sud. Les maisons COB doivent s'intégrer dans lanature, employer ses matériaux (sable, argile, paille, eau) pétris comme dupain. Elles sont réalisées sans coffrage, briques ou parpaings, ni produitschimiques, permettent de redécouvrir les métiers traditionnels et présententune résistance exceptionnelle aux tremblements de terre et autres séismes.

543 nouveaux cas de VIH-Sidadétectés en 2012

La traque aux ordures à Bucarest

Maison COB dans le Banat

27 % des médecins qui exercent

aujourd'hui en France ont fait leurs

études à l'étranger. Parmi eux, 17 %

viennent d'Algérie, 16,8 % de

Roumanie, 9,9 % de Belgique, 6,1 %

de Syrie, 6 % du Maroc, 4,9 % d'Italie,

4,1 % d'Allemagne, 2,5 % de Tunisie,

2,3 % de Madagascar et 2 % du

Liban. 23 % des dentistes installés en

2011 ont étudié hors de France. Sur

les 1 232 nouveaux inscrits en 2011 à

l'ordre des dentistes, 283 sont titulai-

res de diplômes étrangers. En 2010,

ils étaient 169 sur 1 050 inscrits.

Les cinq pays les plus pourvoyeurs

en 2011 sont la Roumanie (146 prati-

ciens dont 3 de nationalité française),

l'Espagne (38 praticiens), la Belgique

(21), le Portugal (14) et la Pologne (8).

Tous ces praticiens, qu'ils soient

médecins ou dentistes, ne sont pas

forcément Roumains. Il peut s'agir d'é-

tudiants français ayant obtenu leur

diplômes en Roumanie.

Les Français de plusen plus soignés par des Roumains

A savoir

Tel père, tels fils…

Teodor Traian Maghiar et MariusAdrian Maghiar, recteurs de l'universitéd'Oradea et doyen de la faculté de méde-cine de cette ville, fils de l'ancien recteurde la même université,Teodor Maghiar, ontété mis en examen parles procureurs du par-quet de la Haute Courde Justice et deCassation pour avoirdélivré une quarantainede diplômes entre 2004et 2007, allant de lalicence au doctorat, àdes étudiants italiensqui n'étaient pas inscrits dans leurs éta-blissements et n'y ont jamais suivi lemoindre cours. Leur père, décédé fin sep-tembre, leur avait montré l'exemple étantaccusé et condamné à 8 ans de prisonpour avoir délivré lui-même contre espè-ces trébuchantes 76 documents faux,échappant à l'accomplissement de sapeine en faisant appel. Quand il était rec-teur, il avait trafiqué également le nomb-re d'étudiants fréquentant son universitépour obtenir une dotation de l'Etat plusimportante.

Peu de diplômés

Avec seulement 20,4 % des person-nes âgées de 30 à 34 ans possédant undiplôme universitaire en 2011, laRoumanie compte parmi les pays euro-péens où le nombre d'individus avec desétudes supérieures est le plus bas. C'est

une des conclusions de l'Eurobaromètrepublié récemment par Euractiv.

L'objectif fixé par la StratégieEurope 2020 est de 40 % pour l'ensembledes 27 pays communautaires. Les paysles mieux placés dans ce classement sont

l'Irlande (49,4 %), leLuxembourg (48,2 %),la Suède (45,7 %) et laFrance (43,4). Derrièrela Roumanie se situel'Italie avec 20,3 %diplômés d'université.La Roumanie estdevancée par tous lespays ex-communistes(Bulgarie 27,3 %,Slovaquie 23,4 %,

Hongrie 28,1 %, Pologne 36,9 %).

Journée de la relève à Bucarest et Craiova

Le 20 novembre, la délégation rou-maine de l'ONG Terre des hommes acélébré la Journée internationale desdroits de l'enfant à Bucarest et dans ledépartement de Dolj (Craiova).L'événement en Roumanie a été baptisé"Journée de la relève" (Ziua Stafetei), carles enfants ont pris les commandes decertains postes en situation profession-nelle réelle. Une cinquantaine d'enfantsâgés de 12 à 18 ans ont été sélectionnéspour "remplacer" des adultes dans leurtravail quotidien. L'occasion pour euxd'exercer des métiers dont ils rêvent, telsque comédien, contrôleur aérien, tra-vailleur social, avocat, médecin ou enco-re ambassadeur.

Enseignement

Dans la famille Maghiar, voici le père,Teodor et son épouse, Marioara.

Environnement

Les récupérateurs de déchets ménagers recyclables se retrouvent un peu partout dans le pays. Ils cherchent du plas-tique, du fer ou du verre, et font un travail de ramassage régulier, souvent aux dépens des sociétés privées de collecte quiont un contrat avec les mairies. Reportage à Bucarest où chaque habitant génère environ 350 kilos de déchets par an.

CALARASIl

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Minorités

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Les policiers roumainspourront arrêter

2500 agents roumains vont prendre des cours de romani, la langue desRoms. Une mesure censée limiter la criminalité et freiner l'émigration de cettecommunauté souvent discriminée.

Besh Pichtan Police!": "Police, on vous arrête!" C'est en romani, la lan-gue parlée par les Roms, que les policiers roumains pourront désormaisinterpeller ces derniers! Est-ce vraiment un progrès ? C'est officiellement

pour "améliorer" leurs rapports avec cette minorité que plus de 2500 policiers deproximité s'apprêtent à suivre des cours de romani. "Ce rapprochement a pour butde mieux connaître les causes qui génèrent la criminalité", affirme le commissairechargé du projet, Mihai Pruteanu.

La Roumanie compte 2 des 10 millions de Roms vivant en Europe. A Barbulesti,un village du sud du pays peuplé de 7000 Roms, cette marque d'ouverture de la partde la police semble bien accueillie. "Nous avons fait l'effort d'apprendre le roumain,c'est bien de voir qu'un grand nombre de policiers vont faire l'effort d'apprendrenotre langue. C'est un signe de respect envers nous, affirme Ion Cutitaru, l'ancienmaire de Barbulesti. Pour montrer l'exemple aux plus jeunes, j'ai moi aussi décidéde retourner au lycée à 60 ans".

Cette volonté d'améliorer les rapports tendus entre les forces de l'ordre et uneminorité encore discriminée tient surtout à la pression internationale. Les autoritéshelvétiques, confrontées à une vague migratoire de Roms, financent ainsi ce projetde police de proximité à hauteur de 1,6 million d'euros. Il sera mis en œuvre avecl'appui de l'académie de police de la ville suisse de Savatan et l'université de Genève.

Une démarche positive alors qu'en Roumanie les rapports entre les différentespopulations connaissent un regain de tension. Le 3 octobre, les deux députés d'origi-ne rom du Parlement de Bucarest ont proposé un projet de loi visant à amnistier toutindividu condamné à moins de six ans de prison. "Peut-on mettre sur le même planun Roumain qui vole pour s'enrichir avec un Rom qui vole trois bananes?", a lancél'un des députés, Madalin Voicu commentant "les Roumains sont des lâches et destraîtres, les Roms ne le sont pas". Une violente provocation qui en dit long sur lestensions ethniques du pays. Les 2500 policiers de proximité qui parleront bientôt lalangue rom n'auront pas une mission facile. Au moins pourront-ils communiquerdirectement avec une communauté habituellement repliée sur elle-même.

Mirel Bran

De grands noms du football roumain,

impliqués dans des trafics concernant le

transfert de joueurs, ont été condamnés

à de la prison ferme, début novembre,

par la cour d'appel de Bucarest.

L'homme d'affaires Ioan Becali (cousin

de Gigi Becali, patron du Steaua de

Bucarest) a ainsi écopé de huit ans de

prison ferme. Certaines transactions illé-

gales avaient été effectuées lors du

transfert de joueurs vers des clubs

étrangers, soit un préjudice de 1,5

million de dollars pour l'Etat, et de 10

millions de dollars pour quatre clubs.

L'ancien directeur de l'équipe Dinamo

de Bucarest, Cristian Borcea, a été

condamné à sept ans de prison ferme.

L'actionnaire majoritaire de l'équipe du

Rapid de Bucarest, le milliardaire

George Copos, a écopé de cinq ans

ferme, le manager du Steaua, Mihai

Stoica, de quatre ans et le capitaine de

l'équipe nationale, Gica Popescu, de

trois ans. Et la liste est longue: l'homme

d'affaires Victor Becali (frère de Ioan) a

été condamné à sept ans de prison et

Gigi Netoiu, ancien actionnaire du

Dinamo, à trois ans. Tous ont cependant

fait appel, ce qui

suspend l'exécu-

tion de leur peine.

C'est la première

fois que des sen-

tences aussi lour-

des touchent le

monde du football

roumain.

En première

instance, tous les

accusés avaient

été blanchis, le tribunal estimant que le

délit n'existait pas. La Direction

Nationale Anti-corruption (DNA) avait

alors fait appel de la décision.

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CHISINAU

CLUJ

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Prison requise pour les magouilleurs du foot

GHERLAl les Roms… dans leur langue

Dans un jugement définitif et non susceptible d'appel, la HauteCour de Cassation et de Justice de Roumanie a conclu que l'ar-chevêque de Suceava et Radauti, l'IPS Pimen, 83 ans, une des

plus grandes figures de l'église orthodoxe, avait bien collaboré avec laSecuritate, confirmant ainsi les sentences précédentes qu'il avait contestées,en faisant appel. Sous le nom de code de Sidorovici, Pimen avait été infor-mateur auprès de la Securitate de Suceava, faisant des rapports sur les étran-gers fréquentant le monastère de Putna, dans les années 75-77, continuant sacollaboration après sa nomination à Suceava. Puis, sous le nom de code dePetru, il a officié lors de déplacements à l'étranger, notamment en Allemagnede l'Ouest, pour le compte de la DIE (Direction des Informations Externes,

soit services d'espionnage et contre espionnage). En 1977, il avait été inclus au seind'une délégation de la Patriarchie roumaine en visite en "Galaxie" (nom de code desUSA), dans le cadre de l'action "Riposta 77", visant l'écrivain dissident Paul Goma,qui sera ultérieurement l'objet d'une tentative d'assassinat à Paris.

Pimen était bien un informateur de la Securitate

Sûr que la police avait bien besoin de renouveler son parcde voitures... peut-être pas au prix où a été signé le contrat.

Voilà ce qui reste d’une voiture achetée 70 000 euros l’unité.C’est la faute à qui?

Pas facile de toujours montrer l’exemple. Une plaque de verglas, çà va, trois plaques... bonjour les dégâts !

Des voitures qui rassurent: “Police... Sécurité et confiance”

La dure sagades hommes en uniforme

Pour être policier... on n’en est pas moins homme.

RADAUTI

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Connaissance et découverte

G.K. : Comment en êtes-vous venu à traduire de la lit-térature francophone ?

N.R. : J'ai appris le français en famille, grâce à ma tante,qui était actrice, ainsi que professeur de français et d'italien.Au collège déjà, je traduisais Le rire de Bergson, Le capitai-ne Simon de Paul Féval, Les Grands Procès de l'Histoire deHenri Robert, etc. Je possède encore mes cahiers!

G.K. : Et Simenon ?N.R. : Je travaillais depuis 15 ans avec l'agence littéraire

Kessler de Bucarest. Les éditions Polirom cherchaient un tra-ducteur disposé à adapter Simenon en roumain. L'agence litté-raire Kessler, qui connaissait mes goûts et, en particulier, monpetit faible pour Simenon, nous a mis en relation.

G.K. : Quel plaisir trouvez-vous à traduire Simenon ?N.R. : Il ne s'agit plus d'un plaisir, mais d'une véritable

drogue. L'atmosphère, apparemment imaginée sans efforts parSimenon, est miraculeusement envoûtante. Les personnagessont d'une telle diversité que cela déclenche en moi uneréjouissance presque vicieuse. C'est vraiment passionnant dese laisser guider, de manières diverses et souvent sournoises,dans une nouvelle affaire par le "raccommodeur de destinées"[ndlr: surnom du commissaire Maigret].

G.K. : Simenon utilise une langue simple. Avez-vous eucependant des difficultés pour rendre certaines expressions?

N.R. : Je n'ai rencontré que des difficultés courantes.

Deux semaines pour un Maigret

G.K.: Combien de temps pour traduire un "Maigret" ?N.R.: J'ai besoin de dix à douze jours. Mais je ne travaille

pas toute la journée sur le même ouvrage. Je commence géné-ralement avec un "Maigret" le matin, à sept heures, et je m'in-terromps vers midi. S'il m'est nécessaire de me documenter,j'use la plupart du temps de toutes les sources disponibles.

G.K.: Simenon a été traduit en roumain pour la premiè-re fois, en 1932. Avez-vous lu les traductions de vos confrè-res roumains et eu des contacts avec certains d'eux ?

N.R.: Je ne jamais lu les autres traductions des livres deSimenon, ni rencontré mes confrères.

G.K.: Depuis 2004, vous avez traduit 57 "Maigret"…

N'éprouvez-vous pas un sen-timent de lassitude ?

N.R. : Non, c'est toujoursune joie renouvelée.

G.K.: Avez-vous prévu detraduire tous les "Maigret" ?

N.R.: L'éditeur Polirom aeffectivement pour ambitionde publier toute la série desMaigret. Je lui ai déjà proposéles six prochains titres.

G.K.: Pourquoi n'avez-vous jamais traduit un roman deSimenon sans Maigret ? Est-ce prévu dans le futur ?

N.R.: J'ai traduit, en 1985, L'aîné des Ferchaux, pour moi-même. Je n'ai jamais proposé ce roman à une maison d'édition.Peut-être, le soumettrai-je un jour à Polirom...

Un tirage de 4000 à 4500 exemplaires

G.K.: Quel est le tirage d'un "Maigret" en roumain etquel est aujourd'hui la popularité de Simenon en Roumanie?

N.R.: Je ne connais pas exactement le tirage actuel, maisil doit se situer autour de 4000 à 4500 exemplaires. Si Poliroma décidé de faire paraître toute la série des Maigret, c'est qu'ildoit y avoir un public qui réclame les livres de Simenon. Ànoter que la maison d'édition Adevarul Holding a, elle aussi,publié quatre titres de Simenon: Le chat et La maison ducanal en 2009, La première enquête de Maigret et Maigretet la vieille dame en 2011. Je compte pour ma part proposer àPolirom de traduire les romans "sans Maigret".

G.K.: Finalement, que pensez-vous de l'adage italientraduttore traditore, que l'on peut rendre en français par tra-ducteur traître (a traduce înseamna a trada) ?

N.R. : Cet adage est assez juste et, en ce sens, je pourraisêtre considéré comme faisant partie des plus grands traîtres, vule nombre élevé de mes attentats. Je puis toutefois vous assu-rer que je m'efforce de rester un amoureux fidèle aux textes deSimenon, cherchant à ne jamais trahir l'idée, à ne pas écorcherle style.

Geoffroy Kursner

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SLOBOZIA

TÂRGOVISTE

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Georges Simenon est de ces romanciers que l'on ne présente plus, l'un des pluslus au monde. Cet auteur belge, né en 1908 à Liège et décédé à Lausanne en 1989,a écrit plus de quatre cents romans vendus à plus de cinq cent millions d'exemplai-res. Créateur du célèbre commissaire Maigret, Simenon a été adapté à de multiplesreprises à la radio, au cinéma et à la télévision et a été traduit en plus de cinquan-te langues, dont le roumain.

Ànotre connaissance,c'est en 1932 queparaît la première

traduction dans la langue deCioran d'un livre de Simenon, àsavoir La femme qui tue(Femeia care ucide), écrit sousle pseudonyme de Georges Sim.D'ailleurs, l'année suivante,Simenon entreprendra un longvoyage en Europe de l'Est et nemanquera pas de visiter laRoumanie. Il se souviendra dece périple, de même que desquelques pensionnaires rou-mains accueillis par sa mère,lorsqu'il imaginera des romans mettant en scène des personnages roumains: Crimeimpuni (l'étudiant Michel Zograffi), L'Amie de Madame Maigret (le dentisteFloresco), Le Locataire (l'étudiant Plutarc Velasco), etc.

Mais c'est surtout à partir des années 1960 que les traducteurs roumains s'escrime-ront régulièrement sur les romans de Simenon. Cependant, bien que le roumain soitapparenté au français (famille des langues romanes) et que Simenon use d'une languerelativement simple, ils se rendront rapidement compte que traduire Simenon n'est pasune tâche aussi aisée. Quant à ces dernières années, les traductions roumaines desromans de Simenon sont principalement l'œuvre de Nicolae Constantinescu. GeoffroyKursner s'est entretenu avec ce spécialiste de la littérature francophone, qui a notam-ment traduit Alexandre Dumas, Honoré de Balzac, Jules Verne, Victor Hugo, FrançoiseSagan, mais aussi Tonino Benacquista ou Brice Pelman, et qui voue un culte à GeorgesSimenon :

De Balzac à Françoise Sagan, 300 livres traduits

Geoffroy Kursner: Nicolae Constantinescu, pourriez-vous nous résumer votreparcours ?

Nicolae Constantinescu: Je suis né à Targoviste, à 80 km de Bucarest, en 1952. J'aisuivi des études de théâtre et suis devenu acteur au Théâtre Bulandra. En 1982, j'ai obte-nu à Bucarest un diplôme de traducteur spécialisé dans trois domaines, soit la littératu-re, l'art et l'histoire. Je suis également auteur de nouvelles de science-fiction, dont cer-taines ont été couronnées par des prix. J'ai été rédacteur en chef du magazine Sfinx(1990), rédacteur auprès de l'éditeur ZZ Bucarest (1994-2004), secrétaire de rédactionchez l'éditeur Domino (Targoviste, 1995-1998), président de la filiale Dambovita de laLigue culturelle Roumanie-France (1998-2003), conseiller littéraire et coordonnateur deséries pour les éditeurs Lucman et Pro Editura (Bucarest, 1997-2002). Je suis actuelle-ment rédacteur coordonnateur de Pro Editura (2004), membre de l'Union des Écrivainsde Roumanie (2006), rédacteur en chef de Pro Editura, directeur éditorial de la maisond'édition Paralela 45 (2009), Enfin, je mène aussi une activité de conseiller littérairedepuis 2010 et ai traduit à ce jour, principalement du français, plus de 300 livres…

Aurelia Dutu a réuni l'été dernier

la liste des musées de Bucarest et

de province, ainsi que celle des mai-

sons mémoriales d'écrivains ou d'ar-

tistes qui disposent d'un site internet.

Grâce à cette belle initiative, on peut

désormais les visiter et les découvrir

avec de splendides images panora-

miques permettant d'en effectuer un

tour virtuel… depuis son fauteuil ou

devant son écran d'ordinateur: Il suf-

fit de cliquer sur http://www.cimec.ro/muzee/muzee-cu-tur-virtual.htmlet de suivre le lien. La présentation

et les images des musées roumains

peuvent aussi être regardées sur:

http://ghidulmuzeelor.cimec.ro/sel.asp

ainsi que les tours virtuels des plus

grands musées du monde sur:

http://www.googleartproject.com/

Les musées roumains... depuis son fauteuil

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CHISINAU

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Littérature Nicolae Constantinescu

Simenon a aussi son

a traduit 52 Maigret

Sur les pas des écrivains roumains

Faire connaître la Roumanie par son histoire littéraire, sonder son âme faite d'ombre et de lumière, sa culture multiforme,ses visages surprenants où se côtoient la richesse intérieure des hommes et la splendeur des paysages, apprendre à l'ai-mer ainsi que son peuple : voilà les objectifs de Bernard Camboulives. Connaissant bien la Roumanie, l'auteur a voulu

faire connaître ce pays par ses écrivains, parcourant ainsi l'histoire des Roumains et de leurs luttes. Dans un premier temps, il pré-sente les différentes périodes de la littérature roumaine de ses origines à nos jours. Il s'attelle ensuite à travers ses lectures à cernerles principaux écrivains traduits en français ou y ayant écrit directement tout en conservant une thématique roumaine. Toutes cesrencontres littéraires d'auteurs roumains se poursuivent et l'auteur continue à les partager avec ses lecteurs…

Outre une abondante bibliographie, sont ainsi présentés de nombreux écrivains marquants. Parmi eux: Mihai Eminescu, MihailSadoveanu, Liviu Rebreanu, Eugen Ionesco, Mihail Sebastian, Gherasim Luca, Mircea Cartarescu, Herta Müller et la toute derniè-re de ces écrivains, Florina Ilis...

Sur les pas des écrivains roumains, Bernard Camboulives, Editions Vaillant, 200 pages, 18 €, www.editionsvaillant.net.

public roumain

Le grand acteur

roumain Iurie Darie

est mort à 83 ans,

samedi 10 novem-

bre à Bucarest.

Iurie Darie a joué

dans plus de qua-

rante films, notam-

ment la célèbre

série de comédie Brigada Diversa. Il

a également collaboré avec les plus

grands réalisateurs de cinéma du siè-

cle dernier. Darie est par ailleurs

reconnu comme comédien de théât-

re, c'était un habitué des planches de

Bucarest, et a reçu un prix récompen-

sant sa carrière en 2009, au festival

de comédie roumain Fest-CO. Il a été

enterré au cimetière Sfânta Vineri.

Disparition du comédien Iurie Darie

Nicolae Constantinescu ne s'intéresse pas qu'à Maigret…Il a aussi traduit en français Dumas, Balzac, Victor Hugo,

Jules Verne, Françoise Sagan.

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Au-delà des collines, du réalisateur roumain Cristian Mungiu est sorti en sal-les en France, le 21 novembre. Ce long métrage a obtenu le prix du scénario et ledouble prix d'interprétation féminine à Cannes en mai 2012 pour les deux actri-ces Cosmina Stratan et Cristina Flutur. "Mungiu fait honneur à son art. Le ciné-ma semble avoir été inventé pour lui, est un miracle" s'enthousiasme Eric Neuhoff,critique cinéma au Figaro.

Il faut faire toutes sortes de choses dans la vie. Comme d'aller voir un film rou-main qui dure deux heures et demie. Il y a un couvent. Il est perdu dans lescollines. Alina vient y chercher Voichita pour la ramener en Allemagne.

Problème: cette dernière a rencontré Dieu. Rude concurrence. Elles se connaissentdepuis l'école maternelle. Elles sont amies, et même un peu plus. Alina ne se plie pasà la règle. Il en résulte mille tourments. Cela fait peur comme un ciel de tempête, pro-duit des prières et des cris, sème le doute et la perturbation. De menues silhouettes noi-res trottinent dans la cour. Les nonnes portent de curieux petits chapeaux ronds.

Chuchotements et corvées de patates

C'est un monde clos que celui d'Au-delà des collines de Cristian Mungiu. Y pro-spèrent espérances et frustrations. L'intruse supplie, s'emporte. Elle profane le mauso-lée, jette l'icône par terre. On la sent animée par une force inconnue, habitée d'uneénergie farouche. Les mains se frôlent. Les regards s'évitent. Les tâches domestiquescontinuent. Pas d'électricité. Dans cet univers frugal, les chambres s'éclairent à la bou-gie. La lumière vient du dedans. Chuchotements et corvées de patates. La situationdépasse ce pope hirsute et barbu qui tient au bout d'une fourche cette étrangère auxyeux intenses, aux paroles de lave. Son ancienne famille d'accueil la repousse. Lademoiselle n'arrête pas de s'évanouir. À l'hôpital, les médecins ne la gardent pas.

Qu'est-ce qui se cache derrière tout ça? Le diable, probablement. Qu'est-ce quec'est que cette façon de critiquer les rituels orthodoxes? La liste de ses péchés s'allon-ge. Les esprits s'affolent. La communauté séquestre la "possédée". On la bâillonne,l'enchaîne à une croix faite de planches devant sa compagne désemparée. L'amour estune triste nécessité. Les prières se chevauchent dans un vaste désordre. On se deman-de à quoi la foi peut bien servir. On en profite généralement assez peu. L'absolu sur-git dans des paysages pelés, déserts. Le mystère souffle avec un bruit de branches mor-tes. Jusqu'où peut-on aller pour quelqu'un? Les sentiments peuvent-ils se partager?

Mungiu est moral par sa très grande bonté. Il ne choisit pas la solution facile. Sonfilm, touché par la grâce, est d'une puissance rarissime, d'une simplicité sans égale. Làoù d'autres emploieraient de graves majuscules, il parle sa langue naturelle. C'est celledu cinéma, de l'intelligence, de la sensibilité.

Une vérité plus haute

Ses héroïnes sont si vraies, si uniques, qu'elles ont renversé le public du Festivalde Cannes. On en garde la vision d'une énigme. Soudain, voici l'hiver. Une sorte desilence baigne la campagne. La neige glace les cœurs, voile les champs de blancheur.La tragédie frappe à la vitesse d'un essuie-glace sur un pare-brise souillé de boue.Peut-être que c'est Dieu qui gagne, qu'il n'a pas besoin des hommes d'église. On respi-re là-dedans un air différent, plus pur. On y atteint à une vérité plus haute. Il règne surl'écran la sereine plénitude du talent. Mungiu fait honneur à son art. Le cinéma sem-ble avoir été inventé pour lui. Au-delà des collines est un miracle. Voilà. C'est tout.

Eric Neuhoff (Le Figaro)Au-delà des collines de Cristian Mungiu avec Cosmina Stratan, Cristina Flutur…

2 h 30

"Crud si gatit", le dernier projet

de film de Gabriel Achim, a remporté

le prix du meilleur scénario, décerné

par l'Institut du film méditerranéen

(MFI) dans le cadre de la 53ème édi-

tion du Festival international du film

de Thessalonique. "Crud si gatit"sera une coproduction entre la

France, la Roumanie et l'Allemagne.

Le film racontera la dernière aventure

de Ceausescu, sous forme d'un road

movie burlesque.

l

CHISINAU

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"Le cinéma semble avoir été

inventé pour Mungiu"Cinéma Un miroir de la Roumanie

tendu par le réalisateur

La projection d'Au-delà des collines en a dérangéplus d'un lors de sa projection en Roumanie, carson réalisateur met son pays natal en face de lui-

même commente le quotidien Adevarul. Vous vous rappelez lefait divers de Tanacu, en Roumanie, en juin 2005, quand unejeune fille est morte dans unmonastère, à la suite des séancesd'exorcisme qu'elle avait subies?Parce qu'elle était "possédée"? Lapresse européenne en a beaucoupparlé, essayant de comprendrecomment cela avait pu arriver, sanstrouver de réponse satisfaisante. Ehbien, le film ne l'explique pas nonplus, et pourtant, croyez-moi, vousallez le regarder avec passion.

"Au-delà des collines" a lemérite de ne pas rester cantonné aufait divers tragique, mais au contrai-re d'aller chercher en profondeur. De la même façon, il ne pré-tend pas désigner des coupables, ni noircir les personnages, nipointer un doigt accusateur. Si, dans la presse, DanielCorogeanu, le prêtre du monastère de Tanacu (libéré endécembre 2011 après avoir purgé les deux tiers de sa peine),semblait être un personnage maléfique, dans le film, il n'est nicaricaturé, ni diabolisé. Il est humain et plein de bonnes inten-tions, même s'il est vrai que les moyens par lesquels il essaie

de faire du bien (en exorcisant la jeune fille venue au monas-tère afin de rendre visite à une ancienne amie d'enfance) sontinadéquats et, par conséquent, désastreux.

Au-delà du fait divers, le film nous met en face de laRoumanie d'aujourd'hui - un pays tributaire des esprits intoxi-

qués, notamment par le poison de lareligion, qui sont eux aussi coupa-bles de la situation dans laquellenous nous trouvons. Voilà laRoumanie, où les médecins soutien-nent qu'un malade arrivé à l'hôpitalà la suite d'une crise de nerfs auraitplutôt sa place dans un monastère,où il sera "soigné" avec des prièreset des lectures des psaumes.

Une Roumanie où les prêtresorthodoxes pensent qu'un croyantpèche rien qu'en entrant dans uneéglise non orthodoxe ! En consé-

quence, le miroir que Cristian Mungiu promène devant nosyeux ne peut pas nous donner un sentiment de bien-être, carnotre visage n'a pas un joli reflet. Résultat : soit on y trouvematière à réflexion, soit on considère que le film est fantasque,menteur. Hélas, les esprits empoisonnés, pas rares chez nous,ont développé un excellent système de défense...

Cezar Paul-Badescu (Adevarul) Repris par Le Courrier International

Les aventures de Ceausescu

La communauté religieuseorthodoxe qui sert de creusetau drame d'Au-delà des colli-

nes recèle des ingrédients typiques d'unesecte. Son fondateur tout d'abord, c'est unancien électricien. À la suite de l'appari-tion d'un "ange" sur son lieu de travail, ilse sent investi d'une mission. Il devientprêtre et fonde sa propre communautéreligieuse. Par un pouvoir assez obscur etbien rendu dans le film, il tient sonmonde sous sa coupe.

Cette ascendance sur les autres repo-se sur une manipulation. Il affirme déte-nir - derrière l'iconostase, ce mur d'icône

infranchissable dans l'Église orthodoxepour qui n'est pas prêtre - une icône mira-culeuse… Personne ne peut la voir et ilva mystérieusement y puiser son inspira-tion. Deuxième caractéristique de lasecte: ce prophète est en rupture avec sonévêque, donc avec l'Église orthodoxe.

Vient ensuite l'illuminisme. Celui duprêtre et celui des religieuses. Elles sontfascinées par le prêtre, appelé "papa" etse trouvent emprisonnées dans une reli-gion archaïque où le respect des pratiqueset la récitation des formules sont censés"sauver". Presque autant que la foi purequi apparaît d'ailleurs, dans le film, plusobnubilée par la présence du "mal" quepar celle de Dieu. D'où l'importance de laconfession scrupuleuse des péchés auseul Père. Selon un manuel où ils sontdéfinis et numérotés de 1 à 464…

Remède de cheval

Rien d'étonnant donc pour qu'une

déception personnelle de l'héroïne, ali-mentant une faiblesse psychologique, soitalors interprétée par le gourou et ses sui-veuses comme une "possession diabo-lique". Et qu'une fois avérée l'impuissan-ce de la médecine devant sa dépressionprofonde, lui soit appliqué, sans gant nidiscernement - et hors des règles cano-niques qui encadrent strictement ces pra-tiques - le remède de cheval de… l'exor-cisme! Comme la sujette a du caractère, ilfaut la contenir par des contraintes phy-siques dignes du Moyen Âge. Soit uneviolence physique et psychologiquepresque animale. Les âmes sensiblesferont donc vraiment mieux de s'abstenir.

Au total, le film n'apprend rien sur lafoi orthodoxe parce qu'il en est une cari-cature. Mais celle-ci a existé. Le fait réelqu'il relate rappelle que cette Église chré-tienne souffre, encore, dans les contréesles plus reculées de l'ancien empire sovié-tique, d'une grave carence de formationintellectuelle de ses prêtres. E.F.

lVASLUI

Sidonie Mézaize, jeune profession-

nelle de l'édition, a ouvert les portes

de sa librairie fin novembre, en pré-

sence de l'écrivain Pascal Bruckner.

Invité par l'Institut Français de Buca-

rest à l'occasion du salon du livre

Gaudeamus, il a rencontréson public

lors d'une séance de dédicace. Située

dans une charmante petite maison de

la rue George Enescu, au numéro 8,

la librairie Kyralina tire son nom de

l'œuvre Kyra Kyralina, de l'écrivain

roumain de langue française Panaït

Israti. Selon Sidonie Mézaire, la mis-

sion première de sa librairie sera de

"combler un manque dans l'offre delivres de qualité" à Bucarest, et d'ou-

vrir un lieu d'échanges entre les litté-

ratures française et roumaine "enencourageant les traductions dans lesdeux sens". La librairie attend un

important fonds de livres en français

(neufs et d'occasion), mais également

en roumain et en allemand, ainsi

qu'un espace jeunesse. Cette initiative

est le résultat d'un projet mûri depuis

près de deux ans, soutenu financière-

ment grâce à d'une bourse de

30 000 € de la Fondation Lagardère.

Librairie francophoneà Bucarest

Au-delà des Collines… diable de film !

Cinéma

Une secte pas très orthodoxe

Des personnages ni caricaturés, ni diabolisés.

Cristian Flutur et Cosmina Stratan lors de la remise de leurs trophées à Cannes, en mai 2012.

Connaissance et découverte

Deux chefs-d'œuvre: 4 mois, 3 semaines, 2 jours,palme d'or à Cannes en 2007 et Au-delà des colli-nes , prix du scénario cette année… À 44 ans,

Cristian Mungiu s'impose comme un grand cinéaste, un vraisurdoué. Enfant de 1968, il appartient à ces générations nom-breuses nées de la politique nataliste de Ceausescu et du déc-ret de 1966 interdisant l'avortement. Son père, professeur depharmacologie, et sa mère, qui enseignait le roumain, ne le luiont jamais caché. Ce qui peut expliquer son choix de réaliser,bien des années après, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, ce dramede l'avortement qui se déroule, en 1987, deux ans avant lachute de Ceausescu. Malgré tout, "j'ai eu une enfance heureu-se à Iasi même si c'était au temps du communisme et si mesparents affrontaient les difficultés", confie-t-il.

Il n'empêche, se considérer comme un "accident" va lepousser à toujours se surpasser, à être le meilleur. À 16 ans, ilécrit des petites histoires pour une revue littéraire en rêvant au7e art. "Mais à l'époque, faire des études de cinéma étaitimpensable. À Bucarest, les places étaient rares et données enpriorité aux enfants des apparatchiks". Il se rabat sur la litté-rature - anglaise, américaine, roumaine - et publie des articlesdans "Opinia Studenteasca", journal étudiant de Iasi. À 19ans, il connaît les joies absurdes de la censure. "Nous avionsune rare liberté: celle de ne pas mettre Ceausescu en couver-ture. En revanche, je devais batailler avec le censeur du partipour pouvoir rédiger un papier sur une loi imposant d'enleverles rideaux dans les lieux publics ou publier la photo d'un épide maïs!".

"La motocylette roumaine qui ne marche jamais"

Des situations absurdes et surréalistes à la Ionesco sur leseffets pervers du système dont il se souviendra dans LesContes de l'âge d'or (2009), irrésistible film à sketchs dont ilétait le scénariste et le producteur. Il a 21 ans à la chute durégime de Ceausescu en décembre 1989. "Alors que nous pen-sions mourir sous le communisme, tout devenait enfin possi-ble." Il entre à l'école de cinéma de Bucarest tout en travaillantpour des productions étrangères. En 2005, il rencontreBertrand Tavernier venu tourner Capitaine Conan enRoumanie. "J'ai commencé comme stagiaire. Trois mois plustard, j'étais promu deuxième assistant-réalisateur".

Bertrand Tavernier se souvient bien du jeune Mungiu del'époque. "On avait repéré ses qualités remarquables, son éner-

gie, sa gentillesse, raconte le cinéaste. Il est le seul de l'équipetechnique roumaine à avoir reçu une prime et à avoir fait levoyage en France pour les cinq derniers jours de tournage".

En 2002, son premier long-métrage, Occident, film cho-ral sur le désir de fuir la Roumanie, est présenté à la Quinzainedes réalisateurs, mais il ne sortira pas en France. Après cettepremière expérience cannoise où il était à deux doigts de rem-porter la caméra d'or, il crée sa société de production, MobraFilms, "du nom de la motocyclette roumaine qui ne marchejamais", s'amuse Mungiu.

Un film tous les cinq ans

"Chaque film de Cristian Mungiu est un choc, un mira-cle", s'enthousiasme Bertrand Tavernier, très admiratif desplans séquences d'Au-delà des collines . On a l'impression quele plan est l'émanation du personnage, qu'il provient de sonmouvement intérieur et non pas de la décision du metteur enscène". Cosmina Stratan et Cristina Flutur, qui se sont partagéle prix d'interprétation à Cannes pour Au-delà des collines, ensavent quelque chose.

"La dernière scène dans l'hôpital a nécessité deux jours detournage et soixante prises, c'est très difficile de garder lemême niveau d'énergie", dit Cosmina Stratan. "L'histoire estdouloureuse, ajoute Cristina Flutur. Je savais que je devraisaller dans l'émotion et la souffrance physique, CristianMungiu vous permet de vous transcender".

"Sur le plateau, le degré d'adrénaline était élevé, recon-naît le cinéaste qui tourne un film tous les cinq ans. J'ai besoinde temps pour trouver une histoire forte, complexe, sur lasociété et sur la nature humaine. Je ne fais pas de compromisavec l'art du cinéma". Rendez-vous dans cinq ans.

Emmanuelle Frois (Le Figaro)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BUCAREST

ORADEA

BAIA MAREl

TIMISOARA

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SIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

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lHOREZU

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Très attendu en France, "Au-delà des collines" est contesté et même désap-prouvé en Roumanie. Dans une interview accordée à Paris, le réalisateurCristian Mungiu révèle son opinion sur le rôle de la religion dans la société.

Sur l'exorcisme qui a causé la mort d'une nonne, en 2005.-Vous avez déclaré récemment dans une interview que ce film est une méditation

sur le rôle de la religion dans la société...-Un film et son dessein ne sont pas si singuliers. Le film s'accomplit de plusieurs

tâches en même temps. Il raconte d'abord une histoire, et c'est la première chose qui mepréoccupe lorsque je réalise un film. "Au-delà des collines" ne parle pas du rôle de lareligion dans la société, mais nous donne la possibilité d'en parler en partant du film.

Maintenant, en pensant à ce que j'en attends et à la manière de m'y rapporter... jecrois que l'Eglise Orthodoxe Roumaine, par exemple, veut utiliser son immense popu-larité pour transmettre certaines valeurs sociales et morales censés améliorer les rela-tions humaines dans une société. Je crois que c'est une grande responsabilité et quelquechose que l'église pourrait faire dans un pays où 85% des gens se disent croyants.

Si cela se fait ou non avec efficacité, c'est plus difficile à dire. Personnellement jepenche pour la négative. L'amoncellement d'indifférence et de vanité que je vois autourde moi ne cadre pas avec le pourcentage de dévotion que les gens déclarent. Et alors jeme demande si les valeurs transmises sont les plus importantes dans l'ordre des choseset si par hasard dans cette chaîne on n'accorde pas trop d'attention à certaines valeurs

que je considère comme étant moinsimportantes.

Peut-être que les rituels sontimportants, mais par eux-mêmes netransmettent pas de valeurs. Etj'espérais grandement que ce film,car on en fait rarement sur de telssujets, offre une occasion à l'Eglise,non pas d'avoir une position succinc-te et exprimée à coup de communi-qués, mais de faire preuve d'unesorte d'ouverture, que toute églisedevrait avoir à l'âge de l'Internet, de

discuter en profondeur autour des valeurs qu'elle devrait passer aujourd'hui.

"Je fais preuve d'une grande prudence envers ce qui est considéré comme un péché"

-Et de quel genre de valeurs s'agirait-il?-Eh bien, tout un ensemble de valeurs morales très valables et une exhortation

générale à essayer d'être meilleur, moins agressif, plus généreux, plus consciencieux,plus tolérant…il y a bon nombre de valeurs dont nous avons besoin, car le type d'édu-cation laïque que nous, ou nos parents, avons reçu, n'est pas nécessairement de natureà avoir créé à large échelle un peuple profondément moral et doué de valeurs éducati-ves bien cristallisées.

-Vous-même, vous êtes orthodoxe pratiquant?-Il y a une différence. Je suis baptisé orthodoxe comme tout le monde, à un moment

où personne ne vous pose la question... Être dévot est très relatif. Je ne vais pas à l'égli-se tous les dimanches, et je ne crois pas que le monde ait été créé en sept jours, mais jecrois en bon nombre de valeurs promues par le christianisme et généralement je faispreuve d'une grande prudence envers ce qui est considéré comme un péché.

Interview réalisée à Paris, par Iulia Badea-Guéritée, en octobre 2012

La chaine européenne d'informa-

tion continue, Euronews, basée à

Lyon et créée à l'initiative de l'UE en

1993 après la première guerre du

Golfe et le monopole exercé par

CNN, a décidé d'émettre en roumain,

la treizième langue utilisée après le

français, allemand, anglais, italien,

espagnol, portugais, russe, arabe,

polonais, turc, persan et ukrainien.

Depuis son lancement, Euronews est

diffusée par satellite en clair sur le

continent européen. En 2011, la chaî-

ne était reçue par 350 millions de

foyers, répartis dans 155 pays.

Cumulant une audience de 6 millions

de téléspectateurs par jour, elle s'affi-

che comme la première chaîne inter-

nationale d'information en Europe,

devant CNN International, BBC World

News, CNBC Europe et France 24.

Euronews se met au roumain…

l

CHISINAU

l

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Bertrand Tavernier : "Chacun de ses films est un choc"

Cristian Mungiu:Cinéma

"L'Eglise devrait être plus ouverte à l'ère d'Internet"

SAPÂNTAl

Par ailleurs, l'un des principaux

sites d'information roumain,

Hotnews.ro, fondé en 1999 par un

groupe de journalistes indépendants,

et qui livre tous les jours une revue

de presse détaillée des journaux rou-

mains, a lancé début octobre la ver-

sion espagnole de son portail. Il

espère toucher non seulement le

public espagnol mais aussi celui-sud-

américain. "L'idée est d'éviter les sté-réotypes sur la Roumanie, un paysimportant commercialement pourl'Espagne mais que nous connais-sons mal" a expliqué Raul Sanchez,

rédacteur en chef de cette version.

Avec 1,4 million de visiteurs uniques

par mois et une quarantaine de jour-

nalistes, Honews.ro fait partie des

médias internet les plus lus du pays.

… Et Hotnews à l'espagnol

Cinéma

À 44 ans, Cristian Mungiu, auteur du très remarqué à Cannes"Au-delà des collines", déjà palme d'or en 2007, s'impose comme ungrand cinéaste ainsi que le salue le metteur en scène BertrandTavernier.

Lors de la 7ème session du Comité intergouverne-mental de protection du patrimoine culturel immaté-riel, qui a eu lieu à Paris, la céramique roumaine de

Horezu (sud-ouest du pays, département de Vâlcea) a été inscri-te sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.Selon le comité, la fabrication de la céramique de Horezu, "estun artisanat traditionnel et unique. Les techniques, l'art et lesconnaissances associés à cette céramique sont les marqueurssymboliques de l'identité des communautés d'Horezu etd'Olari". Cet artisanat est venu rejoindre "le rituel du Calus",une danse traditionnelle de rite païen, ainsi que la "Doïna", unchant lyrique, classés eux aussi au patrimoine immatériel.

La céramique de Horezu au patrimoine de l'Unesco

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BUCAREST

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TIMISOARA

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TÂRGOVISTE

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

TG. JIU

l lPITESTI

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Le réalisateur Radu Gabrea a présenté début décembre, en avant-première aucinéma Patria de Bucarest, son film consacré aux derniers jours du coupleCeausescu, depuis sa fuite en hélicoptère du balcon du Comité Central du

Parti communiste roumain jusqu'à son exécution dans une cour de Târgoviste. Baptisé"Trei zile pina la Craciun", (Trois jours jusqu'à Noël), ce long métrage allie les archi-ves, les interviews des témoins, mais aussi les reconstitutions grâce notamment à deux

acteurs, qui interprètent aussi leurs rôles dans une pièce au théâtre. ConstantinCojocaru est Nicolae Ceausescu, Victoria Cocias, Elena. Pour ne pas tomberdans les travers "langue de bois" du régime d'alors, les deux comédiens ont dûhumaniser leurs personnages… tout en se gardant bien de provoquer la moindrecompassion à leur égard, piège qu'avait su éviter également "La chute", le filmd'Oliver Hirschbiegel, retraçant les derniers jours de Hitler dans son bunker.

Le road-movie de Radu Gabrea montre la fuite éperdue du coupleCeausescu, complètement coupé des réalités, qui choisit d'aller trouver le salutau combinat d'acier de Târgoviste où il pense être accueilli à bras ouverts par lesouvriers. Le pilote d'hélicoptère le débarque en plein champ. Les Ceausescurejoignent le bord de la route où le commandant suprême de l'Armée et chef del'Etat en est réduit à faire du stop. Une première voiture ralentit… puis accélèreen les reconnaissant. La seconde s'arrête, mais son conducteur laisse ses passa-gers devant une porte de service du combinat. "Comment çà?" se révolte le

Conducator, "Je suis le Président de la République Socialiste de Roumanie!"… jusqu'àce qu'il comprenne que dans la cour de la fabrique, les travailleurs font des feux de joiecar ils viennent d'apprendre sa fuite et hurlent "Ole, ole, ole, Ceausescu nu mai e"(Ole… Ceausescu est kaput) et "Moarte Dictatorului". "Le fils le plus aimé du pays"commence alors à ouvrir les yeux. Il est à espérer que le film de Radu Gabrea sera aussidiffusé à l'étranger, mais pour l'instant ce n'est pas envisagé.

La photographe d'origine roumaine

Irina Ionesco a été condamnée à ver-

ser 10 000 euros de dommages et

intérêts pour atteinte au droit à l'ima-

ge et à la vie privée de sa fille Eva,

qui la poursuivait au sujet de clichés

érotiques réalisées pendant son

enfance. Le tribunal de grande instan-

ce de Paris a également ordonné la

restitution d'un certain nombre de

négatifs, mais a rejeté les autres

demandes d'Eva Ionesco, qui récla-

mait que la justice interdise à sa mère

d'exploiter les photos litigieuses. Ces

images, parfois très crues, qui la

représentent alors qu'elle est âgée de

4 à 12 ans, ont été prises par sa mère

dans les années 70, période d'accès

à la notoriété pour la photographe.

Lors de l'audience du 12 novemb-

re, mère et fille s'étaient affrontées

par avocats interposés. Le conseil

d'Eva Ionesco avait estimé que la

"liberté" ne devait pas être "mêlée"aux "horreurs" de ces photos qui

montrent la fillette "en bas résille"exhibant son sexe. Son contradicteur

a estimé qu'Eva Ionesco était animée

d'une "haine", d'une "rage" contre sa

mère, à qui elle demandait 200 000 €

de dommages et intérêts.

51

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La photographe IrinaIonesco condamnée

De son vivant, Claudiu Crulic n'intéressait person-ne. C'est même l'indifférence qui a tué ce jeuneRoumain, abandonné comme un chien dans une

prison polonaise. Maintenant qu'il est mort, on l'écoute dans lemonde entier. Sa voix d'outre-tombe y résonne par la grâced'un film d'animation, Le Voyage de M. Crulic qui a été dif-fusé par Planète+ la veille de sa sortie en salles, le mercredi12 décembre 2012.

Le 11 juillet 2007 à Cracovie, un juge polonais déclare levol de son portefeuille. Le 10 septembre, le dénommé ClaudiuCrulic, émigrant Roumain venu louer en Pologne ses talentsde mécanicien auto, est accusé du larcin (imputation impossi-ble puisqu'il se trouvait alors en Italie), puis incarcéré àCracovie. Il entame immédiatement une grève de la faim etclame son innocence à longueur de lettres adressées au direc-teur du centre de détention, au procureur de la ville et, surtout,au consulat roumain. Personne ne daigne réagir. Les médecinsde la prison ne se préoccupent pas plus de son état de santé, oualors trop tard. Claudiu Crulic meurt un jour de février 2008…seize heures après que sa libération ait été décidée par un juge

devant lequel il a été transporté en brancard et auquel, à boutde forces, il ne peut répondre que par des signes de la tête. Ilavait tout juste 33 ans.

Un documentaire gâché

"L'histoire de ce garçon m'a tout de suite fascinée, confiela réalisatrice du Voyage de M. Crulic, la Roumaine AncaDamian. Je trouve stupéfiant qu'au XXIe siècle, dans un paysdit civilisé, des individus, nombreux, assistent les bras croisésà la longue agonie d'un homme". Déterminée à retracer sa tra-jectoire, elle bute vite contre un obstacle : comment donner àressentir l'enfer vécu en prison par Crulic. C'est alors qu'elle aeu l'idée de l'animation. Mais directrice de la photographie aucinéma, réalisatrice de documentaires, elle n'a aucune compé-tence en la matière… et on peut le regretter car elle transfor-me ce drame terrifiant en une évocation pénible et ennuyeuseque l'on a du mal à supporter jusqu'au bout.

Le Voyage de M. Crulic de Anca Damian, en salle depuismi-décembre.

l SIGHISOARA ClaudiuCrulic, 33 ans, s'estlaissé mourirde faim dansune prisonpolonaisedans l'indifférencegénérale.

Le comédien Constantin Cojocaru est Nicolae Ceausescu,Victoria Cocias, Elena.

CinémaUn road movie sur la fin des Ceausescu

Le gouvernement roumain va lancer des démarches juridiques en France pourrapatrier les restes du sculpteur français d'origine roumaine ConstantinBrancusi, a annoncé à Targu Jiu le Premier ministre Victor Ponta, dans la

circonscription où il se présentait aux élections législatives, trois jours avant le scrutin."Le gouvernement va faire appel à un cabinet d'avocats parisien pour obtenir toutesles décisions de justice nécessaires pour que les restes de Constantin Brancusi puis-sent être exhumés et apportés à Targu Jiu", a-t-il déclaré, cité par la presse locale. Lesautorités françaises ont fait savoir qu'elles ne pouvaient pas intervenir car, à leurs yeux,il s'agit d'une affaire de droit privé, regardant les descendants.

Constantin Brancusi est actuellement enterré au cimetière du Montparnasse àParis. L'année dernière, le poète roumain Laurian Stanchescu, accompagné d'une com-patriote, avait traversé toute l'Europe à pied, comme l'avait fait le sculpteur pour veniren France, pour demander au président français et à l'Assemblée Nationale que les res-tes du sculpteur soient rapatriés. "Peu avant de s'éteindre, Brancusi a confié à l'évêqueorthodoxe de Paris qu'il était insatisfait de ne pas mourir dans son pays et de rester àjamais au milieu d'un peuple étranger", avait affirmé Laurian Stanchescu à l'époque.

Sa demande n'avait pas eu d'échos. Né en 1876 dans un village situé à une trentai-ne de kilomètres de Targu Jiu, Brancusi, auteur de la Colonne sans fin, de La Porte duBaiser et de La Table du silence, a émigré en France en 1904, où il s'est éteint en 1957.Les autorités communistes de l'époque ont rejeté durant des années ses demandes répé-tées de revenir en Roumanie. En 1956, Brancusi a légué à l'État français la totalité deson atelier à la condition que le Musée national d'art moderne de Paris s'engage à lereconstituer tel qu'il se présenterait le jour de son décès. L'atelier du sculpteur a étédéménagé dans un bâtiment dédié en face du Centre Pompidou, où sont exposées unegrande partie de ses œuvres.

Brancusi de retour dans son pays natal?

Trois jours jusqu'à NoëlCinéma

Avec Des hommes et desescargots, Tudor Giurgiuessaie de couvrir une lacune

de la cinématographie roumaine contem-poraine: le divertissement grand public,mais de bonne qualité, qui n'existepresque pas. Le scénario écrit par lonutTeianu s'inspire d'un fait divers authen-tique, et de l'absurde du quotidien.

Début des années 90, dans une petiteville située au centre du pays... ACâmpulung, l'usine d'Etat qui construitles automobiles tout terrain Aro est enfaillite.

Pour pouvoir se relancer, il faut pri-vatiser. Les "sauveurs" sont deux grandsinvestisseurs occidentaux, deux Français,un père et son fils. Ce que les syndicatsne savent pas encore, c'est que le direc-teur est corrompu et que ces deuxFrançais veulent en fait transformer l'usi-ne en une entreprise de conservation d'es-cargots. Seuls quelques dizaines d'ou-

vriers sur plusieurs milliers seront rete-nus.

C'est le responsable syndical quidécouvre l'affaire et trouve une solutionpour sauver la société de son terrible des-tin: aller avec tous ses camarades àBucarest pour y vendre leur sperme à uneclinique d'insémination artificielle améri-caine, afin de racheter l'usine. Mais le"bon plan" se heurte au refus de la cli-nique de les recevoir, car les couplesaméricains notamment veulent du spermed'étudiants danois ou suédois, bac + 6 ou

+ 7, pas d'ouvriers roumains. Le film est une farce mémorable

avec quelques moments de bonne comé-die, il laisse cependant un goût un peuamer, rappelant une époque où tout étaitpossible, et où rien n'était possible. Sortià la mi-septembre sur les écrans rou-mains, il a bénéficié d'une large campa-gne de promotion et provoqué un engoue-ment d'autant plus marqué qu'il se téles-copait avec une actualité sociale très res-semblante: la menace de fermeture pesantsur le mastodonte de la chimie Oltchim àRâmnicu Valcea et l'épisode grotesque deson rachat manqué par un filou, qui s'enest suivi.

Despre oameni si melci (Des hom-mes et des escargots) réalisé par TudorGiurgiu, avec Doral Visan, AndiVasluianu, Monica Barladeanu, Jean-François Stévenin et Robinson Stévenin.

La date de sortie sur les écrans fran-çais n'est pas encore précisée.

Des hommes et des escargots : une farce mémorable

Le terrifiant voyage de Claudiu Crulic, accusé à tort d’un vol dérisoire

Abandonné comme un chienAccusé à tort du vol de son portefeuille par un juge, en 2007 à Varsovie, alors qu'il

se trouvait à Milan, un jeune Roumain, Claudiu Crulic, 33 ans, originaire de Dorohoi(Jud Botosani) s'est laissé mourir de faim dans une prison polonaise, dans l'indifféren-ce générale, dont celle de son pays et de son ambassade, entraînant la démission duministre des affaires étrangères de l'époque, Adrian Cioroianu. Un documentaire d'a-nimation tente de reconstituer ce drame bien réel, malheureusement sous une formesuscitant plus l'ennui que l'indignation.

CAMPULUNG

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DOROHOIl

Connaissance et découverte

Une semaine pour que les derniers tubes d'Occident arrivent

Dès qu'un nouveau disque sortait sur le marché occidental, il ne se passaitpas plus d'une semaine pour qu'il arrive en Roumanie. "A se demander com-ment! Mais la plupart du temps, il était rapporté par une personne qui avaitla chance d'exercer une activité professionnelle à l'extérieur des frontières,comme les marins ou les personnels navigants, poursuit Bogdan Ghiu. Ledisque était aussitôt recopié à la vitesse grand V, en multiples exemplaires. Lestextes étaient retranscrits à la main sur les jaquettes. Et les bandes magné-tiques circulaient. C'était étonnant de voir comment le moindre mouvementdans le monde occidental concernant les domaines artistique, musical, litté-raire ou celui de la mode, se propageait aussitôt dans le bloc de l'Est".

Yves Lelong

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Sous le communisme, les classes populaires avaient certes le droit de se dis-traire mais le Parti, de façon insidieuse, faisait en sorte que leurs loisirs soient uti-lisés à bon escient. Par exemple, à d'autres fins que celle d'aller à l'église. Toutétait fait pour détourner les croyants des lieux de culte notamment au moment desfêtes religieuses, histoire de rappeler la supériorité de la pensée dialectique maté-rialiste sur le spirituel. A cet effet, les salariés disposaient dans leurs entreprises ouleurs usines de structures de loisirs qui organisaient, il faut le dire, les divertisse-ments des travailleurs de façon efficace.

Tout était pris en charge. Chaque grande entreprise - toutes étaient d'Etat -avait son club. Pour une cotisation modique, les salariés pouvaient y exer-cer leurs talents artistiques, sportifs ou participer à une soirée dansante avec

musique, danse, boissons sans alcool et buffet. Fêtes de l'UTC (Union de la jeunessecommuniste) pour les jeunes, clubs d'entreprise, troupes de théâtres, "brigades artis-tiques", il n'y avait que l'embarras du choix. Dans les campagnes, chaque village avaitson bal du samedi soir. On s'amusait à chaque occasion et on guinchait jusqu'à 5 heu-res du matin. "Le Parti prenait soin de chacun d'entre nous", commente ironiquementEugen Popescu, un ancien chercheur de l'Institut de recherche de l'industrie chimique.

Cigarettes, whisky et... Securitate

Les travailleurs à la fibre artistique pouvaient exercer leur talents. Le concours"Cântarea României" a révélé nombre de solistes célèbres, interprètes de musiquepopulaire. Même pendant la semaine, le temps libre des salariés était laissé aux bonssoins du Parti, dont l'altruisme n'avait pas de limite quand il s'agissait de ne toléreraucune une dérive idéologique. Des compétitions sportives étaient organisées entrecomités d'entreprise, villes ou départements dans le cadre de la manifestation annuelleDaciada.

Les clubs des entrepri-ses bucarestoises offraientpour les fêtes pascales et defin d'année des prestationsgénéreuses. En général, quelque soit le lieu d'organisa-tion, il y en avait pour tousles goûts: les anciens pou-vaient écouter des airs popu-laires, les plus jeunes de lamusique occidentale. Tout lemonde savait que ces fêtesétaient sous surveillance dela Securitate... ce qui n'em-pêchait pas les dernières blagues sur Ceausescu de circuler parmi les participants.

"Les fêtes religieuses, comme Pâques, étaient l'occasion d'une célébration sur lelieu de travail qui pouvait durer des jours entiers. Nous étions présents mais c'était depure forme; en fait, personne ne bossait. Nous avions un collègue qui laissait dépasserune paire de chaussures de dessous son bureau. Mais lui n'était pas à sa place. C'estainsi qu'on travaillait dans la recherche", se souvient Eugen Popescu.

Le meilleur de la période communiste, en ce qui concernait les distractions, étaientincontestablement les fêtes qu'on organisait chez soi. Chacun venait avec ce qu'il réus-sissait à trouver - cigarettes, alcool, musique, films, sandwichs. Les discussions grivoi-ses allaient bon train et entretenaient l'ambiance. On dansait le rock et le twist au coursde ces soirées privées arrosées de whisky acheté au noir et enfumées par les Kent géné-ralement apportées par les médecins qui les recevaient en backchich.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Dans certains milieux intellectuels,

on privilégiait les activités subversives

en écoutant les dernières bandes

magnétiques d'artistes occidentaux ou

en regardant les cassettes vidéos cir-

culant sous le manteau.

Chez les artistes, on grillait un joint

de temps en temps et les plus fortu-

nés pouvaient sniffer une ligne de

coke. "En Roumanie, il y avait à cetteépoque de nombreux étudiants étran-gers venus d'Afrique, d'Orient ou depays plus lointains et même quelquesCubains. Certains venaient avec de ladrogue. Je pense que la cocaïneentrait par petites doses", raconte

Mircea Florian, musicien.

"A Noël, nous allions de maison enmaison pour chanter des colinde(chants de Noël). Il faut reconnaîtreaussi que nous étions plutôt portéssur la boisson. On ne mangeait pasbeaucoup", reconnaît Bogdan Ghiu,

poète et essayiste, qui a une véritable

nostalgie des soirées passées à la

Maison des Ecrivains où l'on trouvait

de la vodka et du café à peu près tout

le temps.

Beaucoup d'étudiants et de jeunes

intellectuels menaient une vie de

bohême. Ils ignoraient le régime. Ils

se réunissaient en ce que le sociolo-

gue français Michel Maffesoli appelle

des "tribus urbaines". Des micro-grou-

pes rassemblés autour d'intérêts com-

muns, avec leur structure propre pour

détourner les soupçons de la

Securitate. "On vivait et on se dis-trayait en bande. On se méfiait desnouvelles têtes. Il nous arrivait sou-vent de reprocher à ceux qui ame-naient des inconnus dans nos fêtesde gâcher la soirée”, se souvient

Bogdan Ghiu.

Tribus urbaines

sous le communisme

en petites doses, il y en avait pour tous les goûts

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Le célèbre groupe Phoenix (ici lors d'un de ses derniers concerts à Craiova) donnait un goût d'Occident.

Mémoire Les loisirs des Roumains

De la musique populaire à la cocaïne

Officiellement, il n'y avait pasd'importation ni de commer-cialisation d'appareils vi-

déos. Seuls les magasins pour touristes,où l'on payait en devises fortes, en propo-saient. Cette situation a eu pour effet decréer un marché noir florissant,malgré un coût prohitif. "Le prixd'un magnétoscope allait de40 000 à 80 000 lei. Ce montantest à comparer avec le salaireannuel de 40 000 lei d'un ingé-nieur ou celui d'un médecin oubien avec les 70 000 lei quecoûtait une Dacia 1300. Les cas-settes étaient tout aussi chères:1200 lei pour une bande origina-le, 400 pour une copie", racontePaul Vevera, un "bisnitar" (trafiquant)qui avait monté avant 1989 un petit traficde d'appareils et de cassettes vidéos. Acette époque, on rêvait de s'enfuir et d'al-ler s'installer aux Etats-Unis, le pays detoutes les possibilités. Et c'est grâce à l'ar-gent qu'il a gagné avec sa petite affairequ'il a pu émigrer au début des années 90et commencer une nouvelle vie.

Un marché infiltré par la Securitate

On pouvait parfois trouver un appa-

reil vidéo dans les petites annonces deRomania Libera (journal communiste àl'époque). Ce n'était pas non plus un pro-blème pour ceux qui avaient des parentsou des amis établis à l'Ouest. "La meilleu-re solution était de se fournir à l'exté-

rieur, explique Paul Vevera. Le marchénoir était ainsi alimenté par des appareilsenvoyés directement aux clients qui affir-maient les avoir reçus d'un vieil amiinstallé en Occident. Les "bisnitari" quijouaient ainsi les intermédiaires échap-paient au risque de confiscation du maté-riel". Un risque permanent pour lesmédecins. Cette profession aux relationsélargies et soumise à la tentation du bak-chich était dans le collimateur des autori-tés. Elle était contrôlée plus que d'autres."La police pouvait embarquer cassetteset appareils vidéo sans problème, si leur

origine ne pouvait pas être justifiée!".Paul Vevera habitait à Bucarest mais

faisait ses affaires à l'autre bout du payspour ne pas se faire repérer. La Securitateinfiltrait les filières et en particulier cellesqui, de l'audio, s'étaient spécialisées dans

la vidéo. "Je n'allais qu'àTimisoara, Baia Mare et Cluj. Jene prenais pas de nouveauxclients, sauf ceux qui m'étaientrecommandés, raconte-il. Et jen'ai jamais été inquiété par laSecuritate".

Le petit trafic de cassettesvidéo s'est avéré plus compliquéque les cassettes audio. Pour lamusique, il suffisait d'avoir unmagnétophone pour enregistrer

la radio. Radio Europe Libre, par exem-ple, diffusait de bonnes chansons. Maisen raison d'une offre plus rare, les filmsétaient moins faciles à se procurer.

Pour accéder aux productions récen-tes, Paul Vevera avait ses propresréseaux. Il pouvait compter sur ses rela-tions au sein des Bibliothèques anglaiseset américaines de Bucarest et sur les enre-gistrements réalisés par les quelquesRoumains qui, avant la "révolution", pou-vaient capter les chaînes étrangères aumoyen d'une antenne parabolique.

Yves Lelong

Sous Ceausescu, un magnétoscope valait le prix d'une Dacia

Petit trafic d'appareils et de cassettes vidéoSous Ceausescu, dans les années 80, les Roumains se sont vite lassés des deux heures de propagande quotidienne diffu-

sée, pour tout programme, par la télévision nationale. Les magnétoscopes ont constitué une alternative bénie pour tous ceuxqui aspiraient à faire de leur téléviseur une lucarne ouverte sur le monde.

Nichita Stanescu et Adrian Paunescu enflammaient la jeunesse roumaine.

Radio Europe libre (Radio Free Europe) était très écoutée.

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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En 1940, profitant de l'effondrement de la France, Staline envahissait laBucovine du Nord, appartenant alors à la Roumanie, après s'être partagé avecHitler les dépouilles des pays situés entre l'Allemagne et l'URSS. Dans les moissuivants, le NKVD (voir ci-contre) allait commettre un de ses nombreux crimescontre la population roumaine qui tentait de fuir l'occupation soviétique. Attirésdans un piège, 2000 Roumains trouvèrent la mort à Fântâna Alba (La FontaineBlanche).

Dès que l'Armée Rouge avait pénétré en Bucovine, de nombreux roumainss'étaient enfuis, souvent accompagnés d'Ukrainiens et d'Allemands qui yvivaient depuis plusieurs siècles. Abandonnant tous leurs biens, ils for-

maient d'immenses cohortes cherchant à se réfugier en Roumanie. Les Soviétiquesavaient donné l'ordre aux garde-frontières de les abattre sans pitié. Leurs familles etcelles des fugitifs qui avaient été tués, considérés comme traîtres, furent déportés enmasse en Sibérie ou au Kazakhstan,soit 13 000 personnes.

Au début 1941, le NKVD tenditun piège à ceux qui étaient restéspour mesurer leur loyalisme. Sesagitateurs répandirent le bruit que lafrontière avec la Roumanie seraitouverte l'espace d'une journée, le1er avril, pour permettre à ceux quile désiraient de rejoindre leur ancienpays. La rumeur se répandit à tra-vers toute la vallée du Siret occupée,soulevant un énorme espoir parmi lapopulation qui se prépara pour cetexode.

Au jour dit, 3000 habitants,venus des villages de Patrauti,Cupca, Corcesti, Suceveni, formè-rent une longue colonne, menée parun vieillard arborant un drapeau blanc pour montrer ses intentions pacifiques. Tels despèlerins entamant leur longue marche vers la terre promise, les villageois s'étaient

confectionnés des crois en bois de sapin etemportaient avec eux les précieuses iconesde leurs églises. Mais, à Poiana Varnita, àdeux pas de la Roumanie, au lieu-dit FântânaAlba, les garde-frontières soviétiques lesattendaient, leur intimant l'ordre de s'arrêter.Incrédule, ne voyant pas comment cesquelques hommes pouvaient arrêter la mar-che en avant de cet impressionnant cortège,la foule continua à avancer.

Postés dans les fourrés, les soldats n'at-tendaient que ce moment pour ouvrir le feu à

la mitrailleuse. Des centaines de villageois, dont beaucoup de femmes, d'enfants, devieux tombèrent sous les balles. Des cosaques, connus pour leur férocité et amenésspécialement sur les lieux, s'acharnèrent à achever les survivants à la baïonnette.Blessés et morts, entassés sur des charrettes furent traînés par des chevaux jusqu'àcinq fosses communes qui avaient été creusées à l'avance, où les corps furent jetéspêle-mêle et recouverts de terre. Trois jours après on voyait encore celle-ci remueralors qu'on entendait les râles des agonisants.

Histoire 2000 villageois de Bucovine

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Le NKVD, en français "Commissa-riat du peuple aux Affaires intérieures"est la police politique de l'Union des

républiques socialistes soviétiques

créée en 1934 par absorption de la

Guépéou, avant d'être elle-même pro-

gressivement dissoute et absorbée par

le MVD à partir de 1946 puis de dispa-

raître totalement en 1954, date de

création du KGB. Le rôle du NKVD

était de contrôler la population et la

direction de l'URSS; ses chefs ne ren-

daient compte qu'à Staline, qui l'utilisa

pour imposer et maintenir son autorité

sur le pays.

Le NKVD rassemblait plusieurs

milliers d'hommes, allant d'agents de

police jusqu'à des militaires. Pendant

la Seconde Guerre mondiale le NKVD

avait ses propres divisions qui permet-

taient ainsi de maintenir son influence

jusque sur la ligne de front et ainsi de

faire appliquer les ordres du haut com-

mandement.

Le rôle des unités du NKVD a

été fortement décrié après la

guerre par les soldats de

l'Armée rouge à cause des

méthodes extrémistes employés

par celles-ci en matières discipli-

naire et répressive. Mais il forma

aussi les troupes d'élites char-

gés des missions les plus dan-

gereuses (infiltrations, parachu-

tages derrière les lignes enne-

mies). Ces unités sont à l'origine des

"Spetsnaz", forces spéciales sovié-

tiques. Le NKVD est responsable,

selon le général du KGB Alexandre

Karbanov, de la mort de 3,5 millions de

Soviétiques lors des Grandes Purges

de 1937. Il gérait le système répressif

en URSS, dont le Goulag.

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CHISINAU

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L'instrument de la terreur stalinienne

Les organisateurs du convoi subirent un traitement à part. Sauvagementtorturés, ils furent conduits au cimetière juif et ensevelis vivants dans desfosses sur lesquelles on jeta de la chaux vive.

Le massacre de Fântâna Alba qui, au total, a fait 2000 victimes, est restéun sujet tabou pendant toute l'époque communiste. L'URSS, puis la Russiene se sont jamais excusés pour cette barbarie. Depuis 2000, l'Ukraine, àlaquelle est rattachée la Bucovine du nord depuis la fin de la Seconde Guerremondiale, a autorisé l'organisation de "parastase" (commémoration desmorts) sur les lieux du massacre.

Peu de villageois ont survécu à ces atrocités et ont pu raconter ce qui s'é-tait passé. Gheorghe Mihaliuc, un instituteur à la retraite en a fait le récit dansson ouvrage "Dincolo de cuvintele rostite" ("Au-delà des mots") et l'histo-rien de Suceava, Mihai Aurelian, a retrouvé dans les archives des documentsconfirmant les dires des survivants.

du nord massacrés par la police de Staline

A Fântâna Alba, la barbarie du NKVD à l'œuvre

Plusieurs milliers de villageois de Fântâna Albasont tombés dans le piège des Soviétiques,

croyant qu'ils pouvaient regagner la Roumanie.

Selon les physiciens, ELI pourrait "claquer le vide"pour le décomposer en particules et antiparticulesélémentaires. Mais ce laser ultra-intense va au-delà

d'une expérience de physique fondamentale. L'optique, la phy-sique nucléaire, l'astrophysique, les sciences des matériaux etla santé devraient connaître de nouvelles avancées grâce à celaser que la Roumanie s'apprête à produire.

Les Roumains sont fiers de figurer enfin sur la carte de larecherche de haut niveau. Le futur laboratoire sera construit àMagurele, dans la banlieue du sud de Bucarest, qui accueille lafaculté de physique nucléaire. "Nous sommes en train de négo-cier avec le gouvernement la possibilité de payer nos cher-cheurs plus que ce que permet la loi roumaine, au mêmeniveau que ceux qui travaillent dans les grandes infrastructu-res européennes", indique le directeur de l'Institut de physiquenucléaire de Magurele, Nicolae Zamfir (notre photo avec unjeune collègue).

La construction du futur centre devrait démarrer bientôt et

être achevée en 2015. D'ici là, environ 200 chercheursde haut niveau seront recrutés.

Feu vert européen

Le laboratoire de Magurele nécessitera un inves-tissement de 350 millions d'euros. En novembre, laCommission européenne a donné son feu vert au finan-cement pour un montant de 180 millions d'euros. "LaRoumanie a l'occasion de se positionner sur la cartede la recherche européenne, a déclaré le commissaireeuropéen à la politique régionale, Johannes Hahn.

Ainsi, ce pays pourra garder ses experts de haut niveau, etinverser le phénomène de l'exode des cerveaux en incitantd'autres sociétés à venir s'installer sur place."

Quelque 40 instituts de recherche de 13 pays de l'Unioneuropéenne (UE) ont déjà manifesté leur intérêt pour le projetELI, première infrastructure paneuropéenne de recherchesituée dans les nouveaux Etats membres de l'UE.

L'initiative de ce projet appartient à la France qui a démar-ré, en 2005, la phase préparatoire, coordonnée par le Centrenational de la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut delumière extrême, qui relève de l'Ecole polytechnique.

La Commission européenne a prévu un budget de700 millions d'euros pour financer les trois piliers de ce projetqui seront mis en place, outre Magurele, à la périphérie dePrague et à Szeged, ville située en Hongrie. Les Roumains, quis'apprêtent à démarrer les travaux à Magurele, n'en demandentpas plus.

Mirel Bran (Le Monde)

Projet de laser révolutionnaire à MagureleSciences

Imaginons toute l'électricité produite sur Terre concentrée dans un seul rayon. Puis on multiplie la puissance de cerayon par 100 000. Ce n'est pas de la science-fiction mais un projet qui verra bientôt le jour en Roumanie. ELI (ExtremeLight Infrastructure) sera le laser le plus puissant au monde et il ouvrira la voie à des applications qui font rêver les milieuxscientifiques.

Le NKVD, de sinistre mémoire

CALINESTIl

En 1940, la Bucovine était partagée en deux: au nord,la partie soviétique,

au sud, celle qui était restée roumaine.

Connaissance et découverte

200 candidats au bac choisissent le roumain

A noter que le département centralise également... lescopies de bac en roumain des lycéens français. "II n'y a pasd'enseignement du roumain en lycée ou au collège, mais il y aune épreuve pour le bac, avec la possibilité de passer le rou-main en langue vivante 1 ou 2 avec dérogation", révèleAlexandru Mardele, professeur de roumain à l'Inalco, où sontconçus les sujets des épreuves. Il y a six ans, seulement unecentaine de bacheliers choisissaient le roumain, ils sont désor-mais plus de 200.

L'autre point de ralliement des futurs roumanophones dela capitale est l'Institut culturel roumain (ICR), institution danslaquelle Claudia Droc pilote les cours de roumain. "Cest àParis que se concentrent les possibilités, concède-t-elle. Il y adeux filières universitaires qui proposent du roumain en cur-sus intensif, Paris 3 et Paris 4 - Sorbonne, deux lecteurs y sontmissionnés par la Roumanie, envoyés par l'Institut de la lan-gue roumaine". En province, seules deux universités proposentdes cursus en roumain, Strasbourg et Aix-en-Provence. Etdeux lectorats sont en cours de fermeture, ceux de Saint-

Etienne et de Montpellier."Notre cours est informel, nous ne délivrons pas de diplô-

me reconnu dans l'Union Européenne, ce sont avant tout descours de loisir", tient à préciser Claudia Droc. Des cours deloisir, mais des cours on ne peut plus sérieux, qui attirent unpublic grandissant. "Le profil type? Un Français ou uneFrançaise qui a un conjoint roumain ou bien des personnesqui se sont découvert une fascination pour la Roumanie, décritClaudia Droc, mais la nouvelle tendance c'est d'avoir desenfants franco-roumains issus de mariages mixtes qui fontleurs études en France et passent le bac avec le roumain enlangue vivante 3".

Cette année, les cours de l'ICR rassemblent 40 personnes,dont 20 au niveau débutant, puis ceux qui poursuivent en inter-médiaire et en avancé. "C'est un chiffre en augmentation parrapport aux années précédentes", estime Claudia Droc, pourqui il faut à peu près deux ans pour que les personnes arriventà une maîtrise correcte, à raison de deux heures de cours parsemaine.

Stéphane SiohanRenseignements : www.inalco.fr, www.icr.ro/paris/

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Le roumain ne fait pas partie des langues étrangères les plus pratiquées enFrance, mais tous les ans, ils sont une grosse centaine à vouloir maîtriser cet idio-me de l'est si latin. Tour d'horizon des formations in româneste dans l'Hexagone.

Cela fait très exactement 137 ans que l'on apprend le roumain en France…1875, date à laquelle un certain Emile Picot créa la chaire de langue roumai-ne à l'Ecole des langues orientales, l'ancêtre de l'Inalco, l'Institut national

des langues et civilisations étrangères. Emile Picot avait été un pionnier de l'amitié fran-co-roumaine en occupant en 1866 le poste de chef de cabinet de Carol 1er, premier roide Roumanie, avant de devenir vice-consul de France à Timisoara.

Aujourd'hui encore, le roumain reste la seule langue romane enseignée à l'Inalco,parmi les 17 langues du département Europe centrale et orientale. L'établissement, quis'est installé en 2011 dans le13ème arrondissement de Paris, propose un cursus completintégré, de la licence au master. La responsable des études roumaines n'y est autre queCatherine Durandin, la spécialiste de culture et de civilisation roumaine, qui pilote ledépartement depuis 1983.

En 2011 -2012, sur les trois années de licence, 40 étudiants ont arpenté les cours dela section de roumain, 5 en master. "La plupart du temps, ce sont des étudiants en dou-ble cursus, qui par exemple couplent le roumain avec des études d'histoire", préciseCatherine Durandin. Le public de l'Inalco est "très hétéroclite", relève CécileFolschweiller, chargée d'enseignement en histoire de la littérature roumaine et géogra-phie. On y trouve pêle-mêle des jeunes bacheliers d'origine roumaine, une flûtiste dehaut niveau, un fonctionnaire retraité de la SNCF en master, un jeune Américain venudu Texas dont la grand-mère est roumaine, des fonctionnaires de la Préfecture de poli-ce, des futurs attachés militaires, des interprètes en formation voulant avoir une nouvel-le corde à leur arc, et bien entendu des hommes et femmes ayant trouvé l'amour du côtédes Carpates...

"C'est presque du 17-77 ans", constate Cécile Folschweiler, distinguant trois gros-ses catégories: "les familiaux, les professionnels et les chercheurs. Selon elle, “beau-coup d'étudiants choisissent le roumain sans débouché professionnel précis, si ce n'estla traduction, mais ça donne un plus à un parcours, notamment dans le cas des cher-cheurs ". En licence, les étudiants doivent assister à une douzaine d'heures de cours deroumain par semaine, plus des cours transversaux: littérature des Balkans, géopolitique,histoire de l'Europe centrale, etc. En marge de la licence et du master, l'Inalco délivreégalement un diplôme d'établissement de "langue et civilisation roumaine".

Familiaux, professionnels,

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Depuis le 1er novembre, les

Bucarestois peuvent acheter des

billets valables aussi bien pour le

métro que pour le réseau des

transports en commun de surface

(bus, trolleybus et tramways). Trois

types de tickets ont été mis en cir-

culation et se basent sur une unité

de temps et non plus de voyages,

comme cela était le cas jusqu'à pré-

sent. Avec 5 lei (1,1 €), les usagers

des transports en commun peuvent

emprunter métros, bus, trolleybus et

tramways autant de fois qu'ils le

désirent pendant une heure. Les 10

voyages du même type sont en

vente pour 30 lei (6,6 €). Enfin, un

troisième ticket valable 24 heures à

partir de son poinçonnement coûte

16 lei (3,5 €). Ces nouveaux titres

de transports ne remplacent pas

toutefois les anciennes cartes de la

RATB et de la Metrorex.

Un seul ticket detransports à Bucarest

chercheurs : la France qui parle roumain

Les services culturels de l'am-bassade de France à Bucarestvont se transformer en centre

de recherche dans le domaine des scien-ces sociales. Une initiative unique qui vapermettre de dynamiser la recherche fran-cophone dans cette partie de l'Europe. Lavilla Noël, située dans les beaux quartiersdu nord de Bucarest (6, rue Emile Zola)et qui abritait jusqu'à maintenant leService culturel de l'ambassade deFrance, va ainsi se transformer en hautlieu universitaire.

L'université de Bucarest, en partena-riat avec le New Europe College deBucarest et la nouvelle université bulga-re, a en effet remporté le prix Louis D. del'Académie française pour la transforma-tion de cette bâtisse en un Centre régional

francophone d'études avancées en scien-ces sociales (CeReFREA).

Cette nouvelle institution universitai-re va surtout permettre de combler unmanque dans cette partie de l'Europe. "Ila existé un grand boom dans les années90 et de nombreuses initiatives de cegenre ont vu le jour, notamment enRépublique tchèque, mais rapidement l'é-lan est retombé et beaucoup de ces insti-tuts ont fermé", précise-t-on à l'ambassa-de de France.

"Les jeunes chercheurs de la régionvont enfin avoir de bonnes conditionspour étudier, travailler mais aussi échan-ger, explique de son côté le recteur de l'u-niversité de Bucarest, Mircea Dumitru.Jusqu'à maintenant, ils avaient la possi-bilité de le faire mais en partant en

France grâce à des bourses".Le CeReFREA matérialise aussi une

coopération étroite entre les scientifiquesroumains et français. Pour rappel, la qua-trième communauté scientifique duCNRS (Centre national de la recherchescientifique) en France est roumaine. Lescandidats francophones pour la villa Noëlrisquent donc d'être nombreux. "La lan-gue de prédilection dans les matièressociales reste le français comme pourl'histoire, la politique ou même le droit",ajoute Mircea Dumitru.

La villa Noël doit maintenant entrerdans une phase de rénovation. Elle ouvri-ra effectivement ses portes aux cher-cheurs à la rentrée prochaine.

Jonas Mercier(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Après être intervenue pendant 20 ans avec son association LeFlocon, auprès des enfants en détresse, notamment handica-pés, du Maramures, leur procurant soins et aide, les accueillant

dans la grande maison qu'elle avait acquise à leur intention près deSighetu-Marmatiei, lui servant de base, ou en France, chez elle en Alsace,Nicole Wentzo, prend un peu de recul. Elle a décidé de se séparer de sa pro-priété roumaine, typique de la région, parfaitement entretenue et totale-ment équipée (voir l'annonce ci-dessous), qui conviendrait fort bien à desassociations désireuses de déployer leurs activités sur place ou à des parti-

culiers souhaitant s'installer au cœur du Maramures et d'y disposer d'un pied à terre confortable: A vendre, bourg de Calinesti (à 25 km de Sighetu-Marmatiei, Maramures), propriété entièrement équipée (meubles,

linge, électro-ménager en partie) pouvant héberger jusqu'à 12 personnes, comprenant :-un terrain d'environ 2500 m2 avec verger et kiosque en bois d'une capacité de plus de 20 personnes pour les repas, un puits

avec margelle (raccordement à l'eau courante)-une petite maison individuelle typique en bois de 25 m2 avec une chambre meublée et chauffage teracot au bois-un garage, remise, grange et grande annexe aménageables-Une grande maison typique de 200 m2 sur 2 niveaux en bois, meublée, comprenant linge de maison, luminaire, vaiselle, etc.:au rez de chaussée : chambre avec teracot, cuisine, arrière cuisine, salle de bain avec douche, WC, atelier, pièce de rangementau premier étage : entrée, grand salon avec teracot, 2 chambres avec teracot, 1 petite chambre avec lavaboau-dessus : grenier avec saloirFaire offre à Nicole Wentzo, 9 rue des Prés, 67170 Wahlenheim, tel : 03 88 51 16 24

Une villa Médicis pour l'Europe de l'Est ouvre à Bucarest

Propriété typique du Maramures à saisir

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Piqûre de rappel

Le chef à sa secrétaire :-Mademoiselle Elena, qu'est-ce que

vous faites d'habitude le dimanche ?-Rien, patron !-Je voulais simplement vous rappeler

qu'aujourd'hui, on n'est pas dimanche.

Surprise

Un randonneur qui visite l'Ardeal eten a plein les bottes, arrête une charrette:

-C'est encore loin Cluj ?-Oh ben mon gars, t'es pas prêt d'être

rendu !-Je peux grimper ?Et de sauter à l'arrière de la carriole

où il s'endort sur le champ. Quelques heures plus tard, il se

réveille, tout guilleret :-Alors, on est arrivé ?-Pour sûr que non… Mais qu'est-ce

que t'as avec Cluj? C'est dans l'autredirection !

Garder son sérieux

Ion et Gheorghe discutent tranquille-ment au bar, quand, tout à coup, ce der-nier gifle son ami :

-Gheorghe… qu'est-ce qui te prend ?T'es sérieux ou c'est une blague ?

-Je suis très sérieux !-Ah bon, je préfère, car je n'aime pas

ce genre de plaisanterie !

Duster

Deux Allemands discutent au salonde l'auto

-Alors, c'est çà la Dacia Duster ?-Mouais…-Elle est roumaine ?-Mouais…-Dis donc, t'a vu, suspension qui

résiste à tout, bonne tenue de route, pneussolides…çà c'est du bon boulot! Pourquoiles Roumains ont fait ce modèle?

-Ils avaient la flemme de réparerleurs routes.

Hospitalisation

Incendie dans un hôpital. Les pom-piers arrivent et maîtrisent le feu au bout

de plus heures de lutte acharnée. Leurcapitaine rend compte au directeur de l'é-tablissement :

-Ouf ! C'est terminé et on a pu éva-cuer tous les malades, sauf au sous-sol oùon a trouvé trois corps. Les gars ontquand même réussi à en ressusciterdeux… mais pour le troisième, c'étaittrop tard !

-Mais au sous-sol, c'est la morgue!

A la confesse

Bula va se confesser. Le pope luidemande :

-Tu fumes ?-Non !-Tu bois ?-Non !-Tu vas voir les filles ?-Non !-Tu voles ?-Non !-Tu trompes ta femme ?-Non !-Mais alors, pourquoi tu viens te

confesser ?-Parce que je mens.

On ira tous au Paradis

Bula retourne à la confession :-Mon Père, est-ce qu'au Paradis on

joue au football ?-Bula, tu me poses une colle… Il faut

que je me renseigne. Reviens la semaineprochaine.

Bula patiente jusqu'au samedi sui-vant: -Alors mon Père ?

-J'ai la réponse, mais elle estbonne… et mauvaise…Le bon côté, c'estque oui, il y a des terrains de foot… lemoins bon… c'est que tu es sélectionnépour le match de jeudi prochain.

L'art de faire la queue

On a annoncé un arrivage viande.Une queue se forme devant le magasin.Les heures passent. Vers 3 heures dumatin, le vendeur apparaît :

-Les Juifs et les Tsiganes, c'est pas lapeine d'attendre… y'aura rien pour vous.

La queue se vide et l'attente reprend.Deux heures plus tard, nouvelle appari-tion du vendeur.

-Ceux qui n'ont pas la carte du Parti,ce n'est pas la peine d'attendre…y'aurapas viande pour vous !

Il ne reste plus qu'une poignée de res-capés. Sur les coups de 7 heures dumatin, le vendeur surgit à nouveau et chu-chote:

-Maintenant qu'on n'est qu'entrenous, je peux bien vous le dire… Y'a pasde viande du tout !

Partage

-Camarade, si tu avais deux maisons,tu en donnerais une à la Révolution ?

-Oui, camarade !-Et si tu avais deux voitures, tu en

donnerais une à la Révolution ?-Oui, camarade !-Et si tu avais un million de lei

cachés sous ton matelas, tu en donneraisaussi la moitié ?

-Oui, camarade !-Et deux poules dans ta basse-cour,

tu en donnerais une ?-NOOOOOON !-Mais pourquoi çà camarade, c'est

beaucoup moins que des maisons, desvoitures ou des millions de lei ?

-Peut-être… mais les poules je les ai!

Mensonge d'En Haut

Une très vieille grand-mère reçoit lavisite de Saint Pierre qui la félicite pourla foi qu'elle a manifesté tout au long desa vie, allant à la messe chaque matin:

-Pour te récompenser, le Patron tepermet de vivre encore 35 ans sur cetteterre avant de nous rejoindre.

Toute ragaillardie, la baba (vieillefemme en roumain) prend l'argent qu'elleavait mis de côté pour son enterrement etles parastase (cérémonies de célébra-tion), se rend dans une clinique de chirur-gie esthétique, se fait faire un lifting, desinjections de silicone, teindre en blon-de… à en faire pâlir d'envie PamelaAnderson. Malheureusement, deux joursplus tard, en sortant de la clinique, elle sefait écraser par un bus. Arrivant au para-dis, elle passe un savon à Saint-Pierre :

-Menteur, t'es pire que les politi-ciens!

-Excuse-moi ma vieille… Je ne t'a-vais pas reconnu !

BlaguesHumourCHANGE*

(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,44 RON(1 RON = 0,22 €)

Franc suisse = 3,68RONDollar = 3,36 RONForint hongrois = 0,02 RON

(1 € = 287 forints)*Au 22/12/2012 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 75, janvier - février 2013

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-GhiranOnt participé à ce numéro :Yves Lelong, Julien Danero IglesiasLaurent Courderc, Jonas MercierMarion Guyonvarch, Mirel BranIulia Badea Guéritée, Jef TombeurDana Gruia Dufaut, Vali, GazdaruAlina Mungiu-Pippidi, TerenteAlexandru Gucci, François GaillardCristian Delcea, Ramona DragomirMihaela Carbunaru, Eric NeuhoffRasvan Roceanu, Geoffroy KursnerEmmanuelle Frois, Stéphane SiohanCezar Paul-Badescu Autres sources: agences de presseet presse roumaines, françaises,lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet. Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: mars 2013

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Voisins, collègues... AtanasePerifan ouvre le coeur des gens

Voici cinq ans, Les Nouvelles de Roumanie avaient consacré leurcoup de cœur du n° 43 à Atanase Perifan, ce franco-roumain, prési-dent de Voisins solidaires et adjoint au maire du 17e arrondissement

de Paris qui avait lancé en 2000 la Fête des voisins. Célébrée cette année par près de7 millions de personnes en France et 15 millions à l'étranger, elle s'est déclinée aussi,pour la première fois, sur le thème, la Fête des voisins au travail, à laquelle ont par-ticipé le 1er juin quelque 5000 entreprises. Dans les colonnes du Monde, RafaëleRivais complète notre portrait de cet Aroumain de Constantsa qui a rappelé à ses nou-veaux compatriotes français le sens de la convivialité.

Si Atanase Périfan a eu l'idée cette année de transposer à l'univers de l'entreprisesa désormais célèbre Fête des voisins, c'est, dit-il, pour "stimuler la solidarité entreceux qui passent la moitié de leur vie au bureau ou travaillent dans des entreprisesvoisines et qui pourtant ne se connaissent pas". Sur le parvis de la Défense, "desemployés en costume cravate ont pris le temps d'échanger et même de parler covoiturage", se félicite-t-il.

A la fin des années 90, Atanase Perifan avait été profondément choqué par le décès dans son immeuble d'une vieille dame de80 ans, passé inaperçu pendant deux mois, bien que son voisin de palier habita là depuis cinq ans. "J'ai voulu alors ouvrir le cœurdes gens" confie-t-il. Le Roumain créa dans la foulée une association "Les Amis de Paris" et le mouvement allait faire rapidementtâche d'huile. Baptisée initialement "Immeubles en fête" et lancée en 1999, "La fête des voisins", célébrée depuis traditionnelle-ment le dernier mardi de mai, du moins jusqu'à cette année, est devenue européenne en 2003, avec la création de la "Journée euro-péenne des voisins". Quatre ans plus tard déjà 25 pays s'étaient joints au mouvement et 800 villes l'avaient inscrite à leur agendades manifestations annuelles: Londres, Varsovie, Rome, Prague, Genève, Bruxelles, Athènes, Bucarest…

Une foi orthodoxe qui lui fait aimer profondément les autres

Son credo, la solidarité, Atanase Perifan le doit à "la manière dont il a étéélevé, dans un milieu de réfugiés politiques, où l'on faisait toujours de la placeaux nouveaux arrivants". Son père, Yancou Périfan, s'est enfui de Roumanie laveille de son exécution, en 1948, raconte-t-il. Etudiant à l'Ecole polytechnique,il participait à la résistance contre l'Armée rouge et avait été condamné à êtrefusillé par le régime de Ceausescu. "Il a été capturé en Yougoslavie, envoyédans les mines de sel, dont il s'est évadé ; il a réussi à gagner l'Autriche, enpleine guerre froide. Il a mis quatre ans pour traverser l'Europe, à pied, et arri-ver en France", rapporte Atanase.

Son point de chute a été l'Eglise orthodoxe roumaine, à Paris, qui rassem-blait l'élite intellectuelle ayant fui le communisme. "En juin, à l'âge de 89 ans,mon père est reparti à Bucarest, qui a ouvert les archives de la Securitate, l'an-cienne police politique. Elles contiennent dix-sept volumes sur lui, et il voulait

savoir qui l'avait dénoncé, mais les noms ont été effacés", raconte le fils. La solidarité, la fraternité et le sens du service, AtanasePérifan les a appris aussi "grâce au scoutisme", pratiqué de 8 à 25 ans. "Faire partie des louveteaux m'a permis de m'intégrer, moi,dont à l'école on moquait le prénom, d'origine grecque, "Atanase" signifiant "immortel"", dit-il. Enfin, sa foi, orthodoxe, qui leconduit à la messe tous les matins, "donne un sens" à sa vie et lui fait "aimer profondément" les gens.

"La vie, c’est comme un ascenseur; çà monte, çà descend…"

Après des études d'informatique et un DESS de marketing direct, le jeune Roumain a eu "la chance" de rencontrer AlexandreBasdereff, "un jeune gaulliste qui montait sa boîte, Optimus, destinée à rechercher des fonds pour des causes associatives commeles Pièces jaunes ou le Téléthon". Les deux hommes sont toujours associés. Atanase Périfan se considère, lui, comme un "gaullis-te social". "En 1981, j'ai adhéré au RPR. En 1989, j'ai été élu conseiller municipal du 17e arrondissement de Paris. En 2000, jeme suis "désencarté" pour ne pas marquer mes projets associatifs, et parce que je travaille aussi bien avec des élus de droite quede gauche".

Pour Atanase Perifan 47 ans, marié, quatre enfants, la vie c'est la philosophie du bonheur, celle de trois proximités quotidien-nes qui deviennent autant de solidarités: la famille, la société, les voisins auxquelles il vient d'ajouter une quatrième dimension, letravail. "La vie est comme un ascenseur; çà monte, çà descend… la main tendue d'un voisin, d'un collègue peut nous sauver. Voilàpourquoi, à l'occasion d'une journée, il est important qu'on fasse tous connaissance" plaide-t-il sans relâche.

Atanase Perifan a été aussi prophète dans son pays natal, popularisant

la fête des voisins en Roumanie, dès 2007.