l'eclosion _ semaine du 22 octobre

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cette semaine dans l’éclosion - Baconneries p.1-2 Jaws p.3 Woodstock p.4 La fin d’une guerre p.5 Enfin l’Allemagne recommence à respirer p.6 La saison parfaite p.7 Le manifeste du FLQ p.7 Légaliser l’héroïne p.8 Sküljagger : Revolt of the Westicans p.9 Horoscope p.10 Association Étudiante du Cégep de Sainte-Foy Semaine du 22 octobre (IN THE PAST) - www.asso.cegep-ste-foy.qc.ca/ [email protected] XIX numero 3 Spécial thématique

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Journal l'Eclosion de l'association étudiante du Cegep de ste-Foy

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Page 1: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

cette semainedans l’éclosion-Baconneries p.1-2

Jaws p.3

Woodstock p.4

La fin d’une guerre p.5

Enfin l’Allemagne recommence à respirer p.6

La saison parfaite p.7

Le manifeste du FLQ p.7

Légaliser l’héroïne p.8

Sküljagger : Revolt of the Westicans p.9

Horoscope p.10

Association Étudiante du Cégep de Sainte-FoySemaine du 22 octobre (IN THE PAST) - www.asso.cegep-ste-foy.qc.ca/

[email protected]

XIX n u m e r o 3

Spécial thématique

Page 2: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

C’est une belle époque que la nôtre. La vie est joie, l’homme est libre, Led Zeppelin sort cinq albums en cinq ans et le bacon est illimité (pour ceux qui ont des contacts, bien sûr). C’est le temps d’en profiter, de faire des sorties entre amis, de câliner un arbre…

Je dis ça parce que, comme il en restera toujours que rien ne dure éternellement, joyeux paradoxe, cette période de félicité touche à sa fin. Elle est proche, la fin.

Les corbeaux croassent de nouveaux, les pies jacassent, les perroquets perfides noient leur inquiétude dans le moqueur écho de ma propre voix. Autant de façons pour la volière des sceptiques d’éclipser d’un préjudice mon élocution. La chorale des âmes décapitées n’est forte que de sa sournoiserie, un million de murmures enterrent vite le plus désespéré des cris. Je ne serais point surpris que la majorité s’entretienne dans un front commun et bouché contre toute idée si saugrenue, si désastreuse que celle de l’apocalypse. Raison et peur, ces ri-vales intemporelles, font équipe pour la dénier. Mais à qui ose-ra garder l’esprit ouvert et la prudence aiguisée, qu’il consi-dère la révélation que je m’apprête à lui octroyer.

Le schéma narratif, ce bourreau de la créativité, me l’impose : je dois commencer par le début. Tout commença, donc, alors que j’étais en ligne devant le comptoir de mon boucher afin de réclamer mon bacon biquotidien.

C’était il y a près d’une semaine, lors d’une journée magnifique sacrée par Apollon. La clémence du temps, il semblait, devait avoir béni l’esprit des hommes, et une file disparate de pèle-rins avides marquait plusieurs mètres entre ma personne et le salut de mes papilles. L’attente était pénible, mais la fin n’en serait que plus désirable. C’est alors qu’une douce mélodie vint me chatouiller les narines. Un divin effluve, comme le chant d’une sirène, taquinait mes sens de promesses d’Eldorado et d’apogée de la saveur. Mû par une involontaire démence, je quittai la file vers la source de l’odeur : l’arrière-boutique.

C’était un véritable monument à la gloire du Saint-Bacon: les étagères, les murs, le plafond étaient couverts des lardons les

plus diverses, de toutes les formes et les couleurs, des miettes synthétiques pour salade (homoncules impies!) aux languettes précuites. Et là, au milieu de la pièce, on avait dressé un autel, surmonté d’un plateau d’or, qui portait la plus grande tranche de bacon que j’avais vue de ma vie. Un rapide coup d’œil der-rière moi me confirma que je n’avais pas été suivi. Mon regard se posa alors sur l’autel : l’odeur venait de là. Une délicieuse odeur de bacon en cuisson dans un poêlon. Quelle ne fut pas ma surprise, alors, de constater ce miracle : sur ce présentoir inerte, sans chaleur aucune, la grande tranche semblait frire sous mes yeux, libérant dans l’atmosphère son doux parfum.

Je tendis la main vers elle, intrigué, lorsqu’une voix grave re-tentie : «Ne t’approche pas, ô pèlerin. Ôte tes souliers et ton t-shirt, car ceci est une terre sainte!» Subjugué, je m’exécutai.

Alors la voix poursuivit : «J’ai vu la misère du monde, corrom-pu par le péché. Des peuples entiers se vouent à m’éviter, à vénérer d’autres dieux qui proscrivent ma consommation. Des pêcheurs affirmés se cachent sous un masque de bonnes in-tentions pour effectuer des rituels à base de tofu! Si l’homme ne se repent point, il deviendra nécessaire de montrer au monde comme ma saveur inouïe assure l’équilibre de la vie, l’alpha et l’oméga, le début et la fin.

Prophète, je te nomme Louis-Philippe, et te fait don de la jeu-nesse éternelle. Entends mon avertissement, et répands-le sur la Terre, dans les sept grandes multinationales vendeuses de ma substance, afin que le genre humain saisisse sa der-nière chance de survie. Réalise bien ce qu’il adviendra en cas d’échec :

Je relâcherai d’abord mon premier cavalier, chevauchant un cochon noir. Une balance à la main, il augmentera dramatique-ment le prix du bacon.

Viendra ensuite mon second cavalier, montant un porc blanc. Je le couronnerai de l’ubiquité, et il parcourra le monde pour en retirer toute trace de bacon. En ces jours-là, les hommes chercheront la mort, mais la mort les fuira.

Arrivera après le troisième cavalier, sur sa monture rousse. Il

Chronique 13 : RévélationPar Jules André Laroute

Baconneries

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20 juillet 1969

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sera muni d’une longue épée, et aura le pouvoir d’enlever toute paix sur la Terre, ainsi que les hommes s’égorgeassent les uns les autres à la recherche de la denrée salutaire.

Sur le cochon pâle, mon dernier cavalier se déchaînera enfin sur le monde. Il se nommera la mort, et fera périr le quart des hommes par la famine et des crises subites de cholestérol.

Puis, il y aura un grand tremblement de terre. La lune devien-dra rouge de sang, et le soleil sera éclipsé par des gras trans, et les étoiles tomberont comme les ongles du boucher impru-dent.

Et alors mes sept anges aux ailes de viande joueront tour à tour de leur trompette. Au son des six premières, la sainte armée umami couvrira la terre et la mer au nombre d’une myriade de myriades et étranglera les survivants dans ses tissus adipeux.

Lorsque la septième trompette sonnera, enfin, une grande tranche de bacon enveloppera le monde pour y asphyxier tout être encore apte à l’inspiration. Cette tranche marquera l’accomplissement de ma vengeance, et de sa chair pourront naître de nouveau des êtres capables d’évoluer et de coloniser la planète.

Va, maintenant, et porte aux quatre vents mes sages paroles! Le sort de l’humanité en dépend!»

C’est alors que le boucher et son assistant m’agrippèrent de force pour me jeter en dehors de la boucherie, moi et mon t-shirt. Il me faudrait dorénavant changer de boucher.

Voilà ma tâche accomplie, et la sainte parole relayée. Guettez les signes, chers confrères, et repentez-vous, ou le siècle pro-chain pourrait bien être l’hôte de notre perte!

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20 juillet 1969

APOLLO XI : COMPLOT OU RÉALITÉ ?

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Jaws : Une véritable avancée dans le mondedu film d’horreur Par Sarah Tardif

Jeune réalisateur encore inconnu, Steven Spielberg a réussi à créer un film délicieusement effrayant qui chan-gera probablement à tout jamais le film hollywoodien.

Il y a de cela à peine une semaine, Jaws (V.O. de Les Dents de la Mer) a envahi les salles de cinéma ainsi que les ci-né-parcs afin d’assouvir le besoin de suspense du pu-blic. Récit d’horreur racontant les ravages causés par un énorme requin blanc qui se régale des jeunes baigneurs d’une petite ville de l’État de New York, ce film est un véri-table modèle d’avant-garde.

Jamais Hollywood n’a connu ce type de film auparavant. Même si dernièrement le jeune Spielberg avouait s’être inspiré de la méthode d’Hitchcock, on doit tout de même

admettre que celui-ci a réussi à créer son propre style et il est possible qu’il devienne le prochain maître du film d’horreur.

De plus, l’avancée de la technologie a permis au réalisa-teur de créer un requin étrangement réaliste, ce qui vient rendre l’histoire encore plus crédible, tout cela grâce au gros budget dont a bénéficié ce film.

Du côté de l’histoire, on se doit d’avouer que rien n’est très nouveau. Par contre, Roy Scheider (dans le rôle du chef de police) ainsi que Richard Dreyfuss (dans le rôle du scienti-fique) offrent des performances très justes.

Tout au long du film, les acteurs réussissent à faire aug-menter le suspense au maximum, même si les personnages manquent de profondeur

D’ailleurs, côté suspense, la musique joue également un rôle fort important, puisque la bande sonore que l’on en-tend lorsque l’on voit le terrible requin est uniquement composée de deux notes, ce qui est fort étonnant considé-rant à quel point celle-ci est efficacement terrifiante.

Force est d’admettre que Hollywood vient d’accueillir un nouveau cinéaste rempli de talent. Steven Spielberg pour-rait bien devenir le prochain Hitchcock, car à la manière dont son deuxième film a été accueilli par le public, il ne fait aucun doute que ce jeune américain a un véritable talent.

Reste à savoir si ce dernier saura traverser les années.

18 juin 1975

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Woodstock : au pays du rêvePar Geneviève Dufour

18 août 1970

Un an déjà. L’idée avait été lancée naïvement autour du feu un vendredi soir comme les autres, vers la fin juillet 1969. Woodstock. Une occasion d’enfin concrétiser nos désirs d’évasion qui germaient depuis plusieurs mois déjà. Pèleriner avec nos guitares, nos histoires, nos têtes folles. Cheminer vers cette liberté qui paraissait tellement belle au cinéma. Peut-être même y goûter, à cette liberté, qui sait où la route de New York allait nous mener. C’est à partir de cette nuit-là que nous avons commencé à travailler sur le vieux Westfalia 1960 que mon père avait réussi à acheter avec nos fonds de tiroir.

Avec un peu d’alcool dans le sang, le signe de Volkswagen ressemblait vaguement au désormais célèbre signe de peace. Nous en avons fait notre emblème. C’était la mode, pour tout dire, on les voyait partout à la télévision ces symboles-là, sur-tout dans le coin de San Francisco où toutes les femmes por-taient des bandeaux pour dénoncer je ne sais plus quel abus de multinationales ou défendre les droits de leurs poitrines.

C’est avec le vent dans les cheveux et presqu’aucun vêtement sur le dos que nous sommes arrivés sur le site enfumé dans l’après-midi. Je dis enfumé, mais le mot est faible, car l’en-droit était un véritable dôme de fumée opaque de cigarettes et autres substances parfois difficiles à décrire. Les organi-sateurs n’avaient absolument pas prévu qu’environ 450 000 hippies rêveurs allaient débarquer sur leur terrain improvisé, encore moins qu’ils allaient alors créer le plus gros embou-teillage de voitures que nous avons connu à ce jour. Après plusieurs heures d’attente et quelques joints dans le corps, nous avons finalement réussi à gagner le site.

Nombreux étaient les hommes aux cheveux longs portant leur instrument de musique en bandoulière et arborant les mêmes lunettes que John Lennon. Un vrai phénomène de rébellion. Une image frappante, écrasante. Une majorité d’humains rê-vant du même projet, celui un peu fou de faire la paix dans le monde. Un plan pourtant inconcevable selon les dirigeants qui basaient leurs programmes électoraux sur les profits et le fameux, le célèbre, le grand appât du gain.

Je me surpris à parler à plusieurs inconnus qui m’expliquèrent ce qu’étaient véritablement les cinq sens de l’homme. Ils me montrèrent à observer les couleurs sous toutes leurs formes, leurs nuances, leurs lumières. Ils m’apprirent à toucher un brin d’herbe et à vraiment en sentir les composantes entre mes doigts. J’entretenus des conversations impossibles avec

des hommes presque nus qui déblatéraient le même discours selon lequel il fallait arrêter la guerre du Viêt Nam, qu’il s’agis-sait d’un crime contre l’humanité, qu’ils voyaient en cette his-toire une apparition réelle du Diable.

Dès les premières notes du chanteur Richie Havens, qui ou-vrait le bal, la foule s’est levée et a vénéré le Soleil qui plom-bait et calcinait le dessus des têtes intoxiquées par l’euphorie. C’était beau, c’était un grand cri à l’unisson pour la liberté. La nuit tombée, plusieurs ont rejoint leurs véhicules pour goûter au plaisir de la chair, alors que d’autres s’en sont tout simple-ment donnés à cœur joie dans les quelques buissons entou-rant le site. L’homme sauvage réduit à sa plus simple expres-

sion. Ce qui marquait dans ces 3 days of peace and music était l’ambiance de fête ou plutôt d’hommage à la simplicité qui ré-gnait sur les 243 hectares de gazon et de poussière du site. C’était le nuage de fumée âcre mais également le nombre de sourires captés au hasard. L’apparition de Jimi Hendrix, au jour trois du festival, fut un des moments forts, chacun l’ac-clamant à sa façon alors qu’il entamait sa prestation musicale dont nous ne pouvions nous lasser.

Nous avons finalement quitté l’endroit le 18 août vers midi, la fête ayant continué pendant la nuit malgré les revendica-tions des organisateurs qui voulaient que leur événement se termine le 17 août au soir. Il faut dire qu’une masse d’un de-mi-million d’hippies utopistes était difficile à déplacer. On se souviendra du festival de Woodstock 1969 comme d’un évé-nement historique unique en son genre. L’apogée de l’idéaliste moderne dans son élément de base : la nature.

18 août 1970

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La fin d’une guerreL’accord pour la paix au Viêtnam est signé à Paris Par An-Laurence Higgins

C’est hier que la capitale française a été témoin de l’accord de paix signé entre les États-Unis, le Viêtnam du Sud et le Viêt-nam du Nord. Persistant depuis près de 20 ans, cette guerre atroce ayant donné lieu à d’innombrables violences a finale-ment atteint son expiration.

Le 31 janvier 1968, l’offensive de Têt menée par les combat-tants communistes du Viêtnam du Nord porta un coup dur à l’armée américaine, présente sur le territoire depuis 1961. Au bout de deux mois, l’armée de la République Démocratique (nord) fut lourdement défaite, mais pourtant, cet échec joua en leur faveur.

Rapportés par les médias en Amérique du Nord, les évène-ments et les photographies des atrocités de la bataille atti-sèrent les sentiments d’hostilité des États-uniens envers la guerre. L’appui de l’opinion publique pour la poursuite de l’intervention au Viêtnam déclina. Huit mois après l’offensive, monsieur le président Johnson en étonna plus d’un en ordon-

nant l’arrêt des bombardements aériens sur une partie du Viêtnam du Nord. Le retrait des troupes américaines et une

ouverture sur les négociations d’un traité de paix débutèrent. Toutefois, les contestations ne s’affaiblirent pas, au contraire. Le massacre de civils dans le hameau My Lai orchestré par l’armée états-unienne, dévoilé par le New York Times en 1969, causa un tollé dans le monde entier et, comme nous le savons, favorisa grandement l’émergence de mouvements pa-

cifistes et contestataires.Deux ans plus tard, ce furent 500 000 citoyens qui mani-festaient à Washington leur désaccord envers la présence américaine au Viêtnam, ainsi que leur désir d’amour universel, qualifiant la guerre de «sale» et «impérialiste». Aujourd’hui, le calme et la paix sont enfin retrouvés.

Effectivement, hier fut un grand jour qui marquera les pages de l’histoire. Les États-Unis ont laissé les Viêtnamiens, ayant conclu la paix entre eux, aux rennes de leur propre pays, dans la pleine capacité de choisir le meilleur pour eux-mêmes. Les bombardements, le sang, les massacres et la haine pourront désormais céder leur place à l’harmonie, l’épanouissement et la paix.

L’avenir est pour le Viêtnam une page blanche sur laquelle nous espérons voir s’écrire des moments heureux dépourvus de souffrances.

28 janvier 1973

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Page 7: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

Enfin, l’Allemagne recommence à respirerPar Sara Lazzaroni

10 novembre 1989.

Ça y est. Il est tombé. Le mur de la honte s’est finalement écroulé sous les acclamations du peuple. Les hommes hurlent de joie dans la rue, les femmes pleurent, les en-fants sans trop savoir pourquoi comprennent que leur existence vient de basculer à tout jamais. On s’entasse désespérément vers cette brèche de lumière qui semble

s’ouvrir sur un monde nouveau.Dans la nuit du 9 au 10, les jeunes Allemands de l’Est et de l’Ouest ont enfin mis un terme à toutes ces années de persécution, toutes ces années de massacre, toutes ces années de peur, et ils gouttent à présent à pleine bouche cette nouvelle liberté qu’on leur propose de façon inespé-rée.

À l’instar du dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, les hommes politiques hongrois ont étés les tout premiers à soulever la chape de plomb communiste au mois de mai dernier, annonçant leur intention officielle d’ouvrir leur frontière avec l’Autriche. Aussitôt, des centaines d’Alle-mands de l’Est se précipitaient en Hongrie dans l’espoir de passer éventuellement à l’Ouest. En septembre, ils étaient plusieurs milliers à s’esquiver ainsi.

Les opposants ont quitté leur taverne sombre et pois-seuse pour manifester dans la rue. Le 7 novembre, 1 million d’entre eux se rassemblaient à Berlin-Est, entraînant di-rectement la démission collective du gouvernement com-muniste. Deux jours plus tard, le gouvernement de l’Ouest autorisait les habitants de l’Est à voyager à l’étranger, après plus de quarante années d’isolement. Inondés sous la foule, les douaniers n’ont eu d’autre choix que de laisser passer cette horde en délire.

Du haut de son 3,6 mètres, le mur a triste mine désormais. Il ne veut plus rien dire. Cinquante années de séparation et d’oppression viennent de prendre fin. La Seconde Guerre mondiale est officiellement derrière nous. L’extinction de l’URSS ainsi que du communisme est imminente, ce n’est plus qu’une question de jours. Combien d’hommes ont perdu la vie pour avoir tenté d’en-jamber ce mur ? Combien ont péri, fous de rage à l’idée de ne plus jamais revoir leur famille, demeurée de l’autre côté ? La Chute du Mur de Berlin marque la fin d’une ère, et le début d’une autre.

Enfin, l’Allemagne recommence à respirer. Et le monde en-tier résonne en écho.

10 novembre 1989

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Page 8: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

La saison parfaitePar Maxime Pelletier

Le manifeste du FLQPar Mylène Beuchée - 9 octobre 1970

Hier soir, avec une victoire au VIIe Superbowl de 14 à 7 contre les Redskins de Washington, les Dolphins de Miami ont écrit un nouveau chapitre dans l’histoire du football : la perfection!

Cette saison miraculeuse n’a pas étée sans effort : l’équipe a montré sa vraie valeur en produisant plusieurs remontées en fin de match.

Ce sont de grands jeux individuels qui ont permis cet exploit lorsqu’il n’y avait plus d’espoir : un botté de placement de 51 verges par Garo Yepremian lors de la troisième semaine; un touché défensif de Manny Fernandez qui a volé le ballon des mains du quart-arrière lors d’une victoire de 24 à 23 en se-maine six; et surtout une feinte de dégagement, exécutée par Larry Seiple, qui a étendu la possession des Dolphins leur permettant de marquer le touché de la victoire lors de la de-mi-finale! Il faut aussi noter la perte du quart arrière partant

de l’équipe, Bob Greise, durant la cinquième partie.Earl Morrall a ensuite pris les rênes jusqu’à cette fatidique de-mi-finale. Bref, ce fut une année difficile. Il faut quand même dire que ce championnat n’est pas une surprise : au terme de la saison régulière, l’équipe était semée première des deux côtés du ballon. Fait marquant : la défensive n’a alloué aucun point lors de trois rencontres cette année.

Quant à l’unité offensive, elle est la première de l’histoire à mettre en vedette deux porteurs de ballon, Larry Csonka et Mercury Morris, ayant une saison de plus de 1000 verges chacun.

La meilleure équipe de l’histoire, me diriez-vous? Certaine-ment, vous répondrais-je! Avec 17 victoires et aucune défaite, le verdict est sans équivoque.

Hier un évènement qui selon moi passera à l’histoire s’est pro-duit. Une lecture du manifeste du FLQ, ce front de libération du Québec dont nous entendons tant parler dans les médias au cours de la dernière semaine, et ce, principalement à cause de l’enlèvement de Cross.

Le FLQ est un mouvement totalement extrémiste, du moins, selon mon point de vue. Jamais ils n’auraient dû déclencher cette série de violences, jamais ils n’auraient dû se rendre jusqu’à l’enlèvement. Quand on commence comme cela, on finit toujours par dépasser une certaine limite. Et pourtant, quand on lit le manifeste en entier, quand je l’ai entendu hier, je n’ai pu m’empêcher d’être d’accord sur certains points ame-nés. Bien entendu, les mots et le moyen utilisés ne sont pour-tant pas les plus pertinents pour amener ce genre d’idées.

Même si vous n’êtes pas prêts à cautionner les actions du FLQ, ce que moi-même je ne puis faire, il faut tout de même avouer que certaines de leurs idées ne manquent pas de charme.

« Nous avons cru un moment qu’il valait la peine de canali-ser nos énergies, nos impatiences comme le dit si bien René Lévesque, dans le Parti québécois, mais la victoire libérale montre bien que ce qu’on appelle démocratie au Québec n’est en fait et depuis toujours que la «democracy» des riches. La victoire du Parti libéral en ce sens n’est en fait que la victoire des faiseurs d’élections Simard-Cotroni. En conséquence, le parlementarisme britannique, c’est bien fini, et le Front de

Libération du Québec ne se laissera jamais distraire par les miettes électorales que les capitalistes anglo-saxons lancent dans la basse-cour québécoise à tous les quatre ans. Nombre de Québécois ont compris et ils vont agir. Bourassa dans l’an-née qui vient va prendre de la maturité: 100 000 travailleurs révolutionnaires organisés et armés! ».

Pour changer les choses, des fois, la violence est de rigueur. Je n’irai pas jusqu’à tuer des gens pour faire passer mes idées, mais quand rien ne change, quand rien n’évolue, il arrive un jour où tout explose.

« Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois éga-lement, d’un gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains et les suppliant de venir investir au Québec, la Belle Province où des milliers de milles carrés de forêts remplies de gibiers et de lacs poissonneux sont la propriété de ces mêmes seigneurs tout-puissants du XXe siècle ».

C’est vrai ! Tout cela est vrai ! Il faut que nous aspirions à quelque chose de mieux. Le peuple ne supporte plus toutes les inégalités et le gouvernement qui ne l’écoute pas. Il a des récriminations, et elles sont portées par le FLQ. Que vous soyez d’accord ou pas avec leur méthode, il faut avouer que le FLQ fait réagir. Et dans une société, il me semble que le bien le plus puissant que nous possédons, c’est bien de réagir à ce qui nous semble injuste.

15 janvier 1973

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Page 9: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

Légaliser l’héroïnePar Audray Langevin

Hier, le 21 décembre, c’était la Convention contre le tra-fic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes… Ouais, les bureaucrates aiment bien donner de grands et longs noms aux choses pour faire croire aux gens qu’ils les connaissent. Je sais pas trop à quoi ça servait cette réunion de l’ONU. J’sais juste que c’était à Viennes, en Au-triche, un pays que je connais même pas, l’autre côté de l’océan que j’connais pas plus, vraiment loin de tous mes petits problèmes d’héroïnomane.

Les 177 signataires qui étaient là ont fini par pondre un traité. Ploc. Un beau p’tit traité de 2 livres et quart. Plac. Ils ont commencé par faire part de leur intelligence en ap-prenant au monde à quel point ça allait mal dans le monde.

Ils ont dit que le monde était proie à une escalade incessan-te dans la guerre des drogues et que le monde ne réussis-sait pas à enrayer ce trafic, mais que le monde n’avait pas à avoir peur. Ça a pris 177 personnes appuyées de leurs grandes études, beaucoup d’argent et en masse de temps pour dire ce que moi, petit cerveau de Ste-Foy dowtown, aurait pu vous pondre en deux secondes et pour seulement trois grammes. Plouf.

Ils en sont venus à la conclusion qu’il fallait collaborer entre pays pour renforcer la défense contre le crime or-ganisé et le trafic illicite de drogues. Qu’il fallait renforcer les lois contre les stupéfiants et les psychotropes, qu’il fal-lait punir à coup de liasses de billets, de maillet en bois et de balance. Mon cher ONU. Mes chers bureaucrates. Il est déjà trop tard, le crime s’est installé.

Y’a pas de meilleur climat pour le crime que l’interdit, que l’ignorance. Pas de meilleur schéma qui existe pour la déchéance! Vous voulez faire comme si tout était sous contrôle? Comme si des mots allaient sauver les milliers de vies qui se perdent chaque année pour la guerre des drogues ou pour une ligne de trop? J’vais vous dire moi : y’a pas de faire ton cirque !

Y’aura toujours des junkies, y’aura toujours des filles de rue, y’aura toujours des proxénètes ! Et surtout, y’aura toujours des mafieux en habit de police et des parasites

en habit de ministre ! La seule solution pour venir en aide à votre économie, à votre sécurité pis en dernier lieu, au p’tit plouf que je suis, c’est de légalisez l’héroïne ! Légalisez l’héroïne !

LÉGALISEZ L’HÉROÏNE ! Enfin un vrai débat pour détruire les hypocrites… Légalisez l’héroïne…

Est-ce qu’on pourrait pas se servir, pour une fois, des sta-tistiques au lieu de construire des cellules et que l’opinion transforme des vies humaines en déchets publiques. Avec ses politiques, c’est l’État qui fabrique la misère. Légali-sez l’héroïne… légalisez l’héroïne… LÉGALISEZ L’HÉROÏNE ! Enfin une option valide pour détruire les hypocrites… Lé-galisez l’héroïne…

Combien de milliards mal investis ça va prendre pour qu’on admette que c’est une guerre sans fin, une tactique inutile. Y’aura toujours des ghettos, des recoins dans ma ville. J’ai pas envie de mettre le pied sur une aiguille… Légalisez l’hé-roïne… Légalisez l’héroïne : enfin un vrai débat pour détruire les hypocrites. Légalisez l’héroïne mes chers bureaucrates. Transformez donc Hydro-Québec en Héro-Québec, de-mandez à Robert Bourassa d’être notre dealer, demandez aux polices d’être nos protecteurs pour de vrai… Les gens meurent pour de vrai eux vous savez.

J’ai froid, j’ai la peau moite. J’ai peut-être pris une ligne ou deux ou dix de trop. J’respire difficilement, j’sais pas trop si mon cœur bat encore ou si j’vous parle d’ailleurs. Ma peau est bleue on dirait… ma peur est morte on dirait bien.

Au fond de moi, j’me dis que ça changera jamais. Y’aura toujours des bureaucrates qui pensent changer le monde à coup de ploc et de plac. Y’aura toujours des gens qui sniffent et qui slapent. Et y’aura toujours des gens qui vont crever en espérant qu’un jour, quelqu’un va se lever pour prendre en main la situation et essayer de changer les choses pour vrai.

Texte inspiré et paroles copiées de la chanson Légaliser l’héroïne des Vulgaires Machins.

22 décembre 1988

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Page 10: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

Sküljagger: Revolt of the WesticansPar Félix Rivard

Bonjour chers amis, aujourd’hui dans votre chronique consacrée aux récentes sorties dans les jeux vidéos je vous parlerai du dernier bébé d’ASC Games sur la Super Ninten-do: Skülljagger.

Alors, par où commencer, ce jeu est mauvais, non mauvais ce n’est pas assez, je dirais dangereux pour l’état mental du joueur et pour la survie de sa faculté logique. L’histoire de Skülljagger se passe sur une île des Caraïbes où un mé-chant pirate a pris la population en otage et votre person-nage, un jeune homme, enfin je crois, vient de voler l’épée magique du méchant pirate et veut s’en servir pour pousser son peuple à la révolte.

Bon d’accord, c’est assez flou, mais dans ce jeu, l’histoire vous est racontée à travers trois ou quatre phrases de dia-logues écrites en orange sur un fond noir lors des écrans de chargements, ces phrases sont, évidemment, complète-ment incompréhensibles, car elles ne sont à la fois sorties de nulle part, mais surtout, c’est écrit si petit qu’à moins de jouer sur un écran de cinéma, il vous faudra vous déchirer la rétine pour pouvoir les lires.

Pour ce qui est du jeu lui-même, c’est un jeu de plateformes comme il en existe des tas et dans lequel vous avancez en prenant des Power up, ou « puissanciers » pour ceux qui n’aiment pas l’anglais, qui sont soit des fruits ou des pierres précieuses.

Alors c’est là que ça commence à devenir étrange. Les rubis vous permettent de tirer des balles de lave avec votre épée, les émeraudes, je n’ai pas trouvé, et les saphirs, c’est pareil, on ne sait pas, rien n’est dit dans ce jeu.

Ensuite viennent les fruits : les oranges vous permettent de lancer des oranges explosives par le nez, les cerises vous permettent de créer une énorme balloune rouge pour vous envoler dans les airs, les raisins vous enveloppent d’une sphère protectrice violette plus résistante que l’acier et qui est le seul moyen humain de tuer un boss, et finalement les melons vous entourent d’une boule, mais vous font voler dans tous les sens durant un certain temps... bref l’origina-

lité ça n’a pas que du bon.Parlant d’originalité, parlons d’ennemis. Le bestiaire est diversifié pour une île des Caraïbes, vous affronterez des fourmis volantes géantes, des pirates, des rats, des statues mayas, des chevaliers en armure équipés de fusils d’assaut roses, des lézards géants et des ninjas... ah et comment ou-blier, Cerbère lui-même. Ensuite viennent les warps placés au hasard que rien n’indique et qui te téléportent dans un monde bizarre où il n’y a rien et quand tu as fini ce monde tu reviens à ton point de départ.

Vient finalement la musique véritable laxatif auditif vous obligeant à prendre des pauses de 5 minutes aux 15 mi-nutes couplées au fait que l’image est tellement zoomée que quand vous sautez vous ne voyez pas plus loin que trois pieds en dessous de vous donc aucun moyen de savoir s’il y a une plateforme où non donc vous devez mourir dans chaque trou pour savoir si vous deviez aller là ou non.

Il y aurait encore des tas de trucs à dire, mais juste écrire ces lignes me donne l’impression que mes cellules grises se suicident les unes après les autres. Je vais finir en vous di-sant de ne jamais au grand jamais essayer ce jeu par amour de votre santé.

26 octobre 1992

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Page 11: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

HoroscopePar Séléna Sereine et pas Didier Diderot

jours 335 de l’année 1984

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Mon co-divinateur m’ayant abandonnée (ce que j’avais prévu bien entendu), je me vois obligée de vous donner un aperçu de votre avenir cette année sans la collaboration du célèbre lecteur de feuilles de thé magiques, ce cher Didier Diderot. Que

Belzébuth l’emporte avec lui en enfer!

Aujourd’hui, jour 335 de l’année 1984 (petite référence littéraire), je vous prédis à l’aide de mes runes ancestrales que dans exactement 28 ans ces évènements vont arriver à ceux dont le personnage totem les représente bien.

Colonel Sanders(Ceux qui trouvent que le PFK est franchement dé-gueu, mais en mangent quand même)

Inspiration : Vous trouverez des idées dans le nou-veau milkshake offert chez Mc Donald (oui, ceci est un exemple de pub gratuite).

Argent : Vous le dépenserez dans quelque chose de tout à fait orange.

Évènement marquant : La chance sera avec vous! Votre cellulaire devrait survivre une autre semaine au moins même après une chute vertigineuse!

Jigglypuff(Ceux qui n’ont aucun talent avec la machine à laver et qui ont déjà « créé » un vêtement rose)

Inspiration : La pratique de la sculpture de guimauve devrait ouvrir votre esprit.

Argent : Hum… l’absence de vision suggère que vous manquez de fonds en ce moment…

Évènement marquant : Vous allez recevoir en cadeau un objet rond.

Starchild du groupe Kiss(Ceux qui ont beaucoup trop de plaisir à faire du air guitar)

Inspiration : Vous allez voir par la fenêtre un moineau se battre avec un écureuil pendant votre cours, et cela va vous inspirer une bonne blague.

Argent : Je vois une entrée d’argent inopinée créée par la conjonction Terre-Mars-Étoile Perdue. C’est donc probablement maman et papa qui vont se sentir généreux.

Évènement marquant : Vous allez échapper votre cuil-lère par terre (sur une substance étrange) et serez forcé d’aller en acheter une autre.

Tigrou(Ceux qui oublient toujours de dessiner des sourcils en crayonnant un visage)

Inspiration : Écoutez Radio Galilée et laissez-vous emporter.

Argent : Si vous avez un chien, surveillez-le, car il risque de voler votre portefeuille. Le coquin!

Évènement marquant : Vous allez siffler sans raison apparente dans l’autobus.

Don Juan(Ceux qui sont capables de rouler les « r » pendant une conversation entière)

Inspiration : Lotzo l’ours câlin qui sent la fraise dans Histoire de jouet 3 va vous inspirer de magnifiques vers.

Argent : Il serait peut-être temps d’investir dans une ampoule… Vous verrez pourquoi en temps et lieu.

Évènement marquant : Vous allez vous surprendre à fixer le cou de votre professeur pendant un bon mo-ment en classe.

Fifi Brindacier(Ceux qui admirent secrètement les roux)

Inspiration : Dansez la lambada. Il en va de votre ca-pacité à écrire.

Argent : Je vois… Une cenne chanceuse dans vos mains!

Évènement marquant : Votre télécommande de télévi-sion va se cacher mystiquement dans les coussins de votre divan.

Page 12: L'Eclosion _ Semaine du 22 octobre

L’équipe du journal - 22/10

Dépôt légal : Bibliothèque Nationale du Québec et du Canada issn-0318-1710

L’éclosion, la conscience d’une nation... (Albert Camus bis)

Anne ShirleyLebel

Co-Cordinatrice

Ann-LaurenceHigginsCorrectrice

GenevièveDufourRédactrice

Vous ?Rédacteur, Chroniqueur,

Dessinateur et tout autres brins de folie !!!

Jules AndréLarouteChroniqueur

Audrey LangevinRédactrice

Mylène BeuchéeCo-Cordinatrice

Louis-Phil l ipe Pleau

Chroniqueur

MaximePelletier

Rédacteur

Marie-èveFortier

Caricaturiste

CésarMonchablon

Graphiste

Sarah TardifRédactrice

Sarah LazzaroniRédactrice

Félix RivardChroniqueur