le nationalisme littéraire en france 1. introduction
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Le nationalisme littéraireen France
1. Introduction
Un phénomène général la constitution des
États nations à partir de la Renaissance
la construction idéologique d’une identité culturelle
une mentalité de cohésion
une origine une manière de vivre
une langue des institutions
sociales des cérémonies
spirituelles une conscience
nationale une phase transitoire
dans l’Histoire des peuples européens
La transformation d’une société un réseau local
focalisé sur un chef héréditaire
un centre spirituel un monarque
légiférant une institution
oligarchique un serf lié à son chef un sujet anonyme
une évolution sociale selon les mécanismes légaux
une idéologie politique
la glorification du monarque
une vision culturelle l’origine légendaire
du groupe
Les vecteurs culturels l’architecture la mode la diffusion de la nouvelle
idéologie
Les Républiques les timbres postes les billets de banque un déchiffrement
spécifique
Les textes littéraires
une interprétation particulièrement complexe
quelques thèmes politiques
l’état des esprits jamais à la lettre les représentants
d’un climat idéologique
des témoignages stylisés des attitudes
le miroir d’une société
convexe ou concave des images illusoires la littérature
instrumentalisée son potentiel impact
politique
Une conviction
le rapport entre une littérature et une nation
un lien de nécessité l’appartenance
nationale la nature
concurrentielle des fonctionnements
de l’espace littéraire européen
l’organisation politique d’un territoire
la mentalité de ceux qui l’habitent
Stuart Hall: Rassismus und kulturelle Identität. Hamburg / Berlin 1994
une construction discursive
Une imagination collective cinq éléments
essentiels: l’Histoire d’une
communauté le paysage de
son territoire les événements
vécus ensemble
les symboles reconnus
les cérémonies établies
des origines légendaires une continuité absolue une tradition irréprochable un corps physiologique sa pureté originale l’arbre enraciné dans la terre d’origine soutenu par la solidité de son
tronc historique ramifié dans ses branches de
familles la richesse de ses feuilles
individuelles
L’exaltation de l’idée nationale la primauté de l’intérêt
national l’expression d’une identité
commune d’un peuple la volonté de posséder un
territoire national récupérer des terres une idéologie imposée à un
peuple un moyen de manipulation le droit de former une
nation se distinguer des autres
barbares = ne parlent pas la langue grecque
la mobilisation contre l’envahisseur perse
la langue = critère d’inclusion ou d’exclusion
Ovide: Barbarus hic ego sum, quia non intelligor ulli.
Le nationalisme en France après la défaite de 1870 dépasser les clivages
idéologiques réunir les Français une revanche ou une
défense tous les partis politiques
non socialistes le boulangisme la xénophobie ou
l’antisémitisme l’ennemi intérieur l’Affaire Dreyfus
Le nationalisme de doctrine Maurice Barrès Léon Poincaré Jules Ferry Émile Flourens Georges Boulanger Paule Déroulède Victor Hugo Félix Faure Georges
Clemenceau
Les expressions symboliques
Anthony D. Smith Theory of
Nationalism. New York 1983
des unités culturelles un territoire
historique des mythes communs des mémoires
historiques une culture de masse une économie un système de droits
et de devoirs
des collectivités anciennes
plus archaïques de l’époque
féodale ou précoloniale
groupes prédominants à l’intérieur
une position privilégiée
Michael Metzeltin Nationalstaatlichkeit
und Identität. Wien 2000
six éléments constitutifs:
la conscience de sa communauté
son territoire son Histoire sa langue sa tradition artistique ses institutions
transformés en signes textuels ou visuels
se fixer dans les esprits
intégrés ensuite dans la socialisation
former les générations futures de compatriotes
Myriam Yardeni Enquêtes sur l’identité de la « nation
France » de la Renaissance aux Lumières. Seyssel 2004
l’on appartient à une entité nationale la prise de conscience nationale la réalisation du devoir moral les dangers imminents dans l’espace
géographique son essence spirituelle les différentes formes du patriotisme les façons spécifiques de décrire le monde
Trois présuppositions a) la nation = la
communauté la plus naturelle et la plus organique la priorité sur toutes
autres obligations b) l’État: son mandat et sa
souveraineté d’une nation la loyauté civique la solidarité culturelle,
linguistique et ethnique c) les frontières nationales
= ethniques, linguistique et culturelles l’espace géographique =
l’entité politique
une société de personnes en interaction organisée
la langue des
comportements sociaux
des souvenirs historiques
construire son image
la différence de l’autre
Les préjugés et les stéréotypes Jan Berting et
Christiane Villain-Gandossi (éd.): The role of stereotypes in international relations. Rotterdam 1994
la cohésion interne le sentiment
d’appartenir à ce groupe
s’exprimer à la première personne du pluriel
we-feeling
les valeurs communes
éviter d’être confondus
discriminer une menace à la
collectivité la littérature
populaire la caricature
Le commissaire San-Antonio
Frédéric Dard Un éléphant ça
trompe Remets ton slip,
Gondolier la discrimination
sociale Kelsaltypes Kelsalmec Kelsaltan
Les proverbes et les poncifs bougnoule ou
métèque boche, tête carrée ou
tête de choucroute bifteck une différence
primitive frogs querelle d’Allemand vous me prenez pour
un Allemand ?
avoir ses Anglais c’est un vrai juif Astérix et Obélix des produits culturels les descriptions
géographiques ou historiographiques
des images collectives
Julius Caesar Scaliger: Poetices libri. Lyon 1561
Scaliger Asianorum luxus, Africanorum perfidia,
Europaeorum (hoc enim volo mihi dari) caritas. […] Germani fortes, simplices, animarum prodigi, veri amici, verique hostes. […] Angli perfidi, inflati, feri, contemptores, irrisores, factiosi, alieni sibiipsis, bellicosi coacti, servi ut ne serviant, Dei contemptores. Galli ad rem attenti, mobiles, leves, humani, hospitales, prodigi, lauti, bellicosi, hostium contemptores, atque ad circo sui negligentes, imparati, audaces, cedentes labori, equites omni longe optimi. Hispanis victus asper somi, alienis mensis largi, alacres bibaces, loquaces, iactrabundi, fastus tartareus, supercilium cerbereum, avaritia immanis, paupertate fortes, fidei firmitas ex precio, omnibus nationibus & invidentes & invisi.
Une tradition historiographique Jules de La Mesnadière: Poétique. Paris 1640 Maintenant selon les Païs, les François seront
hardis, courtois, indiscrets, genéreux, adroits, inconsiderez, impetueux, inconstans, prodigues, peu laborieux, polis, legers dans leurs amours, impatiens et téméraires.
Les Espagnols présomptueux, incivils aux étrangers, sçavans dans la Politique, tyrans, avares, constans, capables de toutes fatigues, indifferens à tous climats, ambitieux, méprisans, graves iusqu’à l’extravagance, passionez aveuglément pour la gloire de leur Nation, ridicules dans leurs amours, & furieux dans leur haine.
Expérience et autorités J’ay veu par la frequentation, que les Anglois sont
infidelles, paresseux, vaillans, cruels, amateurs de la propreté, ennemis des étrangers, altiers & interessez. Si nous en croyons un Grand homme, excellent observateur des mœurs de chaque Nation, les Italiens sont oysifs, impies, seditieux, soupçonneux, fourbes, casanniers, subtils, courtois, vindicatifs, amateurs de la politesse, & passionnez pour le profit.
Les Allemans seront sincéres, fidelles, grossiers, modestes, banqueteurs, affables, vaillans, amoureux de la liberté. Les Perses religieux, ambitieux, riches, adroits, doux, guerriers, & defians. Les Grecs vains, menteurs, orgueilleux, adroits, sçavans, & raisonnables.
L’Encyclopédie Chaque nation a son caractère particulier :
c’est une espèce de proverbe que de dire, léger comme un françois, jaloux comme un italien, grave comme un espagnol, méchant comme un anglois, fier comme un écossois, ivrogne comme un allemand, paresseux comme un irlandois, fourbe comme un grec…
Le caractère d’une nation consiste dans une certaine disposition habituelle de l’âme ; qui est plus commune chez une nation que chez une autre, quoique cette disposition ne se rencontre pas dans tous les membres qui composent la nation ; ainsi le caractère des François est la légereté, la gaieté, la sociabilité, l’amour de leurs rois & de la monarchie même…
La théorie des climats Guillaume Salluste du Bartas (1544-90): La
sepmaine, ou création du monde. Paris 1578 climats chauds → tempérament vif et caractère
sanguin zones froides et humides → disposition
flegmatique et apathique Montesquieu: L’Esprit des Lois. Paris 1748 des différences juridiques, politiques,
économiques, affectives… S’il est vrai que le caractère de l’esprit et les
passions du cœur soient extrêmement différents dans les divers climats, les lois doivent être relatives à la différence de ces passions, et à la différence de ces caractères.
Mme de Staël Germaine de Staël: De la Littérature
considérée dans ses rapports avec les institutions sociales. Paris 1800
une littérature du midi – la source gréco-latine – le classicisme français
une littérature anglo-saxonne ou germanique – le romantisme
Le climat est certainement l’une des raisons principales des différences qui existent entre les images qui plaisent dans le nord, et celles que l’on aime à se rappeler dans le midi.
Homère et Ossian la prédestination sociale des auteurs les mentalités collectives
La psychologie collective Les ouvrages littéraires ayant le succès pour
but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle.
un héritage génétique = la race socialisés dans une collectivité = le milieu le goût de la collectivité = le public patriotisme ou nationalisme dans la réalité politique et sociale dans les expressions culturelles d’une époque leur valeur symbolique et leurs messages
connotatifs