LE GRANTMAKING AVEC UNE APPROCHE DE GENRE Cinq études de cas

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Auteurs

Hilal Baykara, Sabanci Foundation

Ali Khan, European Foundation Centre

Esther Lever, Mama Cash Foundation

Ursula Miniszewski, Global Greengrants Fund

Debbie Pippard, Barrow Cadbury Trust

Françoise Pissart, Fondation Roi Baudouin

Édité par

Helen O’ Connell, Consultante indépendante

Préface : Un espace de compréhension et 4de promotion de l’égalité des genres

Pourquoi une approche de genre ? 5

Barrow Cadbury Trust 6Justice pénale : Vers une approche de genre

Global Greengrants Fund 8Égalité de genre et développement durable : connexions et intersections

Fondation Roi Baudouin 10Immigration, mariage et réunification familiale : les enseignements d’une approche de genre

Mama Cash 12Filles et femmes : Le pouvoir de l’industrie de la mode, couplé au pouvoir de faire changer les choses

Levi Strauss Foundation 13Ajouter un pendant masculin à HERproject

La Sabanci Foundation 14Handicap et genre : La flexibilité, un facteur d’efficacité

En résumé : Les points essentiels 16

Approche de genre : Questions et Réponses 17

Fondations participantes 18

SOMMAIRE

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Dans ce livret, la Fondation aborde divers thèmes s’inscrivant dans le cadre de son programme : justice pénale, changement climatique, migration, droits du travail, santé des travailleurs et handicap. Ces divers thèmes, d’importance égale, ont un dénominateur commun : ils ont tous été étudiés sous le prisme de l’égalité des genres, permettant ainsi à chaque fondation de bénéficier d’une parfaite compréhension des questions qu’elle aborde et d’adapter sa réponse en conséquence.

Le terme « genre » est souvent utilisé et interprété de manière erronée. Certains l’associent exclusivement aux femmes et estiment donc que la problématique de l’égalité des genres fait uniquement référence aux problèmes rencontrés par les femmes. En tant que fondations, notre mission revêt essentiellement une dimension humaine. Par conséquent, nous nous devons de considérer l’impact des sexospécificités sur les femmes et les filles, sur les hommes et les garçons ainsi que sur les personnes ayant une identité de genre différente. À défaut de prise en compte de ces différences, nous nous exposons au risque de réduire l’efficacité de nos programmes et de ne pas atteindre pleinement le résultat escompté. Par conséquent, une perspective de genre ne constitue pas une charge supplémentaire mais consiste simplement à identifier l’impact des sexospécificités sur notre mode de fonctionnement.

L’EFC (European Foundation Centre) s’engage à promouvoir l’égalité des genres. En 2009, nous avons apporté notre soutien au guide élaboré par le service GrantCraft de l’EFC, intitulé « Funding for Inclusion: Women and Girls in the Equation ». En collaboration avec plusieurs fondations partageant la même vision, nous avons fondé en 2014, ce réseau thématique sur l’égalité des genres. Nous avons en effet éprouvé le besoin de créer au sein de l’EFC un espace dédié à la promotion de l’égalité des genres. Le réseau vise à faciliter l’apprentissage mutuel et à offrir une meilleure compréhension des problématiques de genre, tout en favorisant le recours à une approche de genre dans toutes les actions entreprises par nos fondations.

Ce livret représente ainsi la première publication collaborative du réseau. Nous avons recueilli plusieurs études de cas sur les programmes de grantmaking où l’adoption d’une approche de genre a créé un réel changement pour les personnes concernées. Cette publication aborde l’approche de genre ainsi que les possibilités qu’elle permet d’ouvrir pour une fondation. Par ailleurs, elle tente également de répondre à certaines questions que vous pourriez vous poser. Nous espérons en tout cas que ce livret incitera les fondations européennes au dialogue, à l’échange et à la réflexion.

Pour obtenir de plus amples informations ou approcher les fondations engagées sur le thème de l’égalité des genres, nous vous invitons à prendre contact avec notre réseau thématique spécialement dédié à cette fin.

Gerry Salole

Directeur,

European Foundation Centre

PRÉFACE

Un espace de compréhension et de promotion de l’égalité des genres

Dans toutes les cultures, toutes les communautés et tous les pays, l’identité et l’expression sexuelles d’une personne se construisent sous l’influence de nombreux facteurs : expériences, croyances, aspirations personnelles, attitudes extérieures et pressions sociales. Chaque société a des attentes relatives aux caractéristiques, aptitudes et comportement prévisibles des filles et des garçons, des hommes et des femmes ainsi que des personnes ayant une identité de genre différente (tels les transsexuels et les personnes intersexuées). Ces rôles et responsabilités assignés sont des « constructions sociétales », qui peuvent évoluer au fil du temps et varient largement selon les cultures, voire au sein d’une même culture.

Au cours des dernières décennies, de nombreuses fondations européennes ont renforcé leur lutte contre différentes formes d’inégalité, telles que celles reposant sur la classe, la race, la caste, l’ethnie, la nationalité, le handicap, l’âge, la sexualité, la religion ou la langue. Mais, étonnamment, les inégalités de genre demeurent une thématique beaucoup moins souvent abordée.

L’analyse de genre ou l’adoption d’une approche de genre, constitue un outil d’analyse important pour le grantmaking et la prestation de services, car il permet aux fondations d’être plus performantes dans leurs activités. Nous pouvons ainsi identifier et anticiper les différences de genre, étudier leur signification et y faire face. Cela nous permet de mieux comprendre la manière dont l’identité et l’expression sexuelles des personnes concernées influent sur les opportunités qui leur sont offertes, leur capacité à jouir de leurs droits humains et à les exercer, et à demander réparation si ces droits sont bafoués. Nous sommes également mieux à même de comprendre les rôles et la position de chaque personne au sein d’une société, les dynamiques de pouvoir et la répartition des tâches dans la sphère privée, au sein de l’entreprise et de la communauté au sens large. L’intégration d’une approche de genre nous permet également d’analyser les circonstances dans lesquelles les réglementations, politiques, valeurs culturelles, normes et pratiques affectent différemment les personnes. De plus, cela nous offre une vision plus claire des interactions entre les différentes formes d’inégalités.

L’adoption d’une approche de genre nous permet , en tant que fondations, de mieux répondre aux besoins et intérêts des personnes que nous cherchons à aider, d’aborder le large éventail de problématiques que nous traitons de manière plus cohérente et plus équitable et de renforcer notre impact.

Ce livret présente cinq études de cas relatives aux programmes mis en œuvre par les fondations dans divers domaines : justice pénale (Barrow Cadbury Trust), changement climatique (Global Greengrants Fund), migration (Fondation Roi Baudouin), droits du travail (Mama Cash) et handicap (Sabanci Foundation). L’étude de cas Mama Cash est accompagnée d’un aperçu supplémentaire décrivant une approche de la santé des travailleurs (Levi Strauss Foundation).

Les études de cas décrivent la manière dont une approche de genre a été mise en œuvre et son impact sur les activités de grantmaking déployées dans le cadre de l’approche mise en place par chaque fondation et sur les personnes concernées Toutes les études mettent en lumière les remarquables avancées résultant de l’intégration d’une approche de genre. Cela nous a permis de mieux appréhender la complexité des problématiques en jeu et d’ajuster nos méthodes de travail afin d’apporter des réponses plus flexibles et plus appropriées, se traduisant par des résultats plus équitables, plus efficaces et plus durables.

POURQUOI UNE APPROCHE DE GENRE ?

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Bien qu’œuvrant depuis toujours en faveur des femmes, le Barrow Cadbury Trust n’a pas toujours eu systématiquement recours à une analyse de genre dans la conception et l’exécution de ses programmes. Cette étude de cas expose la manière dont le Trust a progressivement renforcé l’intégration du genre dans une partie de son programme dédié à la justice pénale au Royaume-Uni.

L’identification des besoins des jeunes adultesEn 2004, les administrateurs du Barrow Cadbury Trust ont décidé d’axer leur travail dans le domaine de la justice pénale concernant les jeunes adultes, à savoir les 18 - 24 ans, qui sont légalement adultes mais doivent encore gagner en maturité. Le système de justice pénale, essentiellement conçu pour les adultes plus âgés, est en effet peu adapté à cette population. Le Trust a instauré une Commission chargée d’analyser les témoignages, d’identifier les besoins et de formuler des recommandations de modification des politiques et pratiques mises en œuvre. Parmi ces recommandations figurent notamment la constitution d’une équipe spécialisée dans la délinquance des jeunes adultes, l’amélioration des pratiques policières et la fourniture d’un meilleur accès aux services éducatifs et d’aide au logement. Si la plupart des témoignages recueillis par la Commission n’étaient pas liés au genre, dans son rapport final, la Commission a néanmoins souligné que les jeunes femmes délinquantes étaient confrontées à des « problèmes et besoins distincts, car elles assument la charge d’enfants mineurs, subissent des relations abusives et sont davantage exposées à des problèmes de santé mentale. »

Les enjeux d’un système de justice pénale essentiellement masculinSuite à la publication du rapport de la Commission, intitulé Lost in Transition, le Trust a institué l’Alliance pour la transition à la vie adulte (T2A), une coalition de 12 organisations œuvrant dans les secteurs de la justice pénale, de la jeunesse et de la santé, chapeautée par le Barrow Cadbury Trust. Ce groupement a financé un éventail de projets, dont des travaux pratiques et de recherche. Les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes dans le système de justice pénale et ce surnombre se traduit dans les réponses de la justice pénale, conçues par les hommes et pour les hommes. De ce fait, lors des étapes initiales de la campagne menée par l’Alliance T2A, les projets ont été essentiellement orientés vers de jeunes hommes. Il convient de noter que les besoins des femmes n’ont toutefois pas été ignorés par le Trust : quelques projets T2A se sont concentrés sur les besoins des jeunes femmes et, dans le cadre d’un programme d’activités parallèles, le Trust a fait partie d’une coalition de bailleurs de fonds soutenant des alternatives communautaires à l’emprisonnement des délinquantes. Cependant, à ce stade, l’Alliance T2A n’a pas adopté une approche de genre formelle.

JUSTICE PÉNALE : VERS UNE APPROCHE DE GENRE

Barrow Cadbury Trust

L’adoption d’une approche genre pour l’identification des lacunesEn 2010, le Trust a réalisé que la campagne menée par l’Alliance T2A ne permettait pas d’identifier pleinement les besoins et expériences spécifiques des jeunes femmes. À l’issue de six projets pratiques et 20 rapports d’étude financés au sein de l’Alliance T2A, le système de justice pénale a commencé à reconnaître les besoins des jeunes adultes. Cependant, ces éléments de base - et donc les messages destinés aux décideurs politiques et aux intervenants - n’ont pas exposé assez clairement la meilleure manière d’aborder les jeunes hommes et les jeunes femmes. À la lumière de ce constat, le Trust a analysé l’ensemble des éléments de base de l’Alliance T2A afin d’identifier les lacunes et a ensuite commandité, outre son programme de travail établi, des projets pilotes et des travaux de recherche axés spécifiquement sur les jeunes femmes. Désormais, le Trust intègre systématiquement une approche de genre lors de l’étude de chaque demande de financement dans le cadre de l’Alliance T2A, qu’il s’agisse d’un projet de recherche sur des lésions cérébrales ou d’une initiative pilote testant une méthode novatrice favorisant le soutien aux jeunes gens. Les évaluateurs des programmes sont invités à intégrer la dimension du genre dans le cadre de leur mission.

Quelques enseignements importants En l’espace de dix ans, le Trust a accompli des avancées majeures :

• une meilleure compréhension des raisons sous-jacentes entraînant les hommes et les femmes dans les rouages de la justice ;

• une somme de connaissances sur les diverses situations sexospécifiques des jeunes femmes et des jeunes hommes, ainsi que leurs différents besoins en termes d’assistance ;

• une évolution d’un patchwork de projets d’aide aux femmes, déployés dans le cadre du programme T2A, vers une approche nettement plus structurée et exhaustive.

Bien qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir, l’analyse des problèmes de la justice pénale à travers une approche de genre et le développement de services répondant aux divers besoins des jeunes hommes et jeunes femmes ont permis au Trust d’offrir à ces deux groupes une réelle opportunité d’échapper à la criminalité.

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Le Global Greengrants Fund (GGF) favorise la durabilité environnementale et la justice sociale. L’égalité de genre étant une composante intrinsèque des deux aspects de la mission du GGF, le fonds œuvre afin d’intégrer directement cette dimension dans ses stratégies de grantmaking dédiées à la gestion des ressources naturelles, à la réduction de la dégradation environnementale et à l’émergence de solutions adaptatives aux changements climatiques.

Comprendre les interactions entre l’égalité de genre et le changement climatiqueLe changement climatique frappe les femmes de manière disproportionnée : elles sont souvent en contact avec les ressources naturelles les plus touchées par le changement climatique, par exemple, en ramassant du bois de chauffage, en allant chercher de l’eau et en exerçant des activités agricoles. Les inégalités sociales et culturelles privent hélas souvent les femmes d’informations sur le changement climatique et restreignent leur participation aux processus décisionnels sur les plans d’atténuation et d’adaptation. Pourtant, les femmes et les groupes locaux auxquels elles appartiennent ont développé des approches très efficaces et innovantes en matière de lutte contre le changement climatique. C’est la raison pour laquelle le GGF accorde en priorité son aide aux organisations soutenant les femmes dans leurs efforts d’atténuation ou d’adaptation au changement climatique.

La valeur du soutien stratégiqueEn Indonésie, le GGC soutient une organisation locale indigène, baptisée Pokja OAT. Cette dernière a été créée en 2006 afin de mobiliser les tribus Amanuban et Amanatun contre les activités minières et protéger 16.000 hectares de forêts, où les femmes cherchent de la nourriture, des teintures et des remèdes. L’impact environnemental, social et économique des exploitations minières pour les communautés locales est considérable. Après des années de conflits avec les compagnies minières et d’oppositions infructueuses, Pokja OAT a tenu une assemblée régionale en 2009, grâce à un modeste appui financier. Trois tribus locales y ont assisté et les femmes et les hommes ont collectivement décidé de réitérer les protestations mais cette fois, avec les femmes en première ligne. Suite à cette décision, 150 femmes ont occupé des sites miniers pendant une année entière, sous la forme d’un sit-in. Chaque jour, elles ont bloqué l’accès au site, tout en tissant leurs étoffes traditionnelles, tandis que les hommes leur apportaient à manger et se chargeaient des autres tâches domestiques. En 2010, leurs revendications ont été entendues. Les compagnies minières ont abandonné cinq mines dans le district mais la menace pèse toujours

ÉGALITÉ DE GENRE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE :

CONNEXIONS ET INTERSECTIONS

Global Greengrants Fund

© Goldman Environmental Prize

© Goldman Environmental Prize

sur les forêts. Pokja OAT a aujourd’hui recours à la voie légale et parlementaire pour exercer des actions en justice plus fermes en vue de protéger les forêts tribales.

Les enjeux de la promotion de l’approche de genre Dans le cadre de la mise en œuvre de son programme Gender and Environment, le GGF est confronté à un enjeu majeur visant à comprendre dans quelle mesure les rôles des femmes et des hommes et les perceptions profondément ancrées à cet égard varient au sein des cultures. Conscient qu’une stratégie unique ne pourrait pas fonctionner à travers différentes régions, le GGF a déployé plusieurs activités, dont :• l’assimilation des enseignements reçus par ses conseillers en grantmaking sur

les rôles de genre au niveau local (répartition du travail, gestion des ressources et des terres, etc.) et les modalités d’intégration d’une analyse de genre dans les stratégies de grantmaking ;

• l’octroi aux conseillers d’opportunités de participation à des séminaires et des conférences. Ainsi, le GGF a co-organisé un sommet sur les femmes et le climat, en collaboration avec I’International Network of Women’s Funds, au cours duquel des représentants de ses 15 conseils consultatifs régionaux et thématiques ont appris à reconnaître, valoriser et soutenir plus efficacement des initiatives locales sur le changement climatique déployées par des femmes ;

• le développement d’alliances et de collaborations avec l’International Network of Women’s Funds dans un double objectif : approfondir notre compréhension de l’impact des rôles de genre sur l’environnement – en particulier sur le changement climatique – et inversement, œuvrer ensemble en faveur de réponses plus percutantes face aux défis pressants auxquels sont confrontées les femmes indigènes et leurs communautés.

Des leçons plus générales Les femmes du monde entier sont engagées dans la préservation de leurs communautés et de leurs moyens de subsistance locaux mais ne maîtrisent pas le langage compris par les bailleurs de fonds, comme environnementaliste ou féministe. Par conséquent, il appartient à la communauté philanthropique de se projeter au-delà du discours traditionnel de financement des droits des femmes ou de l’environnement et de permettre aux actions menées sur le terrain de façonner les stratégies de grantmaking. Les bailleurs de fonds locaux ont un rôle exceptionnel à jouer pour appuyer les efforts déployés par des femmes appartenant à des groupes qui travaillent souvent dans l’ombre et sont généralement méconnus et sous-financés. Elles ont besoin de partenaires financiers fiables, qui respectent leur autonomie et leurs programmes, et sont prêts à travailler ouvertement et à fournir en temps opportun des ressources flexibles et adaptées à leurs besoins.

© Goldman Environmental Prize

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Dans le cadre de son engagement dans le domaine de l’immigration et de la justice sociale, la Fondation Roi Baudouin (FRB) a pris conscience des conditions difficiles rencontrées par les femmes ayant immigré en Belgique suite à un mariage. Depuis 1995, un pourcentage croissant de femmes issues de l’immigration s’est installé en Belgique pour des raisons de regroupement familial. Soixante-cinq pour cent des femmes immigrées n’accèdent pas au marché de l’emploi, contre 33 % pour les hommes, contribuant ainsi à l’isolement important de ces femmes. Après neuf années d’aide aux ONG et associations de femmes travaillant avec des immigrées et suite à de nombreuses études, la FRB tire deux conclusions :

• des solutions aux problèmes rencontrés par les femmes issues de l’immigration doivent être trouvées, non seulement en Belgique mais aussi dans le pays d’origine – il ne s’agit pas uniquement d’une problématique du « pays de destination » ;

• la mise en œuvre d’une approche de genre se révèle nécessaire : par exemple, les hommes issus de l’immigration (par le mariage) peuvent, eux aussi, avoir le sentiment d’être les victimes du système et de ne pas recevoir le soutien adéquat de la part de la société civile.

Un appel à projets avec une approche de genre La FRB a lancé un appel à projets mettant l’accent sur des activités développée dans le pays d’origine et en Belgique, et a imposé « la mise en œuvre d’une approche de genre » parmi les critères de sélection. Le jury a sélectionné un nombre équilibré de projets : ciblant exclusivement les femmes, exclusivement les hommes et les deux. Cinq projets ont été financés, dont le programme de Groep Intro Genk s’adressant aux hommes primo-arrivants, ainsi que les groupes de discussion organisés par l’Union des Associations Turques au sein des écoles, lors de grands rassemblements et avec des groupements de belles-familles sur le thème de la migration maritale.

Remise en cause des hypothèses de genreLe soutien financier accordé à chaque organisation comprenait des fonds destinés à des activités d’évaluation qui ont permis de faire des découvertes fondamentales sur le thème du genre, incluant la remise en cause des idées des organisations sur l’attitude et le comportement des hommes et des femmes issus de l’immigration.

IMMIGRATION, MARIAGE ET RÉUNIFICATION FAMILIALE : LES ENSEIGNEMENTS D’UNE

APPROCHE DE GENRE

Fondation Roi Baudouin

En s’inspirant de son travail antérieur mené avec des femmes issues de l’immigration, Groep Intro Genk a réuni un groupe d’anciens et de nouveaux immigrés afin d’étudier les problèmes sexospécifiques auxquels ils sont confrontés. Il est apparu que les hommes se tournaient vers Groep Intro Genk car ils étaient à la recherche d’occupations utiles et/ou physiques. Par conséquent, des activités telles que le football ont été associées à l’étude de préoccupations comme la recherche d’un emploi, l’apprentissage d’une langue ou la réalisation de démarches administratives. En revanche, les femmes issues de l’immigration considéraient la discussion et les ateliers créatifs comme des activités attractives et utiles. L’Union des Associations Turques a été confrontée à la même problématique, mais d’une autre manière, et a dû réviser ses idées préconçues sur le genre. Elle pensait en effet que les hommes seraient moins enclins que les femmes à exposer leurs sentiments personnels, mais il a été constaté que ce n’était le cas que dans le cadre de groupes mixtes. Dans des groupes unisexes, les hommes et les femmes étaient prêts à s’exprimer et à mener des discussions ouvertes et animées. Un bénéficiaire de la Fondation Roi Baudouin a constaté que les écolières issues de l’immigration - immigration récente ou de deuxième/troisième génération - étaient aussi conscientes des rôles de genre que les filles issues de familles d’origine belge. Dans certains cas, ces dernières étaient même moins sensibles aux rôles de genre et semblaient plus enclines à accepter une répartition traditionnelle des rôles de genre et des responsabilités au sein de la famille. Ces programmes révèlent clairement qu’il est impossible d’établir des démarcations nettes ou d’avoir des idées préconçues sur les religions, les sexes, les générations ou l’éducation. Les structures sociales environnantes et les espaces de discussion qu’elles mettent à la disposition des femmes et des filles, ainsi que des hommes et des garçons pour trouver des moyens d’améliorer leur situation sont des facteurs déterminants.L’expérience de la FRB montre qu’une perspective de genre n’est pas une stratégie applicable à tous les cas de figure. Une optique de genre ne peut pas tout expliquer. Elle doit être accompagnée par :

• une analyse approfondie de la complexité des différences culturelles ;

• des actions qui examinent attentivement et répondent aux besoins, intérêts et aspirations des groupes cibles.

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Afin de promouvoir les droits du travail, Mama Cash soutient des organisations telles que la Serene Secular Social Service Society (SSSSS) à Tamil Nadu, en Inde. La SSSSS est dirigée par des ouvrières de l’industrie du textile issues de groupes marginalisés, comprenant des Dalits et des femmes de castes et tribus énumérées, ainsi que des adolescentes astreintes au travail forcé.

Utilisation de l’analyse de genre pour la compréhension du contexteMama Cash aborde toutes ses missions avec une approche sexotranformatrice, y compris dans le domaine de la justice économique. L’analyse de genre permet ici de comprendre le contexte dans lequel évoluent les travailleurs de l’industrie du textile et du prêt-à-porter (80 % de la main d’œuvre est féminine) et ainsi de décider qui et quoi financer et de quelle manière. Une approche de genre met en lumière les problématiques spécifiques auxquelles les ouvrières sont confrontées dans les filatures approvisionnant l’industrie du textile et du prêt-à-porter indienne ainsi que certaines grandes marques et détaillants mondiaux. Les filatures se caractérisent par de faibles salaires, des longues heures de travail et des conditions sanitaires et de sécurité exécrables. Management agressif, discrimination et harcèlement sexuels y sont monnaie courante. Les normes et attentes sociales liées au genre et à la classe sociale sont intimement corrélées dans le Sumangali Thattam, un programme mis en place par des courtiers peu scrupuleux, dans le cadre duquel des adolescentes travaillent pendant trois ans en tant qu’apprenties dans des usines de textile. Ces entreprises rémunèrent les filles la moitié du salaire minimum et leur promettent en échange 35.000 à 75.000 roupies (entre 500 et 1.000 euros) à la fin de leur contrat. Les familles, en proie à une précarité extrême et luttant pour recueillir la dot nécessaire au mariage de leur fille, pressent celles-ci d’accepter ces contrats. Une approche de genre met également en lumière d’autres enjeux. La participation des femmes aux syndicats dirigés par des hommes est faible car les ouvrières n’y trouvent pas toujours l’appui souhaité. Par exemple, les revendications des femmes en faveur d’une rémunération égale à travail égal, du congé maternité, de la prise en charge des enfants ou de l’égalité des chances en matière de formation et de promotion font l’objet de peu d’attention.

Œuvrer pour le changement avec une approche de genreLa SSSSS adopte une solide approche fondée sur les droits de la femme et de l’enfant – plus de 95 % de la communauté à laquelle l’association apporte son soutien est composée de jeunes filles de moins de 18 ans. Son action encourage la solidarité parmi les ouvrières adolescentes et les aide à développer leur confiance en elles et la capacité de mettre en avant leur expérience professionnelle, de même qu’à exprimer leurs besoins et leurs demandes auprès des chefs d’atelier.

FILLES ET FEMMES : LE POUVOIR DE L’INDUSTRIE DE LA MODE, COUPLÉ AU POUVOIR DE FAIRE

CHANGER LES CHOSES

Mama Cash

Grâce au financement de base pluriannuel de Mama Cash, la SSSSS a pu diffuser des informations relatives au programme Sumangali et réduire ainsi le nombre de familles incitant leurs filles à accepter ce travail. Elle a directement persuadé 30 industries d’abandonner ce programme et a constaté une augmentation du nombre de jeunes filles terminant leurs études secondaires. L’organisation entame aussi des procédures judiciaires à l’encontre des filatures n’ayant pas versé le bonus dû à leurs ouvrières : plus de 150 poursuites ont été engagées à l’encontre des filatures, dont 28 ont eu un aboutissement favorable. La SSSSS continue également de faire pression sur le gouvernement, de rendre les dossiers publics et de collaborer avec des acteurs majeurs de la chaîne de distribution : fabricants, acheteurs et consommateurs.

À la demande des membres de la communauté, la SSSSS a apporté son aide à la création d’un syndicat en 2013, le Tamil Nadu Textile and Common Labour Union (TTCU), dirigé par des femmes et composé exclusivement de jeunes filles et de femmes étant ou ayant été victimes du système de travail forcé. Ce syndicat, unique en son genre et comptant près de 2.000 membres, mobilise les ouvrières adolescentes et a pour objectif d’influencer les décideurs politiques et les employeurs. Les membres de son personnel sont issus de communautés locales et donc bien placés pour écouter les suggestions et recommandations des ouvrières et y apporter une réponse adaptée.

Étudier, remettre en cause et faire évoluer des attitudes et valeurs profondément ancrées concernant les rôles du genre, les droits et les responsabilités est une entreprise de longue haleine. Par l’adoption d’une approche de genre, le grantmaking de Mama Cash apporte son soutien à des organisations dont le leadership est représentatif des communautés les plus touchées et :

• reconnaît la complexité des conditions de vie de la population et adopte une approche holistique s’attaquant aux causes profondes des inégalités sociales et économiques ;

• met en œuvre des stratégies tenant compte des besoins du groupe cible concerné et visant à y répondre ;

• aborde des problématiques négligées par la communauté, les autres organisations et/ou les programmes de donateurs.

En 2015, Mama Cash a lancé « Women Power Fashion » — une action collaborative réunissant « Clean Clothes Campaign », des partenaires en Asie du Sud et la loterie néerlandaise, et visant à renforcer les compétences des ouvrières et de leurs organisations.

LEVI STRAUSS FOUNDATION : AJOUTER UN PENDANT MASCULIN À HERPROJECT

La Levi Strauss Foundation soutient « HERproject » (Health Enables Return Project), un programme qui œuvre en faveur de la santé et du bien-être de milliers de femmes travaillant dans les usines de fabrication des vêtements « Levi Strauss & Co ». En partenariat avec l’université « Aga Khan » au Pakistan, la fondation soutient aujourd’hui un programme « HERproject » dédié aux hommes. HERproject a conscience que les hommes sont des partenaires essentiels dans le domaine des soins pré- et postnataux, du planning familial et de la prévention des maladies sexuellement transmissibles. Par ailleurs, l’expérience montre que les hommes sont aussi exposés à des risques sanitaires spécifiques, comme le tabagisme, la toxicomanie et la dengue.L’éducation des travailleurs de sexe masculin a permis d’améliorer les comportements et attitudes de santé des ouvriers. Par exemple, ils :• se sont rendus plus fréquemment au dispensaire afin de poser des questions sur leur santé et celle de leur épouse ;• ont demandé à ce que le tabagisme soit interdit dans l’usine et se sont organisés afin d’empêcher d’autres comportements

nocifs pour la santé, comme la mastication de paan ou de bétel (des stimulants communément utilisés) ;• ont appris que le fait de négliger la santé générale et reproductive des femmes peut avoir de multiples

conséquences pour l’ensemble de la famille.HERproject s’est révélé être un modèle de réussite dans l’amélioration de la santé et du bien-être des ouvriers et ouvrières. En permettant aux ouvriers d’en apprendre davantage sur leur santé et de partager leurs connaissances avec leurs collègues et les membres de leur famille, le programme les encourage à assumer la responsabilité de leur santé. Ce changement de comportement a une incidence significative, dépassant de loin l’enceinte de l’usine.

Source: http://www.levistrauss.com/unzipped-blog/2012/09/adding-his-herproject/ 13

Le « Rights-Based Struggle of Women with Disabilities Project » soutenu par la Sabanci Foundation a été initié en Turquie, par un groupe de femmes handicapées. Le Projet a permis de donner la parole à un groupe dont la voix était auparavant peu entendue et a finalement conduit au développement en Turquie du mouvement des droits des femmes atteintes d’un handicap. Cette initiative constitue un événement majeur dans l’histoire de Sabanci : pour la première fois, deux secteurs d’intervention importants de la fondation – genre et handicap – ont été réunis au sein d’un seul et même projet.

Avancées pour les femmes handicapéesLe projet avait pour ambition générale de s’adresser aux femmes handicapées et de les aider à s’organiser pour connaitre leurs droits et les revendiquer. Plusieurs formations, événements et activités de défense de ces droits ont été organisés dans ce cadre. C’est ainsi qu’est née l’initiative « training of trainers », à laquelle ont participé à ce jour 160 femmes handicapées dans huit villes différentes. À l’issue de cette formation, certaines femmes se sont senties capables d’organiser à leur tour des réunions et des ateliers afin de sensibiliser leurs communautés à cette problématique. Elles ont gagné en confiance : elles sont sorties de chez elles, se sont exprimées et ont bénéficié de la solidarité féminine. Certaines ont décidé de poursuivre leurs études et/ou de commencer à travailler. D’autres ont créé leur propre association de femmes handicapées ou ont réalisé un documentaire dévoilant les problèmes auxquelles elles sont confrontées.La plupart de ces femmes ont eu le courage nécessaire pour développer leurs compétences et se battre pour leurs droits au sein de leur famille et de leur communauté, comme en témoigne une participante : « Cette formation m’a permis de prendre conscience que ma force en tant que femme dépasse de loin ma faiblesse en tant que personne handicapée. Désormais, je serai plus patiente dans ma lutte contre les problèmes inhérents à ma condition. »

Intérêts et enjeux pour la FondationL’approche de genre appliquée au handicap s’est révélée bénéfique à divers égards pour Sabanci. La Fondation a pris conscience que de nombreuses femmes atteintes d’un handicap sont insuffisamment informées de leurs droits et donc peu armées pour lutter contre la discrimination auxquelles elles sont confrontées au quotidien et qui est intériorisée par ces femmes, leur famille et la société.

HANDICAP ET GENRE : LA FLEXIBILITÉ, UN FACTEUR D’EFFICACITÉ

La Sabanci Foundation

L’association d’une approche genre au handicap a aidé la Fondation à mieux appréhender la complexité du handicap et les barrières entravant toute action en faveur des droits des femmes et des filles. La Fondation a découvert que la flexibilité était un facteur d’efficacité. Elle a par exemple constaté que les familles sont très protectrices à l’égard des enfants handicapés, et plus particulièrement des filles. Par conséquent, l’équipe en charge du projet est allée à la rencontre de ces familles et a tenté de gagner leur confiance pour s’assurer que les femmes et les filles seraient autorisées à assister aux ateliers. Cette démarche a certes nécessité du temps mais a été fructueuse. Cela a représenté un réel défi pour le Conseil d’administration et la haute direction de la Fondation, qui avaient hâte d’obtenir des résultats rapides mais ont fait preuve de davantage de patience lorsqu’ils ont été informés du travail accompli.

Des enseignements plus généraux ont également été retirés de cette expérience. La Fondation a découvert que les organisations œuvrant en faveur de l’égalité des genres tendaient à ignorer le double inconvénient rencontré par les femmes atteintes d’un handicap. Généralement dirigées par des hommes, ces organisations de personnes handicapées écartent souvent les problèmes sexospécifiques. Le projet a retenu l’attention des militants pour les droits des femmes et des activistes LGBT qui, comprenant la nécessité d’intégrer l’optique du handicap dans leur combat, ont commencé à inviter plus de femmes handicapées à s’exprimer lors de leurs réunions. En parallèle, la plate-forme des groupes de personnes handicapées a pris des mesures pour intégrer les questions de genre dans son approche, notamment en collectant des données jusqu’alors ignorées.

La prise en compte du genre dans les problèmes liés au handicap :

• a permis à la Sabanci Foundation de mieux comprendre la complexité de l’inégalité de genre et du handicap, et le recoupement entre ces deux problématiques ;

• a amené la Fondation à modifier son approche afin de mieux soutenir les efforts déployés par les femmes handicapées pour revendiquer et exercer leurs droits.

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L’égalité de genre est avant tout une question de justice. Il s’agit d’un objectif en soi, mais aussi d’un principe fondamental indispensable pour dessiner des sociétés plus équitables et plus durables.

L’intégration d’une approche genre dans nos activités de grantmaking nous permet de décider de la manière la plus efficace d’affecter nos ressources, de garantir un meilleur ciblage de notre financement et d’atteindre un plus grand impact. Il est essentiel de renforcer notre contribution en faveur de l’évolution de notre société et de promouvoir la justice environnementale, politique, économique et sociale pour tous.

Bien qu’actives dans des secteurs très différents et dans un large éventail de problématiques, chacune des six fondations dont le travail est décrit dans ce livret applique une analyse ou une approche de genre afin de renforcer son action et d’atteindre de bien meilleurs résultats pour ses groupes cibles.

• Compréhension du contexte. Les inégalités entre les sexes et autres inégalités varient en fonction des sociétés, des lieux et des époques. Par conséquent, une compréhension approfondie du contexte dans lequel évolue chaque communauté ou groupe cible est essentielle à la mise en œuvre d’une stratégie de grantmaking plus pertinente. L’adoption d’une approche de genre permet aux fondations de mieux appréhender chaque contexte.

• Compréhension des dynamiques de pouvoir. Une approche genre dévoile les dynamiques de pouvoir au sein de groupes et entre ceux-ci : il est possible d’observer la manière dont les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes se déploient au sein des familles, des groupes cibles, des communautés, des lieux de travail ainsi que des structures et systèmes.

• Compréhension de la complexité. Une approche de genre ne peut pas tout expliquer. Cependant, associée à l’analyse d’autres sujets de préoccupation fondamentaux, tels que les différences culturelles, le handicap, l’environnement durable, la justice pénale, l’immigration et les droits du travail, cette approche nous permet de mieux comprendre la complexité et les multiples formes de discrimination auxquelles sont confrontés les hommes et les femmes de tous âges mais aussi les personnes répondant à une autre identité de genre. Elle nous permet également d’apporter une réponse efficace à notre grantmaking. Nous pouvons ainsi lutter contre tout préjugé que nous pourrions entretenir à propos des valeurs, attitudes et comportements d’un certain groupe, et remettre en cause la prétendue « neutralité de genre » des lois, politiques, systèmes de justice pénale et mesures sociales.

Apporter une réponse appropriée en fonction de chaque contexte, de chaque ensemble de relations de pouvoir et des interactions entre le genre et d’autres formes d’inégalité nécessite une démarche volontariste ; en tant que fondations, nous nous devons de développer notre expertise en matière de genre et d’adapter nos méthodes de travail, nos priorités et notre grantmaking. Nous devons prendre le temps d’écouter et faire preuve de plus de flexibilité dans nos démarches et processus.

Les études de cas illustrent six domaines spécifiques d’intervention des fondations en matière de grantmaking. Cependant, l’approche de genre peut s’appliquer avec autant d’efficacité et d’impact à d’autres politiques de grantmaking habituellement pratiquées par des fondations dans des domaines comme la science, l’éducation, la petite enfance ou les sans-abris.

EN RÉSUMÉ : LES POINTS ESSENTIELS

APPROCHE DE GENRE : QUESTIONS ET RÉPONSES

Cette démarche semble extrêmement fastidieuse. Comment intégrer cette dimension en plus des autres ?L’adoption d’une approche de genre relève davantage d’un état d’esprit que d’une charge de travail. Au début, ce processus demande de consentir un investissement dans la formation et l’encadrement du personnel, comme pour n’importe quelle amélioration tendant à plus de professionnalisme. Mais cette approche est fondamentale pour développer notre expérience, nos interactions, nos possibilités et nos résultats. Dans l’analyse des problèmes et le développement de solutions, de même que la collaboration avec les groupes cibles concernés, l’adoption d’une approche de genre nous permet d’aller plus rapidement au cœur des problèmes et d’identifier les changements nécessaires pour obtenir des acquis plus durables et plus équitables pour tous.

Nous croulons déjà sous les demandes – si nous affichons notre intérêt pour l’égalité des genres, ne risquons-nous pas d’en recevoir encore davantage ?L’expérience des fondations varie à cet égard. Certaines ont observé une augmentation des demandes. D’autres estiment que l’approche de genre leur permet d’adopter une politique d’affectation plus transparente de leurs ressources et de mieux définir les groupes et activités qu’elles souhaitent soutenir. Aussi, les critères de financement peuvent être plus précis, entraînant des demandes ou candidatures moins nombreuses mais mieux ciblées de la part des bénéficiaires potentiels.

Qu’entendez-vous précisément par genre : uniquement les femmes ?Absolument pas. Nous étudions les différentes problématiques découlant de nos expériences en tant qu’hommes, femmes ou personnes répondant à une autre identité de genre. néanmoins, vu que dans de nombreuses sociétés, « neutralité » rime avec « masculinité », l’analyse de genre met souvent l’accent sur la compréhension des implications des politiques et des programmes sur les femmes. Cependant, une analyse de genre efficace suppose de s’engager envers les personnes, quel que soit leur sexe, et d’évaluer les impacts pour tous, dans diverses circonstances et à la lumière d’autres caractéristiques sociales. Les études de cas présentées dans ce livret montrent les avantages pour tous obtenus dans le cadre d’un programme étayé par une optique de genre.

Cette approche m’intéresse mais je ne sais pas par où commencer.Beaucoup de conseils et de recommandations existent à ce sujet. Vous pouvez adhérer au réseau pour l’égalité de genre de l’EFC. Vous pourrez ainsi échanger avec les fondations membres du réseau, qui ont une profusion d’expériences à partager. De plus, de nombreuses institutions, y compris des ONG et des organismes publics, intègrent une approche de genre dans le cadre de leur travail et ont acquis une remarquable expérience dans ce domaine. De nombreux outils très utiles sont disponibles, dont un excellent guide publié par GrantCraft et intitulé « Funding for Inclusion: Women and Girls in the Equation », rédigé par des philanthropes pour des philanthropes et conçu pour les fondations européennes. Ce guide ne s’intéresse pas uniquement aux femmes et aux jeunes filles mais contient de nombreuses suggestions sur les premières démarches à entreprendre, quels que soient les intérêts de votre fondation.

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Le Barrow Cadbury Trust est une fondation indépendante basée au Royaume-Uni, qui apporte un appui financier à des initiatives en faveur de la justice sociale. Nous utilisons nos subventions et autres ressources pour créer un changement dans les politiques, structures et systèmes nationaux. Nous œuvrons depuis longtemps à la réforme du système de la justice pénale et nous intéressons à la problématique de l’égalité.

www.barrowcadbury.org.uk

Global Greengrants Fund est un organisme caritatif public qui accorde de faibles subventions à des projets communautaires ayant pour objectif d’améliorer la sécurité, la santé et la justice dans le monde. Nous sommes le principal fonds environnemental qui soutient des actions de proximité à l’échelle mondiale.

www.greengrants.org

La Fondation Roi Baudouin soutient des projets et des citoyens qui s’engagent en faveur d’une société meilleure. Nous pouvons ainsi contribuer de manière durable à plus de justice, de démocratie et de respect de la diversité.

www.kbs-frb.be

La Levi Strauss Foundation défend les droits de l’homme et le bien-être des personnes défavorisées touchées par nos activités, en prenant des risques courageux, favorisant les partenariats novateurs au sein des communautés et encourageant la pratique d’une bonne citoyenneté d’entreprise.

www.levistrauss.com/levi-strauss-foundation

Mama Cash – Women’s Fund est un fonds international de soutien aux mouvements de femmes, de filles et de transsexuels marginalisés dans le monde entier, qui s’intéressent à des problématiques controversées ou négligées et s’attaquent aux causes profondes de l’inégalité et de l’injustice.

www.mamacash.org

La Sabanci Foundation – Social Development Grant Program soutient des organisations de la société civile qui œuvrent, à tous les niveaux, en faveur de l’égalité des chances pour les femmes, les jeunes et les personnes atteintes d’un handicap.

www.sabancivakfi.org/homepage

FONDATIONS PARTICIPANTES

À PROPOS DE L’EUROPEAN FOUNDATION CENTRE (EFC)Fondé en 1989, l’European Foundation Centre est une association internationale représentant les fondations d’utilité publique et les entreprises mécènes actives en Europe et au-delà. L’EFC développe et poursuit des activités en ligne avec ses quatre objectifs principaux: créer un environnement légal et fiscal favorable aux fondations, documenter leur champ d’intervention, renforcer l’infrastructure du secteur et promouvoir la collaboration entre les fondations ainsi qu’entre les fondations et divers autres acteurs. En mettant l’accent sur la transparence et les bonnes pratiques, tous les membres adhèrent et veillent au respect des principes et bonnes pratiques de l’EFC.

European Foundation Centre AISBLPhilanthropy House | rue Royale 94 | 1000 Brussels | Belgium | tel.: +32.2.512.8938 | efc@efc.be | www.efc.be

LE THEMATIC NETWORK ON GENDER EQUALITY DE L’EUROPEAN FOUNDATION CENTRE est une plate-forme d’apprentissage et de partage destinée aux fondations qui intègrent ou commencent à intégrer une approche de genre dans leur grantmaking et leur mode de fonctionnement en tant qu’organisations.