le figural entre imagination et perception
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Le figural entre imagination et perceptionValeria de Luca
To cite this version:Valeria de Luca. Le figural entre imagination et perception. Metodo. International Studies in Phe-nomenology and Philosophy, Metodo Associazione, 2015, pp.199-220. ïżœhal-01163594ïżœ
Le figural entre imagination et perception
Valeria De LucaUniversité de Limoges CeReS (Centre de Recherches Sémiotiques)[email protected]
ABSTRACT: Whereas in semiotics we have tried to account for the activity of thefigurative dimension of meaning as a coherent text deformation, in otherknowledge fields, the study of figures of speech and of images, have led to anoriginal design of âfiguralâ as a full dimension of cultures. Whether it was amatter of the relationship between saying and seeing or of the nature andpower of images, the âfiguralâ has been designed as a device able to move theboundaries between: speech and desire, rhetoric and esthesia, reality andreference, between the subjectal constitution and the phenomenal donation,between the singular expression as semiotic praxis and stabilization of values over time.
1. SĂ©miotique et mĂ©thode phĂ©nomĂ©nologique: lâĂ©preuvefiguraleSi l'on se tourne vers l'histoire de la sĂ©miotique de ces derniĂšres vingt annĂ©es,entendue autant comme discipline qu'en tant que mĂ©thode ou, en les termesd'Umberto Eco (1985), soit comme un ensemble des sĂ©miotiques spĂ©cifiques, soitcomme sĂ©miotique gĂ©nĂ©rale, on a assistĂ©, dâune part, Ă un vĂ©ritable Ă©largissementdes champs ou domaines d'analyse, allant des passions et du corps auxpratiques sociales ayant engendrĂ© une plĂ©thore de sĂ©miotiques : de laphotographie, du corps, des pratiques, etc. Dâautre part, cette prolifĂ©ration s'estpartiellement rebattue sur une sĂ©miotique plus gĂ©nĂ©rale, une voied'investigation du sens du sens, un procĂ©dĂ© d'interrogation de son faire ; parconsĂ©quent, au fur et Ă mesure que des « nouveaux » phĂ©nomĂšnes rĂ©clamaientune description adĂ©quate, sinon une explication, les modĂšles thĂ©oriquesd'antan ont Ă©tĂ© soumis Ă une rĂ©vision profonde, en constituant la sĂ©miotiquemĂȘme comme une pratique (cf. Fontanille 2008). Le modĂšle gĂ©nĂ©ratif de lasĂ©miotique greimasienne a notamment Ă©tĂ© modifiĂ© par l'intĂ©gration et lacomplexification des dimensions figurative et sensorielle-percpetive ;
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nĂ©anmoins, un principe mĂ©thodologique ou, autrement dit, un impĂ©ratifanalytique, paraĂźt demeurer, Ă savoir la possibilitĂ© de parcourir gĂ©nĂ©rativementdes formes signifiantes, des phĂ©nomĂšnes de signification une fois passĂ©s aucrible de l'analyse et par lĂ donc conçus comme des objets. DĂšs lors, un telĂ©largissement des champs dâanalyse ainsi quâune rĂ©vision profonde dâuneĂ©pistĂ©mologie structuraliste forte ouvrent de facto une brĂšche Ă la voiephĂ©nomĂ©nologique dans la mesure oĂč la matiĂšre du sensible - entendu commeglobalitĂ© des modes de donation/apprĂ©hension du sens en devenir - interrogeles notions dâimmanence et de transcendence non seulement par rapport auxexpĂ©riences et aux vĂ©cus, mais Ă©galement par rapport aux âĂȘtresâ faisant lâobjetsoit dâune analyse soit dâune description phĂ©nomĂ©nologique. En effet, commele dit Eco, « une sĂ©miotique gĂ©nĂ©rale est une philosophie des langages en cesens qu'elle veut lâĂȘtre non seulement par rapport aux rĂšgles de l'Ăšrgon, maisĂ©galement des processus de l'energheia. »1.
Dans les mailles intriquĂ©es de la sĂ©miose, des ses matĂ©riaux â qu'ils soient defacture perceptive, cognitive, culturelle, etc. et pourvu que l'on puisse lesdissocier - il y a toujours comme une sorte d'excĂšs, de dĂ©mesure â comme ledirait George Didi-Huberman -, de reste ou de lacune, de disponibilitĂ©,d'indĂ©termination irrĂ©ductible Ă une gĂ©nĂ©rativitĂ© descendant d'unedĂ©limitation d'un plan et d'Ă©lĂ©ments de base. En ces termes, le figural rĂ©sisted'un cĂŽtĂ© Ă nombre de modĂšles d'analyse et, de l'autre, Ă une conception tropstricte de l'immanence en sĂ©miotique, en rĂ©-affirmant prĂ©cisĂ©ment la nĂ©cessitĂ©de questionner cette energheia de la sĂ©miose, cette Ă©nergie, cette force vivantepar-delĂ son propre mĂ©ta-langage qui, s'il est vrai qu'il construit et façonne sonobjet, ne peut guĂšre se penser comme appartenant Ă un autre ordre de« rĂ©alitĂ© » - scientifique â et qui, par contre, ne peut se configurer que commerĂ©flexion, processus, observation seconde sur le sens.
Le figural rĂ©side traverse les matĂ©riaux du sens, du discours Ă l'image, de laperception aux formes de vie, du geste aux Ă©motions, en s'y incrustant, en s'ycachant, en s'y exprimant, en travaillant un « objet » quelconque jusqu'au cĆurde son faire sens, c'est-Ă -dire en tant qu'activitĂ© qui disloque - et par le mĂȘmecoup reproduit et renouvelle â la diffĂ©rence et l'agonisme du jeu des valeurs. Ilse constitue comme une durĂ©e, une survivance qui, afin dâĂȘtre saisie, demande Ă ce que l'on se plonge, en la complexifiant, dans la dimension sensible de lasignification, lĂ oĂč imaginaire et perception rendent visible l'Ă©mergence desformes signifiantes, lĂ oĂč l'on assiste non plus Ă une gĂ©nĂ©ration mais Ă unegenĂšse de ces formes.
Par consĂ©quent, il sâagira de traverser des zones d'indiscernibilitĂ© oĂč le sens,
1 ECO 1985, 332.
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dans sa praxis, découvre les formes de sa propre teneur constituant les culturesainsi que sa propre histoire.
2. Figural et figuration : la sĂ©mantisation des figures chezGreimasAvant de convoquer certains auteurs ayant investiguĂ© la portĂ©e du figural dansle cadre d'une sĂ©miotique plus « continuiste », phĂ©nomĂ©nologiquementorientĂ©e, oĂč il n'y a pas de discrĂ©tisation entre perception et langage, entresĂ©miotique du monde naturel et sĂ©miotique des langues naturelles â pourutiliser la formule du lituanien -, mais un enchaĂźnement de formes demĂ©diation â ce sur quoi nous reviendrons -, il convient d'Ă©claircir certainsacquis et prĂ©supposĂ©s de l'Ă©laboration greimasienne autour des concepts defigure et de figurativisation qui, par leur mĂȘme façonnage, ont de facto Ă©cartĂ© ladimension figurale des prĂ©occupations de la sĂ©miotique.
Loin de restituer pleinement la richesse et la profondeur de l'infrastructurethĂ©orique de Greimas par exigences de synthĂšse, nous tenons tout de mĂȘme Ă remarquer des latences prĂ©sentes dans la formulation de ces deux notions.
En ce qui concerne notre argumentation, nous nous attachons premiĂšrementĂ l'examen des entrĂ©es « Figure » et « Figurativisation », telles qu'ellesapparaissent dans le Dictionnaire rĂ©digĂ© avec CourtĂšs, oĂč, en sĂ©mantiquediscursive, les procĂ©dures de figurativisation consistent en l'investissementd'un objet syntaxique « permettant Ă l'Ă©nonciataire de le reconnaĂźtre commeune figure »2, donnant ainsi l'impression rĂ©fĂ©rentielle par rapport aux figuresdu monde naturel. Ce passage est nĂ©cessaire dans la mesure oĂč les figures dumonde naturel, conçu lui-mĂȘme comme une organisation sĂ©miotique, « sontconstituĂ©es par les 'qualitĂ©s sensibles ' du monde » agissant « directement âsans mĂ©diation linguistique sur l'homme » 3; de surcroĂźt, on lit dans le texte queles dites figures sont Ă©galement repĂ©rables dans le plan du contenu des languesnaturelles, pourvu que des sĂšmes extĂ©roceptifs soient convoquĂ©s par lediscours. En d'autres termes, cela revient Ă affirmer d'une part,l'autonomisation et l'abstraction des opĂ©rations s'effectuant tout le long duparcours gĂ©nĂ©ratif procĂ©dant des structures profondes aux structures desurface et, d'autre part, Ă sceller le socle, la discontinuitĂ© entre langue etperception.
Autrement dit, c'est parce que le sens, le sens reconstruit déductivement par
2 GREIMAS, COURTĂS 1979 : entrĂ©e « figurativisation ».3 GREIMAS, COURTĂS 1979 : entrĂ©e « monde naturel ».
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le modĂšle d'analyse, se structure comme un parcours suivant une trajectoireallant des oppositions sĂ©miques et des opĂ©rations syntaxiques de base jusqu'Ă ses multiples manifestations de surface et parce que, implicitement, uneĂ©quivalence entre plan de l'expression et monde sensible s'installe, qu'il estbesoin de concevoir les figures et la figurativisation comme une reconstruction,une reprĂ©sentation de ce mĂȘme monde. Dans la mesure oĂč ces qualitĂ©s agissentdirectement et sans mĂ©diation linguistique, et dans la mesure oĂč l'on postuledes structures abstraites rĂ©gissant la formation du sens, l'introduction deprocĂ©dures de recouvrement figuratif s'avĂšre nĂ©cessaire.
Cependant, ces procĂ©dures d'investissement, de conversion figurative ne sontpas anodines, se nichant dans le discours greimasien une sorte deprĂ©figuration de la problĂ©matique figurale. En effet, toujours dans l'entrĂ©e« figurativisation » du Dictionnaire, on mentionne la figuration en tant que« mise en Ćuvre des figures sĂ©miotiques4, dont le pendant est l'iconisation entant que revĂȘtement complet des figures. La figuration, telle qu'elle est dĂ©critedans ce court passage, serait de prime abord une affaire de formes plutĂŽt quedes figures et par lĂ mĂȘme une telle opĂ©ration concernerait non seulement lesphases de rĂ©alisation des textes mais Ă©largirait la rĂ©flexion Ă plusieurs formessĂ©miotiques et, par consĂ©quent, Ă diffĂ©rentes substances. Revenant commethĂšme en filigrane dans De l'imperfection oĂč l'auteur se consacr aux rapportsentre perception et sĂ©miose, la figuration concernerait, en derniĂšre instance,comme l'affirment Fontanille et Tore, « la problĂ©matisation et la dĂ©finition dessujets Ă©nonçants et des objets-Ă©noncĂ©s »5.
Toutefois, en dĂ©pit du caractĂšre rĂ©volutionnaire de cette intuition, lorsque lelituanien aborde la figurativisation dans SĂ©miotique figurative et sĂ©miotiqueplastique en envisageant la constitution d'un modĂšle d'analyse des textes visuelsou, Ă tout le moins, non verbaux, l'examen de la figuration comme mise enĆuvre des formes sĂ©miotiques ne trouve pas de place. En effet, dans ce textevisant Ă Ă©laborer une grille de lecture du visuel, les figures se constituent entant que telles Ă partir justement d'agencements de traits sĂ©mantiquesintĂ©roceptifs, et
c'est cette grille de lecture qui nous rend le monde signifiant,permettant d'identifier les figures comme des objets, de les classifier, deles relier entre elles [âŠ] De nature sĂ©mantique, - et non pas, parexemple, visuelle, auditive ou olfactive â elle sert comme « code » dereconnaissance rendant le monde intelligible et utilisable. On comprend[âŠ] que c'est la projection de cette grille de lecture â une sorte de
4 GREIMAS, COURTĂS 1979 : entrĂ©e « figurativisation ».5 FONTANILLE & TORE 2006, 23-32.
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« signifiĂ© » du monde â sur une toile peinte qui permet de reconnaĂźtrele spectacle que l'on estime qu'il soit reprĂ©sentĂ©6.
La figuration prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e cĂšde sa place en faveur d'une lectureexquisĂ©ment iconisante qui, en sĂ©lectionnant des traits sur le signifiant planaireet en leur attribuant des significations, transforme les figures en des « signes-objets », Ă savoir en des formants figuratifs. Le propre d'une telle lecture - dontl'abstraction n'est que l'autre pĂŽle de l'iconisation - ainsi que du formantconstituĂ©, rĂ©side d'un cĂŽtĂ© dans le tri des faisceaux perçus et, de l'autre, dans larĂ©duction de lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, par exemple du visuel, Ă son homogĂ©nĂ©isation euĂ©gard de l'unitĂ© de la signification, de son cadrage, si l'on peut dire, dans labonne forme. Par ailleurs, la comparaison avec la morphogenĂšse telle qu'elleavait Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par la Gestalttheorie est repĂ©rable dans le texte, quelqueslignes aprĂšs l'Ă©tude des formants, lorsque l'on Ă©tabli une convergence des deuxapproches autour des formes en tant qu'« unitĂ©s discrĂštes ainsi constituĂ©es Ă partir de la somme de ses traits »7. Ce parallĂšle, qui pourrait rĂ©-ouvrir larĂ©flexion et l'implĂ©mentation de la figuralitĂ© de et dans les formes sĂ©miotiquessâarrĂȘte pourtant lĂ , en demeurant sur des analogies de surface et en laissantinachevĂ©e cette piste. Celle-ci est Ă©galement la raison pour laquelle, avant derevenir vers des nouvelles suggestions sĂ©miotiques stricto sensu, il faut faireappel Ă ceux qui, en philosophie et en linguistique, ont approchĂ© le figural entoute sa richesse et complexitĂ©.
3. IncommensurabilitĂ© du figural : de Lyotard aux formessĂ©mantiquesTandis quâen sĂ©miotique lâon a cherchĂ© Ă rendre compte du travail de ladimension figurative du sens en tant que dĂ©formation cohĂ©rente des textes,dans dâautres champs du savoir lâĂ©tude des figures du discours ainsi que duvisuel, a abouti Ă une vĂ©ritable conception du figural comme dimension descultures Ă part entiĂšre. Quâil se soit agi des relations entre le dire et le voir oubien de la nature et du pouvoir des images, le figural a Ă©tĂ© conçu comme undispositif capable de mouvoir - dâĂ©mouvoir - les frontiĂšres entre la parole et ledĂ©sir, entre la rhĂ©torique et lâesthĂ©sie, entre la rĂ©alitĂ© et la rĂ©fĂ©rence, entre laconstitution subjectale et la donation mondaine, entre lâexpression singuliĂšrecomme praxis sĂ©miotique et la thĂ©saurisation des valeurs dans le temps.
6 GREIMAS 1984, 34.7 GREIMAS 1984, 38.
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Une vĂ©ritable pensĂ©e du figural rĂ©sulte dĂ©bitrice du vaste hĂ©ritage laissĂ© parla notion de figure, figura - si lâon se tient Ă lâĂ©tymologie de la rhĂ©toriqueancienne -, dont il serait impossible de restituer ici toute son histoire8.Soulignons, pour ce qui concerne notre procĂ©dĂ©, que, comme le dit bienHerman Parret, la figura est associĂ©e en latin Ă des significations tellesâconfiguration, chose façonnĂ©e, maniĂšre dâĂȘtreâ9 et que, selon Auerbach, âlesens premier du mot est [âŠ] celui de âforme plastiqueââ ; lâanimation de lafigura, notamment si lâon la rapproche de la forma, devient saillante en Ă©tant,toujours en suivant Auerbach, âen quelque sorte un opĂ©rateur intermĂ©diairequi fait passer de lâun [le moule de la forme] Ă lâautre par empreinteâ10, sesituant dĂšs lors dans un entre-deux, dans un interstice entre la conceptionimageante et lâincarnation corporelle.
Câest dans la lignĂ©e de ces Ă©laborations que la thĂ©orisation du figural sedĂ©gage dans lâexamen que Jean-François Lyotard en fait dans le cĂ©lĂšbreDiscours, figure en 1971. Bien quâelle soit loin dâune pertinence sĂ©miotiquestricte, lâĂ©tude lyotardienne ouvre un champ dâinvestigation et pose desquestions interpellant le faire mĂȘme du sens. Son analyse vise Ă repenser lesrelations entre le dire et le voir, Ă savoir entre le discours et le visible et par lĂ mĂȘme lâart, Ă Ă©lucider les façons Ă travers lesquelles le figural travaille en tousles sens autant la langue que la peinture et finalement Ă considĂ©rer sous desnouveaux angles la dialectique entre transcendance et immanence innervantles chiasmes entre perception et langage, en mĂȘlant les thĂ©ories hĂ©gĂ©lienne eten particulier fregienne sur la signification jusquâĂ une critique dâune certaineconception de la signification en sĂ©miotique (notamment le modĂšlejakobsonien). Plus prĂ©cisĂ©ment, Lyotard reprend de Frege, en la problĂ©matisantet en maintenant en filigrane les questions de la vĂ©ritĂ© et de la constitution dessujets, la distinction entre Sinn - la signification dâun mot au sens de placeoccupĂ©e dans un systĂšme, Ă savoir la langue - et Bedeutung - lâacte dedĂ©signation dâune rĂ©fĂ©rence.
Dans les discours rĂ©alisĂ©s, dans tous phĂ©nomĂšnes de parole, un Ă©cart, uneĂ©paisseur, se produisent entre ce que lâon juge appartenant Ă un ordreparadigmatique et ce qui relĂšve du syntagmatique. Cet Ă©cart qui est en mĂȘmetemps, affirme Lyotard, la distanciation, lâacte de surreflexion - en reprenantune formule merleau-pontienne - entre le langage et le sensible, et du langagesur lui-mĂȘme, fait entrevoir et trembler le mĂ©canisme mĂȘme de la langue car iltrouble la constitution de lâinvariance en mettant en mouvement une reprise
8 Pour une vue panoramique sur ses différentes acceptions, voir PARRET 2006.9 PARRET 2006, 73. 10 Cité dans AUBRAL & CHATEAU1999, 12 et 13.
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constante de variations11. DĂšs lors que lâon dĂ©signe, que lâon met quelque choseĂ distance, dĂšs lors que lâon installe une diffĂ©rence, lâon est comme pris dans undouble jeu entre dâune part, lâĂ©cartement de la chose et donc lâautonomisationdudit systĂšme, valant ainsi pour lui-mĂȘme, et, dâautre part, cet Ă©loignementmĂȘme qui marque inĂ©vitablement lâacte de formation autant du systĂšme quede la chose.
Cette dynamique, ce mouvement des figures entre signes et monde,remarque Lyotard, est partagĂ©e par la langue aussi bien que par la perceptionsi, comme le dit Renaud Barbaras, âapprocher, câest Ă©-loigner, câest-Ă -dire sortirde lâĂ©loignement : la proximitĂ© conserve la distance quâelle surmonte [âŠ] lesentir [âŠ] est dĂ©ploiement dâune distance, [âŠ] il nây a donc plus dâalternativeentre lâintĂ©rioritĂ© de lâexpĂ©rience et lâextĂ©rioritĂ© du monde perçuâ12. Câest toutdâabord cette dunamis qui caractĂ©rise le figural ou, pour mieux dire, lâespacefigural, dont la figure nâest quâune de ses dĂ©clinaisons et non pas de sesmanifestations. Le figural, en effet, en agissant en tant quâopĂ©rateur de lavariation et de la diffĂ©renciation, nâest pas une chose, pas non plus une essence,mais lâactivitĂ© Ă©vĂ©nementielle, Ă©mergente qui forme les choses reconnaissablesainsi que les actes de parole tout en y dĂ©voilant, dâun cĂŽtĂ©, leur caractĂšresingulier et transitoire et, de lâautre, leur façon dâĂȘtre trace revenante destrĂ©fonds des sujets qui les expriment ainsi que des cultures qui les archivent.
En dâautres termes,
le langage exerce un certain effet dâappareillage en insĂ©rant les chosesdans son rĂ©seau de significations. [âŠ] Par contre le figural câest lâaspectsensible qui se trouve exclu des choses par ce discours, ce systĂšmelangagier. Une fois que la chose sera considĂ©rĂ©e par un systĂšme selon lepropre point de vue de celui-ci, elle sera traitĂ©e comme un Ă©lĂ©ment dece systĂšme et les propriĂ©tĂ©s incompatibles avec ce dernier passerontpour inaperçues. On peut dire, en caricaturant les termes, que cespropriĂ©tĂ©s inaperçues des choses par un discours constituent ce quireste sensible dans celles-ci et font lâobjet de lâespace figural. Mais, cettedistinction nâest pas assignable dans les limites dâune simple oppositionentre le discours et le sensible. 13
Lâimbrication intime du dicible et du visible exprimĂ©e par le figural et lapuissance dâaltĂ©ritĂ© et dâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation que chaque figure exemplifiecomme dans le cas du jeu mĂ©taphorique, sâaffichent clairement lorsque lâauteuraffirme que
11 Voir notamment lâexamen de lâoeuvre mallarmienne dans le texte citĂ©.12 BARBARAS 2009, 97.13 SARIKARTAL 2010, 8-9.
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la figure est dehors et dedans [âŠ] Le langage nâest pas un milieuhomogĂšne, il est scindant parce quâil extĂ©riorise le sensible en vis-Ă -vis,objet, et scindĂ© parce quâil intĂ©riorise le figural dans lâarticulĂ©. Lâoeil estdans la parole puisquâil nây a pas de langage articulĂ© sanslâextĂ©riorisation dâun âvisibleâ, mais il y est encore parce quâil y a uneextĂ©rioritĂ© au moins gestuelle, âvisibleâ, au sein du discours, qui est sonexpression.14
Et câet dans ce miroitement ou, pour mieux dire, dans cette dynamique detransposition, quââen face du discours, il y a la figure-imageâ et âdans lediscours, il y a la figure-formeâ15, le figural articulant ainsi ses âniveaux defigurabilitĂ©â, suivant la lecture dâHerman Parret, dans une tripartition de sesfigures : figure-image, figure-forme et figure-matrice, cette derniĂšre Ă©tant vuecomme âce qui ne peut ĂȘtre ni lu ni vu, relevant dâune topologie fantasmatiquequi traverse les espaces perceptifs et oniriques sans jamais sây montrer. Elle estla diffĂ©rence originaire brouillant les oppositions qui structurent tout espace, lafigure topologique qui agite le dĂ©sir, la disposition Ă©nergĂ©tique qui prĂ©cĂšde Ă tout travail de productionâ16.
Bien que cette tripartition soit peut-ĂȘtre trop tributaire de lâinfluence dâunevision psychanalytique du langage - la singularisation de lâĂ©vĂ©nement figuralprocĂ©dant âuniquementâ de la force pulsionnelle du dĂ©sir -, il nâen reste pasmoins quâelle nous livre des suggestions fructueuses pour penser le figural ensĂ©miotique et repenser les raisons de sa rĂ©sistance.
Dans le sillage de Lyotard et suivant Ă©galement lâhĂ©ritage de laphĂ©nomĂ©nologie, Laurent Jenny dans La parole singuliĂšre systĂ©matise davantageles aspects saillants du figural et ses modes opĂ©ratoires dans le discours :
appelons donc âfiguralâ le processus esthĂ©tico-sĂ©mantique quiconditionne la reconduction du discours Ă la puissance de lâactualitĂ©.[âŠ] Quant Ă la dĂ©finition du figural comme âprocessus esthĂ©tico-sĂ©mantiqueâ, elle implique que sây trouvent nouĂ©s des processustensionnels et des processus reprĂ©sentatifs17.
DĂ©finir ainsi le figural revient Ă affirmer non seulement la nature mixte de lalangue, sa continuitĂ© avec le sensible, mais Ă©galement son activitĂ© de(rĂ©)crĂ©ation de formes en tant que son mode de fonctionnement âordinaireâ. En
14 LYOTARD 1971, 13-4.15 LYOTARD 1971, 51.16 PARRET 2006, 108.17 JENNY 2009, 14-15.
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effet, comme le dit Jenny, il y a
une Ă©vĂ©nementialitĂ© âordinaireâ du discours oĂč le figural est dĂ©jĂ impliquĂ© si lâon veut bien admettre quâil recouvre tout le champ desinteractions entre forme linguistique et forme non-linguistique. On voitdonc quâil intervient dĂ©jĂ sur un plan dĂ©cisif qui nâest autre que celui dela ârĂ©alisationâ de la langueâ18, il âcontraint Ă reconsidĂ©rer la formemĂȘme de la langue [âŠ] il nous ramĂšne Ă une dĂ©cision âpremiĂšreâ sur laforme de cette langue, il nous en reprĂ©sente le moment dâĂ©mergence etdâarbitraire.19.
DĂšs lors, montrer le caractĂšre instituĂ© de la langue en mĂȘme temps que lasingularitĂ© de la situation dâĂ©nonciation qui transpose continĂ»ment des motifsperçus en des rĂ©pertoires thĂ©matiques plus ou moins stabilisĂ©s au travers delâactivitĂ© mĂ©morielle des discours attestĂ©s et gĂ©rĂ©s par la vocation identitaire etĂ©thique des cultures, signifie interprĂ©ter la constitution des sujets Ă©nonçants etdes âobjets-Ă©noncĂ©sâ comme les rĂ©sultantes dâune polĂ©mique des forces, desvalences perceptives concourant Ă la formation de valeurs. De surcroĂźt, celaveut Ă©galement dire que, derriĂšre mĂȘme les oppositions que lâon peut repĂ©rerdans le faire du sens, il y a toujours un jeu diffĂ©rentiel du semblable et dudissemblable faisant en sorte que les valeurs ne puissent se constituer que dansdes zones de pertinence locale en mĂȘme temps que gĂ©nĂ©rique toujours inscritesdans des champs plus vastes oĂč elles passent au crible, entre autres, deshabitus, des traditions, des domaines, etc. De ce fait, affirme Jenny, âle champfigural est plutĂŽt un champ dâindividuation que dâunification. Une tension quiârĂ©pondâ au monde et renvoie Ă lui se module diffĂ©remment [âŠ], un dispositifdont aucun Ă©lĂ©ment ne doit ĂȘtre abstrait et traitĂ© pour lui-mĂȘme. Il ouvre unchamp diffĂ©rentiel plus vaste que celui oĂč la langue sâinscrit et comme antĂ©rieur Ă lui.â20
La notion de champ de forces - oĂč ces forces sont Ă la fois de natureperceptive, linguistique, culturelle et imaginaire - se constituant conjointementĂ lâĂ©mergence du sens et des sujets, et celle du figural comme Ă©nergie propre dece champ, trouvent un Ă©cho dans la thĂ©orie des formes sĂ©mantiques de PierreCadiot et Yves-Marie Visetti et notamment dans le concept de motif comme lâundes rĂ©gimes ou phases par lesquels le sens se produit. Les auteurs sâinscriventdans la reprise de la tradition phĂ©nomĂ©nologique aussi bien que de laGestalttheorie prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©e. Les acquis de la psychologie de la
18 JENNY 2009, 19.19 JENNY 2009, 22.20 JENNY 2009, 65 et 76.
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forme se voient notamment complexifiĂ©s par rapport Ă certaines idĂ©es reçuesqui installent une Ă©quivalence sinon une identitĂ© entre forme et structure -impliquant par consĂ©quent une vision close, dĂ©limitĂ©e et uniquementtopologique de la forme - ou qui ne conçoivent la stabilisation dâun scĂ©nariofiguratif, sa configuration, quâen les termes dâune recomposition effectuĂ©e Ă partir de lâextraction de certains traits. Par contre, lâintroduction du motifcomme germination des valeurs - une germination toujours Ă rĂ©gime suivantPierluigi Basso Fossali, Ă savoir toujours mĂȘlĂ©e Ă la prĂ©sence des scĂšnesproprement fictives, des narrations dĂ©jĂ en cours -, permet de mieux rendrecompte de la gĂ©nĂ©ricitĂ© figurale en tant que dynamique Ă©nergĂ©tique façonnant latension vers la forme. Les motifs, argumentent les auteurs,
sont en effet des unitĂ©s de couplage, hautement instables, entre desdimensions qui nâapparaissent comme hĂ©tĂ©rogĂšnes quâĂ dâautresniveaux de stabilisation. Ces unitĂ©s sont construites, non pas seulementpar abstraction, mais aussi par des processus analogues Ă dessynesthĂšses : des systĂšmes de transactions, de renvois multiples entrevaleurs qui sâentreexpriment, ce qui est une clĂ© essentielle pourcomprendre la variĂ©tĂ© des profils obtenus. Câest en oubliant ce caractĂšretransactionnel que lâon tombe dans les rĂ©ductions configurationnelles.Il nous faut pointer, au contraire, vers une thĂ©orie de la perception quisoit une thĂ©orie motrice et intentionnelle, une thĂ©orie sĂ©miotique ettransactionnelle de lâespace, constituĂ©e par la saisie concomitante devaleurs praxĂ©ologiques, subjectives, axiologiques21.
Les motifs Ă©tant ainsi conçus, en jaillit une vision totalement autre autant desrelations entre expression et contenu que de la figurativitĂ©. Du moment oĂč laperception est dâemblĂ©e âune perception sĂ©miotique, une perception qui seconstitue comme relation Ă , accĂšs vers, chemin pour, une perception dâidentitĂ©squalitatives et de valeurs, qui discerne corrĂ©lativement [âŠ] des motifs dâagir etdes mouvements expressifs : ceux du sujet, ceux dâautrui, ceux de la chosemĂȘmeâ en Ă©tant fondĂ©e dans lâactivitĂ©, dans âune mise en perspective, et unesuggestion dâenchaĂźnerâ22 ; du moment oĂč âles formes dont il sâagit sontsocialement constituĂ©es [âŠ] Ă chercher dans une intersubjectivitĂ©â23, il enrĂ©sulte que : i) la praxis Ă©nonciative ne se voit plus uniquement comme la miseen prĂ©sence, la mise en devenir de la part dâinstances, soient-elles plurielles,des virtualitĂ©s du systĂšme du discours et de la signification stockĂ©es dans la
21 CADIOT, VISETTI 2002. Pour un examen global de la théorie des formes sémantiques, voir: CADIOT, VISETTI 2001.
22 CADIOT, VISETTI 2002, 16.23 CADIOT, VISETTI 2002, 19.
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mĂ©moire culturelle, mais elle devient le lieu rĂ©flexif dâapprĂ©ciation,dâajustement, dâĂ©valuation, de nĂ©gociation, de (re)institution - dans lamonstration prĂ©cisĂ©ment de leur caractĂšre instituĂ© - de ces mĂȘmessignifications et ii) la figurativitĂ© rĂ©cupĂšre le caractĂšre intermĂ©diaire de lafigura, en se situant transversalement par rapport aux diffĂ©rentes substancessignifiantes et permettant ainsi une transduction, une remĂ©diation des formesde leur mĂȘme apparaitre. DĂšs lors, le figural agit, en traversant le dicible, levisible et le sensible, comme un imaginaire âdes corps-choses et de leursempreintes, un imaginaire des affects et des champs dâaction [âŠ] toujoursprĂ©sent-absentâ, comme âlâouverture surabondante du sensible, en mĂȘmetemps que son retrait, devant nos tentatives dâapprĂ©hension, de dĂ©limitation,de catĂ©gorisationâ24. Passons ainsi Ă examiner les imbrications entre lefigural/imaginaire formulĂ© de cette façon et ses implications pour unesĂ©miotique qui se veut vĂ©ritablement perceptive.
4. Figural, âmagmaâ et sĂ©miotique de la perceptionSi lâon veut comprendre pleinement le rĂŽle de la dimension figurale Ă lâoeuvredans les processus de sens, un pĂ©riple autour de la pensĂ©e du philosophe etpsychanalyste franco-grec Cornelius Castoriadis et plus particuliĂšrementautour de ses concepts de magma et dâimaginaire radical/imaginaire socialsâimpose. En Ă©tudiant le changements des sociĂ©tĂ©s et en se questionnant surlâexistence de soi-disant principes ou de tendances qui pourraient rendrecompte historiquement de ces changements - son Ă©laboration Ă©tant issue Ă partir dâune critique du marxisme -, Castoriadis, dans une tentative dedĂ©passement des explications fonctionnalistes en sociologie, va Ă la rencontredâune absence de fondement spĂ©cifique qui puisse avoir le dernier mot quantau âpourquoiâ dâune telle Ă©volution plutĂŽt que dâune autre. Les activitĂ©shumaines paraissent en effet ne pas trouver des vĂ©ritables justifications ou desfins dans des marco-configurations sĂ©miotiques telles lâĂ©conomie, la politique,etc. ; au contraire, souligne Castoriadis, ce que les diffĂ©rentes formessymboliques constituant les sociĂ©tĂ©s - et il en va de mĂȘme pour lessignifications - partagent entre elles, câest le fait dâĂȘtre issues dâun processus decrĂ©ation qui les institue en tant que telles et qui, une fois les ayant instituĂ©es,leur confĂšre une existence, les fait ĂȘtre.
Les actes de création/institution sont à la fois ce qui permet à une société
24 VISETTI, 2014.
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donnĂ©e et Ă des individus de se penser en tant que tels et la dynamique propreet interne aux sociĂ©tĂ©s et aux individus. Plus prĂ©cisĂ©ment, la crĂ©ation seproduit par lâactivitĂ© imaginante des individus et des sociĂ©tĂ©s manipulant,modelant les significations donnĂ©es en partant de la perception jusquâĂ prĂ©figurer lâinsurgence du nouveau par la reprĂ©sentation. Câest la raison pourla quelle la crĂ©ation est ex nihilo sans que cela veuille dire quâelle le soit
in nihilo (dans le rien) [âŠ] ni cum nihilo (sans moyens ni conditions).Autrement dit, comme lâĂ©crit Castoriadis, âil est clair que la crĂ©ationsocial-historique (comme du reste dans nâimporte quel autre domaine),si elle est immotivĂ©e - ex nihilo - a toujours lieu sous contraintes. Nidans le domaine social-historique ni nulle part ailleurs, la crĂ©ation nesignifie pas que nâimporte quoi peut arriver nâimporte oĂč, nâimportequand et nâimporte commentâ25.
Lâimaginaire, quâil soit âradicalâ lorsquâil concerne un single individu ou sociallorsque lâon a Ă faire avec des sociĂ©tĂ©s entiĂšres, rĂ©git la crĂ©ation en seconstituant ainsi, comme le souligne Antonino BondĂŹ, comme âla clef de voĂ»tepour penser la nature humaine et ses modalitĂ©s de se mettre en contact avec lemondeâ26, comme
une facultĂ© typiquement humaine de dĂ©placement, transposition etcrĂ©ation, dont le but est de construire une sorte dâatmosphĂšre ou demilieu mobile dans lequel tout ce qui est perçu nâest pas seulement latrace dâune activitĂ© expressive, mais aussi le rĂ©sultat dâune fabricationsociale, dâun enrĂŽlement conflictuel, dâun dispositif de mise en placedâune scĂšne interlocutoire extrĂȘmement complexe et gĂ©rĂ©e par desacteurs sociaux douĂ©s dâun statut social spĂ©cifique27.
Or, la condition par le biais de laquelle lâimaginaire peut exercer son fairerĂ©side prĂ©cisĂ©ment en le fait que les formes sĂ©miotiques, les significations, sontpar leur mĂȘme facture transposables, permĂ©ables, quâelles constituent, suivantCastoriadis, un magma. Le caractĂšre toujours Ă dĂ©terminer du magma, appelĂ©Ă©galement boue sĂ©mantique, prĂ©side notamment autant Ă la dĂ©terminationdâensembles de significations et dâidentitĂ©s dĂ©terminĂ©es historiquement quâĂ lapossibilitĂ© de faire Ă©merger, du fond du temps, lâinattendu - et câest toute lĂ sapuissance figurale -, le nouveau, le Ă venir des significations. Comme lâauteurlâexplique dans son oeuvre majeure, Lâinstitution imaginaire de la sociĂ©tĂ©,âlâinstitution de la sociĂ©tĂ© est chaque fois institution dâun magma de
25 TOMĂS 2007, 79-80.26 BONDĂ 2014, 5. 27 BONDĂ 2014, 5.
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significations imaginaires sociales, que nous pouvons et devons appeler unmonde de significationsâ28 et
en tant que magma, les significations [âŠ] ne sont pas des Ă©lĂ©mentsdâun ensemble soumis Ă la dĂ©terminitĂ© comme mode et critĂšre dâĂȘtre.Une signification est indĂ©finiment dĂ©terminable [âŠ] sans que celaveuille dire quâelle est dĂ©terminĂ©e. Elle peut toujours ĂȘtre repĂ©rĂ©e,assignĂ©e provisoirement comme Ă©lĂ©ment identitaire [âŠ] Mais cesdĂ©terminations ne lâĂ©puisent, par principe, jamais29.
Ce qui caractĂ©rise lâactivitĂ© imaginaire et les fluctuations du magma - et câest cequi reprĂ©sente lâoriginalitĂ© de la pensĂ©e de Castoriadis - câest le fait que ladynamique instituante non seulement reconfigure la trame des valeurs desindividus et des sociĂ©tĂ©s, pour ainsi dire, dans lâabstrait, mais elle opĂšreprĂ©cisĂ©ment dans et Ă partir de la perception - culturelle - en travaillant lesformes-figures des objets sĂ©miotiques car, comme poursuit le texte,âlâinstitution du monde des significations comme monde social-historique estipso facto âinscriptionâ et âincarnationâ dans le âmonde sensibleââ30. Les actes decrĂ©ation/institution mettent Ă lâĂ©preuve la teneur des valeurs dans le temps, cequi revient Ă affirmer âlâauto-altĂ©ration perpĂ©tuelle de la sociĂ©tĂ© [âŠ] qui semanifeste par la position de formes-figures relativement fixes et stables et parlâĂ©clatement de ces formes-figures qui ne peut jamais ĂȘtre que position-crĂ©ationdâautres formes-figuresâ31.
Dans la perspective dâune sĂ©miotique de la perception et des cultures Ă vocation Ă©cologique, telle quâelle est promue par Basso Fossali, cela revient Ă considĂ©rer la dimension figurale du sens comme âle carrefour des Ă©changes desens entre mondes. En effet le rĂŽle anthropologique dĂ©tenu par le figuraldĂ©pend du fait que le monde de lâexpĂ©rience, ainsi que chaque monde fictifĂ©laborĂ© Ă des buts explicatifs, ne peuvent jamais garantir une totalisation dusensâ32. Dans la conception et dans le modĂšle de cet auteur, il y a, Ă partir de laperception dĂ©jĂ informĂ©e par la culture, une dĂ©multiplication des accĂšs au sensqui sâeffectue par un va-et-vient de mĂ©diations entre lâexpĂ©rience et lâexistence,entre la sensibilitĂ© et lâaffectivitĂ© et les procĂšs de textualisation, entre les coursdâaction et leur instabilitĂ© et les narrations, les configurations identitaires quiles gĂšrent dans le temps. Les diffĂ©rentes mĂ©diations reprĂ©sentent, pour
28 CASTORIADIS 1975, 480.29 CASTORIADIS 1975, 465.30 CASTORIADIS 1975, 475.31 CASTORIADIS 1975, 496.32 BASSO FOSSALI 2006, 19.
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simplifier, autant de âlecturesâ, de pratiques de surreflexion de la part dessujets, de rĂ©flexion de la part des textualisations, au cours mĂȘme desexpĂ©riences ou de lâapprĂ©hension des textes. Les plis des diffĂ©rentes lectureslors de lâĂ©nonciation remettent en cause, en les complexifiant, la tension vers lafigure propre de toute perception. EmĂ©rgeant de lâapprĂ©hension perceptive, unplan figuratif peut se constituer, ouvrant Ă un nouveau passage de lasĂ©mantisation, Ă partir duquel Basso Fossali dĂ©nombre au moins trois lectures,trois modes de constitution du sens dâun texte, Ă savoir : 1) une âlectureplastique de lâĂ©nonciation plastique âlorsque lâĂ©noncĂ© sâautonomise en tant queâpur ensemble de patternâ ; 2) une âlecture figurative dâune Ă©nonciation plastiqueâlorsque lâon rĂ©cupĂšre une figurativitĂ© par âla mise en valeur dâune mĂ©moirediscursiveâ ; 3) une âlecture figuraleâ lorsque le plastique entre âen tension avecla stabilisation du scĂ©nario figuratifâ33.
Le figural, notamment dans les images - et câest pourquoi lâauteur se focalisesur lâimage audiovisuelle et cinĂ©matographique - se pose comme âune mise enperspective du matĂ©riau discursif quâen met lâemphase sur les relationsinternes, en particulier en termes de tension entre dâĂ©lĂ©ments plastiques etdâĂ©lĂ©ments figuratifsâ34. Ce faisant, lâactivitĂ© figurale non seulement remotiveâles choix expressifs dâun texteâ en sa globalitĂ© - en faisant bouger par le mĂȘmecoup tout le champ dans lequel ledit texte sâinscrit -, mais il occasionneĂ©galement, au moins dans les textes filmiques, une ârĂ©fraction continue duniveau de lâĂ©noncĂ© vers celui de lâĂ©nonciationâ35. De ce fait, on retrouve ici le filrouge traversant les diffĂ©rentes formulations du figural prĂ©cĂ©demmentĂ©voquĂ©es.
A lâinstar des suggestions de Castoriadis, le figural non seulement traverseles espaces Ă©nonciatifs et les matiĂšres de la perception et de la fiction, en lesmultipliant par la crĂ©ation dâun espace tiers de tension entre les valences aussibien que les valorisations, mais il sâavĂšre, selon lâauteur, dans le basculementdes formes-figures,
lâĂ©piphĂ©nomĂšne de lâobservation de second ordre sur la signification ;on joue un match, mais en mĂȘme temps on observe la maniĂšre danslaquelle les joueurs observent ces rĂšgles, on tient un discours mais enmĂȘme temps on le fait se replier pour quâil rĂ©flĂ©chisse sur sa proprelicĂ©itĂ© quant Ă la maniĂšre dans laquelle il est Ă©noncĂ©. [âŠ] Le figural esttoujours une sorte de âspasmeâ interprĂ©tatif instituant des relationsentre les fronts les plus opposĂ©s de la signification textuelle, de la
33 BASSO FOSSALI 2009, 27.34 BASSO FOSSALI 2003, 29.35 BASSO FOSSALI 2003, 30.
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réémergence de la sensibilité de la signification à la pertinetialisationculturelle la plus sofistiquée.36
DĂšs lors, le figural en tant quâimaginaire en action, oblige Ă garder lâindĂ©cisionet le mouvement entre des lectures, en tant quâindĂ©cision productrice de sensen elle-mĂȘme.
A ce propos, et Ă titre purement dâexemplification, nous nous attardons trĂšsbriĂšvement sur deux oeuvres de lâartiste italien Alighiero Boetti, ayant faitpartie du courant artistique connu aux annĂ©es soixante sous le nom dâArtepovera (Art pauvre) et ayant par la suite suivi un cheminement tout Ă faitpersonnel.
En particulier, les oeuvres qui retiennent notre attention sont : ShamanShowman, lithographie de 1968 (fig. 1) et la série de tapisseries Tutto (Tout)fabriquées entre 1980 et 1988 (fig. 2).
36 BASSO FOSSALI 2006, 18.
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Fig. 1 Alighiero Boetti, Shaman Showman, 1967, Galerie de Nieubourg, Milan
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Travaillant la dĂ©multiplication aussi bien linguistique - il avait scindĂ© pourles re-associer son nom et son prĂ©nom en se baptisant artistiquement Alighiero eBoetti - que matĂ©rielle et sensible, - en se servant de matĂ©riaux trouvĂ©s oudâobjets du quotidien -, Boetti dĂ©fie, dans les deux oeuvres en question, ladualitĂ© des catĂ©gorisations, des oppositions et des lectures par le biais deprocĂ©dĂ©s similaires de monstration de la production de la diffĂ©rence. DansShaman Showman par exemple, il opĂšre tout dâabord une rĂ©pĂ©tition, undoublement de la figure, - son autoportrait - en se servant dâun principe desymĂ©trie ; lâimage se trouve ainsi rebattue sur elle-mĂȘme comme le nĂ©gatif de lapremiĂšre. NĂ©anmoins, le rebattement sâĂ©carte de la gĂ©omĂ©trisation de lâespacedĂšs lors que lâimage rebattue se montre comme figure renversĂ©e. Câest lĂ que levisage, ayant fondĂ© au dĂ©but la possibilitĂ© de reconnaitre lâimage, la figureentiĂšre en tant quâautoportrait, se tourne vers le fond de lâaffiche, Ă savoir versle dessin sâentrevoyant Ă peine, et cĂšde ainsi la place aux densitĂ©s chromatiques- les concrĂ©tions noires faisant estomper les contours, les limites anatomiquesde la forme humaine. Comme le remarque Georges Didi-Huberman dans sonPhalĂšnes, oĂč le papillon exemplifie et se fait imago du trouble figural qui gĂźtedans les images, âdire de lâimago quâelle âbat des ailesâ, câest dire que sa
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Fig. 2 Alighiero Boetti, Tutto, 1987, Centre Pompidou, Paris
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symĂ©trie mĂȘme est une danse : tous ensemble libertĂ© du corps et pĂ©ril -dislocation, fente, destruction - pour sa propre forme. [âŠ] Toute symĂ©trie esten attente de lâĂ©vĂ©nement qui la disloquera dâun coup [âŠ] Il suffit par exemplede symĂ©triser un visage pour le rendre inhumain, voire mĂ©connaissableâ37. Dece fait, câest la constitution mĂȘme de la forme, dans une reprise dâun motif quelâon pourrait qualifier de rĂ©bus Ă lâinstar des formes des tests perceptifs deRorschach, qui engage un agonisme et des aller-retour entre une lecturefigurative et une lecture plastique. En effet, lâexploration Ă©nigmatique proposĂ©eest renforcĂ©e par une mise en mouvement du mĂȘme processus de lecture ; auxquatre angles formĂ©s par le doublement de la figure initiale ainsi que dans lecorps de lâartiste - mais uniquement le corps rendu visible en son intĂ©rieur parle blanc de lâimage -, lâon voit et lâon reconnait en filigrane des signesgraphiques de nature double, des lettres hĂ©braĂŻques aux vertex et, Ă lâintĂ©rieurdu corps, des diagrammes, des circonfĂ©rences. Il sâagit de lâAdam Kadmon,lââhomme originelâ, terme cabalistique issu du symbolisme du Zohar, quiexemplifie, Ă travers les correspondances installĂ©es entre les parties du corpshumain et les cercles des diffĂ©rents sefirot de lâArbre de Vie - les hypostasesĂ©manĂ©es du divin -, lâinterprĂ©tation cabalistique de lâimago dei, câest-Ă -dire de lacrĂ©ation de lâhomme Ă la ressemblance de Dieu. Ne pouvant pas creuserdavantage lâanalyse de la litographie, soulignons tout de mĂȘme que, dĂ©jĂ dâuneprime abord, il est ici question dâune dynamique de passages du rĂ©bus Ă lâaltĂ©ritĂ© (le doublement imparfait) Ă la ressemblance (Ă Dieu) Ă la diffĂ©rencedes signes et leurs âĂ©nergie sĂ©mantiqueâ38, plutĂŽt que dâoppositions entre, parexemple, haut/bas, blanc/noir39 etcâŠ
Avec la tapisserie Tutto lâaction du figural en tant quâopĂ©rateurdâindiscernabilitĂ© et de transposition entre substances, entre genres, etc, semontre davantage jusquâĂ sâĂ©taler sur tout le volume - plutĂŽt que la surface -constituant lâespace de lâimage. Tutto est une sĂ©rie de tapisseries (arazzi) datantdes annĂ©es 80 quâAlighiero Boetti fit fabriquer au Pakistan par des femmesartisanes selon une mĂ©thode traditionnelle quâil dĂ©couvrit lors dâun voyage enAfghanistan en 1975. Tutto affiche sans lâĂ©puiser toute la richesse dâune lecturefigurale et matĂ©rique Ă la fois, dans laquelle figurativitĂ© et plasticitĂ© se
37 DIDI-HUBERMAN 2013, 58 et 60.38 Voir Ă ce propos OUAKNIN 2003.39 Et il ne pourrait quâĂȘtre ainsi, du moment oĂč dans la Table dâĂ©meraude, lâun des plus
cĂ©lĂšbres textes de la littĂ©rature alchimique, on lit que âCe qui est en bas, est comme cequi est en haut; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miraclesd'une seule choseâ. L'Hortulain (Ortulanus), vers 1350 : La table d'Ă©meraude d'HermĂšsTrismĂ©giste, avec les commentaires de l'Hortulain, Ăditions Traditionnelles, Paris, 2000.
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disputent lâespace selon des degrĂ©s de distanciation physique stricto sensu delâacte de lecture, de parcours, dâexploration de lâoeuvre. Au doublement deShaman Showman se substitue ici un procĂ©dĂ© mimĂ©tique dâun magma, dâunmĂ©lange sans dĂ©but ni fin oĂč est abolie toute forme de symĂ©trie Ă lâintĂ©rieur delâoeuvre, remplacĂ©e par la symĂ©trie frontale de lâespace extĂ©rieur de saperception. Par consĂ©quent, dans le va-et-vient des mouvements dâĂ©loignementet de rapprochement, se crĂ©e une Ă©paisseur de la vision - une vision dans cescas-ci vĂ©ritablement haptique - qui, en Ă©largissant son extension, fait dĂ©borderles contours du statut de lâoeuvre, du visuel jusquâaux bordures dâunesculpture textile. Et câest prĂ©cisĂ©ment le mouvement qui permet dâalterner, enles gardant constamment en tension, une tension qui se fait musculaire, lesdeux lectures car ce quâil apparait Ă une premiĂšre vue semble ĂȘtre une massede formes et de chromatismes divers pour se configurer, en regardant de prĂšs,comme un enchevĂȘtrement de figures : des silhouettes humaines et animales,des esquisses de visages, des profils dâobjets. De surcroĂźt, un autre aspectrelevant dâune dynamique figurale en action, lĂ©gitime le maintien des deuxlectures, Ă savoir lâeffet de saturation engendrant lâinextricabilitĂ© de la vision. Ilest obtenu, comme en transposant toujours une sorte de rĂ©bus perceptif delâimage Ă sa technique de production, dans ce cas le travail du tissu, parlâinstitution dâun principe arbitraire, câest-Ă -dire le choix de confier auxartisanes la mĂȘme longueur de fil pour chaque couleur.
Tutto parait ainsi mimer et incarner, dans les chaĂźnes et dans les trames, dansles plis de la tapisserie, le mode opĂ©ratoire mĂȘme par lequel fonds et formes co-Ă©mergent.
5. ConclusionPour rĂ©sumer, ayant passĂ© en examen de nombreuses facettes du dispositiffigural, Ă la fois ponctuel dans ses effets aussi et difficilement saisissable auprĂ©alable, procĂ©dons maintenant Ă une rĂ©capitulation de celles qui nousparaissent ĂȘtre ses caractĂ©ristiques les plus saillantes afin dâesquisser tant uneproblĂ©matisation de la thĂ©orie quâune opĂ©rationnalitĂ© Ă lâĂ©gard de lâanalysesĂ©miotique. DĂšs lors, le figural, nous semble-t-il, concerne et investit :
⹠une dimension énergétique (ex : investigation, également dans le sillage dela sémiotique tensive, des relations des forces et de leur constitutiondiagrammatique) ;
âą une dimension dâaltĂ©ritĂ© (ex : investigation des tensions Ă©ventuelles entre
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rĂŽles Ă diffĂ©rents niveaux, de lâexpĂ©rience aux pratiques sociales) ;âą une dimension Ă©motionnelle (ex : Ă©mergence des Ă©motions et reconfiguration
dâun cours dâaction) ;âą une dimension de mĂ©dialitĂ© (ex : saisie des traces dâune activitĂ© figurale lors
des passages entre une mĂ©diation et lâautre ou lors des passage entre desobjets sĂ©miotiques mĂ©diatisĂ©s par leur propre constitution, question de latransposition de formes et motifs) ;
âą une dimension temporelle (ex : Ă©mergence et survivance, question duchangement culturel, rĂ©vision du modĂšle lotmanien et dialectique desimages des formes de vie Ă la lumiĂšre de lâimaginaire) ;
âą une dimension dâĂ©tendue (ex : relation entre activitĂ©s singularisantes etdynamiques globales, questionnement et remaniement des notions telles legenre, le style, etc.)
LâenquĂȘte que nous avons jusquâĂ ici menĂ©e sur les modes de fonctionnementdu figural ainsi que les volets que lâon a dĂ©gagĂ©s en relation avec desproblĂ©matiques exquisĂ©ment sĂ©miotiques, frayent une voie Ă lâĂ©largissement dela portĂ©e analytique du figural Ă dâautres phĂ©nomĂšnes de sens. En effet, tout aulong de cette traversĂ©e, lâon a pu remarquer que la dimension figurale estĂ©mergĂ©e Ă partir dâĂ©tudes portant tantĂŽt sur le discours linguistique, tantĂŽt surles images, tantĂŽt sur des analyses comparant ces deux objets. Le prolongementde ces questionnements concernera lâapprofondissement des relations entredimension figurale et proccesus de subjectivation, Ă savoir entre figuralitĂ© - entant quâĂ©paisseur perceptive et culturelle de lâapparaĂźtre - et, en derniĂšreanalyse, lâintentionnalitĂ© conçue comme âun sens dâĂȘtre spĂ©cifique, qui estcelui dâun dynamismeâ40, autrement dit comme mouvement.
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