le bonbon nuit 35

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Octobre 2013 - n° 35 - lebonbon.fr N uit

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Eric Naulleau, Thomas Lélu, Leatitia Katapult, Y’a Quoi Au Ciné?, Soirée Minimale… Au Sacré Coeur, Florent Groc Florent, Villanova, Voix Cassée, Marc Houle , Le Café Des Chats, Mint Julep , N’oubliez Jamais La Capote , Ouvert Toute La Nuit, Julien Dechery & Sundae, #4, La Selection De Parislanuit.fr

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Page 1: Le Bonbon Nuit 35

Octobre 2013 - n° 35 - lebonbon.fr

Nuit

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1 — Nuit

édito

Bonne Nuit

Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner [email protected] | Directeur artistique — Tom Gordonovitch [email protected]

Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Éric Naulleau par Nicola Delorme

Secrétaire de rédaction — Louis Haeffner | Régie publicitaire — [email protected] Lionel 06 33 54 65 95

Contactez-nous — [email protected] | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e

La nuit n’échappe pas au pouvoir discriminatoire de l’esprit humain. Lieu fantasmé de l’oubli, de l’anonymat, du mélange social, la nuit n’est-elle pas en réalité la loupe grossissante de nos différences et de nos statuts diurnes ? La révélatrice implacable de notre identité professionnelle, sexuelle et culturelle ? C’est que la nuit, comme le jour, ne cesse de hiérarchiser : passe-droit ou refus du portier, listing de happy few, tables VIP, pass all-access, le monde nocturne trahit sa promesse d’immanence au profit d’une logique verticale. Et au sommet de la pyramide, les backstages constituent le Saint Graal pour tout noctambule en mal d’élitisme.Les backstages. Il serait des plus intéressant d’y mener une étude comportementale tant les signes d’allégeance, de séduction et de convenance fusent à toute vitesse dans cet espace clos. Squattées par l’aristocratie des coulisses qui pour rien au monde ne se mélangerait au commun des mortels, elles symbolisent à elles seules la mise en cadastre de nos soirées humaines, trop humaines. Ce constat étant dressé, que nous reste-t-il à faire ? Rien. Ou peut-être éviter de projeter dans la nuit plus qu’elle ne peut contenir. Et peut-être rechercher inlassablement ces rares moments intenses où elle révèle enfin ses vertus dionysiaques. Faire preuve de beaucoup de cynisme et d’un peu d’espoir, en somme. Finalement, ces deux attitudes ne sont-elles pas notre dénominateur commun à nous autres, oiseaux de nuit, qui voyons en l’obscurité notre maîtresse existentielle ?

P.-S. : Toute l’équipe souhaite de très belles aventures à Violaine.

MPKRédacteur en chef

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SUR

INVITATIO

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23H

À 6

H

AU DIVAN DU MONDE

VENDREDI 1 NOVEMBRE

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Page 5: Le Bonbon Nuit 35

3 — Nuit

sommaire

Le Bonbon Nuit

à la une

art

nightiviste

cinéma

gonzo

paris la nuit

musique

humeur

musique

bar chelou

cocktail

tumblr

trousse de secours

la playlist du mois

Grrrrr session

agenda

p. 7

p. 11

p. 15

p. 19

p. 21

p. 24

p. 27

p. 30

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Eric Naulleau

Thomas Lélu

Leatitia Katapult

Y ’a Quoi Au Ciné?

Soirée Minimale… Au Sacré Coeur

Florent Groc Florent

Villanova

Voix Cassée

Marc Houle

Le Café Des Chats

Mint Julep

N’oubliez Jamais La Capote

Ouvert Toute La Nuit

Julien Dechery & Sundae

#4

La Selection De Parislanuit.fr

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P R É V E N T E S S U R D I G I T I C K : 8 E U R O S ( C O N S O / H O R S A L C O O L F O R T + H O T D O G )S U R P L A C E : 1 0 E U R O S ( C O N S O / H O R S A L C O O L F O R T + H O T D O G )

S W I N G A T T H E T O P . C O M

Page 7: Le Bonbon Nuit 35

5 — Nuit

agenda

Les événements à ne pas manquer

Masculin/Masculin. L’homme nu de 1800 à nos jours.

S’appuyant sur la richesse de son propre fonds et

des collections publiques françaises, le musée d’Or-

say se donne comme ambition d’approfondir, dans

une logique à la fois interprétative, ludique, socio-

logique et philosophique toutes les dimensions et

significations de la nudité masculine en art.

Tout le mois d’octobre au Musée d’Orsay

1, rue de la Légion d’Honneur - 75007

OTTO10 invite Platon Records

Label festif qui trouve sa force dans une niche esthé-

tique montante, Platon propose une techno contem-

poraine avec un parti pris acoustique qui n’a pas peur

d’aller explorer sensualité et mélancolie moderne.

Noze (live), Feathered Sun (live), NU + Raz Ohara + Jo

Ke + Chris Schwarzwalder (live)…

Vendredi 1er novembre de midi à minuit au Paris 80

91, rue de Paris - Bobigny / 20 €

DR

/ D

R/

DR

/ D

R

La Factory Grolsch

Pour la 6e édition des soirées Swing at the Top,

Grolsch investit le Palais de Tokyo et fait revivre la

célèbre Factory, atelier d’artistes d’Andy Warhol.

Entre univers arty new-yorkais et installations inte-

ractives, la soirée sera rythmée au son de Telepop-

musik, Super Discount, Peter Hook & The Hacienda.

The Factory by Grolsch au Palais de Tokyo

13, avenue du Président Wilson - 16e

Le 29 octobre de 21h à 2h, entrée 8€.

The Meteors / Hellbats

The Meteors est un groupe légendaire de psycho-

billy du Royaume-Uni, qui est souvent cité pour avoir

donné le son caractéristique de ce genre de musique.

Bien que les origines du psychobilly soient contes-

tables, The Meteors est considéré comme le premier

et le seul « pur » groupe de pyschobilly.

Samedi 26 octobre au Batofar

11, quai François Mauriac - 75013

Page 8: Le Bonbon Nuit 35

6 — Nuit

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7 — Nuit

® MPK Ω Bertrand Delous

Éric Naulleau est l’un des rares esprits à relever le

niveau intellectuel du paysage audiovisuel français.

Homme de lettres, présentateur télé, polémiste

réputé pour ses critiques au vitriol, il a laissé pour

nous son fusil de sniper au vestiaire le temps d’un

entretien. De Zorro au Mathis en passant par sa

légende usurpée d’habitué du Baron, nous avons

retracé les éléments marquants de sa vie sub-

lunaire.

Quelles premières images d’enfance pourraient

constituer la date de naissance de cette biographie

nocturne ?

La première chose qui me vient à l’esprit, c’est Zorro, Zorro qui surgit hors de la nuit. J’étais un grand fan de Zorro quand j’étais gamin, c’était mon personnage de fiction préféré. La duplicité du Don Diego diurne et du Zorro nocturne m’a beaucoup marqué. Deuxième souvenir, et c’est encore un souvenir de télé, ce sont Les Mystères de l’Ouest. Tous les épisodes s’appelaient La nuit de… comme La nuit de la terreur, La nuit de la revanche, etc… Mes premières images de la nuit sont donc télévisuelles.

Vous avez quinze ans, vous êtes collégien à Saint-

Cloud. Adolescent, à quoi ressemblent vos pre-

mières sorties ? La découverte de la nuit a coïncidé avec la décou-verte du punk et du rock. Pour moi, le punk, ça

a tout changé. Le punk et tout ce qu’il y avait autour. J’ai vraiment commencé à sortir avec les concerts de punk et de rock.

Des souvenirs précis ?

Le premier concert que j’ai vu, c’est celui de Gra-ham Parker, le 15 décembre 1977 au Bataclan. Deux années plus tard, j’ai gardé aussi un souvenir ému des B52 au Palace. Et puis je me souviens également d’un concert des Clash qui a eu lieu à Pantin. Il a fallu traverser tout Paris et ensuite rentrer chez nous à pied avec mon petit frère.

Vous êtes désormais étudiant en Lettres Modernes à

Nanterre. Vous y rédigez un mémoire de DEA sur « La

poétique des ruines chez quelques auteurs mécon-

nus de XXème siècle. » Quel type d’étudiant étiez-

vous, et où sortiez-vous ?

Je suis passé directement de lycéen médiocre à étudiant brillant, tout simplement parce qu’on ne m’emmerdait plus avec une discipline qui ne m’intéressait pas. Là, mes nuits étaient plutôt stu-dieuses. Il y avait toujours le rock, mais je bossais bien la nuit, je faisais mes dissertes, je m’y mettais à 8 heures du soir et finissais à 4 heures du matin. Les nuits d’écriture, ce sont des nuits très très fortes. Je me suis rarement autant éclaté dans ma vie qu’à la fac. Pour résumer ma post-adolescence, c’est le rock et la littérature avec la nuit comme dénominateur commun.

Éric Naulleau

à la une

uNE BiOGRAPHiE NOCTuRNE

Page 10: Le Bonbon Nuit 35

8 — Nuit

Vous voilà professeur de français comme coopérant

en Bulgarie, vous y rencontrez votre femme. Quelles

visions vous reste-t-il des nuits bulgares ? 3 jours après l’obtention de ma maîtrise, je suis en effet parti en Bulgarie pour faire de la coopé-ration. J’arrive à Sofia et je rencontre le directeur et le sous-directeur de mon école qui viennent m’accueillir pour m’amener à Sliven, ma destina-tion. On fait alors 300 bornes en voiture pour s’y rendre. Ma première vision de la Bulgarie fut ainsi la traversée nocturne du pays. On finit par arriver et ils me disent : « C’est là que vous allez habiter, mais l ’immeuble n’est pas terminé. » Ils m’amènent dans un hôtel et s’en vont. Je me retrouve tout seul, je ne parle pas un mot de bulgare, la ville n’était pas très éclairée, bref, j’étais complètement paumé. Je décide de manger à l’hôtel, mais le resto est fermé, des gens me parlent et je ne pige rien. Je finis enfin par comprendre que le resto de l’hôtel est fermé car il s’y passe une fête de mariage. À ce même instant, la mariée passe à côté de moi, me voit, m’adresse la parole en anglais, et finit par m’inviter à sa noce. Ma seconde vision de nuit de la Bulgarie, ça a donc été une nuit de noce.

Et ensuite ?

Après, je vous avoue que les nuits à Sliven, ce n’était pas très stimulant. En revanche, au lieu de

faire Paris Dernière, Beigbeder a fait un Sofia Der-nière, et je peux vous dire que les nuits parisiennes sont calmes comparées aux nuits de la capitale bulgare. Entre la vodka, les filles pas farouches, la drogue, la décadence et l’enthousiasme slave, il y a beaucoup à faire…

Éditeur de 93 à 2007, vous êtes à la tête de la maison

d’édition L’Esprit des péninsules. Couriez-vous les

soirées germanopratines ?

Je n’y mettais pas les pieds ! Il y a une phrase d’Éric de Montgolfier que j’aime bien : « Je ne sais pas si je suis un homme honnête ou si je suis un homme qui n’a jamais été tenté. » J’avais tellement la flemme d’y aller que je n’ai pas eu à frotter ma vertu à ces soirées. Si ma paresse ne m’avait pas protégé, je ne sais pas ce que je serais devenu. Sans doute un type aussi corrompu et inintéressant que les gens qui gravitent dans ce milieu.

Vous commencez ensuite une carrière à la télévision

en tant que chroniqueur à Ça balance à Paris sur

Paris Première. Puis, vous connaissez la célébrité

avec On n’est pas couché. Que retenez-vous de cette

émission qui finissait tard le soir ?

On n’est pas couché est une émission enregistrée de nuit. On y était de 20h à 2h du matin, ce qui est quand même une épreuve physique et intellec-tuelle. D’ailleurs, ça ne marchait pas avec Zem-mour parce qu’à partir de minuit, il n’était plus bon à rien. C’était un coup de bol pour les invi-tés qui passaient après cette heure-là, car il était moins corrosif. Donc moi, mes souvenirs de cette époque, ce sont ces nuits interminables du jeudi et les vendredis où j’ai énormément de mal à récu-pérer.

Le fait d’être exposé médiatiquement a-t-il changé

votre manière de sortir ?

J’ai commencé la télé trop tard pour que cela influe sur ma vie.

Éric Naulleau

“la Nuit, c’est

souveNt l’Épreuve de

vÉritÉ.”

Page 11: Le Bonbon Nuit 35

9 — Nuit

Éric Naulleau

N’avez-vous pas commencé à sortir dans des

endroits plus « select », plus « élitistes » comme le

Baron ?

Cette histoire du Baron a totalement été inventée par André Bellaïche, l’ancien leader présumé du Gang des Postiches. Lors d’un On n’est pas couché où il était invité, j’ai essayé de lui faire avouer son appartenance à ce gang. Lui, pour faire diversion, a alors sorti qu’il m’avait vu au bras de deux jeu-nettes de 20 ans au Baron. À partir de ce moment est née la légende disant que j’étais un habitué de ce club alors que je n’y ai jamais mis les pieds ! Je ne peux même pas dire où c’est. De toute façon, je vais vous dire un truc, je suis désolé de casser le mythe, mais la vie nocturne telle qu’on se la repré-sente dans le milieu du show-biz, c’est complète-ment incompatible avec une pratique sérieuse de mon métier. J’ai un principe simple, je vois tout, je lis tout, j‘écoute tout, et si vous voulez faire ça, on ne peut pas se mettre à l’envers.

Depuis 2011 vous animez Zemmour et Naulleau

sur M6 avec Éric Zemmour, votre complice de polé-

mique. Sortez-vous des fois ensemble ? À quoi res-

semblent d’ailleurs les nuits de Zemmour ?

(Rires) C’est marrant, ça ne me viendrait même pas à l’idée. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire avec Zemmour ? Je pense qu’une sortie avec lui, ça doit être quelque chose de très conceptuel ! J’aimerais bien savoir ce qu’il fait le soir en fait…

On connaît votre goût pour l’irrévérence, votre détes-

tation de la médiocrité dans la littérature. Qu’est-ce

qui vous révolte dans la nuit parisienne ?

Les nuits parisiennes exagèrent un travers français qui est la superficialité. Dans les nuits parisiennes, vous n’allez pas parler de culture sur le fond, vous allez faire un échange de bons mots entre petits marquis. C’est tout juste s’ils ne faut pas sortir l’éventail.

Vous préparez, paraît-il, un roman commencé il y a

bien longtemps déjà. Quelle part aura la nuit dans ce

livre à venir ?

La nuit y jouera un grand rôle puisque le bouquin se terminera la nuit. Il y a une grande tradition de la nuit dans la littérature. Les nuits de Cendrars, de Pascal, de Beckett, de Pessoa… La nuit, c’est souvent l’épreuve de vérité. Ce sera le cas dans mon roman.

Vos adresses favorites actuellement ?

J’aimais bien le Mathis, j’aimais bien Gérard Nanty, l’ancien propriétaire qui était une légende de la nuit. Et je commençais à vraiment bien m’entendre avec lui, malheureusement il est mort quelques temps après notre rencontre. J’avais trouvé ma place dans la nuit là-bas. Les gens pas-saient, c’était calme, on pouvait discuter, il y avait aussi des gens insensés… Là, j’aurais bien entamé une carrière de noctambule, parce que je suis plu-tôt insomniaque.

Insomniaque ?

C’est une insomnie inutile, les yeux grands ouverts, en train de fixer le plafond. Je ne peux pas écrire, je ne peux pas lire, je ne peux pas regarder la télé… À moins qu’avec un coup de bol je tombe sur Zorro ou les Mystères de l’Ouest…

Ça Balance à Paris / Paris Première

Le samedi à 17h50 et le dimanche à 10h

Zemmour et Naulleau / M6

Le vendredi à 22h40 et le dimanche à minuit.

À paraître le 26 octobre :

Entretiens désacordés / Éditions Blanche

Série d’entretiens avec Alain Soral.

Page 12: Le Bonbon Nuit 35

10 — Nuit

Page 13: Le Bonbon Nuit 35

11 — Nuit

art

® Manon Troppo Ω Thomas Lélu

Graphiste, peintre, photographe, plasticien, écri-

vain, réalisateur, Thomas Lélu multiplie les identités

et appose son style fait d’autodérision, de jeux de

mots et de références pop sur toutes ses œuvres. À

la Perle, un de ses QG, il nous parle de la nuit, de l’art,

et du drôlisme.

Grosse actu, là ?

Ouais ! Each x Other, la marque avec laquelle je travaille, ouvre un corner le 7 octobre aux Galeries Lafayette, puis au salon Frieze, à Londres, du 17 au 21 octobre, je fais une expo avec un curateur anglais appelée Whatever You Want, où on deman-dera aux gens d’écrire ce qu’ils veulent sur des toiles vierges ; pour l’occasion je me ferai tatouer par Maxime Buechi. Puis je serai à la Fiac le 25 octobre avec l’Écurie, où je ferai une installation avec des capots de voiture. Je termine aussi un clip pour Peter Von Poehl qui devrait être prêt pour la Fashion Week. Au même moment, j’exposerai à la galerie Nuke, ainsi qu’en décembre pour Vincenz Sala.

Tu as besoin d’une discipline, d’une rigueur diurne,

où est-ce que la nuit et l’errance t’inspirent dans ton

travail ?

Les deux peuvent être conjugués, on peut être discipliné la nuit. C’est pas parce qu’on déambule la nuit qu’on est dans l’autodestruction. Le senti-ment d’abandon est plus présent, notamment chez

les autres, et autant il se passe peu de choses ou des choses très ordinaires le jour, autant la nuit il y a toutes sortes de phénomènes qui nous échap-pent et qui sont vachement intéressants à vivre et à observer. C’est une source d’inspiration inépui-sable. C’est là qu’on fait les plus belles rencontres, intellectuelles ou sentimentales, que visuellement les choses sont les plus intéressantes ; les lumières de la nuit sont plus riches. Le jour est très dur. Le jour, c’est le travail. C’est associé à tout ce qui est chiant dans la réalité ; la nuit est plus trouble, plus onirique, elle se rapproche parfois du rêve. C’est ça que j’aime puisque je suis un rêveur.

Les rencontres nocturnes ne sont pas plus superfi-

cielles ?

Il y a des choses plus éphémères, mais on les aime aussi parce qu’elles le sont. Il n’y a plus cette lourdeur du jour, où on veut absolument dire des choses qui ont du sens. La nuit, on peut se per-mettre de dire n’importe quoi, des choses sans conséquences, d’avoir des échanges avec toutes sortes de gens, où il n’y a aucune suite, justement. Mais on peut faire de vraies rencontres. La nuit n’est pas superficielle, elle est plus légère. La lumière, l’effet de l’ivresse… il y a beaucoup plus de sourires, la nuit. Je m’en fiche si les gens sont bourrés, ce qui est important, c’est les sourires. On réagit à notre environnement, donc si on est entouré de gens qui sourient, forcément on est

tHoMas lÉlu

DE L’HuMOuR DANS L’ART

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12 — Nuit

soi-même plus heureux. J’aime ce moment où l’ivresse et la joie mêlées des autres te procurent, juste par un effet visuel, un sentiment de bien-être, de bonheur… La nuit est un très bon vecteur, c’est un très bon liant, autant d’un point de vue social que d’un point de vue créatif. De par mon travail je suis en permanence en création, et la nuit, ou avec d’autres gens, encore plus.

Ton travail comprend toujours une part d’un humour

bien à toi.

En 2006 mon livre Récréations a cartonné au Japon… peut-être qu’ils sont sensibles à une dimension de cet ordre-là, il y a ça aussi dans l’hu-mour asiatique, un côté onirique, un peu nocturne peut-être, justement. Les phrases comme celles qu’il y a dans le livre, j’en note tout le temps sur des carnets, sur des papiers qui trainent dans mes poches. Quand je fais une expo, j’en mets une série, ou si je fais un livre avec un certain nombre de phrases, il y en a qui restent, d’autres qui dis-paraissent, c’est la loi… des séries. Une des choses que j’ai apprises dans la création, c’est à ne pas avoir peur de produire beaucoup, quitte à avoir des déchets, parce qu’ils sont nécessaires pour que celui qui perçoit ton travail comprenne l’état d’es-prit général. Et puis, j’aime autant le côté régressif, le jeu de mots qui rate sa cible, que celui qui fait mouche. C’est ce que j’apprécie dans l’humour anglo-saxon : les vannes qui foirent, le côté loser, tu vois ?

Je vois, oui. Dans la culture française, ce n’est pas un truc qu’on assimile bien. Pour autant, mon prochain projet s’éloigne de ça, je suis parti dans un univers très différent de l’autodérision et de l’humour, mais je ne peux pas t’en dire beaucoup plus pour l’instant.

Tu penses que tout a déjà été fait en art ?

Comment répondre à ça ? Je ne pense pas… l’art n’est pas qu’une question d’œuvres, de galeries, de marché, c’est inventer des nouvelles manières de penser le monde. L’art, comme tout, comme la société qui a énormément changé en très peu de temps, change aussi, et aujourd’hui il y a énormé-ment d’artistes, de galeries, et de collectionneurs, de plus en plus d’images, de gens qui s’intéressent à l’art et le comprennent, et cette prolifération génère de la confusion, une nouvelle forme d’in-compréhension qui, à mon avis, va entraîner une nouvelle mutation de l’art. Il y a je ne sais com-bien de milliers de nouveaux artistes tous les jours, et à un moment donné il n’y aura plus que des artistes sur cette terre, donc c’est un peu angois-sant, tu vois, il y a un problème. Comme l’art c’est repenser le monde, à partir du moment où il n’y aura que des artistes, qu’est-ce qui fera l’origina-lité et l’intérêt de l’art ? Arthur Cravan avait dit, et c’était sans doute prémonitoire : « Le jour où il n’y aura plus que des artistes on se demandera où sont les hommes ».

Thomas Lélu

Sortie du clip de Peter von Poehl réalisé avec

Roxane Mesquida.

Exposition Whatever you want à Londres pour

Frieze Art Fair à partir du 19 octobre.

Exposition avec l’agence L’Écurie au moment de la

Fiac à partir du 25 octobre

— www.thomaslelu.com

“la Nuit N’est pas

super-ficielle.”

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13 — Nuit

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14 — Nuit

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15 — Nuit

nightiviste

® MPK Ω Pascal Montary

Laetitia est ce qu’on pourrait appeler un pilier de

la nuit parisienne. Accompagnée d’Alex, son com-

pagnon de toujours, le couple n’a cessé d’accroître

son « nightivisme » de qualité : tour à tour patrons

de la mythique boutique de disques Katapult, Dj’s

exigeants et créatifs, boss du label Karat, orga de

soirées aux line-up toujours soignés, les deux insé-

parables enfoncent les Guetta dans les profondeurs

insondables du mauvais goût. Nous avons voulu en

savoir un peu plus sur la manière dont la belle vivait

ses nuits. Extraits.

Quelle est pour toi la production artistique (film

ou bouquin ou peinture ou chanson) qui incarne le

mieux la nuit ? Pourquoi ?

Le morceau Relax your body de DFX. Pour moi, il résume complètement l’esprit de la fête. Pour la petite anecdote, Ricardo Villalobos l’a joué lors de la soirée que l’on avait organisée à l’Électric en juin. Il y avait 2 000 personnes, et on était tous unifiés grâce à ce morceau. Ce soir-là, il a mis tout le monde d’accord.

Parmi toutes les soirées que tu as organisées, tes

meilleurs souvenirs ?

Clairement, j’en reviens à cette soirée avec Ricardo à l’Électric. À la fin, j’ai fini en larmes… Avec Ricardo, on se connaît depuis super longtemps, et je savais que pour lui, jouer à Paris n’était pas quelque chose de facile. Finalement, il balance un

set magnifique au petit matin… Il y avait la tour Eiffel juste derrière, le lever du soleil, le ciel qui passe du violet à l’orange et 2 000 personnes en osmose avec lui… J’avais l’impression d’avoir 19 ans et de revivre ma première fête.

Tes pires ?

La pire, c’était à la Machine du Moulin Rouge. J’organisais un festival avec que des pointures (Isolee, Skudge, Dandy Jack…), et là, personne ne vient et je perds 10 000 euros. Il m’aura fallu plus d’un an à m’en remettre. En plus, je me suis très mal entendue avec l’équipe de la Machine.

Toi qui as consacré ta vie à la nuit, qu’est-ce qui t’at-

tires autant dans le monde nocturne ?

J’adore l’énergie qui se dégage des fêtes. J’adore les petits matins, voir les gens se lâcher, être eux-mêmes, naturels. Et puis le milieu de la nuit, c’est quand même l’un des rares endroits où tu peux côtoyer tous types de gens, de différentes cou-leurs, classes sociales… En fin de compte, mon idéal de vie, ce serait que tout le monde puisse être mélangé.

Comment as-tu découvert la nuit ? Tu te rappelles de

tes premières sorties ?

Si je fais la fête, c’est grâce à mon grand-père. J’avais un grand-père magnifique qui était très fêtard. C’était un agriculteur dans un petit village

laetitia Katapult

LES NuiTS DE

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16 — Nuit

du sud de la France, et avec lui, on s’est régalés. J’ai vécu des moments merveilleux avec cet homme-là. Il m’a donné la foi en ça. Je devais avoir 13/14 ans, je traînais dans des bals de campagne… Ensuite, je me suis mise aux rave parties vers 17 ans.

Tu as des souvenirs marquants de Dj de cette

époque ?

Non, parce qu’à cette époque, on ne connaissait pas le nom des Dj’s. J’ai tout de même des souve-nirs très forts de Lisa N’Eliaz.

Comment as-tu vu l’évolution de la nuit parisienne

en 20 ans ?

J’ai eu la chance de connaître le début des rave par-ties, après, il y a eu un énorme creux début 2000, où il y avait pas mal de trucs chiants. Par contre, je pense vraiment qu’avoir 20 ans aujourd’hui à Paris, c’est un truc génial. Il y a de nouveau une espèce d’énergie folle. Si tu aimes faire la fête et la musique électronique, tu ne peux pas rêver mieux que ce qui se passe en ce moment. La nuit pari-sienne, elle est comme les humains, elle a ses hauts et ses bas, elle vit ses petites montagnes russes comme tout le monde. Ce qui est sûr, c’est que je n’ai aucune nostalgie pour le passé.

Qui sont tes partenaires de débauche ?

Il y avait pas mal Ark, mais il s’est calmé. Après, essentiellement avec mon mec. Et puis j’ai aussi ma petite clique de Lyonnais, dont je tairai les noms.

On aimerait que tu nous racontes en détail la der-

nière fois que tu es rentrée à 4 pattes chez toi. C’était

où, quand, comment ?

Je ne rentre jamais à 4 pattes. Bon, les week-ends je me mets quand même des mines lorsque j’orga-nise des soirées, mais je garde toujours la tête sur les épaules. Je ne suis pas une grande gourmande de substances illicites.

Qui est ton meilleur ami barman ?

J’ai des employés barmen surtout. Donc ouais, j’en ai plein, je vais te citer mon chef barman, Karim. Sinon, au Rex, il y a Romain. En fait, partout où je vais, les barmen sont mes potes.

Es-tu une adepte des afters d’after ? Tu les fais en

petit comité en appart ?

Oui, j’adore faire ça en petit comité en apparte-ment. Tout l’été je les ai faits chez moi, et là j’ai dit stop parce que mes enfants sont rentrés de vacances.

Parmi les métiers de nuit, quel est celui qui t’intrigue

le plus ? Pourquoi ?

Physio. Je ne comprends pas ce métier, je ne com-prends pas comment on peut recaler des gens.

S’il y a une salle, un club ou un bar où tu ne foutras

plus jamais les pieds, c’est lequel ?

Le Social Club. À une époque, je devais organiser une soirée avec Villalobos là-bas. J’avais d’abord joué au Batofar, ensuite j’étais passée au Showcase, je suis arrivée assez tard au Social Club, et je me suis faite refouler comme une malpropre par un portier. J’avais beau lui dire que je venais pour un rendez-vous de travail, il m’a insultée. Je déteste le Social Club.

Le cocktail que tu ne boiras plus jamais ?

Ce n’est pas un cocktail, mais j’ai un très mauvais souvenir du Jagger au Watergate.

Ta technique contre la gueule de bois ?

Je m’en remets une direct !

Laetitia Katapult

Son actu pour octobre :

DJ set au Rex, le 25 octobre avec Ricardo Villalobos

et Djulz.

Son facebook : facebook.com/laetitia.katapult

Son label : www.karatrecords.com

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17 — Nuit

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18 — Nuit

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19 — Nuit

Cinéma

® Pierig Leray Ω DR

La vie d’Adèle, chapitres 1 et 2 de Abdellatif Kechiche — 5 bonbons

Bien que mon anticonformisme patent me pousse à rejeter la bien-pensance Kechiche, je ne peux que m’incliner devant la beauté plastique et foudroyante d’Adèle Exarchopoulos, révélation de cet hymne à l’amour unique, avec cette bouleversante rencontre avec une Léa Seydoux jamais aussi vraie. La vérité, la vie vraie, qui peut se targuer de la filmer aussi bien que Kechiche ?≥ Sortie le 9 octobre

L’extravagant voyage du jeune et prodige T.S. Spivet de J.P.Jeunet

— 0 bonbon

Jeunet devient la caricature de ses propres déviances, une photo aveuglante qui se perd dans une 3D à Dégueuler - la sur-exposition jaune pipi on a compris - un scénario insipide, le road trip d’un enfant de chœur dans une morale bidon à faire chialer la ménagère au cerveau disponible, non merci ! Qu’elle est loin la Cité des Enfants Perdus… Jeunet se noie pour retrouver le rivage.≥ Sortie le 16 octobre

Malavita de Luc Besson — 0 bonbon

Un film de Luc Besson. ça devrait suffire. ≥ Sortie le 23 octobre

Blood Ties de Guillaume Canet — 1 bonbon

Voilà une belle croûte. Tout pimpant le Guillaume en bas des marches aux côtés de sa belle à Cannes, mais à la sortie c’est une belle dégringolade, un polar vieux comme le slip sale d’un Scorsese au rabais, les acteurs sont figés, impassibles et impuissants face à cet échec retentissant. Le scénario alambiqué sonne creux et n’arrive même pas à surprendre. Faux et vide.≥ Sortie le 30 octobre

1 mois, 4 films, 4 avis.

Le problème ? On ne les a pas vus.

Critiques abusives et totalement

infondées des meilleurs/pires

films du mois à venir.

Mais aussi :

Gravity de A. Cuaron le 23

octobre, longue et lente solitude dans l’espace noir de la salle (0 bonbon), 9 mois ferme de A.

Dupontel le 16 octobre, grinçant et toujours aussi fin Dupontel, un vrai génie sous-exploité (4

bonbons) et Planes de K. Hall, un vrai crash aérien d’un Cars low-cost, compréhensible quand l’on sait que Pixar a lâché le projet (1 bonbon).

Y’a quoi au ciNÉ ?

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20 — Nuit

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21 — Nuit

gonzo

® Raphaël Breuil Ω internet Art

Je parie qu’en ce moment même t’es à la Machine

du Moulin Rouge et tu te fais chier sur un son pourri

alors tu lis le Bonbon que tu as trouvé sur le comptoir

pendant que tu payais ta place 20 boules pour ce Dj

set de merde. Alors laisse-moi te faire rêver sur une

soirée cool pour chiller qui a lieu tous les dimanches

à 22h après ton after à la Concrete.

La boîte dont je vais te parler est à Montmartre mais apparemment il existe pas mal de franchises sur Paris et dans toute la France, comme le café Oz ou le Frog, par exemple. Même ceux qui habi-tent en campagne profonde peuvent en profiter, ce qui n’est pas le cas des soirées du Rex. Car non contentes de se trouver près de chez toi, ces résois sont ouvertes à tous, y a même pas mal de noirs et de chinois qui défient une sécu invisible, voire inexistante. Pas comme ce bâtard de Jaffar, le kaporal physio du Social Klub.

Bon par contre ça commence super mal car, direct, j’aperçois une grosse croix à l’entrée. « Oh putain non, pas un concert de Justice, dans quel traquenard me suis-je fourré ? » pensé-je alors. Mais on me rassure en me disant que c’est le logo de la boîte, qu’il n’y aura pas de merdeux versaillais ce soir. Je souffle et prends un para, car malgré tout, c’est quand même assez mort l’ambiance. T’as envie de secouer tout ça avec un pow polow pow pow pow poooow mais une Pierrot de la nuit déguisée en

burka me dit de me taire. Putain c’est trop concept la soirée silence, mais je lui ai quand même dit d’aller se faire enculer. Là, je l’ai grave breakée, elle s’est touché les épaules, la tête et la teuch et s’est barrée. Un mec en chaise roulante me dit que c’est honteux de parler comme ass à une bonne sœur. Je lui ai répondu qu’elle était pas si bonne que ça sa reuss. Mais comme j’avais pas envie de me faire virer direct, j’ai rassuré l’homme qui valait 3000 roubles en lui disant que je le faisais marcher.

La soirée n’est pas commencée que les gens sont déjà foncedés sa mère, y a des meufs qui pleurent et tout, y’a plein de handicapés et des ieuvs qui viennent kiffer le son, c’est mortel, quel courage ! Berlin fais gaffe, Paris arrive en force avec des nouveaux concepts de tarés. Je sais pas ce que les gens prennent mais ils sont tous là, comme la bonne reuss à se gratter successivement la teutê, les épaules et la teub, tout le temps dans le même ordre en disant « amène ». Mais c’est pas en par-lant comme ça au dealer que ça va arriver plus vite. Calmez-vous.

Si on en croit le programme, la tête d’affiche c’est un certain DJ Zu qui apparemment doit faire son come-back, perso j’en ai jamais entendu parler dans Technikart, c’est trop indé. Mais finalement le mec ne viendra jamais. Un peu le Pete Doherty du DJ set. Tout le monde semblait un peu déçu.

soirÉe MiNiMale

… Au SACRÉ CœuR

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22 — Nuit

Y’a même une gamine à la sortie qui a dit « DJ Zu je t’encule ! ». Depuis le début on parle de son daron, un mec qui doit dater de l’époque de Kraftwerk et apparemment y’a 11 premières par-tie, y en avait 12 sur le flyer mais on m’a dit qu’il y avait DJ Uda et que c’était un peu un vendu, je suppose qu’il est passé chez Ed Banger et cet enculé de Pedro Winter. En tout cas il est assez gros son label, je le connais pas mais y a un hips-ter BCBGHB déguisé en trouduc du 16 qui m’a dit que c’était « tout puissant » alors je lui fais confiance.

Le son commence, j’ai une montée de Marguerite Duras tellement forte que j’entends plus le beat. Que du synthé, mais v’la la sono gars, ils doi-vent avoir des Senheiser. Mais c’est que des sons chelous un peu à la Tim Burton, je sais pas si tu connais, je vous raconte pas le trip.

C’était un peu politique aussi comme soirée. À un moment, le DJ, je crois il s’appelle Luya, il s’arrête de chanter et il nous dit que l’argent c’est pas très bien et tout, et qu’il faut choisir entre les seins et l’argent. J’avoue moi je préfère les einss il a rai-son, du coup je fais un peu comme la masse, je le supporte un peu « Allez Luya ! Balance ton son ! ». Mais peu après y a des pakats chelous là avec une boite en bois qui passent et nous demandent de mettre de la tune dedans. Genre « l ’argent c’est pas bien, alors donne-moi ta monnaie », il sont pas cons dans cette boîte. J’avoue on n’a rien payé à l’entrée, je trouvais ça chelou, j’essaye de lui faire croire que je suis sur liste et tout et le mec il m’a même pas répondu il est passé au suivant. Comment je l’ai trop carotte.

Depuis un moment ça parle d’amour, je crois que ça va finir en touz alors je me suis mis à côté d’une anglaise trop fraîche qui connaissait les paroles comme ça j’ai pu un peu chanter avec tout le monde ça me faisait trop plaise avec la MD. En

plus elle faisait quelques fautes de français, elle avait du mal avec les articles ça me faisait trop tri-quer. Quand tout à coup, la meuf se tourne vers moi, elle me caresse la main la bitch et elle me dit : « Le paix du Christ ». Je lui dis « non non c’est pas wam, j’ai pas loufé t’es ouf, c’est la vieille derrière qui chlingue », elle sourit et rassemble ses mains en direction du plafond, putain ha ha elle est trop foncedar. Du coup j’essaie de la galocher parce qu’elle me touchait, mais elle m’a recalé comme un mec en Tachini. Elles sont trop froides les anglaises.

Enfin, une petite trappe s’ouvre dans le décor, c’est trop bien foutu, y a un cocktail et une jarre de taz. Putain le bâtard, c’est le seul qui picole c’est vraiment une boîte de rats, bon au moins il a des prods c’est cool car je commençais à descendre, il faudrait que le son se durcisse un peu là. C’est pas tout ça mais c’est dimanche et j’ai fait la teuf tout le week-end, la minimale intégriste ça va pour la pré-chauffe mais là il faudrait passer au gros son. Du coup je fais la queue et y a une vieille pute qui me demande si je suis baptisé. J’avais pas bien compris alors je lui ai répondu « bah non j’ai pas tisé putain y a pas de bar. C’est quoi qu’il donne là ? » Elle me répond le nom d’une gueudro que j’avais jamais entendu : l’Os tee. Putain ça a l’air chan-max, je suis comme un ouf. Je fais la queue tout gai avec des gens qui sont à moitié en train de chialer. Paris quoi… Mais en fait le cacheton a rien fait, c’est trop de l’arnaque et quand je lui en ai demandé un autre je me suis fait virer par un mec déguisé en Dark Vador. J’ai néanmoins passé une chouette soirée.

Soirée minimale au Sacré Cœur

La messe

Tous les dimanches à 22h à la Basilic du Sacré Cœur

Paris 18e

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Paris La Nuit Florent Groc Florent [email protected]

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musique

® Marie Prieux Ω Henri Vogt

Après le succès d’un premier EP, Mothafunk, Vil-

lanova revient avec un projet plus mature. Loin de

l’esthétique de Take You, qui a rapidement propulsé

Adrien et Marco sur le devant de la scène, Physique

Bell combine avec savoir-faire groove et complexité.

Rencontre avec les deux acolytes.

Adrien, votre rencontre est assez atypique. Marco

a vomi sur tes chaussures durant un de tes Dj sets.

Adrien : Effectivement !

C’est donc comme ça que tu choisis tes potes ?

Marco : ça a créé une touche. Une certaine ori-ginalité.A : En fait, on ne s’aimait pas tellement, au début. Puis nous nous sommes retrouvés sur une date où je mixais, et lui faisait du piano. Je pensais que Marco était un petit mec dans le jazz, plutôt clas-sique. Lui, que j’étais un Dj « people ». Mais un jour, on s’est découvert un album de Metro Area en commun. Nous étions sur la même longueur d’ondes. Comme quoi…M : Nos univers étaient complémentaires. Ce qu’il manquait à l’un, l’autre lui a apporté.

Êtes-vous toujours d’accord, en ping-pong, ou

lorsque vous produisez ?

M : Plus que jamais !A : Nous ne faisons que très peu de Dj sets. Cela reste occasionnel. Nous privilégions le live, les

synthés, dont les programmateurs sont friands.

Adrien, à quoi te sert ton micro, lors de ces lives ?

A : À créer mes touches vocales. Je ne chante pas vraiment, il s’agit plutôt d’un travail de MC. Le micro passe par un boitier qui transforme ma voix. Pour Exception (sorti en septembre sur My Favo-rite Robot, ndlr), par exemple, je repose en direct les voix enregistrées en studio. Sans trop en faire, sinon ça saoule vite.

Un bon MC, c’est un MC qui sait fermer sa gueule…

A : Exactement !

Marco, cela ne te dérange pas que le nom de votre

duo soit celui de la grand-mère d’Adrien ?

M: Sinon, on aurait appelé ça Jajacques ? (Adrien rit) Il n’y a pas de jalousie à avoir parce que ce n’est pas mon nom de famille.

Vous êtes-vous installés à Paris pour des raisons

artistiques ?

A : Elles sont différentes. Je devais quitter New York parce que je n’avais pas de visa, et j’étais avec une fille, une parisienne. L’occasion de découvrir cette ville.M : Officiellement, pour faire des études à la Sor-bonne. J’ai finalement assisté à deux cours. Après, je sous-louais l’appart d’Adrien.

villaNovaÀ LA COOL

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Que pensez-vous de la scène ici ?

A & M (en cœur) : Il n’y a pas de scène parisienne !M : Les mecs qui font le buzz peuvent être équato-riens, tasmaniens. Avant, Étienne de Crécy, ou les anciens avaient le monopole, mais aujourd’hui… Le rapport est très conflictuel. Devenir pote avec un mec de ton âge, qui produit des sons similaires aux tiens est inenvisageable. C’est triste, mais c’est comme ça.A : En tout cas, c’est ce qui nous arrive. Le pre-mier EP nous a rapidement mis sur le devant de la scène, ce qui a engendré pas mal de jalousies.

La France rejette donc ses producteurs ?

M : C’est évident, booker un local n’est pas très excitant. Par contre, s’il vient d’Allemagne, ou de LA, le public est séduit. Un grand nom n’est pas nécessaire. Mais que veux-tu faire ? Un billet au gouvernement pour dire que le peuple est con ?

Physique Bell est plus mental et dark que votre pre-

mier EP.

M : On a tout fait à l’envers ! D’abord, un hit, sans trop savoir produire. Il était très innocent. Fait simplement, pour être écouté simplement. Main-tenant, nous ne sommes plus là-dedans. A : Les morceaux du deuxième EP sont un peu plus complexes. Retenir l’attention des gens sera plus délicat. Cela tient à tellement peu de choses ! Sur Beatport, l’extrait automatiquement placé en écoute tombe pile poil sur le break de notre remix de Soliman. Il entre dans la logique du morceau, mais est insoutenable, en lui-même. L’image du track est faussée. Je suis certain que l’on en ven-dra moins que si un autre extrait avait été choisi. Aujourd’hui, tout va tellement vite, tout est jetable. C’est pour cela que nous ne l’avons pas sorti sur Hot Creations, alors qu’ils nous l’avaient demandé… Villanova aurait été sans surprise.M : Comparons cela au style vestimentaire : cer-tains ont la classe parce qu’ils mélangent les styles, ce qui crée leur charme.

Justement, vous mettez le paquet sur votre look.

M : Que tu sois beau, laid, quel est ton but en tant que Dj ? Il y a toujours une part de séduction.A : J’en ai souffert pendant des années, à Saint-Tropez. Les patrons déformaient mon image pour en faire des flyers, ils n’en avaient rien a faire de ma musique ! C’est ce qui m’a fait arrêter tout cela, même si je gagnais beaucoup d’argent.M : Mais il n’était pas comme ça, il ramasse aujourd’hui…A : J’ai vieilli. Attends…M : C’est inconscient, mais je suis persuadé que tu l’as fait exprès, Adrien.A : Mais non ! Je suis beau gosse, non ? (rires)

Il y a quelques temps, vous disiez faire une musique

sexy. Est-ce toujours le cas ?

A : Ce qu’on fait est assez sexuel, non ? À part peut-être le remix de Scratch Massive, brutal… Genre sexe brut. Je ne sais pas pourquoi on fait de la musique dark. On est des mecs super drôles.M : De joyeux lurons.

Que peut-on attendre de vous, ces prochains mois ?

M : Changer le parquet.A : Je cherche des luminaires.M : Un remix d’Agoria. Un ami, critique, l’a d’ailleurs qualifié de biblique. A : Ma grand-mère de 78 ans m’a dit que ça la fai-sait penser à du Philippe Glass. Nous en sommes très fiers. Un remix de Danton Eeprom est égale-ment à venir. M : Nous avons de très beaux tracks en stand-by, dans une esthétique encore différente de ce que nous avons exploité cette année.

Villanova - Physique Bell My favorite Robot

soundcloud.com/villanova-official

myfavoriterobotrecords.com

Villanova

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30 — Nuit

humeur

® Manon Troppo Ω DR

En face de la fac Censier, le Repaire est un bar que tous les jeunes du quartier connaissent, où les étu-diants sont chez eux, où la bière a un goût de reve-nez-y. Parmi toute cette jeunesse, presque tous les soirs, un homme d’une soixantaine d’années, fatigué, accablé, et passablement pinté prend son blues en patience au comptoir. Parfois seul, parfois mal accompagné, rarement bien. S’il ressemble à un vieil ours en peluche, ce n’est peut-être pas par hasard. Intermittent du spectacle (« intermytho » aux dires d’Anis, le patron, qui ne le malmène pas avec le dos de la cuillère), Paulo était la voix d’Alf l’extra-terrestre dans les années 80 à la TV. Ce n’est pas son seul fait d’armes, mais c’est le plus glorieux, avec quelques passages à Groland dont il porte l’humour pince-sans-rire et le je-m’en-foutisme comme une seconde peau. Quand on sait qu’il a doublé Alf, on ne peut plus s’empê-cher d’attendre qu’il appelle le barman M. Tan-nen après lui avoir dit de lui remettre une énième pinte pêche. Sa voix bonhomme et plaintive si caractéristique ne lui sert plus guère qu’à ça, com-mander des pintes pêche. Et puis entre les pintes, à se morfondre dans son malheur ou à ressasser le même répertoire de blagues – excellentes, par ailleurs, pour peu qu’on les entende pour la pre-mière fois. Paulo, en tout cas, les trouve toujours aussi fendardes. Moi, je croyais qu’il les inventait pour moi, mais le barman, gentil mais parfois méchant, m’a dit qu’il avait en fait un répertoire

très limité et qu’il n’arrivait pas à savoir si Paulo lui-même se rendait compte à quel point il rado-tait. Je l’ai cru, Paulo, quand je suis arrivée au bar pour demander un gin-tonic, et qu’il m’a alertée :“ Vous savez que c’est interdit, Mademoiselle ?- … Quoi donc ?- D’avoir de beaux yeux comme vous… ”Si l’approche était ringarde, sa façon de le dire était si attendrissante que j’eus immédiatement envie d’échanger quelques mots avec lui. Paulo dit au barman de mettre mon verre sur sa note, le bar-man leva les yeux au plafond, et moi je trinquais avec Paulo.“ Vous avez quel âge, Mademoiselle ?- Ah, si j’avais deux ans de moins… ”Paulo est le genre de type qui anime le bar, qui engage la conversation avec chaque client qui vient commander. Pour les profiteurs, et il y en a, c’est la poule aux œufs d’or : il suffit de lui dire bonjour et d’échanger deux politesses avec lui pour qu’il insiste pour vous offrir chaque verre. Ceux qui en abusent se font vite épingler par le barman, qui a quand même un fond d’affection pour cet empêcheur de travailler en rond. Après tout, ici, Paulo c’est la mascotte, et on veille sur lui. On lui offre à manger avant qu’il réclame, parce qu’on sait qu’il vit de peu et qu’il boit tout son revenu. Mais lui, ça ne l’empêche pas d’insister pour payer sa tournée, soir après soir, à tous les inconnus qui passent. Parfois, il monte sur un tabouret et hurle

voix cassÉe

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31 — Nuit

intermytho du spectacle

à la volée : « Qu’est-ce que vous avez contre les bas-ketteurs ? » Puis il en redescend, content de lui, et redemande une pinte pêche. Le barman lui pose un verre débordant de mousse. « Dis donc, je t’ai pas demandé un cappuccino ». Moi, ça me fait rire, mais le barman semble avoir entendu cette phrase cent fois, alors il se force seulement à esquisser un sourire impoli. Nous poursuivons notre conver-sation, interrompue à chaque fois qu’un client se présente au bar pour commander, puisque dès que le barman prépare la boisson, Paulo l’interpelle :“ C’est pour moi, tu me le marques. - Merde, Paulo, arrête. - Tu me le marques, je te dis. - Tu sais à combien elle grimpe, ta note ? - Je te paierai. - Écoute Paulo, si t’as pas d’argent sur toi, t’arrêtes d’offrir des coups à tout le monde. Parce que tu sais ce qu’il se passe, sinon, à la fin de la soirée ?- Non, mais tu vas me le dire.- Eh ben, à la fin de la soirée, si tu fais ça, moi j’ai quoi dans ma caisse ? J’ai des billets ? Eh ben non, j’ai un papier avec marqué « Paulo ». ”Paulo a compris. Pour ce soir. À un jeune soû-lard qui avait vraisemblablement l’intention de se payer un dîner de con à la santé de Paulo, celui-ci l’évince gentiment, d’une seule phrase, sans appel : « Ta gueule, t’es un chic type ». Le jeune homme n’aurait pas été plus humilié si un camarade lui avait intimé l’ordre de garder la pêche. Mais Paulo, lui, a soixante ans, alors il dit chic type, et la pêche, il la met dans sa bière, sous forme de sirop. D’ailleurs il a soif, et il me dit qu’il a arrêté de boire. Depuis dix minutes. Je recommande deux pintes pêche, pour cette bonne âme et pour la mienne. Le patron arrive, dit en passant à Paulo de fermer sa gueule, puis lui propose un croque-monsieur, qu’il lui prépare avec amour et lui apporte en le traitant d’enculé. Paulo m’en propose évidemment la moitié, que je décline. Alors il veut m’offrir un verre. La conversation devient vite intime, Paulo en a gros sur la patate, et il a des dettes, alors il boit, et il s’endette. Le barman m’explique, à la

faveur des besoins pressants que Paulo s’entête à aller soulager dans les toilettes des dames, qu’ici de toute manière ils effacent plus de la moitié de son ardoise, mais qu’ils veulent que Paulo dépense tout son argent chez eux, puisque n’importe com-ment il le dépensera dans les bars, et qu’en contre-partie, quand il n’a plus d’argent, ils mettent un point d’honneur à le nourrir chaque jour et à lui donner à boire à volonté. Sauf quand il part en sucette, auquel cas il le mettent à la grenadine. Finalement, ils sont sévères, mais justes. C’est leur mascotte, Paulo, tout de même. Le barman m’ex-plique aussi que Paulo est très dur d’oreille, et je comprends mieux pourquoi il répond parfois oui à des questions ouvertes. Sous la pompe à bière, il y a une carafe jaune dans laquelle on déverse l’excédent de mousse qu’il y a dans les tuyaux avant de servir les verres. Cette mousse retombe et finit par remplir la carafe de liquide. C’est pour éviter les pertes, et on rallonge parfois quelques verres avec cette bière un peu passée. Le patron revient, hilare, dit à Paulo qu’il lui offre une pinte, fait un clin d’oeil au serveur, et détourne le regard de Paulo pour lui montrer sa nouvelle installation électrique. Poli, Paulo l’écoute et observe tandis que derrière son dos le barman remplit généreuse-ment une pinte avec le contenu de la carafe jaune. Un peu de sirop de pêche par-dessus et il la pose devant Paulo, qui n’a jamais vu que du feu à ce rituel pas très catholique. C’est l’heure de fermer. Paulo demande au barman : « Je te dois quelque chose ? » Le barman lui demande d’abord s’il se fout de sa gueule, puis lui présente une note qui a tout l’air d’être astronomique. Paulo reste stoïque.« C’est pas cher, je reviendrai. »Si l’humour est la politesse du désespoir, Paulo connaît ses bonnes manières. En sortant du bar, sur le trottoir, après s’être accroché aux murs pendant que le patron lui mettait des coups dans l’épaule en lui disant qu’il était l’heure pour lui d’aller sucer au bois, il me glisse, mi-lard, mi-cochon, une dernière confidence :« Tu sais… je vais me flinguer : j’aime trop la vie. »

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musique

® Marie Prieux Ω Valérie Archeno

Lors de la soirée Cockorico au Rex, le Bonbon Nuit a

souhaité rencontrer Marc Houle : l’occasion de s’en-

canailler et d’en découvrir un peu plus sur le produc-

teur. Aujourd’hui séparé de l’écurie d’Hawtin, il pour-

suit le développement de son label, Item & Things,

qu’il dirige avec Magda et Troy Pierce. S’affirmant

dans des projets jusqu’ici passés sous silence, il

s’épanouit là où on ne l’attend pas. À l’image du col-

lectif qui a organisé la soirée, Marc Houle brille par

sa simplicité, son sens du groove et sa sympathie.

Focus sur la part cachée du Canadien.

Lorsque tu joues, tu as ta patte, ta touche. On te

reconnaît parmi mille autres.

C’est vrai. Quel que que soit le style. Par exemple, lorsque je distille une techno dure, froide, elle sonne toujours « Marc Houle ». Même chose, avec des sonorités jazz, pop… Je ne sais pas vraiment pourquoi. Cela est peut-être dû aux drums, ou aux kicks, à la bassline… Avec des instruments, une guitare, un keybord, quel que soit l’outil ! C’est assez difficile à expliquer.

Comment y es-tu parvenu ? Certains artistes se

cherchent tout au long de leur carrière.

Aujourd’hui, tout le monde produit de tout, tout autour du globe. Le processus de création s’est démocratisé. Les genres s’entremêlent, c’est évi-

dent. Trouver son identité peut se révéler com-plexe, avec cet éventail de possibilités.

La minimale a connu une grande période de succès,

notamment avec Minus. Finalement, on s’en est vite

lassé. Comment expliques-tu que l’on joue encore

tes tracks en club ?

Mes morceaux ne sont pas vraiment minimale, je ne les envisage pas comme tels. Je n’ai jamais pensé en faire. Mes sons sont une combinaison, un mix de différentes influences (il chante). Avec leur manie et leur volonté de tout classer, les gens ne choisissent pas forcément les qualificatifs appropriés à ma musique.

Minus est tout de même un label très minimale.

L’énergie que dégage Richie et les artistes du label leur est propre. Il s’agit plutôt d’énergie. L’iden-tité, le marketing, la communication de Minus sont fondés là-dessus.

Pourquoi l’avoir quitté ?

Je voulais prendre mes propres décisions, faire mes choix, devenir plus indépendant. Répondre à une commande pour plaire à qui que ce soit ne m’in-téressait plus. J’ai décidé de créer des tracks qui me rendent heureux, en accord avec moi-même.

Marc Houle

FiLS PRODiGuE

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J’avais besoin de bouger. Lorsque tu grandis, arrive un moment où tu cherches ton propre appart, à faire tes propres expériences. Tu as besoin de prendre ton indépendance. Ce n’est pas forcément parce que tu n’aimes plus tes parents.

Richie t’a donc éduqué, comme un père ?

Oui, c’est un génie ! Il y a dix ans, on se disait déjà : « Wow, il est incroyable ! » Et il a conti-nué à nous surprendre, de jour en jour. Il innove tous les ans. Il a un pouvoir énorme sur l’industrie musicale.

Parle-moi de ta collaboration avec Miss Kittin.

J’ai toujours aimé son univers, et l’écoutais déjà lorsque que je vivais au Canada. Ses choix, son style, ses vocals, tout se marie à la perfection. Un jour, je l’ai croisée à l’aéroport de Berlin, puis dans diverses soirées. Nous sommes devenus amis, ayant une vision commune des choses.

Vous êtes pourtant très différents. Miss Kittin est

bien plus électro que toi.

L’âme qui habite nos sons est identique. Nous avons été influencés de la même manière par le mouvement techno, avons les même racines, sommes passés par les mêmes étapes, partageons les mêmes références. Je peux l’entendre. Alors qu’elle était à Berlin pour répondre à des inter-views, je lui ai proposé de passer au studio. Elle était partante ! Nous avons commencé à com-poser, et cela a été étonnamment rapide, facile. Compréhension immédiate. Elle excelle. Quand je partais faire du café, je la retrouvais sur les syn-thés, les claviers, à fond… (il sourit).

Ton projet La Folie est resté secret pendant près

d’une décennie. Avais-tu peur de t’affirmer dans un

style différent de celui qui a construit ton succès ?

Mon amour pour la musique électronique est né avec la new wave, comme nombre d’artistes. La techno m’a ensuite séduit, idéale pour jouer en club et faire danser. Ces quinze dernières années, je n’ai cessé de faire de la new wave, notamment avec La Folie. Plus discret que tout le reste, je gar-dais ce projet pour moi.

Révèle-t-il une volonté de séduire un nouveau

public ?

Cette esthétique me tient simplement très à cœur. Nous avons notre touche, notre propre couleur, assez underground, liée à nos diverses influences. Je n’ai jamais attendu de mon public qu’il me suive dans cette aventure. Nos shows ont toujours été très discrets, faits dans l’intimité. Une passion, protégée de la médiatisation. Jusqu’à présent, la faire connaître n’était pas d’actualité.

Elle révèle une partie méconnue de toi-même. Une

catharsis ?

Ne faire que des tracks techno, toute la journée, me rendrait fou. J’ai besoin de cette sensibilité, plus calme, posée. Signée ou non, je l’aurais faite, de toute façon.

Comment gères-tu ton temps, avec ton label, tes

dates, tes productions ?

Ce n’est que du fun ! Rien de tout cela n’est vrai-ment du travail, en fin de compte. Lorsque tu as la chance de vivre de ta passion, tu ne peux pas considérer ça comme du travail (il sourit).

Marc Houle

Sorties : Marc Houle & Click Box - Razzamatazz

EP, 4 tracks vinyle & digital, et un track digital-only

disponible sur Item & Things ((IT025)

Red Axes feat. Abrao - Caminho de Dreyfus (Marc

Houle Remix) disponible sur Correspondant (COR16)

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bar Chelou

® Manon Troppo Ω Charles Sabourin - www.monomanies.com

Ce lundi, j’avais rendez-vous avec un américain

qui avait entendu parler de l’existence du Café des

Chats, concept qu’il avait découvert à Vienne.

Il avait fallu réserver, l’endroit étant blindé depuis son ouverture trois jours plus tôt. J’avance dans l’étroite rue Michel-le-Comte, dont je ne me doutais pas qu’elle pouvait contenir un jour une telle marée humaine. Jerry est introuvable. ça sent le mauvais plan. Bon an mal an, je me fraye un chemin en bravant les protestations et les rous-pétances de la foule, avant de tomber nez-à-nez avec lui, posté devant les dix commandements de la maison, affichés en vitrine.

« Donc ici, on fait la queue pour retourner à l’école et se faire taper sur les doigts ? Let’s do this ! »

À l’accueil, c’est le bordel. Margaux, la tenan-cière - copie conforme de Lena Dunham de la série Girls, s’excuse tout en papouillant sa chienne qui se répand en léchouilles ; ils ont refusé 300 personnes samedi, 200 dimanche, 70 ce soir. À croire que les Parisiens ont sacrément besoin de la ronronthérapie, supposée faire baisser leur tension artérielle et réduire leur rythme cardiaque. Vu l’état du cahier Clairefontaine qui fait office de registre, leur organisation brinquebalante s’explique. Une serveuse à bout de souffle doit d’ailleurs s’asseoir pour s’éventer et s’hydrater.

ça sent le surmenage. Avant de passer le sas de décompression, on nous « Modus Vivendise » : gel Baccide pour tout le monde, flash photo pour personne. Les mains sentant la vodka, on traverse la salle du rez-de-chaussée où aucun matou ne pointe le bout de son museau, et on rejoint notre table au sous-sol, dans une grande cave voûtée aux murs en pierres apparentes. Notre amie céli-bataire-dépressive-stérile est vraisemblablement dans son élément. Je ne l’ai jamais vue aussi heu-reuse, et je n’ai jamais vu des chats aussi saoulés. ça sent la litière.

En s’asseyant, mon ami Jerry manque d’écra-ser un mistigri manifestement habitué. Quand nos cheesecakes arrivent, un seul des matous est encore assez alerte pour sauter sur les genoux de qui de droit, qui s’épanche en « gnougnou-gnous », « minouminouminou », « choupitoupi-tou », et autres onomatopées qui coupent l’ap-pétit. D’ailleurs, Idylle - puisque c’est son nom - s’échappe et bondit sur la table voisine. Elle n’a de cesse de passer de client en client - c’est à dire de cliente en cliente - comme pour en révéler le degré de solitude.

Apparaît alors Oreo, tout de gouttière et d’an-nées de vol vêtu. Il surveille Idylle et, soudain, la croque-en-jambes en ces termes : « Idylle, suffit la drague aux gens en manque d’affection ! Tu

le cafÉ des cHats

DES PSYS À 4 PATTES

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38 — Nuit

sais bien qu’à 21 heures il faut tous qu’on fasse genre on est crevés, et là, comme t’es partie, tu vas encore t’endormir sur ta contrebasse. »

- Oui je sais, Oreo, mais elles ont l’air tellement triste, et puis elles ont payé vachement cher… 5 euros le jus d’orange, mec !- Je veux pas le savoir, 22h30 dans la salle des litières, on va take le A-Train, sinon tu restes sur le quai et d’ailleurs… glargh !

Comme par hasard, mon amie Bridget Jones s’empare d’Oreo, il se laisse faire, tout mou et l’air de « je prends sur moi, c’est rien qu’un mauvais moment à passer ». Son ex-futur tout craché. C’est justement ce que Bridget nous souffle, dans un soupir mi-extatique mi-mélancolique : « Il me rappelle Arthur, vous vous souvenez ? Celui avec qui je devais me marier. » Nous ne répondons rien mais n’en pensons pas moins.

Devant la prise d’otage d’Oreo, Idylle rit sous cape. La serveuse arrive. ça sent l’addition. On nous rappelle qu’une fois la dernière cuillerée de cheesecake avalée, il faut penser à lever les voiles, ou redemander la carte des douceurs. Les couples qui avaient mis tous leurs espoirs dans ce décor pour échafauder un premier contact, et misé sur les chats lovés sur la cuisse de leur conquête pour leur faire la courte échelle vers le lit, recomman-dent. ça sent la guimauve et la capote.

Et Oreo de soupirer.

Jerry me demande si j’imagine mes chats dans un environnement pareil, et, précisément : non. Mes chats seraient terrés sous un canapé, inaccessibles et passablement effrayés. Les bestioles d’ici sont moins farouches, elles ont d’ailleurs été choisies dans des refuges pour leur tempérament sociable, et ne se cachent pas trop. À vrai dire, il n’y a pas réellement pour eux la possibilité de s’isoler,

sinon d’aller se reclure dans la salle des litières. Je me sens exténuée pour eux, sans cesse sollicités, papouillés, épiés, je n’aimerais pas être à leur place et pourtant je suis une femme. Ils ne sont plus que des réceptacles vivants d’isolement citadin et tout à fait moderne.

Le 2ème délicieux cheesecake englouti, il est temps pour tout le monde de déguerpir et de lais-ser les mammifères reprendre possession des lieux. Leur lieu.

Nous remontons l’escalier, moi la dernière, et un rrominet pantelant se dépêche de le descendre, manquant de me faire chuter, dévalant les marches pour sauter sur le piano.

Je m’accroche à la rampe, et j’entends « Allez les gars ! En piste ! » En jetant un œil vers le bas, je vois onze minets qui sortent de la chatière à la queue-leu-leu en entonnant un jazz endiablé, arborant chapeau melon, monocle, ou nœud pap’. Certains aux cuivres, Idylle avec sa contrebasse à roulettes, un autre à la grosse caisse, Oreo, qui se fait maintenant appeler Fats, faisant tinter son triangle en queue de cortège.

Ca sent la cigarette, le whisky et les petites pépées. Pour eux, la nuit commence. Et cette nuit, tous les chats seront grisés. Ils le méritent bien.

Le Café des Chats

Le Café des Chats

16, rue Michel-le-Compte - 75003

www.lecafedeschats.fr

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39 — Nuit

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40 — Nuit

CoCktail

® Vincent Kreyder Ω Gaëlle Lepetit

Du sud marécageux des States ne viennent pas seu-

lement les chemises à carreaux, pick-ups, hot wings

et autres crânes de buffles, mais aussi l’ancêtre du

Mojito qui enivre tes copines.

Cette ambroisie du redneck encore injustement méconnue dans nos lieux de perdition lutéciens est baptisée Mint Julep. À la différence du Mojito, ce cocktail est préparé à partir de bourbon, eau gazeuse ou plate, feuilles de menthe et sucre. Sa préparation reste toutefois sujette à de nombreuses polémiques - je ne m’embarrasserai guère ici car j’en ai éclusé un nombre suffisant dans bien assez de bars différents pour avoir ma propre idée sur la question. Mais venons-en au premier point de fâcherie : la menthe. Elle doit macérer au moins cinq minutes dans le breuvage afin d’exhaler ses arômes, car ne l’oublions pas, il s’agit d’un « smash drink ». Littéralement, une boisson qui nécessite de broyer certains ingrédients solides afin d’en libérer pleinement la saveur. Ensuite, certains barmen vous ajouteront quelques dashes d’Angostura, boisson amère à l’écorce d’orange initialement créée pour soigner les fièvres et troubles intestinaux sévères. Ce n’est pas, en soi, une hérésie puisque l’amertume vient équilibrer le caractère fortement sucré de la boisson. Plus de deux dashes reviendront à ruiner la rencontre du bourbon et du sucre qui fait tout l’intérêt du Mint Julep. Maintenant que les pré-sentations sont faites, l’humilité littéraire m’oblige à laisser le Lieutenant Simon Bolivar Buckner Jr.

vous décrire le rite de préparation de ce nectar aux arômes mystiques du Bayou. Bolivar Buckner dont le père fut sauvé sur le front par l’inventeur-même de l’Agostura. Etonnant, non ? « un Mint Julep n’est pas le résultat d’une formule préétablie. il s’agit avant tout d’une cérémonie qui ne peut être conduite que par un gentilhomme doté d’une forte fibre artistique, d’un respect pour les ingrédients requis et d’une conscience certaine de l’à-propos. Ce rite ne saurait être confié à un novice ou à un statisticien, et encore moins à un yankee ! il s’agit en effet d’une tradition héritée du Sud profond, un emblème de l’hospitalité des habitants de cette contrée ; en d’autres termes, d’un véhicule grâce auquel les esprits nobles peuvent voyager ensemble sur les chemins semés de fleurs et de pensées espiègles. » Voici donc de quoi contrer le sempiternel « ah non, moi une fois j’ai pris une cuite au whisky, depuis, je peux plus », car le Julep, du persan « gulâb », « eau de rose » est bel et bien une boisson douce, sucrée et, osons un mot pourtant souvent exempt de nos soirée, raffinée ! Messieurs, vous pourrez donc à loi-sir vous prendre pour James Bond dans Goldeneye. Mesdames, vous réaliserez enfin que John Wayne avait plus de classe que Johnny Depp en dégustant cette merveille que l’on sert traditionnellement dans un gobelet en métal afin que du givre se forme à l’extérieur, dans la plus pure authenticité sudiste !

MiNt Julep

Où le déguster ? Pigalle Country Club, Rock’n’roll

Circus. Origines : XVIIIe siècle, Sud des Etats-Unis.

Page 43: Le Bonbon Nuit 35

41 — Nuit

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Page 46: Le Bonbon Nuit 35

44 — Nuit

Pharmacies de garde

84, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ 01 45 62 02 41

6, place de Clichy - 9e

≥ 01 48 74 65 18

6, place Félix-Éboué - 12e

≥ 01 43 43 19 03

Livraison médicaments 24/24

≥ 01 42 42 42 50

Urgences

SOS dépression

≥ 08 92 70 12 38

Urgences psychiatrie

Se déplace sur région parisienne

≥ 01 40 47 04 47

Drogue, alcool, tabac info service

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

Livraison sextoys

Commande en ligne

www.sweet-delivery.fr

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Livraison alcool + food

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Allô Hector 01 43 07 70 70

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Apéritissimo 01 48 74 34 66

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Allô Glaçons

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Épiceries

L'Épicerie de nuit

35, rue Claude-Bernard - 5e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

Épicerie Shell

6, boulevard Raspail - 7e

≥ 7/7 — 24/24

Minimarket fruits et légumes

11, boulevard de Clichy - 9e

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

Alimentation 8 à Huit

151, rue de la Convention - 15e

≥ 7/7 — 24/24

Supérette 77

77, boulevard Barbès - 18e

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Resto

L’Endroit, 67, place du Docteur-

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

samedi de 10h à 5h

Tabac

Tabac du Châtelet

4, rue Saint-Denis - 1er

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

Tabac Saint-Paul

127, rue Saint-Antoine - 4e

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

Le Pigalle

22, boulevard de Clichy - 18e

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

Poste de nuit

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Rivoli / Étienne-Marcel

Boulangeries

Snac Time

97, boulevard Saint-Germain - 6e

≥ 7/7 — 24/24

Boulangerie-pâtisserie

99, avenue de Clichy - 17e

≥ 7/7 — 24/24

Chez Tina

1, rue Lepic - 18e

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

Boulangerie Salem

20, boulevard de Clichy - 18e

≥ 7/7 — 24/24

Fleuristes

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

78, rue Monge - 5e

≥ 01 45 35 17 42

Relais Fleury

114, rue Caulaincourt - 18e

≥ 01 46 06 63 97

Carwash

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

Porte de Clichy - 17e

Shopping

Virgin Megastore

52, av. des Champs-Élysées - 8e

≥ jusqu'à minuit

Librairie Boulinier

20, boulevard Saint-Michel - 6e

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Kiosques à journaux 24/24

38, av. des Champs-Élysées - 8e

16, boulevard de la Madeleine - 8e

2, boulevard Montmartre - 9e

Place de Clichy - 18e

Internet 24/24

53, rue de la Harpe - 5e

≥ 01 44 07 38 89

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

≥ 01 43 40 03 00

Envoyez-nous vos bons plans

ouverts la nuit : [email protected]

Ouvert toute la nuit !

trousse de seCours

Page 47: Le Bonbon Nuit 35

45 — Nuit

Arthur Russell - You Did It Yourself

Magnifique ballade jamais rééditée, uniquement visionnable dans ledocumentaire Wild Combination

Fall of Saigon - Blue Eyes

Un des plus beaux disques de Pascal Comelade.

Finis Africae

Luna

Entre world music & new wave, la première anthologie de ce groupeespagnol vient enfin de sortir.

Marie Gillain

Sans Mensonge

Plaisir pas coupable, extrait du film Mon père, ce héros

Chitra & Ilaiyaraaja

Aathu… Ethu… Yethu

Personne n’avait pensé à mélanger gabber et new jack swing. À part les indiens.

Isabelle Mayereau

Smacks

Être chiffon c’est bien. Isabelle Mayereau aussi.

Jeanne Vomit-Terror & Ed Sunspot

The Seat Of Same

Nouveau track post punky préféré, dance baby !

P-Model

Kameari Pop

Hey you ! / This song is pop / Kameari pop.

Lifetones

A Good Side

Après la séparation de This Heat, Charles Bullen expérimente autour du dub - magique.

Twice Of Love

24 Hours From Culture

Une relecture new beat impeccable du classique de New Musik.

la playlist du mois

« Sky Girl est une compilation

réalisée par Julien Dechery

(Sultana) & Sundae (Hollie).

On y croise des Japonais

synthétiques chantant un

français extravagant, des natures

mortes européennes, des

abstractions américaines, des

comptines soul métronomiques,

des pièces de glace sculptées au

scalpel, des miniatures brutes,

des enfants perdus dans les bois,

d’autres retrouvés sur la plage

(ou dans une secte, allez savoir).

L’ensemble s’envisage comme

un éloge du moins que rien, d’un

minimalisme rural et citadin,

d’une musique de chambre

bricolée par des flibustiers. Dans

la solitude de leurs home studios,

ces inconnus sont tous parvenus

à bâtir de fragiles cathédrales

avec une simple boîte à rythme

ou une guitare sèche.»

Clovis Goux

Disponible chez Colette

JulieN decHerY & suNdae

Ω Misha Hollenbach

Page 48: Le Bonbon Nuit 35

GrrrrrsessioN bY le boNboN

#4 au batofar

le 26/09

Page 49: Le Bonbon Nuit 35
Page 50: Le Bonbon Nuit 35

48 — Nuit

agenda

La sélection de ParisLaNuit.fr

Samedi 05/10 21h Le Rex Club 15 €

≥ Nuit Noire Nova : Clara 3000 • Arnaud Rebotini

Live • Daniel Avery • Get A Room

Lundi 07/10 20h Le Social Club 16,60 €

≥ Chance The Rapper

Jeudi 10/10 18h30 Le Trianon 25 €

≥ Mulatu Astatke

Vendredi 11/10 19h30 Le Trabendo 20 €

≥ King Krule

Vendredi 11/10 23h30 La Machine du Moulin Rouge

16 €

≥ Beats In Space – 14th Anniversary : Tim Sweeney

Vendredi 11/10 00h Le Nouveau Casino 13 €

≥ All Night Long de Crazy B (Birdy Nam Nam)

Dimanche 13/10 18h Le Bataclan 50 €

≥ Pink Martini

Lundi 14/10 19h Le Trianon Complet

≥ James Blake

Jeudi 17/10 23h La Machine du Moulin Rouge 18 €

≥ Winter Is Coming : Nathan Fake • Matthew Herbert

• Blondes • Vophoniq

Vendredi 18/10 19h30 Le Zénith 40 €

≥ Fat Freddy’s Drop

Vendredi 18/10 00h Le Rex Club 15 €

≥ Ostgut Ton Nacht : Nick Höppner • Tama Sumo

• Kosme

Samedi 19/10 23h30 La Machine du Moulin Rouge 12 €

≥ Input Selector 5 Years : Soulphiction (Live) • Eric

Cloutier • Oliver Deutschmann • Cio D’or • Terence

Fixme

Jeudi 24/10 23h Le Rex Club 15 €

≥ Rex Club “25 Years” Dj Harvey • Radio Slave • Ivan

Smagghe

Vendredi 25/10 19h30 Le Trabendo 14,80 €

≥ In Paradisum Xii : Mondkopf • Pharmakon

Vendredi 25/10 20h La Gaité Lyrique 17 €

≥ Jackson and his Computerband Live + Club

Vendredi 25/10 23h Le Rex Club 15 €

≥ Rex Club “25 Years” : Ricardo Villalobos • D’julz •

Alex & Laetitia

Samedi 26/10 23h30 La Machine du Moulin Rouge

≥ Club Divine : Clark • Lone • Letherette • Apm001

Dimanche 27/10 23h Le Rex Club 15 €

≥ Rex Club “25 Years” : Magda • Marc Houle • Troy

Pierce • Clement Meyer

Mardi 29/10 21h Palais de Tokyo 8€

≥ Swing at the top - 6ème edition : Telepopmusik •

Super Discount • Peter Hook & The Hacienda

Mercredi 30/10 19h30 Le Trabendo 18 €

≥ Pitchfork Music Festival Paris - Opening Party :

The Dodos • Julianna Barwick • Jackson Scott

Mercredi 30/10 20h La Gaité Lyrique 28 €

≥ The Fall + LUZ Dj

Jeudi 31/10 20h30 L’Olympia

≥ Rone “Tohu Bohu Tour”

Jeudi 31/10 23h Le Rex Club 15 €

≥ Rex Club “25 Years” :

Dusty Kid • Oliver Huntemann • The Driver Vs Elec-

tric Rescue

Envoyez votre prog à : [email protected]

Jeudi 24 octobreLe coq o rico

115, rue Saint Maur - 11e

de 19h à Minuit

fatouMata(wheriSwaLLy & tiM)

inScrivez-vouS Sur

[email protected]

Page 51: Le Bonbon Nuit 35

L ’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T E . A C O N S O M M E R A V E C M O D E R A T I O N

Jeudi 24 octobreLe coq o rico

115, rue Saint Maur - 11e

de 19h à Minuit

fatouMata(wheriSwaLLy & tiM)

inScrivez-vouS Sur

[email protected]

Page 52: Le Bonbon Nuit 35

L’ ABBUS DD ’’’’ AAAALLLCCOOOOLL ESST DANGEREUX POUR LA SANTÉ . À CONSOMMER AVEC MODÉÉRRAAAATTT ION .

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ntre

prise

RCS

Nan

terre

414

8420

62

* ATTENTION, LA NOUVELLE DESPERADOS VERDE PEUT SURPRENDRE AVEC SES ARÔMES CITRON VERT, MENTHE ET TEQUILA QUI SE MÉLANGENT EN BOUCHE LORS DE LA DÉGUSTATION.

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