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JEAN-JACQUES HOUSSEAU ET W DE WARENS NOTES SUR LEUR SÉJOUR A ANNECY DAPRÈS DES PIÈCES INÉOIiES 'Au TRÉOPHILE DUFOUR Directeur des Archives rie Centi',,. Tout ic monde va voir les Channeites, mais la grande inlpressiou fut bien plus à Annecy. (MICHELET.) ANNECY IMPRIMERIE AIMÉ PERI1ISSIN ET C 4878 ((.J[ L ftT F; É QVEj) - - Document 1111111! 11111 11111111 111111111 0000005a417

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JEAN-JACQUES HOUSSEAUET

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NOTES SUR LEUR SÉJOUR A ANNECY

DAPRÈS DES PIÈCES INÉOIiES

'Au

TRÉOPHILE DUFOUR

Directeur des Archives rie Centi',,.

Tout ic monde va voir les Channeites,mais la grande inlpressiou fut bienplus à Annecy. (MICHELET.)

ANNECY

IMPRIMERIE AIMÉ PERI1ISSIN ET C

4878

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU & r DE WARENS

NOTES SUR LEUR SÉJOUR A ANNECY-

D'AP1tÎ5 DES PdCES INÉDITES

1k membre connu et zélé de la Société Florimon-tane, M. Elol Serand, archiviste-adjoint de la Haute-Savoie, a rassemblé depuis plusieurs années un certainnombre de renseignements nouveaux sur le $jourque Jean-Jacques fit à Annecy et sur les personnagesqu'il mentionne à cette occasion clans les livres iii etiv des Confessions. Mis au courant de mes demandesd'informations (I) et manquant de loisir pour mettreses documents en oeuvre, M. Serand s bien voulu meconfier le soin de présenter aux lecteurs de la Revuesavoisienne le résultat de ses investigations et j'y aijoint les notes que j'avais réunies de mon côté sur lemême sujet. Le philosophe genevois, - ai-je besoinoc le dire? - est au nombre de ces privilégiés de

(I) \'oy. le numéro du 80 juin 1578 de Ix licvse savoisienne. En dé-finitive, il se trouve que j e suis appelé à r61ndre moi-même aux ques-tions quo lavais adressées à M. le bibliothécaire do La ville d'Annecy.

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-6—l'histoire littéraire dont ou étudiera toujours la per-sonne, les oeuvres et même l'entourage avec unecuriosité persévérante, sans cesse renouvelée. En l'an-née 1878, où le centième anniversaire (le sa mortvient d'être commémoré, il sera doublement permisde recueillir, sur les amis qu'il eut à un moment desa vie, les détails les plus minimes, alors surtout qu'ilsreposent entièrement sur la base solide des pièces d'ar-chives.

Avant d'entrer dans le sujet, il convient (le rappelerque dès 1837 M. J. Replat publiait quelques pagesaimables sur une pauvre habitation, située près duhameau de Chavoires, au dessus du lac d'Annecy, àlaquelle les habitants du voisinage donnaient, et (Ton-nent sans doute encore, le nom de Maison de Rous-seau (1). M. Replat, qui avait cherché à expliquerl'origine de cette appellation populaire, a depuis lorsrenoncé à son hypothèse, et dans son Voyage au longcours sur k lac d'Annecy (2), il déclare que cettemasure porte un nom apocryphe, que Rousseau neparait pas l'avoir habitée et qu'on doit même regardercomme fort douteux qu'il y soit jamais venu (3). Maisles traditions ne s'effacent pas en un joui, et il est

(I) Ite p tec du Dauphiné, t. I, p. 101-166; article réimprimé à part, lamême année, Annecy, P. Saillet, in-8 de S p.

(2) Bu!!. de lAssoc. porim., vol. in, 1858, p. 125. —2' édit, du l'Ôyac,1887, p. 84.

(3) Cf., dans le même sens, Ait. de Bougy, Voyage ttans la Suisse fra,z-çafse et te Chablai,, Paris, 1800, P. 38t.

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-7--probable que pendant longtemps les Guides (I) et lescartes continueront à mentionner la « maison de J.-J.Rousseau. ))

s.as

Les biographes se trompent presque tous sur Pé-poque du séjour de Jean-Jacques Rousseau à An-necy je dois donc commencer par la détermineraussi exactement que possible. Sa première arrivéedans cette ville date du dimanche 21 mars 1723 (2) etil partit presque aussitôt pour Turin, le 24 mai (3).Dès l'année suivante, il revenait chez Mine de MïarensIl dit, à la vérité, qu'il avait alors « près de dix-neufans (4) » ce qui nous reporterait à 1731 mais, commeon va le voir, c'est là une erreur évidente, qu'il re-nouvelle plus loin (5) en se dônnant vingt ans, aulien de dix-huit, an moment où il quitte Annecy encompagnie de Mile Merceret.

Entré à l'hospice des catéchumènes de Turin le 12avril 1728, il en sortit le 23 aoùt suivant (6). D'après

(1) Voy. par ex., AU. Jeanne, itinéraire de la Suisse, etc., S e édiL,p. 105; - La Saisec (guide diamant), 2' édiL., ISOS, p. 25; - Dauphineet Savait, (id), 2' édit , 1572, p. 470, etc. - Jules Philippe, .4n iieeu cl,es «avirons, r édit., p. 121.

(2) t Le jour ries Rameaux do lannée 1728. » (Confessions, livre II.)- « Jour de Pâques fleuries » (b' ilôveric.)

(8) « Le mercredi saint » (Confessions, livre ii).(4) Id,, livre sis.(5) Id., livre iv.(0) l'oc sirnile de l'acte ei'abjaralion de Jean-Jacques Rousseau 4 tarchi-

conft'e,it' si» Sanie Spi rito, U Tarin, en 1728. (Tenu,) 1877, 1 p. in-fol'.- La date dis 12 avril avait été donnée db» 1810 par D. Bontolotti. (De,-c,'izianc di TOI ton, in-8', p. 104.) - Colle du 23 "oit est devenue le 23avril dans l'o'svnae de M, Galierel (Rousseau et les Cenevois, ISIS, p- 57).

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- 8—son témoignage, il passa trois mois cliz Mme de Ver-cellis (1) et attendit ensuite « cinq ou six semaines »la nouvelle place que M. de La Roque lui procurachez le comte de Gouvon. Là, par suite de diversescirconstances, on n'eut, pendant « quelques semaines, ))guère le temps de songer â lui; et, d'autre part, cefut aussi « quelques semaines n avant son départ deTurin que l'abbé de Goûvon lui fit présent de la ['on-taine de Héron (2). Ces renseignements, joints â ceque Jean-Jacques raconte sur la manière dont il em-ployait son temps et sur les leçons que lui donnaitl'abbé, permettent de croire qu'il ne passa pas un tempsplus 1911g clans cette seconde maison que dans la pre-mière, et qu'il faut placer au printemps de 1729 sonretour â Annecy. Cette date coïncide très exactementavec le fait que Rousseau se trouvait chez M me de Wa-rens au moment de l'incendie de septembre 1729 (3),et avec son affirmation qu'il était clans cette villeet depuis près d'un an)) lorsqu'arriva Venture « un soirdu mois de février n [1730].

Jean-Jacques avait passé « l'hiver n chez le maîtrede musique de la cathédrale, et; pendant la. semainesainte, soit du 2 au 8 avril 1730, il l'accompagna danssa fuite (4). Le jour de Pâques (9 avril), ils étaient âBelley où ils passèrent « très agréablement quatre oit

(I) confessions, livra IL. -

(2) Id., livre(3) Mimoire remis le ID avril 174? 4 M. bruite. - Cf. Le vie de M. de

flossillion de tIercez, 1751, 2' partie, p. 163.(4) Le « premier village » ait trouvèrent un âne pour transporter

la caisse de musique fut, parait-il, celui de Çra,t, commune de Oevrier.(J. Replat, Bois et Voilons, 1804, p. 40.)

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-cinq jours.)) A peine arrivé â Lyon (1), Rousseau aban-donna son compagnon et repartit pour Annecy où il(lut rentrer vers le 20 ou le 25avril; mais il n'y trouvaplus Mme de 'Warens qui, dans l'intervalle, avait pris lechemin de Paris. Il rattache â tort ce voyage â « larévolution causée â Turin par l'abdication du roide Sar-daigne, » car ce dernier événement est du 3 septembre1730, et dès le 24 juillet, ainsi que le prouvent lescurieuses lettres publiées par M. Eugène Burnier (2),Mue de Warens avait quitté Paris pour se rendre àLyon.

Au reste, pour faire cadrer cette dernière date avec- le récit des Con fessions, il faut supposer que Mme de

Warens retourna à Paris au commencement de l'annéesuivante,- car en y arrivant lui-même (mai 1731),Rousseau apprit par Mme de Merveilleux que sa pro-tectrice « était repartie i] y avait plus de deux mois,mais qu'on ne savait si elle était allée en Savoie ou âTurin, et que quelques personnes la disaient retournéecal Suisse (3). u Jean-Jacques a oublié, ou même ignoré,qu'il y avait eu deux voyages à Paris. et l'on peutappliquer au second le motif secret (4) qu'il a « cru en-trevoir u dans les quelques mots qu'on lui a dits.

(I) « Deux jours apràs notre arrivée à Lvon... » (Conf., livre «ii.)(2) JUs!. de Sénat de Srssoie, dans les Méos. de t'Aead. de Saroie, V

série, t. vii (1864), p. 481-484.(3) La même crainte avait, en juillet L730, motivé la lettre adressés

par le chevalier Maffei, ambassadeur sarde à Paris, au premier présidentdu Sénat de Savoie (voy. ibid. et p. 29-240.)

() L'allusion de Jean-Jacques aux intrigues de M. d'Aubnnne doit êtrerapprochée du fait que ce personnage se trouva « à point nommé D (ibid.,p. 483) à Seyssel la veille dou-jour où M" de Warens y passa en se rendantin Paris (avril 1730).

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- je —

• La course à Thônes avec M iles Crallev et, de Graffen-ried doit se placer dans les derniers jours de juin1730, puisqu'elle eut lieu « la semaine après la SaintJean(l) » etie départpouFribourg, avec iIicMerceret,suivit presque immédiatement, Jean-Jacques n'ayantpas même pu revoir une seule fois les deux amies,grâce à la hâte prévoyante de Mile Giraud. Encore ici,tout Gela coïncide fort bien avec le récit des Confes-

sions. On sait, en effet, qu'après avoir essayé dedonner des leçons de musique à Lausanne, Rousseaualla à Neuchâtel il y passa l'hiver qui devait se ter-miner parla rencontre de l'archimandrite. Or, celle-ciest du mois d'avril 1731, ainsi que le prouvent lesextraits des registres des conseils de Fribourg et deBerne, récemment publiés par M. Eugène Ritter (2).

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Je passe maintenant auc documents recueillis parM. Serand, dont quelques-uns concernent la « vieillemaison assez grande » qu'habitait Mine de Warens.Plusieurs passages des confessions avaient fait, con-naître sen emplacement, et le mémoire déjà cité du19 avril 1742 dit qu'elle appartenait à s M. de

) En 1730, le 24 juin tomba sur tut samedi et Ion peut fixer avecprécision la date do cette promenade dont Le monde entier a lu le r&uit.Cc dut être le jeudi 20, jour de la tAta des 55. Pierre et Pont, chôméeen Savoie. précisément, toute la semaine du Lundi 26 juin al am cdi L"juillet rut pluvieuse, actif te 20. (Reg. des employés du cadastre de 1 30)

(2) La famille de Jean .Jaeques. Doesmsssds isiidsts. Grniève, 1878, p. 20.30. - Jean-Jacques et le pays romand. Genève, iSIS, P. Lit-titi. - Cf.I'IelerasldisOe des chercheurs et enrirusx, t. mit, col. 263, 10 mai l$66.

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- 11 -Boige (1). » Elle était située dans l'ancienne rueSaint-François, aujourd'hui rue de l'Evéché, et surle plan cadastral de 1730, elle est inscrite au nomde « noble Jacques de Boége de Confions (2), » sousle n° 2380. Au xvi0 siècle, elle appartenait â la fa-mille Exchaquet et avait servi d'atelier monétaire (3).

Mine de Warens s'y installa sans doute en sortantdu couvent de la Visitation, où elle avait abjuré le8 septembre 1726 (4); elle eut pour voisins les Cor-deliers, les frères fourniers qui desservaient k fourdes Révérends Pères, le chanoine de la' Valbonne,les frères Domenjod, le seigneur de Prangin, le sei-gneur de Miribel, prévôt de la cathédrale, etc. (5).- La pièce de réserve u ou « chambre de pa-rade,)) qu'habita Jean-Jacques, donnait sur un passage« conduisant par une fausse porte â l'église des Cor-deliers (la cathédrale actuelle), et dans ce passage,situé derrière la maison, se trouvait l'heureuse placequ'il eût voulu entourer d'un balustre d'or, en sou-

(I) M. Francis Wey (La Ifo,flc-Sevodc, 1866, Mit. in ' fol'., p. 41, note)imprime « M. Bosge ii et se plaint que Rousseau ait défiguré ce nom,sans s'apercevoir que c'est lui-même, on l'édition qu'il a consultée, qui scommis l'erreur.

(2) Il figure dans la généalogie dressée par M. de Foras (Armorial cinobilneirc de Savoie, t. i, p ' 237).

(3) e L'an 1551 Demoiselle Louise Ecbaquet veuve de noble Jean deConfiens c'est par elle que la maison de La Monnayé en la rua de la Juif-varie, proche de l'église de Saint-Frassqois, a été faite des appartenancesde la maison de Cendres, autrement dicte de 1301go. D (C.-Aug. deSales, Posrpris 4isiorique, p, 130,).

(4) Jean-Jacques se trompe en disant dans les Confessions que sa pro-tectrice était depuis six ans à Annecy lorsqu'il la vit pour la premièrefois; il s donné la date exacte de l'abjuration dans le Mémare du 19avril 1742.

(5) Visites de quartiers, 1728, 1729, 1730. (Archives départementales,)

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— l —venir de sa première entrevue avec Mine de Warens.e Au-delà du ruisseau (1), » qui séparait la maisondu jardin (2), « on découvrait la campagne. » Eneffet, la rue Royale n'existant pas encore, la vuepouvait s'étendre sur la plaine des Fins et sur lescoteaux voisins de Gevrier et de Meithet (3).

La rue actuelle de l'Evêché (4), ainsi désignéedepuis 1822, portait, en 1462, le nom de rue duFour, à cause du feuj' public qui y était établi. En1551, elle s'appelait rue Juiverie ou rue Exchaquet ;en 1674, le voisinage du couvent des Cordeliers luiavait fait donner le nom de rue Saint-François. Aprèsle départ des Cordeliers et depuis la construction dunouvel évêché, elle devint la rue Saint-Pierre (1780).Le 25 pluviôse an 11(13 février 1794), un arrêtémunicipal la dénomma rue Rousseau. Dès le 19 dé-cembre 1792, on lit dans les registres des délibéra-tions municipales (5)

Séance du soir.

« .....Deux Commissaires de la Société des amis de la Liberté et(le l'Egalité ayant été annommés à la haire, après avoir obtenu laparole, ont fait la pétition que la Municipalité autorise ladite Sa-

(1) Le Thiou.(2) N' 975 du plan cadastral de 1730 u Jardin de N' Sacques de lloêe

de Conflesis. » - Voy. la planche qui acconspnnu le présent article.(3) La maison occupée par M" de Warens s Ô1& démolie eu 1734 • lors

de la construction de l'évêché actuel. (Jules Philippe, Mitre» et ers fa -virons, 3' édit., P. 108).

(4) C'était Autrefois misse impasse et c'est pour cela que do nos joursencore en l'appelle le Cet .4 r. Sec. (vsy. P.-11 , Pencet., Lu ris! !ii'dratc d'As,-

rire» et ses torneau,r, 1876, p. 10 et 40.)-

(5) Vol. 58, fol- 18 et 10. (Aron. municipales.)

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ciété do faire élever un arbre de la Liberté aux mânes et devant lamaison qu'a habitée l'immortel Jean-Jacques Rousseau, rue deSaint-François, et que cette rue soit inscrite et s'appelle dès Aprésent Rue Rousseau.

Cette pétition a été appuyée et mise aux voix: ouï le procureur'le la commune, a été arrêté, A l'unanimité, que la Municipalité nes'oppose point à ce que les pétitionnaires, soit la Société, fus-sent élever l'arbre de la Liberté dans l'endroit par eux proposé, etque la rue Saint-François, à commencer dès les maisons Despine etMagny jusqu'au fond du Cul-de-Sac, sera inscrite et dénommée (lésce jour Rue Rousseau.

Peu de jours après, les 1er et 3 janvier 1793, leclub des Jacobins d'Annecy s'occupa de cet arbre deh Liberté (1):

Séance du 1" de 1793, an II de la R. F.

• Président: DOPPET, par intérim.• Secrétaires: PnEu et MARCHAND.

« Un membre s demandé l'exécution d'un précédent arrêté ausujet de la plantation d'un arbre de la Liberté devant l'emplace.,ment qu'occupait la maison qu'avait habitée .1-J. Rousseau, et quedes Commissaires fussent nommés pour le faire de suite couper, depeur qu'en temporisant, les neiges abondantes ne vinssent à en em-pêcher. — Renvoyé au Comité d'administration »

Séance du 3 janvier 1793,

q Un membre demande à la Société, au nom du Comité d'admi-nistration, que le transport de l'arbre de la Liberté, que la Sociétén arrêté du faire planter eu l'honneur de l'immortel .L-Jaeques,devenant extraordinairement cher A cause do la grande quantité deneige et des glaces, puisqu'on demande CD livres, que la Sociétéstatue à cet effet. Un autre membre fait la motion quo cette entre-prise se donne à l'enchère.

BuRuoo offre de faire venir un arbre pour 36 livres. Accepté.Le président Doppet observe à la Société que J.-Jacques ayant ton-

(1) Reg, des dètibêratione, 'ne, de 44 pages, appartenant à ]a SociétéFloriai,entao.

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jours aimé la solitude et la simple nature, le plus beau monumentqu'on pourrait élever aux mânes (le 00 grand homme serait un arbreavec toutes ses branches et ses moines, qui s'étendrait dans les airs,et dont le feuillage ombragerait les amants de la Liberté, qui dan-draient comme les anciens philosophes étudier et instruire les jeunescitoyens au pied et à l'ombre de cet arbre sacré.

Un frère d'armes fait la motion que l'arbre qui convient lemieux est le peuplier d'Italie, comme étant celui qui s'élève dansles airs et surtout parce que les cendres de 3.-Jacques reposent dansl'île des Palmiers [Us. Peupliers] qui fait une partie des JardinsdErmnenonville.

U propoie que le peuplier remplace. quand la saison le per-mettra, l'arbre que la Société va bientôt faire P lanter -

« Le Comité d'administration est chargé de veiller à In planta-tion de l'arbre de la Liberté dans la mue Rousseau.-

*«T «T

Rousseau étudia pendant quelque temps an sémi-

naire d'Annecy.En 1855, M. le chanoine Magnin, dès lors évêque

du diocèse, a fait connaître qu'une chambre dc cetétablissement avait u porté de tout temps le nom dochambre de Rousseau, i) et qu'on y voyait encore,peu d'années auparavant, « le nom du célèbre écri-vain gravé dans l'embrasure de la fenêtre, avec ladate de son séjour dans la maison (1),?) Les bâtimentsayant été remis à neuf, l'inscription fut malheureu-sement effacée par les ouvriers (2). On peut ajouterà ce renseignement que la chambre dont il s'agit, -située au second étage, porte aujourd'hui le n° 48.

(I) A rapprocher dune inscription analogue tracée par Jean-Jacquesen 1727 dans non tourelle dii chiiteau du Mariheray, â Ilegnins. (Voy,Eug. Ritter, Jean-Jacques et te pays ron,a,id, P. xxv, note 2.

(2) fluEt. de tAnce. Florin., vol. i, p. 24.

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Au premier rang des personnages dont Rousseaufit la connaissance à Annecy, il faut placer « lemaître de musique de la cathédrale » chez lequel ilpassa e six mois (1) » avec tant de calme et de plai-sir. Il l'a dépeint en quelques lignes e C'était unParisien, nommé M. Le Maître, bon compositeur,fort vif, fort gai, jeune encore, assez bien fait, peud'esprit, niais au demeurant très bon homme, » quie aimait passionnément, son pays et son ai-t, n et quiétait si supérieur aux maîtres de musique de la pro-vince que Ceux-ci « le regardaient moins comme leurconfr&e que comme leur chef, ) La mémoire (leJean-Jacques ne l'a pas trompé sur le lieu d'originedu petit chat; mais il .a pris pour un nom de famillece qui n'était que le titre abrégé de sa charge. Enréalité, e M. le Maître n s'appelait Nicoloz, et dansles règistres des isite s de quartiers, en 1726, 1727et 1728, on trouve: « le sieur Jacques-Louis Nicolozle Maître. » La même désignation accompagnait lenom de son prédécesseur à la maîtrise de la cathé-drale, le sieur Dumax. On emploie aussi cette formule:« M. le Maître de Saint-Pierre. n

Le registre de dénombrement de la ville, en 1726,mentionne comme suit l'ami de Jean-Jâcques, en têtedu personnel de la maîtrise (le Saint-Pierre

(I) « Six mois entiers, p dit-il ailleurs, soit du commencement d'octobre1729 aux premiers jours d'avril 1730, s'il faut prendre ses paroles 5 lalettre,

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« Maître d musique. Nicoloz, Jacques-Louis,originaire de Paris, garçon, âgé (le 25 ans, habitantAnnecy depuis trois mois (1). n

4-t s

Le chantre du chapitre, M. de Videurs, « très-galant homme, mais trop plein de sa noblesse, n dontles procédés amenèrent le départ subit de « M. le

Maître,)) est ainsi désigné dans une note du temps (2)e Monsieur de Vidonne, chanoine de la cathédrale,gentilhomme de mérite, bonne parenté, irréprochableet capable de tous emplois, bon missionnaire, médio-crement savant et peu de bien. n

t

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Dans la gilerie de portraits savoyards que Jean-Jacques a crayonnés avec un art exquis, la figure dujuge-mage Simon (ou plutôt Symon(I) est peut-êtrecelle qui se détache avec le relief le plus vivant.« Ce petit nain, si disgracié dans son corps par lanature, n mais qui en e avait été dédommagé du côtéde l'esprit, > ce c( petit homme, dont on commençaitpar rire et qu'on finissait par aimer, n appréciait ((lesbons livres et en parlait volontiers. » Aussi, lorsque

(I) suivent cinq enfants de choeur, âgés de cinq b treize ans, tous cri-ginaires du dioose, et un a clerc tonsuré, ftgô de li ails, demeurant à

la maitrLso. o(2) « Copie destat des ecclésiastiques les plus méritants,dans un

vol". intituléPièces diverses concernant Véréchê d'Annecy. Arch. dL'-

partem.)

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- 47 -Rousseau fut installé à Chambéry, il ne manquaitpoint, en se rendant à Genève, (l'aller le voir au pas-sage et de causer littérature avec lui; mais r quel-ques années après, n ajoute l'auteur des Confessions,e il eut je ne sais quelle mauvaise affiire qui le cha-grina et il en mourut. n

Les registres de sépultures de la cure de Saint-Maurice d'Annecy (1) contiennent son acte de décès

Le vingt-trois [juin 1748] est mort muni des sacre-ments et le 24 a été enseveli à S t_Maurice le sieurJean-Baptiste Simond, juge-mage de la province duGenevois, Ligé d'environ 56 ans. n

On ignore quelle fut la r mauvaise affaire n fi la-quelle Jean-Jacques fait allusion, mais on savait déjàpar un mot (le Grillet (2) que ce magistrat lettréavait été l'un des principaux bienfaiteurs de la fi-bliothèque publique d'Annecy (3). Les registres desdélibérations municipales donnent à ce sujet les (lé-

tails qui suivent:

Du 24 juin 1748. • Le seigneur syndic Des Clos s proposé queSpbIe Jean-Baptiste Symond, juge-Mage du Genevois, étant décédé encette ville hier, sur les dix heures du soir, on o ouvert ce jourd'lsnison testament solennel par lequel il o légué à cette ville tons seslivres pour en faire une bibliothèque publique et' s institué hérilierl'Hôpital général de cette ville (4). Et comme ce sont des bienfaitsconsidérables en faveur du publia, il n convoqué la présente 555cm-

(1) vol. n' la, années 1?45.1753.(2) Die!. 5m., li!lér. el s&!41. des dip. du Mou .B Mac et dit t.P. 206.(3) Le chanoine Dumax avait, dès 1744, « légué ses livre, au chapitrede la cathédrale peur l'usnge lu public. »(4) Le souvenir de cette Utiéralité u été rappelé, il y u quilques années,par une inscription gravée en lettres d'or sur une table de marbre, à rh6.pital civil d'Annecy.

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blée pour que le Conseil délibère ce qu'il jugera à propos qu' on fasseeu conséquence. Le Conseil a délibéré unanimement qu'on accepteraitledit legs avec reconnaissance et qu'on fera fournir quatre flambeauxovee les armoiries de la ville pour la sépulture (1), à laquelle lesnobles syndics [et] conseillers assisteront. Et pour retirer lesditslivres et en passer la décharge nécessa ire ont été députés Messieursles nobles syndics, et en leur absence les seigneurs conseillers, soitl'un d'eux premier requis, aurquols le Conseil confère à ces fias toutle pouvoir nécessaire.

Dit • M. le syndic Richard a rapporté à l'assemblée d'avoirfait faire l'inventaire de la bibliothèque léguée à la ville par feuM. le juge-mage Symond, laquelle s été dépositée citez M. le clin-home Favre, jusqu'à ce qu'on ait pourvu à un emplacement conve-nable. »

L'épiiaphc du juge-mage, qui rappl1e son goimtpour les lettres, constate qu'il était originaire de Laitochette et bourgeois de Chambéry. Elle est ainsiconçue

NOn. JOAN RAPT. SYMONI)

RUPECTJLA OIUIJNDUSCIVIS CAMIIERIENSIS

PItOVINCIA ciENEVENSITaEl JUDTCIAItIAE PRAEFEUTUS

VIR MORTFJTiS, PIETATE, DOCT1tINA

ET POLITIORI LITTERATTJRA CLARISSIMUSBIB LIOTHECATII

51111 EXQUISITE ET COPIOSE CONOESTAMAn PUIILICAM UTILITATEM LEOAVTT

CHRIST! PAUPERESEX ASSE IIFAtEDES CONSTtTIJIT

ET PAUPERUM AMANSHIC CUTI! RIS SEPELIRI

VOLUIT

oBIlP 23 mUNIT 1748 AETATIS 56.

(I) M. Serand a retrouvé le e mémoire des écussons fait, à cetteoccasion par u,' sieur vol Ileltuont e l>rcmiLOmemtt, quatre grands pourha biôre, à Si, sols pièce. Plu, huit petits pour lautel, â trois sols place.11 1,9 doux douzai,mus de mnû,uc qualité polir les cierges. Total 0 livres.

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- 49 -Cette pierre tombale, provenant de la démolition

d'un banc situé rue Filaterie (1), a été donnée en1864 au Musée lapidaire par le propriétaire, M. leDr Anthonio y.. Au-dessus de l'inscription est un écus-son aux armes Symond (2).

ee e

C'est au lendemain de la promenade à Thônes queJean-Jacques fit plus ample connaissance avec lejuge-mage en allant dîner chez lui, accompagné deVenture. La même année 1748, qui fut celle de lamort du magistrat, devait aussi emporter l'une deshéroïnes de la merveilleuse pastorale. Mile de Graf-fenried. cette « jeune Bernoise fort aimable » quiavait imité Mmc de Warens, sans obtenir une pensioncomme elle, se trouvait en 1732 « réfugiée dans lesecond monastère de la Visitation. )5 ainsi que celarésulte d'un document dont on trouvera plus loin desextraits. Elle entra ensuite, en qualité de pension-naire, chez les religieuses de Bonlieu à Annecy.Sous la date du 27 janvier, ou lit dans l'obituairede cette abbaye (3) « En 1 748 est décédée Mademoi-selle de Grafferied. pensionnaire.

Quant àM lle Galley, ou de Galley, elle devait êtrela fille ou une proche parente de « N Francois-Joseph-Marie de Galley de Saint-'Pierre (4), bourgeois d'An-

(1) Cf. Francis Wev, I.e IIaeIe-Savoie, 1565, ia. 12', p. 94.() De sinople à trois fasces ondées d'argent, au chef du môme chargé

d'une aile de sable.(S) Archive, de la Société florimontane.(4) Armes des Oallev de Thônes t D'azur, au croissant d'or accosnpaané

de trois étoiles d'argent.

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- 20 —necy, seigneur de la maison forte de La Tour en laparoisse de l'hôtes (I), » qui, à Annecy, demeuraitnie Perrière (2), ainsi que les autres membres de safamille. C'est dans cette rue petite et déserte, » oùun homme se remarquait, que Jean-Jacques, au sor-tir du dîner de M. Symond courut faire une vainestation dans l'espoir de revoir sa compagne de laveille.

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« Lazare Corvésy, intendant de justice, police etfinances, vice-conservateur des fermes et gabelles,et patrimonial du tabellion pour S. M. en la provincede Genevois et bailliage de Tornier, u n été très mal-traité clans les quelques ligues que lui consacre Jean-Jacques. L'autorité municipale d'Annecy faisait ce-pendant son possible pour plaire à « ce vilain homme,noir comme une taupe, fripon comme une chouette, uqui avait ses motifs pour obliger M. d'Aubonne àquitter Annecy, mais qui, « à force de vexations,finit par se faire chasser lui-même. » - « Comme laville a de grandes obligations à M. Corvésy, u disentles registres (3), « et qu'elle est hors d'état de lesreconnaître, il a été délibéré qu'on lui présenteraitdes lettres de bourgeoisie, s'il veut bien les accepter,comme l'on croit qu'il fera. »

(I) La tal,clie cadntra1e do Thônes (1730) indique soui sou nom145 .1 . Maison, cour et grange, /, la l'nsr. N' 1452. Pré, verger, ibid.N' 1454. Jardin, dliapelle et four, ibid.

(2) En face de la maison l"ernex, aujourd'hui l3erthet. L'i,abitation dela famille de Oalle y figure au cadastre de 1730 sous le n' lOIS.

(3) 1" mai 1720.

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A la date du 9janvier 1730, les nièmes registre ,s (1)mentionnent cet incendie du mois do septembre 1729qui fit« du bruit dans le monde » alors que Rousseaul'avait oublié

« Le Sr Nouvellet. représentant l'avocat de Ville, a remontré que,dans le dernier incendie arrivé aux Fours des W Pères Cordeliers,l'on aurait observé que si, par malheur, le feu se fût jeté de l'outreCôté de la rue, tout le quartier serait péri, faute de secours, par lumanquement du Pont d'amour, qui était le seul endroit par où l'onaurait u donner du secours, eroyaut par ainsi qu'il serait très àpropos de le rétablir.

« Le Conseil n délibéré que l'on prendra l'état de ce qu'il y auraità faire pour ce rétablissement, pour ensuite voir 'es moyens que l'onPourrait prendre polir cela.

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()il dans quelles circonstances Jean-Jacques,qui croyait ne s'éloigner que penlairt tt huitjours toutau plus, quitta Annecy pour conduire à FribourgMile Merceret, 1» femme de chambre de Mmc de Wa-rens, « très bonne fille, sans malice, non pas jolie,mais assez agréable, quelquefois un peu mutine avecsa maîtresse. n Elle n'était point Fribourgeoise, quoiqu'en disent fi deux reprises les Gonfcssiom?s, car elleavait pour père « Jean-l3aptiste_H)rach]tlle Mercoret,fils de feu Pierre, organiste, de Salins en Comté, ha-bitant la présente ville [d'Annecy] dès environ six

I) Vol. 52, i» 147.

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ans, àgé de 45 ans, marié, sans enfants miles (1). nNommé organiste de la Collégiale de Notre-Dame, le31 octobre 1720, « à quinze florins pir mois de gage,et vingt-cinq s'il apprend à deux de nos enfants dechoeur à toucher de l'orgue, en leur donnant deuxleçons par jour (2), n il est qualifié, le 5 janvier1724, « facteur d'orgues et organiste, à l'occasiond'un mandat de 48 livres « pour tout ce qu'il a faità l'orgue. n Le Pr février 1730, on reçut organiste

le petit Chevalier, sous le gage de huit livres parmois, n ce qui fixe l'époque du départ de M. Mer-ceret pour Fribourg Jean-Jacques a oublié d'indiquerla profession le celui-ci, mais on pouvait l'inférer deson récit ( La Merceret, dit-il, avait un vrai goMpour moi; j'aurais pu l'épouser sans peine, et. suivre

le métier de son père. Mon, goût pouT ta musique

me t'aurait fait aimer. Je me serais établi à Fri-bourg..... n

Rappelons aussi que la fille de l'organiste « savaitlin peu (le musique n et chantait avec l'élève de e M. leMaître. n

'r

L'acte de décès, ou plutôt d'inhumation, de ClaudeAnet (14 mars 1734), longtemps cherché ( ,il (3),

a été retrouvé dans les registres (le la paroisse de Saint-

(I) Reg. de dénombrement, 26(Q) Reg. capitulaires de la collégiale dAnnecy. (Arch des brapicei

civils.)(3) J. Replat, vol, sur 'r de Ivettes. (Putt. te t'Assoc. /iorim., 1555,

vol. j, P . 261.)

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- 2:3 -Légat' (aujourd'hui de Saint-Fra.nçois -de- Sal( ,,$) àChambéry, et publié par M. de Saint-Genis (1). Il n'in-dique pas l'àge du personnage, mais il constate que sonabjuration avait eu lieu en 1726. Feu M. Baron, ar-chiviste d'Etat du canton de Vaud, avait, de son côté,transmis A M. Serand l'acte de baptaine du valet her-boriste. 1.4e voici (2)

Du 17 janvier 1706. « Claude, fils de David Anet (3)et de Marguerite du Crest, [présenté] par EgrègeChaude Genevey, Claude Anet, Anne-Marie VincentCL Marie du Crest. »

Au moment de sa mort, Anet avait donc vingt-huit ans : il était né six ans et demi avant Jean-Jacques, et celui-ci, eu le croyant « aussi jeune (4)que M oic de -Warens, le vieillissait de quelqués an-nées.

Une note marginale du registre de Montreux êta-hilL que cet acte de baptême avait été levé et expédiéIo, 25 mars 1726, soit bien poil temps avant lemoment où M ai l, de Warens vinta Evian se jeteraux pieds du roi de Sardaigne et de i'évèque deGenève (5).

(I) Bjté. de Sacoic, t, in (ISOC) p. 535.(2) Reg. des baptûnsas de la paroisse <le Mootreus, vol. 3 bit, f' 106.ixtrait délivré en L8S7 par le pasteur D. de Bray.

(3) Ce prénom atteste Finexitetitedu de la filiation donnée par M. llaillvde Lalendo (Le Lémaii, o,, ('oflags pittoresque, historique cl litMrairc àCeniee et dans te c,,ito,i <te l'aMi, 1842, t. t, p. 388.)

(4) Ces fessioes, Erre r.(5) Au mois de juillet 1726, dit Rousseau (Mémoire remis à M. liesitrt)

Il ate exacte, car en 5720 Victor . Ànsédée 11 séjourna ii lGvian dte 13jui lie tau S août. (R. g. des délibérations du Conseil de Thoron, 20 août 1720i'ragiusents imprimés, 1] y a quelques innées, dans le journal Le Ldmmmasm.)

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• Rodolphe Wintzenried (1), le prétendu « chevalierde Courtilies » ne connut pas Mme (le Warens â An-necy; il n'entra dans sa maison que quelques annéesplus tard. Jean-Jacques rapporte qu'en revenant (leMontpellier, et après avoir fait le sacrifice de M arc deLarnage, il trouva le nouveau venu installé aux Char-mettes. Mais le voyage de Montpellier eut lieu trèscertainement de septembre à décembre 1737, ainsi quele prouvent plusieurs lettres datées de cette ville, etd'autre part le bail des Charmeties (2) est du 6 juillet1738 (3). Ainsi i de deux choses l'une ou la décon-venue contée par Jean-Jacques (Toit .SC placer à Cham-béry, et non aux Charmettes, 011, ce qui semble plus.probable, elle lui arriva bien à la campagne, mais auretour de l'un de ces petits vo yages qu'il faisait volon-tiers â Lyon, à Grenoble, à Genève ou à Nyon.

Quoi qu'il en soit, voici une note de M. l'archiviste

41) Son prénom est dans un acte du 26 avril 1755, imprin,ê Par M. do

Sa,ot .Genis (lus!, de Savoir, lac, oit.).(2) Publié par M. Oh. Ouillersnin (3fum. et doc, de ta Société savoisienne

d'histoire et d'archiotspie, t. i (1856), p. 87-90.) - Une phrase de ce do-cument donne à entendre que l'installation de M" de Warens remontaitau mois précèdent q sera aussi tenue ladite dama de laisser les vignesdépendantes desdits biens dûment cultivées, comme elle les sa trouvées oumois de juin dernier. »

(S) aAutant que je puis me-rappeler les temps et les dates, nous pri.mes possession [des Charmettes] vers la fin de Tété fia ii&. s (Con fes-sions, livre y.) - Jean-Jacques a commis une méprise semblable ix l'oc-casion de son séjour à Bossoy il avait dix ans, et lion huit, quand il (oitplacé chez le pasteur Lambercier. Voy. l'Intermédiaire des chercheurs etcurieux, t. ix, col. 255, 25 avril 1876; nolesinèe Ru. [Eus'. Bitter.]

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- 25 -Baron sur le personnage, si peu sympathique d'ail-leurs, qui courait le monde en se faisant passer pourle fils du « capitaine du château de Chillon. » Elleexplique sait l'origine du nom dont s'affublait ce « gar-çon perruquier, » soit le titre sonore qu'il donnaità son père et que Jean-Jacques traduisait hardimentpar <( Concierge. u

Originaire de la partie allemande du canton deBerne, la famille Wintzenried, lors de son établisse-ment dans le pays de Vaud, se fit agréger à la bour-geoisie d'Aigle, ainsi qu'à celle de la commune deCurtilles, petit village situé sur la rive droite de laBroya, près de Lucens. Lorsqu'en 1733, l'Etat deBerne transféra à Vevey la résidence du bailli deChillon, il établit dans ce château, à raison de l'ar-senal, des prisons, etc., un concierge ou gardiendu fort. Un Wintzenried fut nommé à cet emploi etfigure dans les comptes du bailliage de Veveyde 1735à 1751, année où il mourut à Chillon. Le véritablecapitaine de Chillon était le bailli de Vevey, qui con-serva ce titre le gardien, ancien militaire retraité,était le lieutenant du fort et en avait le grade. Ilexiste encore (1) à Aigle une famille Wintzenried,bourgeoise de la commune de Curtilles (2). n

J'ai sous les yeux l'original de la lettre que Wint-zenried adressa à M'° de Warens le 7 mars 1755 etdont M. Replut n donné l'analyse et un fragment (3).

(1) Cf. A. de Bougy, ôuvrae ciL,, p. 153. -2) Cf. 1). Martigniot et A. de creusa, Dia. F,istor., giegr, et slaU,i.

,t,s cahion de Vaud, 1867, p. 298.(3) Note sur M" de Ivcrcns (Boit. cité, p. 255.256.)

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- -Elle offre trop peu d'intérêt pour être reproduite iciet il suffira rie signaler le ton disgracieux de l'hommequi signe avec audace « Vètre très humble et trèsobéissant serviteur Dg Coult'IL1Es. » On lira linsloin une lettre, d'un style tout différent, que Mine de

Warens écrivit ait individu à l'occasion desoit et voici une missive de l'intendant 'far-ragiio (1), du 9 février 1765, qui donne quelquesdétails sur lui

Après avoir fait procéder à la description, saisie et séquestre desmeubles, biens et effets appartenant à feu M. François Perrin. séna-teur au Sénat de Savoie, et à M. Charles Perrin, substitut avocat fiscalgénéral au mécha Sénat, fils et héritier (le feu Noble Joseph Perrincautions du sieur Charles Perrin leur frère et ci-devant trésorier de laprovince de Faucigny, je n'ai pas manqué de faire pendant long-temps les recherches les plus empressées pour y établir nu économe,mais malgré les plus vives invitations et sollicitations faites et réi-térées à plusieurs, toute ces diligences ont été infructueuses, per-sonne n'ayant voulu accepter cet économat.

Ne sachant plus où me tourne,', j'ai jeté les yeux sur le 5r De Cor-tilles, que j'avais député pour inspecteur aux travaux de Cujer (?),et lui en ayant fait la proposition, il m'a répondu qu'il accepteraitcette commission, et qu'il se donnerait tous les soins pour la remplirexactement, mais étant étranger et ne possédant aucuns biens, il n'é-tait pas dans le cas do donner une caution.

Le dit sieur De Curtilles est Suisse d'origine, il a embrassé lareligion catholique, il habite en Savoie depuis environ 25 ans, où ils'est marié et n'a point (l'cnfans. S. M. lui fait payer chaque année(le sa cassette secrite, la somme de 1,300 livres poul t'aider d sub-sister, et c'est par ses ordres que, de temps à autre, je lai ai donnéde l'occupation dans les différentes inspections pour les réparationsdo chemins, lui ayant toujours connu une activité et nue conduitesans le moindre reproche.

Quoique par le tableau que je viens de vous faire 'b, dit 5r DeCurtilles, j'ai lieu d'être persuadé qu'il s'acquittera bien de cette

(1) Extraite de sa correspondance (Archives dpartemcnlnlos). - Indestinataire 'le celte lettre n'est pas connu.

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- 27 -commission pour mériter de plus en plus la continuation des grâces

de S. M. le défaut de caution m'étant cependant un obstacle à ta luidonner, je vous en fait part, Monsieur, pour m'aviser les détermi-

nations convenables (1).

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• 'l'eut ce qui se rapporte à l'existence agitée de laprotectrice de Jean-Jacques a droit aujourd'hui à l'in-térêt et on ne pourra se faire une idée juste de cettesingulière et attrayante figure que lorsqu'on aurapublié sur elle un nombre suffisant do pièces authen-tiques. C'est ainsi que M. Replat a mis au jour en1855 (2) deux lettres de M me de Warens « â M. deLambert, baron d'Ange-ville (3) u - que M. BayleSaint-John (4) en a donné deux autres, l'une, de1754, à M: Rica, intendant général de l'artillerie àTurin, l'autre, de 1760, â un correspondant inconnu- que M. de Saint-Genis a joint aux pièces justifi-catives de sou Histoire de Savoic (5) un documentrelatif aux mines de charbon (lc Saint-Martin de

I) cette lettre semble Aire arrivée top tard, env dès 'e 28 janvier176e, à Turin, on nommait trésorier du Faucigny Joseph .Tlièri,c Jacquieret il est probable que l'idée l'un dceaerne (ut abandonnée.-

(2) Note sur M' de Warens, déjà citée.(3) 15 octobre 1756 et 21 septembre 1758; reproduites par A. de Ilougy

à la suite de son Voyage dues tu Suisse frusçui ye et le Chablais, 1860,p. 386.380.

(4) rIte ,ebaépiee Ri,udott. - Le chapitre relatif à Sr' do Warens,et dans lequel celle-ci me parait tris justement appréciée, n été commu-niqué à la Revue britannique avant la publication de l'ouvrage (juin 1856,

p. 363-385), et la lettre du 10 mars 17(10 y n été retraduite d'aprhs letexte anglais. Quant au billet à M. lCea, du 5janvier 1754, la Revue nel'a pas donné, vu son insignifiance.

(5) Tome III, p. 585.

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- 28 -Belleville et des Alles (I), dont M ats de Warensavait obtenu la concession par lettres royales; - queM. J. Vuy, enfin, a inséré en 1870 dans le présentrecueil (2) trois lettres de la baronne au même M. deLambert d'Àngeville (3).

Une correspondance bien plus importante, puis-qu'elle ne comprend pas moins de trent c-neuf pièces,se trouve entre les mains de M. Jules Cuénod, àVevey. Ces lettres, dont la publication serait si dési-rable, ont trait soit àI'abjuration de Mille de Warens,soit à la confiscation de ses biens par l'Etat de Berne,soit enfin à (les difficultés survenues entr&elle et sonparent, M. de Roverea, au sujet de l'exploitation deses mines (4). Elles sont adressées, pour la plupart, aucapitaine Hugonin, de Vevey, qui avait épousé M ile rieLa Tour, nièce de Mmc de Warens et dernière ditnom. -

Les pièces que je vais transcrire à mon tour consis-tent en trois lettres de la baronne, inc autre à elleadressée par l'intendant do F'aucignv, et un actenotarié dont l'analyse se trouve clans un registre desarchives départementales de la Haute-Savoie (5). Cedernier document paraît être le point de départ de lapremière entreprise de mines de Mina (le Warens

(I) 26 avril 1755.(2) Revue savoisienne di, 16 août 1870, et tirage à part cul 15 p. in-S'

(l.ettrcs inédites dede IViireus).(3) 12 janvier et 10 avril 3756,7 février 3757.(4) Je dois ces renseignements à l'obligeance le M. Eugtii ' i lUtter,

professeur à l'Université de Genève. cf. Mémoires et documents p,,Hiiapar la Sentit d'histoire de la Suisse romande, t. XXXiV, p. 200.

(5) Reg. intitulé Visite des archives di, tabellion pour reconoaltre leslods en 1777.

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1747,24 octobre (Dotons, notaire). Me Pierre François Millieret,e]] qualité de procureur de Messire Charles Gaspard Bernard de On-ucri, marquis de la Roche, vend, cède et transporte 4 Daine Fran-çoise Louise Eléonore, fille de feu Noble Jean Baptiste (le la Tour,native du païs de Vaud, épouse de Messire Jean Sébastien de Louis,seigneur do Warces, habitante à Chambéry, et à Noble Jean Guil-laume, fils de feu Noble l3althaz3rd Sautier de la Balme, seigneurde la Fournache, chambellan et capitaine au service (le son S. A, E.de Bavière, natif de La Roche, habitant à Si

Jean de Maurienne,pour eux et leurs amis à élire eu tout ou en partie, savoir les fa-briques, martinets, bâtiments et biens quelconques que ledit mar-quis de la Roche possède dans les paroisses de 5t André, Fournaux,Frenai et Orelle en Maurienne, inscrits sous les n" 2115, 2117 dela inappe de S' André; 284 à 289, 1006, 1007, 1008 de celle deF'ournaux; 433, 434, 528, 529, 1234 à 1247 de celle de Frenai etsous les flei 1058, 1059 et 1060 de la mappe d'Orelle, avec tout lebénéfice (1) qu'il peut mesurer des patentes conoédées à feu MessireGaspard de Graneri, son bisayeul, pal' la princesse Christine, Du-chesse de Savoie, en qualité de mère et tutrice du Duc Cha,'!es-jini_manuel, en date des douze Décembre 1646 et 18 71.t 1647, cule-gistrées par arrêt de la Chambre du 21 9hre même année, avec tousles meubles apparknûnts audit vendeur qui existent dans lesditesfabriques et bâtiments.

s Prix .....L. 25,000.N. L'inventaire des effets et meubles est ténorisé au bas du

contrat 2).

*

La lettre de l'intendant du Faucigny (3), datée

(t) Toutes les milles des environs dc Modane, o dit Grilles (Die!,, t. Iii,P- sa), e commencèrent è être exploitées en grand par Gaspard Granery,coasse de Mercenasque, ensuit,, de la concession que lui en fit en 1017,Ma,Inme Royale Christian de Franco, duchesse régente do Savoie. s,

(2) Par procuration du 80 juin 1 753, M" de Warens donna pouvoirais sieur Bérard, de Genève, de vendre à M. l'erriehon, rie Lyon (sansdoute celui quo Jean-Jacques n connu et qu'il appelait le noble et pleérevrPe,'ricj,oe, CoNpsssssozs, liv. VIII), tous les droits qu'elloavait dans lesfabriques achetées du marquis de La Roche, comte de Granery. Son sana-dataire était autorisé â traiter pour 10,000 éctss comptant et sin gâteaud'argent de trente marcs, (J. Replet, Note sur M' de Vestes.)(3) Copies de lettres de l'intendance du Faucigny , Vol. de 1753'1756,

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— 30 —du 2 aoùt 1755, est rela.Uve à l'exploitation d'Ar-radies (1)

« 4 Aladanie la Baronne de Warens de la Tour.

Ii est vrai, Madame, que j'ai et aurai toujours pour vous unrespect infini. Sur ce principe vous devez être pins que persuadée.Madame, que je n'échapperai pas une occasion à vous en convaincre,et de rendre à M's vos associés, que j'estime beaucoup, tous les sur-vices qui dépendront de moi. Je n'ignore point non plus les avan-tages que nous procurera la nLiniêre abondante de bons charbonsque vous faites exploiter à Araches, et je pense que W' nosBistres en sont informés; mais souffrez, Madame, que je vous repré-sente que sans un ordre de mes supérieurs, je ne peux donner lesentiment que vous me demandez à cet égard, et qu'auxdits cas jene manquerai pas de leur faire envisager, autant qu'il me sera pos

-sible et que l'intérêt du Roi et du publie l'exigeront, toutes les rai-Sons que vous me faites l'honneur de me suggérer dans votre (litelettre, vous prévenant néanmoins, Madame, que sans un ordre dela Cour je ne saurais permettre le transport (lesdits charbons par

des radeaux sur là rivière d'Arve.J'ai l'honneur d'être avec un très profond respect, Madame, etc.'

e'e' e'

L'original de la lettre qui suit m'a été coni.muaiquéPar M. Ernesi Griolet de Geer, â Genève, dont la Viellecollection d'autographes est bien connue. Cette piècen'est pas -datée, mais un secrétaire u' écrit au dose A la Reine. - Receuc le 23 décembre 1730. —M de Warous. - B. J. » Si la baronne u été réelle-nient en instance auprès de la cour de France pour enobtenir nue pension, la destinataire pourrait être lareine Marie Leczinska. Nais je crois bien plutôt qu'il

(1) Voy. Grilles, Vie!., t. I, p. 316; t. Iii, p. 41; et J. Replat, Note

cités, p. 20.

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s'agit ici de la princesse Polyxène-Christine-Jeanne de1-Tesse-Ritein fels-Rotheinbourg, seconde femme (1724)du prince tic Piémont , Charles-Emmanuel, qui , parsitue de la renonciation de son père (3 septembre 1730)occupait le trône de Sardaigne depuis quatre .mois.« Dans la révolution causée à Turin par l'abdicationdu roi, M" de Warens craignit d'être oubliée, » iidit Jean-Jacques, et si cette réflexion n'est pas tout àl'ait à sa place chronologi4ue dans les Confessions,cela ne l'empêche pas d'être vraie en elle-même. Lebillet qu'on va. lire est donc un de ceux qu'écrivit Mao deWarens pour se maintenir dans les bonnes grâces dela cour de Turin. 1111e faut pas oublier que la reinede Sardaigne était la. soeur de la princesse Eléonore (leHesse, qui, lors do l'abjuration du S septembre 1726,fut la marraine (1) de la nouvelle convertie (2).

Madame,« le supplie (3) très humblement Votre Majesté dans ces saintes

fêtes de vouloir agréer les voeux et les prières ardentes que j'a-dresse chaque jour au ciel pour sa précieuse conservation, pour toutesses prospérités ut cci1cs de son illustre maison royale. En implorantla puissante protection de Votre Majesté, j'ai l'honneur de l'assurerde la parfaite soumission et du plus profond respect avec lequel j'ail'honneur d'ètre

« Madamee De Votre Majesté

La très humble et très obéissante servanteDE WÀRF.xs On LA Toua.

(t) c'est depuis ce ,nnmc,,L que Frasçoise-Lo,(ise de La Tour joignit hses deux prhinoins celui d'Eléo,orc.

12) La princesse Ellonore s'était précisément mariée à 'Purin pela «lejours auparavant (20 décembre 1730) avec Jean-Christian, duc de Havibre,ceinte palatin du itl,ia, prince-régent de Sulzbach.

(3) aI" de \varen,, comme la plupart de ses contemporaines, avaitune orthographe très fantaisiste, qt,'ii est sans de reproduire, carelle fait de lu lecture tin ses lettres «in véritable labeur.

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-u-Da lis cette courte missive dont les seize lignes sont

réparties en trois pages (le format in-folio, l'écritureest grande , ferme , allongée dans les deux autres,elle court à l'aventure, négligée et sans souci de laforme.

Le contenu de celle du 25 janvier 1754, qui a étécommuniquée à M. Serand par M. le Dr Thonion;d'Annecy, offre 1111 réel intérêt, car si l'on met en re-gard le ton presque humble de la baronne avec lesphrases arrogantes de Wintzenried (lettre du 7 mars1755), on songe aussi&t â ces révélations de Jean-Jacques dont certains écrivains essaient vainementde suspecter la véracité. Du moins, si l'on a n exigé(le la pauvre femme qu'elle Fit elle-même la demandeen mariage du pseudo-chevalier, elle s'en consolerapar quelques paroles, aiguisées avec art , plutôt que

naïvement u pensées « Vous ne pouvez que ga-gner beaucoup à la différence que vous rencontre-rez .....C'est à vous, à présent, à vous observer.....Parlez peu, si vous pouvez, u etc.

Monsieur De GourtWes

« Moutiers (1)25e de 1754.

Je suis persuadée de tout le mérite le l'aimable demoiselle dontVOUS lue parlez je m'en serais doutée en voyant Monsieur son père,pli, par sou esprit et sa politesse, donne à connaître la lionne édu-cation qu'il est en état de donner à sa famille; par contéquentvous ne pouvez que gagner beaucoup à la différence que vous ren-contrerez. Puisque c'est votre intention de vous établir, je n'ai lieuà vous dire à ce sujet que tic prier Dieu pour qu'il lui plaise de ré-

(I) ou ne voit pasbien sur l'original si ce mot doit accompagner le nomdu destinataire ou la date.

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pendre sur vous sa sainte bénédiction, et que le tout soit ponv sagloire et votre salut. Je vous ai dit, au surplus, ce que j'ai cru devoirvous dire dans ana précédente, que j'ai adressée A M. Gravier : ildépend de vous d'en faire votre profit. Puisque vous avez exigé demoi par votre lettre que je parlasse à Monsieur De Bargonzi (1) devos intentions pour sa fille, le m'en suis acquittée; s'il le juge àpropos, il pourra vous faire part de notre conversation. Vous devezune parfaite reconnaissance à Monsieur et Madame De Bargonzi et[à] leur aimable famille des soins officieux et charitables qu'ils onteu la bonté de vous rendre, auxquels j'ai pris toute la part possible,et vous félicite de tout mon coeur d'avoir trouvé de ces braves gensà votre secours. C'est à vous, à présent, [à] vous observer et à bienréfléchir à toutes les obligations que vous vous proposez de contrac-ter, afin (le DO vous mettre jamais plus dans le cas, ou d'être refusé,ou d'essuyer avec le temps des reproches : pailez peu, si vous pou-vez, pensez beaucoup, et conduisez-vous toujours d'une manière irré-prochable devant Dieu et les hommes c'est le moyen d'être toujoursaimé et estimé de tout le monde. Je vous prie de vouloir n'excusersi je vous dis si naïvement ce que je pense, vous priant d'être bienpersuadé que je serai toute tua vie très-sincèrement portée à vousrendre les services qui pourront être à mon pouvoir, étant véritable-ment et avec bien de la considération, Monsieur, votre très humbleet très obéissante servante-

La baronne Du WAItENS Du LA Tont.

Enfin la troisième lettre (2) fait partie de cette corres-pondance avec le bai-on d'Angeville (3), dont cinqlettres ont déjà été publiées. Elle offre, comme la mis-sive dit septembre 1758, un post—scriptum quimentionne « le pauvre M., Danel. n M. Replat n prisce personnage pour Claude Anet, dont on n'avait pasencore retrouvé l'acte de décès, et dès lors cette idée a

(I) Ou plutôt î3ergonsy (sans particule), famille de ha Tarentnise.(2) File appartient à la Bibliothèque le Oeai,ve(3 Airnô .Lo,,is de Lamberi dAugeville, seigneur du Cbesne y , bareai

dAnonsier et VilJy-Ie-I'ohlous, mark en 1735, dernier de son non, eu Sa-voie. (A. de Foras, Armorial n aold!iaire de Savoie, t. J, p 52.)

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- - 34 -fait son chemin (1), comme si Jean-Jacques avait puinventer de toutes piècesle récit de la mort tic Plier-boriste I En réalité, Mme de Warens, qui avait perduClaude Anet en 1734, a eu â son service, plus de vingtans après, en 1758 et 1759, un sieur Panel (2). Est-cetoujoursie secrétaire qui, le 15 octobre 1756, se mouraitd'un abcès dans la poitrine et venait de recevoir ((tousses sacrements? Est-ce son successeur? Je l'ignore,mais une chose parait certaine c'est en allant aux in-formations, vers 1785, auprès des vieillards qui avaientconnu Mue de Warens et son intérieur, que le mécleci:rsDoppet aura appris l'existence de ce Dallé], dont on pou-vait fort bien se souvenir, surtout s'il avait vraimentsurvécu à sa maîtresse, et c'est grâce â la ressemblancefortuite de ces deux noms, Artel et Danci, qu'il a puéchafauder ses romans, les Mémoires de .M1fb de lVa-

rens, les Mémoires de Claude.A net, les Mémoires duchevalier de Couriiule, ces absurdes et plates superche-ries qu'on s'étonne de voir encore citées (le nosjours (3).

(1) A. de Bougy, Voyage cité, P. 390 - V. \Vey, La liasse Savoir,in-12', p 109. -

(!) M. Replat imprime Da,iet dans la lettre dii PI septembre tibS. vérifi-cation faite sur lorïginal, qui appartient à la Société P'Iorimontane, il faut

lire Dace!, comme dans celle du 20 janvier 5759.— e M. Panel D est égale-

ment cité dans un autre billet, sans date, nu baron dAngeville. (Xny. Av.aime lloussaye, Les Chat m ettes, J.-J. Jlo,isseist rI 31" le fl'(tre,a, p. 204, note.)

(3) Je no connais guère, dani ces trois écrits, qu'un seul renseigne-ment qui offre un fond de vérité. Une lettre de François Fabre, le « mai'Ire fondeur en fer coulé, s publiée en partie par M. Vuy et datée du 20juillet 1756, constate que « depuis huit jours s M' de Warens, e misehors de la fabrique, » était venue habiter à Nezin t la maison de

M. Flandrin. » Or, les prétendus ii! ansi reg te Clande AntI mentionnaient

déjà la e maison de M. b'landin s ii Nezin. cu Pet i t détail est dent réel.lioppet a pu aisément le connaître sur les lieux, mais en l'utilisantau hasard et en plaçant en 3759, dans cette demeure, la mort de sonhéroïne, il est rentré dans la fable, puisque [acte de déeés, dressé le 30 judo1702, établit que la défunte habitait alors e la Raison du, sieur crépine.

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- -• A Afonsicur Monsieur Do Lainbert, baron d'Angeville,

à La Caille près d'AnnecyA La Caille.

•Monsieur,Ce 20e janvier 1759. Nezin.

Serait-il possible, mon cher baron, que vous eussiez le couragede continuer votre silence dans cette nouvelle année? Je vous ai of-fert- mes voeux les plus sincères [à I'] occasion des saintes fûtes deNom je vous 'es réitère dans ce renouvellement d'année, priant Dieuqu'il lui plaise vous l'accorder des plus heureuses, avec grand nom-bre d'autres comblées de toutes sortes de bénédictions, et que, danstout le cours de vos prospérités, que voies avez la bonté de ne pasoublier entièrement la pauvre veuve qui prie Dieu tons les joursPour vous. Soyez-en, je vous prie, bien persuadé, de même que duparfait attachement et du respect avec lequel j'ai l'honneur (l'être

« Monsieur et très-cher baronVotre très humble

et très obéissante servantee La baronne Du WARENS Ou -LA Toini.

w Le pauvre Mr Dani el est comme moi très en peine de votre si-lence; il vous prie de vouloir agréer son plus profond respect.

e-e-

Je termineraiterminerai ces notes par quelques extraits em-pruntés â un document que m'a prêté M. AlexandreJullien, de Genève.

Dans sa Vie de M. de RossijUon (1), le P. Boudetraconte, à propos des nouveaux convertis, que « dès

le Commencement tic sou épiscopat, M. de Bernex avaitsollicité le souverain pontife en leur faveur, par l'en-tremise du président de Sa voie en cour de Rame, et(.lit général de l'ordre de S. Antoine; et

(1) 1751, 2' part., p. III. - Cf. I(evzw savoisienne du 15 juin 1861,P. 49,

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-3G—lorsqu'il envoyait au pape l'état de son diocèse, il y

exposait les besoins des nouveaux catholiques de lamanière la plus touchante. Clément XII en fut atten-dri, et dans l'année 1732, il fit compter six cents écusromains à l'évèque de Genève, qui fut chargé d'enfaire la répartition, selon qu'il le jugerait â propos.....Lorsque M. de Bernex eut touché la somme en-voyée par le pape, il en fit la distribution, dont l'étatAit envoyé à Rome. On voit dans cette pièce, jusqu'oùallait son attention et son exactitude.....

Le document que j'ai sous les yeux est précisémentcelui que mentionne le P. Boudet. C'est, du moins,une copie contemporaine, intitulée « Etat des nou-veaux convertis auxquels oii a distribué la moitié dola charité faite par sa Sainteté au mois d'aoÛt 1732. »Son auteur explique que, jusqu'à présent, une partieseulement de la somme allouée par Clément XII estparvenue à Annecy, et qu'eu conséquence cette pre-mière ditributioiï ne portera que sur 300 écus ro-mains.

Tout d'abord, il en est alloué 10 d une « demoisellede qualité (1) distinguée par son mérite, aussi bien quepar sa naissance u et 7 « aux personnes qui sontvenues de Lausanne en sa compagnie; » puis 77 sontrépartis entre les quatre villes d'Annecy, de Genève(à l'auinôn:ier du résident de France), de Thonon (aupréfet (le la Sainte-Maison) et de Gex (à l'archiprêtrecuré-doyen, chanoine de la cathédrale).

Vient ensuite la « Désignation des personnes itou-

(I) Elle n'est pas nommée.

n

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vellement converties à la foi catholique, auxquelleson ajugé à propos d'accorder un plus grand secoursqu'aux autres, en considération de leurs mérites etbonnes qualités. u En tête de cette liste figurent

« Madame Louise Françoise de la Tour, baronnede Warens, qui pour pratiquer l'évangile a quitté safamille, ses amples possessions et tout ce qu'elle avaitde plus cher au monde, pour embrasser notre saintereligion à l'édification de tout le diocèse, et particu-lièrement (le notre Roi, qui l'a mise sous sa protectionet lui a accordé une pension. Comme cette dame souffrehabituellement des indispositions et des maladies, ona cru qu'il convenait de lui accorder quelques secourspour la consoler, d'autant qu'elle se trouvera honoréed'avoir part aux grâces et bienfaits de Sa Sainteté;ainsi on lui a destiné dix écus romains.

« Mademoiselle Graferiet, fille de condition, réfugiéedans le second monastère de la Visitation de cetteville, où elle vit fort exemplairement, à laquelle on aaccordé six écus romains. n

Et un peu plus loin

« Mademoiselle Giraud, fille sage et dont la probitéest reconnue d'un chacun, vivant du travail de sesmains (I); ou lui a accordé trois écus romains. n

Quatorze autres personnes ou familles reçoivent unsecours qui varie de deux à cinq écus.

Le document se termine par l'énumération des con-

(I) « Mil. Giraud était contre-pointière... » ( Confe&&ions, livre Iv.)

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—. 38 -vertis de catégorie moindre « qui sont dispersés clansle diocèse, s à savoir « dans le Genevois et Annecyqui en est la capitale n vingt-sept, parmi lesquelsfigure Claude Anet; « dans le Chablais et à Tho-non sa capitale, s cinquante; dans le bailliage deTernier, vingt-six; dans le bailliage de Gaillard, treize;clans le Faucigny, dix; enfin treize « qui n'ont pasencore une habitation fixe. n A chacune de ces 139peiotxnes, il est alloué un écu romain, et le totalépuise la somme sus-indiquée de 300 écus (1).

(1) 3.4. Rousseau Te ligure pas dans eco listes. il est vrai qu'il rési-dait alors à Chambéry, mais on a vu que des exception, avaient été faitespour M' de Warens et son valet