jacques mesrine - paris match scans

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Dela volturedont Mesrine avalt pris Ie

unesilhouette chercheII sortir et s'ecroule sur la

chaussee: Sylvie Jeapjacquot,la derniere compagne

du gangster.,

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-- Et chez vous, Monsieur Ie minis-

tre de l'Interieur. quoi de neuf cettesemaine?A chaque Conseil des ministres,

quand arrivait Ie tour de ChristianBonnet, c'etait Ie merne scenario.U ne sorte de « tradition », commeon dit au theatre. Giscard commen-cait par poser sa question, du memeton bienveillant et lcgercment dis-trait qu'i! employait avec tous lesautres. Puis, avec un petit sourireglace au coin des levres :- A part l'affaire Mesrine, bien

sur, dont je sais que vous ne me par-lerez pas ...Dure epreuve pour Ie pauvre Chris-tian Bonnet, et bien genante POUI

les chers collegues, soudainementabsorbes dans la contemplation deleur stylo ou la verification de leurnoeud de cravate. Mais trop, c'etait

trop. Ce Mesrine, cette espece deFregoli du browning, ce type dont Ievisage est affiche dans toutes lessons-prefectures de France sous dixdeguisernents differents. qui s'estechappe quatre fois des prisons lesplus dures et qui donne des inter-views aux journaux, non, la Repu-blique, merne liberale et merne

avancee , ne peut plus supportercela. En un mot, bien giscardien,cela est devenu « intolerable ».

Debut aout, Giscard est en vacances

a Bregancon. Comme chaque foisqu'il descend se reposer dans IeMidi, Ie President profite de l'occa-sion pour reunir autour de lui leselus U.d.f. de la region en vue d'une

petite « prise de pouls », qui s'effec-tue gcneralernent sous anesthesiegastronomique. Cette annee, leschoses auront lieu a « 1'0asis », Iecelebre Trois Etoiles de La Na-poule. Avec Michel Poniatowski,

descendu en voisin de sa bastide deHaute-Provence, ont ete convies

Arthur Pecht, depute du Var, Fran-cois Leotard, dcpute-rnaire de Fre-jus, Louise Moreau, maire de Man-

delieu. Entre Ie loup en croute mai-son et la selle d'agneau au beurre detruffes, ce tour de table a batonsrompus - et generalement, sur desteres en vue - arnene l'affaire Mes-

rine sur Ie tapis.-- Un phenornene qui m'inquietede plus en plus, confie Ie President.Et , se tournant vers « Ponia » (quifut ministre de l'Interieur sous Chi-rac et Barre):

- J'aurais cru notre police plus ef-ficace... •L'explication, « Ponia » la connait

bien: un problerne que lui-memo.avec sa poigne de fer gantec de peaude chat, n'a jamais pu resoudre. IIl'explique. Aux trousses de Mes-rine, il y a, comme on dit, « t outesles polices de France»? Eh ! bien,oui, justement : toutes « les »polices- et pas « la » Police. Le Quai desOrfevres, avec ses deux branchesanti-gang, la B.r.i. (Brigade de re-cherches et d'intervention) et laB.r.b. (Brigade de repression dubanditisme), qui maintient Ie vieilesprit maison de la « Prefecture »

parisienne : la Rue des Saussaies, sarivale traditionnelle, avec Iejeune etbouillant O.c.r.b. (Office central de

repression du banditisrne), d'obe-dience rninisterielle et de compe-tence nationale : les dix-sept S.r.p.j .(Services regionaux de police judi-

I l y a v a i t

u n u l t im a t u m d e

l ' E l y s e e

pas up qu'on leur envoie des« renforts » de Paris ou du chef-lieu: la gendarmerie, qui depend,elle, du ministere des Arrnees, et lesjuges d'instruction, qui agissent enmaitres sur Ie territoire de leur Par-quet, qui n'aiment pas qu'on viennemettre Ie nez dans leurs dossiers. EtI'affaire Mesrine n'a fait qu'aviverles rivalites et envenimer les inci-dents de frontieres. Mesrine, c'est Iegros lot, Ie tierce : moins on sera

nombreux a l'avoir, plus ca paiera.

Mesrine, incarnation du Mal, estsurtout devenu Ie symbole du « Malfrancais », cette chere vieille leprc,faite a la fois d'anarchisrne et de ju-ridisme, qui bloque les articulationsdu corps social depuis des temps im-memoriaux. Mesrine, un fameuxappendice au dernier bouquin dePeyrefitte , Ie ministre (R.p.r.) de laJustice, qui compte les coups depuis

son ba1con de la place Vendorne ...« Basta », comme on dit dans IeMidi. Le soir merne, on appelleChristian Bonnet au telephone, La

communication se resume en deuxmots: desormais, ce sera Mesrineou lui.

Monsieur Bouvier. Elle est devenueune affaire politique. Nous devonsdone prendre une decision politi-que. Alors. je vous ecoute.Bouvier ne bronche pas. Parcequ'au fond de lui, il jubile. Parceque ce la ngage-la, il y a quaranteans qu'il l'attendait.

- C'est bien simple, dit-il. II fautune unite entre les services. II fautl'etablir par une discipline de fer. Etil faut un homme qui coiffe tout. Jevous propose d'etre cet hornme-la.

Mais a une condition: c'est que toutIe monde - et je dis bien: tout Iemonde - soit sous mon autorite. Y

compris la gendarmerie.Une semaine plus tard, Ie 10 aout,reunion dans Ie bureau de Ray-mond Barre. Tout Ie monde est la,tous les « patrons». II n'y aura pasde mots inutiles : on s'est compris.Vingt minutes plus tard , Mavrice

Bouvier rallume sa pipe fro ide sur Ieperron de Matignon. Une unite spe-ciale anti-Mesrine a ete constituee :80 hornmes, appartenant a tous lesservices, et qui vont travailler ensymbiose totale - une « taskforce», comme disent les Arneri-

cains. Mais l'Amerique, ca n'epatepas Bouvier. Super-Bouvier, quivient de recevoir du Premier minis-tre en personne la plus belle promo-

Le ministre de l'Interieur s'appretait tion de sa vie: redevenir, a 59 ans, Iea partir en vacances, dans son fief « Commissaire Bouvier».breton de Carnac. II annule tout. Et Et la-dessus - Ie 10 septernbre, unil convoque Maurice Bouvier, Ie Di- mois plus tard exactement - eclaterecteur central de la Police judi- I'affaire Tillier. Concernant unciaire. Bouvier, l'hornrne de toutes journaliste , elle va forcernent porterles grandes affaires de cette apres- Ie n om de Mesrine a son zenith. Ah,guerre. Ie tombeur de Jo Attia, Ie les media, avec leurs interviews,vainqueur de 1'0.a.s. et des tueurs leurs cornmentaires, leurs titres ! Adu Petit-Clamart, et toujours Ie en croire ce qui se dit dans les pa-« premier flic de France». Et Ie rages gouvernementaux , un extra-voila, Bouvier, inamovible et impa- terrestre debarquant de son Ovnivide, avec sa politesse raide, sa pipe aurait tout lieu de considerer Mes-acre et toujours ce terrible coup rine comme une pure creation desd'ceil, dont l'acuite n'a pas ete enta- journaux, un produit de synthese dernee par Ie moellcux fauteuil direc- la malveillance plumitive des Fran-

U n e u n ite s p ec ia le

ant i -Mesr ine

« Minute», abattu parcomme on n'abat pas unmais manque - que com

de sonner Ie glas de l'EnnemN° I. Sur son lit d'hopitaldeux balles dans l'epauledans la rnachoire, Tillierner un signalement assezses deux tortionnaires.Mesrine n'est qu'unc variala collection du perpetuelMais celui de son complicecoup plus instruct if :35 ans, une petite moustach

l'accent marseillais et l'harouler lui-rnerne ses cigare

L 'in la s sa b le t ra q

des po li cie r sII interesse prodigieusementliciers. Et particulierernentd'entre eux. Deux hommeconnus que les commissairesard, l'as aux 143 arrestaflagrant delit, avec sonQuerry, l'atlete diplorne dancienne, ou Devos, patrB.r.b., les vieux cow-boysgang parisienne. Maihommes qui vontjouer un

tal a partir de main tenantAirne-Blanc, qui dirige 1'0c'est-a-dire l'anti-gang natCharles Pellegrini, qui en

ponsable ope rationnel. Denations typiques du flicvague, aux antipodes de l

sette a clous»: sans cessrue, mele a tout, et capable

tous les roles de compositiune imperturbable vraisedu loubard de banlieue aude bar arnericain. Deuxdeja exceptionnelles: poumier, l'elirnination de la

connection » rnarseillaise,second, Ie nettoyage du

tisme Iyonnais apres l'affaneau. Entre autres. Et pourpossible d'imaginer deux cplus opposes: Airne-Blancbavard, soupe au lait, toflexes, l 'enfant de Marseillela Belle de Mai, qui futd'orchestre et disquaire denuit avant de passer sa l

droit: et Pellegrini, Ie filsfamille corse, ancien ofcommandos, long et pale,fines lunettes d'acier sur u

de serninariste en rupture dgie. L'« instinctif » et Ienel » : un duo qui va faireCar si Ie portrait donne p

parait aussi interessant acomperes, c'est qu'il estportrait moral. Le comMesrine a tenu, lui aussi,cours au reporter de « Milui a dit sa haine des Q.h.smeux « quartiers de hautelance» des prisons, dontDon Quichotte voudrait

_.moulins : il a utilise, pourcliches d'une ideologic qetre largement repandue« caves », l'est beaucoup mIe « milieu» : et il l'a traiteciste », ce qui est rarementjure chez les « hommes ».

Done, la recherche commenbord , a partir du signalemenque. Sur une centaine debles» qui figurent au fichpolice, plus des trois-quarts

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(Services regionaux de police judi- torial au fond duquel l'attend la re- cais ... Et pourtant, c'est bien avec police, plus des trois-quarts

trousses desquelles la « task-force »

Bouvier va se lancer, a raison d'une

equipe de trois hommes par piste.

Reste, finalement, un homme sur

qui tout Ie travail va se concentrer:

Charles Bauer, dit « Charly », un

truand marseillais condarnne a

20 ans de reclusion pour vols quali-

fies, en cava Ie depuis une permis-

sion pour « bonne conduite ». Or,

precise Ie rapport du psychiatre qui

l'a examine en prison, cet homme-

detail decisif - possede « une cer-

taine culture politique », Surpre-

nant, chez un bandit aussi che-.

vronne. Mais la chose - et elle in-

quiete de plus en plus les pouvoirs

publics - n'est pas rare aujour-

d'hui. Comme les Brigades Rouges

l'on fait en Ita lie depuis longtemps

deja, les milieux du gauchisme act i-

viste recrutent de plus en plus chez

les detenus de droit commun. Pour

Fact ion, Ie truand est i rrernplaca-

ble: il a du sang-froid, il connait les

armes et _- a la difference de l'intel-

lcctuel, qui a toujours besoin de

s'expliqucr - lui sait se taire quand

il est pris. Mais qui done a pu en-

doctriner Bauer ') On cherche. Et

ron s'apercoit que, lors de son se-

jour a la prison de Caen, Ie bandit

recevait rcguliercment la visite

d'une femme, Renee Gindrat, pro-

fesseur de lett res dans un C.e.s. des

environs. Or, Renee Gindrat a dis-

paru de son domicile. Mais on sait

qu'elle possedait une automobile.

Et done, qu'elle doit etre assuree.

Ou ? Puisqu'elle est professeur, pro-

bablement a la M.a.i.f., qui est la

mutuelle des enseignants. On"

consulte les fichiers de la M.a.i.f..

lis donnent Ie t ype de la voiture, une

R 14, et son nurnero d'immatricula-

tion, ainsi qu'une adresse, a Paris,

dans Ie secteur de la Place Clichy.

On y court. Mais il s'agit d'urre

adresse « bidon » : une simple bolte

aux lett res. On donne alors le-nu-

rnero de la voiture au fichier -des

contraventions. Et l'on apprend

qu'elle a fait l'objet de plusieurs pro-

ces-verbaux recents pour des infrac-

tions qui, toutes, ont ete relevees

dans Ie voisinage de la place Clichy.

On passe Ie secteur au peigne fin

pendant plusieurs jours. Et finale-

rnent , on decouvre une R 14 corres-

pondant au nurnero indique , garee

au bord d'un trottoir. On la prend

en filature. Et l'on aboutit a une

adresse, celie de la maison ou sa

cond uctrice est entree: 10 I, rue

Saint-Lazare. Une « planque . est

insta llee devant la-xnaison. Et un

jour - mercredi dernier - on en

voit sortir Renee Gindrat, accorn-

pagnee d'un homme: c'est Bauer.

Le couple est pris en filature, Et la

filature aboutit au 37 de la rue Bel-

liard, pres de la Porte de Clignan-

court" ,un gros immeuble de dix

etages, . style lapiniere amelioree,

U ne demi-heure plus tard, quatre

persO'nnes en sortent: Bauer et Re-

nee Gindrat, sui vis d'un autre cou-

ple, Un grand type brun, accompa-

gne d'une femme blonde. Les poli-

ciers sursautent: ce grand brun,

avec ses joues lourdes et son regard

pen;:ant, c 'est « lui», c'est Mesrine.

Et s'il y avait un doute, la femme qui

est avec lui suffirait a l'ecarter. Mal-

gre sa perruque blonde: c'est la der-

niere compagne du tueur, celie

rine, « mais c'est bien sur! », comme

aurait dit Ie policier des « Cinq der-

nieres minutes». M esrine , qui a

passe toute son enfance dans Ie

quarrier. qui en connait tous les de-

tours, toutes les rues, toutes les is-

sues. Qui'a.failli de peu s'y faire pin-

cer apres Ie rapt Lelievre. Qui ya

pris en charge Ie reporter de « M i-

nute » avant de l'ernmener au sup-

plice dans la Ioret d'Halatte. Et qui

est revenu s'y terrer. comme on rc-tourne. au sein maternel.

Commence alors une extraordi-

naire promenade. C'est pour faire

leurs courses que Mesrine, Bauer, et

les deux femmes sont sortis. lIs tra-

versent Ie rnarche de la place, s'at-

tardant un peu devant les eta lages.s'engagent dans Ie boulevard Bar-

bes, entrent dans Ie magasin des

meubles Reset, chez Ie depositaire

des laines Phildar, s'arretent dans

une epiccrie. chez un boulanger.

\~uis les deux couples se separent. Et

tandis que Bauer et sa compagne

rentrent rue Belliard avec les provi-

sions, Mesrine continue sa flaneric

avec Sylvie. Les commissa ires

Broussard et Pellegrini sont der-

riereeux. En blue-jeans et blouson

fripe , fondus dans la foule, l'air de

rien et Ie coeur a 10.000 volts. A

quelques metres seulement du

tueur Mais impossible d'approcherplus: Sylvie Ie couvre. marchant

tantot devant lui, tantot derriere,

selon la vieille technique du « ti-

roir». Prete a lui faire signe au

moindre geste suspect d'un passant.

Et sans doute, a plus que cela : elle

porte a l'epaule un sac noir, ouvert.

Au fond duquel il y a probablement

les deux grenades dont Mesrine

parlait dans ses lett res aux jour-

naux. Quant a Mesrine, engorrce

dans ses veternents, il porte visible-

rnent un gilet pare-balles. Et sa

main droite ne quitte pas la poche

de S'On paletot.

D ibu te a lo rs un e

in te rm i n ab le a tt en tebaks son sillage, ,les.:'de'ux nics

conferent a voix basse, du coin des

levres : « sauter » Ie tueur comme ca.

au milieu de cette foulet'c'est pren-

drevle risque d'un carnage. On he-

site. Mais quelques minutes plus

tarduvoila Mesrine quitornbe en ar-

re t Idevant -u ne v itrin e= de chaus-

sures. II -entre dans Ie magasin, hele

une vendeuse, et commence a se de-

chausser. Oh !<;L'occasion en or, Ie

reve. U!'Ie Iourgonrrette de la police,

qui suivait de loin, vient se ranger

devanr te trottoir : Broussardet Pel-

legri'ni ~e glissent a l'interieur. Par

une fente amenagee dans la carros-

serie, ils' observent Mesrine, pieds

nus: qui palpe les cuirs, essaie les

modeles. Les deux commissaires

enfilent un gilet pare-balles, veri-

fient I'armement de leur pistolet.

Prets. Et puis, au demier moment,

ils se mettent a reflechir. II faudra

sauter de la camionnette, faire cla-

quer la porte a glissiere. Si Mesrine

est alerte, il risque de sortir ses gre-

nades et de prendre les vendeuses en

otage. Finalement, les policiers re-

mettent Ie pistolet a l'etui. Encoreune fois, ils ont decide de differer.

Mesrine et Sylvie sortent. Mais ce

sera leur demier achat. lis rega-

sont rent res chez eu x , rue Saint-I.a-

za rc.

Dcbure alors une interminable at-.

tentc. De toute la journec du lende-

main, ct de toute la nuit qui va sui-

vrc, personne ne bouge. Autour de

la rue Belliard et dans tout Ie quar-tier Clignancourt, 40 policiers sont

en place, relies entre eux par talkie-

walkie, et par voiture-radio avec leP.c. de Maurice Bouvier au minis-

tere. Tous deguises en personnages

pour « scenes de la rue», qui en Iac-reur. qui en platrier-peintre, qui en

dcmcnageur. Et aussi des femmes,

une dizaine, qui seront de la traquejusqu'au . bout, en dactylo t rott i-

nante ' ( 1 ) ; 1 I l e'l'l' concierge a chignon, en

pr osrituce ou en portcuse de pain.

Tout le monde avec Ie « sonotone »

it l 'orcillc et Ie « calibre» a portec. a

la ceiruure ou dans Ie sac a main.

Vend red i, quand Ie jour se leve, c'est

la dcux ierne nuit de « planque » qui

finit. On commence a desespercr.

Mcsrine. n'est toujours pas reap-

pa ru. Et ron arrive a se demander

s'i! 'nc s'est pas enfui par quelquesortie derobcc. Le petit jour et I'in-

sornnie aidant , Ie decor prend des

contours fantasmagoriques. Pour-

ta nt , Ie 3S de la rue Belliard. ee gros

irnmcuble carre, bien bete et bien

honnctc. cc n'est quand merne pas la

scene du Chatelet IPeu a peu. lesrues s'a niment , Ie flot des voi tures

enflc son bourdonnement. Et midi

arrive, avec sa cohue. Toujours

ricn. l.es faux gazie rs et les fausses

dactylos ont la paupiere lourde, labouche arnere. Et Ie 9 rnillirnetres

pese lourd au fond des poches.

Soudain, la fatigue s'envole , sou-

da in, il n'v a plus que ce gresillernent

dans les ecouteurs et ce battement

du sang aux tempes: soudain _. il

est IS h IS Mesrine est sorti. D'a-

bord , on a vu appara itre Sylvie,

avec sa perruque blonde, une valise

a Ia main, escortec d'un petit chien

blanc. Tres « dame qui part en

week-end». Elle marehe jusq u'a un

garage voisin , rue du Mont-Cenis,

Et trois minutes plus tard , elle en

sort au volant d'une B.m. w., une

S2g beige metallise, flambant neuf.

Un souvenir, aussitot remonte a la

rncmoire du commissaire Airne-

Blanc. U ne precision don nee par le

reporter de « Minute»: dans la fo-

ret d'Halaue, quand les deux tueurs

sont rcrnontes dans leur R S apres

l'avoir laisse pour mort, Jacques

Tillier a entcndu Bauer dire a Mes-

rine en prenant Ie volant: « Tu res

trompe de cles, tu rn'as passe celles

de la B.m.w.» Done, aucun doute:

il s'agit bien de la voiture de Mes-

r'ine, qu'on n'avait jamais pu ,voir

encore. Et de fait, la voiture s'arrete

devant Ie 3S , rue Belliard. Mesrine

s'y engouffre, boucle sa ceintutc'et

demarre. Pour les policicrs," pas

question de lui laisser prendre"du

champ, gagner l'autoroute. pe'riphe-

rique, qui passe a trois certt.s'met'res

de la: avec son bolide;sur'l~aut(l'-

route et a cette heure-ci;,iJ lachera

tout Ie monde.

A present, tout dolt finir vite.

Comme dans les bonnes corridas. II

est IS heures 20 lorsque la B.m.w.

arrivea

la porte de Clignancourt.Tapies dans les rues adjacentes, les

voitures de la police s'elaneent:

conduites interieures, fourgon-

hlcu , avec unc riddle d'acier

ricre. ct une bache par-dessus

riere la bache, quatre homm

quatre mcilleurs-tireurs d

gang. Trois sont anmes de c

automatiques Ruger 5,56, I

des armes de<l"O.t.a.n., a

chargeurs de JO'coups rem

cartouches it balles perforante

noycux d'acicrHurci, chem

plornb mou: Lcquatriernc

l Iv.i, la rnitraillette a tir ra

l 'arrncc isractiennc.

l.es routicrssont sympa.

qui ccoutcbeaucoup la rad

lc savoir. Au mnment ou sa

arrive au earrefour de la plac

mion de prirrieurs. qui ctait

lui, monrc.asa hauteur. A

tiere, le chauffeur lui fait si

veut Ie doubler pour tourner

rinc, sagomerit harnachc, tre

veau conducteur», laisse fai

salut. l.e.camion passe. Et

freine pile.vf'andis qu'au rne

ment; hlirc:'fourgonnette p

voiture.vcn ccha rpe sur le

bloqucsaport icrc. Lc con

un poticier, dira : « J'a i vu

sulfoquc. ' lcs yeux qui lui s

de la rctc.» Cc que Mesr inc

c'cst c e 1qu;i1y a devant lui:

du carnron qui s'cst ecartecquatrcihommes qui ont s

dcssusde la ridcllc, armes bl.e temp); de compter jusqu'

r Sy lY ie s 'e n f u it

crampo:n~ie a s o nC'csi'le dehii que les polic

taicnt fixe, pour Ie cas .,. o

jama is, et puis, il fallait

rncme un semblant de som

. ( JOU Mesrine aurait leve

Mals les bras, Mesrine les

versle sac de grenades qui

pieds '/ Ou bien est-ce sirnp

oornme on dit , que « les bra

rornbent » 'I l.c feu a dure u

riort de seconde: ving

ba'lIes, qui ont frappe com

bo:tlp de boutoir. Plus une

cote, que Ie conducteur de

gonnctte lui envoie calmemen

I'ore illc, quand tout est fini,

dans les pelotons d'execution

Par l'autre portiere, Sylvie

Iuie, la perruque en bataille,

ponnee a son caniche qui

Elle est blessce : u ne balle lu

Ie front, deux autres Ie br

hurle: « .I'ai mal, bande de

pourquoi vous avez tire

chien 'I». Elle s'en tirera

chien. A l'autre bout du

rue Saini-Lazare. Bauer va

cueillir a son tour. C'est

magasin de radio qu'il appre

nouvelle. Alors, il rentrera

Betement; il dira aux nic

mort du Grand» <;:a m'a c

gamberge. »

Place de Clignancourt,

IS h 2S . Comme partout.

rine est toujours la, effondre

volant. Avec son sang qui

qui s'ecrase en grosses gouttes

sur Ie goudron. II parait q

attend les artificiers, qu'«

doute une ruse a retardement

grenade piegee a moins q

attende les photographes, q

vraient plus tarder ... Car

cinq minutes, « on» est b

mieux avec les journaux.

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