iploma avril 2014

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  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

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    Afrique CFA:2 400 F CFA,Algrie:200 DA,Allemagne:5,50 , Antilles-Guyane:5,50 , Autriche:5,50 , Belgique:5,40 ,Canada:7,50 $C,

    Espagne:5,50 , Etats-Unis: 7,50 $US, Grande-Bretagne:4,50 , Grce: 5,50 , Hongrie: 1835 HUF, Irlande: 5,50 , Italie: 5,50 , Luxem-

    bourg:5,40 ,Maroc :30 DH, Pays-Bas :5,50 ,Portugal (cont.):5,50 ,Runion:5,50 ,Suisse:7,80 CHF,TOM:780 CFP,Tunisie :5,90 DT.

    perce ption globale ment ngative dg-nrant en caricature relve dune traditionbien ancre.

    Ellesappuie tantt surdes analysesquisoulignent la compulsion totalitaire etmensongrede la culture russe (2),tantt sur la continuit suppose entreJoseph Staline et M. Vladimir Poutine un thme pris des ditorialistes franaiset desthinktanks noconservateursamri-cains (3). Elle trouve son origine dans lesrcits des voyageurs europens de laRenaissance, quiopraientdj un rappro-chement entre les Russes barbares et

    les farouches Scythes de lAntiquit (4).Les vnements de Madan Kiev

    offrent un exemple des inconvnientsanalytiques quinduit cette dmonologie.Divise linguistiquementet culturellemententre Est et Ouest, lUkraine ne peutgarantir ses frontires actuelles quenmaintenant un quilibreternelentre Lvivet Donetsk, symboles respectifs de sonple europen et de son ple russe.

    (Lire la suite page 18.)

    (Lire la suite page 10.)

    (Lire la suite page 4.)

    ILS sont quatre, un peu lcart du dernier rond-point quimne par une petite route un poste de gardiennage. Ils nelchent pas des yeux la vingtaine de militants de la Confd-ration gnrale du travail (CGT) qui, par ce petit matin de janvier,frigorifis et les bras chargs de tracts, attendent lembauchedes centaines de travailleurs de limmense chantier voisin.

    Une premire camionnette approche. Des syndicalisteslarrtent, interrogent les ouvriers sur leur origine, tendent destracts en portugais. Malgr la barrire de la langue, un changesur leurs droits sengage travers la fentre entrouverte.

    Aussitt, les qua tre hommes sap prochent. Je vousdemandede circuler, lance le plus g, menaant. Vousnavezpas leurparler. Entrez sur le chantier. Les syndicalistes repoussentnergiquement le quarteron, qui se remet lcart.

    A chaque nouvelle cam ionnette arrte, les quatre individusnotent le numro dimmatriculation, prennent discrtement desphotos, chuchotent dans un Dictaphone. La scne se passe en2014, en France. A Loon-Plage, plus prcisment : un no mansland balay par un vent glacial, au bord de la mer du Nord.

    On dcouvrira que lhomme agressif nest autre que leresponsable du chantier du terminal mthanier dElectricit deFrance (EDF); les trois autres, ses sbires. Tous refusent de

    rpondre nos questions.L, on estsur un rond-pointpublic,glisse M. Marcel Croquefer, dlgu CGT de Polimeri Europa

    France. Vous imaginez ce qui se passe lintrieur du site?

    Effectivement, il vaut mieux avoir de limagination poursavoir ce qui se passe sur le deuxime plus grand chantier deFrance derrire celui du racteur pressuris europen (EPR)de Flamanville. Le dossier de presse produit par le matreduvre, Dunkerque LNG (filiale dEDF), dat du 19 fvrier 2014,annonce mille trois cent trente-sept salaris : 95 % dEuropens,dont un tiers originaires du Nord-Pas-de-Calais.Mais si lessyndicalistes se sont dplacs avec leurs tracts en languestrangres, cest quils savent quici les travailleurs viennentmajoritairement dItalie, du Portugal et de Roumanie.

    5,40 - Mensuel - 28 pages N 721 - 61e anne. Avril 2014

    D L I R E P A R T I S A N D A N S L E S M D I A S A M R I C A I N S p a g e 1 2

    LINTERNATIONALEDU SOUS-TITRAGEAM ATE UR

    PAR MLANIE BOURDAAET MONA CHOLLET

    Page 27.

    S O M M A I R E C O M P L E T E N P A G E 2 8

    Avec lannexion de la Crime au territoire russe, entrinele 18 mars par M. Vladimir Poutine, et les sanctions dcrtes lencontre du Kremlin, la crise ukrainienne a pris les dimen-

    sions dun sisme gopolitique. Comprendre ce conflit impliquedintgrer les points de vue concurrents de tous les acteurs.

    Mais, dans les chancelleries occidentales, les proclamationsmorales supplantent souvent lanalyse.

    LES BONS, LA BRUTE ET LACRIME

    Lobsessionantirusse

    PAR OLIVIER ZAJEC *

    * Charg de recherche lInstitut de stratgiecompare (ISC), Paris.

    DES CHOIX FONDAMENTAUX TROP LONGTEMPS DIFFRS

    Quel cap pour la Tunisie ?

    PAR SERGE HALIMI

    PUISQUE lesrvoltes arabes nont connude dveloppements heureux ni en Egypte,ni en Syrie, ni en Libye, la Tunisie estdevenue dans la rgion le refuge de ceuxquicherchent une raisondesprer.Aucunedesaspirations sociales loriginedu soul-vement de dcembre 2010 ny a t satis-faite. Mais, aprs une interminable crisepolitique, le pays, qui a frl le pire aveclassassinat de deux dputs de gauchelannedernire(1),vientde sedoterdunenouvelle Constitution,approuve par deuxcents dputs sur deux cent seize, et dungouvernement dunion nationale composde technocrates. Lestensions ontbaissduncran, un tat de grce sest install.

    CES derniressemaines, le traitementmdiatique des vnements en Ukraine ena apport laconfirmation : pour unepartiede la diplomatie occidentale, les crises netrahissent plus une asymtrie entre lesintrts et les perceptions dacteurs dousde raison,mais constituentautant daffron-tements ultimes entre le Bien et le Mal ose joue le sens de lhistoire.

    La Russie se prte merveille cettescnarisation, qui a le mrite de lasimplicit. Pour nombre de commenta-teurs, cet Etat barbare gouvern par lesCosaques a la semblance dun ailleurs

    semi-mongol tenu par les pigones duKGB, quiourdissentde sombrescomplotsau service de tsars nvrotiques barbotantdansles eauxglacesdu calcul goste(1).Reclus, coups de leur poque, cesautocrates dplacent lentement des pionssurde grands chiquiersdivoireau lieu delireThe Economist. De temps en temps,ils coulent un sous-marin nuclaire pourle plaisir de polluer la mer de Barents, enattendant de susciterun rfrendum illgaldans leur trangerproche afinde recons-tituer lURSS.

    Sion rassemble leslieux communs parussur ce thme dans la presse occidentale pas seulement depuis le dbut de la criseukrainienne, mais depuis quinze ans , cechromo folklorique est peu prs ce quele lecteurordinaireretiendra de la politiquede lactuelle Fdration de Russie. Cette

    Changement de personnel : du 22 au25 mai 2014, les Europens liront leursdputs, un scrutin qui influera sur le choixdu prochain prsident de la Commission.

    Mais lUnion abandonnera-t-elle pour autantune feuille de route politique qui, pourlheure, se caractrise par lorganisation dudumping social ?

    PAR G ILLES BALBASTRE *

    DOSSIER: LA MACHINE BRUXELLOISE SEMBALLE

    Travail dtach,travailleurs enchans

    * Journaliste.

    GALERAMARLBOROUGH,

    MADRID

    JUAN GENOVS. Escalada (Echelle), 2012

    (1) Bernard-Henri Lvy, Lhonneur des Ukrai-niens,Le Point,Paris, 27 fvrier 2014.

    (2)AlainBesanon, Sainte Russie, Editionsde Fallois,Paris, 2014.

    (3) Steven P. Bucci, Nile Gardiner et Luke Coffey,Russia, the West, and Ukraine : Time for a strategy not hope , Issue Brief, n o 4159, The HeritageFoundation, Washington, DC, 4 mars 2014.

    (4) Cf. Stphane Mund, Orbis Russiarum,Droz,Genve, 2003.

    Ladoption, le 26 janvier dernier, dune nouvelle Constitution a provoquune dtente politique enTunisie.Les questions relatives au statut des femmes,au rle du sacr, la libert de conscience tant tranches par ce texte, les

    grands arbitrages conomiques auraient pu dominer la vie publique. Mais,sur ces sujets-l, les principaux partis peinent dfinir leur stratgie.

    Lesadversaires des islamistes dEnnahdacraignaient quils ne sincrustent danslappareil dEtat, jetant ainsi les basesdunenouvelle dictature.En dfinitive, ilsont quitt le pouvoir aussi pacifiquementquils lavaient obtenu, poliment invits dgager par le Fonds montaire inter-national (FMI), lAlgrie, les paysoccidentaux (dont la France), la grandecentrale syndicale, le patronat, la gauchervolutionnaire, le centre droit, la Liguedes droits de lhomme...

    Sans doute ont-ils cd la pressionaprs avoir compris que leur bilan taitpeu prometteuret le rapportde forcesinter-

    national dfavorable lislam politique,aaibli en Turquie et vinc manu militaride la prsidencegyptienne.De nouvelleslections doivent intervenir en Tunisieavantla finde lanne 2014 (article148de la Constitution). La rvolution nestplus lordre du jour. Mais le pays peutse remettre croire quil parviendra construireson petitbonheurdans un mondearabe o cette denre est trs recherche.

    (1) Lire Islamistes au pied du mur, Le Mondediplomatique,mars 2013.

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    AVRIL 2014LEMONDE diplomatique 2

    CoducationMme Jeanne Dion, du Groupe fran-

    ais dducation nouvelle dIle-de-France, ragit larticle Lim ites dela coducation(Le Monde diploma-tique,mars 2014):

    Que nous le voulions ou non, les parentssont, avec les enseignants, les coducateursobjectifs et premiers des enfants. () Il nesest jamais agi de dlguer aux familles laresponsabilit de suppler aux manques delinstitution: cest tout le contraire que nousavons vcu avec des familles, lesquelles ontassum la dfense de lcole en connais-sance de cause, car associes aux contenuset pratiques mis en uvre dans ltablisse-ment. Ainsi, certains responsables hirar-chiquesont manifest leurtonnement quant largumentation circonstancie et claireque les familles leur ont oppose lors dedmarches exigeant les moyens indispensa-

    bles au bon fonctionn ement dune coledont ils partageaient et comprenaient le pro-

    jet de faire russir tous les enfants.

    EspagneLa carte du poids lectoral

    des droites extrmes en Europe(mars 2014) suscite la raction deM. Jos Kovensky :

    PourlEspagne,seul le pourcentage infimede voix dun parti nationaliste catalan a tretenu. Or le Parti populaire (PP) espagnolnest pas seulement de droite: ce particontient lextrme droite fasciste et ultra-catholique. On le voit trs bien dans le casdes modificationsproposesau droit lavor-tement. Les voix de lextrme droite espa-gnole sont chercher galement dans une

    partie non ngligeable des voix PP. Un peucomme si en France on avait un parti Union

    pour un mouvement populaire(UMP) -Frontnational (FN). Je ne connais pas la situationdans les autres pays, mais, au vu de la carte,on pourrait sous-estimer limportance desides ultranationalistes en Espagne.

    Financement participatifM. Jrmie Fabreestime que larticle

    Tous producteurs (mars 2014) auraitpu intgrer une dimension suppl-mentaire:

    Comment revenir sur ce quest le finan-cement participatif (oucrowdfunding) sansvoquer une seule fois le cas du jeuvido?()Il aurait t intressant de met-tre en lumire le lien quon peut tablir entrefinancement participatif et actionnariat, le

    premier rassemblant nombre des avantagessans les inconvnients du second. En eet, siles investisseurs participatifs misent sur uneide, ils ne visent pas un seuil de rentabilitet nont aucun moyen de pression sur lacrativit des dveloppeurs (contrairementaux grandes majors du jeu vido, soumises leurs actionnaires).

    14 EUROS PAR MOIS

    Grandes bnficiaires des abenomics la nouvelle politique conomiquedu premier ministre japonaisAbeShinzo , les multinationalesexportatrices ont, parat-il, rpondu lappel du gouvernement(International

    New York Times,12 mars).

    Toyota a dclar quil augmenteraitle salaire de base mensuel moyen destravailleurs syndiqus[en contrat dureindtermine]de 2700 yens [19 euros],soit une hausse de 0,8%. Une premiredepuis 2008 chez le constructeur.Le fabricant dlectronique Panasonic a,lui, propos une haussede 2000 yens[14 euros].

    RECONNAISSANCE

    En octobre 2013, le patron de la socitAmazon, M. Je Bezos, rachetaitle clbre quotidienThe WashingtonPost. Quelques mois auparavant, il staitillustr par sa conception singulirede linformation(Extra !,mars).

    Sur lordre de son propritaire,Amazon a cess dhberger WikiLeaks

    quelques heures aprs y avoir t invitpar le prsident du comit snatorialpour la scurit intrieure Joe Lieberman(...). Amazon venait dobtenir un contrat

    pour hberger des donnes pour la CIA[Central Intelligence Agency] valoris environ deux fois ce que Bezos a pay

    pour acheter leWashington Post.Autrement dit: un mois aprsque le comit ditorial du quotidieneut somm[Edward]Snowden de cesserde diuser des documents concernantlespionnage amricain (y comprisauWashington Post), le journal annonaitson rachat par un homme que cetespionnage avait enrichi.

    NOSTALGIE

    A la faveur de la crise ukrainienne,les nostalgiques des bataillons cosaques

    (suppltifs de larme tsariste) rventde retrouver leur vocation de protecteursdes frontires de lEmpire russe(Nezavissimaa Gazeta,2 mars).

    Selon Nikola Kozitsyn, chefde lorganisation la Grande Garde du Don,(...)environ quatre cents Cosaquesont dfendu le monastre de Sviatohirsk

    (Donetsk).(...)Les Cosaques avaientpour seules armes des matraques et desfourches.Nous soutenonsles Berkout[police antimeuteukrainienne],qui ont fait leur devoir(...),et nous avons form un corridor deCosaques de part et dautre de la frontirede la rgion de Rostov et de lUkraine.

    ENFANCE

    Plus de 8 % des enfants latino-amricains travaillent, et bon nombreexercent des activits dangereuses,dans des zones insalubres. Pourtant,leur situation leur interdit parfoisde souhaiter une autre vie(El Pas,27 fvrier).

    Les enfants boliviens ont surprisle monde en demandant le blocagedune loi visant leur interdire

    de travailler.Aprs que leursmanifestations eurent t violemmentrprimes par les forces de scuritdans les rues de La Paz, le prsident EvoMorales a accept de les rencontrer.Il sest prononc pour le retrait du codede lenfance et de ladolescence, une loilabore dans lobjectif de leur garantir

    le droit tudier et accder des servicesde sant et dducation, mais qui,dans sa version initiale, interdisaitde travailler aux mineurs de moinsde 14 ans.

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    NOUVELLE LIVRAISON DE MANIRE DE VOIR

    Tectonique des droites

    COMME le souligne Martine Bularddans lditorial, ce numro deManire de voir(1) lance avant tout

    un appel laudace sociale et politiqueafin de rpondre la monte des droitesextrmes, lesquelles ont en commun une

    conception ethniciste du peuple, une visionexcluante de la socit nourrie le plussouvent dune aversion antimusulmane .Reprenant des articles dj parus dansLe Monde diplo matiq ue ou indits, cerecueil se divise en quatre parties propo-sant autant dangles pour une analyse duphno mne extr mis te de droi te, sansconcessions ni la bien-pensance libraleni la vulgate antifasciste.

    Voici dabord la haine ordinaire, raciale,religieuse ou ethnique, marqueur desextrmesdroites traditionnelles. En filigranedun article consacr la progression en

    Norvge des ides qui ont conduit la tueriedUtya en 2011, ou dun autre consacr la monte dun identitarisme juif (quigomme jusqu lide dune identitisralienne plurielle), on dcouvre ce queDominique Vidal nomme lobsession deconstruire une nation pure. Ceux qui la

    portent peuvent tre antismit es, comme le

    montre CorinaVasilopoulouau sujet dAubedore en Grce; ils sont le plus souventhostiles la religion musulmane. Sur cesujet, on lira avec attention larticle queStefan Durand consacre dconstruire lefascisme vert, cet ennemi absolu tho-ris par les noconservateurs.

    Lextrme droite mute et parvient conqurir une nouvelle respectabilit. EnFlandre, en Italie et en Espagne, cest unedroite librale conservatrice dgage de la

    filiation fasciste qui recycle dsormais laconception ethnique de la nation, associe un programme conomique et social ultra-libral, mais arc-bout sur des valeursmorales. Ce cocktail idologique ne fonc-tionne pas uniquement en Europe: Chris-tophe Jaffrelot signe un article passionnantsur lhindutva,ce nationalisme hindouquon appellerait chez nous identitaire etqui pourrait prochainement gouverner

    nouveau lInde.

    En France, cest le Front national quiincarne le national-populisme, produit durenoncement de la gauche toute ruptureavec le libralisme, comme le soulignentChristian de Brie et Serge Halimi. Pour levaincre, encore faut-il se dgagerdes mythesqui obscurcissent encore son analyse, telcelui du gaucho-lepnisme, formesavante du prjug selon lequel, lesextrmes se rejoignant, le FN aurait rcu-

    pr, pour un systme de vases communi-cants, les anciens lecteurs communistes dela classe ouvrire. Cest ce travail danalysedu vote frontiste queffectuent SylvainCrpon et Jol Gombin en en mettant au

    jour les trois piliers : les dgts de la dsin-

    dustrialisation, la peur du dclassement etles frustrations face aux ingalits crois-santes quengendre la mondialisation.

    De la dernire partie, consacre auparavent culturel de ces droites extrmes,on retiendra surtout larticle de PhilippePons sur le renouveau du nationalisme rvi-sionniste japonais, et le texte fondamentaldeRichard Hofstadter sur le style para-noaque dans la politique amricaine,extrait dun matre-livre qui mit trente-huitans trouver une traduction franaise.

    Au terme de la lecture, une interrogationsurgit. On constate depuis les annes 1980lchec des ripostes fondes sur lhypothsedun retour de la peste brune. Si lex-trme droite progresse, cest surtout parceque la forme-capital, dans sa dominationabsolue, empche de penser hors du cadrelibral. Le drame est quavec Alain deBenoist la nouvelle droite, par exemple,

    fait ce constat de la marchandisation dumonde et que la gauche, dans sa majorit, yreste sourde.

    JEAN-YVESCAMUS.Chercheur associ lInstitut de relations

    internationales et stratgiques (IRIS),directeur de lObservatoire des radicalits politiques

    (Fondation Jean-Jaurs).

    (1) Nouveaux visages des extrmes droites,Manire de voir,no 134, avril-mai 2014, 100 pages,8,50 euros.

    C O U R R IOURR IE R D ES LR ES LEC T TE U R SURS

    RECTIFICATIFSLe crdit de la fresque de Diego Rivera illustrantlarticle Que viva Mexico ! (fvrier, pages 14et 15) revient The Bridgeman Art Library, et non la Scala de Florence, comme indiqu par erreur.

    Larticle Gopolitique du saut skis (fvrier,pages 8 et 9) voque un dirend territorial entrele Japon et la Russie portant sur lle Sakhaline.Le litige concerne en ralit les les Kouriles.

    Dans larticle Limites de la coducation (mars,page5), latelierthmatiqueorganis par le Groupefranais dducation nouvelle et dirig par des

    parents dlves tait dcrit comme une pratiquedes annes 1980; il a en ralit lieu actuellement.

    Larticle Un nouvel lan, mais pour quelleEurope? (mars, pages 16 et 17) prte au Parle-ment europen la facult dlire le prsident de laCommission. Cest formellement exact, mais leParlement vote pour un candidat dsign par leConseil europen (lire page 18 de cette dition).

    La carte de lextrme droite en Europe (mars,page 19) comportait une erreur de colorisation:avec un score cumul de 6,5%, lItalie aurait dfigurer en orange clair, comme la Sude, et non en

    brun, comme la France.

    Dans larticle Tous producteurs (mars,page 27), le saxophoniste Alban Darche est incor-rectement identifi comme trompettiste.

    LES RENCONTRESDU MONDE DIPLOMATIQUE

    A loccasion du 60e anniversairedu journal, les 16 et 17 mai 2014,

    un rendez-vous ne pas manquer luniversit Paris-VIII,

    amphi D001.

    Une confrence inaugurale, suiviedune journe dtudes, avec lquipedu journal et de nombreuxautrescolla-borateurs. En partenariat avec lins-

    titut dtudes europennes de luni-versit Paris-VIII et le conseil rgionaldIle-de-France.

    Programme, informationset inscriptions: www.amis.monde-

    diplomatique.fr/rencontres

  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

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    3 LEMONDE diplomatique AVRIL 2014

    LES TROPISMES DE LA POLITIQUE TRANGRE FRANAISE

    Plus atlantiste que moi...

    revenu dans le commandement militairede lOrganisationdu trait de lAtlantiquenord (OTAN), de lavoir abandonn enrase campagne dans sa croisade contre lergime syrien. Etonnant tte--queue:moins va-t-en-guerre que M. Hollande,M. Barack Obama qui vient par ailleursdannoncer laugmentation des salairesdes contractants de son administration

    ajoute un peu de verroterie au portrait duprsident socialiste en homme de droite.

    Encourag par un ministre des affairestrangres, M. Laurent Fabius,connupourson philoamricanisme, le chef de lEtatfranais termineluvre datlantisationdela diplomatie nationale entame sousFranoisMitterrand.Il imite, au nomde laFrance, lintransigeancesubtile des nocon-servateurs amricains, dclarant vouloirpunir les terroristes dunorddu Maliet militantpour loptionmilitairecontre lergime de Damas. Aprsavoir faitcapoterla premire tape des ngociations aveclIran (Genve II), Paris adopte face Moscou une position de guerre froide:soutien leuropanisation de lUkraine,reconnaissance du pouvoirissu de la rvoltede cet hiver, aide apporte celui-ci,abandon de laccord du 21 fvrier prvoyantun gouvernement dunit nationale et une

    nouvelle Constitution. Puisant dans undictionnairequi ne comporte apparemmentquune page, M. Fabius rpte qui veut

    bien lente ndre que la situati on estdifficileetquilfautse montrerferme.

    PAR ANNE-CCILE ROBERT

    En adoptant une ligne intransigeante vis--vis de la Syrie,

    de lIran ou de la Russie, la France achve une mue

    diplomatique entame sous la prsidence de Franois

    Mitterrand. Paris se met dsormais au diapason dune

    Union europenne qui est depuis sa cration tourne vers

    Washington, et abandonne lambition dincarner une voix

    originale sur la scne internationale.

    DISCRETS, les btiments de la dl-gation de lUnion europenne (DUE) Washington se fondent dans le dcor

    banal dun qu artier daff aires. A peine lafaade arbore-t-elle le drapeau bleumarial aux douze toiles (1) pour signalerau visiteur la plus ancienne reprsen-tation de la communaut europenne ltranger (1954). A quelques cen-

    taines de mtres plus au nord, en ce11 fvrier 2014 la capitale amricaine seprpa re avec faste la visite dEtat duprsidentFranois Hollande. Les couleursde la France flottent le long des rues aurythme dun tendard tous les cinquantemtres. Ce soir, la Maison Blanche metles petits plats dans les grands pour undner officiel de trois cents convives,qualifi de dispendieux par une presselocale un peu interloque.

    C e contraste ne surprend gureM. Franois Rivasseau, chef adjoint de laDUE, dont aucun reprsentant na tconvi aux festivits franco-amricaines.Les grandsEtats conservent videmmentleur politique bilatrale,admet-il. Voicidonc la France dans un rle jadis dvoluau Royaume-Uni, celui de premierlieutenantdes Etats-Unismettant goulmenten scne sa relation spciale avec

    Washington, alors que le signal ukrainiengrossit sur les cransradars des diplomates.

    De son ct, le prsident amricainsouhaite consoler son alli, frachement

    spectaculaires en Asi e et les difficult sque traverse lOccident, beaucoup dob-

    servateurs nont pa s peru la reconfigu-ration de lespace atlantique, crit laCommission.Le lienAmrique du Nord -

    Europe demeure le lien le plus fort q uiexiste entre deux continents(7).

    Tous les lments sont lis et conusen cohrence. Le commerce mondialralentirait si les Etats-Unis ne garantis-

    saien t pas la scur it des acteu rs ,confirme ainsi avec simplicit M. Volker.Mais une telle vision est-elle compatibleavec le renforcement de lidentit delEurope et[de]son indpendanceprvu

    par le prambule il est vrai sans valeurcontraignante du trait de Lisbonne? Aquelques dizaines de mtres de ladlgation de lUnion Washington, dansles bureaux cossus du German MarshallFundof theUnitedStates(GMF),un thinktank amricain cr avec des fondsallemands, M. Andrew Fishbein stonnede la question: Alors que saffirmelAsie,nos intrts sont les mmes. Nous avonsen outre des valeurs communes, commela dmocratie et la dfense des socitsciviles qui promeuvent les droits delhomme.

    Ces formules creuses qui reviennentdans la bouche de la plupart de nos inter-locuteurs jettent une lumire crue surlinexistence politique des Vingt-Huit.Pour Washington, le partenariat aveclEurope constitue lune des mchoiresde la tenaille qui, avec les accords nousdans le Pacifique, doit contenir la foisla Russie et la Chine. Pour les Europens,dont lunit repose en premier lieu sur la

    promotion de lconomie de march et dulibre-change, lobjectif stratgique parat

    plus nigmatique.

    destin analyser les volutions fonda-mentales du bassin atlantiqueen termesconomiques, scuritaires, institutionnelset environnementaux. Obnubils par lecontraste entre les taux de croissance

    Les Nations unies prises en otage

    (1)Concepteurdu drapeau,Arsne Heitza reconnustre inspir des douze toiles qui entourent lacouronne de laVierge Marie.

    (2) Groupe Marly, La voix de la France a disparudans le monde,Le Monde,22 fvrier 2011.

    (3) Francis Gutmann, Changer de politique. Uneautre politique trangre pour un monde diffrent?,Riveneuve Editions, Paris, 2011.

    (4) Francis Gutmann, Une France fcheusementpartisane,Observatoirede la dfenseet dela scurit,21 janvier 2014, www.espritcorsaire.com

    (5)LireLoriWallach, Letraittransatlantique,untyphon qui menace les Europens,Le Monde diplo-matique,novembre 2013.

    (6) Dclarationsofficielles depolitique trangredu19 fvrier2014,ministre desaffairestrangres,Paris, www.diplomatie.gouv.fr

    (7) Programme Atlantic Future, www.atlantic-future.eu

    (8) Dans ce jeu pratiqu par les enfants, les uns (lesVingt-Huit)doiventatteindre unpoint sanstre reprset demeurer immobilessi lejoueur dsign, quiregardeailleurs (la Russie), se retourne vers eux.

    Dansle vaste ventail de buts communs,parmi lesquels la paix, la dmocratie et lascurit, cestsurtout lessor de lconomiede march et du libre-change(lire notredossier pages 17 21) qui domine unerelation diplomatiquement dsquilibre:

    parte nariat conomiq ue transatl antique(1998), accord-cadre sur un nouveau parte-nariat conomique et cration du Conseil

    conomique transatlantique (2007).Laccord de par tenariat transatlantique(APT), en cours de ngociation (5), estle dernier rejeton libral du couple euro-amricain, dont la Commission encouragela lune de miel permanente. Lambas-sadeur de lUnion Washington, lePortugais Joo Vale de Almeida, nemnage pas ses efforts pour convaincreles lus du Congrs, qui en craignent leseffets sur lemploi dans leurs Etats, des

    bienfait s de lAPT. A Paris, le ministredlgu charg des affaires europennes,M. Thierry Repentin, banalise la positionfranaise: La France a toujours soutenule principe dun accord de libre-change.Ct gopolitique, il affirme : Dans la

    pers pecti ve du procha in somme t delOTAN, prvu en septembre 2014, nousveillerons renforcer le partenariat entrelUnion et lOTAN(6).

    Vice-prsidente du Transatlantic Council,unthinktanktrs guerrefroide cr en1961, Mme Frances Burwell simpatientede la conclusion dfinitive de laccord,car, dit-elle, il permettra lensembleatlantique (40 % du commerce mondial)de fixer les normes conomiques pourle monde entier .Les changes entre lesdeuxrives reprsententenviron1,7 milliarddeuros par jour, chacun tant le premier

    parten aire de lautre . La relation trans-atlantique estun paquebotde luxe prcd

    par des croi seur s comm erc iaux quicherchent projeter coups de traits lesintrt euro-amricains dans le monde.Au-del des phrases convenues sur ladmocratie et les droits de lhomme, lesaccordsngocis parlUnion avec lespaysde lEst, comme lUkraine, sont dailleursavant tout des accords de libre-change.Vue de Washington, lide dune Europe

    sociale parat encore plus fumeuse quesur le Vieux Continent.

    La notion de relation transatlantiquesentend dsormais au sens large,explique Mme Heather Conley, anciennesous-secrtaire dEtat aux relations aveclEurope. Prenant pour repre les deuxrives de locan, elle englobe lensembledes territoires des Etats-Unis et des Vingt-Huit. Concrtement, elle stend, douesten est, de la Californie la Lituanie et, dunord au sud, du Groenland jusqu la Terrede Feu et lAfrique du Sud. Cest danscet esprit que la Commission a lanc, en

    janvi er 2013 , un prog ram me spc ial

    AQUELLE visiongopolitique cetteatti-tude correspond-elle? Aucune, estime undiplomate qui voit dans lattitude desdirigeantsfranais un mlange de paresseintellectuelle et de mconnaissance delhistoirenationale. En 2011, certainsdeses confrres dnonaient dj limpul-

    sivit,lamateurisme et laproccu-pationmdiatique deslocatairesdu QuaidOrsay (2). Une politique extrieure ne

    saurait tre faite dimprovisation,crivait

    de son ct lancien ambassadeur FrancisGutmann en 2011.Elleimpliqueune vision

    prospective (ce nest pas le matin mme, son rveil, Phnom Penh, quavant de

    prononcer son discours sur le Vietnam legnral de Gaulle sest demand ce quilallait dire plus tard au stade) (3 ). A

    propos de lUkraine, celui qui fut gale-ment secrtaire gnral du ministre desaffaires trangres dcrit une Francefcheusement partisane(4) . Sil futmdiateur dans le conflit en Gorgie en2008, Paris laisse dsormais ce rle stra-tgique lAllemagne, lie Washingtondepuis 1945,mais aussipartenaire cono-mique privilgi de Moscou.

    Face une politique trangre et descurit commune (PESC) qui rduit ladiplomatie des Vingt-Huit, diviss peu

    prs sur tout, de vague s d cla ratio nsdintention sur la prservation de la paix

    ou la prvention des crises, le leadershipdes Etats-Unis simpose comme le plus

    petit dnom inat eur commu n. M. KurtVolker, ex-ambassadeur amricain auprsde lOTAN rencontr Washington, necache pas sa satisfaction: depuis lanormalisation de la politique franaise,lesrapportseuro-atlantiquessont devenusplus sains. Rpublicain, il regretteque le prsident Obama naffirme pasdavantage son autorit sur des alliseuropens quil trouve pinailleurs ettimors. Heureusement,avec linterventionen Libye,la France et le Royaume-Uniontdmontr leur capacit prendre leur part

    du fameux fardeau de la dfensecommune,jouant lerlede bras arm dunecommunaut internationale sousdomination occidentale. Prives de ltat-major intgr, pourtant prvu par leurcharte fondatrice mais jamaismis en place,les Nations unies se retrouvent prises enotage par lAlliance.

    Le tropisme atlantique de lUnioneuropenne ne constitue videmment pas

    une mutation gntiqueimpromptue. Lint-gration communautaire nat avec la

    bndic tion des Etats-U nis et sous leurparapluiemilitaire, alors que commencelaguerre froide. Washington est, en 1952, la

    premirecapitale reconnatre la Commu-naut europenne du charbon et de lacier(CECA). Le lien ne sest jamais distendu:le premier titulaire du poste de hautreprsentant pour la PESC de lUnion futlanciensecrtaire gnral de lOTAN JavierSolana. Son successeur nest autre queMme Catherine Ashton, dont la nationalit

    britannique ne pe ut qu e r avir la MaisonBlanche.Nommepar lesvingt-huitchefsdEtat et degouvernement, elle est la foisvice-prsidente de la Commission et chefdu Service europenpour lactionextrieure(SEAE) cr par le trait de Lisbonne.

    Jusquaux annes 1980, Paris pro-mouvait la perspective dune Europe

    europenne, troisime voie entre lesdeuxsuperpuissances russeet amricaine.Malgr lopposition franaise exprimeavec constance jusqu Mitterrand , tousles traits confirmrent lattachement lOTAN duneUnion psychologiquementdpendante des Etats-Unis, selonlexpression dun haut fonctionnaireeuropen Washingtonqui prfre garderlanonymat. Au moment o se disloquaitle bloc sovitique, le prsident amricainet ses homologueseuropensont raffirm, travers la dclaration transatlantique de1990, leur accordstratgique etla ncessitde lapprofondir.

    LOncle Sam force les Occidentaux signer le pacte atlantique(journal satirique sovitiqueKrokodil, 1949)

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    ATION

    Aucune vision stratgique

    EN intervenantdirectementdans la poli-tique ukrainienne, la Russie rappelle sonappartenance lEurope des puissancesoccidentalesqui cherchent sousla houlettedesEtats-Unis la repousser verslAsie.Au-del de ses intrts nationaux biencompris, Berlin se montre rticent une

    perspective qui heurte la fois lhistoire etla gographie.Plonge depuissa naissancedans le grand bain atlantique, dsormaisentendu au sens large, lUnion pntrele limesrusse avec lalgret de llphantet le regard perant de la taupe.

    Non seul emen t lUn ion ne disp osedaucune vision stratgique de ses intrtscontinentaux, mais rien nindique quelleenvisage den construire une. Pis, elle necraint pas de contredire les quelques

    principes quelle a laborieusement adopts.Ainsi sa politique dite de voisinage

    doit-elle officiellement contribuer stabi-liser leVieuxContinentdans la paix. Maisle soutien apport lextension delAlliance atlantique sur le continent, lavolont affiche dtendre lUnion auxBalkans occidentaux, en poussant parexemple Belgrade sloignerde Moscou,la signature annonce dun accorddassociation traditionnelleantichambrede ladhsion lUnion avec Kievrisquent de contredire quelque peu cettenoble ambition.

    Si M. Vladimir Poutine est un adeptedu recours la force, quil considrecomme un outil normal de politiquetrangre, il sest malgr lui retrouv dansune sorte dun, deux, trois, soleil ! (8)avec Bruxelles. Aprs des annes deffa-cement russe, il ne peut que constater les

    prog rs atla ntist es vers ses fron tir es.Faussement nave, lUnion, parvenue

    jusqu Madan, nie son activismecommeun enfant qui triche.

    THEBRIDGEMAN

    ARTLIBRAR

    Y

  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

    4/28

    (1) Maurice Thorez fut secrtaire gnral du Parti communistefranais de 1930 1964.

    4

    Ces vingt dernires annes, la Rpublique aconnu une forme particulire de dveloppement,souvent qualifie de pluralisme oligarchique.

    Beaucoup dhommes daffaires, qui ont construitdimmenses fortunesen rachetant vilprix lesminesou les usines privatises aprs la fin de lURSS, sesont engags en politique. Des ngociants en

    ptrole ou en gaz peuvent ainsi devenir ministres,ou prendre la tte de grandes administrationspubliques. Lancienne premire ministre IouliaTimochenko, figure de la rvolution orange de2004, leve parles Occidentaux au rangde martyre

    aprs son emprisonnement en aot 2011, a elle-mme fait fortune dans lindustrie gazire.

    Descarrires se btissent entre lesaffaires et leservice de lEtat. Dautres puissants entrepreneurs

    se contententdune positionplus discrte,finanantles campagnes dhommes politiques chargs dereprsenter leurs intrts et qui deviennent ainsileurs obligs. Ce systme, qui sest formalis sous

    la prsidencede M.LeonidKoutchma(1994-2005),suppose une recomposition permanente, enfonctiondes intrtsconcurrents de cespuissants,de leurs alliances et de leurs ruptures.

    A deux pas du Donbass Palace, au sommetde limmeuble cossu qui accueille les siges deMetinvest et de DTEK, deux des socits deM. Akhmetov, figurait lenseigne lumineuse deMako, la holding enregistre en Suisse par

    M. Ianoukovitch fils pour exporter le charbonukrainien. Quelques jours aprs la chute du pre,elle a t discrtement dmonte, signe quelalliance unissant le matre du Donbass et les

    hommes du prsident avait fait long feu.

    Ds 2010, le prsident Ianoukovitch, considrdepuis les annes 1990 comme le reprsentant

    politique des intrts du clan de Donetsk, avaitdcid de prendre une certaine autonomie face son puissant protecteur. Il avait plac ses hommes

    de confiance les membres de sa famille,comme les Ukrainiens lont rapidement appele aux postes-cls de lEtat. Parmi eux, M. SerhiyArbouz ov, consid r comme son banqui er

    personnel, a pris la tte de la banque centrale fin2010. Il a t brivement dsign premier ministreau plus fort de la crise, le 28 janvier dernier, aprsle dpart de M. Mykola Azarov. Le prsident

    Le charbon extrait deskopanki tait cd bas prix aux mines publiques, puis revendu par

    celles-ci au prix du march, raconte M. AnatolyAkimochin, vice-prsident du syndicat indpendantdes mineurs dUkraine. A ces profits venaientsajouter les subventions accordes par le gouver-nement pourmaintenir artificiellement la solvabilit

    des mines publiques. Une bonne part de cessommes disparaissait dansles poches deshommesdu rgime, glisseM. Akimochin. Selon lesexpertsnationaux, 10 % du charbon produit ces derniresannes dans le pays venait de ces exploitations

    illgales. Derrire ce rseau se profile lombre deM. Alexandre Ianoukovitch, le fils an de lancienprsident, qui avait pris ainsi le risque dentrer enconcurrence avec les propritairesdes minespriva-tises, au premier rang desquels M. Akhmetov.

    Une rvolution? Non, une simple redistributiondes cartes.Le sociologue Volodymyr Ishchenko,directeur du Centre pour les recherches sur la

    socit de Kiev, ne cache pas son amertume,quelques semaines aprs la fuite de M. Ianouko-vitch et linstauration dun nouveau rgime. Cegouvernement dfend les mmes valeurs que leprcdent : le libralisme conomique et lenri-

    chissement personnel. Toutesles rbellions ne sontpas des rvolutions. Il est peu probable que lemouvement de Madanpermette des changementsprofonds et puisse ainsi prtendre au titre dervolution. Le candidat le plus srieux llection

    prsidentielle du 25 mai nest autre que M. PetroPorochenko, le roi du chocolat, lun des hommesles plus riches du paysAlors que des manifes-tants tombaient encore sousles balles Madan,laplace de lIndpendance, picentre de la colre

    populaire depuis le 22 novembre, une trangetransition se ngociait dansquelques antichambresavec les puissants hommes daffaires qui ont prisle contrle de lUkraine.

    sappuyait galement sur M. Vitali Zakhartchenko,un proche ami de son fils Alexandre, quil nomma

    la tte de ladministration fiscale en dcem-bre2010,avantde le propulserministredes affairestrangres en novembre 2011. Enfin, il fit le choix,ds son arrive au pouvoir, de favoriser les affairesdun autre homme dinfluence, M. Dmytro Firtach,

    qui a un temps dtenu le monopole de limpor-tation de gaz russe, avant de se diversifier dans lachimie et le secteur bancaire. M. Zakhartchenkosest enfui en Russie, tandis que M. Firtach a t

    arrt Vienne le 13 mars.

    La famille a aussi favoris lapparition dugroupe dit des jeunes oligarques, dont M. SerhiyKourtchenko tait ltoile montante. Ce trs jeune

    homme (il est n en 1985 Kharkiv), qualifi par lapresse de rvlation du monde des affaires en2012, estle propritaire dela compagnieGaz Ukraine,qui contrlait 18 % du march du gaz liquide touten ralisantun chiffre daffairesglobalde 10 milliards

    de dollars. M. Kourtchenko sest offert en 2012 laraffineriedOdessa ainsique leclubde footballde saville natale, le Metalist Kharkiv. Cette fulguranteascensionrepose avanttout sur lesrelationstroites

    quil entretenait avec le fils de lancien procureurgnral Viktor Pchonka, autremembreminentde lafamille. En acqurant la raffinerie dOdessa, lejeune propritaire de GazUkraine tait entr enrivalitouverte avec M. IgorKolomosky, considr commela troisime fortune du pays, trs prsent sur le

    march du ptrole.La concurrence tait fausse,explique la journaliste Anna Babinets,car M. Kourt-chenko avait le soutien du rgime.

    Aprs la chute de la famille, M. Kourtchenko

    ainsi que les Pchonka pre et fils ont fui en Russie.Le 2 mars 2014, son rival, M. Kolomosky, a tnomm gouverneur de loblast de Dnipropetrovskpar les nouvelles autorits. Le mme jour, M. SerhiyTarouta, acteur central de la sidrurgie, propritaire

    delUnionindustrielle duDonbass(IDS),taitdsigngouverneur de loblastde Donetsk. Lhomme a tlun desfinanciersde la rvolution orange, mais ilsest toujours gard de trop afficher ses engage-ments politiques.MM. Tarouta et Akhmetov nont

    jamais t amis.Mais, aprsbien desconflits, ilsont

    su passer une forme daccord pour contrler notrergion,explique le politologue Valentin Kokorski,professeur luniversit de Donetsk. Il est inconce-vable que M. Akhmetov nait pas donn son aval

    lanominationde sonrival.Entreles deuxhommes,pourtant,la bataillefut longtempsfroce,M. Akhme-tov augmentant ses prix pour acculer M. Tarouta cder le contrle de sa socit.

    AVRIL 2014 LEMONDE diplomatique

    TOUT prs de la place Lnine de Donetsk, leDonbass Palace est lhtel le plus luxueux de lest

    de lUkraine. Dans cette vitrine de lempire deM. Rinat Akhmetov, la chambre cote 350 euros lanuit, bien plus que le salaire mensuel moyen.Lhomme le plus riche du pays fut un proche deM. ViktorIanoukovitch,le prsidentdchu,et soutient

    aujourdhui prudemment le pouvoir issu de linsur-rection Kiev. Outre cet htel et de multiples biensimmobiliers,le milliardairepossde le clubde footballde la ville, le Chakhtar Donetsk,et surtoutdes mines,des aciries, des usines. Parmi les clans de loli-

    garchie nationale, les plus grandes fortunes sontnes dans ce bassinindustrielet minierdu Don. Cesterres correspondant aux oblasts (rgions) deDonetsk et de Louhansk formaient dj lun descurs industriels et miniers de lUnion sovitique.

    Le Donbassfournitencore le quart desrentresen devises de lUkraine,mme sil ne resteplus quequatre-vingt-quinze minesofficiellement en activit,contre deux cent trente il y a vingt ans. Durant la

    mme priode, lepays a perdusept millionsdhabi-tants.Aprs laccession lindpendance, fin 1991,face au chaos conomique et la fermeture despremiresmines dEtat, les hommes ont commenc

    gratterle solpour survivre. Ici, il suffit de creuserun mtre pour trouver du charbon, lche un vieuxmineur de Thorez, la ville industrielle voisine, qui

    porte toujoursle nomde lanciendirigeantcommu-niste franais(1). Dansles galeriesartisanales,mal

    tayes par des rondins, les accidents sontnombreux. Pousss par lespoir de gagner 200 ou300eurospar mois,les mineursacceptentle risquede disparatre dans les entrailles de la terre. Aveclarrive de M. Ianoukovitch la tte de lEtat, en

    2010, le rseau deskopanki, ces mines illgales,sest structur et organis.

    * Journalistes.

    charde du 23fvriera soudainementrendule discours de Moscou vridique : pourlEst ukrainien, le problme nest pas quele nouveau gouvernement du pays soit

    parve nu au pouvoir en renver sant leprsident lu, mais bien que sa premiredcision ait t de faire courber la tte lamoiti de ses citoyens.

    faiblesse de M. Barack Obama. Lequel,sans doute trop occup par lassurance-maladie de ses concitoyens, ne ralise pasquelagression en Crime () insuede laudace dautres agresseurs, desnationalistes chinois aux terroristes dAl-Qaidaet aux thocrates iraniens (9).Quefaire? Nous devons nous rarmermoralement et intellectuellement,rpondlanciencolistier de Mme SarahPalin,pourempcher que les tnbres du monde de

    M. Poutine ne s abattent d avantage s urlhumanit. Discoursqui, pourdnoncerdes thocrates, nen abuse pas moins duregistre thologique.

    A Washington et Bruxelles, dans unstyle voisin,on semble stre entendupoursouer sur les braises de la crise ukrai-nienne au lieu de lapaiser. A lcart de

    ces outrances, limpavide Mme

    AngelaMerkel tlphone (en russe) M. Poutine.

    (5)La rvolutionde veloursde 1989conduisit en1992 la scission de lEtat en deux entits, sur une

    base ethnolinguistique.

    (6) Dclaration lagence Interfax, 17 mars 2014.

    (7)Au cours dune conversation tlphonique aveclambassadeur amricain en Ukraine rendue publiqueen fvrier, la sous-secrtaire au dpartement dEtatcharge de lEurope sest exclame : Que lUnioneuropenne aille se faire f!

    (8)LireEmmanuelDreyfus,En Ukraine,lesultrasdu nationalisme,Le Mondediplomatique, mars2014.

    (9) John McCain, Obama has made America lookweak, The NewYorkTimes,14 mars 2014.

    vrier 2014, date de la prise de contrle duParlement et du gouvernement de Crime

    par deshommes arms un coupde thtrequiseraitla rpliquede M.Poutine lafuitedu prsident ukrainienViktor Ianoukovitchle 22 fvrier.En ralit, le basculement sestopr entre ces deux vnements, prci-smentle 23fvrier,avec ladcision absurdedes nouveaux dirigeants de lUkrainedabolir le statut du russe comme secondelangue ocielle dans les rgions de lEst

    un texte que le prside nt par intrim ajusquici refus de signer. A-t-on dj vuuncondamn lcartlementfouetterlui-mme les chevaux?

    M. Poutine ne pouvait rver mieux quecette ineptiepour enclencher sa manuvrecrimenne. Linsurrection qui a men lachute de M. Ianoukovitch (lu en 2010),

    puis la sortie de la Crime r ussophonedugironde Kiev nest donc quela derniremanifestation en date de la tragdie cultu-relle consubstantielle cette Belgiqueorientale quest lUkraine.

    A Donetsk comme Simferopol, lesUkrainiens russophones sont en gnralmoins sensibles quon ne le dit la propa-gande du grand frre russe : la dcrypteravec une ironie fataliste est devenu uneseconde nature. Leur aspiration unvritable Etat de droit et la fin de lacorruption est la mme que celle de leursconcitoyens de Galicie. M. Poutine saittoutcela. Mais ilsait aussi queces populations,

    qui tiennent leur langue, nchangerontpas Alexandre Pouchkine et les souvenirsde la grande guerre patriotique nomsovitique de la seconde guerre mondiale

    contre un abonnement La Rgledu jeu,la revue de Bernard-Henri Lvy. En 2011,38 % des Ukrainiens parlaient russe lamaison.Or la dcisionaventureuseet revan-

    (Suite de la premire page.)

    P A R N O S E N V O Y S S P C IA U X

    J EA N - A R N A U L T D R E N S E T L A U R E N T G E S L I N *

    Aprs la scession de la Crime, le nouveau pouvoir

    ukrainien doit affronter une situation conomique,

    dmographique et sociale dsastreuse. Le systmeoligarchique construit depuis vingt ans nourrit la pauvret,

    les rancurs et les peurs. Or rien nindique

    quil sera vraiment remis en cause.

    TOUTES LES RBELLIONS NE SONT

    Ukraine, dune

    LES BONS, LA BRUTE ET LACRIME

    Lobsession antirusse

    Les policiers

    ne savent plus

    qui obir

    Epouser lun ou lautre reviendraitpourelle nierce qui lafonde,et donc validerle mcanisme sans retour dune partition la tchcoslovaque (5). Elle est uneternelle fiance gopolitique.

    LUkraine ne saurait choisir. Elle secontentedoncde sefaireorirdesbaguescoteuses : 15 milliards de dollars promis

    par la Russi e en dcem bre 2013, et3 milliards par lUnion europenne aummemoment pouraccompagnerlaccorddassociation avort.A chaque prtendant,elle accorde quelques assurances rvo-cables : accords de Kharkiv, qui, en 2010,

    prolongeaient jusquen 2042 la location la Russie de la base navale de Sbastopol,ou encore location de terres arables auxmagnats de lagriculture europenne. Enrduisant ce mnage trois goculturel un mariageforc avec Moscou,les expertsquisuccombent ce quilfaut bien appelerlobsession antirusse rvlent une svreinsusanceanalytique. Euxqui reprochent M. Poutine de se borner au champ troitde la politique de puissance font preuvedune hmiplgie non moinscondamnableen limitant leur horizon narratif labsorption libratrice de lUkraine dansla communaut euro-atlantique.

    Contrairement ce qui a pu tre crit,la rupture des quilibres internes de cettenation fragile na pas eu lieu le 27 f-

    Fantasmes bipolaires et romans despionnage

    CEST ce jour-l que Madan a perdula Crime,dont personne najamaisoubliquelle avait t offerte par NikitaKhrouchtchev lUkraine en 1954(lire lachronologie ci-contre).Do la remarquede M. Mikhal Gorbatchev le 17 mars,aprs le plbiscite par la population

    crimenne dun rattachement la Russie :Si, lpoque, la Crime a t unie lUkraine selon des lois sovitiques (...),

    sans demand er son avis au peuple ,aujourdhuice peuple a dcid de corrigercette erreur. Il faut saluer cela, et nonannoncer des sanctions(6). Ces proposont fait leffet dune douche froide Bruxelles, o se prparaient, en coordi-nation avec Washington, une srie demesures de rtorsion contre Moscou(restrictions du droit de voyager et gel desavoirsde responsables ukrainiens et russes).

    Si ce que veut la Russie nest pasjusti fiable , il sera it int ressa nt den

    comprendre les ressorts, avant de lecondamner si ncessaire. Dautant quelUkraine pourrait perdre davantage quela Crime, si daventure la frquentation

    prolo nge de la si cour toise Victor iaNuland (7) la poussait adhrer lOrga-nisation du trait de lAtlantique nord

    (OTAN). Certains des hommes forts dunouveau gouvernement, o sigent quatreministres du parti ultranationaliste Svo-

    boda (8), sont acquis cette ide.

    Peut-tre serait-il temps de bannir lalocution guerre froide des articlesconsacrs la Russie. Historiquementinoprant, ce raccourcisert surtout justifierlexpression pavlovienne de fantasmes

    bipolaires recuits. M. JohnMcCain, anciencandidat rpublicain la Maison Blancheet expert internationalreconnude lArizona,en a donn un exemple notable en fusti-geant M. Poutine,imprialiste russe etapparatchik du KGB enhardi par la

  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

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    5 LEMONDE diplomatique AVRIL 2014

    Ces deux-l font mieux que sentendre :

    ils se comprennent. Leurs positions sontradicalement opposes? Ils le voientcomme loccasion,non de sinsulter, maisde dialoguer et de ngocier, pied pied.

    A Londres,Paris ou Washington, on relitles romans despionnage de Tom Clancy.A Berlinet Moscou,capitales froideslies par lconomie, par lnergie (40 %du gazallemand estrusse)et parle souvenirde lordalie militaire du front de lEst, lesgouvernementsconsultentles cartesdune

    Mitteleuropadont eux seuls, aujourdhui,matrisent vraiment les lignes de force.Les mots durs de la chancelire lgardde Moscoune lempchentpas depercevoirdune part les raisons objectives de lanervosit de M. Poutine et dautre part laralit de ses capacits manuvrires.

    Mme Merkeldire en cela de M.Ianou-kovitch, qui na pas compris grand-chose

    la psychologie de son protecteur :La Russie doit agir, tonnait lexil le28 fvrier.Et, connaissant le caractre deVladimir Poutine, je me demande pourquoiil est si rserv et pourquoi il garde le

    silence. Le fond du problme est l : leprsident ukrainien dchu agit et parlesans sencombrer dinformations, sanstenircomptedu long termeni se demanderce que pensent les citoyens de son pays.Ilne parvient doncpas saisirM. Poutine,dont la marque de fabrique, sous desdehors brutaux, est de savoir jusquo ne

    pas aller trop loin contr airem ent M. Ianoukovitch, mais aussi aux partisans

    ensuitesa contre-oensivesur le terrainde

    la controversejuridique.Avecle rfrendumdu 16 mars 2014, la question du spara-tisme de lapninsule estdsormais un pointde droitinternational sur lequelpse lombre

    jurisprudentielle du Kosovo,pch originelquimet lesOccidentaux face leurs proprescontradictions (10).

    mmes caisses, en sadressantaux mmes

    conseillers en communication (12). A ceprix, seulement, deviendra intangibleune intgrit territoriale qui, malgr lesarmations de diplomates la mmoirecourte, ne lest aujourdhui pas plus quecelle de la Tchcoslovaquie en 1992, dela Serbie en 1999 ou du Soudan en 2011.

    Ledfi ukrainiennestpasexterne,maisinterne. Comme le notait le sociologueGeorg Simmel, la frontire nest pas un

    fait spatial impliquant des consquencessociologiques, mais un fait sociologiquequi sexprime sous forme spatiale (13) .La question nest pas de savoir siM. Poutine est la rincarnation dIvan leTerrible,mais si les lites ukrainiennesse montreront la hauteur de leur tche etsauront se mueren ingnieurs sociaux pourrtablir lunit dun pays pluriel. Ce jour-l, que lon doit souhaiter, lUkrainemritera enfin ses frontires.

    OLIVIER ZAJEC.

    (2)Slawomir Matuszak, Theoligarchicdemocracy: Theinfluenceofbusinessgroups onUkrainianpolitics, Centrefor EasternStudies,Varsovie, septembre 2012.

    (3) Lire Emmanuel Dreyfus, En Ukraine, les ultras du nationa-lisme, Le Monde diplomatique,mars 2014.

    de lextension infinie de lOTAN et de

    lUnion europenne.

    Le prsident russe na jou la cartemilitairequindirectement, traverslinfil-tration dissuasive, sansuniformes,de troupesrussesen Crime, combine desmanu-vres frontalires, pour mieux dplacer

    OloducGazoduc

    ferme

    Energie

    Centrale nuclaire

    en service

    Ressources miniresFer Manganse Uranium

    Ukrainien

    Polonais

    Bulgares

    Tatars

    RussesUkrainiens

    Hongrois

    Roumains

    Minorits

    Grand centreindustriel

    Bassin houilleret industriel

    Terres vendues ou loues des investisseurstrangers (1,6 million dhectares en mars 2014)

    Base militaire russe Sources : Philippe Rekacewicz ; Land Matrix ;

    State Statistics Service of Ukraine.

    Nombre dhabitantsen milliers

    3 000

    1 500

    750300100

    0 200 400 km

    Russe

    Langue majoritaire

    NB : Aprs le rfrendumdu 16 mars 2014,la Fdration de Russiea annex la Crime.

    Lviv

    LoutskRivne

    KhmelnytskyVinnytsia

    JytomyrKiev

    Tchernihiv

    Tchernobyl

    Tch erkas sy Pol ta va

    Kharkiv

    DnipropetrovskLouhansk

    Donetsk

    Marioupol

    Kirovohrad

    YoujnooukranskKryvy

    Rih

    Mykolav

    Kherson

    SimferopolSbastopol

    Kertch

    Odessa

    Tchernivtsi

    Oujhorod

    Ternopil

    Ivano-Frankivsk

    Zaporijia

    POLOGNE

    BILORUSSIE

    RUSSIE

    MOLDAVIE

    ROUMANIE

    HONGRIE

    SLOVAQUIE

    Soumy

    Transnistrie

    RUSSIE

    Mer Noire

    Mer dAzov

    Makiivka

    Crime

    UKRAINE

    AGNS STIENNE

    Donbass

    Galicie

    jours aprs sa nomination, M. Tarouta sest rendu Marioupol pour rencontrer les reprsentants desmilieux conomiques.La runiona tfructueuse.

    Personne na intrt lclatement de lUkraine,assure M. Nikolai Tokarsky, directeur de linfluentquotidien local Priazovsky rabochy, quia participla rencontre. Le journal appartient la holding SKMde M. Akhmetov.M. Tokarskyest galement dput

    au Parlement de loblastde Donetsk o, sous lti-quette indpendant, il reprsente directementlesintrts des oligarques. Au risque de mcontenterson lectorat, trs sensible aux sirnes russes,Priazovsky rabochymilite pour lintgrit territo-

    rialede lUkraine, manifestantainsi le ralliement deM. Akhmetov aux nouvelles autorits de Kiev.

    Le gouvernementcomptesur lesoligarquespourtenter de pallier la faillite et la quasi-disparition de

    lappareil dEtat. Il tentesurtoutde lesimpliquer dansladfense contrela menace russe, tantentenduquun conflit durable serait dsastreux pour leursintrts. MM. Akhmetov et Tarouta semblent bienconscients du danger, et ont multipli les appels au

    calme. Aprs lesviolentes chauffouresdu 13 mars,qui ont cot la vie un manifestant dans le centre

    deDonetsk, M.Akhmetovsestfenduduncommu-niqu pour dire que le Donbass est une rgionresponsable, o vit un peuple courageux et

    travailleur,et quil ne sauraitcderaux dmonsdela violence.

    Toutau long dumoisde mars, unetrange bataillea oppos manifestants prorusseset forces de lordre

    pour le contrle des btiments publics dans lEst.Occups parles contestataires, ilsfurentrepris parlapolice quelques jours plus tard. Quand le sige deladministration rgionale de Louhansk a t investi,le 9 mars, trois cents policiers quips de boucliers

    antimeute, aulieu dedfendreldifice,en sont sortissous lesvivatsdunefoulede deux mille personnes,majoritairement des femmes et des retraits.Beaucoupde policiersaffichaientun sourirede conni-vence avec ceux qui venaient de les dloger. Ce

    scnario sestrpt plusieurs reprises Donetsk.Lespoliciers nesaventplus quiobir. Leurschefsservaient les prcdentes autorits, expliqueM. Denis Kazanski, clbre blogueur de Donetsk.

    Leschanes de commandementsont incertaines tous les chelons des forces de scurit. Les

    administrations centrales, o de nouveaux cadresontt nomms, ne sont gure plus fonctionnelles:Concernant la corruption, le parquet compte sur

    lesdonnes quenous,journalistes,pouvons luitrans-mettre, car les archives ont disparu, explique ainsiBabinets. Tandis que larme ukrainienne naurait,selon M. Olexandre Tourtchinov, prsident de laRpubliquepar intrim, que six millehommesen tatde combattre,le Parlement a vot, le 13 mars, la

    cration dune garde nationale. Cette troupe, quipourrait intgrer les nationalistes les plus radicaux,comme ceux du groupe dextrme droite PraviySektor (3), a peu de chances de rpondre aux dfisscuritaires, maisellerisquedaugmenter la mfiance

    despopulations delEst. Le14 mars,une altercationmeurtrire a oppos, dans la ville de Kharkiv, desmilitants de Praviy Sektor des prorusses.

    En ralit, alors que lEtat semble en train de sedisloquer, lhistoire de la rvolution ukrainienneest peut-tre dj celle dune occasion manque.

    Responsable du Parti des rgions dans la ville deLouhansk, unetrentainede kilomtresde la frontirerusse, M. Alexandre Tkachenko reconnat avoir tchoqu, comme tout lemonde, parles imagesdela luxueuse villa de M. Ianoukovitch, avec ses

    fameusestoilettesen or massif : Quandnous tionsjeunes, on nous apprenait le vieux slogan Paix auxchaumires, guerre aux palais,soupire-t-il.Mais lacorruption a rong lensemble du pays.

    Les populations de lEst auraient sans doute puse joindre celles de lOuest dans un mouvementcommun contre loligarchie et la corruption. Maislexaltation du nationalisme ukrainien a jou un rle

    de repoussoir pour les russophones de la partieorientale, tandis que les partisans de lancienprsident Ianoukovitch agitent en rponse lpou-vantaildune menace fasciste. Ila suffide quelquessemainespour quela manipulationdespeurset des

    sentiments identitaires conduise le pays au bord dela guerre civile.

    JEAN-ARNAULT DRENS

    ET LAURENT GESLIN.

    Lundes rares avantages du systme oligarchiqueaurait t de prserver le pays de linfluence descapitaux russes (2). Cependant,prcise Kokorski,

    il serait illusoire dimaginer que lconomie ukrai-nienne, notamment dans le Donbass, puisse sepasser de la Russie. Toutes nos industries de trans-formation sont tournes vers ce march et, biensouvent, elles ne sont pas aux normes de lUnion

    europenne. Nos oligarques savent trs bien quelUkraine ne peut trouver son salut quen jouantpleinement sa fonction de pont entre lUnioneuropenne et la Russie.Par exemple, la fortunedeM. Akhmetovsenracinedansla terre du Donbass,

    mais stend laRussieet plusieurspaysde lUnion(Bulgarie,Italie, Royaume-Uni). Loligarquey possdedes usines ainsi quune kyrielle de socits-cranset de participations croises.

    Pour sa part, M. Tarouta est issu de la minoritgrecque desbordsde la merdAzov.Sa ville natale,legrandportde Marioupol, estun bastion dugroupeAkhmetov. Celui-ci possde les combinats mtal-lurgiques Azovstal et Illitch, ainsi que lusine de

    wagons et de locomotives Azovmach,qui exporte laquasi-totalit de sa productionen Russie. Quelques

    PAS DES RVOLUTIONS

    oligarchie lautre

    Paix aux chaumires,guerre aux palais ,un slogan oubli

    Deux poids, deux mesures

    LURGENCE estde prendre lamesure desquilibres gopolitiquesde longterme pouren matriser les effets de changement.Autrement dit,il sagitdaccepterde penserla notion dinteraction(Wechselwirkung),dont le stratgiste Carl von Clausewitzfaisaitla marquede touslesduelslogiquesserglantpar laforceou parla menacedyrecourir. Il y a dans la logomachie

    occidentaleun refus paniquedes variablesinstables (11) qui dnote une pratiquediplomatique rduite ltat de spasmerflexe. LaRussiejugequil y a deux poids,deux mesures dans les relations interna-tionales. La Chine a une analyse voisine,et sest abstenue lors du vote au Conseilde scurit de lOrganisation des Nationsunies (ONU),le 16 mars, dune rsolutioncondamnant la politique russe en Crime.

    LAfghanistan en 2001, lIrak en 2003,la Libyeen 2011seraientluvre altruistede puissances visionnaires auxquelles nesaurait tre reproche quune maladroitefougue libratrice. Les autres acteurs, en

    revanche, ne dfendraient leurs intrtsquau prix dagressions condamnables.PourM. Franois Hollande, le rfrendumdu 16 mars relve dunepseudo-consul-tation, car elle nest pas conforme audroit interne ukrainien et au droit inter-national (dclaration du 17 mars). Le17 fvrier 2008, neuf ans aprs uneopration militaire dcide sans laval de

    lONU, le Parlement kosovar albanaisvotaitlindpendance de la province autonomeserbe du Kosovo, contre la volont deBelgrade, avec le soutien de la France etdes Etats-Unis. La Russie mais aussilEspagnerefusrent,et refusenttoujours,de reconnatre cette entorse au droit inter-national. Tout comme... lUkraine.

    Troischantiers prioritaires attendent lesUkrainiens : lquilibre gopolitique entreRussie et Europe; lgalit culturelle etlinguistique entre citoyens de lEst et delOuest; et la fin de la corruption deslites. Quelles soient dmocrates ouprorusses, celles-ci ont puis dans les

    Soixante ans

    de tiraillements

    Fvrier 1954 .Nikita Khrouchtchevrattache la Crime lUkraine.

    Aot 1991.Indpendance.

    Juin 1993.Statut spcialdautonomie pour la Crime.

    21 novembre 2004.Dbutde la rvolution orange, qui porte la prsidence M. ViktorIouchtchenko.

    Aot 2006.M. Viktor Ianoukovitchdevient premier ministrede M. Iouchtchenko.

    Fvrier 2010 .M. Ianoukovitchest lu prsident face Mme IouliaTimochenko.

    21 novembre 2013.Refusde laccord dassociationavec lUnion europenne. Dbutdes manifestations Kiev.

    20 fvrier 2014. Journe sanglante Kiev.

    21 fvrier. Accord sign entre

    M. Ianoukovitch, loppositionet les ministres europens.

    22 fvrier.Fuite de M. Ianoukovitch,qui dnonce uncoup dEtat.

    23 fvrier.Le Parlement abrogela loi sur les langues.

    27 fvrier.Des miliciens, secondspar des soldats russes sans insigne,prennent le contrle de la Crime.

    16 mars.Rfrendum en Crime;96,7% des voix pour lerattachement la Russie.

    (10) Lire Jean-Arnault Drens, Indpendance duKosovo,une bombe retardement,Le Mondediplo-matique,mars 2007.

    (11)Cf.les travaux de Robert Kehoane sur limpor-tancedes perceptionsdans lathorie desrelationsinter-nationales.

    (12)LAmricain PaulManafort a conseillM. Ianou-kovitch de 2004 2013. Il avait auparavant offici auservice de Ronald Reagan, de M. George W. Bushet de M. McCain. Cf. Alexander Burns et MaggieHaberman, Mystery man : Ukraines US politicalfixer, Politico, 5 mars 2014, www.politico.com

    (13) Cf. Georg Simmel, Soziologie desRaumes,dansJahrbuchfr Gesetzgebung,VerwaltungundVolks-wirtschaft, XXVII, Leipzig, 1903.

    UN PAYS CHARNIRE ENTRE LEUROPE CENTRALE ET LAR USSIE

  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

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    (1)LireG. M.Tamas,Peuret dsolationen Hongrie,Maniredevoir,no134,Nouveauxvisagesdesextrmesdroites, avril-mai 2014, en vente en kiosques.

    (2) Figyel,Budapest, 19 dcembre 2014.

    (3)Elet s Irodalom,Budapest, 20 dcembre 2013.

    (4)Magyar Hrlap,Budapest, 3 mai 2012.

    (5) Cit par Paul Lendvai,Hungary : BetweenDemocracyand Authoritarianism,Columbia UniversityPress, NewYork, 2012.

    (6)Lire LaurentGeslin etSbastienGobert,Voyageaux marges de Schengen,Le Monde diplomatique,avril 2013.

    6REJET DUFMI ET AUSTRIT, LTONNANT COCKTAIL

    Le national-conservatisme sancre

    de lEtat, et souhaite mme prparer unsocle juridique pour leur nationalisationaprs leslectionsdu 6 avril.Enfin,il tenteaussi de faire payer auxbanquesles cons-quencesde lendettement en francs suissesde centaines de milliers de familles quiavaient souscrit des prts pourris au

    milieu des annes 2000.

    Cest toutefois le brasde fer avec le Fondsmontaire international (FMI) qui met lemieux en lumire sa volont dindpen-dance nationale. En 2010, le premierministrea refus les dernires tranches dunensemble de prts de 20 milliards deuroscontracts en octobre2008 auprs duFMI,de la Banque mondiale et de lUnioneuropenne. Au terme de longs mois detractations,il a dclinune seconde offre la fin de lanne 2012. Une rhtoriquesouverainiste sest dploye travers unevaste campagne daffichage dans tout le

    pays : Non l a b aisse des alloca tionsfamiliales! Non la baisse des retraites!

    Nous ne cderons pas face au FMI ! Nousne renoncerons pas lindpendance de laHongrie! Cequi nempcha pasle gouver-nement de poursuivreune politique daus-trit par la baisse dautres allocationssociales ou par des coupesbudgtaires dansla sant et lducation.

    Ses adversaires comparent M. Orbntantt au dfunt prsident vnzulienHugo Chvez, pour son antilibralisme,tantt M. Vladimir Poutine, pour sonautoritarisme, tantt feu le dirigeantcommuniste roumain Nicolae Ceausescu,

    pour le cult e de la per sonn alit . Plusraisonnablement, lconomiste ZoltnPogtsa voit dans le modle de dvelop-

    pement quil promeu t un mlange degaullisme et de reaganisme .

    Ses mesures conomiques ne sont pasdestines financer ce quil reste de lEtatsocial : le premier ministre prne la sortiede limpasse que reprsente le modleouest-europen dEtat-providence au

    profit dune socit fonde sur le travail.Ainsi, le Parlement a vot en juillet 2012une loi contraignant les bnficiaires delaide sociale des travaux dutilit

    publique . Cette politiq ue est mene aunom de la rduction du dficit public endessous de 3 % du produit intrieur brut(PIB), conformment la doctrineeuropenne, et de la stabilisation de ladette environ 80 % du PIB. Car, sil atenu tte au FMI sur de nouveaux prts,M. Orbn na jamais remis en cause leremboursement de la dette.

    Limpt progressif sur le revenu a tremplac par une taxe unique de 16 %. Leministre de lconomie Mihly Varga

    envisage mme son passage 9 % en2015 (2). Les faveurs du gouvernementvont dabordaux classesmoyennes,tandisque la pauvret ne cesse de gagner duterrain : sur une population totale de dixmillions dhabitants, le nombre de

    personnes vivant sous le seuil de pauvret

    (220 euros par mois) est pass de troismillions au dbut desannes2000 quatremillions aujourdhui, selon la sociologueZsuzsa Ferge.

    Derrire le paraventde lintrt nationalse dessinent petit petit les contours denouvellesprbendesbnficiant quelquesfidles du Fidesz : MM. Lajos Simicska,Zsolt Nyerges et quelques grands entre-

    preneurs mettent la main sur les marchspublics les plus juteux. Une oligarchie ena remplac une autre. Elle sappuie cettefois sur un systme clientliste qui sedveloppe tous les chelons de la sociten se nourrissant de la peur et de lindif-frence. La sociologue Mria Vsrhelyiconsidre ainsi que lorbnisme a

    provoqu une renaissance de lHomokadaricus(3), cest--dire une rappa-rition des comportements de soumissionqui prvalaient sous le dirigeant commu-niste Jnos Kdr, premier secrtaire duParti socialiste ouvrier hongrois de 1956 1988.

    A en croire le documentaire Guerrecontre la nation, diffus plusieursreprisessur la chane publique Duna Televzi, laHongrie serait pratiquementen tatde sige.On y retrouve des analyses srieuses surle glissement des richesses nationales dudomainepublicversla sphre priveinter-nationale, mles desproposplus obscu-rantistes sur les convoitises des grandes

    puissances.Son ralisateurIstvn Jelenczkiexplique avoir conu ce film en raction lintervention du FMI en 2008 : Jaiconsidr quele prt du FMIbradaitprati-quement notre trsor national et que lemoment tait venu de raliser un film quiclaire les Hongrois sur la guerre menedepuis des sicles pour ce trsor(4).

    AVRIL 2014 LEMONDEdiplomatique

    A LOCCASIONde la commmorationdu soulvement de 1956 contre lArmerouge, le 23 octobre dernier sur la placedesHrosde Budapest,le premierministreViktor Orbn, flanqu de soldats, galva-nise des dizaines de milliers de sympathi-sants :Le combat des Hongrois pour lalibert a eu ses hros, mais aussi ses tra-tres. Toutes nos guerres dindpendanceont t dfaites depuis ltranger. Nous

    savon s quil sest toujou rs trouv despersonnes pour aider nos ennemis. (...)Lescommunistes ont vendu la Hongrie et le

    peupl e hongrois aux finan ciers et auxspculateursinternationaux. Nous savonsquils sont encore prts vendre la

    Hongrieaux colonisateurs.(...)Nousvoyonsquils sorganisent nouveau, quils seliguent nouveau contre nous avec destrangers, quils sment nouveau les

    graines de la haine, de la discorde etde laviolence. (...)Nousdevonsmettre nostroupesen ordre de bataille, comme nous lavons

    fait en 2010. Nous allons terminer ce quenous avons commenc en 1956. Si nousne nous librons pas, nous ne serons

    jamais libres.

    * Journaliste.

    Le chef du Fidesz, arriv au pouvoiren 2010 (1), dsigne comme ennemiestant les gauches librales hongroise eteuropenne que les multinationales. Legouvernement en veut pour preuve lerapportTavares, adopt par le Parlementeuropen en juillet 2013, qui dnoncelaffaiblissement de lEtat de droit dansle pays. Pour le Fidesz, il sagit dun

    prtexte pour porter atteinte la s ouve-

    rainet de la Hongrie, linstigation deslobbys daffaires de Bruxelles et du Partisocialiste hongrois lhritier de lancienParti communiste (Parti socialiste ouvrierhongrois), devenu trs favorable au libra-lisme. Dans une rsolution adopte lamme semaine, les dputs jugeaientinacceptable que le P arlementeuropen tente de faire pression surnotre pays dans lintrt des grandesentreprises prives . La rsolution prciseque, voulant rduire le prix de lnergie

    pour les fam ille s, la Hong rie devai tncessairement porter atteinte aux intrtset aux profits excessifs de plusieursgrandes socits europennes en situationde monopole.

    PAR CORENTIN LOTARD *

    Tenant tte au Fonds montaire international et aux groupes

    privs trangers, le premier mi nistre hongrois Viktor Orbn

    sassure dune forte popularit avant les lections du 6 avril.

    Ses positions nationalistes savrent compatibles avec celles

    dune extrme droite islamophile. Son anticonformisme

    conomique mtin de c onservatisme social profite largement

    une nouvelle gnration dentrepreneurs proches du pouvoir.

    Mlange de gaullisme et de reaganisme

    La gauche juge trop cosmopolite

    MONSIEUR Orbn collectionne les

    ennemis. Partisan de laprimautde lapoli-tique sur lconomie et de lEtat sur lesmarchs, dot en outre dune conceptionautoritairedu pouvoir, ila prisune srie demesures conomiques non orthodoxes :application de taxes exceptionnelles des

    pans entiers de lconomie contrls pardes multinationales (nergie, banques,communication,g rande distribution),natio-nalisation des fonds de pension privs hauteur de 10 milliards deuros, interdic-tion de fait des prts en devises, rductionde lindpendance de la banque centrale.Autant de sacrilges pour lUnion euro-

    penne. Dans son discours la nation du16 fvrier 2014, le premier ministre affir-mait : Lorsque nousavons prisle pouvoir,la guerre entre les multinationales et lesconsommateurs, entre lesbanqueset leursdbiteurs en devises trangres, entre les

    monopoles et les familles, tait dj bienengage. Nousperdionssurtous lesfronts.

    Le rapport de forces a beaucoup changdepuis; nousavons gagn plusieurs rounds,mais le combat nest pas termin.

    Au cours de cette dernire anne demandat, deux combats prioritaires taient lordre du jour : contre les banques etcontre les entreprises de lnergie.Dpossd lors des privatisations desannes 1990, lEtat tente de retrouver une

    place dans ces deux secteu rs dtenu s environ 80 % par des filiales de socitsouest-europennes. Le gouvernement aimpos aux gants de lnergie lallemandE.ON, litalien Ente NazionaleIdrocarburi(ENI), Electricit de France (EDF), GDFSuez, etc. une baisse de 20 % des prixdu gaz, de llectricit et du chauffageurbain pour les mnages ds le dbut delanne2013. Il affiche sa volont de crer

    unsecteur butnonlucratifsousle contrle

    FRANYO AATOTH. La survie

    est toujours radieuse.Soyez No-No! , 2008

    SOCIOLOGUE linstitut de recherchessocialesTrki, EndreSik analyse ce ressen-timent : La population considre quellea toujours t colonise et exploite : parlesTurcs, parles Allemands,par lesRusses,et aujourdhuipar lUnioneuropenne.En

    politique, il y a toujours eu une propension considrer lestrangers comme lesinsti-

    gateursdune conspiration internationale.Car lopinion a tendance penser entermes de complots. (...) Tout celafait partiedun complexe gnral, et les Juifs, lesTziganes ou lUnion europenne sont tousdes boucs missaires potentiels. Les poli-ticiens jouent alternativement lune oulautre de ces cartes, explique-t-il. PourlhistorienamricainWilliamM. Johnston,leur capacit rver a fait des Magyarsun peuple de sentinelles ultimes, toujours

    prt dfendre la Hongrie comme uneexception parmi les nations(5) .

    Si le premier ministre admet quaucuncomplot na t foment contre lui, ilaffirme nanmoins avoir djou unputsch grce la mobilisation decentainesde milliersde personnes audbutdelanne2012.Cette marche dela paixavait fait converger vers Budapest ses

    partisans venus de tout le pays, et mmede certainesprovincesde lancien royaumesitues aujourdhui en Roumanie ou enSlovaquie,o des minorits hongroises ont

    pu obten ir des passe ports de leur paysdorigine (6). Nous ne serons pas unecolonie!, Union europenne = Union

    sovitique, scandaient-ils pour dfendrela nouvelleConstitution, entre en vigueurle 1erjanvier2012.Les restrictionsapportes

    par le n ouveau texte aux pouvoirs de l aCourconstitutionnelle, lautorit des jugeset lindpendance de la banque centraleont conduit la presse trangre dnoncerune drive autoritaire, tandis que laCommissioneuropenneobtenaitplusieursmodifications en lanant une procdure

    pour infraction au droit europen.

    La rumeur dune dmission du premierministre avait alors couru dans la presselocale et internationale. Ce moment deflottement avait encourag le chef delopposition socialiste, M. Attila Mes-terhzy, affirmer que M. Orbn lumoins de deux ans plus tt avec la majoritabsolue des voix (52 %) devait quitterson poste. La thse dune tentative de

    dstabilisation a t dfendue dans unouvrage qui, sa sortie, lt 2012, a

    bnfici durant plusieurs semaines dune

    VARFOKGALERIE,

    BUDAPEST

  • 5/27/2018 Iploma Avril 2014

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    7

    large campagne de promotion, avec degrandes affiches dans les couloirs dumtro. Le titre,Qui attaque la Hongrieet pourquoi?,est explicite, de mme quelimage de couverture : des avions dechasse survolant le bassin des Carpates,

    refuge du peuple magyar (7). Daprs lesauteurs, la tentative de dstabilisationaurait t mene la fois par des diplo-mates et des politiciens hongrois et amri-cains, par des intellectuels de la gauchelibrale et par le FMI.

    Impuissante entraver la rvolutionconservatrice mene tambour battant parleFidesz depuissonarrive aupouvoir, lagauche sest tourne plusieurs reprisesversBruxelles. Pour le gouvernement,ellea prouv sa tratrise en trouvant refugedans les colonnes de la presse trangre.Selon un clivage sociopolitique ancien, lenationalisme et mme le patriotismedemeurent les domaines rservs de ladroite, tandis que la gauche serait cosmo-

    polit e. La gauche essaie de ne pasparatretropinternationaliste, maiselleny arrive pas,confie Sik.

    Lennemi tranger prend souvent lestraits de M. George Soros. Le milliardaireet philanthrope amricain, Juif doriginehongroise, est devenu une cible de choix

    pour la press e progou vern ement ale, etdavantage encore pour celle dextrmedroite.A lafin desannes1980,cet aptrede la socit ouverte (8) avait contribu lmergence de mouvements dmocra-tiques, dont la Fdration des jeunes

    dmocrates (Fidesz), embryon du partiaujourdhui au pouvoir.Trois personnagesde premier plan, M. Orbn, M. LszlKvr, lactuel prsident du Parlement,et M. Istvn Stumpf, membre de la Courconstitutionnelle, ont reu des bourses

    dtudes de sa fondation. M. Soros appuiedsormais leurs adversaires. Son rseau,Open Society Foundations, porte boutde bras de nombreuses organisations nongouvernementales (ONG) locales, pro-gressistes ou librales, qui alimentent en

    rapports critiques les opposants M. Orbn et contribuent forger limageinternationale de la Hongrie. Le thinktank amricain Center for AmericanProgress, dont il est proche, financegalement la fondation Haza s Halads

    ( Patrie et progrs),rampe de lancementdu candidat anti-Orbn, M. GordonBajnai. Lhebdomadaire de centredroit Hti Vlaszestime que, en 2012,1,7 million deuros ont t verss ces opposants.

    sement des mdias occidentaux saluerlarrive sur la scne politique, fin 2012,dun rival de M. Orbn : lancien premierministre technocrate Bajnai. Car, si lesrsultats macroconomiquesspectaculairesobtenus par cet ancien homme daffaires

    lors de son passage-clair au pouvoir,davril 2009 mai 2010, ont laiss unexcellent souvenir Bruxelles et Washington,la nostalgie savre beaucoupmoins vive sur les bords du Danube.

    Certes, M. Bajnai avait rduit le dficitpublic , rame n 4 % du PIB en 2010,contre 9 % en2006. Maisil y tait parvenuau prix dune cure daustrit comme le

    pays nen avait pas connue depuis 1995 :coupes dans les dpenses sociales,suppression du treizime mois pour lesretraits et pour les employs, gel dessalaires dans la fonction publique, haussede lge du dpart la retraite (de 62 65 ans) et augmentation de la taxe sur lavaleur ajoute (TVA),passe de20 25%

    dsormais 27 %, c e taux dimpositiondirecte est devenu sous le gouvernementOrbn le plus lev dEurope. Le forintstait fortement apprci; la gestion de

    la crise avait t juge admirable. Onlopposait celle de la Grce, rebelle et

    irresponsable : En Hongrie, des leonspotentielles pour la Grce , titrait leNewYork Times (9) . LUnion europenne, le

    prsident amricain Barack Obama et leFMI avaient flicit le jeune entrepreneur,qui refusait alors de se considrer comme

    un homme politique, puisque, assurait-il,sa gestion de la crise avait t la seulevoie possible.

    Ainsi souvrit un boulevard queM. Orbn emprunta sans tarder et quinest pas prs de se refermer. Car, quatreans plus tard, tout se passe comme si lesHongrois navaient le choix quentre unegestion technocratique infode auxintrts des multinationales et le replinationaliste.

    CO R E N T IN LOTARD.

    (7) Zrug Pter Farkas, Lentner Csaba et Tth Gy.Lszl,Kik tmadjk Magyarorszgot s mirt?,Kairosz Kiad, Budapest, 2012.

    (8) Le rseau Open Society Foundations cr parM. Soros doit son nom louvrage de Karl PopperLaSocit ouverte et ses ennemis, Seuil, Paris, 1979(1re d. : 1945).

    (9) Judy Dempsey, In Hungary, potential lessonsfor Greece,The NewYorkTimes,19 fvrier 2010.

    LEMONDE diplomatique AVRIL 2014

    DU PREMIER MINISTREVIKTORORBN

    dans la socit hongroise

    Suspicion vis--vis de lOuest

    PRSIDENTdu Mouvement pour une meilleureHongrie, le Jobbik, M. Gbor Vona, 35 ans,porte parfoisautourdu couun keffieh pales-tinien une tendance vestimentaire peu

    banale pourle dirigeantdun particlass lextrmedroite. Cefut le casen novembre2012 Budapest,lorsdune manifestation contre une oprationmilitaireisralienne dans la bande de Gaza. M. Vona avaitalors soumis au Parlement unersolutiondnonantle gnocide de Gaza. Le dput charg desrelations internationales du parti, par ailleurs vice-prsident de la commission des affaires trangresdu Parlement, M. Mrton Gyngysi, estimait quepar lhumiliation quotidienne du peuplepalestinien,Isral rveille le souvenir des priodes les plussombres de lhistoire. Quelques jours plus tard, ilexhortait le gouvernement hongrois rompre aveclEtat hbreu,ainsi qutablirune listedes dputsetdes membres juifs duParlement, qui reprsententun risque pour la scurit nationale de la Hongrie.

    Le scandale avait t retentissant, dans le payscomme ltranger.Mais lhostilit lgarddIsralnexpliquepas tout. Depuis sonentre auParlement,en mai 2010 le Jobbik avait alors obtenu 16,7 %des voix et quarante-sept des trois cent quatre-vingt-six siges , le parti a rgulirement exprimde la sympathie pour le monde musulman. M. Vonase dit mmefascin par lislam,quil peroit commelultimebastiondu traditionalisme contre la mondia-lisation: Lislam est le dernier espoir de lhumanitdans les tnbres du globalisme et du libralisme,a-t-il affirm lors dune visite des universitsturques, en novembre dernier.

    Le contraste est frappant avec sa rhtoriqueantismite ou avec les dnonciations rgulires parce mme parti de ce quil appelle la criminalittzigane , en visant les sept cent mille Roms deHongrie.

    Nos racines nationales sont avec les peuplesdOrient,dclare encore M. Vona. Lextrme droitehongroise rejette en effet lhypothse, admise par laplupartdes scientifiques, selon laquelleles Hongroissontun peuple finno-ougrien, proche des Finlandaiset des Estoniens. A ses yeux, ils descendent desHuns et de leur chef Attila. Les sciences dures,comme la gntique, lanthropologie, larchologie,

    et une simple observation des arts populaires ettraditionnels hongrois (les contes, les mythes, lesdanses et la musique folkloriques, les traditionsquestres, etc.), montrent que nous sommes sanslombre dun doute un peuple touranien, et que nos

    parents lesplusprochesse trouventen Asie centraleet dans largiondu Caucase, dit ainsiM. Gyngysi.

    Ces origines mythifies et le pantouranisme,quivise lunion despeuplesissus destribusturco-phones dAsie centrale, sont clbrschaque anneau mois daot lors dun grand festival: le Nagy-Kurultj. A une centaine de kilomtres au sud deBudapest, dans la steppe hongroise (la puszta),des milliers de personnes viennent assister destournois au cours desquels saffrontent des archerset des cavaliers hongrois, ouzbeks, ougours, turcs,azris, kazakhs... Ce festival, soutenu par le partiau pouvoir, le Fidesz (1), permet des changesdiplomatiques: en 2013, les ambassadeurs duKazakhstan, de lAzerbadjan, ainsi quunedlgation turque taient prsents, et en 2012lambassade dIran tait reprsente.

    LIran bnficie lui aussi des faveurs du Jobbik.Le parti avait mme rclam que les lgislatives de2010soient supervises,outre parla Magyar Grda,

    sa propre milice, par des gardiens de la rvolutionislamique. Alors que la Rpublique islamique taitmiseau bande la communautinternationale carsuspecte de dvelopper un programme nuclairemilitaire, il a russi tisser desrelations troitesavecThran. En 2011, il avait par exemple organis enHongrieune confrenceavec des hommes daffaireset des officiels iraniens, dont lambassadeur de laRpublique islamique Budapest. La dlgationavait ensuitet reue parplusieursdputsdu partidu premier ministre Viktor Orbn et par le maire dela capitale.Lun desobjectifs du Jobbik: dvelopperdes liens conomiques avec les municipalits quilcontrle. Pour lIran, la Hongrie, cest lOuest, etpour la Hongrie, lIran est la porte de lOrient,avaitexpliqu son dirigeant lissue des rencontres.

    ALENTREde Tiszavasvri, dcrte capitale duJobbik aprs la victoirede lextrmedroiteauxlections locales en octobre 2010, un petitmonumentclbrelaccordde jumelagesign avec

    Ardabil. Comment c ette bourgade de treize millehabitants perdue dans lAlfld la grande plainehongroise, dans lest du pays en est-elle venue se jumeler avecune villeiranienne dundemi-milliondhabitants? Le parti a dpos une requte lambassade dIran Budapest, et linitiative a puse concrtiser grce de trs bonnes relationsavec lambassadeur.Ce fut un processus naturel,assure M. Gyngysi, qui prside aussi le groupeparlementaire pour lamiti irano-hongroise.

    Tiszavasvriest galement jumele avecYichun(Jiangxi), en Chine, et avec Osmaniye, en Turquie mais cette fois linitiative des Turcs, qui ont suivi

    le conseil de lambassadeur hongrois Ankara,prcise M. Gyngysi.Des hommes daffaires turcsont dj visit la ville, et une confrence bilatralea torganise.Mais les relations culturelles floris-santespeinent trouver un quivalent dans ledomaine conomique. Seule une usine hongroiseexportant des composants pour lindustrieautomobile sest implante l en 2012, avecen lignede mire le march iranien.

    CESliens entre le Jobbik et lIran sappuient sur

    des relations diplomatiques historiquementbonnes entre les deux Etats, qui multiplient lesgestes damiti rciproque. A loccasion du trente-cinquime anniversaire de la rvolution islamique,le 11 fvrier dernier, la Hongrie a t le seul Etatmembrede lUnioneuropenne fliciterlIran.Sonprsident, son premier ministre, le ministre desaffaires trangres et le prsident d u Parlement ontchacun adress un message leur homologueiranien comme lavait fait le chef de la diplomatiedu prcdent gouvernement,alors dirig par le Partisocialiste, lors du vingt-cinquime anniversaire. Endcembre, loccasion dune rencontre Thran,le ministre iranien dlgu auxaffaires europenneset amricaines, M. Majid Takht Ravanchi, a affirmque son pays attachait une importance particu