held heidegger fenomenologia

13
29. C'est ce qu'a montré de façon tout à fait convaincante Hans Jonas dans un article qui, à KLAUS HELD n'en pas douter, constitue Pune des meilleures voies de déconstruction de la pensée heideggerienne jusqu'à ce jour: Gnosticism. Existentialism and Nihilism in The Pheno- menon of Life. Toward a Philosophical Biology, Chicago, London 1982, pp. 211-234, Notons également que ce rapprochement avec le gnosticisme transparaît fréquemment r r dans la lecture soignée de l'œuvre heideggerienne que poursuivit, durant près de quaran Heidegger et le principe de la phenornenologie le ans, Karl Jaspers. CT K. Jaspers, Notizen zu Martin Heidegger, hrsg von H. Saner München 1978. (On se reportera au terme Gnosis dans le Sachregister à la fin de l'ou vrage, p. 377.) U. C/ Apologie de Socrate, 29 e. 31. Cf Prolegomena zur Geschichte des Zeitbegnifs, pp. 437-438. G. Die ,grundprobleme der Phänomenologie, pp. 244-247; trad, fr., pp. 211-213. 33. Il s'agit du texte Wozu Dichter? publié dans les Holzwege. 34. Was heisst Donken?, Ed. Niemeyer, p. 88; trad. fr. de G. Granel, p. 141. Selon la déclaration-programme husserlienne (Ideen I) 1, la phénoméno- logie repose sur le principe de l'intuition donatrice ou de l'évidence. "Evidence" a ici le sens large de donation originaire. Dans ses écrits tardifs, Heidegger a souligné à maintes reprises avoir su préserver le principe de la phénoménologie plus fidèlement et plus originellement que son fondateur.2 Nous aimerions prendre cette revendication comme le fil conducteur de notre conférence et examiner dans quelle mesure et jus- qu'à quel point Heidegger, au cours de son évolution, a effectivement pensé de façon conséquente en phénoménologue. Dans Logique formelle et transcendantale, Husserl a exposé le plus clairement la portée phénoménologique du principe de l'évidence 3. Le thème fondamental de sa phénoménologie, c'est l'intentionnalité de la conscience. Or l'intentionnalité repose sur l'évidence: la conscience se rapporte intentionnellement aux objets pour autant qu'elle dispose de facultés à même de faire redécouvrir chaque objet dans sa donatidn ori- ginaire. Intentionnalité signifie alors fondamentalement rapport à l'évi- dences. La recherche phénoménologique de l'intentionnalité est elle-même un produit de la conscience intentionnelle et se trouve tenue de légitimer ses connaissances comme provenant d'une intuition donatrice. Aussi l'évi- dence détermine-t-elle tant l'objet que la méthode de la phénoménologie. Une question se pose à cet égard: y-a-t-il un trait fondamental qui tienne ensemble ces deux visées de l'évidence? Les cours Prolegomena à l'his- toire de la notion de temps(1925), qui comprennent - pourrait-on dire - la prise de position la plus ingénue et la plus circonstanciée sur la phénoménologie husserlienne, prouvent que Heidegger s'est implicite- ment posé cette question et qu'il a retrouvé ce trait fondamental dans la notion d'intuition catégorielle 5. Le principe husserlien de l'évidence présuppose la possibilité de l'intui- tion donatrice, et l'accomplissement individuel et concret de celle-ci F. Volpi et al., Heidegger et fidée de la phénoménologie. ISBN 90-247-3586-6. © 1988, Kluwer Academic Publishers.

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heidegger, filosofia, fenomenologia.

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  • 29. C'est ce qu'a montr de faon tout fait convaincante Hans Jonas dans un article qui, KLAUS HELDn'en pas douter, constitue Pune des meilleures voies de dconstruction de la penseheideggerienne jusqu' ce jour: Gnosticism. Existentialism and Nihilism in The Pheno-menon of Life. Toward a Philosophical Biology, Chicago, London 1982, pp. 211-234,Notons galement que ce rapprochement avec le gnosticisme transparat frquemment r rdans la lecture soigne de l'uvre heideggerienne que poursuivit, durant prs de quaran Heidegger et le principe de la phenornenologiele ans, Karl Jaspers. CT K. Jaspers, Notizen zu Martin Heidegger, hrsg von H. SanerMnchen 1978. (On se reportera au terme Gnosis dans le Sachregister la fin de l'ouvrage, p. 377.)

    U. C/ Apologie de Socrate, 29 e.31. Cf Prolegomena zur Geschichte des Zeitbegnifs, pp. 437-438.G. Die ,grundprobleme der Phnomenologie, pp. 244-247; trad, fr., pp. 211-213.

    33. Il s'agit du texte Wozu Dichter? publi dans les Holzwege.34. Was heisst Donken?, Ed. Niemeyer, p. 88; trad. fr. de G. Granel, p. 141.

    Selon la dclaration-programme husserlienne (Ideen I) 1, la phnomno-logie repose sur le principe de l'intuition donatrice ou de l'vidence."Evidence" a ici le sens large de donation originaire. Dans ses critstardifs, Heidegger a soulign maintes reprises avoir su prserver leprincipe de la phnomnologie plus fidlement et plus originellement queson fondateur.2 Nous aimerions prendre cette revendication comme le filconducteur de notre confrence et examiner dans quelle mesure et jus-qu' quel point Heidegger, au cours de son volution, a effectivementpens de faon consquente en phnomnologue.

    Dans Logique formelle et transcendantale, Husserl a expos le plusclairement la porte phnomnologique du principe de l'vidence 3. Lethme fondamental de sa phnomnologie, c'est l'intentionnalit de laconscience. Or l'intentionnalit repose sur l'vidence: la conscience serapporte intentionnellement aux objets pour autant qu'elle dispose defacults mme de faire redcouvrir chaque objet dans sa donatidn ori-ginaire. Intentionnalit signifie alors fondamentalement rapport l'vi-dences.

    La recherche phnomnologique de l'intentionnalit est elle-mme unproduit de la conscience intentionnelle et se trouve tenue de lgitimer sesconnaissances comme provenant d'une intuition donatrice. Aussi l'vi-dence dtermine-t-elle tant l'objet que la mthode de la phnomnologie.Une question se pose cet gard: y-a-t-il un trait fondamental qui tienneensemble ces deux vises de l'vidence? Les cours Prolegomena l'his-toire de la notion de temps(1925), qui comprennent - pourrait-on dire

    - la prise de position la plus ingnue et la plus circonstancie sur laphnomnologie husserlienne, prouvent que Heidegger s'est implicite-ment pos cette question et qu'il a retrouv ce trait fondamental dans lanotion d'intuition catgorielle5.

    Le principe husserlien de l'vidence prsuppose la possibilit de l'intui-tion donatrice, et l'accomplissement individuel et concret de celle-ci

    F. Volpi et al., Heidegger et fide de la phnomnologie. ISBN 90-247-3586-6. 1988, Kluwer Academic Publishers.

  • n'est, son tour, possible que s'il y a au dpart l'intuitionnable comme comme tel, il forme la dimension d'ouverture la lumire de laquelleteL Cette condition pralable est remplie par les dterminations univer. l'tant est d'abord reconnaissableet intelligible.

    14 La dimension d'ouver-selles formelles et eidtiques, la lumire desquelles -- c'est ainsi que ture du catgoriel remplit donc la fonction de ratio cognoscendi;

    maisHeidegger entend Husserl - les objets de la perception peuvent apparai. galement celle de ratio essendi, car elle se porte garante de l'objectivittre avec vidence dans la conscience. Husserl dsigne dans la sixime des objets 3 - dans la phnomnologie husserlienne les

    objets n'ont pasRecherche logique ces dterminations par sa notion large de catgoriel o d'autre "en-soi" en dehors de leur apparatre intentionnel Dans la mesu-Celui-ci se soustrait au regard philosophiquement profane, mais - com_ re o le catgoriel dans son double rle de ratio essendi et ratio cognos-me ce qui rend possible l'apparatre - il est bien (au moins dans l'inter, cendi reprsente le pont entre connatre et tre, il accomplit la mmeprtation heideggriennede Husserl) ce qui apparat proprement parler uvre que les ides platoniciennes ou les formes de la scolastique

    prno-dans cet apparatre7. Heidegger estime comme essentiel le fait que chez minaliste. On ne saurait s'tonner alors, si

    Heidegger dans le dernier desHusserl l'universel catgoriel n'est rien de subjectif: introuvable dans la Quatre sminaires situe l'intuition catgorielle dans la ligne de la

    visionstructure intrieure de la conscience, il n'est pas non plus le rsultat dri. platonicienne des ides. R> L'intuition catgorielle ouvre au connatre l'ac-v de nos actes subjectifs de pense 8. Le principe de l'vidence nous cs la ralit de l'tant. C'est pourquoi Heidegger

    peut affirmer djenjoint de nous en tenir la manire dont le catgoriel s'offre dans sa dans les Prolegomenaque, grce cette dcouverte,

    il a t enfin possiblesaisie originelle. Cette saisie se confond avec l'intuition catgorielle el de "redonner un sens

    comprhensible"17 la notion scolastique prno-c''est bien en celle-ci que l'universel catgoriel (la notion d'intuition le dit minaliste de vrit comme adaequatio

    -- qui renvoie plus loin ladeja) nous apparat comme quelque chose de donn. conception grecque de la vrit.

    Dans ses Prolegomena, Heideggerconsidre cette dcouverte - le cat- Il faut certainement viter ce sujet unmalentendu: tout ceci ne signi-

    goriel n'est point subjectif, mais a le caractre d'une donne transsubjec- fie point que Heidegger aurait tenu le retour naf unepense prnomi-

    tive - comme la vision husserlienne qui fait littralement poque. Il y naliste des eid pour laconqute dterminante de la phnomnologie M.

    voit en mme temps le point crucial de la phnomnologie husserlienne9, Il voit ailleurs l'acquis durable de la dcouverte de l'intuition catgoriel-dans la mesure o l'intuition catgorielle rend possible non seulement le: celle-ci laisse transparatre la donation originaire et

    transsubjectivel'apparaitre intentionneldes objets de la perception 10, mais encore l'ana. d'une dimension d'ouverture 19 qui runit a priori connatre et tre

    pourlyse phenomenologique de cet apparatre, car cette analyse repose sur autant qu'elle constitue le fondement de leur

    possibilit.20 Le principel'idation ou l'intuition des essences dont l'objet est justement l'universel phnomnologique de l'vidence fait ainsi sortir la philosophie de

    l'im-catgoriel i1. Cette image de la phnomnologie husserlienne, que Hei. passe o le nominalisme mdival tardif l'a fait entrer, et lui rvle

    -

    degger a pu se former dans les annes vingt, est reste inchange pendant comme il est dit dans Contribution la question del'tre21 - Un SCCS

    des decenmes, comme le montrent ses crits des annes soixante. nouveau la disponibilit grecque-- foncirement prnominaliste --

    La dcouverte de l'intuition catgorielle a, au-del de Husserl, une por_ pour l'tat de non-retrait, pour l'altheia de l'tantapparaissant.22 Mais

    te historique: Heidegger afRrme, dans un passage mmorable des Prole. Heideggerne considre ni le catgoriel husserlien ni lescid ou les formes

    .gomena, que la conception de la donation transsubjective du catgoriel de la tradition prnominaliste comme le dernier mot ausujet de la dter-

    marque le dpassement de la position nominaliste dans la dispute des mination concrte de la dimension d'ouvertureoriginairement donne.

    umversaux 12. A cet endroit, l'interprtation heideggrienneacquiert une Pour ce qui est de la comparaison du catgorielavec les eid, il importe

    dimension bien actuelle. La polmique autour des fondements de la phi- de faire remarquer ds le dpart unediffrenciation que Heidegger ne

    losophie analytique porte, en dernire mstance, de nos jours sur les avan. mentionne pas dans Le sminaire de Zhringen,mais que l'on ne peut

    tages et les inconvnients du nominalisme, tel que, par exemple, Ernst pas ngliger, si l'on s'en tient soninterprtation de Husserl dans les

    Tugendhat - ancien lve de Heidegger - entend le reprsenter.13 Prolegomena23. L'universel catgoriel des Rechercheslogiques se rpartit

    L'interprtation antinominaliste que Heidegger donne dans les Prole- en deux classes fondamentalement ditTrentes:l'universel synthtique-

    gomena l'intuition catgorielle se trouve atteste sans l'ombre d'un formel, qui - selon la distinction ultrieure des Ides I- se prsente

    doute par ses crits des annes soixante: Pour autant que l'universel la conscience au cours du processusuniversalisant de "formalisation", et

    catgoriel - selon la lecture heideggrienne - rend possible l'apparatre l'universel eidtique, donn dans l'idation,qui apparat au cours du

    vident des objets de la perception et, par cela, l'apparatre intentionnel processus universalisant de"gnralisation"24. Il ne peut naturellertient

  • osse asce tes etue et ie:, ionnes de la tradition conscience: elle est - selon une formulation husserlienne paradoxale quiprnominaliste que pour le catgoriel pris dans cette seconde acception. connat de nombreuses variantes - "transcendance immanente".27 gyC'est pourquoi Heideggersouligne dans le Sminaire de Zhringen que le cette transcendance intentionnelle, la conscience doit constituer elle-catgoriel proprement husserlien est "plus que forme" . En dterminant mme la dimension d'ouverture - I'endroit de l'apparatre de l'tant. partir de L'Etre et le Temps - sa faon - la dimension d'ouverture Dans les annes soixante Heidegger a ritr sa juste observation: Hus-originairement donne, Heidegger abandonne la voie de la gnralisation serl a rendu fragile par l'immanence de la conscience sa propre dcouver-- sans mention mthodologique expresse - pour entamer la voie de la te de la dimension d'ouverture.28 Mais Husserl avait lui aussi une bonneformalisation, comme nous essaierons de le montrer plus loin, justification pour son cartsianisme: ce n'tait apparemment que celui-ciJe pense avec Heidegger que la pense de la dimension d'ouverture qui pouvait armer la phnomnologie contre le scepticisme nominaliste.transsubjective et originairement donne peut faire abstraction de la C'est ainsi que la condition de dpart profondment quivoque de laconcrtisation de celle-ci dans les philosophies des eid et des formes. La phnomnologie fait surface dans la critique heideggriennede Husserl.seule abstraction a pourtant du mal faire accepter cette dimension par D'une part, Husserl - en suivant le principe de l'vidence --- dcouvre lala pense m rne postnominaliste qui puise dans la conception cart- donation originaire d'une dimension transsubjective d'ouverture et offresienne de la conscience. Consciente de la pleine mesure de l'inscurit o au vingtime sicle la chance historique de surmonter la perte de mondeelle en est venue par le volontarisme mdival tardif, la philosophie ne qui caractrise la philosophie moderne, de souche cartsienne. D'autretrouve d'autre remde que le scepticisme nominaliste radical qui parvient part, il est oblig d'assurer sa dcouverte contre le scepticisme nomina- son expression dans l'argument du dieu trompeur de la Premire md- liste par l'immanence cartsienne de la conscience et manque ainsi cettelation cartsienne. Si les dterminations universelles qui confrent mme chance.l'tant sa realitas dpendent du bon vouloir d'un deus absconditus, prin. Mme s'il n'y a pas de commentaire chez Heidegger sur cette constel-cipalement inaccessible l'entendement humain, alors il n'est apparem- lation initiale de la phnomnologie, nous avons l'impression que l'effortmeat pas permis d'admettre une dimension d'ouverture originairement d'chapper au dilemme ci-dessus dtermine essentiellement, partir desdonne la lumire de laquelle la realitas de l'tant nous soit disponi- annes vingt, son chemin de pense. Eu gard ce fait, on peut raison-ble-nablement atTirmer que la pense heideggrienneest reste phnomno-C'est ainsi que la philosophie ne peut trouver d'appui, pour le moment, logique'dans les dcennies suivant le "tournant" (encore que pendant ceque dans l'immanence d'une conscience spare du monde et que prend temps les rfrences Husserl fassent presque dfaut). Au moins peut-onnaissance le problme classique de la thorie de la connaissance: com- interprter quelques ides centrales de cette poque comme naissant de lament une conscience prive de monde peut-elle transcender vers le mon- tentative de penser le principe de l'vidence dans ces dernires cons-de? Il est entendu, tout d'abord, que l'on a chercher en soi-mme les quences. Nous aimerions maintenant dvelopper les tapes fondamenta-conditions de la transcendance et, donc, de la vraie connaissance et non les de cette tentative.pas dans une dimension d'ouverture qui tient originairement ensemble Heideggerdevait se demander en premier lieu: comment dterminer latre et connatre-dimension d'ouverture originairement donne s'il n'tait plus question deHusserl tait plus que conscient de cette condition sceptique de la phi- la concevoir selon la pense nave, prnominaliste comme la lumire deslosophie moderne 26. C'est pour cette raison qu'il lui faut accepter l'im- eid et des formes. C'est la structure de Pintentionnalit comme rapport manence cartsienne de la e nscience. Il tente cependant de mettre d'ac- l'vidence qui apporta la rponse. Comme la conscience intentionnellecord celle-ci avec la dcouverte phnomnologique ou la redcouverte est renvoye des manires non originaires aux manires originaires ded'une dimension d'ouverture originairement donne. Ceci devait aboutir donation, le vcu de cette conscience se ralise dans les perspectives desgrce au concept d'intentionnalit. Si tre conscient de quelque chose manires de donation. Si un tant quelconque doit nous apparatre, ceciconstitue l'essence de la conscience, alors celle-ci est ds le dpart audel ne peut arriver que dans certaines manires de donation. Nous ne pou-d'elle-mme, c'est-a-dire "dehors", auprs du monde. Le problme tra- vons pas, pour ainsi dire, nous en passer et viser directement les objets.ditionnet de la thorie de la connaissance - le monde extrieur -- n'en Cet "a priori universel de corrlation" constitue la base de travail deest donc plus un. Husserl ne renonce pas pour autant l'immanentisme. toute phnomnologie. C'est pourquoi Husserl l'a dsign rtrospective-La transcendance vers le monde est retenue dans l'immanence de la ment comme le thme fondamental de l'ensemble de ses recherches.29

  • Si Husserl situe les manires de donation dans l'immanence cartsien- catgoriel formel. Mais djle procd husserlien tardif de la variation

    ne de la conscience comme faisant partie de l'intentionnalit, ceci se eidtique 33 - qui met enviden,ce les contenus eidtiques matriels de

    comprend dans la mesure o elles sont la forme dans laquelle s'accomplit ce que Husserl appelaitauparavant "intuition des essences" - prsup-

    l'apparaitre intentionnel des objets. Mais cette dtermination n'envisage pose apparemment laconscience de l'horizon: seules les rgles structura-

    ou'un seul aspect des manires de donation, car celles-ci sont en gale les de cette consciencepeuvent fixer d'avance des limites aux variations

    mesure la forme dans laquelle l'tant s'offre de lui-mme. Il n'y a pas de de la conscience imaginaire qui"simule" librement des contenus noti-

    raison reelle pour favoriser le ct conscience de l'apparatre par rapport ques ou nomatiques34.

    au cte etant - rvlateur de lui-mme. On ne saurait attribuer les Dans sescommentaires sur la phnomnologie husserlienne, Heidegger

    manires de donation exclusivement ni l'tant apparaissant ni au vcu a utilis plus d'unefois au singulier la maxime "aux choses elles-

    de la conscience oriente vers l'tant. Ces manires constituent une mmes"- formulation imprative du principe de l'vidence. Cette uti-

    dimension d'indiffrence vi-vis du sujet et de l'objet, ou encore lisation (" la chose elle-mme")nous parat lgitime, car il est essen-

    mieux: une dimension de l'entre-deux 30 rendant d'abord possible la dis- tiellementquestion dans la phnomnologie --- comme Eugen Fink l'a le

    tinction entre leujet qui accomplit l'apparatre et l'objet qui se prsente plus clairementvu - d'une seule et mme chose: la dimension d'ouver-

    dans cet apparatre. Ceci veut dire: il nous faut chercher la dimension ture "monde".L'analyse phnomnologique des objets dans le comment

    d'ouverture dans le domaine des manires de donation. de leurapparatre conduit ncessairement au comment de l'apparatre

    Les manires de donation ne surgissent pas seules. Chacune est un lui-mme, c'est--dire, en dernire instance, la dimension de l'appa-

    renvoi dans un ensemble de renvois des manires de donation. Les ratre, lemonde.

    ensembles de renvois sont des champs de visibilit, des horizons pour Depuis quel'laboration de la phnomnologie gntique a port,

    notre vcu intentionnelet, conjointement, des espaces de jeu o les objets partir desannes vingt, au centre de son attention la notion d'horizon,

    peuvent d'abord nous apparaitre. Les horizons ont de ce fait le mme Husserls'est toujours davantage rapproch de cette perspective. Il

    auto-

    caractre de l'entre-deux que les manires de donation: comme champs risa en 1933la publication d'un article de Fink37, comme prsentation

    de visibilit, ils sont du ct de la conscience, comme espaces de jeu deauthentique de son propre point de vue: le monde y tait envisag

    com-

    l'apparatre, du ct de l'tant. Tous les ensembles de renvois et leurs methme fondamental de la phnomnologie. La pense du monde

    de la

    horizons se renvoient mutucIlement les uns aux autres et donnent sur un viedans son tude Krisis continue cette orientation. Husserl voit

    main-

    horizon de tous les horizons: le monde. C'est ainsi que le monde, com-tenant la tche historique de la phnomnologie avec une clart

    nouvelle:

    pris comme horizon universel, se rvle comme l'entre-deux originaire, laperte de monde de la pense moderne provient du fait que la

    science

    autrement dit, comme la dimension d'ouverture recherche. Grce l'in.objectiviste fait radicalement abstraction des entours situationnels et

    des

    tantionnalit - qui se fonde chez Husserl dans le caractre d'entre-deuxperspectives de l'apparatre de l'tant, autrement dit, de son

    enveloppe-

    de cette dimension d'ouverture -, il a t possible de renvoyer auxment dans des manires de donation et dans des horizons.

    La totalit du

    archives le problme de la thorie moderne de la connaissance, le pro-monde est ainsi perue seulement comme somme des objets

    et non pas

    'olme du monde extrieur.comme horizon universel, horizon que Husserl appelle

    maintenant mon-

    On peut conclure: Pobservation consquentedu principe de l'videncede de la vieR

    r le ncessairement le seul thme fondamental et propre de la phno-Mais, d'autre part, c'est par le rapport l'vidence,

    comme trait fon-

    mnologie: l'horizon universel "monde". Ce n'est donc pas l'universeldamental de la conscience intentionnelle, qu'un appauvrissement

    de l'ex-

    catgoriel qui fornie la dimension d'ouverture, mais le monde. Une repri-prience du monde devient possible. La conscience

    intentionnelle n'est

    se du thme phnomnologique de l'intuition catgorielle - sa contesta-pas statique, mais dynamique. Le vouloir domine

    l'aspiration intention-

    tion par la philosophie analytique-nominaliste rend cette reprise souhai-nelle vers l'vidence qui attache la conscience aux objets,

    tout en essayant

    table B - doit se donner pour tche d'lucider l'universel catgoriel com-de se saisir de ceux-ci dans des manires de

    donation originaire. Cet

    me manifestation de l'horizon universel "monde". A la diflrence desattachement aux objets empche la conscience de dcouvrir le

    comment

    eid de la tradition prnominaliste et du catgoriel husserlien eidtique.des horizons de l'apparatre, c'est--dire les manires

    de donation et le

    l'hodon " mond? comme totalit des rapports de renvoi a un caractre monde dela vie.

    formel 32. Ds lors il y a bon espoir d'lucider dans cette perspective leLe caractre volontaire de l'intentionnalit, pas

    toujours clairement

  • explicit par Husserl lui-mmen, laisse apparatre - sans qu'il s'en aper- aurait d se poser la question de l'tre de la conscience et y trouver uneoive - quelque chose du volontarisme en tant que l'origine de la perte rponse (question qu'il a trs peu ou pas du tout considre)?Nous

    allons

    de monde. La volont humaine inscurise par les surenchres volonta- nous arrter sur quelques aspects significatifs de la critiqueheideggrien-

    ristes l'gaid de la volont divine ne parvient s'affirmer. elle-mme ne portant sur l'tre de la conscience intentionnelle.que par le retrait cartsien dans l'immanence de la conscience: partir de Le premier reproche d'envergure affirme que Husserl n'a pas

    dtermi-

    ce "point d'Archimde", elle se lance avec dcision la poursuite des n l'tre de la conscience intentionnelle- comme conscience absolue -

    objets. On comprend alors pourquoi c'est toujours un acte de volont qui par rapport elle-mme, mais en procdant un quadripleaperu des

    libre chez Husserl la conscience de sa captivit objectuelle. L'poch qui rapports entretenus par cette conscience autrechose43. On a du mal

    rend d'abord possible l'analyse phnomnologique des manires de dona- voir une autre dtermination positive de l'tre de la conscienceintention-

    tion rrsente un changement volontaire d'attitude40 (}'Origine stocien- nelle audel des quatre dterminations husserliennes-- que Heidegger

    ne de ce vobia en dit assez). La conscience parvient ainsi un tat reconstruit par ailleurs pertinemment -, car l'tre d'une chose nese

    ingnu de srnit - Husserl parle de "dsintressement" - qui se prte laisse dterminer que par rapport une telle autre (dterminatioest nega-

    au thme du monde comme horizon universel. tio). Si Heidegger remplace dans L'Etre et le Temps la conscienceinten-

    Rien que dans les textes husserliens tardifs tout tourne autour de l'ho- tionnelle absolue par l'tre-l et dlimite sa manire d'trepar rapport

    rizon universel "monde" ou autour du "monde de la vie", c'est un autre Ptant disponible et l'tant subsistant, il procde alorsformellement de

    thme qui prend officiellement le dessus: la conscience en tant que sub- la mme faon.jectivit transcendentale. Husserl dplace la dimension d'ouverture origi- Particulirement frappante apparat dans ce contexte la

    contestation

    nairement donne dans l'immanence de la conscience, en la dsignant heideggriennede la premire dtermination husserlienne:la conscience

    comme un produit de constitution de cette conscience. Il mconnat le est tre immanent44. "Immanence" a ici une signification spcifique. Si

    init que le monde comme espace de jeu -- o toutes les manires de la conscience accomplit un acte de rflexion surson propre vcu, alors le

    donation se renvoient - constitue "en quelque sorte l'lment"41 d'une vcu comme objet d'un tel acte- la diffrence des objets de la per-

    unit originaire de la conscience et de l'tre. Leur sparation est, par la ception extrieure - est "rellement contenu"dans l'acte lui-mme.

    stiite, posble seulement en vertu de cette unit initiale. La conscience Heideggerestime que l'immanence entendue de la sortedtermine seule-

    transcendentfe qui s'oppose au monde par ses performances constituti- ment un rapport l'intrieur de la rgion "conscience" etnon pas l'tre,

    ves prsupposeen fait la dimension d'ouverture "monde". Husserl ren- c'est--dire la manire d'tre de cette rgion mme.

    erse les termes de cette argumentation. Cette critique viserait juste, la seulecondition qu'il soit phnomno-

    Heidegger s'est aperu ds le commencement de cette dficience. Ce- logiquement raisonnable de parler de l'tre dela conscience sans tenir

    pendant, au lieu de faire remplacer la conscience constituant le monde compte de la faon dont l'tre est donnlui-mme. Selon le principe

    pa, le monde lui-mme comme dimension d'ouverture, il la fait rempla- phnomnologique de corrlation, voqu plushaut, l'tre de tout objet

    cer par l'tre. Dans la critique - que Heidegger prtend dans les Prole- - y compris l'tre de la conscience commetant son propre objet - ne

    gomena strictement immanente - de la position husserlienne, l'tre est se montre que dans le comment de sonapparatre originaire. Si, par

    dsign comme la "chose de la phnomnologie". Cette critique affirme: consquent, la conscience se prsente elle-mme originairement dans

    Husserl qui considre la conscience intentionnelle comme la "chose de la les actes de rflexion (a) et si le comment decette prsentation a le carac-

    ph nomnologie" se doit de dterminer l'tre de cette conscience. 11 tre de l'immanence en question (b), alors onpeut conclure valide-

    rpond trs pen ou pas du tout cette tche. ment (c) que l'immanence est unedtermination de l'tre de la conscien-

    Pour dcider du caractre phnomnologique ou non phnomnologi- ce. Heideggeraurait pu avec raisonmettre en question les prmisses a et

    que de la problmatique heideggrienne de l'tre et pour juger convena- b: le souci des mortels se souciant deleur tre est un "rapport soi" plus

    blement son interprtation de la phnomnologie comme mthode de originaire que la rflexion"objectivant" ses vcus (a). Si les vcus aux-

    Tontologie, inous parat particulirement important de savoir si cette quels se rapporte l'acte de rflexion sontsimplement immanents ou plu-

    bitique a rellement le caractre immanent que Heidegger revendiquen. tt dj transcendants, voici laquestion que Husserl se pose lui-mme

    11 faut se demander alors: Heidegger peut-il vraiment prouver que Hus- dans ses analyses tardives dela notion de temps. Or la critique heideg-

    seri - en vue de mener bon terme le projet phnomnologique -- grienne, de faonsignificative, ne vise pas les prmisses, mais s'arrte

  • Ia conclusion (c) pour affirmer que Husserl n'aurait pas rpondu laquestion de Ptre de la conscience - et c'est justement cette affirmation

    Nous nous en tiendrons dans ce qui suit ces aspects-ci de la pense

    qui ne tient pas.heideggrienne,car la thse de l'tre comme "chose de la phnomnolo-

    La critique des Prolegomena culmine dans l'argumentation suivantegie" ne nous parat pas en tout point dmontresi,

    pour distinguer entre l'tre absolu de la conscience constituant le mondHusserl pense la constitution du monde ainsi: la conscience forme des

    et l'tre relatif ( la conscience) du monde, Husserl a besoin de l'tre11orizons appropris au vcu intentionnel des objets et, partir de ces

    comme critre de comparaison et il omet de s'interroger sur le sens de cethorizons, elle construit l'horizon universel. Ceci veut dire: Husserl part

    tre45. Selon cette argumentation l'tre serait le genre l'intrieur duqueldu rapport conscience-objet et n'aboutit que par ce moyen l'ouverture

    Husserl devrait spcifier l'"tre absolu" et P"tre relatif". Or il est clairde la conscience l'horizon du monde. Par cette conception, la phno-

    depuis Aristote -- d'ailleurs personne ne le sait mieux que Heidegger -mnologie husserlienne est passible elle aussi de l'oubli du monde de la

    que l'tre n'est pas du tout un genre. En introduisant la notion de Ptrevie, car le monde est necessairement compris ici peu prs comme un

    dans sa critique immanente de la phnomnologie husserlienne, Heideg-objet englobant tous les objets. Or il ne peut pas en tre ainsi: le monde

    ger fait un usage indfendable de cette notion. C'est ainsi que cette criti-rend d'abord possible l'apparatre des objets. C'est pour cette raison que

    que, qui parvient maintenant son point dcisif, perd dfinitivement sala phnomnologie heideggriennede L'Etre et le Temps commence par

    force de conviction.la thse: le rapport au monde devrait tre la dtermination originaire de

    Ceci n'exclut pas que l'invocation heideggrienne de la notion d'trela conscience. Or comme la conscience se dfmit comme rapport l'ob-

    saurait se lgitimer par des arguments transphnomnologiques. Ce quijet, il faut renoncer cette notion. L'ouverture fondamentale au monde

    comme dimension d'ouverture caractrise la rinterprtation radicale dunous intresse en ce moment, c'est que l'introduction de la notion d'tre "sujet" dans L'Etre et le Temps. Celui-ci n'est rien d'autre que le "l" den'aboutit pas par la voie d'une critique immanente de la phnomnolo- l'apparatre de la dimension d'ouvertures2 autrement dit, il est "tre-l"gle. Tout donne penser que ce sont des raisons extrieures la phno-

    '

    comme "tre-au-monde". Le rapport de l'tre-l au monde n'est plusmnologie, notamment le dialogue renou avec Aristote, qui donnem. captif de l'immanence de la conscience, comme

    ce fut le cas de l'inten-naissance la problmatique heideggrienne de l'tre. Si Husserl a tionnalit husserlienne, car le dpassement vers le "dehors" transsubjec-recours la conscience pour rpondre une situation postnominaliste et tif du monde constitue l'tre-l. La relation intentionnelle aux objets serevient ainsi la concepton cartsienne de la philosophie, Heidegger, fonde dsormais dans la transcendance vers le monde 63.

    inspir par l'exprience prnominaliste d'un espace d'ouverture originai- Cette transcendanceapparat de faon toujours plus dcisive comme lerement donn, reprend la conception dterminante prcartsienne de la trait fondamental de l'tre-l 54. Paralllement, il devient aussi videntphilosophie: la problmatique aristotlicienne de l'tre de l'tant46. que cette conception de la transcendancepeut toujours jouer de mamere

    Dans les deux cas, la phnomnologie se voit retenue par une autrea ,, .

    , . volontariste contre l'esprit du principe de l'vidence. Dans lemouvement

    chose que celle qui dcoule sans contrainte du principe de l'evidence: . .imtial de la transcendance vers le monde, l'tre-l arrache l'tant, ori-

    le monde47. Le thme du monde nous permet lui aussi de renouer avec .,ginairement rephe sur lui et obscur ss, la dimension claire de l'apparatre,une conception "traditionnelle" de la philosophie. En dpit de l'affirma- l'horizon du monde, dans la lumire de laquelle l'tant peut se faire voir.tion d'Aristote qui fait autorite chez Heidegger - on s'est depuis toujours Si la volont d'vidence tait l'uvre dans la conscience intentionnelleinterrog sur l'on48 -, ce n'est pas l'tre qui fait problme l'aube de la

    .attache aux objets de la phenomenologie husserlienne, l'tre-l est, dans

    pense grecque - ceci vaut partir de Parmnide - mais la totalit la libert de son existence, domin par une volont combattante qui s'of-

    comme telle, l'ensemble des panta, le cosn2os49. Le monde est ainsi la fre -- comme son propre " l'intention de" -- le monde en tant qu'es-chose originaire de la philosophie" et c'est dans ces limites que la ph- pace universel de jeu de sa libert.

    nomnologie peut tre considre comme le renouvellement de la plus.

    Par ce trait de sa pense, Heidegger mne, dans un premier temps, la

    ancienne conception de la philosophie. domination du principe de volonte et le rapport volontariste au monde

    Mme si Heidegger n'avait pas accept cette thse telle quelle, le mon- leur apoge, surpassant en cela la thorie husserlienne de la constitution

    de comme thme propre de la phnomnologie s'impose toujours davan- du monde, fonde dans l'immanence de la conscience. Le pouvoir dela

    tage dans son uvre: de l'tre-au-monde dans L'Etre et le Temps jusqu' volont dispose maintenant entirement du monde.

    la problmatique tardive du "quadriparti" et de l'"arraisonnement"M.

  • Si la dimension d'ouverture est pense consquemment, l'oppos de tude naturelle laquelle ellevoulait chapper par la thmatisation du

    la position volontariste, comme quelque chose d'originairement donn monde. En"objectivant" le monde, cette pense se mprend sur elle-

    comme un vrai "dehors" transsubjectif, alors la volont ne saurait point mme et tombe en proie l'"objectivisme" qui atteint son comble dans

    en disposer. Cette dimension doit rencontrer l'tre-l non pas comme se la science moderne,mathmatise, de la nature 60. COfument SRUra-t-On

    pliant la libert de ce dernier, mais comme ce partir de quoi l'tre-l penser ledpassement de l'objectivisme? Apparemment, d'une seule

    reoit d'abord sa libert. La rceptivit de l'tre-l pour la dimension manire-- encore que cette ide ne se laisse pas facilement saisir chez

    d'ouverture prsuppose que cette dimension se soustrait sa volont. Husserl en sonplein panouissement -: la philosophie doit thmatiser

    C'est ainsi que la mdiation toujours plus approfondie des implications le monde justementdans son non-thmaticit, par laquelle celui-ci se

    antinominalistes et antivolontaristes du principe de l'vidence conduitsoustrait la tendance d'objectivation de l'attitude naturelle et demeure

    Heidegger au "tournant": dans l'apparatre de la dimension d'ouverture ainsi voil. Si l'on suit donc lesconsquences de la critique husserlienne

    "monde" le voilement rejoint le dvoilement, autrement dit, le retrait de l'objectivisme, ilne reste formellement qu'une tche, prcisement celle

    fait partie de l'apparatre. En ce moment le phnomnologue Heidegger a qui setrouve accomplie chez Heidegger: penser le voilement de la

    fait - selon sa propre et juste estimation de l'poque tardive - le pasdimension d'ouverture "monde"6L

    dcisif audel de Husserls'/. Pour appuyer sathse que la pense philosophique et scientifique avait

    On peut certes entendre dj la pense du retrait dans la maxime "aux ds le commencementune certaine ide du voilement -- ide voile

    choses elles-mmes", formulation imprative du principe d'vidence. sontour et presque pas saisie comme telle -- Heidegger apporte comme

    Appeler la dcouverte des choses, des phnomnes, leur mise en vi- preuve fameusela notion grecque d'altheia. La structure mme du voca-

    dence a du sens la seule condition que ces choses soient normalement ble"non-voilement" fournit -- selon lui - la premire indication que le

    voiles". Husserl attribue cependant ce voilement la conscience qui, retrait et la rserveentourent le dploiement de l'horizon du monde62.

    du fait de son attitude naturelle, demeure captive des objets. HeideggerL'closion du monde, rvlation de la dimension d'ouverture, a elle-

    lui aussi situe au dbut, dans L'Etre et le Temps, ce mme voilement mme lecaractre d'un mouvement de retour vers un retrait originaire. A

    dans une manire d'tre de l'tre-l (celui-ci remplace la conscience), l'poque deL'Etre et le Temps, Heidegger pensait encore que ce mouve-

    savoir dans son tre-dchu". C'est partir du "tournant" que Heidegger ment de retour se fonde dansla libre volont de l'tre-l qui livre des

    s'aperoit que le voilement appartient "la chose elle-mme": dorna- combats durs, lamanire volontariste moderne, en vue de sa propre

    vant le voilement dterminera aussi la dimension d'ouverture que leafirmation. Environ partir de 1930, il se rend compte de la consquen-

    principe de l'vidence prsuppose comme originairement donn. cela plus radicale du principe de l'vidence: le dploiement du monde a

    Mme si la phnomnologie prend maintenant une route radicalementlieu partir d'un retrait originaire qui dans sa libert non fondable ne

    nouvelle, il y a dans l'uvre tardive de Husserl (Krisis) des textes mon-refuse pas aux humains la lumire du monde, mais par contre la rend

    trant sans aucun doute que la tendance originaire de la phnomnologielibre pour l'tre-l63;

    husserlienne trouve elle aussi son accomplissement dans la pense duLa donation originaire d'une dimension d'ouverture transsubjective se

    voilement. Le monde comme ensemble de renvois des horizons et destrouve ainsi enfin prserve - et de telle faon qu'elle demeura cache

    manires de donation demeure ncessairement voil l'attitude naturelle laphilosophie prnominaliste qui avait pourtant une conscience de cette

    de la conscience; car celle-ci fait de ce qui lui apparat un objet, c'est_dimension. La lumire des eid et

    de'sformes n'tait pas en effet perue

    -dire un thme de son attention. Mais le monde comme milieu d'unecomme un don partir de l'obscurite originaire. L'obscur ne se joignait

    telle objectivation se soustrait la thmatisation. C'est avec la naissancepas l'apparatre de cette lumire. Pour marquer la difference par rap-

    de la philosophie et de la science, autrement dit, avec le passage histori-port la mtaphore traditionnelle de la lumire, Heidegger dsigne la

    que de l'attitude naturelle l'attitude philosophique, que le mondelibre donation de l'closion du monde partir du retrait comme

    " clair-cie"64 En considrant le "sans-fond" du voilement (d'une faon autre

    appel cosmos ou la panta - surgit de son tat non thmatis. Mais par que thologique), il sauvegardedu mme coup le moment de vrit dusa thmatisation le monde devient invitablement objet de la pense volontarisme, sans s'y rapporter directement dans ses textes.philosophique et scientifique et ceci signifie : il perd justement le carac-

    Si Heidegger rement en valeur la conscience prvolontariste et prno-tre d'horizon qui le rendait different des objets de l'attitude naturelle. La- minaliste de la dimension d'ouverture, il n'entend pas par l restaurerpense philosophique-scientifique retombe ainsi ds le dbut dans l'atti-

  • une figure dpasse de la mtaphysique, mais demeure sur le terrain et pour les humains - selon la prdominance du dvoilement ou dumoderne de la pense postvolontariste et postnominaliste. Heidegger voilement.n'est point un nothomiste dguis. Il ne renonce pas non plus - et c'est L'ensemble de renvois du "monde de la vie", c'est--dire le monde tell un fait loquant -- un aspect dcisif de la position moderne de la qu'il est vcu originairement par les vivants se trouve donc redfini chezsubjectivit . Assurment, le "sujet" n'est plus pens comme conscien- Heideggercomme "quardriparti" des divins et des mortels, du ciel et dece, mais partir du rapport au monde comme tre-l; certes, la libert la terre72. Quand Husserl enveloppe la chose individuelle de la percep-moderne de volont, par laquelle le sujet se dfend contre l'inscurit de tion dans l'ensemble des renvois et des horizons du monde de la vie, onprovenance volontariste et nominaliste, devient d'abord possible dans la devine dj l'intention de sauver cette chose individuelle du nivellementlibre donation de l'horizon du monde partir du retrait, mais le don qui objectiviste qui la rduit une partie quelconque, remplaable de cese rvle dans l'claircie - ceci est essentiel - est assign la rceptivit "monde". Le "monde" comme somme de tous les objets est en fait unedes humains66. Autrement dit, l'claircie "a besoin" de l'tre-l comme sorte de rcipient gant o tout devient finalement dchet. Heideggerseul endroit o l'closion du monde peut avoir lieu 67. Mais cela ne signi- s'est le premier aperu de cette situation dramatique dont le monde nonle nullement que l'claircie serait un produit de constitution de l'tre- philosophique n'a pris connaissance que lors de la crise cologique mon-l * diale. La chose individuelle, rduite par l'"arraisonnement" l'tat d'ob-

    Heidegger se propose ainsi tout comme Hegel - encore que dans un jet remplaable de la recherche scientifique, de matriel la dispositionbut tout fait diffrent - d'accueillir sur le terrain du subjectivisme de la technique et d'article de consommation d'une socit de dissipation,moderne les conceptions fondamentales de la tradition prvolontariste et regagne sa dignit chez Heidegger pour autant qu'elle se "rassemble"prnominaliste, sans pour autant retomber dans les navets et les prju- dans le "quadriparti", comme ensemble de renvois.gs - censs d'tre dpasss - de cette tradition. Indpendamment du jugement que l'on puisse porter sur la solidit de

    La prise en compte dcisive de la donation originaire du monde com- cette analyse, il nous semble significatif que la pense heideggrienne,dsme dunension d'ouverture accrot la chance du dpassement de la perte qu'elle devient (aprs le "tournant")phnomnologiquement concrte semoderne de monden, laquelle Husserl ragissait dj par sa critique de donne une fois de plus pour thme "la chose mme de la phnomnolo-l'oubli du monde de la vie. Heidegger donne une description tout fait gie": le monde comme ensemble de renvois et l'enveloppement de lanouvele au caractre de renvoi du monde - que Husserl a marqu par chose in

  • encore mieux dfendu par la phnomnologie heideggriennede la chose ne fait que confirmer par contrecoup ce qu'il se proposait de contester.que par la phnomnologie husserlienne de la perception. Heidegger Il est connu comment le tournant peut prendre la forme d'une remiseaccordera la philosophie analytique que le langage prvaut sur la per- en question historiale. Avec l'accroissement du danger, c'est--dire de la

    ception. Il ne manquera pourtant pas d'y ajouter que "la vraie unit du perte de monde dans l'"arraisonnement", s'accrot la chance de recon-langage n'est pas la proposition, mais le mot"24. L'acte originaire de natre cette perte comme perte et de faire l'exprience du retrait ( partir

    parler, ce n'est pas la liaison propositionnelle, la forme smantique " ti duquel cette perte nous est historialement destine) comme appartenant

    kata tinos" de la proposition prdicative, mais le pur acte potique de l'claircie elle-mme. Il reste tout de mme une dernire question: com-nommer Eonomazein 75. Tout ce que l'homme peut jamais rencontrer est ment se saisir de cette chance? Comment le principe de volont, raison

    appel ainsi du retrait dans l'ensemble de renvois du "quadriparti". S'il de la perte de monde, se laisse-t-il dpasser?

    a'y avait pas de chose individuelle surgissant dans cette unique "action Husserl a propos la voie de l'poch, c'est--dire d'unesuspension du

    de parler", qui mrite bien d'tre dnomme ainsi, le langage n'aurait caractre volontaire de l'intentionnalit. Mais cette suspension impliquerien relier dans ses propositions 26. une dcision et, donc, un autre acte de volont. Le phnomnologue

    la "tournant" heideggrien - la prise en compte du mouvement de accomplit cet acte, car la formulation imprative du principe de l'viden-dvodement-voilement qui tient ensemble la dimension d'ouverture et ce "aux choses elles-mmes" est aussi un appel la responsabilit de

    Ttre-l - se heurte dans la philosophie contemporaine une attitude l'homme de science. Dans le principe de l'vidence rside l'exhortation

    souponneuse qui se laisserait traduire par les questions suivantes: Le de rendre compte de manire responsablede l'apparatre du monde. Hus-

    ilement se portant garant de l'imprvisibilit de l'horizon du monde serl a bon droit toujours soulign la responsabilit du philosophe . La

    n'e *-il pas une simple liivention? La prise en compte d'un fondement de phnomnologie -- son plus haut niveau -- tait pour lui la capacit

    v sit audel de l conscience ne continue-t-elle pas le style prim de la d'assumer clairement d'une responsabilit ultime.

    nense mtaphysique et ne tombe-t-elle pas, pour cette raison mme, En ce domaine, Heidegger confond le son et la farine. Il pense que

    sous le coup de rasoir d'Occam? Qu'est ce qui peut bien nous prouver l'oubli moderne du monde pour autant qu'il est dvoil et destin

    que dans Tapparatre du monde rgne le retrait? Fhomme partir du voilement, reprsente une sorte d'aveuglementtra-

    Dans i esprit de l'interprtation que nous proposons ici, la pense du gique auquel mme le philosophe ne sauraitchapper79. Quand Husserl

    "tournant" reoit sa validit de la tendance antinominaliste du principe croit pouvoir dpasser le principe moderne de volont par une dcisionde Pvidence. L'irnportant, comme Heidegger le souligne lui-mme, c'est volontaire du philosophe - Heidegger aurait pu dire ceci -, il

    retombe

    que le tournant reprsnte seulement en apparence un mouvement sub- alors par sa confiance en la volont des philosophes dans ladomination

    jectif de retour sur le chemin de sa pense77. Ce mouvement de retour du prncipe de volontso. L'espoir de venir bout de l'oubli du mondedoit tre plutt compris cumnie le prcurseur d'un tournant historial requiert, selon Heidegger, une attitude dans laquelle la

    volont de pren-

    marquant l'abandon du principe moderne de volont. La consquence de dre cette attitude disparat elle aussi.

    principe a t la perte de monde culminant par l'oubli du monde de la La disposition essentiellement non volontaire de l'tre humain est

    vie. C'est bien cette perte de monde qui constitue la preuve requise plus appele par Heidegger"srnit". La srnit n'est plus uneattitude thi-

    haut: nous ne sommes pas matres de la dimension d'ouverture "mon- que, au sens traditionnel du mot, car ces attitudes sontvolontairement

    de" et, par consquent, nous sommes dpendants dans notre libert du acquises et reposent sur des dcisions dont les humainsdoivent rendre

    retrait qui rgne dans cette dimension. Le scepticisme nominaliste, consi- des comptes. Par contre, dans le domaine de la srnit, commeHeideg-

    dre par rappori cette donation originaire de la dimension d'ouverture, ger l'affirme mot mot dans le "Feldweggesprch" Zur Errterungder

    est lui-mme l'expression philosophique de la perte de monde. Dans la Gelassenheit, "il n'y a pas de compte rendre"BL Il radicalise donc telmesure o le scepticisme conteste que nous recevons la dimension d'ou- point la pense de la donation originaire transsubjective de

    la dimension

    verture et que nous ne la construisons pas nous-mmes, il se fait le porte- d'ouverture que le moment de responsabilit, qui s'imposedans la for-

    parok d'un oubli qui, son tour, n'est pas l'uvre de l'homme; il est mulation imprative du principe de l'vidence, faitmaintenant d-

    aestmation de Pclaircie, dispense par-dessus l'homme, partir d'un fauts2.

    retrait originaire En niant la rvlation en provenance d'une dimension Il nous semble que la pense de la srnit estexagre. Nous n'aime-

    voile qui dpasse les disponibilits humaines, le scepticisme nominaliste rions pas faire appel un argument ad hominem:l'aspiration heidegg-

  • . - ciane ce qui a rendu sa pensee determmante pour ravenir meme ce latr= energique de rendre compte de manire responsablede son poque et philosophie: non pas la contribution marquante la philosophie dede ce qui peut encore advenir. La renonciation la volont se trouve en l'existence M; ni non plus la reprise et la transformation - difficilementeffet dmentie par cette volont. Nous avons avant tout l'impression que discernable comme argumentation - de la question aristotlicienne deHeidegger a confondu la volont d'tre responsablequi continuera de se l'tre; mais l'approfondissement de l'ide originaire de la phnomnolo-manifestre tant qu'il y aura une philosophie digne de ce nom avec la gie,alont excessivement volontariste qui parvient son apoge une cer- (traduit de l'allemand par Richard Regvald)

    taine priode historique et qui, pour cela mme, peut ensuite disparatre.Kidegger a traduit le mot logos, que l'on entend aussi dans le vocable TABLE DES SIGLES" phnomnologie", et qui a proccup longuement sa pense, par toutesL a expressions possibles, mais jamais par "Rechenschaft" (compte) - le Husserl:mot allemand toujours le plus convenable cet effet. Il a formellement Erf u. Urteil E. Husserl, Erfahrung und Urteil. Untersu-reft:4 la traduction pourtant juste de la formule socratique (fondamenta

    chungen zur Genealogie der Logik, rdig etle nour la philosophie) "logon didonai" par "rendre des comptes" . Ildit par L. Landgrebe. Hamburg, 5 d.est permis de conclure que, par ce refus, il a voulu tenir loin de sa ph1976.nomnologie l'cho de la responsabilit volontaire qui rsonne dans cette

    F. u. tr. Logik E. Husserl, Formale und transzendentale Lo-tradi clori.gik, dit par P. Janssen. Husserliana XVII.On rait pu passer outre au peu de comprhension heideggrienneLa Haye 1974.Pour la dimension thique de l'acte de rendre des comptes de manire Ideen I E. Husserl, Ideen zu einer reinen Phnomeno-responsable, si cette dficience n'avait pas eu des suites fort inquitanteslogie und phnomenologischen Philosophie I,De la volont de rendre rciproquement des comptes nat chez les Grecs dition nouvelle de K. Schuhmann. Husserlia-une nouvelle forme historique de vie en commun qui rassemble desna 111 1. La Haye 1974.cito; as gaux dans la libert de leur responsabilit. La philosophie com~

    Krisis E, Husserl, Die Krisis der europischen Wis-nie forme radicale de "rendre des comptes" n'apparat pas accidentellesenschaften und die transzendentale Phnome-ment la mme poque que la communaut citoyenne - politique dans nologie, dit par W. Biemel. Husserliana VI.le sens propre du mot B4. Aristote, vnr d'ailleurs par Heidegger, neLa Haye 1954.pense pas qu'il est inessentiel de rechercher la meilleure forme de cit LU E. Husserl, Logische Untersuchungen H, ditde as laquede les habitants vivent ensemble et se rendent rciproquement par U. Panzer. Husserliana XIX. La Hayedes comotes.1984.Heidegger s'est certainement inspir de la notion de praxis de l'Ethique

    I. Philosophie II E. Husserl, Erste Philosophie, deuxime partie, Meomaque, mais faute de considrer sa juste valeur le moment dedit par R. Boehm. Husserliana VIH. Larest naabilit, il ne s'est pas intress par la suite la tradition politique Haye 1959.inaugurec par cet ouvrage. Il a pu de ce fait tenir - mme si ce fut pour

    trs peu de temps - l'attaque hitlrienne nihiliste contre la vie publique IIeidegger:a contre ses institudons pour l'aube espr d'une poque nouvelle etpre udre parti dans une fonction officielle pour le national-socialisme. A Anfangsgrnde d. L. M. Heidegger, Metaphysische Anfangsgrndecc et, rien ne doit tre enjoliv. Mais la stupfaction durable ressentie der Logik im Ausgang von Leibniz, dit pardevan la dfhillance politique de Heidegger ne peut pas faire oublier K. Held. GA 26. Frankfurt a. M. 1978.qu'il a pens le principe de l'vidence dans ses dernires consquences et Aristoteles M. Heidegger, Phnomenologische Interpreta-a ouvert ain:i la porte vers le dpassement de la perte moderne du mon. tionen zu Aristoteles, dit par W. Brcker etde. E :: notre impression, les dclarations heideggriennestardives au K. Brcker-Oltmanns. GA 61. Frankfurt a. M.sujet de la phnomnologie montrent qu'il a rtrospectivement vu avec 1985.

  • Jelassenheit M. Heidegger, Zur Errterung der Gelassen- Ein/. W. i. Metaph. M. Heidegger, Einleitung zu:" was ist Meta-

    heit. Aus einem Feldweggesprch ber das ' physik?", appartient au recueil: Wegmarken,Denken, dans: Aus der Erfahrung des Den- dit par Fr.-W. von Herrmann, GA 9,kens (1910-1976), dit par H. Heidegger. pp. 365-383. Frankfurt a. M. 1976.GA 13, pp. 37-74. Frankfurt a. M. 1983.

    legel u. d. Gr. M. Heidegger, Hegel und die Griechen, appar-tient au recueil: Wegmarken, dit par Fr.-W. NOTES

    von Herrmann, GA 9, pp. 427-444. Frankfurta. M. 1976. L Ideen I, p. 51.

    Tumanismusbrief M. Heidegger, Brief ber den Humanismus,2. Cf Richardsonbried p. XV.3. F. u. tr. Logik, pp. 176 sqq.

    appartient au receuil: Wegmarken, dit par 4. Heidegger remarque pertinemment dans Prolegomena (p. 68) que l'vidence a pourFr.-W. von Herrmann. GA 9, pp. 313-364. Pintentionnalit une "fonction universelle".Frankfurt a. M. 1976, 5. Prolegomena, p. 130. La notion de l'intuition catgorielle est dveloppe dans la

    conti-

    'rolegomena M. Heidegger, Prolegomena zur Geschichte nuation de Husserl, ibid., pp. 63-99.

    des Zeitbegriffs, dit par P. Jaeger. GA 206. LU, pp. 657-733. Voir aussi E. Tugendhat Der Wahrheitsbegr f bei Husserl und Hei-

    ' degger, Berlin, 2 d. 1970, pp. 107 sqq.Frankfurt a. M. 1979. 7. Vier Seminare, p. 115.

    fichardsonbrief M. Heidegger, Brief an W. J. RichardSOn, 8. CC Prolegomena, pp. 78-79, 97, 101 et Vier Seminare, pp. 113-114, 116.dans: W. J. Richardson, Through Phenomeno. 9. Vier seminare, p. 111.logy to Thought. Phaenomenologica 13. La 10. Prole,gomena, p. 64; Vier Seminare,

    pp. l l2 sqq,

    Haye 1974.11. CC Prolegomena, pp. 90-99, 109, 130.

    ache d. Denkens M. Heidegger, Zur Sache des Denkens. Tbin- . e i lii / hrung in die sprachanalytische Philosophie, Frankfurt a. M. 1976,gen, 2 d. 1976- pp. 184 sqq.

    latz v. Gr. M. Heidegger, Der Satz vom Grund. Pfullin- 14. VierSeminare, pp, ll2sqq.

    gen, 6 d. 1986. I 5. Ibid.,pp. I 12 sqq.

    77 M. Heidegger, Sein und Zeit. Tbingen, 15e16. Ibid., pp. 114-115.17. Prolegomena, p. 73.

    d. 1979' 18. Heidegger dclare notamment dans le passage mentionn plus haut des Prolegomena' Seminare M. Heidegger, Vier Seminare. Frankfurt a. M. (note 12) que la dispute des universaux a t

    " provisoirement solutionne" par la dcou-

    1977. verte de l'intuition catgorielle (nousavons soulign "provisoirement").

    "echnik u. Kehre M. Heidegger, Die Technik und die Kehre. 19. La notion de"dimension" est associe celle d'"ouverture" par Heidegger lui-mme

    Pfullingen, 6 d. 1985.dans Einl. W. i. Metaph., p. 375 et dans Zur Sache des Denkens, p. 15.

    20. Prolegomena, pp. 99-103.

    nterwegs z. Spr. M. Heidegger, Unterwegs zur Sprache. Pfullin~ 21. Zur Sache des Denkens, p. 87,gen, 8 d. 1986. 22. Dans notre article Zur Vorgeschichte des ontologischen

    Gottesbeweises. Anselm und Par-

    esen d. Gr. M. Heidegger, Vom Wesen des Grundes, ap- menides (Perspektiven der Philosophie t. 9, 1983,pp. 217 sqq.) nous avons tent de met-

    partient au recueil: Wegmarken, dit par Fr.- tre en videncela diffrence entre la situation originaire (prnominaliste) du rapport au

    monde l'aube de la pense grecque et la situation qui caractrise le rapport au mondeW. von Herrmann. GA 9, pp. 123-175. au dbut de l'poque scolastique.Frankfurt a. M' 23. Prolegomena, pp. 85 sqq. Fidle Husserl, Heidegger y fait la diffrence (importante

    esen d. W M. Heidegger, Vom Wesen der Wahrheit, ap- pour nos considrations ultrieures) entre "actes de synthse" ( 6 c) et "actesd'ida-

    partient au recueil: Wegmarken, dit par Fr.- tion" ( 6d).W. von Herrmann, GA 9, pp. 177-202. Frank- 24. f LU. Les

    48 et 50-51 de la Sixime recherche ont comme thme fintuition du

    furt a. M. 1976catgoriel formel et le 52 traite de fintuition du catgoriel eidtique. "Formalisation"

    et "gnralisation" (Ideen I, 13) recoupent la distinction ci-dessus.Zortr. u. Aufi M. Heidegger, Vortrge und Aufstze. Pfullin- 25. Vier seminare, p. 113.

    gen, 5 d. 1985. 26. A. Aguirre a fait remarquer avec beaucoup de pntration lasignification non ngligea-

  • duktion. Zur Letztbegriindung der Wissenschaft aus der radikalen Skepsis im Denken E mnologie non pas phnomnologiquement partir des choses elles-mmes, mais Husserls, Phaenomenologica 38, La Haye 1970, pp. 65 sqq.). partir d'une ide traditionnelle de philosophie".

    7. Voir notre critique phnomnologique de ce paradoxe dans Husserls Rilckgang auf das 48. Aristote, Mtaphysique, 1028 b 2 sqq.Phainomenon und die geschichtliche Stellung der Phnomenologie dans Dialektik und 49. Nous avons tay cette thse dans notre livre Heraklit, Parmenides und der Anfang vonGenesis in der Phnomenologie (Phnomenologische Forschungen 10), ouvrage collectif Philosophie und Wissenschaft. Eine phnomenologische Besinnung, Berlin 1980,dit par W. Orth, Freiburg 1980, pp. 89 sqq. pp. 122, 576 sqq.

    i. Sache d. Denkens, pp. 47, 69 sqq.; Vier Seminare, pp. I 19-123. 50. Pour les rfrences essentielles de cette problmatique, nous renvoyons au livre de W.l. Krisis, p. 48. Marx, Heidegger und die Tradition, Stuttgart 1961, pp. 183 sqq. Il est noter Putilisa-). CT E. Tugendhat, op. cit. (note 6) pp. 172, 184. Au sujet de l'"entre-deux" voir aussi tion spcifique de la notion de monde dj dans les cours de Fribourg sur Aristote

    notre tude cit. plus haut (note 27) p. 90 et notre tude Phnomenologie der Zeit nach (pp. 85 sqq.). Au sujet de la signification centrale de la notion de monde comme dimen-Husserl dans Perspektiven der Philosophie t. 7, 1981, pp. 185sqq. sion d'ouverture, voir E. Tugendhat, op. cit. (note 6), pp. 272 sqq.

    . CX E. Tugendhat, op. cit. (note 13) pp. 150 sqq., 164 sqq. Le mme auteur a auparavant 51. Nous pourrions accepter l'"tre" comme "la chose de la phnomnologie", si cetteconsidr de faon positive lintuition catgorielle, cf op. cit. (note 6), p. 126. notion avait chez Heidegger - autant que possible - l'usage dterminant et univoque

    i. Le contexte confirme la thse de E. Tugendhat: c'est par la formalisation et non pas par que Fr.-W. von Herrmann rend par ces mots: "l'closion et l'ouverture sont la simplela gnralisation que l'on peut dterminer le thme fondamental de la philosophie, op. essence de Ptre". (Subjekt und Dasein. Interpretationen zu "Sein und Zeit ", Frankfurtcit. (note 13), pp. 39 sqq. Seulement, en suivant voie, il apparat que le thme fonda- a. M. 1974, p. 80). Nous partageons en outre l'opinion suivante de ce mme auteur:mental de la philosophie n'est pas la forme smantique des rapports de comprhension " Nous devons penser avant tout l'essence de l'closion et de l'ouverture, l'clore deau niveau du langage, mais le monde comme horizon universel. Pclosion et le dploiement de l'ouverture, voici la plus propre et la plus profonde

    L Erf u. Urteil, p. 410. pense heideggrienne, sa pense fondamentale qui entrane toutes ses autres penses."

    L Nous devons ce raisonnement U. Claesges, Edmund Husserls Theorie der Raumkon- Ibid, C'est par cette pense fondamentale que Heidegger est, selon nous, le phnomno-

    stitution, Phaenomenologica 19, La Haye 1964, pp. 29 sqq. logue qui a pens le principe de l'vidence jusqu' sa fin.

    5. Dj dans Prolegomena, pp. 104 sqq., ensuite dans Richardsonbrief pp. XIII sqq. et dans 52. SZ, p. 132; voir aussi le commentaire remarquable de Fr.-W. von Herrmann, op. citSache des Denkens, pp. 69 sqq.; au sujet de la notion de "chose" dans ce contexte voir plus haut, pp, 30 sqq.

    Sache des Denkens, pp. 41, 67. 53. CT in sp. Anfangsgriinde der Logik. (pp. 212 sqq.) et ensuite les passages respectifs de

    i. Voir E. Tugendhat, op. cit. (note 6), p. 270. Wesen d. Grundes, pp. 157 sqq.

    7. E. Fink. Die phnomenologische Philosophie Husserls in der gegenwrtigen Kritik. Mit 54. Ibid.

    einem Vorwort von K Husserl dans Kantstudien t. 38, 1933, pp. 319 sqq., rimprim 55. Anmgsgriinde d. L, p. 281.

    dans Studien zur Phnomenologie (1930-1939), Phaenolmenologica 21, La Haye 1966, 56. Ibid., pp. 246 sqq. et, en parallle, Wesen d. Gr., pp. 157 sqq.

    pp- 79 sqq. Voir ce sujet les observations instructives de S. Strasser dans Der egri/T 57. Cf Sache des Denkens, pp. 70 sqq. etVier Seminare, pp. 123 sqq.

    der Welt in der phnomenologischen Philosophie dans Phnomenologische Forschungen 58. Cf Prole,gomena, p. I 19.

    t. 3, dit par W. Orth, Freiburg 1976, pp. 174sqq. 59. Heidegger rinterprte plus tard partir du "tournant" cette premire dtermination du

    L Au sujet de la diffrence entre le monde comme somme des objets et le monde comme voilement c6 Ihunanismusbrief, pp. 332 sqq.

    horizon voir U. Claesges Zweideutigkeiten in Husserls Lebensweltbegri[fdans Perspekti- 60. Nous avons analys de faon dtaille la problmatique historique systmatique de l'ob-

    ven phnomenologischer Forschung. Fiir L. Landgrebe zum 70. Geburtstag, ouvrage col- jectivisme comme "attitude naturelle de second degr" dans notre tude cite plus haut

    lectif dit par U. Claesges et K. Held, Phaenomenologica 47, La Haye 1972, (note 38).

    pp. 85 sqq. Nous avons dvelopp cette ide dans notre tude Husserls neue Einflihrung 61. Nous avons expos en parallle le croisement thmaticit-non-thmaticit du monde de

    in die Philosophie: Der Be,griff der Lebenswelt dans Lebenswelt und konstruktivistische la vie chez Husserl et le croisement dvoilement-voilement de Ptre chez Heidegger dans

    Wissenschallstheorie, ouvrage collectif dit par C. F. Gethmann, Bonn 1987, ( parai- notre article La diagnosi fenomenologica dell 'epoca presente in Husserl e Heidegger dans

    tre). E Husserl. La crisi delle scienze europee e la responsabilit storica dell 'Europa, ouvrage

    9. Voir Erf u. Urteil, pp. 81-92, 231 et 1. Philosophie II, pp. 38 sqq. et 152 sqq. collectif dit par M. Signore, Milano 1985, pp. 125 sqq.

    3. Voir a ce sujet notre tude cite (note 27), pp. 100sqq. 62. Pour les rfrences en la matire (jusqu'en 1961) nousrenvoyons toujours l'ouvrage

    1. Heidegger dsigne par cette expression le non-retrait et, respectivement, Pclaircie (Sa- cit de Werner Marx (note 50), pp. 148 sqq.

    che des Denkens, pp. 76, 78). 63. Le document le plussignificatif de ce changement demeure naturellement la confrence

    2. Prolegomena, pp. 124, 158, 178. Vom Wesen derWahrheit (Wesen d W., pp. 187 sqq.).

    3. Ibid, pp. 145-148. 64. Voir surtout Sache des Denkens,pp. 72 sqq.

    4. Ibid, p. 142. 65. CT E. Tugendhat, op.cit. (note 6), p. 276: "Si Pon comprend bien la nouvelle position,

    5. Ibid, pp. 158, 178, la philosophie de lasubjectivit n'est pas rendue caduque, mais continue de faon

    6. Aristote, Mtaphysique, 1003 a 21sqq.consquente". L'ouvrage remarquablement conu de C. F. Gethmann suit la mme

    7. Le reproche que Heidegger faisait Husserl dans les Prolegomena (p. 147) se retourneperspective d'interprtation, Wrstehen und Auslegung. Das Methodenproblem in der

  • Philosophie Martin Heideggers, Bonn 1974. Gethmann voit dans la nouvelle approche (note 6), p. 368.

    de la thorie du sujet le moment-cl de l'volution de la pense heideggrienne: "Le84. Le lyov St6vm philosophique entretient, par l'intermdiaire de la Sga (Bogi ot -

    rapport soi pens par la notion traditionelle de subjectivit est conditionn par un"il m'apparat ainsi") un rapport intime la polis, comme nous avons tent de le

    rapport (ontologique) ayant le caractre du retrat", op. cit., p. 334.reconstruire dans notre article Die Zweideutigkeit der Doxa und die Verwirklichung des

    66. Cf. Werner Marx, op. cit. (note 50), p. 224.modernen Rechtsstaats, dans Meinungsfreiheit - Grundgedanken und Geschichte in

    61 Vier Seminare, p 08.Europa und U.S.A., ouvrage collectif dit par J. Schwartlnder et D. Willoweit, Tbin-

    68. Cf Ein/. W i. Metaph., p. 375; Humanismusbrig pp. 336 sqq.; Hegel u. d. Gr., p. 442;ger Forschungsprojekt Menschenrechte, t. 6. Kehl a. Rh., Straburg 1986, pp. 9 sqq.

    Vier Seminare, pp. 124 sqq.85. W. Janke ofTre une prsentation condense de l'volution suivie de ce thme partir de

    69. Heidegger affirme lui-mme au sujet de la nouvelle situation dans Technik u. Kehre,L'Etre et le Temps jusqu'aux derniers crits heideggriens dans Existenzphilosophie,

    p. 42: "le monde s'approprie".Berlin, New York 1982, pp. 172 sqq.

    70. Dans notre ouvrage cit plus haut (note 49), pp. 434 sqq,, nous avons essay defaire

    voir comment - l'atibe de la philosophie - la pense hraclitenne du logos dcouvre

    tout naturellement et sans dtour mystique (on a coutume de reprocher injustement ceci

    au quadriparti heideggrien) le rapport complmentaire des divins et des mortels. La

    polarit grecque ciel-terre se laisse elle aussi clairer de faon rationnelle, comme nous

    avons tent de le prouver dans une "interprtation de la cosmologie hraclitenne dans

    la perspective du monde de la vie ", op. cit., pp. 342 sqq.

    71. Vortr. u. Aufs., pp. 278-279.

    72. CK les articles de Heidegger dans la deuxime partie deVortr. u. Aufs. (pp. 145 sqq.).

    73. Cf E. Tugendhat, op. cit. (note 13), p. 105. Voir aussi l'tape prparatoire decette prise

    de position, E. Tugendhat, op. cit. (note 6), pp. 399 sqq.

    74. C. Tugendhat, op. cit. (note 6), p. 402.

    75, t ( Unterwegs z. Spr., pp. 18 sqq.; Vier Seminare, pp. 66sqq.

    76. Une question qui va certainement loin - les textes heideggriens publisjusqu' prsent

    fournissent peu d'indications l-dessus - serait la suivante: si l'closion originaire de la

    "totalit" du monde comme "totalit" (Heidegger l'afErme dj au cours de Panalyse

    du sentiment de la situation dans L'Etre et le Temps) se rvle dansl'affectivit origi-

    ne!!e, ne faudrait-il pas alors que l'acte originaire de parler se confondeavec P"articu-

    lation" du sentiment de la situation? On peut toujours entendre cettedclaration du

    sentiment de la situation (o il n'y a pas de sparation sujet-objet ni non plus dedifT-

    renciation dictique des choses individuelles) dans les propositions impersonnelles ou

    "sans sujet3': il fait clair, c'est trange. Si l'homme (comme tre-l) esthomme pour

    pouvoir tre ouvert au monde et si cette ouverture s'"articule" dans de tellesexpres-

    ons impersonnelles, il est alors supposer que l'onomazein qui appelle leschoses en

    prsence tout comme le dploiement propositionnel qui ensuit se fondentdans un acte

    originaire de parler dont l'expression se retrouve toujours dans lespropositions imper-

    sonnelles. L'unit propre du langage serait donc plutt la proposition parexcellence

    brve impersonnelle o s'annonce - travers l'affectivit originelle-- I'closion du

    monde comme "totalit". Cette unit-ci serait alors un onomazein du mondeavant

    qu'ei ne soit onomazein des choses. Voir le dveloppement de cette thse dans mon

    ouvrage cit plus haut (note 49), pp, 82, 216, 352 sqq., 371sqq., 415 sqq., 513.

    77. CT Richardsonbrief pp. XIX sqq.78. La dernire fois dans Krisis, pp. 15 sqq, 272 sqq.

    79. Nous avons examin les implications de cet aspect tragique de lapense heideggrienne

    dans notre article Heideggers These vom Ende derPhilosophie, dans Zeitschrgi fiir phi-

    losophsche Forschung 34, I 980, pp. 535 sqq.

    50. Gelassenheit, pp. 38 sqq.

    8 L Ibid., p. 53.82. Voir E. Tugendhat, op. cit. (note 6), pp. 372 sqq.

    3. CC Satz v. Gr., p. 181. Voir ce sujet la remarquepertinente de E. Tugendhat, op. cit