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Association vaudoise pour les Droits de la Femme No 54 Novembre 2008 GAZETTE Jatropha curcas Christine Keim et Anne Dafflon Novelle de lab’elle

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  • Association vaudoise pour les Droits de la Femme No 54 Novembre 2008

    GAZETTE

    Jatropha curcas

    Christine Keim et Anne Dafflon Novelle de lab’elle

  • Gazette Adf-Vaud No 54

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    rosa canina La bibliothèque de l’ADF est ouverte les mardis et jeudis, de 14 à 18 h. à la Maison de la Femme,

    Eglantine 6, 1006 Lausanne Les responsables se réjouissent de vous y accueillir et de discuter avec vous de vos

    livres préférés. Abonnement 12.- francs par an ou 1.- franc par livre emprunté.

    Nous avons reçu ou acheté

    Abécassis Eliette : Mère et fille, un roman, A. Michel 2008 Agus Milena : Battement d'ailes, Liana Levi 2008 Bille Corinna : Le sourire de l'araignée, Aire 1979 Boissard Janine : Un amour de déraison, Rocher 2008 Bourdin Françoise : Nom de jeune fille, France Loisirs 2007 Char Jasmine : La main de Dieu, Gallimard 2008 Cuneo Anne : Une cuillerée de bleu, Galland 1979 Ernaux Annie : Les années, Gallimard 2008 Fournier Gisèle : Ruptures, Mercure de France 2007 Gavalda Anna : La Consolante, Dilettante 2008 Ginzburg Natalia : Tous nos hiers, Liana Levi 2003 Giroud Françoise : On ne peut pas être heureux tout le temps, Fayard 2001 Habersaat Edith : La touche d'Arachne, L'Harmattan 2008 Hustvedt Siri : Tout ce que j'aimais, Actes Sud 2003 Khadra Yasmina : Ce que le jour doit à la nuit, Julliard 2008

    Kuroyanagi Tetsuko : Totto Chan, France Loisirs 2007 Némirovsky Irène : Chaleur du sang, Denoël 2007 Nimier Marie : Les inséparables, Gallimard 2008 Nothomb Amélie : Le fait du prince, A. Michel 2008 Pym Barbara : Jane et Prudence, Fayard, 1988 Sahebjam Freidoune : Morte parmi les vivants, France Loisirs 2004 Shelley Mary : Maurice ou le cabanon du pêcheur, Gallimard 1998 Trollope Joanna : Les vendredis d'Eleanor, Plon 2008

    La bibliothèque vous offre aussi des cassettes-vidéo, des DVD, ainsi que des C.D.

    (musique de compositrices). rosa canina a une adresse électronique :

    [email protected]

    Sommaire 3 Editorial Ch. Mathys-Reymond 4 Interview de lab-elle Ch. Mathys-Reymond

    Politique 18 Pétition remise S. Chapuis

    Société 5 Egalité à l’école S. Gällnö 7 Nicaragua : des réseaux de femmes pour combattre la violence domestique S. Gällnö 10 Vit-on les dernières heures du double nom ? Ch. Mosquera 11 L’association Intervalle D. Benmuvhar 15 Service Public ou Service secret V. Schusselé 16 Des Femmes pour la paix D. Benmuvhar

    Nécrologie 8 Agathe Salina s’en est allée Ch. Mathys-Reymond

    Culture 14 C’est vraiment son livre ! G. Ethnoz-Damond/V.Lieber 18 Encore un livre ! Ch. Mathys-Reymond/S.Chapuis

    Divers 2 Rosa Canina 8 Agenda 10 Louanges 12 Avril, découverte inattendue S. Chapuis 13 Iris von Roten S. Chapuis 13 L’AIF et nous S. Chapuis 15 Plus d’expertes à l’antenne S. Lambelet / S. Chapuis 17 Le coin informatique V. Schusselé 17 Mai 68 au Musée historique Y. Théraulaz 19 Le coin botanique V. Schusselé

  • Editorial par Christiane Mathys-Reymond

    Jeudi 16 octobre et vendredi 17 octobre 2008 avait lieu, à l’Institut des Hautes Etudes Internationales et de Développement de Genève, un colloque international Genre intitulé :

    Vents d’Est, Vents d’Ouest. Mouvements de femmes et Féminismes anticoloniaux

    Avant de se lancer dans un nouveau projet améliorant la situation des femmes de chez nous, il était passionnant de faire un tour du monde des préoccupations féministes de nos sœurs. Des chercheures et professeures des horizons géographiques suivants s’exprimaient : Colombie, Inde, Afrique Occidentale, Palestine, Iran, Hong Kong, Brésil, Nicaragua, Buenos Aires, Belgique, Suisse. N’ayant participé qu’à la journée du vendredi, j’évoquerai brièvement les propos de 5 conférences seulement. CHINE PUN NGAI, de l’Université Polytechnique de Hong Kong centra son intervention sur la résistance des travailleuses dans les usines de textile en particulier. Sans protection de l’Etat, sans logement, ni soins de santé, gagnant un salaire de misère (100 Euros par mois) pour des horaires démentiels, des dizaines de milliers de travailleuses sont hébergées dans des dortoirs de l’entreprise. C’est dans ces dortoirs que des résistances se manifestent. Parfois l’exiguïté du lieu favorise la récolte des signatures, l’organisation d’une manifestation. Mais, non syndiquées, ces femmes obtiennent-elles vraiment une

    augmentation de salaire, une protection contre les produits toxiques, le paiement des heures supplémentaires ? La conférencière le relèvera : les échecs abondent et lorsqu’une fois, au sein d’une usine de piles, des concessions furent accordées à la suite d’ une grève des travailleuses, ce furent les hommes qui en profitèrent parce que, ingénieurs et donc mieux formés, ils avaient coupé la lumière ! BRESIL JUREMA WERNECK, de Rio de Janeiro, s’interrogea sur la nécessité, pour les femmes noires d’Amérique latine, de définir leur identité : « Nous avons des valeurs à maintenir. » Or la mythologie africaine est riche en femmes fortes et indépendantes pouvant renforcer les identités. Ainsi de Nana qui refuse la suprématie du masculin, de Lemanja qui représente la légitimité du divorce, de Lansa qui a osé abandonner ses enfants pour la lutte des femmes, etc. En fait, le racisme est le premier facteur de tension vécu par les femmes noires brésiliennes qui presque toutes travaillent comme domestiques. NICARAGUA Un tableau très noir est brossé par CANDIDA LAGUNA, de l’Association des

    femmes d’Esteli : les femmes sont exploitées dans les usines de tabac et de textile au point de devoir demander l’autorisation d’aller aux toilettes ! Les hommes ne partagent pas les tâches ménagères, la sexualité est toujours un problème tabou et beaucoup d’adolescentes sont violées, enceintes, etc. L’association se bat donc pour la santé des femmes, en particulier pour le droit à l’avortement inscrit dans la loi depuis 134 ans mais pas autorisé ; ce qui est un comble avec un gouvernement de gauche ! Mais, pour remporter les élections, les Sandinistes se sont appuyés sur l’Eglise ! Actuellement 9 femmes sont accusées de délits contre le gouvernement, mais rien n’est précisé quant à ces délits. BELGIQUE SARAH BRACKE, professeure assistante à l’Université Catholique de Louvain, participe au réseau européen Nextgeneration. Ce réseau fit des interventions dans le cadre des forums sociaux organisés par le mouvement alternatif mondial. Par exemple, dans le document préparatoire pour le forum de Berlin, le réseau dénonça la mainmise des femmes blanches s’autorisant à parler aussi bien pour les femmes des banlieues que pour

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    les prostituées. Qui parle au nom de qui ? Une question à garder sans cesse à l’esprit, ainsi que les privilèges liés à la blanchitude. SUISSE PATRICIA ROUX, du Centre en Etudes Genre de l’université de Lausanne, présenta une étude de cas, en Suisse, démontrant le sexisme du racisme. A partir du problème des mariages forcés,

    comparaison fut faite entre un mariage forcé au sein d’une famille africaine vivant en Suisse et un autre, au sein d’une famille genevoise aisée. Dans les deux situations, la future mariée avait 15 ans. Un questionnaire adressé à un échantillon représentatif donna la conclusion suivante : la famille africaine fut jugée plus sexiste que la famille genevoise malgré la similitude des situations. C’est dire qu’un

    même acte de violence (ici un mariage contraint) n’est pas expliqué de la même façon suivant qu’il s’agit de ses pairs ou des immigrés. Des points communs entre ces pays et le nôtre en ce qui concerne les femmes ? Comme en Chine, au Brésil et au Nicaragua, au niveau des lois, tout semble acquis. Encore faut-il les appliquer et là est tout le problème.

    Interview par Christiane Mathys-Reymond

    Ch. Mathys-Reymond :

    L’Association lab-elle, fondée en novembre 2006, labellise des livres pour enfants à fort potentiel féminin. Pouvez-vous nous dire quels ont été les déclics à l’origine de cette fondation : Souvenirs de lecture d’enfance aux personnages féminins ennuyeux, « nunuches », à la traîne des personnages masculins ? ou Désir de préparer filles et garçons, dès l’enfance, à de nouveaux rôles ? Ch. Kein : C’est la rencontre entre les recherches menées par Anne Dafflon Novelle à l’Université de Genève sur la littérature enfantine et le diplôme en communication visuelle que j’étais en train de réaliser à la Haute école d’art et de design de Genève qui est à l’origine de lab-elle. Je voulais

    concevoir une campagne visant à encourager une plus grande participation des femmes dans le monde politique et je me posais tout un tas de questions sur les raisons de la disparité du nombre de femmes et d’hommes engagés dans cette voie. Les conclusions des études d’Anne Dafflon Novelle répondaient en tout point à mes questionnements quant à la difficulté rencontrée par les femmes pour s’imposer sur la scène politique essentiellement décrite par les politicien-ne-s interviewé-e-s comme une arène où il faut savoir « se battre et prendre des coups ». Le label pour des « albums attentifs aux potentiels féminins » a été conçu comme un outil pour préparer filles et garçons, dès l’enfance, à une interchangeabilité des rôles habituellement attribués à l’un ou l’autre des sexes, à se sentir libres de s’épanouir à la fois dans la sphère privée et/ou publique. Vous avez établi des critères de labellisation. Comment avez-vous réalisé cette étape si importante ? A l’aide de partenaires ? Les critères ont été établis sur les conclusions des études universitaires. Il s’agissait de mettre l’accent sur les manques récurrents trouvés dans la littérature enfantine

    actuelle et qui ne correspondent pas forcément à l’évolution actuelle de la société. Ils ont été établis par l’Association lab-elle, discutés, affinés puis approuvés par la commission de lecture, indépendante, chargée de labelliser les livres pour enfants. Quels sont ces critères ? En bref, ils concernent les personnages ; nous avons en vue : - des filles dans des rôles actifs, volontaires et valorisés ; - des garçons valorisés dans des rôles/activités/sentiments habituellement attribués à l'univers féminin ; - des femmes dans des rôles de mères non stéréotypés ou des rôles professionnels diversifiés ; - des hommes valorisés dans des rôles/activités/sentiments habituellement dévolus à l'univers féminin ou associés à un réel partage des tâches entre les sexes. Pour plus de détails et les explications scientifiques concernant ces critères : www.lab-elle.org Une commission de lecture se réunit quatre fois par année, en vue de labelliser. Ses membres sont-ils / elles des professionnel-le-s de la lecture ? La commission de lecture compte 9 membres, provenant de

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    plusieurs cantons romands et d’horizons professionnels distincts – livres, petite enfance, éducation, égalité, psychologie, communication visuelle et entrepreneuriat. Ces personnes sensibles à la littérature enfantine ont envie de contribuer à conscientiser le public concerné : il subsiste un manque dans la littérature enfantine actuelle. Les enfants élisent-ils aussi un livre, comme au Salon du Livre ? Le prix lab-elle se décline en deux versions annuelles distinctes: une même sélection de dix albums labellisés est lue et évaluée en automne par un jury d'adultes et au printemps par un jury d'enfants. Les livres illustrés sont créés par des adultes à l’intention d’un public d’enfants, il est donc intéressant et novateur de soumettre une sélection identique à ces deux publics. Votre label commence-t-il à être connu ? Comment faites-vous votre publicité ? Le lab-elle est diffusé par une grande majorité des librairies jeunesse de Suisse romande ; de nombreuses bibliothèques participent également en apposant l’autocollant sur les livres labellisés, plus de 500 enfants de toute la Suisse romande ont participé à la première édition du prix lab-elle 07-08, et pour finir, le comité de soutien compte à ce jour presque 800 membres. On peut donc en conclure que l’information circule et rencontre un intérêt toujours croissant auprès du public. La principale source d’information est le site internet www.lab-elle.org. L’exposition lab-

    elle circule depuis bientôt trois ans non-stop dans différentes institutions du livre et de la petite enfance. Des signets marque-pages, un poster, des dépliants, des cartes postales sont diffusés via les écoles et les lieux de lecture participant au label. Et les auteur-e-s pour la jeunesse, s’inspirent-ils/elles de ces nouveaux critères de labellisation ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir concrètement, néanmoins nous recevons de nombreux messages d’auteur-e-es et d’illustrateurs-trices qui approuvent et soutiennent notre démarche. Avez-vous des retours favorables de la part des jeunes lecteurs et lectrices ? La remise du Premier Prix lab-elle jury enfants 07-08 avec la présence de plus de 150 enfants au Salon du livre nous a permis d’avoir des réactions directes avec les premiers-ères concerné-es. Tous les enfants présents – filles comme garçons – ont témoigné de leur sensibilisation aux rôles dévolus à l’un et l’autre des sexes, et de la possibilité de rendre cette frontière perméable. Ce témoignage collectif nous a confortées dans l’importance du rôle que le lab-elle joue auprès du public cible. Sur votre site, vous invitez les visiteurs et visiteuses à suggérer tel livre à labelliser. Cette proposition rencontre-t-elle des échos ? Des livres nous sont régulièrement proposés, soit par des professionnel-le-s du livre, soit par des personnes sans formation dans le domaine et qui

    aiment la littérature enfantine ; cette collaboration est très précieuse pour nous. A la veille de Noël, pouvez-vous nous présenter un ou deux livres que vous êtes particulièrement heureuses d’avoir labellisés ? La princesse et le dragon de Robert Munsch et Michael Martchenko des Editions Talents hauts en 2005. Ce livre a obtenu la seconde place du jury adultes 07-08 et la troisième du jury enfants 07-08, il plaît à la fois aux enfants et aux adultes, une vraie réussite donc.

    Résumé : Elisabeth et son fiancé ont tout pour être heureux, ils vont bientôt se marier, mais voilà que le jeune prince est enlevé par un dragon. Elisabeth prend son courage à deux mains, traverse la forêt profonde et part à la recherche de son fiancé. Mais quelle sera la réaction de celui-ci face à Elisabeth toute décoiffée avec des habits déchirés? La Famille Fouillis de Brigitte Luciani et Vanessa Hié des Editions Nord-Sud en 2004, une des sélections pour le prix ’08-‘09 et les livres de la série Rita et Machin font partie de mes coups de coeur personnels.

    Égalité à l'école par Sophie Gällnö Le dimanche 5 octobre 2008, le journal Le Matin affiche cette manchette provocatrice : "L'école discrimine les garçons" ! L'article est consacré à une étude publiée par deux

    spécialistes célèbres en Suisse alémanique, le pédiatre Remo Largo et le psychologue Allan Guggenbühl, qui constatent que les garçons sont surreprésentés dans les filières faibles, et qu’ils

    constituent la majorité des "élèves difficiles". Les deux scientifiques considèrent que les garçons sont fortement défavorisés par un système scolaire entièrement conçu pour

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    correspondre aux capacités et "façons d'être" des filles. Actuellement, on ne prendrait pas assez en compte le décalage de maturité entre filles et garçons, notamment à l'adolescence, et, de plus, la morale en vigueur stigmatiserait le comportement masculin, turbulent et provocateur. Devant le constat alarmant de l'échec des garçons, certains cantons en seraient même venus à remettre en question la mixité scolaire.

    En fait, rien de très nouveau. Contrairement à ce qu'affirme la journaliste du Matin, qui voit dans cette étude alémanique un énorme "pavé dans la mare", la réussite scolaire des filles au détriment des garçons et la remise en cause de la mixité scolaire sont des thèmes dont on débat régulièrement depuis les années 90 au moins. Les théories essentialistes des deux scientifiques sur les différences "naturelles" entre les filles et les garçons n'ont, elles non plus, rien de novateur : ce n'est tout de même pas la première fois qu'on essaie de nous faire croire que les cerveaux féminins et masculins ne fonctionnent pas de la même manière ! Quant aux accusations contre le féminisme, qui serait allé trop loin et aurait

    conduit à du "sexisme à l'envers", pour reprendre les mots du Matin, elles font partie des lieux communs habituels. L'affirmation selon laquelle les filles réussissent mieux à l'école correspond cependant à une certaine réalité. Selon les "Chiffres de l'égalité" publiés par le Bureau de l'Égalité du canton de Vaud en 2007, les filles sont plus nombreuses en filière baccalauréat ; davantage de filles continuent les études après la scolarité obligatoire, et elles sont majoritaires à l'université. Ces mêmes statistiques révèlent pourtant que les choix d'orientation restent très conservateurs, tant au niveau des apprentissages que dans les filières d'études, y compris à l'université ; les formations offrant les meilleures perspectives professionnelles, tant sur le plan des débouchés que des salaires, demeurent encore très masculines. L'école est le lieu de tous les apprentissages. De nombreuses études ont révélé l’existence à l’école d’un "curriculum caché", par lequel les filles et les garçons intériorisent toutes sortes de normes et de valeurs sociales, dont les stéréotypes de genre qui influencent fortement leurs parcours scolaires et professionnels. Ces études ont montré que l'attitude des enseignant-e-s et le contenu des cours et du matériel scolaire contribuent au maintien des rôles traditionnels des sexes, le plus souvent en défaveur des femmes. Il est donc faux d'affirmer, sur la base des difficultés scolaires des garçons, que l'école favorise unilatéralement les filles. On ne peut pas non plus prétendre que

    l'école serait devenue trop féministe, tant il est évident que la sensibilisation des milieux scolaires aux questions de genre est loin d’être généralisée. Pourtant, l'école pourrait constituer pour les élèves un milieu idéal de réflexion et de débats sur les stéréotypes sexistes et les inégalités sociales, et ainsi aider les garçons et les filles à préparer leur avenir sur la base de leurs compétences et motivations réelles, et non pas en subissant l'influence des attentes traditionnelles liées à leur sexe. Il ne s'agit donc en aucune manière de défavoriser les garçons, et il est évident que les difficultés scolaires de ces derniers doivent être prises en compte dans la réflexion. Des sociologues ont par exemple relevé que dans les représentations traditionnelles, la lecture est une activité typique "de fille" ; c'est donc sous l'influence du sexisme, et non pas du féminisme, que les garçons rejettent cette activité, pourtant fort utile à la réussite scolaire. Ces questions intéressent depuis longtemps les Bureaux de l'égalité romands, qui ont récemment publié des fascicules scolaires consacrés à cette problématique. Cette collection, intitulée L’Ecole de l'égalité, permet aux enseignant-e-s d'aborder le thème de l'égalité aux différents niveaux scolaires. Ces ouvrages peuvent être commandés auprès du Bureau de l'égalité vaudois, ou être directement téléchargés sur son site, www.vd.ch/egalite. Lors de la dernière commission consultative cantonale de l'égalité, dans laquelle l'ADF est représentée, la question de l'égalité à l'école a

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    été longuement discutée. La commission a considéré qu'il est extrêmement important que cette problématique soit abordée lors de la formation des enseignant-e-s. Actuellement, la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne (HEP) propose deux cours sur le thème du genre et de l'égalité hommes-femmes. Pour les enseignant-e-s du primaire, il existe un module intitulé Citoyenneté, genre et approche

    interculturelle ; pour les enseignant-e-s du secondaire, un séminaire sur le genre est proposé dans le cadre d’un module facultatif, bizarrement intitulé Altérités et intégrations. Rien en revanche n’est encore prévu au niveau de la formation continue. La petite place que la HEP réserve aux questions d'égalité constitue déjà un pas dans la bonne direction, même si l’on aurait souhaité mieux, surtout

    pour la formation des enseignant-e-s du secondaire, qui interviennent au moment stratégique de l'orientation professionnelle. Si les progrès considérables effectués par l’école ces dernières décennies méritent d’être reconnus, il faut à tout prix éviter le piège de croire que l’égalité des sexes est acquise, et continuer d’œuvrer pour que les garçons et les filles disposent des mêmes chances pour façonner leur avenir.

    Nicaragua : des réseaux de femmes pour combattre la violence domestique. par Sophie Gällnö

    Au printemps dernier, la rencontre que le Bureau de l’égalité et la Fedevaco (ONG vaudoise d’aide au développement) ont organisée autour du thème de la violence domestique a été l’occasion de faire connaissance avec le réseau nicaraguayen Ana Lucila. L’une de ses représentantes a exposé comment le travail de ce réseau, qui compte aujourd’hui plus de 4000 femmes, a permis de lutter contre la violence domestique jusque dans les régions les plus reculées du Nicaragua. Au nord du Nicaragua, l’étendue et la persistance du phénomène de violence

    domestique ont été favorisées par des facteurs multiples, tels que la guerre, le taux élevé de chômage, la forte dépendance économique des femmes et une mentalité machiste très ancrée. 22% des victimes de cette violence ont moins de 18 ans. Le réseau Ana Lucila - baptisé ainsi d’après une femme assassinée par son mari à cause de ses engagements féministes – réunit aujourd’hui 38 groupes d’entraide, actifs directement sur le terrain, au sein des villages. La loi prévoit en effet que les démarches de plaintes s’effectuent au niveau municipal, et les membres d’Ana Lucila accompagnent et soutiennent les victimes dans cette entreprise difficile. Elles contrôlent également que les procédures ne soient pas entravées par des ralentissements ou des irrégularités, souvent liés à la corruption. En dehors de leur rôle de soutien et de protection des victimes – qui va jusqu’à la mise sur pied de foyers d’accueil – les femmes du réseau œuvrent

    énormément pour la sensibilisation de la population, des professionnel-le-s et des politiques à ce vaste problème de violence. Pour toucher le grand public, elles organisent des forums dans les villages, en prenant soin d’inviter des personnalités et de faire diffuser le débat à la radio. Elles privilégient une attitude de dialogue avec les hommes, et se rendent dans les écoles pour informer les jeunes garçons et filles sur cette problématique complexe. La collaboration entre ce réseau actif sur le plan local, et des réseaux nationaux plus influents au niveau politique, a abouti à un changement capital dans le droit familial : auparavant, un-e enfant n’était reconnu-e par son père que si celui-ci acceptait de le/la déclarer. Avec la nouvelle Loi sur la maternité et paternité responsables, un homme qui ne veut pas reconnaître un-e enfant doit prouver qu’il n’est pas son père. Cette nouvelle implication obligatoire des pères auprès de

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    leurs enfants a considérablement amélioré la situation des femmes : celles-ci ne doivent plus compter sur le seul bon vouloir du père de leur enfant pour bénéficier de son soutien

    (notamment économique), et sont par conséquent moins obligées de se soumettre à lui. Le travail exemplaire effectué par les femmes d’Ana Lucila montre qu’en unissant

    leurs efforts, les institutions, les politiques et la société civile peuvent réduire la violence domestique même là où celle-ci aurait pu passer pour une fatalité.

    Agenda Maison de la femme, Eglantine 6, Lausanne -Jeudi 27 novembre, 12h-14h : Daniel Cherix (Conservateur du Musée cantonal de zoologie, professeur d'entomologie à l'Unil) « La vie des fourmis, entre conflits et coopération » Union des femmes. -Jeudi 4 décembre, 19h15 : Isabelle Chevalley (Présidente d'écologie libérale) « L'avenir énergétique de la Suisse » Le Café de la femme. Des dates à réserver (Si vous programmiez dès maintenant un petit voyage au mois de juin en Appenzell !!!) Le 13 juin 2009 à Heiden (AR) : assemblée des déléguées de l’adf-svf. Le 14 juin 2009 à Grub (à côté de Heiden) : centenaire de l’adf-svf. Il est impératif de s’inscrire dès maintenant pour être sûre d’avoir un lit à Heiden pour la nuit du 13 au 14. L’ADF-Vaud a droit à plusieurs déléguées et participe d’habitude aux frais de la journée. Annoncez-vous sans tarder à la présidente. [email protected]. Le 17 juin 2009 à Berne : lancement de la publication «Der Kampf um gleiche Rechte / Le combat pour les droits égaux». Le 18h juin 2009 à Estavayer : soirée de partage avec les déléguées de notre association faîtière.

    Une donatrice s’en est allée Agathe Salina 1910 – 2008 par Christiane Mathys-Reymond pour Femmes sans Frontières

    Cet été, au cœur des vacances de chacun-e, une grande amie de l’ADF s’est éteinte : Agathe Salina. Plusieurs de nos membres ont certainement vu le film de l’Association Plans-Fixes qui lui était consacré et qui fut projeté à Lausanne en 1989 ; ou lu le livre d’entretiens qu’elle accorda à Ariane Schmitt en 1990 pour le compte des Editions Cabédita.

    Pour les plus jeunes qui n’auraient pas eu l’occasion d’entendre parler d’Agathe Salina, voici brossées les grandes lignes d’une existence au contenu atypique. Enfance Fille de petits commerçants exploitant à Mézières, Agathe, née en 1910, est confiée par ses parents, débordés professionnellement, à sa grand-mère maternelle puis à une famille de paysans avec qui elle participe avec bonheur aux travaux des champs : « Je me sentais glorieusement heureuse ».1 L’école débute mal, avec une institutrice humiliante. Agathe s’en souviendra dans ses propres activités d’enseignante, prenant un soin particulier des

    élèves qui semblent ne pas comprendre. Changeant de maître, elle découvre à la fois sa grande faim d’apprendre et sa facilité pour les études. Mais celles-ci vont se heurter à une première discrimination : « je n’ai pas été au collège parce que j’étais une fille ». 2 Au chapitre des injustices faites aux femmes, Agathe, petite fille, avait pu observer l’autoritarisme du grand-père maternel qui interdisait à son épouse ses activités artisanales où elle excellait : décoration de coussins et sacs avec des motifs brodés ou à la perle. Pour satisfaire à son besoin de créer tout en se soumettant à son mari, cette grand-mère avait une cachette sous la table de la cuisine. Elle y

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    glissait son travail sitôt que le maître de maison s’annonçait. La fréquentation de ce couple n’engagea pas Agathe à se marier. Formation Une fois achevée son école primaire-supérieure, Agathe, qui en veut plus, se prépare à l’examen d’entrée au gymnase, à l’aide de leçons privées d’algèbre et de géométrie, et surtout en travaillant seule. Reçue, elle découvre avec délectation les textes classiques. En deux ans, elle obtient un diplôme de culture générale. Après une année en Allemagne, elle revient au pays avec le désir de se préparer pour une maturité fédérale latin-science. Elle rattrape en 15 mois le latin qu’elle n’avait jamais appris et réussit son entrée à l’université. Mais, au bout de six mois, déçue par le caractère trop théorique des cours, elle quitte l’université et décide de passer un brevet d’enseignement ménager à l’école normale. Engagements ménagers Une fois son brevet en poche, Agathe Salina fait un stage à l’école ménagère rurale de Marcelin, puis devient, successivement, maîtresse ménagère à Moudon, directrice d’internat à Gryon, maîtresse ménagère à Cossonay et enfin directrice de l’Ecole de Marcelin. Le programme, trop théorique, ne lui convient pas. Ses propositions de changement sont mal reçues : « Tout ce que j’essayais de changer se heurtait à une inertie et même à une hostilité difficile à supporter ». 3 Un des beaux soucis d’Agathe Salina est la nutrition. Elle raconte d’ailleurs que, fillette, elle ramenait à la maison des

    enfants qui lui semblaient mal nourris. Mais l’enseignement qu’on lui propose de donner sur la question, à Marcelin, ne reposait sur aucune base scientifique sérieuse. Aussi accepte-t-elle avec bonheur la proposition suivante : devenir bénéficiaire d’une bourse offerte par l’American Home Economics Association en vue de passer une année à l’Université d’Etat de l’Iowa, au sein de la faculté de Home Economics spécialisée dans les recherches agricoles. De ce séjour, Agathe dira : « Je peux vraiment dire que tout le travail que j’ai fait par la suite à l’étranger, comme en Suisse, dans le cadre de la vulgarisation et du perfectionnement des maîtresses ménagères, a poussé dans le terreau de cette extraordinaire année américaine ». 4 Experte des Nations Unies De 1956 à 1968, Agathe Salina est chargée, pour le compte de l’ONU, de missions auprès des femmes des pays suivants : Afghanistan, Congo, Cambodge, Pérou et Vietnam. Pour cette amoureuse du grand large, toujours intéressée à découvrir comment l’on vit ailleurs, ce sont des années passionnantes. Partout où elle le peut, Agathe Salina attire l’attention des femmes sur des notions scientifiques. Par exemple, en Afghanistan, où l’on s’appuie sur une règle du Coran qui dit que l’eau qui court n’est pas dangereuse mais bien celle qui stagne, Agathe montre l’évolution apportée par Pasteur, invite les femmes à cuire l’eau. S’ensuivent des enseignements concernant l’hygiène, la puériculture, la nutrition, etc…. En parcourant le monde des

    femmes, Agathe Salina est saisie d’admiration pour leur débrouillardise, leur capacité à nourrir leurs enfants avec peu d’aliments. Et les hommes ? Voici la réponse pour le Congo : « Ecoutez, les hommes ne font pas grand-chose ! S’ils ont un métier, bien sûr, ils travaillent, mais s’ils n’en ont pas, ils bricolent, ils palabrent » 5 Agathe Salina et Femmes sans Frontières A la fin des années soixante, Agathe Salina fait un court passage au Grand Conseil en tant que députée PAI: c’était une première pour ce parti. Et c’est à ce moment qu’elle entre à l’Association pour les Droits de la Femme. Elle y milite en particulier pour le nouveau droit matrimonial, en 1985. Lorsque l’ADF-Vaud lança, en 1988, dans le cadre de l’organisation d’entraide internationale, le mouvement Femmes sans Frontières, je connaissais à peine Agathe Salina et n’imaginais donc pas l’intérêt que ce nouveau projet féministe rencontrait en elle. Un jour, je fus invitée dans son appartement des hauts de Lausanne. C’était pour m’annoncer un don de Fr 10'000.- qu’elle souhaitait attribuer à Femmes sans Frontières. J’avais alors des relations étroites avec le Claf vaudois et j’étais sensible aussi aux problèmes rencontrés par les femmes de chez nous. Je proposai à notre future donatrice de partager le don en deux parts : Fr 5'000.- pour les femmes d’ici à gérer par le Claf – présidé alors par Janine Viret – et Fr 5'000.- pour Femmes sans Frontières. Agathe Salina accepta en demandant que

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    l’anonymat soit respecté. Cette somme devint le fonds Géode. Comme Femmes sans Frontières, par le canal de l’ADF-Vaud, vient de recevoir, en legs, une nouvelle somme de Fr 5'000.-, il nous apparaît

    important de lever le voile de l’anonymat afin d’honorer pleinement la mémoire de notre fidèle et généreuse donatrice : Agathe Salina. Citations tirées du livre d’Ariane Schmitt

    A contre-courant Entretien avec Agathe Salina Edité par Cabédita Collection Archives vivantes 1/p. 18 2/p. 19 3/p. 42 4/p. 50 5/p. 107

    Louanges par Simone Chapuis

    Le Grand Prix du vin suisse a été attribué à Madeleine Gay, oenologue de la coopérative valaisanne Provins. Nous qui buvons souvent du vin d'autres vigneronnes valaisannes sommes particulièrement enchantées de cette distinction.

    Vit-on les dernières heures du double nom ? par Charlotte Mosquera

    La commission des affaires juridiques du conseil national a adopté un projet de loi au sujet du double nom. Le principal changement réside en la suppression du double nom, ceci dans un souci d’égalité entre les sexes. La question du double nom fait partie de ces dossiers qui gênent à Berne. Et à raison : cela fait maintenant quatorze années que la législation au sujet du double nom passe de chambre en chambre, traîne dans les affres du parlement et subit des revers inattendus. Revenons d’abord quelques années en arrière : depuis 1984, une femme qui se marie en Suisse peut adopter un double nom, soit le nom de son époux accolé au sien. Le droit matrimonial avait enfin introduit

    le principe d’égalité entre les sexes. Cette solution semblait contenter une large majorité: elle permet aux femmes de marquer leur union, tout en gardant leur identité sociale et ceci en ayant le même nom que leurs enfants. En bref, on reconnaît l’identité multiple d’une femme : épouse, mère, mais également personne à part entière. Dix ans plus tard, soit en 1994 la cour européenne des droits humains s’en mêle : elle condamne la Suisse au motif que sa législation sur les noms de famille est contraire à la convention européenne des droits humains. En effet, la législation ne respecte pas l’égalité des sexes puisqu’elle ne permet pas au marié de prendre le nom de son épouse. Pour régler la question, le Conseil fédéral a permis par voie d'ordonnance aux époux de choisir le nom de la femme comme nom de famille et aux hommes d'avoir le privilège de porter un double nom. Mais, la

    réglementation au sujet de la transmission du nom reste inégalitaire d'où la nécessité d'une révision. Etant donné que les chambres ont refusé en 2001 un projet de révision, le droit suisse contourne encore et toujours actuellement le principe d’égalité entre les sexes. Que nous propose-t-on aujourd’hui ? Si le projet est accepté, les époux devront désormais choisir entre trois solutions : première variante, chacun garde son nom et le couple s’accorde pour choisir le nom de l’enfant. S’il n’y parvient pas c'est le nom de la mère qui prime. Seconde possibilité, la mariée prend le nom de son époux, l’enfant portera le même nom que ses parents. Finalement, la dernière possibilité permet au couple et aux enfants de prendre le nom de la femme. Au premier abord, cette nouvelle législation ne semble pas si mauvaise. En effet, la

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    première possibilité, chacun garde son nom, semble être au goût du jour. Cette révision permettrait également enfin de respecter la convention européenne des droits humains et par la même occasion la constitution en reconnaissant le principe de l’égalité des sexes. Pourtant cette loi, si elle est acceptée est une aberration et un pas de géant en arrière pour les femmes. Premièrement, les légiférants semblent oublier qu’au-delà de l’identité, le nom de famille témoigne de notre filiation. Ce retrait de l’Etat dans la transmission du nom ouvre la porte à toutes les dérives : combats de lignées, conflits après divorce, ou encore gros dilemmes de loyautés pour les enfants. La société a besoin d’une règle claire en ce qui concerne la transmission du nom de famille.

    Deuxièmement, il est légitime de s’interroger sur la suppression du double nom. La réponse des autorités consiste en un souci de simplification. Mais pourquoi vouloir simplifier une question aussi complexe que celle de notre identité ? On ne discute plus aujourd’hui du droit d’une femme de garder son nom lors de son mariage. L’obliger à choisir entre son identité sociale antérieure à son mariage et son identité en tant qu’épouse et mère est pourtant d’une cruauté intolérable. Le nom de famille est encore, faut-il le rappeler, un élément fondateur dans notre perception (soit dit en passant perception archaïque mais bel et bien toujours en vigueur) de la famille.

    Finalement, cette nouvelle législation qui prétend respecter l’égalité en donnant la possibilité au marié d’adopter le nom de sa femme risque d’être rarement appliquée. Après tant d’années durant lesquelles les femmes « disparaissaient » en changeant de nom, peut-on sérieusement imaginer que des hommes voudront aujourd’hui subir le même sort ? Quoi qu’en pensent les partisans du nouveau projet, au sein de l’ADF un gros doute subsiste.

    INTERVALLE par Dominique Benmuvhar

    L’association INTERVALLE gère depuis 2003 une maison pour accueillir, héberger et encadrer des familles dont un enfant est hospitalisé à Lausanne. Il s’agit d’enfants gravement malades qui doivent être hospitalisés loin de chez eux dans un hôpital universitaire (CHUV) ou qui suivent des traitements ambulatoires lourds (Hôpital Ophtalmique). Ce sont quatre institutions :

    L’ARFEC, (Association romande des familles d’enfants atteints d’un cancer), la Fondation ASTRAME(Appui aux enfants et familles vivant des ruptures de liens), la CROIX ROUGE VAUDOISE et le CHUV qui ensemble ont créé ce lieu. L’ancienne ferme de Béthusy a été rénovée par la Ville de Lausanne qui en est propriétaire. Elle a été aménagée en maison spacieuse, chaleureuse où les parents peuvent recréer une vie familiale. Quinze chambres, une grande cuisine, un salon, un coin jeux, un jardin aménagé, des jeux de plein air, de la place où se détendre, se reposer, échanger avec d’autres parents, respirer

    un peu hors de l’hôpital sans se retrouver dans une chambre d’hôtel ou devoir effectuer des trajets interminables entre la maison et l’ enfant, voilà ce qu’offre Intervalle Ce lieu est géré, animé, par les directeurs Pierre et Monique Hanhart, qui vivent sur place, ainsi que deux collaboratrices. Ces dernières et une équipe de bénévoles prennent le relais pendant leurs jours de congé. Leur travail à tous consiste à accueillir les parents, les chercher à l’hôpital, les aider à s’installer dans leur nouveau lieu de vie, pour une nuit, une semaine, un mois, quelquefois une année. Répondre au téléphone, jouer avec les enfants, planifier les réservations, s’occuper du linge,

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    refaire les lits. C’est tout à la fois un travail d’accompagnement, d’hôtellerie, de secrétariat et bien plus encore. Des liens se créent, des moments graves et gais alternent. Il s’agit d’être là, à l’écoute s’il en est besoin et se montrer discret quand il le faut. Si un engagement bénévole fort, prenant, fait de contacts humains enrichissants

    autant auprès des familles que des collègues vous tente, alors contactez Intervalle. Vous y serez accueilli-e avec chaleur et amitié auprès d’une équipe soudée qui s’acquitte de sa tâche (qu’elle soit salariée ou bénévole) avec conscience et respect, le tout dans la bonne humeur. INTERVALLE

    Avenue de Beaumont 6 Case postale 33 CH-1000 Lausanne 12 Tel. 021 312 48 00 Fax 021 312 47 00 [email protected] http://www.association-intervalle.ch

    Avril, découverte inattendue par Simone Chapuis

    http://pinsonnais.free.fr

    Lors de la remise du prix Somazzi en 1983 à Gertrude Girard-Montet, la récipiendaire fit, comme il se doit, un discours où elle parla de ses convictions féministes, bien sûr, et des personnes à qui elle les devait. Relisant ces lignes, je me suis demandé qui pouvaient être les féministes françaises dont Gertrude avait fait la connaissance en 1931 – elle avait 18 ans – et qui l’avaient tant marquée : «… j’ai la chance de rencontrer quelques fortes personnalités féministes qui veulent bien témoigner quelque intérêt à cette comme elles se plaisaient à m’appeler ; je me souviens d’une dame très âgée, qui devait avoir été directrice

    d’une école de jeunes filles et d’une de ses amies qui m’impressionnait beaucoup par la volubilité de son langage, son nom commençait par Avril et je n’ai jamais su si c’était son prénom ou le début de son nom…» Figurez-vous que j’ai retrouvé ce nom sur internet, tout à fait par hasard : Née Adrienne-Pierrette-Eugénie Glaisette en 1855, de Marc Glaisette et Marie-Louise Savioz, et connue tout d’abord sous le nom de Mademoiselle de Sainte-Croix, Eugénie Glaisette signa « Savioz » ses premiers articles et récits. On la croyait Parisienne de naissance ; en fait elle était née en Suisse, à Carouge, près de Genève. En 1900, à l’âge de 45 ans, elle épousa dans une cérémonie civile François Avril, ingénieur civil, duquel on ne sait rien d’autre. Elle se fit alors connaître sous le nom de Madame G. Avril de Sainte-Croix. Le G. peut signifier Ghénia, diminutif d’Eugénie, mais il est possible aussi qu’il signifie Glaisette, son nom de jeune fille. « Notre plus grande féministe ». « Peut-être la plus grande féministe de France actuellement » Telles étaient les

    étiquettes données dans les années 1920 et 1930 à Madame Avril de Sainte-Croix, une femme qui a presque totalement disparu de l’historiographie de la IIIe République. Et pourtant, cette femme eut une énorme activité publique : journaliste à La Fronde, auteure de nouvelles, essayiste, polémiste, conférencière et organisatrice d’événements, fondatrice et secrétaire générale du Conseil national des femmes françaises (CNFF), avant d’en être présidente; suffragiste, initiatrice de la campagne contre la prostitution réglementée en France, elle fut reconnue par les pouvoirs publics au niveau national et au sein de la Société des Nations et du Bureau international du Travail comme une experte dans le domaine de la prostitution, de la traite des blanches et de la prophylaxie des maladies vénériennes. Elle organisa des asiles et des foyers pour les jeunes filles et les femmes en difficultés et n’hésitait pas à ouvrir sa porte à celles qui étaient dans le besoin. Son activité fut reconnue par la grande médaille d’or de l’Assistance publique et de l’Hygiène et par le grade de Commandeur de la Légion d’Honneur.

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    Celle qui n’hésita jamais à revendiquer et défendre l’étiquette de « féministe » voyagea beaucoup et avait des liens d’amitiés avec nos Emilie de Morsier, Emilie Gourd,

    Emma Pieczynska, Hélène de Mülinen et, si l’histoire officielle l’a oubliée, ce n’est pas le cas des archives féministes Marguerite Durand, ni des archives Marthe Gosteli de Berne.

    Pour en savoir plus, cherchez sur Google, c’est passionnant ! Il y a même un joli portrait.

    Iris von Roten par Simone Chapuis

    L’université de Bâle vient d’organiser une exposition et un séminaire à l’occasion du 50e anniversaire de la parution du livre Frauen im Laufgitter (Femmes en cage), livre qui n’a jamais été traduit en français. Or ce livre a fait un tel scandale à l’époque, analogue à celui que

    suscita Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, que des féministes mêmes s’en distancèrent. Ces deux femmes étaient trop en avance sur leur temps probablement, puisque le journal Le Mouvement féministe n’a consacré ni à l’une, ni à l’autre une chronique qu’elles auraient pourtant méritée. Dans nos histoires du féminisme en Suisse, des pages sont consacrées à Peter von Roten, son mari qui, comme conseiller national valaisan, intervint à plusieurs reprises pour demander le suffrage féminin. D’une famille patricienne valaisanne, il avait son domicile légal à Rarogne,

    tout en habitant à Bâle où il exerçait la profession d’avocat. L’histoire du couple est passionnante. Dans l’exposition bâloise, l’on pouvait voir un cylindre de verre de presque 1 m. de diamètre contenant les 3000 lettres échangées par Iris et Peter. L’exposition contenait une quantité de photos et de documents sonores. On annonce qu’elle ira en tout cas à Brigue prochainement. En attendant, il vaut la peine de chercher sur google : en tapant Iris von Roten. vous verrez le nombre d’articles écrits sur eux.

    L’AIF et nous par Simone Chapuis

    L’Alliance internationale des femmes (anc. Alliance internationale pour le suffrage féminin) a été fondée à Berlin en 1904. Pour y adhérer, il fallait être une association nationale ; aussi quelques fondatrices de groupements locaux de Suisse pour le suffrage féminin se réunirent-elles au printemps

    1908 pour en discuter et préparer des statuts. Leurs amies de l’étranger souhaitaient leur présence au Congrès d’Amsterdam (15-20 juin). Les suffragistes suisses – dont notre Antonie Girardet-Vielle – désignèrent tout de suite deux représentantes pour y aller. Notre pays eut ainsi sa place dans l’association faîtière avant d’avoir son association nationale, dont l’assemblée fondatrice eut lieu en janvier 1909. L’AIF organise tous les 3 ans environ un Congrès international. La Suisse reçut ses collègues du monde entier en

    1920 à Genève et en 1946 à Interlaken. Notre adf-svf a lancé l’invitation pour 2009, à l’occasion de son centenaire. Ainsi le 3e Congrès de l’AIF qui se tiendra dans notre pays est annoncé pour juin 2009. Il débutera à Heiden, puis les déléguées des 5 continents traverseront la Suisse par Lucerne, Berne, jusqu’à Estavayer, d’où elles feront un saut jusqu’à Genève. En octobre dernier avait lieu à Amsterdam une réunion plus confidentielle, celle du comité de l’AIF. J’y suis allée comme observatrice et ne l’ai pas regretté. L’Association

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    hollandaise avait particulièrement bien organisé les choses. Nous logions près de La Haye, capitale des Pays-Bas et siège de la Cour internationale de justice. Un séminaire d’une journée avait été organisé dans une salle du bâtiment où se trouve la Cour internationale. Nous avons aussi été invitées d’une part à l’hôtel de ville de La Haye, bâtiment d’une modernité époustouflante, et d’autre part au siège du Gouvernement. Partout nous étions reçues par des représentant-e-s des autorités et des spécialistes de l’histoire des femmes. Le dernier jour, on nous emmenait à Amsterdam pour visiter les archives de l’AIF, qui sont dans une grande église désaffectée du port. Vous me connaissez : cette visite m’a particulièrement passionnée. Les archives internationales (IIAV) ont été constituées en 1935 pour collecter et diffuser les

    informations relatives à la situation des femmes. En se temps-là les suffragettes et d’autres militantes des droits de la femme, notamment néerlandaises, parcouraient le monde à la rencontre de leurs consoeurs engagées dans la même action. Elles collectèrent des livres et des documents qu’elles placèrent dans un fonds commun et public baptisé le Centre International d'Information et des Archives du Mouvement des Femmes. Une des grandes féministes de l’époque, Rosa Manus, amie de Carie Chapman Catt, était juive. Les occupants allemands, en 1940, emmenèrent toute la collection d’archives de l’AIF en Allemagne, ainsi que les rideaux et les meubles. Rosa Manus, considérée comme une femme dangereuse – elle était pacifiste – fut arrêtée et emmenée à Ravensbrück puis à Auschwitz ; elle est décédée en 1942 ou 43 dans l’un de ces camps. Ses

    collègues hollandaises recréèrent les archives féministes en 1947, mais ce n’est qu’en 2003 que réapparurent les documents volés par les Allemands : on les a retrouvés à Moscou en 1992 et il a fallu 11 ans pour les rapatrier à Amsterdam. Une vingtaine de gros cartons (2,3 m linéaires en langage d’archiviste) qui firent la joie des historiennes. Un livre vient de paraître sur la correspondance de Rosa Manus avec les féministes de l’AIF, notamment avec la présidente internationale Chapman Catt. L’IIAV s’est développé de façon considérable. Tout ce qui concerne les études genre y est concentré si bien que l’église où elle se trouve devient trop petite. 32 personnes y travaillent (soit 20 postes à temps complet). Il n’y a pas assez de place pour le km. linéaire d’archives féministes. Le déménagement est prévu pour 2012.

    C’est vraiment son livre ! par Vincent Lieber, Conservateur du Musée Historique et des porcelaines, Nyon

    Madame Ethenoz-Damond est bien connue de nombre de Nyonnais. En effet, sa présence politique, tant au Grand Conseil vaudois, où elle fut députée pendant dix sept

    ans, qu’au sein du Conseil communal de Nyon depuis presque cinquante ans, n’est qu’un des multiples engagements qui rythme sa vie. Un film réalisé par Plans-Fixes lui a d’ailleurs été consacré en 2000 sous le beau titre d’ « une vie d’engagement » qui décrit le nombre de ses activités, le temps qu’elle a consacré à la communauté et qui a pour principal pendant sa grande modestie. C’est un autre aspect de la vie de Madame Ethenoz, moins connu du public, qui est présenté ici: celui des quatorze années qu’elle passa à la Manufacture de

    poteries fines de Nyon du printemps 1938 à mai 1952. Gabrielle Damond, née le 4 juin 1921, voulait devenir comptable. Un tel apprentissage, à l’époque, n’était cependant pas envisageable pour une femme et elle se retrouva donc apprentie en décoration sur faïence quelque temps à peine avant le début de la Seconde guerre. Très vite, du fait de la mobilisation, les femmes se retrouvèrent à faire le travail des hommes et les apprenties à faire le travail d’une ouvrière chevronnée, tout en ne recevant qu’un salaire d’apprentie. C’est ce travail dans une manufacture, telle qu’il en

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    existait alors en Suisse, qui est décrit dans cet ouvrage. On y découvre la description des diverses techniques nécessaires à la réalisation des faïences, le savoir-faire indispensable à la production, les divers décors inventés au fil du temps, mais aussi les conditions de travail de ces années, illustrées par quelques anecdotes qui donnent le ton d’une époque et d’un lieu. Et c’est tout un travail, « petit bout par petit bout » que Madame Ethenoz a

    réalisé afin de restituer l’atmosphère d’un passé qui, pour ne pas être si lointain, s’efface pourtant déjà des mémoires. Tout l’intérêt de cet ouvrage réside particulièrement dans le regard qu’elle a porté sur une industrie nyonnaise qui fut identitaire de la cité jusqu’à récemment, et la manière, très vivante, avec laquelle elle nous l’a transmis. Cet ouvrage de 75 pages, richement illustré, « La Manufacture de poteries fines de

    Nyon », sera en vente dès mi-novembre 2008 au prix de Fr. 22.- au Musée du château de Nyon. Vente par correspondance (frais d’envoi en sus): G. Ethenoz, Lignolet 7, 1260 Nyon. Tél. 022 361 31 82 E-mail [email protected]

    Service Public ou Service Secret par Viviane Schusselé

    Depuis que les PTT se sont métamorphosés en POSTE, la section PostFinance veut jouer dans la cour des grands !!! Petite histoire vécue: je me rends dans un Office Postal truffé de publicité jaune PostFinance et je demande au préposé de m'indiquer les taux d'intérêts des placements à terme. Il pianote sur son clavier et me répond que cela n’existe plus, cela a été transformé en obligations de caisse; un spécialiste en placements est à ma disposition. Comme je sais que ce

    placement existe, je demande le numéro de téléphone dudit spécialiste. Réponse : ce numéro ne peut être communiqué ! Je demande alors l’adresse E-mail. Réponse: cette adresse ne peut être communiquée ! Là je nage en plein « James Bond » et la moutarde me monte au nez. Comment le contacter alors ? Réponse : vous devez donner votre numéro de téléphone et c’est lui qui vous contactera pour fixer un rendez-vous. Je ne veux pas un rendez-vous, je veux un RENSEIGNEMENT !!!! Rentrée chez moi, je suis contactée par " 007" qui veut fixer le rendez-vous ! Finalement, après refus, j'ai enfin mon renseignement. Je suppose que les clients de PostFinance qui possèdent l’Internet et un Login peuvent accéder plus facilement à des renseignements.

    Plus d'expertes à l'antenne - un projet de la RSR et de la Conférence romande de l'égalité par Sylvie Lambelet et Simone Chapuis

    Entre les belles intentions et la réalité

    On nous communique l'appel suivant : Depuis sa création, la Radio Suisse Romande cherche à refléter l’actualité, à l’analyser et à créer le débat. Bien qu’aujourd’hui, les femmes romandes soient compétentes,

    actives et concernées par les sujets de l’actualité, nous avons conscience que ce sont des hommes qui interviennent en majorité sur nos antennes. Malgré le fait que nos journalistes essaient depuis longtemps d’inviter des femmes, spécialistes dans leur domaine, pouvant ainsi nous faire part de

    leur analyse, il faut avouer que la tâche est difficile et que les femmes restent peu visibles. Afin de faciliter l’accès des femmes à l’antenne, la RSR a approché les bureaux de l’égalité romands pour mettre en place une base de données d’«expertes suisses romandes ».

    PostFinance

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    Vous trouverez une charte qui sera respectée par ce « club d’expertes », ainsi qu’un spécimen du formulaire de saisies des données. à l'adresse suivante , où toutes les femmes concernées peuvent d'ores et déjà s'inscrire. Nous vous saurions gré de bien vouloir transférer cette

    information aux personnes susceptibles de correspondre à nos attentes (spécialité, bonne capacité de vulgarisation, compétences orales, etc.) et d’être intéressées. Nos questions : N'est-ce pas à la radio de chercher des femmes pour participer à toutes ces émissions de débat? Les hommes que nous entendons dans 90% des émissions sont-ils

    tous des spécialistes? Par cette charte et cet appel aux femmes de s'inscrire dans un club d'expertes, ne veut-on pas nous faire porter la responsabilité de cette absence des femmes dans les émissions ?

    Des femmes pour la paix par Dominique Benmuvhar Faire se rencontrer des adolescentes Palestiniennes et Israéliennes, les encourager à entamer un dialogue, pour apprendre à se connaître, à confronter ses idées, tout en écoutant celles des autres voici un projet qui a débuté au YMCA de Jérusalem, lieu de réunion des différentes populations de la ville, en 1983 déjà ! Ces jeunes filles, issues de tous les milieux sociaux, font un travail sur l’identité, les stéréotypes et les préjugés, comment chacune voit l’autre. Elles sont motivées par la curiosité, l’envie de se connaître, faire entendre leur souffrance, parler de soi. Encadrées par Sylvie Berkowitsch, elles se voient une fois par semaine. Puis vint l’idée d’un séjour en Suisse - pays vivant en paix depuis deux siècles. Ce premier voyage, en août 2006, ayant été un succès, les familles hôtes, (= familles lausannoises ayant

    accueilli les jeunes filles par « couple » israélienne – palestiniennes) fortement marquées et indéniablement enrichies par l’expérience, ont décidé de créer une association dont la principale vocation serait de permettre la répétition de tels échanges. Ainsi en février 2007 l’association « COEXISTENCES » est née. L’année suivante il y eut un second voyage de jeunes filles, puis à l’été 2008 c’est deux groupes mixtes de filles et garçons qui ont séjourné à Lausanne. L’expérience de ces jeunes a fait boule-de-neige : leurs mères, ont eu envie de se rencontrer, et se sont réunies régulièrement à Jérusalem pendant deux ans suite au premier voyage de 2006. Du 29 octobre au 6 novembre 2008 un groupe de 14 femmes, accompagnées de Sylvie et Douaa, facilitatrice palestinienne, ont à leur tour séjourné, chez des familles d’accueil lausannoises. Le groupe cherchait, entre autres, à rencontrer des femmes activistes, plutôt dans des associations qui s'occupent de social, de réfugiés, de droits humains, pour un partage, un

    dialogue, une rencontre. Le but était d'encourager ces femmes, de retour au Moyen-Orient, à devenir elles-mêmes des activistes. Donc, de leur montrer lors d'une rencontre, qu'elles ont le pouvoir de changer des choses concrètes. Ainsi a eu lieu une rencontre avec Femmes Solidaires Sans Frontières, association multiculturelle basée à Renens, dont les buts sont d’aider les femmes à sortir de l’isolement et de se retrouver entre elles, pour partager leurs préoccupations au sujet de la santé, de la famille, du travail, de l’éducation des enfants, de la vie de tous les jours... Un autre soir ce fut Gaby Vermot, conseillère nationale bernoise et initiatrice du projet « 1000 femmes pour la Paix » venue présenter un projet ambitieux : désigner 1000 femmes qui, sur tous les continents, oeuvrent pour la paix et qui méritent le Prix Nobel de la Paix (2005). Un soir eut lieu le premier Café – COEXISTENCES. Ce fut un moment d’intense émotion lorsque, RIHAM, NADIA, TAMI et KATYA, deux Palestiniennes et deux Israéliennes, ont parlé au nom du groupe et ont évoqué leur

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    douleur, leur motivation, leur espoir, les difficultés rencontrées et les critiques reçues quelquefois des personnes qui leur étaient les plus proches, leurs préparatifs pour ce voyage qui leur tenait tant à cœur, leur détermination à créer un lien indéfectible. Tous ces moments forts étaient entrecoupés d’activités de loisirs, de visites, et de sessions de dialogue quotidiennes : fabrication de chocolat chez Durig, séjour à Anzère sous la neige et le soleil, visite de l’ONU et du musée de

    la Croix Rouge à Genève, etc. « COEXISTENCES » a comme projets futurs de faire venir à leur tour des groupes mixtes de journalistes, de parlementaires, d’avocats et également un groupe de Palestiniens et d’Israéliens blessés au cours de combats. Ces hommes se réunissent déjà là-bas et ont commencé un dialogue de reconnaissance mutuelle. Une fois de plus, prioritairement des femmes, des mères, des citoyennes au Moyen-Orient comme ailleurs,

    démontrent par leur obstination, leur volonté et leur générosité qu’un autre monde est possible, qu’il est temps de faire cesser la violence ! COEXISTENCES case postale 5732 1002 Lausanne [email protected] www.coexistences.ch

    Le Coin informatique par Viviane Schusselé

    Petite fable informatique basée sur une histoire vraie. À un congrès, un scientifique est convié. Comme intervenant, il doit participer. Sur son ordinateur portable, sa présentation et tous ses travaux scientifiques sont consignés.

    Malchance, son ordinateur est volé. Horreur, malheur, aucune sauvegarde n’a été réalisée. Même sur un ordinateur fixe une telle mésaventure peut arriver. Morale : Une sauvegarde, après chaque travail important doit être effectuée.

    Mai 68 au Musée historique Par Simone Chapuis et Yvette Théraulaz

    Le 19 mai 2008, Nadia Lamamra présidait un débat intitulé « du tract à la circulaire », débat où défilèrent de nombreuses féministes de tous âges. Le débat était entrecoupé de chansons de notre inimitable Yvette Théraulaz.

    Voici un petit texte que j’ai adoré et qu’Yvette m’a donné pour la Gazette : «A 12 ans, à l’école, j’ai écrit une rédaction pour toi. Le sujet était : «Ma maman»… Je réclamais le droit de vote pour toi. J’étais en colère. Papa votait et pas toi. C’était incompréhensible, une telle injustice. Tu avais 40 ans. Je précisais que si nous obtenions le droit de vote je faisais le serment de ne jamais voter communiste. Tu avais 40 ans, maman, et tu ne pouvais pas voter. Tu as obtenu le droit de vote sur le plan fédéral à 51 ans.

    A 40 ans : tu n’avais pas le droit d’avorter légalement. Tu as obtenu ce libre choix tu avais 82 ans. A 40 ans : tu n’avais encore jamais eu droit à un congé maternité ; quand nous l’avons obtenu, le 1er juillet 2005, tu n’en avais plus besoin depuis longtemps. A 40 ans : tu ne pouvais pas ouvrir un compte en banque, choisir une profession sans le consentement de ton mari, garder ton nom de jeune fille en te mariant. Tu as obtenu que le principe de l’égalité des sexes soit inscrit

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    dans la constitution à l’âge de 61 ans. A 40 ans : c’est ton mari qui décidait du domicile conjugal. C’est lui qui avait la puissance parentale.

    Tu as 78 ans, quand le nouveau droit matrimonial entre en vigueur. A 40 ans : ton statut juridique d’épouse par rapport à la fortune du ménage était le

    même que celui d’un enfant mineur… Maman, toi, toutes les femmes, vous étiez des mineures.

    Pétition remise par Simone Chapuis

    Le 8 mars 2008, l’ADF-Vaud et femmes sans frontières tenaient un stand à Renens. Le but était double : vendre biscuits et confitures en faveur de nos filleules du Burkina Faso et récolter des signatures pour la pétition lancée le jour même dans toutes les grandes villes de Suisse. Le 11 septembre dernier, les organisations à l’origine de la campagne «Euro 08 contre la traite des femmes» ont remis la pétition «Mieux protéger les

    victimes de la traite des femmes» avec un total de 71'980 signatures. Plus de 70’000 personnes exigent que les autorités fédérales et cantonales s'engagent pour une meilleure protection des victimes de la traite des femmes. Une mesure urgente, comme le démontre l'analyse par canton : le fait qu'une femme soit identifiée comme victime de la traite dépend à l'heure actuelle avant tout du canton dans lequel elle se trouve. Un fait ressort nettement: là où les autorités travaillent avec le centre spécialisé sur la traite et la migration des femmes, le FIZ, davantage de victimes ont été identifiées. Afin que ce droit à être protégée soit garanti dans toute la Suisse, les signataires de

    la pétition demandent des normes contraignantes pour tous les cantons.

    Le communiqué de presse ainsi que l'analyse par canton présentée par la campagne sont disponibles sur notre site internet: http://www.frauenhandeleuro08.ch/fr/aktuell/. Vous trouverez également des images de la remise de la pétition. Encore un grand merci pour votre soutien.

    Encore un livre ! Par Simone Chapuis Décidément, le comité de l’ADF-Vaud s’investit dans l’écriture. Christiane Mathys-Reymond édite, aux Editions Ouverture, un livre intitulé : « Tu n’iras pas à la Maison des Vieux ». Retraçant les derniers moments du père, après le décès brutal de la mère, cet ouvrage s’interroge sur les conditions combien pénibles de la vie en maison de retraite ; et encourage

    le père à rester chez lui aussi longtemps qu’il le pourra : « Si modestes soient tes occupations, l’intérêt que tu leur portes donne sens à tes jours, te maintient parmi les vivants. A la manière de ces vieux paysans qui font encore l’inspection de leurs champs, tu contrôles ton présent, assures ton avenir : « M. Meylan vient me lire le journal comme chaque après-midi ? Est-ce Marisol ce soir ?

    Ce week-end, je vais bien chez toi ? Tu lâcherais les rênes d’un milieu à toi dévoué, tu abandonnerais la place qui n’appartient qu’à toi, pour une collectivité sans autre fondement que les dépendances du vieillir ? En ce retour au temps des casernes, as-tu songé que tout serait à partager ? Des repas en compagnie d’indifférents ou de repoussants,

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    à la veilleuse de nuit prompte à s’impatienter ? Et tes amis, franchiront-ils, pour te retrouver, le sinistre barrage ? Des vieux, seulement des vieux, tous tronqués de leur descendance et des signes de leur passé, des vieux réduits à n’être que vieux. Et si j’allais devoir te chercher parmi d’autres, toi notre vieillard à nous et qu’importent les autres ! Tu es le seul, de grâce reste-le ! Ignore ces chantres du lâcher prise au goût du temps, cramponne-toi, aussi longtemps que tu le pourras, demeure chez toi » Alain Burnand, qui annonce les nouvelles parutions d’Ouverture, accueille ainsi le livre : « Lettre ouverte à Christiane Mathys-Reymond Les Editions Ouverture m’ont fait la faveur de me communiquer votre livre en cours de parution. J’en ai survolé quasiment toutes les richesses et je reprends pied sur le sol des promeneurs d’ici-bas,

    la tête et le cœur tout vibrants de ce que vous avez su nous faire partager. Superbe : vous êtes enseignante… et vous ne donnez pas de leçons. Là où tant de personnes non autorisées s’octroient la permission de tresser des louanges ou des couronnes d’épines… vous restez simple et simplement équilibrée. Votre sujet rejoint ce titre-phare : Tu n’iras pas à la Maison des Vieux. La triple alternance de vos textes en prose, de vos pages de poésie et des aquarelles de Paul Mingot s’équilibrent à merveille et vous nous faites partager la fidélité de votre cœur à vos parents tellement aimants, tellement aimés à l’heure où l’inéluctable cortège des problèmes de la vieillesse et des dépendances multiples progressivement surgissent… impitoyables. On vous suit avec l’espoir fou de vous voir trouver les moyens de tenir votre promesse !

    Mais voici le douloureux poème de la page 53 : « Nous avons dû le placer. » Suivront les pages émouvantes, fraternelles, vraies, où se dessine l’échéancier de la mort annoncée. C’est beau ! Très beau ! » Pour commander le livre : Editions Ouverture En Budron H20 1052 Le Mont-sur-Lausanne 021 652 16 77 [email protected] En souscription jusqu’à fin décembre 2008 : Fr 29.- Dès le 1er janvier 2009 :Fr 35.-

    Le Coin botanique par Viviane Schusselé Jatropha Curcas

    En ces temps de disette pétrolière et alimentaire, les bio-carburants issus de soja, maïs, canne à sucre, tournesol et autres végétaux, posent un problème éthique. Mais, il y a le Jatropha Curcas ou (Poughère), source la plus écologique du carburant vert. C’est un arbre de la famille des Euphorbiaceae qui peut atteindre une hauteur de huit mètres. Originaire d’Amérique centrale, les Portugais l’importèrent en Afrique et en Asie. Ses fruits impropres à la

    consommation sont riches en huile transformable en bio-carburant. Jatropha Curcas pousse dans des terres semi-arides jusque-là impropres à l'agriculture, sa croissance est rapide, ne nécessite aucun apport d’ engrais et supporte une sécheresse de trois ans. En outre cet arbuste protège les sols de l'érosion et son humus permet, entre les arbres, certaines cultures vivrières. Le résidu du pressage des graines à huile, peut servir d’engrais naturel. Outre l'extraction d'huile pour un usage de bio-carburant, la feuille et l'écorce

    sont employées pour divers autres usages industriels et pharmaceutiques.

    La culture du Jatropha Curcas pourrait fournir du

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    travail à des populations locales évitant ainsi l’exode vers les villes avec une pauvreté plus grande encore. Malheureusement, comme il fallait s’y attendre, des multinationales s’en sont emparées, défrichent des forêts et utilisent des terres fertiles pour en cultiver à grande échelle. Toutefois, Jatropha Curcas demeure une opportunité pour les petites zones rurales combinant des effets écologiques et économiques en

    particulier en faveur des femmes qui peuvent utiliser son huile pour en faire du savon et, moyennant une simple filtration, l’huile pure de Jatropha peut faire tourner des moulins à grains, des pompes à eau et alimenter les lampes et les appareils de cuisson. Réf. http://www.grain.org http://environnement-info.blogspot.com http://www.jatropha.de/ Jatropha Curcas le meilleur des biocarburants : Mode d'emploi, histoire et devenir d'une plante

    extraordinaire (Broché) de Jean-Daniel Pellet, Elsa Pellet

    L’agenda de notre site http://www.adf-vaud.ch est régulièrement mis à jour

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    Mise en pages: Viviane Schusselé, [email protected] Envoi Gazette : Gabrielle Ethenoz, Floriane Pariat Corrections : Floriane Pariat Impression : Imprimerie offset Ph. Afonso

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